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Bienvenue à Bethléem

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Message  Arlitto Mer 2 Mar 2016 - 16:30

Bienvenue à Bethléem

La région de Bethléem
     Les villages typiques de la région sud de Jérusalem se trouvent sur de petites collines, en partie boisées, qui accueillent quelques maisons agglomérées en grappes. Tout de suite à l’extérieur de ce mini centre urbain, la campagne revendique ses droits. Les villages sont petits, compacts. Le désert, à l’est, n’est jamais très loin. Anciennement, le village devait se composer principalement d’agriculteurs et de petits commerçants. 
     Les villes aux noms évocateurs comme Bethléem ne sont, en fait, que de petits bleds insignifiants, perdus sur les montagnes judéennes, mais présents au fond des mémoires et des souvenirs. Les traditions bibliques n’y auraient jamais fait allusion que nous n’en connaîtrions sans doute pas plus l’existence que Bira ou Beit Jala. Pour le voyageur d’aujourd’hui qui circule dans cette contrée, c’est aussi l’occasion de renouer avec le village d’autrefois, modeste et accueillant, à dimension humaine.
Le Champ du Berger
     Dans la campagne qui se prolonge à l’est de Bethléem, avant que la végétation fasse place aux roches du désert de Juda, un champ a retenu l’attention de nombreuses générations depuis les premiers siècles de l’Église. Il porte le nom de Champ du Berger. C’est ici que la tradition situe l’apparition de l’ange aux bergers la nuit de la naissance de Jésus à Bethléem (Lc 2). Dans cette importante vallée agricole en plein cœur des montagnes judéennes, les communautés orthodoxe et catholique conservent, à des endroits différents bien sûr, une tradition qui remonte au 4e siècle. Ce grand champ est une exception par rapport aux petites vallées encastrées entre les montagnes habituellement assez rapprochées les unes des autres.

L’entrée à Bethléem
     Bethléem est un petit village typique de la Judée. Cinq kilomètres à peine le séparent de la grande Jérusalem située plus au nord. Il n’aurait sans doute jamais été question de lui si l’espérance messianique de l’Ancien Testament n’avait pas vu en lui le berceau du Messie. C’est ce qui lui a donné sa renommée, surtout dans le christianisme bien sûr. L’identification de l’actuel Bethléem avec la ville ancienne ne fait de doute pour personne. Un rapide survol historique devrait vous permettre de voir en quoi ce village a participé à l’histoire d’Israël.
Quelques notices sur l’histoire de Bethléem

  • 14e siècle av. J.-C. : Certains auteurs pensent retrouver le nom de Bethléem dans une des lettres d’Amarna, mais il subsiste des doutes à ce sujet.

  • 10e siècle av. J.-C. : Le village gagne une certaine renommée parce que David, le grand roi d’Israël, y serait né. Ce n’est que plus tard que l’on fera cette association. Dans les guerres contre les Philistins, 2 S 23,14-16 signale que Bethléem sert d’avant-poste aux Philistins. La victoire de David les en délogera.

  • Après le Schisme entre les royaumes du nord et du sud, Roboam fortifie la ville pour se protéger des invasions des tribus du nord (2 Ch 11,6)

  • 8e siècle av. J.-C. : Bethléem est absente de la scène politique et militaire. Seul Mi 5,1-2 en parle dans le fameux texte de l’espérance messianique.

  • 6e siècle av. J.-C. : Quelques personnes de retour d’Exil viennent s’installer à Bethléem (Esd 2,21; Ne 7,26) mais cela reste marginal.

  • 1er siècle av. J.-C. : Hérode se sert de Bethléem comme poste de garde, car la ville se trouve sur la route qui mène de Jérusalem à ses forteresses de Massada et de l’Hérodium.  

  • 1er siècle apr. J.-C. : Le village reste peu important. Matthieu et Luc y situent la naissance de Jésus de Nazareth.

  • 2e siècle apr. J.-C. : Après la fin de la Deuxième révolte juive (135) Hadrien expulse tous les Juifs de la Palestine, y compris de Bethléem, et fait construire un monument à l’adoration de Tammuz/Adonis sur l’emplacement de ce qui était considéré comme la grotte de la Nativité. 

  • 4e siècle apr. J.-C. : Une première église de la Nativité est dédicacée en 339 par l’impératrice Hélène. C’est l’église à octogone qui est construite sur l’emplacement de la grotte.

  • 384 apr. J.-C. : Jérôme vient s’installer à Bethléem avec Paule et Eutochia. Ils y fondent un monastère. C’est ici que Jérôme produira sa fameuse traduction latine, la Vulgate, qui restera le texte biblique normatif de l’Église catholique jusqu’au 20e siècle.

  • 6e siècle apr. J.-C. : L’église constantinienne est remplacée par une nouvelle construction sous les ordres de Justinien. C’est l’église actuelle de Bethléem.

  • 7e siècle apr. J.-C. : Contrairement à ce qu’ils ont fait aux autres églises de Palestine, les Perses ne détruisent pas l’église de Bethléem en 614. L’histoire (ou la légende) veut qu’ils aient vu les mages sur une mosaïque à l’entrée de l’église et qu’ils les aient considérés comme faisant partie des leurs. Ils auraient ainsi épargné l’église de la destruction.



  • 2002 : La ville est emmurée par les occupants israéliens.


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Message  Arlitto Mer 2 Mar 2016 - 16:57

Une bulle fiscale mentionnant le nom de Bethléem 



L’Autorité israélienne des antiquités (AIA) a annoncé, en mai 2012, la découverte d’une petite pastille d’argile (bulle) qui pourrait porter la mention d’une ancienne cité biblique : Bethléem. La nouvelle a rapidement été reprise par les médias, qui ont ajouté que cette découverte constitue une preuve que Bethléem n’était pas seulement une ville légendaire, mais aussi un important centre de commerce lié à la capitale du royaume de Juda, Jérusalem.
          La découverte n’a pas encore fait l’objet d’une publication scientifique, et l’état fragmentaire de l’artefact oblige à une certaine prudence. Mais elle mérite un examen sérieux puisque la bulle provient d’un chantier de fouilles autorisé.

La bulle ou l’empreinte d’un sceau disparu

    Bienvenue à Bethléem Arc_121221a    Bienvenue à Bethléem Arc_121221b

La bulle (à gauche) et la reconstitution de son inscription
(photo : AIA ; illustration : Robert Deutsch)


          Contrairement à ce qui a été annoncé dans plusieurs médias, l’objet n’est pas un sceau mais son empreinte [1]. Cette empreinte est obtenue quand on presse le sceau sur une petite motte d’argile fraîche. Les spécialistes parlent alors d’une bulle qui, dans ce cas-ci, mesure environ 1,5 cm de diamètre. L’inscription est séparée par deux lignes horizontales et se retrouve sur trois registres dont le premier est le plus complet. On peut y lire [2] :


BSBC[T]

La septième (année du règne)

YTLH[M]  

(taxes de la cité de) Bethléem

[LML]K    

pour le roi


          
Cette lecture est toutefois contestée par certains épigraphistes [3]. Mais le contexte de la découverte appuie la possibilité qu’on lise le nom de Bethléem sur le second registre. La bulle a été retrouvée à Jérusalem, sur l’Ophel plus précisément. Selon Eli Shukron, directeur des fouilles, la bulle date du VIIIe ou du VIIe siècle avant notre ère, à une époque où les rois de l’ancien royaume de Juda ont mis en place un important système de taxation sous la pression des conquérants assyriens. La bulle porte une inscription en ancien hébreu, qui date elle aussi de cette période. Finalement, des poteries découvertes à proximité de la bulle confirment cette datation.

Une bulle fiscale?


          Les empreintes de sceaux personnels découvertes jusqu’à maintenant sont très nombreuses et nous sont connues depuis plusieurs années; quelques-unes ont d’ailleurs été présentées dans cette chronique. Les bulles fiscales sont beaucoup plus rares et semblent liées à une période assez précise de l’histoire de l’ancien Israël. L’expression « bulle fiscale » est récente et a été consacrée par Nahman Avigad dans un article publié en 1990 [4].
          Contrairement à la bulle régulière qui scelle des documents (sur papyrus), la bulle fiscale scelle généralement des denrées périssables. Cette attestation est semblable aux sceaux imprimés sur la poignée de jarres avant leur cuisson. Ce qui distingue les bulles fiscales également, c’est l’année de règne d’un roi dont le nom n’est pas précisé, une information inutile pour ses utilisateurs. On peut les classer en deux catégories : des bulles fiscales indiquant le nom d’une personne, et des bulles portant le nom d’une cité. Il semble bien que l’on indiquait le destinataire (probablement un fonctionnaire royal), ou l’origine du produit taxé. 


    Bienvenue à Bethléem Arc_121221c

Bulle fiscale de Gabaon



          Si l’on accepte la lecture de Bethléem sur la bulle ici décrite, on doit ajouter que la découverte n’est pas unique. Plus tôt cette année, on a trouvé une bulle semblable associée cette fois-ci à la cité de Gabaon, une autre ville du royaume de Juda [5]. Cette découverte s’inscrit aussi dans le cadre d’une fouille professionnelle à Jérusalem. Les autres bulles fiscales que nous connaissons – on en dénombre une cinquantaine – proviennent du marché des antiquités, et nous n’avons aucune information sur le contexte de leur découverte [6]. Par contre, les noms des villes identifiées et mentionnées sur ces bulles figurent tous dans la liste de Josué 15,20-63.
          Les bulles fiscales sont l’indice intéressant d’un système de taxation du royaume de Juda. Les sceaux produisant ce type d’empreinte permettaient d’authentifier et de sceller des envois destinés au service des impôts royaux au VIIIe ou VIIe siècles avant notre ère. Dans la majorité des cas, puisqu’ils provenaient de milieux agraires, les impôts étaient payés en denrées alimentaires comme du vin, de l’huile ou du blé.
          La bulle pourrait être le plus ancien artéfact mentionnant le nom de Bethléem en dehors du texte de la Bible. Et l’ensemble des bulles fiscales tend à démontrer qu’un important système centralisé de taxes avait pour cible Jérusalem, siège du pouvoir économique à l’époque du premier Temple.


[1] Sur un sceau, l’inscription se lit à l’envers, comme dans un miroir. Une fois imprimée dans l’argile, par contre, l’inscription devient directement lisible.
[2] Les crochets indiquent une reconstitution incertaine, et les parenthèses les non-dits.
[3] L’épigraphiste est un spécialiste capable de décoder et de dater les inscriptions anciennes.
[4] N. Avigad, « Two Hebrew ‘Fiscal Bullae’ », Israel Exploration Journal 40/4 (1990) 262-266 et planche 28.
[5] Gabriel Barkay, « A Fiscal Bulla from the Slopes of the Temple Mount : Evidence for the Taxation System of the Judean Kingdom », dans Eyal Baruch, Ayelet Levy-Reifer et Avraham Faust (eds), New Studies on Jerusalem, vol. 17, Ramat-Gan : Rennert Center publications, 2011,  p. 151-178. Texte en hébreu, résumé en anglais.
[6] Voir, par exemple, Robert Deutsch, « Six Hebrew Fiscal Bullae from the Time of Hezechiah » dans M. et E. Lubetski (eds.), New Inscriptions and Seals Relating to the Biblical World, Society of Biblical Literature, 2012, pp. 59-68.
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