Les Phéniciens
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Les Phéniciens
Les Phéniciens
Adon (seigneur en sémitique), connu sous le nom de Tammuz chez les Babyloniens, ou d’Adonis chez les Grecs et les Romains, représentait le jeune dieu, parmi la triade religieuse de Jbeil (Byblos), ainsi qu'à Baalbek. Il était adoré dans d’autres villes phéniciennes mais connu sous d’autres appellations. C’était Echmoun chez les Sidoniens, ou Melkart chez les Tyriens… Il était l’équivalent d’Osiris chez les Egyptiens…
Sa légende était relatée par de nombreux historiens et voyageurs et adaptée différemment dans chaque contrée.
Ecriture phénicienne.
La traduction de certaines écritures phéniciennes laisse envisager qu’Adon est né du dieu El et de son épouse la déesse Ashérat, qui avait pris la forme d’un arbre. Une inscription, mais cette fois trouvée à Chypre, raconte l’histoire d’un dieu né du roi de Chypre et de sa fille qui pourrait être Adon. Pour les Carthaginois, Adon est le fils de Phénix et de la nymphe Alphésibée. C’est dans la mythologie grecque que nous trouvons plusieurs versions de cette légende. Elles se ressemblent, mais seuls les acteurs changent.
Néanmoins, toutes ces histoires s’accordent sur le fait qu’Adon (Adonis) est né d’une liaison d’inceste entre un roi de l’est de la Méditerranée et sa fille. Une version parle du Cinyras le roi des Assyriens et sa fille Smyrna. Une autre, du roi de Chypre Théias et Myrrha sa fille.
Myrrha était connue pour sa beauté qui dépassait celle d’Astarté (Aphrodite chez les Grecs ou Vénus chez les Romains), ce qui poussa cette dernière, par jalousie, d’inspirer à Myrrha de tomber amoureuse de son père. Avec l’aide de sa nourrice Hippolité, Myrrha arriva à coucher avec son père qui ignorait qu’il s’agissait de sa fille. Elle tomba enceinte, le roi, découvrant la vérité, chercha sa fille pour la tuer. Myrrha, prise par la peur et la honte, pria les dieux pour la sauver. Ils répondirent et la transformèrent en un arbre qui fut connaitre sous le nom de Myrrhe (le balsamier). Neuf mois plus tard, l’arbre se fendit en deux et Adon naquit.
Selon la mythologie grecque, Aphrodite, éprise par la beauté de ce nouveau-né, le cacha dans une boîte qu'elle confia à Perséphone la reine des enfers. Saisie par la curiosité, Perséphone ouvra la boîte et trouva Adonis. Vu sa beauté, elle le sortit et l’éleva dans son palais. Adonis devint un très beau jeune homme, Perséphone tomba amoureuse de lui. Aphrodite, revenant dans les enfers pour réclamer Adonis, se confronta au refus de la reine de le laisser partir. A la demande d'Aphrodite, Zeus intervint, et il décida de diviser l’année en trois parties. Adonis devait passer les quatre premiers mois, avec Perséphone, quatre autres avec Aphrodite et les quatre derniers à faire ce qu’il le désire. Adonis, exécutera ce jugement mais il décida de passer son temps libre avec Aphrodite.
Adonis adorait la chasse, il passait beaucoup du temps à s’adonner à sa passion aux alentours de Byblos. Aphrodite, follement amoureuse de ce jeune homme, le suivit dans toutes ces sorties. Un jour, qu’il chassait dans un lieu qui se nomme Afqa, il tomba sur un sanglier et l’affronta. Ce dernier le mordit dans la jambe. Aphrodite accourut à côté de son amant et essaya de le sauver, mais Adonis succomba à ses blessures et son sang se répandit sur le sol donnant naissance aux anémones, se mélangeant, par la suite à l’eau de la rivière toute proche qui devint rouge et conférant à ce fleuve le nom de "Nahr Adonis". La déesse fit célébrer la mort de son amant chaque printemps en organisant des grandes fêtes.
Cette mort aurait pu être un regrettable accident de chasse mais des versions diverses relatent d’autres origines. Certaines histoires racontent qu’Arès, dieu de la guerre et l’amant d’Aphrodite, s’est métamorphosé en sanglier et a attaqué Adonis par jalousie. D’autres affirment que c’était Apollon pour se venger d’Aphrodite après avoir rendu Erymanthos, le fils du dieu, aveugle. Une autre interprétation relate que c’était Perséphone, jalouse qu'Adonis ait préféré de passer plus du temps avec sa rivale. Une version suppose que la déesse Aphrodite provoqua elle-même cet accident, désirant persuader son amant d'abandonner cette activité dangereuse.
Adonis était également connu chez les Romains.
Astarté portait le nom de Vénus et Perséphone celui de Proserpine. Jupiter remplaça Zeus et Arès devînt Mars. La légende romaine raconte qu’Adonis, à sa naissance, fut élevé par les Nymphes dans des grottes du Mont Liban, à côté de la source d'un fleuve, qu’on connaît aujourd’hui sous le nom de "Nahr Ibrahim". Devenu un bel homme, Adonis aimait la chasse et passait son temps dans les forêts. Un jour Vénus l’aperçut, succomba à son charme et en tomba amoureuse. L’histoire de sa mort est identique à la version grecque avec quelques nuances. Chez les Romains, Diane, déesse de la chasse, aurait intentionnellement mis ce sanglier sur le chemin d'Adonis, pour venger la mort d’Hippolyte causée par Venus. Une autre variante relate la métamorphose du dieu Mars en sanglier, afin d’éliminer son rival.
Adonis descendit dans le royaume des morts. Proserpine, la reine des enfers, en le voyant, tomba, à son tour, amoureuse de ce bel homme. Vénus, affligée par cet évènement, désirant redonner vie à son amoureux, elle se heurta au refus de Proserpine de laisser partir Adonis. Vénus alla demander à Jupiter d’intervenir. Ce dernier, décréta qu’Adonis devait passer quatre mois à côté de Proserpine, quatre autres avec Vénus et le reste libre de son choix que finalement Adonis décidera de les passer avec Vénus. Ce découpage ne peut manquer de nous rappeler les différentes saisons de l’année. Les quatre mois dans les enfers, correspondent à la période hivernale et le reste à la renaissance de la nature.
La légende d'Adonis a fait le tour du monde antique et fut adaptée chez chaque civilisation. Les récits divergent mais s’accordent toujours sur sa beauté légendaire, sa relation avec la déesse de l’amour et son symbole de renaissance de la nature. A son culte furent affectées des fêtes antiques, dont les "Adonies" étaient les plus célèbres, en Phénicie, en Grèce, chez les Romains et les Carthaginois. Plusieurs historiens ont raconté ces traditions et nous ont laissé des témoignages diversifiés. Nous allons vous transcrire quelques-unes, particulièrement celles qui se déroulaient autour de Byblos.
Lors d'une visite effectuée (au II° siècle apr. J.C.) dans les sanctuaires de Sidon, ceux de Byblos et plus précisément celui d'Afqa (la source de Nahr Ibrahim), Lucien de Samosate essaya d'élucider l'origine du culte d'Adonis.
À Byblos un grand sanctuaire était consacré à Aphrodite Byblienne, dans lequel les orgies se célèbrent en l'honneur d'Adonis.
Les Bybliens disent donc que l'accident qui, du fait du sanglier, survint à Adonis eut lieu dans leur pays, et qu'en mémoire de cet événement, ils se frappent chaque année, se lamentent, célèbrent des orgies et mènent de grands deuils, dans toute la contrée. Lorsqu'ils ont cessé de se frapper et de pleurer, ils célèbrent d'abord, comme s'il était mort, les funérailles d'Adonis.
Puis le jour suivant, ils racontent qu'il vit, le font monter au ciel, puis se rasent la tête comme les Egyptiens après la mort d'Apis. Quant aux femmes qui ne veulent point se tondent les cheveux, elles s'acquittent par une amende qu'elles recueillent ainsi : elles doivent être prêtes durant un jour entier, à tirer profit de leur propre beauté. La place où elles se trouvent n'est accessible qu'aux seuls étrangers, et les salaires qu'elles se font deviennent une offrande pour Aphrodite.
On peut encore admirer un autre prodige sur le territoire de Byblos : c'est un fleuve qui, sortant du mont Liban, s'écoule dans la mer. On a conféré à ce fleuve le nom d'Adonis. Or, chaque année, ce fleuve s'ensanglante, et, ayant perdu sa coloration, s'épanche dans les flots, rougit une partie considérable du large et signale aux Bybliens le moment des deuils. On raconte que, dans ces mêmes jours, Adonis est blessé sur le Mont Liban, et que son sang, en parvenant dans l'eau, change le fleuve et donne à son cours le surnom qu'il a. Tel est ce que rapportent la plupart. Mais un habitant de Byblos qui m'a semblé dire la vérité m'a donné une autre explication de ce phénomène.
Il me parla ainsi :
"Le fleuve Adonis, étranger, traverse le Liban, et la terre du Liban est extrêmement rousse. Des vents violents, qui se lèvent en ces jours, transportent dans le fleuve cette terre qui n'est, pour la plus grande part, qu'ocre vermillonnée, et cette terre donne au fleuve une couleur de sang. Ce n'est donc pas le sang, comme on le dit, qui est la cause de ce phénomène ; c'est le terrain".
Telle fut l'explication que me donna le Byblien. S'il parla selon la vérité, cette coïncidence ne m'en paraît pas moins éminemment divine.
L’évêque Eusèbe de Césarée (260-340), dans son "histoire de l'Église", rappelle la présence d’un temple à Afqa, près de Byblos, consacré à Astarté et Adonis : "l’Empereur découvrit de son palais un piège dressé au salut des âmes dans un coin de la Phénicie, comme un aigle découvre, du haut du ciel, ce qui se passe sur la terre. C’étaient un bois et un temple consacrés à l’honneur d’un démon impur, sous le nom de Vénus ; non dans une place publique, mais à Aphaca, dans un endroit fort désert du mont Liban. On y tenait une école ouverte d’impudicité ; c’était un lieu où il se commettait mille abominations.".
Ammien Marcelin (330-395), historien antique, relatait, dans son œuvre Res gestæ, les Adonies : "De leur côté, les femmes éclataient en gémissements et en sanglots, et se frappaient la poitrine en s'écriant que l'espoir de la patrie avait été tranché dans sa fleur; imitant, dans les démonstrations de leur douleur, les prêtresses de Vénus quand elles célèbrent la fête d'Adonis, symbole mystique de la reproduction des biens de la terre".
L'historien Sazomène (375-450), dans son livre l'Histoire de l'église, parle de la destruction des temples, ordonnée par l’empereur Constantin (272-337), afin de réduire le culte païen exercé encore dans certains centres de pèlerinage : "On démolit entièrement celui d'Esculape qui était à Egide, ville de Cilicie, et celui de Vénus qui était à Aphaca proche du mont-Liban, et du fleuve Adonis. Ces deux Temples étaient fort fameux, et fort fréquentés par les anciens. Les habitants d'Egide publiaient que Dieu apparaissait la nuit aux malades dans leurs Temples, et les guérissait de leurs maladies. Quant à celui d'Aphaca, on y voyait en certains jours, un feu semblable à celui d'une étoile qui passait au-dessus de la cime du mont Liban, et s'allait éteindre dans les eaux du fleuve. Et ils disaient que ce feu était Uranie ou Vénus.".
Zosimé (5ème siècle), historien grec, racontait la présence d’un temple à Afqa (à côté de Byblos) : "Aphaca est un endroit, à mi-chemin d’Héliopolis et de Byblos où est fondé un temple d’Aphrodite Aphacitide. Près de celui-ci, il y a une sorte d’étang ressemblant à un réservoir fait de main d’homme. Sur le temple et les lieux d’alentour, un feu brille en l’air, à la façon d’un flambeau ou d’un globe, une fois que se produisent en cet endroit, à date fixe, des rassemblements : et ce feu apparaissait encore, même de notre temps.".
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Psaumes 33:13 Du haut des cieux YHWH regarde, il voit tous les enfants des hommes ; 14 du lieu de sa demeure, il observe tous les habitants de la terre, 15 lui qui forme leur coeur à tous, qui est attentif à toutes leurs actions.
Ne devez rien à personne, sinon de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime son semblable a accompli [la] loi. Romains 13:8
Re: Les Phéniciens
La religion phénicienne
Le panorama religieux phénicien n'est pas unitaire, il est fait de particularismes, les différences étant nombreuses d'une cité à l'autre. L'aspect fragmentaire du contexte politique phénicien a influencé sur l'institution d'un panthéon propre à chaque cité-Etat, laquelle organisait de façon autonome le rituel public avec des fêtes et des célébrations. Ces panthéons urbains présentaient, malgré tout, quelques traits communs : une organisation des divinités en "triades", qui n'excluait cependant pas la présence d'autres dieux moins importants.
Stèle de Yehawmilk
roi de Byblos (v°s av JS)
Le panthéon de Byblos était dominé par le dieu El, le dieu suprême assimilé à Rê, le dieu du pharaon, ce qui reflète clairement l'influence égyptienne. Il y a ensuite une divinité féminine, dont le culte est très ancien, nommée la Baalat, la maîtresse de la cité, la "Dame de Byblos".Son iconographie, caractérisée par des symboles égyptiens, la relie à la Hathor-Isis. Et enfin, le jeune dieu représentait par Adon; dieu du renouveau et de la renaissance.
Les documents relatifs à cette "Dame de Byblos" nous indiquent qu'elle était la protectrice du roi et la garante du pouvoir. Le document le plus explicite est la stèle de Yehaumilk, roi de Byblos, elle montre la déesse sur un trône, vêtue d'une robe moulante à la manière des déesses égyptiennes. La divinité la plus importante est cependant Adon (l'Adonis des Grecs); son nom d'origine sémitique signifie "seigneur". Il est le "dieu qui meurt", la fête célébrée en son honneur se compose de manifestations publiques de lutte, de la tonsure des femmes, de la prostitution rituelle et de la liturgie du "réveil" d'Adon. Le culte de ce dieu, qui se retrouvera plus tard dans la mythologie grecque, est lié à la croyance d'une vie après la mort.
A Sidon, on vénérait la triade composée de Baal, Astarté et Echmoun. Si le nom de la première divinité est commun et générique, la déesse Astarté, elle, jouit d'un culte dérivé de l'ancienne tradition sémitique syro-palestinienne et répandue dans toute la Phénicie. Connue, dans le code de Hammurabi, comme la "maîtresse des batailles et des combats". La Bible lui attribue les liens avec la fertilité et l'amour où elle est considérée comme la "reine des cieux" (Jérémie 7:18 / 44:25). Ou bien comme "la maîtresse du ciel" sur les tablettes de Tell El-Amarna en Egypte. Elle sera plus tard assimilée à l'Aphrodite des Grecs et Vénus chez les romains. La troisième divinité, Echmoun, est le dieu principal. Son nom se rattache à la racine sémitique qui désigne l'huile dont les vertus protectrices et curatives revêtaient une grande importance dans les civilisations antiques. Plusieurs documents et traces historiques ont représenté ce dieu comme un jeune homme portant en sa main un bâton entouré de deux serpents ailés. Parmi ces documents, une feuille d’or retrouvait près du temple d’Echmoun, une pièce de monnaie découverte à Beyrouth... Echmoun s’est fait assimilé, plus tard, au dieu grec Asclépios et puis à Esculape chez les romains. Sa représentation est connue actuellement, et dans le monde entier, comme le symbole de la majorité des organismes et des métiers médicaux. A Sidon, Echmoun possédait deux temples : un urbain, en qualité de "Baal de Sidon" et l'autre, hors ville à Bostan ech-Cheikh.
Le temple d'Echmoun - Bostan ech-Cheikh
Tribune Bassin Sacré
Le temple d'Echmoun - Offrande
Musée de Beyrouth
Dans l'un et l'autre des lieux, Echmoun était côtoyé par Astarté. La légende, racontait par Philon de Byblos, parle d’un jeune et bel homme de Beyrouth, passionné par la chasse, qui partait souvent aux alentours de Sidon pour s’adonner à sa passion. Astarté l’a aperçu et tomba amoureuse de lui. Pour échapper à ces avances, il se mutile avec une hache, mais il meurt à la suite. Astarté, éprise par le chagrin, partit à sa recherche parmi les morts et le ressuscita grâce à ses capacités régénératrices. Elle fit de lui, le dieu de la guérison et de la médecine. Il devint, pour Sidon, ce que fut Adon pour Byblos, le dieu "qui meurt et qui renaît" à chaque printemps. Dans le temple de Boustan ech-Cheikh, un bassin fut construit et avait une fonction rituelle, appelé également "la piscine d'Astarté", où se trouve un trône vide en granit sculpté dans un seul bloc, qu’on appelle également "le Trône d’Astarté". Ce bassin, comme tous les autres secondaires, étaient alimenté par la source Ydlal, mentionnée dans l'inscription d'Echmounazor. Plusieurs offrandes ont été retrouvées sur ce site, en particulier des statuettes représentant des enfants. Cela suppose que Echmoun était spécialisé dans la guérison enfantine. Sur le socle d’une de ces statues, offerte par un fils d’un roi sidonien, une écriture est gravée en phénicien demandant la protection de "son seigneur Echmoun".
Le temple d'Echmoun - Offrande
Musée de Beyrouth
Sarcophages anthropoïdes
Musée de BeyrouthSidon fut célèbre aussi pour ses sarcophages et en particulier les anthropoïdes. Plusieurs ont été trouvés durant les fouilles dans les nécropoles d'Ayaa (quatre étaient en marbre blanc) et de Magharat Tabloun dont le sarcophage du roi Echmounazor. 25 autres étaient retrouvés durant des travaux d’aménagement du lycée évangéliste. La richesse de tous ces sarcophages suppose que la cité de Sidon fut un centre de production de ces articles. Ils étaient presque exclusivement façonnés dans le marbre blanc. C'est à partir de Sidon que l'utilisation des sarcophages anthropoïdes se propagea dans tout le monde méditerranéen. Les sarcophages de Sidon se trouvent aujourd'hui dans les divers musées mondiaux.
A Tyr, la triade est formée par Baal, Astarté et Melqart. Ce dernier était la puissance tutélaire de la cité, son nom signifie "roi de la cité". Son culte remonte au X° siècle av. J.C. quand Hiram, le roi de Tyr, fait ériger un sanctuaire en son honneur et répand son culte. Melqart est considéré comme le fondateur de la cité et le protecteur de ses activités économiques. En raison de la présence d'une forte composante tyrienne dans l'expansion phénicienne en Méditerranée, Melqart s'exporta aux quatre coins du monde connu : de Gibraltar à Chypre, en passant par l'Afrique du Nord, les îles italiennes et l'Égée. Il fut le pivot des relations entre la métropole Tyr et la colonie Carthage. Chaque année, lors d'une fête (appelée egeris par les auteurs grecs), Tyriens et Carthaginois célébraient ensemble à Tyr la résurrection du dieu Melqart, ce qui représentait une autre expression du "dieu qui meurt et renaît". L'Astarté de Tyr a les mêmes qualificatifs que sa voisine sidonienne, déesse de l'amour et de la fertilité. Mises à part ces deux figures centrales (Melqart et Astarté), le panthéon de Tyr regroupe une série d'entités divines variées, tels : Baal Shamem (seigneur des cieux), Baal Shaphon (maître des vents et des courants maritimes), Baal Malagé (seigneur des marins).
Une série de divinités secondaires était également présente aux côtés des triades principales. Ainsi, Khousor régnait sur la mer tout en surveillant le déroulement ponctuel des saisons, Reshef sur le tonnerre et les éclairs, Aliyan sur les sources et les eaux souterraines. Dagon était le dieu du blé, Chadrapa le protecteur des médecins et Hijon celui des artisans. Sydyk et Misor personnifiaient la justice et la droiture.
Le culte était accompli par le souverain (au moins dans les cités principales, Tyr, Byblos et Sidon), secondé par des prêtres regroupés en collèges et dirigés par un "chef des prêtres". Ce personnage était revêtu d'un prestige considérable puisqu'à Tyr, par exemple, le grand prêtre de Melqart était, aux dires de l'historien romain Justin, le second personnage de la cité après le roi. Ses richesses énormes furent, à en croire la légende d'Elissa-Didon, à l'origine de la jalousie du roi de Tyr Pygmalion qui fit assassiner son oncle Acherbas (prêtre de Melqart) et provoqua l'exil de sa sœur qui n'est autre que l'épouse d'Acherbas et la fondatrice de Carthage.
Plusieurs rites et sacrifices étaient pratiqués dans les diverses cités phéniciennes. Parmi les plus célèbres, se trouve la prostitution sacrée en l'honneur d'Astarté. Quelques-unes des sources antiques précisaient : soit que la prostitution était un rite exceptionnel, exercé par les prêtresses des temples d'Astarté et réservé aux visiteurs étrangers, soit que, dans certaines cités, non seulement ces prêtresses, mais aussi toutes les femmes, devaient, une fois dans leur vie, se soumettre à cette pratique. Des interprétations récentes excluent tout lien direct de ce rite avec la fertilité de la nature et proposent une explication beaucoup plus prosaïque : la prostitution sacrée aurait pu être un moyen de remplir les caisses du temple.
D'autres rituels existaient également et pour lesquels les fidèles devaient apporter des offrandes au temple ou immoler des animaux et cela pour obtenir en échange une faveur telle la santé, la guérison, une descendance, une récolte abondante, la victoire sur l'ennemi, etc. Le plus célèbre rite fut le sacrifice humain, en particulier celui des enfants. La Bible mentionne les lieux nommés tophets, où étaient brûlés des fils et des filles de Phénicie. Attesté surtout à Carthage, la plus importante colonie de Tyr, le tophet est un sanctuaire à ciel ouvert, situé hors les murs, qui contient des urnes cinéraires et des stèles en pierre. dans les urnes, des ossements d'enfants ont été trouvés. L'Orient phénicien n'offre pas de témoignages qui viendraient corroborer ces sacrifices. la même citation biblique pourrait faire référence à un unique rite initiatique de purification sacrificielle. Le tophet pourrait être simplement une nécropole d'enfants.
Chaque ville phénicienne possède son panthéon, dominé par une divinité ou un couple poliade. Le plus souvent, on ne les connaît que par leurs titres : Seigneur (Baal; Adôni, en grec Adonis), Roi de la Ville (Melqart), Déesse (Ashtart. Astarté en grec), Dame (Baalat).
Les dieux des cités les plus importantes (Adôni de Byblos, Eshmoun de Sidon, Melqart de Tyr) sont adoptés par de nombreuses autres villes.
Le culte de ces personnifications des forces de la nature est célébré soit dans des hauts lieux sauvages (sommets, grottes, bouquets d'arbres), soit dans des aires aménagées (sanctuaires à ciel ouvert, comme à Amrit, temples, comme ceux de Byblos).
La divinité y est normalement représentée par des pierres dressées et des poteaux ou des arbres ébranchés (les asherah); plus rarement, on lui donne l'allure d'un personnage du panthéon égyptien.
Outre les rites courants de l'Antiquité, les Phéniciens, comme avant eux les Cananéens, pratiquent la prostitution sacrée en l'honneur des divinités et le sacrifice des enfants (en particulier celui du fils premier-né), qui sont brûlés dans des aires sacrificielles (la Bible parle de tophet) où on accumule urnes et stèles funéraires.
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Psaumes 33:13 Du haut des cieux YHWH regarde, il voit tous les enfants des hommes ; 14 du lieu de sa demeure, il observe tous les habitants de la terre, 15 lui qui forme leur coeur à tous, qui est attentif à toutes leurs actions.
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Re: Les Phéniciens
MYTHOLOGIE MESOPOTAMIENNE
Les personnages issus de la MYTHOLOGIE PHENICIENNE sont marqués d'un *
Adon*
Divinité importante de la ville de Byblos, il est le "dieu qui meurt", mort nécessaire pour apporter bienfaits et paix sur la ville, et qui renaît pour commencer un nouveau cycle. La fête célébrée en son honneur se compose de manifestations publiques de lutte, de la tonsure des femmes de la prostitution rituelle et de la liturgie du "réveil" d'Adon. Le culte de ce dieu, que l'on retrouvera plus tard dans la mythologie grecque sous le nom d'Adonis, est lié à la croyance d'une vie après la mort pour les peuples sémitiques.
Aliyan
Divinité secondaire, il veille sur les sources et les eaux souterraines.
Anat / Anath*
Déesse mineure, elle est surtout connue comme épouse de Baal.
Anzû
Aigle immense dont le bec arborait une forme de scie, il trônait sur la montagne des dieux. Mais un jour, il voulut trahir Enlil et lui déroba ses insignes divins. Bien mal lui en prit, il fut aussitôt balayé par Ninurta, dieu des vents !
Apsû
Il est l'élément originel masculin des eaux douces, pendant de Tiamat.
Alors qu'il projetait de tuer les humains, Enki vint à la rescousse de ses enfants et tua Apsû.
Astarté
Autres noms : Ashtar, Ishtar
Déesse de l'amour et de la fécondité, elle est protectrice des villes de Sidon et de Tyr.
Elle jouit d'un culte dérivé de l'ancienne tradition sémitique syro-palestinienne et répandue dans toute la Phénicie. Connue alors comme la "maîtresse des batailles" et déesse de la guerre, la Bible lui attribue les liens avec la fertilité et l'amour, et elle sera plus tard assimilée à l'Aphrodite des Grecs. Ce fait est révélateur de l'ambivalence amour/haine présente à l'époque dans cette partie du monde.
Astroarchê
Déesse symbolisant la Lune, son nom est d'origine grecque, ce qui révèle son culte tardif.
Baal*
Appelé aussi Baal-Moloch, il est le dieu tutélaire de Sidon et de Tyr. Il est en fait le dieu souverain de plusieurs peuples sémites du Proche-Orient.
Frère et époux d'Anath, Maître par excellence, il est le dieu des forces atmosphériques et de la fertilité, celui qui amène la pluie fertilisante et la foudre destructrice. Il a pour voix le tonnerre et pour flèches les éclairs.
Associé à d'autres noms, baal = "seigneur" a désigné divers dieux selon les lieux et les époques : en Phénicie et en Palestine, chaque localité, chaque point d'eau a son Baal. Les Grecs l'identifient à Cronos ou à Zeus, et les Romains à Saturne. Dans l'Ancien Testament, les prophètes dénoncent vigoureusement les rites licencieux associés à son culte et se scandalisent de la ferveur que lui témoignent les Hébreux avant de devenir définitivement monothéistes - les faux dieux des idolâtres sont désignés sous le nom de Baal. La tradition hébraïque a d'ailleurs fait parvenir jusqu'à nous deux noms de Baal, transformé en démon : Belphégor et Belzébuth.
Baal est souvent représenté armé d'une lance, la tête ceinte d'une couronne de rayons symbolisant le Soleil. Son culte était rendu de préférence sur des collines ou des terrasses, lieux plus proches du ciel. Ses sanctuaires comprenaient un mur d'enceinte, un vaste espace pour le public, une caverne creusée dans le roc réservée aux prêtres, des stèles de pierre gravées, un autel constitué d'un bloc de pierre et une fosse destinée aux restes des victimes, souvent humaines.
Baalat*
Déesse de la ville de Byblos, son iconographie, caractérisée par des symboles égyptiens, la relie à la Hathor-Isis. Elle était la protectrice du roi et la garante du pouvoir. On représente la déesse sur un trône, vêtue d'une robe collante à la manière des déesses égyptiennes.
Baal Shamem*
Dieu de la ville de Tyr, il est le seigneur des cieux.
Baal Shaphon*
Dieu de la ville de Tyr, il est le maître des vents et des courants maritimes.
Baal Malagé*
Dieu de la ville de Tyr, il est le seigneur des marins.
Chadrapa
Divinité secondaire, il est le protecteur des médecins.
Appelé parfois Namtar, il peut à la fois, selon sa volonté, propager ou soigner une maladie.
Dagon
Divinité secondaire, il est le dieu du blé, le protecteur des récoltes.
Echmoun*
Dieu principal de la ville de Sidon, son nom se rattache à la racine sémitique qui désigne l'huile dont les vertus protectrices et curatives revêtaient une grande importance dans les civilisations antiques.
Enki
Appelé parfois Ea, il est considéré comme le plus intelligent et le plus doux des dieux. Il est le créateur des humains et le maître des techniques et des savoirs, dans un rôle qui le rapproche du Prométhée des Grecs. Il est dit qu'il connaît le successeur d'Enlil.
Enlil
Il est le roi des dieux de Mésopotamie. Il aime à dormir sur sa montagne à l'abri du vacarme humain, qui l'insupporte au plus haut point.
N'y tenant plus, il déclencha un jour le Déluge pour avoir le silence ! Personne n'y survécut à l'exception d'un homme appelé Supersage, qui recréa l'espèce humaine, inspiré par Enki dans cette tâche. Fatigué, Enlil annonce qu'il se retirera bientôt du monde pour se reposer...
Son épouse s'appelle Sud, qui prend le nom de Ninlil lorsqu'elle l'épouse. Elle protège les naissances et l'écriture.
Gilgamesh
Roi d'Uruk, il était doté d'une force colossale. Enivré par ses exploits physiques, il cherchera à accéder à l'immortalité mais échoue. Les dieux, inquiets de son orgueil, façonnèrent une créature appelée Enkidu pour l'anéantir. Mais les deux rivaux deviennent amis et il faut l'intervention finale d'Ishtar pour terrasser les deux héros.
Hada
Autre nom : Adad
Dieu à la fois de l'orage dévastateur et de pluies bienfaitrices, on le représente comme un dieu barbu sur un taureau.
Hijon
Divinité secondaire, il est le protecteur des artisans.
Khousour
Divinité secondaire, il surveille le déroulement ponctuel des saisons.
Mardouk
Dieu de la ville de Babylone, il est le vainqueur de la terrible Tiamat. Il crée son propre sanctuaire à Babylone et attend patiemment de devenir roi des dieux, titre qu'il revendique haut et fort.
Melkart / Melqart*
Melqart était la puissance tutélaire - c'est à dire protectrice - de la cité de Tyr : son nom signifie "roi de la cité". Son culte remonte au Xème siècle av. J.C. quand Hiram, le roi de Tyr, fait ériger un sanctuaire en son honneur et répand son culte. Melqart est considéré comme le fondateur de la cité et le protecteur de ses activités économiques. En raison de la présence d'une forte composante tyrienne dans l'expansion phénicienne en Méditerranée, Melqart s'exporta aux quatre coins du monde connu : de Gibraltar à Chypre, en passant par l'Afrique du Nord, les îles italiennes et l'Egée. Il fut le pivot des relations entre la métropole Tyr et la colonie Carthage. Chaque année, lors d'une fête (appelée egeris par les auteurs grecs), on célébrait sa résurrection, Melqart était donc une autre expression du dieu qui meurt et renaît, à l'instar d'Adon.
Misor
Divinité secondaire, il personnifie la droiture, que ce soit au combat, en justice, en amitié ou en amour.
Moloch*
Autre nom de Baal, il s'agit en fait à l'origine d'une divinité cananéenne et phénicienne dont le nom désigne également les sacrifices d'enfants faits en l'honneur de cette divinité.
Le sacrifice consistait à immoler à Moloch, avec consécration par le feu, des victimes humaines. Sous les règnes d'Achaz, de Manassé et de quelques rois de Juda ultérieurs (aux VIIIème et VIIème s. av. J.-C.), ces immolations avaient lieu près de Jérusalem, dans la vallée de Hinnom. L'usage qui consistait à sacrifier son propre fils ("faire passer son fils par le feu en l'honneur de Moloch", lit-on dans les Livres des Rois) était néanmoins peu répandu à l'époque. Les prophètes d'Israël condamnèrent cette pratique barbare.
Nintu
Déesse de la paix et de la famille, elle a pour fils Ninurtu, le dieu des vents.
Reshef
Divinité secondaire, il veille - sans pouvoir les toucher - sur le tonnerre et les éclairs.
Sydyk
Divinité secondaire, il personnifie la justice, limpide et forte.
Tammuz
Identifié à Dionysos par les Grecs, il est le dieu de la joie, des fêtes et des processions.
Les fêtes en son honneur donnaient souvent lieu à des débordements.
Tiamat
Grand serpent aquatique personnifiant l'élément féminin originel de la mer.
Créatrice de dragons géants, de monstres marins, de lions colossaux et d'hommes-scorpions, son but était d'exterminer les dieux. Elle sera tuée par Mardouk, qui crée le monde à partir de son cadavre.
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Psaumes 33:13 Du haut des cieux YHWH regarde, il voit tous les enfants des hommes ; 14 du lieu de sa demeure, il observe tous les habitants de la terre, 15 lui qui forme leur coeur à tous, qui est attentif à toutes leurs actions.
Ne devez rien à personne, sinon de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime son semblable a accompli [la] loi. Romains 13:8
Re: Les Phéniciens
La religion des Phéniciens
Françoise Briquel-Chatonnet
Docteur en Histoire
Directrice de recherche au CNRS au laboratoire Orient et Méditerranée
Les Phéniciens, d'après le nom que les Grecs ont donné aux habitants de la côte septentrionale du Levant méditerranéen dans la première moitié du Ier millénaire avant J.-C., sont à la fois bien et mal connus. Bien, car ils ont arpenté la Méditerranée, et les littératures grecque et latine fourmillent de la mention de marchands, marins et soldats phéniciens ou carthaginois. Mal, car on dispose de très peu de textes phéniciens, essentiellement des inscriptions sur pierre, au contenu forcément formel et standardisé. Cette situation est particulièrement préjudiciable quand on cherche à connaître leur religion.
Aucun texte phénicien n'a été conservé qui transcrive les mythes, le système de pensée par lequel les Phéniciens expliquaient l'origine du monde et lui donnaient sens. On doit donc se fonder sur les textes des Grecs, qui réinterprètent les dieux phéniciens et leurs histoires en les assimilant à leurs propres divinités. Seuls nous sont directement accessibles par des documents phéniciens la pratique, le nom des dieux que les Phéniciens révéraient et à qui ils se confiaient ou rendaient un culte, et les rites qui étaient accomplis. Enfin, on ne doit pas négliger le témoignage de l'onomastique : presque tous les noms de personnes phéniciens étaient théophores, c'est-à-dire formés d'une courte phrase relative à un dieu : on connaît ainsi des Hannibaal (« Baal a fait grâce »), des Abdeshmoun (« serviteur d'Eshmoun »)... Mais il faut là faire la part du conservatisme et des traditions familiales qui peuvent perpétuer la mention de dieux qui ne sont plus en fait l'objet d'une réelle dévotion.
Le panthéon des Phéniciens, au Ier millénaire avant J.-C., présente une double caractéristique. D'une part, il est l'héritier du panthéon sémitique de l'âge du bronze (IIe millénaire), dont celui d'Ougarit, un peu plus au nord, fournit un exemple assez bien attesté. Les mythes ougaritiques éclairent ainsi et donnent vie aux sèches dédicaces conservées de l'époque ultérieure. D'autre part, ce panthéon s'inscrit dans le paysage politique du Ier millénaire, caractérisé par des cités autonomes, chacune ayant sa personnalité et sa culture.
Un panthéon héritier de la culture sémitique
Mentionnons d'abord le dieu El, dont le nom vient d'une racine qui signifie « premier ». "Je corrige, "El" signifie = "Dieu" . C'est sur cette forme 'l qu'est formé le mot « dieu » aussi bien en phénicien ('elim) qu'en hébreu ('elohim) "Faux, "El "qui signifie Dieu est le diminutif d'"Elohim" ou en arabe ('allah = al-'ilah). "Faux, le "Al" de "Al lâh" signifie en arabe "LE" quelque chose, et rien d'autre" El trônait au sommet du panthéon ougaritique, mais déjà dans une situation de sage âgé que l'on vient consulter mais qui n'intervient guère. Il est très peu invoqué dans le monde phénicien ; pourtant, une inscription phénicienne de Karatepe en Anatolie, qui date des environs de 700 avant J.-C., appelle encore sa protection sur le royaume des Danouniens, en lui donnant le titre de « créateur de la terre » qui apparaît jusqu'à l'époque néopunique. C'est bien ce rôle aux origines du monde qui le caractérise, tandis que la fonction agissante est plutôt dévolue à Baal.
Le nom de ce dernier est d'abord un nom commun, « le maître ». Baal, à Ougarit, est le dieu des éléments atmosphériques, celui qui assure la pluie fécondante, qui est aussi le maître des orages et des tempêtes et, par là, le protecteur des marins. Sa demeure est sur la montagne, au-dessus des nuées qu'il chevauche. Dans les textes phéniciens, il est rarement invoqué sous ce seul nom. En tant que maître des éléments atmosphériques, il prend le titre de Baal Shamim, « le maître des cieux ». Un texte assyrien met ce dernier en tête du panthéon tyrien, avec d'autres hypostases ou figures de Baal, tels Baal Malage et Baal Saphon. Quelquefois, il porte un qualificatif : Baal Addir ou « puissant ». Enfin, chaque ville se reconnaît un Baal protecteur.
Anat, sœur et parèdre de Baal à Ougarit, s'efface au Ier millénaire au profit d'Ashtart, Astarté en grec, qui est la grande figure féminine du panthéon phénicien. Déesse de la fécondité, ce qui explique son interprétation grecque en Aphrodite, elle est aussi déesse de la guerre et de la chasse, déesse céleste et astrale, enfin protectrice des cités et de leurs rois.
Un panthéon qui s'inscrit dans le paysage politique
Chacune des cités phéniciennes, jalouse de son autonomie, se place en effet sous la protection de divinités particulières, qui assurent au roi un long règne et, par là, la prospérité de tous les habitants. La religion présente à cette époque un caractère poliade, « lié à la cité ». À Byblos, les dédicaces sont adressées à la Baalat Gubal, la « maîtresse de Byblos ». Dans cette ville depuis des siècles en relation avec l'Égypte et dont la culture est pétrie d'influences égyptiennes, la Baalat Gubal est représentée comme la déesse Hathor, vêtue d'une robe moulante et portant une coiffure formée d'un disque lunaire entre deux cornes de vaches. Certaines inscriptions montrent que cette « maîtresse de Byblos » est en fait une figure d'Ashtart. On lui associe parfois Baal Shamim, le « maître des cieux ». Aux époques plus récentes, le parèdre de la déesse de Byblos a la figure d'un jeune homme et porte le titre de « seigneur », adon, d'où dérivera en grec le nom du héros Adonis.
Pour Beyrouth, on manque d'informations : une dédicace retrouvée dans les fouilles récentes est faite à Ashtart, mais les textes en grec évoquent le grand dieu de Beyrouth sous le nom de Poséidon. À Sidon aussi, le panthéon est dominé par un couple divin : Eshmoun, dieu guérisseur auquel sont consacrés les plus importants sanctuaires de la cité, et Ashtart : les rois de la cité portent le titre de « prêtres d'Ashtart ». Certaines inscriptions évoquent aussi un Baal de Sidon.
À Tyr enfin, le culte d'Ashtart est attesté, mais les textes et la tradition placent la cité sous la protection de Milqart, dont le nom signifie « le roi de la ville », et qui porte, dans une inscription retrouvée à Malte, le titre de « Baal de Tyr ». Héritier des souverains du IIe millénaire qui, après leur mort, étaient héroïsés et accédaient à un statut divin, Milqart est sans doute au centre de toute une mythologie, que l'on ne peut qu'entrevoir, au cours de laquelle il meurt et renaît – triomphe sur la mort qui assure la prospérité de la nature et des entreprises de la cité. De plus, il a une relation particulière avec la famille royale et la cité tout entière dont il assure la protection. Il est aussi le protecteur des entreprises commerciales de la cité, fondateur de ses colonies, et ainsi son culte s'est répandu dans toute la Méditerranée.
Ces couples divins, propres à chaque cité même si on y reconnaît des figures générales, fonctionnent au milieu d'une assemblée divine indéterminée, laquelle est évoquée à Byblos comme « tous les dieux de Byblos », ou « les dieux saints de Byblos ».
Un culte soigneusement organisé
En dehors de ces cultes officiels aux dieux destinataires des dédicaces royales, des dieux guérisseurs ou protecteurs sont évoqués par des particuliers. C'est de cas, outre Eshmoun, de Shadrapha, de Sid ou de Horon. La piété des dévots s'oriente aussi vers des divinités ou des génies protecteurs égyptiens. Les noms propres faisant référence à Amon, Osiris, Isis ou Bastet deviennent plus nombreux à la fin du Ier millénaire, tandis que de petites amulettes égyptisantes, des figurines représentant Bès, sans doute portées autour du cou pour attirer la protection divine dans la vie quotidienne, se multiplient dans les tombes.
À ces dieux, les rois offrent des temples.
Les inscriptions royales vantent régulièrement les constructions dédiées par les souverains aux divinités qui les protègent : c'est même l'acte royal par excellence, comme on le voit aussi pour Salomon dans le Livre des Rois. Le culte consiste en offrandes – farine, huile, mais aussi parfums et encens – et en sacrifices qui, comme dans la Bible, se répartissent en trois catégories : les holocaustes, au cours desquels l'animal est entièrement brûlée ; les sacrifices expiatoires et les sacrifices de communion, dans lesquels elle est partagée entre le dieu, les prêtres et parfois le fidèle offrant le sacrifice, qui doit aussi parfois verser une rémunération en argent.
Le culte est assuré par des prêtres et des prêtresses, liés à une divinité et organisés en collèges à la tête desquels se trouve un « chef des prêtres ». Les comptes du temple d'Ashtart à Kition de Chypre, que l'on connaît pour deux mois, mentionnent la rémunération des autres membres du personnel : sont ainsi évoqués des maçons, des portiers, des chanteurs, des sacrificateurs, des boulangers, des pages, des barbiers, des bergers, des artisans divers, sans doute aussi des prostitués sacrés des deux sexes.
Les fidèles invoquent leurs dieux dans la détresse mais attendent en général, pour verser l'offrande, que la divinité ait exaucé leur prière. Les dédicaces abondent, ainsi libellées : « Offrande (ou mention de l'objet) qu'a offerte X, fils de Y, à tel dieu, parce qu'il a entendu sa voix ». Ainsi gardons-nous essentiellement le souvenir des vœux qui ont été exaucés !
Françoise Briquel-Chatonnet
La religion des Phéniciens, sémitique et poliade
Françoise Briquel-Chatonnet
Docteur en Histoire
Directrice de recherche au CNRS au laboratoire Orient et Méditerranée
Les Phéniciens, d'après le nom que les Grecs ont donné aux habitants de la côte septentrionale du Levant méditerranéen dans la première moitié du Ier millénaire avant J.-C., sont à la fois bien et mal connus. Bien, car ils ont arpenté la Méditerranée, et les littératures grecque et latine fourmillent de la mention de marchands, marins et soldats phéniciens ou carthaginois. Mal, car on dispose de très peu de textes phéniciens, essentiellement des inscriptions sur pierre, au contenu forcément formel et standardisé. Cette situation est particulièrement préjudiciable quand on cherche à connaître leur religion.
Aucun texte phénicien n'a été conservé qui transcrive les mythes, le système de pensée par lequel les Phéniciens expliquaient l'origine du monde et lui donnaient sens. On doit donc se fonder sur les textes des Grecs, qui réinterprètent les dieux phéniciens et leurs histoires en les assimilant à leurs propres divinités. Seuls nous sont directement accessibles par des documents phéniciens la pratique, le nom des dieux que les Phéniciens révéraient et à qui ils se confiaient ou rendaient un culte, et les rites qui étaient accomplis. Enfin, on ne doit pas négliger le témoignage de l'onomastique : presque tous les noms de personnes phéniciens étaient théophores, c'est-à-dire formés d'une courte phrase relative à un dieu : on connaît ainsi des Hannibaal (« Baal a fait grâce »), des Abdeshmoun (« serviteur d'Eshmoun »)... Mais il faut là faire la part du conservatisme et des traditions familiales qui peuvent perpétuer la mention de dieux qui ne sont plus en fait l'objet d'une réelle dévotion.
Le panthéon des Phéniciens, au Ier millénaire avant J.-C., présente une double caractéristique. D'une part, il est l'héritier du panthéon sémitique de l'âge du bronze (IIe millénaire), dont celui d'Ougarit, un peu plus au nord, fournit un exemple assez bien attesté. Les mythes ougaritiques éclairent ainsi et donnent vie aux sèches dédicaces conservées de l'époque ultérieure. D'autre part, ce panthéon s'inscrit dans le paysage politique du Ier millénaire, caractérisé par des cités autonomes, chacune ayant sa personnalité et sa culture.
Un panthéon héritier de la culture sémitique
Mentionnons d'abord le dieu El, dont le nom vient d'une racine
Le nom de ce dernier est d'abord un nom commun, « le maître ». Baal, à Ougarit, est le dieu des éléments atmosphériques, celui qui assure la pluie fécondante, qui est aussi le maître des orages et des tempêtes et, par là, le protecteur des marins. Sa demeure est sur la montagne, au-dessus des nuées qu'il chevauche. Dans les textes phéniciens, il est rarement invoqué sous ce seul nom. En tant que maître des éléments atmosphériques, il prend le titre de Baal Shamim, « le maître des cieux ». Un texte assyrien met ce dernier en tête du panthéon tyrien, avec d'autres hypostases ou figures de Baal, tels Baal Malage et Baal Saphon. Quelquefois, il porte un qualificatif : Baal Addir ou « puissant ». Enfin, chaque ville se reconnaît un Baal protecteur.
Anat, sœur et parèdre de Baal à Ougarit, s'efface au Ier millénaire au profit d'Ashtart, Astarté en grec, qui est la grande figure féminine du panthéon phénicien. Déesse de la fécondité, ce qui explique son interprétation grecque en Aphrodite, elle est aussi déesse de la guerre et de la chasse, déesse céleste et astrale, enfin protectrice des cités et de leurs rois.
Un panthéon qui s'inscrit dans le paysage politique
Chacune des cités phéniciennes, jalouse de son autonomie, se place en effet sous la protection de divinités particulières, qui assurent au roi un long règne et, par là, la prospérité de tous les habitants. La religion présente à cette époque un caractère poliade, « lié à la cité ». À Byblos, les dédicaces sont adressées à la Baalat Gubal, la « maîtresse de Byblos ». Dans cette ville depuis des siècles en relation avec l'Égypte et dont la culture est pétrie d'influences égyptiennes, la Baalat Gubal est représentée comme la déesse Hathor, vêtue d'une robe moulante et portant une coiffure formée d'un disque lunaire entre deux cornes de vaches. Certaines inscriptions montrent que cette « maîtresse de Byblos » est en fait une figure d'Ashtart. On lui associe parfois Baal Shamim, le « maître des cieux ». Aux époques plus récentes, le parèdre de la déesse de Byblos a la figure d'un jeune homme et porte le titre de « seigneur », adon, d'où dérivera en grec le nom du héros Adonis.
Pour Beyrouth, on manque d'informations : une dédicace retrouvée dans les fouilles récentes est faite à Ashtart, mais les textes en grec évoquent le grand dieu de Beyrouth sous le nom de Poséidon. À Sidon aussi, le panthéon est dominé par un couple divin : Eshmoun, dieu guérisseur auquel sont consacrés les plus importants sanctuaires de la cité, et Ashtart : les rois de la cité portent le titre de « prêtres d'Ashtart ». Certaines inscriptions évoquent aussi un Baal de Sidon.
À Tyr enfin, le culte d'Ashtart est attesté, mais les textes et la tradition placent la cité sous la protection de Milqart, dont le nom signifie « le roi de la ville », et qui porte, dans une inscription retrouvée à Malte, le titre de « Baal de Tyr ». Héritier des souverains du IIe millénaire qui, après leur mort, étaient héroïsés et accédaient à un statut divin, Milqart est sans doute au centre de toute une mythologie, que l'on ne peut qu'entrevoir, au cours de laquelle il meurt et renaît – triomphe sur la mort qui assure la prospérité de la nature et des entreprises de la cité. De plus, il a une relation particulière avec la famille royale et la cité tout entière dont il assure la protection. Il est aussi le protecteur des entreprises commerciales de la cité, fondateur de ses colonies, et ainsi son culte s'est répandu dans toute la Méditerranée.
Ces couples divins, propres à chaque cité même si on y reconnaît des figures générales, fonctionnent au milieu d'une assemblée divine indéterminée, laquelle est évoquée à Byblos comme « tous les dieux de Byblos », ou « les dieux saints de Byblos ».
Un culte soigneusement organisé
En dehors de ces cultes officiels aux dieux destinataires des dédicaces royales, des dieux guérisseurs ou protecteurs sont évoqués par des particuliers. C'est de cas, outre Eshmoun, de Shadrapha, de Sid ou de Horon. La piété des dévots s'oriente aussi vers des divinités ou des génies protecteurs égyptiens. Les noms propres faisant référence à Amon, Osiris, Isis ou Bastet deviennent plus nombreux à la fin du Ier millénaire, tandis que de petites amulettes égyptisantes, des figurines représentant Bès, sans doute portées autour du cou pour attirer la protection divine dans la vie quotidienne, se multiplient dans les tombes.
À ces dieux, les rois offrent des temples.
Les inscriptions royales vantent régulièrement les constructions dédiées par les souverains aux divinités qui les protègent : c'est même l'acte royal par excellence, comme on le voit aussi pour Salomon dans le Livre des Rois. Le culte consiste en offrandes – farine, huile, mais aussi parfums et encens – et en sacrifices qui, comme dans la Bible, se répartissent en trois catégories : les holocaustes, au cours desquels l'animal est entièrement brûlée ; les sacrifices expiatoires et les sacrifices de communion, dans lesquels elle est partagée entre le dieu, les prêtres et parfois le fidèle offrant le sacrifice, qui doit aussi parfois verser une rémunération en argent.
Le culte est assuré par des prêtres et des prêtresses, liés à une divinité et organisés en collèges à la tête desquels se trouve un « chef des prêtres ». Les comptes du temple d'Ashtart à Kition de Chypre, que l'on connaît pour deux mois, mentionnent la rémunération des autres membres du personnel : sont ainsi évoqués des maçons, des portiers, des chanteurs, des sacrificateurs, des boulangers, des pages, des barbiers, des bergers, des artisans divers, sans doute aussi des prostitués sacrés des deux sexes.
Les fidèles invoquent leurs dieux dans la détresse mais attendent en général, pour verser l'offrande, que la divinité ait exaucé leur prière. Les dédicaces abondent, ainsi libellées : « Offrande (ou mention de l'objet) qu'a offerte X, fils de Y, à tel dieu, parce qu'il a entendu sa voix ». Ainsi gardons-nous essentiellement le souvenir des vœux qui ont été exaucés !
Françoise Briquel-Chatonnet
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Psaumes 33:13 Du haut des cieux YHWH regarde, il voit tous les enfants des hommes ; 14 du lieu de sa demeure, il observe tous les habitants de la terre, 15 lui qui forme leur coeur à tous, qui est attentif à toutes leurs actions.
Ne devez rien à personne, sinon de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime son semblable a accompli [la] loi. Romains 13:8
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