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Le TETRAMORPHE

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Message  Arlitto Ven 12 Aoû 2016, 19:39

Le TETRAMORPHE


 Le Tétramorphe, c’est-à-dire le symbolisme des quatre animaux (appelés aussi « les quatre vivants ») ou des quatre évangélistes, fut l’un des thèmes favoris de l’art religieux et l’un des plus commentés.  


La symbolique des quatre évangélistes ne s’est pas imposée d’emblée aux Chrétiens. Aux premiers siècles du christianisme, les quatre évangélistes ont été rapprochés des quatre grands prophètes (Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, Daniel), des quatre Pères de l’Eglise (St Augustin, St Ambroise, St Jérôme, St Grégoire-le-Grand), des quatre fleuves du Paradis et enfin des quatre chérubins entourant le trône de Dieu. 

Les quatre évangélistes ne furent identifiés avec le Tétramorphe et fixés qu’à partir du Vème siècle. Ceci se vérifie dans les textes et dans l’iconographie. 


Diverses thèses ont été proposées par les Pères de l’Eglise. Pour n’en citer que deux :
 Irénée de Lyon (vers 180) voit dans les quatre figures animales autant d’images de l’activité du Fils de Dieu : « Le premier de ces vivants, est semblable à un lion, ce qui caractérise la puissance, la prééminence et la royauté du Fils de Dieu ; le second est semblable à un jeune taureau, ce qui manifeste sa fonction de sacrificateur et de prêtre ; le troisième a un visage pareil à celui d’un homme, ce qui évoque clairement sa venue humaine ; le quatrième est semblable à un aigle qui vole, ce qui indique le don de l’Esprit volant sur l’Eglise. » (Contre les hérésies, Livre III, 11,8).
 Quant à elle, l’interprétation de  St Jérôme (347-420) s’inspirant de la vision d’Ezéchiel et de la citation de l’Apocalypse, est celle que la Tradition a retenue.

 


 

 

La figure humaine
représente
Matthieu
 

 

 

Le lion 
représente
Marc

 

Le TETRAMORPHE T-tramorphe1

  

 


 


 

 

L'aigle
représente
Jean
  

 

Le taureau
représente
Luc
Les attributs des quatre évangélistes peuvent être mis en référence avec le début de chacun de leur Livre.
 
Matthieuest représenté par l'homme ou l'ange parce qu’il commence son Evangile par la généalogie du Christ.

Luc est représenté par le bœuf ou le veauanimal du sacrifice pour l’allusion que l’évangéliste fait au sacrifice offert par Zacharie (Luc 1, 5) ;

Marc est désigné par le lion car dès les premières lignes de son récit, il nous parle de la voix qui crie dans le désert (Marc 1, 3).

Jeanenfin, est figuré par l'aigle, car son texte nous place, dès le début, en face du Verbe, « vraie lumière » (Jean 1, 1-4). De plus, l’aigle est le seul animal  à  pouvoir regarder le soleil en face.

 On ajoutera encore que le tétramorphe rappelle les étapes de la vie du Christ : l’Incarnation (homme), le Sacrifice (bœuf), la Résurrection (lion) et l’Ascension (aigle).
 
Origine de ces symboles
 

Vu le rôle central joué par ces symboles, ils semblent avoir une origine plus lointaine. Dans l’Ancien Orient, le chiffre 4 évoque les 4 saisons, les 4 points cardinaux, les quatre gardiens du monde, ou les quatre porteurs du ciel disposés aux quatre coins du firmament. Ces images reposent sur les symboles stellaires du zodiaque, de la « croix fixe » qui sont le taureau, le lion, le scorpion et le verseau. Ce découpage quaternaire tirerait son origine des quatre éléments, du dualisme entre les forces amies et ennemies de l’homme : lefeu (le taureau) et l’eau (l’homme) d’un côté, contre la terre (le lion) et l’air (l’aigle) de l’autre côté. 

Ces symboles peuvent illustrer aussi la majesté, la force, le savoir et la souplesse selon des traditions très anciennes rappelant peut-être même certains dieux païens. 
L'ensemble iconographique s’inspire directement de la vision de Saint Jean : «  Un trône était dressé dans le ciel, et quelqu’un était assis sur ce trône… Et autour de lui, se tiennent quatre vivants constellés d’yeux…. Le premier vivant est comme un lion ; le deuxième vivant est comme un jeune taureau ; le troisième vivant a comme un visage d’homme ; le quatrième vivant est comme un aigle en plein vol. »  (Apocalypse IV, 2, 7). 

Cependant bien avant la fin du 1er siècle chrétien, les quatre animaux étaient déjà apparus à Ezéchiel au bord du fleuve Kobar.  Le récit d’Ezéchiel est probablement la première source du tétramorphe :  « Au centre je discernai quelque chose qui ressemblait à quatre animaux dont voici l’aspect : ils avaient une forme humaine. Quant à la forme de leurs faces, ils avaient une face d’homme, et tous les quatre avaient une face de lion à droite, et tous les quatre avaient une face de taureau à gauche, et tous les quatre avaient une face d’aigle. » (Ezéchiel I, 5, 10).
 La représentation artistique (peinture, mosaïque, sculpture, vitraux) qui en est faite se confirme également au cours des siècles. On la trouve, pour la décoration, dans les lectionnaires manuscrits qui nous sont conservés, notamment celui de Raban Maur (v.780-856) qui restera classique en passant dans l'enseignement au XIIème siècle. L’art roman, qui a multiplié largement l’image du tétramorphe, lui prêtait bien d’autres sens encore…
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Message  Arlitto Sam 13 Aoû 2016, 17:28

Les animaux choisis pour représenter les quatre évangélistes sont ceux qui sont cités dans l'Apocalypse par Saint Jean et dans les visions du prophète Ezéchiel. Chaque élément du tétramorphe peut recevoir trois niveaux d'explications.
 
 
Symbole d'un épisode de la vie du Christ
L'attribution aux quatre évangélistes
Les vertus nécessaires pour être sauvés
Lionle lion, qui est censé dormir les yeux ouverts, représente la résurrectionle lion est attribué à Marc qui commence son évangile en parlant d'un cri dans le désertle courage et l'absence de peur du juste
Boeuf (ou veau)le veau, symbole du sacrifice, représente la Passionle veau est attribué à Luc qui commence par relater le sacrifice de Zachariele sacrifice des voluptés de ce monde
Aiglel'aigle représente l'Ascensionl'aigle est attribué à Jean, qui évoque immédiatement le ciel et la divinitéregarde sans ciller le soleil comme le juste doit regarder les choses éternelles
Hommel'homme représente l'Incarnationl'homme est atribué à Matthieu qui entame son évangile par l'énumération de la généalogie humaine du Christla raison
 
 
Le TETRAMORPHE Tetramorphe_moissacLa place des différents animaux autour du Christ est définie selon les principes hiérarchiques suivant. Le haut est supérieur au bas et la droite du Christ (place des élus) est supérieure à sa gauche (place des réprouvés). Par conséquent, l'animal le plus noble, l'homme, est généralement placé en haut à gauche (droite du Christ). L'aigle est en haut à droite (gauche du Christ). Le lion est en bas à gauche et le boeuf en bas à droite. Comme toute règle souffre des exceptions, le tympan de Burgos, ci-dessus, inverse la position de l'homme et de l'aigle, ce qui n'est pas le cas de celui de Chartres un peu plus haut ou de celui de Moissac, ci-contre.
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Message  Arlitto Sam 13 Aoû 2016, 17:29

Les symboles des évangélistes - le Tetramorphe


Les évangélistes peuvent être représentés sous leur forme humaine en train d’écrire leurs Evangiles. Pour être reconnus ils sont toujours accompagnés de leur image symbolique. Celle-ci peut paraître sous une forme figurative seule – le Tétramorphe (du grec tetra : 4 et morphe : forme) : l’homme, le lion, le taureau et l’aigle. Ces 4 figures sont toujours ailées.

Le Tétramorphe se trouve déjà dans le livre d’Ezéchiel, décrivant la gloire de Dieu ainsi que dans l’Apocalypse de Jean.

Chaque symbole est une référence à un passage de l’Evangile :


Saint Jean – l’aigle – Le prologue de Jean dans l’Apocalypse est d’une telle élévation, que seul l’aigle peut voler aussi haut.
Le TETRAMORPHE Tetramorphe-saint-jean

Saint Marc – le lion – Il cite Isaïe : Je suis la voix qui crie dans le désert. A l’époque, les lions étaient encore fréquents dans les régions désertiques.

Le TETRAMORPHE Tetramorphe-saint-marc
Saint Mathieu – l’homme – Il commence son évangile par la généalogie humaine de Jésus.
Il s’agit bien d’un homme et non d’un ange.

Le TETRAMORPHE Tetramorphe-saint-mathieu

Saint Luc – le taureau – L’annonce de la naissance de saint Jean Baptiste est faite au prêtre Zacharie. Celui-ci pratiquait les sacrifices imposés par sa fonction sacerdotale et le sacrifice d’expiation est un taureau sans défaut.

Le TETRAMORPHE Tetramorphe-saint-luc

Pour Irénée de Lyon – 120 – 202 ap.J.C. le tétramorphe est une représentation symbolique du Christ.

Le lion : la puissance et la royauté
Le taureau : son rôle de sacrificateur et de prêtre
L’homme : sa venue humaine
L’aigle : esprit volant au-dessus de l’Eglise.

En illustration : Chapelle des Pazzi de la basilique Santa Croce de Florence. Pour en savoir plus sur la basilique Santa Croce et Florence.

La construction de la chapelle par la famille Pazzi commença en 1441 sur des plans de Brunelleschi mais ne fut terminée qu’en 1470. La décoration intérieure fut confiée à Luca della Robbia. Les écoinçons de la coupole hémisphérique se termine par les tondis des 4 évangélistes. Ils furent exécutés par l’atelier della Robbia en céramique polychrome d’après les dessins de Filippo Brunelleschi.
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Message  Arlitto Sam 13 Aoû 2016, 17:31

Les symboles des quatre évangélistes

La présence des quatre évangélistes dans les édifices religieux chrétiens (sous la forme de sculptures, fresques, mosaïques) est très fréquente. On peut les trouver figurés sous leur forme humaine, tenant ou écrivant leur évangile, mais le plus souvent ils prennent une apparence symbolique, ils sont alors tous représentés avec des ailes et trois d'entre eux sous une forme animale. Cette dernière représentation est appelée le "tétramorphe". L'évangéliste Jean prend l'apparence d'un aigle, Luc celle d'un taureau ailé, Marc celle d'un lion ailé et Matthieu celle d'un homme qui, avec ses ailes, s'apparente à un ange. Ils tiennent souvent dans leurs pattes ou mains, comme ci-dessous, leur évangile, symbole de la foi et de la connaissance.


Le TETRAMORPHE Germigny7_small
Cliquer sur la photo pour voir les quatre évangélistes sous leur forme humaine, ici en moines qui recopient les évangiles, mais aussi avec leurs symboles, Marc, en bas à gauche regarde la tête de lion, Luc, en bas à droite, regarde la tête de taureau (tympan ouest de St Benoît-sur-Loire).


Les quatre évangélistes en mosaïques, à la voûte de la chapelle archiépiscopale de Ravenne 


Le TETRAMORPHE Jean
L'aigle, Jean (détail)


Le TETRAMORPHE Marc
Le lion, Marc (détail)

Le TETRAMORPHE Voute_small2
Cliquer sur la photo pour l'agrandir

Le TETRAMORPHE Mathieu
L'homme, Matthieu (détail)


Le TETRAMORPHE Luc
Le taureau, Luc (détail)



D'où viennent ces symboles? 

Dans la vision du prophète Ezéchiel, on peut lire ce passage: "Je regardai : un vent de tempête venait du nord, une grande nuée et un feu fulgurant et, autour, une clarté ; en son milieu, comme un étincellement de vermeil au milieu du feu. En son milieu, la ressemblance de quatre êtres vivants... chacun avait quatre visages, et chacun d'eux avait quatre ailes... Ils scintillaient comme étincelle l'airain poli... Leurs visages ressemblaient à un visage d'homme ; tous les quatre avaient à droite une face de lion à gauche une face de taureau, et tous les quatre avaient une face d'aigle".

De même, il est dit dans
l'Apocalypse de saint Jean que quatre êtres vivants entourent le trône de Dieu “Le premier animal ressemblait à un lion, le deuxième à un jeune taureau, le troisième avait comme une face humaine, et le quatrième semblait un aigle en plein vol".

Saint Jérôme (348-420) donne l'explication de ce choix : l'homme a été attribué à Matthieu parce qu'il commence son évangile par une généalogie humaine de Jésus (Mt 1,1-17), le lion à Marc parce que dès les premières lignes de son récit il évoque "la voix qui crie dans le désert" qui ne peut être que le rugissement du lion (Mc 1,3), le taureau, animal sacrificiel par excellence, à Luc à cause du récit du sacrifice offert au temple de Jérusalem par Zacharie placé au début de cet évangile (Lc 1,5), l'aigle à Jean parce que cet évangéliste atteint les sommets de la doctrine comme l'aigle atteint les sommets des montagnes (reprise du courrier de Gilles Grivel sur H-Français).

Saint Irénée de Lyon (vers 180) avait déjà comparé les quatre évangélistes à la figure du tétramorphe, à la nuance près qu'il associe l'aigle à Marc et le lion à Jean.

Ces symboles ont-ils une origine strictement chrétienne?  

On peut penser que ces symboles n'ont pas été créés par les Chrétie
ns mais qu'ils ont une origine plus lointaine et que le chiffre quatre joue un rôle central (les quatre saisons, les quatre points cardinaux...). Ils ont pu être influencés aussi par les quatre gardiens du monde ou les quatre porteurs du ciel disposés aux quatre coins du firmament de l'ancien Orient, images qui reposent sur les symboles stellaires du zodiaque de la "croix fixe" qui sont le taureau, le lion, le scorpion et le verseau (le scorpion étant remplacé par l'aigle, le verseau par l'homme). Ce découpage quaternaire tirerait son origine des quatre éléments, du dualisme entre les forces amies et ennemies de l'homme : Le Feu (le taureau) et l'Eau (l'homme) d'un côté contre la terre (le lion) et l'air (l'aigle) de l'autre côté (ce qui serait un reflet du découpage entre bonnes et mauvaises saisons).
Le symbole des quatre évangélistes ne s'est pas imposé d'emblée aux Chrétiens tel que nous le connaissons aujourd'hui, ils ont au départ rapproché les quatre évangélistes des quatre grands prophètes (Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, Daniel), des quatre pères de l'Église (St Augustin, St Ambroise, St Jérôme, St Grégoire le Grand), des quatre fleuves du paradis. Les quatre évangélistes ont été aussi rapprochés des quatre chérubins entourant le trône de Dieu (voir la composition de la mosaïque plus haut). Ils ne furent identifiés avec le tétramorphe qu'à partir du Vème siècle (voir l'explication de St Jérôme), visiblement sous l'influence de théories astrologiques.

D'autre part, le fait d'avoir choisi les symboles de la majesté, de la force, du savoir et de la souplesse remonte à des traditions très anciennes, tout comme les quatre vertus cardinales (la sagesse, le courage, la prudence et la justice). 
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Message  Arlitto Sam 13 Aoû 2016, 17:43

Le tétramorphe


Fréquentes dans l'art chrétien pour représenter les quatre évangélistes, les figures de l'homme, du lion, du taureau et de l'aigle trouvent leur origine dans un passage de l'Apocalypse



De quoi s'agit-il ?


L'homme ailé, le lion, le taureau et l'aigle, fréquemment représentés sur les tympans des églises, décorant les colonnes des basiliques ou figurant dans les enluminures des anciens missels, trouvent leur origine dans un passage du chapitre 4 du Livre de l'Apocalypse, quand Jean a la vision du trône céleste: « Au milieu, autour du trône, quatre vivants, ayant des yeux innombrables en avant et en arrière. Le premier vivant ressemble à un lion, le deuxième vivant ressemble à un jeune taureau, le troisième vivant a comme un visage d'homme, le quatrième vivant ressemble à un aigle en plein vol. Les quatre vivants ont chacun six ailes, avec des yeux innombrables tout autour et au-dedans. Jour et nuit, ils ne cessent de dire: “Saint! Saint! Saint, le Seigneur Dieu, le souverain de l'univers, celui qui était, qui est et qui vient” » (Ap 4, 6-8).



Cette vision fera ensuite florès dans l'art chrétien, et sera souvent reprise, notamment autour des représentations du Christ, justement pour souligner sa royauté divine.

Quelle est leur origine ?


Pour les spécialistes de la Bible, l'auteur de l'Apocalypse fait clairement référence à un passage du prophète Ézékiel qu'il adapte à sa manière. Dans ce classique de la littérature apocalyptique, le prophète a la vision de « quatre vivants » ayant « forme humaine »: « Ils avaient chacun quatre faces et chacun quatre ailes. Leurs jambes étaient droites; leurs pieds, pareils aux sabots d'un veau, étincelaient comme scintille le bronze poli. (…) La forme de leurs visages, c'était visage d'homme et, vers la droite, visage de lion pour tous les quatre, visage de taureau à gauche pour tous les quatre, et visage d'aigle pour tous les quatre. Leurs ailes étaient déployées vers le haut; deux se rejoignaient l'une l'autre, et deux couvraient leur corps » (Ez 1, 5-11).
Mais Ézéchiel lui-même puise à d'autres sources. En Égypte, plusieurs temples représentent quatre « gardiens du créateur ». Chargés de constituer un rempart vivant autour de la demeure de Rê, ils ont l'apparence d'un rapace, d'un lion, d'un serpent et d'un taureau. On retrouve aussi ce symbolisme dans la figure du sphinx, animal mythique au corps de lion et à la tête humaine (mais parfois aussi de faucon ou de bélier…).
Toutefois, c'est probablement en Mésopotamie, où Ézéchiel prêche au début du VIe siècle av. J.-C. auprès des exilés juifs de Babylone, qu'il faut trouver l'origine des quatre vivants. Le panthéon assyro-babylonien comporte en effet des demi-dieux, les kéroubs, gardiens des villes et des palais et munis de nombreuses ailes (ainsi les monumentaux taureaux de Khorsabad visibles au Louvre). Ces demi-dieux étaient représentés dans quatre constellations diamétralement opposées dans le ciel babylonien: le Lion (sud), le Taureau (est), l'Aigle (ouest) et le Scorpion (en fait, l'Homme-Scorpion, au nord)…
Ces kéroubs seront repris dans la littérature biblique : ce sont les keroubim (chérubins), gardiens de l'arche d'alliance. Ils peuvent aussi être rapprochés des séraphins (les « brûlants ») de la vision du trône céleste qu'a Isaïe dans le temple de Jérusalem: « Des séraphins se tenaient au-dessus de lui. Ils avaient chacun six ailes: deux pour se couvrir le visage, deux pour se couvrir les pieds, et deux pour voler. Ils se criaient l'un à l'autre: “Saint! Saint! Saint, le Seigneur de l'univers! Toute la terre est remplie de sa gloire” » (Is 6).

Quelle est sa signification pour les chrétiens ?


La vision cosmique héritée de la Mésopotamie est sans doute celle qui a commencé à s'imposer pour les chrétiens confrontés à la lecture de l'Apocalypse.
C'est ce qu'explique saint Irénée, évêque de Lyon au IIe siècle: « Puisqu'il existe quatre régions du monde dans lequel nous sommes et quatre vents principaux, et puisque, d'autre part, l'Église est répandue sur toute la terre et qu'elle a pour colonne et pour soutien l'Évangile et l'Esprit de vie, il est naturel qu'elle ait quatre colonnes qui soufflent de toutes parts l'incorruptibilité et rendent la vie aux hommes », écrit-il dans Contre les hérésies. Ainsi, à travers les quatre constellations, c'est l'univers tout entier qui chante la gloire de Dieu. « Les Vivants renvoient donc ici en même temps à deux niveaux de symbolisme: par leur référence astrale, ils apparaissent comme rassemblant l'univers et le condensant sous le trône de Dieu; par leur fonction liturgique, ils donnent une voix au cosmos », écrit le carme Jean Lévêque.
Mais, dans son interprétation, Irénée ne s'arrête pas là et discerne dans les quatre vivants différents aspects du mystère du Christ exprimés par les quatre Évangiles complémentaires: « Telle se présente l'activité du Fils de Dieu, telle aussi la forme des Vivants, et telle la forme de ces Vivants, tel aussi le caractère de l'Évangile: quadruple forme des Vivants, quadruple forme de l'Évangile, quadruple forme de l'activité du Seigneur. » L'évêque de Lyon identifie alors chaque évangéliste à l'un quatre des vivants: Jean au Lion (figure caractéristique de « la puissance, la prééminence et la royauté du Fils de Dieu » racontée avec « hardiesse » par cet Évangile), Luc au taureau (image de la fonction de sacrificateur et de prêtre du Christ manifestée par le prêtre Zacharie au début de cet Évangile), Matthieu à l'homme (qui commence par la généalogie humaine de Jésus), et Marc à l'aigle (symbole de l'Esprit volant sur l'Église, Marc commençant par l'Esprit prophétique survenant d'en haut sur les hommes).
Dans les premiers siècles, l'identification entre les évangélistes et les figures sera variable et ne sera définitivement fixée qu'avec saint Jérôme (Ve siècle). Gardant l'attribution de l'homme à Matthieu et du taureau à Luc, il identifie le lion à Marc (animal du désert, cet Évangile commençant par la voix qui crie dans le désert) et l'aigle à Jean (dont le prologue commence par le Verbe, voix venue du ciel). Pour Jérôme, ces quatre animaux résument ainsi quatre moments majeurs de la vie du Christ: le Verbe s'est incarné (homme), a été tenté au désert (lion), a été immolé (taureau) et est monté au ciel (aigle). C'est justement l'ordre canonique fixé pour les quatre Évangiles à cette époque.
 
SENEZE Nicolas
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Message  Arlitto Sam 13 Aoû 2016, 17:46

Figures du Tétramorphe, les Quatre Vivants

Le TETRAMORPHE El_arte_ojival_primario._Soria-1600x781

On ne le voit même plus, mais il est partout autour de nous. Enfin presque partout. Surtout dans les églises et au-dehors aussi, mais notre modernité nous en a fait perdre le sens. Le Tétramorphe est une étrange figure mystique qu’on trouve dans la Bible, dans l’Ancien Testament (encore lui), associée au livre d’Ézéchiel et de sa vision :

Dès les premières lignes de sa prophétie, Ézéchiel (Ez 1, 1-14) décrit une vision : « le ciel s’ouvrit et je fus témoin de visions divines » (Ez 1, 1). « Au centre, je discernais quelque chose qui ressemblait à quatre êtres vivants » (Ez 1, 5).
« Ils avaient chacun quatre faces et chacun quatre ailes (…) leurs sabots étaient comme des sabots de bœuf » (Ez 1, 6-7). « Quant à la forme de leurs faces, ils avaient une face d’homme, et tous les quatre avaient une face de lion à droite, et tous les quatre avaient une face de taureau à gauche, et tous les quatre avaient une face d’aigle. » (Ez 1, 10).
Il s’agit de quatre animaux identiques dotés chacun de quatre pattes de taureau, de quatre ailes d’aigle, de quatre mains humaines et de quatre faces différentes d’homme, de lion, de taureau et d’aigle. Ces quatre animaux ont leur place au pied du trône de la gloire de Dieu. (Wikipedia)

Chacun des Quatre Vivants est figuré dans le Nouveau Testament sous la forme des évangélistes (toutes les explications sont issues de Wikipedia) :


  • Matthieu : On lui attribue comme symbole l’homme ailé (parfois qualifié à tort d’ange) parce que son évangile commence par la généalogie de Jésus, ou, plus exactement, celle de Joseph, père légal de Jésus. Selon qu’il apparaît comme collecteur d’impôts, apôtre ou évangéliste, Matthieu est représenté avec des balances de peseur d’or, l’épée du martyre ou le livre de l’Évangile qui, finalement, est son attribut le plus ordinaire.
  • Marc : Saint Marc est symbolisé par un lion d’après l’un des premiers versets de son évangile qui évoque le désert d’où retentit les rugissements du lion, l’un des quatre animaux symboliques de la vision d’Ézéchiel : « un cri surgit dans le désert » (Ez 1, 1-14). Le lion symbolisant saint Marc est généralement ailé et parfois surmonté d’une auréole, ce qui le distingue du lion de saint Jérôme, les ailes symbolisant l’élévation spirituelle et le halo symbolisant la sainteté.
  • Luc : Luc est symbolisé par le taureau, animal de sacrifice, parce que son évangile commence par l’évocation d’un prêtre sacrificateur desservant le Temple de Jérusalem : Zacharie, le père de Jean-Baptiste.
  • Jean : Son symbole en tant qu’évangéliste dans la tradition du Tétramorphe est l’aigle, d’où le surnom « l’aigle de Patmos ». Il est représenté avec une coupe surmontée d’un serpent ou avec une chaudière remplie d’huile bouillante.


Tétramorphe de la Tour Saint-Jacques - Paris -  Tour Saint-Jacques 070508 02 » par Vassil — Travail personnel. Sous licence Public domain via Wikimedia Commons.

Cette figure qui n’est que les quatre faces d’un seul élément trouve son origine dans des représentations antiques, notamment égyptiennes, sous la forme de divinités inférieures ou d’éléments naturels. Comme souvent dans l’Ancien Testament, les transcriptions des visions proviennent de légendes anciennes, transformées.

En ce qui concerne la symbolique du chiffre 4 exprimée au travers des Quatre Vivants, on la retrouve dans bon nombre de figures. Tout d’abord, le symbole d’Athanase. Ce symbole connu aussi sous le nom de Quicumque, est un condensé de la pensée liturgique orthodoxe qui reprend les 3 figures de la Trinité, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, ainsi que celle de Dieu, centrale. Les liens qui sont faits entre les sphères se composent de cette manière, qui pour chacune des occurrences se lit dans les deux sens :


  • Le Saint-Esprit n’est pas le Père
  • Le Père n’est pas le Fils
  • Le Fils n’est pas le Saint-Esprit
  • Le Saint-Esprit est Dieu
  • Le Père est Dieu
  • Le Fils est Dieu


Le sens de lecture des Quatre Vivants s’inspire aussi de quatre moments de la vie du Christ ; l’incarnation de Dieu dans l’homme (Matthieu, l’homme ailé), la tentation dans le désert (Marc, le lion), l’immolation (Luc, le taureau, symbole de sacrifice) et la montée au ciel (Jean, l’aigle). On retrouve aussi chez Luc (10, 27) les composantes de l’essence humaine : l’homme est le symbole de l’esprit, le lion est le symbole des passions, le taureau est le symbole du corps, l’aigle est le symbole de l’esprit.

La figure du tétramorphe est donc un moment privilégié de symbolisme liturgique que l’on trouve surtout dans les représentations byzantines et romanes de l’art chrétien. En regardant parfois sur certains monuments plus proches de nous, sur les bâtiments gothiques, on arrive parfois à le retrouver, comme plus haut, sur le sommet de la Tour Saint-Jacques à Paris, mais ce sont des statues qui pour le coup datent du XIXè siècle.

Le TETRAMORPHE Peintures-de-la-vo%C3%BBte-du-choeur-Saint-Andr%C3%A9-de-Carabaisse-Lamothe-dAnth%C3%A9
Peintures de la voûte du choeur – Saint-André de Carabaisse – Lamothe d’Anthé

Le TETRAMORPHE Tympan-de-Saint-Trophime-Arles
Tympan de Saint-Trophime – Arles
Le TETRAMORPHE Bustes-des-%C3%A9vang%C3%A9listes-vision-du-T%C3%A9tramorphe-partie-inf%C3%A9rieure-de-la-peinture-de-Galimard-1846.-Fortin-Philippe
Bustes des évangélistes, vision du Tétramorphe, partie inférieure de la peinture de Galimard, 1846. Fortin, Philippe


Le TETRAMORPHE Oculus-et-t%C3%A9tramorphe-ornant-la-fa%C3%A7ade-de-la-chapelle-Saint-Gabriel-de-Tarascon
Oculus et tétramorphe ornant la façade de la chapelle Saint-Gabriel de Tarascon

Le TETRAMORPHE Tympan-de-la-cath%C3%A9drale-Saint-Pierre-et-Saint-Paul-de-Maguelone
Tympan de la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Maguelone

Le TETRAMORPHE Tympan-du-portail-central-de-la-cath%C3%A9drale-de-Chartres
Tympan du portail central de la cathédrale de Chartres


Le TETRAMORPHE Christ-en-majest%C3%A9-et-T%C3%A9tramorphe-Couvercle-de-coffret-bois-et-ivoire-Cologne-premi%C3%A8re-moiti%C3%A9-du-XIII%C3%A8me-si%C3%A8cle-Mus%C3%A9e-de-Cluny-Paris
Christ en majesté et Tétramorphe – Couvercle de coffret, bois et ivoire, Cologne, première moitié du XIIIième siècle. Musée de Cluny, Paris.
Le TETRAMORPHE Christ-en-majest%C3%A9-avec-les-24-vieillards-et-les-4-vivants-Tapisserie-de-lApocalypse-Angers
Christ en majesté avec les 24 vieillards et les 4 vivants, Tapisserie de l’Apocalypse – Angers

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Message  Arlitto Sam 13 Aoû 2016, 17:52

Les Évangélistes et le tétramorphe

Dans l’art chrétien occidental, l’iconographie chrétienne représente fréquemment les Évangélistes sous une forme figurative animale. L’ensemble est appelé « tétramorphe » (du grec tétra, quatre, et morphé, forme). Cette symbolique allégorique s’inspire des quatre Vivants tels qu’ils sont décrits dans une vision de saint Jean au chapitre 4 du livre de l’Apocalypse. Cette vision trouve elle-même un enracinement dans la première vision d’Ézechiel. L’homme est attribué à saint Matthieu, le lion à saint Marc, le taureau à saint Luc et l’aigle à saint Jean.

Cette symbolique des tétramorphes recouvre une perspective théologique qu’il est bon de garder en mémoire : les quatre figures entourant le Verbe de Dieu montrent ce qu’est le Verbe incarné (source : Jean-François Froger) – Celui-ci étant souvent représenté sous la forme de l’Agneau. La symbolique rattachée aux quatre évangélistes recouvre des qualités qui se rattachent avant tout au Christ, les évangélistes ne possèdant ces qualités que par participation aux dons qu’il leur dispense.

Présentation des quatre Évangélistes sous leur forme figurative


L’homme pour saint Matthieu

La figure de l’homme est attribuée à saint Matthieu car celui-ci commence son Évangile par une généalogie de Jésus indiquant l’implication du Christ dans l’histoire de l’humanité par son incarnation. Cette figure symbolise la réalité de l’humanité de Jésus, « vrai homme ».
Bien qu’il soit représenté avec des ailes, il s’agit bien d’un homme et non d’un ange : la présence des ailes est à rapprocher de l’iconographie angélique puisqu’elles représentent l’ascendance divine du personnage qui en est doté. Tous les personnages du tétramorphe sont représentés ailés (les personnages de la célèbre icône de Roublev, l’apparition au Chène de Mambré, sont eux aussi des ailes).

Le lion pour saint Marc

Marc commence son Évangile dans un désert qui, à l’époque, était encore hanté par des lions. Le lion est un symbole christologique (cf. le lion de Juda du livre de la Genèse ; Gn 49, 9).
Remarquons que dans l’iconographie du Moyen-Âge le lion n’était pas toujours très bien représenté, tout simplement parce que l’enlumineur n’en avait jamais vu ! Celui-ci s’inspirait d’enluminures antérieures pour produire son œuvre. Dans ce type de représentation, le lion a plutôt l’apparence d’une hyène ou d’un chien.

Le taureau pour saint Luc

Saint Luc commence son Évangile dans le temple avec l’annonce de Gabriel à Zacharie puis à Marie. Et c’est dans le temple que l’on sacrifiait des taureaux comme offrande à Dieu. Le Christ est le sacrifice parfait et définitif offert à Dieu.

L’aigle pour saint Jean

L’aigle est attribué à l’évangéliste Jean car le prologue de son Évangile, sur le Verbe de Dieu, commence avec une vision pénétrante du mystère… une grande hauteur de vue qui lui provient du Verbe de Dieu lui-même. Pour cette raison Jean l’Évangéliste sera aussi appelé Jean le Théologien.

Une symbolique allégorique

Cette symbolique est dite allégorique car elle n’est pas tirée du sens littéral des Écritures dont elle s’inspire. Avant de s’imposer dans la culture chrétienne, l’identification du tétramorphe aux Évangélistes entra en compétition avec d’autres interprétations allégoriques :


  • l’identification aux prophètes Isaïe, Jérémie, Ezéchiel et Daniel ;
  • l’identification aux quatre pères de l’Église parmi les plus importants ; saint Augustin, saint Ambroise, saint Jérôme, saint Grégoire le Grand ;
  • l’identification aux quatre fleuves du paradis décrits dans la Génèse : le Pishôn, le Gihôn, le Tigre et l’Euphrate (Gn 2, 10-14) ;
  • l’identification aux quatre chérubins entourant le trône de Dieu.


L’identification des Évangélistes au tétramorphe provient d’un consensus établi par les Pères de l’Église au temps de saint Jérôme. Auparavant, Irénée de Lyon, le premier Père de l’Église à avoir identifié les quatre Vivants aux Évangélistes, coordonnait différemment les Évangélistes et la symbolique animale : il identifiait le lion à saint Jean et l’aigle à saint Marc (voir son commentaire en fin d’article). L’interprétation de saint Jérôme, placée dans la préface de la Vulgate – traduction biblique qui fera référence dans le monde latin pendant de nombreux siècles jusqu’à nos jours – pèsera lourd dans les générations chrétiennes postérieures. Elle finira par éclipser définitivement les autres interprétations :

La première face, celle d’un homme, désigne Matthieu qui dans son début semble écrire l’histoire d’un homme : « Livre de la généalogie de Jésus-Christ fils de David, fils d’Abraham ». La seconde désigne Marc, qui fait entendre la voix du lion rugissant dans le désert : « Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez la voie du Seigneur, aplanissez ses sentiers ». La troisième face, celle du jeune taureau, préfigure l’évangéliste Luc qui commence son récit au prêtre de Zacharie ; la quatrième, celle de l’évangéliste Jean qui prend des ailes d’aigle pour s’élancer plus haut encore et traiter du Verbe de Dieu (Jérôme de Stridon, Commentaire sur saint Matthieu, préface « Plures fuisse« ).

L’art des Églises orientales ne reprendra pas cette symbolique, sauf dans quelques œuvres d’influence occidentale.

Annexe 1 : les textes source d’Ézéchiel et de l’Apocalypse

La vision d’Ézéchiel

Livre d’Ézéchiel, ch. 1-14.
La trentième année, au quatrième mois, le cinq du mois, alors que je me trouvais parmi les déportés au bord de fleuve Kebar, le ciel s’ouvrit et je fus témoin de visions divines. Le cinq du mois ‐ c’était la cinquième année d’exil du roi Joiakîn ‐ la parole de Yahvé fut adressée au prêtre Ezéchiel, fils de Buzi, au pays des Chaldéens, au bord du fleuve Kebar. C’est là que la main de Yahvé fut sur lui. Je regardai : c’était un vent de tempête soufflant du nord, un gros nuage, un feu jaillissant, avec une lueur autour, et au centre comme l’éclat du vermeil au milieu du feu. Au centre, je discernai quelque chose qui ressemblait à quatre animaux dont voici l’aspect : ils avaient une forme humaine. Ils avaient chacun quatre faces et chacun quatre ailes. Leurs jambes étaient droites et leurs sabots étaient comme des sabots de bœuf, étincelants comme l’éclat de l’airain poli. Sous leurs ailes, il y avait des mains humaines tournées vers les quatre directions, de même que leurs faces et leurs ailes à eux quatre. Leurs ailes étaient jointes l’une à l’autre ; ils ne se tournaient pas en marchant : ils allaient chacun devant soi. Quant à la forme de leurs faces, ils avaient une face d’homme, et tous les quatre avaient une face de lion à droite, et tous les quatre avaient une face de taureau à gauche, et tous les quatre avaient une face d’aigle. Leurs ailes étaient déployées vers le haut ; chacun avait deux ailes se joignant et deux ailes lui couvrant le corps ; et ils allaient chacun devant soi ; ils allaient là où l’esprit les poussait, ils ne se tournaient pas en marchant. Au milieu des animaux, il y avait quelque chose comme des charbons ardents ayant l’aspect de torches, allant et venant entre les animaux ; le feu jetait une lueur, et du feu sortaient des éclairs. Les animaux allaient et venaient, semblables à l’éclair.

La vision johannique

Livre de l’Apocalypse, ch. 4, 1-8.
J’eus ensuite une vision. Voici : une porte était ouverte au ciel, et la voix que j’avais naguère entendu me parler comme une trompette me dit : Monte ici, que je te montre ce qui doit arriver par la suite. À l’instant, je tombai en extase. Voici, un trône était dressé dans le ciel, et, siégeant sur le trône, Quelqu’un… Celui qui siège est comme une vision de jaspe et de cornaline ; un arc‐en‐ciel autour du trône est comme une vision d’émeraude. Vingt-quatre sièges entourent le trône, sur lesquels sont assis vingt-quatre Vieillards vêtus de blanc, avec des couronnes d’or sur leurs têtes. Du trône partent des éclairs, des voix et des tonnerres, et sept lampes de feu brûlent devant lui, les sept Esprits de Dieu. Devant le trône, on dirait une mer, transparente autant que du cristal. Au milieu du trône et autour de lui, se tiennent quatre Vivants, constellés d’yeux par‐devant et par‐derrière. Le premier Vivant est comme un lion ; le deuxième Vivant est comme un jeune taureau ; le troisième Vivant a comme un visage d’homme ; le quatrième Vivant est comme un aigle en plein vol. Les quatre Vivants, portant chacun six ailes, sont constellés d’yeux tout autour et en dedans. Ils ne cessent de répéter jour et nuit : « Saint, Saint, Saint, Seigneur, Dieu Maitre-de-tout, Il était, Il est et Il vient ».

Annexe 2 : l’interprétation de saint Irénée sur le tétramorphe

Irénée de Lyon, Adversus Hæreses, III 11, 8.
« Le premier de ces vivants, est-il dit, est semblable à un lion », ce qui caractérise la puissance, la prééminence et la royauté du Fils de Dieu ; « le second est semblable à un jeune taureau », ce qui manifeste sa fonction de sacrificateur et de prêtre ; « le troisième a un visage pareil à celui d’un homme », ce qui évoque clairement sa venue humaine ; « le quatrième est semblable à un aigle qui vole », ce qui indique le don de l’Esprit volant sur l’Église. Les Évangiles seront donc eux aussi en accord avec ces vivants sur lesquels siège le Christ Jésus.

Ainsi l’Évangile selon Jean raconte sa génération prééminente, puissante et glorieuse, qu’il tient du Père, en disant : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu », et : « Toutes choses ont été faites par son entremise et sans lui rien n’a été fait ». C’est pourquoi aussi cet Évangile est rempli de toute espèce de hardiesse : tel est en effet son aspect.
L’Évangile selon Luc, étant de caractère sacerdotal, commence par le prêtre Zacharie offrant à Dieu le sacrifice de l’encens, car déjà était préparé le Veau gras qui serait immolé pour le recouvrement du fils cadet.

Quant à Matthieu, il raconte sa génération humaine, en disant : « Livre de la génération de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham », et encore : « La génération du Christ arriva ainsi ». Cet Évangile est donc bien à forme humaine, et c’est pourquoi, tout au long de celui-ci, le Seigneur demeure un homme d’humilité et de douceur.

Marc enfin commence par l’Esprit prophétique survenant d’en haut sur les hommes, en disant : « Commencement de l’Évangile, selon qu’il est écrit dans le prophète Isaïe ». Il montre ainsi une image ailée de l’Évangile, et c’est pourquoi il annonce son message en raccourci et par touches rapides, car tel est le caractère prophétique.
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Message  Arlitto Sam 13 Aoû 2016, 17:56

Les Quatre Vivants

Tétramorphe ou Quatre êtres vivants

Le TETRAMORPHE Quatre-vivants-livre
Pour représenter les quatre évangélistes on utilise souvent dans l'art chrétien, sur les tympans des églises romanes, les fresques, les mosaïques ou bien dans les enluminures, les figures de l'homme, du lion, du taureau et de l'aigle appelés le Tétramorphe ou les Quatre Vivants. Qui sont-ils ? D'où viennent-ils ? Le passage biblique faisant référence aux Quatre Vivants le plus "récent" est le chapitre 4 du Livre de l'Apocalypse. Jean a la vision du trône céleste et il voit donc : "Au milieu, autour du trône, quatre vivants, ayant des yeux innombrables en avant et en arrière. Le premier vivant ressemble à un lion, le deuxième vivant ressemble à un jeune taureau, le troisième vivant a comme un visage d'homme, le quatrième vivant ressemble à un aigle en plein vol. Les quatre vivants ont chacun six ailes, avec des yeux innombrables tout autour et au-dedans. Jour et nuit, ils ne cessent de dire: "Saint! Saint! Saint, le Seigneur Dieu, le souverain de l'univers, celui qui était, qui est et qui vient " (Ap 4, 6-8).

La vision d'Isaïe et les Quatre Vivants

  Jean l'évangéliste, l'auteur de l'Apocalypse fait référence à deux passages du premier Testament. Le premier passage, le plus ancien est la vision du prophète Isaïe relatée dans le chapitre 6 de son livre. Le prophète Isaïe se trouve dans le Temple de Jérusalem, dans le Saint des Saints. Il a une vision du trône céleste et des séraphins, des anges aux six ailes apparaissent et chantent le trois fois saint : « Des séraphins se tenaient au-dessus de lui. Ils avaient chacun six ailes: deux pour se couvrir le visage, deux pour se couvrir les pieds, et deux pour voler. Ils se criaient l'un à l'autre: Saint! Saint! Saint, le Seigneur de l'univers ! Toute la terre est remplie de sa gloire "(Is 6).

La vision d'Ezéchiel et les Quatre Vivants

  La deuxième vision est la vision du prophète Ézéchiel. Ézéchiel était prêtre à Jérusalem. Avec le roi Joachim et d’autres notables de Juda, il fut déporté par Nabuchodonosor à Babylone dès 599. Il vivait au milieu de la communauté juive en exil sur les rives du fleuve Kébar. C’est là, après cinq ans d’exil, qu’il reçut au cours d’une vision, sa vocation prophétique. Ezéchiel était par tempérament un visionnaire, c’est pourquoi les visions tiennent une place considérable dans son livre. Le prophète dépeint la vision des quatre vivants dans trois chapitres. Débute le récit de sa vocation, chapitre 1, la vision du char de Yahvé avec les quatre vivants. Puis le chapitre 10, où la gloire du Seigneur quitte le Temple en compagnie des vivants, auxquels Ezéchiel donne le nom de chérubins. Enfin, la colère du Seigneur étant apaisée, le chapitre 43, décrit le retour du Seigneur au Temple dans une vision semblable à la première. Le prophète décrit sa vision de « quatre vivants » ayant « forme humaine »: « Ils avaient chacun quatre faces et chacun quatre ailes. Leurs jambes étaient droites; leurs pieds, pareils aux sabots d'un veau, étincelaient comme scintille le bronze poli. (…) La forme de leurs visages, c'était visage d'homme et, vers la droite, visage de lion pour tous les quatre, visage de taureau à gauche pour tous les quatre, et visage d'aigle pour tous les quatre. Leurs ailes étaient déployées vers le haut; deux se rejoignaient l'une l'autre, et deux couvraient leur corps » (Ez 1, 5-11).
Le thème des quatre vivants est donc une locution, accompagnant avec constance les théophanies vétérotestamentaires, en quelque sorte, un label théophanique. Au cours de ces visions, les chœurs angéliques, omniprésents, exercent des fonctions multiples. Les trônes, les nuées, les ailes du vent, le feu, les roues, désignent des catégories d’anges au service de la gloire de Dieu, des serviteurs inlassables du Verbe et de l’Esprit vivifiant. Ces catégories ne sont pas exhaustives, car le nombre des anges et leur fonction sont incommensurables. Il y a des peuples infinis de vertus incorporelles et des tribus innombrables, souligne saint Jean Chrysostome.

Les Quatre Vivants deviennent les Quatre Evangélistes

  Dès les débuts de l’ère chrétienne, un mouvement de pensée s'opère pour identifier les quatre vivants aux quatre évangélistes. Notons que cette symbolisation « évangélistique » des quatre vivants qui se propagera en Occident comme un feu de paille, est un affaiblissement de leur caractère théophanique initial. La vision originelle subit une altération, une dégradation dont les vivants ne se remettront pas car elle réduit le caractère extraordinaire et expérimental de la révélation. Le premier père à se pencher sur les quatre vivants dans le détail et à effectuer cette association aux quatre évangélistes est saint Irénée, au 2e siècle. Son commentaire sur les vivants se trouve dans son ouvrage Contre les hérésies.

Interprétation de saint Irénée de Lyon

  Il procède d’abord par analogie. Comme il y a 4 régions du monde, 4 vents principaux, 4 alliances, 4 fleuves du paradis, il y a 4 colonnes dans l’Église, les 4 Évangiles. De préférence doit-on parler d’un seul Évangile sous 4 formes, un Évangile tétramorphe transmis par le Verbe et maintenu par un seul Esprit : Par ailleurs, il ne peut y avoir ni un plus grand ni un plus petit nombre d’Évangiles. En effet, puisqu’il existe quatre régions du monde dans lequel nous sommes et quatre vents principaux, et puisque, d’autre part, l’Église est répandue sur toute la terre et qu’elle a pour colonne et pour soutien l’Évangile et l’Esprit de vie, il est naturel qu’elle ait quatre colonnes qui soufflent de toutes parts l’incorruptibilité et rendent la vie aux hommes. D’où il appert que le Verbe, Artisan de l’univers, qui siège sur les Chérubins et maintient toutes choses, lorsqu’il s’est manifesté aux hommes, nous a donné un Évangile à quadruple forme, encore que maintenu par un unique Esprit.

Quadruple forme des vivants

Le Seigneur siège sur les chérubins. Ces chérubins arborent une quadruple face. Et, souligne saint Irénée, ces 4 faces sont les images de l’activité du Fils de Dieu. Passage important qui attribue aux 4 vivants, des caractéristiques de l’activité du Seigneur, artisan de l’univers : En somme, telle se présente l’activité du Fils de Dieu, telle aussi la forme des vivants, tel aussi le caractère de l’évangile : quadruple forme des vivants, quadruple forme de l’Évangile, quadruple forme de l’activité du Seigneur.

Quadruple forme de l’activité du Seigneur

  Royauté et puissance, telles sont les premières caractéristiques de l’activité du Seigneur, attribuées au lion. Prêtre et sacrificateur sont les fonctions liées au taureau. Le don de l’Esprit volant sur l’Église correspond à l’aigle, tandis que l’Incarnation s’accorde à l’homme : Le premier de ces vivants, est-il dit, est semblable à un lion, ce qui caractérise la puissance, la prééminence et la royauté du Fils de Dieu ; le second est semblable à un jeune taureau, ce qui manifeste sa fonction de sacrificateur et de prêtre ; le troisième a un visage pareil à celui d’un homme, ce qui évoque clairement sa venue humaine ; le quatrième est semblable à un aigle qui vole, ce qui indique le don de l’Esprit volant sur l’Église… Les mêmes traits se retrouvent aussi dans le Verbe de Dieu lui-même : aux patriarches qui existèrent avant Moïse il parlait selon sa divinité et sa gloire ; aux hommes qui vécurent sous la Loi il assignait une fonction sacerdotale et ministérielle ; ensuite, pour nous, il se fit homme ; enfin, il envoya le don de l’Esprit céleste sur toute la terre, nous abritant ainsi sous ses propres ailes. Dans la conclusion de sa démonstration, Irénée reprend le premier thème « quadruple forme de l’Évangile ». Reflets de l’activité du Christ, les quatre vivants s’accordent aux quatre évangélistes : Les Évangiles seront donc eux aussi en accord avec ces vivants sur lesquels siège le Christ Jésus. Il attribue à chacun des vivants un évangile. À l’évangile de Jean, le lion, il raconte sa génération puissante et glorieuse, qu’il tient du Père. À l’évangile de Luc, le taureau, la dimension sacerdotale. Cet évangile commence en effet par l’épisode du prêtre Zacharie, désigné par le sort pour entrer dans le sanctuaire et y brûler l’encens. L’évangile de Matthieu débute par la généalogie du Christ, sa naissance et son enfance, sa vie humaine, aussi correspond-il à l’homme. Quant à l’évangile de Marc, Irénée le qualifie de prophétique parce qu’il commence par une citation d’Isaïe, il montre une image ailée de l’évangile. Aussi coïncide-t-il bien avec l’aigle. L’histoire ne retiendra pas cette distribution.

Interprétation de saint Jérôme

L'identification entre les évangélistes et le Tétramorphe subira des variations et ne sera définitivement fixée qu'avec saint Jérôme au 5e siècle. Saint Jérôme conserve l'attribution de l'homme à Matthieu et du taureau à Luc, mais il identifie le lion à Marc (animal du désert, cet Évangile commençant par la voix qui crie dans le désert) et l'aigle à Jean (dont le prologue commence par le Verbe, voix venue du ciel). Pour Jérôme, ces quatre animaux résument ainsi quatre moments majeurs de la vie du Christ: le Verbe s'est incarné (homme), a été tenté au désert (lion), a été immolé (taureau) et est monté au ciel (aigle). C'est justement l'ordre canonique fixé pour les quatre Évangiles à cette époque. « Préface au Commentaire sur Matthieu » Dans la préface du commentaire sur saint Matthieu, Jérôme, citant Ezéchiel, accorde aux évangélistes, les mêmes vivants correspondants qu’Ambroise. L’homme est attribué à Matthieu car il semble écrire l’histoire d’un homme : Livre de la généalogie de Jésus-Christ fils de David, fils d’Abraham. Le lion est alloué à Marc qui fait entendre la voix du lion rugissant dans le désert : Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez la voie du Seigneur, aplanissez ses sentiers. Le taureau est Luc parce qu’il commence son récit par le prêtre Zacharie. Quant à l’aigle, il concerne Jean qui prend des ailes d’aigle pour s’élancer encore plus haut encore et traiter du Verbe de Dieu. « Commentaire sur Ezéchiel » Dans son « Commentaire sur Ezéchiel », Jérôme considère que le Christ est « le prototype » des quatre vivants, le prototype de cette quadruple forme. Les quatre vivants sont placés dans quatre lieux différents et sous-tendent le monde comme les quatre points cardinaux. Mais surtout ils remplissent de leur présence et de leur louange le monde entier, tous les espaces de la création, le ciel, la terre, l’enfer, pour que soit entendu définitivement le nom de Jésus : Au milieu de ce feu se trouvait donc placée l’image de quatre animaux ; notez bien que c’est la ressemblance et non point la forme de quatre animaux; ces quatre animaux nous sont ensuite représentés comme ayant quadruple forme… cette forme, c’est le Christ qui en est le prototype, le Christ qui est image du Dieu invisible. Les créatures parfaitement normales sont supposées placées dans quatre lieux différents, soit qu’il s’agisse ici d’une allusion aux quatre points cardinaux qui déterminent notre monde, soit qu’il s’agisse des quatre domaines suivants ceux du ciel, de la terre, des enfers et de par-delà le ciel, dont parle l’apôtre Paul : « Qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur la terre et dans les enfers ».

Commander en ligne le livre sur les Quatre Vivants :

Nouvelle édition du livre

Avec de nouvelles images

Préface du livre les Quatre Vivants par Nicolas Ozoline : "Il m'est particulièrement agréable de préfacer ce livre de Philippe Péneaud, Les Quatre Vivants. Il poursuit depuis plusieurs années des recherches auprès de la chaire d'Histoire des Arts liturgiques et d'Iconologie à l'Institut de Théologie Orthodoxe Saint-Serge de Paris. Cette étude, qui a fait l'objet d'une brillante soutenance de mémoire de maîtrise, traite de manière approfondie d'un sujet riche et suggestif. Elle a été conduite dans un esprit et selon des méthodes qui me sont chères parce qu'elles me paraissent correspondre le mieux à la recherche moderne dans le domaine de l'iconologie chrétienne. Pour le bonheur du lecteur, ce livre écrit dans un langage théologique clair et précis, se passe des formulations nébuleuses et faussement « mystiques », qu'on ne trouve, hélas, que trop souvent dans le genre de traités qui se plaisent à vouloir emprunter la pose « initiatique ».
Cependant, l'ouvrage ne manque pas de passages proprement poétiques, délicatement éclairés - voire illuminés - par la foi de l'auteur. Après avoir décrypté en détail les fondements scripturaires qui montrent clairement la signification proprement théophanique du tétramorphe biblique, l'auteur constate le caractère réducteur de l'assimilation des Vivants aux quatre Évangélistes par les pères latins, qui a tendance à enfermer le tétramorphe dans une symbolisation excessive et finit par dénaturer sa dimension théophanique. Néanmoins, comme cela est expliqué dans la troisième partie du travail, c'est dans la liturgie - le souffle et la respiration du corps ecclésial - que les Quatre Vivants maintiendront leur ministère théophanique originel, repris et magnifié par le chant de l'assemblée eucharistique qui rejoint leur intercession auprès du trône trinitaire.
Traçant une vaste fresque du parcours des Quatre Vivants dans l'art chrétien - de la déjà très basse antiquité des 5e et 6e siècles avec leur basiliques italiennes et leur chapelles monastiques égyptiennes, découvert naguère par Clédat à Baouit, en passant par la maiestas domini et ses versions orientales et occidentales, qui dans l'extrême diversité des styles locaux illustrent le miracle pentecostal de l'unité et l'identité de la foi qu'elles expriment, jusqu'aux sommets iconiques de l'Europe romane et du « Christ des puissances » de Roublev, l'auteur démontre sans peine « la pérennité du sens théophanique de la représentation des Quatre Vivants », de même que son omniprésence dans l'ensemble des différentes traditions iconographiques de l'univers chrétien.
Ainsi, le tétramorphe peut être considéré non seulement comme une pièce de choix du musée imaginaire de l'Una Sancta, avant et après le schisme latin, mais encore comme pierre de touche et indice de la vivacité du caractère authentiquement et spécifiquement chrétien de tel ou tel développement particulier de l'art ecclésial. Les Vivants peuvent assumer cette tâche d'indice, puisque leur présence est porteuse d'un article de la foi apostolique qui concerne le destin de tout homme. Comme le dit l'auteur, Les Quatre Vivants contemplent perpétuellement la gloire de Dieu et en même temps, ils la révèlent continuellement aux hommes. Serviteurs du Verbe et porteurs de l'Esprit, ils participent à la révélation du Christ qui se rend co-corporel aux hommes pour que les hommes deviennent participants de sa nature divine.
Faisant, de nos jours, toujours partie du vocabulaire courant du langage iconographique de l'art liturgique orthodoxe, les Vivants se meurent au 13e siècle en Occident. Les tympans gothiques du jugement dernier qui ouvriront dorénavant les portes d'une cour de justice, présidée par un Christ juge et procureur à la fois, sonnent le glas de la maiestas des tympans théophaniques et du tétramorphe qui en fut un élément essentiel. Au lieu de la gloire et la majesté du Dieu qui prit un corps humain pour que l'invisible et indescriptible divinité devienne palpable et circonscrite dans ce corps oint et transfiguré, chanté par les choeurs des puissances célestes, dont les Vivants sont les quatre coryphées, le Christ des nouveaux tympans, abaissé de plus en plus vers les formes naturalistes du monde déchu et privé de sa puissance théophanique, se voit réduit à tenir mélancoliquement une croix disproportionnée - qui apparaît d'abord dans sa mandorle, puis la remplace - en anticipant ainsi, avec la « monstration » de ses plaies, sur « l'homme des douleurs du tardo gotico. » Mais étant membre de l'Église, et lui-même iconographe-sculpteur, l'auteur ne saurait terminer cette belle recherche sur le constat d'un échec. En conclusion, il insiste sur la nécessité de tenir serré le fil de la vie liturgique, milieu vital de l'art sacré, qui aujourd'hui plus que jamais est appelé à continuer de témoigner dans l'unité de la foi, de la vie et de la création artistique, de l'Église comme communion où Dieu montre Sa gloire dans des images inspirées, gages du salut du monde."
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Message  Arlitto Sam 13 Aoû 2016, 18:00

Le Tétramorphe



Les quatre évangélistes sont fréquemment représentés dans les édifices religieux chrétiens sous leur forme humaine tenant ou écrivant leur évangile mais ils apparaissent très souvent sous une forme symbolique appelée le tétramorphe.
Si Matthieu garde l'apparence d'un homme ,
Marc prend celle d'un lion ,
Luc celle d'un taureau,
et Jean celle d'un aigle.

(Tétramorphe : du grec tétra : 4 et morphe : forme)

Sculptures, fresques, mosaïques et vitraux permettent de varier les représentations.

J'ai choisi pour ce montage 16 adresses différentes pour montrer la variété du travail des X mosaïstes qui les ont représentés.

Vous verrez , dans l'ordre, 
Paris : église St Jean de Montmartre ( vitraux) 
Guernesey : une église transformée en archives
Berlin : la cathédrale
Paris : église du Saint Esprit
Paris : église Notre Dame de Bonne Nouvelle
Paris : église St Jean de Montmartre mosaïques et céramiques
Paris : église St Léon
Lisieux : crypte de la basilique
Lisieux : basilique haute
Mélesse en Bretagne : église
Washington : Basilica of the National Shrine of the Immaculate Conception
Monestier Merlines en Corrèze : chapelle de la Célette
St Just en Bretagne : église fresque
St Malo de Phily en Bretagne : église
Vienne : Karl Lueger Kirche
Vincennes : église St Louis ( céramique)
Washington : Cathédrale St Matthieu

photos et montage : Patrick Boschet
musique : " In Memorian " de Alban Lepsy
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