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La vraie mort de Mahomet

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La vraie mort de Mahomet  Empty La vraie mort de Mahomet

Message  Arlitto Ven 07 Avr 2017, 20:29

La vraie mort de Mahomet 

Hela Ouardi est professeur de littérature et de civilisation à Tunis.

Le Point.fr : Telle que vous la décrivez, la fin de Mahomet est une vraie tragédie shakespearienne… 

Hela Ouardi : Effectivement, le prophète de l'islam subit de nombreuses épreuves à la fin de sa vie : il perd son seul fils, qu'il adorait ; il subit des échecs militaires contre Byzance, ce qui affaiblit son autorité auprès des musulmans. Il tombe alors gravement malade, et on lui désobéit, on l'empêche d'écrire son testament, on lui administre des médicaments à son insu … Après sa mort, sa fille Fatima sera violentée et mourra, dit-on, des suites de cette agression. Elle sera aussi déshéritée. Son époux, Ali, sera nommé Calife, mais finira assassiné et leurs enfants seront massacrés. On peut donc parler d'une tragédie.


On l'aurait assassiné ? 
D'après les sources musulmanes, à la fin de sa vie il a été victime de plusieurs attentats. Il se méfiait de son entourage d'ailleurs, et quand on l'a forcé à prendre un médicament, il a demandé aux personnes présentes de prendre la même potion. En fait, d'après certains auteurs musulmans, il serait peut-être mort de pleurésieMais les plus anciennes biographies musulmanes affirment qu'il aurait été empoisonné par une juive de Khaybar. Cette thèse embarrasse les théologiens qui considèrent qu'elle pourrait nuire au prestige du Prophète. Les docteurs d'Al-Alzhar reconnaissent ainsi qu'il a été empoisonné, mais assurent qu'il a survécu trois ans au poison, preuve de l'intervention divine…


Et on a vraiment abandonné son cadavre ? 
Oui, on l'a laissé sans sépulture pendant trois jours, ce qui est plus qu'étonnant dans une région aussi chaude que l'Arabie, où la tradition veut que l'on enterre les morts immédiatement ou presque. Les textes évoquent même la décomposition du corps. 

Deux hypothèses majeures peuvent expliquer cette situation : d'abord le déni. On ne veut pas croire qu'il soit mort et l'on pense qu'il va ressusciter. Mahomet ne promettait-il pas la fin du monde ? La deuxième raison est plus politique, et c'est celle défendue notamment par les chiites : ces trois jours ont permis à Abu Bakr et Umar d'écarter la famille de Mahomet et de s'organiser pour lui succéder. Il leur fallait du temps pour mettre en place ce qu'on pourrait appeler un « coup d'État » ; certaines sources évoquent la présence de la tribu des Aslam qu'Abu Bakr a déployée dans les rues de Médine comme une milice avant l'enterrement du Prophète pour prévenir tout mouvement de contestation. Car les Médinois, chez qui Mahomet était venu se réfugier avec ses premiers fidèles après avoir quitté la Mecque en 622, ne voulaient plus des Mecquois qui les tenaient pour inférieurs. Ils voulaient désigner eux-mêmes leur chef. Abu Bakr s'est imposé par la suite par le sang en menant ce que l'on a appelé les « guerres d'apostasie ».


Le problème de l'islam naissant tient donc au fait que Mahomet n'a pas pu organiser sa succession... 
Il n'avait pas de fils direct, que des petits-enfants, des gendres ou des beaux-pères, Abu Bakr, Umar, Ali et Uthman, qui seront les quatre premiers califes. C'est entre eux que va se jouer la succession. Le pouvoir politique en terre d'islam est encore de nos jours une affaire de famille !


Vous parlez de Médine, mais vous dites aussi qu'il est mort non pas dans cette ville, comme l'affirme la tradition, mais à Gaza… 
Les sources non musulmanes contemporaines de l'époque du Prophète attestent de la présence de ce dernier à Gaza en 634. Je dois rappeler que l'arrière-grand-père de Mahomet, Hâchim, serait lui-même mort à Gaza.


Mais pourquoi ces changements de lieu et de date ? 
Probablement pour des raisons politiques. Son histoire a été « écrite » pour les besoins d'une légitimation du pouvoir.



Votre livre nous dépeint un vieux prophète manipulé par ses femmes et ses meilleurs amis. Aujourd'hui, on dirait qu'il a été victime d'un abus de faiblesse. Quand commence le culte qui fera de lui « le sceau de l'islam » ? 
Sous les Omeyyades, probablement, mais on ne sait pas exactement comment. Le processus a dû être lent. Tous les descendants du Prophète ont alors été éliminés, donc il n'y a plus de risque que s'instaure une dynastie de droit divin. La nouvelle dynastie, qui est originaire de la Mecque elle aussi, mais qui pourtant s'est opposée au Prophète au début de la Révélation, va pouvoir l'utiliser pour asseoir sa légitimité.


Vous avez mené une enquête de type scientifique, votre appareil de notes le prouve. Mais sur quoi vous fondez-vous pour affirmer de telles choses ? 
Mais sur la tradition musulmane, bien sûr ! Contrairement à ce que l'on peut croire, tout a été écrit, il suffit de prendre la peine de lire les textes. Mon livre n'est pas une œuvre de fiction. C'est le résultat de trois ans de lecture attentive du Coran, des hadiths, c'est-à-dire les faits et les dires que l'on attribue au Prophète, et des récits biographiques publiés après sa mort.


Mais les historiens remettent en cause la fiabilité de ces sources religieuses qui ont été écrites dans une visée apologétique… 
Certes. D'abord, il faut préciser que ces sources, malgré leur manque de fiabilité historique, demeurent incontournables. Si on les ignore, l'histoire de la naissance de l'islam se résumerait à deux phrases. Donc, il faut lire, mais comme des documents et non comme des monuments. Mais d'une part, on retrouve les mêmes faits dans des écrits de sources très différentes et d'autre part, ces textes qui pourraient pratiquer la langue de bois n'hésitent pas à dire des choses étonnantes, parfois même contraires aux intérêts des partis qu'ils défendent. Ainsi, je croyais que le fait que Mahomet soit empêché d'écrire son testament était une « invention » des chiites qui soutiennent qu'il avait choisi Ali pour successeur, mais qu'Abu Bakr et Umar l'en ont empêché. Or, les textes sunnites rapportent aussi cet épisode, ce qui n'est pourtant pas dans leur intérêt. On peut penser qu'il y a là un début de vérité, même si l'historien doit toujours garder une distance critique, évidemment.


Si Mahomet attendait la fin des temps, il ne voulait pas créer de religion. Le vrai fondateur de l'islam n'est-il pas plutôt Abu Bakr? 
Effectivement, ses successeurs, et au premier chef Abu Bakr, ont donné un avenir à la religion de la fin des temps. Mieux, en conquérant le Proche-Orient, ils ont donné à la religion de l'arabité, une carrière universelle 

______________________________________________________
Psaumes 33:13 Du haut des cieux YHWH regarde, il voit tous les enfants des hommes ; 14 du lieu de sa demeure, il observe tous les habitants de la terre, 15 lui qui forme leur coeur à tous, qui est attentif à toutes leurs actions.


Ne devez rien à personne, sinon de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime son semblable a accompli [la] loi. Romains 13:8
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Message  Arlitto Ven 07 Avr 2017, 20:30

La vraie mort de Mahomet
Le prophète de l'islam, victime d'un abus de faiblesse ? C'est ce que laisse entendre la Tunisienne Hela Ouardi dans "Les Derniers Jours de Muhammad".


La vraie mort de Mahomet  3305165lpw-3305790-article-jpg_3430312_660x281 

Le livre d'Hela Ouardi n’est pas une œuvre de fiction. Pour elle, "il suffit de prendre la peine de lire les textes."

Hela Ouardi est professeur de littérature et de civilisation à Tunis.

Le Point.fr : Telle que vous la décrivez, la fin de Mahomet est une vraie tragédie shakespearienne…

Hela Ouardi : Effectivement, le prophète de l'islam subit de nombreuses épreuves à la fin de sa vie : il perd son seul fils, qu'il adorait ; il subit des échecs militaires contre Byzance, ce qui affaiblit son autorité auprès des musulmans. Il tombe alors gravement malade, et on lui désobéit, on l'empêche d'écrire son testament, on lui administre des médicaments à son insu … Après sa mort, sa fille Fatima sera violentée et mourra, dit-on, des suites de cette agression. Elle sera aussi déshéritée. Son époux, Ali, sera nommé Calife, mais finira assassiné et leurs enfants seront massacrés. On peut donc parler d'une tragédie.

On l'aurait assassiné ?
D'après les sources musulmanes, à la fin de sa vie il a été victime de plusieurs attentats. Il se méfiait de son entourage d'ailleurs, et quand on l'a forcé à prendre un médicament, il a demandé aux personnes présentes de prendre la même potion. En fait, d'après certains auteurs musulmans, il serait peut-être mort de pleurésie. Mais les plus anciennes biographies musulmanes affirment qu'il aurait été empoisonné par une juive de Khaybar. Cette thèse embarrasse les théologiens qui considèrent qu'elle pourrait nuire au prestige du Prophète. Les docteurs d'Al-Alzhar reconnaissent ainsi qu'il a été empoisonné, mais assurent qu'il a survécu trois ans au poison, preuve de l'intervention divine…

Et on a vraiment abandonné son cadavre ?
Oui, on l'a laissé sans sépulture pendant trois jours, ce qui est plus qu'étonnant dans une région aussi chaude que l'Arabie, où la tradition veut que l'on enterre les morts immédiatement ou presque. Les textes évoquent même la décomposition du corps. Deux hypothèses majeures peuvent expliquer cette situation : d'abord le déni. On ne veut pas croire qu'il soit mort et l'on pense qu'il va ressusciter. Mahomet ne promettait-il pas la fin du monde ? La deuxième raison est plus politique, et c'est celle défendue notamment par les chiites : ces trois jours ont permis à Abu Bakr et Umar d'écarter la famille de Mahomet et de s'organiser pour lui succéder. Il leur fallait du temps pour mettre en place ce qu'on pourrait appeler un « coup d'État » ; certaines sources évoquent la présence de la tribu des Aslam qu'Abu Bakr a déployée dans les rues de Médine comme une milice avant l'enterrement du Prophète pour prévenir tout mouvement de contestation. Car les Médinois, chez qui Mahomet était venu se réfugier avec ses premiers fidèles après avoir quitté la Mecque en 622, ne voulaient plus des Mecquois qui les tenaient pour inférieurs. Ils voulaient désigner eux-mêmes leur chef. Abu Bakr s'est imposé par la suite par le sang en menant ce que l'on a appelé les « guerres d'apostasie ».

Le problème de l'islam naissant tient donc au fait que Mahomet n'a pas pu organiser sa succession...
Il n'avait pas de fils direct, que des petits-enfants, des gendres ou des beaux-pères, Abu Bakr, Umar, Ali et Uthman, qui seront les quatre premiers califes. C'est entre eux que va se jouer la succession. Le pouvoir politique en terre d'islam est encore de nos jours une affaire de famille !

Vous parlez de Médine, mais vous dites aussi qu'il est mort non pas dans cette ville, comme l'affirme la tradition, mais à Gaza…
Les sources non musulmanes contemporaines de l'époque du Prophète attestent de la présence de ce dernier à Gaza en 634. Je dois rappeler que l'arrière-grand-père de Mahomet, Hâchim, serait lui-même mort à Gaza.

Mais pourquoi ces changements de lieu et de date ?
Probablement pour des raisons politiques. Son histoire a été « écrite » pour les besoins d'une légitimation du pouvoir.

Votre livre nous dépeint un vieux prophète manipulé par ses femmes et ses meilleurs amis. Aujourd'hui, on dirait qu'il a été victime d'un abus de faiblesse. Quand commence le culte qui fera de lui « le sceau de l'islam » ?
Sous les Omeyyades, probablement, mais on ne sait pas exactement comment. Le processus a dû être lent. Tous les descendants du Prophète ont alors été éliminés, donc il n'y a plus de risque que s'instaure une dynastie de droit divin. La nouvelle dynastie, qui est originaire de la Mecque elle aussi, mais qui pourtant s'est opposée au Prophète au début de la Révélation, va pouvoir l'utiliser pour asseoir sa légitimité.

Vous avez mené une enquête de type scientifique, votre appareil de notes le prouve. Mais sur quoi vous fondez-vous pour affirmer de telles choses ?
Mais sur la tradition musulmane, bien sûr ! Contrairement à ce que l'on peut croire, tout a été écrit, il suffit de prendre la peine de lire les textes. Mon livre n'est pas une œuvre de fiction. C'est le résultat de trois ans de lecture attentive du Coran, des hadiths, c'est-à-dire les faits et les dires que l'on attribue au Prophète, et des récits biographiques publiés après sa mort.

Mais les historiens remettent en cause la fiabilité de ces sources religieuses qui ont été écrites dans une visée apologétique…
Certes. D'abord, il faut préciser que ces sources, malgré leur manque de fiabilité historique, demeurent incontournables. Si on les ignore, l'histoire de la naissance de l'islam se résumerait à deux phrases. Donc, il faut lire, mais comme des documents et non comme des monuments. Mais d'une part, on retrouve les mêmes faits dans des écrits de sources très différentes et d'autre part, ces textes qui pourraient pratiquer la langue de bois n'hésitent pas à dire des choses étonnantes, parfois même contraires aux intérêts des partis qu'ils défendent. Ainsi, je croyais que le fait que Mahomet soit empêché d'écrire son testament était une « invention » des chiites qui soutiennent qu'il avait choisi Ali pour successeur, mais qu'Abu Bakr et Umar l'en ont empêché. Or, les textes sunnites rapportent aussi cet épisode, ce qui n'est pourtant pas dans leur intérêt. On peut penser qu'il y a là un début de vérité, même si l'historien doit toujours garder une distance critique, évidemment.

Si Mahomet attendait la fin des temps, il ne voulait pas créer de religion. Le vrai fondateur de l'islam n'est-il pas plutôt Abu Bakr?
Effectivement, ses successeurs, et au premier chef Abu Bakr, ont donné un avenir à la religion de la fin des temps. Mieux, en conquérant le Proche-Orient, ils ont donné à la religion de l'arabité, une carrière universelle.

La vraie mort de Mahomet  3305165lpw-3305793-jpg_3430315

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Message  Arlitto Sam 08 Avr 2017, 14:58

Décoiffant : autopsie de la mort de Mahomet

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À partir d’un épisode apparemment anodin du récit musulman, une professeure de littérature et civilisation conduit le lecteur à des remises en question vertigineuses.

Hela Ouardi, chercheuse tunisienne, a revisité la fin de vie de Mahomet à partir de sources exclusivement musulmanes, sunnites et chiites. Si l’on s’intéresse à l’histoire de l’islam, «Les derniers jours de Mahomet» représente une fructueuse découverte.
Selon la tradition, Mahomet a vécu 15 jours de douloureuse agonie. De quoi est-il mort ? Empoisonnement par une juive (trois ans auparavant) ou pleurésie ? Quel âge avait-il ? Comment la désignation d’Abu Bakr, père de la favorite Aïcha, s’est-elle imposée ? L’auteure décrit le jeu des alliances entre père et fille, entre successeurs présumés, et les contradictions, les trous noirs, les amnésies suspectes, les petits complots, l’absence de certains protagonistes à des moments-clé. Le prophète, en état de faiblesse, est constamment irrité par la désobéissance de sa famille et de ses compagnons les plus proches.
Le premier étonnement en lisant cet ouvrage est le constat du caractère humain, trop humain, du prophète et de son entourage.

Aucun document ni trace concrète contemporaine de la vie du prophète n’a été retrouvé


Le deuxième étonnement, moins grand tout de même, est la minutie et le nombre de récits rapportés par la tradition, qui contrastent avec la quasi absence de sources non musulmanes. Aucun document ni trace concrète contemporaine de la vie du prophète n’a été retrouvé.

Au début de cette lecture, on se pose la question du sens de cette description pleine de détails de l’agonie du prophète. Mais progressivement, l’auteure en déduit, avec grâce et subtilité, des «questions vertigineuses».

Mahomet n’aurait pas voulu créer une religion, mais annonçait l’apocalypse


Un point-clé est l’absence de désignation de son successeur par Mahomet. À partir d’indices convergents, Hela Ouardi pose cette hypothèse : Mahomet n’aurait pas voulu créer une religion, mais annonçait l’apocalypse, l’arrivée du Messie. Une phrase qui lui est attribuée le suggère : «Par Celui qui tient mon âme en Sa main, la descente de Jésus fils de Marie est imminente.»

Jésus davantage cité dans le Coran que Mahomet
Dans cette optique, l’islam religion universelle aurait été inventé après la mort de son prophète par le deuxième calife Omar qui a régné de 634 à 644 et par les califes omeyyades. Abu Bakr n’a exercé le pouvoir que deux ans (632-634).

L’une des rares références non musulmanes au prophète évoque un échange qui daterait de juillet 634 (Mahomet est censé être mort en 632) entre un juif rabbinique et son frère. Selon cette source, le prophète «proclamait la venue du Messie».

Autre exemple : un graffiti datant de 644 mentionne Omar mais pas Mahomet, et ne comporte aucune formule religieuse.

«Si le prophète annonçait la fin des temps, interroge l’auteure, pourquoi aurait-il créé une nouvelle religion ?»

«Le Coran n’apporte que peu d’éléments biographiques concernant Mahomet», rapporte Wikipédia dans une synthèse qui rejoint en plusieurs points importants la vision de Hela Ouardi.
«Il n’est d’ailleurs cité que quatre fois dans ce texte alors qu’un personnage comme Jésus, appelé Isa, l’est une douzaine de fois, et en utilisant des titres plus prestigieux que ceux de Mahomet, tels que celui de «Messie» et d’«Esprit de Dieu » (sourates 4 et 91).»

La vraie mort de Mahomet  Mahomet_et_les_trois_premiers_califes_Abou_Bakr_Omar_et_Othman_sur_le_cheval_mythique_Buraq

Des événements liés à la mort du prophète amènent de l’eau au moulin de l’auteure. Le corps de Mahomet n’a été enterré que plusieurs jours après sa mort, en état de putréfaction. «L’explication la plus répandue est que les musulmans n’enterrent pas immédiatement Muhammad, car ils sont persuadés qu’il va ressusciter (…)» Lorsqu’il est clair que la fin des temps n’est pas pour tout de suite, les compagnons sentent le danger.

Une idée formidable : le califat

L’absence de succession de Mahomet mettait l’islam en danger mortel.
Les prétendants à sa succession l’ont probablement réalisé. La nomination d’Abu Bakr comme successeur ne doit rien à une quelconque décision du prophète, mais aux alliances et complots de ses épouses et à l’action de ses compagnons.

Les deux hommes ont imaginé une institution : le califat. «Cette institution califale, si puissante symboliquement, s’est déployée dans les interstices du texte et les non-dits du Prophète. C’est bien elle, notamment sous le pouvoir impérial des Omeyyades, qui a façonné l’islam et affirmé son caractère universel.» Pour asseoir leur autorité politique et fonder la théocratie naissante, les premiers califes utilisent des versets et des dits du prophète qui ne seront formalisés que beaucoup plus tard.

«Ne sont-ils pas finalement les fondateurs véritables d’une nouvelle religion qu’ils doivent reconstruire sur les ruines d’une croyance primitive qui s’est effondrée brusquement à l’instant même où Muhammad est mort?»

L’obsession du blasphème chez les musulmans aujourd’hui, en raison de l’absence de sources historiques attestant du rôle du prophète durant sa vie


De l’absence de sources historiques attestant du rôle du prophète durant sa vie et quelques dizaines d’années après, Hela Ouardi déduit que pour les premières générations, le prophète n’était probablement pas l’objet d’un culte sacré. «Cette subversion originelle serait restée enfouie dans l’inconscient collectif des musulmans et expliquerait, à notre avis, comme dans un retour du refoulé, l’obsession du blasphème chez les musulmans aujourd’hui.»

La religion pour légitimer le pouvoir
Le rôle de Mahomet, figure religieuse vénérée, pour ne pas dire idolâtrée par les musulmans, de même que le culte de sa famille et de ses compagnons prennent forme sous le règne du calife omeyyade Abd al-Malik arrivé au pouvoir en 685.

Il forge les contours de cette religion afin de renforcer son pouvoir face à la rébellion. C’est aussi à cette époque que serait fixé un texte du Coran qui permet de légitimer le nouveau pouvoir politique. La dynastie abbasside qui succédera aux Omeyyades parachèvera l’histoire de l’islam et la vie du prophète telles qu’elle seront enseignées au cours des siècles.

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Comme l’ont remarqué de nombreux historiens, l’abondance des informations, leurs contradictions, leurs versions divergentes voire antagoniques, de même qu’«un brouillage chronologique généralisé» (Ouardi) ne permettent pas d’établir une biographie crédible des débuts de l’islam et de son prophète. Celui-ci apparait tour à tour comme un homme cruel, auteur de massacres, qui fait torturer à mort un juif pour lui fait dire où est caché un trésor et commandite l’assassinat de poètes qui se sont moqués de lui, ou inversement un homme bon, père de famille attentif, indulgent envers des gens qui ont tenté de l’assassiner.
Dès qu’on commence un travail critique sur les sources musulmanes, il devient impossible d’écrire une seule ligne sur la biographie du prophèt


Traiter le dogme religieux pour ce qu’il est, une construction, conduit au rejet immédiat de l’orthodoxie musulmane. Pourtant, «(…) dès qu’on commence un travail critique sur les sources musulmanes, il devient impossible d’écrire une seule ligne sur la biographie du prophète.» Au final, la tradition «est accrochée à des chaînes de transmission aussi évanescentes que des cordes de fumée».

Ces réalités conduisent un certain nombre d’historiens à contester l’existence même du prophète.

Hela Ouardi ne va pas jusque-là, mais n’en est pas très éloignée. Pour asseoir une vision plus historique de son vaste sujet, elle compte sur les découvertes épigraphiques qui s’annoncent, de nouvelles fouilles archéologiques et l’étude de documents et chroniques ignorés jusqu’ici. Pour elle, ces éléments «sont en train d’introduire une véritable ‹révolution copernicienne› dans la connaissance de l’islam primitif. Une réécriture de l’Histoire est en marche (…)»

Les derniers mots de sa démonstration : «à suivre…», suggèrent qu’elle compte participer à cette réécriture et nous en faire profiter. On attend impatiemment.
Reste aux principaux intéressés à s’intéresser à ces travaux novateurs et à entrer dans un débat qui intègre les découvertes scientifiques. Or aujourd’hui, de nombreux intellectuels musulmans et l’ensemble des religieux souffrent d’«une sorte d’autisme les pousse à rejeter en bloc toute vision critique de leur histoire».

L’ouvrage, pas encore traduit en arabe, a été fort mal accueilli par les tenants de la tradition intouchable, mais très bien par la presse «laïque» francophone. Il a été interdit au Sénégal.
«Les derniers jours de MuhammadLa vraie mort de Mahomet  Ir?t=drzzfr-21&l=as2&o=8&a=2226316442*», Hela Ouardi, éd, Albin Michel, 268p.,

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Mireille Vallette pour Dreuz.info.
* En achetant le livre avec ce lien, vous soutenez Dreuz qui reçoit une commission de 5%. Cette information est fournie pour assurer une parfaite transparence des conséquences de votre action, conformément à la recommandation 16 CFR § 255.5 de la Federal Trade Commission.

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Message  Arlitto Sam 20 Mai 2017, 14:13

«Les derniers jours de Muhammad» interdit de vente à Dakar, le président de l'ong jamra se prononce. 



VIDÉO - SOCIÉTÉ : Les responsables de l’ong jamra condamnent fermement le livre blasphématoire écrit par une Tunisienne et vendu au Sénégal. Imam Massamba Diop son président qui se félicite de la décision des autorités étatiques d’interdire la vente du livre sur le territoire national invite le président de la république à voter une loi criminalisant de tel acte. Il était en visite à Mbour.





Note: la vidéo fonctionne malgré les apparences : cliquez sur "play"

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Message  Arlitto Sam 20 Mai 2017, 14:13

Une chercheuse tunisienne enquête aux racines de l'islam  



Entretien avec Hela Ouardi, professeure de littérature et de civilisation à Tunis, auteure de "Les derniers jours de Muhammad" aux éditions Albin Michel.

Du dernier soupir du prophète aux enjeux posés par de sa succession, Hela Ouardi livre un travail méticuleux de confrontation des sources anciennes et des traditions sunnites et chiites.

Enquête aux origines de l'Islam



Hela Ouardi revient sur la division religieuse entre les sunnites et les chiites dans "Les califes maudits. La déchirure". Une tragéd

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