Laozi ou Lao-Tseu. Le taoïsme et le caodaïsme
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Laozi ou Lao-Tseu. Le taoïsme et le caodaïsme
Laozi ou Lao-Tseu.
Le taoïsme et le caodaïsme.
Le taoïsme aurait été fondé par des inconnus du Fleuve Jaune vers 3000 av. J.-C. puis concrétisé par Fu-Hi (2825 av. J.-C.), fondateur de la cosmologie du Yin-Yang.
Selon l’historien Sima Qian (145-86 av. J.-C.), fonctionnaire à la cour des Han, les idées taoïstes ont été rassemblées par Laozi ou Lao-Tseu ou Lao-Tan (v. 570-490 av. J.-C.), archiviste à la cour des Tcheou, et dont le nom de famille était Li. Ce personnage semi-légendaire, à qui la tradition attribue la rédaction du texte principal du taoïsme philosophique, le Daode jing ou Tao-tö-king (Livre de la voie et de la vertu), est le contemporain de Confucius qu’il rencontre en 517 av. J.-C.
La légende raconte que Lao-Tseu, rebuté par la décadence de son époque, partit vers l’occident et dicta le Tao-tö-king au garde-frontière Yin Xi avant de disparaître. Les taoïstes prétendent que le sage gagna l’Inde et que sa doctrine devint le bouddhisme ; certains affirment même que Laozi et Bouddha n'étaient qu’une seule et même personne.
LE PRINCIPE DU TAO
Le Tao est un principe qui règne à l’origine de la vie, c'est le "cours des choses". Son idéogramme, traduit généralement par voie, signifie aussi : "puissance résidant dans et derrière la Nature" et animant le jeu cosmique.
Le Dao (ou Tao en ancienne transcription) est le Principe régulateur de l’Univers.
Le Dao est éternel, coexistant avec l’Univers, et même antérieur à celui-ci :
« Il y avait quelque chose dans un état de fusion avant la formation du Ciel et de la Terre. Tranquille ! Ineffable ! Elle existe seule et ne change pas ; elle circule et ne se lasse pas. On peut la considérer comme la Mère de tout sous le Ciel (c’est-à-dire le monde), mais j’ignore son nom ; je l’appellerai Dao, et, s’il faut lui donner un nom, ce sera grand (chapitre. XXV).
Pour être en harmonie avec le Tao, l'homme doit pratiquer le non-agir (wu wei) ou du moins rien de forcé, d'artificiel ou de non naturel.
Par la conformité spontanée avec les impulsions de sa propre nature essentielle et par l'abandon de toutes les doctrines du savoir, l'homme réalise l'union avec le Tao et en retire un pouvoir mystérieux (De) grâce auquel il arrive à transcender toutes les distinctions terrestres, même celle entre la vie et la mort. Un tel être est invulnérable, car "il n’y a en lui aucune place pour la mort". (chap. L)
« Ne pas regarder ce qu’on pourrait désirer » (chap. III), car les passions usent et causent une déperdition de vitalité.
Pour durer, tel que le Ciel et la Terre, il ne faut pas produire des choses "de soi-même" (chap. VII), mais tout laisser à l’état originel (ziran).
Cette spontanéité s’obtient par le non-agir : ne pas intervenir, ne pas troubler l’harmonie naturelle par les inventions de notre esprit, déréglé par des préceptes culturels.
Il faut abolir la (prétention à la) sagesse et rejeter le savoir (chap. XIX), car "celui qui poursuit l’étude augmente chaque jour, tandis que celui qui pratique le Dao diminue chaque jour. En diminuant de plus en plus, on arrive au non agir. En n’agissant pas, il n’y a rien qui ne se fasse » (chap. XLVIII). Cette diminution est vue comme un retour : « Le retour est le mouvement du Dao » (chap. XL). Il s’agit du retour mystique à la Mère des dix mille êtres, dont le nombre est représenté par le svastika.
Lao-Tseu explique que « le Tao ou la Raison suprême dans son état d'immutabilité, est sans nom. Il est simple de sa nature, mais, quoique d'une subtilité très grande, le monde entier ne pourrait le subjuguer... Ce n'est que lorsqu'il eut commencé à se diviser et à revêtir des formes corporelles qu'il eut un nom... Pour employer une comparaison, le Tao ou raison suprême existe dans tout l'univers et le pénètre de sa substance, comme les rivières et les torrents des vallées se répandent dans les fleuves et dans les mers ». L'unité absolue est sa formule la plus abstraite, et cette unité précède logiquement, nécessairement et ontologiquement des modes d'être subséquents qui rentrent dans l'unité.
Cette raison suprême a trois expressions qui sont : « I », qui désigne celui que l'on regarde et que l'on ne voit pas ; « Hi », celui que l'on écoute et que l'on n'entend pas ; « Wei », celui qu'on cherche et qu'on ne peut saisir. Séparées, aucune d'elles n'exprime quelque chose de corporel, qui ait un son ou une couleur, et, quand elles sont réunies, elles n'expriment aucune idée de forme corporelle, et elles n'ont point de noms.
L'unité n'est point par elle-même unité ; c'est par la triade qu'elle est unité. De même, la triade n'est point par elle-même la triade, c'est par l'unité qu'elle est la triade. La triade est donc l'unité-triade. C'est par la triade que l'unité existe ; la triade est donc l'unité-triade ou la trinité-unité. La triade n'est point parfaite comme simple triade ; si elle n'est point parfaite comme simple triade, alors ce n'est point une triade ; si l'unité n'est point parfaite comme unité en tant qu'unité, alors ce n'est pas une unité.
« L'unité, c'est ce qui a un principe unique de direction ; la dualité, c'est ce qui est pair ; la triade ou l'unité, c'est ce qui opère les transformations… L'unité de direction, c'est la racine, la base ; le pair, c'est le tronc, le corps ; le principe qui opère les transformations, c'est l'esprit divin. Ne retrouvons-nous point là le Père, le Fils qui est l'incarnation du Père, et l'Esprit qui manifeste sa volonté ?... Il est dit que tous les êtres sortent de l'unité, subsistent dans la dualité et sont parfaits dans la triade ou dans la Trinité. » (Tseu-hoa-tseu)
La triade des Trois Purs (San Tsing) a pour personnage central Yuan-che Tien-tsouen (le Vénérable Céleste du Commencement originel) qui aurait délégué ses pouvoirs à l'empereur de Jade, le deuxième personnage de cette trinité ; sur le nom du troisième personnage, les textes diffèrent. Auparavant, la triade taoïste avait eu pour chef le "Grand Un" (T’ai-Yi).
CHRONOLOGIE HISTORIQUE
Maître Zhuang
Zhuang Zhou ou Tchouang-Tseu, Maître Zhuang, est un penseur chinois du IVe siècle av. J.-C. à qui l'on attribue la paternité d'un texte essentiel du taoïsme appelé de son nom, le Zhuangzi, ou encore Nanhuazhenjing (le Vrai classique de Nanhua). Cette oeuvre, datant de 350 à 275 avant J.-C., est un ouvrage fondamental du taoïsme auquel il donne son contenu philosophique.
L’union avec l’Un (c’est-à-dire le Dao que l’on peut nommer "Mère des dix mille êtres") se réalise par l’extase. L’ataraxie complète, le wu wei, est une transe par laquelle on retrouve l’unité originelle. Le Zhuangzi raconte comment Confucius, étant allé rendre visite au Vieux Maître (Laozi), le trouva assis immobile et ravi en extase. Quand il fut revenu à lui, il dit : « Je m’ébattais dans l’origine des choses ». Remontant le cours des alternances du Yin et du Yang (les Deux issus de l’Un), contemplant leur incessant va-et-vient (actif/passif, vie/mort, plein/vide), il obtient en lui leur union (hé) : « Là est beauté, la joie suprême. S’ébattre dans ce ravissement, c’est le lot du surhomme » (chap. XXI, trad. L. Wieger). L’envol mystique dont parle le Vieux Maître s’appelle souvent "yuan you", la « randonnée lointaine ». Le saint en extase visite les contrées hors de ce monde. « Le vrai sage vit mille ans, après quoi, las de ce monde, il le quitte et s’en va vers les Immortels. Monté sur un nuage blanc, il arrive dans la région des dieux ». (chap. XII)
La pensée mystique du Vieux Maître se détache sur un arrière-fond religieux et magique. Les saints taoïstes se déplaçaient en dansant le pas de Yu, héros fondateur mythique de la première dynastie, démiurge qui ordonna l’univers après le déluge. Mi-homme mi-dieu, il était hémiplégique et boitait. Yu était encore le saint fondateur des confréries de forgerons. C’est là que trouvent leurs origines les techniques secrètes et les pratiques ésotériques.
Huangdi, l’Empereur jaune
La pensée de Lao-Tseu est reprise par les courtisans de la dynastie Han, qui la relient aux légendes de Qin Shi Huangdi (l’Empereur jaune) et à la cosmologie yin-yang du taiji pour étoffer leur propre philosophie. Huangdi, qui aurait régné de -2697 à -2598 av. J.-C., doit sa place dans le taoïsme au courant de philosophie politique huanglao particulièrement influent au début des Han occidentaux (206 à 9 av. J.-C.), pour qui il représente le souverain idéal. Sous les Han, le taoïsme s’appelle d’une façon générale "les doctrines de Huangdi et de Laozi" et les noms des deux saints fondateurs sont souvent associés au point de former une seule expression : Huanglao dao (la Voie de Huangdi et Lao Tseu). Le taoïsme comporte aussi bien des pratiques ésotériques et techniques magiques (Huangdi) qu’une mystique (Laozi).
Le taiji, Grand Ultime, désigne le principe universel sous-jacent à toute réalité ; ce concept, apparu dans le Yi jing, Livre des mutations (vers 1000 av. J.-C.), est décrit comme la source et l'union de la dichotomie primitive de l'univers, entre le principe actif du yang et le principe passif du yin.
L’Empereur jaune (Qin Shi Huangdi) est considéré comme l’auteur de nombre d’ouvrages de médecine. Pour vivre longtemps, est-il dit au début du Huangdi neijing, il faut savoir se conformer aux mouvements alternatifs du Yin et Yang et s’adapter aux "nombres scientifiques".
Le corps apparaît comme un assemblage de "souffles". Les gros souffles, apparentés aux matières terrestres, forment les os, la chair. Des souffles plus subtils, d’essence céleste, sont représentés par le sang et l’esprit. Les souffles du corps ont tous un mana, une efficacité spirituelle (ling) qui peut s’extérioriser et communiquer ainsi avec les essences correspondantes dans le macrocosme.
Les Cinq Viscères (cœur, poumons, reins, foie et rate) correspondent aux Cinq Éléments (feu, métal, eau, bois et terre), qui de nouveau correspondent aux orients (les quatre vents et le centre), aux couleurs (rouge, blanc, noir, azur et jaune), aux saveurs, aux saisons, etc.
Les deux yeux correspondent au Soleil et à la Lune et on peut réaliser le Soleil et la Lune à l’intérieur du corps à partir de ces deux points de communication.
Ainsi, le corps humain devient non seulement un microcosme, mais tout l’univers.
Pour établir cet ordre divin, on pratiquait la méditation extatique (zuo wang).
L’embryon immortel, méditation taoïste
À l’alchimie interne (nei dan) correspondait une alchimie externe (wai dan), évidemment sous le patronage du Huangdi. Respiration, pratiques sexuelles et alchimie n’étaient pas les seuls procédés.
La Biographie des Immortels (Liexian zhuan), recueil hagiographique datant des Han orientaux ou postérieurs (23-220), donne, à travers les légendes des saints, un inventaire, fort long, d’autres procédés : abstinence de céréales (les céréales nourrissaient les Trois Vers ou Trois Cadavres à l’intérieur du corps humain : esprits démoniaques, à l’origine de la décrépitude et de la mort) ; absorption de drogues végétales (le champignon de l’Immortalité ; les graines du pin, arbre toujours vert) et minérales, que les adeptes recueillaient au cours de leurs randonnées lointaines dans les montagnes ; autocrémation, c’est-à-dire transmutation par le feu ; gymnastique alliée aux pratiques respiratoires ; procédés magiques, astrologiques, etc.
La dynastie Han tardive assista aussi à la fusion de certains aspects du taoïsme avec la religion chinoise, et les adeptes de nouveaux cultes tels que les Turbans jaunes, dans le Shandong, précipitèrent la chute de la dynastie en 220 apr. J.-C.
Le Tao Chiao
La religion Tao Chiao (chiao signifie éducation), considérée comme fondée par le premier Maître céleste, Zhang Daoling, qui prétend avoir reçu un message du sage Laozi en 142 apr. J.-C. dans les montagnes du Sichuan, contient plusieurs éléments symboliques, notamment deux principes (appelés des "âmes" ou des "respirations") qui, tantôt par leur conflit, tantôt par leur union féconde, sont à l’origine de l'Univers et de l'Humanité : le yang (solaire) et le yin (lunaire).
Le yang est formé d'une multitude de bons esprits (shen), le yin d'une multitude de particules plus ou moins mauvaises, les spectres (kweï).
Les dieux sont composés uniquement de shen, les hommes d'un mélange de shen et de kweï. A leur mort, leur partie shen va au Ciel et leur partie kweï demeure sur Terre.
Les spéculations taoïstes fusionnent avec des concepts bouddhistes pour donner naissance au bouddhisme chan, devenu au Japon le zen.
Qin Shi Huangdi (221-210 av. J.-C.) et Han Wudi (140-87), envoient des expéditions maritimes à la recherche des îles des bienheureux.
L’usurpateur Wang Mang (9-23) cherche à se justifier en prétendant avoir reçu des lettres d’investiture (fuming) des Immortels.
On présente à l’empereur Shun (126-144) un écrit volumineux intitulé Taiping jing (Livre de la Grande Paix), transmis à un adepte taoïste par un Immortel. Le livre contient la description utopique d’un État où règnent liberté et justice sous un prince éclairé, qui doit au besoin céder le trône aux sages.
L’empereur Huan (147-168) fait des sacrifices à Laozi en tant que dieu ; cet événement consacre la divinisation de Laozi.
Les Turbans jaunes
En 184, le mouvement des Turbans jaunes, sous la conduite de leur chef Zhang Jue, s’empare du Shandong et manque de renverser la dynastie.
Le livre sur lequel se fondent leurs espérances est le Taiping jing.
Zhang Jue fait aussi réciter le Daode jing à ses fidèles.
Les Maîtres célestes
Un autre mouvement qui se déclare vers la même époque est celui des Maîtres célestes qui se réclament du premier Maître céleste, Zhang Daoling (34-156). Bien que distinct de celui des Turbans jaunes, il lui ressemble sur bien des points. Le titre de Maître céleste est porté par les patriarches d’un ensemble d’écoles taoïstes prétendant descendre de l’École des Cinq Boisseaux de riz fondée sous les Han orientaux (à partir de 23).
La doctrine des Maîtres célestes (Tianshi jiao) ou doctrine des Cinq Boisseaux de riz, se répand dans le sud-ouest de la Chine, dans l’actuel Sichuan. L’Etat théocratique qu’y fondent les Maîtres célestes échappera à la répression.
Le mouvement ne cesse de se développer et finit par constituer ce qu’on appelle l’"Église taoïste" qui devient à son tour la grande religion populaire de la Chine, rôle qu’elle conserve jusqu’à ce jour.
La charge des Maîtres célestes est héréditaire ; la lignée de la famille Zhang s’est perpétuée jusqu’à nos jours. La prêtrise est aussi héréditaire.
Les prêtres, appelés libateurs (jijiu) et inspecteurs des Mérites (tugong), dirigent des diocèses et des paroisses où les fidèles se rassemblent dans un idéal égalitaire. La nourriture est commune ; chaque famille fournit une contribution annuelle de cinq boisseaux de riz. Hommes et femmes sont égaux. Des rites sexuels, minutieusement réglés et accompagnés d’exercices spirituels, placent les adeptes des deux sexes face à face dans un équilibre parfait. Tout débordement, toute usurpation entrave l’équilibre et est une faute qui se manifeste par la maladie ou la malchance. Les fidèles se confessent en public, puis se rachètent "en travaillant sur les routes". Le long des chemins, se trouvent des "auberges d’équité" où les voyageurs sont logés et nourris gratuitement.
Les fêtes de l’Église taoïste, qui s’appellent "retraites" (zhai), comportent des sacrifices d’écrits : la combustion (ou l’absorption) solennelle des prières écrites établisse la communication entre le profane et le sacré [les écrits sont munis de talismans (fu) en caractères spéciaux].
Ce sont les taoïstes qui développent, en Chine, la pratique omniprésente de l’offrande d’encens.
Le Maoshan
Dans la seconde moitié du IVe siècle (sous la dynastie des Jin orientaux) apparaît un taoïsme nouveau, où les pratiques physiologiques se trouvent transposées sur le plan spirituel. Entre les années 364 et 370, sur le Maoshan (montagne sacrée à proximité de Nankin), des Immortels du Ciel de Grande Pureté (Shang Qing) apparaissent à un adepte nommé Yang Xi (né en 330), auquel ils transmettent un grand nombre de textes sacrés. Ainsi, le Huangting jing est entièrement récrit et considérablement augmenté. Dans les écrits issus de la secte du Maoshan les procédés sexuels, alchimiques et même respiratoires deviennent des exercices mentaux.
Le 7 mai 504, l'empereur Wudi Liang (Xiao Yan), converti au bouddhisme, proscrit les communautés taoïstes qu'il persécute.
Le taoïsme du Maoshan est prépondérant dans les milieux taoïstes lettrés durant toute l’époque Tang (618-907). En 745, les textes taoïques sont réunis.
Mani
Le 16 juillet 731, sur ordre de l’empereur Xuanzong, est composé par un "évêque" manichéen, le Catéchisme de la religion du Buddha de Lumière, Mani (Moni guangfo jiao fa yi liüe). Le texte, adroit mélange de taoïsme, de bouddhisme et de manichéisme et présentant Laozi et Sakya-muni comme des précurseurs ou des avatars antérieurs de Mani, est destiné à renseigner les autorités sur les dogmes, les Écritures, la discipline de la secte afin de la faire agréer officiellement.
En 732, un édit accorde la liberté de culte à la "doctrine de Mo-mo-ni" (Mar Mani).
De 842 à 845, l'empereur Wuzong de la dynastie Tang tardive, favorable au taoïsme, interdit toutes les religions étrangères et plus particulièrement le bouddhisme : il sécularise les moines et détruit leurs monastères.
C’est au Xe siècle que le taoïsme se transforme à nouveau sous l’influence du bouddhisme tantrique et du bouddhisme chan.
En 1281, le taoïsme est interdit par l'empereur mongol Kubilaï Khan.
Les sectes du taoïsme moderne se réclament toutes, sous une forme ou une autre du patriarche Lü Dongbin, personnage entièrement constitué à partir de légendes. Dans la religion populaire, il est un des baxian, les Huit Immortels, toujours ivres, à la limite du profane et du sacré.
Le caodaïsme
Le caodaïsme naît au Vietnam en 1919 : Ngô Van Chiêu, délégué administratif pour l’île de Phu Quôc, dans le golfe de Siam, et adepte du taoïsme, qui évoque les Esprits supérieurs par le truchement de jeunes médiums, est mis en rapport avec Cao Daï (Palais suprême), nom énigmatique de l’Etre suprême, dieu nouveau, unique et salvateur.
Le caodaïsme est rénové par Lê Van Trung en 1926.
De tendance théosophique, composée d'éléments bouddhistes, shintoïstes, taoïstes et chrétiens, le caodaïsme est une tentative de rénovation du confucianisme où dominent le spiritisme et le culte de l'Être suprême.
Le caodaïsme, qui possède un temple majestueux à Tây Ninh, vénère des personnages aussi divers que Bouddha, la déesse bouddhique Quan Am (en chinois : Guanyin), Confucius, Laozi, Jésus, Périclès, Quan Vo (général chinois qui fut divinisé au IIIe siècle apr. J.-C.), Li Taibo (en vietnamien : Ly Thai Bach, grand poète taoïste chinois du VIIIe siècle, qui le premier inspira Chiêu et ses adeptes), Jeanne d'Arc, Voltaire, Victor Hugo, Allan Kardec, Camille Flammarion, Sun Yat-sen et Churchill.
CITATIONS
Ce que d'autres hommes ont enseigné, moi je ne fais que l'enseigner ici. Je n'en serai pas moins considéré comme le père de la doctrine.
Le sage peut découvrir le monde sans franchir sa porte.
Jeter un homme à la rue, c'est l'assassiner un peu.
Celui qui a inventé le bateau a aussi inventé le naufrage.
Si vous croyez savoir, vous ne savez pas.
Si quelqu'un t'a offensé, ne cherche pas à te venger. Assieds-toi au bord de la rivière et bientôt tu verras passer son cadavre.
Arrêtez le mal avant qu'il n'existe ; calmez le désordre avant qu'il n'éclate.
Mieux vaut allumer une bougie que maudire les ténèbres.
L'homme de bien est comme l'eau.
Il n'est pas de plus lourd fardeau que d'avoir trop de désirs.
Connaître les autres c'est sagesse. Se connaître soi-même c'est sagesse supérieure.
La puissance, c'est imposer sa volonté aux autres. La force, c'est se l'imposer à soi-même.
La vie est un départ et la mort un retour.
Être humain c'est aimer les hommes. Être sage c'est les connaître.
Le sage redoute la célébrité comme l'ignominie.
Rendre le bien pour le bien et le bien pour le mal c'est la bonté efficace.
(Lao-Tseu, Tao-tö-king)
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Le taoïsme et le caodaïsme.
Le taoïsme aurait été fondé par des inconnus du Fleuve Jaune vers 3000 av. J.-C. puis concrétisé par Fu-Hi (2825 av. J.-C.), fondateur de la cosmologie du Yin-Yang.
Selon l’historien Sima Qian (145-86 av. J.-C.), fonctionnaire à la cour des Han, les idées taoïstes ont été rassemblées par Laozi ou Lao-Tseu ou Lao-Tan (v. 570-490 av. J.-C.), archiviste à la cour des Tcheou, et dont le nom de famille était Li. Ce personnage semi-légendaire, à qui la tradition attribue la rédaction du texte principal du taoïsme philosophique, le Daode jing ou Tao-tö-king (Livre de la voie et de la vertu), est le contemporain de Confucius qu’il rencontre en 517 av. J.-C.
La légende raconte que Lao-Tseu, rebuté par la décadence de son époque, partit vers l’occident et dicta le Tao-tö-king au garde-frontière Yin Xi avant de disparaître. Les taoïstes prétendent que le sage gagna l’Inde et que sa doctrine devint le bouddhisme ; certains affirment même que Laozi et Bouddha n'étaient qu’une seule et même personne.
LE PRINCIPE DU TAO
Le Tao est un principe qui règne à l’origine de la vie, c'est le "cours des choses". Son idéogramme, traduit généralement par voie, signifie aussi : "puissance résidant dans et derrière la Nature" et animant le jeu cosmique.
Le Dao (ou Tao en ancienne transcription) est le Principe régulateur de l’Univers.
Le Dao est éternel, coexistant avec l’Univers, et même antérieur à celui-ci :
« Il y avait quelque chose dans un état de fusion avant la formation du Ciel et de la Terre. Tranquille ! Ineffable ! Elle existe seule et ne change pas ; elle circule et ne se lasse pas. On peut la considérer comme la Mère de tout sous le Ciel (c’est-à-dire le monde), mais j’ignore son nom ; je l’appellerai Dao, et, s’il faut lui donner un nom, ce sera grand (chapitre. XXV).
Pour être en harmonie avec le Tao, l'homme doit pratiquer le non-agir (wu wei) ou du moins rien de forcé, d'artificiel ou de non naturel.
Par la conformité spontanée avec les impulsions de sa propre nature essentielle et par l'abandon de toutes les doctrines du savoir, l'homme réalise l'union avec le Tao et en retire un pouvoir mystérieux (De) grâce auquel il arrive à transcender toutes les distinctions terrestres, même celle entre la vie et la mort. Un tel être est invulnérable, car "il n’y a en lui aucune place pour la mort". (chap. L)
« Ne pas regarder ce qu’on pourrait désirer » (chap. III), car les passions usent et causent une déperdition de vitalité.
Pour durer, tel que le Ciel et la Terre, il ne faut pas produire des choses "de soi-même" (chap. VII), mais tout laisser à l’état originel (ziran).
Cette spontanéité s’obtient par le non-agir : ne pas intervenir, ne pas troubler l’harmonie naturelle par les inventions de notre esprit, déréglé par des préceptes culturels.
Il faut abolir la (prétention à la) sagesse et rejeter le savoir (chap. XIX), car "celui qui poursuit l’étude augmente chaque jour, tandis que celui qui pratique le Dao diminue chaque jour. En diminuant de plus en plus, on arrive au non agir. En n’agissant pas, il n’y a rien qui ne se fasse » (chap. XLVIII). Cette diminution est vue comme un retour : « Le retour est le mouvement du Dao » (chap. XL). Il s’agit du retour mystique à la Mère des dix mille êtres, dont le nombre est représenté par le svastika.
Lao-Tseu explique que « le Tao ou la Raison suprême dans son état d'immutabilité, est sans nom. Il est simple de sa nature, mais, quoique d'une subtilité très grande, le monde entier ne pourrait le subjuguer... Ce n'est que lorsqu'il eut commencé à se diviser et à revêtir des formes corporelles qu'il eut un nom... Pour employer une comparaison, le Tao ou raison suprême existe dans tout l'univers et le pénètre de sa substance, comme les rivières et les torrents des vallées se répandent dans les fleuves et dans les mers ». L'unité absolue est sa formule la plus abstraite, et cette unité précède logiquement, nécessairement et ontologiquement des modes d'être subséquents qui rentrent dans l'unité.
Cette raison suprême a trois expressions qui sont : « I », qui désigne celui que l'on regarde et que l'on ne voit pas ; « Hi », celui que l'on écoute et que l'on n'entend pas ; « Wei », celui qu'on cherche et qu'on ne peut saisir. Séparées, aucune d'elles n'exprime quelque chose de corporel, qui ait un son ou une couleur, et, quand elles sont réunies, elles n'expriment aucune idée de forme corporelle, et elles n'ont point de noms.
L'unité n'est point par elle-même unité ; c'est par la triade qu'elle est unité. De même, la triade n'est point par elle-même la triade, c'est par l'unité qu'elle est la triade. La triade est donc l'unité-triade. C'est par la triade que l'unité existe ; la triade est donc l'unité-triade ou la trinité-unité. La triade n'est point parfaite comme simple triade ; si elle n'est point parfaite comme simple triade, alors ce n'est point une triade ; si l'unité n'est point parfaite comme unité en tant qu'unité, alors ce n'est pas une unité.
« L'unité, c'est ce qui a un principe unique de direction ; la dualité, c'est ce qui est pair ; la triade ou l'unité, c'est ce qui opère les transformations… L'unité de direction, c'est la racine, la base ; le pair, c'est le tronc, le corps ; le principe qui opère les transformations, c'est l'esprit divin. Ne retrouvons-nous point là le Père, le Fils qui est l'incarnation du Père, et l'Esprit qui manifeste sa volonté ?... Il est dit que tous les êtres sortent de l'unité, subsistent dans la dualité et sont parfaits dans la triade ou dans la Trinité. » (Tseu-hoa-tseu)
La triade des Trois Purs (San Tsing) a pour personnage central Yuan-che Tien-tsouen (le Vénérable Céleste du Commencement originel) qui aurait délégué ses pouvoirs à l'empereur de Jade, le deuxième personnage de cette trinité ; sur le nom du troisième personnage, les textes diffèrent. Auparavant, la triade taoïste avait eu pour chef le "Grand Un" (T’ai-Yi).
CHRONOLOGIE HISTORIQUE
Maître Zhuang
Zhuang Zhou ou Tchouang-Tseu, Maître Zhuang, est un penseur chinois du IVe siècle av. J.-C. à qui l'on attribue la paternité d'un texte essentiel du taoïsme appelé de son nom, le Zhuangzi, ou encore Nanhuazhenjing (le Vrai classique de Nanhua). Cette oeuvre, datant de 350 à 275 avant J.-C., est un ouvrage fondamental du taoïsme auquel il donne son contenu philosophique.
L’union avec l’Un (c’est-à-dire le Dao que l’on peut nommer "Mère des dix mille êtres") se réalise par l’extase. L’ataraxie complète, le wu wei, est une transe par laquelle on retrouve l’unité originelle. Le Zhuangzi raconte comment Confucius, étant allé rendre visite au Vieux Maître (Laozi), le trouva assis immobile et ravi en extase. Quand il fut revenu à lui, il dit : « Je m’ébattais dans l’origine des choses ». Remontant le cours des alternances du Yin et du Yang (les Deux issus de l’Un), contemplant leur incessant va-et-vient (actif/passif, vie/mort, plein/vide), il obtient en lui leur union (hé) : « Là est beauté, la joie suprême. S’ébattre dans ce ravissement, c’est le lot du surhomme » (chap. XXI, trad. L. Wieger). L’envol mystique dont parle le Vieux Maître s’appelle souvent "yuan you", la « randonnée lointaine ». Le saint en extase visite les contrées hors de ce monde. « Le vrai sage vit mille ans, après quoi, las de ce monde, il le quitte et s’en va vers les Immortels. Monté sur un nuage blanc, il arrive dans la région des dieux ». (chap. XII)
La pensée mystique du Vieux Maître se détache sur un arrière-fond religieux et magique. Les saints taoïstes se déplaçaient en dansant le pas de Yu, héros fondateur mythique de la première dynastie, démiurge qui ordonna l’univers après le déluge. Mi-homme mi-dieu, il était hémiplégique et boitait. Yu était encore le saint fondateur des confréries de forgerons. C’est là que trouvent leurs origines les techniques secrètes et les pratiques ésotériques.
Huangdi, l’Empereur jaune
La pensée de Lao-Tseu est reprise par les courtisans de la dynastie Han, qui la relient aux légendes de Qin Shi Huangdi (l’Empereur jaune) et à la cosmologie yin-yang du taiji pour étoffer leur propre philosophie. Huangdi, qui aurait régné de -2697 à -2598 av. J.-C., doit sa place dans le taoïsme au courant de philosophie politique huanglao particulièrement influent au début des Han occidentaux (206 à 9 av. J.-C.), pour qui il représente le souverain idéal. Sous les Han, le taoïsme s’appelle d’une façon générale "les doctrines de Huangdi et de Laozi" et les noms des deux saints fondateurs sont souvent associés au point de former une seule expression : Huanglao dao (la Voie de Huangdi et Lao Tseu). Le taoïsme comporte aussi bien des pratiques ésotériques et techniques magiques (Huangdi) qu’une mystique (Laozi).
Le taiji, Grand Ultime, désigne le principe universel sous-jacent à toute réalité ; ce concept, apparu dans le Yi jing, Livre des mutations (vers 1000 av. J.-C.), est décrit comme la source et l'union de la dichotomie primitive de l'univers, entre le principe actif du yang et le principe passif du yin.
L’Empereur jaune (Qin Shi Huangdi) est considéré comme l’auteur de nombre d’ouvrages de médecine. Pour vivre longtemps, est-il dit au début du Huangdi neijing, il faut savoir se conformer aux mouvements alternatifs du Yin et Yang et s’adapter aux "nombres scientifiques".
Le corps apparaît comme un assemblage de "souffles". Les gros souffles, apparentés aux matières terrestres, forment les os, la chair. Des souffles plus subtils, d’essence céleste, sont représentés par le sang et l’esprit. Les souffles du corps ont tous un mana, une efficacité spirituelle (ling) qui peut s’extérioriser et communiquer ainsi avec les essences correspondantes dans le macrocosme.
Les Cinq Viscères (cœur, poumons, reins, foie et rate) correspondent aux Cinq Éléments (feu, métal, eau, bois et terre), qui de nouveau correspondent aux orients (les quatre vents et le centre), aux couleurs (rouge, blanc, noir, azur et jaune), aux saveurs, aux saisons, etc.
Les deux yeux correspondent au Soleil et à la Lune et on peut réaliser le Soleil et la Lune à l’intérieur du corps à partir de ces deux points de communication.
Ainsi, le corps humain devient non seulement un microcosme, mais tout l’univers.
Pour établir cet ordre divin, on pratiquait la méditation extatique (zuo wang).
L’embryon immortel, méditation taoïste
À l’alchimie interne (nei dan) correspondait une alchimie externe (wai dan), évidemment sous le patronage du Huangdi. Respiration, pratiques sexuelles et alchimie n’étaient pas les seuls procédés.
La Biographie des Immortels (Liexian zhuan), recueil hagiographique datant des Han orientaux ou postérieurs (23-220), donne, à travers les légendes des saints, un inventaire, fort long, d’autres procédés : abstinence de céréales (les céréales nourrissaient les Trois Vers ou Trois Cadavres à l’intérieur du corps humain : esprits démoniaques, à l’origine de la décrépitude et de la mort) ; absorption de drogues végétales (le champignon de l’Immortalité ; les graines du pin, arbre toujours vert) et minérales, que les adeptes recueillaient au cours de leurs randonnées lointaines dans les montagnes ; autocrémation, c’est-à-dire transmutation par le feu ; gymnastique alliée aux pratiques respiratoires ; procédés magiques, astrologiques, etc.
La dynastie Han tardive assista aussi à la fusion de certains aspects du taoïsme avec la religion chinoise, et les adeptes de nouveaux cultes tels que les Turbans jaunes, dans le Shandong, précipitèrent la chute de la dynastie en 220 apr. J.-C.
Le Tao Chiao
La religion Tao Chiao (chiao signifie éducation), considérée comme fondée par le premier Maître céleste, Zhang Daoling, qui prétend avoir reçu un message du sage Laozi en 142 apr. J.-C. dans les montagnes du Sichuan, contient plusieurs éléments symboliques, notamment deux principes (appelés des "âmes" ou des "respirations") qui, tantôt par leur conflit, tantôt par leur union féconde, sont à l’origine de l'Univers et de l'Humanité : le yang (solaire) et le yin (lunaire).
Le yang est formé d'une multitude de bons esprits (shen), le yin d'une multitude de particules plus ou moins mauvaises, les spectres (kweï).
Les dieux sont composés uniquement de shen, les hommes d'un mélange de shen et de kweï. A leur mort, leur partie shen va au Ciel et leur partie kweï demeure sur Terre.
Les spéculations taoïstes fusionnent avec des concepts bouddhistes pour donner naissance au bouddhisme chan, devenu au Japon le zen.
Qin Shi Huangdi (221-210 av. J.-C.) et Han Wudi (140-87), envoient des expéditions maritimes à la recherche des îles des bienheureux.
L’usurpateur Wang Mang (9-23) cherche à se justifier en prétendant avoir reçu des lettres d’investiture (fuming) des Immortels.
On présente à l’empereur Shun (126-144) un écrit volumineux intitulé Taiping jing (Livre de la Grande Paix), transmis à un adepte taoïste par un Immortel. Le livre contient la description utopique d’un État où règnent liberté et justice sous un prince éclairé, qui doit au besoin céder le trône aux sages.
L’empereur Huan (147-168) fait des sacrifices à Laozi en tant que dieu ; cet événement consacre la divinisation de Laozi.
Les Turbans jaunes
En 184, le mouvement des Turbans jaunes, sous la conduite de leur chef Zhang Jue, s’empare du Shandong et manque de renverser la dynastie.
Le livre sur lequel se fondent leurs espérances est le Taiping jing.
Zhang Jue fait aussi réciter le Daode jing à ses fidèles.
Les Maîtres célestes
Un autre mouvement qui se déclare vers la même époque est celui des Maîtres célestes qui se réclament du premier Maître céleste, Zhang Daoling (34-156). Bien que distinct de celui des Turbans jaunes, il lui ressemble sur bien des points. Le titre de Maître céleste est porté par les patriarches d’un ensemble d’écoles taoïstes prétendant descendre de l’École des Cinq Boisseaux de riz fondée sous les Han orientaux (à partir de 23).
La doctrine des Maîtres célestes (Tianshi jiao) ou doctrine des Cinq Boisseaux de riz, se répand dans le sud-ouest de la Chine, dans l’actuel Sichuan. L’Etat théocratique qu’y fondent les Maîtres célestes échappera à la répression.
Le mouvement ne cesse de se développer et finit par constituer ce qu’on appelle l’"Église taoïste" qui devient à son tour la grande religion populaire de la Chine, rôle qu’elle conserve jusqu’à ce jour.
La charge des Maîtres célestes est héréditaire ; la lignée de la famille Zhang s’est perpétuée jusqu’à nos jours. La prêtrise est aussi héréditaire.
Les prêtres, appelés libateurs (jijiu) et inspecteurs des Mérites (tugong), dirigent des diocèses et des paroisses où les fidèles se rassemblent dans un idéal égalitaire. La nourriture est commune ; chaque famille fournit une contribution annuelle de cinq boisseaux de riz. Hommes et femmes sont égaux. Des rites sexuels, minutieusement réglés et accompagnés d’exercices spirituels, placent les adeptes des deux sexes face à face dans un équilibre parfait. Tout débordement, toute usurpation entrave l’équilibre et est une faute qui se manifeste par la maladie ou la malchance. Les fidèles se confessent en public, puis se rachètent "en travaillant sur les routes". Le long des chemins, se trouvent des "auberges d’équité" où les voyageurs sont logés et nourris gratuitement.
Les fêtes de l’Église taoïste, qui s’appellent "retraites" (zhai), comportent des sacrifices d’écrits : la combustion (ou l’absorption) solennelle des prières écrites établisse la communication entre le profane et le sacré [les écrits sont munis de talismans (fu) en caractères spéciaux].
Ce sont les taoïstes qui développent, en Chine, la pratique omniprésente de l’offrande d’encens.
Le Maoshan
Dans la seconde moitié du IVe siècle (sous la dynastie des Jin orientaux) apparaît un taoïsme nouveau, où les pratiques physiologiques se trouvent transposées sur le plan spirituel. Entre les années 364 et 370, sur le Maoshan (montagne sacrée à proximité de Nankin), des Immortels du Ciel de Grande Pureté (Shang Qing) apparaissent à un adepte nommé Yang Xi (né en 330), auquel ils transmettent un grand nombre de textes sacrés. Ainsi, le Huangting jing est entièrement récrit et considérablement augmenté. Dans les écrits issus de la secte du Maoshan les procédés sexuels, alchimiques et même respiratoires deviennent des exercices mentaux.
Le 7 mai 504, l'empereur Wudi Liang (Xiao Yan), converti au bouddhisme, proscrit les communautés taoïstes qu'il persécute.
Le taoïsme du Maoshan est prépondérant dans les milieux taoïstes lettrés durant toute l’époque Tang (618-907). En 745, les textes taoïques sont réunis.
Mani
Le 16 juillet 731, sur ordre de l’empereur Xuanzong, est composé par un "évêque" manichéen, le Catéchisme de la religion du Buddha de Lumière, Mani (Moni guangfo jiao fa yi liüe). Le texte, adroit mélange de taoïsme, de bouddhisme et de manichéisme et présentant Laozi et Sakya-muni comme des précurseurs ou des avatars antérieurs de Mani, est destiné à renseigner les autorités sur les dogmes, les Écritures, la discipline de la secte afin de la faire agréer officiellement.
En 732, un édit accorde la liberté de culte à la "doctrine de Mo-mo-ni" (Mar Mani).
De 842 à 845, l'empereur Wuzong de la dynastie Tang tardive, favorable au taoïsme, interdit toutes les religions étrangères et plus particulièrement le bouddhisme : il sécularise les moines et détruit leurs monastères.
C’est au Xe siècle que le taoïsme se transforme à nouveau sous l’influence du bouddhisme tantrique et du bouddhisme chan.
En 1281, le taoïsme est interdit par l'empereur mongol Kubilaï Khan.
Les sectes du taoïsme moderne se réclament toutes, sous une forme ou une autre du patriarche Lü Dongbin, personnage entièrement constitué à partir de légendes. Dans la religion populaire, il est un des baxian, les Huit Immortels, toujours ivres, à la limite du profane et du sacré.
Le caodaïsme
Le caodaïsme naît au Vietnam en 1919 : Ngô Van Chiêu, délégué administratif pour l’île de Phu Quôc, dans le golfe de Siam, et adepte du taoïsme, qui évoque les Esprits supérieurs par le truchement de jeunes médiums, est mis en rapport avec Cao Daï (Palais suprême), nom énigmatique de l’Etre suprême, dieu nouveau, unique et salvateur.
Le caodaïsme est rénové par Lê Van Trung en 1926.
De tendance théosophique, composée d'éléments bouddhistes, shintoïstes, taoïstes et chrétiens, le caodaïsme est une tentative de rénovation du confucianisme où dominent le spiritisme et le culte de l'Être suprême.
Le caodaïsme, qui possède un temple majestueux à Tây Ninh, vénère des personnages aussi divers que Bouddha, la déesse bouddhique Quan Am (en chinois : Guanyin), Confucius, Laozi, Jésus, Périclès, Quan Vo (général chinois qui fut divinisé au IIIe siècle apr. J.-C.), Li Taibo (en vietnamien : Ly Thai Bach, grand poète taoïste chinois du VIIIe siècle, qui le premier inspira Chiêu et ses adeptes), Jeanne d'Arc, Voltaire, Victor Hugo, Allan Kardec, Camille Flammarion, Sun Yat-sen et Churchill.
CITATIONS
Ce que d'autres hommes ont enseigné, moi je ne fais que l'enseigner ici. Je n'en serai pas moins considéré comme le père de la doctrine.
Le sage peut découvrir le monde sans franchir sa porte.
Jeter un homme à la rue, c'est l'assassiner un peu.
Celui qui a inventé le bateau a aussi inventé le naufrage.
Si vous croyez savoir, vous ne savez pas.
Si quelqu'un t'a offensé, ne cherche pas à te venger. Assieds-toi au bord de la rivière et bientôt tu verras passer son cadavre.
Arrêtez le mal avant qu'il n'existe ; calmez le désordre avant qu'il n'éclate.
Mieux vaut allumer une bougie que maudire les ténèbres.
L'homme de bien est comme l'eau.
Il n'est pas de plus lourd fardeau que d'avoir trop de désirs.
Connaître les autres c'est sagesse. Se connaître soi-même c'est sagesse supérieure.
La puissance, c'est imposer sa volonté aux autres. La force, c'est se l'imposer à soi-même.
La vie est un départ et la mort un retour.
Être humain c'est aimer les hommes. Être sage c'est les connaître.
Le sage redoute la célébrité comme l'ignominie.
Rendre le bien pour le bien et le bien pour le mal c'est la bonté efficace.
(Lao-Tseu, Tao-tö-king)
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Psaumes 33:13 Du haut des cieux YHWH regarde, il voit tous les enfants des hommes ; 14 du lieu de sa demeure, il observe tous les habitants de la terre, 15 lui qui forme leur coeur à tous, qui est attentif à toutes leurs actions.
Ne devez rien à personne, sinon de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime son semblable a accompli [la] loi. Romains 13:8
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