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Le vaudou

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Le vaudou  Empty Le vaudou

Message  Arlitto Jeu 09 Juin 2016, 20:42

Vaudou

L'esclavage n'a pas été inventé au 16e siècle avec la vente d'esclaves noirs aux planteurs américains. Dans les guerres antiques, l'esclavage évitait (en partie) le massacre total des vaincus. Le servage, autre forme d'esclavage, a sévi dans le monde entier. Le mot "esclave" rappelle que les populations slaves d'Europe alimentaient les marchés aux esclaves d'Afrique, du Moyen-Orient et du Maghreb (comme celles d'Afrique orientale et subsaharienne). Les prédateurs y vendirent très longtemps leurs captifs, blancs ou noirs. Au 16e siècle, le développement des Amériques créa une filière transatlantique. Des roitelets africains vendirent même souvent leurs propres sujets aux avides marchands européens. Cependant, d'autres hommes imposèrent progressivement au Monde l'abolition tant attendue de l'esclavage. Les hommes blancs ou noirs actuels n'ont pas à répondre de cette situation passée. Ils ont à vaincre l'esclavage économique.
Origines du Vaudou


Les origines du Vaudou sont africaines. Il s'enracine dans un territoire qui s'étend du sud et du moyen Bénin et de la région occidentale du Nigéria à celle du bas du Togo, et qui couvre aussi une bonne partie du sud est du Ghana. On y trouve des populations des diverses cultures Yoruba, et des peuples apparentés aux Adja, tels les Fons, les Guins, les Ouatchis ainsi que les Evhés togolais. Toutes ces ethnies, géographiquement et économiquement proches, sont également culturellement reliés par les traditions cultuelles Orisha ou Vodun (Vodou), dont les concepts sont équivalents. Il n'y a cependant pas un Vodun ou Vodou de base, bien caractérisé, qui serait commun à toutes ces peuplades. Nous sommes en Afrique où la créativité est permanente et souvent floue et variable. Chaque communauté d'initiés, chaque groupe d'adeptes, pratique une forme locale de Vodun en révérant des entités ou des forces transcendantes qui s'y manifestent de façon particulière. Originellement, cette religion avait donc de multiples aspects dont la variété a encore été accrue aux Amériques par les déportations massives d'esclaves noirs d'origines diverses et de cultures distinctes.
Le vaudou  Vodou_statuette
Dans ces territoires africains, quoique les variantes locales soient multiples, la culture Orisha tend encore à perdurer. Les appellations Vodun, Vaudou, ou Orisha désignent des êtres ou des puissances invisibles que les hommes s'efforcent de contrôler pour se les rendre propices. Leur acception la plus courante concerne les éléments ou les grandes forces de la nature, le Ciel, l'Eau, la Foudre, la Terre. On y trouve aussi des ancêtres célèbres ou prestigieux, le plus souvent ceux de lignée royale. En Amérique, ces entités sont appelés "LOA".  Elles ne correspondent pas à notre notion de la divinité, mais sont plutôt assimilables à nos Saints ou à des Génies. Dans la pratique du Vodou, les Africains ne séparent pas nettement le sacré du profane. Les deux caractères sont mêlés dans le déroulement de la vie courante, l'exceptionnel mêlé au quotidien, le bien au mal, le magique à l'ordinaire. Et chaque substance banale est pénétrée par son propre vodoun. Chaque village, chaque famille, même chaque enfant,  peut avoir le sien qui joue le rôle de protecteur particulier. C'est pourquoi les rites et les offrandes ont une grande importance car ils procureraient leur efficacité dans ce monde d'ici-bas.  
 Vue d'artiste d'un groupe africain traditionnel

Le vaudou  Grupoafro

Depuis le 7e siècle, les populations slaves d'Europe et celles d'Afrique orientale et subsaharienne alimentaient les marchés aux esclaves du Moyen-Orient et du Maghreb. Au 16e siècle, le développement des territoires créa un énorme marché aux Amériques. Á la demande des planteurs, des marchands européens se procurèrent des esclaves africains, d'abord par des razzias, puis en achetant leurs propres sujets aux roitelets locaux. Les Yoruba de culture vaudou furent alors déportés en nombre. Rassemblés dans les plantations de coton, ils reconstituèrent leurs cultes. Ils établirent des rituels syncrétiques en combinant les diverses pratiques vaudou et en les enrichissant d'apports bantous. Incapables de stopper le commerce des esclaves, les églises chrétiennes tentèrent de les évangéliser pour sauver leurs âmes. Les maîtres imposèrent alors le baptême et le culte chrétien devint une caution morale à l'esclavagisme. Les adeptes du Vaudou masquèrent alors leurs LOA sous des images et des symboles chrétiens. Au 19e siècle, les évangélistes firent enfin cesser la traite négrière et l'esclavage fut aboli. Sous son travestissement, le Vaudou persista.
Esclave Yoruba

Le vaudou  Yoruba8

Depuis l'Antiquité, de très nombreux êtres humains ont été asservis et vendus comme des outils vivants sur les marchés aux esclaves. Á l'origine, le mot désignait des païens de race blanche, les captifs slaves que vendaient les Vénitiens. Á travers le Sahara, d'autres esclavagistes arrachaient à l'Afrique quinze millions d'esclaves noirs, castrant tous les mâles. Ces razzias provoquaient d'importants massacres. Au 16e siècle, l'exploitation des Amériques provoqua l'asservissement des Indiens. Sous Charles Quint, 


[ltr]la Controverse de Valladolidétablit qu'ils avaient une âme et devaient être évangélisés. Le légat du Pape préconisa leur remplacement par des Africains. En deux siècles, le commerce triangulaire, la traite, transféra douze millions d'esclaves noirs vers le continent américain. Cette nouvelle saignée ravagea le continent en détruisant les empires africains. Cependant, sous la pression des évangélistes et des humanistes, avec les risques de révoltes et grâce à la mécanisation, l'anti-esclavagisme progressait. Au delà des polémiques, il faut reconnaître que les nations coloniales imposèrent au Monde l'abolition de l'esclavage, la rendant enfin universelle en 1948.[/ltr]
Le vaudou  Herarq4


[ltr]La traite des Noirs[/ltr]


[ltr]Le Code Noir de Louis XIV[/ltr]


[ltr]La traite arabe[/ltr]



Le vaudou  Hands_small

L'esclavage n'a pas été inventé au 16e siècle avec la vente d'esclaves noirs aux planteurs américains. Dans les guerres antiques, l'esclavage évitait (en partie) le massacre total des vaincus. Le servage, autre forme d'esclavage, a sévi dans le monde entier. Le mot "esclave" rappelle que les populations slaves d'Europe alimentaient les marchés aux esclaves d'Afrique, du Moyen-Orient et du Maghreb (comme celles d'Afrique orientale et subsaharienne). Les prédateurs y vendirent très longtemps leurs captifs, blancs ou noirs. Au 16e siècle, le développement des Amériques créa une filière transatlantique. Des roitelets africains vendirent même souvent leurs propres sujets aux avides marchands européens. Cependant, d'autres hommes imposèrent progressivement au Monde l'abolition tant attendue de l'esclavage. Les hommes blancs ou noirs actuels n'ont pas à répondre de cette situation passée. Ils ont à vaincre l'esclavage économique.

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Message  Arlitto Jeu 09 Juin 2016, 20:42

Haïti la m.audite ?  



Haïti la m.audite ?  Ch. Didier Gondola, Indiana University, USA

Cérémonie vaudou en Haïti   


Les adeptes de Notre Dame du Mont-Carmen, ont fait le voyage jusqu'aux chutes 
de Saut d'Eau au centre d'Haïti pour une cérémonie annuelle en l'honneur de la 
Vierge Marie qui serait apparu sur l'île en 1847.

Au moment où Haïti est frappée par une catastrophe naturelle de proportion apocalyptique et que des corps vivants se trouvent encore coincés dans les décombres des bas-fonds de Port-au-Prince, la décence n'autorise que la compassion. Ceux qui ont quelque notion de religion peuvent offrir une prière pour les survivants qui, sans eau, sans vivres et sans médicaments, partagent la rue avec les morts. Les autres peuvent " texter " et envoyer 10 dollars ou 10 euros à la Croix Rouge et à d'autres organisations caritatives. Les petits ruisseaux font des grands fleuves qui se déversent dans l'océan, nous l'a bien rappelé l'ancien président Bill Clinton, l'envoyé spécial du président Barack Obama en Haïti.

Cette grande compassion, cette grande énergie planétaire qui ne veut pas répéter le déficit humanitaire qui a choqué les victimes de Katrina en 2005, n'a pas gagné toutes les âmes. Au lendemain de l'hécatombe de Port-au-Prince, le pasteur américain Pat Robertson nous a révélé les raisons profondes de la catastrophe d'Haïti, raisons, nous assure t-il, qui n'ont rien à voir avec l'évidence scientifique que l'île est localisée à l'épicentre d'une zone séismique.

Pourquoi donc un tremblement de terre d'une magnitude de 7,0 sur l'échelle de Richter a dévasté Haïti ? Parce que, selon Robertson, les Haïtiens ont vendu leur pays à Satan il y a 200 ans. " Il s'est passé quelque chose à Haïti il y a longtemps, et personne ne veut en parler. Ils [les Haïtiens] se trouvaient sous la botte des Français au temps de… Napoléon III (sic) ou je ne sais qui d'autre. Ils se sont donc rassemblés et ont conclu, en jurant, un pacte avec le diable. Ils ont dit, nous allons te servir si tu nous libères des Français. C'est une histoire vraie ! Et donc, le diable a dit, OK, marché conclu ".

Pat Robertson n'est pas un quidam qui délire dans le bistrot du coin et amuse la galerie en sirotant son pastis. Si c'était le cas personne ne prêterait attention à ces élucubrations d'ivrognes. Non, lui a pignon sur rue. Les révélations ont été faites sur sa chaîne de télévision, devant des centaines de milliers de téléspectateurs qui, d'ordinaire, attendent ses instructions pour savoir pour qui voter aux prochaines élections présidentielles, comment élever leurs enfants et traiter les immigrés et les homosexuels. Robertson (né en 1930) fait partie de la première vague de télévangélistes. Il est le fondateur du Christian Broadcasting Network (CBN) et de la Christian Coalition, l'aile religieuse du parti républicain qui, à elle seule, commande une armée de près de trois millions de fidèles. Connu non pas seulement pour ses opinions armées, mais aussi pour ses ambitions politiques, Robertson avait fait campagne, sans succès, pour la nomination républicaine aux élections présidentielles de 1988.

Sa fortune, il ne l'a pas amassée qu'avec des sermons, mais aussi en signant des contrats juteux avec les figures les plus sanguinaires de l'Afrique postcoloniale. Dans les années 1990, par exemple, il a obtenu de Charles Taylor plusieurs concessions de diamants au Liberia. En 1994, en plein génocide au Rwanda, Robertson a monté une opération baptisée " Operation Blessing " qu'il a utilisée pour acheminer des équipements lourds dans ses mines du Liberia, tout en jurant ses grands dieux qu'il s'agissait de colis humanitaires destinés aux victimes rwandais.

Que s'est-il donc passé à Haïti " il y a longtemps " qui explique les paroles choquantes de Robertson ? À la fin du XVIIIe siècle, sous le commandement de Toussaint L'Ouverture, des centaines de milliers d'esclaves se révoltent dans le goulag de Saint-Domingue. Dans cette île des Caraïbes, dénommée la " perle des Antilles ", il n'y a pas de plantations de sucre et de café comme ailleurs, mais de véritables camps de concentration. Les bateaux qui amènent les esclaves africains au Golfe de Gonâve sont comme les trains de la mort qui acheminent les prisonniers juifs à Auschwitz et à Treblinka. Là les esclaves subissent les traitements les plus cruels qui auraient arraché une larme de compassion à un planteur virginien. L'espérance de vie d'un esclave déraciné d'Afrique est, en moyenne, de 4 à 5 ans. Haïti est trop importante pour l'économie française pour que la France s'apitoie sur le sort des centaines de milliers d'esclaves venus du Togo, du Congo et du Bénin. On se demande même en métropole si ces nègres possèdent une âme.

En se révoltant contre les Français, les esclaves de Saint-Domingue commettent le plus grand péché de l'histoire. Non, pas celui de massacrer un grand nombre des Blancs qui vivent sur l'île. Un Blanc, ça meurt aussi, après tout. Ni celui de défaire la plus grande expédition navale de l'histoire militaire de France, une expédition commandée par nul autre que le Général Leclerc, le beau-frère de Napoléon Bonaparte. Non. Le péché est d'emmêler la grande trame de l'histoire et de déranger le paradigme dominant de l'histoire, celui qui octroie à l'Europe le rôle de Prospéro. Seule l'Europe fait, défait et refait ; écrit, décrit et réécrit. A elle seule incombe la tâche prométhéenne de briser et de réparer. Les Haïtiens ont brisé leur joug et pour l'avoir fait non seulement avec des armes mais à l'aide de leur spiritualité africaine, leur révolution n'a pas été célébrée comme celles qui l'ont immédiatement précédée. La révolution américaine a été accomplie par des francs-maçons, de surcroît esclavagistes, mais jamais il n'est venu à l'idée de personne de l'attribuer au diable. Souvenons-nous aussi de la Terreur sous la révolution française, de toutes ces victimes (souvent innocentes) sacrifiées à l'échafaud et sur l'autel de la liberté. Mais à quel dieu les Français continuent-ils à offrir l'incantation morbide que clame la Marseillaise : " qu'un sang impur abreuve nos sillons " ? Que dire du fameux mot de Thomas Jefferson, " l'arbre de la liberté doit être arrosé de temps en temps par le sang des patriotes et des tyrans. C'est là son fumier naturel " ?

Il y a dans les révolutions française et américaine un vampirisme débordant, un torrent d'hémoglobine qui, pourtant, n'a ni emporté les certitudes des historiens ni entaché la tradition historiographique qui continue à exalter le " génie français " et à diviniser les " founding fathers ". Les images de " l'armée des cannibales " (expression utilisée par Jefferson pour qualifier les patriotes haïtiens), d'un leader aux traits simiesques (c'est ainsi que Toussaint L'Ouverture est portraituré par les artistes occidentaux de l'époque), d'esclaves buvant le sang des Blancs à même leurs mains rugueuses, possédés par un dieu cannibale, de prêtres vodou, les yeux révulsés et les corps convulsés et raidis par une transe fétichiste ; oui, toutes ces images chimériques hantent la conscience de l'Occident. Obsédé et mortifié par ces scènes apocalyptiques qui n'existent que dans son imagination, le voyageur français Narcisse Baudry des Lozières s'acharne sur le Noir, menace et commande avec l'autorité d'un seigneur de Jacmel : " Et toi, féroce Africain, qui triomphes un instant sur les tombeaux de tes maîtres que tu as égorgés en lâche, […] rentre dans le néant politique auquel la nature elle-même t'a destiné. Ton orgueil atroce n'annonce que trop que la servitude est ton lot. Rentre dans le devoir et compte sur la générosité de tes maîtres. Ils sont blancs et français ".

Il existe une autre raison pour laquelle le projet patriote haïtien a été diabolisé. Cette raison tient à une idée simple qui sature la conscience de l'Occident chrétien tout au long de la période esclavagiste. L'esclavage des Noirs était sanctionné par Dieu lui-même. En 1452, une bulle papale, Dum Diversas, du pape Nicolas V autorisa le Portugal à réduire les " Sarrazins et les païens " en esclavage perpétuel, y compris leurs descendants. En 1488, le roi Ferdinand d'Aragon offrit une centaine d'esclaves au pape Innocent VIII, qui les reçut volontiers et les distribua à ses cardinaux. Non seulement Dieu conduisait l'Europe à la conquête de nouveaux territoires, en leur donnant à perpétuité tout lieu que foulerait la plante de leurs pieds, mais mettait également à leur disposition tout peuple païen ou non chrétien qui s'y trouverait. Si donc l'esclavage était ordonné par Dieu, seul Satan pouvait délivrer les Haïtiens et rompre ce joug divin. L'alliance divine de l'esclavage, conclue entre Dieu et les Européens, aurait été brisée par le pacte démoniaque de libération que les Haïtiens ont signé avec le diable à la fin du XVIIIe siècle. D'où la rumeur, qui se répand rapidement dès le début de la révolution haïtienne, que les esclaves ont engagé l'assistance de prêtres vodou pour consacrer l'île à Satan comme gage de leur liberté. De là, la réputation diabolique affublée au vodou, une religion pourtant similaire dans sa liturgie, son panthéon et ses valeurs éthiques à bien d'autres religions africaines de la Diaspora comme la santeria, le yoruba ou l'orisha, religions qui se sont mariées avec le catholicisme. Un exemple récent : dans le nouveau blockbuster à subtexts de James Cameron, Avatar, le personnage joué par Sigourney Weaver plaide avec la ferveur d'un Bartolomé de las Casas en faveur des Na'vis en expliquant au conquistador extra-planétaire (joué par Giovanni Ribisi) que les Na'vis ne pratiquent pas un culte vodou païen (magico-fétishiste), mais une véritable religion connectée aux forces élémentaires de l'univers et que, par conséquent, il ne faut pas leur appliquer la solution finale.

Il faut pourtant croire à la malédiction d'Haïti. Oui, Haïti est une île maudite. Haïti la maudite l'a été dès son indépendance en 1804. D'abord, la France lui impose 150 millions de francs lourds qu'elle doit payer pour prix de son indépendance. En 1838, cherchant désespérément à sortir du statut d'état paria dans lequel l'ont confinée les puissances occidentales, Haïti accepte de payer ces réparations de guerre pour compenser les planteurs français et leurs descendants. En échange, la France accepte de rompre son embargo et de reconnaître la République d'Haïti. Mais jusqu'en 1915, date de l'occupation américaine, Haïti peine à démarrer une économie ravagée par 12 ans de guerre et obérée par le paiement à la France d'une dette colossale. L'Amérique, qui doit pourtant son expansion à la victoire des révolutionnaires haïtiens, grâce à l'acquisition de la Louisiane française, contribue également à asphyxier l'économie d'une nation qu'elle ne reconnaîtra qu'en 1862. En occupant l'île de 1915 à 1934, les Américains favorisent les intérêts des investisseurs yankees au détriment de l'économie haïtienne et inculquent à l'élite métisse une tradition militaire qui atteindra son point d'orgue durant la dictature duvaliériste. La leçon apprise, l'élite haïtienne se comporte en kleptocrate, torture, assassine, et plonge l'île dans un étang de sang et de soufre.

Il s'est passé quelque chose de terrible à Haïti il y a longtemps, et personne n'ose en parler aujourd'hui. Mais la terre s'est ouverte à Léogane, à Port-au-Prince et à Jacmel, engloutissant dans sa furie les descendants d'esclaves. De ses béances, et pour prix de ce sacrifice humain, une effroyable malédiction nous est révélée. Haïti a été bannie du rang qu'elle méritait d'occuper dans les annales de l'histoire. L'histoire d'Haïti ferait aujourd'hui le script d'un grand film comme Hollywood sait si bien en concocter, une grande épopée historique dans laquelle Toussaint L'Ouverture et son armée invincible seraient dépeints comme Léonidas aux Thermopyles, comme David bravant Goliath ; les petits écoliers réciteraient par cœur ses exploits ; des rues, partout, des monuments, en maints lieux, des fresques, dans plus d'un musée, célébreraient les gestes de ce titan ; un poète anonyme composerait une chanson à sa gloire, comme celle de Roland. Mais voilà, Toussaint L'Ouverture et sa bande de guerriers étaient des nègres. Les nègres doivent occuper le parterre de l'histoire et laisser les loges à la race supérieure. Les nègres n'altèrent pas le cours de l'histoire ; ils sont emportés par les vagues que déclenche l'armada du peuple conquérant. 
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Message  Arlitto Jeu 09 Juin 2016, 20:43

    La religion de l’esprit, le vaudou

Le vaudou  Le-vaudou


Le Vaudou vient d'Afrique de l'ouest mais on pratique aussi un vaudou partout où des esclaves africains ont été déportés, comme dans certaines îles des Caraïbes ou dans quelques pays d'Amérique comme le Brésil, USA, Mexique etc... Les vaudous pratiqués en dehors du continent
 Africain sont souvent des variantes et des restes de la religion d'origine.

La religion de l’esprit, le vaudou

Le vaudou (ou vodou, ou vodoun) est une religion originaire de l’ancien royaume du Dahomey (Afrique de l’Ouest). Il est toujours largement répandu au Bénin et au Togo, comme dans le célèbre marché des féticheurs à Lomé.

À partir du XVIIe siècle, les esclaves originaires de cette région d’Afrique répandirent le culte vaudou aux Caraïbes et en Amérique. On le retrouve donc sous différentes formes à Cuba, en Haïti, au Brésil ou encore aux États-Unis, en Louisiane surtout. Mais bien avant l’Amérique, le vaudou s’est répandu en Afrique du Nord par les esclaves amenés par les anciennes dynasties qui ont traversé l’histoire de cette région.
Et on le retrouve jusqu’à nos jours sous différentes formes, dont la plus connue reste le Gnawa ou Gnaoua au Maroc et en Algérie, mélangé au folklore religieux arabo-musulman.

Au sommet du panthéon vaudou figure Mawu (prononcer man-whou), Dieu suprême qui règne sur les autres dieux. (mawu lo lo pour « Dieu est grand » ; akpé na mawu pour « merci à Dieu » ; mawuena(m) pour « don de Dieu » et qui correspond au prénom Dieudonné). Mawu n’ayant pas de forme, il n’est donc jamais représenté, ni en peinture ni associé à des objets, comme le sont les autres vaudous.

Mawu (Qui représente Dieu avec une majuscule) est incréé et créateur de tous les autres Vaudous (dieux sans majuscule). Mawu n’intervient pas dans la vie des hommes. Il aurait créé les autres Vaudous pour qu’ils soient en relation avec les hommes et le monde. « Mawu » ne fait pas partie à proprement parler du panthéon vaudou; c’est un concept ; littéralement Mawu doit se traduire par « ce que nul ne peut atteindre » ou encore « l’inaccessible » Ce n’est donc pas une « personne »mais une entité. Ce qui explique qu’il n’y a nulle part dans l’aire du vaudou un culte pour Mawu ; on ne fait que le remercier, le glorifier. On le dit bienveillant envers toutes les créatures.

Remarquons que certains chrétiens (Ewés et Fons) appellent Dieu Mawu. Les premiers missionnaires chrétiens sont sûrement à l’origine de la traduction du nom du Dieu chrétien par Mawu, pour faciliter les conversions vers la religion chrétienne. Cet exemple de récupération n’est pas unique dans l’histoire des religions.

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Le vaudou est né de la rencontre des cultes traditionnels des dieux yorubas et des divinités fon et ewe, lors de la création puis l’expansion du royaume Fon d’Abomey aux XVIIe et XVIIIe siècles.


Les Yorubas (Yorùbá) sont un grand groupe ethnique d’Afrique, surtout présent au Nigeria,. Ils ont payé un lourd tribut aux traites négrières, c’est pourquoi on trouve une importante diaspora outre-Atlantique.


Le vaudou est le fondement culturel des peuples qui sont issus par migrations successives de Tado au Togo, les Adja (dont les Fons, les Gouns, les Ewe… et dans une certaine mesure les Yoruba …) peuples qui constituent un élément important des populations au sud des États du Golfe du Bénin (Bénin, Togo, Ghana, Nigéria…).

Vaudou (que l’on prononce vodoun) est l’adaptation par le Fon d’un mot Yoruba signifiant « dieu ». Le vaudou désigne donc l’ensemble des dieux ou des forces invisibles dont les hommes essaient de se concilier la puissance ou la bienveillance. Il est l’affirmation d’un monde surnaturel, mais aussi l’ensemble des procédures permettant d’entrer en relation avec celui-ci. Le vaudou correspond au culte yoruba des Orishas.

Les orishas, ou orixás, sont des divinités afro-américaines. Dans les Amériques, on les rencontre surtout dans le candomblé brésilien, sous le nom d’orixás. Ils sont également les divinités de la santeria des Caraïbes.


De même que le vaudou est un culte à l’esprit du monde de l’invisible. À chaque ouverture, le prêtre vodoun demande l’aide de l’esprit de Papa Legba pour ouvrir les portes des deux mondes.

Papa Legba est un lwa (esprit, divinité) du vaudou haïtien. Il correspond à Elegba à Cuba, et à Eshu au Brésil. Il garde la frontière entre le monde des humains et le monde surnaturel. C’est pourquoi on le dit présent à l’entrée des temples aux barrières et aux carrefours. Il est ainsi rapproché du saint Pierre chrétien, à cause des clés du paradis que porte ce dernier, mais aussi de Lazare et de saint Antoine en tant que patron des objets perdus.

Le Vaudou peut être décrit comme une culture, un héritage, une philosophie, un art, des danses, un langage, un art de la médecine, un style de musique, une justice, un pouvoir, une tradition orale et des rites.

Le vaudou  Pape-vaudou-300x205
Le Pape Jean Paul II et un prêtre vaudou

Le mot « vaudou » vient du mot originaire d’Afrique de l’Ouest « Vodun » qui veut dire « esprit ».
Le culte Vaudou compte environ 50 millions de pratiquants dans le monde.

Avec les déportations de populations noires en tant qu’esclaves, la culture vaudou s’est étendue à l’Amérique et aux îles des Caraïbes, notamment Haïti. Elle se caractérise par les rites d’ « incorporation » (possession volontaire et provisoire par les esprits), les sacrifices d’animaux, la croyance aux morts vivants (zombies) et en la possibilité de leur création artificielle, ainsi que la pratique de la sorcellerie sur des poupées à épingles (poupée vaudou).

La pratique de leur religion et culture était interdite par les colons et passible de mort ou d’emprisonnement et se pratiquait en secret. Cependant, pour continuer d’exister, le Vaudou a intégré les rites et conceptions catholiques, le rendant ainsi acceptable. Ainsi est né le « Vaudou chrétien ».

La brutalité subie par les esclaves pour créer un climat constant « d’état de choc » chez les captifs est sans doute à l’origine de cette utilisation souvent de « terreur » et de vengeance du vaudou que l’on retrouve chez les pratiquants descendants d’esclaves, qui utilisèrent cette religion en réponse à des actes d’une cruauté difficilement concevable, commis par leurs maitres européens.

Dans les années 1950, le Vatican a fait la paix avec le culte Vaudou. Les percussions et mélodies Vaudou sont même intégrées dans les cérémonies et messes dans les églises catholiques.


La religion Vaudou a longtemps été réprimée et diabolisée. Les clichés, lieux communs et fantasmes véhiculés par le passé sont encore perceptibles. Ainsi, lorsque l’on dit s’inspirer du Vaudou, on retrouve souvent satanisme, cannibalisme, sorcellerie et envoûtements, destructions… L’objet représentant le mieux cette perception du vaudou est la poupée vaudou, instrument magique de torture.
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Message  Arlitto Jeu 09 Juin 2016, 20:43

Haïti maudit?

Le vaudou  Visual

 L'île des Caraïbes a connu le séisme le plus meurtrier de son histoire. C'est beaucoup pour un pays qui est un casse-tête pour les acteurs du développement.

«Haïti maudit»: le pays le plus pauvre du continent américain ne fait parler de lui que pour sa misère, son chaos politique ou les catastrophes naturelles qui s’abattent sur lui. Le séisme meurtrier du 12 janvier le confirme. 

Haïti serait-il un Etat «maudit», comme l’ont suggéré plusieurs analystes, sans peser tout le poids de leur mot? L’heure est heureusement à la mobilisation internationale autour des victimes du séisme. Cependant, on s’interroge aussi sur les racines de tous ces maux. Pourquoi le sort semble-t-il s’acharner sur la population haïtienne?

Le vaudou en question 

Les chrétiens pointent le vaudou, pour expliquer cette loi des séries. Pour Pascal Vermès, porte-parole de la branche parrainages de SEL France, même si le Peuple haïtien n’est pas plus coupable qu’un autre, cette pratique occulte influence le quotidien des Haïtiens et freine son développement.

Le pasteur haïtien Michel Morisset expliquait dans nos colonnes en août 1996: «Haïti a été dédié à Satan en 1791. En effet, une cérémonie vaudou avait précédé la victoire pour l’indépendance».

Mais environ 50% de la population haïtienne serait aujourd'hui catholique, contre environ 45% qui serait protestante. Et sur le plan spirituel, les Eglises haïtiennes ont symboliquement coupé les liens spirituels du passé en 1991.

Le fait est que le vaudou reste imbriqué à la politique et à la culture du pays, d'autant plus depuis 2003 où le président Jean-Bertrand Aristide, un ancien prêtre et adhérent à la théologie de la libération, a officialisé le vaudou comme religion nationale. Les prêtres vaudou pouvaient désormais s'enregistrer auprès du ministère des Affaires Religieuses et mener des cérémonies légales. Depuis 2003, «les associations de vodouisants ont pignon sur rue et se multiplient à travers le pays», rapporte Haïti Press Network (HPN), qui titrait e 28 décembre dernier: «De plus en plus de meurtres liés à l'occultisme en haïti». Le vaudou rend un culte au Dieu du hasard(...)
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Message  Arlitto Jeu 09 Juin 2016, 20:44

Haïti et son «pacte avec le Diable»

Deux jours après les attentats terroristes du 11 septembre 2001, le télévangéliste américain Pat Robertson s’était mis d’accord avec son homologue Jerry Falwell pour dire que la responsabilité de cette tragédie incombait aux Américains en faveur de l’avortement, de l’homosexualité et de la séparation de l’Église et de l’État. Aujourd’hui, il a mis les misères d’Haïti sur le compte du «pacte avec le Diable» que ce pays aurait noué il y a deux siècles. Je traduis un extrait de sa déclaration suivi d’un clip :

«Quelque chose s’est produit il y a longtemps en Haïti, et les gens ne veulent pas en parler. Ils étaient sous le joug des Français… Et ils se sont mis ensemble et ont noué un pacte avec le Diable. Ils ont dit, nous allons vous servir si vous nous libérez du joug français. C’est une vraie histoire. Et le Diable a dit, ok, c’est une entente.
Et ils ont chassé les Français de l’ïle. Les Haïtiens se sont révoltés et ils sont devenus libres. Mais depuis ce temps-là ils sont maudits par un mauvais sort après l’autre… Nous devons prier pour qu’ils se tournent vers Dieu. Je suis confiant que quelque chose de bon sortira de cette tragédie.»

Vodou haïtien : magie, religion mais surtout médecine traditionnelle

Le vaudou  VeveLegba-domainepublic

Médecine créole haïtienne et vodou

Origines du vodou
Si le vodou gère les rapports sociaux, parfois dans un esprit de vengeance, et c’est cet aspect qui a été le plus médiatisé, il est aussi et surtout utilisé pour prévenir et guérir les maladies. En fait, les préoccupations médicales sont au cœur même du vodou. Ainsi, il a une place à part entière dans la médecine créole haïtienne.
Cette médecine traditionnelle aux origines africaines a accompagné les hommes et les femmes déportés sur les bateaux négriers et arrivés sur l’île pendant la période de l’esclavage. S’y côtoient plusieurs thérapeutes aux spécialités différentes. Il y a des accoucheurs, hommes ou femmes, les « médecins-feuilles » qui préparent les remèdes à base de simples et les praticiens vodou, les « oungan » (hommes) et les « manbo » (femmes). Ces différentes fonctions ne s’excluent pas et un oungan peut aussi être accoucheur par exemple.

La diabolisation du vodou
D’abord une pratique cachée pendant la période esclavagiste, interdite par les colons qui craignaient notamment les empoisonnements qui survenaient sur les habitations, le vodou va connaître entre 1804 et 1860 une période d’ « osmose » avec le catholicisme. C’est le moment pendant lequel des « Lakou », des centres vaudous se reconstituent. Mais à partir de 1860, se produit un changement radical avec le concordat. Il y aura plusieurs grandes vagues de persécution systématique du vodou par l’Eglise, 1864, 1896 avec les campagnes anti-superstitieuses, et surtout pendant l’occupation américaine de 1915 à 1934. En effet, les américains avait pris le prétexte de la barbarie du vodou pour justifier leur occupation. La propagande de textes en Europe puis le cinéma hollywoodiens vont définitivement diaboliser cette pratique.
En 1987, la nouvelle constitution d’Haïti a dépénalisé le vodou. En 2003, le vodou a été reconnu comme religion officielle, au même titre que le christianisme. Des associations se sont créées pour expliquer le vodou et lui redonner sa juste place, le réhabiliter dans l’imaginaire du grand public, d’où des expositions comme celle que j’ai visitée au Canada.
Comment devient-on praticien vodou (oungan ou manbo)

L’élection divine et la contrainte, condition sine qua non pour devenir praticien vodou
Quel que soit le thérapeute (oungan, médecin-feuille, accoucheurs), ils ne choisissent pas de le devenir, ils sont choisis, forcés dans cette voie. Cette explication est répandue en Haïti, et pas seulement pour les thérapeutes. En effet, dans un contexte de précarité économique et de possibles jalousies d’un voisin, il est préférable de ne pas sortir de la masse en affirmant haut fort que l’on fait tout pour améliorer son quotidien et que l’on a l’intention d’en profiter financièrement. Au contraire. Dans un pays où afficher un nouveau statut socio-professionnel est risqué, cette explication surnaturelle permet d’acquérir une certaine légitimité.

«  de nombreux oungan avancent qu’ils sont devenus responsables de culte contre leur propre gré, que les lwa les ont demandé comme serviteurs en leur imposant souvent des maladies comme sanction pour appuyer leur appel » Nicolas Vornax, Le Vodou haïtien : Entre médecine, magie et religionLe vaudou  Ir?t=louzoutravell-21&l=as2&o=8&a=2753517592

La place du rêve et de la maladie dans le devenir du praticien vodou
Le rêve est utile comme un espace de rencontre avec les lwas, entités non humaines qui permettent d’obtenir les connaissances nécessaires pour soigner. Ainsi, souvent, les témoignages montrent un futur praticien confronté à un épisode de maladie chez un proche. Toutes les solutions sont éprouvées sans résultats (biomédecine, médecin-feuille, église…), il n’y a plus d’espoir. Alors, le futur praticien a un rêve dans lequel il obtient la connaissance d’un remède qui va effectivement soigner le malade. C’est le début de sa carrière de thérapeute. Ou alors, c’est lui-même qui est malade et cette maladie est interprétée comme l’action de lwa qui veulent en faire un serviteur. Le malade guérit en assumant cette nouvelle fonctionoungan ou manbo.

Le vaudou  Czestochowska-loa-erzulie
La Madone noire de Częstochowa, typiquement utilisée pour décrire le lwa Erzulie Dantor

La relation entre le praticien vaudou et les lwa : un contrat
L’intervention des lwa (les esprits) et leur présence n’est pas gratuite. Il y a des contreparties : en réclamant leurs serviteurs, en leur fournissant les moyens de se guérir ou de guérir un autre, les lwa imposent un contrat à leurs élus. Ceux-ci doivent les servir, les honorer, les accueillir et les installer. Ils sont plus ou moins exigeants, certains demandant même à leur serviteur de contracter un mariage mystique. Mais c’est à double sens : les lwa aussi ont des devoirs en échange de ces égards : apporter un confort dans la vie quotidienne, permettre d’acquérir des connaissances par l’intermédiaire du rêve, se présenter pendant les consultations… Ainsi, chaque Oungan est lié à des lwa spécifiques, soit hérités de ses parents, soit achetés chez d’autres Oungan.
Selon la demande, ce ne seront pas les mêmes lwa qui seront sollicités car ils ont chacun leur domaine de prédilection: le terrible Baron Samdilwa de la mort et de la résurrection est sollicité dans les vengeances, on le trouve dans les cimetières; le lwa Met Kalfou se rencontre aux carrefours, il ouvre la voie vers le monde des esprits… chacun a ses attributs et une hiérarchie existe. Pour plus d’infos sur ce “panthéon” je vous renvoie au glossaire réalisé par le musée des civilisations canadien, il est très très instructif et offre une description des principaux lwa : Glossaire vodou
La conception de la maladie

La maladie conçue comme agent extérieur
La médecine créole haïtienne ne repose pas sur la dualité chaud/froid que l’on retrouve pourtant en Amérique latine et dans la Caraïbe. Traditionnellement les haïtiens ne considèrent pas la maladie comme un état de santé déréglé ou un déséquilibre. La maladie est une entité entièrement construite en dehors du corps, comme une entité extérieure au corps et qui peut le pénétrer et s’y déplacer. On dit d’ailleurs que la maladie attaque le malade, qu’elle le gagne, le dévore, le bât, qu’elle se cache dans son corps. La maladie pénètre le corps par la plante des pieds, le dessus de la tête, sous les aisselles…Elle trouve ensuite le moyen de s’y déplacer parce que le milieu est composé de veines qui sont considérées comme des voies de circulation.

Une catégorisation par lieu de recours plutôt que par cause
Trois catégories de maladies sont distinguées : la maladie du Bondieu (le sort du malade n’est pas entre les mains d’un thérapeute en particulier, il peut guérir sans aide ou mourir si son heure est venue), la maladie de l’hôpital ou du docteur (maladies ordinaires comme certaines fièvres, maux de ventre, etc) et la maladie du praticien vodou (les moyens conventionnels sont insuffisants car la maladie a été causée par des procédés magico-religieux) . Elles n’indiquent pas les causes de la maladie mais renvoient vers le lieu de soin adéquat. La résolution du problème est plus importante que l’explication.

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Veve Baron Samedi By chris, This vector image was created with Inkscape. ((various) drawn by hand, scanned and vectorised) [Public domain], via Wikimedia Commons

Les maladies qui relèvent du champ des oungan
Il y a la maladi ekspedysyon (maladie expédiée par un tiers qui veut du mal au malade), une maladi dyab ou maladi satan (liée à des forces maléfiques), une maladi moun (causée par des hommes) ou une maladi movè zèspri (causée par une âme défunte).

Deux scénarios explicatifs de la maladie sont proposés par les oungan. Soit c’est le malade qui est responsable de sa maladie, car il n’a pas assumé ses devoirs envers ses ancêtres et ses lwa rasin ou envers son lwa de naissance. Soit la responsabilité du mal incombe à une tierce personne qui agresse le malade délibérément. Le malade est alors victime de pratiques magiques:

  • l’expédition des âmes : des âmes envoyées peuvent pénétrer le corps d’une personne s’y installer et provoquer des troubles et des signes physiques. Il s’agit des malades dont les rapports avec les autres sont perturbés. Ce sont les maladies mauvais esprit, maladie zombie ou coup de zombie. L’âme a pu pénétrer le corps car on a tendu un piège au malade

  • l’envoi d’un lwa : le coup de lwa cloue le malade au lit. Il agresse et persécute sa victime.

  • le lougarou : concerne les enfants en bas âge. Il agresse l’enfant quand tout le monde est endormi. C’est une personne qui prend des apparences différentes (chat, chouette, insecte) et suce le sang de l’enfant



Les pratiques thérapeutiques
La consultation
C’est dans le badji, lieu privé et réservé au oungan et à ses assistants qu’on le consulte, qu’il appelle ses lwa et fait une lecture des situations pour lesquelles on le sollicite. On y vient pour faire une leçon (apprendre), faire une chandelle, un coup de chandelle (se faire éclairer). On peut faire une leçon pour soi-même ou pour un proche sans qu’il soit présent physiquement ou même au courant.
Les étapes de la consultation sont toujours les mêmes:

  • convoquer le lwa


Il s’agit le plus souvent de faire quelques libations de kléren apporté par la personne qui consulte, d’en boire un peu ou de s’en frotter le visage car les lwa en sont friands. Le oungan allume alors une bougie et commence son interpellation en secouant son tchatcha avant d’être possédé.

  • le praticien est possédé


dans certains cas, un simple bonjour signale a présence du lwa, dans d’autres cas, la voix change ou une transe précède la possession.

  • l’échange avec le consultant


Le praticien identifie le problème et formule un scénario explicatif de la maladie (voir paragraphe précédent).

Le vaudou  Ceremonie-vodou-haiti

Cérémonie Vodou, Haïti, By User:Doron (Own work) [GFDL (http://www.gnu.org/copyleft/fdl.html) or CC-BY-SA-3.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/)], via Wikimedia Commons
Les pratiques thérapeutiques, exemple d’une maladie causée par des âmes
Les maladies causées par des âmes sont des maladies envoyées par des tiers …
Une fois le type de maladie identifié, le oungan va prendre en charge le malade. Dans un premier temps, il s’agit de traiter les âmes, de les faire partir du corps du malade. Pour cela, le praticien use d’incantations, de chants, dessine le vévé, sollicite plusieurs lwa, leur offre ce qu’ils aiment, frictionne le malade avec des préparations à base d’eaux magiques (elles sont préparées et vendues sur le marché) et de kléren (alcool de canne), lui fait avaler d’autres mixtures à base de plantes ou d’animaux broyés et une poule peut être utilisée pour récupérer les âmes… C’est un processus relativement complexe et passionnant qui est raconté avec force détail dans le livre de Nicolas Vonarx.

Ensuite, une fois les âmes « extraites » du corps de la victime (je simplifie outrageusement), il s’agit de les renvoyer. Pour cela elles sont emprisonnées dans une corde où le oungan matérialise l’emprisonnement en faisant des nœuds. Une cérémonie complexe est ensuite organisée dans un carrefour la nuit, haut lieu symbolique très présent dans la pratique vodou. Là, c’est le lwa Met Kalfou (Maître des carrefours en créole) qui est sollicité pour ouvrir le passage.
L’ensemble du processus dure plusieurs heures.

Des pratiques préventives sont également mise en œuvre : décoiffage pour mettre à l’abri son âme, mettre la personne sous la protection d’un lwa, attribuer un garde à une personne.
_______________________________________
Source:
L’unique source de cet article est le très bon livre de Nicolas Vonarx, Le Vodou haïtien : Entre médecine, magie et religionLe vaudou  Ir?t=louzoutravell-21&l=as2&o=8&a=2753517592. Pas forcément à vocation grand public, il relate néanmoins très concrètement la manière dont se passe les consultations, avec des descriptions très précises et de nombreux témoignages et cas. A lire pour ceux qui veulent aller plus loin dans la compréhension, mais attention ce n’est pas un ouvrage qui fait dans le sensationnel.
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Message  Arlitto Jeu 09 Juin 2016, 20:45

Le statut du vodou et l’histoire de l’anthropologie
Le statut du vodou en Haïti est lié à l’histoire politique du pays autant qu’à l’histoire de l’anthropologie. Pendant la période esclavagiste, il est connu comme sorcellerie et est interdit. À partir de l’indépendance (1804), il subit plusieurs vagues de persécution, de la part du catholicisme. Le paradigme de l’opposition entre idolâtrie et vraie religion ou entre primitif et civilisé, domine les élites et l’État, en sorte que le vodou est compris comme un culte appelé à disparaître tôt ou tard. Pour être reconnu comme un culte à l’égal des cultes catholique et protestant, la laïcité et la démocratie sont des requisits indispensables. Fruit d’un travail de réélaboration qui permet aux esclaves de recouvrer une identité, le vodou est un lieu de mémoire des luttes contre la Traite et l’esclavage.
Vodo’s status in Haiti is linked to the country’s political history as much as to anthropology’s. During the slavery era, it was known as witchcraft and forbidden. Starting with independence in 1804, it experienced several waves of persecution from Catholicism. The paradigm of an opposition between idolatry and the true religion, or between the primitive and the civilized, prevailed among the elite and in the state. Vodoo was thus taken to be a cult destined to become extinct sooner or later. Democracy and laicism are requisites for vodoo to be recognized as a form of worship equal to Catholicism or Protestantism. As the outcome of a reconstruction process whereby slaves recovered a sense of identity, vodo has stored memories of the struggle against the slave trade and slavery.

Le vodou comme sorcellerie et idolâtrie dans le contexte esclavagiste (xviie et xviiie siècles)
La dénégation du vodou par les élites haïtiennes au xixe siècle
Le vodou, « âme du peuple » ou symbole d’archaïsme
Les défis actuels pour le vodou : laïcité et démocratie
Mots-clés :esclavage, identité culturelle, idolâtrie, laïcité, mémoire, persécution, sorcellerie
Keywords :collective memory, cultural identity, idolatry, laicism, persecution, slavery, witchcraft


Le vaudou  HURBON1-small200
Crédits : musée du quai Branly


  • 1  Voir, par exemple, C. Esteiban Deive (1975: 379 sq.).


1 Le vodou a été associé à tant de représentations et de préjugés qu’il est encore difficile et périlleux de produire une approche anthropologique qui l’englobe dans sa factualité. Par exemple, il évoque à la fois un culte essentiellement lié au groupe humain originaire de l’Afrique noire appelé haïtien, comme s’il devenait impossible de parler d’Haïti sans lui adjoindre de manière indissociable la coloration, les pratiques et les croyances du vodou. Telle est ainsi l’image d’Haïti qu’on repère dans une part importante de la littérature du pays voisin, la République dominicaine1, cependant qu’aux États-Unis (Hurbon 1994: 181-197), encore ces dernières années, le vodou est donné dans la presse comme la clé du sous-développement d’Haïti et la source des gouvernements despotiques que le pays a connus pendant les deux derniers siècles. En Europe, il faut encore régulièrement et sans cesse démontrer que le vodou, venu d’Afrique, n’est pas une mosaïque de rites magiques et de sorcellerie qui font des Haïtiens un peuple-enfant, et qui ramène à l’enfance de l’humanité. À travers ces préjugés et fantasmes qui l’entourent d’un épais brouillard, il est cependant possible d’entrevoir que le vodou, comme n’importe quel système religieux, renvoie à la fois à une problématique d’identité culturelle, qu’il remplit un rôle essentiel dans l’histoire politique d’Haïti et implique une conception particulière ou singulière des rapports au développement économique. Mais tout cela ne permet ni de saisir le vodou dans sa spécificité, ni de connaître sa véritable nature. Auparavant il est sans doute nécessaire de s’interroger avant tout sur le statut reconnu au vodou aux différentes époques de l’histoire d’Haïti comme aux différentes étapes du développement de l’anthropologie. C’est ce que nous nous proposons de faire dans ce texte.

Le vodou comme sorcellerie et idolâtrie dans le contexte esclavagiste (xviie et xviiie siècles)
2 Dans le contexte esclavagiste, le vodou comme religion n’existe pas : les récits des missionnaires et des voyageurs n’y repèrent qu’un amas de pratiques magiques et de sorcellerie. Pour le révérend père Du Tertre (1667) par exemple, qui nous fournit l’un des premiers récits sur la vie quotidienne des esclaves, les Noirs, lorsqu’ils arrivent, sont déjà chrétiens. Capturés comme esclaves et embarqués depuis les ports d’Espagne et du Portugal, ils ont été baptisés avant d’être enchaînés sur les bateaux négriers. Du Tertre note qu’ils sont « malléables au christianisme » (ibid.: 502), et qu’ils fréquentent les sacrements plus que les maîtres. Du vodou, le père Du Tertre ne pouvait guère en entrevoir l’existence. Il se contente de relever la passion des esclaves pour la danse :

« Il ne se passe guère de fêtes et de dimanches, que plusieurs nègres d’une même terre, ou de celles qui leur sont voisines, ne s’assemblent pour se recréer, et pour lors ils dansent à la mode du pays, tantôt à la cadence de leurs chansons, qui forment un chant très agréable, et tantôt au son d’un tambourin, sur lequel on a étendu une peau de loup marin… » (ibid.: 526).

3 De même, les esclaves apparaissent aux yeux du Père Du Tertre heureux dans les églises qu’ils fréquentent avec empressement en toutes occasions :

« Leurs plus grandes réjouissances se font au baptême de leurs enfants, car pour lors ils invitent tous les nègres de leur pays, aussi bien ceux de la case, et ils vendraient plutôt tout ce qu’ils ont, qu’ils n’eussent de vie pour solenniser leur naissance… » (ibid.: 528).

4 En revanche, dans l’île de Saint-Christophe, un arrêt du Conseil supérieur du 23 novembre 1686, met en garde contre «… les nègres sorciers et soi-disant médecins qui se mêlent de guérir plusieurs malades par sortilèges, paroles et même aussi de deviner les choses qu’on leur demande ». Quatre catégories de sorciers sont décrites dans cet arrêt : ceux qui ont « communication avec le démon… », ceux qui « usent de sortilèges, drogues par la coopération du démon, qui agit secrètement en conséquence d’un pacte » ; puis les jongleurs « qui font croire aux plus simples qu’ils les ont désorcelés… » ; enfin ceux qui « usent des remèdes naturels et ont connaissance de quelques simples » (Peytraud 1897: 187-188). Pour le père Labat (1724), autre témoin missionnaire à la fin du xviie siècle, il est préférable de différer le plus possible le baptême des esclaves, « jusqu’à ce qu’on soit assuré qu’ils ont abandonné tout à fait les pratiques qu’ils ont avec le diable » (ibid.: 325). En développant à l’intérieur même des églises des pratiques qui s’écartent des normes du christianisme, les esclaves méritent alors d’être assimilés à des sorciers.

5 Dès le début du xviiie siècle, missionnaires et administrateurs, de même que les « habitants » (ainsi appelait-on les colons) ne se borneront à voir dans les pratiques de sorcellerie, que des menaces mortelles dirigées contre eux. Aussi cherchent-ils, lit-on dans une lettre du 3 septembre 1727 « à faire mourir de leur propre autorité » (Peytraud 1897: 187-188) les nègres sorciers. Effectivement, les rumeurs vont enfler pendant tout le xviiie siècle, surtout à partir des années 1750 qui voient apparaître une série de chefs religieux qui prétendent annoncer la fin de l’esclavage et l’extermination des colons. Le plus célèbre d’entre eux s’appelle Makandal qui passe pour le plus grand faiseur de poisons et de maléfices.

6 Sur la base des récits des missionnaires et de divers arrêts de l’administration coloniale, nulle part le vodou n’est considéré comme la religion des esclaves déportés d’Afrique. Ces pratiques relèvent du domaine de la sorcellerie. Ce qui paraissait encore, au xviie siècle, bénin et récréatif prend de plus en plus une teinte menaçante, subversive même, car alors il s’agit de pratiques qui portent en elles la contestation du système esclavagiste. Depuis le Code noir de 1685, qui suit de près la révocation de l’Édit de Nantes, tous les cultes autres que le catholicisme sont interdits et considérés comme « séditieux ». Mais il s’agit nommément du judaïsme et du protestantisme. Le vodou n’est toujours pas reconnu comme une religion. Toutefois, vers la fin du xviiie siècle, la description présentée par Moreau de St Méry (1797) d’un culte qu’ils croient être ophiolâtrique (culte de la couleuvre) livre un aperçu de rites qui, cette fois, se déploient totalement en dehors des églises et qui garde une réelle étrangeté par rapport aux rituels chrétiens. Des danses et des transes allant jusqu’au phénomène de la possession par des entités dites surnaturelles, ainsi que des invocations dirigées par des spécialistes tenant lieu de prêtres et de prêtresses sont identifiées (Moreau de St Méry 1797: 
210-211), sans qu’on puisse encore dire qu’il s’agit d’une religion au sens strict.


  • 2  Borgeaud 2004: 202 ; sur les sources théologiques de Las Casas et son interprétation des religions (...)

  • 3  Sur le mythe blanco-biblique de Cham, cf. L. Sala-Molins (1987: 22-23); et pour de plus amples inf (...)

  • 4  Cf. l’excellent travail de F. Medeiros ( 1985: 223) sur l’histoire des représentations des Noirs e (...)


7 Ce qui apparaît ici c’est que seul le christianisme est défini comme religion, mais cette conception est le résultat de toute une évolution des rapports entre celui-ci et les autres cultes depuis les Pères de l’Église. La réflexion élaborée par ceux-ci du iiie au ve siècle était portée par une stratégie de conversion et par conséquent se développait en apologétique qui devait fatalement réduire les autres cultes à des activités rituelles périphériques, comme des coutumes païennes ou des croyances et pratiques polythéistes qui normalement avaient perdu leur légitimité devant le christianisme. Ce sera la doctrine qui prévaudra au moment de l’arrivée des conquistadors dans les Amériques. Il faudra bien en effet trouver un mode de classement des pratiques rituelles et croyances des non encore convertis : s’ils invoquent des entités surnaturelles, ce ne peut être que manière d’imiter la vraie religion (Borgeaud 2004: 188 sq.). C’est ce que les Pères de l’Église appelaient « imitation diabolique ». La théorie de l’idolâtrie sera rigoureusement appliquée par Las Casas par exemple pour rendre compte des modes de croyances des Amérindiens qui proviennent d’erreurs de perception induites par le diable. Une lumière naturelle leur avait été donnée comme à tous les êtres humains, c’est le diable qui serait venu se mettre à la place du vrai Dieu à invoquer et à adorer2. Cette perspective de Las Casas ne sera pas tout à fait celle des missionnaires du xviie et du xviiie siècle face aux esclaves africains. Il n’est plus question en effet de leur attribuer une quelconque lumière naturelle qui aurait connu une dégénérescence. Les missionnaires et les colons se contentent de faire appel aux croyances en la sorcellerie répandues alors en Europe pour faire des Africains un groupe humain né sous le règne de la malédiction et vivant totalement sous l’emprise du diable. Cham, dans la Bible, représenterait la souche véritable du peuplement de l’Afrique noire et comme il a été maudit, il est voué à l’esclavage, certains missionnaires prétendaient expliquer de cette manière le consentement des Noirs, en tant que postérité de Cham, à l’esclavage3. Il n’y a pas là une thèse aux arêtes bien nettes sur l’infériorité raciale du Noir, mais le mythe de Cham est déjà un des éléments du dispositif mis en place pour produire une infériorité raciale à partir même du religieux. Il ne fait aucun doute que saint Augustin et saint Thomas soutenaient le principe de l’unité du genre humain dans laquelle ils intégraient, mais de manière spéculative, les Noirs africains vus sous l’appellation d’Aethiops4 ; en revanche avec le mythe de la malédiction de Cham, ces mêmes Africains pouvaient tout au plus entrer dans la catégorie des Infidèles et des idolâtres. Là encore ce qui prédomine dans la vision qu’ont les Européens des cultes pratiqués par les Noirs demeure la sorcellerie. Car, en fin de compte, même convertis au christianisme, ils méritent encore d’être tenus en esclavage qui est leur destin naturel, s’ils veulent un jour être intégrés entièrement dans le genre humain.

Dessin d’un vèvè attribué à Alfred Métraux
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La dénégation du vodou par les élites haïtiennes au xixe siècle

8 Avec la Révolution des droits de l’homme et du citoyen, les difficultés pour reconnaître l’égalité des « Noirs » avec les Européens s’enracinent dans les représentations que nous venons d’évoquer. Il semble plutôt qu’une nouvelle opposition, celle entre peuples primitifs et peuples civilisés, voit le jour. Le vodou qui a rempli un rôle cardinal dans l’insurrection des esclaves de Saint-Domingue pour cimenter leur solidarité et les doter d’un système de reconnaissance mutuelle ne peut pas être reconnu comme religion à part entière, même par les nouveaux dirigeants de l’État haïtien nouvellement créé en 1804.

9 Il y a eu, certes, une période allant de 1804 à 1860 au cours de laquelle le vodou a été toléré par le clergé et a vécu presque en harmonie avec le catholicisme, mais il ne pouvait être question d’une quelconque reconnaissance du vodou comme religion. Et ce pour plusieurs raisons : d’abord, parce que si le vodou se pratiquait librement, il aurait permis le développement de pouvoirs parallèles par rapport à ceux établis, ensuite et surtout parce qu’en Europe les rumeurs à propos d’un vodou qui serait de la pure sorcellerie et un signe de sauvagerie ont continué à circuler, de sorte que les chefs d’État haïtiens ont dû choisir de mettre en avant le catholicisme comme religion officielle du pays afin de faire accepter celui-ci parmi les nations dites civilisées. Le Code pénal de 1836 en son article 246 rendait suspecte de sorcellerie toute pratique du vodou. Ce même article est constamment repris dans différentes circulaires des gouvernements au cours du xixe siècle ; en 1935, l’article 405 de ce même Code se fait plus bavard sur les offrandes à « de prétendues divinités » et sur les « pratiques superstitieuses » susceptibles d’emprisonnement et d’amende.


  • 5  Pour plus de détails sur le paradigme de l’opposition entre barbarie et civilisation, cf. Le Barba (...)



10 La pratique du vodou se fera dans une certaine clandestinité, d’autant plus qu’à partir de 1860 l’État signe un Concordat avec le Vatican pour que l’école, l’éducation et la culture soient sous la responsabilité exclusive de l’Église catholique. Plusieurs vagues de persécutions (1864, 1896 et 1941) pour une éradication immédiate et complète vont être lancées par le clergé missionnaire contre le vodou, sous prétexte qu’il constitue « une tare africaine » et une activité cultuelle en l’honneur du démon. Tout se passe finalement comme si le paradigme des missionnaires catholiques de vraie et fausse religion était dorénavant conforté par celui de l’anthropologie naissante qui tente d’élaborer une échelle des civilisations dont la pointe la plus avancée est évidemment celle de l’Occident, comme on peut le découvrir sans peine dans les Leçons de la philosophie de l’histoire de Hegel. Pour les élites haïtiennes du xixe siècle, le vodou allait être ainsi relégué au rang d’un culte en voie de disparition au fur et à mesure que la civilisation s’épanouirait en Haïti et pénétrerait les campagnes. Il y aurait une véritable intériorisation du paradigme opposant primitif et civilisé5 qui traverse la plupart des productions anthropologiques. Les exceptions n’ont pas manqué, mais il faut remarquer que les tendances fortes de l’anthropologie comme l’évolutionnisme, tout en reconnaissant l’unité du genre humain, restent soucieuses de donner une place importante au sens du progrès, du développement de la science et des techniques.

Le vodou, « âme du peuple » ou symbole d’archaïsme

  • 6  Voir Jacques Roumain (2003: 750). Sur J. Roumain, voir la contribution de A.-M. D’Ans (2003: 1378- (...)



11 Il faudra attendre les années 1930 en Haïti pour que se mette en place une rupture épistémologique avec la problématique d’un vodou qualifié de pure sorcellerie et de tare africaine. Jean Price-Mars est à l’origine de cette rupture lorsqu’il publie son célèbre ouvrage, Ainsi parla l’Oncle, en 1928, en pleine occupation américaine (1915-1934). À la même époque, aux États-Unis, plusieurs journaux et ouvrages relancent tous les préjugés du xixe siècle sur le vodou, identifié à des pratiques de cannibalisme, de sacrifices et de sorcellerie, et cela en vue de refonder et de consolider le racisme anti-noir sur la vision d’une Haïti tout entière plongée dans la barbarie. Jean Price- Mars n’hésite alors pas à déclarer que le vodou est une religion qui représente un héritage africain, lequel fait partie de la culture du pays et qu’il faut dorénavant assumer. Tout un courant littéraire, dit de la Négritude ou école indigéniste, prend naissance sous l’impulsion des idées de Jean Price-Mars. Quelques années plus tard, un Bureau d’ethnologie est créé en Haïti et l’écrivain Jacques Roumain6, en faisant l’inventaire ethnographique des richesses culturelles et artistiques que recèle le vodou, fait figure de pionnier. Même si la perspective d’un statut de libre fonctionnement du vodou n’est pas assurée par les gouvernements, la curiosité pour la recherche anthropologique sur le vodou et sur les traces des cultures africaines est éveillée. Mais on est encore loin du compte. Qu’il suffise de se pencher sur les conceptions prédominantes dans les élites face à la santería à Cuba ou au candomblé au Brésil, on s’aperçoit que le statut de ce qu’on appelle les « religions afro-américaines » est encore celui de cultes tolérés, ou en tout cas tenus en subordination par rapport au catholicisme, seule religion considérée comme officielle, donc normale. Les chercheurs parviennent cependant à détacher les religions afro-américaines de la sorcellerie et reconnaissent leurs aspects esthétiques et leur rôle dans les pratiques thérapeutiques. Il faut garder en mémoire que toute cette effervescence se produit au cours des années 1930, au Brésil, à Cuba et en Haïti et qu’elle est déterminée par le nouveau cours que prend l’anthropologie en Europe et aux États-Unis. Comme le remarque Stefania Capone (1999: 221) avec justesse, à propos des recherches sur le candomblé, les ethnologues vont devenir « les garants de l’africanité des cultes et, par conséquent, de leur légitimité ». Une légitimité qui sera parfois articulée aux intérêts du pouvoir politique. Mais concentrons-nous à nouveau sur la tournure complexe que prennent les débats en Haïti autour du vodou à cette époque.

Mambo conduisant les initiés en procession
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  • 7  Le président Élie Lescot a effectivement donné son feu vert pour la campagne anti-superstitieuse p (...)



12 Il est important de rappeler tout d’abord que le nouveau courant initié par Jean Price-Mars permet enfin que des enquêtes et des recherches empiriques sur le vodou et sur les éléments constitutifs de la culture haïtienne se développent. L’École des Griots avec François Duvalier, Lorimer Denis et Louis Diaquoi, fondée en 1932, va produire une série d’articles inspirés par un certain nationalisme culturel. À la fin de 1942, le Bureau d’ethnologie d’Haïti est officiellement fondé et le président de la République, Élie Lescot, nomme Jacques Roumain directeur du Bureau. Or, c’est pendant l’année 1941 que le clergé catholique trouve l’appui de ce même président pour lancer la campagne célèbre dite « campagne des rejetés »7, au cours de laquelle tous les catholiques, surtout ceux vivant en zone rurale, doivent, par un serment public dans les églises, déclarer qu’ils renoncent au vodou, parce qu’il serait idolâtrie et œuvre de Satan.


  • 8  Voir l’article paru dans le journal Le Nouvelliste à Port-au-Prince, le 3 janvier 1936: « En quoi (...)

  • 9  Cf. Articles du 11, 13 et 18 mars 1942 (Roumain 2003: 750).



13 Mais l’école indigéniste va se diviser en deux groupes : l’un se développera dans la mouvance antifasciste, donc prudente et critique par rapport aux perspectives des auteurs comme G. Montandon et A. Rosenberg, connus comme idéologues de l’antisémitisme ; l’autre prétend essentialiser la différence culturelle que représente le vodou pour marquer une opposition radicale à l’universalisme abstrait, conquérant et assimilationniste du monde occidental. C’est dans ce dernier groupe qu’on retrouve l’ethnologue François Duvalier qui peu à peu, dès les années 1936-1940, prépare par différents articles8 les bases idéologiques du régime dictatorial qu’il instaurera de 1957 à 1971. Dans ses travaux, le vodou est considéré comme « l’âme du peuple », le lieu véritable d’expression de l’authenticité culturelle de celui-ci. À ce titre, le vodou est censé inspirer le chef politique de la nation pour faire de lui l’homme qui est à l’écoute du plus grand nombre. Il y a bien un changement du statut traditionnel du vodou, il est devenu objet d’étude pour être mis au service du pouvoir politique. La condition de subordination par rapport au catholicisme est maintenue dans le contexte de la dictature de Duvalier : les cérémonies du vodou sont organisées par les officiels du régime pour mieux contrôler l’imaginaire populaire et conférer des assises plus durables à la dictature. On peut se demander si l’on n’est pas en présence d’une stratégie antiraciste prise au piège du racisme qu’il est censé combattre. Sans pouvoir reprocher à ce courant d’ignorer les valeurs comme les droits de l’homme et la démocratie, on peut dire qu’il portait un soupçon sur tout ce qui était censé provenir du monde occidental. Entre le vodou et l’haïtianité, un lien indissoluble est établi et sur la base d’une vision holiste de la société, il n’est plus loisible à un Haïtien d’exprimer une critique quelconque d’un pouvoir politique qui s’est autoproclamé garant de cette haïtianité. Ce n’est pas le point de vue défendu par Jacques Roumain, pendant la « campagne des rejetés » : dans une polémique célèbre avec le père Foisset, représentant du clergé catholique, il soutenait qu’il fallait d’une part reconnaître dans le vodou une superstition comme toutes celles qui ont existé et existent encore en Europe, et en même temps contester les persécutions de type inquisitorial contre le vodou, qui sont d’inspiration fasciste et pro-vichyste. Cette volonté d’éradiquer d’un seul coup le vodou produit même des effets contraires : d’après Jacques Roumain, abattre par exemple certains arbres, « sous prétexte d’en chasser les mauvais esprits […], pour les paysans passait pour la confirmation évidente de leur existence »9. Point ici de tentative de manipulation politique du vodou, comme on l’observe dans le courant des Griots, car il importait surtout de sortir des croyances superstitieuses du vodou par l’éducation formelle et l’accès à la science. Le vodou était donc vu encore comme un culte en sursis et l’on ne pensait guère lui accorder un statut de religion à part entière, à l’égal de celui des Églises protestantes et catholiques.
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© musée du quai Branly

14 Peut-on cependant dire qu’à ce jour le débat sur le statut du vodou est épuisé, dans la mesure où, dans la dernière Constitution de 1987, mise en place après le renversement de la dictature des Duvalier (père et fils), se trouve supprimée explicitement toute pénalisation du vodou ? Loin de là, car il faut encore compter avec la prédication des Églises protestantes et surtout avec la version pentecôtiste du protestantisme qui reprend le flambeau de la campagne contre le vodou réduit à un culte en l’honneur de Satan. De plus, la liberté des cultes est encore entravée par le maintien d’un système concordataire qui confère à l’Église sa position privilégiée et le caractère d’une religion officielle. Toutefois, la condition de subordination du vodou par rapport aux Églises catholiques et protestantes va permettre un rebondissement du débat sur son statut. En dépit d’une prédication protestante visant la diabolisation du vodou et même son éradication, les prêtres vodou se regroupent et forment des associations pour sa défense depuis 1986 grâce à l’appui de plusieurs écrivains et artistes.

15 Cependant, la tendance à la manipulation politique reparaît de plus belle, cette fois sous l’emballage d’un décret prétendant reconnaître au vodou le statut d’une religion à part entière. Effectivement tout se passe comme si nous étions enfin en présence d’une rupture réelle avec deux siècles d’histoire d’infériorisation du vodou. Tentons dès lors de lire au plus près le texte de l’arrêté récent publié dans Le Moniteur, journal officiel de la République d’Haïti, le 14 avril 2003, par Jean-Bertrand Aristide, alors encore président de la République (depuis le 7 février 2001).

16 Dans ses « considérants », l’arrêté part du principe que le vodou « est un élément constitutif de l’identité nationale » et qu’il importe de « prendre les mesures, pour éviter toute tentative d’inquisition et d’exclusion, pour sauvegarder l’intégrité nationale ». On peut ici difficilement contester de telles visées positives, édictées pour la première fois officiellement en Haïti. Mais déclarer le vodou « élément constitutif de l’identité nationale » semble rejoindre les prétentions que l’Église catholique exprimait pour elle-même tout au long du xixe siècle et jusqu’aux années 1960, et qui la poussaient à l’intolérance vis-à-vis des autres systèmes religieux, et surtout vis-à-vis du vodou. Dès lors, on peut se demander si les Haïtiens qui ne se revendiquent pas vodouisants ne risquent pas de paraître en déficit de nationalité et donc des Haïtiens de seconde zone.

  • 10  C’est par exemple le point de vue de Gérard Barthélemy (1997).

  • 11  Pour plus d’informations, cf. Hurbon (2001: 245-265).



17 La perspective qui eut permis un réel respect du vodou comme religion ne devrait-elle pas procéder de la laïcité de l’État, comprise comme une neutralité de l’État par rapport à toutes les religions en compétition en Haïti ? C’est justement ce qui fait totalement défaut dans le texte de l’arrêté qui ne cesse d’annoncer que l’État est prêt à accorder au vodou « aide et protection » ou encore « un soutien qualitatif ». Ne s’agirait-il pas là d’une manière de hausser le vodou au statut des autres religions, en particulier du catholicisme, auprès de l’État, sans toutefois rien modifier des rapports traditionnels entre l’État et les religions en Haïti et, concrètement, sans même poser le problème de la séparation entre les sphères politiques et les sphères religieuses ? De fait, l’arrêté invite les chefs de culte vodou à venir « prêter serment par devant le Doyen du Tribunal civil de son ressort », pour être « habilités à célébrer baptêmes, mariages et funérailles ». Telles sont déjà les prérogatives des pasteurs protestants et des prêtres catholiques en ce qui concerne les actes d’état civil. Mais on sait que la tradition vodou n’a pas pour fonction d’organiser des baptêmes, encore moins des mariages, car si parfois il y a mariage dans les temples vodou, il s’agit alors d’alliance entre un individu (homme ou femme) et une divinité. Pour un vodouisant, baptêmes et funérailles peuvent avoir lieu dans une église catholique, sans qu’il en ressente pour autant une quelconque contradiction, tant il intègre avec aisance des éléments du rituel catholique au point même que certains auteurs parlent d’un « catho-vodouisme »10. En revanche, l’arrêté semble répondre à une demande formulée récemment par un groupe de vodouisants dans le cadre d’une commission dite « commission de structuration du vodou » qui prétend moderniser le culte en le faisant accéder à l’écriture11. Pour cela, des cérémonies sont organisées le dimanche à la manière des assemblées protestantes ou des messes catholiques ; des textes mythologiques sur l’histoire des divinités vodou sont lus au cours de ces cérémonies. Tout se passe comme si le vodou devenait une Église sur le modèle des Églises protestantes et catholiques avec en conséquence la possibilité pour les chefs du culte vodou de coopérer avec l’État aux actes d’état civil. On se doute qu’un embarras persiste au sujet du statut juridique du vodou, et que l’empressement à produire un arrêté ne s’explique en dernière instance non par une volonté de protéger le culte du vodou, mais par celle d’obtenir un bénéfice politique en lui octroyant des facilités et des privilèges. La liberté véritable de culte ne saurait être garantie dans un système politique où le président de la République prétend exercer un pouvoir absolu sans contrôle et où les autres pouvoirs (législatif et judiciaire) ne jouissent d’aucune indépendance. Aristide comme Duvalier ne semblent avoir vu dans le vodou qu’un système de croyances et de pratiques dans lequel les couches populaires seraient enfermées, comme si « le peuple » n’avait qu’une demande : celle de pratiquer le vodou sans possibilité de liberté de pensée.

18 Les péripéties qu’a connues et que connaît encore le statut du vodou en Haïti ne peuvent être appréhendées en dehors de l’histoire politique du pays. Toute anthropologie du vodou qui ferait l’impasse sur le rapport des pouvoirs établis au vodou ne peut que rater son objet, car l’évolution du vodou et les formes qu’il prend sont déterminées à partir de ces pouvoirs. Mais il est remarquable que les modifications qui s’opèrent dans les théories anthropologiques du xviiie au xxe siècle aient eu un impact direct sur les attitudes des élites intellectuelles et politiques en Haïti. Par exemple, comme nous l’avons vu, au xixe siècle les essayistes haïtiens craignent de reconnaître jusqu’à l’existence du vodou, sous le prétexte qu’il dessert notre statut de nation « civilisée », cependant qu’au xxe siècle le vodou est tantôt un lieu d’authenticité culturelle du peuple, tantôt une superstition qui disparaîtra non par la violence mais par l’accès à l’éducation scientifique.
Les défis actuels pour le vodou : laïcité et démocratie

19 Aujourd’hui encore, le flou sur le statut du vodou persiste, même si, dans les œuvres romanesques et poétiques, un changement notoire apparaît dans le traitement dont il est l’objet. En effet depuis les années 1980, il n’est plus fait mention du vodou comme d’un phénomène exotique sur lequel l’écrivain haïtien se penche avec une certaine condescendance. Le vodou paraît bien inscrit dans le paysage culturel et religieux du pays sans que l’écrivain puisse s’en offusquer, mais sans qu’il soit non plus obligé de faire l’apologie du culte. Une position qui est congruente aux avancées du vodou dans l’espace public : dans les médias, dans la musique et la peinture, le vodou semble être peu à peu assumé comme un système de croyances et de pratiques qui constituent un des éléments de l’identité culturelle et comme une source d’inspiration. Des chercheurs font désormais valoir les aspects éducatifs du vodou, le rôle psychothérapeutique qu’il remplit traditionnellement et ses valeurs esthétiques. Mais les problèmes du statut juridique du vodou ne sont pas résolus, des enquêtes récentes révèlent que des vodouisants des campagnes et des classes moyennes ont encore quelque difficulté à se déclarer vodouisants à cause de rumeurs persistantes sur l’identification du vodou à de la sorcellerie. Il se pourrait que ces difficultés soient donc encore enracinées dans les hésitations de la recherche anthropologique elle-même. Autrement dit, on peut se demander si n’apparaît pas une opposition entre un vodou pur (exempt de toute trace de pratique de magie et de sorcellerie) donc à protéger et à accepter sur la place publique, un vodou maléfique, c’est-à-dire un vodou qui se pratique « des deux mains » (autrement dit tant pour « le mal » que pour « le bien ») ou encore un vodou aux mains pleines de sacrifices rituels suspects, de cannibalisme et de sorcellerie allant jusqu’à la zombification. Comme si finalement l’imaginaire qui s’est élaboré autour du vodou depuis la période esclavagiste, et qui a rebondi sur la base des récits sur l’insurrection des esclaves de 1791, ne cessait de produire des effets sur le statut actuel du vodou. L’Église catholique ayant abandonné les pratiques de campagne anti-vodou, le protestantisme prend le relais malgré une prédication ambiguë axée sur la diabolisation de ses croyances, puisque bien des éléments du culte, comme les rêves, la transe, les thérapies par les plantes médicinales, la glossolalie sont allègrement repris, par exemple dans les assemblées pentecôtistes. Ou bien encore, on est souvent amené aujourd’hui à opposer de façon irréductible deux aspects du vodou, l’un qui serait tenu pour du folklore – finalement acceptable et intégrable dans les arts et la littérature – et l’autre qui serait l’aspect religieux, mais qu’on répugnerait à reconnaître tant s’y trouveraient mêlées la magie et la sorcellerie.

Scène de possession à Balan
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20 L’ambivalence de la société tout entière vis-à-vis du vodou ne semble pas encore levée, malgré l’existence de groupes de défense du vodou à l’intérieur du pays comme dans la diaspora haïtienne, où l’on remarque depuis les années 1990 une action continue d’intellectuels, parfois vodouisants eux-mêmes, en faveur de la reconnaissance internationale du vodou. Une des difficultés majeures qu’a connues le vodou au cours de sa formation et de son évolution en Haïti provient sans nul doute de la place que lui a assigné généralement l’État. On aura beau reconnaître la spécificité du vodou (dont on ne saurait nier que cela constitue un progrès dans les mentalités), encore faudra-t-il qu’il puisse entrer dans ce qu’on appelle aujourd’hui un droit culturel et donc qu’il fasse partie des droits fondamentaux comme celui de la liberté de pensée, la liberté de religion, la liberté d’expression. Que depuis le dispositif des croyances du vodou, des personnes puissent être – dans certaines circonstances – accusées d’être des sorcières et être, de ce fait, sujettes à des lynchages, renvoie encore et toujours à l’absence d’un État démocratique de droit qui aurait pour charge de devoir assurer la sûreté et la sécurité des individus. Dans un même temps, là où le vodou est considéré comme une part importante du patrimoine culturel national, il revient encore à l’État de protéger ce qui correspond à des lieux de mémoire, et cela ne suppose pas une intervention en faveur du culte comme tel, mais plutôt une tâche d’éducation à la citoyenneté.

21 En revanche, les recherches anthropologiques sur le vodou sont encore lacunaires sur différents points, et ce pour plusieurs raisons : ou on est trop pressé de porter un jugement négatif sur le vodou comme un culte qu’il faut décourager parce qu’il maintiendrait le pays dans l’archaïsme et le sous-développement, ou bien on lui reconnaît une altérité qui, produisant un style de vie différent de celui des Occidentaux, pourrait apparaître comme subversif ou libérateur. C’est par exemple la thèse défendue par Lidwina Meyer (1999) dans son ouvrage portant sur les mises en scène du masculin et du féminin dans les textes culturels des cultes des Orisha et du vodou dans le golfe du Bénin. En appliquant les théories sémiotiques post-structuralistes de l’intertextualité aux mythes et aux rites du vodou béninois, L. Meyer s’attache à montrer que le vodou parvient à sortir de toute perspective infériorisant la femme ou neutralisant la différence sexuelle au bénéfice de l’homme (der Mann) pris en tant qu’homme universel (der Mensch). En effet, le modèle mis en avant dans cette recherche est celui d’un continuum qui imagine une différenciation graduelle du sexe, ce qui offre à l’individu des possibilités de métamorphoses et d’un jeu de masques et donc des rôles les plus divers dans l’ordre de la sexualité. Il est clair que cette recherche anthropologique tente par ce biais de surmonter les oppositions traditionnelles esprit / corps, identité du soi / non-soi, féminin / masculin, etc. Cette approche est exemplaire par la radicalisation de l’herméneutique textuelle comme véritable clé pour appréhender l’altérité de la culture vodou, mais la tentation de maintenir la culture moderne occidentale et le vodou comme deux univers culturels irréductibles l’un à l’autre est encore grande. On risque sinon une vision exotique, du moins un relativisme culturel qui se résignerait à une scotomisation de toute valeur universelle ou universalisable. C’est du moins ce qu’on soupçonne dans les réemplois psychothérapeutiques des rites et croyances du vodou, comme s’il fallait renvoyer l’individu à sa culture originaire, chaque fois qu’il est engagé dans un processus d’adaptation difficile en milieu d’émigration.

22 Nous ne soutenons pas ici l’idée que la reconnaissance officielle du vodou mettrait fin au drame vécu par l’individu obligé de faire un choix entre différents systèmes religieux en compétition surtout lors de quêtes thérapeutiques. On gagnerait plutôt à assumer le vodou comme lieu de mémoire de la traite et de l’esclavage pour sortir des préjugés véhiculés depuis au moins quatre siècles sur ce culte. Dans ce cas, l’obscurité maintenue autour de son dispositif de croyances et de pratiques rituelles doit être combattue en intégrant dans les écoles une information sur le vodou comme sur les autres systèmes religieux. On aura remarqué que la dépénalisation du vodou et les exigences de respect pour le culte proviennent du processus de démocratisation engagé en ligne brisée depuis une quinzaine d’années. Il faudrait alors poursuivre les recherches anthropologiques autour de deux pôles : l’un qui saurait prendre en compte le poids du politique et des processus de domination, l’autre qui s’attacherait à mettre en valeur le travail inaugural et continu de réélaboration symbolique qui s’avérerait nécessaire dans les luttes contre la déshumanisation qu’a constituée l’esclavage. Ainsi par exemple, le culte des morts et des ancêtres auquel l’Africain était accoutumé reçoit une surdétermination dans le contexte de l’esclavage dans la Caraïbe : le rapport aux morts et aux ancêtres relie en effet l’individu à l’origine perdue, le dote d’un nom qui lui permet de recouvrer son identité. De même la transe et la possession par les divinités du vodou constituent une mise en scène de l’histoire des dieux et font du corps un lieu de mémoire de l’esclavage et un moyen pour le groupe d’échapper à la domination du maître. Autant de pistes qui pourraient conduire à une recherche éloignée de toute apologétique, mais aussi de toute conception réductrice du vodou comme pratiques et croyances africaines résiduelles, ou tout simplement comme religion liée à un stade primitif dans l’évolution de l’échelle des civilisations et appelée nécessairement à disparaître sous l’influence de la modernité. Est-il inutile de souligner que le vodou nous met en présence d’une mémoire qui appartient non seulement aux anciens esclaves de Saint-Domingue, mais aussi au monde occidental, trop souvent distrait par rapport à son rôle capital dans l’organisation de la Traite et l’institution esclavagiste dans les Amériques ?

Bibliographie
Anthropologie
1986 Anthropologie: état des lieux. Paris, Le Livre de poche («Biblio essais») (ayant précédemment fait l’objet d’un numéro spécial de L’Homme, 1986, 97-98).
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1988 De l’idolâtrie. Une archéologie des sciences humaines. Paris, Éd. du Seuil («Anthropologie»).
Borgeaud, Philippe
2004 Aux origines de l’histoire des religions. Paris, Éd. du Seuil («Librairie du xxe siècle»).
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1968 Œuvres essentielles. Ed. F. Pichon. Port-au-Prince, Presses nationales d’Haïti.
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1988 Le Barbare imaginaire. Paris, Éditions du Cerf.
1993 Les Mystères du vaudou. Paris, Gallimard («Découvertes»).
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1985 L’Occident et l’Afrique (xiiie-xve siècles). Paris, Karthala.
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1966 Histoire de l’anthropologie. Paris, PUF.
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1999 Das fingierte  Geschlecht. Inszenier-ungen des Weiblichen und Mannlichen in den kulturellen Texten des Oriha-und Vodun-Kulte am Golf von Benin. Frankfurt am Main, Peter Lang («Europaischer Verlag der Wissenschaftten»).
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1797 Description topographique, physique, civile, politique et historique de la partie française de l’Isle de Saint Domingue. Paris, chez Dupont, 2 vol.
Peytraud, Lucien
1897 L’Esclavage aux Antilles françaises avant 1789 d’après les documents inédits des archives coloniales. Paris, Librairie Hachette.
Price-Mars, Jean
1928 Ainsi parla l’Oncle. Port-au-Prince, Paris, Imprimerie de Compiègne («Bibliothèque haïtienne»)
Quenum, Alphonse
1993 Les Églises chrétiennes et la Traite atlantique du xve au xixe siècle. Paris, Karthala.
Roumain, Jacques
2003 Œuvres complètes, coordinateur L.F. Hoffmann, Madrid, Allca XX-Unesco («Archivos»).
Sala-Molins, Louis
1987 Le Code noir ou le calvaire de Canaan. Paris, PUF.

Notes
1  Voir, par exemple, C. Esteiban Deive (1975: 379 sq.).
2  Borgeaud 2004: 202 ; sur les sources théologiques de Las Casas et son interprétation des religions amérindiennes, voir les analyses de C. Bernand et S. Gruzinski (1988: 48, 76).
3  Sur le mythe blanco-biblique de Cham, cf. L. Sala-Molins (1987: 22-23); et pour de plus amples informations, voir aussi A. Quenum (1993: 166 sq.).
4  Cf. l’excellent travail de F. Medeiros ( 1985: 223) sur l’histoire des représentations des Noirs en Europe entre le xiiie et le xve siècle.
5  Pour plus de détails sur le paradigme de l’opposition entre barbarie et civilisation, cf. Le Barbare imaginaire (Hurbon 1988: 58 sq.). Voir aussi l’ouvrage encore d’actualité de Michèle Duchet (1971) sur l’anthropologie et l’histoire au xviiie siècle. La plupart des essayistes très en vue au cours de la deuxième moitié du xixe siècle, comme Anténor Firmin (1885), ont soutenu que le vodou était en voie de disparition, car le Noir, en Haïti, était en train de s’éloigner, de se distancer le plus possible de l’Afrique au fur et à mesure qu’églises et écoles étaient installées.
6  Voir Jacques Roumain (2003: 750). Sur J. Roumain, voir la contribution de A.-M. D’Ans (2003: 1378-1428).
7  Le président Élie Lescot a effectivement donné son feu vert pour la campagne anti-superstitieuse pendant toute l’année 1941 ; il a dû cependant y mettre fin à cause de la tournure qu’elle prenait dans les milieux urbains et surtout les milieux de la bourgeoisie de la capitale qui commençaient à s’affoler devant la généralisation de la campagne. Lescot a tant et si bien donné son accord que des gendarmes ont eu l’autorisation expresse d’accompagner les curés dans la tâche d’éradication immédiate du vodou lors des autodafés et des entrées manu militari dans les temples du vodou. Paradoxalement, le même Élie Lescot a permis que soit créé le Bureau d’ethnologie pour l’étude systématique des coutumes haïtiennes, voir les analyses que nous proposons dans Religions et lien social (Hurbon 2004: 209-218). Voir aussi notre étude sur Les Mystères du vaudou (1993) où nous avons présenté plusieurs documents sur la « campagne anti-superstitieuse ».
8  Voir l’article paru dans le journal Le Nouvelliste à Port-au-Prince, le 3 janvier 1936: « En quoi l’état d’âme du Noir se différencie-t-il de celui du Blanc  ?  », repris dans Éléments d’une doctrine, t. I, 3e éd. coll. Œuvres essentielles, 1968, p. 49 où il précise que « Le Comte Gobineau a posé certains principes qui demeurent. Il a catégorisé la famille humaine en trois types: le Blanc, le Noir et le Mongolique... »
9  Cf. Articles du 11, 13 et 18 mars 1942 (Roumain 2003: 750).
10  C’est par exemple le point de vue de Gérard Barthélemy (1997).
11  Pour plus d’informations, cf. Hurbon (2001: 245-265).
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Message  Arlitto Jeu 09 Juin 2016, 20:46

L’Enseignement de la Bible sur le vaudou, la sorcellerie et le spiritisme



Quelques définitions
Le lecteur doit connaître la signification des termes suivants, utilisés dans ce livret :
Vaudou : 
Religion magique et animiste pratiquée en Afrique, en Haïti, dans les Caraïbes et dans certaines régions d’Amérique du Sud. Parmi les rites on trouve les sacrifices d’animaux, les danses hypnotiques souvent accompagnées du son de tam¬bours, et le maniement du feu et de créatures venimeuses.
Obi, Obeah : 
Sorcellerie d’origine ancienne pratiquée de nos jours en Afrique et dans l’océan Indien.
Loa : 
L’un parmi de nombreux « dieux » ou « esprits divins » invoqués dans les rites vaudous.
Houngan : 
Prêtre vaudou.
Zombie : 
Personne présentant l’apparence d’avoir été tuée par la sorcellerie et « rendue à la vie » comme esclave du prêtre vaudou.
Pocomanie : 
Mouvement religieux des Antilles caractérisé par la danse et l’emportement (de la langue kikongo : kumina « danser »).
Python : 
Serpent dieu de la mythologie grecque. La servante de Actes 16.16 était proclamée par ses maîtres comme porte-parole de ce dieu.
Préface
Ce livret est l’expression d’une conviction profonde. J’ai passé la plus grande partie de ma vie dans la Caraïbe, région du monde réputée pour ses paysages spectaculaires et la cordialité chaleureuse de son peuple. En tant que Jamaïquain depuis l’indépendance du pays en 1962, je sais que le monde matériel n’est pas tout ce qui existe. Je sais qu’il y a également un domaine spirituel, intangible aux sens physiques, mais qui n’est pas moins vrai.
Je partage cette croyance avec l’apôtre Paul ; en effet je m’efforce délibérément à modeler mes convictions sur les siennes. Il a dû comparaître une fois devant le grand conseil juif ou Cour Suprême qui comprenait à la fois les sadducéens (humanistes matérialistes qui « disent qu’il n’y a point de résurrection, et qu’il n’existe ni ange, ni esprit ») et les pharisiens (gens religieux qui « affirment les deux choses »). Paul fut clair sur ce point. Il cria :

« hommes frères, je suis pharisien » (Actes 23.6).
J’ai été formé comme scientifique dans une des plus presti¬gieuses universités des régions tropicales, et j’ai enseigné pendant un quart de siècle dans la même institution. Parmi mes étudiants et mes proches amis il y a eu des personnages tels qu’une prêtresse maya de Belize, des hindous vénérés venus de Guyane, un pratiquant haïtien du vaudou et un membre fanatique des Musliméens de l’île de la Trinité. Je connais également des gens, des jeunes et des vieux, qui révèlent des puissances extraordinaires de perception extra-sensorielle, de télépathie, de mysticisme, de capacités hypnotiques, tous inexplicables par- la science moderne que j’avais étudiée.
Je connais également des farceurs dont les prétendus puissances ne sont que des simulations et qui se sont dévoués toute leur vie à escroquer l’argent de gens simples et honnêtes.
Je suis aussi bien conscient que la croyance et la peur de ce qui est occulte, mystérieux et apparemment inexplicable sont profondément enracinées dans les peuples de ma région. Il nous arrive trop facilement de rire avec les sceptiques des pays développés qui prétendent que ces choses n’existent pas, sans accorder au sujet toute l’attention qu’il demande.
Puis, dans ma région, la magie, le vaudou, l’obi, le spiritisme et des choses semblables interviennent beaucoup dans la politique. Le président Duvalier d’Haïti était houngan (sorcier guérisseur) et avait fondé son pouvoir sur des pratiques sorcières. Le feu président Burnham du Guyana encouragea activement dans son pays la religion animiste afro-caraïbe. Il y a quelques années j’étais membre d’une congrégation christadelphe dans un village jamaïquain où la vie en général était gouvernée par un mauvais mélange de politique et d’obi, mais où pourtant quelques chrétiens fervents et courageux témoignaient d’une meilleure voie.
Cette expérience-là et bien d’autres ont confirmé chez moi une profonde conviction : la voie de Jésus-Christ, telle qu’elle est décrite dans la Bible, est de loin une meilleure voie que tout ce qui est offert par ces pratiques occultes.
J’ai vu ce que la vraie foi chrétienne peut faire pour les gens. Je les ai vus transformés par la puissance de l’Évangile. J’ai observé la lumière entrer dans leur vie, bannissant les ténèbres et l’ignorance. Elle leur a donné un courage étonnant et l’assurance rayonnante que le Tout-Puissant, le Dieu d’Israël, Créateur du Ciel et de la Terre est plus grand que toute autre chose, que toute autre puissance du monde.
De tels croyants sont délivrés des liens d’une peur atroce, peur de la mort et des morts, peur des ténèbres et de toutes les puissances nocturnes imaginaires. Ils sont libres. Si vous n’êtes pas encore de leur nombre, vous en avez encore la possibilité. Vous aussi, vous pouvez être libre en Jésus-Christ. Apprenez les vérités vivantes que dévoile la Bible, la révélation divine, et vous trouverez le secret d’une vie de foi heureuse, joyeuse et assurée, dès maintenant - et quand Dieu enverra Jésus-Christ pour établir son royaume sur cette terre, vous recevrez le don de la vie éternelle.
Référons-nous maintenant à la Bible pour apprendre ce qu’elle dit au sujet de l’occultisme, de « ce qui est caché dans les ténèbres » (1 Corinthiens 4.5), et de la lumière de l’Évangile qui chassera ces ténèbres. 

La leçon du roi Saül et des sorciers
La Bible nous parle d’un roi d’Israël appelé Saül. Quand, jeune homme, il devint roi, le peuple d’Israël s’était laissé prendre dans le piège des hommes et des femmes qui pratiquaient la sorcellerie. Les gens ordinaires avaient très peur d’eux car ils utilisaient leurs arts secrets pour se procurer des puissances à leurs propres fins. Si l’expérience de ces choses dans notre époque actuelle peut nous servir de guide, ces gens-là s’assuraient que tout le monde ait peur de leur magie et de leur prétendue connaissance du monde spirituel.
Le roi Saül avait un sage guide et conseiller en la personne du vieux prophète Samuel. Celui-ci voulait suivre la loi de Dieu, et exigea que Saül débarrasse le pays des magiciens et des sorciers, comme le recommandait l’ancienne loi de Moïse (Exode 22.18). Saül l’avait fait et le véritable culte de l’Éternel, le Dieu d’Israël, avait été rétabli après plusieurs années d’incurie, pendant la période des juges, lorsque « chacun faisait ce qui lui semblait bon » (Juges 21.25).
Pourtant, après un début si glorieux, Saül s’égara comme bon nombre de dirigeants humains. Il tenta sans autorisation de s’arroger les devoirs de prêtre (1 Samuel 13.8 10) et fut rejeté comme roi par Dieu. Quand plus tard il transgressa un autre commandement, son rejet fut confirmé (1 Samuel 15). Alors Samuel refusa de le conseiller davantage. Dans ses tourments croissants Saül désespérait de gagner l’aide divine face à ses ennemis.
Des problèmes de tous genres s’ensuivirent, dont l’invasion du pays par les Philistins. Ils gagnèrent bataille sur bataille. Saül fut si bouleversé qu’il se replia sur cette même sorcellerie qu’il avait bannie avec tant de succès, dans l’espoir que Samuel reviendrait à lui. Il pourrait reprendre ses forces et surmonter ses problèmes, si seulement il rencontrait Samuel, bien que celui-ci soit mort. Pourquoi donc ne pas chercher une sorcière qui évoquerait les morts ou un médium dont la puissance lui permettrait d’entrer en contact avec Samuel mort ? C’était une démarche désespérée, mais aucune autre issue ne semblait possible.
Voilà donc ce qu’il fit, tel que le raconte en détail 1 Samuel 28. Mais il ne reçut pas la réponse voulue. II avait tourné le dos à Dieu, pour rentrer dans les voies de la magie et de la sorcellerie, scellant sans retour son destin quant à Dieu. Le lendemain il trouva la mort sur le champ de bataille du Mont Guilboa.
Saül s’est fait lui-même l’auteur de cette tragédie finale. En tournant le dos à Dieu il s’était mis hors de la portée de l’aide divine, et ce qui semblait être son seul recours était de prendre la voie fatale du spiritisme.
Plusieurs d’entre nous avons tendance à agir comme Saül. Quand tout va bien nous ne croyons pas aux sorciers et à la magie. En serviteurs fidèles du Seigneur Jésus-Christ, nous n’avons pas peur des supposés « mauvais esprits » ou « esprits de la mort ». Alors nous pouvons nous tourner vers Dieu pour chercher Ses conseils, soit dans la Bible, soit dans nos prières.
Mais quand survient la tragédie, lorsque surviennent les difficultés familiales ou autres, quand nous perdons notre emploi et que tout semble menaçant et obscur — si, à ce moment-là, notre foi commence à vaciller et que dans le désespoir nous nous tournons vers les superstitions, anciennes ou nouvelles, alors les « esprits » ne nous aideront pas non plus.
Si nous faisons cela, nous abandonnons notre foi et nous rejetons Dieu. Il nous est dit maintes fois dans la Bible que notre vie doit être guidée par le seul vrai Dieu, le Dieu vivant, qui devient notre Père céleste après notre baptême au nom de Son Fils. Il nous garde dans le creux de Sa main et nous dirige vers Son royaume éternel, malgré nos troubles présents. C’est Lui et Lui seul qui nous fait un bon destin. Il n’y a aucun espoir dans les astres ou dans les esprits des ancêtres morts.

Puissances typiques de la sorcellerie
Il est stupide de suggérer que la sorcellerie n’est rien et que les puissances inexplicables, telles que la télépathie, les visions, la clairvoyance, l’hypnotisme et bien d’autres prouesses mentales encore plus remarquables, n’existent pas.
Une des caractéristiques de l’humanité c’est la curiosité. Nous aimons que tout soit bien expliqué. Depuis la maternelle jusqu’à l’enseignement supérieur, l’éducation, surtout l’éducation occidentale, est basée sur la curiosité. C’est pourquoi les histoires mystérieuses ont toujours grand succès. Nous sommes surtout curieux de savoir l’avenir, et les marchands de bonheur ne manquent jamais de clients. Notre être profond est blessé chaque fois que nous devons avouer notre ignorance.
Il faut reconnaître que, malgré maintes études, personne n’a trouvé une explication convaincante de ces données anormales, prétendument surnaturelles. En effet, elles cesseraient d’être surnaturelles une fois comprises.
Les rationalistes et les humanistes rejettent avec dédain toute notion du surnaturel, y compris la providence divine. Ils écartent toujours les preuves dans tous les cas. Dans ma vie il y a eu des événements qui n’ont pas d’explication rationnelle ou naturelle, et moi-même je ne puis en fournir une explication humaine.
A la suite d’un accident de la circulation, j’ai été blessé et emmené à l’hôpital. Par « hasard », une ambulance de ma région, située à plusieurs kilomètres de là, était présente sur les lieux. On m’emmena dans mon hôpital local. A l’arrivée je rencontrai une sœur christadelphe. Elle avait parcouru cinq kilomètres pour venir en ville parce qu’elle avait su, au moment même où l’accident se produisait, que j’étais blessé. Cela serait dû à la télépathie — communication à distance — même si nous ne savons pas précisément ce que c’est que la télépathie, car cette femme était dans un lieu, et moi dans un autre trop éloigné pour permettre la communication normale.
Étudiant, je logeais chez une vieille sœur christadelphe. Elle pouvait me dire à tout moment et avec beaucoup d’exactitude combien d’argent je possédais. C’était bien banal et elle-même ne pouvait expliquer cette aptitude qu’elle avait. Elle disait qu’elle était tout simplement « psychique » mais ce n’était encore là qu’un simple mot et non une solution du problème. Heureusement elle savait que cela n’avait rien à voir avec sa vraie foi religieuse. Celle-ci était solidement fondée sur la Bible. Son aptitude n’avait rien à voir avec la religion.
Certaines gens possèdent incontestablement quelque chose comme la « prémonition » — une anticipation ou une manière innée de prévoir les choses à venir. Je fus touché indirectement par ce qui fut considéré à l’époque l’accident ferroviaire le plus grave du monde, le désastre de Kendal en Jamaïque. Plus de mille personnes y périrent ou furent blessées. L’accident se produisit au retour d’une excursion religieuse. Un des voyageurs et plusieurs de ses amis avaient refusé de rentrer par ce train et avaient cherché en vain à persuader les autres à prendre l’autocar avec eux. On s’était moqué d’eux, mais ceux qui avaient pris garde à cette prémonition ont été sauvés, parmi eux l’entrepreneur de pompes funèbres qui a dû enterrer la plupart des victimes.
Dans l’état d’hypnose certaines gens possèdent une puissance extraordinaire et ne sentent pas la douleur ou les effets produits par le feu ou la torture. Il y a quelques années, nous étions, ma famille et moi, en Haïti . Nous avions assisté à une cérémonie qui consistait surtout à danser en l’honneur d’un loa, dieu vaudou considéré en quelque sorte comme ayant un rapport avec l’Esprit du Feu. La danse dura environ une heure. Dans la frénésie les danseurs ramassaient du feu de leurs mains libres et se le passaient l’un à l’autre. Un instrument électronique indiqua que la puissance calorifique du feu pouvait fondre du métal. Aucun des danseurs n’en sortit brûlé ; même leurs habits ne furent pas touchés. Bien que je sois scientifique, je ne puis donner aucune explication de cet événement extraordinaire.
Dans ma propre maison j’ai vu une connaissance passer des aiguilles et des crochets barbelés dans les joues et dans les bras sans faire couler une goutte de sang. Dans les festivals hindous c’est bien normal et des centaines de touristes peuvent voir la procession et les actes d’une auto-torture apparente. Il n’y a pas de trucage. C’est bien réel.
Mais la possession de telles puissances par certains religieux dévoués ne signifie pas toujours que leurs enseignements soient vrais. En effet l’apôtre Paul nous prévient clairement de ne pas nous laisser tromper par « toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges mensongers, et [...] toutes les séductions de l’iniquité pour ceux qui périssent » (2 Thessaloniciens 2.9 10).
Seule la Bible nous fournit un enseignement raisonnable :

« toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre » (2 Timothée 3.16 17).
A la manie des gens qui, dans l’inquiétude, consultent « ceux qui évoquent les morts et ceux qui prédisent l’avenir, qui poussent des sifflements et des soupirs » (Ésaïe 8.19), un prophète de l’Ancien Testament oppose la sagesse des hommes conscients qui trouvent en leur Dieu la vraie connaissance du salut et de l’assurance, qui refusent de se mêler à de telles activités dégradantes :

« Un peuple ne consultera-t-il pas son Dieu ? [...] A la loi et au témoignage ! Si l’on ne parle pas ainsi, il n’y aura point d’aurore pour le peuple » (Esaïe 8.19 20).
Il évoque les sorciers et ceux qui les consultent, en se moquant :

« Reste donc au milieu de tes enchantements et de la multitude de tes sortilèges, auxquels tu as consacré ton travail dès ta jeunesse ; peut-être pourras-tu en tirer profit, peut-être deviendras-tu redoutable. Tu t’es fatiguée à force de consulter ; qu’ils se lèvent donc et qu’ils te sauvent, ceux qui connaissent le ciel, qui observent les astres, qui annoncent, d’après les nouvelles lunes, ce qui doit t’arriver ! Voici, ils sont comme de la paille, le feu les consume, ils ne sauveront pas leur vie des flammes » (Esaïe 47.12 14).

La communication avec les animaux
L’aptitude de certaines gens à contrôler et, à un moindre degré, à communiquer avec les animaux, est bien connue dans certaines régions du monde. Dans certains cas cette aptitude est mystérieuse et déroute complètement les scientifiques. La Bible reconnaît l’existence de telles puissances, mais elle insiste sur leur restriction et sur le fait que la puissance divine est infiniment plus grande :

« Les méchants ont un venin pareil au venin d’un serpent, d’un aspic sourd qui ferme son oreille, qui n’entend pas la voix des enchanteurs, du magicien le plus habile » (Psaume 58.5 6).
Les Égyptiens anciens étaient des adeptes des pratiques magiques. Les archéologues ont découvert en Égypte plus de textes sur la magie que sur tous les autres sujets rassemblés. Les Égyptiens étaient connus principalement comme charmeurs de serpents, et pour leur aptitude remarquable à dompter plusieurs types d’animaux sauvages : ils savaient promener publiquement des lions et des léopards dans les rues et atteler des chariots aux antilopes et aux autruches. Cependant, les Égyptiens n’égalaient pas la puissance du vrai Dieu. Ils ne se sont pas réjouis la première fois qu’ils se sont mesurés à Sa puissance :

« Aaron jeta sa verge devant Pharaon et devant ses serviteurs ; et elle devint un serpent. Mais Pharaon appela des sages et des enchanteurs ; et les magiciens d’Égypte, eux aussi, en firent autant par leurs enchantements. Et la verge d’Aaron engloutit leurs verges » (Exode 7.10 12).
L’enchaînement des serpents est mentionné, ou du moins on y fait allusion, dans plusieurs autres passages de la Bible (Deutéronome 18.11 ; Ésaïe 19.3 ; 47.9 ; Jérémie 8.17). Cette pratique est toujours dénoncée, directement ou implicitement. Elle est étroitement liée à la sorcellerie. Tout talent, s’il a trait aux puissances les plus terrifiantes de la nature, donne à son possesseur un certain prestige et un avantage sur les autres. Les hommes et les femmes qui savent dominer les créatures venimeuses sont toujours abordés avec crainte. Mais la mystique du dompteur de lion par exemple serait tout simplement une habileté bien développée comme toute autre — Jacques 3.7. Un rapport avec les animaux n’a rien de magique et ne donne pas une supériorité sur les autres. La personne qui possède de telles puissances se doit la lourde responsabilité de ne pas les ériger en faux principes, comme le firent Jannès et Jambrès, probablement magiciens à la cour du Pharaon (2 Timothée 3.8).

Les zombies
Une puissance de sorcier des plus redoutées est l’habileté de certains prêtres vaudous haïtiens et leurs homologues africains de transformer les gens en zombies. Des zombies sont généralement des jeunes femmes, apparemment mortes et enterrées, mais qui peu après réapparaissent étrangement comme des individus ne possédant aucune volonté personnelle. Ils sont réduits en simples esclaves robots prêts à exécuter les ordres du prêtre, accomplissant très souvent des tâches domestiques dégradantes. Ils ne retrouvent plus jamais leur caractère normal originel.
Des personnes innocentes ont été terrorisées pendant plusieurs décennies, de peur d’être victimes de ce rite. Le secret n’a été dévoilé que récemment. Grâce aux recherches menées par des médecins haïtiens, nous savons aujourd’hui que la méthode réside dans l’usage secret de toxines puissantes, destructives de l’esprit, et provenant de créatures telles que le poisson-globe ou certaines espèces de crapaud. Chez la victime ces toxines sont capables de simuler la mort, même devant le médecin. Et quand la personne est ravivée quelques jours plus tard, son cerveau est irréversiblement endommagé et sa volonté reste sujette au prêtre (houngan).
La connaissance de telles substances ne justifie pas leur utilisation, et ne donne aucun motif de gloire ou de respect à celui qui la possède. Ce mauvais usage de la connaissance, surtout s’il vise à mépriser la loi divine, est indiciblement méchant. Tous ceux qui prennent part à ces pratiques, y compris ceux qui paient pour que les praticiens vaudous détruisent ceux dont ils sont jaloux, sont des criminels qui devraient être prêts à rendre compte devant Dieu de leurs mauvais actes. La Bible l’exprime ainsi :

« Mais si quelqu’un, indigène ou étranger, agit la main levée, il outrage l’Éternel ; celui-là sera retranché du milieu de son peuple. Il a méprisé la parole de l’Éternel, et il a violé son commandement : celui-là sera retranché, il portera la peine de son iniquité » (Nombres 15.30 31).

Un seul Dieu et non plusieurs
Bien que la Bible enseigne clairement qu’il y a un monde surnaturel réservé aux esprits qu’elle appelle « anges » ou messagers de Dieu, elle nous instruit clairement aussi qu’il y a un seul Dieu que nous devons glorifier et aimer de tout notre cœur, de toute notre âme, et avec humilité d’esprit :

« Jésus lui répondit : tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C’est le premier et le plus grand commandement » (Matthieu 22.37 38).
Les esprits ou anges de Dieu existent. Ils font Sa volonté et ne sauraient être manipulés par les hommes. Ce ne sont pas les « esprits familiers » mentionnés par rapport à la sorcellerie. Ils annoncent fidèlement le message de Dieu :

« Bénissez l’Éternel, vous ses anges, qui êtes puissants en force, et qui exécutez ses ordres, en obéissant à la voix de sa parole ! Bénissez l’Éternel, vous toutes ses armées, qui êtes ses serviteurs et faites sa volonté ! » (Psaume 103.20 21).
L’Ancien Testament ne fait pas mention d’esprits divins méchants, quoiqu’on y trouve l’expression « messagers de malheur » :

« Il lança contre eux son ardente colère, la fureur, la rage et la détresse, une troupe de messagers de malheur » (Psaume 78.49).
La référence se rapporte ici à la puissance de Dieu utilisée au temps de Moïse pour infliger des fléaux aux Égyptiens non repentis. On nous enseigne précisément à ne pas adorer les esprits ou anges (Colossiens 2.18 ; Apocalypse 19.10), mais à adorer Dieu seul. Nous n’avons pas à craindre des esprits angéliques « déchus », car de tels êtres n’existent pas. Certains se fondent sur les passages suivants pour supporter le point de vue que « le diable » est un ange déchu : Ésaïe 14.12 et Ézéchiel 28.12 15. Mais une lecture attentive de ces deux chapitres montre qu’ils décrivent en termes clairs les ambitions et la chute de dirigeants humains : dans le premier cas le roi de Babylone et dans le second, le prince de Tyr.
En fait « le diable » n’est pas mentionné dans l’Ancien Testament. Les « anges déchus » mentionnés dans le Nouveau Testament sont en réalité des humains (2 Pierre 2.4 ; Jude 6). Ces passages donnent lieu à plusieurs interprétations mais la signification la plus probable les rapporte à Genèse 6.1 5, où l’expression « fils de Dieu » renvoie clairement aux dirigeants humains abusant de leurs pouvoirs pour satisfaire leurs convoitises personnelles.

« L’Éternel vit que la méchanceté des hommes était grande » (Genèse 6.5),
cela en dit tout. Le soi-disant Livre d’Énoch, qui ne fait pas partie de la Bible, invente une histoire féerique sur les anges déchus, fondée sur ce passage. Mais on ne doit certainement pas prendre cela au sérieux. Les mots traduits par « anges » dans les deux testaments signifient simplement « messagers », quelquefois des messagers humains plutôt que des esprits angéliques (Luc 7.24, 9.52 ; Apocalypse 1.1 8, etc., pour le Nouveau Testament, et Genèse 32.3 et plusieurs autres passages pour l’Ancien Testament).
Plusieurs représentants et croyants vaudous invoquent ouvertement les idoles et déclarent qu’ils peuvent communiquer avec elles aussi bien qu’avec tous les « saints » qui sont morts. Cela suffit comme preuve pour éviter de telles pratiques :

« S’il s’élève au milieu de toi un prophète ou un songeur qui t’annonce un signe ou un prodige, et qu’il y ait accomplissement du signe ou du prodige dont il t’a parlé en disant : allons après d’autres dieux, — des dieux que tu ne connais point, — et servons-les, tu n’écouteras pas les paroles de ce prophète ou de ce songeur » (Deutéronome 13.1 3).
La Bible déclare plusieurs fois qu’il n’y a qu’un seul Dieu, et l’apôtre Paul rejette tous les faux dieux, en ces termes :

« Nous savons qu’il n’y a point d’idole dans le monde, et qu’il n’y a qu’un seul Dieu. Car s’il est des êtres qui sont appelés dieux, soit dans le ciel, soit sur la terre, [...] néanmoins pour nous il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses et pour qui nous sommes, et un seul Seigneur Jésus-Christ, par qui sont toutes choses et par qui nous sommes » (1 Corinthiens 8.4 6).
Quant à consulter les morts, la Bible nous dit que « les morts ne savent rien » (Ecclésiaste 9.5). 

Les morts ne savent rien
Plusieurs des nôtres ont peur des esprits des morts — fantômes, revenants ou « duppies » comme on les appelle dans les Caraïbes — craignant que de tels esprits ne les hantent ou les troublent, même longtemps après le décès de la personne. Pour ceux-là, les cimetières sont considérés comme des lieux hantés pleins de spectres, et qu’il faudrait éviter. Pour ceux qui connaissent leur Bible cette peur est écartée. La raison est simple. De Genèse à l’Apocalypse, il est dit et redit clairement que les morts sont vraiment morts, corps et âme, et ne peuvent déranger personne. En voici cinq passages, pris de part et d’autre dans la Bible :
« Tu es poussière et tu retourneras dans la poussière » (Genèse 3.19) ;
« Les vivants, en effet, savent qu’ils mourront ; mais les morts ne savent rien [...] et leur amour, et leur haine, et leur envie, ont déjà péri » (Ecclésiaste 9.5 6) ;
« Ce n’est pas le séjour des morts qui te loue, ce n’est pas la mort qui te célèbre; ceux qui sont descendus dans la fosse n’espèrent plus en ta fidélité » (Ésaïe 38.18) ;
« Craignez plutôt celui (Dieu) qui peut faire périr l’âme et le corps dans la géhenne » (Matthieu 10.28) ;
« David (un homme juste), après avoir en son temps servi au dessein de Dieu, est mort, a été réuni à ses pères, et a vu la corruption » (Actes 13.36).
L’homme en état de mort est comme la bête ; cela semble peu flatteur, et pourtant c’est vrai. L’homme et les bêtes partagent en commun la nature physique :
« L’Éternel Dieu forma l’homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie et l’homme devint une âme vivante » (Genèse 2.7) ;
« Ils (les animaux et les hommes) ont tous un même souffle » (Ecclésiaste 3.19).
Pour l’homme, qui possède des qualités beaucoup plus importantes que celles des bêtes, la mort c’est la conséquence ou le « salaire » du péché, d’après Ézéchiel 18 et Romains 5 et 6 :

« l’âme qui pèche, c’est celle qui mourra » (Ézéchiel 18.4) ;
« C’est pourquoi, comme par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu’ainsi la mort s’est étendue sur tous les hommes, parce que tous ont péché » (Romains 5.12) ;
« Le salaire du péché c’est la mort » (Romains 6.23).
La mort est donc notre plus grand ennemi.
Nous avons insisté sur cet aspect de l’enseignement biblique pour montrer combien il est faux de prétendre communiquer avec les morts. C’est en effet impossible, puisque la Bible montre clairement que les morts sont réellement morts.
La nécromancie, c’est-à-dire l’art de prétendre évoquer les morts, est en tout cas un péché. Cette pratique est absolument condamnée dans la Bible, sans aucune ombre de doute :
« Qu’on ne trouve chez toi [...] personne qui interroge les morts. Car quiconque fait ces choses est en abomination à l’Éternel » (Deutéronome 18.10 12) ;
« Ne vous tournez pas vers ceux qui évoquent les esprits, ni vers les devins, ne les recherchez point, de peur de vous souiller avec eux. Je suis l’Éternel, votre Dieu » (Lévitique 19.31) ;
« Un peuple [...] s’adressera-t-il aux morts en faveur des vivants ? » (Ésaïe 8.19) ;
« Ils mangèrent des victimes sacrifiées aux morts. Ils irritèrent l’Éternel par leurs actions » (Psaume 106.28 29).
Il était absolument interdit au peuple de Dieu de traiter avec ceux qui prétendent communiquer avec les morts.

La vie après la mort
La Bible nous dit clairement que la seule personne qui mourut mais qui vit encore maintenant est Jésus-Christ :

« J’étais mort, et voici je suis vivant aux siècles des siècles. Je tiens les clés de la mort et du séjour des morts (la tombe) » (Apocalypse 1.18).
Le seul espoir pour chacun de nous de revivre après la mort, c’est si Dieu nous redonne la vie, ou ressuscite notre corps de la tombe au « dernier jour », qui est le jour où Jésus-Christ reviendra sur terre dans la gloire.

« Le Seigneur lui-même, à un signal donné, à la voix d’un archange, et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts en Christ ressusciteront premièrement. Ensuite, nous les vivants, qui seront restés, nous serons tous ensemble enlevés avec eux sur des nuées, à la rencontre du Seigneur dans les airs, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur » (1 Thessaloniciens 4.16 17).
« Voici, je vous dis un mystère : nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons changés, en un instant, en un clin d’œil, à la dernière trompette. La trompette sonnera, et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous serons changés. Car il faut que ce corps corruptible revête l’incorruptibilité et que ce corps mortel revête l’immortalité » (1 Corinthiens 15.51 53).
Puisque les croyants ont l’espoir de revivre après la résurrection, la mort pour eux est comme un sommeil. Les premiers chrétiens utilisaient très souvent cette métaphore pour décrire les fidèles morts en Christ. A travers les siècles, les vrais chrétiens en ont fait autant. Cela exprime l’assurance que, dans la mort, leur conscience, leur vie entière est connue de Dieu, et qu’ils se réveilleront pour la vie éternelle s’ils sont approuvés au jugement du Seigneur. Jésus dit clairement pour cette raison que, même si leurs ennemis les tuent, leur « âme » n’est pas détruite à jamais :

« Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l’âme, craignez plutôt celui qui peut faire périr l’âme et le corps dans la géhenne » (Matthieu 10.28) ;
« Plusieurs de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, et les autres pour l’opprobre, pour la honte éternelle » (Daniel 12.2) ;
« Ne vous étonnez pas de cela ; car l’heure vient où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix, et en sortiront. Ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, mais ceux qui auront fait le mal ressusciteront pour le jugement » (Jean 5.28 29).
C’est à dire, pendant qu’ils dorment dans la poussière de la terre en attendant la résurrection, ils ne sont pas détruits au vrai sens du terme, car ils pourraient à la longue hériter de la terre (Matthieu 5.5).
Parmi ceux qui ont déjà vécu après la mort, le Seigneur Jésus-Christ est unique. Lui ne mourra plus ; « la mort n’a plus de pouvoir sur lui » (Romains 6.9).
La Bible fait mention d’autres gens morts — par maladie, par vieillesse ou par toute autre cause — mais qui sont revenus à la vie. De ceux-là sont Moïse, Samuel et Élie, personnages de l’Ancien Testament et, dans le Nouveau Testament, Lazare, Dorcas et deux autres au moins dont les noms ne sont pas donnés, ainsi qu’un groupe de plusieurs saints (Matthieu 27.52 55). De telles gens furent spécifiquement ressuscités des morts, évidemment sous une forme corporelle visible et non comme des « esprits ». Il n’est dit nulle part que ces gens aient reçu le don de la vie éternelle. Nous pouvons donc supposer avec raison qu’ils moururent encore, pour attendre la résurrection du dernier jour.
Le cas de Lazare est particulièrement significatif. Quand il mourut et fut enterré, Jésus, voyant l’affliction de ses sœurs Marthe et Marie, compatit et pleura. La manière dont Jésus appela Lazare à sortir de la tombe montre que c’était réellement dans cette tombe que se trouvait Lazare. Il ne l’appela pas à « descendre » comme s’il était au ciel, ou à « monter » comme s’il était dans un enfer. Il le fit sortir de la tombe elle-même :

« Jésus dit : Ôtez la pierre. Marthe la sœur du mort, lui dit : Seigneur, il sent déjà, car il y a quatre jours qu’il est là. Jésus lui dit : ne t’ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ? [...] Ils ôtèrent donc la pierre. Et Jésus leva les yeux en haut, et dit : Père, je te rends grâce de ce que tu m’as exaucé [...], il (Jésus) cria d’une voix forte : Lazare, sors ! Et le mort sortit, les pieds et les mains liés de bandes, et le visage enveloppé d’un linge. Jésus leur dit : déliez-le, et laissez-le aller » (Jean 11.39 44).
On ne fait aucune mention de quelque expérience consciente qu’aurait eue Lazare pendant les quatre jours où il était mort ; nous pouvons donc présumer que rien de la sorte ne s’était passé.

Saül et la magicienne d’En-Dor
Nous avons déjà parlé de l’aventure de Saül avec la magicienne d’En-Dor. Dans le désespoir Saül chercha à communiquer avec le feu prophète Samuel pour demander conseil sur la conduite à suivre face aux Philistins, ses ennemis :

« Samuel était mort; [...] Saül avait ôté du pays ceux qui évoquaient les morts et ceux qui prédisaient l’avenir [...] Ses serviteurs lui dirent : voici, à En-Dor il y a une femme qui évoque les morts [...] La femme lui dit : qui veux-tu que je te fasse monter ? Et il répondit : Fais-moi monter Samuel. [...] C’est un vieillard qui monte, et il est enveloppé d’un manteau (dit la femme). [...] Samuel dit à Saül : pourquoi m’as-tu troublé, en me faisant monter ? Saül répondit : [...] Dieu s’est retiré de moi, il ne m’a répondu ni par les prophètes ni par les songes. Et je t’ai appelé pour que tu me fasses connaître ce que je dois faire [...] L’Éternel livrera Israël avec toi entre les mains des Philistins. Demain, toi et tes fils, vous serez avec moi, et l’Éternel livrera le camp d’Israël entre les mains des Philistins » (1 Samuel 28.3 19).
La magicienne avait-elle le pouvoir de faire venir Samuel du ciel ? Non. Était-ce l’esprit de Samuel qui fut ramené du monde des esprits ? Non. On nous dit que Samuel, bien qu’étant un homme juste, sortit de sa tombe et non pas qu’il descendit du ciel. De plus, il n’était pas un esprit, plutôt une forme charnelle vêtue du manteau du vrai prophète de Dieu, facilement reconnaissable. Dès lors nous pouvons aisément supposer que Dieu a fait sortir Samuel de son sommeil temporairement pour transmettre son message au roi d’Israël, Saül. Saül était condamné à mort. C’est une justice austère et triste que Dieu ait usé de la mauvaise pratique du roi pour réveiller Samuel afin de transmettre au roi ce message. Alors Saül, déchu et rejeté par Dieu, devait mourir et rejoindre par ce fait le juste Samuel, là où vont tous les morts, sans doute jusqu’au jour du jugement, quand Dieu donnera à chacun selon son mérite d’après sa justice et sa grâce.
Dieu envoie des prophètes, pas des magiciens
Saül avait eu raison de chasser les sorciers et les magiciens d’Israël. Car Dieu avait clairement interdit au peuple de traiter avec de telles pratiques :

« Si un homme ou une femme ont en eux l’esprit d’un mort ou un esprit de divination, ils seront punis de mort; on les lapidera ; leur sang retombera sur eux » (Lévitique 20.27).
« Tu ne laisseras point vivre la magicienne » (Exode 22.18).
Tout ceci paraît très sévère. Pourquoi Dieu s’opposait-Il tant à la pratique des puissances occultes, de la magie, et de ceux qui professaient le contact avec le monde de l’esprit ?
La Bible ne renie pas l’existence d’un monde de puissances surnaturelles que d’aucuns pourraient utiliser à leur propre compte. Mais elle dit clairement que Dieu interdit absolument à ceux qui croient en Lui de se mêler à ces choses. Ceux qui n’acceptaient pas ce précepte et qui continuaient à désobéir devaient être détruits.
Une des raisons qui justifient cette loi sévère c’est que le monde surnaturel est le domaine de Dieu et est soumis à Son contrôle. Dieu choisit de temps en temps des personnes spécifiques à qui Il accorde des pouvoirs surnaturels spéciaux. De leur nombre sont les prophètes et les apôtres. C’est par des gens pareils, et enfin — et surtout — par Son propre Fils, que Dieu communique Sa révélation aux humains.

« Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes, Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils ; il l’a établi héritier de toutes choses ; par lui il a aussi créé l’univers » (Hébreux 1.1 2).
« Et nous tenons pour d’autant plus certaine la parole prophétique, à laquelle vous faites bien de prêter attention, comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu’à ce que le jour vienne à paraître et que l’étoile du matin se lève dans vos cœurs ; sachez tout d’abord vous-mêmes qu’aucune prophétie de l’Écriture ne peut être un objet d’interprétation particulière, car ce n’est pas par une volonté d’homme qu’une prophétie a jamais été apportée ; mais c’est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu » (2 Pierre 1.19 21).
Ainsi tout ce qui peut exister au-delà de notre entendement normal, ou non, regarde Dieu. Ceux qui résistent aux instructions divines le font à leur propre péril, et au péril de ceux qui les consultent. Dieu choisit le moment de donner ces révélations surnaturelles à des hommes et à des femmes. Toutes ces choses doivent être laissées entre Ses mains.
De plus, l’homme ne peut se fier à ces pratiques, réelles ou imaginaires, dans sa déchéance et son état actuel de pécheur. Dans les Caraïbes et en Afrique de l’Ouest surtout, presque tous les pratiquants utilisent leurs puissances pour exercer de l’influence sur les autres, qui ont peur de ce qu’ils pourraient faire.
Haïti, non loin de mon pays Jamaïque, en est un exemple frappant. Le feu « Papa Doc » Duvalier était un prêtre vaudou réputé pour exercer des puissances occultes. On le craignait à cause de cela et il exerçait une influence énorme sur cette pauvre nation de six millions de personnes. 
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Message  Arlitto Jeu 09 Juin 2016, 20:46

Les pouvoirs surnaturels de Jésus
Certes, Dieu était bien sage de nous interdire de pratiquer la sorcellerie. Les pouvoirs qu’Il donna aux prophètes, et surtout à Son Fils Jésus-Christ, n’étaient pas de la sorcellerie. Jésus utilisait toujours ses pouvoirs surnaturels pour bénir et affranchir les gens de la peur, et jamais pour retenir les gens sous l’empire de la terreur :

« Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira. [...] Si donc le fils vous affranchit, vous serez réellement libres » (Jean 8.32 36).
Jésus-Christ n’était d’aucune manière assimilable à un sorcier, ses pouvoirs lui venaient directement de son Père (Jean 5.19 ; 6.38). Le récit de ses tentations dans le désert (Matthieu 4.1 4 ; Luc 4.1 12) est particulièrement important parce qu’il montre que Jésus résistait à ses impulsions internes qui le poussaient à user de ses pouvoirs à des fins personnelles et pour sa propre gloire. Il était résolu plutôt à assurer que ses pouvoirs affranchissent les gens du péché, de la maladie et du chagrin.
Les horoscopes et la chance
La croyance au surnaturel et à la magie n’est pas le fait des seuls pays pauvres et techniquement attardés. Les pays riches et industrialisés ne sont pas aussi humanistes et athées qu’ils le disent. Selon une enquête récente réalisée en Europe, plus des deux-tiers affirment n’avoir pas de foi religieuse. La plupart disent qu’ils suivent avidement l’astrologie, et pensent que leurs signes zodiacaux ont une grande influence sur leur vie quotidienne. L’astrologie — qui est liée à la sorcellerie dans la Bible — est aujourd’hui une industrie fructueuse même dans les pays riches, censés être des nations hautement éduquées.
Un article publié en 1991 dans High Life (journal de bord de British Airways) note : « L’horoscope est irrésistible. C’est le fil d’Ariane de toute l’industrie de la prédiction, de l’astrologie, de la numérologie et du baratin Nouvel-âge. Le monde montre qu’en temps de récession ou en période de guerre, beaucoup de gens se tournent vers l’astrologie et la prédiction. Le président Reagan consultait ouvertement les astrologues avant de prendre des décisions importantes. On peut s’alimenter, se marier, divorcer, concevoir un enfant, sous l’influence favorable des planètes… ».
Par contre, voici ce que dit la Bible sur les astrologues et ceux qui les suivent comme guides pour leur vie :

« Ainsi parle l’Éternel, ton rédempteur, celui qui t’a formé dès ta naissance : Moi, l’Éternel, j’ai fait toutes choses, seul j’ai déployé les cieux, seul j’ai étendu la terre. J’anéantis les signes des prophètes de mensonge, et je proclame insensés les devins ; je fais reculer les sages, et je tourne leur science en folie. Je confirme la parole de mon serviteur, et j’accomplis ce que prédisent mes envoyés » (Ésaïe 44.24 26).
Si donc nous croyons en la Bible, nous devons oublier l’astrologie !
L’idée de la « chance » est liée à l’horoscope. Dans l’ancien temps il y avait un supposé dieu de la chance. Son nom était Gad. Il est mentionné dans l’Ancien Testament, pour montrer clairement comment Dieu désapprouve le concept :

« Mais vous, qui abandonnez l’Éternel, qui oubliez ma montagne sainte, qui dressez une table pour Gad, et remplissez une coupe pour Meni, je vous destine au glaive, et vous fléchirez tous le genou pour être égorgés; car j’ai appelé, et vous n’avez point répondu, j’ai parlé, et vous n’avez point écouté, mais vous avez fait ce qui est mal à mes yeux, et vous avez choisi ce qui me déplaît » (Ésaïe 65.11 12).
Ceux qui croient au Dieu d’amour ne se tiennent pas à la chance. Au contraire ils se joignent à Paul pour accepter que :

« Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein » (Romains 8.28).
Cette pensée revient plusieurs fois dans les Écritures. Des difficul¬tés peuvent survenir, mais l’issue en sera sûrement bonne. On nous dit en effet d’être prêts à les affronter en ce temps d’attente :

« C’est par beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu » (Actes 14.22).
« Il n’est personne qui, ayant quitté, à cause de moi et à cause de la bonne nouvelle, sa maison, ou ses frères, ou ses sœurs, ou sa mère ou son père, ou ses enfants, ou ses terres, ne reçoive au centuple, présentement dans ce siècle-ci, des maisons, des frères, des sœurs, des mères, des enfants et des terres, avec des persécutions, et, dans le siècle à venir, la vie éternelle » (Marc 10.29 30).
Notre Seigneur nous a dit clairement que, si nous devenons ses disciples, si nous endurons jusqu’à la fin, nous serons sauvés :

« Il ne se perdra pas un de vos cheveux » (Luc 21.18).
Ce sont l’anxiété et l’insécurité qui rendent profitables la magie et la sorcellerie. Les vrais serviteurs du Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ n’ont aucune raison d’éprouver l’anxiété et l’insécurité. Leur vie est entre les mains et sous la protection de leur Père céleste. Dans l’indigence, ou même dans l’abondance, la foi peut être gravement éprouvée, mais la promesse de Dieu ne manquera pas. 

La prétendue possession de l’esprit
Dans toutes les religions animistes telles que le vaudou, et aussi dans beaucoup de sectes des grandes religions monothéistes, y compris la vraie foi, le christianisme, la prétendue possession de l’esprit est commune, souvent soutenue par des faits remarquables. Le prêtre ou l’adepte change de comportement, éprouve une réjouissance mentale et une conscience accrue des choses divines. Dans un tel état, la voix change souvent d’accent et semble être celle de quelque dieu ou esprit ayant pris possession de la victime.
Ésaïe nous met en garde quant à la crédibilité de ce que les gens disent dans cet état de transe :

« Si l’on vous dit : consultez ceux qui évoquent les morts et ceux qui prédisent l’avenir, qui poussent des sifflements et des soupirs, répondez : un peuple ne consultera-t-il pas son Dieu ? S’adressera-t-il aux morts en faveur des vivants ? A la loi et au témoi¬gnage ! Si l’on ne parle pas ainsi, il n’y aura point d’aurore pour le peuple » (Ésaïe 8.19 20).
Paul doit même avertir les chrétiens à Corinthe des dangers des vrais dons de l’esprit dont bénéficiaient certains à l’époque :

« Si donc, dans une assemblée de l’Église entière, tous parlent en langues, et qu’il entre de simples auditeurs ou des non-croyants, ne diront-ils pas que vous êtes fous ? » (1 Corinthiens 14.23).
Dans certains cas il est évident que l’adepte est réellement fou, vraiment troublé. Nous lisons dans les évangiles le récit d’un homme qui croyait être possédé par toute une légion de mauvais esprits — trois mille en tout. De nos jours, dans certains pays, il aurait été mis dans une camisole de force et enfermé quelque part où il ne ferait du mal ni à autrui, ni à lui-même. A son époque on disait qu’il était possédé par les démons. On l’isolait au besoin par la force (Marc 5.3 4).
Jésus ne dit pas à ses disciples que ce concept était faux ; il guérit l’homme, et c’est tout. Le pouvoir que son Père céleste lui avait donné était plus grand que toute autre puissance maléfique au monde, et plus qu’adéquat pour guérir cet homme.

Les démons
Le croyant a au moins quatre raisons pour refuser de prendre littéralement cette expression de « possédé de démons ».
1. Les Grecs utilisaient le terme « démon » (qui n’apparaît pas du tout dans l’Ancien Testament) pour décrire les faux dieux qu’ils vénéraient. Ainsi à Athènes :

« Quelques philosophes épicuriens et stoïciens se mirent à parler avec lui (Paul). Et les uns disaient : Que veut dire ce discoureur ? D’autres l’entendant annoncer Jésus et la résurrection, disaient : il semble qu’il annonce des divinités étrangères » (le mot original est daimonion « démons ») (Actes 17.18).
L’apôtre Paul lui-même employa ce mot pour parler des dieux païens, et condamna ceux qui érigeaient leur existence en principe (voir 1 Corinthiens 10.20 21). Il déclara en effet :

« Il n’y a point d’idole dans le monde » (1 Corinthiens 8.4 ; voir aussi 1 Timothée 4.1).
2. Dieu Lui-même accepte la responsabilité en ce qui concerne les sourds, les muets et les aveugles — handicapés qualifiés de démoniaques dans le Nouveau Testament (voir par ex. Luc 11.14, Marc 9.25). Il déclare à Moïse :

« Qui a fait la bouche de l’homme ? Et qui rend muet et sourd, voyant ou aveugle ? N’est-ce pas moi, l’Éternel ? » (Exode 4.11).
Il est difficile de concevoir que Dieu aurait pu dire cela si c’est vraiment les démons qui rendent les gens sourds, muets ou aveugles.
3. Au temps du Nouveau Testament, les gens avaient l’habitude de parler des maladies du système nerveux et du cerveau comme si elles étaient causées par la possession des démons. Les recherches permettent de nos jours de mieux connaître ces maladies, et certaines sont bien traitées grâce aux médicaments. Tous les cas de possession de démons dans le Nouveau Testament concernent soit les épileptiques, les fous, les sourds, les muets, les aveugles ou les paralytiques. On ne parle pas dans la Bible de possession démoniaque pour des maladies infectieuses comme la fièvre ou la lèpre.
4. On utilise souvent « Béelzébub » pour désigner le supposé roi des démons (Matthieu 12.24). Mais dans l’Ancien Testament Béelzébub désigne plutôt un faux dieu, une idole de pierre ou de bois chez les Cananéens (2 Rois 1.2 16). Toutefois Jésus parle de Béelzébub comme s’il avait existé ! Il ne croyait certainement pas au dieu Béelzébub, seigneur (dieu) des mouches ! Il employait un langage apte aux gens de l’époque.
Si nous considérons attentivement quelques récits des miracles de Jésus, Matthieu 8.16 17 ; 17.14 16 et Marc 5.2 13, nous remarquerons que l’expression « possédé d’un démon » n’était qu’une façon de décrire la maladie. Marc dit que le fou, « Légion », a un esprit impur. Et les esprits impurs (comme s’ils étaient plusieurs) entrent dans les pourceaux, environ deux mille. Le troupeau se précipite des pentes escarpées dans la mer et se noie. Y avait-il un ou plusieurs esprits ?
Si Marc prend littéralement le terme démoniaque, alors il y a confusion ou même contradiction. Mais s’il employait « possédé d’un esprit impur » comme façon de dire « très malade mentale¬ment », il n’y a pas de problème. Dans ce cas « possédé de toute une légion d’esprits » voudrait simplement dire « vraiment très malade mentalement ».
De plus, s’il y avait plusieurs esprits dans le fou, ils devraient tous s’exprimer par sa bouche. Ainsi cette idée de multitude dépendrait entièrement de ses paroles. C’est vraiment une façon de parler bien élaborée que toute l’assistance comprendrait. La confusion proviendra seulement d’une décision de traiter chaque « démon » comme s’il était littéral, indépendant, un être conscient.
Dans un autre exemple :

« Lorsqu’ils furent arrivés près de la foule, un homme vint se jeter à genoux devant Jésus, et dit : Seigneur, aie pitié de mon fils, qui est lunatique, et qui souffre cruellement ; il tombe souvent dans le feu, et souvent dans l’eau. Je l’ai amené à tes disciples, et ils n’ont pas pu le guérir » (Matthieu 17.14 16).
Les termes de Matthieu nous donnent une image très claire. Le garçon était épileptique. Son père le disait « lunatique ».
Le récit continue :

« Jésus parla sévèrement au démon, qui sortit de lui, et l’enfant fut guéri à l’heure même » (Matthieu 17.18).
Nous ne pouvons lever cette confusion apparente que si nous acceptons que, bien que l’opinion publique reconnaisse que ce garçon soit possédé d’un démon, Matthieu et le Seigneur Jésus savaient réellement qu’il avait cette maladie mystérieuse que nous appelons épilepsie. Il était tout naturel chez eux de varier leurs formes de langage.
Mais pourquoi les auteurs des Évangiles disent-ils que Jésus parle sévèrement aux « démons » et que ceux-ci lui répondent ?
De nos jours les hommes de loi attribuent à Dieu les actes tels que les déluges, les cyclones et autres désastres naturels. Mais cela n’implique pas qu’ils croient en Dieu, ni que, s’ils croient en Lui, ils croient en un Dieu qui cause directement ces choses ! Ils utilisent tout simplement un langage populaire, qui ne tromperait personne aujourd’hui.
Plusieurs Juifs parlaient de la possession démoniaque sans même penser si le démon existait. Parler de démons était une figure vivante pour décrire les maladies les plus mauvaises. Cette manière de décrire certaines maladies semblerait plus naturelle pour eux que pour nous autres ; cependant nous comprenons facilement les termes « lunatique » et « aliéné » qui signifiaient à l’origine que les victimes étaient influencées par la pleine lune pendant leur maladie.
Jésus calma la tempête sur la mer en parlant comme à une personne : « Il menaça le vent, et dit à la mer : Silence ! Tais-toi ! » (Marc 4.39). De même, quand il guérit une femme d’une maladie grave, « Il menaça la fièvre, et la fièvre la quitta » (Luc 4.39).
Pourquoi Jésus parla-t-il au vent, à la mer et à la fièvre ? Ils n’étaient évidemment pas vivants et capables de comprendre ce qu’il disait. La raison de cela ne peut trouver son origine que dans le langage de l’époque. Mais, quoi qu’il en soit, on ne peut penser que Jésus prenait le vent, la mer et la fièvre pour des êtres vivants. Et cela n’a rien à voir avec les prétendues réalités des puissances du mal dont parlent les gens aujourd’hui.
Il en est de même avec la possession démoniaque. Jésus et ses disciples parlaient parfois, dans le langage de l’époque, comme si les démons étaient réels. Mais nous pouvons être sûrs, quelque soit la raison, que les démons n’étaient pas des êtres vivants.
Nous pouvons nous demander pourquoi la Bible ne nous donne aucune explication sur la possession démoniaque. Dans la Bible Dieu n’explique en termes modernes aucun aspect du monde spirituel ou surnaturel qui nous entoure ; ce monde-là ne serait pas mieux compris, si Dieu l’avait fait dès le départ. Mais pourquoi Dieu devrait-Il s’expliquer ? Le monde spirituel est Son domaine à Lui, et nous devrions le Lui laisser.

« Les choses cachées sont à l’Éternel, notre Dieu ; les choses révélées sont à nous et à nos enfants, à perpétuité » (Deutéronome 29.29).
C’est à notre péril éternel que nous nous mêlons de quelque puissance magique ou occulte. Les choses révélées, la vérité morale et spirituelle révélée dans la Bible, l’Évangile du Royaume et l’enseignement de Jésus-Christ : voilà les choses que nous devrions honnêtement prendre à cœur.

La sorcellerie : le point de vue de Dieu
Le dernier message de Moïse, dans le livre de Deutéronome, nous instruit sans aucun doute sur ce que Dieu pense de la sorcel¬lerie, du vaudou et de toutes les autres religions spiritistes qui abondaient au temps de Moïse :

« Qu’on ne trouve chez toi personne qui fasse passer son fils ou sa fille par le feu, personne qui exerce le métier de devin, d’astrologue, d’augure, de magicien, d’enchan¬teur, personne qui consulte ceux qui évoquent les esprits ou disent la bonne aventure, personne qui interroge les morts. Car quiconque fait ces choses est en abomination à l’Éternel ; et c’est à cause de ces abominations que l’Éternel, ton Dieu, va chasser ces nations devant toi. Tu seras entièrement à l’Éternel, ton Dieu » (Deutéronome 18.10 13).
Plusieurs siècles après, un roi de Juda, appelé Manassé, trempa dans toutes ces pratiques impures et idolâtres. Il en savait sans doute mieux puisque son père était un des rares dignes rois de Juda, ayant une grande foi en Dieu. Voici le bilan des activités de Manassé fait par Dieu :

« Il fit passer ses fils par le feu dans la vallée des fils de Hinnom ; il observait les nuages et les serpents pour en tirer des pronostics, il s’adonnait à la magie, et il établit des gens qui évoquaient les esprits et qui prédisaient l’avenir. Il fit de plus en plus ce qui est mal aux yeux de l’Éternel, afin de l’irriter » (2 Chroniques 33.6).
Plus tard Manassé se repentit de son comportement (2 Chroniques 33.12 16). Et Dieu le pardonna, bien que les effets de sa méchanceté passée ne pouvaient plus s’éloigner du peuple : la ruine du pays s’ensuivit.
Peut-être pensez-vous : Eh bien, je ne me mêle pas de ces sorcelleries condamnables, mais un peu d’engouement pour la religion est une bonne chose. C’est une délivrance de la frustration, et des émotions refoulées. Y a-t-il de l’importance à cela ? Et puis qu’est-ce que ça fait, si je m’amuse à découvrir ce que disent les astres ?
Partout dans les Caraïbes, les nouvelles églises font des centaines d’adeptes. La passion s’enflamme et les gens se ruent pour « avoir l’Esprit » — « les dons » des langues, de la prophétie, de la guérison, des miracles… Beaucoup de religions animistes s’associent à ces mêmes scènes d’enthousiasme sauvage. Comparez tout cela à l’histoire d’Élie et des prophètes de Baal au temps des rois :

« Ils sautaient devant l’autel qu’ils avaient fait. […] Et ils crièrent à haute voix, et ils se firent, selon leur coutume, des incisions avec des épées et avec des lances, jusqu’à ce que le sang coule sur eux » (1 Rois 18.26 28).
Leur « dieu » restait muet :

« Mais il n’y eut ni voix ni réponse, ni signe d’attention » (18.29).
Opposez cela au comportement calme, sincère et confiant d’Élie, le prophète du vrai Dieu vivant. Pas de fureur, seulement la foi :

« Réponds-moi, Éternel, réponds-moi, afin que ce peuple reconnaisse que c’est toi, Éternel, qui es Dieu, et que c’est toi qui ramènes leur cœur ! » (18.37).
Ceux qui vous offrent ce livret prêchent le retour au sobre et profond culte pratiqué par Élie, et vous invite à éviter le culte vide et fanatique des imitateurs modernes des adeptes de Baal. Nous espérons qu’en assistant à nos réunions vous serez impressionné par la saine et digne atmosphère de notre communion, soutenue par le rejet de toute passion sauvage, de tout rythme insignifiant et des manifestations non spirituelles de l’esprit. Nous visons à éviter le danger de ne pas plaire à l’Éternel en imitant les partisans des démons ; nous devons faire un choix clair entre le vrai christianisme, basé sur la Bible, et les abus sauvages du paganisme moderne.

« Vous ne pouvez boire la coupe du Seigneur, et la coupe des démons ; vous ne pouvez participer à la table du Seigneur, et à la table des démons » (1 Corinthiens 10.21).

La puissance du serpent
Quand Paul et Silas prêchaient à Philippes il se produisit un incident très émouvant. Une servante était censée être possédée par l’esprit d’un serpent-dieu, que les Grecs appelaient Python (Actes 16.16). Elle avait des pouvoirs inexplicables de charlatan, que ses maîtres exploitaient pour leur compte. Paul et Silas la guérirent ; c’est à dire qu’ils la rendirent mentalement normale. La puissance du serpent la quitta entièrement et on peut bien croire qu’elle fut convertie.
Il est possible que la même espèce de possession soit présente dans le texte hébreu de 1 Samuel 28, dans le récit de la magicienne d’En-Dor. La magicienne est décrite comme ayant un esprit d’« ob », même mot primitif qui paraît dans les langues d’Afrique et des Caraïbes (Obeah) pour désigner les étranges puissances mentales qui peuvent être exploitées à des fins sordides.
A travers la Bible le serpent est le symbole de la puissance du péché, depuis qu’il séduisit Ève dans le jardin d’Éden (Genèse 3.1 7). L’esclave de Philippes avait sans doute reconnu que Paul et Silas prêchaient une foi moralement bonne, et c’est pourquoi elle les supplia jour après jour de lui enlever le mauvais esprit du « serpent », pour lui permettre de commencer une nouvelle vie dans l’esprit du Christ.
L’usage par Dieu du serpent comme symbole de la puissance du péché est évidemment terrifiant dans les conséquences qui découlèrent de l’idolâtrie d’Israël dans le désert de Sinaï. Paul résume l’épisode ainsi :

« Ne tentons point le Seigneur, comme le tentèrent quelques-uns d’entre eux, qui périrent par les serpents » (1 Corinthiens 10.9).
Les événements historiques sont décrits en ces termes :

Le peuple […] parla contre Dieu et contre Moïse : pourquoi nous avez-vous fait monter hors d’Égypte, pour que nous mourions dans le désert ? car il n’y a point de pain, et il n’y a point d’eau, et notre âme est dégoûtée de cette misérable nourriture. Alors l’Éternel envoya contre le peuple des serpents brûlants ; ils mordirent le peuple, et il mourut beaucoup de gens en Israël. Le peuple vint à Moïse, et dit : Nous avons péché, car nous avons parlé contre l’Éternel et contre toi. Prie l’Éternel, afin qu’il éloigne de nous ces serpents. Moïse pria pour le peuple. L’Éternel dit à Moïse : Fais-toi un serpent brûlant, et place-le sur une perche ; quiconque aura été mordu, et le regardera, conservera la vie. Moïse fit un serpent d’airain, et le plaça sur une perche ; et quiconque avait été mordu par un serpent, et regardait le serpent d’airain, conservait la vie » (Nombres 21.5 9).
Avant la fin nous reviendrons une fois de plus sur cet épisode pour montrer comment nous devons considérer les puissances du mal, et comment trouver la seule voie pour nous délivrer de leurs effets.

La prédication de l’Évangile aux idolâtres
A l’époque du Nouveau Testament, bien que Juifs et chrétiens adorent un Dieu unique en tant que Créateur et protecteur de toutes choses, beaucoup de gens, même des peuples civilisés comme les Grecs et les Romains, adoraient ou professaient le culte de plusieurs dieux.
Ces dieux, semble-t-il, auraient été si nombreux que l’on ne pouvait les dénombrer. Paul remarqua qu’à Athènes on avait dressé un autel à un « dieu inconnu » (Actes 17.23).
Paul reconnaissait que les Athéniens étaient très « religieux », ou peut-être trop. Mais il leur dit clairement qu’il n’y a qu’un seul Dieu, Créateur de tous. Il n’y a point d’autres dieux ou d’autres êtres immortels comme Dieu. Dieu, qui est infini, ne peut être représenté à travers les œuvres humaines, et nous ne devons pas penser qu’Il « soit semblable à de l’or, à de l’argent ou à de la pierre, sculptés par l’art et l’industrie de l’homme » (Actes 17.29).
Même le Seigneur Jésus-Christ, tout en ayant tous les honneurs en tant que Fils de Dieu, ne doit pas être placé au même niveau que l’Éternel Dieu, son Père, qui est infiniment bon dans Sa justice : « Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je vais au Père ; car le Père est plus grand que moi » (Jean 14.28).
Dans une tournée missionnaire à Lystre, Paul et Barnabas avaient déjà prêché le même message. C’était un lieu largement réputé pour son idolâtrie et son culte des esprits. Et les Lystriens commençaient à adorer ces disciples du Seigneur comme s’ils étaient des dieux :

« Ils appelaient Barnabas Jupiter, et Paul Mercure. […] Le prêtre de Jupiter […] amena des taureaux avec des bandelettes vers les portes et voulait, de même que la foule, offrir un sacrifice. Les apôtres Barnabas et Paul, ayant appris cela, déchirèrent leurs vêtements, et se précipitèrent au milieu de la foule, en s’écriant : O hommes, pourquoi agissez-vous de la sorte ? Nous aussi, nous sommes des hommes de la même nature que vous et, vous apportant une bonne nouvelle, nous vous exhortons à renoncer à ces choses vaines, pour vous tourner vers le Dieu vivant, qui a fait le Ciel, la Terre, la mer, et tout ce qui s’y trouve » (Actes 14.12 15).
Les prodiges de l’imposteur contre le pouvoir divin
Nous sommes facilement terrifiés et nous pouvons être tentés de laisser le contrôle de notre vie aux soi-disant signes ou prodiges religieux. Pour maintenir leur pouvoir et leur influence, de puissantes organisations religieuses ont opéré des « miracles » mystérieux pour impressionner des millions de gens.
Le plus grand bâtiment religieux du monde, Notre Dame de la Paix, en Côte d’Ivoire, a été construit précisément à cette fin, pour impressionner les peuples d’Afrique de la majesté, du prestige et de la supériorité étonnante de l’Église Catholique Romaine. Aux États-¬Unis de splendides structures modernes ont été construites au nom du christianisme en vue des mêmes buts. Elles ont donné prise à des évangélistes télévisuels qui blasphèment l’évangile du Christ par leurs excès matérialistes.
Même au premier siècle les fidèles étaient avertis par l’apôtre Paul de la venue, avant le retour du Seigneur Jésus, d’un puissant ennemi de l’évangile qui utiliserait ces méthodes :

« L’apparition de cet impie se fera, par la puissance de Satan, avec toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges mensongers et avec toutes les séductions de l’iniquité pour ceux qui périssent parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés. Aussi Dieu leur envoie une puissance d’égarement, pour qu’ils croient au mensonge » (2 Thessaloniciens 2.9 11).
Nous ne devons jamais suivre nos camarades dans le mal, si intelligents qu’ils puissent paraître. Nous ne devons pas nous laisser tromper par les ostentations des puissances humaines, malgré le nombre de gens qui les suivent (Exode 23.2).
L’unique vrai Dieu, Lui tout seul, contrôle le passé, le présent et l’avenir, et nous devons nous remettre entre Ses seules mains. L’Écriture Sainte nous expose Ses voies et Son dessein. Suivons fidèlement leur direction.
De temps en temps il y avait des conflits entre les disciples du Seigneur Jésus et des sorciers ou magiciens. Par exemple, Simon de Samarie, ou Simon Magus comme on l’appelle quelquefois :

« Il y avait auparavant dans la ville un homme nommé Simon, qui, se donnant pour un personnage important, exerçait la magie et provoquait l’étonne¬ment du peuple de la Samarie. Tous, depuis le plus petit jusqu’au plus grand, l’écoutaient attentivement, et disaient : Celui-ci est la puissance de Dieu, celle qui s’appelle la grande. Ils l’écoutaient attentivement, parce qu’il les avait longtemps étonnés pur ses actes de magie » (Actes 8.9 11).
Quand sa troupe fut convaincue par Philippe l’Évangéliste,

« Simon lui-même crut, et, après avoir été baptisé, il ne quittait plus Philippe, et il voyait avec étonnement les miracles et les grands prodiges qui s’opéraient » (Actes 8.13).
Il s’aperçut que l’Esprit du Christ rendait les gens sains, et était de loin supérieur à n’importe quelle puissance réelle ou fictive que jamais il aurait eue.
Mais il était difficile pour le léopard de changer sa peau : il pourrait reprendre ses adeptes s’il avait une telle puissance, et redoubler son influence. Il aurait bien pu s’épargner la peine et sa honte :

« Lorsque Simon vit que le Saint-Esprit était donné par l’imposition des mains des apôtres, il leur offrit de l’argent, en disant : Accordez-moi aussi ce pouvoir, afin que celui à qui j’imposerai les mains reçoive le Saint-Esprit. Mais Pierre lui dit : que ton argent périsse avec toi, puisque tu as cru que le don de Dieu s’acquérait à prix d’argent ! Il n’y a pour toi ni part ni lot dans cette affaire, car ton cœur n’est pas droit devant Dieu. Repens-toi donc de ta méchanceté, et prie le Seigneur pour que la pensée de ton cœur te soit pardonnée, s’il est possible » (Actes 8.18 22).
Ensuite il y avait à Chypre Bar-Jésus (appelé aussi Élymas le magicien), et un groupe d’exorcistes à Éphèse (Actes 13.6 12 ; 19.13 20), qui essayaient d’obstruer la prédication de l’Évangile. Ils furent tous honnis, et les exorcistes d’Éphèse mis en fuite.
Jésus avait promis de grands pouvoirs à ses disciples, et, de même que Moïse défia les magiciens de Pharaon en Égypte, les apôtres étaient capables de triompher des prodiges mensongers de leurs opposants :

Je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions, et sur toute la puissance de l’ennemi ; et rien ne pourra vous nuire » (Luc 10.19).
L’ennemi ici n’est ni Lucifer, ni Béelzébub, ni tout autre démon ou dieu imaginaire, mais plutôt le plus grand ennemi de tous, le péché sous toutes ses formes : religieuses, impériales ou (de nos jours) politiques. Jésus conquit cet ennemi, et nous pouvons avoir part à cette victoire. Quand il reviendra :

« Alors s’accomplira la parole qui est écrite : La mort a été engloutie dans la victoire. O mort, où est ta victoire ? O mort, où est ton aiguillon ? L’aiguillon de la mort, c’est le péché ; et la puissance du péché, c’est la loi. Mais grâces soient rendues à Dieu, qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ » (1 Corinthiens 15.54 57).

Feu de joie à Éphèse

L’antagonisme des forces cherchant à influencer l’homme en bien ou en mal est illustré dans Actes 19. Le temple de Diane à Éphèse était un des plus grands temples jamais construits. Mais quand Paul prêcha la vérité du Christ dans cette ville, l’influence du temple fut menacée. Des forces puissantes s’élevèrent contre Paul, et sa vie et celle des fidèles étaient en danger. Dieu leur donna la force de tenir ferme et les délivra de tous les dangers :

« Dieu, qui ressuscite les morts […] c’est lui qui nous a délivrés et qui nous délivrera d’une telle mort, lui de qui nous espérons qu’il nous délivrera encore » (2 Corinthiens 1.9 10).
Ainsi l’Évangile triompha sur toutes les magies noires qui se pratiquaient dans le temple et dans la ville : la condition et les revenus des vaudous et autres systèmes démoniaques étaient menacés et abandonnés par ceux qui avaient cru à l’Évangile :

« Plusieurs de ceux qui avaient cru venaient confesser et déclarer ce qu’ils avaient fait. Et un certain nombre de ceux qui avaient exercé les arts magiques, ayant apporté leurs livres, les brûlèrent devant tout le monde : on en estima la valeur à cinquante mille pièces d’argent » (Actes 19.18 19).
La puissance du temple de Diane tomba devant l’humble simplicité de l’Évangile du Christ, et ces charlatans, les fils de Scéva, furent mis en fuite. Le fait est que le pouvoir des grands temples d’Éphèse, de Côte d’Ivoire, des États-Unis ou de partout ailleurs, ou le pouvoir d’un prêtre vaudou, n’est rien devant Dieu en comparaison du pouvoir d’un homme simple ayant la Bible en main et l’amour de Dieu au cœur.
« Ne crains point, petit troupeau »
La Bible nous prévient bien souvent, qu’en ce qui concerne la foi, la grandeur et le nombre s’érigent en vrais dangers, et nous ne devons pas nous laisser impressionner par la grandeur d’un mouvement, laïque ou religieux :

« Entrez par la porte étroite. Car large est la porte, spacieux le chemin qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par là. Mais étroite est la porte, resserré le chemin qui mène à la vie, et il y en a peu qui les trouvent » (Matthieu 7.13 14).
Jésus dit à ses disciples que le grand temple juif de Jérusalem, avec ses pinacles d’or et ses centaines de prêtres, avait été corrompu par les erreurs et la rébellion du peuple, et n’était plus qu’une carapace inutile (Luc 13.35 ; Marc 11.17). Moïse en Égypte, Daniel et ses amis à Babylone, Mardochée en Perse : tous ont fait face aux grands systèmes religieux de leurs temps, et à tout ce que les forces magiques pouvaient faire contre eux. Ils les ont affrontés par la force de Dieu Lui-même. Car ils n’étaient pas seuls, puisque celui qui est avec Dieu est avec la majorité.
Alors, si vous voulez plaire à Dieu, vous devez vous préparer à résister au goût de la multitude, et être prêt à vous associer aux frères croyants, même s’ils sont méprisés et peu nombreux, et à tenir ferme à tout prix à la vérité du vrai Dieu. La joie présente d’une vraie communion basée sur la Bible, et la vie éternelle dans le Royaume de Dieu à venir sur terre, seront votre récompense sûre.

La Bible à la fenêtre
On ne saurait vous dire que vous serez capable d’imiter ceux qui opèrent des miracles de nos jours, ou même les apôtres et les anciens grands hommes de Dieu. Nous ne sommes pas au temps des « visions fréquentes » (1 Samuel 3.1). Car l’apôtre du Seigneur a dit lui-même que ces signes n’étaient que pour un temps :

L’amour ne périt jamais. Les prophéties prendront fin (Segond), les langues cesseront, la connaissance disparaîtra » (1 Corinthiens 13.8).
Le pouvoir de Dieu travaille encore, mais de façon moins évidente. Si vous avez la foi comme celle de Moïse et des apôtres, ou de chacun de ceux qui sont cités dans Hébreux 11, vous n’aurez pas peur des puissances des ténèbres, de la puissance du péché, du serpent. Vous pouvez vaincre grâce au sacrifice de Jésus-Christ (Apocalypse 12.11).
J’ai une amie croyante, une sœur en Christ. C’est une femme d’une foi indomptable. Quand elle comprit le vrai enseigne¬ment de la Bible et qu’elle décida de se faire baptiser, son conjoint s’y opposa et l’abandonna avec tous ses enfants. Un sorcier s’engagea à l’ensorceler. Elle habitait un appartement interdit aux chrétiens. On la menaçait, se moquait d’elle et l’abusait. Chez elle il y avait une petite fenêtre, et elle réagissait en y exposant visiblement sa Bible.
C’était il y a quinze ans, et elle continue à se réjouir dans la vérité. Elle ne connaît pas la peur. C’est une des plus heureuses femmes que j’ai jamais rencontrées. Si vous pouviez l’interroger, elle vous dirait que son passage préféré de la Bible est la suivante :

« Qui nous séparera de l’amour de Christ ? Sera-ce la tribulation, ou l’angoisse, ou la persécution, ou la faim, ou la nudité, ou le péril, ou l’épée ? […] Car j’ai l’assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur » (Romains 8.35 39).
Et elle ajouterait que vous aussi, vous connaîtrez la vraie joie comme elle, si vous êtes prêt à accepter le message de l’Évangile.
La fin du serpent
Quand l’Éternel envoya des serpents brûlants contre le peuple d’Israël dans le désert, souvenez-vous, ceux qui avaient été mordus ne guérissaient que quand ils regardaient le serpent d’airain que Moïse avait placé sur une perche devant eux. Bien sûr, ils moururent tous après, suite à d’autres causes, car ils avaient été guéris de la maladie seulement, et non du péché et de la mort. Mais le Seigneur Jésus reprend pour nous la même histoire, en disant :

« Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle. Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point mais qu’il ait la vie éternelle » (Jean 3.14 16).
Voici comment la puissance du serpent est détruite : quand le Seigneur Jésus-Christ accepta d’être crucifié après une vie sans péché, il éloigna de lui une fois pour toutes la puissance du péché. Il fut rendu parfait par la mort (Luc 13.32 ; Hébreux 2.10 ; 5.9 ; 7.28), toutes les impulsions du péché étant détruites par sa soumission volontaire à la croix. Et sa victoire est une victoire pour nous tous :

« Ainsi donc, puisque les enfants participent au sang et à la chair, il y a également participé lui-même, afin que par la mort, il anéantît (Segond) celui qui avait la puissance de la mort, c’est à dire le diable ; ainsi il délivre tous ceux qui, par crainte de la mort, étaient toute leur vie retenus dans la servitude » (Hébreux 2.14 15).
Non seulement ne devons-nous jamais nous livrer à quelque culte démoniaque, mais nous devons surtout nous réjouir de ce que notre Seigneur ait vaincu pour nous la puissance du diable. De plus, vivant éternellement, il est capable de nous aider à ne plus tomber dans le péché :

« Mes petits enfants, je vous écris ces choses, afin que vous ne péchiez point. Et si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ le juste. Il est lui-même une victime expiatoire pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais pour ceux du monde entier » (1 Jean 2.1 2).
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