Lieu de la multiplication des pains
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Lieu de la multiplication des pains
Lieu de la multiplication des pains
La multiplication des pains est rapportée par tous les évangélistes (Mt 14,13-21; Mc 6,30-44; Lc 9,10-17 et Jn 6,1- 15). Si trois d’entre eux restent très vagues dans leurs indications géographiques, Luc, par contre, nous dit clairement que le miracle fut accompli dans le voisinage de Bethsaïde.
Matthieu et Marc, de plus, racontent une deuxième multiplication des pains (Mt 15,32-39; Mc 8,1-10) dans des termes très proches du récit de la première multiplication — ce qui laisse penser qu’il puisse s’agir du même événement — mais en précisent le lieu exact du miracle. Matthieu mentionne la « région de Magadan » (15,39), nom de lieu parfaitement inconnu dans toute la littérature ancienne, qui pourrait bien être une corruption du nom de « Magdala » (quelques manuscrits portent d’ailleurs cette mention). Marc est encore plus problématique avec sa « région de Dalmanutha » (8,10), nom fort étrange et totalement inconnu! On a peine à comprendre comment il pourrait être une corruption de « Magdala », qui se trouve aussi dans quelques manuscrits de Marc. La tradition chrétienne ancienne, de toute façon, n’a pas hésité à situer l’événement du côté de Magdala, mais plus près de Capharnaüm, dans un lieu dit Heptapegon (« sept sources »), nom qui a survécu jusqu’à nos jours dans sa déformation arabe. Le plus ancien témoignage est celui d’Ethérie, pieuse « pérégrine » espagnole qui visita les lieux saints vers 393. Voici son récit : « Non loin de là (c’est-à-dire Capharnaüm), on peut voir l’escalier de pierre où se tint le Seigneur (référence à Jn 21 : apparition du ressuscité au bord du lac et primauté de Pierre). Au même endroit, sur la rive du lac, se trouve un champ plein d’herbe et planté de nombreux palmiers. À côté jaillissent sept sources (eptapegon) qui donnent toutes une eau très abondante. C’est le champ où le Seigneur nourrit la foule avec cinq pains et deux poissons. La pierre sur laquelle le Seigneur déposa les pains est devenue un autel. De cette pierre les visiteurs emportent des fragments pour leur guérison, et tous sont soulagés… Dans la montagne toute proche se trouve une grotte où le Sauveur monta pour proclamer les Béatitudes. » On voit clairement que trois événements importants de la vie de Jésus sont commémorés dans un même lieu.
Tabgha a été le théâtre de fouilles archéologiques intenses depuis plusieurs années déjà. De fait, on a pu repérer sept sources importantes, aux eaux abondantes, qui coulent rapidement dans le lac; comme elles sont un peu chaudes, on comprend que cette région du lac est toujours très poissonneuse, donc propice à la pêche. À l’époque byzantine, depuis la fin du IVe siècle, on recueillait une partie des eaux dans de grands réservoirs (« châteaux d’eau »). Sur la rive du lac, des restes d’une petite chapelle ont pu être bien datés de la même époque, soit la fin du IVe siècle; il s’agirait de la chapelle de la Primauté de Pierre. Un peu plus haut sur la pente, deux chapelles superposées sont bien visibles; la plus ancienne est aussi de la fin du IVe siècle et commémorait sans doute possible la multiplication des pains, puisqu’on y trouva une mosaïque illustrée d’une corbeille de pains et de deux poissons. Enfin, à quelques mètres plus haut sur la pente, une autre petite église fut construite à la même époque au-dessus d’une grotte : elle doit correspondre à la grotte des Béatitudes d’Ethérie.
La tradition a-t-elle eu raison de fixer en cet endroit tant de souvenirs évangéliques? Récemment des archéologues ont étudié attentivement toute la région à l’ouest de Capharnaüm, surtout celle qui entoure immédiatement Tabgha. Les résultats sont clairs : avant la fin du IVe siècle, toute cette région était absolument déserte! Aucun vestige de construction n’a été repéré; malgré l’abondance des eaux, des activités agricoles étaient tout aussi absentes! De fait, le rocher est partout très près de la surface du sol; la mince couche de terre qui le recouvre a été analysée et elle s’est révélée n’être que le résultat de l’érosion des pentes supérieures. Sans doute qu’au temps de Jésus toute cette région présentait de larges surfaces rocheuses entrecoupées de petits espaces d’herbes sauvages. On pouvait donc facilement s’y réfugier pour des promenades paisibles, à l’écart des foules et des bruits des villages environnants; l’abondance du poisson y attirait aussi les barques de pêcheurs sur les rives voisines.
Si nous relisons les textes évangéliques de la multiplication des pains, nous voyons que le miracle fut accompli près du lac, à la proximité des barques de pêcheurs; le lieu est désert et passablement éloigné des villes; si tous les évangélistes rapportent que l’herbe recouvre la surface du sol, Matthieu et Marc, dans leur récit de la deuxième multiplication des pains, font asseoir la foule directement sur la « terre » (Mt 15,35; Mc 8,6). Enfin, c’est dans cette même région qu’on fait mention d’une montagne (colline ?) où Jésus se retire avec ses disciples pour prier et se reposer. Selon le père Bagatti, l’archéologue franciscain qui a beaucoup étudié cette région, Tabgha répond bien à toutes ces indications évangéliques. Au temps de Jésus, c’est un lieu propice pour y réunir des petites foules : l’espace est bien ouvert et bien pourvu en eau. La pente douce de la colline derrière permet de bien voir et d’entendre un orateur posté au-dessus des auditeurs. Aussi on y accède facilement par terre, en longeant la rive, et par mer, car on y pêche fréquemment le poisson. Les chrétiens qui bâtirent là trois petits sanctuaires, à la fin du IVe siècle, ont sans doute respecté une tradition évangélique authentique.
La multiplication des pains est rapportée par tous les évangélistes (Mt 14,13-21; Mc 6,30-44; Lc 9,10-17 et Jn 6,1- 15). Si trois d’entre eux restent très vagues dans leurs indications géographiques, Luc, par contre, nous dit clairement que le miracle fut accompli dans le voisinage de Bethsaïde.
Vue aérienne de la plaine de Bethsaïde et de la mer de Galilée
(photo : BiblePlaces.com)
(photo : BiblePlaces.com)
Matthieu et Marc, de plus, racontent une deuxième multiplication des pains (Mt 15,32-39; Mc 8,1-10) dans des termes très proches du récit de la première multiplication — ce qui laisse penser qu’il puisse s’agir du même événement — mais en précisent le lieu exact du miracle. Matthieu mentionne la « région de Magadan » (15,39), nom de lieu parfaitement inconnu dans toute la littérature ancienne, qui pourrait bien être une corruption du nom de « Magdala » (quelques manuscrits portent d’ailleurs cette mention). Marc est encore plus problématique avec sa « région de Dalmanutha » (8,10), nom fort étrange et totalement inconnu! On a peine à comprendre comment il pourrait être une corruption de « Magdala », qui se trouve aussi dans quelques manuscrits de Marc. La tradition chrétienne ancienne, de toute façon, n’a pas hésité à situer l’événement du côté de Magdala, mais plus près de Capharnaüm, dans un lieu dit Heptapegon (« sept sources »), nom qui a survécu jusqu’à nos jours dans sa déformation arabe. Le plus ancien témoignage est celui d’Ethérie, pieuse « pérégrine » espagnole qui visita les lieux saints vers 393. Voici son récit : « Non loin de là (c’est-à-dire Capharnaüm), on peut voir l’escalier de pierre où se tint le Seigneur (référence à Jn 21 : apparition du ressuscité au bord du lac et primauté de Pierre). Au même endroit, sur la rive du lac, se trouve un champ plein d’herbe et planté de nombreux palmiers. À côté jaillissent sept sources (eptapegon) qui donnent toutes une eau très abondante. C’est le champ où le Seigneur nourrit la foule avec cinq pains et deux poissons. La pierre sur laquelle le Seigneur déposa les pains est devenue un autel. De cette pierre les visiteurs emportent des fragments pour leur guérison, et tous sont soulagés… Dans la montagne toute proche se trouve une grotte où le Sauveur monta pour proclamer les Béatitudes. » On voit clairement que trois événements importants de la vie de Jésus sont commémorés dans un même lieu.
Tabgha et la chapelle de la Primauté de Pierre
(photo : BiblePlaces.com)
(photo : BiblePlaces.com)
Tabgha a été le théâtre de fouilles archéologiques intenses depuis plusieurs années déjà. De fait, on a pu repérer sept sources importantes, aux eaux abondantes, qui coulent rapidement dans le lac; comme elles sont un peu chaudes, on comprend que cette région du lac est toujours très poissonneuse, donc propice à la pêche. À l’époque byzantine, depuis la fin du IVe siècle, on recueillait une partie des eaux dans de grands réservoirs (« châteaux d’eau »). Sur la rive du lac, des restes d’une petite chapelle ont pu être bien datés de la même époque, soit la fin du IVe siècle; il s’agirait de la chapelle de la Primauté de Pierre. Un peu plus haut sur la pente, deux chapelles superposées sont bien visibles; la plus ancienne est aussi de la fin du IVe siècle et commémorait sans doute possible la multiplication des pains, puisqu’on y trouva une mosaïque illustrée d’une corbeille de pains et de deux poissons. Enfin, à quelques mètres plus haut sur la pente, une autre petite église fut construite à la même époque au-dessus d’une grotte : elle doit correspondre à la grotte des Béatitudes d’Ethérie.
Une autre vue de Tabgha
(photo : BiblePlaces.com)
(photo : BiblePlaces.com)
La tradition a-t-elle eu raison de fixer en cet endroit tant de souvenirs évangéliques? Récemment des archéologues ont étudié attentivement toute la région à l’ouest de Capharnaüm, surtout celle qui entoure immédiatement Tabgha. Les résultats sont clairs : avant la fin du IVe siècle, toute cette région était absolument déserte! Aucun vestige de construction n’a été repéré; malgré l’abondance des eaux, des activités agricoles étaient tout aussi absentes! De fait, le rocher est partout très près de la surface du sol; la mince couche de terre qui le recouvre a été analysée et elle s’est révélée n’être que le résultat de l’érosion des pentes supérieures. Sans doute qu’au temps de Jésus toute cette région présentait de larges surfaces rocheuses entrecoupées de petits espaces d’herbes sauvages. On pouvait donc facilement s’y réfugier pour des promenades paisibles, à l’écart des foules et des bruits des villages environnants; l’abondance du poisson y attirait aussi les barques de pêcheurs sur les rives voisines.
Si nous relisons les textes évangéliques de la multiplication des pains, nous voyons que le miracle fut accompli près du lac, à la proximité des barques de pêcheurs; le lieu est désert et passablement éloigné des villes; si tous les évangélistes rapportent que l’herbe recouvre la surface du sol, Matthieu et Marc, dans leur récit de la deuxième multiplication des pains, font asseoir la foule directement sur la « terre » (Mt 15,35; Mc 8,6). Enfin, c’est dans cette même région qu’on fait mention d’une montagne (colline ?) où Jésus se retire avec ses disciples pour prier et se reposer. Selon le père Bagatti, l’archéologue franciscain qui a beaucoup étudié cette région, Tabgha répond bien à toutes ces indications évangéliques. Au temps de Jésus, c’est un lieu propice pour y réunir des petites foules : l’espace est bien ouvert et bien pourvu en eau. La pente douce de la colline derrière permet de bien voir et d’entendre un orateur posté au-dessus des auditeurs. Aussi on y accède facilement par terre, en longeant la rive, et par mer, car on y pêche fréquemment le poisson. Les chrétiens qui bâtirent là trois petits sanctuaires, à la fin du IVe siècle, ont sans doute respecté une tradition évangélique authentique.
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