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Hindouisme

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Message  Arlitto Lun 7 Mar 2016 - 19:19

Hindouisme

I. Introduction à l'hindouisme :

La plus populaire parmi les religions aryennes est l'Hindouisme. «Hindou» est en fait un mot perse qui signifie les habitants de la région au-delà de la vallée de l'Indus. Bien que dans le langage courant, l’Hindouisme est un terme générique pour une variété de croyance religieuse, dont la plupart sont basées sur les Védas, Upanishads, Bhagayad Gita

II. INTRODUCTION sur les écritures hindoues.

Il existe plusieurs textes sacrés des hindous. Parmi ceux-ci sont :

Vedas, Upanishads, Puranas.

1. VÉDAS : 

1.1) Le mot Veda est dérivé de ‘vid’ qui signifie connaître, le savoir par excellence ou la sagesse sacrée. Il y a quatre divisions principales des Védas. (bien que selon leur nombre, ils s'élèvent à 1131 dont environ une douzaine sont disponible). Selon Maha Bhâshya de Patanjali, il existe 21 branches du Rig-veda, 9 types de Atharvaveda, 101 branches de Yajurveda et 1000 de Samveda). 

1.2) Le Rig-Veda, le Yajurveda et le Samveda sont considérés comme les plus anciens livres et sont connus sous le nom de « Trai Viddya » ou « Triple Sciences ». Le Rig-Veda est le plus ancien et a été compilée en trois longues et différentes périodes de temps. Le 4ème Veda est l'Atharvaveda, qui est d'une date ultérieure. 

1.3)Il n'y a pas d’opinions unanime sur la date de la compilation ou de la révélation des quatre Védas. Selon Swami Dayanand, fondateur de l'Arya Samaj, les Védas ont été révélé il y a 1310 millions d’années. Selon d’autres savants, ils ne datent pas plus de 4000 ans.

1.4) De même, il existe différents opinions au sujet des endroits où ces livres ont été compilés et les Richis à qui ces Écritures ont été données. En dépit de ces différences, les Vedas sont considérés comme étant les plus authentiques des Écritures Hindoues et des fondements réels du Dharma Hindou.

Les Upanishads :

2.1) Le mot «Upanishad» est dérivé de ‘ Upa ’ qui signifie proche, ‘ Ni ’ signifie vers le bas, et ‘Shad’ s’asseoir. Donc « Upanishad », signifie s'asseoir tout près. Des groupes d'élèves assis à proximité de l'enseignant pour apprendre de lui la doctrine secrète. 
Selon Samkara, «Upanishad» est dérivé de la racine du mot ‘ Sad ’ qui signifie «desserrer», «atteindre» ou «détruire», avec UPA et NI comme préfixe; donc «Upanishad» désigne la Connaissance de Brahma par laquelle l'ignorance est desserrée ou détruite.

2.2) Le nombre des Upanishads dépasse 200, la tradition indienne en a sélectionner 108. Il y a 10 Upanishads principal. Toutefois, certains les considèrent comme étant plus de 10, pendant que d'autres les ont fixés à 18.

2.3) Le Vedanta signifiait à l'origine les Upanishads, désormais le mot est maintenant utilisé pour le système de la philosophie sur la base des Upanishads. Littéralement, Vedanta signifie la fin du Veda, Vedasua-antah, et la conclusion ainsi que l'objectif des Védas. Les Upanishads sont la dernière partie des Védas et chronologiquement, ils viennent à la fin de la période védique.

2.4)Certains experts considèrent les Upanishads comme étant supérieures aux Védas.

3. Puranas: 

Suivant l'ordre d'authenticité, ce sont les Puranas qui sont les écritures les plus lues. On croit que les Puranas contiennent l'histoire de la création de l'univers, l'histoire des premières tribus aryennes, les récits de vie des théologiens et des dieux des hindous. On croit aussi que les Puranas sont des livres révélés comme les Védas, qui ont été révélés simultanément avec les Védas ou quelque temps proche d’eux. 

Maharishi Vyasa a divisé les Puranas en 18 parties volumineuse. Il a également préparé les Védas sous différents titres. 

Parmi les principaux Puranas, un livre connu sous le nom Bhavishya Purana. Il est appelé ainsi car il est censé être un compte rendu des événements futurs. Les hindous le considèrent comme étant la parole de Dieu. Maharishi Yasa est considéré seulement comme le compilateur du livre. 

Itihaas: 

Les deux épopées de l'Hindouisme sont le Ramayana et le Mahabharata. 

A. Ramayana: 

Selon Ramanuja le grand érudit du Ramayana, il y a plus de 300 types différents de Ramayana : 

Tulsidas, Ramayana, Kumbha Ramayana. Bien que les grandes lignes du Ramayana sont les mêmes, les modalités et le contenu sont diffèrent. 


Le Ramayana de Valmiki : 

Contrairement au Mahabharata, le Ramayana semble être le travail d'une personne – c’est le sage Valmiki, qui l’a probablement rédigé au 3ème siècle avant JC. Sa recension bien-connus (par Tulsi Das, 1532-1623) se compose de 24.000 couplets rimés de 16 syllabes organisée en 7 livres. Le poème intègre de nombreuses anciennes légendes et s'appuie sur les livres sacrés des Vedas. On décrit les efforts de l'héritier de Kosala, Râma, afin de retrouver son trône et sauver son épouse, Sita, du démon le roi de Lanka. 

Le Ramayana Valmiki est une tradition de épopée Hindoue dont la plus ancienne version littéraire est un poème Sanskrit attribué au sage Valmiki. Ses personnages principaux sont cités pour présenter des modèles idéaux des comportements personnels, familiaux et sociaux, et donc ils servent à illustrer le Dharma, le principe d'ordre moral. 

B. Mahabharata: 

Le noyau du Mahabharata est la guerre des dix-huit jours de combat entre les Kauravas, les cent fils de Dhritarâchtra et Pandavas, les cinq fils de Pândou. L'épopée comporte toutes les circonstances qui ont conduit jusqu'à la guerre. Etant impliqués dans cette bataille de Kurukshetra, presque tous les rois de l'Inde se sont joins à l'une des deux parties. Le résultat de cette guerre était l'anéantissement total de Kauravas et leur parti. Yudhishthira, le chef des Pandavas, est devenu le monarque souverain d'Hastinapura. Sa victoire est censée symboliser la victoire du bien sur le mal. Mais avec l’avancement des années, de nouvelles questions et événements relatant différents aspects de la vie humaines, sociaux, économiques, politiques, morales et religieux de même que d'autres fragments de légendes héroïques sont venus s'ajouter au noyau précité, et ce phénomène a continué pendant des siècles jusqu'à ce qu'il a acquis la forme actuelle. Le Mahabharata représente toute une littérature plutôt qu'une œuvre unique et unifié, et contient beaucoup de choses multiples. 

C. Bhagavad Gita: 

Bhagavad Gita est une partie du Mahabharata. C'est le conseil donné par Krishna à Arjuna sur le champ de bataille de Kurukshetra. Il contient l'essence des Védas, et c’est le plus populaire de toutes les écritures hindoues. Il contient 18 chapitres. 

La Bhagavad Gita est un des plus largement lu et vénéré des œuvres sacrés pour les hindous. C'est leur livre de dévotion en chef, et a été pendant des siècles la source principale d'inspiration religieuse pour des milliers d'hindous. 

Le Gita est un poème dramatique, qui forme une petite partie de la grande épopée, le Mahabharata. Il est inclus dans le sixième livre (Bhismaparvan) du Mahabaharata et documente un événement minuscule dans un conte d’épique énorme. 

La Bhagavad Gita raconte l’histoire d'une crise morale rencontrée par Arjuna, qui est résolu par l'interaction entre Arjuna, un guerrier Pandava hésitant avant la bataille, et Krishna, son conducteur de char et enseignant. La Bhagavad Gita rapporte un bref incident dans l'histoire principale d'une rivalité, et finalement une guerre entre deux branches d'une famille royale. Dans ce bref incident - une pause sur le champ de bataille tout comme la bataille est sur le point de commencer - Krishna, un chef, d'un côté (il est également considéré comme Seigneur incarné), c’est présenté comme une réponse aux doutes d'Arjuna. Le poème est le dialogue à travers lequel les doutes d’Arjuna ont été résolus par les enseignements de Krishna.
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Message  Arlitto Lun 7 Mar 2016 - 19:20

Concept de Dieu dans le Hindouisme.

NOTION DE DIEU DANS L'HINDOUISME

1. Concept commun de Dieu dans l'hindouisme : l’Hindouisme est généralement perçu comme une religion polythéiste. En effet, la plupart des hindous attesterait de cela, en professant la croyance aux dieux multiples. Pendant que certains hindous croient en l'existence de trois dieux, d’autre croient en des milliers de dieux, et d’ autres encore croient en l’existence de trente-trois "crore" c’est-à-dire 330 millions de dieux. Toutefois, les érudits hindous, qui sont bien versé dans leurs écritures, affirment que le hindou doit croire et adorer un seul Dieu. 

Le concept de Dieu selon les Écritures hindoues :

Nous pouvons avoir une meilleure compréhension de la notion de Dieu dans l’Hindouisme en analysant les écritures hindoues.

Bhagavad Gita: 
Le plus populaire parmi toutes les écritures hindoues est le Bhagavad Gita. 


Analysons le verset suivant de la Gita: 
"Ceux dont l'intelligence a été volée par les désirs matériels se prennent pour des demi-dieux et suivent des coutumes et règlementations de culte en fonction de leurs propres natures." 
[Bhagavad Gita 7:20]

Le Gita indique que ces personnes qui sont matérialiste adorent des demi-dieux, c’est-à-dire des dieux à place du Vrai Dieu.


Upanishads : 

Les Upanishads sont considérés comme des écritures sacrées par les hindous. 
Les versets suivants des Upanishads réfèrent au concept de Dieu : 

1. " Ekam evadvitiyam " 
« Il est le Seul à ne pas avoir un second. » [Upanishad Chandogya 6:1] 1

2. "Na casya kascij janita na cadhipah." 
« De lui, il n'existe ni parents, ni seigneur. » [Svetasvatara Upanishad 6:9] 2 

3. "Na tasya Pratima Asti" 
« Il n'y a aucune ressemblance de Dieu. » [Upanishad Svetasvatara 4:19] 3 

4. Les versets suivants de l’Upanishad font allusion à l'incapacité de l'homme à imaginer Dieu sous une forme particulière : 
"Na samdrse tisthati rupam asya, na caksusa pasyati kas canainam." 
« Sa forme ne peut pas être vue, personne ne le voit avec l'œil. » [Upanishad Svetasvatara 4:20] 4 

1 [L’Upanishad principal par S. Radhakrishnan page 447 et 448] 
[Livres sacrés de l'Orient, volume 1 « La partie I de l’Upanishads » page 93] 

2 [L’Upanishad principale par S. Radhakrishnan page 745] 
[Livres sacrés de l'Orient, volume 15, « La partie II Upanishads» page 263.] 

3 [L’Upanishad principale par S. Radhakrishnan page 736 & 737] 
[Livres sacrés de l'Orient, volume 15, «La partie II Upanishads » page 253] 

4 [Le principal Upanishad par S. Radhakrishnan page 737] 
[Livres sacrés de l'Orient, volume 15, «La partie II Upanishads » page 253] 

Les Védas 
Les Vedas sont considérés comme les plus sacrées de toutes les écritures hindoues. Il y a quatre Védas principaux: Rigveda, Yajurveda, Samveda et Atharvaveda. 

1. Yajurveda 
Les versets suivants du Yajurveda renvoient à un concept de Dieu similaire : 

1. "na tasya pratima asti"
« Il n'y a aucune image de Lui. »[Yajurveda 32:3] 5

2. "shudhama poapvidham" 
« Il est sans corps et pur. » [Yajurveda 40:8] 6

3. "Andhatama pravishanti ye asambhuti mupaste" 
« Ils entrent dans l'obscurité, ceux qui adorent les éléments naturels» (Air, Eau, Feu, etc.) 

« Ils s’enfoncent plus profondément dans les ténèbres, ceux qui adorent sambhuti. » [Yajurveda 40:9] 7 

4. Sambhuti signifie les choses créées, par exemple : une table, chaise, idole, etc. 

Le Yajurveda contient la prière suivante: 
« Guide-nous vers le bon chemin et Enlève le péché qui nous égare et qui nous erre. » [Yajurveda 40:16] 8 

5 [Yajurveda par Devi Chand MA page 377] 
6 [Yajurveda Samhita par Ralph T.H. Giffith page 538] 
7 [Yajurveda Samhita par Ralph T.H. Giffith page 538] 
8 [Yajurveda Samhita par Ralph T.H. Griffith page 541] 

2. Atharvaveda 

L'Atharvaveda louange Dieu au livre 20, cantique 58 et verset 3 : 
1. "Dev maha osi" 
« Dieu est en vérité glorieux » [Atharvaveda 20:58:3] 9 

Rigveda 
1. Le plus ancien de tous les Védas est le Rigveda. Il est également considéré comme le plus sacrée par les hindous. 
Le Rigveda indique dans le livre 1, cantique 164 et verset 46 : 

« Sages ( prêtres savant) appelez le seul Dieu par de nombreuxnames." noms ». [Rigveda 1:164:46] [Rigveda 1:164:46]

2. Le Rigveda donne plusieurs attributs différents à Dieu Tout Puissant. Beaucoup d'entre eux sont mentionnés dans le Rigveda livre 2 cantique 1. 

Parmi les différents attributs de Dieu, l'un des plus beaux attributs est mentionné dans le Rigveda Livre II cantique 1 verset 3, c’est Brahma.

Brahma signifie « le Créateur ». Traduit en arabe cela signifie Khaaliq. Les musulmans n’ont aucune objection à ce que Dieu Tout-Puissant soit appelé Khaaliq ou «Créateur» ou Brahma. Toutefois, s'il est dit que Brahma est Dieu Tout-Puissant qui a quatre têtes, dont chacune ayant une couronne, alors les musulmans prennent une forte exception avec cela.


Décrivant Dieu Tout-Puissant en termes anthropomorphiques va aussi contre le verset suivant du Yajurveda : 
"Na tasya pratima asti" 
« Il n'y a aucune image de lui. » [Yajurveda 32:3]
Un autre beau attribut de Dieu est mentionné dans le Rigveda Livre II cantique 1 verset 3, c’est Vishnu. Vishnu signifie « Le Pourvoyeur ». Traduit en arabe cela signifie Rabb. Encore une fois, les musulmans n’ont aucune objection à ce que Dieu Tout-Puissant soit appelé Rabb ou « Pourvoyeur » ou Vishnu.

9 [Atharveda Samhita vol 2 William Dwight Whitney page 910] 

Mais l'image populaire de Vishnu parmi les hindous, est celle d'un Dieu qui a quatre bras, avec l'un des bras droit tenant le Chakra, c’est-à-dire un disque et l’un des bras gauche tenant un « coquillage », ou chevauchant un oiseau ou couché sur un lit de serpent . Les musulmans ne pourraient jamais accepter une tel image de Dieu. Comme mentionné ci-dessus, cela va aussi à l'encontre de l’Upanishad Svetasvatara chapitre 4 verset 19. 

"Na tasya pratima asti" 
« Il n'y a aucune ressemblance de Lui » 

Le verset suivant du Rigveda Livre 8, cantique 1, verset 1, se réfère à l'unité et à la gloire de l'Être suprême:

3. " Ma cid anyad vi sansata sakhayo ma rishanyata" 
« O mes amis, n’adorer point d’autre que Lui, le Seul Dieu. Louez-Le seul. » [Rigveda 8 : 1 : 1] 10 

4. "Devasya samituk parishtutih" 
« En vérité, grande est la gloire du Créateur Divin. » [Rigveda 5 : 1 :81] 11 

Brahma Sutra de l'Hindouisme: 

Le Brahma Sutra de l'hindouisme est le suivant : 

"Ekam Brahm, dvitïya naste neh na naste kinchan" 
« Il n'y a qu'un seul Dieu, pas de second, pas du tout, pas du tout, pas le moins du monde. » 

Ainsi, seule une étude objective des textes sacrés hindous peuvent vous aider à comprendre le concept de Dieu dans l'Hindouisme. 

0 [Rigveda Samhita vol. 9, pages 2810 and 2811 by Swami Satya Prakash Sarasvati and Satyakam Vidyalankar]9, 
11 [Rigveda Samhita vol.6, pages 1802 and 1803, pages 1802 et 1803 par Swami Satya Prakash Saraswati et Satyakam Vidyalankar] 
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Message  Arlitto Lun 7 Mar 2016 - 19:20

Hindouisme

( 3000 ans avant Jésus Christ ! )


L'hindouisme a influencé directement ou indirectement les traditions religieuses et philosophiques de la quasi-totalité des civilisations asiatiques.

Elles sont la synthèse des croyances et des pratiques de la population indigène du sous continent indien et de celles qui furent introduites il y a 3500 ans par les Aryens parlant l'indo-européen dont les croyances peuvent rappeler celles de la Grèce ancienne. Il y aurait autant de traditions hindoues " mineures" que de village en Inde ( 3,2 millions )


Introduction

Le terme d'hindouisme s'applique à l'aspect revêtu par le brahmanisme à une époque relativement récente ; bien qu'il fût mis en circulation aux XIe et XIIe siècles seulement par les envahisseurs islamiques, les réalités qu'il recouvre sont largement antérieures à cet emploi. Lorsque les musulmans parvinrent par vagues successives jusqu'à l'Indus, ils tirèrent du nom du fleuve celui qu'ils décernèrent aux populations vivant sur ses bords puis, par extension, aux coutumes de ces populations. À mesure qu'ils avançaient dans le cÏur de l'Inde, vers l'est et vers le sud, ils retrouvaient les mêmes usages, si différents des leurs, auxquels ils donnèrent la même appellation. Ainsi, un terme désignant primitivement les habitants du delta de l'Indus s'étendit peu à peu à tous ceux qui, dans le pays entier, pratiquaient les rites brahmaniques. Et l'habitude s'est établie de le réserver à certaines formes prises par cette religion vers les environs de l'ère chrétienne. L'une des caractéristiques les plus importantes de l'hindouisme est l'appartenance à la caste, fait si général qu'il intervient même dans les milieux qui prétendent s'en affranchir.

Le mot " caste ", d'ailleurs, n'est pas non plus indien, mais d'origine portugaise ; il désigne une structure sociale qui se présente sous deux aspects. Le premier, presque uniquement théorique - tel, du moins, qu'on le trouve attesté dans les Veda, 1 500 ans avant notre ère -, définit une société divisée en quatre catégories (varna ), qui n'ont jamais dû exister d'une manière aussi rigide. En revanche, l'autre forme, qui remonte très haut dans le temps, est la fragmentation en des groupes nombreux déterminés par des particularités le plus souvent en dépendance des métiers exercés : quelque chose d'assez proche de ce que pouvaient être les corporations dans l'Europe médiévale. Le goût de la classification, si foncièrement indien, a introduit un mécanisme semblable parmi ceux qu'on appelle les hors-caste et que la pure tradition brahmanique rejette. Entre eux se sont établies de nouvelles strates, qui les situent plus ou moins bas dans l'échelle sociale.

L'unité religieuse que recouvre le mot " hindouisme " est plus une attitude générale que l'accord fait sur des dogmes particuliers. Sans doute trouve-t-on partout répandue la croyance aux renaissances successives (samsara ) auxquelles, sous le poids des actes accomplis dans les existences antérieures (karman ), un principe spirituel individuel est astreint jusqu'à sa parfaite purification. Mais, héritée de formes brahmaniques plus anciennes, telles qu'on les rencontrait déjà dans les upanisad classiques, cette notion est panindienne, commune au bouddhisme comme au brahmanisme, et en liaison avec la croyance à l'éternité de l'univers. L'identité du soi individuel (Atman ) à l'Absolu (Atman ou brahman ), Soi universel, reste le centre des spéculations traditionnelles ; cependant, ce qui caractérise surtout l'hindouisme, c'est sa tendance plus ou moins accentuée à mettre en évidence une Personne Suprême. Tantôt il la subordonne au Principe impersonnel - ce sera la position, entre autres, du courant imprégné de vedanta shankarien -, tantôt il l'y superpose - et ce sera l'attitude adoptée par ce qu'on a nommé les mouvements sectaires.



Brahmanisme ancien et hindouisme

1. Le contenu religieux

Il est impossible de séparer de façon nette cet ensemble religieux qu'est l'hindouisme de celui qu'on a désigné arbitrairement comme " brahmanisme ancien " et qui connaîtra, du reste, plusieurs reviviscences au cours des siècles, tandis qu'autour de lui l'hindouisme se développe de manière continue. On peut considérer en gros que ce dernier débute avec l'ère chrétienne ; cependant, les textes épiques, Mahabharata et Ramayana , composés entre le IIIe siècle avant J.-C. et le IIIe siècle après J.-C., en contenaient déjà plus que des germes, y compris dan leurs parties les plus anciennes. Parmi les upanisad classiques, également, deux des plus tardives la Svetasvatara et la Maitri , présentent toutes les caractéristiques des textes hindouistes, avec leur tendance marquée au théisme. Elles doivent être à peu près contemporaines de la Bhagavad Gita , célèbre fragment de l'Épopée, qui exalte Krsna, le Bienheureux Seigneur, en tant qu'Absolu Personnel origine de toutes choses. Le changement d'attitude s'effectue toutefois sans saccades ; on passe insensiblement des composantes anciennes à celles plus récentes de la pensée religieuse indienne ; la continuité a été, de la sorte, assurée jusqu'à nos jours. Une constante du comportement brahmanique a favorisé cette mutation : la tendance à l'universalisme, qui se manifeste par un extraordinaire pouvoir d'absorption des notions les plus diverses. À la haute époque, on avait pu constater que déjà les divinités majeures se présentaient comme une synthèse de dieux différents ; certains traits communs avaient conduit à assimiler les uns aux autres plusieurs personnages. La confluence des diverses traditions s'explique aisément par l'aptitude qu'a chaque divinité à revêtir des formes multiples auxquelles répond la variété des dénominations. Les dieux hérités de l'Inde védique, et dont beaucoup étaient d'origine iranienne, avaient, à leur arrivée dans l'Inde, rencontré les divinités locales. Plutôt que de repousser celles-ci et d'en interdire le culte, les milieux brahmanisés les ont adoptées en les faisant absorber par leurs propres dieux, donnant ainsi naissance à des personnages porteurs de caractéristiques nouvelles, qui parfois les écartaient radicalement de celles attribuées aux dieux traditionnels dont ils portaient le nom. Le processus s'est perpétué jusqu'à nos jours : il est courant que telle ou telle forme divine particulière soit identifiée à l'un des grands dieux du panthéon brahmanique et considérée comme l'aspect préférentiel sous lequel un certain groupe lui rend hommage. Ainsi s'organisent les cultes dits sectaires. Il convient de prendre cette épithète dans son sens étymologique et technique d'appartenance à une secte donnée. La secte se caractérise par le culte rendu, sinon exclusivement du moins avec une préférence très marquée, à telle ou telle divinité considérée comme une manifestation de l'un des deux grands dieux de l'hindouisme, Visnu ou Siva.

Les croyances

En dépit de la continuité entre ce qu'on nomme brahmanisme et hindouisme, on note des particularités qui justifient l'emploi des deux dénominations, tant pour les croyances proprement dites que pour la personnalité des dieux et les aspects du culte. Parmi les quelques croyances essentielles qui ont passé dans l'hindouisme, le souci dominant de la Libération, si étroitement lié au cycle des renaissances et à la rétribution des actes, pèse toujours lourdement sur la pensée indienne, aiguillonnant son désir d'échapper définitivement à la ronde redoutée du samsara qui désigne d'abord le devenir dans le monde phénoménal, puis les renaissances successives.

Les âges du monde

L'univers lui-même s'inscrit dans la ronde. Dès le début de cette période d'assimilation, les textes attestent une nouvelle conviction : celle qui se rapporte aux créations et aux destructions cosmiques alternées. L'éternité des Veda, proclamée par les plus anciennes autorités, s'opposait à la relativité de l'univers. Toutefois, le mécanisme des apparitions et disparitions de celui-ci n'est vraiment explicité que dans les ouvrages proches du début de l'hindouisme, Lois de Manu ou certains textes de l'Épopée. Chaque période d'émergence (kalpa ), dite " jour de Brahma ", se subdivise en quatre périodes intermédiaires (yuga ) qui vont en décroissant dans l'ordre de l'excellence et de la durée. Chaque yuga est suivi d'une destruction partielle du monde ; à la fin du quatrième yuga survient la résorption universelle (pralaya ) par le feu et par l'eau. C'est alors la " nuit de Brahma ", de longueur égale à celle du jour qui l'avait précédée. Au bout de ce temps, le processus recommence ; le monde est émis à nouveau. Le fait n'a rien d'une création ex nihilo , mais se produit par étapes à partir d'un principe primordial mis en mouvement soit par l'action de Brahma, soit par la danse rythmée de Siva, par son énergie personnifiée, ou par toute autre Cause Première. Quelle qu'en soit l'origine, le schéma de production reste le même, emprunté souvent à des doctrines plus ou moins apparentées à deux traditions parmi les plus anciennes de la pensée indienne, celle du samkhya et celle du yoga , celui-ci représentant l'aspect pratique de celui-là. Les dieux aussi disparaissent lors d'un pralaya ; à la résurgence de l'univers, ils reparaissent mais, si l'on peut dire, ès qualités. On retrouve chaque fois un Indra, un Kubera (dieu des richesses) ; le titulaire change ; le précédent, éphémère, peut avoir été rétrogradé ou, dans la perspective de la Délivrance, avoir atteint la Libération définitive. Seule la Personne Suprême, parce qu'elle est l'Absolu, échappe aux fluctuations du relatif et demeure immuable, comme demeurait immuable le brahman des upanisad.

La bhakti

Suivant l'enseignement de la Bhagavad Gita , on reconnaît au moins nominalement trois voies capables de mener à la Délivrance : discipline des actes (karmayoga ), de la connaissance (jñanayoga ) et de la dévotion (bhaktiyoga ). Dans l'hindouisme, c'est cette dernière qui prend la prédominance. Amour confiant envers le Dieu Suprême bienveillant, la bhakti devient par la suite complet abandon (prapatti ) à Celui de qui tout procède. Ce sentiment qui a, peu ou prou, gagné tout l'hindouisme, apparaît comme l'une des particularités les plus marquantes des milieux sectaires. Il s'établit alors entre la divinité et son dévot un rapport de personne à personne qui faisait défaut aux époques précédentes.

Les milieux sectaires

S'agit-il vraiment d'un fait nouveau ? À vrai dire, des communautés restreintes se consacrant au culte d'une forme divine considérée comme la Forme Ultime ont dû exister auparavant. Pour la foule, ce rattachement paraît secondaire, car la piété était entièrement polarisée par la manifestation locale. Cependant, toujours soucieux d'universalisme, les chefs de file relieront ces divinités particulières aux figures majeures, Visnu ou Siva. De ce fait, une secte ne rejette rien de l'apport traditionnel ; simplement, on opère un choix parmi les éléments adoptés. On admet, en principe, l'ensemble des textes de la Révélation (sruti ) tout en mettant l'accent sur un traité qui, le plus souvent, n'y appartient pas, mais n'en devient pas moins le Livre saint par excellence. Ce sont, également, les traits originaux de la forme divine élue (istadevata ) qui fixent la dévotion des fidèles, même si, théoriquement, ils la considèrent comme une simple manifestation relative de l'Absolu Personnel. Le mouvement sectaire, qui pourrait donner l'impression d'un émiettement, exprime en réalité un renouveau, la force vive insufflée périodiquement à une religion qui tendrait à se scléroser dans la routine du rite. Il faut interpréter dans ce sens le refus de la caste sur le plan religieux. Dans la vie courante, on respecte bien la hiérarchie traditionnelle, mais les réformateurs des sectes ne cessent de proclamer qu'aux yeux de la Divinité Suprême infiniment bonne et bienveillante, le compartiment social auquel appartient le fidèle importe peu. Dans l'ancienne perspective, ne pouvait parvenir à la Libération qu'un membre de la caste brahmanique de sexe masculin : les mérites acquis dans d'autres conditions n'apportaient, au mieux, qu'une renaissance optimale qui pourrait, elle, donner directement accès à la Délivrance. En revanche, pour les sectes, l'amour porté à la divinité suffit à assurer le salut immédiat sous l'effet de la grâce accordée par celle-ci en retour de la dévotion. Cette grâce échoit à n'importe qui : membre des varna , hors-caste ou femme, sous réserve de la seule exigence essentielle. Une telle facilité a d'ailleurs dû contribuer à la diffusion des croyances sectaires. Trait important dans ces groupes : la considération accordée à la personne du maître spirituel (guru ). Le respect du maître a toujours été très grand en Inde, conséquence directe de la transmission orale qui est demeurée pendant des siècles la seule forme d'enseignement. Mais, dans l'hindouisme des sectes, on regarde très souvent le guru comme une incarnation de la divinité elle-même ; d'où l'intensité du sentiment qu'on lui porte. Il n'est pas seulement l'intermédiaire transmettant la parole divine : il est le dieu rendu sensible à ses dévots. Cet aspect apparaît particulièrement notable dans les cultes vishnouites où la bhakti a trouvé son terrain d'élection. Si la naissance de sectes innombrables, souvent disparues presque sitôt constituées, domine toute la vie religieuse depuis le début de l'ère chrétienne, il ne faut pas oublier cependant qu'ont subsisté nombre de coutumes religieuses plus proches du brahmanisme traditionnel, où le culte, même s'il se rend de préférence à Visnu ou à Siva, ne présente pas de caractères sectaires. L'hommage (puja ) se répartit plus également entre différents dieux, l voie de la bhakti n'y est pas prépondérante, et le respect du guru s'y manifeste sans que, pour autant, on voit en lui une incarnation divine.

Ahimsa

Une des croyances qui ont contribué à rendre caduc le sacrifice védique est le développement de la notion d'ahimsa , traduite souvent par " non-violence ", mais dont le sens est plus radical encore. Ce terme est tiré du désidératif de la racine HAN, frapper, tuer ; il implique donc jusqu'au non-désir de nuire. Dans la religion intériorisée qu'est alors devenu le brahmanisme - en contraste avec le ritualisme védique -, l'intention compte autant que le fait. Les upanisad et l'Épopée parlent déjà du mal qu'on commet " en action (avec le corps), en parole et en pensée ". On prend en abomination le sacrifice solennel qui exigeait l'immolation de nombreuses victimes. En réalité, dans les cultes populaires, on continue de sacrifier du petit bétail, en particulier aux déesses. Toutefois, les rites se déroulent hors du temple, un peu à l'écart de celui-ci.

Le panthéon hindouiste

Le panthéon brahmanique était extrêmement riche. Dans la perspective hindouiste, la mention des trente-trois dieux dont Indra est le chef subsiste théoriquement. Il s'y substitue dans certains textes une liste de trente dieux, au-dessus desquels trônent trois divinités majeures : Brahma, Visnu, Siva, que la tradition donne comme présidant le premier à la création, le deuxième à la conservation de l'univers et le dernier à sa destruction. La diversité même de leurs fonctions entraînera le besoin d'une unité supérieure. Dans les milieux les plus proches de l'explication métaphysique des upanisad anciennes, l'unité est celle du Brahman impersonnel, dont les trois formes divines ne sont que des manifestations sur le plan du relatif. Dans les milieux où prédominent les tendances dévotieuses, ce rôle est dévolu à la Personne Unique, Suprême et Inaccessible, dont Brahma, Visnu et Síva sont de simples aspects. Cette conception prévaut surtout en climat shivaïte : Rudra-Siva y apparaît avec les trois visages (trimurti ), son aspect destructeur recevant fréquemment le nom de Bhairava, " le Terrible ",mais la même représentation est aussi très importante dans certaines sectes vishnouites telles que le Pañcaratra.

Brahma

Ces trois formes divines sont les plus importantes, non les seules, car la diversité de telles manifestations est infinie ; elles sont toutes regroupées autour des deux figures qui vont dominer tout l'hindouisme : celle de Visnu et celle de Siva. Quant à Brahma, dont les racines plongeaient si profondément dans le brahmanisme, son culte décline. On ne l'invoque plus guère individuellement ; intégré à un autre contexte religieux, il ne joue plus qu'un rôle secondaire, conséquence probable du fait qu'il avait épuisé toutes ses possibilités à l'époque antérieure. Originellement, il n'était que la personnification, au masculin, du Brahman neutre. Dans les brahmana , il apparaissait comme le démiurge. La plénitude même du Brahman dont il est issu empêchera, par la suite, qu'on l'identifie à l'Absolu personnifié des cultes sectaires. Brahma était une limitation par rapport à l'infini ; on ne peut plus compter qu'un mouvement inverse s'esquisse en sa faveur. Il conserve sa fonction de démiurge dans la triade traditionnelle, comme dans la trimurti shivaïte. Dans le vishnouisme, également, à chaque âge du monde, assis sur le lotus jailli du nombril de Visnu, il remet en action le processus évolutif, à la façon décrite dès les textes plus anciens. Ainsi, en dépit de son appartenance à la triade dont on retrouve trace presque partout, Brahma s'efface et ne reçoit plus d'adorations particulières. On ne lui construit guère de sanctuaires ; rares sont ceux qui lui sont consacrés. Il ne demeure plus en présence, sur le même plan, que les deux autres grandes divinités. Bien que les deux lignées soient nettement distinctes, leur complémentarité frappe autant que leur opposition. C'est pourquoi, tout en rendant un culte préférentiel à l'un des deux, un dévot, même sectaire, ne rejette pas l'autre. Dans la plupart des cas, du fait de l'universalisme sous-jacent au brahmanisme en général, la divinité majeure varie suivant les sectes et le rapport des deux divinités reste interchangeable : l'une, Personne Suprême, l'autre, forme très haute, souvent privilégiée, du dieu. Il suffira donc de la subordonner à l'istadevata pour lui assigner sa juste place dans le système et lui rendre les hommages qui lui sont dus. On peut tout au plus signaler que l'ouverture et l'accueil sont généralement plus larges en milieu shivaïte qu'en milieu vishnouite.

Visnu

Le personnage de Visnu (prononcer Vichnou) est extrêmement complexe : Aditya, fils d'Aditi, la Sans-Limite, s'inscrit dans une série de divinités védiques d'origine solaire ; cette origine est exprimée dès le Veda dans le mythe des trois pas par lesquels Visnu couvre l'univers entier et qui symbolisent la course diurne du soleil. Par ailleurs, dans les brahmana , le dieu Narayana, auquel on l'identifiera plus tard, occupe une place centrale dans le sacrifice ; à ce dernier nom on accole souvent celui de Hari, " le Fauve ", qui l'apparente à Agni, le feu sacrificiel. Enfin, peu avant l'ère chrétienne, le culte de Krsna-Vasudeva, dieu guerrier de la Bhagavad Gita , appelé aussi Bhagavant, le Bienheureux Seigneur, apporte un nouvel élément. Krsna-Vasudeva lui-même n'est pas simple ; il se présente sous trois aspects différents. À l'image du dieu guerrier se superpose celle d'un dieu-enfant, puis d'un jeune berger dont sont amoureuses les bergères. Ces deux formes représentent les divinités de tribus pastorales ou fo restières ; elles prendront toute leur importance dans la littérature tardive, celle des purana , en particulier dans l'un des plus récents, le Bhagavata Purana , qui date probablement des environs du Xe siècle. L'unité de Visnu est donc une unité nominale, couvrant des traditions disparates. La représentation la plus frappante qu'on se fasse de lui est celle du grand dieu endormi sur le serpent d'infinitude durant le temps où l'univers a disparu. Il rêve le monde évanoui, le maintenant ainsi dans sa mémoire pour que, le moment venu, Brahma le recrée à nouveau. Son image dominante est donc celle d'une immutabilité qui s'oppose apparemment à l'image dynamique de Siva dansant la grande danse cosmique (tandava ) par laquelle, alternativement, il amène le monde à l 'existence et l'anéantit. Comment concilier l'immutabilité de Visnu avec son pouvoir universel ? Parmi les doctrines les plus courantes d'une des plus anciennes sectes vishnouites, les pañcaratra , on trouve une notion qui a gagné tout le vishnouisme, y compris celui qu'on ne peut considérer comme sectaire. Il s'agit des cinq formes dans lesquelles réside le dieu : la forme suprême (para ), invisible, inaccessible à l'Ïil humain ; quatre hypostases (vyuha ) de cette forme suprême, liées au processus évolutif ; des incarnations occasionnelles (avatara ), qui sont produites dans un dessein précis et peuvent être totales ou partielles ; la présence invisible du dieu dans le cÏur humain (antaryamin ) ; la forme, enfin, sous laquelle on peut lui rendre hommage (arcana ), c'est-à-dire la statue dans laquelle une consécration a introduit le reflet de la divinité. La diversité foncière de Visnu s'exprime tout naturellement dans les vyuha et les avatara. L'avatara est une descente sur terre destinée à rétablir l'ordre cosmique troublé par les démons ; leur nombre d'abord restreint (quatre ou six) a crû avec le temps. Toutefois, la doctrine classique s'en tient à dix ; certaines avatara revêtent une forme animale, d'autres relèvent de la catégorie des héros divinisés. À cette dernière appartiennent les deux plus marquantes : Rama, le héros du Ramayana , et Krsna, lui-même si complexe (cf. KRISHNA). Le courant avatarique a connu une grande popularité dans toute l'Inde et a, dans le Sud, suscité de nombreux hymnes en langue vernaculaire, tout spécialement en tamoul. Parallèlement s'est développé le culte des vyuha, expansions divines, théorie qui semble avoir pris corps aux premiers siècles de

l'hindouisme. D'après elle, Vasudeva, la manifestation la plus haute, possède six qualités éminentes, chacune des manifestations secondaires n'en possède que deux dans toute leur intensité ; en même temps que ces vertus, elles se partagent l'administration de l'univers. Le premier vyuha lui-même n'est qu'une expression de l'Absolu Personnel in connaissable (para ). Le courant des vyuha se rattache étroitement au système des pañcaratra ; celui des avatara s'accorde plutôt à l'ensemble dit vaikhanasa . L'un et l'autre sont des témoignages de la piété vishnouite et coexisteront sans se mêler vraiment. Il faut noter néanmoins que, sur un certain plan, les deux séries se répondent. Le premier vyuha porte, en effet, le nom de Vasudeva, patronyme de Krsna ; on désigne les trois autres sous les appellations de Samkarsana, Pradyumna et Aniruddha, qui se rapportent respectivement au frère, au fils et au petit-fils de Krsna. L'une et l'autre traditions participent d'une atmosphère semblable. Dans les avatara, les manifestations particulières du divin prennent de plus en plus d'importance. Les milieux imprégnés des doctrines pañcaratra mettront davantage l'accent sur la grandeur et l'unité de l'Absolu personnifié. Mais, chacun à leur manière, les fidèles rendent ainsi compte de l'activité de la Personne Suprême, impassible à l'arrière-plan. On sent bien, toujours prêt à affleurer, le souvenir du Brahman, Absolu impersonnel, inactif, en dehors de toute évolution cosmique, de tout changement, même s'il en est la Cause Première.

Siva

L'origine de Siva n'est pas moins mêlée que celle de Visnu. Le dieu, tel qu'il apparaît dans l'hindouisme, est lui aussi une synthèse. À l'origine, on le connaît comme Rudra, chef de file de onze divinités atmosphériques mineures, les rudra . Il se confond très tôt avec un dieu-ascète, hérité probablement des antiques civilisations de l'Indus, et en relation étroite avec les milieux yogiques. On l'assimile également au Temps destructeur personnifié, Mahakala. S'il est de ce fait un dieu redoutable, Bhairava, " le Terrible ", il est aussi Siva, " le Bienveillant ", épithète qu'on lui décerne peut-être dans une intention propitiatoire, mais qui correspond à un certain nombre de ses légendes : à plusieurs reprises, on le voit se dévouer pour le bien des autres dieux. Divinité de l'orage - de par son origine védique -, il peut aussi bien l'écarter que le déchaîner. Aux environs de l'ère chrétienne, on le vénère enfin comme Pasupati, " le Maître des troupeaux ", qui protège non seulement le bétail - ce qui l'apparente à l'un des aspects de Krsna - mais aussi les âmes humaines, désignées par le terme pasu (bétail). Vers la même époque encore, le nom de Siva devient son nom usuel, qu'une upanisad tardive, la Svetasvatara , employait encore comme épithète de Rudra. À propos de ce dieu à la fois créateur et destructeur par l'action de sa danse cosmique, on voit à travers les siècles s'affirmer une tendance commune à toute l'Inde, mais de nature essentiellement shivaïte, le shaktisme. Il s'agit de groupes qui révèrent le pouvoir créateur du dieu sous l'aspect féminin qui lui est coexistant, sa sakti , personnification de son énergie potentielle. De même que Visnu ne créait pas le monde lui-même mais en remettait le soin à Brahma, Siva, principe immuable, va, de son côté, charger sa sakti de régler ce qui concerne le relatif. Ainsi, à la période précédente, la manifestation masculine de l'Absolu impersonnel se présentait comme seule douée d'activité. Les noms diffèrent, le contenu psychologique change, dans la mesure où le fidèle hindou peut entrer en contact par son adoration avec la Personne Suprême, mais le mécanisme reste identique, accordé à une métaphysique permanente.

Le linga

Si, dans les temples vishnouites, l'image centrale, celle du sanctuaire principal, représente souvent Visnu-Narayana endormi sur son serpent, laforme schématique du linga est celle qui rend le mieux compte del'atmosphère sivaïte. Sur les reliefs ou les statues de bronze, on voitfréquemment le dieu dansant le tandava , ou assis, en compagnie de sonépouse Parvati, sur le dos de sa monture, le taureau Nandin. Mais, au centre du sanctuaire, s'élève seulement la pierre nue du linga , symbole mâle, posé sur la yoni , symbole féminin. On a tendance à n'en retenir que l'aspect phallique et à ignorer la notion d'infinitude - attestée par de nombreuses légendes - qui lui est inhérente. On néglige ainsi sa parenté avec le pilier cosmique du védisme, qui reliait la terre au ciel, tout en dépassant infiniment l'un et l'autre. D'autre part, le dieu de la destruction est aussi le dieu du rythme vivant. Ascète, il pratique le tapas , maîtrise de la chaleur créatrice. Le linga figure cette énergie continue de la vie ; c'est pourquoi on pourrait y déceler la trace d'une époque où karman et samsara ne se rangeaient pas encore au premier plan des préoccupations métaphysiques indiennes, oùl'existence ne représentait pas le mal essentiel dont il fallait à tout prix se débarrasser.



Le culte et les textes sacrés

Vers la simplicité des rites

Les grands sacrifices brahmaniques, qui étaient déjà en déclin avant notre ère, disparaissent de plus en plus. Des rites plus simples les remplacent ; bien souvent, ils n'exigent plus l'intervention d'exécutants attitrés s'interposant entre le fidèle et son dieu. Toutefois, quoique le rite soit jugé insuffisant pour conduire à la Délivrance, sa valeur d'auxiliaire demeure. En tant que tel, même les milieux voués à la bhakti le conservent. Dans d'autres groupes où cet aspect de la religion ne prédomine pas, nombre de pratiques ont gardé la faveur de la foule. Mais l'hommage (puja ) a remplacé le sacrifice. Il s'exprime à l'aide d'offrandes d'eau, de fleurs, de lumières, de graines ou de gâteaux donnant une représentation figurée du dieu, que celle-ci appartienne à la tradition commune ou qu'elle soit la forme divine adoptée par une secte. Comme par le passé, rites domestiques et rites collectifs coexistent ; Manu, la Gita , d'autres autorités encore leur servent de garants. Dans son ensemble, l'Épopée insiste sur les divers moyens de se concilier les dieux. Pour la foule, en effet, la suprématie de l'Absolu Personnel apparaît plus théorique que sentie et la multitude des êtres divins du panthéon traditionnel, grossie de celle des divinités locales, reprend dans la pratique l'avantage sur les tendances monothéistes. Aussi bien l'image divine n'est-elle pas une simple représentation : du point de vue métaphysique, on admet que la Réalité Ultime déborde infiniment la forme qui l'évoque, mais, pour le fidèle, la statue participe à la divinité - et pas seulement dans le vishnouisme où ce sentiment paraît particulièrement développé. Les images ont leur vie propre : le culte rendu dans les temples à la statue principale reproduit les rites laïques d'une journée royale. Un desservant (ou des desservants) lui est attaché qui, dans les groupes sectaires de tradition shivaïte, n'appartient pas toujours à la caste brahmanique. L'adoration des images relève autant du culte privé que du culte public ; les rites ayant pour objet l'image domestique se pratiquent dans chaque demeure. Le maître de maison en est l'officiant ordinaire ; cependant, en son absence, quelque autre membre de la famille peut le suppléer. Tous ces rites s'accompagnent de prières murmurées, qui sont souvent de brèves formules (mantra ) indéfiniment répétées. La plus répandue, la plus populaire, celle qui entre dans la plupart des autres formules est la syllabe mystique " om " contraction phonétique de trois lettres a , u , m , qu'on dit parfois symboliser les dieux de la grande triade - Brahma, Visnu et Siva -, mais dont l'usage remonte plus haut que l'apparition de celle-ci. Chaque secte possède son mantra propre, communiqué à ses membres lors de leur initiation, car l'initiation, rite essentiel pour les trois varna (castes) supérieurs dans le brahmanisme traditionnel, prend une importance toute spéciale dans la perspective des cultes sectaires où le groupe revêt un sens bien plus prégnant. Une autre coutume fortement établie dans le brahmanisme est la vénération portée aux tirtha , lieux sacrés, aux gués des fleuves et particulièrement aux confluents des rivières. Les rites de purification tiennent une grande place dans la vie quotidienne : les ablutions accompagnées de prières s'imposent trois fois le jour ainsi qu'en de nombreux autres moments de l'existence. Tout cours d'eau symbolise le Gange, Ganga mata " notre Mère le Gange ", dont le simple contact lave de toutes les souillures.

Le Mahabharata consacre plusieurs chapitres du livre III à l'énumération des tirtha les plus vénérables. Les pèlerinages, en grande faveur dans toute l'Inde, se dirigent souvent vers les sanctuaires construits au bord de ces gués et déplacent des foules considérables, non seulement à l'occasion de telle ou telle fête particulière mais, en dehors de la période de mousson, pendant toute l'année. Il existe une forme très populaire du culte qui se rattache à un courant ancien, probablement antérieur même à l'entrée des Aryens en Inde : celui des déesses, qu'on invoque presque partout et qui sont assimilées, pour la forme, à une incarnation tantôt de Laksmi, l'épouse de Visnu, tantôt de Parvati, l'épouse de Siva. Les rites qui les concernent présentent une grande ressemblance d'une extrémité du pays à l'autre. On leur offre encore des victimes animales ; l'ancienneté et la continuité de ce culte expliquent la facilité avec laquelle se son développées les doctrines sakta , où la déesse est adorée sur le même plan que le dieu et parfois même plus intensément que lui.
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Message  Arlitto Lun 7 Mar 2016 - 19:21

Des œuvres épiques aux collections de textes

Dès la fin des upanisad classiques, donc un peu avant l'ère chrétienne, les croyances formant le fond de l'hindouisme ont pris corps, attestant la vitalité d'un mouvement sans doute encore plus ancien et parallèle au brahmanisme védisant. Ainsi la Svetasvatara prône le culte de Rudra-Siva, Personne Suprême, matrice universelle ; le terme même de bhakti s'y trouve au dernier chapitre. Le tout semble imprégné d'une atmosphère dévote, identique à celle que l'on rencontre dans la Bhagavad Gita . Il n'existe pas entre les deux traditions d'autre différence, pour la position prise par le fidèle à l'égard du dieu, que le fait que la première est sivaïte et la seconde vishnouite. Par ailleurs, divers passages du Mahabharata présentent des caractères analogues : le Nara yaniya Parvan , au livre XII, expose pour la première fois la doctrine des vyuha (expansions) de Visnu, et, au livre XIV, l'Anugita est un long fragment relevant à la fois de la spéculation et de la dévotion. Même si ces parties de l'Épopée sont de composition tardive, elles font autorité dans les cultes sectaires vishnouites. On doit noter aussi que la Maitri Upanisad fait état de la triade divine aux fonctions diversifiées. Le Harivamsa , ouvrage de style épique, sorte d'annexe au Mahabharata datant probablement du IVe siècle après J.-C., exalte la puissance de Krsna-Vasudeva. Immédiatement après, appartenant à la même veine épique, commence la grande époque des purana , " récits d'autrefois ", qui, dans une atmosphère religieuse très semblable, exposent d'anciennes légendes tantôt vishnouites tantôt shivaïtes. L'un des plus récents purana, le Bhagavata , extrêmement imprégné de bhakti , chante le bienheureux Krsna, qui n'est plus le guerrier de la Gita , mais le jeune dieu objet de l'amour des gopi , bergères qui symbolisent les âmes humaines. Ses accents se révèlent très proches de ceux des mahatmya (exaltations), sorte de purana locaux à la gloire d'une forme particulière de la divinité. Certains purana sont aussi théoriquement voués à Brahma, vestige au demeurant assez faible de la vénération portée à ce dieu, par ailleurs rentré dans l'ombre. Plus encore que les purana, toute une série d'ouvrages, samhita (collections) vishnouites ou agama (traditions) shivaïtes, forment la mine inépuisable où les sectes chois issent leur Texte d'élection. Le caractère commun de toutes ces œuvres est le fait que, même si on leur assigne un auteur mythique, elles sont anonymes. Plus tardivement, on conservera sous leur nom les enseignements des grands réformateurs religieux qui aménagent l'héritage traditionnel en divers systèmes auxquels se rallieront de nouvelles sectes. Mais cela relève de l'histoire de ces sectes, alors que les Ïuvres anonymes plus anciennes constituent l'arrière-plan de toute la sensibilité religieuse hindouiste, en dépit du choix opéré dans cette littérature considérable par les fidèles de telle ou telle obédience.


Le foisonnement des sectes

Si le courant hindouiste persiste depuis le début de l'ère chrétienne, le fait marquant de toute son histoire demeure l'apparition et le développement des mouvements sectaires. D'autre part, que ce soit à propos de la forme usuelle du culte ou des aspects particuliers revêtus par les sectes, des influences extérieures se sont exercées au cours du temps. Aux premiers siècles, les luttes avec le bouddhisme n'ont, il est vrai, guère joué que sur le plan de la spéculation, se bornant à des polémiques entre philosophes des deux religions. Finalement, d'ailleurs, le bouddhisme, gagné lui aussi par les tendances piétistes, lorsqu'il ne s'est pas réfugié dans les zones frontalières, s'est noyé dans l'hindouisme. En revanche, le heurt des invasions musulmanes a eu sur le brahmanisme de graves répercussions. Les envahisseurs, ne considérant d'abord que les apparences polythéistes de la religion indienne, ont déclenché de terribles persécutions dans le Nord, ravageant les lieux du culte, imposant de nombreuses conversions, non pas tant par la force brutale que par une contrainte organisée : on réservait aux musulmans les situations privilégiées ; quant aux impôts payés par les hindous, ils étaient excessivement lourds. Seuls l'éloignement et la naissance, au XIVe siècle, du royaume tampon de Vijayanagar ont préservé le Sud, qui devint ainsi le conservatoire le plus fidèle de l'hindouisme. Aussi est-ce de là que sont partis les grands mouvements religieux de l'Inde médiévale. Il ne peut s'agir ici d'établir un répertoire exhaustif de la multiplicité des croyances ou des formes religieuses qui ont foisonné depuis le début de l'époque historique, c'est-à-dire depuis deux mille ans.

Semblable variété n'a rien de surprenant si l'on réfléchit non seulement à la durée de cette période, mais aussi aux dimensions d'un pays dont l'étendue est égale à celle de l'Europe péninsulaire. On ne peut guère indiquer que les groupes les plus importants, dont beaucoup existent encore de nos jours. Quelle qu'en soit l'obédience - vishnouite ou shivaïte -, le processus d'apparition d'une secte se produit partout de façon analogue : sous l'impulsion d'un personnage connu pour sa sainteté et censé avoir reçu une révélation - ou, comme le Buddha, une illumination -, quelques disciples se groupent. Le maître leur transmet et leur explique cette révélation dont il a été le bénéficiaire. Les premiers adeptes en forment d'autres et les commentaires des textes sacrés, plus habituellement d'un texte particulier, donnent naissance à une nouvelle orthodoxie. Aux temps plus anciens, cette tradition restait orale ; beaucoup de gloses ont dû se perdre ainsi. L'influence s'étendait plus ou moins loin et durait plus ou moins longtemps. Tantôt le maître demeure aux pieds de la divinité qu'il révère et dispense son enseignement dans le village ou ses alentours immédiats, tantôt il se met à pérégriner à travers l'Inde, visitant les sanctuaires les plus réputés de la divinité majeure à laquelle se rattache son istadevata ; chemin faisant, il répand ses doctrines. Quelques-uns de ces maîtres passent, aussi vite oubliés que disparus. Il en est d'autres, en revanche, parmi ces mystiques itinérants qui demeurent célèbres ; leur enseignement, conservé par écrit, a survécu jusqu'à nos jours. Parfois, à l'exemple des bouddhistes et des jaïn (cf. JINISME), ces saints hommes ont fondé des monastères, coutume qu'ignorait le brahmanisme ancien.


Les sectes shivaïtes

Elles sont innombrables, mais beaucoup peuvent se regrouper sous certaines formes mieux définies. Deux grandes catégories sont particulièrement à retenir. C'est d'abord celle des pasupata , dont les premiers témoignages remontent aux tout premiers siècles de l'ère : le Mahabharata les cite parmi les sectes connues à cette époque. Les pasupata reconnaissent trois entités : le Seigneur (pati ) qui délivre les âmes (pasu ) du lien (pasa ) s'opposant à la Délivrance. Ils ont prospéré plus tard, aux IXe et Xe siècles. Il semble qu'il ait existé des ouvrages spécifiques de la secte, mais ils ont disparu et l'autorité qu'ils invoquent est surtout celle des agama . C'est aussi aux agama que se réfère l'autre grand mouvement, trop vaste pour qu'on puisse à son sujet vraiment parler de secte, le saiva-siddhanta , qui domine le shivaïsme du Sud et qui est très proche des pasupata en ce qui concerne les croyances. Il se dit détenteur du shivaïsme le plus authentique. Pour lui, Siva est également le Seigneur des âmes, Pasupati, mais l'accent y est mis davantage sur l'action de l'énergie divine (sakti ) et sur l'importance de la grâce divine, seule capable de conduire à la Libération. Le lien est triple, fait à la fois d'ignorance, du poids des actes antérieurs et du voile de l'illusion (maya ), tenue pour la cause matérielle du monde. Les textes du saiva-siddhanta ont dû comprendre, outre les agama, d'autres ouvrages en sanskrit qui ont disparu. En pays tamoul où cette forme de shivaïsme est très vivante, on possède une abondante littérature en langue vulgaire où la doctrine est présentée de façon assez claire pour dispenser du recours aux œuvres en sanskrit auxquelles les textes tamouls se reportent sans cesse. Elle inclut aussi, en dehors des exposés doctrinaux, quantité de poèmes mystiques dont la composition s'échelonne du VIe au XIIe siècle. On doit signaler, par ailleurs, l'existence de la secte des virasaiva ou lingayat , ainsi nommés parce qu'ils portent sur eux une image du linga placée dans un reliquaire. Originaire, pense-t-on, du Maharastra, cette secte s'est épanouie en pays kannada et possède des textes en kanarese à côté des textes en sanskrit. Siva y est appelé " le plus haut Brahman " et, sauf son caractère de Personne Suprême, il y présente toutes les particularités du Brahman shankarien. Il existe un commentaire aux Vedanta Sutra propre à cette secte. À l'autre extrémité de l'Inde, au Kasmîr (Cachemire), une forme de sivaïsme est dominée par la grandfigure du philosophe Abhinava Gupta (Xe s.). Le système exposé dans des œuvres importantes qui se succèdent du IXe au XVIIIe siècle persiste encore de nos jours. On lui donne le nom de trika , parce qu'il reconnaît trois (tri ) principes : Dieu, l'âme et le monde. En dehors de véritables organisations sectaires, c'est-à-dire de groupes comportant des religieux et des laïcs, il faut rappeler que, dès l'origine, le shivaïsme a toujours été la religion des ascètes : on trouve mentionnés dans les listes de mouvements shivaïtes certains groupes qui représentent, en fait, des catégories d'ascètes souvent itinérants, et qui ont dû se répandre dans presque toute l'Inde. Tels sont les kapalika , connus dès la Maitri Upanisad ; on leur rattache les somasiddhanta , qui étaient davantage localisés au Népal et au Gujrat et pratiquaient conjointement le culte de Siva et de Uma, son épouse. À la même tendance appartiennent les kapalamukha , cependant plus marqués encore de shaktisme et apparentés aux cultes tantriques. Les siddha , à leur tour, paraissent peu se différencier des kapalika. On les désigne souvent par le nom de goraknathin , tiré de celui du fondateur, Goraknath ou Goraksa, dont on ignore les dates. Ce groupe, qui est manifestement une classe de yogin en rapport étroit avec le hatha yoga , était connu au XIVe siècle, car on le cite dans un ouvrage marathe de ce temps. Bien que ses adeptes n'aient jamais dû être nombreux, on en rencontre des représentants dans l'Inde entière. Il faut signaler aussi, parmi le mouvements en liaison avec le culte shivaïte, celui des ganapatya, qui vénèrent le fils de Siva, Ganesa le dieu à tête d'éléphant. Skanda, son autre fils, est parfois honoré comme une de ses formes ; dans le Sud, on l'a assimilé au dieu jeune Murugan, et, sous l'une ou l'autre appellation, son culte est très vivant encore maintenant.


Le courant vishnouite

À l'époque où les textes de la tradition shivaïte signalaient la secte des pasupata, en milieu vishnouite s'affirmaient les sectes bhagavata et pañcaratra , qui présentent entre elles de nombreuses similitudes, mais que les ouvrages vishnouites eux-mêmes distinguent les unes des autres. Les deux groupes adorent également Krsna-Vasudeva, mais les bhagavata semblent appartenir à la filiation directe de la Bhagavad Gita tandis que c'est chez les pañcaratra que la théorie des expansions (vyuha ) de Visnu paraît s'être constituée. Cet aspect de la religion et le rituel qui l'accompagne avaient dû tout d'abord se localiser dans le Nord, l rituel vaikhanasa s'étant répandu, lui dans toute l'Inde. Cependant, au XIe siècle, Ramanuja, philosophe védantin mais réformateur vishnouite, défend la suprématie de l'Absolu Personnel contre les mouvements héritiers de Sankara qui accordent la primauté à l'Absolu impersonnel ; il se rallie à la pensée pañcaratra et tente de l'instaurer dans les temples du Sud. Il n'y parvient que partiellement ; ainsi les deux rituels ont continué parallèlement d'être utilisés. Dans les régions méridionales préservées du choc des invasions islamiques, les réformateurs vishnouites d'inspiration vedantine se sont d'ailleurs succédé pendant plusieurs siècles. L'aspect de dévotion y va toujours s'accentuant : Nimbarka (XIIIe-XIVe s.), formé par des disciples de Ramanuja, substitue à la bhakti la notion de prapatti , qui désigne la complète reddition entre les mains divines. Légèrement postérieur, Madhva, s'il révère les deux avatara majeurs, Rama et Krsna, ne perd pas de vue pour autant la haute figure de Visnu, qui se profile derrière ses formes. Madhva présente la particularité, unique dans l'Inde, d'être un pur dualiste, considérant la Nature comme complètement indépendante de l'Esprit et Dieu comme distinct aussi bien des esprits que de la Nature. Au XVe siècle, dans la descendance indirecte de Ramanuja, il faut citer Ramananda, dont les adorations s'adressent de préférence à Rama. L'ouverture de sa secte à la foule des hors-caste et même aux non-hindous est caractéristique. Tous ces chefs de file se sont exprimés en sanskrit et ont eu une descendance spirituelle qui subsiste encore en grande partie ; mais, à côté d'eux, il faut signaler la masse des vishnouites du Sud, dont les plus anciens textes religieux sont les poèmes mystiques des alvar composés en tamoul entre le VIe et le IXe siècle. L'école srivaisnava , fondée par Ramanuja et partagée en deuxbranches - celle des Vadagalai plus au nord et celle des Tengalai à l'extrême sud du Dekkan -, est restée très vivante. Si les Vadagalai reconnaissent l'autorité de textes sanskrits et tamouls, par contre les Tengalai, fortement inspirés du pañcaratra mais moins en contact avec le nord de l'Inde, se réfèrent uniquement aux textes tamouls. Plus tardivement, quand après plusieurs siècles de contrainte l'étau islamique s'est un peu desserré, l'hindouisme s'est à nouveau épanoui dans la plaine gangétique. Ainsi a-t-on vu les foules reprendre le chemin des lieux saints du bord de la Yamuna, pays d'origine de la légende krishnaïte.

Par ailleurs, de nouvelles sectes prennent naissance: Vallabha, qui, commentateur lui aussi des vedanta Sutra , vivait à Bénarès au XVIe siècle, a réuni autour de lui de nombreux disciples. La tradition s'est maintenue, d'abord sous la direction de son fils Vitthal ; les maîtres qui ont succédé à celui-ci ont cessé d'utiliser le sanskrit et ont composé leurs Ïuvres religieuses en langues vernaculaires. Caitanya, presque contemporain de Vallabha, est l'une des figures les plus marquantes des mystiques du Bengale ; plutôt que la bhakti , ou même que la prapatti , il prône le preman , amour total et passionné envers le couple Krsna-Radha : le dieu et sa bergère favorite constituent pour lui une unité indissoluble. En leur honneur, il compose des chants destinés à accompagner les processions (saimkirtana ) qui sont une forme de dévotion particulière au Bengale et tout spécialement à sa secte. À l'ouest du Dekkan, dans la région du Kathyavar que la légende assigne comme royaume à Krsna, on est resté fidèle au dieu pastoral. Par ailleurs, en pays marathe, dans le temps où le shrivaisnavisme s'épanouissait dans le Sud, le mouvement sant prospérait. Il s'agit de groupes de fidèles (bhakta ) vishnouites qui honoraient le dieu sous le nom de Vitthal ou Vithoba. Dans ce groupe s'imposent deux noms de réformateurs marquants : Jñandev (fin du XIIIe s.) et Namdev (fin du XIVe s.). Ce dernier a exercé une action importante ; repoussant le culte des images qui occupe tant de place dans l'Inde, il vénère la divinité sous une forme très abstraite, la nommant Hari, appellation très peu chargée de représentations mythologiques. Peut-être est-il permis de déceler ici une influence musulmane, les contacts avec l'Islam étant fréquents en ces régions. La même remarque s'impose au sujet de Tukaram (1608-1694) qui était, lui aussi, un mystique marathe, écrivant en langue vulgaire. Adversaire du monisme shankarien, il répudia par ailleurs toute autre image que celle de Visnu-Vithoba et de son épouse, où il semblait bien ne voir que des symboles et, en aucun cas, une incarnation divine.


Les mouvements syncrétistes

Vers le XVIe et le XVIIe siècle, la situation politique s'était stabilisée. Installés en Inde, les envahisseurs avaient pris des épouses dans le pays et les croyances hindoues avaient peu à peu imprégné la sensibilité de leurs descendants. D'autre part, l'aspect épuré de la pensée indienne avait inspiré du respect aux maîtres étrangers et parfois attiré leur sympathie. En retour, l'attrait du monothéisme jouera sur certains esprits hindous : ainsi se produit une sorte d'osmose, qui, déjà sensible chez Tukaram, apparaît nettement chez le grand poète mystique Kabîr. Le mouvement auquel appartient Kabîr (1440-1518), relève à la fois de l'hindouisme le plus authentique et d'une influence du soufisme, courant de la mystique islamique venu de Perse. Se réclamant des sant et, dit-on, de Ramananda, Kabîr passe pour avoir fréquenté dans sa jeunesse les milieux musulmans. Il attaque le culte des images et la doctrine des avatara ; le Ram, qu'il cite sans cesse, n'a rien à voir avec le héros épique et semble être seulement un nom sous lequel il invoque Dieu. Contempteur de la caste, il eut des disciples de toutes les origines ; beaucoup de chants qu'il a composés en langue vernaculaire ont été incorporés à l'Adi Granth , Livre saint de la secte des sikhs fondée par Nanak au XVIe siècle (cf. KABIR). Ce foisonnement de sectes ou, si l'on préfère, de réformateurs, s'est poursuivi jusqu'à l'époque actuelle. Le siècle dernier a vu naître le Brahmo Samaj qui, à la manière habituelle, incorpore au fonds traditionnel indien des notions empruntées, cette fois, au christianisme. Il connut à son tour des dissidents ; le plus célèbre d'entre eux, Kashab Candra Sen, tenta d'établir, à partir de l'Inde, une religion universelle mettant l'accent sur l'ascèse et sur la bhakti .

Mais c'est seulement dans la seconde moitié du XIXe siècle que l'esprit missionnaire, si éloigné de la pensée brahmanique, se manifesta. Ramakrishna (1834-1886), brahmane de la région de Calcutta, d'abord dévot de Kali, l'aspect terrible de la Déesse, parvint par le moyen de la bhakti vishnouite à se saisir dans son identité au Brahman. Tentant la même expérience dans le cadre des religions chrétienne et musulmane, il insista sur l'aspect syncrétique des religions et l'universalité de la voie de la bhakti . Son inflluence a été grande sur l'hindouisme contemporain. Son disciple, sous le nom religieux de Vivekananda (1862-1902), donna une forme philosophique au système et fonda la Ramakrishna Mission qui poursuit un double but : elle finance et patronne des Ïuvres sociales nombreuses, elle oriente la religion vers une prédication universelle de l'hindouisme dans le sens de la réforme de Vivekananda. Plus récemment, un mystique semblable à ceux que la tradition décrit, Ramana Maharsi a connu une célébrité qui a dépassé les frontières de l'Inde ; parvenu à l'intuition du Brahman par sa seule méditation, il ne lut qu'ensuite les textes philosophiques exposant ce qu'il avait atteint de lui-même. Son contemporain, le Bengali Aurobindo Ghosh (1872-1950), s'était fixé à Pondichéry, où il fonda un asrama . Selon un cheminement de pensée beaucoup plus traditionnel, il reprend les grandes questions habituelles, leur apportant parfois une réponse originale. Pour lui, le Brahman n'est ni l'Un, ni le Multiple ; il est l'Un dans et au-delà du Multiple. Il semble que l'influence d'Aurobindo apparaisse plus grande vue de l'Occident que de l'Inde elle-même.


Textes.

a) La Çruti ou Audition (directe) : comprenant : les 4 Veda révélés aux rishi (sages des 1ers âges) : a) le Rigveda, Veda des stances, composé sous sa forme actuelle entre 1500 et 1000 av. J.-C. (1 023 hymnes) ;

b) le Yajurveda, Veda des formules accompagnant les rites préliminaires du sacrifice védique ;

c) le Sâmaveda, Veda des mélodies liturgiques ;

d) l'Atharvaveda, de composition hétéroclite (hymnes philosophiques, recettes magiques, incantations). Les Brâhmana (XIe au VIIIe s. av. J.-C.) :commentaires sur les rites et les formules des Veda. Les Aranyaka : " textes de la forêt " de nature ésotérique. Les Upanishad ou Corrélations (appellation qui rappelle leur composition) établissent des correspondances entre macrocosme, microcosme et rituel. Ces textes comportent des spéculations philosophiques centrées sur les notions du Soi (âtman) et de l'Énergie universelle (brahman).    

Aranyaka Atharvaveda Atma Brâhmana  Ren  Rishi Sâmaveda Upanishad Ved Yajurveda


   La Smriti ou Tradition transmise :

comprend des textes annexes au rituel, des textes épiques, des recueils de Loi (dharma). Les Kalpasûtra (sortes de fils conducteurs) : aphorismes concernant l'exécution des rites. Les Textes épiques : exposant légendes, mythes et récits cosmogoniques, représentés par : a) les 2 grandes épopées, composées entre le IIIe s. av. J.-C. et le IIIe s. apr. J.-C. : le Mahâbhârata [racontant la rivalité entre 2 clans, apparentés, descendant de Bhârata (la Bhagavadgîtâ : Chant du Seigneur, célèbre poème philosophico-religieux, en fait partie)] ; le Râmâyana (relatant les aventures de Râma, 7e avatâra de Vishnu) ; b) Les Purâna : Antiquités, composés du IVe au XIe s. Les Textes de Dharma : recueils juridiques : Manusmriti, les " Lois de Manu ", le plus connu.    

Avatâra Bhagavadgîtâ  Dharma  Kalpasûtra Mahâbhârata Manu, hindouisme Manusmriti Purâna  Râma   Râmâyana  Smriti Vishnu 


Doctrines :

le Brahman neutre est l'Être suprême en tant qu'Énergie universelle, à distinguer de Brahmâ (divinité personnifiée) et du brâhmane (représentant de la classe sacerdotale gardienne des textes sacrés). Il est considéré comme identique au Soi (âtman), dont tout être semble offrir un aspect particulier. Le monde sensible et l'Ego sont donnés, avec des nuances qui varient selon les interprètes, comme les résultats de l'Illusion cosmique (mâyâ), jeu de l'Être suprême. 3 autres notions tiennent une place primordiale : le cycle des renaissances (samsâra), conditionné par les actes (karman) ; le dharma régit l'univers entier dont toutes les manifestations, animées ou inanimées, ont leur loi propre (dharma). La durée de l'univers correspond à un jour de Brahmâ (le démiurge), et sa dissolution, nuit de Brahmâ, est d'une durée égale. Au début de chaque période de création (kalpa), le monde se réorganise suivant des règles immuables ; à la fin du kalpa, il se dissout dans l'ordre inverse.    Karman, hindouisme Samsâra, hindouisme 


    Disciplines philosophiques :

nombreuses doctrines [" points de vue " (sur la Réalité)], dont 6 principales classiques :

1o) la Pûrvamîmâmsâ : exégèse première, celle des injonctions védiques.

2o) L'Uttaramîmâmsâ : plus souvent dite Vedânta, littéralement " achèvement du Veda ", dans la ligne des Upanishad.

3o) Le Sâmkhya : dénombrement des constituants cosmiques et psychiques de tout ce qui existe.

4o) Le Yoga : discipline tendant à joindre et à équilibrer les constituants psychiques et, plus tardivement, à assurer leur jonction avec un principe supérieur. 5o) Le Nyâya : la logique. 6o) Le Vaiçeshika : étude spécifique des divers aspects du manifesté. Ces différents enseignements concourent à l'obtention de la connaissance de l'Unique Réalité, substrat de toute manifestation particulière. Nyâya Sâmkhya Vaiçeshika Vedânta  Yoga  

    De telles notions relèvent de la culture générale ; au contraire, les spéculations religieuses forment la trame des Textes (tantra) ou Traditions (âgama), manuels techniques de l'hindouisme traitant théoriquement 4 sujets principaux : 1o) doctrine ; 2o) conditions extérieures du culte, y compris construction des temples et fabrication des images ; 3o) comportement religieux ; 4o) yoga, discipline spirituelle conditionnée par une discipline gestuelle par le contrôle du souffle (le hatha-yoga : yoga de l'effort, ne se présente souvent que sous son aspect d'une culture physique particulière).  

 Agama  Hatha-yoga   Tantra  

    Aux spéculations proprement philosophiques, il faut ajouter celles sur la langue, la grammaire (vyâkarana) et la poétique (alamkara). La doctrine communément admise de la transmigration (samsâra), dite parfois réincarnation, explique, par les traces des actes passés (karman), la nécessité pour l'individualité psychique de transmigrer après la mort d'un corps dans un autre corps où elle actualise les tendances accumulées dans les vies précédentes.     Alamkara 


    Divinités. Triade hindoue

correspond aux 3 aspects de l'univers : création, maintien, dissolution.

Brahmâ : l'ordonnateur, fait passer l'inarticulé (ánrita) à l'état articulé (rita). La dévotion populaire ne s'adresse pas à lui, mais aux deux suivants.

Vishnu : assure la conservation de l'univers quand celui-ci se manifeste ; quand celui-ci se dissout, Vishnu, endormi sur le serpent d'infinitude, Çesha, conserve en sa pensée le schéma prêt à reparaître lors d'une nouvelle création. Pour protéger l'ordre cosmique et moral (dharma) lorsqu'il est en péril, Vishnu descend sur terre sous une forme appropriée à ses desseins. Les plus célèbres de ses descentes (avatâra) sont celle de Râma et celle de Krishna.

Çiva (ou Rudra ) : apparaît sous 2 aspects : 1o) destructeur de l'univers à la fin d'un kalpa, on l'identifie à la mort et au temps (kâla) ; 2o) on peut le rendre favorable par des actes propitiatoires, d'où son appellation-épithète de Çiva (" bienveillant ").      Krishna  Kâla Rudra Triade, hindoue Çiva 

    Vishnu ou Çiva sont souvent tenus comme la divinité suprême ; les autres n'en sont que des formes secondaires. Lorsque Çiva est considéré comme l'Absolu personnifié (au-dessus de cette trimûrti ), il est créateur aussi bien que destructeur [par l'intermédiaire de son énergie, personnifiée sous une forme féminine, la çakti, que l'on assimile à Mahâdevi, la Grande Déesse (parèdre 1 de Çiva, appelée aussi Pârvatî, " la Montagnarde ", Umâ, " la Bienveillante ", Kâli, " la Destructrice ", ou Durgâ, " l'Inaccessible ", selon que l'on considère l'un ou l'autre de ses aspects)].  

 Durgâ Kâlî Pârvatî Trimûrti Umâ Çakti 

    Autres dieux : divinités de l'époque brahmanique ancienne : Indra, dieu de l'orage ; Varuna, dieu des eaux, primitivement gardien de l'Ordre cosmique et moral ; Agni, le feu (sacrificiel et domestique) ; Kâma, dieu de l'amour ; Sarasvatî, parèdre 1 de Brahmâ, présidant aux sciences et aux arts ; Ganesha, dieu à tête d'éléphant, fils de Çiva et de Pârvatî, protecteur des entreprises particulièrement intellectuelles ; Hanuman, dieu-singe, allié de Vishnu sous son avatâra de Râma ; Lakshmî, parèdre 1 de Vishnu ; Râdhâ, l'amante de Krishna ; Sîtâ, modèle des épouses, femme de Râma ; Sûrya, le Soleil ; Yama, 1er des hommes, donc 1er des morts (par suite, dieu des morts). Il existe d'autres divinités, forces naturelles ou abstractions personnifiées, tel Dharma, l'Ordre, la Loi universelle.    

Agni Ganesha Hanuman Indra  Kam  Kâma, dieu Lakshmî Râdhâ Sarasvatî, déesse Sîtâ Sûrya Varuna Yama 

    Nota. - (1) Divinité inférieure, dont le culte est associé à celui d'une

divinité plus puissante.


        Culte

Fêtes principales : mobiles (dépendent des lunaisons). 1o) Durgâpûjâ : fête de Durgâ, manifestation de la grande déesse Mahâdevi (oct.-nov.). 2o) Çivarâtrî : grande fête de Çiva (févr.). 3o) Dîpavâlî : fête des Lumières (nov.-déc.). 4o) Holî : carnaval indien (févr.-mars). 5o) Dassaïn : festival d'oct., repris en mars. 6o) Indrayatra : fête d'Indra, chef des dieux de l'ancien panthéon (sept.).     Dassaïn Dipavâlî Durgâpûjâ Holî Indrayatra Çivarâtrî 

    Lieux saints :

Bénarès, Hardvâr, Ujjain, Mathurâ, Ayudhya, Dvârkâ, Kanchipuram et Allahabad (fête tous les 12 ans). Rassemblements exceptionnels pour célébrer certaines positions planétaires ; ainsi, à Kumb Mela, le 10-1-1977 [12 700 000 participants (dont 200 000 seulement ont pu se baigner dans le Gange)]. Allâhâbâd  Ayudhyà Dvârkâ Hardvâr  Kanchipuram  Kumb Mela  Le Lun Yu   Mathura   Ujjain  

   Pûjâ : offrande quotidienne individuelle ou collective de fruits, fleurs, lumières. Quelques autres formes d'hommage (hymnes, processions, etc.) remplacent de plus en plus les rites " plus compliqués " de l'Antiquité.      

   Samskâra : rites rythmant la vie depuis avant la naissance jusqu'aux funérailles ; la plupart se placent pendant l'enfance et la jeunesse. Les rites d'initiation religieuse sont parmi les plus importants (pour la femme, les rites du mariage en tiennent lieu).    


Sectes.

Aucune n'est exclusive : à côté d'une certaine divinité (Dieu suprême), on honore les autres en tant que formes partielles de celle-ci.      

     Vishnouites : dans le Sud. Sectes les plus réputées : râmânujîya [disciples de Râmânuja ( en 1137) ; capitale religieuse, Çrîrangam] ; mâdhva [disciples de Madhva (1199-1276)] ; disciples de Nimbarka, originaire du Sud [capitale religieuse Mathurâ dans le Nord (fidèles de l'avatâra Krishna et de sa favorite Râdhâ)].     Mâdhva Nimbarka 

      Çivaïtes : voués à Çiva, plusieurs sectes, dont les viraçaiva ou lingâyat qui portent sur eux en permanence un linga, symbole phallique de Çiva qui représente l'énergie créatrice et l'infinitude.      Linga  

    Çâkta : adorateurs de la çakti, énergie personnifiée du dieu ; la plupart suivent la tradition çivaïte.    

      Mahikari (Sûkyô Mahikari). Fondée en 1959 au Japon par Okada Tokoma (1901-74). Fondements : mise en pratique dans la vie quotidienne des principes divins qui dirigent les mécanismes de l'univers et la transmission de la lumière de Dieu (énergie cosmique), art spirituel qui a pour but la purification de l'âme. Adeptes en 1995 : monde 500 000, France 15 000 à 20 000.
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Message  Arlitto Mar 19 Avr 2016 - 10:36

L'Hindouisme

Hindouisme Kutumbam

Lettre de Swami Advayananda

L'hindouisme ou Sanâtana Dharma est la recherche de l'Absolu appelé Dieu en religion. L'Etre suprême est l'Omniprésent manifesté et non-manifesté, matériel et subtil, ect.

Les sages hindous, pour faire passer leurs enseignements, nous ont proposé des histoires mythologiques remplis d'enseignements, avec entre autres, des noms des différentes fonctions de Dieu. L'évolution de l'hindouisme a fait que ces noms innombrables correspondent à des formes que l'on appelle les dieux. Le mot "Dieu" ou "dieu" se dit en sanskrit "déva" qui veut dire "ce qui se manifeste" ou "qui resplendit". Donc Dieu se manifeste comme d'innombrables dieux pour nous inspirer et nous faire évoluer spirituellement. L'essence des dieux est Dieu ! et l'essence de Dieu n'est que Lui même !

Nous pouvons adorer Dieu sous n'importe quelle forme et n'importe où. Mais pour des raisons pratiques, les temples sont les meilleurs endroits où on peut L'adorer car ce sont des endroits qui lui sont entièrement consacrés, alors que nos maisons, nos jardins, ect. ne le sont pas entièrement.

On peut faire du sport n'importe où mais les stades et les salles de gym sont les lieux les plus adaptés pour le faire !!
Les bâtisseurs de temples ont prescrit des règles pour le fonctionnement de ces lieux sacrés. Ces règles varient selon les lieux et les époques. A Bali, on entre dans un temple hindou avec ses chaussures, mais pas en Inde ! En Inde, bien souvent, on enlève les chaussures pour entrer dans ... une église, mais pas en Europe ! Auparavant, les temples étaient réservés à ceux qui se considéraient comme purs (les castes dites supérieures) mais ce n'est plus vraiment le cas maintenant ! Heureusement !

Quand on entre dans un temple hindou, il faut en général faire le tour dans les sens des aiguilles de la montre et en récitant les mantras. Les mantras sont des formules ou prières plus ou moins courtes pour calmer le mental - car le but du temple est d'être en communion avec Dieu, quelque soit le nom ou la forme ! Un mental agité ne peut pas être en communion.

Donc après avoir fait le tour, (quand c'est possible !), on se dirige vers Shri Vighneshwara, plus connu sous le nom de Ganesha. Vighneshwara est le Seigneur des Obstacles, c'est à dire Dieu qui est le maître des obstacles. Nous Lui demandons d'enlever les obstacles qui pourraient se trouver sur notre chemin (matériel, émotionnel et surtout spirituel). Ganesha est représenté avec un tête d'éléphant car ...... c'est le tractopelle ou le caterpillar de l'époque qui pouvait se frayer un chemin dans la jungle sans problème ! Il y a d'autres symboles dans ce visage mais nous n'aurons pas l'occasion de les étudier aujourd'hui !

Après avoir demandé la grâce de Vishneshwara, on va devant les autres autels dédiés aux autres formes de Dieu (dieux, déesses ou symboles), en suivant le sens des aiguilles d'une montre.... Remarquez que les musulmans font le tour de la Kaaba en sens inverse. Ce sont les deux sens possibles de rotation dans l'univers, symbolisés par les deux sens de la Swastikâ - acceptée maintenant officiellement par les grands rabbins d'Israël après leur dialogue avec les Hindous !

L'hindouisme est une religion ...démocratique car on peut choisir la forme de Dieu que l'on veut - et même sa "sans-forme" ! Comme il est plus pratique de se relier avec une forme, on peut faire des offrandes dans le temples. Ces offrandes sont de trois sortes : matérielles, verbales et mentales. Les offrandes matérielles sont souvent sous la forme de fleurs et de fruits, les verbales sont les prières et les mentales sont les méditations.

Les fleurs parfumées symbolisent nos pensées épanouies; les fruits représentent le résultat de nos actions. Comme le rappelle la Bhagavad-Gîtâ, nous avons le choix des actions mais pas celui des résultats ! Seul Dieu est le maître dans ce domaine !

Comme vous avez de la chance d'avoir un jardin, vos fleurs sont encore plus appréciées !

Personne n'est né chrétien, on le devient ! Mais tout homme est hindou, par essence, car l'hindouisme est la recherche du bonheur (ânanda) ! Même le bébé qui pleure, recherche le bonheur ! Le foetus ne pleure pas - à ma connaissance ! Il n'y a pas de dieux tristes ou souffrants dans nos temples, ils symbolisent tous la plénitude ! Nous n'avons pas la culture du martyr mais de la réalisation de notre personnalité pleine et entière !

Les cérémonies dans les temples sont faites par des prêtres qui sont des initiés. Un véritable prêtre est un vrai sage ! Les prêtres font les cérémonies au nom des fidèles qui sont moins initiés - ou pas du tout ! Là aussi, l'hindouisme est en avance sur beaucoup de religions car son but n'est pas de garder les fidèles au temple mais de les en libérer une fois qu'ils sont épanouis spirituellement !!! Le temple est un lieu de karma (actions). Les meilleures actions sont faites avec un esprit de sacrifice, de don de soi. Offrir des fleurs ou des fruits veut dire qu'en réalité nous prenons conscience que tout appartient à Dieu. Il y a un mantra dans le yâga (rite où les offrandes sont faites dans le feu) où le prêtre dit " Idam agnayé, idam na mama ! Ceci est pour Dieu manifesté comme feu, ceci n'est pas à moi!" Le karma nous attache par ses résultats, seule la Connaissance libère !

La meilleure prière est celle du coeur ! Mais il y a aussi des prières proposées par la religion (en général en langues indiennes - sanskrit, hindi, tamoul, ect.) On peut les apprendre pour mieux maîtriser la religion. Souvent ces prières sont aussi des cours subtils d'hindouisme !

La culture indienne - donc hindoue - a donné beaucoup de place à l'astrologie. Il y a des heures qui ont été décidé comme étant plus propices pour certains karmas, surtout dans les temples. C'est de la gestion liturgique ! Il est recommandé de méditer et de prier principalement tôt le matin car l'environnement (extérieur et intérieu) est encore rempli de calme, et le soir avant de dormir ou en soirée dans un endroit paisible. Mais ces règles ne sont pas obligatoires. On peut prier tout le temps et partout.

Que demander à Dieu ? Pourquoi ne pas inverser la question : qu'est-ce que Dieu nous demande ? Il nous demande tout simplement d'être ses vrais enfants, simples et heureux ! Mais ce n'est pas si facile que cela car nous sommes des hommes et femmes remplis d'ego et aveugles de Sa présence ! A l'Ile de la Réunion, en ce moment, il y a le phénomène des signes. Beaucoup de catholiques voient des portraits du Christ sur les tentures dans les églises... et les gens viennent en foule pour apercevoir ces "apparitions". Le sage voit Dieu partout et en tout ! Pas besoin d'illusions supplémentaires pour comprendre l'Omniprésent ! Notre univers et notre vie sont les meilleurs signes de Sa présence !

Comment devenir hindou ? Nous le sommes tous ! L'hindouisme n'est pas l'enseignement unique d'un prophète ou d'un sage - contrairement au christianisme, au bouddhisme ou à l'islam, entre autres - mais la recherche spirituelle de la Réalité. La vie nous a fait naître dans un pays ou une famille pratiquant telle ou telle religion, mais le même flot de vie peut nous faire prendre d'autres chemins ultérieurement ! Ce que l'on appelle l'hindouisme est un océan d'enseignements millénaires, aussi variés que, parfois, contradictoires !

Ce qu'il ne faut pas oublier c'est de monter de classe ! sortir de l'école primaire de la religion pour aller au secondaire et ensuite suivre l'enseignement supérieur.... pour enfin se lancer dans la vie spirituelle active ! C'est aussi simple que cela !

Comment vous renseigner ? Je crois que vous avez déjà commencer à le faire ! Surtout, suivez un enseignement qui vous aide à évoluer et rester très vigilant ! Les gurus sont celles et ceux qui vous aideront. L'hindouisme les classe aussi ! Les upagurus (le u se prononce ou) vous aident à faire les premiers pas, et les paramagurus vous libèrent en vous donnant la connaissance spirituelle ! Si vous voyez qu'ils recherchent votre porte-feuille ou votre compte en banque ou la célébrité, fuyez-les sans hésitation ! Le paramaguru est celui/celle qui a réalisé Dieu comme étant sa vraie personnalité, donc pas besoin de richesse ou de célébrité - sauf s'il la redistribue intégralement vers les plus pauvres !

Swami Advayananda





L'Hindouisme

L'Hindouisme, génie intellectuel et spirituel de l'Inde, est une terminologie que des voyageurs arabes, il y a plusieurs siècles, ont cru bon de prêter à la religion des peuples de l'Hindoustan. On les a nommés Hindous en raison du fait qu'ils peuplaient la région de l'Indus.

L'Hindouisme actuel est une fusion entre les cultes pratiqués par les populations autochtones et celui importé par les Aryens qui envahirent le Nord de l'Inde, puis le Sud, 2000 ans avant l'ère chrétienne.

Le nom sanscrit de cet ensemble composite de traditions cultuelles populaires, systèmes rituels védiques, purâniques et âgamiques et témoignages scripturaires est en réalité le Sanâtana-dharma, appelé aussi Ritam.

Sanâtana-dharma signifie "loi éternelle" ou "ordre cosmique éternel", et ses potentialités s'incarnent dans l'ordre social de la société humaine au travers de l'institution sacrée des 4 castes appelées Catur-varna (littéralement 4 couleurs).

L'inspiration védique de ce concept prend sa source dans le célèbre hymne cosmogonique du rig-veda appelé "purusha-sûkta".

L’ « hymne de l'homme » universel dépeint le démembrement d’un géant cosmique, un être immense.

Sa tête devient les « Brahmana » (officiants du culte et sage lettrés), son torse les « Kshatriya » (princes et guerriers), son bassin et ses cuisses les « vaishya » (exploitants agricoles et commerçants) et ses pieds les « shudra » (artisans, artistes et bardes, serviteurs des trois autres castes).

Ces castes représentent en réalité les tendances d’un ordre quadruple présentes dans toutes les sociétés humaines.

Au fil des âges, en Inde, ces tendances se sont sédimentées dans des castes devenues héréditaires.

D’autre part, l’emploi révélateur du terme « purusha », qui signifie personne humaine, induit en nous la notion que pour les hindous, le transcendant est immanent en l’homme.

Pierre-Sylvain Filliozat, dans sa préface de l’ouvrage « La religion de Shiva », oeuvre prodigieuse d’érudition composée par Shrî Râmacandra Bhatt, a su justement le souligner.

Le véhicule scripturaire originel du Sanatâna-dharma, le Véda, renvoie au concept de "Shruti".

" Shruti" a pour sens "ce qui a été entendu" par les sages ("rishi"), les vérités éternelles qu'ils ont entendues ou vues.

La tradition védique est dite "apaurusheya", d'origine impersonnelle.

On qualifie l'hindouisme de religion védique éternelle, car elle est supposée être une émanation directe des vérités ou principes philosophiques et spirituels de ritam.

C'est le fait qu'elle soit sans fondateur historiquement connu qui atteste, selon les Hindous, de ses origines divines et son caractère éternel.

La shruti, ce qui a été entendu par les sages, sous son acception védique, s'articule autour du "prasthâna-traya", la "triple autorité", composée:

-Des Védas.
-Des Brahma-sutra
-De la Bhâgavad-Gîtâ.
Objets d’une considération particulière, nous aborderons aussi la shruti théiste des
 gama théistes.
 

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Message  Arlitto Mar 19 Avr 2016 - 11:19

Les fêtes religieuses hindoues (utsavas)

par Swami Yogananda Sarasvati


Le Sanâtana-dharma est probablement la religion qui compte le plus grand nombre de fêtes religieuses tant est grand le nombre des manifestations divines en Inde. Ce nombre incalculable de divinités a conduit certaines personnes à qualifier l'hindouisme de polythéisme, alors qu'il s'agit d'une myriade de formes d'un seul et même Ishwara dont la vraie nature transcende toutes les formes.

Parmi ces fêtes religieuses, les plus importantes sont Holi en mars, Râma Navamî en mars/avril, Sri Shankara Jayanti en avril-mai, Guru Pûrnimâ ou Vyâsa Pûrnimâ en juillet, Skanda Shashthî en juillet et/ou décembre, Krishna Janmâshtamî en août, Ganesh Chaturthî en septembre, Navarâtri et Vijaya Dashamî en octobre, Dîpâvalî en novembre, Makara Sankrânti le 14 janvier, Sarasvatî Pûjâ en janvier et Mahâ Shivarâtri en mars.

La plupart de ces fêtes s'accompagnent de vœux ou d'observances comme l'austérité (tapas), les sacrifices (yajña), les offrandes (dâna), le jeûne (upavâsa), le silence (mauna), la prière (japa), etc., autant de pratiques destinées à la purification mentale et à l'élévation spirituelle comme le mot "utsava" l'indique. Dans le sens populaire, "utsava" signifie "fête" ou "réjouissance", mais aucune joie véritable et durable n'est possible sans discipline ni sacrifice ni générosité.

De nos jours, l'idée même de fête est très souvent associée au débridement des sens, à l'ébriété et à toutes sortes d'excès, alors que les fêtes religieuses contribuent au bien-être individuel et collectif, à la santé, à l'élévation spirituelle et à la joie pure. Une fête religieuse est aussi l'occasion d'écouter et d'approfondir les grands récits épiques comme le Râmâyana, le Mahâbhârata ou les Purânas. Cela peut être également l'occasion de recevoir les enseignements très inspirants de la bouche de grands sages et de bénéficier ainsi de leurs bénédictions.

Râma Navamî en mars/avril marque l'anniversaire de la naissance de Sri Râma, le dharma personnifié, le héros du Râmâyana, le protégé de Vishwâmitra et d'Agastya, le Seigneur d'Hanuman, l'époux de Sîtâ, le destructeur du démon Râvana et le roi idéal. En avril/mai Sri Shankara Jayanti célèbre l'avènement du grand sage Adi Shankaracharya (788-820) qui a rétabli la religion védique dans sa pureté première particulièrement au moyen de ses grands commentaires sur le triple fondement védantique représenté par les Upanishads, les Brahmasûtras et la Bhagavad-Gîtâ.

Guru Pûrnimâ est le jour de pleine lune du mois de juillet consacré aux Gurus en général et à Veda Vyâsa en particulier, d'où le nom de Vyâsa Pûrnimâ donné à cette célébration dans le sud de l'Inde. Comme son nom l'indique, Veda Vyâsa est le classificateur des Vedas, celui qui les a répartis en 1180 branches. Par ailleurs, Vyâsa est l'auteur du Mahâbhârata, des dix-huit Purânas et des Brahmasûtras. Il est considéré comme une incarnation partielle de Vishnu et l'un des sept dîrghajîvis, c'est-à-dire un être d'une très grande longévité pouvant se manifester même de nos jours. Ses quatre disciples furent Paila, Vaishampâyana, Jaimini et Sumantu. Pendant les deux mois de mousson qui suivent la pleine lune de juillet les sannyâsis (renonçants) ne pérégrinent pas, mais s'établissent dans un lieu fixe pour étudier et enseigner le Vedânta.

Skanda Shashthî est la fête dédiée au fils du Seigneur Shiva, le chef de l'armée des dieux, lui-même armé d'une lance et monté sur un paon. Skanda a six têtes représentant les pléiades et il est le dieu des brahmacharis. Il est diversement appelé Kârtikeya (le fils des pléiades), Subrahmanya (très favorable aux brahmanes), Kumâra (le célibataire) ou encore Guha (le secret) Muruga en tamoul. Avec Ganesh, Shiva, Shakti, Vishnu et Sûrya, il est l'une des six principales manifestations d'Ishwara.

Janmâshtamî célébré au mois d'août marque la naissance de Sri Krishna, la huitième incarnation de Vishnu, le protecteur des vaches et des saints hommes, le destructeur des forces du mal, le cocher d'Arjuna, l'instructeur de la Gîtâ, le restaurateur du dharma, l'Etre suprême, l'objet de connaissance des Vedas, le divin joueur de flûte, le bien-aimé des bergères, le pont sur l'océan du samsâra, le dispensateur de la libération.

Ganesha Chaturthî observé en septembre est la grande fête du dieu à tête d'éléphant, l'éliminateur des obstacles, le dispensateur de la réussite, le premier dieu à honorer, le mangeur des vingt-et-un gâteaux représentant les cinq organes sensitifs, les cinq organes moteurs, les cinq fonctions vitales, les cinq éléments et le mental. Sa trompe courbée symbolise le monosyllabe « OM ». Sa tête d'éléphant et le rat qui lui sert de monture ou de véhicule indiquent qu'il est présent dans l'infiniment grand et dans l'infiniment petit. Après sa vénération, la représentation de Ganesh en argile est immergée dans l'eau, démontrant ainsi que les noms et les formes retournent ultimement à l'Absolu sans forme et sans aucune dualité.

En octobre vient la grande célébration de la Navarâtri, les neuf soirs dédiés à la Mère divine. Les trois premiers soirs sont consacrés à Durgâ pour l'élimination des mauvaises tendances, les trois soirs suivants à Lakshmî pour le développement de toutes les vertus et les trois derniers soirs à Sarasvatî pour l'atteinte de la connaissance. Le Devî Mâhâtmyam du Mârkandeya Purâna est récité chaque soir de la célébration, ainsi que la litanie des mille noms de Lalitâ. Le dixième jour appelé Vijaya Dashamî est la victoire de la connaissance sur l'ignorance. Le chapitre du couronnement de Sri Râma dans le Râmâyana est alors récité.

En novembre vient Dîpâvalî, la grande fête des lumières associée à Lakshmî déesse de la splendeur et de la richesse tant matérielle que spirituelle. Toutes les rangées de lampes allumées partout le soir sont là pour rappeler à chacun sa propre nature, la Lumière de la Pure Conscience du Soi intérieur qui brille par elle-même et qui fait tout briller, dont tout chose dépend, mais qui ne dépend elle-même d'aucune chose et qui est donc sa propre preuve. C'est la suprême Lumière des lumières.

Makara Sankrânti observé le 14 janvier marque l'entrée du soleil dans le capricorne et par conséquent la remontée du soleil vers le nord (uttarâyana). Les six mois qui suivent cette date sont considérés comme la période la plus favorable pour quitter le corps physique et atteindre la libération par étapes successives (krama-mukti) jusqu'au Brahmaloka, à condition toutefois de rester concentré sur le Saguna Brahman (l'Absolu avec attribut) au moment de la mort. Sur le plan de l'agriculture, on vénère Sûrya le Dieu-Soleil le jour de Makara Sankrânti pour le remercier des abondantes récoltes. C'est un jour de partage entre les possesseurs de terres et les laboureurs. En tant que manifestation d'Ishwara, le Dieu-Soleil apporte la santé et l'évolution spirituelle à ses adorateurs.

Enfin la Mahâ Shivarâtri est en mars la grande nuit consacrée au Seigneur Shiva. La coutume est de jeûner et de veiller toute la nuit en accomplissant une pûjâ toutes les trois heures de 18 h à 6 h du matin, soit quatre pûjâs. Lors de la première pûjâ du lait est versé sur le Shiva Linga, ensuite à 21 h du lait caillé, puis à minuit du beurre clarifié et enfin à 3 h du miel. Chaque ablution (abhisheka) est suivie d'une offrande de feuilles de bilva. Alors que toutes sortes de parures (alankâras) sont offertes à Vishnu et ses incarnations, l'ablution (abhisheka) et les feuilles de bilva sont ce qui est le plus cher au Seigneur Shiva. Ces rites sont accompagnés de récitations védiques dont la plus importante est le Sri Rudram du Yajur Veda. C'est au cœur de cet hymne que se trouve le mantra du Seigneur Shiva. En effet, parmi les trois Vedas le Yajur Veda tient la partie centrale. Dans le Yajur Veda il y a sept sections au centre desquelles, dans la quatrième section, se trouve le Sri Rudram, et c'est au cœur de cet hymne que se trouve le grand mantra de Shiva. Dans l'écrin des cinq syllabes qui le composent les deux syllabes du nom "Shiva" rayonnent comme l'expression de la Pureté absolue. La vigilance requise pour célébrer la Mahâ Shivarâtri élimine le sommeil de l'ignorance. C'est la raison pour laquelle le Seigneur Shiva est appelé le Dispensateur de la connaissance, particulièrement sous sa forme de Dakshinâmûrti.

Le but de toutes ces fêtes religieuses est donc de purifier le mental, de développer la foi et la dévotion envers Ishwara, de suivre les shâstras et d'atteindre ainsi le bien-être et la plus haute réjouissance spirituelle.
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