Mahomet, un éclairage historique
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Mahomet, un éclairage historique
Mahomet, un éclairage historique
Tilman Nagel
L’islam a emprunté un chemin « pavé d’interdictions de penser et de critiquer», observe Nagel. Un chemin que beaucoup de musulmans ici voudraient nous obliger à suivre. Un chemin que grâce au concept d’islamophobie, l’ONU, l’Organisation de la conférence islamique (OCI), de même que l’Union européenne tentent d’imposer. Avec la complicité d’innombrables soutiens qui militent pour l’exonération de l’islam et de ses disciples de ce droit de critique.
Si l’on se rappelle les innombrables polémiques dans nos démocraties sur la lapidation ou l’apostasie, on comprend mieux les contorsions sémantiques auxquelles se livrent les imams et autres porte-paroles qui tentent de faire croire qu’ils sont à la fois fidèles à nos normes et à celles de l’Islam. Comment dire: «Je condamne ces sanctions, je suis opposé à la mort si l’on quitte l’islam ou si une femme épouse un non-musulman, je suis favorable à l’égalité entre hommes et femmes et à la mixité, etc. etc.», sans mettre en cause l’irréfutable Loi divine, sans devenir un apostat?
Que connaissent les historiens des débuts de l’islam et de l’histoire réelle de Mahomet? La gageure est de distinguer le récit religieux de la réalité. Diverses méthodes sont décrites dans une annexe de l’ouvrage de l’Allemand Tilman Nagel «Mahomet. Histoire d’un Arabe, invention d’un prophète», publié en 2012 aux éditions Labor et Fides. Cet auteur, dont je tire sans mention contraire les citations de ce papier, est d’une formidable érudition. J'espère dans ces quelques lignes ne pas le trahir.
Pour lire cette biographie, il faut s’accrocher: le carrousel des noms arabes, des tribus, des personnages, les subtils examens des sourates et des versets tournent la tête du non-spécialiste. Mais s’accrocher en vaut la peine.
Nagel relie la biographie de Mahomet au texte du Coran et inscrit l’une et l’autre dans leur contexte (événements, coutumes, religions). Il met en lumière l’influence des fidélités tribales et claniques, ainsi que l’importance du lignage dans l’action du prophète, dans l’évolution de sa pensée et des rites et croyances qu’il enseigne.
La vie d’un homme
La vraie vie de Mahomet montre l’ambition d’un homme convaincu d’être le messager d’Allah, puis son prophète, et qui va réussir à prendre le pouvoir au prix de diverses stratégies qui comprennent les razzias (le butin lui attirera de nouveaux "croyants"), des assassinats politiques et l’abandon de règles respectées jusqu’alors par les Arabes.
Très vite s’affirme la prétention de la nouvelle religion à intégrer tous les aspects de la vie. Et Allah par son prophète qualifie ses adeptes de «meilleure communauté».
A Médine où Mahomet s’installe après avoir été chassé de la Mecque, il conquiert le pouvoir « grâce à des circonstances heureuses et à une portion considérable de froide détermination ». Il supprimera par exemple la présence des trois tribus juives qui y vivaient. Il ira jusqu’au massacre des Banû Quraiza qui tombent entre ses mains après trois semaines de siège. Il ordonne et assiste à la décapitation de tous les hommes et jeunes hommes pubères, 600 à 700, une tuerie qui durera de longues heures. Les femmes et les enfants sont vendus en esclavage.
Combattre pour l’islam : une obligation
Le djihad devient une obligation pour les musulmans, de nombreux versets en témoignent. « La nécessité d’étendre la «meilleure communauté» à toute la terre habitée est la conséquence de la position dans l’histoire qu’Allah a assignée à son Envoyé et Prophète. Les circonstances de la vie de Mahomet exigent que cette extension passe -au moins aussi- par l’usage de la violence physique, une manière d’agir qu’Allah apprécie au plus haut point et qu’il récompense; on la désigne par le terme de djihad. » La communauté vivra du butin des combats remportés et du produit des terres qu’elle s’approprie et fait cultiver par les vaincus.
Dans cette communauté «conçue comme une immense tribu», le rang est déterminé par l’ascendance paternelle et par le degré de zèle religieux. «Pour protéger cet ordre tribal de tout trouble, le contrôle total des femmes est indispensable».
Dans un langage qui rompt avec celui de l’historien, on peut dire que les chevilles de Mahomet enflent au fur et à mesure que sa domination s’étend. A la fin de sa vie, «l’identification de son pouvoir souverain avec celui d’Allah est totale». Les sanctions infligées à ceux qui transgressent sont drastiques: mutilation des voleurs, fouet pour les relations sexuelles hors mariage, les faux témoignages et la consommation d’alcool, lapidation pour les adultères. "Tuer, mutiler ou expulser quiconque est soupçonné de ne pas être fidèle à Allah et à son Envoyé, voilà la punition efficace avec laquelle Allah défend sa "frontière"».
Les hadiths ou la suppression du droit de penser
Mahomet n’avait pas de fils, il n’a pas désigné de successeur. Sa mort (632) ne marque pas seulement le début d’immenses conquêtes, mais celui aussi de multiples guerres, contestations théologiques, assassinats. Le camp des sunnites en sortira vainqueur.
Le Coran ne répondait pas à de nombreuses questions. Un exemple, lié au riche butin fémininque rapportent les conquêtes: le fils d’un maître conçu avec une esclave a-t-il droit à une part d’héritage? Peu à peu surgissent en guise de réponses des récits d’actions et de paroles de Mahomet, les hadiths. Ils touchent non seulement l’aspect religieux, mais toute la vie profane des croyants.
Les hadiths connaissent une faveur extraordinaire auprès du public au point de concurrencer le Coran. Ils vont se multiplier à une vitesse d’enfer, jusqu’à plusieurs centaines de milliers selon René Marchand. Une méthode est imaginée pour asseoir la validité d’un hadith: la recherche de la chaîne de ses transmetteurs.
Les hadiths accentuent le caractère intransigeant des prescriptions coraniques et sont parfois opposés à elles. Un exemple: le Coran sanctionne les adultères par le fouet alors que Mahomet ordonnera des lapidations. C’est cette sanction que retiendront les législateurs religieux. Les hadiths ne sont pas des traditions historiques authentiques, mais ressortissent au contraire d’une «annihilation de l’histoire». *
Un homme faillible devient prophète infaillible
Mahomet est promu par le biais de ces hadiths prophète infaillible et modèle éternel. Les textes fondateurs -biographies par exemple- seront écrits en conformité avec ce présupposé. Quels que soient les méfaits commis par l'Envoyé, ils étaient justes et nécessaires.
La société dirigée par le Prophète à Médine devient la référence ultime de la société parfaite qu’il faut recréer. «L’application inlassable du Coran et de la sunna, en prenant en compte si nécessaire l’avis unanime des compagnons du Prophète, qui vivaient à une époque salutaire où la droite direction divine était immédiate, va faire revenir ce temps, ce qui est le but suprême de toute juridiction et de tout gouvernement musulmans.»
Imiter Mahomet est le socle sur lequel repose l’islam. Il enserre le musulman dans un corset de normes où la peur de l'enfer est omniprésente.
La matière religieuse est «énorme, embrouillée, difficile à canaliser d’une façon cohérente», ce qui donne aux «savants» un pouvoir majeur sur les croyants. Ces religieux en arrivent à considérer que critiquer le prophète, même en citant des circonstances historiques, requiert la mort. Les quatre écoles juridiques du sunnisme se rejoignent sur ce point. Les nouvelles normes (fatwas) édictées suite à l’évolution des sociétés et des modes de vie ne doivent jamais remettre en question le caractère intouchable de Mahomet… ce qui n’empêche pas qu’elles se contredisent.
Un courant, les mutazilites (VIIIe s.), avait tenté de faire un sort à cette manière de séparer le Coran de l’histoire et Mahomet de son message. Leur doctrine permettait l’étude historique, par exemple l’explication des incohérences du Coran dont ils contestaient le caractère incréé. Ils eurent une influence importante, mais les «durs» l’emportèrent.
L’imposition de la croyance islamique dans les démocraties
Si l’on se rappelle les innombrables polémiques dans nos démocraties sur la lapidation ou l’apostasie, on comprend mieux les contorsions sémantiques auxquelles se livrent les imams et autres porte-paroles qui tentent de faire croire qu'ils sont à la fois fidèles à nos normes et à celles de l'Islam. Comment dire: «Je condamne ces sanctions, je suis opposé à la mort si l’on quitte l’islam ou si une femme épouse un non-musulman, je suis favorable à l’égalité entre hommes et femmes et à la mixité, etc. etc.», sans mettre en cause l’irréfutable Loi divine, sans devenir un apostat?
La vénération de Mahomet se traduit aussi par la volonté d’interdire sa critique dans nos sociétés. Rappelons-nous les caricatures danoises ou la bande-annonce intitulée «L’innocence des musulmans» (à défaut de la réalisation, le titre est si bien trouvé!). Rappelons-nous les innombrables tentatives d’interdire telle production artistique qui remet en question le Beau Modèle et ses disciples.
L’islam a emprunté un chemin "pavé d’interdictions de penser et de critiquer», observe Nagel. Un chemin que beaucoup de musulmans ici voudraient nous obliger à suivre. Un chemin que grâce au concept d’islamophobie, l’ONU, l’Organisation de la conférence islamique (OCI), de même que l’Union européenne tentent d’imposer. Avec la complicité d’innombrables soutiens qui militent pour l’exonération de l’islam et de ses disciples de ce droit de critique.
Première parution : le blog de Mireille Vallette, TdG, 15 septembre 2013, ici
* Jean-MarcTétaz, préfacier et traducteur de Nagel
http://lesobservateurs.ch/2013/09/15/mahomet/
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Psaumes 33:13 Du haut des cieux YHWH regarde, il voit tous les enfants des hommes ; 14 du lieu de sa demeure, il observe tous les habitants de la terre, 15 lui qui forme leur coeur à tous, qui est attentif à toutes leurs actions.
Ne devez rien à personne, sinon de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime son semblable a accompli [la] loi. Romains 13:8
Re: Mahomet, un éclairage historique
Mahomet, le prophète posthume
Des pèlerins prient à La Mecque, le 25 octobre 2012
Qui est le fondateur de l’islam ? Comment vivait-il dans l’Arabie occidentale du VIIe siècle ? L’historienne Jacqueline Chabbi rassemble les rares pièces du puzzle de l’édification de sa légende.
Mahomet, le prophète posthume
Au Mali, les guerriers jihadistes d’Al-Qaeda ont détruit mosquées et mausolées, symboles du soufisme. Pour imposer par la terreur leur vision de l’islam et de son fondateur. Cette lecture fondamentaliste s’impose de plus en plus. La figure de Mahomet, elle, alimente la controverse en faisant monter la tension entre l’Occident et le monde musulman. Depuis l’affaire des caricatures de Mahomet, publiées en septembre 2005 dans un journal danois, jusqu’au film l’Innocence des musulmans, diffusé cet automne sur Internet, les polémiques se succèdent. Pourtant, comme l’explique Jacqueline Chabbi, l’une des meilleures spécialistes françaises des origines de l’islam, cette «sacralisation» du prophète a une histoire, malheureusement trop méconnue.
Que sait-on historiquement de Mahomet ?
La figure de Mahomet n’est pas historique, comme les musulmans se l’imaginent. La réalité historique de cette figure s’est effacée depuis très longtemps, depuis le Moyen Age. En fait, la tradition musulmane va raconter Mahomet et créer, au début du IXe siècle, cette figure de prophète, soit deux siècles après sa mort. Pour avoir une idée de ce qu’il a pu être de son vivant, nous n’avons guère, comme document d’époque, que le Coran. Et encore, il fait des allusions très brèves à la vie personnelle de Mahomet. Nous savons qu’il était orphelin de père et qu’il n’a pas eu de fils qui lui survive. C’est à peu près tout. Nous ne connaissons pas la date de sa naissance, le nom de sa femme à La Mecque. Le Coran nous donne un troisième élément que l’on peut considérer comme historique, c’est le bannissement de Mahomet de La Mecque. Pour approcher la réalité, nous devons nous appuyer sur les connaissances historiques dont nous disposons sur la société dans laquelle il vivait.
Qu’est-ce que cela signifie d’être orphelin et un père sans fils ?
Etre orphelin de père est un handicap social important. Dans une société de tribus, cela veut dire que l’on n’a pas de père qui vous protège et vous défende. Le fait de ne pas avoir de fils survivant, c’est un drame ! Dans le monde tribal, ce qui compte, c’est de s’inscrire dans une lignée qui se perpétue. Mahomet ne laisse pas son nom, il va disparaître de la mémoire généalogique.
Est-il l’inventeur d’une religion ?
Ce Mahomet historique ne peut aller plus loin que les horizons de croyance de sa société. La grande illusion, c’est de penser que dans toutes les sociétés et les époques, on croit de la même façon. La manière de croire dans une société tribale de la péninsule arabique au temps de Mahomet n’a rien à voir avec la manière de croire d’une société complexe ultérieure. Ce que l’on sait du Mahomet vivant est toujours à mettre en relation avec la société dans laquelle il vivait. A La Mecque, cet homme, avec ses lourds handicaps sociaux et dont on peut penser qu’il traverse une crise personnelle, va recevoir une inspiration, ce qui n’est pas exceptionnel dans une société comme celle-là. Les devins, les poètes, les sorciers étaient censés aussi recevoir ce type d’inspiration.
Que veut Mahomet au départ ?
De statut affaibli dans sa société, il appartient aussi à un clan tribal en déclin. Son clan s’occupe du culte mecquois (païen) mais une partie des autres clans s’est lancée dans de petits voyages caravaniers. A La Mecque, il commençait à y avoir des distorsions économiques. Le clan de Mahomet était défavorisé par rapport à d’autres. La première parole coranique est une parole de réforme, un appel à la solidarité idéale des tribus. Comme le statut de Mahomet n’est pas reluisant au sein de sa tribu, on lui rit au nez. Mais il persiste dans son intention de réforme et rencontre alors la thématique biblique avec laquelle il va «bricoler», au sens ethnologique où l’entend Claude Lévi-Strauss.
Ces tribus étaient-elles polythéistes ?
Oui, pour la majeure partie d’entre elles, mais au sens d’une forme de paganisme. Chaque tribu avait un protecteur divin (ou une protectrice). On ne peut pas parler de religion mais plutôt d’alliance. L’alliance entre les hommes était symétrique de l’alliance avec le dieu. Le dieu partage le territoire de la tribu, la protège. Il est présent sur son territoire, enfermé et personnifié dans des pierres, les bétyles. De mon point de vue, le culte initial de la Kaaba était un culte des bétyles. Ces bétyles étaient transportables et les tribus, pendant les batailles, les emportaient pour être protégées. Dans la péninsule arabique, les tribus rendaient aussi un culte aux arbres sacrés.
Lorsque la parole de Mahomet est rejetée, que se passe-t-il ?
Il est persuadé que sa tribu court à la catastrophe et tente de la ramener dans le droit chemin. Il se passe alors quelque chose d’étonnant : Mahomet emprunte des éléments à la Bible, d’abord la thématique du jugement. En substance, il affirme : «Si vous n’agissez pas bien, vous serez jugé.» Ce jugement n’est pas individuel mais tribal. Si le chef de famille est puni, tout son clan périclite. La représentation de la punition n’est pas non plus l’enfer de flammes mais un nomadisme de faim et de soif dans un désert chauffé à blanc par le soleil ; ce qui, pour les hommes sédentaires des cités d’Arabie, était une phobie épouvantable.
Comment Mahomet a-t-il connaissance de ces éléments bibliques ?
A Médine, il y avait des tribus juives installées depuis très longtemps.
Mais Mahomet ne convainc pas plus…
En effet, il convaincra par l’action et non pas par la parole. Quant à la thématique de la récompense et de la punition largement présente en période mecquoise, elle n’appartenait pas à la mentalité de la société tribale de la péninsule arabique, sauf évidemment sur les marges du nord et de l’est, ou au Yémen où christianisme et judaïsme coexistaient avec le paganisme. Mais, à La Mecque, plus la tribu résiste, plus la parole coranique persiste à essayer de convaincre. L’inspiré y croit dur comme fer, il cherche des arguments.
Le Coran va aussi attribuer au dieu mecquois la faculté de création, alors que les autres dieux locaux ne la possèdent pas ; ce qui en fait donc des alliés inefficaces pour les tribus.
Mahomet calque, en outre, son propre itinéraire sur celui de figures bibliques que le Coran dit toutes prophétiques. De cette manière, il justifie le sien. A La Mecque, il s’assimile à Moïse qui, missionné par Dieu, affronte un tyran terrestre, le pharaon. Mahomet l’utilise comme une image de son propre destin. Mais le Coran mecquois est finalement une parole en échec. Mahomet est banni de La Mecque par un de ses oncles. Il se réfugie à Médine dans un clan auquel il est apparenté.
Non, il cherche des arguments pour convaincre sa tribu et enfoncer les dieux locaux. C’est un homme de tribu qui essaie de distinguer son dieu, des dieux païens. Mahomet ne s’adresse pas au monde. Il veut rallier sa tribu à son dieu.
Oui, mais, pour lui, c’est complètement inattendu ! Durant, la période mecquoise, le peuple de Moïse, les «fils d’Israël» dans la terminologie du Coran, constituent une figure entièrement positive. Mais, à l’arrivée à Médine, c’est le grand malentendu. Avec ses histoires bibliques «coranisées», Mahomet est face aux rabbins. Cette manière coranique de raconter la Bible n’est pas acceptable pour eux.
Médine est une grande oasis où deux tribus arabes se disputent la suprématie. Vivent là aussi trois tribus juives où Mahomet s’imagine trouver des alliés. Il discute d’abord, essaie la conciliation, puis il passe à l’action. A La Mecque, face à sa tribu, il ne pouvait pas répondre par la force, il ne pouvait que parler. A Médine, il peut agir. Comme il a été banni de sa tribu, il peut aussi la combattre car il n’a plus d’obligation vis-à-vis d’elle.
Mahomet se lance dans les razzias, c’est-à-dire les attaques surprises qui sont la forme privilégiée du combat dans cette société. Mais dès qu’il le peut, il va essayer de rallier les siens, de les amener à parlementer. Et il va réussir. Sa tribu négociera deux ans avant sa mort.
C’est un conflit sans issue. Mahomet ne comprend pas pourquoi les juifs lui résistent : s’ils lui résistent, c’est qu’ils ont dévié et trahi la cause de leurs prophètes, de Moïse, d’Abraham…
Le Coran est un peu le journal de bord de l’itinéraire de Mahomet, de son combat contre sa propre tribu, puis contre ses adversaires à Médine. Historiquement, on considère qu’il est fixé à la fin du VIIe siècle, une cinquantaine d’années après sa mort, sous l’empire omeyyade à Damas. A mon avis, cela intervient pour une nécessité politique. L’empire omeyyade est à son apogée. Mais en face, il y a l’empire byzantin. Le sacré des Byzantins s’est, lui, concrétisé dans une écriture. Ils ont des livres.
Qu’arrive-t-il à la mort de Mahomet ?
Avant sa mort, Mahomet a réussi à confédérer les tribus de l’Arabie occidentale qu’il a ralliées à son dieu. Contre toute attente, cette alliance pourtant très récente survit à sa disparition.
Tout réussit aux tribus arabes et elles commencent à sortir d’Arabie. Ce n’est pas une conquête religieuse mais une conquête de razzias. Sous le califat d’Omar (à peine cinq ans après la mort de Mahomet), c’est une expansion ininterrompue vers l’Iran, la Syrie-Palestine, l’Egypte. Cela ne va plus s’arrêter ! Plus tard, la question va se poser de savoir comment gérer ces conquêtes et cela donne une guerre entre les familles mecquoises. Les Omeyyades, un clan mecquois puissant, en sortent vainqueurs et installent le califat à Damas. Dans les pays conquis, ils laissent leur religion aux habitants qu’ils soient chrétiens, juifs ou zoroastriens. La seule chose qui a été exigée, c’est le ralliement des tribus d’Arabie. Durant le siècle omeyyade pour devenir musulman, il fallait s’affilier à une tribu ; c’était une affiliation sociale.
Quand l’islam devient-il cosmopolite ?
En 750, les Abbassides arrivent au pouvoir. Un changement de mentalité va alors s’opérer. Ils s’appuient sur l’orient de leur empire, l’Iran et l’Irak, et vont mettre fin au système tribal. Tout bascule à partir du IXe siècle. L’islam devient cosmopolite. Chaque citoyen de l’empire peut devenir musulman. Les populations vont s’engouffrer dans cette possibilité. Avec les convertis, un autre islam va s’inventer. Sous les Abbassides, il va y avoir une première théologie musulmane pensée par de grands intellectuels, nourris de philosophie grecque.
Ils vont placer Mahomet dans une lignée prophétique, théoriser sa «prophétologie». Mais ils ne s’intéressent pas à la vie pratique de Mahomet. Ils ont une vision abstraite de la prophétie.
Quand la figure de Mahomet émerge-t-elle et dans quel but ?
Au milieu du IXe siècle, également. Parmi les convertis, dans les villes, la masse de la population veut un modèle pratique. La tradition prophétique s’invente à ce moment-là, à travers ce qu’on appelle les hadiths, c’est-à-dire les paroles et les actes prêtés au prophète sur lesquels on veut calquer sa conduite. Mais c’est une figure complètement reconstruite, à partir d’éléments tirés, notamment de l’historiographie de la sîra, la vie du prophète, voulue par les Abbassides qui appartenaient au clan tribal du prophète, les Hachémites, et qui en tiraient leur gloire dynastique. Jusqu’au milieu du IXe siècle, le pouvoir des Abbassides s’appuie sur les théologiens de l’élite. Dans un premier temps, ils combattent ceux qui veulent un islam pratique, notamment un idéologue issu des classes moyennes, Ibn Hanbal, qui, à Bagdad, commence à réunir ce qu’il considère comme les paroles véridiques de Mahomet. Au milieu du IXe siècle, le califat abbasside va finalement abandonner les théologiens pour adhérer aux thèses littéralistes d’Ibn Hanbal.
Le wahhabisme, l’une des matrices du fondamentalisme musulman actuel qui apparaît au XVIIIe siècle en Arabie, et le salafisme se rattachent-ils à ce mouvement littéraliste ?
Le wahhabisme s’y rattache à travers un maillon essentiel, un idéologue du XIIIe siècle, Ibn Taymiyya, qui luttait au nom d’une lecture littéraliste contre les théologiens et les mystiques de son époque. Mais le salafisme a également d’autres racines. C’est très complexe. Il naît aussi, par exemple, en Afrique du Nord, pour lutter contre la colonisation. Le salafisme, c’est le retour à un passé rêvé, à une communauté musulmane qui, dans les faits, n’a jamais existé, à un califat des premiers temps… C’est une vision rêvée d’un passé pour combattre les traumatismes du présent et les difficultés de la modernité.
Dès le Moyen Age, la figure mythique du prophète a connu plusieurs reconstructions, plusieurs types de figures sacralisées. Il y a aussi un refus de la représentation de la figure de Mahomet. Dans les manuscrits médiévaux, on met un voile blanc sur sa figure.
Mahomet est la figure du fondateur, en même temps qu’une figure prophétique. Il a réussi politiquement. Les musulmans d’aujourd’hui cultivent la nostalgie d’une époque où tout semblait leur réussir, même si les choses sont plus compliquées dans la réalité. Dans le monde contemporain, le problème des caricatures de Mahomet repose sur la confusion entre l’image et l’être humain. En Occident, ce qui est répréhensible, c’est de toucher à un homme. Dans la mentalité réislamisée actuelle, on met sur le même plan l’image et l’homme, l’objet mental et l’être vivant. C’est cette confusion terrible qui crée la thématique du blasphème.
Le christianisme a opéré une révolution intellectuelle dès le XIXe siècle. Il a repensé ses origines à la lumière de la recherche historique et archéologique. Pourquoi l’islam n’y est-il pas parvenu ?
Le christianisme est inclus dans une société où vivent des non-chrétiens, des athées. En Occident, avec Voltaire, nous avons eu cette possibilité de penser autrement. Cette ouverture n’a pas eu lieu dans les pays musulmans. Et ce n’est pas demain la veille ! Etre athée, c’est y être accusé d’apostasie et y être condamné à mort. De plus, l’islam, s’il interrogeait ses origines, le ferait au mieux à partir d’une reconstruction du IXe siècle. Le seul fait dont disposent les musulmans, c’est la reconstruction de la sîra et des hadiths médiévaux. Ils ne parviennent pas à retrouver la couche première qui est la couche de la société tribale. Un historien pose une question et obtient une réponse s’il a des éléments. Mais la question peut demeurer ouverte. Un croyant, lui, veut une réponse à tout prix.
Mais dans les pays arabo-musulmans, les signaux sont plutôt alarmants. Comment expliquez-vous cette montée du fondamentalisme religieux ?
Ce sont surtout les échecs de la décolonisation et du nationalisme arabe. L’Egypte des années 20 était beaucoup plus moderniste que celle d’aujourd’hui. Les femmes cherchaient à s’y libérer.
Pourquoi les mouvements salafistes, comme au Mali, s’en prennent-ils aux symboles du soufisme ?
Ce qui se passe s’inscrit dans une longue histoire. Le soufisme (la mystique musulmane) émerge aux IXe et Xe siècles. C’est le mouvement idéologique le plus tardif en islam. Ce mysticisme musulman s’est développé notamment sur des bases chrétiennes ; des prosateurs musulmans du IXe siècle vantent les mystiques chrétiens et leurs croyances. Au Xe siècle, le soufisme a commencé à se développer ; les soufis se mettaient en dehors de la société, à la manière des ermites chrétiens. Cela était très mal vu par l’islam de la tradition prophétique. Dès le début, les soufis ont été combattus par le courant hanbalite (issu d’Ibn Hanbal) qui considérait leurs pratiques contraires à celles de la société. Par exemple, ils ne nourrissaient pas leur famille mais mendiaient. Cette aversion contre le soufisme est très enracinés. Les salafistes reprennent ces idées, notamment celles d’Ibn Taymiyya, le penseur du XIIIe siècle.
Comment qualifier les relations entre islam et judaïsme ? Y a-t-il une judéophobie et un antisémitisme musulmans ?
Durant la période médinoise, du point de vue de Mahomet, c’est une alliance déçue. Mais elle était impossible ! La coranisation des éléments bibliques ne pouvait absolument pas être acceptée par les juifs médinois. Dans le Coran, il y a des passages d’une très grande violence : le plus terrible est situé après l’attaque réussie contre la tribu juive de Médine, la plus puissante, qui avait été accusée de trahison tribale. C’est un cri de triomphe et ce n’est pas généralisable.
Dans la sourate XXXIII du Coran, la coexistence, mudjâwara, en un même lieu est dite impossible. Puis suit la pire menace qui signale le point de rupture et le niveau de l’exaspération du conflit : «Où qu’ils [les juifs] se terrent, ils seront tués jusqu’au dernier.» Est-ce de la judéophobie ? Je ne crois pas que l’on puisse dire cela de cette manière. A Médine, c’était un conflit existentiel et politique. Soit Mahomet avait raison et les juifs avaient tort. Ou Mahomet avait tort et les juifs avaient raison. Du point de vue des musulmans, les juifs et les chrétiens se sont trompés. Ils devraient être musulmans ! Pour eux, Abraham est musulman et les juifs ont trahi Abraham et leurs prophètes. Après les conquêtes arabes, parmi les populations des pays conquis, les juifs vont jouer un rôle important auprès des califes. A part quelques épisodes, il n’y a pas, à proprement parler, de judéophobie dans le monde musulman aux périodes classiques. Lorsqu’ils sont expulsés d’Espagne au XVe siècle, les juifs s’installent dans l’empire ottoman ou en Afrique du Nord. Le vrai basculement va s’opérer, au XXe siècle, à la création d’Israël. Pour les musulmans, c’est le sionisme et non le judaïsme qui pose problème et c’est un problème politique contemporain.
Malheureusement, on mélange souvent les deux, faute de connaître l’histoire «historique».
Pourquoi cette peur de l’islam s’est-elle installée dans les sociétés occidentales ?
Déjà, il y a une méconnaissance totale puisque l’histoire «historique» n’a pas droit de cité. De façon générale, plusieurs éléments s’additionnent : l’héritage de la colonisation, l’émigration, les mouvements radicaux musulmans actuels, la réislamisation des jeunes musulmans en rupture, la «ghettoïsation» des quartiers… En fait, nous sommes en présence d’une bataille de fantasmes. Les jeunes musulmans d’aujourd’hui fantasment leur passé, se mettent dans une espèce de jeu de rôles, se branchent sur le prophète en imaginant lever la main comme il le faisait ou porter les mêmes vêtements que lui. En face, cela produit le rejet de l’autre. Ces fantasmes inversés se nourrissent l’un, l’autre. Pour en sortir, il nous faudrait revenir à un discours de savoir, à une histoire «réelle».
Bernadette Sauvaget
Des pèlerins prient à La Mecque, le 25 octobre 2012
Qui est le fondateur de l’islam ? Comment vivait-il dans l’Arabie occidentale du VIIe siècle ? L’historienne Jacqueline Chabbi rassemble les rares pièces du puzzle de l’édification de sa légende.
Mahomet, le prophète posthume
Au Mali, les guerriers jihadistes d’Al-Qaeda ont détruit mosquées et mausolées, symboles du soufisme. Pour imposer par la terreur leur vision de l’islam et de son fondateur. Cette lecture fondamentaliste s’impose de plus en plus. La figure de Mahomet, elle, alimente la controverse en faisant monter la tension entre l’Occident et le monde musulman. Depuis l’affaire des caricatures de Mahomet, publiées en septembre 2005 dans un journal danois, jusqu’au film l’Innocence des musulmans, diffusé cet automne sur Internet, les polémiques se succèdent. Pourtant, comme l’explique Jacqueline Chabbi, l’une des meilleures spécialistes françaises des origines de l’islam, cette «sacralisation» du prophète a une histoire, malheureusement trop méconnue.
Que sait-on historiquement de Mahomet ?
La figure de Mahomet n’est pas historique, comme les musulmans se l’imaginent. La réalité historique de cette figure s’est effacée depuis très longtemps, depuis le Moyen Age. En fait, la tradition musulmane va raconter Mahomet et créer, au début du IXe siècle, cette figure de prophète, soit deux siècles après sa mort. Pour avoir une idée de ce qu’il a pu être de son vivant, nous n’avons guère, comme document d’époque, que le Coran. Et encore, il fait des allusions très brèves à la vie personnelle de Mahomet. Nous savons qu’il était orphelin de père et qu’il n’a pas eu de fils qui lui survive. C’est à peu près tout. Nous ne connaissons pas la date de sa naissance, le nom de sa femme à La Mecque. Le Coran nous donne un troisième élément que l’on peut considérer comme historique, c’est le bannissement de Mahomet de La Mecque. Pour approcher la réalité, nous devons nous appuyer sur les connaissances historiques dont nous disposons sur la société dans laquelle il vivait.
Qu’est-ce que cela signifie d’être orphelin et un père sans fils ?
Etre orphelin de père est un handicap social important. Dans une société de tribus, cela veut dire que l’on n’a pas de père qui vous protège et vous défende. Le fait de ne pas avoir de fils survivant, c’est un drame ! Dans le monde tribal, ce qui compte, c’est de s’inscrire dans une lignée qui se perpétue. Mahomet ne laisse pas son nom, il va disparaître de la mémoire généalogique.
Est-il l’inventeur d’une religion ?
Ce Mahomet historique ne peut aller plus loin que les horizons de croyance de sa société. La grande illusion, c’est de penser que dans toutes les sociétés et les époques, on croit de la même façon. La manière de croire dans une société tribale de la péninsule arabique au temps de Mahomet n’a rien à voir avec la manière de croire d’une société complexe ultérieure. Ce que l’on sait du Mahomet vivant est toujours à mettre en relation avec la société dans laquelle il vivait. A La Mecque, cet homme, avec ses lourds handicaps sociaux et dont on peut penser qu’il traverse une crise personnelle, va recevoir une inspiration, ce qui n’est pas exceptionnel dans une société comme celle-là. Les devins, les poètes, les sorciers étaient censés aussi recevoir ce type d’inspiration.
Que veut Mahomet au départ ?
De statut affaibli dans sa société, il appartient aussi à un clan tribal en déclin. Son clan s’occupe du culte mecquois (païen) mais une partie des autres clans s’est lancée dans de petits voyages caravaniers. A La Mecque, il commençait à y avoir des distorsions économiques. Le clan de Mahomet était défavorisé par rapport à d’autres. La première parole coranique est une parole de réforme, un appel à la solidarité idéale des tribus. Comme le statut de Mahomet n’est pas reluisant au sein de sa tribu, on lui rit au nez. Mais il persiste dans son intention de réforme et rencontre alors la thématique biblique avec laquelle il va «bricoler», au sens ethnologique où l’entend Claude Lévi-Strauss.
Ces tribus étaient-elles polythéistes ?
Oui, pour la majeure partie d’entre elles, mais au sens d’une forme de paganisme. Chaque tribu avait un protecteur divin (ou une protectrice). On ne peut pas parler de religion mais plutôt d’alliance. L’alliance entre les hommes était symétrique de l’alliance avec le dieu. Le dieu partage le territoire de la tribu, la protège. Il est présent sur son territoire, enfermé et personnifié dans des pierres, les bétyles. De mon point de vue, le culte initial de la Kaaba était un culte des bétyles. Ces bétyles étaient transportables et les tribus, pendant les batailles, les emportaient pour être protégées. Dans la péninsule arabique, les tribus rendaient aussi un culte aux arbres sacrés.
Lorsque la parole de Mahomet est rejetée, que se passe-t-il ?
Il est persuadé que sa tribu court à la catastrophe et tente de la ramener dans le droit chemin. Il se passe alors quelque chose d’étonnant : Mahomet emprunte des éléments à la Bible, d’abord la thématique du jugement. En substance, il affirme : «Si vous n’agissez pas bien, vous serez jugé.» Ce jugement n’est pas individuel mais tribal. Si le chef de famille est puni, tout son clan périclite. La représentation de la punition n’est pas non plus l’enfer de flammes mais un nomadisme de faim et de soif dans un désert chauffé à blanc par le soleil ; ce qui, pour les hommes sédentaires des cités d’Arabie, était une phobie épouvantable.
Comment Mahomet a-t-il connaissance de ces éléments bibliques ?
A Médine, il y avait des tribus juives installées depuis très longtemps.
Mais Mahomet ne convainc pas plus…
En effet, il convaincra par l’action et non pas par la parole. Quant à la thématique de la récompense et de la punition largement présente en période mecquoise, elle n’appartenait pas à la mentalité de la société tribale de la péninsule arabique, sauf évidemment sur les marges du nord et de l’est, ou au Yémen où christianisme et judaïsme coexistaient avec le paganisme. Mais, à La Mecque, plus la tribu résiste, plus la parole coranique persiste à essayer de convaincre. L’inspiré y croit dur comme fer, il cherche des arguments.
Le Coran va aussi attribuer au dieu mecquois la faculté de création, alors que les autres dieux locaux ne la possèdent pas ; ce qui en fait donc des alliés inefficaces pour les tribus.
Mahomet calque, en outre, son propre itinéraire sur celui de figures bibliques que le Coran dit toutes prophétiques. De cette manière, il justifie le sien. A La Mecque, il s’assimile à Moïse qui, missionné par Dieu, affronte un tyran terrestre, le pharaon. Mahomet l’utilise comme une image de son propre destin. Mais le Coran mecquois est finalement une parole en échec. Mahomet est banni de La Mecque par un de ses oncles. Il se réfugie à Médine dans un clan auquel il est apparenté.
Mahomet a quand même créé un système religieux…
Non, il cherche des arguments pour convaincre sa tribu et enfoncer les dieux locaux. C’est un homme de tribu qui essaie de distinguer son dieu, des dieux païens. Mahomet ne s’adresse pas au monde. Il veut rallier sa tribu à son dieu.
A Médine, c’est le clash avec les tribus juives…
Oui, mais, pour lui, c’est complètement inattendu ! Durant, la période mecquoise, le peuple de Moïse, les «fils d’Israël» dans la terminologie du Coran, constituent une figure entièrement positive. Mais, à l’arrivée à Médine, c’est le grand malentendu. Avec ses histoires bibliques «coranisées», Mahomet est face aux rabbins. Cette manière coranique de raconter la Bible n’est pas acceptable pour eux.
Médine est une grande oasis où deux tribus arabes se disputent la suprématie. Vivent là aussi trois tribus juives où Mahomet s’imagine trouver des alliés. Il discute d’abord, essaie la conciliation, puis il passe à l’action. A La Mecque, face à sa tribu, il ne pouvait pas répondre par la force, il ne pouvait que parler. A Médine, il peut agir. Comme il a été banni de sa tribu, il peut aussi la combattre car il n’a plus d’obligation vis-à-vis d’elle.
Mahomet se lance dans les razzias, c’est-à-dire les attaques surprises qui sont la forme privilégiée du combat dans cette société. Mais dès qu’il le peut, il va essayer de rallier les siens, de les amener à parlementer. Et il va réussir. Sa tribu négociera deux ans avant sa mort.
Que se passe-t-il avec les tribus juives ?
C’est un conflit sans issue. Mahomet ne comprend pas pourquoi les juifs lui résistent : s’ils lui résistent, c’est qu’ils ont dévié et trahi la cause de leurs prophètes, de Moïse, d’Abraham…
Quand le Coran prend-t-il forme ?
Le Coran est un peu le journal de bord de l’itinéraire de Mahomet, de son combat contre sa propre tribu, puis contre ses adversaires à Médine. Historiquement, on considère qu’il est fixé à la fin du VIIe siècle, une cinquantaine d’années après sa mort, sous l’empire omeyyade à Damas. A mon avis, cela intervient pour une nécessité politique. L’empire omeyyade est à son apogée. Mais en face, il y a l’empire byzantin. Le sacré des Byzantins s’est, lui, concrétisé dans une écriture. Ils ont des livres.
Qu’arrive-t-il à la mort de Mahomet ?
Avant sa mort, Mahomet a réussi à confédérer les tribus de l’Arabie occidentale qu’il a ralliées à son dieu. Contre toute attente, cette alliance pourtant très récente survit à sa disparition.
Tout réussit aux tribus arabes et elles commencent à sortir d’Arabie. Ce n’est pas une conquête religieuse mais une conquête de razzias. Sous le califat d’Omar (à peine cinq ans après la mort de Mahomet), c’est une expansion ininterrompue vers l’Iran, la Syrie-Palestine, l’Egypte. Cela ne va plus s’arrêter ! Plus tard, la question va se poser de savoir comment gérer ces conquêtes et cela donne une guerre entre les familles mecquoises. Les Omeyyades, un clan mecquois puissant, en sortent vainqueurs et installent le califat à Damas. Dans les pays conquis, ils laissent leur religion aux habitants qu’ils soient chrétiens, juifs ou zoroastriens. La seule chose qui a été exigée, c’est le ralliement des tribus d’Arabie. Durant le siècle omeyyade pour devenir musulman, il fallait s’affilier à une tribu ; c’était une affiliation sociale.
Quand l’islam devient-il cosmopolite ?
En 750, les Abbassides arrivent au pouvoir. Un changement de mentalité va alors s’opérer. Ils s’appuient sur l’orient de leur empire, l’Iran et l’Irak, et vont mettre fin au système tribal. Tout bascule à partir du IXe siècle. L’islam devient cosmopolite. Chaque citoyen de l’empire peut devenir musulman. Les populations vont s’engouffrer dans cette possibilité. Avec les convertis, un autre islam va s’inventer. Sous les Abbassides, il va y avoir une première théologie musulmane pensée par de grands intellectuels, nourris de philosophie grecque.
Ils vont placer Mahomet dans une lignée prophétique, théoriser sa «prophétologie». Mais ils ne s’intéressent pas à la vie pratique de Mahomet. Ils ont une vision abstraite de la prophétie.
Quand la figure de Mahomet émerge-t-elle et dans quel but ?
Au milieu du IXe siècle, également. Parmi les convertis, dans les villes, la masse de la population veut un modèle pratique. La tradition prophétique s’invente à ce moment-là, à travers ce qu’on appelle les hadiths, c’est-à-dire les paroles et les actes prêtés au prophète sur lesquels on veut calquer sa conduite. Mais c’est une figure complètement reconstruite, à partir d’éléments tirés, notamment de l’historiographie de la sîra, la vie du prophète, voulue par les Abbassides qui appartenaient au clan tribal du prophète, les Hachémites, et qui en tiraient leur gloire dynastique. Jusqu’au milieu du IXe siècle, le pouvoir des Abbassides s’appuie sur les théologiens de l’élite. Dans un premier temps, ils combattent ceux qui veulent un islam pratique, notamment un idéologue issu des classes moyennes, Ibn Hanbal, qui, à Bagdad, commence à réunir ce qu’il considère comme les paroles véridiques de Mahomet. Au milieu du IXe siècle, le califat abbasside va finalement abandonner les théologiens pour adhérer aux thèses littéralistes d’Ibn Hanbal.
Le wahhabisme, l’une des matrices du fondamentalisme musulman actuel qui apparaît au XVIIIe siècle en Arabie, et le salafisme se rattachent-ils à ce mouvement littéraliste ?
Le wahhabisme s’y rattache à travers un maillon essentiel, un idéologue du XIIIe siècle, Ibn Taymiyya, qui luttait au nom d’une lecture littéraliste contre les théologiens et les mystiques de son époque. Mais le salafisme a également d’autres racines. C’est très complexe. Il naît aussi, par exemple, en Afrique du Nord, pour lutter contre la colonisation. Le salafisme, c’est le retour à un passé rêvé, à une communauté musulmane qui, dans les faits, n’a jamais existé, à un califat des premiers temps… C’est une vision rêvée d’un passé pour combattre les traumatismes du présent et les difficultés de la modernité.
Dans ces mouvements, la figure du prophète est-elle sacralisée, intouchable ?
Dès le Moyen Age, la figure mythique du prophète a connu plusieurs reconstructions, plusieurs types de figures sacralisées. Il y a aussi un refus de la représentation de la figure de Mahomet. Dans les manuscrits médiévaux, on met un voile blanc sur sa figure.
Pourquoi la figure de Mahomet cristallise-t-elle les polémiques entre l’Occident et le monde musulman ?
Mahomet est la figure du fondateur, en même temps qu’une figure prophétique. Il a réussi politiquement. Les musulmans d’aujourd’hui cultivent la nostalgie d’une époque où tout semblait leur réussir, même si les choses sont plus compliquées dans la réalité. Dans le monde contemporain, le problème des caricatures de Mahomet repose sur la confusion entre l’image et l’être humain. En Occident, ce qui est répréhensible, c’est de toucher à un homme. Dans la mentalité réislamisée actuelle, on met sur le même plan l’image et l’homme, l’objet mental et l’être vivant. C’est cette confusion terrible qui crée la thématique du blasphème.
Le christianisme a opéré une révolution intellectuelle dès le XIXe siècle. Il a repensé ses origines à la lumière de la recherche historique et archéologique. Pourquoi l’islam n’y est-il pas parvenu ?
Le christianisme est inclus dans une société où vivent des non-chrétiens, des athées. En Occident, avec Voltaire, nous avons eu cette possibilité de penser autrement. Cette ouverture n’a pas eu lieu dans les pays musulmans. Et ce n’est pas demain la veille ! Etre athée, c’est y être accusé d’apostasie et y être condamné à mort. De plus, l’islam, s’il interrogeait ses origines, le ferait au mieux à partir d’une reconstruction du IXe siècle. Le seul fait dont disposent les musulmans, c’est la reconstruction de la sîra et des hadiths médiévaux. Ils ne parviennent pas à retrouver la couche première qui est la couche de la société tribale. Un historien pose une question et obtient une réponse s’il a des éléments. Mais la question peut demeurer ouverte. Un croyant, lui, veut une réponse à tout prix.
Mais dans les pays arabo-musulmans, les signaux sont plutôt alarmants. Comment expliquez-vous cette montée du fondamentalisme religieux ?
Ce sont surtout les échecs de la décolonisation et du nationalisme arabe. L’Egypte des années 20 était beaucoup plus moderniste que celle d’aujourd’hui. Les femmes cherchaient à s’y libérer.
Pourquoi les mouvements salafistes, comme au Mali, s’en prennent-ils aux symboles du soufisme ?
Ce qui se passe s’inscrit dans une longue histoire. Le soufisme (la mystique musulmane) émerge aux IXe et Xe siècles. C’est le mouvement idéologique le plus tardif en islam. Ce mysticisme musulman s’est développé notamment sur des bases chrétiennes ; des prosateurs musulmans du IXe siècle vantent les mystiques chrétiens et leurs croyances. Au Xe siècle, le soufisme a commencé à se développer ; les soufis se mettaient en dehors de la société, à la manière des ermites chrétiens. Cela était très mal vu par l’islam de la tradition prophétique. Dès le début, les soufis ont été combattus par le courant hanbalite (issu d’Ibn Hanbal) qui considérait leurs pratiques contraires à celles de la société. Par exemple, ils ne nourrissaient pas leur famille mais mendiaient. Cette aversion contre le soufisme est très enracinés. Les salafistes reprennent ces idées, notamment celles d’Ibn Taymiyya, le penseur du XIIIe siècle.
Comment qualifier les relations entre islam et judaïsme ? Y a-t-il une judéophobie et un antisémitisme musulmans ?
Durant la période médinoise, du point de vue de Mahomet, c’est une alliance déçue. Mais elle était impossible ! La coranisation des éléments bibliques ne pouvait absolument pas être acceptée par les juifs médinois. Dans le Coran, il y a des passages d’une très grande violence : le plus terrible est situé après l’attaque réussie contre la tribu juive de Médine, la plus puissante, qui avait été accusée de trahison tribale. C’est un cri de triomphe et ce n’est pas généralisable.
Dans la sourate XXXIII du Coran, la coexistence, mudjâwara, en un même lieu est dite impossible. Puis suit la pire menace qui signale le point de rupture et le niveau de l’exaspération du conflit : «Où qu’ils [les juifs] se terrent, ils seront tués jusqu’au dernier.» Est-ce de la judéophobie ? Je ne crois pas que l’on puisse dire cela de cette manière. A Médine, c’était un conflit existentiel et politique. Soit Mahomet avait raison et les juifs avaient tort. Ou Mahomet avait tort et les juifs avaient raison. Du point de vue des musulmans, les juifs et les chrétiens se sont trompés. Ils devraient être musulmans ! Pour eux, Abraham est musulman et les juifs ont trahi Abraham et leurs prophètes. Après les conquêtes arabes, parmi les populations des pays conquis, les juifs vont jouer un rôle important auprès des califes. A part quelques épisodes, il n’y a pas, à proprement parler, de judéophobie dans le monde musulman aux périodes classiques. Lorsqu’ils sont expulsés d’Espagne au XVe siècle, les juifs s’installent dans l’empire ottoman ou en Afrique du Nord. Le vrai basculement va s’opérer, au XXe siècle, à la création d’Israël. Pour les musulmans, c’est le sionisme et non le judaïsme qui pose problème et c’est un problème politique contemporain.
Malheureusement, on mélange souvent les deux, faute de connaître l’histoire «historique».
Pourquoi cette peur de l’islam s’est-elle installée dans les sociétés occidentales ?
Déjà, il y a une méconnaissance totale puisque l’histoire «historique» n’a pas droit de cité. De façon générale, plusieurs éléments s’additionnent : l’héritage de la colonisation, l’émigration, les mouvements radicaux musulmans actuels, la réislamisation des jeunes musulmans en rupture, la «ghettoïsation» des quartiers… En fait, nous sommes en présence d’une bataille de fantasmes. Les jeunes musulmans d’aujourd’hui fantasment leur passé, se mettent dans une espèce de jeu de rôles, se branchent sur le prophète en imaginant lever la main comme il le faisait ou porter les mêmes vêtements que lui. En face, cela produit le rejet de l’autre. Ces fantasmes inversés se nourrissent l’un, l’autre. Pour en sortir, il nous faudrait revenir à un discours de savoir, à une histoire «réelle».
Bernadette Sauvaget
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Psaumes 33:13 Du haut des cieux YHWH regarde, il voit tous les enfants des hommes ; 14 du lieu de sa demeure, il observe tous les habitants de la terre, 15 lui qui forme leur coeur à tous, qui est attentif à toutes leurs actions.
Ne devez rien à personne, sinon de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime son semblable a accompli [la] loi. Romains 13:8
Re: Mahomet, un éclairage historique
L'islam est la tromperie la plus réussie de l'histoire de l'humanité (Amil Imani)
Amil Imani est un Américain d'origine iranienne. Ancien musulman, il tente d'alerter le monde au danger de l'islam radical et de libérer ses coreligionnaires de l'emprise de l'islam.
(Amil Imani) Dans le primitif désert d’Arabie, est apparu il y a quatorze siècles, un employé illettré d’une riche veuve, Khadija, prétendant être porteur de préceptes de vie parfaits dictés par Allah : le coran.
Il proclama que l’humanité n’avait rien de mieux à faire que de suivre ces préceptes et d’imiter son comportement dans la vie pour garantir son bonheur et son salut. En contrepartie, les gens devaient adopter l’islam – se soumettre - en inféodant leur liberté à Mahomet.
L’islam est la tromperie ayant rencontré le succès le plus énorme de l’histoire de l’humanité. Des millions de mollahs et d’imams entretiennent cette arnaque et un milliard et demi de croyants en paient le prix. Ils paient en argent, en labeur et même de leur vie pour les reconnaissances de dette des organisations musulmanes qui se faufilent dans la vie sans jamais la moindre goutte de sueur pour gagner leur pain quotidien. L’islam est une arnaque et les musulmans en sont les victimes.
Mahomet, pendant sa période mecquoise, était ridiculisé par les membres de sa propre tribu, les Quraychites, pour ses propos incohérents. Ils le surnommaient le «shaeron majnoon», le poète cinglé.
Le décès de sa première épouse, et très riche patronne, laissa Mahomet dans une situation précaire et à la merci des quolibets et du harcèlement des Mecquois. Il a pris la fuite vers Médine, et dans la sécurité relative de cette ville où vivait une large communauté juive tolérante, il trouva davantage de gens disposés à rejoindre sa clique.
Arrivé à Médine, Mahomet imagina une formule à succès plus performante : il justifia tout en prétendant que c’était la volonté d’Allah. Et Allah ne devait pas être pris à la légère. Il détient les clés du plus magnifique paradis et du plus horrible enfer. L’obéissance aveugle aux paroles et aux désirs de Mahomet devint un devoir pour tout bon musulman. Mahomet se transforma en gardien du paradis et de l’enfer d’Allah. Cette formule magique a très bien marché avec les Bédouins d’Arabie qui prospéraient grâce aux pillages et aux meurtres. Sa religion se répandit comme une pandémie, en un temps record.
Alors que Mahomet rassemblait de plus en plus d’adeptes, il se retourna contre la communauté juive de Médine, tua les hommes, pilla leurs biens et emmena leurs femmes et leurs enfants comme esclaves. C’était la naissance du «djihad». Etre tout mielleux et cacher son jeu au début, puis dégainer le glaive dès que l’on a gagné en puissance. Cela marchait à l’époque et cela marche encore.
En un temps record, ces sauvages du désert arabique, émoustillés par la promesse gagnant-gagnant de Mahomet – soit tu assassines et tu as le butin dans ce bas-monde, soit tu es tué et tu demeures pour l’éternité dans les jouissances et les voluptés inimaginables du paradis d’Allah – se ruèrent, sabre au clair, en avant vers la conquête des terres lointaines.
Contrôle mental
Les êtres humains se déplacent sur leurs deux pieds, mais c’est l’esprit qui dicte la direction à prendre dans la vie et ce qu’il convient de faire. Là où l’esprit ordonne d’aller, là on va. Cependant, l’esprit humain n’arrive pas dans ce monde avec la marche à suivre. Contrairement à certaines opinions, nous sommes nés ni anges ni démons. Chacun de nous a le potentiel de devenir ange ou démon. La plupart évoluent vers un mélange des deux, quelques rares spécimens évoluent vers une voie angélique, d’autres deviennent l’incarnation du Mal. La programmation mentale joue un rôle crucial dans ce que nous devenons.
L’islam, dès son origine, a découvert le secret crucial de formater les très jeunes esprits, selon l’adage : instruire dans la petite enfance c’est comme sculpter dans le roc. Dans la même veine, les Jésuites disent «Donnez-moi un enfant jusqu’à ses sept ans et je vous rendrai un homme», c’est une application de la philosophie et de la théologie de Saint Augustin. L’importance immense de s’adresser à des enfants très jeunes est également soulignée par des doctrines non-religieuses, allant de la psychanalyse freudienne à la psychologie behavioriste de Watson.
Les apologistes de l’islam
Et nous voilà, au 21ème siècle, face aux assauts des islamistes, des djihadistes et des apologistes de l’islam dans notre culture et notre mode de vie. Voici les fruits nocifs de l’arbre fallacieux planté par Mahomet il y a 1400 ans.
Les docteurs autoproclamés de la religion musulmane pratiquent universellement un enrobage mielleux pour camoufler la vaste escroquerie de l’islam.
Ils affirment haut et fort l’importance d’accepter les choses sans discuter, dénigrent la raison, alternent la carotte et le bâton et exigent une soumission inconditionnelle en contrepartie de la promesse du bonheur et du salut. Les masses marchent au pas, entretiennent un clergé parasitaire au mode de vie somptueux, et le manège continue à tourner. Cela fonctionne comme un envoûtement. Tu utilises le djihad de l’épée si tu peux, ou sinon le djihad soft puis tu dégaines le sabre pour terminer le boulot. Et surtout, n’oublie pas : «La fin justifie les moyens», prêchent sans cesse les apologistes de l’islam à leurs hordes.
Les apologistes de l’islam n’exposent jamais la vérité nue de l’islam.
Ils ne mentionnent jamais cet islam qui se nourrit de haine, jette de l’acide au visage des femmes qui ont omis leur voile et aux fillettes sur le chemin de l’école, fouette ceux qui arborent des coiffures non-islamiques, lapide à mort ceux qui dévient de ses normes sexuelles et toutes ces sortes d’atrocités comme les crimes d’honneur. Ils ne disent jamais non plus que la pédophilie est institutionnalisée par l’islam.
Le prophète Mahomet a «épousé» une fillette de six ans et a consommé ce mariage quand Aicha avait seulement neuf ans, alors qu’il allait sur ses 60 ans. Quand les apologistes sont confrontés au sujet de ce comportement répugnant du fondateur de leur si « parfaite religion », certains exercent le mécanisme de défense du déni et prétendent que cela ne s’est jamais passé, reniant leurs propres sources historiques les plus fiables. D’autres prétendent que ce n’était pas vraiment un mariage mais une alliance seulement politique, une action de l’émissaire parfait d’Allah. Et depuis lors, des cas innombrables d’enfants violées ont lieu dans le monde musulman, copiant l’exemple de Mahomet. Des fillettes prépubères sont mariées à des vieillards. Il y a peu de temps, le Dr Salih bin Fawzan, un religieux éminent et membre du plus haut Conseil religieux saoudien, a émis une fatwa proclamant qu’il n’y a pas d’âge minimum pour le mariage et que les fillettes peuvent être mariées «même lorsqu’elles sont encore au berceau».
Pour aggraver le tout, l’islam a des alliés puissants et inconscients dans la masse des braves mais naïfs Américains qui se mettent en quatre pour protéger leur cher principe de liberté de religion. Et toute cette frange bien-pensante de notre société incite Hillary Clinton, par exemple, à accorder un visa à des types comme Tariq Ramadan, qui viennent chez nous pour exploiter le filon d’un système généreux et ouvert afin d’y établir la servitude musulmane.
L’islam politique
L’islam est politique jusqu’au noyau. Dans l’islam la mosquée et l’Etat ne sont qu’une seule et même chose, la mosquée est l’Etat et cela remonte au temps de Mahomet. L’islam est également radical à l’extrême. Même l’islam «modéré» est radical dans ses croyances et dans ses actes. Les musulmans sont convaincus que tous les non-musulmans, absolument tous, sont condamnés aux feux de l’enfer et méritent d’être maltraités, comparés aux croyants.
Un vrai musulman ne croit pas à la liberté et il ne le peut pas. Tout est volonté d’Allah, répète Mahomet. Tout ce que fait un musulman est en référence à un ordre ou à un décret d’Allah. C’est pour cette raison que la phrase «Inch Allah» (si Allah veut) accompagne toujours une promesse ou une décision que font les croyants. En acceptant Mahomet en tant qu’émissaire éternel et infaillible d’Allah, le musulman abandonne toute liberté de décider par lui-même.
Les musulmans et la liberté
L’abdication totale de leur liberté n’est pas une simple question de choix personnel pour les musulmans. Ils renoncent à leurs plus précieux droits et s’efforcent que les autres y renoncent aussi, de gré ou de force. On dit que la misère adore avoir de la compagnie. Or ce genre de misère que l’escroquerie de l’islam impose aux musulmans est une peste envahissante et doit être combattue par tous ceux qui chérissent leur liberté innée.
Malgré la propagande massive des organisations islamiques, de plus en plus de gens commencent à reconnaître l’islam pour ce qu’il est en réalité : une tromperie.
Je propose à tous les musulmans culturels ou n’importe quelle autre sorte de musulman non-djihadiste, d’accomplir avec courage ce qui est juste, et de faire le saut décisif : inhalez la vie à pleins poumons, respirez le délicat parfum de la liberté, oubliez cette tromperie de l’islam, et venez rejoindre les rangs des hommes libres, là où tous les membres de la tribu humaine peuvent vivre en paix et dans l’harmonie.
Source : The Fraud of Islam, par Amil Imani, 24 novembre 2011. Traduction par Capucine pour Poste de veille
Lire aussi :
Amil Imani : L'islam n'est pas une religion mais une forme d'esclavage
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Psaumes 33:13 Du haut des cieux YHWH regarde, il voit tous les enfants des hommes ; 14 du lieu de sa demeure, il observe tous les habitants de la terre, 15 lui qui forme leur coeur à tous, qui est attentif à toutes leurs actions.
Ne devez rien à personne, sinon de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime son semblable a accompli [la] loi. Romains 13:8
Re: Mahomet, un éclairage historique
Torah et Coran
par le Rabbin André Chalom ZAOUI
Revue d'études et de libres débats publiée sous les auspices de l'Alliance Israélite Universelle
Dans le Coran, Mahomet parle souvent des juifs et des chrétiens de son temps et de son pays. Beaucoup de ceux-là étaient des prosélytes, anciens idolâtres qui avaient définitivement choisi leur voie religieuse dans le judaïsme, notamment les Himyarites d'avant la période islamique, comme Samuel ben Adiya, roi de Taymâ et, au VIe siècle, le roi Yusuf Dhu Nuwas qui s'était aussi converti au judaïsme, avec beaucoup d'autres éléments des populations sud-arabiques. D'autres Himyarites, qui n'avaient pas craint l'influence abyssine sur leur culture, avaient choisi le christianisme. Les premières communautés juives. sud-arabiques remontent à l'an 25 av. J.-C. quand le roi Hérode avait expédié une brigade juive au Sud-Yémen. Par la suite, le déclin de la culture himyarite commença avec le déclin de l'Empire romain et avec le succès du christianisme.
La question se pose de savoir quelles avaient été les sources bibliques et néo-testamentaires du Prophète.
Certains auteurs ont prétendu que Mahomet était un ancien évêque converti, d'où ses connaissances des traditions bibliques et ses confusions volontaires ou involontaire... Rien de moins certain que pareille assertion.
Toutefois, de deux choses l'une : ou bien les faits rapportés à Mahomet, à La Mecque ou à Médine, le rédacteur trouve bon de les mentionner dans le Coran, par souci d'attirer les chrétiens et de les convertir à l'islam, ou bien la Révélation est entière, et ces faits anciens ont été "racontés" et révélés au Prophète par Allah.
Mais alors surgit la difficulté théologique suivante : si c'est le Dieu Unique qui s'est révélé, pourquoi aurait-il changé son propre message donné auparavant aux chrétiens, et avant eux, aux Fils d'Israël, au moins en ce qui concerne certains détails importants, comme par exemple, celui que précise le v. 48 de la troisième Sourate selon lequel c'est Dieu qui fit mourir Jésus et non les Romains ni les juifs.
D'autre part, dans plusieurs chapitres du Coran, relatifs à Israël, le Prophète reprend à son compte les paroles bibliques pour admonester le peuple qui ne peut se "racheter de ses péchés" que par la conversion à l'Islam, tout comme saint Paul et les Apôtres avaient proposé à Israël, pour le "racheter de ses péchés", la foi en le Messie sauveur, la foi en sa mort et sa résurrection. Ce même procédé, six siècles avant Mahomet, consistait à dire aux juifs que seule la foi dans la nouvelle Révélation et les nouveaux Apôtres et Envoyés de Dieu, pouvait les sauver. On se souvient cependant qu'avec des admonestations et des reproches souvent plus sévères, les Prophètes bibliques avaient invité Israël au retour, à la Loi de Moïse et au Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. Les Prophètes savaient bien, en effet, que "Dieu n'est pas un homme pour mentir" (Nombres 23, 9).
Qu'en est-il alors des données mêmes de la Révélation du Prophète ?
Un mot tout d'abord sur le style coranique. Il est souvent poétique, notamment quand il s'agit d'une réminiscence biblique expresse. Dans ce cas, le texte semble alors couler de source. Ce fait pourrait confirmer la thèse des rédacteurs du Coran, juifs ou chrétiens convertis à l'islam, qui connaissaient bien la Bible et le Nouveau Testament et, dans une certaine mesure aussi, les développements talmudiques et patristiques.
Selon le Coran, les livres révélés des juifs, des chrétiens et des musulmans ont la même valeur. Aussi, Mahomet est-il étonné de n'être suivi ni par les juifs ni par les chrétiens qui devraient accepter le Coran, comme il "accepte" lui, le Nouveau et l'Ancien Testaments. En vérité, on ne voit nulle mosquée ou la Bible soit unie dans un même livre, avec le Coran, comme les chrétiens l'ont fait pour l'Ancien et le Nouveau Testaments. Certes, Mahomet accepte les données de la Révélation de l'Ancien Testament, mais il ne se sent pas engagé par certains commandements fondamentaux, comme celui du sabbat que les juifs auraient "inventé". Mahomet cite bien les profanateurs du sabbat, mais il fait du vendredi, le jour de l'assemblée Yaum el Djamâ et non un jour complet de repos, comme c'est le cas, dans la Torah, pour le sabbat. Le Prophète dit bien (S.3,2) que la Loi et l'Evangile sont des guides pour les hommes. Pris en bloc, l'Ancien et le Nouveau Testaments sont reconnus comme livres inspirés. Toutefois, ils n'engagent pas le musulman : à l'instar des bouddhistes qui reconnaissent dans les livres sacrés des juifs, des chrétiens et des musulmans, des livres inspirés, sans qu'ils soient engagés par tout ce qui y est écrit et ordonné.
Selon certains historiens, le Coran aurait donc été écrit et prêché par quelques juifs et chrétiens convertis qui auraient été les "saint Paul" de l'islam. On comprendrait, dès lors, le souci permanent du texte coranique d'affermir les relations judéo-islamo-chrétiennes. Les auteurs présumés voulaient, sans nul doute, attirer plus aisément les juifs et les chrétiens à la nouvelle doctrine. Que ces auteurs présumés fussent les auteurs réels ou non, il reste que l'islam n'a pas pris l'importance escomptée par le Prophète, dans les milieux juif et chrétien de son temps. Et cela était naturel, tout comme, six siècles auparavant, le christianisme n'avait pas pris d'importance essentielle dans l'ensemble du peuple juif.
Pour mieux comprendre la situation, Imaginons l'hypothèse suivante : dans le cas où un prophète se serait déclaré, plusieurs siècles après Mahomet, et aurait fondé une nouvelle religion, en produisant un texte révélé inspiré de la Bible et du Coran, ce nouveau prophète aurait-il trouvé audience chez les musulmans qu'il aurait appelés à la convention ? En vérité, les sectes druze, ismaélite et béhaïste sont bien des hérésies de l'Islam, mais elles n'ont fait que très peu d'adeptes chez les peuples musulmans, bien qu'elles aient eu leurs visionnaires et leurs prophètes !
Rappelons cependant que les théologiens juifs, Maïmonide et Juda Hallévi, au XIIe siècle ont reconnu que le christianisme et l'islam, issus du judaïsme, étaient des religions nécessaires à la rédemption de l'humanité, puisqu'elles avaient converti de nombreux peuples de Gentils au monothéisme biblique et à la morale prophétique.
Par ailleurs, c'est un fait que, malgré le caractère universel des trois révélations juive, chrétienne et musulmane, chacune garde son particularisme. Il faut même se féliciter de voir quelques intellectuels et chefs spirituels des trois religions révélées, siéger ensemble dans les grandes capitales du monde, pour examiner fraternellement les points communs et les différences de leurs doctrines. Il est vrai que le droit à la différence est prévu dans le Coran (cf. S.3, 57). Ce droit indique le bien-fondé du pluralisme religieux qui correspond au pluralisme des caractères des hommes et des sociétés. Ce n'est pas Dieu qui est divisé en plusieurs divinités : c'est la nature des choses qui fait que les hommes sont différents les uns des autres et que chacun, tout comme chaque société, est animé, en principe, de la même essence spirituelle universelle, l'adapte et la présente, d'une manière particulière, selon son génie propre.
Il est certain que Mahomet sut apprécier l'importance du judaïsme. Il s'inspira beaucoup de son enseignement. Il puisa directement ou indirectement dans la Bible, les Apocryphes, le Talmud et les Midrashim, tout comme il s'inspira des récits évangéliques et de la tradition chrétienne.
Que peut-on dire alors des contradictions entre le texte biblique et les relations coraniques ? Elles sont résolues selon A. Katsch, dans l'abondant apport midrashique contenu dans le Coran. Toutefois, la connaissance directe ou indirecte des traditions juive et chrétienne n'empêche en rien l'originalité du texte coranique, sa richesse littéraire et sa forme poétique. Il s'ensuit qu'indépendamment de l'inspiration des sources judéo-chrétiennes, la richesse de la langue et la qualité littéraire du Coran lui assurent son originalité particulière et séduisante.
Ici, à tous les croyants se pose la question de l'authenticité du texte révélé.
Et tout d'abord, quelle est en fait la cause du confit entre le judéo-christianisme et l'islam ? Admettons un instant, comme le Coran, que les juifs et les chrétiens aient "falsifié" les Ecritures (S.7, 162). On s'attendrait à des preuves fournies par des manuscrits anciens ou des découvertes archéologiques qui viendraient justifier la thèse coranique. Or, six siècles séparent la naissance du christianisme de celle de l'islam et près de vingt-cinq siècles, la naissance d'Abraham de celle de Mahomet. Ces temps rendent plus difficiles les témoignages littéraires d'inspiration monothéiste. Cependant, on a découvert dans le nord et le centre du Hedjaz (en 1952) des milliers de graffiti - noms de divinités et d'hommes himyarites, et aussi près de trois mille inscriptions Thamoud (ce nom se trouve déjà dans le Talmud, Yeb. 17a) mais dans aucune d'entre elles, il n'est question ni de monothéisme arabe anté-islamique ni d'Abraham ni d'Ismaël. On ne peut oublier que Mahomet est né à La Mecque dans la tribu païenne des Qoreïshites.
Si même, comme l'atteste seule, la tradition musulmane Abraham était venu avec Ismaël, bâtir le Temple de la Ka'ba, vingt-cinq siècles avant le Prophète, le texte de la Genèse aurait mentionné le fait, et surtout, les tribus sud-arabiques auraient conservé plus ou moins cette tradition, dans des documents écrits, sur parchemin, papyrus, os, pierres ou tablettes de bois. Or, ni à l'époque du Prophète, ni après lui et jusqu'à nous, pareils témoignages n'ont été confirmés ni par l'archéologie ni par la paléographie.
Pour ce qui est de la pensée objective du Coran, elle relate que la révélation est divine et parfaite.
Elle ne peut changer fondamentalement car Dieu est immuable et parfait, mais elle est perpétuellement interprétée par les hommes au cours des âges. La vérité révélée est une. Le Verbe divin est, comme on l'a vu, immodifiable : S.18, 26 et S.2, 80. Il faut rappeler cependant qu'aucun des Prophètes d'Israël après Moïse ne s'est déclaré, à la manière de Mahomet, détenteur d'une révélation nouvelle et en même temps, le dernier prophète ou le "sceau" de la Prophétie. Au contraire, les prophètes bibliques se reportent toujours à la doctrine mosaïque de la Torah qu'ils citent et n'entendent changer, en aucune manière. Par ailleurs, le judéo-christianisme du premier siècle, avait compris cette philosophie religieuse. Il se trouve que les fondateurs du christianisme étaient juifs. C'est parce que la doctrine paulinienne a changé, en partie, l'esprit et la lettre de la Torah, qu'elle n'a pas eu de prise dans le peuple juif. Le christianisme s'est alors répandu essentiellement dans la Gentilité de l'Empire romain. De même, Mahomet n'a pu avoir de succès que chez ses congénères, les Arabes païens, bien qu'il se réclamât constamment de la Torah et de l'Evangile, de Moïse, de Jésus et des prophètes.
On peut constater, avec la fin de la sourate 9, que les rédacteurs du Coran connaissaient bien la Bible et l'Evangile auxquels ils se réfèrent expressément ou indirectement, en reproduisant certains récits et toute leur substance morale et religieuse. Il n'est donc pas exagéré de dire que le Coran reprend à son compte, pour une large part, l'essentiel du message biblique quant à la crainte et d'amour de Dieu, la solidarité des Croyants, la justice et la vérité, l'aumône, la prière et l'humilité.
Ainsi, l'importance de la Bible et de ses récits est indiscutable, dans le fait que les rédacteurs du Coran y ont puisé - avec le monothéisme d'Abraham et de Moïse les histoires les plus édifiantes et les plus empreintes de spiritualité.
Cependant, nous pouvons constater, dans les différentes sourates, qu'il n'est pas aisé d'accorder la révélation coranique avec l'exérèse et la critique historique. En effet, le procédé littéraire du Coran consiste souvent à étayer le texte biblique avec beaucoup de contes et légendes qui lurent élaborés plus tard, de sorte que dans la Prédication du Prophète, la valeur de ces contes équivaut à celle du texte biblique lui-même.
C'est pourquoi, selon certains auteurs, la révélation faite au Prophète se présente davantage comme un syncrétisme où sont mêlées les révélations précédentes et celle fait au "dernier prophète". Ce procédé employé dans certains récits bibliques reproduits dans le Coran (Abraham, Loth, Joseph) prouve que :
1. La révélation coranique, en ce qui concerne les récits et la théologie a puisé sa source dans la révélation biblique ;
2. Elle tient davantage de la compilation des textes écrits anciens, des commentaires et du folklore ;
3. Elle met en doute l'authenticité de la révélation qu'elle propose ou qu'elle rapporte. Or, le texte coranique définitif n'a été écrit qu'aux VIIe et VIIIe siècles de notre ère, tandis que le texte biblique, confirmé d'ailleurs Par le Nouveau Testament, est plus ancien d'au moins dix siècles. Ces remarques posent le problème de l'historicité des chapitres du Coran se rapportant aux personnages bibliques, quand ils diffèrent notamment du texte biblique, et de l'authenticité de la révélation coranique.
De deux choses l'une : ou bien l'histoire n'a rien à voir avec la Révélation : un fait est ou a été, ou bien il n'est pas, ou il n'a pas été. Ou bien, la Révélation est divine de par son essence et tout ce qui s'y rapporte est l'expression de la vérité, même si elle contredit la vérité historique. Dès lors, une des deux révélations - biblique et coranique - est fausse. Or, ces deux révélations se posent - chacune à sa manière - comme étant de caractère divin. Les rédacteurs du Coran qui ont vu la difficulté, se sont empressés d'accuser les scribes juifs qui recopiaient la Torah, d'avoir "falsifié" le texte révélé (S.7 162). Cette accusation n'est fondée que sur les affirmations du Prophète, attendu que pour une grande partie des lois et des récits, le Coran s'appuie sur la Loi de Moïse qui est de loin son aînée et "qui est un guide et une lumière pour les hommes". Or, comme on l'a vu, à l'époque de Mahomet et de ses disciples, on ne disposait d'aucune source écrite ni de témoignage d'aucune sorte, relatifs aux fait qui s'étaient passés près de deux mille ans avant le Prophète et en dehors de la péninsule arabique. On sait également que les seules sources d'information du Prophète étaient les histoires bibliques en cours dans les communautés juives et les églises chrétiennes du Hedjaz et du Yémen, l'ancien Himyar qui était le carrefour des marchands venus de Perse à l'Est, de Syrie et Palestine au Nord et d'Abyssinie, à l'Ouest.
À ce propos, il faut préciser que les rabbis du Midrash n'ont jamais prétendu refaire l'histoire, à partir de leurs contes et légendes brodés autour du texte biblique. Ils leur avaient encore moins donné un caractère dogmatique, car ils savaient distinguer entre le texte révélé lui-même et leurs propres paraboles, apologues et fables. Au contraire, en les faisant siens, le Coran jette la confusion dans l'esprit des fidèles. Ceux-ci, poussés par l'ardeur de leur foi religieuse, affirment l'historicité et l'authenticité de toute la prédication coranique, même s'il leur faut nier la valeur de tels récits bibliques anciens rapportés par les Juifs et les chrétiens. Mais comme il s'agissait de sauvegarder le caractère divin de la Révélation biblique, sans laquelle le Coron ne serait pas, il n'y avait qu'un pas à franchir pour s'en sortir : accuser les juifs d'avoir falsifié certains textes. Ce procédé consiste à nier la réalité et les données historiques. Cette méthode est grave et les conséquences fort éloignées de la vérité qui est cependant un des attributs d'Allah (S.22, 6) le Dieu Unique (cf. 5.46, 9-11). La discussion avait eu lieu déjà à l'époque du Prophète. Ce dernier texte cite "l'objection des incrédules : "Si ce Livre était véritable, les israélites ne l'auraient pas reçu avant nous. Ils ont fermé les yeux à la lumière et ils disent : c'est une fable de l'Antiquité". Cela explique que les incrédules de La Mecque se posaient déjà le problème de valeur du message coranique tout autant que la majorité des juifs et des chrétiens du pays. C'est pourquoi ces derniers n'entendaient pas se convertir à la prédication du Prophète qui répétait les principes théologiques et normaux de la Révélation biblique, adaptée en arabe, à l'intention des tribus païennes d'Arabie, cf. S.20, 97 : ..."nous l'avons fait descendre sous forme d'une révélation en langue arabe".
Certes, on dira que tout ce qu'Allah a révélé à Son Prophète exprime, par démolition, la vérité absolue et supplée la carence de connaissances historiques de rédacteurs des Coran. Devant cette affirmation dogmatique, la discussion est impossible. Néanmoins, si les choses étaient ainsi, tout ce qui est contenu dans de Coran serait parfait et exprimerait la vérité éternelle. Or, on sait que ce n'est pas toujours le cas. On le voit, par exemple, pour les relations des récits ct lois bibliques rapportés souvent avec des différences ou des altérations importantes.
Ces considérations posent le problème général de l'exégèse et de la critique historique des textes, par rapport à la révélation ou à l'inspiration des textes biblique et coranique. On sait que dans ce domaine, il faut choisir entre l'affirmation dogmatique qui peut aller jusqu'au fanatisme, et l'établissement des faits historiques qui n'ont rien à voir avec la foi. Un texte, même révélé, est humain dans sa langue, sa grammaire, son écriture, ses copistes, son parchemin, son encre, sa transmission, etc. Les variantes des différents manuscrits de la première génération qui a suivi la mort du Prophète, suffiraient à établir la nécessité du fait fondamental de l'exégèse et de la critique historique.
Voici un exemple : Comme les Sourates qui la précèdent, la sourate 5 parle beaucoup des juifs, tantôt "Fils d'Israël" tantôt "ceux qui pratiquent le judaïsme", tantôt "détenteurs de l'Ecriture", avec une certaine hostilité qui ne peut d'adresser qu'aux juifs sud-arabiques, les seuls que le Prophète ait connus et dont beaucoup étaient des prosélytes, venus de la Gentilité himyarite ou éthiopienne. Ces juifs n'étaient pas tous hébraïsants, encore moins des talmudistes. En outre, Mahomet avait certainement beaucoup entendu parler des juifs, en bien et en mal, entre autres, par les chrétiens, prêtres, moines et simples fidèles de l'Eglise qui n'étaient pas toujours très tendres envers eux. Si bien qu'après avoir été l'ami des juifs de La Mecque et de Médine, Mahomet les apprécia de moins en moins, du fait de leur refus d'embrasser l'islam.
Enfin, la connaissance du Prophète est souvent imprécise relativement à ses sources juives et chrétiennes. Elle est basée généralement sur ce qu'il a entendu dire. C'est pourquoi on peut être réservé quant à la rigueur historique des faits rapportés par certaines sourates.
A ce propos, il est intéressant de noter ce mot de l'historien musulman célèbre du XIVe siècle, Ibn Khaldoun (Prolégomènes VI, 22) "Joseph interprétait les rêves, comme cela est raconté dans le Coran". L'auteur, plutôt que de citer la Bible (Genèse 40, 41) cite le Corp écrit douze ou quinze siècles après la source première.
Autre exemple : la construction "par Abraham", à La Mecque, du Temple de la Ka'ba. La légende et l'histoire sont ici confondues dans le Coran. Les rédacteurs du Coran ont certainement voulu d'une part, justifier la descendance abrahamique de Mahomet et d'autre part, le monothéisme enseigné au peuple arabe. Comme on l'a vu précédemment, en l'absence de tout document littéraire historique ou archéologique, l'exégèse moderne ne se trouve, en définitive, placée que devant deux textes : la Bible et le Coran, opposés quant aux pérégrinations d'Abraham. Devant deux documents, ce qui décidera, est bien la critique historique des textes et l'archéologie.
En outre, du fait des différences notoires entre le récit coranique et le récit biblique, on se pose la question de savoir si réellement il n'y a eu qu'un seul ou deux rédacteurs du Coran, ou plusieurs écoles différentes qui auraient chacune - selon les contes et légendes en cours - rédigé un groupe de Sourates. En effet, il paraît difficile d'accepter que tantôt le texte coranique rapporte fidèlement tel fait biblique et tantôt il en rapporte des détails différents, contraires ou inconnus.
De fait, certaines relations coraniques ont pu être la cause de faits malheureux qui avaient divisé les deux communautés juive et musulmane.
Au sujet des relations entre les tenants des trois religions abrahamiques, certains versets (S. 42, 11) suffiraient à prouver qu'il n'était pas nécessaire au Prophète de chercher à convertir à l'islam, les juifs et les chrétiens d'Arabie. Il pouvait, en effet, se consacrer essentiellement à la conversion des Arabes païens du Hedjaz et d'Himyar. C'est d'ailleurs ce à quoi il dut se résigner, puisque l'immense majorité des chrétiens et des juifs refusèrent la conversion. Qu'il y eut des faux dévots chez les juifs et les chrétiens - il y en eut aussi chez les musulmans - cela ne suffisait pas pour justifier les nombreuses admonestations et malédictions à l'adresse de ses adversaires monothéistes, considérés parfois comme hypocrites. En vérité, l'islam s'est répandu très vite comme une religion conquérante, puisqu'en moins d'un siècle après la mort de Mahomet, tout l'Orient, l'Afrique du Nord, l'Espagne et la moitié de la France avaient été occupés par les musulmans, et leurs populations païennes, chrétiennes ou juives avaient été converties de gré ou de force. Très rapidement aussi, l'islam s'est répandu jusqu'au Caucase et en Inde et par la suite, en Indonésie et aux Philippines. Le même phénomène de conquête s'était produit pour le christianisme, avec la conversion, au IVe siècle, de l'Empereur Constantin.
Au contraire, pareilles circonstances ne se sont pas produites, au cours de l'histoire du peuple juif. Elles auraient certainement permis à Israël de répandre aussi sa religion, au fil de l'épée, dans plusieurs continents. Dieu en avait décidé autrement... : "Mes pensées ne sont pas vos pensées, Mes voies ne sont pas vos voies... Comme les cieux sont plus élevés que la terre, ainsi Mes voies sont plus élevées que vos voies" (Is. 55,8).
Si Mahomet est venu confirmer la Loi de Moïse et l'adapter à ses frères arabes de La Mecque et de Médine, c'est que la Loi de Moïse confirmée par les Prophètes d'Israël, est suffisante en elle-même pour les juifs qui l'avaient reçue, plus de deux mille ans auparavant. Il en est de même des évangiles qui confirment aussi la Loi de Moïse - et qui ont été rédigés environ treize siècles après Moïse et six siècles avant Mahomet. C'est pourquoi on ne dira jamais assez combien le christianisme et l'islam doivent au judaïsme et aux juifs qui ont donné au monde, la Bible, les Prophètes et les Psaumes. Cette seule et immense dette, comme a dit Jules Isaac, doit imposer le respect.
Le malentendu entre l'islam d'une part, et le christianisme et le judaïsme d'autre part, a engendré des confits douloureux et des guerres meurtrières. Si maintenant, les Arabes s'en prennent particulièrement à Israël, c'est parce que ce peuple est infiniment peu nombreux et encore, aux trois-quarts, dispersé dans le monde. De plus, par une "dialectique" spécieuse, on veut distinguer les israélites des Israéliens et les juifs des sionistes.
C'est pourquoi, plus que jamais, un grand besoin de démythification se fait sentir. Une nouvelle interprétation du Coran est nécessaire et urgente, ainsi qu'une révision critique et historique du texte, de manière que les Arabes de notre temps prennent conscience de tout ce que leur religion doit au judaïsme. En tout cas, certains versets coraniques ne s'appliquaient qu'à ceux des juifs que Mahomet a connus dans la péninsule sud-arabique et qui, somme toute, ne représentaient qu'une infime minorité du peuple juif répandu essentiellement en Perse, en Afrique et en Europe. Ce que Jules Isaac a dit du christianisme : "Seul l'enseignement peut défaire ce que l'enseignement a fait", peut et doit être dit également de l'islam.
Le lecteur peut conclure entre autres, du fait que le Coran témoigne de l'origine divine de la Loi de Moïse, que si Mahomet semble vouloir retirer ce don de Dieu fait à Israël, en déclarant nécessaire une nouvelle Révélation, il prêche l'abrogation de la Loi du Sinaï, alors qu'elle exprime le Verbe éternel divin et les promesses immuables de Dieu à Son peuple, car, selon le Coran lui-même, Dieu ne change pas son message, sous prétexte à que les hommes gui l'ont reçu, ont pu se détourner de Lui.
Allons plus loin. Selon le texte de la Genèse qui fleurit de poésie, Dieu avait regretté d'avoir créé l'homme (Gen. 6,6). Néanmoins, malgré le Déluge, il maintient la race humaine sur la terre. De même, après le péché du Veau d'Or, Dieu se laisse apitoyer par la prière de Moïse et ne détruit pas "son peuple" Israël "à la nuque raide" qu'Il s'était cependant promis d'anéantir. En aucune circonstance, Dieu n'a retiré sa bénédiction donnée à Abraham, à Isaac et à Jacob, bénédiction qu'Il a confirmée ensuite à tout le peuple d'Israël, au Sinaï. Saint-Paul admit, dans ses Epitres, que Dieu ne retire pas les dons qu'Il a faits à Israël (Rom. II). De plus, Mahomet reconnaît, à son tour, l'élection d'Israël, et la vérité immuable de la Loi. Par voie de conséquence, Mahomet reconnaît que la Promesse essentielle de Dieu, contenue dans la Loi, est le don de la Terre Sainte à son peuple Israël qu'il a délivré d'Egypte et de toutes les maisons d'esclavage.
La terre promise à Israël doit donc être considérée par les musulmans, comme l'objet irréversible de la parole divine. Il n'a jamais été dit dans le Coran, que la Terre Sainte devait être héritée par les fidèles de l'islam. Certes, ceux-ci l'ont conquise et occupée pendant de longs siècles comme l'avaient fait avant eux les Grecs, les Romains et les Byzantins, les Croisés et après eux, les Turcs et les Anglais. Il n'en demeure pas moins que le Retour annoncé depuis plus de deux millénaires, par l'ensemble des livres de la Bible - les fidèles de l'islam doivent l'admettre -, réalise le plan théologique de l'économie divine. Le Prophète Mahomet l'a d'ailleurs maintes fois confirmé, cf. S.5, 24 ; S.7, 132 ; S.17, 106 ; S.21, 71 ; S.7, 161 ; S.2. 44 et 116, etc...
Pour plus de précision, on ne saurait assez rappeler les différents versets de la sourate 5 qui confirment les données essentielles de la Torah, au sujet du Pays d'Israël. Plus encore, le Coran, dans les sourates suivantes, est fidèle aux récits bibliques relatifs aux quarante ans d'errance dans le Désert qui préludent à l'entrée dans la terre des Ancêtres. Nulle part, le Coran n'infirme ce don divin de la Terre d'Israël, promise aux descendants d'Abraham, d'Isaac et de Jacob.
Les néophytes, ignorant la littérateurs biblique, prirent le texte coranique, comme la révélation unique. Ils le défendirent à la lettre et crurent à la possibilité d'abrogation de la Torah.
Il n'est pas étonnant que les accusations réciproques de faussaires ou falsificateurs, datant de Mahomet, se soient répercutées à travers l'histoire des rapports Judéo-musulmans et islamo-chrétiens. Ils ont pris la forme d'une première contestation : Ismaël et non Isaac sacrifié par Abraham, et une nouvelle forme dans le différend politique actuel qui oppose les États Arabes et l'Etat d'Israël, au sujet de la guerre sainte. Si même l'argumentation géopolitique des commentateurs arabes modernes du Coran était fondée, il semblerait contraire à la raison et à la révélation que Dieu, l'Unique, l'Immuable, l'Omniscient et le Tout-Puissant eût choisi d'accorder Son Message à Abraham, Isaac, Jacob, Moïse, les Prophètes et à tous les descendants des Enfants d'Israël.
En vérité, Mahomet est venu pour convertir les peuples d'Arabie au monothéistes d'Abraham. Le Prophète, législateur et stratège, souhaitait naturellement que ses amis juifs et chrétiens le suivissent, dès le début de son apostolat. Ils ne l'ont pas fait, d'une manière générale. Sa réaction, toute humaine - n'est-il pas selon le Coran même un "prophète comme les autres" et un homme mortel "comme tous les hommes" ? - fut, sinon de les convaincre et les convertir, du moins de les soumettre par la force, l'expulsion ou la guerre. Quant à la suite de l'histoire elle est connue : les forces conquérantes de l'islam s'étendront par la guerre aussi, jusqu'au cœur de l'Europe, dans les siècles du Moyen-Age et jusqu'à l'aube des temps modernes. Néanmoins le déclin s'ensuivit.
Mais voici qu'en cette fin de siècle, le réveil nationaliste semble étourdir certains peuples, du fait des richesses inespérées de leur sous-sol. Cela est bien loin de la pure doctrine monothéiste de l'Islam qui considère que les incroyants sont ceux "à gauche" et que le riche ne doit pas s'enorgueillir de sa richesse. Quant au peuple d'Israël, témoin de l'histoire, il a assisté à la grandeur et la décadence des empires - les colosses aux pieds d'argile - de l'Antiquité, du Moyen-Age et des Temps Modernes. Il continue sa marche contre vents et marées, fort des valeurs spirituelles bibliques qui ont soutenu ses innombrables martyrs.
Un jour viendra où les théologiens musulmans pourront faire l'effort de redressement et de civilisation, afin d'atténuer les différences entre les trois religions abrahamiques. Il faut souhaiter que le Mahdi (Le douzième Imâm, l'Imâm caché ou le Messie à venir, dans la théologie de l'islam vienne interpréter le Coran, d'une manière nouvelle et ouvre toutes les possibilités d'entente entre les musulmans et les juifs, et entre les Etats arabes et l'Etat d'Israël.
la tâche d'un grand spirituel musulman, peut-être même celle du Mahdi lui-même, consisterait à entreprendre la réforme de l'enseignement islamique concernant les Juifs et leur terre ancestrale ressuscitée des sables du désert, afin d'apaiser les passions qui ont agité l'époque de la Prédication du Prophète et de ne retenir essentiellement que le message véritable de Mahomet, dans son aspect universaliste et dans ce qu'il reprend celui de Moïse et des Prophètes d'Israël, de Jésus et des Apôtres.
Les similitudes théologiques entre le Coran et la Bible Prouvent à quel point ces deux formes de monothéisme abrahamique proviennent de la même source religieuse sémitique qui suffirait à mettre d'accord les tenants des deux grandes religions mosaïque et mahométane. Après la griserie du réveil national des peuples arabes, il n'est pas impossible que se lève, un jour, une autorité religieuse, capable - comme le bon pape Jean XXIII l'avait fait pour le christianisme, en réunissant le Concile Vatican II - d'entreprendre les réformes nécessaires dans l'enseignement de la théologie islamique, afin que soit reconnue, par les peuples arabes et musulmans, leur dette envers le peuple d'Israël et que soit établie la fraternité religieuse entre Israël et Ismaël.
Certes, il est souhaitable qu'une paix réelle s'établisse entre les peuples qui se réclament d'Abraham, sur la base des enseignements communs, et non point sur ce qui les oppose. En effet, le Dieu biblique d'Israël comme l'Allah coranique de l'Islam est déclaré également "bon, compatissant, patient, clément et miséricordieux". C'est pourquoi il est du devoir des croyants de l'islam comme du judaïsme, d'imiter les attributs de Dieu et de s'estimer, de se respecter et de s'aimer les uns les autres.
On ne répètera jamais assez que le minuscule territoire d'Israël promis aux descendants d'Abraham, d'Isaac et de Jacob avait été, pendant près de quatorze siècles, la patrie du peuple hébreu. Il est redevenu la patrie retrouvée de ce peuple qui a souffert, comme aucun autre, au cours de sa longue histoire, des injustices humaines, des lâches persécutions et des horreurs des camps de la mort, tandis les peuples d'Ismaël disposent d'immenses et de riches territoires qui symbolisent la réalisation des promesses divines au fils d'Agar et d'Abraham (Gen. 16,12 et 25,16). "Allah est juste, bon et compatissant" (S. 1,1).
Sans doute, une lueur point à l'horizon dans l'esprit de quelques hommes d'État et intellectuels musulmans qui proclament publiquement le droit à l'existence d'Israël. Le souci de la paix du monde doit faire que cette minorité emporte progressivement l'adhésion du plus grand nombre qui se réveillera enfin à la réalité historique que constitue l'étonnant miracle contemporain : le retour dans sa patrie première et unique, d'un très ancien peuple qui a révélé le Dieu-Un au monde. L'humanité en aura fini avec ses guerres religieuses, les guérillas et le terrorisme ! Elle comprendra que les guerres ne mènent qu'à la destruction et à la mort.
Les Prophètes d'Israël avaient annoncé le jour où ne seront plus fabriquées des armes meurtrières. Les peuples nantis qui les vendent et les distribuent à profusion, offriront, au contraire plus de pain et de lait, aux peuples pauvres et sous-développés. Au nom même de la Torah, de l'Evangile et du Coran, les croyants juifs, chrétiens et musulmans pourraient être les premiers à déclarer la trêve de toute guerre fratricide et tracer le programme de reconstruction et de réhabilitation de l'homme.
Certes, il faut se connaître pour s'aimer et se respecter. Il importe que les adeptes de l'islam dont le livre révélé a puisé abondamment dans la Bible et les enseignements rabbiniques, se réconcilient avec Israël et le judaïsme. D'ailleurs, il ressort de nombreuses sourates (S.2, 130 ; S.3, 57 ; S.4, 124 ; S.22, 41) que Mahomet lui-même croyait qu'il ne fallait point distinguer essentiellement entre judaïsme, christianisme et islam dont il souligne l'universalité depuis Abraham. Ce qui a fait dire à Si Boubakeur, que le dialogue est nécessaire entre les trois religions. C'est un fait d'importance que Mahomet convertit au Dieu Unique d'Abraham et aux prescriptions essentielles de la Torah, de très nombreuses peuplades païennes, en leur interdisant le meurtre d'enfants, en insistant sur les devoirs de charité, du jeûne et de la prière, et en mettant en garde les riches, orgueilleux de leurs richesses, au nom du Créateur de l'Univers et de l'Homme. En outre, le peuple juif est appelé souvent dans le Coran, Enfants d'Israël, Peuple du Livre. Elus de Dieu, qui ont reçu l'Alliance du Seigneur.
Rappelons enfin que le Prophète Mahomet avait eu à leur égard deux attitudes qui rappellent beaucoup celles des Prophètes d'Israël et celles des rédacteurs du Nouveau Testament : la première, une attitude très positive qui reconnaît la révélation de Dieu accordée aux Enfants d'Israël et les miracles qu'il a accomplis en leur faveur depuis l'Egypte, le passage de la Mer Rouge et la vie dans le Désert, la promulgation de la Loi au Sinaï et l'entrée dans la Terre Promise à son peuple Israël (cf. S.21, 71 et 81 ; S.7, 133 et 161 ; S.10, 93 ; S.2, 44 et 116 ; S.7, 161 et S.17, 106). En ce qui concerne la Ville de David où furent écrits les Psaumes et le Cantique des Cantiques, il faut rappeler que jamais n'est mentionné dans le Coran le nom de Jérusalem, ni dans sa forme hébraïque "Yérushalayim", ni dans sa forme arabe "Al-Qûds", ("La Sainte"): comme jamais il n'a été dit que Jérusalem et la Terre Sainte fussent promises aux Musulmans. Par contre, il y est question de la Cité bénie destinée aux Enfants d'Israël (S.7, 161 et S.2, 55).
La seconde attitude de Mahomet avait été négative, en ce qui rappelait les péchés d'Israël, dans le Désert et dans la Terre Promise où, bien souvent ils avaient été incrédules envers les prophètes. Mahomet reprend à son compte plusieurs expressions bibliques, pour dénoncer ceux des Juifs de Médine qui ont le "cœur incirconcis" ou ont transgressé les commandements de la Loi. En outre, comme les juifs d'Arabie, dans leur ensemble, ont refusé de suivre le Prophète dans sa nouvelle religion, Mahomet les fustige et appelle sur eux la malédiction - manifestation de colère en Orient - sur les juifs de Médine, notamment. Cependant, nul n'a le droit de généraliser ces malédictions ou de les étendre à tout le peuple juif qui vivait très loin, hors d'Arabie. L'ensemble des juifs n'avaient pas connu le nom de Mahomet, ni celui de La Mecque, "la mère des Cités" (S.6, 92), la Ville Sainte par excellence de l'islam, qui "dépasse en sainteté toutes le villes du monde", même la ville de Médine ou cependant le Prophète mourut et fut enterré.
Néanmoins, si la Prédication de Mahomet ne comporte aucune malédiction des Enfants d'Israël, dans leur totalité, c'est que le Prophète avait trouvé parmi les juifs, l'authentique message religieux transmis par Dieu. Son souci constant fut de ressembler à Moïse qui représentait pour lui - comme pour les juifs - le Prophète incomparable et le Législateur d'une "doctrine lumineuse supérieure, destinée à tous les hommes", et qui était "monté au Ciel, visitant l'Enfer et le Paradis", cf. S.17.
C'est dans l'esprit universaliste de S.2, 130, S.3, 57, S.13, 38-39 et S.22, 35 et 41, que nous terminerons cet article. Nous souhaitons ardemment que vienne le jour où les théologiens musulmans entreprendront l'étude et l'approfondissement du judaïsme tout comme les théologiens chrétiens de cette fin de siècle se sont adonnés aux études juives et hébraïques et où les théologiens juifs - comme l'avaient fait déjà au Moyen-Age Maïmonide et Juda Hallévi - étudieront également le Coran et l'islam. Alors, chrétiens et musulmans se tendront fraternellement la main, sous le signe d'Abraham et construiront ensemble un monde de paix, de justice et d'amour, dans lequel Dieu Seul sera Roi (Zac. 14,9), à partir de cette région du monde - berceau de la civilisation judéo-islamo-chrétienne - et pour la paix entre tous les hommes. "N'avons-nous pas tous un seul Père, n'est-ce pas qu'un seul Dieu nous a créés ?" (Mal. II, 10).
En vérité, les trois religions révélées doivent leur force à la conviction de leurs fidèles, à leur foi dans le Dieu Unique et dans les valeurs morales et spirituelles qu'ils partagent depuis de longues générations. Or, du point de vue de la morale et de la spiritualité la plus dépouillée, seul un effort de purification de la part des chefs des croyants des trois religions et de leurs institutions, pourra faire progresser l'humanité dans la voie divine et universelle de la vérité, de la fraternité et de la justice.
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Notes (1) - Luther usera d'un procédé semblable, au XVIe siècle, pour convertir les Juifs. (2) - Cf. Sourate XVIII, 26 : "le verbe d'Allah ne peut être modifié" et Sourate 11, 80 : "Allah ne viole jamais sa promesse", cf. Romains XI, 29 : "Les dons et l'appel de Dieu sont sans repentance". (3) - Il est vrai que, dans le Coran, sont inclus plusieurs récits et lois bibliques. Cependant, on n'y trouve aucun Psaume complet, bien qu'il soit fait allusion au Psautier de David (Zubur). Il serait intéressant d'examiner les causes et les conséquences psychologiques et théologiques de l'absence du Psautier dans la liturgie musulmane, tandis que, chez les juifs et les chrétiens, les Psaumes constituent le livre de prière par excellence. (4) - Judaïsm in Islam, N.-Y. 1954, et édition hébraïque, Jérusalem, 1957 (5) - Les Samaritains avaient prétendu que les Juifs avaient falsifié la Torah (à propos de l'autel du Mont Guerizim). Mahomet aurait-il suivi cette opinion, en la généralisant, pour les besoins de sa cause ? (6) - Par contre, on a découvert récemment sur les colonnes d'une mosquée du Yémen, des inscriptions hébraïques reproduisant la liste des vingt-quatre familles de prêtres qui assuraient leur tour de garde au (premier ou second) Temple de Jérusalem... (7) - Boubakeur, Coran vol. 1, p. 655 : "Moïse est l'interlocuteur de Dieu Dialogue exceptionnel alors que tous les prophètes, Jésus et Mahomet compris ne sont que des anges intermédiaires qui ont besoin de signes et de songes" (Edit. Maisonneuve et Larose, paris, 1966). (8) - Boubakeur, tome 2 p. 998 (Sourate 42 : Mohammed) fait cette curieuse remarque relative aux rapports christlano-musulmans : "L'intelligentsia chrétienne nourrit le secret désir d'une "dissolution " de l'islam dans un christianisme rénové et à la portée du musulman. Ce souhait ne tient nullement compte du fait que l'islam est plus que jamais conscient de sa force, de la solidarité de son rayonnement grandissant et qu'il souhaite, au contraire, la dissolution d'un christianisme dépassé, dans un islam mieux compris des chrétiens et qui, à l'heure actuelle, apparaît indéniablement comme la seule force au monde qui s'oppose victorieusement à l'athéisme et au matérialisme". (9) - Par ailleurs, ce même auteur, dans l'introduction aux Prolégomènes (K, 17) signale l'erreur des commentateurs sur S.89, 7. Il se moquera des pseudo-historiens arabes-bédouins pour se féliciter des vrais savants musulmans non-arabes. (10) - Ainsi, par exemple, jusqu'au mai 1948, les juifs de Jérusalem ne pouvaient ni visiter les mosquées (du Roc et Al-Aksa), du mont du Temple, ni celle qui abrite les tombeaux des Patriarches à Hébron (alors que, selon la définition coranique, les juifs ne sont pas "infidèles"), mais encore ils risquaient de payer de leur vie toute tentative d'y accéder. Il y eut de nombreux cas de juifs massacrés, parce qu'ils s'étaient trouvés involontairement tout près de ces mosquées, avant que Jérusalem ne fût unifiée en Juin 1967. Aujourd'hui encore, les juifs ne sont pas autorisés à se rendre à La Mecque pour visiter la mosquée sacrée de la Ka'ba. Les grands de ce monde oublieraient-ils qu'ils sont tous frères et qu'ils sont mortels ? (11) - En Syrie-Palestine il n'y en avait que quelques milliers, comme en Arabie et au Yémen. (12) - Robert Brunschvig (Etudes d'Islamologie Paris 1976, tome I, pp. 263-279) consacre un chapitre intéressant sur la polémique d'Al Bâquillani (Bagdad, XIe siècle) contre le Judaïsme. Le célèbre théologien oriental expose ses vues sur l'"information" et la "tradition" dans l'Islam et "se plaît à opposer la valeur inattaquable des sources musulmanes annonçant qu'il n'y aurait plus de prophète après Mohamet". Au sujet de l'abrogation de certains versets par d'autres versets (S. II, 100), la discussion était vive entre musulmans et Juifs. Pour ces derniers, selon Robert Brunschvig, "la Loi divine ne peut être abrogée, Mahomet n'est pas un prophète et le Coran n'est pas un livre révélé". (13) - Cf. S. VII 162. Cela a conduit le prophète à affirmer la possibilité d'abrogation de versets par Allah qui est l'abrogeant omnipotent (cf S. II 100) . Dans S. XVI, 103, les infidèles disent néanmoins au Prophète : "Tu n'es qu'un faussaire". (14) - S.34, 34 et S. 57, 19. (15) - Cf. Ecclésiastique, V, 4. (16) - Cf. S.98, 1, 6, où le Prophète lui-même distingue, parmi les Juifs, les bons des méchants. (17) - et les livres apocryphes : Jubilée, Enoch, Ascension de Moïse, etc. |
http://www.nikibar.com/news/rabbin-zaoui-torah-et-coran.html
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Psaumes 33:13 Du haut des cieux YHWH regarde, il voit tous les enfants des hommes ; 14 du lieu de sa demeure, il observe tous les habitants de la terre, 15 lui qui forme leur coeur à tous, qui est attentif à toutes leurs actions.
Ne devez rien à personne, sinon de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime son semblable a accompli [la] loi. Romains 13:8
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