Que dit l'islam orthodoxe à propos de la musique?
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Que dit l'islam orthodoxe à propos de la musique?
Que dit l'islam orthodoxe à propos de la musique?
Pendant mes recherches j'avais été abasourdi de rencontrer des musulmans qui avaient totalement arrêté d'écouter la musique, car ils estimaient que leur religion la leur interdisait. D'autres l'écoutaient encore, mais ils disaient qu'ils allaient de moins en moins le faire, pour arrêter progressivement. Avant cela je n'aurais jamais pensé que la musique puisse être interdite dans une religion. Un tel précepte demande un immense sacrifice de la part du croyant. Ce dernier doit vivre dans une austérité inhumaine. Et tout ceci... pour rien!
Sur ce sujet, on ne peut pas dire qu'il existe réellement un consensus, même dans l'islam orthodoxe. Il m'a toutefois semblé utile de mentionner ce point, car même si les théologiens divergent, les conséquences sont bien là: bien des gens se privent de musique ou le projettent, croient pécher à chaque fois qu'ils en écoutent, et parfois cela touche même le domaine judiciaire (Afghanistan sous les Talibans). Et surtout, cela montre une fois de plus l'absurdité de la croyance dans les sources musulmanes qui amène systématiquement à débattre du sexe des anges avant d'effectuer n'importe quelle action basique de la vie quotidienne; dans le cas précis, au lieu d'apprécier tout simplement quelque chose d'agréable, cela amène à se casser la tête pour savoir, à l'aide de multiples sources douteuses et débiles, si cela est autorisé ou pas.
Voici tout d'abord une compilation de Hadiths sur le sujet:
Abou Mâlik Al Ach'ari (radhia allâhou anha) rapporte que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) a dit: "Il y aura parmi ma "oummah" (communauté) des gens qui considéreront le vin, le porc, la soie (pour les hommes) et les instruments de musique ("ma'âzif") comme étant licites." (Boukhâri)
Abou Houraïra (radhia allâhou anhou) rapporte que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) a dit: "Ecouter (individuellement) les instruments de musique est un péché. Se rassembler pour le faire est un péché plus grave ("Fisq"). Y prendre du plaisir est du "Koufr" (Les savants ont traduit ici le terme "Koufr" par manque de reconnaissance envers les bienfaits de Dieu)." (Abou Ishâq)
Nâfi' r.a. raconte que Abdoullah Ibné Oumar (radhia allâhou anhou) entendit (lors d'un voyage) la flûte d'un berger. Il plaça alors ses doigts dans ses oreilles et écarta sa monture de la route en disant: "Nâfi' ! Nâfi' ! Entends-tu encore (le son de la flûte)?" Je répondis: "Oui." Il continua à avancer jusqu'à ce que je lui répondis: "Non." Il leva alors ses mains et ramena sa monture vers la route et dit: "J'étais en présence du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) lorsqu'il entendit la flûte d'un berger. Il fit alors exactement la même chose (que je viens de faire)." (Ahmad, Abou Dâoûd, Ibné Mâja).
Abdoullah Ibné Oumar (radhia allâhou anhou) rapporte que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) a dit: "En vérité, Allah a interdit le vin, les jeux de hasard, le tambour et le "Ghoubayrâ" (instrument à six cordes, luth ou autre instrument de musique.)" (Ahmad et Abou Dâoûd).
Abou Oumamah (radhia allâhou anhou) rapporte du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam): "Allah m'a envoyé comme miséricorde et guidée pour les mondes. Et Il m'a ordonné de faire disparaître les "mazâmîr", les "barâbit" et les "ma'âzif" (différents instruments de musique), ainsi que les idoles qui étaient adorées durant l'Ignorance ("Al Djâhiyliyah") ." (Ahmad)
Ibné Mas'oud (radhia allâhou anhou) rapporte: "La musique fait pousser l'hypocrisie ("Nifâq") dans le cœur." (Abou Dâoûd et Bayhaqui). Des propos semblables sont rapportés de Abou Houraïra (radhia allâhou anhou).
Anas (radhia allâhou anhou) rapporte du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam): "Celui qui s'assoit pour écouter une chanteuse aura du plomb fondu coulé dans les oreilles le Jour Final." (Abou Ishâq An naïsâboûri r.a.)
Ibné Mas'oud (radhia allâhou anhou) raconte que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) entendit un homme chanter la nuit. Il dit: "Pas de prière pour lui ! Pas de prière pour lui ! Pas de prière pour lui ! (C'est à dire que ses prières ne sont pas acceptées.) " (Abou Ishâq)
Ali (radhia allâhou anhou) cite ceci du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam): "J'ai été envoyé pour briser les instruments de musique." (Ibné Ghaylân)
Oumar (radhia allâhou anhou) rapporte du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam): "Le salaire du chanteur et de la chanteuse est illicite." (Tabrâni)
Certains hadiths, en revanche, nuancent un peu cette interdiction en rendant licite certains types de chant (embellir légèrement et de façon naturelle sa voix, sans s'efforcer de suivre les rythmes musicaux) et certains instruments musicaux comme le douff (jours de fête seulement) :
Aïcha (radhia allâhou anha) raconte que Abou Bakr (radhia allâhou anhou) est entré chez moi une fois, alors que deux fillettes parmi les "Ansârs" étaient présentes. Elles étaient en train de chanter les actes (de courage et de bravoure) des "Ansârs" lors de la bataille de "Bou'ath". Mais elles n'étaient pas dé véritables chanteuses. Abou Bakr (radhia allâhou anhou) dit alors: "Quoi ? Des instruments (de musique) de Satan dans la maison de l'Envoyé d'Allah ?" C'était le jour de Ide. Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) dit: "O Abou Bakr ! Chaque peuple a sa fête et c'est aujourd'hui la notre." (Boukhâri)
Bouraïdah (radhia allâhou anhou) dit: Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) partit une fois pour une campagne militaire. A son retour, une jeune fille noire vint le voir et dit: "O Envoyé d'Allah ! J'avais formulé le vœu que si Allah vous ramenait sain et sauf, je jouerai du "Douff" (il s'agit d'une sorte de tambourin, qui existait déjà à l'époque du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) et qui était employé aussi bien pour la musique que lors des proclamations et annonces publiques) en votre présence et je chanterai." Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) lui dit: "Si tu as réellement fait ce vœu, alors tu peux jouer… Au cas contraire, non." Elle commença alors à le faire. Abou Bakr (radhia allâhou anhou) entra et elle continua à jouer. Puis Ali (radhia allâhou anhou) entra et elle continua encore. Ce fut ensuite au tour de Ousmân (radhia allâhou anhou) d'arriver et elle ne s'arrêta pas. Enfin, Oumar (radhia allâhou anhou) entra: Elle cacha alors son "Douff" sous elle et s'assit dessus. Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) fit alors la réflexion suivante: "Satan a peur de toi, O Oumar ! J'étais assis et elle était en train de jouer du "douff". Abou Bakr (radhia allâhou anhou) est entré et elle a continué à jouer. Puis Ali (radhia allâhou anhou) est arrivé et elle a continué encore. Ce fut ensuite au tour de Ousmân (radhia allâhou anhou) d'arriver et elle ne s'est pas arrêtée. Enfin, lorsque tu es entré, O Oumar, elle a caché le "Douff" ! " (Ahmad et Tirmidhi)
Résumé de la position des 4 écoles de jurisprudence sunnites
Il y a certains types de musique et de chants au sujet desquels il y a unanimité entre les savants des quatre écoles de jurisprudence sur leur interdiction (Il est à noter que le mot employé par les juristes sur ce point pour désigner l'interdiction est bien "Harâm" et non pas "Makrouh"). Les voici:
Tout chant n'ayant pas d'autre cadre et objectif que la distraction et le divertissement, sans aucun but acceptable au niveau religieux ou mondain est interdit, qu'il soit accompagné de musique ou non.
L'emploi d'instruments crées uniquement dans un but musical et n'ayant pas d'autres fonctions est interdit, qu'il soit accompagné de chants ou non.
Tout chant ou musique conduisant à la négligence (à l'égard des devoirs religieux) ou au péché est interdit.
De faire carrière dans la musique et la chanson.
Il y a donc unanimité entre les savants musulmans sur l'interdiction de ces quatre formes de musique et de chants. Les Hadiths qui interdisent la musique s'applique donc à ces quatre éléments.
Il existe d'autres types de musique au sujet desquels il y a unanimité des savants sur leur caractère licite. Les voici:
Le chant de celui qui affine sa voix et l'embellit légèrement et de façon naturelle, sans s'efforcer de suivre les rythmes musicaux, et donc d'imiter les chanteurs, à condition que cela ne soit pas seulement par distraction et divertissement. Il faut que le chant soit motivé par une raison valable: comme le fait d'éloigner un sentiment de solitude, pour faciliter un long voyage, pour se donner du courage quand on fait un travail éprouvant, pour endormir un enfant, pour exciter sa monture, pour éloigner sa déprime, à condition également que les paroles prononcées ne contiennent rien d'interdit et à condition que l'on n'en fasse pas une habitude. Ce type de chants est tout à fait permis.
Il également permis d'accompagner ces chants par le "douff" (qui, rappelons-le, n'est pas un instrument purement musical), en certaines occasions spéciales, comme les mariages, les occasions joyeuses, les jours de fête etc…
Encore une fois, il y a unanimité entre les savants musulmans sur le caractère licite de ces deux choses, comme le rappelle également l'Imâm Ghazâli r.a. dans son ouvrage "Al Ihyâ" (Volume 2 / Pages 238 et suivantes). Les Hadiths qui autorisent les chants s'appliquent donc à ces deux éléments.
Enfin, il existe certains points sur lesquels les avis des savants divergent:
L'emploi du "douff" dans des occasions autres que celles mentionnées ci-dessus.
L'emploi du "douff" auquel sont attachées des clochettes.
L'emploi du "Qadhîb" (des baguettes de tambour) lors d'un mariage ou autre…
L'emploi des autres choses qui ne sont pas des instruments purement musicaux et qui ne produisent pas de sons mélodieux ("Moutribah") tant qu'ils ne sont pas accompagnés par des chants. Exemples: le frappement des mains, le battement sur une jarre etc… D'après certains savants de l'école châféite (comme Al Ghazâli r.a.), ces choses sont permises; la majorité des savants des quatre écoles cependant les considèrent comme "Makrouh" (déconseillé, blamâble).
Pendant mes recherches j'avais été abasourdi de rencontrer des musulmans qui avaient totalement arrêté d'écouter la musique, car ils estimaient que leur religion la leur interdisait. D'autres l'écoutaient encore, mais ils disaient qu'ils allaient de moins en moins le faire, pour arrêter progressivement. Avant cela je n'aurais jamais pensé que la musique puisse être interdite dans une religion. Un tel précepte demande un immense sacrifice de la part du croyant. Ce dernier doit vivre dans une austérité inhumaine. Et tout ceci... pour rien!
Sur ce sujet, on ne peut pas dire qu'il existe réellement un consensus, même dans l'islam orthodoxe. Il m'a toutefois semblé utile de mentionner ce point, car même si les théologiens divergent, les conséquences sont bien là: bien des gens se privent de musique ou le projettent, croient pécher à chaque fois qu'ils en écoutent, et parfois cela touche même le domaine judiciaire (Afghanistan sous les Talibans). Et surtout, cela montre une fois de plus l'absurdité de la croyance dans les sources musulmanes qui amène systématiquement à débattre du sexe des anges avant d'effectuer n'importe quelle action basique de la vie quotidienne; dans le cas précis, au lieu d'apprécier tout simplement quelque chose d'agréable, cela amène à se casser la tête pour savoir, à l'aide de multiples sources douteuses et débiles, si cela est autorisé ou pas.
Voici tout d'abord une compilation de Hadiths sur le sujet:
Abou Mâlik Al Ach'ari (radhia allâhou anha) rapporte que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) a dit: "Il y aura parmi ma "oummah" (communauté) des gens qui considéreront le vin, le porc, la soie (pour les hommes) et les instruments de musique ("ma'âzif") comme étant licites." (Boukhâri)
Abou Houraïra (radhia allâhou anhou) rapporte que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) a dit: "Ecouter (individuellement) les instruments de musique est un péché. Se rassembler pour le faire est un péché plus grave ("Fisq"). Y prendre du plaisir est du "Koufr" (Les savants ont traduit ici le terme "Koufr" par manque de reconnaissance envers les bienfaits de Dieu)." (Abou Ishâq)
Nâfi' r.a. raconte que Abdoullah Ibné Oumar (radhia allâhou anhou) entendit (lors d'un voyage) la flûte d'un berger. Il plaça alors ses doigts dans ses oreilles et écarta sa monture de la route en disant: "Nâfi' ! Nâfi' ! Entends-tu encore (le son de la flûte)?" Je répondis: "Oui." Il continua à avancer jusqu'à ce que je lui répondis: "Non." Il leva alors ses mains et ramena sa monture vers la route et dit: "J'étais en présence du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) lorsqu'il entendit la flûte d'un berger. Il fit alors exactement la même chose (que je viens de faire)." (Ahmad, Abou Dâoûd, Ibné Mâja).
Abdoullah Ibné Oumar (radhia allâhou anhou) rapporte que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) a dit: "En vérité, Allah a interdit le vin, les jeux de hasard, le tambour et le "Ghoubayrâ" (instrument à six cordes, luth ou autre instrument de musique.)" (Ahmad et Abou Dâoûd).
Abou Oumamah (radhia allâhou anhou) rapporte du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam): "Allah m'a envoyé comme miséricorde et guidée pour les mondes. Et Il m'a ordonné de faire disparaître les "mazâmîr", les "barâbit" et les "ma'âzif" (différents instruments de musique), ainsi que les idoles qui étaient adorées durant l'Ignorance ("Al Djâhiyliyah") ." (Ahmad)
Ibné Mas'oud (radhia allâhou anhou) rapporte: "La musique fait pousser l'hypocrisie ("Nifâq") dans le cœur." (Abou Dâoûd et Bayhaqui). Des propos semblables sont rapportés de Abou Houraïra (radhia allâhou anhou).
Anas (radhia allâhou anhou) rapporte du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam): "Celui qui s'assoit pour écouter une chanteuse aura du plomb fondu coulé dans les oreilles le Jour Final." (Abou Ishâq An naïsâboûri r.a.)
Ibné Mas'oud (radhia allâhou anhou) raconte que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) entendit un homme chanter la nuit. Il dit: "Pas de prière pour lui ! Pas de prière pour lui ! Pas de prière pour lui ! (C'est à dire que ses prières ne sont pas acceptées.) " (Abou Ishâq)
Ali (radhia allâhou anhou) cite ceci du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam): "J'ai été envoyé pour briser les instruments de musique." (Ibné Ghaylân)
Oumar (radhia allâhou anhou) rapporte du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam): "Le salaire du chanteur et de la chanteuse est illicite." (Tabrâni)
Certains hadiths, en revanche, nuancent un peu cette interdiction en rendant licite certains types de chant (embellir légèrement et de façon naturelle sa voix, sans s'efforcer de suivre les rythmes musicaux) et certains instruments musicaux comme le douff (jours de fête seulement) :
Aïcha (radhia allâhou anha) raconte que Abou Bakr (radhia allâhou anhou) est entré chez moi une fois, alors que deux fillettes parmi les "Ansârs" étaient présentes. Elles étaient en train de chanter les actes (de courage et de bravoure) des "Ansârs" lors de la bataille de "Bou'ath". Mais elles n'étaient pas dé véritables chanteuses. Abou Bakr (radhia allâhou anhou) dit alors: "Quoi ? Des instruments (de musique) de Satan dans la maison de l'Envoyé d'Allah ?" C'était le jour de Ide. Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) dit: "O Abou Bakr ! Chaque peuple a sa fête et c'est aujourd'hui la notre." (Boukhâri)
Bouraïdah (radhia allâhou anhou) dit: Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) partit une fois pour une campagne militaire. A son retour, une jeune fille noire vint le voir et dit: "O Envoyé d'Allah ! J'avais formulé le vœu que si Allah vous ramenait sain et sauf, je jouerai du "Douff" (il s'agit d'une sorte de tambourin, qui existait déjà à l'époque du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) et qui était employé aussi bien pour la musique que lors des proclamations et annonces publiques) en votre présence et je chanterai." Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) lui dit: "Si tu as réellement fait ce vœu, alors tu peux jouer… Au cas contraire, non." Elle commença alors à le faire. Abou Bakr (radhia allâhou anhou) entra et elle continua à jouer. Puis Ali (radhia allâhou anhou) entra et elle continua encore. Ce fut ensuite au tour de Ousmân (radhia allâhou anhou) d'arriver et elle ne s'arrêta pas. Enfin, Oumar (radhia allâhou anhou) entra: Elle cacha alors son "Douff" sous elle et s'assit dessus. Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) fit alors la réflexion suivante: "Satan a peur de toi, O Oumar ! J'étais assis et elle était en train de jouer du "douff". Abou Bakr (radhia allâhou anhou) est entré et elle a continué à jouer. Puis Ali (radhia allâhou anhou) est arrivé et elle a continué encore. Ce fut ensuite au tour de Ousmân (radhia allâhou anhou) d'arriver et elle ne s'est pas arrêtée. Enfin, lorsque tu es entré, O Oumar, elle a caché le "Douff" ! " (Ahmad et Tirmidhi)
Résumé de la position des 4 écoles de jurisprudence sunnites
Il y a certains types de musique et de chants au sujet desquels il y a unanimité entre les savants des quatre écoles de jurisprudence sur leur interdiction (Il est à noter que le mot employé par les juristes sur ce point pour désigner l'interdiction est bien "Harâm" et non pas "Makrouh"). Les voici:
Tout chant n'ayant pas d'autre cadre et objectif que la distraction et le divertissement, sans aucun but acceptable au niveau religieux ou mondain est interdit, qu'il soit accompagné de musique ou non.
L'emploi d'instruments crées uniquement dans un but musical et n'ayant pas d'autres fonctions est interdit, qu'il soit accompagné de chants ou non.
Tout chant ou musique conduisant à la négligence (à l'égard des devoirs religieux) ou au péché est interdit.
De faire carrière dans la musique et la chanson.
Il y a donc unanimité entre les savants musulmans sur l'interdiction de ces quatre formes de musique et de chants. Les Hadiths qui interdisent la musique s'applique donc à ces quatre éléments.
Il existe d'autres types de musique au sujet desquels il y a unanimité des savants sur leur caractère licite. Les voici:
Le chant de celui qui affine sa voix et l'embellit légèrement et de façon naturelle, sans s'efforcer de suivre les rythmes musicaux, et donc d'imiter les chanteurs, à condition que cela ne soit pas seulement par distraction et divertissement. Il faut que le chant soit motivé par une raison valable: comme le fait d'éloigner un sentiment de solitude, pour faciliter un long voyage, pour se donner du courage quand on fait un travail éprouvant, pour endormir un enfant, pour exciter sa monture, pour éloigner sa déprime, à condition également que les paroles prononcées ne contiennent rien d'interdit et à condition que l'on n'en fasse pas une habitude. Ce type de chants est tout à fait permis.
Il également permis d'accompagner ces chants par le "douff" (qui, rappelons-le, n'est pas un instrument purement musical), en certaines occasions spéciales, comme les mariages, les occasions joyeuses, les jours de fête etc…
Encore une fois, il y a unanimité entre les savants musulmans sur le caractère licite de ces deux choses, comme le rappelle également l'Imâm Ghazâli r.a. dans son ouvrage "Al Ihyâ" (Volume 2 / Pages 238 et suivantes). Les Hadiths qui autorisent les chants s'appliquent donc à ces deux éléments.
Enfin, il existe certains points sur lesquels les avis des savants divergent:
L'emploi du "douff" dans des occasions autres que celles mentionnées ci-dessus.
L'emploi du "douff" auquel sont attachées des clochettes.
L'emploi du "Qadhîb" (des baguettes de tambour) lors d'un mariage ou autre…
L'emploi des autres choses qui ne sont pas des instruments purement musicaux et qui ne produisent pas de sons mélodieux ("Moutribah") tant qu'ils ne sont pas accompagnés par des chants. Exemples: le frappement des mains, le battement sur une jarre etc… D'après certains savants de l'école châféite (comme Al Ghazâli r.a.), ces choses sont permises; la majorité des savants des quatre écoles cependant les considèrent comme "Makrouh" (déconseillé, blamâble).
Re: Que dit l'islam orthodoxe à propos de la musique?
L'interdiction de la musique en Islam
● Selon les commentateurs du Qor’an, le verset suivant constitue une mise en garde à l’égard de ceux qui s’adonnent à la musique:
« Et, parmi les hommes, il est [quelqu’un] qui, dénué de science, achète de plaisants discours pour égarer hors du chemin d’Allah et pour le prendre en raillerie. Ceux là subiront un châtiment avilissant. » (Sourate 31 / Verset 6)
L’érudit de la communauté, Ibn ‘Abbas a dit que le terme « plaisants discours » signifie la chanson; quant à Mujâhid dit que ce mot signifie tambour (Tafsir d’Ibn Kathir 21/40).
Hassan al-Basrî lui, dit que ce verset a été révélé à propos de la musique et des flûtes (Tafsir d’Ibn Kathir 3/451).
Ibn Qayyim a dit : « la signification que les compagnons du Prophète ont donné à ce mot suffit largement, à savoir la chanson. Cela a été rapporté par Ibn ‘Abbas et Ibn Mas‘oud. »
Abu As Sahbâ a dit : « j’ai demandé à Ibn Mas‘oud la signification du terme « plaisant discourt » (verset 6 de la Sourate 31) et il m’a répondu en répétant trois fois : « je jure sur Allah, l’unique divinité que ce terme signifie chanson. » »
● Dans un autre verset du Qor’an, Allah fait allusion à la voix de Satan:
« Et lorsque Nous avons dit aux Anges : "Prosternez-vous devant Adam", ils se prosternèrent, à l’exception d’Iblis, qui dit : "Me prosternerai-je devant quelqu’un que tu as créé d’argile ?"
Il dit encore : "Vois Tu ? Celui que Tu as honoré au-dessus de moi, si Tu me donnais du répit jusqu’au Jour de la Résurrection; j’éprouverai, certes sa descendance, excepté un petit nombre [parmi eux]".
Et [Allah] dit : "Va-t-en ! Quiconque d’entre eux te suivra ... votre sanction sera l'Enfer, une ample rétribution.
Excite, par ta voix, ceux d’entre eux que tu pourras, rassemble contre eux ta cavalerie et ton infanterie, associe-toi à eux dans leurs biens et leurs enfants et fais-leur des promesses". Or, le Diable ne leur fait des promesses qu’en tromperie.
Quant à Mes serviteurs, tu n’as aucun pouvoir sur eux". Et ton Seigneur suffit pour les protéger! »
(Sourate 17 / Verset 61 – 65)
Le célèbre commentateur du Qor’an, Moudjâhid (disciple de Ibn ‘Abbas) affirme que la voix de Satan n’est rien d’autre que la musique et les chants (paroles inutiles).
Hadiths interdisant la musique.
Abou Mâlik Al Ach‘ari rapporte que le Prophète Mouhammad (salla Allahou ‘alayhi wa salam) a dit: « Il y aura parmi ma "oummah" (communauté) des gens qui considéreront le vin, le porc, la soie (pour les hommes) et les instruments de musique (ma‘âzif) comme étant licites." (Rapporté par Boukhâri)
Cheikh al Islam Ibn Taymiya a dit : « ce Hadith prouve l’interdiction de tous les instruments de musique. » ( al-Majmou‘ 11/535).
D’après Abou Houraïra (radhia allâhou anhou) le Prophète Mouhammad (salla Allahou ‘alayhi wa salam) a dit: « écouter (individuellement) les instruments de musique est un péché. Se rassembler pour le faire est un péché plus grave (Fisq). Y prendre du plaisir est du "Koufr"[1]» (Rapporté par Abou Ishâq)
‘Ali a cité ceci du Prophète Mouhammad (salla Allahou ‘alayhi wa sallam): « J’ai été envoyé pour briser les instruments de musique. » (Rapporté par Ibn Ghaylân)
Selon Abou Oumama le Prophète Mouhammad (salla Allahou ‘alayhi wa salam) a dit:« Allah m’a envoyé comme miséricorde et guidée pour les mondes. Et Il m’a ordonné de faire disparaître les "mazâmîr", les "barâbit" et les "ma‘âzif" (différents instruments de musique), ainsi que les idoles qui étaient adorées durant l’Ignorance (Al Djâhiyliyah). »(Rapporté par Ahmad)
Selon Anas le Prophète Mouhammad (salla Allahou ‘alayhi wa salam): « Celui qui s’assoit pour écouter une chanteuse aura du plomb fondu coulé dans les oreilles le Jour du jugement dernier. » (Rapporté par Abou Ishâq)
D’après ‘Omar le Prophète Mouhammad (salla Allahou ‘alayhi wa salam) a dit: « Le salaire du chanteur et de la chanteuse est illicite. » (Rapporté par Tabarani)
Les thèses des Imams de l’Islam :
Cheikh Al-Islam Ibn Taymiya a dit : « la thèse des fondateurs des quatre écoles juridiques est que tous les instruments de musique sont interdits. Il a été dit dans le Sahih d’al Boukhari et ailleurs que le Prophète (salla Allahou ‘alayhi wa salam) a prédit qu’il y aura parmi sa communauté des personnes qui considéreraient comme permis la soie, l’alcool et les instruments de musique, se rabaissant ainsi au niveau des cochons et des singes. Aucun parmi les disciples des imams n’a évoqué une quelconque dissension entre eux à propos du caractère illicite de l’usage des instruments de musique.»
(Extrait de al-Majmou‘ 11/576).
Ibn Qayyim a dit : « la position de Abou Hanifa par rapport à la question est l’une des plus dures. D’ailleurs ses disciples et compagnons ont interdit tous les instruments de musique y compris la flûte et le tambour et même la canne. Ils ont dit que c’est un péché qui entraîne l’adultère et conduit à l’apostasie. Mieux, il disent qu’écouter de la musique c’est commettre un péché et s’en procurer du plaisir c’est faire preuve d’incrédulité vis à vis d’Allah. Ils ont étayé leur position par un hadith qui ne mérite pas d’être cité. Ils disent également qu’on doit s’efforcer pour ne pas l’entendre si l’on passe à côté. »
Ishaq Ibn ‘Issa qui est un transmetteur de hadith honnête a dit : « J’ai demandé à l’Imam Malik ce qu’il pense des gens de Médine qui écoutent des chansons, est-ce que cela est vrai ? » Il a répondu : « Ceux qui font cela chez nous à Médine sont des pervers ».
(Source : Tablis Iblis d’Ibn Al Jawzi)
L’imam Shafi‘i déclara dans "Adab al Qada’" : « Le chant est une distraction détestable comparable à ce qui est faux et absurde, la personne qui s’y prête fréquemment devient un faible d’esprit et son témoignage n’est plus accepté. »
L’Imam Shafi‘i a dit aussi : « J’ai laissé derrière moi des gens en Iraq qui utilisaient un instrument de musique et ce sont des hypocrites. » L’instrument était un genre d’oreiller en cuir sur lequel ils tapaient avec des baguettes. (Source : Tablis Iblis Ibn Al Jawzi)
L’auteur de Kifayat al-Akhbâr d’obédience Shafi‘ite a considéré tous les instruments de musique tels que la flûte ou autre, comme étant des choses répréhensibles et que chaque personne qui en est témoin doit les rejeter. Il ajoute : « personne ne doit se soustraire de cette obligation de rejet même lorsque ces actes s’accomplissent en présence de mauvais savants, saboteurs de la Chari‘a ou des sales fakirs, c’est-à-dire les soufis qui se nomment ainsi. Ces soufis là sont des égarés qui répondent à tout appel. Ils ne se laissent pas guider par la lumière de la science, ils se laissent emporter par n’importe quel vent ». (Voir Kifayat al-Akhbar 2/128)
L’imam Ahmed a dit : « la musique fait germer l’hypocrisie dans le cœur. Elle ne plait pas.»
(Source : Talbis Iblis Ibn al-Jawzi)
Ibn Qudama, le vérificateur de l’école hanbalite a dit : « Quiconque les écoute (les instruments de musique) à plein temps est considéré comme un apostat ». (Source : al-Moughnî 10/173)
Hadiths autorisant certains types de musique.
Bouraïdah a dit: Le Prophète Mouhammad (salla Allahou ‘alayhi wa salam) partit une fois pour une campagne militaire. A son retour, une jeune fille noire vint le voir et dit:
« O Envoyé d’Allah ! J’avais formulé le vœu que si Allah vous ramenait sain et sauf, je jouerai du "Douff" (il s’agit d’une sorte de tambourin, qui existait déjà à l’époque du Prophète Mouhammad (salla Allahou ‘alayhi wa salam) et qui était employé aussi bien pour la musique que lors des proclamations et annonces publiques) en votre présence et je chanterai.»
Le Prophète Mouhammad (salla Allahou ‘alayhi wa salam) lui dit: « Si tu as réellement fait ce vœu, alors tu peux jouer… Au cas contraire, non. »
Elle commença alors à le faire. Abou Bakr entra et elle continua à jouer. Puis ‘Ali entra et elle continua encore. Ce fut ensuite au tour de Osmân d’arriver et elle ne s’arrêta pas. Enfin, ‘Omar entra: Elle cacha alors son "Douff" sous elle et s’assit dessus.
Le Prophète Mouhammad (salla Allahou ‘alayhi wa salam) fit alors la réflexion suivante:« Satan a peur de toi, O ‘Omar ! J’étais assis et elle était en train de jouer du "douff". Abou Bakr est entré et elle a continué à jouer. Puis ‘Ali est arrivé et elle a continué encore. Ce fut ensuite au tour de Osmân d’arriver et elle ne s’est pas arrêtée. Enfin, lorsque tu es entré, O ‘Omar, elle a caché le "Douff" ! » (Rapporté par Ahmad et Tirmidhi)
‘Aïcha raconte que Abou Bakr est entré chez moi une fois, alors que deux fillettes[2]parmi les "Ansârs" étaient présentes. Elles étaient en train de chanter les actes (de courage et de bravoure) des "Ansârs" lors de la bataille de "Bou‘ath". Mais elles n’étaient pas de véritables chanteuses.
Abou Bakr dit alors: « Quoi ? La flûte de Satan dans la maison de l’Envoyé d’Allah ? »C’était le jour de ‘Id. Le Prophète Mouhammad (salla Allahou ‘alayhi wa salam) dit alors :« O Abou Bakr ! Chaque peuple a sa fête et c’est aujourd’hui la nôtre. » (Rapporté par Boukhâri)
Tentative de conciliation entre ces différents textes.
Après avoir cité ces nombreuses Traditions qui sont en apparence contradictoires, nous présentons l’explication suivante pour tenter de les concilier.
Tout d’abord, il rappelle qu’Allah a crée la terre, ainsi que tout ce qu’elle contient, au profit de l'être humain, comme Il le proclame Lui-même dans le Qor’an:
« C’est Lui qui a créé pour vous tout ce qui est sur la terre… » (Sourate 2 / Verset 29)
Il a donc autorisé à l’homme de jouir et de tirer profit de la création dans son ensemble, exception faite des choses qui lui sont nuisibles et mauvaises. A l’égard de ces dernières, Allah a mis en garde l’être humain et l’a interdit de s’en approcher. C’est ceci qui explique que dans toute chose, la permission prime, tant qu’il n’y a pas d’interdiction formelle ou de prohibition qui soient exprimées par le Créateur. C’est ce concept qui est connu dans le vocabulaire religieux sous l’appellation de "la permission originelle". Cette permission originelle ne s’applique pas seulement aux objets, mais aussi aux actes, aux comportements etc… En d’autres mots, tout ce qui est interdit par Allah est forcément mauvais. Mais ce n’est pas tout. Allah étant le Sage par excellence, il a non seulement interdit à l’homme les mauvaises choses, mais Il lui a aussi interdit de s’approcher de tout ce qui pourrait le conduire progressivement vers celles-ci.
En résumé donc, la Chari‘a n’a pas interdit à l’homme de profiter des bonnes choses et des plaisirs licites de la Création. Ce qu’il a interdit, ce sont les mauvaises, ou tout ce qui pourrait y conduire. A partir de là, on peut comprendre que les interdits en Islam peuvent être de deux types différents:
- 1) Il y a les éléments qui sont mauvais en eux-mêmes, comme l’infidélité (Koufr), le polythéisme, l’adultère etc… Ce genre de choses n’a jamais été permis dans aucune religion et à aucun moment de l’Histoire.
- 2) Il existe aussi cependant d’autres éléments qui ne sont pas mauvais en eux-mêmes, mais qui le deviennent parce qu’ils conduisent au mal et au péché. C’est le cas par exemple de l’interdiction qui frappe toutes formes de transaction commerciales lorsque l’appel de la prière du Vendredi a été lancé. En fait, les transactions en elles-mêmes à ce moment ne renferment pas de mal, mais comme elles représentent un obstacle empêchant au croyant, c’est la raison pour laquelle elles ont été interdites. Ce deuxième catégorie de choses n’a pas été (et n’est pas) toujours interdite. Elles peuvent devenir permises dans certains cas…
Nous affirmons que la musique fait, tout à fait logiquement, partie de la seconde catégorie. En effet, l’interdiction prononcée par le Qor’an et le Prophète Mohammad (salla Allahou ‘alayhi wa salam) à son égard tient du fait qu’elle détourne progressivement de la pensée d’Allah et même des choses essentielles de la vie. Cette interdiction porte donc sur les instruments qui n’ont pas d’autres fonctions que de produire de la musique et des sons mélodieux (comme la flûte etc...) et qui ne sont donc que des objets de divertissement, sans aucune utilité pratique au niveau matériel ou spirituel. De même, les chants qui ont pour effet de faire oublier à l’homme la vie future sont également concernés par l’interdiction, même s’ils ne sont pas accompagnés de musique. C’est en ce sens qu’il faut interpréter les Hadiths qui condamnent sévèrement la musique.
Par contre, en ce qui concerne les instruments qui ont aussi bien une fonction musicale qu’une autre fonction, comme c’est le cas du "douff" notamment, qui était employé également lors des proclamations et des annonces, le Prophète Mohammad (salla Allahou ‘alayhi wa salam) a autorisé leur emploi dans certaines situations et sous certaines conditions. Les Hadiths faisant allusion au caractère licite de certains instruments concerne donc ces cas spécifiques.
Cette classification lève ainsi toute contradiction entre les différents Hadiths et elle est tout à fait conforme à la logique islamique: Prendre le bon aspect de chaque chose, en délaissant ce qui pourrait nuire à l’être humain ou le détourner de l’essentiel.
Nous mentionnerons par la suite les avis de nombreux Compagnons (radhia Allahou anhoum) au sujet de la musique, ainsi que de très nombreux passages relatant les avis des savants des quatre écoles sur la question. Après quoi, nous ferons une synthèse de tous ces avis dans la conclusion de notre étude. Voici, en quelque sorte, le résultat de nos recherches:
Conclusion et synthèse des avis juridiques sur la question de la musique et des chants.
_ Il y a certains types de musique et de chants au sujet desquels il y a unanimité entre les savants des quatre écoles de jurisprudence (mâlikite, hanafite, châfi‘ite et hambalite) sur leur interdiction (Il est à noter que le mot employé par les juristes sur ce point pour désigner l’interdiction est bien "Harâm" et non pas "Makrouh"). Les voici :
● Tout chant n’ayant pas d’autre cadre et objectif que la distraction et le divertissement, sans aucun but acceptable au niveau religieux ou mondain est interdit, qu’il soit accompagné de musique ou non.
● L’emploi d’instruments crées uniquement dans un but musical et n’ayant pas d’autres fonctions est interdit, qu’il soit accompagné de chants ou non.
● Tout chant ou musique conduisant à la négligence (à l'égard des devoirs religieux) ou au péché est interdit.
● De faire carrière dans la musique et la chanson.
Il y a donc unanimité entre les savants musulmans sur l’interdiction de ces quatre formes de musique et de chants. Les Hadiths qui interdisent la musique s’appliquent donc à ces quatre éléments.
_ Il existe d’autres types de musique au sujet desquels il y a unanimité des savants sur leur caractère licite. Les voici:
● Le chant de celui qui affine sa voix et l’embellit légèrement et de façon naturelle, sans s’efforcer de suivre les rythmes musicaux, à condition que cela ne soit pas seulement par distraction et divertissement. Il faut que le chant soit motivé par une raison valable: comme le fait d’éloigner un sentiment de solitude, pour faciliter un long voyage, pour se donner du courage quand on fait un travail éprouvant, pour endormir un enfant, pour exciter sa monture, pour éloigner sa déprime, à condition également que les paroles prononcées ne contiennent rien d’interdit et à condition que l’on n’en fasse pas une habitude. Ce type de chants est tout à fait permis.
● Il est également permis d’accompagner ces chants par le "douff" (qui, rappelons-le, n’est pas un instrument purement musical), en certaines occasions spéciales, comme les mariages, les occasions joyeuses, les jours de fête etc…
Encore une fois, il y a unanimité entre les savants musulmans sur le caractère licite de ces deux choses, Les Hadiths qui autorisent les chants s’appliquent donc à ces deux éléments.
_ Enfin, il existe certains points sur lesquels les avis des savants divergent:
● L’emploi du "douff" dans des occasions autres que celles mentionnées ci-dessus.
● L’emploi du "douff" auquel sont attachées des clochettes.
● L’emploi du "Qadhîb" (des baguettes de tambour) lors d’un mariage ou autre…
● L’emploi des autres choses qui ne sont pas des instruments purement musicaux et qui ne produisent pas de sons mélodieux ("Moutribah") tant qu’ils ne sont pas accompagnés par des chants. Exemples: le frappement des mains, le battement sur une jarre etc… D’après certains savants de l'école châfi‘ite,ces choses sont permises; la majorité des savants des quatre écoles cependant les considèrent comme "Makrouh" (déconseillé, blamâble).
Avertissement :
Au sujet du hadith suivant où le Prophète (salla Allahou ‘alayhi wa salam) a dit : « Des gens de ma communauté rendront certes licites [...], ainsi que les instruments de distractions(Al Ma‘âzif) » (Rapporté par al Boukhari)
Ibn Hazm a critiqué ce hadith en disant qu’il est faible et qu’il y a une coupure entre Al-Boukhari et Hicham ibn Amar car il se peut que Al-Boukhari n’ait pas entendu le hadith directement de Hicham car Al-Boukhari n’a pas dit que « Hicham m’a dit » mais « Hicham a dit ».
L’opinion de Ibn Hazm est erronée. En effet, il existe plusieurs hadîths authentiques et avérés relatifs à l’interdiction du Duff et des instruments de distraction. Ibn Hazm a été vivement critiqué pour ce jugement dénué de tout argument et prononcé sur un récit figurant dans le “Sahîh” d’Al Bukhâri.
L’Imam Ibn al Qayyim a dit en réponse à Ibn Hazm : « Ibn Hazm, en critiquant ce hadith, n’a fait que renforcer son « batil » (le mensonge). Il a critiqué en voulant chercher à appuyer son mensonge ; pour autoriser les instruments de musique, il a prétendu que le hadith dans Al-Boukhari est coupé entre Hicham ibn Amar et Al-Boukhari. Cette critique est tout à fait mensongère. D’une part parce que Hicham ibn Amar est le professeur d’al-Boukhari et d’autre part parce qu’al-Boukhari a mis comme condition avant d’écrire son livre de n’y mettre que les hadiths authentiques. »
Réponse à l’ambiguïté
Ibn ‘Omar était un jour avec son esclave affranchi qui s’appelle Nafi‘ et ils marchaient ensemble. Soudain, ibn ‘Omar entend au loin un berger qui joue de la flûte.
Ibn ‘Omar était sur son âne et a essayé de s’écarter au maximum du chemin en mettant les deux doigts sur ses oreilles pour ne pas entendre et à chaque fois, après quelques pas, Ibn ‘Omar dit à Nafi‘ qui n’a pas mis les doigts dans les oreilles : « Ô Nafi‘, est-ce que tu entends encore ? » Nafi‘ lui répond que oui et ibn ‘Omar garde ses doigts dans ses oreilles. Après quelques pas il renouvelle sa question et reçoit la même réponse jusqu’à ce que Nafi‘ ait dit : « Je ne l’entends plus ».
Alors ibn ‘Omar s’est remis sur son chemin et a retiré les doigts de ses oreilles et il a dit à Nafi‘ : « Ce que je viens de faire, j’ai vu le Prophète faire la même chose » (extrait du Sahih Abou Dawoud)
Certains égarés utilisent cet argument pour faire autoriser les instruments de musique et disent que si c’était interdit, le Prophète aurait ordonné à Ibn ‘Omar de boucher lui aussi ses oreilles et que Ibn ‘Omar lui aussi l’aurait ordonné à Nafi‘.
Réponse :
Il n’écoutait pas mais il entendait et il y a une grande différence entre celui qui écoute et qui entend.
Cheikh Al-Islam Ibn Taymiya a dit : « d’après tous les imams, l’homme n’est pas blâmé pour ce qu’il entend sans le vouloir. L’homme se voit blâmé ou loué lorsqu’il écoute et non lorsqu’il entend. Celui qui écoute le Coran se voit récompensé, mais celui qui l’entend, sans le vouloir n’est pas récompensé. Car la grandeur d’un acte est mesurée par rapport à l’intention qui le sous-tend. C’est le cas également de la musique, si on l’entend sans le vouloir, on n’en est pas sanctionné. » (Extrait de al-Majmou‘ 10/78.)
Reste maintenant la question de savoir ce qu’on doit faire quand on se trouve à un endroit où il y a de la musique interdite… A ce sujet, l’imam Malik avait répondu : « s’il l’apprécie(s’il l’écoute) il doit quitter l’endroit, sauf en cas de nécessité ou d’incapacité. S’il entend le son en passant il doit revenir en arrière ou presser le pas. » (source : Al Djâmi‘ d’al-Qayrawânî, p 262)
Conclusion
La musique a pour méfait de creuser un fossé qui empêche les cœurs de profiter du coran et qui les poussent à vénérer constamment la déviance et la désobéissance aux ordres divins. Ainsi nous voyons les gens qui ont l’habitude d’écouter la musique, chantonner l’air de chansons et autres, au lieu de réciter al Qor’an et d’invoquer Allah .... Cette musique est en fait le coran du diable, le rideau opaque qui sépare du Miséricordieux, la porte ouverte à la débauche, la pédérastie et à la fornication, le moyen par lequel l’amant pervers obtient tout ce qu’il attend de l’être désirée…C’est une ruse que Satan a affublée de paillette qui obnubile les esprits égarés. Il leur a suggéré des arguments fallacieux pour les convaincre du bien fondé de cette musique et c’est la raison pour laquelle les gens qui l’acceptèrent ont abandonné le Coran…
Le Cheikh Ibn Taymiya a dit à propos de celui qui a l’habitude d’écouter de la musique : « c’est pourquoi on constate que celui qui a l’habitude de l’écouter et de le goûter ne s’émeut pas à l’écoute du Coran. Bien au contraire, il se procure plus de plaisir en écoutant ces vers qu’en écoutant du Coran. Pire encore, ils écoutent le Coran en parlant et en jouant, alors qu’ils baissent la voix, cessent tout bruit et se montrent attentifs lorsqu’ils entendent des chants ou des applaudissements. » (Madjmou‘ al-Fatâwâ 11/ 557)
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L’interdiction
de la musique en Islam
● Selon les commentateurs du Qor’an, le verset suivant constitue une mise en garde à l’égard de ceux qui s’adonnent à la musique:
« Et, parmi les hommes, il est [quelqu’un] qui, dénué de science, achète de plaisants discours pour égarer hors du chemin d’Allah et pour le prendre en raillerie. Ceux là subiront un châtiment avilissant. » (Sourate 31 / Verset 6)
L’érudit de la communauté, Ibn ‘Abbas a dit que le terme « plaisants discours » signifie la chanson; quant à Mujâhid dit que ce mot signifie tambour (Tafsir d’Ibn Kathir 21/40).
Hassan al-Basrî lui, dit que ce verset a été révélé à propos de la musique et des flûtes (Tafsir d’Ibn Kathir 3/451).
Ibn Qayyim a dit : « la signification que les compagnons du Prophète ont donné à ce mot suffit largement, à savoir la chanson. Cela a été rapporté par Ibn ‘Abbas et Ibn Mas‘oud. »
Abu As Sahbâ a dit : « j’ai demandé à Ibn Mas‘oud la signification du terme « plaisant discourt » (verset 6 de la Sourate 31) et il m’a répondu en répétant trois fois : « je jure sur Allah, l’unique divinité que ce terme signifie chanson. » »
● Dans un autre verset du Qor’an, Allah fait allusion à la voix de Satan:
« Et lorsque Nous avons dit aux Anges : "Prosternez-vous devant Adam", ils se prosternèrent, à l’exception d’Iblis, qui dit : "Me prosternerai-je devant quelqu’un que tu as créé d’argile ?"
Il dit encore : "Vois Tu ? Celui que Tu as honoré au-dessus de moi, si Tu me donnais du répit jusqu’au Jour de la Résurrection; j’éprouverai, certes sa descendance, excepté un petit nombre [parmi eux]".
Et [Allah] dit : "Va-t-en ! Quiconque d’entre eux te suivra ... votre sanction sera l'Enfer, une ample rétribution.
Excite, par ta voix, ceux d’entre eux que tu pourras, rassemble contre eux ta cavalerie et ton infanterie, associe-toi à eux dans leurs biens et leurs enfants et fais-leur des promesses". Or, le Diable ne leur fait des promesses qu’en tromperie.
Quant à Mes serviteurs, tu n’as aucun pouvoir sur eux". Et ton Seigneur suffit pour les protéger! »
(Sourate 17 / Verset 61 – 65)
Le célèbre commentateur du Qor’an, Moudjâhid (disciple de Ibn ‘Abbas) affirme que la voix de Satan n’est rien d’autre que la musique et les chants (paroles inutiles).
Hadiths interdisant la musique.
Abou Mâlik Al Ach‘ari rapporte que le Prophète Mouhammad (salla Allahou ‘alayhi wa salam) a dit: « Il y aura parmi ma "oummah" (communauté) des gens qui considéreront le vin, le porc, la soie (pour les hommes) et les instruments de musique (ma‘âzif) comme étant licites." (Rapporté par Boukhâri)
Cheikh al Islam Ibn Taymiya a dit : « ce Hadith prouve l’interdiction de tous les instruments de musique. » ( al-Majmou‘ 11/535).
D’après Abou Houraïra (radhia allâhou anhou) le Prophète Mouhammad (salla Allahou ‘alayhi wa salam) a dit: « écouter (individuellement) les instruments de musique est un péché. Se rassembler pour le faire est un péché plus grave (Fisq). Y prendre du plaisir est du "Koufr"[1]» (Rapporté par Abou Ishâq)
‘Ali a cité ceci du Prophète Mouhammad (salla Allahou ‘alayhi wa sallam): « J’ai été envoyé pour briser les instruments de musique. » (Rapporté par Ibn Ghaylân)
Selon Abou Oumama le Prophète Mouhammad (salla Allahou ‘alayhi wa salam) a dit:« Allah m’a envoyé comme miséricorde et guidée pour les mondes. Et Il m’a ordonné de faire disparaître les "mazâmîr", les "barâbit" et les "ma‘âzif" (différents instruments de musique), ainsi que les idoles qui étaient adorées durant l’Ignorance (Al Djâhiyliyah). »(Rapporté par Ahmad)
Selon Anas le Prophète Mouhammad (salla Allahou ‘alayhi wa salam): « Celui qui s’assoit pour écouter une chanteuse aura du plomb fondu coulé dans les oreilles le Jour du jugement dernier. » (Rapporté par Abou Ishâq)
D’après ‘Omar le Prophète Mouhammad (salla Allahou ‘alayhi wa salam) a dit: « Le salaire du chanteur et de la chanteuse est illicite. » (Rapporté par Tabarani)
Les thèses des Imams de l’Islam :
Cheikh Al-Islam Ibn Taymiya a dit : « la thèse des fondateurs des quatre écoles juridiques est que tous les instruments de musique sont interdits. Il a été dit dans le Sahih d’al Boukhari et ailleurs que le Prophète (salla Allahou ‘alayhi wa salam) a prédit qu’il y aura parmi sa communauté des personnes qui considéreraient comme permis la soie, l’alcool et les instruments de musique, se rabaissant ainsi au niveau des cochons et des singes. Aucun parmi les disciples des imams n’a évoqué une quelconque dissension entre eux à propos du caractère illicite de l’usage des instruments de musique.»
(Extrait de al-Majmou‘ 11/576).
Ibn Qayyim a dit : « la position de Abou Hanifa par rapport à la question est l’une des plus dures. D’ailleurs ses disciples et compagnons ont interdit tous les instruments de musique y compris la flûte et le tambour et même la canne. Ils ont dit que c’est un péché qui entraîne l’adultère et conduit à l’apostasie. Mieux, il disent qu’écouter de la musique c’est commettre un péché et s’en procurer du plaisir c’est faire preuve d’incrédulité vis à vis d’Allah. Ils ont étayé leur position par un hadith qui ne mérite pas d’être cité. Ils disent également qu’on doit s’efforcer pour ne pas l’entendre si l’on passe à côté. »
Ishaq Ibn ‘Issa qui est un transmetteur de hadith honnête a dit : « J’ai demandé à l’Imam Malik ce qu’il pense des gens de Médine qui écoutent des chansons, est-ce que cela est vrai ? » Il a répondu : « Ceux qui font cela chez nous à Médine sont des pervers ».
(Source : Tablis Iblis d’Ibn Al Jawzi)
L’imam Shafi‘i déclara dans "Adab al Qada’" : « Le chant est une distraction détestable comparable à ce qui est faux et absurde, la personne qui s’y prête fréquemment devient un faible d’esprit et son témoignage n’est plus accepté. »
L’Imam Shafi‘i a dit aussi : « J’ai laissé derrière moi des gens en Iraq qui utilisaient un instrument de musique et ce sont des hypocrites. » L’instrument était un genre d’oreiller en cuir sur lequel ils tapaient avec des baguettes. (Source : Tablis Iblis Ibn Al Jawzi)
L’auteur de Kifayat al-Akhbâr d’obédience Shafi‘ite a considéré tous les instruments de musique tels que la flûte ou autre, comme étant des choses répréhensibles et que chaque personne qui en est témoin doit les rejeter. Il ajoute : « personne ne doit se soustraire de cette obligation de rejet même lorsque ces actes s’accomplissent en présence de mauvais savants, saboteurs de la Chari‘a ou des sales fakirs, c’est-à-dire les soufis qui se nomment ainsi. Ces soufis là sont des égarés qui répondent à tout appel. Ils ne se laissent pas guider par la lumière de la science, ils se laissent emporter par n’importe quel vent ». (Voir Kifayat al-Akhbar 2/128)
L’imam Ahmed a dit : « la musique fait germer l’hypocrisie dans le cœur. Elle ne plait pas.»
(Source : Talbis Iblis Ibn al-Jawzi)
Ibn Qudama, le vérificateur de l’école hanbalite a dit : « Quiconque les écoute (les instruments de musique) à plein temps est considéré comme un apostat ». (Source : al-Moughnî 10/173)
Hadiths autorisant certains types de musique.
Bouraïdah a dit: Le Prophète Mouhammad (salla Allahou ‘alayhi wa salam) partit une fois pour une campagne militaire. A son retour, une jeune fille noire vint le voir et dit:
« O Envoyé d’Allah ! J’avais formulé le vœu que si Allah vous ramenait sain et sauf, je jouerai du "Douff" (il s’agit d’une sorte de tambourin, qui existait déjà à l’époque du Prophète Mouhammad (salla Allahou ‘alayhi wa salam) et qui était employé aussi bien pour la musique que lors des proclamations et annonces publiques) en votre présence et je chanterai.»
Le Prophète Mouhammad (salla Allahou ‘alayhi wa salam) lui dit: « Si tu as réellement fait ce vœu, alors tu peux jouer… Au cas contraire, non. »
Elle commença alors à le faire. Abou Bakr entra et elle continua à jouer. Puis ‘Ali entra et elle continua encore. Ce fut ensuite au tour de Osmân d’arriver et elle ne s’arrêta pas. Enfin, ‘Omar entra: Elle cacha alors son "Douff" sous elle et s’assit dessus.
Le Prophète Mouhammad (salla Allahou ‘alayhi wa salam) fit alors la réflexion suivante:« Satan a peur de toi, O ‘Omar ! J’étais assis et elle était en train de jouer du "douff". Abou Bakr est entré et elle a continué à jouer. Puis ‘Ali est arrivé et elle a continué encore. Ce fut ensuite au tour de Osmân d’arriver et elle ne s’est pas arrêtée. Enfin, lorsque tu es entré, O ‘Omar, elle a caché le "Douff" ! » (Rapporté par Ahmad et Tirmidhi)
‘Aïcha raconte que Abou Bakr est entré chez moi une fois, alors que deux fillettes[2]parmi les "Ansârs" étaient présentes. Elles étaient en train de chanter les actes (de courage et de bravoure) des "Ansârs" lors de la bataille de "Bou‘ath". Mais elles n’étaient pas de véritables chanteuses.
Abou Bakr dit alors: « Quoi ? La flûte de Satan dans la maison de l’Envoyé d’Allah ? »C’était le jour de ‘Id. Le Prophète Mouhammad (salla Allahou ‘alayhi wa salam) dit alors :« O Abou Bakr ! Chaque peuple a sa fête et c’est aujourd’hui la nôtre. » (Rapporté par Boukhâri)
Tentative de conciliation entre ces différents textes.
Après avoir cité ces nombreuses Traditions qui sont en apparence contradictoires, nous présentons l’explication suivante pour tenter de les concilier.
Tout d’abord, il rappelle qu’Allah a crée la terre, ainsi que tout ce qu’elle contient, au profit de l'être humain, comme Il le proclame Lui-même dans le Qor’an:
« C’est Lui qui a créé pour vous tout ce qui est sur la terre… » (Sourate 2 / Verset 29)
Il a donc autorisé à l’homme de jouir et de tirer profit de la création dans son ensemble, exception faite des choses qui lui sont nuisibles et mauvaises. A l’égard de ces dernières, Allah a mis en garde l’être humain et l’a interdit de s’en approcher. C’est ceci qui explique que dans toute chose, la permission prime, tant qu’il n’y a pas d’interdiction formelle ou de prohibition qui soient exprimées par le Créateur. C’est ce concept qui est connu dans le vocabulaire religieux sous l’appellation de "la permission originelle". Cette permission originelle ne s’applique pas seulement aux objets, mais aussi aux actes, aux comportements etc… En d’autres mots, tout ce qui est interdit par Allah est forcément mauvais. Mais ce n’est pas tout. Allah étant le Sage par excellence, il a non seulement interdit à l’homme les mauvaises choses, mais Il lui a aussi interdit de s’approcher de tout ce qui pourrait le conduire progressivement vers celles-ci.
En résumé donc, la Chari‘a n’a pas interdit à l’homme de profiter des bonnes choses et des plaisirs licites de la Création. Ce qu’il a interdit, ce sont les mauvaises, ou tout ce qui pourrait y conduire. A partir de là, on peut comprendre que les interdits en Islam peuvent être de deux types différents:
- 1) Il y a les éléments qui sont mauvais en eux-mêmes, comme l’infidélité (Koufr), le polythéisme, l’adultère etc… Ce genre de choses n’a jamais été permis dans aucune religion et à aucun moment de l’Histoire.
- 2) Il existe aussi cependant d’autres éléments qui ne sont pas mauvais en eux-mêmes, mais qui le deviennent parce qu’ils conduisent au mal et au péché. C’est le cas par exemple de l’interdiction qui frappe toutes formes de transaction commerciales lorsque l’appel de la prière du Vendredi a été lancé. En fait, les transactions en elles-mêmes à ce moment ne renferment pas de mal, mais comme elles représentent un obstacle empêchant au croyant, c’est la raison pour laquelle elles ont été interdites. Ce deuxième catégorie de choses n’a pas été (et n’est pas) toujours interdite. Elles peuvent devenir permises dans certains cas…
Nous affirmons que la musique fait, tout à fait logiquement, partie de la seconde catégorie. En effet, l’interdiction prononcée par le Qor’an et le Prophète Mohammad (salla Allahou ‘alayhi wa salam) à son égard tient du fait qu’elle détourne progressivement de la pensée d’Allah et même des choses essentielles de la vie. Cette interdiction porte donc sur les instruments qui n’ont pas d’autres fonctions que de produire de la musique et des sons mélodieux (comme la flûte etc...) et qui ne sont donc que des objets de divertissement, sans aucune utilité pratique au niveau matériel ou spirituel. De même, les chants qui ont pour effet de faire oublier à l’homme la vie future sont également concernés par l’interdiction, même s’ils ne sont pas accompagnés de musique. C’est en ce sens qu’il faut interpréter les Hadiths qui condamnent sévèrement la musique.
Par contre, en ce qui concerne les instruments qui ont aussi bien une fonction musicale qu’une autre fonction, comme c’est le cas du "douff" notamment, qui était employé également lors des proclamations et des annonces, le Prophète Mohammad (salla Allahou ‘alayhi wa salam) a autorisé leur emploi dans certaines situations et sous certaines conditions. Les Hadiths faisant allusion au caractère licite de certains instruments concerne donc ces cas spécifiques.
Cette classification lève ainsi toute contradiction entre les différents Hadiths et elle est tout à fait conforme à la logique islamique: Prendre le bon aspect de chaque chose, en délaissant ce qui pourrait nuire à l’être humain ou le détourner de l’essentiel.
Nous mentionnerons par la suite les avis de nombreux Compagnons (radhia Allahou anhoum) au sujet de la musique, ainsi que de très nombreux passages relatant les avis des savants des quatre écoles sur la question. Après quoi, nous ferons une synthèse de tous ces avis dans la conclusion de notre étude. Voici, en quelque sorte, le résultat de nos recherches:
Conclusion et synthèse des avis juridiques sur la question de la musique et des chants.
_ Il y a certains types de musique et de chants au sujet desquels il y a unanimité entre les savants des quatre écoles de jurisprudence (mâlikite, hanafite, châfi‘ite et hambalite) sur leur interdiction (Il est à noter que le mot employé par les juristes sur ce point pour désigner l’interdiction est bien "Harâm" et non pas "Makrouh"). Les voici :
● Tout chant n’ayant pas d’autre cadre et objectif que la distraction et le divertissement, sans aucun but acceptable au niveau religieux ou mondain est interdit, qu’il soit accompagné de musique ou non.
● L’emploi d’instruments crées uniquement dans un but musical et n’ayant pas d’autres fonctions est interdit, qu’il soit accompagné de chants ou non.
● Tout chant ou musique conduisant à la négligence (à l'égard des devoirs religieux) ou au péché est interdit.
● De faire carrière dans la musique et la chanson.
Il y a donc unanimité entre les savants musulmans sur l’interdiction de ces quatre formes de musique et de chants. Les Hadiths qui interdisent la musique s’appliquent donc à ces quatre éléments.
_ Il existe d’autres types de musique au sujet desquels il y a unanimité des savants sur leur caractère licite. Les voici:
● Le chant de celui qui affine sa voix et l’embellit légèrement et de façon naturelle, sans s’efforcer de suivre les rythmes musicaux, à condition que cela ne soit pas seulement par distraction et divertissement. Il faut que le chant soit motivé par une raison valable: comme le fait d’éloigner un sentiment de solitude, pour faciliter un long voyage, pour se donner du courage quand on fait un travail éprouvant, pour endormir un enfant, pour exciter sa monture, pour éloigner sa déprime, à condition également que les paroles prononcées ne contiennent rien d’interdit et à condition que l’on n’en fasse pas une habitude. Ce type de chants est tout à fait permis.
● Il est également permis d’accompagner ces chants par le "douff" (qui, rappelons-le, n’est pas un instrument purement musical), en certaines occasions spéciales, comme les mariages, les occasions joyeuses, les jours de fête etc…
Encore une fois, il y a unanimité entre les savants musulmans sur le caractère licite de ces deux choses, Les Hadiths qui autorisent les chants s’appliquent donc à ces deux éléments.
_ Enfin, il existe certains points sur lesquels les avis des savants divergent:
● L’emploi du "douff" dans des occasions autres que celles mentionnées ci-dessus.
● L’emploi du "douff" auquel sont attachées des clochettes.
● L’emploi du "Qadhîb" (des baguettes de tambour) lors d’un mariage ou autre…
● L’emploi des autres choses qui ne sont pas des instruments purement musicaux et qui ne produisent pas de sons mélodieux ("Moutribah") tant qu’ils ne sont pas accompagnés par des chants. Exemples: le frappement des mains, le battement sur une jarre etc… D’après certains savants de l'école châfi‘ite,ces choses sont permises; la majorité des savants des quatre écoles cependant les considèrent comme "Makrouh" (déconseillé, blamâble).
Avertissement :
Au sujet du hadith suivant où le Prophète (salla Allahou ‘alayhi wa salam) a dit : « Des gens de ma communauté rendront certes licites [...], ainsi que les instruments de distractions(Al Ma‘âzif) » (Rapporté par al Boukhari)
Ibn Hazm a critiqué ce hadith en disant qu’il est faible et qu’il y a une coupure entre Al-Boukhari et Hicham ibn Amar car il se peut que Al-Boukhari n’ait pas entendu le hadith directement de Hicham car Al-Boukhari n’a pas dit que « Hicham m’a dit » mais « Hicham a dit ».
L’opinion de Ibn Hazm est erronée. En effet, il existe plusieurs hadîths authentiques et avérés relatifs à l’interdiction du Duff et des instruments de distraction. Ibn Hazm a été vivement critiqué pour ce jugement dénué de tout argument et prononcé sur un récit figurant dans le “Sahîh” d’Al Bukhâri.
L’Imam Ibn al Qayyim a dit en réponse à Ibn Hazm : « Ibn Hazm, en critiquant ce hadith, n’a fait que renforcer son « batil » (le mensonge). Il a critiqué en voulant chercher à appuyer son mensonge ; pour autoriser les instruments de musique, il a prétendu que le hadith dans Al-Boukhari est coupé entre Hicham ibn Amar et Al-Boukhari. Cette critique est tout à fait mensongère. D’une part parce que Hicham ibn Amar est le professeur d’al-Boukhari et d’autre part parce qu’al-Boukhari a mis comme condition avant d’écrire son livre de n’y mettre que les hadiths authentiques. »
Réponse à l’ambiguïté
Ibn ‘Omar était un jour avec son esclave affranchi qui s’appelle Nafi‘ et ils marchaient ensemble. Soudain, ibn ‘Omar entend au loin un berger qui joue de la flûte.
Ibn ‘Omar était sur son âne et a essayé de s’écarter au maximum du chemin en mettant les deux doigts sur ses oreilles pour ne pas entendre et à chaque fois, après quelques pas, Ibn ‘Omar dit à Nafi‘ qui n’a pas mis les doigts dans les oreilles : « Ô Nafi‘, est-ce que tu entends encore ? » Nafi‘ lui répond que oui et ibn ‘Omar garde ses doigts dans ses oreilles. Après quelques pas il renouvelle sa question et reçoit la même réponse jusqu’à ce que Nafi‘ ait dit : « Je ne l’entends plus ».
Alors ibn ‘Omar s’est remis sur son chemin et a retiré les doigts de ses oreilles et il a dit à Nafi‘ : « Ce que je viens de faire, j’ai vu le Prophète faire la même chose » (extrait du Sahih Abou Dawoud)
Certains égarés utilisent cet argument pour faire autoriser les instruments de musique et disent que si c’était interdit, le Prophète aurait ordonné à Ibn ‘Omar de boucher lui aussi ses oreilles et que Ibn ‘Omar lui aussi l’aurait ordonné à Nafi‘.
Réponse :
Il n’écoutait pas mais il entendait et il y a une grande différence entre celui qui écoute et qui entend.
Cheikh Al-Islam Ibn Taymiya a dit : « d’après tous les imams, l’homme n’est pas blâmé pour ce qu’il entend sans le vouloir. L’homme se voit blâmé ou loué lorsqu’il écoute et non lorsqu’il entend. Celui qui écoute le Coran se voit récompensé, mais celui qui l’entend, sans le vouloir n’est pas récompensé. Car la grandeur d’un acte est mesurée par rapport à l’intention qui le sous-tend. C’est le cas également de la musique, si on l’entend sans le vouloir, on n’en est pas sanctionné. » (Extrait de al-Majmou‘ 10/78.)
Reste maintenant la question de savoir ce qu’on doit faire quand on se trouve à un endroit où il y a de la musique interdite… A ce sujet, l’imam Malik avait répondu : « s’il l’apprécie(s’il l’écoute) il doit quitter l’endroit, sauf en cas de nécessité ou d’incapacité. S’il entend le son en passant il doit revenir en arrière ou presser le pas. » (source : Al Djâmi‘ d’al-Qayrawânî, p 262)
Conclusion
La musique a pour méfait de creuser un fossé qui empêche les cœurs de profiter du coran et qui les poussent à vénérer constamment la déviance et la désobéissance aux ordres divins. Ainsi nous voyons les gens qui ont l’habitude d’écouter la musique, chantonner l’air de chansons et autres, au lieu de réciter al Qor’an et d’invoquer Allah .... Cette musique est en fait le coran du diable, le rideau opaque qui sépare du Miséricordieux, la porte ouverte à la débauche, la pédérastie et à la fornication, le moyen par lequel l’amant pervers obtient tout ce qu’il attend de l’être désirée…C’est une ruse que Satan a affublée de paillette qui obnubile les esprits égarés. Il leur a suggéré des arguments fallacieux pour les convaincre du bien fondé de cette musique et c’est la raison pour laquelle les gens qui l’acceptèrent ont abandonné le Coran…
Le Cheikh Ibn Taymiya a dit à propos de celui qui a l’habitude d’écouter de la musique : « c’est pourquoi on constate que celui qui a l’habitude de l’écouter et de le goûter ne s’émeut pas à l’écoute du Coran. Bien au contraire, il se procure plus de plaisir en écoutant ces vers qu’en écoutant du Coran. Pire encore, ils écoutent le Coran en parlant et en jouant, alors qu’ils baissent la voix, cessent tout bruit et se montrent attentifs lorsqu’ils entendent des chants ou des applaudissements. » (Madjmou‘ al-Fatâwâ 11/ 557)
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Re: Que dit l'islam orthodoxe à propos de la musique?
L'Islam et la musique
par Ali Khedher
En 1926, l'écrivain égyptien non-voyant Taha Hussein fait exploser une véritable bombe en rejetant l'idée selon laquelle la période préislamique fut qualifiée d' "époque de l'ignorance".
En fait, les textes islamiques critiquent violemment cette période et les récits des chroniqueurs ne nous ont apporté que de petites histoires et quelques poèmes, pourtant l'écriture arabe existait bel et bien et depuis plus de mille ans avant l'islam. Les recherches archéologiques ont fourni des éléments montrant, depuis plus de trois mille ans, la place des Arabes au proche-Orient. Des textes cunéiformes assyro-babyloniens, qui remontent à plus de 800 ans av. J.-C., parlent des royaumes et des reines des Aribi (Arabes). Les villes, habitées entièrement ou majoritairement par les Arabes, comme Pétra, Philippopolis, Palmyre, Hatra, Doura Europos, Bostra, Hauran, Maïn, Saba, Teima, Al-Hira et des dizaines d'autres ont laissé des souvenirs éclatants ; ce qui ne laisse aucun doute sur l'existence d'une civilisation arabe. Comment ce monde, construit sur (et entre) les civilisations antiques de la Mésopotamie et de l'Egypte, aurait-il versé dans cette "ignorance" ? Comment cette société arabe où se développent les premières écritures, la poésie, les observations scientifiques de l'univers, les questions métaphysiques, une réflexion sur la vie (dont les traces écrites existent depuis trois mille ans av. J.-C.), ce monde partagé entre zoroastriens, hébreux, chrétiens, philosophes, polythéistes dont les cultes s'exprimaient déjà par l'art (sculpture, peinture, musique, chant, danse), comment ce monde, subitement, serait-il devenu "ignorant" ?
Cette civilisation, les écrits des historiens et géographes, comme Eratosthène (IIIe s.), Ptolémée (IIe s. apr. J.-C.), Pline l'Ancien (Ier s. apr. J.-C.), Strabon (Ier s. av. J.-C.) et d'autres, la confirment, et même les textes bibliques (pourtant partiaux quant à ce qui sort du nationalisme hébreux) ne nient pas cette vérité. D'autres historiens contemporains considèrent même que cette civilisation existait avant les anciennes civilisations gréco-romaine, byzantine et perse. Dans l'introduction à son "Histoire naturelle", Pline l'Ancien découvre trois régions : l'Arabie Pétrée (du nord-ouest du Sinaï à la Transjordanie), l'Arabie Déserte (y compris le désert de Syrie), l'Arabie Heureuse (au nord de la péninsule). Dans ces régions, on peut diviser les Arabes en nomades du désert et en citadins. Les nomades n'avaient pas de lieu fixe et vivaient principalement de l'élevage ; la razzia (ou pillage éclair) faisait aussi partie de leurs activités. Par contre, les citadins comme les Sabéens, les Nabatéens, les Palmyréniens, les Ghassanides, les Hirittes et autres royaumes, contrôlaient de vastes territoires et vivaient, en paix ou en guerre, soit indépendants, soit agissant comme protecteurs pour le compte des grands empire de l'époque (Perse, Romain, Byzantin, etc.). Ces citadins travaillaient principalement dans le commerce, de l'Inde à la Méditerranée. Leurs caravanes convoyaient l'encens, la gomme la myrrhe, la soie, la résine, les pierres fines, toutes marchandises précieuses venant du Yémen ou du Hedjaz, et la chose écrite. Elles étaient souvent accompagnées et protégées par les tribus arabes du Nord.
La présence culturelle des empires mentionnés ci-dessus a enrichi considérablement les traditions culturelles propres aux Arabes. Grâce à ces contacts et échanges, mais aussi à l'ouverture sur les mondes, à un esprit particulièrement inventif, les Arabes ont poussé très loin l'évolution de leur culture. En ces temps, la poésie, la musique, la danse devinrent le symbole d'une prospérité qui permit à l'esprit de s'affirmer.
A la fin du VIe s. et au début du VIIe s., juste avant l'apparition de l'islam, la plupart des Arabes étaient donc juifs, chrétiens et païens, leurs villes vivaient dans une certaine opulence ; la Mecque était un grand centre commercial, religieux et culturel. C'est la tribu des Quraysh (prépondérante parmi les Arabes de la région) qui était maîtresse de la Mecque depuis le Ve s. Au niveau politique, elle était parfaitement et démocratiquement structurée. Abd Al-Mutalib, grand-père du Prophète, était l'un des principaux responsables de la ville. Ceux-ci organisaient deux foires annuelles qui leur permettaient de contrôler les échanges et de gérer l'enceinte sacrée entourant la Ka'ba, au centre de la cité, pour tirer profit des pèlerinages polythéistes accompagnant les foires. La Ka'ba était (avant la récupération musulmane) un temple orné de plus de 300 sculptures (idoles), elle servait de lieu de culte aux païens. Les visiteurs des foires n'étaient pas uniquement arabes ; ils étaient aussi perses, romains, byzantins et autres.
Les Mecquois contrôlaient la route caravanière (la route des aromates) et organisaient chaque année deux grands voyages commerciaux vers le Sud et vers le Nord. Plus de 1 500 chameaux (ce qui était grand pour l'époque) s'ébranlaient à chaque voyage ? A cette prospérité économique s'ajoutait une vie culturelle intense. Au temps des foires, de grandes animations musicales et de danse s'organisaient, les rencontres et les concours poétiques faisaient partie du calendrier. Les grands poèmes du Souk A'kath (les Mu'allaquates) étaient chantés et suspendus sur les murs du temple.
Les chanteuses et chanteurs arabes, perses, byzantins, avec leurs instruments, et en particulier le oud (luth), se produisaient dans toute la ville, sur les places des marchés, chez les nobles (leurs mécènes), et dans les cabarets.
L'orientaliste Georges Farmer ("The History of Arabian Music", p. 10-12) écrit qu'en plus de leur système musical, les Arabes utilisaient le système de Pythagore ; que nombreux étaient les rois, princes et nobles qui pratiquaient la musique et le chant ; que la musique jouait un rôle déterminant chez ceux qui prophétisaient et qu'à cette période, le harem clos n'existant pas, la liberté de la femme était égale à celle de l'homme. Parmi les dizaines de noms connus, on peut mentionner le nom d'Al-Khanssa qui chantait ses poèmes avec accompagnement musical, ainsi que la mère de Hatem Al-Taay. Le grand poète Al-A'sha, dont l'un des poèmes est devenu mu'alaqua, était connu sous le nom de "Sanajet al-arabe" (Harpiste des Arabes), et parcourait chaque partie de la péninsule pour chanter et jouer de son instrument. Des dizaines d'autres faisaient comme lui ; cette tradition sera reprise par des poètes chanteurs espagnols et français qu'on appellera plus tard les troubadours.
En réalité, les Arabes de cette époque (sauf les monothéistes) avaient compris qu'il n'y avait pas de vie (sous forme de survivance individuelle) après la mort, donc ils se sont intéressés à vivre leur présent, à aimer, à danser, à écouter de la musique et à chanter, sans oublier le vin (qu'ils produisaient et faisaient aussi venir de très loin). Grâce à la prospérité économique et à un mode de vie hautement culturel, la poésie et le chant existaient dans chaque maison. C'est dans cette ambiance que le Prophète Mohamed est né en 570.
Que s'est-il donc passé ?
Abd Allah, le père de Mohamed, meurt avant sa naissance. Sa mère décède quand il a six ans. Mohamed voit survenir, en 578, la mort de son grand-père, son protecteur, le puissant Abd Al-Muttalib ; il a huit ans. C'est Abu Talib, son oncle et chef de clan des Hashimites, qui l'adopte. Mais Abu Talib, pour des raisons financières, n'est plus capable de continuer à assumer ses responsabilités dans la ville. Le pouvoir économique des proches de Mohamed se trouve diminué énormément. Son grand-père étant bigame, c'est vers la tribu de l'autre épouse, ses demi oncles, que ce pouvoir se déplace : Al-Abbas, les Bani Umayya, la branche la plus riche et la plus puissante des Quraysh, mais aussi la plus cultivée dont le grand chef était Abu Sufyan (né vers 565). Mohamed vit alors la pauvreté et la perte du pouvoir. Tout laisse à supposer, contrairement à la légende populaire, qu'il est déjà lettré et assez brillant. Il commence à voyager et à travailler, dès l'adolescence, dans le commerce. A l'âge de 25 ans, il se marie avec une dame veuve et très riche (Khadija) pour qui il travaillait et il continue à faire prospérer ses affaires. En 610, Mohamed ressent que Dieu se manifeste par l'intermédiaire de l'ange Gabriel : c'est la Révélation. Après trois ou quatre ans de silence, il annonce publiquement l'islam. Dans les grandes foires de la Mecque, c'est en prose rimée, comme tous les prophètes de l'époque, qu'il déclame le message divin. Les visiteurs ne s'y intéressent pas, ils préfèrent écouter la poésie et les récits des poètes chanteurs que les paroles de Dieu. Parmi ces ménestrels, Al-Nadhr Ibn al-Hareth connaît un succès certain et attire tout le public. Ce dernier (selon le chroniqueur Al-Mas'udi) a appris à chanter et à jouer du oud à Al-Hira en Irak (Etat arabe sous protectorat perse). Il raconte dans ses chants les épopées des anciens empires et les grandes histoires d'amour. Donc le message du Prophète ne passe pas ; c'est la solidarité collective des Mecquois et leur culture arabe qui empêchent les progrès de l'islam.
En 619, Mohamed perd d'abord Khadija, sa femme et soutien financier, et ensuite Abu Talib, son oncle et soutien politique. C'est une nouvelle situation dans laquelle le Prophète se trouve très affaibli. Il comprend alors que sa réussite dépend des rapports de force, autrement dit qu'il lui faut trouver des alliés. Ses contacts avec les tribus de Al-Taïf (ville au sud de la Mecque) ont échoué. Mais le Prophète trouve des alliés à Yethreb, ville habitée par les Arabes juifs des Bani Quryza, des Bani al-Nadhir et des bani Qaynuqa et les Arabes idolâtres des tribus des Khazradj et des Aws. Les monothéistes contrôlent la vie économique et administrative (politique) de la ville et menacent l'existence des polythéistes Mais les deux tribus des Khazradj et des Aws ne s'entendent pas. Il leur faut un personnage capable de les unifier pour affronter les Juifs. Mohamed accepte ce rôle. En 622, il émigre avec ses compagnons (à peine une centaine) vers Yethreb. Il réussit à unifier les deux tribus en les faisant entrer dans l'islam. Au début, il vit en paix avec les juifs ; plus tard, il les combat et les chasse de la ville qui devient alors Médine. D'autres contacts ont lieu : il s'agit des bédouins qui adoptent l'islam, renoncent au nomadisme et se sédentarisent à Médine. Celle-ci devient la capitale des musulmans, une place importante de regroupement humain et un centre militaire. C'est en cette période qu'est instituée la guerre pour la gloire de Dieu (djihad). Le Prophète, dont la puissance militaire n'a pas d'égale en Arabie, organise des expéditions contre les caravanes mecquoises, puis de petites guerres contre les Quraysh, les juifs et d'autres.
Cependant, tous les moyens étaient utilisés pour détruire la culture arabe. Les sourates du Coran et du hadith interdisent la sculpture, la peinture, la musique et attaquent violemment les poètes. Dans la sourate 26, connue sous le nom Les Poètes, versets 224-226, comme dans la sourate 31 appelée Luqman, versets 6 et 7, le texte sacré critique violemment les poètes chanteurs arabes et leur promet un châtiment douloureux. Cette interdiction de la musique est exprimée aussi par la bouche du Prophète à travers ses hadiths dont certains parlent de châtiment pour ceux qui sifflent et battent les mains pour faire de la musique. D'ailleurs, chez les musulmans, le sifflement est considéré comme l'œuvre du diable. Al-Ghazali, dans son livre intitulé Ihya ulum al-din, mentionne certains de ces hadiths (voir vol.2, p. 246)
Iblis fut le premier à moduler la lamentation et le premier qui a chanté ;
Chaque personne qui élève la voix pour chanter, Allah lui envoie deux diables sur ses épaules pour le frapper de leurs talons jusqu'à ce qu'il se taise.
Dans le livre Sahih Al-tirmithi (vol. 1, p. 241), on trouve que le Prophète a maudit le chant et les chanteurs.
En plus, le Prophète n'a pas hésité à légitimer l'acte de verser le sang des poètes chanteurs. Parmi ceux-là, Al-Nadhr Ibn Al-Hareth : il fut capturé et assassiné par les soldats de Mohamed en mars 624. Quelques années plus tard, il ordonne la mort de trois chanteuses : Sarah, Qarina et Arnab (voir la chronique d'Al-Tabari, vol. 3, p. 116-118).
En 630, il dirige une armée de 10 000 soldats et entre, presque sans combat, à la Mecque (c'était une ville de commerce respectée par tous ceux qui l'utilisaient, elle n'avait pas de vrais soldats). Il détruit toutes les sculptures autour et à l'intérieur du sanctuaire parce qu'elles représentent les divinités des païens. Pour s'assurer que cette ville n'aura plus d'influence culturelle, il interdit le chant et la musique ainsi que la poésie, sauf celle qui le flatte ou flatte l'islam. En même temps, il chasse les poètes de la ville et permet de verser le sang de certains poètes comme Ka'ab et Bujair (fils du grand poète Zuhair ibn Abi Salma, auteur d'une mu'laqua). Au bout de quelques semaines, Bujair, épuisé, se rend et se convertit ; son frère résiste beaucoup plus longtemps mais, harcelé, ne pouvant faire confiance à personne, il se rend lui aussi et achète sa liberté par ses odes à Mohamed. Il devient impossible aux artistes et aux intellectuels de dire ce qu'ils pensent. La Mecque devient une petite bourgade sans aucune importance politique ni commerciale ni culturelle.
Mohamed meurt en 632, la lutte pour le pouvoir commence, trois de ses quatre successeurs (connus sous le nom Al-Khalafa al-Rashidun ou les orthodoxes) sont assassinés. Ces quatre successeurs continuent cette même politique, d'un islam dur et strict. Le premier calife, Abu Bakr, considérait comme parfaitement naturel que la musique soit définie comme un "plaisir non autorisé". Plus grave : Al Tabari rapporte que ce même Abu Bakr a donné son approbation à Muhajir (gouverneur du Yémen) pour couper les mains et arracher les dents des deux chanteuses Thabja al-Hadramiyya et Hind bint Yamin pour qu'elles cessent de jouer ou de chanter.
Cette position à l'égard de la musique a été confirmée par les quatre grandes écoles qui dominent la vie musulmane. Il s'agit des écoles Malékite, Hanafitte, Shafi'itte et Hanbalitte. Encore aujourd'hui, un "chef" religieux intégriste algérien, Ali Belhaj, déclare : "Je n'écoute pas de musique parce que la Charia l'interdit".
Que s'est-il donc passé ? C'est phrase par phrase, mot par mot au long de dizaines de grands ouvrages qu'il faut reconstituer le drame. C'est en refusant d'accepter comme une évidence, comme une chose correcte, comme la seule chose à faire, un assassinat (que les enfants intègrent comme juste, en apprenant l'épisode par cœur, en récitant le texte sacré) que la vérité se dessine au prix d'un dépassement du tabou. Comme dans toutes les histoires humaines, on retrouve le vieil antagonisme "culture forte ou pouvoir fort". Il est intéressant de se poser cette question inutile : où en serait le monde aujourd'hui, quelle musique pratiquerions-nous si, au VIIe s., un ordre militaire qui rêvait de conquêtes n'avait pas dévasté une culture millénaire ? Il est tout aussi intéressant mais très utile de se demander pourquoi le processus de destruction devrait continuer ? Au nom de quoi, au nom de qui ?
par Ali Khedher
En 1926, l'écrivain égyptien non-voyant Taha Hussein fait exploser une véritable bombe en rejetant l'idée selon laquelle la période préislamique fut qualifiée d' "époque de l'ignorance".
En fait, les textes islamiques critiquent violemment cette période et les récits des chroniqueurs ne nous ont apporté que de petites histoires et quelques poèmes, pourtant l'écriture arabe existait bel et bien et depuis plus de mille ans avant l'islam. Les recherches archéologiques ont fourni des éléments montrant, depuis plus de trois mille ans, la place des Arabes au proche-Orient. Des textes cunéiformes assyro-babyloniens, qui remontent à plus de 800 ans av. J.-C., parlent des royaumes et des reines des Aribi (Arabes). Les villes, habitées entièrement ou majoritairement par les Arabes, comme Pétra, Philippopolis, Palmyre, Hatra, Doura Europos, Bostra, Hauran, Maïn, Saba, Teima, Al-Hira et des dizaines d'autres ont laissé des souvenirs éclatants ; ce qui ne laisse aucun doute sur l'existence d'une civilisation arabe. Comment ce monde, construit sur (et entre) les civilisations antiques de la Mésopotamie et de l'Egypte, aurait-il versé dans cette "ignorance" ? Comment cette société arabe où se développent les premières écritures, la poésie, les observations scientifiques de l'univers, les questions métaphysiques, une réflexion sur la vie (dont les traces écrites existent depuis trois mille ans av. J.-C.), ce monde partagé entre zoroastriens, hébreux, chrétiens, philosophes, polythéistes dont les cultes s'exprimaient déjà par l'art (sculpture, peinture, musique, chant, danse), comment ce monde, subitement, serait-il devenu "ignorant" ?
Cette civilisation, les écrits des historiens et géographes, comme Eratosthène (IIIe s.), Ptolémée (IIe s. apr. J.-C.), Pline l'Ancien (Ier s. apr. J.-C.), Strabon (Ier s. av. J.-C.) et d'autres, la confirment, et même les textes bibliques (pourtant partiaux quant à ce qui sort du nationalisme hébreux) ne nient pas cette vérité. D'autres historiens contemporains considèrent même que cette civilisation existait avant les anciennes civilisations gréco-romaine, byzantine et perse. Dans l'introduction à son "Histoire naturelle", Pline l'Ancien découvre trois régions : l'Arabie Pétrée (du nord-ouest du Sinaï à la Transjordanie), l'Arabie Déserte (y compris le désert de Syrie), l'Arabie Heureuse (au nord de la péninsule). Dans ces régions, on peut diviser les Arabes en nomades du désert et en citadins. Les nomades n'avaient pas de lieu fixe et vivaient principalement de l'élevage ; la razzia (ou pillage éclair) faisait aussi partie de leurs activités. Par contre, les citadins comme les Sabéens, les Nabatéens, les Palmyréniens, les Ghassanides, les Hirittes et autres royaumes, contrôlaient de vastes territoires et vivaient, en paix ou en guerre, soit indépendants, soit agissant comme protecteurs pour le compte des grands empire de l'époque (Perse, Romain, Byzantin, etc.). Ces citadins travaillaient principalement dans le commerce, de l'Inde à la Méditerranée. Leurs caravanes convoyaient l'encens, la gomme la myrrhe, la soie, la résine, les pierres fines, toutes marchandises précieuses venant du Yémen ou du Hedjaz, et la chose écrite. Elles étaient souvent accompagnées et protégées par les tribus arabes du Nord.
La présence culturelle des empires mentionnés ci-dessus a enrichi considérablement les traditions culturelles propres aux Arabes. Grâce à ces contacts et échanges, mais aussi à l'ouverture sur les mondes, à un esprit particulièrement inventif, les Arabes ont poussé très loin l'évolution de leur culture. En ces temps, la poésie, la musique, la danse devinrent le symbole d'une prospérité qui permit à l'esprit de s'affirmer.
A la fin du VIe s. et au début du VIIe s., juste avant l'apparition de l'islam, la plupart des Arabes étaient donc juifs, chrétiens et païens, leurs villes vivaient dans une certaine opulence ; la Mecque était un grand centre commercial, religieux et culturel. C'est la tribu des Quraysh (prépondérante parmi les Arabes de la région) qui était maîtresse de la Mecque depuis le Ve s. Au niveau politique, elle était parfaitement et démocratiquement structurée. Abd Al-Mutalib, grand-père du Prophète, était l'un des principaux responsables de la ville. Ceux-ci organisaient deux foires annuelles qui leur permettaient de contrôler les échanges et de gérer l'enceinte sacrée entourant la Ka'ba, au centre de la cité, pour tirer profit des pèlerinages polythéistes accompagnant les foires. La Ka'ba était (avant la récupération musulmane) un temple orné de plus de 300 sculptures (idoles), elle servait de lieu de culte aux païens. Les visiteurs des foires n'étaient pas uniquement arabes ; ils étaient aussi perses, romains, byzantins et autres.
Les Mecquois contrôlaient la route caravanière (la route des aromates) et organisaient chaque année deux grands voyages commerciaux vers le Sud et vers le Nord. Plus de 1 500 chameaux (ce qui était grand pour l'époque) s'ébranlaient à chaque voyage ? A cette prospérité économique s'ajoutait une vie culturelle intense. Au temps des foires, de grandes animations musicales et de danse s'organisaient, les rencontres et les concours poétiques faisaient partie du calendrier. Les grands poèmes du Souk A'kath (les Mu'allaquates) étaient chantés et suspendus sur les murs du temple.
Les chanteuses et chanteurs arabes, perses, byzantins, avec leurs instruments, et en particulier le oud (luth), se produisaient dans toute la ville, sur les places des marchés, chez les nobles (leurs mécènes), et dans les cabarets.
L'orientaliste Georges Farmer ("The History of Arabian Music", p. 10-12) écrit qu'en plus de leur système musical, les Arabes utilisaient le système de Pythagore ; que nombreux étaient les rois, princes et nobles qui pratiquaient la musique et le chant ; que la musique jouait un rôle déterminant chez ceux qui prophétisaient et qu'à cette période, le harem clos n'existant pas, la liberté de la femme était égale à celle de l'homme. Parmi les dizaines de noms connus, on peut mentionner le nom d'Al-Khanssa qui chantait ses poèmes avec accompagnement musical, ainsi que la mère de Hatem Al-Taay. Le grand poète Al-A'sha, dont l'un des poèmes est devenu mu'alaqua, était connu sous le nom de "Sanajet al-arabe" (Harpiste des Arabes), et parcourait chaque partie de la péninsule pour chanter et jouer de son instrument. Des dizaines d'autres faisaient comme lui ; cette tradition sera reprise par des poètes chanteurs espagnols et français qu'on appellera plus tard les troubadours.
En réalité, les Arabes de cette époque (sauf les monothéistes) avaient compris qu'il n'y avait pas de vie (sous forme de survivance individuelle) après la mort, donc ils se sont intéressés à vivre leur présent, à aimer, à danser, à écouter de la musique et à chanter, sans oublier le vin (qu'ils produisaient et faisaient aussi venir de très loin). Grâce à la prospérité économique et à un mode de vie hautement culturel, la poésie et le chant existaient dans chaque maison. C'est dans cette ambiance que le Prophète Mohamed est né en 570.
Que s'est-il donc passé ?
Abd Allah, le père de Mohamed, meurt avant sa naissance. Sa mère décède quand il a six ans. Mohamed voit survenir, en 578, la mort de son grand-père, son protecteur, le puissant Abd Al-Muttalib ; il a huit ans. C'est Abu Talib, son oncle et chef de clan des Hashimites, qui l'adopte. Mais Abu Talib, pour des raisons financières, n'est plus capable de continuer à assumer ses responsabilités dans la ville. Le pouvoir économique des proches de Mohamed se trouve diminué énormément. Son grand-père étant bigame, c'est vers la tribu de l'autre épouse, ses demi oncles, que ce pouvoir se déplace : Al-Abbas, les Bani Umayya, la branche la plus riche et la plus puissante des Quraysh, mais aussi la plus cultivée dont le grand chef était Abu Sufyan (né vers 565). Mohamed vit alors la pauvreté et la perte du pouvoir. Tout laisse à supposer, contrairement à la légende populaire, qu'il est déjà lettré et assez brillant. Il commence à voyager et à travailler, dès l'adolescence, dans le commerce. A l'âge de 25 ans, il se marie avec une dame veuve et très riche (Khadija) pour qui il travaillait et il continue à faire prospérer ses affaires. En 610, Mohamed ressent que Dieu se manifeste par l'intermédiaire de l'ange Gabriel : c'est la Révélation. Après trois ou quatre ans de silence, il annonce publiquement l'islam. Dans les grandes foires de la Mecque, c'est en prose rimée, comme tous les prophètes de l'époque, qu'il déclame le message divin. Les visiteurs ne s'y intéressent pas, ils préfèrent écouter la poésie et les récits des poètes chanteurs que les paroles de Dieu. Parmi ces ménestrels, Al-Nadhr Ibn al-Hareth connaît un succès certain et attire tout le public. Ce dernier (selon le chroniqueur Al-Mas'udi) a appris à chanter et à jouer du oud à Al-Hira en Irak (Etat arabe sous protectorat perse). Il raconte dans ses chants les épopées des anciens empires et les grandes histoires d'amour. Donc le message du Prophète ne passe pas ; c'est la solidarité collective des Mecquois et leur culture arabe qui empêchent les progrès de l'islam.
En 619, Mohamed perd d'abord Khadija, sa femme et soutien financier, et ensuite Abu Talib, son oncle et soutien politique. C'est une nouvelle situation dans laquelle le Prophète se trouve très affaibli. Il comprend alors que sa réussite dépend des rapports de force, autrement dit qu'il lui faut trouver des alliés. Ses contacts avec les tribus de Al-Taïf (ville au sud de la Mecque) ont échoué. Mais le Prophète trouve des alliés à Yethreb, ville habitée par les Arabes juifs des Bani Quryza, des Bani al-Nadhir et des bani Qaynuqa et les Arabes idolâtres des tribus des Khazradj et des Aws. Les monothéistes contrôlent la vie économique et administrative (politique) de la ville et menacent l'existence des polythéistes Mais les deux tribus des Khazradj et des Aws ne s'entendent pas. Il leur faut un personnage capable de les unifier pour affronter les Juifs. Mohamed accepte ce rôle. En 622, il émigre avec ses compagnons (à peine une centaine) vers Yethreb. Il réussit à unifier les deux tribus en les faisant entrer dans l'islam. Au début, il vit en paix avec les juifs ; plus tard, il les combat et les chasse de la ville qui devient alors Médine. D'autres contacts ont lieu : il s'agit des bédouins qui adoptent l'islam, renoncent au nomadisme et se sédentarisent à Médine. Celle-ci devient la capitale des musulmans, une place importante de regroupement humain et un centre militaire. C'est en cette période qu'est instituée la guerre pour la gloire de Dieu (djihad). Le Prophète, dont la puissance militaire n'a pas d'égale en Arabie, organise des expéditions contre les caravanes mecquoises, puis de petites guerres contre les Quraysh, les juifs et d'autres.
Cependant, tous les moyens étaient utilisés pour détruire la culture arabe. Les sourates du Coran et du hadith interdisent la sculpture, la peinture, la musique et attaquent violemment les poètes. Dans la sourate 26, connue sous le nom Les Poètes, versets 224-226, comme dans la sourate 31 appelée Luqman, versets 6 et 7, le texte sacré critique violemment les poètes chanteurs arabes et leur promet un châtiment douloureux. Cette interdiction de la musique est exprimée aussi par la bouche du Prophète à travers ses hadiths dont certains parlent de châtiment pour ceux qui sifflent et battent les mains pour faire de la musique. D'ailleurs, chez les musulmans, le sifflement est considéré comme l'œuvre du diable. Al-Ghazali, dans son livre intitulé Ihya ulum al-din, mentionne certains de ces hadiths (voir vol.2, p. 246)
Iblis fut le premier à moduler la lamentation et le premier qui a chanté ;
Chaque personne qui élève la voix pour chanter, Allah lui envoie deux diables sur ses épaules pour le frapper de leurs talons jusqu'à ce qu'il se taise.
Dans le livre Sahih Al-tirmithi (vol. 1, p. 241), on trouve que le Prophète a maudit le chant et les chanteurs.
En plus, le Prophète n'a pas hésité à légitimer l'acte de verser le sang des poètes chanteurs. Parmi ceux-là, Al-Nadhr Ibn Al-Hareth : il fut capturé et assassiné par les soldats de Mohamed en mars 624. Quelques années plus tard, il ordonne la mort de trois chanteuses : Sarah, Qarina et Arnab (voir la chronique d'Al-Tabari, vol. 3, p. 116-118).
En 630, il dirige une armée de 10 000 soldats et entre, presque sans combat, à la Mecque (c'était une ville de commerce respectée par tous ceux qui l'utilisaient, elle n'avait pas de vrais soldats). Il détruit toutes les sculptures autour et à l'intérieur du sanctuaire parce qu'elles représentent les divinités des païens. Pour s'assurer que cette ville n'aura plus d'influence culturelle, il interdit le chant et la musique ainsi que la poésie, sauf celle qui le flatte ou flatte l'islam. En même temps, il chasse les poètes de la ville et permet de verser le sang de certains poètes comme Ka'ab et Bujair (fils du grand poète Zuhair ibn Abi Salma, auteur d'une mu'laqua). Au bout de quelques semaines, Bujair, épuisé, se rend et se convertit ; son frère résiste beaucoup plus longtemps mais, harcelé, ne pouvant faire confiance à personne, il se rend lui aussi et achète sa liberté par ses odes à Mohamed. Il devient impossible aux artistes et aux intellectuels de dire ce qu'ils pensent. La Mecque devient une petite bourgade sans aucune importance politique ni commerciale ni culturelle.
Mohamed meurt en 632, la lutte pour le pouvoir commence, trois de ses quatre successeurs (connus sous le nom Al-Khalafa al-Rashidun ou les orthodoxes) sont assassinés. Ces quatre successeurs continuent cette même politique, d'un islam dur et strict. Le premier calife, Abu Bakr, considérait comme parfaitement naturel que la musique soit définie comme un "plaisir non autorisé". Plus grave : Al Tabari rapporte que ce même Abu Bakr a donné son approbation à Muhajir (gouverneur du Yémen) pour couper les mains et arracher les dents des deux chanteuses Thabja al-Hadramiyya et Hind bint Yamin pour qu'elles cessent de jouer ou de chanter.
Cette position à l'égard de la musique a été confirmée par les quatre grandes écoles qui dominent la vie musulmane. Il s'agit des écoles Malékite, Hanafitte, Shafi'itte et Hanbalitte. Encore aujourd'hui, un "chef" religieux intégriste algérien, Ali Belhaj, déclare : "Je n'écoute pas de musique parce que la Charia l'interdit".
Que s'est-il donc passé ? C'est phrase par phrase, mot par mot au long de dizaines de grands ouvrages qu'il faut reconstituer le drame. C'est en refusant d'accepter comme une évidence, comme une chose correcte, comme la seule chose à faire, un assassinat (que les enfants intègrent comme juste, en apprenant l'épisode par cœur, en récitant le texte sacré) que la vérité se dessine au prix d'un dépassement du tabou. Comme dans toutes les histoires humaines, on retrouve le vieil antagonisme "culture forte ou pouvoir fort". Il est intéressant de se poser cette question inutile : où en serait le monde aujourd'hui, quelle musique pratiquerions-nous si, au VIIe s., un ordre militaire qui rêvait de conquêtes n'avait pas dévasté une culture millénaire ? Il est tout aussi intéressant mais très utile de se demander pourquoi le processus de destruction devrait continuer ? Au nom de quoi, au nom de qui ?
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