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La recherche scientifique et l'authenticité de la Bible

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La recherche scientifique et l'authenticité de la Bible Empty La recherche scientifique et l'authenticité de la Bible

Message  Arlitto Lun 16 Mai 2016, 11:54

La recherche scientifique et l'authenticité de la Bible


Nos Bibles sont-elles fidèles aux textes originaux ? 

Les textes originaux de la Bible n'ont jamais été retrouvés. 

Les textes de la Bible ont été recopiés par des copistes pendant des siècles. Ces textes auraient pu être corrompus, soit involontairement par des erreurs de copies ou par des oublis, soit intentionnellement par des ajouts ou des falsifications. Est-il possible de vérifier aujourd'hui que les textes de nos Bibles actuelles correspondent bien aux écrits originels ? 


Les humanistes et la transmission de la Bible
 
Avec la Renaissance, la Bible entre dans une nouvelle phase de son histoire, celle de la critique textuelle.
 
Lorenzo Valla (1407-1457) est le premier à avoir mis en évidence que la Vulgate n'était qu'une traductionDans le "Collatio de Valla" écrit en 1442, il compara d'une manière scientifique le texte du Nouveau Testament de la Vulgate avec le texte grec. Il souligna plusieurs faux-sens ou contresens qui obscurcissaient la compréhension du message biblique en introduisant des interprétations erronées.
 
Son livre fut publié en 1505 par Érasme, qui avait découvert le manuscrit de Valla dans la Bibliothèque de l'abbaye du Parc, près de Louvain.
 
Didier Érasme de Rotterdam (vers 1469-1536) publia en 1516 une édition du Nouveau Testament où il comparait le texte de la Vulgate en latin avec le texte grec, et il proposait dans sa traduction latine plus de mille améliorations par rapport au texte de Jérôme.
 
Avec Érasme, la critique textuelle était née. Lui-même, et tous les savants qui lui succédèrent, s'efforcèrent de s'approcher le plus près possible du texte original en comparant le texte connu avec des manuscrits toujours plus anciens et en le corrigeant.
 
Franscico Jimenès de Cisneros (1436-1517) fonda en 1506 une université à Alcalá de Henares, à trente kilomètres de Madrid. Les trois langues de la Bible, l'hébreu, le grec et le latin, y étaient enseignées pour l'étude de la théologie. Pour une étude approfondie de l'Ancien Testament, on y ajoutait l'arabe et le chaldéen.
 
Jimenès fit imprimer à Madrid, en 1513, un Nouveau Testament bilingue en grec et en latin d'après la traduction de la Vulgate.
 
De 1514 à 1517, il fit imprimer une Bible polyglotte sur le modèle des Hexaples d'Origène du IIIe siècle en six volumes : quatre volumes pour l'Ancien Testament, un volume pour le Nouveau Testament et un volume de dictionnaires, grammaires et autres aides pour le lecteur. Pour l'Ancien Testament, le lecteur pouvait comparer le texte latin de la Vulgate avec le texte grec de la Septante et avec le texte hébreu. Pour les cinq premiers livres de la Bible, la version araméenne du Targum d'Onkelos fut ajoutée avec une traduction littérale latine.
 
Cette Bible est connue sous le nom de "Bible polyglotte de Complutum" (Complutum est le nom latin d'Alcalá). C'est l'une des Bibles les plus révolutionnaires de la Renaissance pour la comparaison des différentes versions de la Bible.
 
Pour des raisons ecclésiastiques, la diffusion ne commença qu'en 1520 pour le Nouveau Testament, sept ans après l'impression, et en 1522 pour la Bible polyglotte, huit ans après le début de l'impression.
 
En 1509 en France, Jacques Lefèvre d'Étaples (1435-1537) commença par publier un Psautier en latin où il comparait cinq versions des Psaumes. Cette édition est complétée par des commentaires et des parallèles indiquant des textes de l'Ancien et du Nouveau Testament. 
 
La publication d'une traduction et d'un commentaire sur les épîtres de Paul par Lefèvre d'Étaples, en 1512, fut l'objet d'une condamnation par les docteurs de l'université de la Sorbonne et d'une mise à l'index par l'autorité du Vatican à Rome. 
 
Pour avoir publié un commentaire des quatre Évangiles, Lefèvre d'Étaples fut condamné pour hérésie par la Sorbonne en 1521. Vu la difficulté de faire progresser la critique textuelle, il se réfugia à Meaux pour travailler à la traduction en français de la Bible entière. Il fit sa traduction à partir du texte latin de la Vulgate, tout en la comparant aux langues originales hébreu et grecque.
 
En juin 1523, son texte du Nouveau Testament fut publié. En fin de volume, il mentionnait les cinquante-neuf modifications qu'il avait apportées en suivant le texte grec. Ce travail de critique textuelle ouvrit la voie à une traduction directe en français d'après les textes originaux. En février 1526, la vente et la possession de ce Nouveau Testament furent interdites par un arrêté du Parlement de Paris.

 
En 1528, Lefèvre d'Étaples publia l'Ancien Testament à Anvers, car les traductions de la Bible en français ne pouvaient plus être imprimées en France à cause des interdits prononcés par les autorités.
 
La Bible complète en français fut publiée, toujours à Anvers, en 1530 et en 1534. Par fidélité aux textes originaux, Lefèvre d'Étaples prenait de plus en plus de distance par rapport au texte latin de la Bible de Jérôme. En 1541, après la mort de Jacques Lefèvre d'Étaples, une autre édition de cette Bible sortit de presse.
 
Robert Estienne (1503-1559), imprimeur du roi François 1er, était très érudit. Il connaissait le latin, le grec et l'hébreu. Il se spécialisa dans l'impression de textes anciens dans ces trois langues. Il mit ses connaissances au service de la Bible et publia son premier Nouveau Testament grec en 1549. Il fit un travail du niveau d'un universitaire d'aujourd'hui en publiant une édition critique du Nouveau Testament grec en 1550. Plusieurs "lectures" du texte étaient proposées, basées sur la quinzaine de manuscrits qu'il avait pu étudier. Cette traduction fut longtemps utilisée comme texte de référence pour traduire le Nouveau Testament dans les langues courantes de l'époque.
 
Robert Estienne fut l'objet de plusieurs condamnations par les docteurs de la Sorbonne à cause de ses éditions de la Bible et de sa sympathie pour les idées de la Réforme. En 1551, il choisit l'exil à Genève pour continuer son travail. Il publia plusieurs Bibles en latin, dans les langues originales (hébreu, grec) et en français. C'est à lui que nous devons la division des chapitres en versets.

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Message  Arlitto Lun 16 Mai 2016, 11:55

Les nouvelles traductions en langues vulgaires



Les quelques traductions partielles ou totales de la Bible qui purent être faites à partir du XIIe siècle étaient des traductions de la version latine de la Vulgate. 

À partir du XVIe siècle, les réformateurs traduisirent la Bible en langue vulgaire à partir des textes originaux hébreu et grec, en se basant sur les travaux des humanistes. 


La Bible en allemand 

En septembre 1522, le Nouveau Testament en allemand contemporain et courant de Luther (1483-1546) fut publié à Wittenberg. Luther avait utilisé l'édition critique du Nouveau Testament grec d'Érasme publié en 1519. Il s'était fait aider de son ami Philipp Melanchthon, un jeune et talentueux professeur de grec. 

Entre 1522 et 1529, le Nouveau Testament de Luther connut une cinquantaine de réimpressions. 

À partir de 1523, Luther travailla à la traduction de l'Ancien Testament, qui fut publié en 1534. 


La Bible en anglais 

Wyclif (v.1328-1384), avait traduit la Bible en anglais. Cette traduction fut contestée par l'Église d'Angleterre. Les autorités décrétèrent qu'il faudrait dorénavant une autorisation du diocèse local pour traduire la Bible. 

Tyndale (v.1494-1536) s'adressa à l'évêque de Londres pour obtenir l'autorisation de traduire la Bible en anglais contemporain. Suite au refus de l'évêque, Tyndale s'exila en Allemagne en 1524 pour continuer son travail. S'appuyant sur l'édition critique du Nouveau Testament grec d'Érasme et s'aidant de la traduction allemande de Luther, Tyndale termina sa traduction en anglais contemporain en 1525.

Lorsque les magistrats catholiques de Cologne apprirent que cette traduction allait bientôt sortir de presse, ils saisirent le matériel typographique des imprimeurs pour empêcher son impression. Tyndale dut s'enfuir avec quelques feuillets déjà imprimés. Il reste trente et un feuillets de cette traduction de Tyndale, qui sont conservés à la British.

L'année suivante, en 1526, Tyndale fit imprimer un Nouveau Testament en version de poche facilement dissimulable, pour que ces Nouveaux Testaments puissent se répandre clandestinement en Angleterre. Puis il commença à traduire l'Ancien Testament à partir du texte original hébreu. La traduction du Pentateuque parut en 1530 à Anvers. En 1535, il fut arrêté et enfermé dans la prison du château de Vilvoorde, au nord de Bruxelles. Il demanda à pouvoir obtenir ses instruments de travail pour continuer sa traduction. En août 1536, il fut condamné pour hérésie, garrotté et brûlé sur un bûcher à Vilvoorde. 

Les amis de Tyndale rassemblèrent et complétèrent sa traduction, puis la firent imprimer. En 1538, cette Bible fut remise à Henri VIII qui s'était converti au protestantisme. Sans s'arrêter aux décisions ecclésiastiques qui interdisaient la diffusion de la Bible, le roi d'Angleterre décréta que la Bible devait être lue par tous ses sujets. 

En 1607, Jacques 1er, roi d'Angleterre, voulut aller plus loin pour soutenir la diffusion de la Bible. Il demanda à cinquante-quatre savants et ecclésiastiques de faire une révision de la Bible anglaise, qui pourrait être certifiée par le sceau royal. Cette nouvelle version de la Bible fut imprimée en 1611. Plus des trois quarts de son texte provenaient de la traduction de Tyndale. Pendant 350 ans, elle s'imposa sous le nom de "Version autorisée" ou "Version du roi Jacques". 


La Bible en français 

La décision de financer une traduction de la Bible en français fut prise par les Vaudois réunis en synode à Chanforans, dans le Val d'Angrogne, au Piémont, le 12 septembre 1532. 

Pierre Robert Olivétan (1506-1538), cousin de Calvin et originaire de Noyon, dans l'Oise, avait commencé la traduction de la Bible pour son usage personnel. Après bien des hésitations, il accepta de continuer à travailler pour la publication d'une Bible française d'après les textes originaux. La publication fut faite en juin 1535 chez Pierre de Wingle, imprimeur à Serrières, près de Neuchâtel, en Suisse. Pierre Olivétan fit deux révisions de sa traduction, en 1536 et en 1538. Il mourut à Rome dans des circonstances obscures, lors d'un voyage en Italie, en août 1538.


La vulgarisation de la Bible en Europe


Avec le XVIe siècle, en Europe, la Bible entre dans une nouvelle phase de sa transmission, celle de la vulgarisation. Une large diffusion de la Bible est rendue possible grâce aux techniques de l'imprimerie et aux traductions dans les langues vulgaires. Accessible au plus grand nombre, la Bible contribue au développement des langues européennes et à l'alphabétisation. 


La Bible complète traduite à partir de l'hébreu et du grec est diffusée en hollandais en 1526, en allemand en 1534, en français en 1535, en anglais en 1537, en suédois en 1541, en espagnol en 1569 et en italien en 1607. À noter que les traductions française, espagnole et italienne ont été publiées en Suisse, à cause de l'hostilité religieuse à la traduction de la Bible en langue vulgaire. 

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Message  Arlitto Lun 16 Mai 2016, 11:55

Les progrès de la critique textuelle



Après les travaux d'Érasme et de Robert Estienne, Théodore de Bèze (1519-1605), écrivain et théologien protestant français, apporta sa contribution pour l'élaboration d'un texte critique en grec, afin d'améliorer la traduction du Nouveau Testament dans les langues européennes. Il mit en évidence deux manuscrits bilingues du Nouveau Testament : 


- Le codex  Claramontanus (VIe ou Ve siècle) qu'il acheta au monastère de Clermont en Beauvaisis, dans l'Oise. Ce codex est conservé aujourd'hui à la Bibliothèque nationale de France (Paris, BnF, MSS Grec 107). 


- Le codex Bezae Cantabrigiensis (début du Ve siècle), qui est sans doute la copie d'un manuscrit du IIe siècle. Il fut acheté à Lyon en 1562 par Théodore de Bèze, qui le donna en 1581 à l'université de Cambridge où il se trouve toujours (Nn 2.41). 


Après Théodore de Bèze, d'autres érudits continuèrent ce travail de critique textuelle. Ils permirent la publication en 1633 d'un texte grec du Nouveau Testament qui servit de base aux traductions du Nouveau Testament jusqu'au XIXe siècle. 



À la recherche des plus vieilles Bibles du monde


Le XIXe siècle vit naître de nouvelles controverses au sujet de l'authenticité des textes de la Bible et de leur fiabilité. De nombreux travaux furent entrepris pour enlever doutes et suspicions. Les spécialistes recherchèrent et étudièrent tous les anciens manuscrits détenus par les bibliothèques européennes. Les premiers résultats de l'archéologie naissante au Proche-Orient donnèrent l'idée à plusieurs qu'il serait peut-être possible de découvrir des manuscrits plus anciens que ceux que l'on possédait en Europe. 

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Message  Arlitto Lun 16 Mai 2016, 11:55

Le codex Ephraemi Rescriptus

 
Constantin Von Tischendorf (1815-1874), jeune érudit allemand, s'est donné comme objectif de retrouver le texte original du Nouveau Testament. En 1842, il travaille à la Bibliothèque nationale de France, à Paris, sur le "Ephraemi Rescriptus". Ce manuscrit est un palimpseste reproduisant le texte d'une partie d'une Bible grecque du Ve siècle, 64 feuillets pour l'Ancien Testament et 145 pour le Nouveau (Paris, Bnf, Ms Grec 9).
 
Malheureusement, au XIIe siècle, le parchemin avait été gratté et réutilisé pour écrire les œuvres de saint Ephrem en grec. Dès le XVIIe siècle, on s'était aperçu que ce manuscrit était un palimpseste car l'encre du texte biblique réapparaissait, mais personne n'avait été capable de lire le texte original. Après deux ans d'efforts, Constantin Tischendorf réussit l'exploit de déchiffrer et de reconstituer le texte biblique.
 
Le codex Sinaïticus

 
Tischendorf se rend au Proche Orient dès 1844, avec l'espoir de découvrir d'autres manuscrits. Ses recherches en Syrie, en Palestine et en Égypte ne lui permettent pas de trouver ce qu'il cherche. Alors qu'il s'est décidé à rentrer en Europe, il apprend qu'un monastère dans le Sinaï possède de très anciens manuscrits. Il se rend donc au pied du mont Sinaï, au monastère Sainte-Catherine datant du IVe siècle, où la tradition chrétienne a situé le don des dix commandements à Moïse.
 
La bibliothèque renferme d'innombrables trésors : des manuscrits anciens, des rouleaux de parchemins, des icônes. L'intérêt de Tischendorf se porte sur le contenu d'une corbeille à papier où les moines ont jeté des feuillets d'un manuscrit écrit en caractères grecs. En lisant le texte, Tischendorf comprend rapidement qu'il est en présence d'une partie d'un manuscrit de la Bible en langue grecque de la version des Septante, écrit sur quatre colonnes.
 
Tischendorf demande aux moines la permission d'emporter en Europe les 129 feuillets récupérés dans la corbeille. Après bien des discussions, les moines acceptent de lui remettre le tiers des manuscrits, soit 43 feuillets, qu'il dépose à la Bibliothèque universitaire de Leipzig, en Allemagne.
 
En 1853, Constantin Tischendorf retourne au monastère Sainte-Catherine. Il espère récupérer les feuillets qu'il a laissés avec regret neuf ans plus tôt. Aucun moine ne se souvient de ces manuscrits ! Notre savant entreprend donc de nouvelles recherches dans le monastère. Il découvre un morceau de parchemin avec quelques versets du livre de la Genèse, ce qui lui permet de penser que la Bible qu'il recherche est probablement complète.
 
Six ans plus tard, en 1859, Tischendorf retourne une troisième fois au monastère Sainte-Catherine, mais cette fois avec l'appui du Tsar de Russie qui est aussi le protecteur de l'Église orthodoxe dont dépend le monastère. Tischendorf l'a convaincu d'organiser et de financer une expédition au Proche-Orient pour retrouver d'anciens manuscrits bibliques.
 
Après douze jours de recherches, Tischendorf s'apprête à repartir en Europe. Les moines ne savent toujours rien sur cette Bible et sur les manuscrits découverts quinze ans plus tôt. La veille de son départ, l'économe du monastère l'invite dans sa cellule et lui montre une pile de feuillets. Tischendorf reconnaît immédiatement les manuscrits de sa première découverte, auxquels sont venus s'ajouter d'autres feuillets, en tout 390 sur les 720 que formait la Bible complète. 330 feuillets ont été perdus par l'ignorance et la négligence des moines.
 
Après des mois de négociations, Tischendorf peut présenter le codex au Tsar de Russie. En échange, le monastère reçoit neuf mille roubles du trésor impérial.
 
Le codex Sinaïticus est resté à la Bibliothèque impériale de Russie jusqu'en 1933, date à laquelle il a été acheté par le British Museum au gouvernement soviétique qui n'était guère intéressé par les manuscrits bibliques.
 
Aujourd'hui, la plus vieille Bible du monde est conservée dans quatre bibliothèques et pays différents : à la bibliothèque du monastère Sainte-Catherine, qui a conservé quelques feuillets, à la Bibliothèque nationale de Russie qui possède encore quelques fragments (Saint-Pétersbourg, Bibliothèque nationale de Russie, MS gr. 259), à la Bibliothèque universitaire de Leipzig (Leipzig, Universitätsbibliothek MS gr. 1) qui conserve les quarante-trois premiers feuillets amenés en Europe, et à la British Library (Londres, British Library, Add. MS 43725) qui possède la plus grosse partie de cette Bible.
 
Le codex Vaticanus 

 
En 1866, Tischendorf travaille sur une autre ancienne Bible, le codex Vaticanus, qui date de l'année 350 environ. Le texte est écrit sur trois colonnes. La version de la Septante a été utilisée pour l'Ancien Testament dont il manque des parties importantes de la Genèse et des Psaumes. Le texte du Nouveau Testament est complet jusqu'au verset 14 du chapitre 9 de l'épître aux Hébreux, le texte a été complété par un copiste du XVe siècle.
 
Ce parchemin entre à la Bibliothèque apostolique du Vatican entre 1475 et 1481. Comme d'autres manuscrits, ce codex est arrivé en Europe occidentale avec les chrétiens hellénistes qui se sont exilés suite à la prise de la ville de Constantinople en 1453 par les musulmans (Vatican, Biblioteca apostolica Vaticana, MS grec 1209).
 
Le codex Alexandrinus

 

Le codex Alexandrinus est une Bible écrite en grec sur deux colonnes et datant de l'an 450 environ. Cette Bible est originaire d'Alexandrie, en Égypte, d'où le nom du codex. Le codex Alexandrinus a été conservé à Constantinople de 1098 à 1624 ou 1628, époque où le patriarche de Constantinople Cyrille Loukaris l'a offert à Jacques 1er d'Angleterre. Il est aujourd'hui à la British Library (Londres, British Library, Royal 1 D. VIII). 
 
Cette Bible contient l'Ancien Testament dans la version des Septante, et le Nouveau Testament avec de grandes lacunes. Ainsi, pour l'Évangile de Matthieu, nous n'avons que les chapitres 27 et 28. Mais c'est le meilleur témoin dont nous disposons pour le livre de l'Apocalypse.
 
Pour permettre à tous les chercheurs qui le souhaitaient d'accéder à une copie exacte d'une Bible ancienne, le British Museum fit réaliser un fac-similé photographique du codex Alexandrinus qui fut publié en quatre volumes de 1879-1883. Quelques années plus tard, des fac-similés des autres anciens manuscrits bibliques furent publiés : le codex Vaticanus en 1889-1890 ; le codex Bezae en 1899, et le codex Sinaïticus en 1911-1922.
 
La production de ces fac-similés montre tout l'intérêt qu'avaient ces plus vieilles Bibles du monde pour la recherche du texte biblique originel, durant la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Cet intérêt n'a pas diminué puisqu'en juillet 2008, les premières recherches scientifiques pouvaient être effectuées en consultant les feuillets du codex Sinaïticus sur le site  http://www.codexsinaiticus.org.

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Message  Arlitto Lun 16 Mai 2016, 11:56

Quand les fouilles archéologiques apportent leur contribution à la recherche biblique

Plusieurs critiques du XIXe siècle émettaient des doutes quant à la date de rédaction des Évangiles.  

Le Diatessaron 
Pour répondre à ce nouveau courant de scepticisme, il fallait prouver que les quatre Évangiles existaient déjà au IIe siècle. Plusieurs savants recherchèrent alors des témoins du Diatessaron. Ce document, réalisé par Tatien, était une compilation des quatre Évangiles utilisée dans les communautés chrétiennes en 172. 

En 1880, le théologien américain Ezra Abbot comprit, à partir de l'étude des citations du Diatessaron dans les œuvres latines d'Ephraïm (306-373), qu'un manuscrit oriental médiéval de la Bibliothèque du Vatican était une copie intégrale du Diatessaron en langue arabe (Vatican, Biblioteca apostolica Vaticana, Cod. Arab. 14). Cette découverte apportait la preuve que le Diatessaron avait bien existé et que, par conséquent, la rédaction des quatre Évangiles était antérieure à 172. 

En 1933, sur le site de la ville de Doura Europos, en Syrie, sur le bord de l'Euphrate, les archéologues découvrirent un fragment du Diatessaron écrit en grec. Ce parchemin de quinze lignes est une citation de Matthieu 27.56 complétée par les trois autres Évangiles. Ce fragment est actuellement conservé à la Bibliothèque de l'université de Yale (Yale, Beinecke Library, Dura Parch 24). L'ancienneté du parchemin est attestée par la disparition totale de la ville de Doura Europos en 256 et 257, et par la forme de l'écriture qui a été datée du IIe siècle.  

En 1957, Chester Beatty acheta un manuscrit avec la traduction en syriaque de plus de la moitié du Diatessaron (Dublin, Chester Beatty Library, MS Syc 709). 

Ces découvertes apportèrent la certitude que les quatre Évangiles avaient bien été rédigés dès le début du IIe siècle. 

Les manuscrits des bibliothèques des monastères égyptiens  

Le XIXe siècle et le début du XXe furent particulièrement riches en découvertes de papyrus datant du IIe au IVe siècle.  

Plusieurs universités et quelques grandes bibliothèques de l'Europe occidentale et des États-Unis entreprirent des expéditions à la recherche d'anciens papyrus dans les monastères coptes en Égypte. 

Monastère de Sainte-Marie Deipara dans le désert de Nitri  

Le révérend Henry Tattam (1789-1868), archidiacre de Bedford, découvre en 1842 des centaines de manuscrits dans le monastère abandonné de Sainte-Marie Deipara, dont l'une des plus anciennes Bibles syriaques (Londres British Library, Add. MS. 14425). 


Monastère Bishoi dans le Ouadi Natroum  
Ce monastère a été fouillé en 1842 par Henry Tattam. Ces papyrus sont aujourd'hui à la John Rylands Library, à Manchester. Les fouilles furent poursuivies en 1870 par la Bibliothèque de l'université de Göttingen, en 1873 par la British Library, et en 1959 par la Bibliothèque universitaire de Hambourg. 


Monastère blanc près de Sohag  
En 1883, 9 000 fragments de manuscrits en copte furent extraits des ruines du monastère Blanc près de Sohag, pour le compte de la Bibliothèque nationale de France. 


Les découvertes du Fayoum 
Vers 1887, un lot important de papyrus venant de l'ancienne ville d'Arsinoé, dans le Fayoum, relança la chasse aux papyrus en Égypte. Tanis, Hermopolis et Éléphantine furent aussi l'objet de fouilles. 

Des fouilles furent organisées par l'université d'Oxford en 1896 et en 1897 à Oxyrhinque, célèbre pour ses églises et ses monastères du IVe et du Ve siècle. Bernard Grenfell et Arthur Hunt dirigèrent ces fouilles. Une centaine d'ouvriers furent employés pour creuser et dégager les manuscrits qui étaient ensuite stockés, chaque jour, dans trente-six paniers. Les manuscrits rassemblés étaient pour la plupart des copies de textes bibliques datant de 200 à 400. Ils furent envoyés à l'Ashmolean Museum d'Oxford et au British Museum. Le plus ancien est un texte de Matthieu 23.30-39 datant des années 200 environ (Oxford, Ashmolean Museum, P. Oxy. 2683).
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Message  Arlitto Lun 16 Mai 2016, 11:57

Les papyrus des collectionneurs privés


Les marchands d'antiquités égyptiens comprirent que les manuscrits pouvaient devenir pour eux une grande source de gain. Ils organisèrent leurs propres fouilles pour pouvoir revendre ces manuscrits à des collectionneurs. Inconvénients majeurs de ce nouveau commerce : le prix des manuscrits était élevé et leur origine exacte restait inconnue, les antiquaires voulant préserver leurs sources.  


L'épître de Tite 
L'archéologue Arthur Hunt acheta, pour le compte de la Bibliothèque John Rylands, un papyrus datant du IIe siècle qui contient le 1er et le 2e chapitre de l'Épître de Tite en langue grecque (Manchester, The John Rylands University Library, Greek Papyrus 5). 


Le fragment de l'Évangile de Jean 18.31-33 ; 37-38 
La Bibliothèque John Rylands acheta au Caire, en 1920, plusieurs centaines de fragments de papyrus. Parmi ces fragments, un tout petit fragment (7 cm x 9 cm) qui est un témoin extrêmement précieux pour la datation de la rédaction de l'Évangile de Jean. Le fragment est écrit des deux côtés, ce qui indique qu'il s'agit d'un morceau de feuille d'un codex. On peut y lire sur sept lignes le texte de Jean 18.31-33 sur le recto, et Jean 18.37-38 sur le verso. Les spécialistes l'ont daté de l'année 125.

Si l'Évangile de Jean était connu dans la vallée du Nil aux environs de l'année 125 alors qu'il a été écrit en Asie, cela prouve que le quatrième Évangile a bien été composé avant la fin du 1er siècle. La date de 95 traditionnellement proposée semble correcte. Ce fragment est le plus ancien témoin d'un texte du Nouveau Testament (Manchester, The John Rylands University Library, Greek Papyrus 457).


Le codex des lettres de Paul  
En 1931, l'ingénieur des mines américain Chester Beatty (1875-1968) acheta douze codex chrétiens partiels ou complets, dont le plus grand nombre est plus ancien que le codex Sinaïticus. Les notes marginales sont rédigées dans le dialecte copte parlé dans le Fayoum. Cet indice pourrait dévoiler l'origine des manuscrits. L'un des codex a pu être daté de l'an 200. Écrit en grec, il contient la plus ancienne collection des épîtres de l'apôtre Paul. Malheureusement, il manque la Deuxième Épître aux Thessaloniciens et l'Épître à Philémon (Dublin, Chester Beatty Library, BP II, P46). 


Le codex des quatre Évangiles et du livre des Actes 
Un codex de la collection de Chester Beatty daté des années 250, contenant les quatre Évangiles et le livre des Actes des apôtres, prouve que ces livres ont été compilés bien avant ce qu'avaient imaginé les spécialistes (Dublin, Chester Beatty Library, BP I, P 45). 


Les papyrus de la collection de Martin Bodmer 
Le Docteur Martin Bodmer, un collectionneur suisse d'origine zurichoise, constitua une bibliothèque privée à proximité de Genève pour présenter les œuvres les plus remarquables de la littérature universelle mondiale. En 1953, il acquit 1 800 pages de manuscrits comprenant neuf rouleaux et vingt-neuf codex. Les spécialistes purent établir que les plus anciens documents dataient du IIe siècle, et les plus récents du VIIe siècle. 



Plusieurs hypothèses ont été émises pour expliquer l'origine de ces papyrus :

- Pressé de vendre ses manuscrits et pour être certain de vendre le tout, l'antiquaire aurait pu regrouper une collection d'écrits classiques et profanes et une collection de textes bibliques.

- L'ensemble de la collection aurait appartenu à un lettré égyptien converti au christianisme. Il s'agirait d'une bibliothèque privée.

- Une troisième suggestion a été faite : Constatant que les dialectes employés couvrent la presque totalité de la vallée du Nil et que l'un d'eux est particulièrement archaïque, l'idée a été émise que ces manuscrits seraient des originaux d'un scriptorium, utilisés pour produire des copies. Ils auraient été enfouis parce que devenus hors d'usage. 


Les papyrus écrits en langue grecque de la collection Bodmer sont particulièrement importants pour la recherche biblique car ils sont très anciens.


Le codex de l'Évangile de Jean 
Le plus remarquable de ces codex est un Évangile de Jean pratiquement complet avec 75 folios conservés sur 78 et datant de l'an 200 environ (Cologny, Fondation Martin Bodmer, P.B II). 


Les autres codex grecs
Le codex contenant une partie des Évangiles de Luc et de Jean, soit 51 folios sur 72, date du début du IIIe siècle (Cologny, Fondation Martin Bodmer, P.B. XIV-XV). 


La Fondation Bodmer possède le plus ancien manuscrit connu des deux Épîtres de Pierre et de l'Épître de Jude. Il date de la fin du IIIe siècle ou du IVe siècle. (Cologny, Fondation Martin Bodmer, P.B. VIII).  


Les manuscrits coptes
Dans sa collection de manuscrits coptes, la Fondation Martin Bodmer possède une excellente copie d'une partie de l'Évangile de Matthieu sur parchemin datant du IVe ou du Ve siècle (Cologny, Fondation Martin Bodmer, P.B. XIX).  


L'apport des papyrus pour la critique textuelle 
Alors que pendant des siècles, la Bible a été transmise par copies manuelles, des divergences minimes apparaissent entre les manuscrits des différentes époques. Les spécialistes de la transmission du texte arrivent à repérer les manuscrits fautifs et apportent les corrections nécessaires. 

Les manuscrits récupérés des ruines des monastères égyptiens ou extraits du sol des déserts ont permis de nous rapprocher un peu plus de l'époque où les autographes ont été rédigés.

Nous pouvons être tout à fait certains que le texte du Nouveau Testament que nous avons reçu est sans faille depuis le IIe siècle.Il est au plus près du texte original. Dans le cas peu probable où nous serions par hasard en possession d'un manuscrit écrit de la main de l'un des auteurs du Nouveau Testament, nous ne serions pas capable de le reconnaître en tant que tel ! 
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Message  Arlitto Lun 16 Mai 2016, 11:58

Les grandes découvertes pour l'Ancien Testament


Le papyrus Nash


Le papyrus Nash a été daté du IIe ou du Ier siècle av. J.-C. Il est probablement originaire du Fayoum. Monsieur W.L. Nash, secrétaire de la Société Biblique et Archéologique, l'a acheté à un antiquaire égyptien en 1902. Ce papyrus est considéré comme étant le plus ancien témoin de la Bible hébraïque sur papyrus. 

Ce manuscrit contient deux textes particulièrement importants de l'Ancien Testament : le décalogue (Exode 20.1-17) et le texte connu sous le nom de "Shéma Israël" (Deutéronome 6.4-9) auxquels il faut ajouter quelques versets de Deutéronome 5.6-21. Ce document exceptionnel est conservé aujourd'hui à la Bibliothèque de l'université de Cambridge (Cambridge University Library, Or.233). 

Ce remarquable manuscrit ne confirme que quelques phrases de l'Ancien Testament, mais il a permis de faire un grand saut dans le temps, car jusqu'au début du XXe siècle, les seuls manuscrits hébreux complets ou relativement importants en notre possession dataient du Xe siècle de notre ère. Ces grands manuscrits sont appelés "manuscrits massorétiques". 



Les grands manuscrits massorétiques 


Le manuscrit de Léningrad  daté de 1009 

Ce manuscrit contient l'ensemble du texte de l'Ancien Testament. La date 1008-1009 et le nom du copiste Aaron ben Moïse Ben Asher sont indiqués sur le colophon. La famille Ben Asher est l'une des grandes familles de copistes qui a transmis le texte biblique pendant plusieurs générations. Ce texte est encore utilisé aujourd'hui comme texte de référence pour les traductions de l'Ancien Testament. Le codex de Léningrad contient quelques feuillets enluminés (Saint-Pétersbourg, Bibliothèque nationale de Russie, MS B19a).


Le Codex d'Alep daté de 930  


Pendant longtemps, le codex d'Alep fut conservé dans la crypte d'Élie de la grande synagogue sépharade d'Alep. Ce manuscrit aurait été aux mains des croisés et aurait séjourné au Caire et à Cordoue. Aujourd'hui, il est déposé au Musée d'Israël à Jérusalem. Complet à l'origine, le manuscrit a été endommagé par un incendie dans des émeutes antijuives à Alep en 1947. 294 folios ont été préservés sur les 380 à l'origine (les livres de la Genèse au Deutéronome et du Cantique des Cantiques à Esaïe ont été perdus). Ce manuscrit est considéré par les savants comme le manuscrit le plus fidèle à la tradition des Ben Asher. On peut le dater de 910-930. 

Le Pentateuque conservé à Londres et datant du début du Xe siècle est un autre témoin des manuscrits massorétiques (Londres, British Library, Or. MS 4445).  

L'adjectif "massorétique" a été construit de l'hébreu "masar" qui signifie transmettre, enseigner. La Massore est un ensemble de règles de prononciation, d'épellation et d'intonation qui a été élaboré pour préserver et transmettre correctement le texte biblique. Les docteurs juifs appelés massorètes étaient soucieux de transmettre le texte biblique en hébreu selon la tradition qu'ils avaient reçue. Les premiers massorètes sont apparus au VIIe siècle. Plusieurs générations de copistes se sont succédé jusqu'au XIe siècle pour recopier le texte biblique. La première tâche des massorètes a consisté à travailler à l'établissement d'un texte unique de la Bible hébraïque, en recherchant les meilleurs manuscrits existant à leur époque. 

À l'origine, les textes bibliques étaient rédigés uniquement avec des consonnes et sans ponctuation, comme nous pouvons encore le voir sur les manuscrits retrouvés à Qumrân. Lorsque le texte était lu, les voyelles étaient réintroduites oralement par le lecteur. Une même association de consonnes pouvait être prononcée différemment, ce qui avait pour conséquence de rendre le texte ambigu par l'introduction de sens différents.  

Sans modifier le texte consonantique mais en ajoutant des signes au-dessus, au-dessous ou dans les consonnes, les massorètes ont indiqué d'une manière définitive la prononciation qu'ils avaient reçue, imposant une seule lecture possible. Ils ont noté dans les massores, en marge du texte biblique, plusieurs informations destinées à éviter des erreurs lors des futures copies. Les petites massores, dans les marges de côtés, signalent d'une manière très précise les anomalies graphiques ou grammaticales contenues dans le texte. Pour permettre des vérifications, les grandes massores, en haut et en bas de chaque page, indiquent le décompte des mots et des lettres. 

Le codex des Prophètes de Saint-Pétersbourg est un manuscrit massorétique qui contient uniquement une partie des livres prophétiques de la Bible hébraïque d'Isaïe à Malachie, d'où son nom (Saint-Pétersbourg, Bibliothèque nationale de Russie).

Ce manuscrit est aussi connu sous le nom de codex de Firkowich, rappelant le nom de celui qui l'a découvert, dans une synagogue de Crimée en 1839, et qui l'a apporté à Saint-Pétersbourg en 1839. Ce manuscrit porte un troisième nom, le codex Babylonicus, parce qu'il est ponctué avec la méthode dite babylonienne. Le colophon précise que le manuscrit a été écrit, ponctué et muni d'une massore par Samuel ben Jacob, à partir des livres corrigés et copiés par le maître Aaron ben Moïse Ben Asher, avec l'indication de la date 916. 

Le plus ancien manuscrit massorétique connu est le codex du Caire, daté de 896. Il contient les Prophètes, selon l'acception du terme dans le canon palestinien, ce qui inclut les livres historiques de Josué à 2 Rois. Il a été copié par Moïse Ben Asher. En 1099, ce manuscrit a été confisqué par les croisés aux Juifs qaraïtes de Jérusalem. Ensuite, il est devenu la propriété des Juifs qaraïtes du Caire. Il est conservé aujourd'hui dans la synagogue qaraïte du Caire. 

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Message  Arlitto Lun 16 Mai 2016, 11:58

L'absence de manuscrits hébreux plus anciens


Les textes de la Bible ont été copiés sur du papyrus ou du parchemin, matériaux ayant une excellente tenue mais ne résistant pas à l'usure du temps, suite aux multiples manipulations pour la lecture publique ou l'étude des textes. Ces Bibles finissent par être endommagées et il faut les remplacer par de nouvelles copies. 

Les Massorètes ont fait un travail remarquable pour la conservation du texte biblique et nous devons les admirer pour cela. Cependant, pour mieux imposer leur travail, ils ont détruit massivement des manuscrits antérieurs qui n'étaient pas de leur école. 

Pour les Hébreux, le nom de Dieu est sacré. Jeter les manuscrits portant le nom de Dieu constitue une profanation. Lorsque les manuscrits étaient hors d'usage, ils étaient stockés dans une "genizah" avant d'être enterrés dans un cimetière, avec les mêmes égards que pour un être humain. Parfois, ils étaient brûlés.  

Le mot "genizah" est la transcription d'un terme araméen qui peut être traduit par "cacher" ou "être précieux". C'était un local attenant à la synagogue.


La découverte de la Genizah du Caire 

En 1890, lors de travaux de réfection de la synagogue Ben Ezra du vieux Caire, les ouvriers découvrirent une genizah qui avait été murée et oubliée. La synagogue Ben Ezra du vieux Caire est une ancienne église copte dédiée à saint Michel, achetée en 882 par les Juifs qaraïtes et transformée en synagogue, époque à laquelle la genizah fut construite. Il est possible qu'avant la construction de l'église chrétienne, l'emplacement ait été occupé par une synagogue rattachée par la tradition à Élie et à Moïse. Cette synagogue aurait été détruite par les Romains. 

Après la découverte de la genizah, dès 1891, des marchands d'antiquité la fouillèrent. Il fallut attendre 1896 pour qu'un travail scientifique soit entrepris. Il dura jusqu'en 1898. Deux universitaires de Cambridge rassemblèrent des dizaines de milliers de fragments de manuscrits pour le compte de la bibliothèque de leur université. 

La genizah, qui semble n'avoir jamais été vidée de son contenu, couvre une période de dix siècles environ, allant de l'an 871, pour le plus ancien manuscrit, au XIXe siècle, pour les trois documents les plus récents. 

En tout, 200 000 fragments de manuscrits furent dénombrés, parmi lesquels des textes bibliques en hébreu, en araméen et en arabe : un véritable trésor ! Le contenu de cette mine extraordinaire peut-être comparée aux célèbres manuscrits de la mer Morte.  


Les manuscrits de la mer Morte 

La révolte des zélotes contre l'occupant romain en 66 se termina par une répression d'une extrême violence qui entraîna la destruction de Jérusalem et de son Temple en 70, et s'acheva par le tragique siège, en 73, de la forteresse de Massada installée sur un rocher au sud de la mer Morte. 

Environ dix-neuf siècles plus tard, en 1947, une découverte archéologique exceptionnelle se produisit sur le bord de la mer Morte. Des jarres remplies de manuscrits furent trouvées dans une grotte du désert de Juda. Ces documents exceptionnels sont en lien direct avec la révolte de 66. 

Plusieurs versions rapportant la découverte de la grotte à manuscrits ont été données, si bien que l'on ne connaît pas exactement les circonstances de cette découverte. Ce qui est sûr, c'est que les bédouins de la tribu des Ta'âmireh découvrirent cette fameuse grotte en 1947, et que huit jarres complètes avec couvercle jonchaient le sol, entourées des restes d'une cinquantaine d'autres qui étaient cassées. 

Les bédouins emportèrent avec eux trois rouleaux de cuir couverts de signes étranges. Ils vendirent leur butin pour quelques dollars à un cordonnier antiquaire de Bethléem, Khalîl Iskandar Sahîn dit 'Kando'. Chrétien d'origine syrienne, l'antiquaire apporta les rouleaux au couvent Saint-Marc de Jérusalem pour essayer d'en percer les mystères et pour les vendre. 

Le 23 novembre 1947, par l'intermédiaire d'un antiquaire arménien, une rencontre eut lieu à la porte de Jaffa, avec le professeur Eléazar Sukenik, de l'université hébraïque, pour expertiser les manuscrits. Cette première rencontre eut lieu par-dessus les barbelés, la région étant en guerre. Une semaine plus tard, après plusieurs rencontres et expertises, les trois rouleaux étaient achetés pour le compte de l'université hébraïque. 

L'un des rouleaux fragmentaire contenait une partie du texte du prophète Isaïe. Quatre autres rouleaux de manuscrits furent achetés aux bédouins par Mar Samuel, l'archevêque du monastère syrien de Jérusalem, qui les fit expertiser par l'université hébraïque pour en connaître la valeur. L'université hébraïque proposa à Mar Samuel d'acheter les manuscrits, mais il refusa et préféra confier les rouleaux, pour une nouvelle expertise, à l'École américaine de recherche orientale. Au mois de février 1948, les manuscrits furent photographiés et les photos furent envoyées aux États-Unis. 

Avec la création de l'État d'Israël le 14 mai 1948, la guerre redoubla et Mar Samuel partit s'installer aux États-Unis où il pensait vendre ses rouleaux à un bien meilleur prix. Finalement, six ans plus tard, l'archevêque était toujours en possession de ses rouleaux. Pour les vendre, il passa anonymement une petite annonce dans le "Wall street journal" du 1er juin 1954. On pouvait lire : "Collection à vendre, manuscrits bibliques datant d'au moins 200 ans av. J.-C.", entre une annonce pour des fourneaux et une autre pour des postes à souder ! 

Grâce à un intermédiaire, Yigael Yadin, fils du professeur Sukenik, réussit à acheter les quatre rouleaux pour l'État d'Israël, pour la somme de 250 000 dollars. Parmi ces rouleaux, il y avait un commentaire du livre du prophète Habacuc, un manuel de discipline appelé aussi la Règle de la communauté, un apocryphe de la Genèse et surtout un rouleau complet du livre du prophète Ésaïe. Le texte était écrit sur 54 colonnes, 17 feuilles de cuir étaient cousues ensemble bout à bout, d'une longueur totale d'environ 7,30 m. 

Lorsque la guerre judéo-arabe prit fin en juillet 1948, la région de Qumrân fut prospectée et la grotte aux manuscrits fut repérée. Les fouilles permirent de rassembler 600 fragments de manuscrits. Le site de Khirbet Qumrân à proximité de la grotte fut fouillé de 1951 à 1956 sous la conduite du père dominicain Roland de Vaux de l'École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem. Ces fouilles permirent de découvrir, parmi différents objets de la vie domestique, des encriers et des éléments d'un scriptorium. 

Pendant que les archéologues travaillaient à Qumrân, les bédouins découvrirent d'autres grottes contenant des manuscrits qu'ils vendirent aux antiquaires de Jérusalem, ce qui incita les archéologues à étendre leurs recherches et à fouiller de nouvelles grottes : 180 grottes furent fouillées, 11 contenaient des manuscrits. 

L'expression "les manuscrits de la mer Morte" recouvre l'ensemble des manuscrits retrouvés dans les grottes près de Qumrân, dans celles du Wadi Murabba'at ainsi que dans les grottes du Nahal Hever, et sur le site de la forteresse de Massada. Deux des manuscrits trouvés dans la forteresse de Massada étaient cachés dans le sol de la synagogue. 

Dans la grotte n° 3, les archéologues découvrirent un rouleau cassé en deux fait d'une feuille de métal. Très oxydé, le rouleau portait des traces d'inscriptions. Des années après, ce rouleau se révéla être le plus mystérieux des manuscrits découverts. Il relate la description et la localisation d'un trésor caché en différents lieux du pays d'Israël. 

La grotte n° 4, explorée également par les bédouins, révéla les plus importantes découvertes. Cette cavité est artificielle, elle a été creusée à la main dans les marnes de la terrasse, à une centaine de mètres du site de Qumrân. La diversité des 15 000 fragments qui ont été récupérés dans cette grotte démontre que celle-ci avait été utilisée pour entreposer environ 600 rouleaux provenant peut-être d'une bibliothèque. Ou bien était-ce une sorte de Genizah pour manuscrits endommagés ? Cette grotte contenait des fragments de livres de la Bible, des fragments de commentaires de livres bibliques, des fragments de livres apocryphes et des livres propres à la communauté religieuse qui vivait à Qumrân. 

Dans la grotte n° 11, les bédouins semblent avoir découvert deux manuscrits importants. Le rouleau du Temple est le plus long des rouleaux retrouvés, avec 67 colonnes d'écriture, soit 8,75m. Il décrit le temple idéal avec ses règles de fonctionnement, concernant en particulier la pureté, les sacrifices et la liturgie. Le second manuscrit est un rouleau des Psaumes. 

À Jérusalem, un musée, la maison du Livre, a été créé pour souligner l'importance de cette découverte extraordinaire et pour conserver les principaux rouleaux qui ont traversé les siècles tout en restant dans un état de conservation exceptionnelle. 

Tous les livres de la Bible hébraïque, excepté le livre d'Esther, étaient représentés dans les grottes de Qumrân. Ces découvertes ont permis de contrôler la transmission du texte de la Bible sur une période de 1 000 ans entre l'époque de la rédaction de ces manuscrits et celle des codex massorétiques que nous possédons. 

Des fragments des versions araméennes et grecques de la Bible, des citations de la Bible dans les œuvres de la communauté de Qumrân et les commentaires de certains livres bibliques contribuèrent également à une meilleure connaissance de la Bible. 

La plupart de ces manuscrits sont des copies datant du IIIe siècle av. J-C jusqu'au Ier siècle apr. J.-C. Certains fragments pourraient être beaucoup plus anciens.  

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Message  Arlitto Lun 16 Mai 2016, 12:00

La fiabilité du texte  


Même si des manuscrits très anciens ont été découverts, le texte que nous possédons aujourd'hui repose malgré tout sur des copies de copies de copies, les originaux n'ayant pas été retrouvés. Peut-on avoir complètement confiance dans une telle transmission ? 

Pour répondre à cette question extrêmement importante, considérons quelques arguments supplémentaires. 

Pendant des siècles, des érudits ont transmis les textes de la Bible avec le plus grand soin. En voici quelques exemples : 

Tout texte transmis de génération en génération en le recopiant à la main n'est pas à l'abri d'altération. C'est la raison pour laquelle, à la fin du Ier siècle, le conseil de Jamnia avait pris des dispositions pour assurer une bonne transmission du texte en établissant des règles très précises et contraignantes. 

Pour les Juifs, recopier les textes de la Bible est une tâche sacrée qui nécessite une grande attention et une pureté absolue. Ainsi, avant de se mettre au travail, le copiste prenait un bain rituel pour se purifier. Avant de copier le nom de Dieu, il changeait de plume et il se lavait les mains.Lorsqu'il avait fini son travail, il comptait le nombre de lettres pour vérifier qu'il n'avait rien oublié. Un manuscrit fautif était brûléLorsqu'il rencontrait un mot douteux dans le manuscrit qu'il recopiait, le copiste ne corrigeait pas le texte mais il faisait un commentaire en marge. 

Aucun texte ancien n'a été recopié avec autant de soin ! Pourtant, au XIXe siècle, des théologiens ont mis en doute l'authenticité des textes de la Bible. 

Lorsque les plus anciens manuscrits en notre possession, sur lesquels sont basés nos traductions modernes de la Bible, purent être comparés avec les manuscrits découverts près de la mer Morte, on s'attendait à découvrir un grand nombre de différences, car plus de 1 000 ans s'étaient écoulés entre ces deux groupes de manuscrits.Mais ce ne fut pas le cas ! À quelques lettres près, les textes étaient les mêmes ! Les divergences étaient insignifiantes et n'affectaient pas la compréhension du texte : la Bible est restée la même avant et après cette découverte ! 

C'est vrai, les manuscrits conservés sont peu nombreux pour la première partie de la Bible, l'Ancien Testament. Ce n'est pas le cas pour la deuxième partie de la Bible, le Nouveau Testament, car nous avons plus de 5 000 manuscrits en grec, 10 000 en latin et 9 300 dans d'autres langues. 


La comparaison avec les œuvres classiques reconnues comme authentiques 

À titre de comparaison, nous possédons beaucoup moins de manuscrits pour les œuvres profanes, historiques ou littéraires, que pour la BibleL'écart de temps entre les copies qui nous sont parvenues et les originaux est parfois plus grand pour les œuvres profanes que pour les textes bibliques, ce qui est particulièrement vrai pour le Nouveau Testament. 

Voici quelques exemples : 

Pour l'Illiade d'Homère composée vers 800 av. J.-C., nous possédons 643 manuscrits dont le plus ancien date de l'an 400 av. J.-C., soit 400 ans après l'original. 

L'œuvre de Sophocle nous est parvenue par 193 manuscrits dont le plus ancien date de l'an 1 000, soit 1 400 ans après la rédaction de l'original. 

Nous possédons huit manuscrits de l'histoire d'Hérodote dont le plus ancien est postérieur à la rédaction de l'original de 1 300 ans 

Sept manuscrits du grand philosophe Platon sont parvenus jusqu'à nous avec un écart de 1 200 ans entre l'original et le plus ancien manuscrit. 

La Guerre des Gaules de Jules César, composée entre 58 et 50 av. J.-C., nous est connue par dix manuscrits dont le plus ancien a été copié 950 ans après l'original. 

La Vie des Douze Césars rédigée par Suétone, qui a vécu de 75 à 160 apr. J.-C., nous est parvenue par huit copies dont la plus ancienne date de l'année 950, soit 800 ans après la rédaction de l'original. 


Malgré le temps considérable qui existe entre les copies que nous possédons et les originaux, et malgré le peu de manuscrits qui nous sont parvenus, personne ne conteste l'authenticité de ces œuvres historiques et littéraires ! 


Conclusion

Pourquoi douterions-nous de la bonne transmission des textes de la Bible et de leur authenticité ? Grâce à sa transmission régulière de génération en génération, grâce aux découvertes d'anciens manuscrits qui sont venus confirmer la bonne transmission de ces textes, grâce aux très nombreux manuscrits qui nous sont parvenus et qui ont permis à la critique textuelle de remonter le plus loin possible dans le temps pour trouver la forme originelle du texte en repérant les manuscrits fautifs, la Bible est devenue le livre de l'antiquité le plus attesté et donc le plus fiable.   

Le doute n'est plus possible quant à l'authenticité de ses textes. Nous pouvons avoir l'assurance que les copies d'aujourd'hui sont conformes aux textes originaux.

Nous pouvons lire la Bible avec confiance ! 

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Message  Arlitto Lun 16 Mai 2016, 17:01

La bible et la science font-elles bon ménage ?




Le récit biblique de l'Exode est-il sorti tout droit de l'imagination de scribes juifs ? Ou relate-t-il des événements réels dont on peut retrouver les traces dans les archives géologiques ? Arie S. Issar penche pour la seconde hypothèse. À la base de sa conviction, une étonnante corrélation entre certains faits bibliques et le modèle paléoclimatique qu'il a lui-même élaboré - sans faire appel aux experts des Saintes Écritures, ni aux travaux des historiens.


Un grand nombre de scientifiques, reprenant à leur compte les idées de Charle Percy Snow, déplorent le fossé qui ne cesse de s'élargir entre les sciences qualifiées de « dures » et celles dites « humaines ». 

Selon Snow, auteur des Deux Cultures, les spécialistes des deux bords ne communiquent plus 1. Cette absence de dialogue se manifeste particulièrement, selon moi, dans le domaine de l'histoire, et, en particulier, dans celui des études bibliques. Tel est le triste constat auquel m'ont amené les travaux interdisciplinaires que j'ai menés à la demande de l'Unesco, il y a quelques années, travaux relatifs aux conséquences de l'évolution climatique sur le cycle de l'eau et sur les systèmes socio-économiques de la région du Levant fig. 2. Ces recherches m'ont conduit à soutenir l'idée qu'il y a 2 000 ans, à l'époque du Christ, le climat était plus froid et plus humide qu'aujourd'hui. Conclusion étayée par un grand nombre de données isotopiques 18O et 13C et d'analyses polliniques réalisées sur des échantillons prélevés au fond de la mer de Galilée ou lac de Tibériade, d'analyses de dépôts de caverne par précipitation provenant des grottes du cru et d'étude des anciennes lignes de rivage de la mer Morte. L'ensemble des observations a montré qu'un climat froid et humide était à l'origine d'une élévation du niveau de la mer Morte de cinquante mètres environ au-dessus de son niveau actuel. Montée des eaux qui permet par ailleurs d'expliquer comment les terres arides du Moyen-Orient sont devenues par la suite les greniers à grains et les réserves d'huile d'olive de l'Empire romain. Ces données corroboraient également l'affirmation de l'historien juif Flavius Josèphe selon lequel, à son époque Ier siècle, la mer Morte était longue de 100 verstes romaines*2. Le rivage de la mer Morte, plus vaste qu'aujourd'hui, se situait à proximité de la ville de Jéricho. Persuadé que ces résultats étaient susceptibles d'intéresser des historiens, j'ai proposé à une revue spécialisée dans l'histoire d'Israël un article présentant mes travaux. Le rédacteur en chef me demanda d'éviter tout développement sur les isotopes et l'analyse du pollen ainsi que toute observation relevant des sciences de la terre. Son lectorat, m'assura-t-il, constitué pour l'essentiel d'historiens, étant incapable de les comprendre. 

En fait, l'ignorance des historiens de tout ce qui concerne l'observation des aspects naturels et physiques de l'environnement m'est apparue de manière particulièrement criante lors d'une discussion scientifique sur le récit biblique de l'Exode diffusée à la télévision israélienne à l'occasion de la Pâque juive passover qui commémore la sortie d'Égypte du peuple juif. Les participants, des historiens et des archéologues israéliens spécialistes de l'histoire biblique, semblaient, pour la plupart, partager l'idée selon laquelle le récit de l'Exode serait l'invention de scribes juifs de l'époque du premier temple entre 1000 et 600 environ av. J.-C.. Une époque pendant laquelle les rois de Judée se sont attachés à constituer une histoire officielle de la nouvelle nation qui, peu auparavant, n'était encore qu'une coalition de tribus. 

Hypothèse essentiellement justifiée par l'absence de toute trace archéologique dans la péninsule et de toute mention de l'Exode dans les anciennes annales égyptiennes. La plupart des intervenants soulignèrent, en outre, que cette théorie est celle qui domine actuellement au sein de la communauté internationale des experts ès Ecritures saintes.

En écoutant cette discussion très érudite, je me suis posé deux questions. Primo , combien de ces historiens tellement au faîte de tout ce qui a pu être écrit à toutes les époques sur la période dont ils sont spécialistes seraient à même d'interpréter ou de comprendre les données de l'environnement naturel sédiments de grottes, sédiments lacustres, pollens ou isotopes, par exemple que nous, spécialistes des sciences de la terre, avons pu rassembler sur la même période ? Secundo , combien d'entre eux se sont effectivement rendus sur le terrain, là où ont eu lieu les événements dont ils discutent, à la recherche de faits susceptibles de les corroborer ? 

Pour avoir passé pas mal de jours et de nuits dans le désert du Sinaï, j'aurais voulu pouvoir leur dire qu'aucun scribe, pas même le plus inventif, n'aurait pu imaginer les événements décrits dans la Bible sans avoir assisté lui-même à des phénomènes comparables ou sans avoir recueilli le récit sous une forme ancestrale, écho lointain d'une expérience historique traumatisante vécue par certains de ses ancêtres.

Comme je doute que les scribes ou leurs protecteurs aient pu pousser le raffinement jusqu'à envoyer des émissaires dans le désert du Sinaï pour étudier l'environnement naturel et inventer de toutes pièces un récit d'exode, je soutiens que des événements relatés dans la Bible se sont bel et bien produits fig. 1. Et que nos ancêtres ont transmis leur expérience du monde d'abord à leurs enfants ce en quoi ils se distinguent assez peu des savants modernes, avant que ces derniers ne fassent de même, et ainsi de suite, jusqu'au jour où les scribes se sont mis au travail pour rassembler les récits provenant de la tradition orale et leur donner la forme écrite leur permettant d'accéder au statut de récits bibliques vénérés.

Ma conviction a grimpé d'un cran lorsque, à mon grand étonnement, je me suis aperçu que la liste des « plaies de l'Égypte » dont furent victimes, selon la Bible, les anciens Égyptiens, corroborait le modèle de réponse de l'environnement à un refroidissement du climat en Egypte, modèle que j'avais élaboré sans consulter les Saintes Écritures. L'hypothèse d'un refroidissement effectif du climat à l'époque était également confirmée par les différentes données naturelles dont je disposais. Selon la Bible, ces « plaies » étaient autant de moyens de punir le malheureux peuple égyptien du refus du Pharaon de laisser partir le peuple d'Israël. Or, il existe une étonnante corrélation entre certains récits bibliques et le nouveau modèle paléoclimatique que j'ai mis au point pour la région du Levant3.

Pour ne pas faire de jaloux, il me faut adresser également quelques critiques aux spécialistes des sciences de la terre. Lorsque je leur ai annoncé avoir découvert, à ma grande surprise, une corrélation entre le texte biblique et les observations que j'avais effectuées sur le terrain, ils ont en général refusé de prendre mon hypothèse au sérieux et de reconnaître que ce texte pouvait constituer, à condition d'être étudié de manière critique, une source utile d'informations.

Mais avant d'aborder la question de l'impact des changements climatiques passés, voyons quel est actuellement le régime climatique de la région du Levant. La région méditerranéenne est située aux confins de deux zones climatiques, celle des vents d'ouest, au nord, et celle, saharienne, appartenant à la zone de convergence intertropicale, au sud. L'été, la zone saharienne fait sentir ses effets sur l'ensemble du Moyen-Orient, car son influence s'étend alors vers le nord. L'hiver, en revanche, elle se déplace vers le sud, abandonnant la région aux influences des fronts froids cyclonaux de l'ouest et du nord-ouest à l'origine de précipitations se produisant normalement entre novembre et mars.

L'Égypte appartient à la zone climatique saharienne, et seule la partie la plus au nord du pays est soumise à l'influence du régime méditerranéen. Le système du Nil, toutefois, dépend des pluies des alizés et non des vents d'ouest. Le fleuve est alimenté par les précipitations des régions subéquatoriales d'Afrique de l'Est qui ont leur origine dans les courants aériens se déplaçant vers le sud-ouest à partir de l'océan Indien et de l'équateur. Les pluies d'été alimentent essentiellement le Nil bleu et l'Atbara qui descendent des hautes terres du nord et du centre de l'Éthiopie. Le Nil blanc, pour sa part, draine les pluies tombant sur l'Ouganda au ni-veau de l'équateur et sur le sud de l'Éthiopie, régions qui connaissent deux saisons des pluies, ce qui donne au fleuve un débit plus régulier.

Le travail d'interprétation paléoclimatique a débuté lorsque nous avons pu préciser les caractéristiques du climat qui prévalait dans notre région au début du Pléistocène, c'est-à-dire durant la dernière période glaciaire. Un climat très différent de celui d'aujourd'hui, si on se fonde sur un modèle paléoclimatique élaboré pour tenter d'expliquer un certain nombre de phénomènes naturels apparus en ces temps reculés ou plus tardivement. Tout changement climatique se traduit par une élévation ou une baisse du niveau de la mer Morte. Pendant la dernière période glaciaire, ce niveau se situait à 200 mètres au-dessous du niveau moyen de la mer, le niveau actuel tournant autour de - 430 mètres.

Le refroidissement climatique survenu alors s'est traduit également par l'accumulation de couches de loess, dépôts éoliens constitués de poussières déplacées à partir des déserts environnants fig. 3. L'amoncellement de ces débris s'est achevé autour de 13 000 ans avant J.-C. du fait du passage brutal d'un climat humide à un climat plus aride à la fin du Pléistocène. A succédé une période de dépôts éoliens de sables sur l'ensemble du nord-ouest du Néguev, au sud d'Israël fig. 5. Deux couches principales peuvent être distinguées. La plus étendue, constituée de sables qui ont commencé à s'agglomérer à la fin de la dernière période glaciaire, c'est-à-dire il y a 15 000 ans environ, et ont continué à progresser vers l'intérieur des terres pendant la majeure partie de l'ère préhistorique. L'autre, de facture plus récente et encore mobile actuellement, date de la fin de la période byzantine et du début de la conquête musulmane, il y a environ 1 500 ans4, et ne couvre que la région du littoral. Ses dunes aux couleurs vives dissimulent des couches de limon qui contiennent des artefacts remontant au chalcolithique jusqu'à l'époque byzantine.

Le passage de dépôts de loess à des dépôts de sables à l'ouest du Néguev et au nord du Sinaï est dû au réchauffement du climat qui s'est produit à la fin de la dernière période glaciaire, entraînant une recrudescence des pluies sur le bassin d'alimentation du Nil et, par conséquent, un accroissement des quantités de sables nubiens drainés par le fleuve jusqu'à la Méditerranée. Des courants se déplaçant en sens inverse des aiguilles d'une montre ont ensuite acheminé ces sables jusqu'au littoral du Sinaï et d'Israël. Là, ils étaient balayés sur le rivage par les vagues avant d'être emportés par le vent vers l'intérieur des terres. Des dunes de sable ont ainsi pénétré jusqu'à une quarantaine de kilomètres du littoral et formé un triangle recouvrant 400 km2 40 000 ha de la partie nord-ouest du Néguev. A la même époque, le niveau de la mer Morte qui, au cours de la dernière période glaciaire se situait à 200 mètres au-dessus du niveau actuel, a commen-cé à baisser.

Il est donc possible d'établir une corrélation entre climat froid, vents d'ouest générateurs d'importantes tempêtes de pluie et de poussières provoquant l'accumulation de loess dans les déserts du Néguev et du Sinaï et niveau élevé des eaux de la mer Morte. Le réchauffement du climat se serait traduit en revanche par l'interruption des tempêtes de pluie favorables à l'accumulation de loess, l'apparition de dunes de sable et le tarissement de la mer Morte.

Certaines caractéristiques du paléoclimat peuvent également être déterminées au moyen du rapport isotopique entre l'oxygène 18 et l'oxygène 16 des sédiments lacustres. Dans les sédiments marins, une teneur élevée en isotopes c'est-à-dire un rapport 18O/16O grand indique un climat froid, l'eau de teneur plus faible étant capturée par la glace. Mais dans les sédiments lacustres, une teneur peu élevée sera également le signe d'un climat froid, parce que les pluies provenant d'une mer froide sont pauvres en isotopes lourds.

L'étude réalisée par le spéléologue israélien Amos Frumkin dans le cadre de sa thèse de doctorat a révélé la présence, dans les grottes de sel du mont Sodome, d'indices témoignant des niveaux élevés de la mer Morte. Ce mont ressemble à un énorme bouchon de sel dressé à proximité du rivage. Lorsque le niveau de la mer Morte montait, les eaux envahissaient les grottes, abandonnant ensuite le long de la rive divers débris de bois qui ont pu être datés grâce à la technique du carbone 14. Les rigoles d'écoulement par lesquelles elles s'échappaient au moment de la décrue ont taillé de profonds canyons dans le sel. Les résultats d'Amos Frumkin sont présentés sur le diagramme fig. 4. Comme on le voit, le niveau de la mer Morte a connu un certain nombre de fluctuations pendant l'Holocène, c'est-à-dire au cours des 10 000 dernières années. Je voudrais cependant attirer l'attention sur l'élévation qui s'est produite entre les années 1500 et 800 avant J.-C. pour diverses raisons techniques et de méthode on ne peut pas dater plus précisément cet épisode climatique. La montée de la mer Morte correspond à une phase climatique humide, donc froide, dans la région méditerranéenne alors dominée par les vents d'ouest. Le diagramme montre que le niveau de la Méditerranée était effectivement bas à l'époque, ce qui peut s'expliquer par un accroissement du volume des glaciers polaires. On constate également, à la même époque, une chute importante du taux d'isotopes 18O dans la partie centrale de la mer de Galilée.

Ce bouleversement climatique pourrait avoir été provoqué par l'explosion du Santorin en mer Égée, aux environs de 1600 avant J.-C. La dispersion de cendres volcaniques dans l'atmosphère, occasionnant une réduction du rayonnement solaire à la surface de la Terre, a provoqué une expansion des glaciers et le déplacement vers le sud de la zone des vents d'ouest.

Les recherches menées dans le désert de Libye par le professeur H.J. Paschur, de l'université libre de Berlin, et son équipe ont montré que ce désert avait connu une période humide autour de 3420 avant J.-C. + 230 ans datation au carbone 145.

Voyons maintenant quels enseignements tirer du rapprochement des données paléoclimatiques, archéologiques, historiques et bibliques. En commençant par la période postérieure à 2000 avant J.-C., le Moyen Empire en Égypte XIe et XIIe dynasties, 2050 à 1786 avant J.-C. connut comme une ère de paix et de prospérité. Des documents égyptiens rapportent l'arrivée sur la terre des Pharaons d'un peuple originaire de Canaan. Cette migration peut s'expliquer, selon le diagramme paléoclimatique, par un réchauffement ayant entraîné l'assèchement des régions du Moyen-Orient, alors qu'à la même époque l'Égypte, irriguée par le Nil et soumise au régime des moussons, restait florissante. Les récits de la migration des patriarches dans la Bible font référence à ces événements. Dans les documents égyptiens, certaines des tribus situées à l'est des frontières du Royaume sont désignées du nom d'Hapirou ou Apirou Hébreux ?.

Autour de 1780 commence en Égypte le règne d'étrangers appelés par les Égyptiens « Haka Hashut » Hyksos, ce qui signifie « souverains des terres étrangères » le récit de l'élévation de Joseph, fils de Jacob, au rang de vice-roi du Pharaon relate cette ascension. Leur règne dura environ 200 ans, jusqu'à la fondation de la XVIIIe dynastie par Amosis 1558 avant J.-C., c'est-à-dire grosso modo jusqu'au début de la vague de froid dont nous avons déjà mentionné les conséquences et dont le point culminant se situe vraisemblablement entre 1300 et 1200 avant J.-C. La plupart des chercheurs qui considèrent l'Exode comme un événement historique le situent entre l'époque de l'expulsion des Hyksos, c'est-à-dire autour de 1500 avant J.-C., et celle du règne de Merenptah XIXe dynastie, 1238-1220 avant J.-C.. Cette dernière date est corroborée par une stèle élevée à la mémoire de ce roi et sur laquelle est mentionnée la défaite d'Israël. 

Essayons maintenant de déterminer le climat de cette époque troublée par d'importants changements climatiques globaux. On peut supposer d'abord que la zone des vents cycloniques d'ouest s'est déplacée vers le sud et a pénétré dans la partie nord de l'Égypte sous la forme d'un automne hivernal et au printemps, de tempêtes de poussière suivies de lourdes pluies. Les averses auraient provoqué des inondations dans les oueds du nord de l'Égypte, lesquelles auraient entraîné à leur tour le déplacement de limon, et des sols dans les eaux du Nil, habituellement claires à cette époque de l'année.

Les anciens Égyptiens appelaient les sols du nord de l'Égypte « deshret », c'est-à-dire « rouge ». Nous pouvons par conséquent supposer que pendant la période de refroidissement climatique, les eaux du Nil étaient rouges en hiver, donc impropres à la consommation. Lorsqu'elles sont lourdement chargées en limon, en effet, certains poissons ne peuvent y survivre. Les Hébreux, sous le joug des Égyptiens, interprétaient le « rougeoiement » des eaux, leur aspect « rouge sang », comme un châtiment infligé par Dieu à leurs oppresseurs pour les avoir réduits à l'esclavage.

L'humidification des terres consécutive aux fortes pluies a probablement entraîné une augmentation de la population de crapauds et de grenouilles ainsi que du nombre de parasites tels que les poux et les bactéries à l'origine de diverses maladies frappant les hommes et le bétail. Les tempêtes de pluie étaient précédées de gros nuages de poussières qui assombrissaient la lumière du jour et suivies de fortes grêles qui détruisaient les récoltes des paysans égyptiens. En outre, l'humidification du désert se traduisait par une prolifération de sauterelles envahissant les régions les plus fertiles du pays.

Le peuple d'Israël, conduit par un certain Moïse qui avait été éduqué à la cour des pharaons, profita des difficultés auxquelles était confrontée l'Égypte, et du fait que la traversée du désert était devenue possible, pour prendre le chemin du pays de ses ancêtres.

En sortant d'Égypte, les Israélites atteignirent le rivage de la « mer des Joncs » telle est la traduction exacte du nom hébreu, appelée sans doute ainsi en raison des joncs qui poussaient le long de son rivage. Ce plan d'eau douce ou saumâtre le mot « mer » était utilisé en ancien hébreu pour désigner tout plan d'eau de quelque importance correspondait à mon avis aux immenses lacs et marécages, appelés localement sabkhas , qui s'étendaient sur toute la région que traverse aujourd'hui le canal de Suez. 

Dans cette région aride la région l'était restée malgré la vague d'humidité ; avec une moyenne pluviométrique annuelle de 100 mm contre environ 50 mm aujourd'hui, les sabkhas se couvraient de croûtes de sel en surface. Il n'est pas difficile d'imaginer la fuite de ces gens à travers le labyrinthe de sabkhas , les chars de guerre à leurs trousses, au moment où, venant de l'est, se levait un violent orage de poussière appelé localement khamsin suivi, après changement de la direction du vent, de fortes pluies, car ce genre d'orages reste aujourd'hui encore caractéristique du printemps dans cette région fig. 1. 

L'Exode, ce récit vieux de milliers d'années, rapporte qu'une « colonne de nuées partit de devant eux et se tint sur leurs arrières » 6  , que « le Seigneur refoula la mer toute la nuit par un vent d'est puissant et il mit la mer à sec ; et les eaux se fendirent » 7  , probablement grâce à la croûte durcie qui formait une couche de gypse et permit au peuple d'Israël en fuite de passer entre les sabkhas , et ensuite que les eaux non recouvertes d'une croûte formèrent « une muraille à leur droite et à leur gauche » 8  autrement dit protégèrent son avancée des deux côtés mieux vaut ici oublier les illustrations traditionnelles de la Bible qui prenaient le mot hébreu signifiant « muraille » dans un sens littéral et non dans son sens métaphorique de « protection », contraignant les chars à ne rouler que derrière les réfugiés et à essayer de les dépasser sur les sabkhas asséchés : « Les Égyptiens les poursuivirent et pénétrèrent derrière eux - tous les chevaux du Pharaon, ses chars et ses cavaliers - jusqu'au milieu de la mer » 9  . Puis le temps changea brutalement, ce qui est conforme à la réalité : les vents chauds et secs en provenance de l'est étaient le signe avant-coureur d'un violent orage de pluie de basse pression en provenance du nord-ouest qui allait être cause d'inondations dans la région. Les Israélites atteignirent l'extrémité des sabkhas tandis que les chariots Égyptiens aux roues étroites qui se déplaçaient avec difficulté sur la croûte de sel restèrent emprisonnés au milieu des sabkhas inondés par la pluie : « A l'approche du matin, la mer revint à sa place habituelle, tandis que les Égyptiens fuyaient à sa rencontre » 10  . Un scénario semblable pourrait se reproduire aujourd'hui avec des troupes en Jeep tentant de dépasser un corps d'infanterie en retraite dans les sabkhas pendant la saison des pluies. Le spectacle répété de véhicules immobilisés dans la boue salée de cette région, et en particulier celui de ma Jeep embourbée dans un sabkha au nord de Sharm el Cheikh, m'obligeant à parcourir à pied une longue distance, m'a convaincu qu'une expérience traumatisante réelle et très ancienne devait être à l'origine du récit de la traversée de la mer des Joncs. 

Cette conviction s'est encore trouvée renforcée à Ayun Musa, un puits artésien jaillissant des profondeurs des couches aquifères du grès de Nubie, non loin du canal de Suez, et dont les eaux ont un goût amer. La Bible, en effet, mentionne que le peuple d'Israël, après la traversée de la mer des Joncs, arriva à une source aux eaux amères du nom de Mara11. L'analyse chimique des eaux d'Ayun Musa montre que celui-ci contient non seulement du sel ordinaire chlorure de sodium et du gypse sulfate de calcium mais aussi du sulfate de magnésium epsomite ou sel anglais, MgSO4 qui, même lorsqu'il n'entre qu'en faible quantité dans la composition des sels, donne à l'eau un goût amer. La Bible, naturellement, ne nous indique pas la composition chimique des eaux de Mara mais le fait qu'elle les qualifie d'amères en fait malgré tout l'un des premiers témoignages hydrochimiques de l'histoire. Et le fait que le souvenir de ce goût se soit conservé de nombreux siècles à distance des routes des caravanes qui circulaient entre la Judée et l'Égypte plaide également contre l'idée que l'histoire de cette source ait pu être inventée par des scribes.

La scène où Moïse frappe la pierre et en fait sortir de l'eau 12 n'a, elle non plus, rien d'étonnant pour un hydrogéologue ayant travaillé dans les montagnes de granite, de gabbro et de porphyre du sud du Sinaï. Les bédouins Djebalia qui vivent autour de l'ancien monastère de Sainte-Catherine m'ont en effet montré comment suivre les fissures du granite à la recherche d'un filon de porphyre empêchant l'écoulement des eaux souterraines et comment chercher ensuite un filon, ou une veine, kaolinisée, facile à creuser à coups de pioche pour atteindre à quelques mètres de profondeur la surface de la nappe phréatique fig. 6. Pour des gens vivant depuis plusieurs générations sur une terre où toute l'eau provenait d'un fleuve et de ses canaux, cette manière de localiser l'eau en frappant de façon répétée sur la roche ne pouvait qu'apparaître comme un miracle puisqu'ils en ignoraient l'explication géologique.

L'impression de miracle, je l'ai moi-même éprouvée en atteignant un petit verger bédouin isolé au milieu des montagnes de granite du Sinaï, après une longue et très chaude journée de recherches hydrogéologiques. Assis à l'ombre d'une vigne abondante irriguée par l'eau tirée du puits creusé dans la roche, m'abreuvant de cette eau froide provenant d'une nappe souterraine, puis goûtant, à l'invitation du propriétaire du verger, les fruits, raisins, grenades et figues cueillis à mon intention, l'occasion me fut ainsi donnée de réfléchir au noyau de vérité historique que recèlent les anciens récits bibliques et à tenter même de donner au mot « miracle » une définition plus moderne et plus scientifique. Ne devrions-nous pas en effet définir un miracle comme un événement ayant une probabilité très faible de se produire dans notre environnement naturel et qui, pourtant, se produit ?

Par Arie S. Issar
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Message  Arlitto Lun 16 Mai 2016, 17:06

La Bible affirme, les sciences confirment 

La recherche scientifique et l'authenticité de la Bible Lettrines-l

Les doctrines de l’inerrance et de l’inspiration verbale entraînent de fâcheuses conséquences théologiques, mais aussi au niveau de la recherche scientifique. Quand je regarde par exemple les recherches menées par les exégètes sur les origines du Pentateuque ou tel livre biblique, quand les historiens tentent de reconstruire une histoire d’Israël en élaborant des hypothèses explicatives sur ses origines, comparant les données extra-bibliques, tenant compte des apports de l’archéologie, etc., je me demande quelle contribution à ces recherches ont offert et offrent les évangéliques actuellement?  

Comment est-il possible de participer à la recherche si l’on tient par principe que Moïse est le rédacteur du Pentateuque et que les récits bibliques sont historiques [1]? Non seulement la participation à la recherche est difficile, mais toute recherche authentique — c’est-à-dire indépendante, critique et la plus objective possible — est en elle-même rendue impossible. Sauf si, bien entendu, cette recherche se donne une finalité bien particulière et se mue en idéologie: défendre, voire démontrer, l’exactitude historique et la vérité de la Bible et, le corollaire obligé de cette démarche, critiquer toute recherche ne partageant pas cette même ambition et dont les résultats contrarient ou mettent en doute l’exactitude historique de la Bible. Par ailleurs, ce qui vaut en histoire, vaut également dans les sciences de la nature, avec le créationnisme.

Bien qu’existante, la séparation n’est pas absolue. L’approche évangélique des sciences n’exclut pas la recherche scientifique quand celle-ci se rapporte à un objet d’étude réduit, limité, local, ou, tout au plus, à un sujet dont les implications ne touchent pas à la sacro-sainte inerrance biblique [2]. De plus, ces limites imposées à la recherche n’excluent aucunement l’érudition dont peuvent faire preuve certains exégètes et historiens évangéliques [3]. Enfin, si je mets ici le doigt sur une faiblesse des évangéliques, cela n’exclut évidemment pas leurs forces dans d’autres domaines — malgré les reproches que je pourrais faire — comme la théologie pratique et la théologie biblique.

L’histoire

Pour les évangéliques qui croient par principe à l’historicité des récits bibliques, les avancées de l’histoire et de l’archéologie n’ont plus qu’un rôle de confirmation. La Bible affirme, les sciences confirment. Cette idée est exprimée de manière franche et directe par Émile Nicole, professeur d’Ancien Testament à la Faculté libre de théologie évangélique de Vaux-sur-Seine. En lisant l’un de ses articles, j’ai été agréablement surpris de l’autonomie accordée à la recherche archéologique. Je suis toutefois tombé des nues quand j’en ai lu la raison:

Croyant que la Bible dit vrai, nous avons tout à gagner qu’un témoignage indépendant soit porté sur les faits qu’elle rapporte. Laissons donc la recherche archéologique se poursuivre de manière indépendante, son témoignage n’en aura que plus de poids lorsque des confirmations évidentes apparaîtront […]. — (« La Bible dévoilée?« , Théologie évangélique, 2/2, 2003, p. 106)

La recherche scientifique et l'authenticité de la Bible Kuen-larchc3a9ologie-confirme-la-bible

Cette autonomie concédée à l’archéologie n’est qu’apparente, puisque son but manifeste est de témoigner de la vérité de la Bible, de « repérer les empreintes laissées par Dieu dans l’histoire antique » (p. 110). Quand, à la place de confirmer, l’archéologie met en question l’historicité de la Bible, Nicole est obligé de trouver toutes sortes d’échappatoires: manque d’objectivité des archéologues, approche biaisée, scepticisme de principe, limites et incertitudes de l’archéologie, etc. Comment pourrait-il en être autrement? Ainsi, l’histoire et l’archéologie sont des sciences respectables lorsqu’elles se réduisent à confirmer l’historicité de la Bible; elles ne démontrent, dans le cas contraire, que le scepticisme ambiant, un biais idéologique implicite ou tout autre poison mortel mis à nu par l’apologétique. Voilà à quoi se réduit bien souvent la participation évangélique à la recherche académique: une apologétique perpétuelle. 

Dans cette même logique de « confirmation », certains auteurs versent dans le triomphalisme. Selon Henry C. Thiessen « les découvertes archéologiques ont grande-ment contribué à confirmer la précision historique de l’Ancien Testament. » [4] Dans le Nouveau Dictionnaire Biblique (Emmaüs, 1992), nous lisons à l’entrée « Archéologie » que « des hommes remarquables ont illustré cette science. Dieu s’en est servi pour confirmer les récits bibliques » (p. 111). 

[édit 13/02/2012: ajoutons que l’infatigable Alfred Kuen intitule son dernier ouvrage L’archéologie confirme la Bible! À l’opposé de ce qu’il faut bien appeler des outrances d’un autre âge, je signale la parution récente d’un livre rédigé par Matthieu Richelle – un chercheur évangélique prometteur (voir son blog) – La Bible et l’archéologie, dont la table des matières annonce un traitement sobre et équilibré (du moins évangéliquement parlant).]

Alfred Kuen, pour sa part, esquive complètement le problème du rapport entre Bible et histoire [manque comblé comme je viens de le signaler!]. Dans Comment interpréter la Bible (Emmaüs, 1991), un chapitre est consacré au « contexte historique, géographique et culturel« . Ce chapitre est présenté comme une des étapes de l’interprétation biblique, qui doit être attentive aux contextes historiques et culturels de la Bible. L’histoire et l’archéologie sont ainsi instrumentalisées et d’usage ponctuel au fil des textes, réduites à un rôle d’aide, d’illustration et de clarification. Le présupposé fondamental est que « toutes les paroles et tous les événements relatés dans la Bible sont […] intimement liés à leur temps » (p. 97). L’idée induite par l’approche de Kuen est que les récits de la Bible sont tous historiques et que le seul obstacle à leur compréhension réside dans leur distance dans le temps. Ce qui se résout en partie par la contextualisation. C’est exactement la recette mise en oeuvre dans les « histoires bibliques d’Israël »: la Bible sert de trame historique que les apports de l’archéologie viennent consolider [5], obtenant ainsi un ouvrage prétendument « d’histoire » mais dont le caractère consiste davantage dans une paraphrase [6]. Si l’on pousse cette logique à son extrémité, il suffirait pour réaliser une « histoire biblique » de munir nos Bibles de notes culturelles et historiques!

Le Pentateuque

On peut le comprendre, les auteurs évangéliques n’ont pas de réel intérêt pour la recherche académique et son évolution sur les origines du Pentateuque. C’est pratique-ment en vain qu’une telle recherche existe, puisque le rédacteur principal du Pentateuque a toujours été, est définitivement et sera à jamais, Moïse. Quand ces auteurs — exégètes, historiens ou dogmaticiens — abordent le sujet, c’est dans le seul et unique but de rappeler à leurs lecteurs que la théorie documentaire est erronée et contraire à la foi. Bien que la profondeur du traitement diffère en fonction de l’ouvrage et du public visé, les conclusions sont toujours les mêmes.

Recherche en crise, fin de la recherche?

Un fait significatif mérite d’être relevé. Depuis les années 90, les publications évan-géliques — livres ou articles — critiquant la recherche sur le Pentateuque ne manquent pas de relever la phase de remise en question qui traverse effectivement le monde universitaire [7]. C’est le cas de Brian Tidiman qui, dans son Précis d’histoire biblique d’Israël (p. 28-29), signale que « le crédit accordé à ces théories, longtemps admises dans le monde universitaire, se perd depuis quelques années, parfois chez leurs propres partisans« . Ce que Tidiman ne dit pas, ou plutôt dissimule, c’est que ce qui « se perd » en réalité, c’est la théorie « classique » des sources, non le fait — admis par tous les spécialistes — qu’il y ait plusieurs sources, plusieurs fragments et divers auteurs à l’origine du Pentateuque. Même chose chez le dogmaticien luthérien Wilbert Kreiss, dans un article paru dans La Revue réformée [8], qu’il serait plus exact de qualifier de prêche. Fort de citations habilement sélectionnées d’universitaires engagés dans cette crise, il déclare: « Le glas semble avoir définitivement sonné pour l’hypothèse documentaire et ses variantes. » (p. 67) Comme Tidiman, il donne l’impression que le tout de la recherche est à jeter à la poubelle — si je puis m’exprimer ainsi —, que les spécialistes enterrent leurs théories et font leur mea culpa, pour n’avoir plus qu’à revenir à la traditionnelle attribution mosaïque du Pentateuque [9]. Rien n’est plus faux. Ce qui est remis en question, c’est un modèle explicatif particulier — certes dominant —, pas la recherche en soi. La recherche sur le Pentateuque évolue, se poursuit, et de nouvelles pistes sont proposées [10]. En fait, ce que voudrait Kreiss, c’est purement et simplement l’abolition des méthodes historico-critiques, pour revenir à la « ‘critique’ légitime de l’Écriture » telle que la pratiquait Luther (p. 52)! Ce qui, évidemment, ne risque pas d’arriver, à moins que soit découverte la machine à remonter le temps.

Sois orthodoxe et tais-toi!

Le second élément que je retiens, c’est bien entendu la prétendue incompatibilité des théories développées par la recherche biblique avec l’inspiration de la Bible, telle qu’elle est conçue et définie par les évangéliques. Tidiman écrit: « Ce traitement du Pentateuque va souvent de pair avec le refus de reconnaître son inspiration divine« . Kreiss va dans le même sens:

[…] la conviction de tous ceux qui ont participé à la genèse des différentes techniques de la méthode historico-critique est qu’il n’existe pas de dogme de l’inspiration qui la classe dans une catégorie à part et la soustraire à une telle critique. — (p. 53) 

Kreiss sait se montrer extrêmement ferme envers quiconque aurait des doutes: « C’est une théorie à laquelle nous n’avons pas le droit de souscrire. Notre foi en l’origine divine et l’inspiration de la Bible nous l’interdit. » (p. 66; il souligne) Kreiss appelle aussi à la repentance et au retour à l’orthodoxie [11]:

La traditionnelle hypothèse documentaire […] a perdu aujourd’hui toute crédibilité dans les lieux spécialisés qui avouent leur perplexité et ne savent pas dans quelle direction orienter leurs recherches. Peut-être pourraient-ils tout simplement souscrire à la foi traditionnelle en l’authenticité mosaïque du Pentateuque, si les a priori philosophiques de leur théologie ne leur interdisait [sic] pas… — (p. 60)

Comme l’a dit — si je ne me trompe — un hérétique des temps modernes, Alfred Loisy: une homélie ne peut être réfutée! 

Conclusion


Il est communément admis par les auteurs évangéliques que le caractère inspiré de la Bible lui confère un statut particulier, à part de tout autre ouvrage, tant du point de vue de la foi que du point de vue de la recherche scientifique. Si je peux comprendre et parfaitement admettre que la Bible soit un livre à part du point de vue de la foi, je ne vois pas pourquoi il faudrait la soustraire à la critique historique ou lui réserver un traitement spécial. Je ne vois pas davantage en quoi consisterait cette différence dans la pratique et le concret de la recherche. Sauf si cette différence ne se joue pas dans le cours de la recherche mais dans ses présupposés dogmatiques, ce qui est manifestement le cas de la théologie évangélique. C’est entendu: La Bible est historique; Moïse a écrit le Pentateuque. Deux faits élevés au rang de doctrines. 

La mosaïcité du Pentateuque soulève aussi la question de la pseudépigraphie qui, par principe, ne peut être admise par un évangélique, car celle-ci est de facto assimilée à une tromperie mettant en cause l’intégrité morale de Dieu. Si Jésus attribue le Pentateuque à Moïse, alors c’est indiscutablement Moïse qui doit l’avoir écrit, sans se demander si cette attribution ne doit pas plutôt être comprise comme étant de l’ordre du traditionnel, non comme l’indication d’une vérité factuelle. 

Suite à ce qui a été exposé dans cet article, il n’y a rien d’étonnant à ce que les exégètes et historiens qui ne partagent pas les convictions évangéliques fassent très peu si ce n’est pas du tout référence à leurs travaux. Comment le leur reprocher? Pourtant, grâce aux exigences scientifiques de la recherche universitaire, notamment biblique, cette dernière rassemble en son sein des spécialistes issus du catholicisme, du protestantisme et du judaïsme indistinctement. Bien sûr, je vois l’argument venir: ce sont tous des libéraux!

Les évangéliques ne cesseront jamais de me fasciner.

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1. Voir ce qu’écrit Émile Nicole face aux théories relatives à l’installation des israélites en Canaan: « Il appartient à ceux qui, comme nous, croient par principe à la fiabilité historique de ces récits d’examiner les problèmes qui se posent […]. » À la fin de son article, il récidive et parle de « ceux qui croient à l’exactitude historique de ces récits » (« L’installation des Israélites en Canaan« , Fac-réflexion n° 17, octobre 1991, je souligne). On le voit: vérité, inspiration et historicité sont étroitement liés, de sorte que la position évangélique se trouve complètement cadenassée. Jean-Pierre Berthoud est du même avis que Nicole, quand il écrit que « si la Bible est vraie, elle doit l’être dans tout ce qu’elle dit, dans ses affirmations géographiques, archéologiques, historiques et scientifiques, autant que dans ce qu’elle déclare sur le plan spirituel et théologique » (Création, Bible et science, p. 265). Henri Blocher confirme l’idée en confessant « la vérité intégrale, à tous les niveaux, de la Parole de Dieu. Donc aussi en histoire » (« Histoire, vérité et foi chrétienne« , Théologie évangélique vol 7, n°2, p. 134). 

2. Par exemple, il est communément admis dans la recherche néotestamentaire, plus spécifiquement paulinienne, que 7 épîtres sur les 13 sont incontestablement de Paul, tandis que les autres sont sujettes à débat. Si un exégète évangélique travaille sur une épître incontestée comme celle aux Galates, il n’aura aucun mal à admettre son authenticité, voire à renforcer son point de vue en citant des exégètes de renommée internationale. Par contre, s’il s’agit d’une épître dont l’authenticité paulinienne est largement contestée, comme la première ou la seconde à Timothée, l’exégète évangélique, ne pouvant souscrire à une telle option, est obligé de se mettre sur la défensive et déployer un argumentaire dont la logique explicite ou implicite est motivée par la doctrine de l’inerrance et celle de l’inspiration verbale qu’il professe. L’accumulation de tels cas amène à des positions curieuses, suspectes d’un point de vue académique.

3. Un brillant exemple en matière d’histoire est donné par l’égyptologue anglais Kenneth A. Kitchen, qui a publié en 2003 (rééd. en 2006) une somme à l’intitulé programmatique: On the Reliability of the Old Testament. Dans le domaine de la théologie systématique, Henri Blocher fait preuve d’une pénétrante et vaste érudition, restituant avec acribie la pensée de ceux qu’il critique. En exégèse, je vois un équivalent chez Samuel Bénétreau, dont j’apprécie particulièrement les travaux. 

4. Dans Esquisse de théologie biblique, Marne-la-Vallée / Lennoxville (Quebec), Farel / Bethel, 1995 (2e éd. française; 1re éd. angl. révisée 1979), p. 81. 

5. Dans certains cas, les apports de l’archéologie ne suffisent pas. Par exemple, la plupart des exégètes et historiens évangéliques abordent tout à fait sérieusement une question liée au déluge (Gn 6-9), a savoir si son étendue fut locale ou universelle. Les tenants de l’une et de l’autre position recourent à des arguments de type ethnologique (histoires antiques relatives à un déluge), géologique, paléontologique, voire biologique. Pour une belle compilation des arguments en présence, voir Alfred Kuen, Encyclopédie des difficultés bibliques, vol 1. Pentateuque, Emmaüs, 2006, p. 121-132. Un autre exemple réside bien sûr dans le récit de la création, dont certaines lectures littéralistes — ou plutôt « scientifiques » — font appel à des arguments issus des sciences naturelles ou dures. Dans tous les cas, le récit biblique, préalablement conçu comme intégralement historique, fait office de réceptacle des diverses théories de tous ordres censées en expliquer le contenu. L’interprétation sombre bien souvent dans un naturalisme qui frise parfois le ridicule.

6. Dans cette veine, le livre de Werner Keller, publié pour la première fois en allemand en 1956 — La Bible arrachée aux sables —, est paradigmatique. Voir aussi les travaux de Kenneth A. Kitchen, déjà cité; Brian Tidiman, Précis d’histoire biblique d’Israël, Nogent-sur-Marnes, Institut biblique de Nogent, 2006, dont le sous-titre prête à sourire: « De la création [!] à Bar-Kochba »; sous la forme d’atlas, voir Paul Lawrence, Atlas de l’histoire biblique, Cléon d’Andran (France), Excelsis, 2009; d’un point de vue juif engagé, voir André et Renée Neher, Histoire biblique du peuple d’Israël, Paris, Adrien Maisonneuve, 19884 (1re éd. 1962). Moins caricatural que le précédent, touffu (700p), mêle érudition et édification. 

7. Sur le sujet, voir l’ouvrage collectif sous la direction de Albert de Pury et Thomas Römer, Le Pentateuque en question, Genève, Labor et Fides, 2002 (3e éd. revue et augmentée), premièrement paru en 1989, reprenant une série de conférences de 3e cycle données en 1986/87. Tidiman et Kreiss y font référence. 

8. « Que penser de la critique du Pentateuque? », La Revue réformée n° 186, 1995, p. 51-67. 

9. C’est le même genre de raisonnement qui est appliqué par les créationnistes à la théorie de l’évolution. Ses inconnues et ses faiblesses l’invalideraient totalement, en faveur bien évidemment du modèle « scientifique » créationniste. Kreiss fait lui-même le parallèle: « Se pourrait-il que la critique du Pentateuque connaisse le sort de la théorie de l’évolution articulée par Darwin? Qu’elle survive dans l’esprit de beaucoup de gens, bien qu’elle soit scientifiquement indémontrable et même discréditée, parce que, faute de vouloir souscrire au créationnisme, on ne lui a pas trouvé de substitut satisfaisant? » (p. 62) Quel hasard que les évangéliques qui rejettent la recherche du Pentateuque, et les méthodes historico-critiques en général, soient à peu près les mêmes qui rejettent la théorie de l’évolution… Cela dit, je ne conteste pas que l’on puisse porter un regard critique, au contraire, ni même rejeter telle pratique ou telle théorie. Ce que je conteste, ce sont les raisons invoquées et la logique dogmatique sous-jacente.

10. Voir p. ex. en ligne l’histoire de la recherche tracée par Thomas Römer: « La formation du Pentateuque selon l’exégèse historico-critique » (sans date; vers 1994-95 si l’on s’en tient aux dates des publications citées dans les notes). À partir du bas de la page 10 (« La contestation de la théorie documentaire »), il expose les raisons de cette contestation et les nouvelles voies d’exploration. Pour une histoire plus récente de la recherche, je renvoie à la 4e édition de l’Introduction à l’Ancien Testament publiée en 2009.


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