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Message  Arlitto Mer 8 Juin 2016 - 23:50

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Forum - Religion et Sexe


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Taoïsme



Jouissance, volupté et longévité



La gestion de la sexualité dans le taoïsme passe par une régulation des forces yin et yang entre partenaires masculin et féminin. Son but : favoriser l’équilibre interne de chacun, afin de régénérer sa vitalité.


Depuis l’Antiquité, deux sources nourrissent la Chine sédentaire : le confucianisme et le taoïsme. Le premier considère la vie en société comme essentielle et place la vertu d’humanité au sommet de ses préoccupations ; le second, plus intime, se donne la joie de vivre le plus possible comme objectif primordial. À la base de ces deux enseignements, se trouve l’idée qu’à chaque être vivant est attribué à sa naissance un lot, une durée de vie. Cette sorte de capital « énergétique » se manifeste extérieurement par une place dans sa famille et dans la société ; et intérieurement par une incarnation physique, une santé spécifique.


Un exercice sérieux, total
Si le confucianisme va se porter sur la gestion sociale de ce capital de départ, le taoïsme lui va chercher à le développer au niveau personnel. C’est pourquoi tous les arts physiques chinois se sont épanouis sous son obédience. Tous, en effet, ont le même objectif : yang sheng ; littéralement, « nourrir le vivre », qui ne connaît ni début ni fin, un trésor dont chacun des 10 000 êtres vivants porte une parcelle en lui. Seul l’être humain, qu’aucune destinée religieuse ne différencie des autres créatures vivantes, a une particularité spécifique : la conscience qu’il a de cette réalité, et donc la possibilité d’agir sur ce capital reçu à la naissance, en le diminuant par une conduite dissolue ou en le renforçant par une conduite appropriée. C’est dans ce cadre que se construit la vision taoïste de la sexualité.

Tout ce qui existe résulte d’un entrecroisement du yin et du yang - ces composants déterminent pour chaque être des propensions spécifiques. L’éclair, par exemple, violent et intense, est bien plus chargé de yang que la montagne ; il lui manque la durable stabilité. La montagne, de son côté, a besoin de la pluie féconde que l’éclair déclenche pour se couvrir de verdure. Il en est de même pour les humains en général, et pour leur comportement sexuel en particulier. La manifestation masculine de la sexualité sera plus yang, extérieure, rapide, superficielle ; et sa forme féminine plus yin, intérieure, lente et profonde. Mais le yin et le yang ne sont pas l’homme et la femme, ce ne sont que des essences, des fluides dont chaque sexe est porteur. C’est pourquoi leur réunion est favorable à cet échange, mais à la double condition que cet échange se produise et qu’alors il soit régulé. La sexualité devient un exercice sérieux, total, mobilisant tout ce que nous sommes pour une régulation et une augmentation de la vitalité.

Pour cela, la jouissance de chacun des partenaires est essentielle. Mais pour qu’elle ait lieu, il faut que soit prise en compte la différence avec laquelle chacun y parvient. La jouissance masculine est yang, simple, directe, « mécanique » ; la jouissance féminine est yin, plus profonde, plus mystérieuse. Le premier enseignement de la sexualité taoïste est que l’homme doit provoquer la jouissance de sa partenaire s’il veut bénéficier des bienfaits du « Tao de l’art d’aimer » (lire plus loin).


Stratégies et bienfaits
On comprend mieux alors pourquoi les enseignements de la sexualité taoïste s’adressent majoritairement aux hommes : parce que la régulation de la sexualité est un domaine où les hommes ont beaucoup plus à apprendre que les femmes. Cela ne tient à aucun primat du yang, mais simplement à la conjonction de deux faits : tous les êtres vivants, qu’ils soient hommes ou femmes, parce qu’ils sont vivants, chauds, mobiles, sont naturellement du côté du yang et, pour des raisons bien plus culturelles que naturelles, les hommes sont plus réceptifs aux conduites yang et les femmes aux conduites yin. La sagesse chinoise en a tiré une conclusion efficace, trop souvent négligée tant par les Occidentaux que par les Chinois : la stratégie yang, naturelle chez tous les vivants, n’a pas besoin d’être cultivée. C’est la stratégie yin, moins « évidente » mais plus efficace, qui doit être mise en œuvre résolument, car elle est source de multiples bienfaits.


La « voie de la souplesse »
Cette prise de position, qui est également à la base du judo - dit la « voie de la souplesse » ou la « voie du yin » -, fonde la gestion taoïste de la sexualité, dans une optique de régénération de la vitalité. Celle-ci est exposée dans le Su Nu Jing, littéralement le Classique de la fille de candeur. Cet ouvrage fondateur se présente sous la forme d’un dialogue entre Huang Di, l’Empereur jaune - personnage mythologique à l’origine de la nation chinoise et au cœur de la tradition taoïste - avec Su Nu, littéralement la « fille de candeur », son instructrice dans l’art d’utiliser la sexualité bien tempérée pour atteindre la longévité. De ce vieux classique, Jolan Chang, un taoïste chinois, a tiré une adaptation moderne : Le Tao de l’art d’aimer (Calmann-Lévy, 1994), un ouvrage que tout homme découvre toujours trop tard et qui devrait être glissé sur la table de nuit des jeunes adolescents, afin de découvrir la sexualité sous un jour moins angoissant. Son idée de base est la dissociation entre jouissance et éjaculation : pour que l’échange des essences yin et yang se fasse, l’orgasme des deux partenaires est nécessaire ; mais pour qu’il soit énergétiquement vivifiant, il faut qu’ils y parviennent sans qu’il y ait éjaculation.


Une « habitude néfaste »
La femme doit pour cela développer en elle sa composante yang pour émettre son essence yin vers l’homme qui, de son côté, doit privilégier sa composante yin pour la recevoir. Chacun a besoin de la jouissance de l’autre pour augmenter son harmonie interne. Jolan Chang le spécifie bien : « C’est par habitude que nous qualifions l’éjaculation de point suprême du plaisir masculin, habitude néfaste, dans laquelle les puritanismes ont enraciné le sentiment tragique qui encombre la sexualité occidentale. à la “petite mort”, le taoïsme oppose la grande vie cosmique que la maîtrise de l’éjaculation permet à chacun d’approcher. On lit en effet dans le Su Nu Jing : “On croit en général que l’homme tire un grand plaisir de l’éjaculation. Mais lorsqu’il apprendra l’art taoïste d’aimer, il éjaculera de moins en moins. Son plaisir n’en diminuera-t-il pas ?” À quoi son interlocuteur répond : “Absolument pas. Après l’éjaculation, l’homme est fatigué, ses oreilles bourdonnent, ses yeux sont alourdis et il aspire au sommeil. Il a soif et ses membres sont inertes et ankylosés. Pendant l’éjaculation, il éprouve un bref instant de joie, mais il en résulte ensuite de longues heures de lassitude. Ce n’est pas vraiment de la volupté. Si au contraire, l’homme réduit et contrôle son éjaculation, son corps en sera fortifié, son esprit s’en trouvera ragaillardi, son ouïe plus fine et sa vue plus perçante. En maîtrisant la sensation que lui procure l’éjaculation, l’amour qu’il éprouve pour la femme grandit. C’est comme s’il ne pouvait la posséder en suffisance. Comment peut-on dire que ceci n’est pas une infinie volupté ?” »
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Message  Arlitto Jeu 9 Juin 2016 - 0:10

Mircéa Eliade décrit ainsi ce mouvement historique dans son « Histoire des croyances et des idées religieuses » (chapitre « Mésolithique et néolithique ») :
« La découverte des figurations féminines dans la dernière période glaciaire a posé des problèmes qu’on continue à discuter. Leur distribution est assez étendue, du sud-ouest de la France jusqu’au lac Baïkal, en Sibérie, et de l’Italie du nord jusqu’au Rhin… On peut présumer que ces statuettes représentent en quelque sorte la sacralité féminine, et par conséquent les puissances magico-religieuses des déesses. Le « mystère » constitué par le mode d’exister spécifique aux femmes a joué un rôle important dans nombre de religions, primitives aussi bien qu’historiques… La première, et peut-être la plus importante conséquence de la découverte de l’agriculture, suscite une crise dans les valeurs des chasseurs paléolithiques : les relations d’ordre religieux avec le monde animal sont supplantées par ce qu’on peut appeler la solidarité mystique entre l’homme et la végétation. Si l’os et le sang représentaient jusqu’alors l’essence et la sacralité de la vie, dorénavant ce sont le sperme et le sang qui les incarnent. En outre, la femme et la sacralité féminine sont promues au premier rang. Puisque les femmes ont joué un rôle décisif dans la domestication des plantes, elles deviennent les propriétaires des champs cultivés, ce qui rehausse leur position sociale et crée des institutions caractéristiques, comme, par exemple, la matrilocation, le mari étant obligé d’habiter la maison de son épouse. La fertilité de la terre est solidaire de la fécondité féminine ; par conséquent, les femmes deviennent responsables de l’abondance des récoltes, car elles connaissent le « mystère » de la création. Il s’agit d’un mystère religieux, parce qu’il gouverne l’origine de la vie, la nourriture et la mort. La glèbe est assimilée à la femme. Plus tard, après la découverte de la charrue, le travail agraire est assimilé à l’acte sexuel. Mais pendant des millénaires la Terre-Mère enfantait toute seule, par parthénogénèse. Le souvenir de ce « mystère » survivait encore dans la mythologie olympique (Héra conçoit toute seule et donne naissance à Héphaistos, à Arès) et se laisse déchiffrer dans de nombreux mythes et de nombreuses croyances populaires sur la naissance des hommes de la Terre, l’accouchement sur le sol, le dépôt du nouveau-né sur la terre, etc… Certes, la sacralité féminine et maternelle n’était pas ignorée au paléolithique, mais la découverte de l’agriculture en augmente sensiblement la puissance. La sacralité de la vie sexuelle, en premier lieu la sexualité féminine, se confond avec l’énigme miraculeuse de la création. La parthénogénèse, le hieros gamos et l’orgie rituelle expriment sur des plans différents, le caractère religieux de la sexualité. Un symbolisme complexe, de structure anthropocosmique, associe la femme et la sexualité aux rythmes lunaires, à la Terre (assimilée à la matrice) et à ce qu’on doit appeler le « mystère » de la végétation. Mystère qui réclame la « mort » de la semence afin de lui assurer une nouvelle naissance, d’autant plus merveilleuse qu’elle se traduit par une étonnante multiplication… Les cultures agricoles élaborent ce qu’on peut appeler une religion cosmique, puisque l’activité religieuse est concentrée autour du mystère central : la rénovation périodique du Monde. Tout comme l’existence humaine, les rythmes cosmiques sont exprimés en termes empruntés à la vie végétale. Les documents religieux des premières cultures néolithiques nous révèlent des cultes des morts et de la fertilité signalés par les statuettes des déesses et du dieu de l’orage (avec ses épiphanies : le taureau, le bucrane) ; croyances et rituels en relation avec le « mystère » de la végétation ; l’assimilation femme-glèbe-plante, impliquant l’homologie naissance-renaissance (initiation) ; très probablement, l’espoir d’une post-existence ; une cosmologie comportant le symbolisme d’un « Centre du Monde » et l’espace habité comme une imago mundi. Il suffit de considérer une société contemporaine de cultivateurs primitifs pour se rendre compte de la complexité et de la richesse d’une religion articulée autour des idées de la fertilité chtonienne et du cycle vie-mort-poste existence… Les figurines féminines se multiplient (par exemple en Crête) pendant le Néolithique ; elles sont caractérisées par leur jupe en forme de cloche laissant les seins nus, et les bras levés dans un geste d’adoration. Qu’elles représentent des ex-voto ou des « idoles », ces figurines indiquent la prééminence religieuse de la femme et, surtout, la primauté de la Déesse. Les documents ultérieurs confirment et précisent cette primauté. Si l’on juge d’après les représentations de processions, des fêtes du palais et des scènes de sacrifices, le personnel féminin jouait un rôle considérable. Les déesses sont représentées voilées ou partiellement nues, pressant leurs seins ou levant les bras en signe de bénédiction. D’autres images les représentent en tant que « Maîtresse des Fauves (potnia theron). Un sceau de Cnossos montre la Dame des Montagnes inclinant son sceptre vers un adorant mâle qui se couvre les yeux. Sur les intailles on voit la déesse précédée par un lion, ou empoignant une biche ou un bélier, ou debout entre deux animaux, etc. Comme nous allons le voir, la « Maîtresse des Fauves » survit dans la mythologie et la religion grecques. On célébrait sur les cimes des montagnes aussi bien que dans les chapelles des palais ou dans l’enceinte des maisons privées. Et partout les déesses se trouvent au centre de l’activité religieuse. Au début du Minoen moyen ( 2 .100 – 1900) sont attestés les premiers sanctuaires sur les hauts lieux ; d’abord de modestes enclos, plus tard de petits édifices… Nilsson estime qu’on y adorait une déesse de la Nature, en jetant les figurines votives dans les feux allumés périodiquement… Les arbres jouaient un rôle central. Les documents iconographiques montrent divers personnages en train de toucher les feuilles, ou d’adorer la déesse de la végétation, ou exécutant des danses rituelles. Certaines scènes soulignent le caractère extravagant, voire extatique, du rite : une femme nue saisit avec passion le tronc d’un arbre, un officiant arrache l’arbre en détournant la tête, tandis que sa compagne semble gémir sur une tombe. A juste titre, on a vu dans des scènes pareilles non seulement le drame annuel de la végétation, mais aussi l’expérience religieuse provoquée par la découverte de la solidarité entre l’homme et la plante. Selon Picard, « Nous n’avons aucune preuve, encore, pour l’existence d’un dieu mâle adulte ». La déesse est parfois escortée d’un acolyte armé, mais son rôle est obscur. »
La Grèce antique a été le témoin de cette lutte entre matriarcat et patriarcat qui est symbolisée, du côté des dieux, par la prise du pouvoir de Zeus sur les anciennes divinités, la victoire des dieux olympiens sur les déesses antiques comme Artémis, « déesse des fauves » et « dame des montagnes », ou encore Déméter et Perséphone. Artémis représente la sacralité de la vie sauvage et qui précède le mariage et la dépendance féminine. A l’inverse, les déesses suivantes n’auront plus d’importance que si elles se sont mariées ou ont couché avec Zeus, le dieu des dieux. Aux yeux de Zeus, la place de la femme est très claire : « J’ai envoyé aux hommes la femme, cette belle calamité ». Ou encore, « La femme est un piège profond et sans issue ». Hésiode rajoute : « La race, l’engeance maudite des femmes, est un terrible fléau installé au milieu des hommes mortels. » On retrouve cela dans la légende de Prométhée qui s’est révolté contre l’ordre divin a ainsi donné libre cours à des malheurs pour les hommes, malheurs qui sont venus par les femmes.
Dionysos, dieu grec, est fils de Zeus et se fait accepter des olympiens. C’est un dieu thrace se qui lui donne un petit caractère archaïque. Il est en relation avec la renaissance de la nature au printemps, à l’alternance des saisons et à l’alternance de la vie et de la mort, à l’eau, au germe, au sperme… Les fêtes en honneur à Dionysos, dieu de l’ivresse, de l’arotisme et de la fertilité universelle, débutent par des processions précédées d’un phallus de grandes dimensions, défilés avec des masques suivis de scènes d’ivresse collective. Les jours de Dionysos sont des jours de libération de tous les sens par l’alcool. Pour gais qu’ils puissent sembler, avec libations, danses, rires et sexe, ils sont également des jours où les morts réapparaissent. L’orgie est violente, agressive et peu sympathique. Ce jour-là, les femmes sont incitées à sortir des rails, à s’abandonner à la folie sexuelle. Ce sont « Les bacchantes » d’Euripide qui décrivent ces fêtes. Tirésias écrit : « Dionysos n’oblige pas les femmes à être chastes. »
Dans certaines civilisations, l’amour-vie est dialectiquement accouplé à la mort, avec la même déesse pour l’amour et la guerre : Inanna ou Ishtar. Ce n’est qu’ensuite qu’on trouve des déesses reliant amour et fertilité comme chez les dieux akkadiens avec le couple Dumuzi/Tammuz. Dans ces sociétés agraires, la fertilité devient une telle obsession que la sexualité en subit l’écrasante pression et domination. Le « croissez et multipliez et vous » devient prépondérant et laisse très peu de place aux jeux et à la découverte des plaisirs partagés par deux êtres humains se donnant mutuellement l’un à l’autre. La femme est transformée en une simple procréatrice. En même temps, l’idéologie de l’opposition diamétrale entre la vie et la mort, va amener celle de l’opposition diamétrale entre fécondité et infertilité, condamnant définitivement les femmes à leur panique de l’infertilité, et du coup à l’appréhension des jeunes femmes des premiers rapports sexuels, les rendant parfois insupportables moralement et physiquement. L’infertilité de la femme étant assimilée à l’infertilité des plantes et de tout le cosmos, elle est synonyme de la mort et deviendra synonyme d’œuvre démoniaque, de mort, de malheur.
Ce changement complet est loin d’avoir été immédiat avec l’apparition de l’agriculture puisqu’au contraire ses débuts ont été placés sous l’égide d’un pouvoir accru de la culture, et donc des femmes, sur la chasse et donc sur les hommes, d’un pouvoir accru de l’enfantement et encore des femmes sur les hommes qui semblaient ne pas détenir ce mystère de la création de l’enfant. Il a fallu une véritable révolution contre les femmes pour que le matriarcat soit aboli. Il a fallu une prise du pouvoir par les chasseurs-guerriers, guerre civile qui s’est déroulée au sein de la société agricole. C’est d’elle que sont sorties les sociétés finalement en place en Egypte alors que les femmes y dominaient au début, et toutes les sociétés agraires de la Méditerranée, des sumériens, des akkadiens, des élamites, des amorites, des kassites, des cananéens, des phéniciens, des chaldéens, des amorites, des babyloniens, des assyriens, des hébreux, des grecs, etc…
Chez les peuples mégalithiques, c’est l’agriculture qui va profondément bouleverser la société. Les premiers mégalithes sont des dolmens, qui représentent soit le corps de la femme allongée soit la matrice féminine. Beaucoup plus tard, on trouve des menhir qui représentent le sexe de l’homme. On retrouve là le passage du matriarcat au patriarcat. Le lien entre monument et sexualité est entretenu par des rites comme le frottement des parties génitales contre les pierres, le frottement aussi d’os dans les trous de la pierre pour utiliser la poudre utilisée comme moyen d’assurer la fécondité des femmes. Certains monuments mégalithiques sont une représentation ouverte de la sexualité en liaison avec la fertilité comme l’Hypogée de la nécropole de Hal Saflieni (2000 ans avant J.-C.). L’édifice a une structure qui représente nettement le corps de la femme. Les vivants entrent dans le corps du sanctuaire, écrit Zuntz, comme s’ils pénétraient dans le corps de la déesse avec ses reins et sa matrice.
Dans toutes ces sociétés, l’augmentation de la productivité du travail agricole a permis la constitution d’un surplus, la constitution également de familles riches et de familles pauvres, suivie de la formation de classes sociales, d’une accumulation de richesses qu’il va falloir protéger à l’aide d’un Etat. Et cet Etat, chargé du maintien de l’ordre social, va également établir un ordre sur le terrain de la sexualité. Dès que les guerriers prennent le pouvoir, ils établissent le pouvoir des hommes sur les femmes. D’ailleurs, le pouvoir d’Etat lui-même est représenté par un pouvoir particulier sur le terrain sexuel, les chefs d’Etat ayant des droits sexuels supérieurs que les autres hommes. Les DSK et autres Kennedy ne datent pas de notre époque. On le voit dès la légende de Gilgamesh avec la formation du harem royal, avec le viol de nombreuses jeunes filles, avec les droits de la guerre sur les peuples conquis qui se marquent par de nombreuses violences contre les femmes des peuples vaincus. Les légendes et les mythes établissent ces droits du souverain sur toutes les femmes de son royaume comme des droits religieux.
Avec l’Etat et l’ordre établi par en haut apparaissent des couples permanents et diamétraux dans les croyances religieuses : vie/mort, sperme/sang, fécondité/stérilité, fertilité/infertilité, jour/nuit, soleil/lune, dieu/diable, bonheur/malheur qui correspondent au couple ordre/désordre de l’Etat et des classes dirigeantes qu’il défend. L’ordre suppose le respect de la tradition, de la discipline, des autorités, des lois, des hauts personnages, du chef de famille, des dieux et une vie devant tous les interdits, les dénonciations, les peurs et les répressions. La vie individuelle et collective doit être encadrée, surveillée, programmée, les dérives pourchassées, leurs auteurs éliminés. Le roi, considéré comme choisi par les dieux, est le défenseur du « bon ordre ». Par exemple, en Egypte, la création de Rê, dieu soleil, masculin, est résumée par la phrase : « Il a mis de l’ordre (ma’at) à la place du chaos. » Les pharaons Toutankhamon et Pépi II ont comme phrase symbolique : « Il a mis la ma’at à la place du désordre. »
Le renversement du poids des femmes dans la société se traduit ensuite dans le domaine des dieux, d’abord par le remplacement des déesses par des couples divins : les couples du ciel et de la Terre, Shou et Tefnut puis Geb et Nut ou Osiris et Horus. De même, la royauté devient un couple royal. Chez les Pharaons (demi-dieux), la femme était le véritable monarque jusqu’à la révolution sociale et elle devient seconde du roi, représentée par une statuette beaucoup plus petite que celle du Pharaon. Dans toutes les sociétés devenues patriarcales suite à la prise de pouvoir des guerriers, le sperme masculin commence à être considéré comme « semence divine ». On le retrouve par exemple à Hermopolis en Moyenne Egypte dans la légende du dieu Ptah.
La société chinoise, elle aussi, est passée du matriarcat ancien qui a eu cours jusqu’à l’époque dite Yangchao (4300 avant J.-C.) au patriarcat à partir de l’époque dite Lung-chao avec ses vases peints en forme de symboles phalliques. L’ancêtre y est symbolisé par un phallus. Ce culte des ancêtres est donc directement lié à la sexualité masculine et efface complètement la sexualité féminine. Loin de prôner une sexualité libérée, l’idéologie du yin et du yang affirme que l’homme qui retient son sperme garde ainsi son souffle, son énergie vitale. Cette philosophie prétend que l’ensemble homme et femme et que la société a à gagner à cette rétention du sperme, pour le bien-être des humains ! C’est aussi une manière d’augmenter la longévité… L’acte sexuel sans émission de sperme augmenterait également les capacités du cerveau. Pour atteindre la méditation parfaite, l’homme et la femme devraient perdre conscience de leur corps pour accéder aux meilleures capacités du cerveau. On voit ainsi que la philosophie taoïste du yin et du yang n’est en rien une dialectique du corps et du cerveau et pas non plus une dialectique de l’amour physique et de l’amour spirituel. Le raisonnement qui appuie la rétention de sperme, comme élément de longévité, comme moyen d’entrer en contact avec les dieux, comme rituel et comme moyen de méditation, est très complexe : c’est l’idée de l’existence d’une respiration embryonnaire qui ramène à l’embryon et rajeunit donc, c’est l’idée que retenir le souffle, c’est gagner des respirations et donc augmenter sa durée de vie, c’est également l’idée que retenir le souffle, c’est augmenter sa capacité de penser. La rétention de sperme est censée permettre la circulation dans le corps de la semence mélangée au souffle…. Dans l’alchimie ésotérique yogique, la respiration est assimilée à l’acte sexuel et en même temps à l’œuvre alchimique et donc magique, la femme étant assimilée au creuset de l’alchimiste.
En Inde, le brahmanisme et l’hindouisme appellent le sage à éviter la relation sexuelle : selon le Sâmkhya-Sütra, « le plaisir même est souffrance, parce qu’il est suivi de souffrance ». Le seul moyen pour Isvava Krishna d’échapper à la souffrance est de se retirer du monde, de s’isoler. Le yogi accorde une importance première à la méditation. Pour être purifié, il faut aussi bien ne pas faire l’amour aussi bien que ne pas tuer, ne pas voler, ne pas mentir et ne pas être avare. Cela signifie clairement que la sexualité rend impur. La sexualité empêcherait l’homme d’atteindre l’état contemplatif, autorévélation de soi. Le récit de la vie de Bouddha prétend que, lorsqu’il était presque au niveau maximum de la mortification, d’innombrables femmes l’auraient entouré pour le tenter par leurs charmes nus et l’empêcher d’accéder à la pureté. Ce récit affirme donc que s’il a pu devenir « un éveillé », ce serait en particulier parce qu’il a pu résister aux tentations comme la nourriture et le sexe… Sa doctrine vise à pousser les fidèles à ne pas être sujet à la douleur, en particulier en se tenant à l’écart des femmes. Bouddha et le jaïnisme ont en commun cette recherche de la tranquillité par la cessation du désir. La béatitude spirituelle consisterait ainsi à renoncer à tout plaisir des sens.
Rome est une société campagnarde dans laquelle les manifestations supposées des puissances sur naturelles sont très attentivement observées et discutées en liaison avec les aléas climatiques et les activités agricoles. C’est une société patriarcale car guerrière. La société romaine introduit un culte privé de la famille, celle du pater familias ! L’abondance y a son dieu (Quirinus, dieu des grains) comme la fécondité (Jupiter) ou la guerre (Mars). La femme est considérée comme faisant partie de la maison, qui comprend les enfants et les esclaves, tous sous la domination du maître-père (padre-padrone). Si certaines femmes jouent un rôle important, elles doivent cesser d’être des femmes. Ainsi, les six Vestales rattachées au collège pontifical entretiennent le feu de la Cité pendant 30 ans mais elles doivent rester vierges, sous peine d’être enterrées vivantes et leur compagnon supplicié. La virginité signifie une femme qui n’est pas vraiment femme. Elle peut dès lors être déifiée, accomplir des tâches importantes ou être respectée à l’égal des hommes, comme le sera « la vierge Marie ». De multiples rites des sociétés patriarcales comme la société romaine montrent le manque de respect vis-à-vis des femmes comme un point essentiel servant à assurer la domination masculine et, en particulier, des pratiques sexuelles violentes servant à dégrader les femmes avant de les utiliser sexuellement comme des objets appartenant à l’homme. Plutarque rapporte ainsi dans « Romulus » qu’à Rome on doit frapper les femmes pour s’assurer qu’elles deviennent fécondes. Les dieux romains sont essentiellement masculins et la principale déesse, Junon, est consacrée à la fécondité des femmes et aux accouchements. La fécondité de la germination est désormais associée à la semence masculine via le dieu Liber de la germination et de la naissance des hommes. La fête de Liberalia (le 17 mars) se fait avec des processions promenant un grand phallus et dans lesquelles des matrones doivent avoir des propos obscènes. La société romaine oscille entre attirance pour les orgies et répression de celles-ci. Le trio divin Déméter, Dionysos et Perséphone est chargé de prôner une sexualité débridée et des orgies pour certaines fêtes. En même temps, la société romaine pourchasse les pratiques sexuelles déviantes. Selon Tite-Live, une société de 7000 pratiquants des rites orgiaques et pédérastiques, des cultes bacchiques et autre débauches collectives, est violemment réprimée au cours d’un procès en sorcellerie.
Les religions qui vont donner naissance à l’Ancien Testament sont celles d’Ugarit et de Canaan essentiellement avec le couple du dieu El et de ses deux épouses Ashérat et Anat qui vont lui être enlevées par son fils Ba’al. La légende de Ba’al et de El est celle de la fécondité qui combat périodiquement, au travers des saisons, la sécheresse. La sexualité du jeune dieu est l’expression de la fécondité de la terre. L’enlèvement des femmes, et leur viol, est un thème récurrent. Cela montre le succès du nouveau maître.
L’Ancien Testament des Hébreux a été produit par une société qui a depuis peu pris le pas sur l’ancienne société matriarcale. La lignée féminine y a encore cours pour déterminer l’appartenance de l’enfant à l’ethnie des Hébreux, appartenance fondamentale pour cette religion puisque ne peut être juif qu’un membre de l’ethnie, celle « élue de dieu ». Le calendrier hébraïque commence en 3761 av – JC, date de la création du monde dans la Génèse biblique, qui coïncide avec l’avènement approximatif du patriarcat au moyen-orient. En lisant entre les lignes de la Genèse, il est évident qu’à l’époque d’Abraham (2100 av. J.-.C. selon certains spécialistes) les femmes jouissaient encore d’une certaine indépendance. Elles avaient le droit de posséder des biens. C’est Sara qui obligea Abraham, alors que cela lui déplaisait fort, à se séparer d’Agar et d’Ismaël lorsqu’elle mit au monde Isaac (Genèse 21, 11). Agar, une esclave égyptienne, est mère d’Ismaël, un enfant que Sarah, qui est jusqu’alors stérile, suggère à Abraham d’avoir de sa servante, qui comme l’épouse, sert alors de mère porteuse.
Cette religion édicte de manière très stricte ce que doit être la place de l’homme et de la femme et cette place n’est nullement la même. La terre a été produite par dieu comme un jardin pour l’homme et la femme n’est qu’une compagne pour l’homme, inférieure à l’homme. La relation sexuelle entre l’homme et la femme n’est acceptable que pour donner naissance aux enfants. Tout le récit de la Bible est une mise en accusation de la femme : c’est elle qui a écouté le serpent, messager diabolique, et par elle le malheur s’est abattu sur l’homme, obligé de travailler à la sueur de son front…Elle a choisi le mal. Si l’homme est exploité, c’est donc de sa faute et tout particulièrement de celle de la femme qui a détourné l’homme du droit chemin ! Le plaisir, la luxure, le péché, c’est la femme qui les sèment dans l’esprit de l’homme ! Celle qui a été tirée d’une côte de l’homme pour servir de compagne n’avait pas à avoir une parole indépendante ne s’est permis de parler et de dicter des conduites que par influence du Mal…C’est le mythe du péché originel. Le yahvisme de Jérusalem, religion hébraïque des pasteurs nomades est une religion punitive, durement moraliste, très sévère et d’un traditionalisme paternaliste sans la moindre ouverture. La femme est impure et ne doit jamais toucher au texte religieux, ni le lire, ni participer aux discussions religieuses, ni avoir le droit de devenir prêtresse.
Parmi les exemples de vices souvent réprouvés par les morales religieuses judéo-chrétiennes, on trouve non seulement les relations sexuelles hors mariage et hors d’un désir de procréer, entre autres, la bestialité, l’homosexualité (notamment la sodomie), la masturbation et la majorité des pratiques sexuelles n’impliquant pas la seule volonté de reproduction.
Le christianisme des premiers siècles marque cependant une forte inflexion par rapport au stoïcisme et au judaïsme dans le sens d’un renoncement à la « chair » (qui peut conduire au péché), tendance qui ne sera pas unanime et sera toujours débattue au sein même du mouvement chrétien. Un fort courant va prôner la continence, inspiré à la fois par le caractère apocalyptique (ou eschatologie) du message chrétien (l’arrivée du royaume de Dieu étant imminente) et le souci de marquer la différence avec les interdits sexuels codifiés du judaïsme, interdits qui seront d’ailleurs souvent surévalués par les commentateurs chrétiens. Cet ascétisme (ou encratisme) marquera également la secte juive puritaine des Esséniens et le Manichéisme. Dans le christianisme, ce courant sera représenté par les Pères de l’église Tertullien (auteur d’une exhortation à la chasteté), Tatien, Jérôme, Origène, Grégoire de Nysse, et culminera au IVe siècle avec les pères du désert précurseurs du monachisme. Ce mouvement conduira des extrémistes à des castrations volontaires (le cas le plus célèbre étant celui d’Origène vers 206) qui seront suffisamment nombreuses pour que Hadrien (empereur de 117 à 138) les punisse de mort. Cette survalorisation de la virginité coïncide avec le développement de la mariologie.
Mais Clément d’Alexandrie qui, inspiré par le stoïcisme, associe pourtant déjà la sexualité et le mal, condamne l’acte homosexuel et exalte la continence, promeut une sexualité monogame et procréatrice, mais sans dénigrement du corps et du plaisir. Ce sera également le cas de Jean Chrysostome défenseur du mariage, de l’amour conjugal et de la famille. D’une façon générale, les évêques seront plus proches de cette position que les théologiens tenants de l’ascétisme.
Par exemple, voici Saint Augustin commentant l’Ancien Testament :
« C’est l’obéissance, non la concupiscence qui les obligeait au mariage pour que se développât le peuple de Dieu, où devaient être envoyés les prophètes. (...). Pour aider à la propagation de ce peuple, la loi prescrivait de tenir pour maudit celui qui refusait de susciter une descendance en Israël (Deutéronome, XXV, 5-10). C’est pour quoi ces saintes femmes brûlaient non du désir charnel, mais du pieux espoir d’enfanter : ce qui porte à croire très justement qu’elles n’auraient pas recherché les rapports conjugaux si un autre moyen eût pu leur procurer une postérité (...). D’autre part, aux hommes était accordé l’usage de plusieurs épouses : que le souci de la descendance et non la concupiscence de la chair fût la cause de cette disposition, cela ressort du fait que, s’il était permis aux patriarches d’avoir plusieurs épouses à la fois, il était défendu par contre aux saintes femmes de rechercher plusieurs époux à la fois ; car elles eussent été d’autant plus déshonnêtes que cette recherche ne les eût pas rendues plus fécondes. »
Au XIe siècle, la politique de l’Église délimite l’acte sexuel à la sphère matrimonial, car la procréation ne peut incontestablement se faire qu’au sein du mariage.
Le mariage, septième et dernier sacrement reconnu officiellement en 1178, doit être unique et indissoluble. L’Église ne se satisfait pas d’imposer le mariage ; elle essaye de mettre en place un contrôle de l’acte sexuel précisent les moments de l’année durant lesquels les époux peuvent s’étreindre.
Les hommes d’église demandent aux couples de s’abstenir de relations sexuelles : le dimanche, le mercredi et le vendredi, les trois périodes de carême (40 jours avant Pâques, Noël et la Pentecôte) et pendant de multiples jours de fêtes de saint.
L’Église multiplie également les moments d’abstinence sexuelles entre les époux : lorsque la femme a ses menstruations, est enceinte ou après l’accouchement ; il faut attendre 40 jours après la naissance de leur enfant, et même écarter toutes relations sexuelles durant l’allaitement car elles peuvent corrompre la qualité du lait, pour revenir aux périodes propices aux ébats amoureux.
L’Église condamne également les coït anal ou relation oral. Ces pratiques sont condamnées au nom de Dieu qui a prévu chaque organe à des fonctions spécifiques.
La procréation étant l’essence même de l’acte sexuel dans le mariage la masturbation est prohibée.
Les positions sexuelles sont aussi permises par l’église en effet seule la position du missionnaire est autorisée. Toutes autres formes d’accouplement est fortement condamnées.
L’Église va même jusqu’à dire que toutes autres positions sexuelles exercées au sein des couples donneront naissance à des enfants contrefaits, lépreux, infirmes ou monstrueux.
De ce fait l’homosexualité est fortement condamnée par l’église, elle la définit comme une perversion et une maladie. En contrepartie dans les milieux cléricaux, l’histoire nous apprend des pratiques homosexuelles.
D’autres excommunications pèsent sur le couple marié. Le clergé considère qu’un mari ne doit pas exprimer trop de passion pour son épouse. Selon l’église un mari qui étreint sa femme avec trop d’ardeur affective est un indice évident qu’il n’affectionne cette dernière que pour son propre plaisir.
Les rapports sexuels adultère sont condamnés également. L’Église défend les actes sexuels hors mariage. Certains prévoient la répudiation d’épouses adultère. Dans cet acte de chair extraconjugal, ce n’est pas seulement le couple qui est menacé, mais c’est sur l’ensemble de la famille que la honte rejaillit.
La distance de l’Eglise vis-à-vis d’une sexualité visant au plaisir se poursuit jusqu’à nos jours.
Le Catéchisme de l’Église catholique, promulgué le 11 octobre 1992, énonce :
« La chasteté signifie l’intégration réussie de la sexualité dans la personne, et par là, l’unité intérieure de l’homme, dans son être corporel et spirituel »
Et aussi : « La vertu de la chasteté est placée sous la mouvance de la vertu cardinale de tempérance, qui vise à imprégner de raison les passions et les appétits de la sensibilité humaine ».
Le catéchisme de Pie X de 1905 classe le péché de sodomie parmi les « quatre péchés dont on dit qu’ils crient vengeance devant la face de Dieu »
Blaise Pascal exprime ainsi ce dégoût de la chair : « Tout ce qui est au monde est concupiscence de la chair, ou concupiscence des yeux, ou orgueil de la vie : libido sentiendi, libido sciendi, libido dominandi. »
S’opposant aux religions, Freud écrit « L’avenir d’une illusion » : « L’homme de croyance et de piété est éminemment protégé contre le danger de certaines affections névrotiques ; l’adoption de la névrose universelle le dispense de la tâche de former une névrose personnelle. »
Il définit ainsi la sexualité : « Le caractère normal de la vie sexuelle est assuré par la conjonction vers l’objet et le but sexuel de deux courants, celui de la tendresse et celui de la sensualité. »
Contrairement au cliché si souvent répété selon lequel Freud "réduirait tout au sexe", il a clairement affirmé que "la base sur laquelle repose la société humaine est, en dernière analyse, de nature économique : ne possédant pas assez de moyens de subsistance pour permettre à ses membres de vivre sans travailler, la société est obligée de limiter le nombre de ses membres et de détourner leur énergie de l’activité sexuelle vers le travail. Nous sommes là en présence de l’éternel besoin vital qui, né en même temps que l’homme, persiste jusqu’à nos jours." (Introduction à la psychanalyse, Conférence 20, La vie sexuelle de l’homme).
Freud écrit ainsi dans la préface de l’édition des « Essais » en 1920 : « Les gens sont allés jusqu’à adresser à la psychanalyse le reproche absurde de « tout » expliquer à partir de la sexualité. »
« En fixant fortement ses adeptes à un infantilisme psychique et en leur faisant partager un délire collectif, la religion réussit à épargner à quantité d’êtres humains une névrose individuelle. »
Freud écrivait aussi dans « Cinq psychanalyses », sur la psychanalyse de Dora : « j’ai tenu à montrer que la sexualité n’intervient pas d’une façon isolée, comme un deux ex machina, dans l’ensemble des phénomènes caractéristiques de l’hystérie, mais qu’elle est la force motrice de chacun des symptômes et de chacune des manifestations d’un symptôme. »
Trotsky a écrit : « Sans aucun doute, l’oppression sexuelle est un moyen important d’asservissement de l’homme. Tant que il y a oppression, il ne peut y avoir de véritable liberté. La famille, en tant qu’institution bourgeoise, est complètement dépassée. Nous devons parler davantage de cet instrument... »
Lénine répond : « ... Et non seulement la famille. Toutes les interdictions pesant sur la sexualité doivent être supprimées... Nous pouvons apprendre des suffragettes : même l’interdiction de l’amour homosexuel doit être supprimée. »
(cité par W. Reich, dans son ouvrage "La révolution sexuelle")
Malinovsky Bronislaw : La sexualité et sa répression dans les sociétés primitives
Bisexualité dans la Grèce antique
La sexualité dans la Rome antique
Le matriarcat
La sexualité dans le monde arabe avant l’islam
Sexualité dans l’ancienne chine
Sexualité et sacré
Taoïsme et sexualité
Christianisme et refoulement
Comment un site tchadien actuel évoque les rites sexuels passés et présents !!!
Sexe et mort dans la société mochica
Art funéraire érotique
Wilhelm Reich, Sexualité, marxisme et psychanalyse
Quelques films sur la sexualité dans l’antiquité
Matriarcat en Amérique du Nord
Dans « Le Sexe et la Mort », Jacques Ruffié rapporte :
« De tout temps et dans tous les pays, les sociétés humaines ont accordé une grande importance au sexe, tantôt l’honorant et le glorifiant comme symbole de la force, de la richesse, du bonheur, de la fécondité, tantôt le condamnant dès qu’il sortait de son rôle strictement physiologique : la reproduction… Des spécialistes ont vu dans les monuments mégalithiques des symboles sexuels. Les plus anciens, les dolmens, réalisent une chambre fermée obscure, faite d’une dalle portée par des cloisons latérales. Ils figurent peut-être l’utérus nourricier. Quelques millénaires plus tard, les menhirs, pierres dressées vers le ciel, matérialisent un attribut phallique. Ces monuments, que l’on trouve selon « une coulée » sur toute la périphérie de l’Europe et de la Méditerranée occidentale, seraient reliés pour les premiers à des sociétés matriarcales, les plus anciennes, pour les seconds au patriarcat amené à l’âge du bronze avec les Indo-européens. Notons dans beaucoup de populations dites primitives une corrélation d’une part entre la femme, la nuit, la lune (cycle menstruel et cycle lunaire ont à peu près la même périodicité), d’autre part entre l’homme, le soleil et le jour. On a de bonnes raisons de croire que les premières sociétés occidentales étaient matrilinéaires… Signalons seulement que, jusqu’à l’époque magdalénienne inclusivement, les figurines sculptées dans l’ivoire ou dans l’os, les dessins pariétaux représentent à peu près toujours des femmes dont les attributs sexuels sont soulignés. Cela ne saurait surprendre, dans une lointaine époque où la seule filiation certaine et reconnue était maternelle. Dans l’ancienne Egypte, les épouses des pharaons semblent le plus souvent avoir dominé leurs maris, réduits au rôle de princes consorts… Les mobiles sont d’ordre économique, l’héritage allant aux seuls consanguins de la femme… Ce matriarcat des puissants dura jusqu’à la grande révolution sociale survenue vers la fin du troisième millénaire, menée par les chefs des armées, qui donna un certain pouvoir aux hommes et améliora les conditions de travail de la plèbe, sans toutefois faire disparaître la différence de nature entre les rois et les autres hommes…
En Europe, le patriarcat semble être venu après les premières civilisations du bronze. La mythologie nous enseigne que le panthéon grec, longtemps dominé par les déesses (Héra, Athéna, Déméter), est finalement mis sous la coupe de Zeus qui, malgré de multiples révoltes, plie toutes les divinités à son autorité. Désormais, le sexe masculin l’emporte et, à travers les civilisations ultérieures, l’emportera définitivement. Les Egyptiens et les Grecs avaient le culte du phallus, avec son cortège de prêtres et de prêtresses, ces dernières s’adonnant aux joies de la sexualité, non sans but lucratif, avec les fidèles venus dans les temples consacrés à l’amour. On admet souvent que la tradition judéo-chrétienne est dure pour nos compagnes. N’est-ce pas Eve qui, écoutant d’une oreille complaisante le démon tentateur déguisé en serpent, décida Adam à croquer la pomme de l’arbre de la connaissance du bien et du mal ?... Connaissance en hébreu signifie aussi union sexuelle… le judaïsme s’écarte délibérément des civilisations égyptienne et grecque (et plus tard latine) qui percevaient la sexualité (et surtout le plaisir qu’elle procure) comme une fin en soi parfaitement légitime. Chez les Juifs, le but essentiel du mariage est de procurer une descendance. Le christianisme, quant à lui, sera beaucoup plus sévère pour la femme et tout d’abord dans son interprétation de l’Ancien Testament. En effet, si elle est seconde et passive dans l’ordre de la création (Eve est issue d’une côte d’Adam), elle devient première et active dans sa chute… Le doctrine condamne durement la femme, origine du péché et de la déchéance. Elle est la responsable unique ou tout au moins essentielle, de tous nos maux. Le ton est donné dans l’Eglise primitive : « Je ne permets pas à la femme d’enseigner ni de dominer l’homme ; qu’elle se tienne donc dans le silence. » (Première Epître à Thimothée II)… La femme reste, pour l’Eglise, toujours au second rang : exclue du clergé et de certains rites. Au cours des siècles, la sévérité de la condamnation du plaisir charnel ne se démentira pas… Très tôt, le christianisme condamne sans appel le corps et tout ce qui est devenu matière périssable à la suite du péché originel, terme de l’âge d’or et d’humanité… Désormais, l’antisexualisme deviendra, au fil du temps, comme un refrain obsédant, même dans les époques où les mœurs se relâchent. Jusqu’à la Renaissance, la condamnation de la sexualité ne fera qu’empirer.. L’Eglise admet la copulation humaine, mais dans le seul but de procréer, et, bien entendu, uniquement dans le cadre du mariage. En dehors il ne saurait y avoir d’amour licite. Elle rejette toute recherche du plaisir. Même l’acte de chair accompli entre deux époux uniquement pour répondre à un désir, satisfaire une envie, est à certaines époques, considéré comme péché mortel. L’amour ne doit servir qu’à enfanter dans la douleur. La jouissance pure n’y a point de place. Dès les premiers siècles, saint Thomas affirme : « Les organes sexuels sont donnés à l’homme non pour le plaisir, mais pour la conservation de la race. »… Quand l’Eglise s’est imposée comme force sociale, elle a repris la vieille conception persane du diable, assimilé à la matière, aux jouissances, que l’on oppose à l’esprit, à la pureté, à Dieu… Quand Rome s’effondra sous les coups répétés des barbares, l’Eglise sera la seule force d’intégration sociale à résister. Non seulement elle cimentera les restes de l’Empire, mais elle finira par convertir les vainqueurs…
L’islam constitue, à côté du judaïsme et du christianisme, l’une des trois religions abrahmiques qui reconnaissent un seul et même Dieu. Mais, contrairement aux deux premières, il ne croit pas au péché originel. Du coup, la femme n’est plus culpabilisée et considérée comme responsable d’une déchéance que le livre saint, le Coran, ne perçoit pas. Cela n’empêche pas que, dans l’histoire des sociétés islamiques, une hiérarchie des sexes a toujours existé qui maintenait la femme sous l’autorité des hommes (le père, le mari, le fils) et dans la claustration…. La famille demeure un monde clos et autocratique. La femme est longtemps demeurée marginalisée, car symbole même de la sexualité. Le sentiment de l’honneur allait à sens unique, la femme était tenue à une extrême réserve alors que l’homme avait pratiquement tous les droits…
Qu’a été la sexualité dans le bouddhisme et le brahmanisme ? Il suffit de se promener aujourd’hui dans la vallée de Katmandou pour admirer, à l’extérieur des édifices, les chapiteaux de bois sculpté et peint qui représentent toutes les scènes d’un érotisme débridé… Il en est de même en Inde, pour le culte du Lingham, celui de la procréation, richement orné dans les temples accueillants, où des jeunes prêtresses, habilement formées, se donnant à eux contre espèces sonnantes et trébuchantes. Le tout accompagné d’une série rites plus ou moins complexes. Mais la doctrine est tout autre. Les formes anciennes de l’hindouisme (ou brahmanisme) condamnent le sexe, aussi rigoureusement sinon plus, que les chrétiens primitifs. Ils prescrivent une continence absolue, condition nécessaire pour acquérir et conserver les pouvoirs suprêmes conférés par l’ascétisme… C’est la chasteté absolue qui donne des pouvoirs merveilleux. Et le moindre désir sexuel peut les faire perdre. Dans le bouddhisme, la continence est encore plus rigoureuse que pour le brahmanisme ; le saint bouddhique ne doit même pas connaître la tentation, serait-elle fortuite. Contrairement au brahmanisme, le but du bouddhisme antique n’est pas de créer ou d’accumuler des énergies, mais, au contraire, de se débarrasser définitivement de toute énergie capable de déclencher une action… De plus, si la sexualité est préservée aux fidèles laïques, dans les limites bien définies par une honnête moralité, elle est strictement interdite, même sous ses formes les plus anodines, à tous les moines, y compris les novices, puisqu’ils se destinent en principe à atteindre le nirvâna… »
La société bourgeoise, même là où elle a remis en cause le pouvoir spirituel ou matériel de l’Eglise, comme en France avec la grande révolution, s’est bien gardé ensuite de se passer des avantages de l’influence des religieux et de leur discours pour encadrer les femmes et les dominer. Robespierre et Napoléon, eux-mêmes issus de la vague révolutionnaire de la bourgeoisie et en défendant les transformations dans le sens bourgeois, savaient que la religion serait à nouveau indispensable pour étayer les classes dirigeantes, une fois que la noblesse serait définitivement vaincue. Certes, la vague révolutionnaire ne se résumait pas aux calculs de la bourgeoisie, sinon elle n’aurait pas été révolutionnaire et le combat des masses populaires contre la noblesse et son appui religieux visait plus loin. Mais c’est la bourgeoisie qui dirigeait le mouvement et c’est elle qui a fondé la société qui en est sortie. La femme n’est pas devenue plus libre. La bourgeoisie n’a rien eu de plus pressé que de supprimer les assemblées et clubs des femmes, exactement comme elle a supprimé les assemblées et les clubs des ouvriers et des milieux populaires. Et pour exactement les mêmes raisons. C’est un nouveau système d’exploitation par une minorité qui remplaçait le précédent et il avait donc autant besoin de diviser les classes laborieuses. Liberté, égalité et fraternité se sont tout de suite révélés des mots creux, de slogans vides dans le cadre de la nouvelle domination bourgeoise, aussi bien pour les femmes, pour les relations entre hommes et femmes, pour la liberté dans les mœurs, pour la liberté sexuelle, pour le bien-être des individus. Si la grande révolution avait inventé les droits de l’individu, c’était immédiatement pour les refuser à l’ouvrier, au domestique, au non-propriétaire, au pauvre, à l’étranger, à l’enfant et à la femme !
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