Pallas Athéna
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Pallas Athéna
Pallas Athéna
Nom formes et étymologies.
Dans les poèmes homériques prévalent les formes Άθήνη, Άθηναίη, Παλλάς, Άθήνη, Παλλάς, Άθηναίη. Les inscriptions attiques antérieures à Euclide donnent Άθηναία et Άθηναίη (forme ionienne), qui se réduisent ensuite en Άθηνάα et Άθηνάη d’où la forme contracte Άθηνα.
En dorien et en éolien : Άθανάα (Alcée), Άθάνα (Pindare), Άθαναία (arcadien, argien, corinthien), usitée dès le IVè siècle et dominante à dater du milieu du IVè siècle. Παλλάς est une épithète poétique très ancienne, qui accompagne dans Homère et dans Hésiode le nom d’Athéna. Ce n’est que chez les lyriques (Pindare) qu’elle apparaît isolément, comme le nom propre de la divinité.
Aucune interprétation vraiment satisfaisante n’a encore été trouvée. Celles des anciens sont, comme toujours, les moins plausibles : Hérodote a le premier identifié Athéna avec Neith ou Nit, la déesse égyptienne de Saïs ; les auteurs postérieurs ont justifié cette identification par toutes sortes de légendes, telles que l’origine égyptienne de Cécrops.
De même l’assimilation d’Athéna avec l’Anaïtis ou Anâhita persane dérive d’un passage assez peu explicite de Plutarque. Les étymologies sanscrites tirées du mot énigmatique Ahanâ, peut-être épithète védique de l’aurore, ou de vadh, frapper, sont fantaisistes. Peut-être celles qui dérivent Athéna de dhanus, convexité, ou de adh, collines sont-elles plus spécieuses ?Les étymologies grecques ne valent guère mieux : citons Άθήνη = Άνθήνη de άυθος (Athènes = Florence ?) ; Άθήνη = τιθήνη , la mère nourricière.
II semble, en tout cas, que le nom de la déesse et celui de la ville soient étroitement liés ; l’un dérive de l’autre ; mais la question de priorité entre les deux n’est pas tranchée. Une hypothèse séduisante à première vue fait d’Άθηναία une épithète dérivée du nom de la ville : Athéna serait alors l’Athénienne. Mais la forme simple Άθήνη paraissant être la plus ancienne, les rôles doivent plutôt être intervertis : c’est Athéna qui a donné son nom à la ville d’Athènes, où son culte n’est pas d’ailleurs le plus ancien : la forme Άθηναι peut être soit un pluriel, soit un locatif. C’est seulement plus tard que le nom propre de la déesse aurait été identifié, sous forme d’épithète, avec l’ethnique de sa ville préférée.
Quant à Pallas, on en reste aux étymologies anciennes : παλάς de πάλλω brandir, désignerait la déesse qui brandit la lance ; on préfère aujourd’hui la dérivation de πάλλαξ, jeune fille, rapprochée de l’épithète παρθένος.
Caractère primitif : légende de la naissance.
La figure d’Athéna est assez complexe. Dans ses traits généraux, elle parait issue du fonds commun de la mythologie hellénique. Mais, par son contact avec les religions locales, sa figure s’est enrichie de détails qui lui ont donné un aspect composite. Nous essayerons de suivre, dans la mesure du possible, l’évolution historique de la personnalité et du culte d’Athéna.
Dans la hiérarchie des dieux homériques, Athéna vient immédiatement après Zeus, avant Apollon.
Elle est la fille favorite de Zeus, qui l’a enfantée lui-même ; elle est pour son père comme un autre lui-même. Ainsi que Zeus, elle manie l’égide, le terrible bouclier armé du Gorgoneion [AEGIS] et qui résiste à la foudre elle-même. Dans l’épopée, la déesse joue le rôle de protectrice de ses guerriers favoris, Diomède, Ulysse, Achille, Agamemnon. Elle fait jaillir du feu de la tète et des épaules de Diomède, entoure Achille de flammes, fait retentir le tonnerre en l’honneur d’Agamemnon ; elle-même se cache dans un nuage de feu. Elle a le regard clair ; elle est τριτογένεια, née près du fleuve Triton. Ces traits sont complétés par les récits ultérieurs de la naissance d’Athéna dans les hymnes homériques, dans Hésiode, dans Pindare, dans Apollodore.
Les hymnes homériques ne connaissent pas de mère à Athéna. Ils la font naître tout armée de la tète de Zeus, sans l’intervention d’un tiers ; à peine née, la jeune déesse pousse un cri dont les échos ébranlent le ciel et la terre. La Théogonie ne fait pas allusion à l’intervention d’un secours pour la délivrance de Zeus, mais elle attribue comme mère à Athéna la déesse Métis, que Zeus aurait avalée , alors qu’elle était encore grosse d’Athéna, afin de prévenir la naissance d’un fils qui le détrônerait. Toutefois, ce dernier passage, interpolé, parait n’être qu’une adaptation apocryphe du mythe de Kronos avalant ses enfants.
La figure 5041, empruntée à un vase de Vulci, représente Άθεναία sortant tout armée de la tète de Zeus, assis sur un trône, en face d’Ilithye, derrière qui se tiennent Héraclès et Arès (ces deux derniers très restaurés) ; derrière Zeus, Apollon joue de la cithare, suivi de Poseidon et d’Héra ; à gauche Héphaistos s’enfuit effrayé. Sur cette figure, comme sur d’autres analogues et plus anciennes, la déesse sort du crâne de son père. L’art classique, trouvant cette représentation peu esthétique, parce qu’elle obligeait l’artiste à donner à la déesse des dimensions trop exiguës, préféra reproduire la scène au moment suivant, quand Athéna a mis pied à terre et marche à la victoire. Tel était, sans doute, le parti adopté par Phidias pour la composition du fronton Est du Parthénon.
La figure 5042 reproduit un bas-relief du IVè siècle av. J-C., connu sous le nom de Putéal de Madrid ; on y reconnaît une imitation de l’œuvre de Phidias : derrière Zeus, Héphaistos (ou Prométhée) se retire avec sa double hache ; Athéna, couronnée par Niké, s’éloigne d’une allure rapide ; sa main droite tenait sans doute la lance. A droite, le groupe des Trois Parques.
De ces traits, combinés avec les légendes locales des luttes d’Athéna contre les Géants et la Gorgone [GIGANTES, GORGONA], quelques mythologues, Lauer, Schwartz, Roscher, ont voulu déduire le caractère primitivement naturiste de la déesse : Athéna aurait été d’abord une déesse de l’orage, des nuages, du tonnerre et de l’éclair qui jaillit au faite du ciel. Welcker Preller l’interprètent comme la souveraine de l’éther tantôt clair et serein, tantôt tumultueux, de qui relèvent le soleil, la lune, les eaux, la fécondité de la terre, aussi symbole de la sérénité intellectuelle et morale, de la pensée, du travail. Mais toutes ces interprétations ont un caractère plus spéculatif et théorique que réel :
ni dans la légende ni dans le culte Athéna ne préside directement aux phénomènes atmosphériques. Si l’Athéna hellénique, comme la Valkyrie germanique, a pour berceau le nuage orageux d’où jaillit l’éclair, cette conception s’est assez vite obscurcie dans l’imagination des Hellènes. Aucune des épithètes de la déesse n’a perpétué le souvenir précis des antécédents qu’on lui attribue. On ne saurait donc, sans forcer les données de la légende, comme l’a fait Roscher4, parler des attributions effectives d’Athéna comme déesse de l’orage et de l’éclair, mais seulement constater que les détails de sa naissance ne s’expliquent qu’en référence aux phénomènes dont on lui confère arbitrairement la direction ou la personnification. En réalité, ces phénomènes sont pour elle un cadre accessoire dont l’a entourée l’imagination poétique, plutôt que son entité personnelle ou la manifestation propre de son activité. Toute cette météorologie a pour point de départ l’adoration très ancienne et quasi fétichiste des Palladia, pierres censées tombées du ciel et où l’on croyait renfermé le pouvoir protecteur qui rendait les villes inviolables. A ces talismans fournis par la nature, se substituèrent, sous le même nom de Palladia, des ξόανα anthropomorphiques, personnifications de la ville armée et sauvegardes de sa puissance militaire.
Le caractère sacré de ces bétyles leur venait de l’origine céleste qu’on leur attribuait à tous [BAETYLIA] alors qu’elle n’était réelle que pour quelques-uns. On les considérait comme des débris de foudre, tombés du ciel violemment déchiré par l’éclair, au milieu des éclats du tonnerre.
Les premiers Palladia anthropomorphiques bénéficièrent du même honneur ; on vit en eux les images d’une vierge sortie tout armée du faîte du ciel entr’ouvert, brandissant un bouclier étincelant, et poussant un cri de guerre. La conception anthropomorphique du ciel lui-même donna naissance au mythe d’Athéna sortie de la tête de Zeus, près de la source Trito (de τιτράω, percer), c’est-à-dire du nuage entr’ouvert d’où s’échappe la pluie d’orage. L’égide (de άϊσσ, briller) est le symbole de l’éclair, dont on fit une peau de chèvre décorée du Gorgoneion. De là les épithètes primitives d’Athéna (au regard étincelant), (au regard de Gorgone), etc.
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Athéna, Déesse de la guerre et de la Sagesse (Mythologie Grecque)
Minerve est la déesse italienne de l’Athéna (Άθηνα) hellénique.
Nom formes et étymologies.
Dans les poèmes homériques prévalent les formes Άθήνη, Άθηναίη, Παλλάς, Άθήνη, Παλλάς, Άθηναίη. Les inscriptions attiques antérieures à Euclide donnent Άθηναία et Άθηναίη (forme ionienne), qui se réduisent ensuite en Άθηνάα et Άθηνάη d’où la forme contracte Άθηνα.
En dorien et en éolien : Άθανάα (Alcée), Άθάνα (Pindare), Άθαναία (arcadien, argien, corinthien), usitée dès le IVè siècle et dominante à dater du milieu du IVè siècle. Παλλάς est une épithète poétique très ancienne, qui accompagne dans Homère et dans Hésiode le nom d’Athéna. Ce n’est que chez les lyriques (Pindare) qu’elle apparaît isolément, comme le nom propre de la divinité.
Comme presque tous les noms des grandes divinités helléniques, celui d’Athéna reste énigmatique.
Aucune interprétation vraiment satisfaisante n’a encore été trouvée. Celles des anciens sont, comme toujours, les moins plausibles : Hérodote a le premier identifié Athéna avec Neith ou Nit, la déesse égyptienne de Saïs ; les auteurs postérieurs ont justifié cette identification par toutes sortes de légendes, telles que l’origine égyptienne de Cécrops.
De même l’assimilation d’Athéna avec l’Anaïtis ou Anâhita persane dérive d’un passage assez peu explicite de Plutarque. Les étymologies sanscrites tirées du mot énigmatique Ahanâ, peut-être épithète védique de l’aurore, ou de vadh, frapper, sont fantaisistes. Peut-être celles qui dérivent Athéna de dhanus, convexité, ou de adh, collines sont-elles plus spécieuses ?Les étymologies grecques ne valent guère mieux : citons Άθήνη = Άνθήνη de άυθος (Athènes = Florence ?) ; Άθήνη = τιθήνη , la mère nourricière.
II semble, en tout cas, que le nom de la déesse et celui de la ville soient étroitement liés ; l’un dérive de l’autre ; mais la question de priorité entre les deux n’est pas tranchée. Une hypothèse séduisante à première vue fait d’Άθηναία une épithète dérivée du nom de la ville : Athéna serait alors l’Athénienne. Mais la forme simple Άθήνη paraissant être la plus ancienne, les rôles doivent plutôt être intervertis : c’est Athéna qui a donné son nom à la ville d’Athènes, où son culte n’est pas d’ailleurs le plus ancien : la forme Άθηναι peut être soit un pluriel, soit un locatif. C’est seulement plus tard que le nom propre de la déesse aurait été identifié, sous forme d’épithète, avec l’ethnique de sa ville préférée.
Quant à Pallas, on en reste aux étymologies anciennes : παλάς de πάλλω brandir, désignerait la déesse qui brandit la lance ; on préfère aujourd’hui la dérivation de πάλλαξ, jeune fille, rapprochée de l’épithète παρθένος.
Caractère primitif : légende de la naissance.
La figure d’Athéna est assez complexe. Dans ses traits généraux, elle parait issue du fonds commun de la mythologie hellénique. Mais, par son contact avec les religions locales, sa figure s’est enrichie de détails qui lui ont donné un aspect composite. Nous essayerons de suivre, dans la mesure du possible, l’évolution historique de la personnalité et du culte d’Athéna.
Dans la hiérarchie des dieux homériques, Athéna vient immédiatement après Zeus, avant Apollon.
Elle est la fille favorite de Zeus, qui l’a enfantée lui-même ; elle est pour son père comme un autre lui-même. Ainsi que Zeus, elle manie l’égide, le terrible bouclier armé du Gorgoneion [AEGIS] et qui résiste à la foudre elle-même. Dans l’épopée, la déesse joue le rôle de protectrice de ses guerriers favoris, Diomède, Ulysse, Achille, Agamemnon. Elle fait jaillir du feu de la tète et des épaules de Diomède, entoure Achille de flammes, fait retentir le tonnerre en l’honneur d’Agamemnon ; elle-même se cache dans un nuage de feu. Elle a le regard clair ; elle est τριτογένεια, née près du fleuve Triton. Ces traits sont complétés par les récits ultérieurs de la naissance d’Athéna dans les hymnes homériques, dans Hésiode, dans Pindare, dans Apollodore.
Les hymnes homériques ne connaissent pas de mère à Athéna. Ils la font naître tout armée de la tète de Zeus, sans l’intervention d’un tiers ; à peine née, la jeune déesse pousse un cri dont les échos ébranlent le ciel et la terre. La Théogonie ne fait pas allusion à l’intervention d’un secours pour la délivrance de Zeus, mais elle attribue comme mère à Athéna la déesse Métis, que Zeus aurait avalée , alors qu’elle était encore grosse d’Athéna, afin de prévenir la naissance d’un fils qui le détrônerait. Toutefois, ce dernier passage, interpolé, parait n’être qu’une adaptation apocryphe du mythe de Kronos avalant ses enfants.
La figure 5041, empruntée à un vase de Vulci, représente Άθεναία sortant tout armée de la tète de Zeus, assis sur un trône, en face d’Ilithye, derrière qui se tiennent Héraclès et Arès (ces deux derniers très restaurés) ; derrière Zeus, Apollon joue de la cithare, suivi de Poseidon et d’Héra ; à gauche Héphaistos s’enfuit effrayé. Sur cette figure, comme sur d’autres analogues et plus anciennes, la déesse sort du crâne de son père. L’art classique, trouvant cette représentation peu esthétique, parce qu’elle obligeait l’artiste à donner à la déesse des dimensions trop exiguës, préféra reproduire la scène au moment suivant, quand Athéna a mis pied à terre et marche à la victoire. Tel était, sans doute, le parti adopté par Phidias pour la composition du fronton Est du Parthénon.
La figure 5042 reproduit un bas-relief du IVè siècle av. J-C., connu sous le nom de Putéal de Madrid ; on y reconnaît une imitation de l’œuvre de Phidias : derrière Zeus, Héphaistos (ou Prométhée) se retire avec sa double hache ; Athéna, couronnée par Niké, s’éloigne d’une allure rapide ; sa main droite tenait sans doute la lance. A droite, le groupe des Trois Parques.
De ces traits, combinés avec les légendes locales des luttes d’Athéna contre les Géants et la Gorgone [GIGANTES, GORGONA], quelques mythologues, Lauer, Schwartz, Roscher, ont voulu déduire le caractère primitivement naturiste de la déesse : Athéna aurait été d’abord une déesse de l’orage, des nuages, du tonnerre et de l’éclair qui jaillit au faite du ciel. Welcker Preller l’interprètent comme la souveraine de l’éther tantôt clair et serein, tantôt tumultueux, de qui relèvent le soleil, la lune, les eaux, la fécondité de la terre, aussi symbole de la sérénité intellectuelle et morale, de la pensée, du travail. Mais toutes ces interprétations ont un caractère plus spéculatif et théorique que réel :
ni dans la légende ni dans le culte Athéna ne préside directement aux phénomènes atmosphériques. Si l’Athéna hellénique, comme la Valkyrie germanique, a pour berceau le nuage orageux d’où jaillit l’éclair, cette conception s’est assez vite obscurcie dans l’imagination des Hellènes. Aucune des épithètes de la déesse n’a perpétué le souvenir précis des antécédents qu’on lui attribue. On ne saurait donc, sans forcer les données de la légende, comme l’a fait Roscher4, parler des attributions effectives d’Athéna comme déesse de l’orage et de l’éclair, mais seulement constater que les détails de sa naissance ne s’expliquent qu’en référence aux phénomènes dont on lui confère arbitrairement la direction ou la personnification. En réalité, ces phénomènes sont pour elle un cadre accessoire dont l’a entourée l’imagination poétique, plutôt que son entité personnelle ou la manifestation propre de son activité. Toute cette météorologie a pour point de départ l’adoration très ancienne et quasi fétichiste des Palladia, pierres censées tombées du ciel et où l’on croyait renfermé le pouvoir protecteur qui rendait les villes inviolables. A ces talismans fournis par la nature, se substituèrent, sous le même nom de Palladia, des ξόανα anthropomorphiques, personnifications de la ville armée et sauvegardes de sa puissance militaire.
Le caractère sacré de ces bétyles leur venait de l’origine céleste qu’on leur attribuait à tous [BAETYLIA] alors qu’elle n’était réelle que pour quelques-uns. On les considérait comme des débris de foudre, tombés du ciel violemment déchiré par l’éclair, au milieu des éclats du tonnerre.
Les premiers Palladia anthropomorphiques bénéficièrent du même honneur ; on vit en eux les images d’une vierge sortie tout armée du faîte du ciel entr’ouvert, brandissant un bouclier étincelant, et poussant un cri de guerre. La conception anthropomorphique du ciel lui-même donna naissance au mythe d’Athéna sortie de la tête de Zeus, près de la source Trito (de τιτράω, percer), c’est-à-dire du nuage entr’ouvert d’où s’échappe la pluie d’orage. L’égide (de άϊσσ, briller) est le symbole de l’éclair, dont on fit une peau de chèvre décorée du Gorgoneion. De là les épithètes primitives d’Athéna (au regard étincelant), (au regard de Gorgone), etc.
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Re: Pallas Athéna
ATTRIBUTIONS.
Attributions poliades.
Beaucoup plus consistant et plus fondamental que le prétendu rôle météorologique, dont, Welcker et Roscher ont voulu faire dériver tous les autres caractères de la déesse, apparaît son rôle de divinité poliade, protectrice des acropoles et gardienne des villes. Là les réalités du culte le plus ancien s’accordent avec les données de la légende. Elle est bien la conception originale et primitive de la déesse, celle qui a donné naissance à toutes les autres et dont l’extension en sens divers explique le mieux les différents aspects de cette figure.
Athéna, gardienne des villes, habite des temples généralement situés sur les parties les plus fortes, au point de vue défensif, du territoire, soit sur l’acropole et dans la citadelle de la ville, soit sur une hauteur ayant une importance stratégique. La plus ancienne mention d’un culte de ce genre se trouve dans l’Iliade. La protectrice de Troie habite sur l’acropole un temple fermé, desservi par une prêtresse. Sur l’invitation d’Hector, les matrones de Troie vont déposer sur ses genoux un péplos et lui promettre un sacrifice de douze génisses si elle met Diomède hors d’état de nuire. Cette description, probablement inspirée des détails du culte athénien, semble avoir été introduite dans le poème au moment de la récension ordonnée par Pisistrate. L’Iliade ne mentionne pas le véritable Palladion troyen, qui représentait la déesse en armes et debout : la légende du Palladion, quoique se rapportant à un culte certainement très ancien, n’apparaît que dans les Homérides, d’abord dans l’Iliou Persis d’Arktinos. La statue était un présent de Zeus à Dardanos ; elle passait pour être tombée du ciel ; elle était enfermée dans l’adyton du temple, tandis qu’une réplique était exposée dans une partie ouverte au public : ce serait cette réplique que les guerriers grecs auraient enlevée, tandis que le Palladion authentique aurait été emporté par Énée en Italie. Les bagues et intailles de Crète et de Mycènes attestent la très haute antiquité du culte des Palladia. Ce n’est pas ici le lieu de rechercher dans quelle mesure ce culte primitif est indépendant de celui d’Athéna proprement dite. Dans l’Iliade, l’identification est déjà faite ; elle est localisée à Troie, dont le Palladion paraît avoir été entouré d’une vénération superstitieuse. Plusieurs Palladia des villes grecques qui se donnaient comme originaires de l’Acropole de Troie, étaient aussi des représentations d’Athéna, tels l’Athéna d’Argos, le Palladion du Phalère, très probablement plus anciens que le Palladion troyen, avec qui on cherchait à les identifier par des artifices de légende afin de rehausser leur prestige. On attribuait aussi une origine céleste au vieux xoanon de l’Athéna Polias d’Athènes, probablement la statue assise et sans armes qui inspira la description de l’Athéna troyenne dans l’Iliade.
Athéna, gardienne des acropoles, est appelée έρυσίπολις dand l’Iliade : elle est la πολιάς, πολιατις, πολιοΰχος à Athènes (le sens primitif de πόλις ou πτόλις étant celui d’acropole), à Larissa, Argos, Chios, Erythrae, Priène, Lindos de Rhodes (de là à Géla et Agrigente), à Trézène, Tégée, Sparte, Mégalopolis, Amorgos, Cos, etc. Comme protectrice des remparts, elle présidait à la conservation des tours à Abdère, des portes et des clefs à Athènes. Installée en Béotie sur le mont Tilphossion, elle personnifie la force défensive de cette hauteur ; elle s’y identifie avec la divinité locale Alalcoménia, « celle qui repousse », sous le nom d’Athéna Άλαλχομενηϊς ; en Arcadie, elle s’identifie avec la déesse indigène de l’asile, Aléa, et devient Athéna Άλέα, « la tutélaire », à Mantinée, Tégée, de là à Sparte.
Déesse des acropoles, Athéna est aussi, par une transition naturelle, déesse des autres rochers, hauts lieux et promontoires, qui, s’ils ne sont pas tous fortifiés, servent souvent de guettes pour la surveillance du territoire. Elle a un sanctuaire au sommet du Pentélique ; elle s’appelle Άχρία à Argos, Κραναία à Élatée, Σουνιάς sur le cap Sounion, Κορυφασία au promontoire Koryphasion, Σαλμωνία sur le cap Salmonion de Crète, Άραχυνθίας sur l’Arakynthos de Béotie, Βομξυλεία sur le mont Bombylion en Béotie, Σχιράς sur les falaises de Salamine, Παλληνίς sur la hauteur qui domine la route d’Athènes à Marathon, Αϊθυια (la Mouette) sur un rocher de la côte de Mégare. Peut-être aussi l’épithète ΄Όγγα ou »Oγχα rentre-t-elle dans le même ordre d’idées (de δ΄γχος?) ainsi que celle d’ Άχρισία, à Krisa.
Attributions guerrières.
La déesse des acropoles revêt forcément un aspect guerrier. Athéna Polias s’identifie de bonne heure avec la divinité figurée par les Palladia armés ; Athéna est, essentiellement, la déesse de la guerre, coiffée du casque, vêtue de l’égide, couverte du bouclier et pointant de la lance. Les épithètes les plus nombreuses se rapportent à son rôle guerrier. Il serait superflu d’énumérer toutes celles que les poètes ont inventées et que les textes épigraphiques nous ont conservées. Comme Πρόμαχος, elle est celle qui combat au premier rang, à Athènes, en Thessalie et ailleurs ; comme Νίχη, celle qui donne la victoire, à Athènes, à Mégare; comme ΄Άρεια, la compagne d’Arès, à Athènes et à Platées ; même comme είρηνοφόρος, elle reste guerrière, puisque c’est elle qui met fin aux combats. Dans Homère, elle est l’indomptable (άτρυτώνη) ; elle est la vigoureuse (σθενιάς). Elle préside, en qualité de ζωστηρία, à l’équipement guerrier, aux engins de guerre, au dressage et au harnachement du cheval, à l’élevage du cheval de guerre, attribution qu’elle partage avec Poseidon Hippios. C’est elle qui avait appris aux Cyrénéens et aux Barcéens à élever et à atteler les chevaux, et qui avait donné à Érechthée le premier char de guerre. Elle-même, dans l’Iliade, monte sur le char de ses guerriers favoris, et plusieurs monuments la figurent dans cette attitude. En Arcadie, on lui attribuait même l’invention du quadrige.
De là, par une attribution connexe, on lui prête l’invention de la charrue et de l’attelage du bœuf, en qualité. A Argos, elle est la déesse de la trompette guerrière. On lui attribue aussi, à Athènes, l’invention de la danse en armes ou pyrrique, qu’elle aurait été la première à danser pour célébrer sa victoire sur les Géants ou qu’elle aurait apprise des Dioscures.
Elle est aussi, par extension, la déesse de la guerre navale : on lui doit l’invention du navire de guerre ; elle a enseigné à Danaos ou à Argos la construction et l’équipement de la première pentécontore, aux Phéaciens la construction de leurs navires rapides. Comme la déesse liarmonia, elle préside à l’assemblage des pièces du navire ; elle chérit Harmonidès, constructeur de la flotte troyenne. Les navires emportent leur Palladion. A Mothone, elle octroie le vent favorable à la navigation ; à Lindos, de Rhodes, son culte est un culte de marins. A Athènes, la procession du navire sacré et des régates font partie du programme des Panathénées.
Attributions industrielles et commerciales.
La fabrication des armures et des armes offensives ressortit naturellement à la déesse de la guerre. De là ses rapports étroits, à Athènes, avec Héphaistos, le dieu des forgerons, et aussi avec Prométhée, rapports qui s’expliquent très simplement sans qu’il soit nécessaire de faire intervenir la prétendue identité de leur nature ignée. Athéna préside aux arts mécaniques, comme patronne des armuriers, puis par extension de tous les artisans du bronze et des autres métaux, si bien que ces attributions finissent par se confondre avec celles qu’elle a d’autre part, en qualité de Poliade, comme protectrice des arts de la paix (voir plus bas) et de l’industrie en général, de même que le patronage du cheval de guerre finit par lui conférer le département de l’agriculture, comme la sauvegarde de la marine militaire l’entraîna à la protection des marines de commerce, de la navigation et du commerce en général, comme, enfin, la surveillance des citadelles et la garde de la cité primitive devait, par un processus en quelque sorte fatal, étendre sa compétence au gouvernement de la cité tout entière, aux institutions civiles aussi bien qu’à la défense militaire, à la direction morale et intellectuelle de la cité.
Comme manufacturière, Athéna recevait le surnom d’Εργάνη, c’est-à-dire ouvrière, qui lui aurait été donné pour la première fois à Athènes. A ce titre, elle était la protectrice des artisans salariés et gens de métiers manuels. En cette qualité, elle participe à la fête athénienne des CHALKEIA, appelées aussi ATHENAIA, fête mixte résultant de la fusion du culte d’Héphaistos dans la ville basse avec le culte aristocratique de la déesse poliade. C’était une fête populaire, d’où son surnom de πάνδημος ; elle avait lieu le 30 (29) pyanepsion (novembre). On offrait à la déesse dans des corbeilles des pains de froment, offrandes modestes représentant la dîme du salaire. Un bas-relief du Musée de l’Acropole nous montre un artisan, graveur ou bijoutier, déposant ainsi dans la main d’Athéna Ergané l’άπαρχή de son travail (fig. 5043). A partir de la fête, commençait le travail du péplos sacré.
Manufacturière du bronze industriel, Athéna Ergané préside au travail du bronze d’art et de tous les objets d’art fabriqués de main d’homme. Elle protège l’artiste troyen Harmonidès, qui savait ouvrer toutes sortes d’objets bien agencés. Tous les métiers relèvent d’elle : orfèvrerie, ciselure, sculpture, architecture, charpenterie , carrosserie, peinture à l’encaustique, poterie, cordonnerie, etc.
Comme divinité féminine, elle dirige notamment les travaux de la femme, où elle excelle. C’est là une de ses attributions les plus anciennes et les plus importantes. Les œuvres d’Athéna sont le lot des femmes à la fois laborieuses et sages, dont Pénélope et Arété sont les types accomplis. Athéna est donc la patronne des fileuses et tisseuses. Elle-même donne l’exemple aux mortelles. Elle a tissé et brodé de ses mains son péplos merveilleux et le voile d’Héra. Elle a confectionné et orné des vêtements pour ses héros favoris, pour Hercule. Elle a instruit dans les travaux de lingerie les femmes phéaciennes et les filles de Pandaros. D’après un conte de la Lydie, pays des riches tissus, Arachné, pour avoir voulu rivaliser d’adresse avec elle, avait été métamorphosée en araignée. Un proverbe qui courait les ateliers féminins disait : « Jouer des doigts avec l’aide d’Athéna. » Comme filandière, Athéna Ergané reçoit les épithètes πηνίτις, πανάτις. Elle a pour attributs la quenouille et le fuseau avec lesquels elle est souvent figurée (fig. 5044), et qui sont un de ses présents, et aussi la corbeille (fig. 5045) ; pour vêtement le péplos, offrande rituelle que lui consacrent ses adoratrices à Athènes [ voir ARRHEPHORIA , PANATHENAIA, PEPLUS], ou le chiton ; pour coiffure, le polos ou la stéphané, à qui s’ajoute parfois le voile, au lieu du casque guerrier, avec le Gorgoneion caractéristique (fig. 5046).
Elle a pour emblème la chouette vigilante avec Iaquelle elle s’identifie aussi bien comme Ergané (fig. 5044) que comme Polias, ou le coq, l’oiseau guerrier et matinal dont le chant est le signal de la reprise du travail quotidien. l s’ensuit que la toilette et la parure féminine rentrent aussi dans les attributions de la déesse.
Attributions poliades.
Beaucoup plus consistant et plus fondamental que le prétendu rôle météorologique, dont, Welcker et Roscher ont voulu faire dériver tous les autres caractères de la déesse, apparaît son rôle de divinité poliade, protectrice des acropoles et gardienne des villes. Là les réalités du culte le plus ancien s’accordent avec les données de la légende. Elle est bien la conception originale et primitive de la déesse, celle qui a donné naissance à toutes les autres et dont l’extension en sens divers explique le mieux les différents aspects de cette figure.
Athéna, gardienne des villes, habite des temples généralement situés sur les parties les plus fortes, au point de vue défensif, du territoire, soit sur l’acropole et dans la citadelle de la ville, soit sur une hauteur ayant une importance stratégique. La plus ancienne mention d’un culte de ce genre se trouve dans l’Iliade. La protectrice de Troie habite sur l’acropole un temple fermé, desservi par une prêtresse. Sur l’invitation d’Hector, les matrones de Troie vont déposer sur ses genoux un péplos et lui promettre un sacrifice de douze génisses si elle met Diomède hors d’état de nuire. Cette description, probablement inspirée des détails du culte athénien, semble avoir été introduite dans le poème au moment de la récension ordonnée par Pisistrate. L’Iliade ne mentionne pas le véritable Palladion troyen, qui représentait la déesse en armes et debout : la légende du Palladion, quoique se rapportant à un culte certainement très ancien, n’apparaît que dans les Homérides, d’abord dans l’Iliou Persis d’Arktinos. La statue était un présent de Zeus à Dardanos ; elle passait pour être tombée du ciel ; elle était enfermée dans l’adyton du temple, tandis qu’une réplique était exposée dans une partie ouverte au public : ce serait cette réplique que les guerriers grecs auraient enlevée, tandis que le Palladion authentique aurait été emporté par Énée en Italie. Les bagues et intailles de Crète et de Mycènes attestent la très haute antiquité du culte des Palladia. Ce n’est pas ici le lieu de rechercher dans quelle mesure ce culte primitif est indépendant de celui d’Athéna proprement dite. Dans l’Iliade, l’identification est déjà faite ; elle est localisée à Troie, dont le Palladion paraît avoir été entouré d’une vénération superstitieuse. Plusieurs Palladia des villes grecques qui se donnaient comme originaires de l’Acropole de Troie, étaient aussi des représentations d’Athéna, tels l’Athéna d’Argos, le Palladion du Phalère, très probablement plus anciens que le Palladion troyen, avec qui on cherchait à les identifier par des artifices de légende afin de rehausser leur prestige. On attribuait aussi une origine céleste au vieux xoanon de l’Athéna Polias d’Athènes, probablement la statue assise et sans armes qui inspira la description de l’Athéna troyenne dans l’Iliade.
Athéna, gardienne des acropoles, est appelée έρυσίπολις dand l’Iliade : elle est la πολιάς, πολιατις, πολιοΰχος à Athènes (le sens primitif de πόλις ou πτόλις étant celui d’acropole), à Larissa, Argos, Chios, Erythrae, Priène, Lindos de Rhodes (de là à Géla et Agrigente), à Trézène, Tégée, Sparte, Mégalopolis, Amorgos, Cos, etc. Comme protectrice des remparts, elle présidait à la conservation des tours à Abdère, des portes et des clefs à Athènes. Installée en Béotie sur le mont Tilphossion, elle personnifie la force défensive de cette hauteur ; elle s’y identifie avec la divinité locale Alalcoménia, « celle qui repousse », sous le nom d’Athéna Άλαλχομενηϊς ; en Arcadie, elle s’identifie avec la déesse indigène de l’asile, Aléa, et devient Athéna Άλέα, « la tutélaire », à Mantinée, Tégée, de là à Sparte.
Déesse des acropoles, Athéna est aussi, par une transition naturelle, déesse des autres rochers, hauts lieux et promontoires, qui, s’ils ne sont pas tous fortifiés, servent souvent de guettes pour la surveillance du territoire. Elle a un sanctuaire au sommet du Pentélique ; elle s’appelle Άχρία à Argos, Κραναία à Élatée, Σουνιάς sur le cap Sounion, Κορυφασία au promontoire Koryphasion, Σαλμωνία sur le cap Salmonion de Crète, Άραχυνθίας sur l’Arakynthos de Béotie, Βομξυλεία sur le mont Bombylion en Béotie, Σχιράς sur les falaises de Salamine, Παλληνίς sur la hauteur qui domine la route d’Athènes à Marathon, Αϊθυια (la Mouette) sur un rocher de la côte de Mégare. Peut-être aussi l’épithète ΄Όγγα ou »Oγχα rentre-t-elle dans le même ordre d’idées (de δ΄γχος?) ainsi que celle d’ Άχρισία, à Krisa.
Attributions guerrières.
La déesse des acropoles revêt forcément un aspect guerrier. Athéna Polias s’identifie de bonne heure avec la divinité figurée par les Palladia armés ; Athéna est, essentiellement, la déesse de la guerre, coiffée du casque, vêtue de l’égide, couverte du bouclier et pointant de la lance. Les épithètes les plus nombreuses se rapportent à son rôle guerrier. Il serait superflu d’énumérer toutes celles que les poètes ont inventées et que les textes épigraphiques nous ont conservées. Comme Πρόμαχος, elle est celle qui combat au premier rang, à Athènes, en Thessalie et ailleurs ; comme Νίχη, celle qui donne la victoire, à Athènes, à Mégare; comme ΄Άρεια, la compagne d’Arès, à Athènes et à Platées ; même comme είρηνοφόρος, elle reste guerrière, puisque c’est elle qui met fin aux combats. Dans Homère, elle est l’indomptable (άτρυτώνη) ; elle est la vigoureuse (σθενιάς). Elle préside, en qualité de ζωστηρία, à l’équipement guerrier, aux engins de guerre, au dressage et au harnachement du cheval, à l’élevage du cheval de guerre, attribution qu’elle partage avec Poseidon Hippios. C’est elle qui avait appris aux Cyrénéens et aux Barcéens à élever et à atteler les chevaux, et qui avait donné à Érechthée le premier char de guerre. Elle-même, dans l’Iliade, monte sur le char de ses guerriers favoris, et plusieurs monuments la figurent dans cette attitude. En Arcadie, on lui attribuait même l’invention du quadrige.
De là, par une attribution connexe, on lui prête l’invention de la charrue et de l’attelage du bœuf, en qualité. A Argos, elle est la déesse de la trompette guerrière. On lui attribue aussi, à Athènes, l’invention de la danse en armes ou pyrrique, qu’elle aurait été la première à danser pour célébrer sa victoire sur les Géants ou qu’elle aurait apprise des Dioscures.
Elle est aussi, par extension, la déesse de la guerre navale : on lui doit l’invention du navire de guerre ; elle a enseigné à Danaos ou à Argos la construction et l’équipement de la première pentécontore, aux Phéaciens la construction de leurs navires rapides. Comme la déesse liarmonia, elle préside à l’assemblage des pièces du navire ; elle chérit Harmonidès, constructeur de la flotte troyenne. Les navires emportent leur Palladion. A Mothone, elle octroie le vent favorable à la navigation ; à Lindos, de Rhodes, son culte est un culte de marins. A Athènes, la procession du navire sacré et des régates font partie du programme des Panathénées.
Attributions industrielles et commerciales.
La fabrication des armures et des armes offensives ressortit naturellement à la déesse de la guerre. De là ses rapports étroits, à Athènes, avec Héphaistos, le dieu des forgerons, et aussi avec Prométhée, rapports qui s’expliquent très simplement sans qu’il soit nécessaire de faire intervenir la prétendue identité de leur nature ignée. Athéna préside aux arts mécaniques, comme patronne des armuriers, puis par extension de tous les artisans du bronze et des autres métaux, si bien que ces attributions finissent par se confondre avec celles qu’elle a d’autre part, en qualité de Poliade, comme protectrice des arts de la paix (voir plus bas) et de l’industrie en général, de même que le patronage du cheval de guerre finit par lui conférer le département de l’agriculture, comme la sauvegarde de la marine militaire l’entraîna à la protection des marines de commerce, de la navigation et du commerce en général, comme, enfin, la surveillance des citadelles et la garde de la cité primitive devait, par un processus en quelque sorte fatal, étendre sa compétence au gouvernement de la cité tout entière, aux institutions civiles aussi bien qu’à la défense militaire, à la direction morale et intellectuelle de la cité.
Comme manufacturière, Athéna recevait le surnom d’Εργάνη, c’est-à-dire ouvrière, qui lui aurait été donné pour la première fois à Athènes. A ce titre, elle était la protectrice des artisans salariés et gens de métiers manuels. En cette qualité, elle participe à la fête athénienne des CHALKEIA, appelées aussi ATHENAIA, fête mixte résultant de la fusion du culte d’Héphaistos dans la ville basse avec le culte aristocratique de la déesse poliade. C’était une fête populaire, d’où son surnom de πάνδημος ; elle avait lieu le 30 (29) pyanepsion (novembre). On offrait à la déesse dans des corbeilles des pains de froment, offrandes modestes représentant la dîme du salaire. Un bas-relief du Musée de l’Acropole nous montre un artisan, graveur ou bijoutier, déposant ainsi dans la main d’Athéna Ergané l’άπαρχή de son travail (fig. 5043). A partir de la fête, commençait le travail du péplos sacré.
Manufacturière du bronze industriel, Athéna Ergané préside au travail du bronze d’art et de tous les objets d’art fabriqués de main d’homme. Elle protège l’artiste troyen Harmonidès, qui savait ouvrer toutes sortes d’objets bien agencés. Tous les métiers relèvent d’elle : orfèvrerie, ciselure, sculpture, architecture, charpenterie , carrosserie, peinture à l’encaustique, poterie, cordonnerie, etc.
Comme divinité féminine, elle dirige notamment les travaux de la femme, où elle excelle. C’est là une de ses attributions les plus anciennes et les plus importantes. Les œuvres d’Athéna sont le lot des femmes à la fois laborieuses et sages, dont Pénélope et Arété sont les types accomplis. Athéna est donc la patronne des fileuses et tisseuses. Elle-même donne l’exemple aux mortelles. Elle a tissé et brodé de ses mains son péplos merveilleux et le voile d’Héra. Elle a confectionné et orné des vêtements pour ses héros favoris, pour Hercule. Elle a instruit dans les travaux de lingerie les femmes phéaciennes et les filles de Pandaros. D’après un conte de la Lydie, pays des riches tissus, Arachné, pour avoir voulu rivaliser d’adresse avec elle, avait été métamorphosée en araignée. Un proverbe qui courait les ateliers féminins disait : « Jouer des doigts avec l’aide d’Athéna. » Comme filandière, Athéna Ergané reçoit les épithètes πηνίτις, πανάτις. Elle a pour attributs la quenouille et le fuseau avec lesquels elle est souvent figurée (fig. 5044), et qui sont un de ses présents, et aussi la corbeille (fig. 5045) ; pour vêtement le péplos, offrande rituelle que lui consacrent ses adoratrices à Athènes [ voir ARRHEPHORIA , PANATHENAIA, PEPLUS], ou le chiton ; pour coiffure, le polos ou la stéphané, à qui s’ajoute parfois le voile, au lieu du casque guerrier, avec le Gorgoneion caractéristique (fig. 5046).
Elle a pour emblème la chouette vigilante avec Iaquelle elle s’identifie aussi bien comme Ergané (fig. 5044) que comme Polias, ou le coq, l’oiseau guerrier et matinal dont le chant est le signal de la reprise du travail quotidien. l s’ensuit que la toilette et la parure féminine rentrent aussi dans les attributions de la déesse.
Re: Pallas Athéna
Attributions agricoles
La divinité tutélaire de la cité veille sur toutes les sources de la richesse publique.
L’agriculture est de son ressort, aussi bien que l’industrie. Nous avons vu que l’élevage du cheval de guerre et du bœuf se trouve sous son patronage. En Attique, étant la divinité de l’aristocratie foncière, elle préside à la culture et s’identifie avec la déesse de la végétation, sous les espèces d’une autre Déméter. L’olivier, qui représente la culture la plus lucrative en Attique, est placé sous sa protection ; elle possède ses oliviers sacrés dans la plaine et sur l’Acropole. La légende et le culte la mettent en rapports étroits avec les personnifications de la nature locale et de l’agriculture en Attique, avec ÉRECHTHEUS-ERICHTHONIOS, les CECROPIDES et les héros agricoles Boutès et Bouzygès. Érichthonios est une transposition du nom d’Érechtheus, sans être toutefois le même personnage : il personnifie dans le mythe attique la glane de blé confiée au sol et que la rosée (Pandrose, Hersé) doivent entretenir au sein de la terre et ne faire paraître au jour qu’au moment prescrit (mythe des CECROPIDES).
En Attique, il est remarquable que les fêtes de la déesse correspondent aux épisodes principaux de la vie agricole [Voir ARRHEPHORIA, KALLYNTERIA, OSCHOPHORIA, PANATHENAIA, PLYNTERIA, PROCHARISTERIA].
A ce caractère d’Athéna se rapportent les épithètes de Κισσαίά à Épidaure, de Κυπαρισσία en Laconie, de Κολοχασία, déesse de la fève, à Sicyone ; de Κτησία, déesse des biens de la terre, figurée avec des épis dans les mains. Dans le même ordre d’idées, Athéna est invoquée dans ses relations avec les cours d’eau. Outre ses rapports avec les fleuves ou lacs Tritons auprès desquels on localisait sa naissance en Béotie, en Arcadie, en Crète et en Libye, elle est adorée en qualité d’Άσία, déesse des marais, et de Νεδουσία, près du Nédon, en Laconie et Messénie, de Λαρισαία, près du Larisos d’Élide, de Γυγαίη, près du lac Gygès, en Lydie. C’est aussi en qualité de déesse de la nature et de nourricière qu’elle entretient la jeunesse et prend soin de le santé des hommes. Sa compétence spécialement médicale résulte aussi de l’emploi de l’huile en médecine et des attributions scientifiques qui font d’elle la patronne des médecins : telle l’Athéna παιωνία d’Athènes et d’Oropos,et la Minerva medica des Romains [HYGIEIA].
Attributions virginales, purificatrices et maternelles.
La déesse poliade, la guerrière indomptable est naturellement inviolable et vierge, servie par des vierges dans son Parthénon.
Elle est la fille, χορία, à Kleitor, χορησία, en Crète Les monnaies attiques à son effigie s’appelaient χόραι. Le nom primitif de la rivière thessalienne et béotienne, le Kouarios, se change à cause d’elle en Κοράλιος. Elle reçoit des poètes les épithètes d’αίδοίη, φυγόλεχτρος, άλεχτρος, et se présente vêtue au jugement de Pâris. Tirésias perd la vue pour avoir voulu la contempler au bain ; c’est en vain qu’Héphaistos tenta de la posséder. Les rares légendes qui lui attribuent des enfants sont des adaptations récentes de mythes divers. En plusieurs endroits, sa statue est l’objet d’un rite purificateur qui lui impose un bain dans une rivière sacrée. Aussi est elle la Pure, la Purificatrice. Les rites de la divinité libyenne du lac Tritonis, que les colons minyens identifièrent avec Athéna, mettaient sous sa sauvegarde la virginité des filles du pays.Athéna ne connaît pas les faiblesses de son sexe ; elle soutient plutôt le droit masculin contre l’égarement des femmes et défend l’honneur du foyer conjugal. Eschyle lui fait dire à la fin des Euménides : « Je n’ai point eu de mère pour me mettre au monde. Mon cœur toujours, jusqu’à l’hymen du moins, est tout acquis à l’homme : certes, je suis ici du côté du père. Peu doit me toucher dès lors la mort d’une femme qui avait tué l’époux, gardien du foyer. » Elle étend sa protection sur les enfants. Sa sollicitude quasi maternelle pour le petit Érichthonios est un exemple pour les mères. Aussi, à Élis, les femmes l’adoraient-elles sous l’invocation de Μήτηρ. A Athènes, elle tient dans sa main la grenade, symbole de la fécondité. Sa prêtresse portait l’égide sacrée chez les jeunes mariés. Enfin, elle-même assiste Léto dans ses couches à Délos.
Attributions politiques et pacifiques.
Athéna est la déesse du bon gouvernement et la protectrice du droit.
La divinité poliade inspire les conseils de l’État, les assemblées, les tribunaux et veille sur les institutions de la cité en temps de paix. Son rôle s’identifie parfois avec celui de Déméter Thesmophoros ou de Thémis. Dans l’Iliade, elle intervient auprès des héros pour les conseiller ; elle se fait l’arbitre de leurs querelles et leur suggère une attitude conciliante. Dans l’Odyssée, il y a harmonie complète entre le caractère de la déesse et celui de son héros favori, qui a taillé son lit conjugal dans un tronc de vieil olivier. Comme directrice du gouvernement, Athéna reçoit les noms de βασίλεια, άρχηγέτις, άγησίπολις ; comme conseillère des pouvoirs publics, ceux de βουλαία, άμβούλια, άγοραία ; comme gardienne du droit, de l’hospitalité, des sanctuaires asiles où se réfugient les meurtriers en attendant le résultat des transactions avec la famille de la victime. C’est pourquoi elle admet auprès d’elle les divinités de la Poursuite et de la Vengeance, les Praxidèques, les Euménides ou Arai.
C’est elle qui fonde à Athènes l’Aréopage et préside le tribunal έπί Παλλαδίψ. Elle interprète le droit criminel dans le sens le plus humain et le plus philosophique, et proportionne le châtiment à la responsabilité. Elle répudie les violences sanguinaires du droit archaïque, la vendetta et la loi du talion. Le légendaire ψηφος Άθηνας entraîna l’acquittement d’Oreste. Les figures 491, 492, 493 [AREOPAGUS] représentent Athéna déposant son vote dans l’urne.
Athéna surveillait la justesse des poids et mesures. Elle présidait aussi, à Athènes, à Trézène, peut-être aussi à Abdère, aux subdivisions intérieures du corps des citoyens. On la voit enfin invoquée comme déesse fédérale par des groupes d’États et de grandes ligues : elle préside aux Pamboeoties de Coronée ; elle est à la tète de la Ligue achéenne.
La divinité tutélaire de la cité veille sur toutes les sources de la richesse publique.
L’agriculture est de son ressort, aussi bien que l’industrie. Nous avons vu que l’élevage du cheval de guerre et du bœuf se trouve sous son patronage. En Attique, étant la divinité de l’aristocratie foncière, elle préside à la culture et s’identifie avec la déesse de la végétation, sous les espèces d’une autre Déméter. L’olivier, qui représente la culture la plus lucrative en Attique, est placé sous sa protection ; elle possède ses oliviers sacrés dans la plaine et sur l’Acropole. La légende et le culte la mettent en rapports étroits avec les personnifications de la nature locale et de l’agriculture en Attique, avec ÉRECHTHEUS-ERICHTHONIOS, les CECROPIDES et les héros agricoles Boutès et Bouzygès. Érichthonios est une transposition du nom d’Érechtheus, sans être toutefois le même personnage : il personnifie dans le mythe attique la glane de blé confiée au sol et que la rosée (Pandrose, Hersé) doivent entretenir au sein de la terre et ne faire paraître au jour qu’au moment prescrit (mythe des CECROPIDES).
En Attique, il est remarquable que les fêtes de la déesse correspondent aux épisodes principaux de la vie agricole [Voir ARRHEPHORIA, KALLYNTERIA, OSCHOPHORIA, PANATHENAIA, PLYNTERIA, PROCHARISTERIA].
A ce caractère d’Athéna se rapportent les épithètes de Κισσαίά à Épidaure, de Κυπαρισσία en Laconie, de Κολοχασία, déesse de la fève, à Sicyone ; de Κτησία, déesse des biens de la terre, figurée avec des épis dans les mains. Dans le même ordre d’idées, Athéna est invoquée dans ses relations avec les cours d’eau. Outre ses rapports avec les fleuves ou lacs Tritons auprès desquels on localisait sa naissance en Béotie, en Arcadie, en Crète et en Libye, elle est adorée en qualité d’Άσία, déesse des marais, et de Νεδουσία, près du Nédon, en Laconie et Messénie, de Λαρισαία, près du Larisos d’Élide, de Γυγαίη, près du lac Gygès, en Lydie. C’est aussi en qualité de déesse de la nature et de nourricière qu’elle entretient la jeunesse et prend soin de le santé des hommes. Sa compétence spécialement médicale résulte aussi de l’emploi de l’huile en médecine et des attributions scientifiques qui font d’elle la patronne des médecins : telle l’Athéna παιωνία d’Athènes et d’Oropos,et la Minerva medica des Romains [HYGIEIA].
Attributions virginales, purificatrices et maternelles.
La déesse poliade, la guerrière indomptable est naturellement inviolable et vierge, servie par des vierges dans son Parthénon.
Elle est la fille, χορία, à Kleitor, χορησία, en Crète Les monnaies attiques à son effigie s’appelaient χόραι. Le nom primitif de la rivière thessalienne et béotienne, le Kouarios, se change à cause d’elle en Κοράλιος. Elle reçoit des poètes les épithètes d’αίδοίη, φυγόλεχτρος, άλεχτρος, et se présente vêtue au jugement de Pâris. Tirésias perd la vue pour avoir voulu la contempler au bain ; c’est en vain qu’Héphaistos tenta de la posséder. Les rares légendes qui lui attribuent des enfants sont des adaptations récentes de mythes divers. En plusieurs endroits, sa statue est l’objet d’un rite purificateur qui lui impose un bain dans une rivière sacrée. Aussi est elle la Pure, la Purificatrice. Les rites de la divinité libyenne du lac Tritonis, que les colons minyens identifièrent avec Athéna, mettaient sous sa sauvegarde la virginité des filles du pays.Athéna ne connaît pas les faiblesses de son sexe ; elle soutient plutôt le droit masculin contre l’égarement des femmes et défend l’honneur du foyer conjugal. Eschyle lui fait dire à la fin des Euménides : « Je n’ai point eu de mère pour me mettre au monde. Mon cœur toujours, jusqu’à l’hymen du moins, est tout acquis à l’homme : certes, je suis ici du côté du père. Peu doit me toucher dès lors la mort d’une femme qui avait tué l’époux, gardien du foyer. » Elle étend sa protection sur les enfants. Sa sollicitude quasi maternelle pour le petit Érichthonios est un exemple pour les mères. Aussi, à Élis, les femmes l’adoraient-elles sous l’invocation de Μήτηρ. A Athènes, elle tient dans sa main la grenade, symbole de la fécondité. Sa prêtresse portait l’égide sacrée chez les jeunes mariés. Enfin, elle-même assiste Léto dans ses couches à Délos.
Attributions politiques et pacifiques.
Athéna est la déesse du bon gouvernement et la protectrice du droit.
La divinité poliade inspire les conseils de l’État, les assemblées, les tribunaux et veille sur les institutions de la cité en temps de paix. Son rôle s’identifie parfois avec celui de Déméter Thesmophoros ou de Thémis. Dans l’Iliade, elle intervient auprès des héros pour les conseiller ; elle se fait l’arbitre de leurs querelles et leur suggère une attitude conciliante. Dans l’Odyssée, il y a harmonie complète entre le caractère de la déesse et celui de son héros favori, qui a taillé son lit conjugal dans un tronc de vieil olivier. Comme directrice du gouvernement, Athéna reçoit les noms de βασίλεια, άρχηγέτις, άγησίπολις ; comme conseillère des pouvoirs publics, ceux de βουλαία, άμβούλια, άγοραία ; comme gardienne du droit, de l’hospitalité, des sanctuaires asiles où se réfugient les meurtriers en attendant le résultat des transactions avec la famille de la victime. C’est pourquoi elle admet auprès d’elle les divinités de la Poursuite et de la Vengeance, les Praxidèques, les Euménides ou Arai.
C’est elle qui fonde à Athènes l’Aréopage et préside le tribunal έπί Παλλαδίψ. Elle interprète le droit criminel dans le sens le plus humain et le plus philosophique, et proportionne le châtiment à la responsabilité. Elle répudie les violences sanguinaires du droit archaïque, la vendetta et la loi du talion. Le légendaire ψηφος Άθηνας entraîna l’acquittement d’Oreste. Les figures 491, 492, 493 [AREOPAGUS] représentent Athéna déposant son vote dans l’urne.
Athéna surveillait la justesse des poids et mesures. Elle présidait aussi, à Athènes, à Trézène, peut-être aussi à Abdère, aux subdivisions intérieures du corps des citoyens. On la voit enfin invoquée comme déesse fédérale par des groupes d’États et de grandes ligues : elle préside aux Pamboeoties de Coronée ; elle est à la tète de la Ligue achéenne.
Re: Pallas Athéna
Attributions intellectuelles.
Athéna est la déesse de la raison, de la pensée, du savoir.
Toutes les qualités morales et intellectuelles qu’implique la protection d’une grande cité sont réunies en elle. Déjà la divinité prudente de l’Odyssée personnifie la pensée réfléchie. En intelligence, elle égale son père et surpasse les autres dieux, autant qu’Ulysse surpasse les autres hommes. Nous avons parlé de la légende qui lui donne pour mère Métis : « Nous attribuons à Athéna, dit Aristote, la science et l’art. » En effet, des arts mécaniques sa compétence s’étend à tous les arts en général, à la littérature, à la philosophie, à toutes les manifestations de la pensée. Elle est comme une Muse encyclopédique. Musicienne, d’après la légende béotienne, elle invente la flûte, qu’elle enseigne à Apollon et dont elle accompagne la danse pyrrhique. Cependant la légende athénienne, au Vè siècle, était toute différente. Par haine des Béotiens, amateurs de flûte, les Athéniens racontaient qu’Athéna s’était dégoûtée de cet instrument, parce qu’il altérait sa beauté, et l’avait rejeté avec colère aux pieds du satyre Marsyas. Un groupe célèbre de Myron, consacré sur l’Acropole , représentait cet épisode, dont les bas-reliefs, monnaies et vases peints se sont inspirés.
L’activité intellectuelle d’Athènes s’est personnifiée dans la déesse sculptée par Phidias. La figure 5047 représente Athéna écrivant sur un diptyque ouvert, et portant à ses lèvres le stylets. A l’époque hellénistique, notamment à Pergame, Athéna est devenue la protectrice des poètes et de tous les savants. Elle se mêle aux Muses ; son effigie préside dans les Bibliothèques à toutes les formes du travail intellectuel.
On attribuait aussi à Athéna la science des enchantements et la connaissance de l’avenir
Conclusion. En résumé, la Pallas-Athéna classique paraît résulter de la combinaison de deux divinités très antiques préposées à la sauvegarde des cités primitives : la Pallas, personnification des hommes d’armes, représentée par les anciens Palladia debout et armée, et l’Athéna Polias, personnification de l’acropole fortifiée, où résidait la noblesse militaire, et figurée sous les traits d’une déesse assise couverte de l’égide. Les rapports de cette déesse avec les cours d’eau qui l’ont fait qualifier de Tritogéneia, et avec le Poseidon Érechtheus, dieu des eaux terrestres, s’expliquent par le fait qu’aucune acropole n’était habitable sans la proximité d’une source ou d’une rivière ; ces rapports sont symbolisés en plusieurs endroits par le bain sacré de l’effigie divine dans la rivière voisine. Une fois opérée la fusion entre les personnifications de la citadelle et de ses défenseurs,Pallas Athéna devint la patronne de la cité et de son territoire, la déesse. C’est à Athènes que sa figure s’est le mieux développée. Elle y est devenue la personnification idéale de toute la cité. Ses attributions se sont identifiées avec l’activité de la ville. Leur multiplicité est à l’image de l’organisme complexe que la déesse avait mission de protéger. Elle y est comme un premier ministre réunissant sous sa compétence tous les départements de l’État : conception essentiellement réaliste, et qui atteste à quel point certains dieux grecs sont créatures et reflets de l’humanité.
Principaux lieux du culte
Thessalie
L’un des cultes les plus anciens d’Athéna était celui des Éoliens de la Thessaliotide et de la Phthiotide ; son principal sanctuaire se trouvait près de la ville d’Iton ou Itonos, en Phthiotide, sur les bords de la rivière Κουάριος ou Κουράλιος, non loin du temple de Poseidon Kouérios et de la ville de Coronée. La déesse portait le nom d’Itonia ou Itonis, et aurait été une déesse agricole. Athéna Itonia portait aussi le surnom de βούδεια. Elle était pour les Thessaliens une divinité quasi fédérale qui les assistait pendant leurs expéditions (fig. 5048 et 5049).
Béotie
Le culte d’Athéna Itonia est aussi un des plus vieux et des plus importants de la Béotie.
A en croire Strabon, suivi non sans raison par la plupFig 5050 - Athéna Itonia sur une monnaie de la confédération béotienneart des érudits modernes, il y aurait été importé par les Béotiens de la Phthiotide, chassés de Thessalie par l’invasion thessalienne après la guerre de Troie. On retrouve, en effet, en Béotie la ville de Coronée, le fleuve Kouarios ou Koralios et le temple d’Athéna Itonia. D’après Gruppe, ces rapports devraient être intervertis : c’est le sanctuaire béotien, d’origine cadméenne lui-même, qui aurait été le métropolitain. L’épithète d’ltonia serait phénicienne, et signifierait l’impérissable, pour désigner l’esprit qui survit à la mort et révèle au croyant les secrets de l’enfer D’après une indication, peut–être fautive, de Strabon, une légende mystique rapprochait en Béotie Athéna Itonia et Hadès, tandis que c’est Arès, d’après les inscriptions, et Zeus, d’après Pausanias, qui s’associaient à la déesse. De Béotie, suivant Grappe, le culte d’Athéna Itonia se serait propagé de bonne heure dans les colonies béotiennes, en Épire, en Thessalie, en Thrace, en Lydie, à Amorgos, à Athènes. En tout cas, c’est auprès du sanctuaire de Coronée que les Béotiens célébraient, vers le mois d’octobre, la fête fédérale des Paimbœotia. La déesse belliqueuse, protectrice de la Ligue, recevait des trophées après la victoire (fig. 5050). On lui consacrait aussi des statues. De plus, la légende officielle faisait d’Itonos un fils d’Amphictyon. De l’amphictyonie primitive naquit la Confédération béotienne [BŒOTICUM FŒDUS, KOINON]. Le sanctuaire était probablement aussi un asile amphictyonique.
Athéna Itonia absorba probablement un ancien culte local, celui d’lodama, sans doute personnification de quelque vieux Palladion en forme de bétyle, dont la présence était expliquée plus tard par une légende : Iodama, prêtresse d’Athéna, ayant pénétré la nuit dans le sanctuaire, vit la déesse et fut pétrifiée à l’aspect du Gorgonéion fixé à son chiton. De ce culte primitif subsista l’usage de faire allumer par une prêtresse un feu quotidien sur l’autel d’Iodama, en prononçant trois fois la formule rituelle : « Iodama vit et demande du feu », Le cas d’Iodama présente beaucoup d’analogie avec celui d’Hyakinthos à Amyclées [HYAKINTHIA] et de Lycaon au Lycée [LYKAIA]. Iodama semble bien être la divinité aborigène supplantée par Athéna Itonia.
Non loin de là, à mi-chemin entre Coronée et Haliarte, se trouvait un autre sanctuaire d’Athéna, peut-être plus ancien encore, l’Alalkolménion, situé au pied du mont Tilphossion, près de la source Tilphossa, et sur les bords de la rivière Triton, affluent du lac Copaïs. La légende de la naissance d’Athéna était localisée à cet endroit. Une autre légende, conforme à celle des Palladia, racontait que le xoanon en ivoire de la déesse était tombé du ciel. On disait aussi que Tirésias, dont le tombeau était proche était devenu aveugle pour avoir aperçu la déesse au bain, légende qui semble attester l’usage d’un bain rituel de l’idole dans les eaux du Triton. Athéna portait l’épithète d’Άλαλχομενηϊς, «celle qui repousse ». Il y a lieu de croire que, à l’origine, la déesse n’était autre, sous le nom d’Alalcoménia, que la personnification même du mont Tilphossion, considéré comme une forteresse naturelle commandant la route d’Orchomène à Thèbes. Il y avait aussi sur la pente du Tilphossion un sanctuaire à ciel ouvert des Praxidiques (dont une appelée Alalcoménia), de même qu’à Athènes les Euménides s’installèrent sur l’Aréopage, rocher attenant à I’Acropole. Alalcoménia, personnification locale de la forteresse du Tilphossion, puis Praxidique, se combina avec Athéna sous le nom d’Athéna Alalcoménéis, et imposa à cette déesse une part de sa personnalité de Justicière. Le sanctuaire d’Athéna, Alalcoménéis était un asile inviolable. Les Minyens de Béotie transportèrent le culte d’Alalcoménia en Arcadie, et celui d’Athéna, née du Triton, en Libye.
A Thèbes, le culte d’Athéna Onka était lié à la légende de Cadmos,D’après Eschyle le sanctuaire était voisin d’une porte de la ville, probablement la porte ogygienne. C’est là que Cadmos aurait sacrifié à Athéna la vache qui l’avait guidé. D’après Pausanias, la déesse possédait, en un endroit non déterminé, un autel et une statue en plein air. Les auteurs anciens s’accordent à attribuer à Onga ou Onka une étymologie phénicienne ; mais les savants modernes, qui les ont suivis, n’ont pas encore pu la découvrir. Athéna était encore adorée à Thèbes sous le nom de ζωστηρία.
Athéna est la déesse de la raison, de la pensée, du savoir.
Toutes les qualités morales et intellectuelles qu’implique la protection d’une grande cité sont réunies en elle. Déjà la divinité prudente de l’Odyssée personnifie la pensée réfléchie. En intelligence, elle égale son père et surpasse les autres dieux, autant qu’Ulysse surpasse les autres hommes. Nous avons parlé de la légende qui lui donne pour mère Métis : « Nous attribuons à Athéna, dit Aristote, la science et l’art. » En effet, des arts mécaniques sa compétence s’étend à tous les arts en général, à la littérature, à la philosophie, à toutes les manifestations de la pensée. Elle est comme une Muse encyclopédique. Musicienne, d’après la légende béotienne, elle invente la flûte, qu’elle enseigne à Apollon et dont elle accompagne la danse pyrrhique. Cependant la légende athénienne, au Vè siècle, était toute différente. Par haine des Béotiens, amateurs de flûte, les Athéniens racontaient qu’Athéna s’était dégoûtée de cet instrument, parce qu’il altérait sa beauté, et l’avait rejeté avec colère aux pieds du satyre Marsyas. Un groupe célèbre de Myron, consacré sur l’Acropole , représentait cet épisode, dont les bas-reliefs, monnaies et vases peints se sont inspirés.
L’activité intellectuelle d’Athènes s’est personnifiée dans la déesse sculptée par Phidias. La figure 5047 représente Athéna écrivant sur un diptyque ouvert, et portant à ses lèvres le stylets. A l’époque hellénistique, notamment à Pergame, Athéna est devenue la protectrice des poètes et de tous les savants. Elle se mêle aux Muses ; son effigie préside dans les Bibliothèques à toutes les formes du travail intellectuel.
On attribuait aussi à Athéna la science des enchantements et la connaissance de l’avenir
Conclusion. En résumé, la Pallas-Athéna classique paraît résulter de la combinaison de deux divinités très antiques préposées à la sauvegarde des cités primitives : la Pallas, personnification des hommes d’armes, représentée par les anciens Palladia debout et armée, et l’Athéna Polias, personnification de l’acropole fortifiée, où résidait la noblesse militaire, et figurée sous les traits d’une déesse assise couverte de l’égide. Les rapports de cette déesse avec les cours d’eau qui l’ont fait qualifier de Tritogéneia, et avec le Poseidon Érechtheus, dieu des eaux terrestres, s’expliquent par le fait qu’aucune acropole n’était habitable sans la proximité d’une source ou d’une rivière ; ces rapports sont symbolisés en plusieurs endroits par le bain sacré de l’effigie divine dans la rivière voisine. Une fois opérée la fusion entre les personnifications de la citadelle et de ses défenseurs,Pallas Athéna devint la patronne de la cité et de son territoire, la déesse. C’est à Athènes que sa figure s’est le mieux développée. Elle y est devenue la personnification idéale de toute la cité. Ses attributions se sont identifiées avec l’activité de la ville. Leur multiplicité est à l’image de l’organisme complexe que la déesse avait mission de protéger. Elle y est comme un premier ministre réunissant sous sa compétence tous les départements de l’État : conception essentiellement réaliste, et qui atteste à quel point certains dieux grecs sont créatures et reflets de l’humanité.
Principaux lieux du culte
Thessalie
L’un des cultes les plus anciens d’Athéna était celui des Éoliens de la Thessaliotide et de la Phthiotide ; son principal sanctuaire se trouvait près de la ville d’Iton ou Itonos, en Phthiotide, sur les bords de la rivière Κουάριος ou Κουράλιος, non loin du temple de Poseidon Kouérios et de la ville de Coronée. La déesse portait le nom d’Itonia ou Itonis, et aurait été une déesse agricole. Athéna Itonia portait aussi le surnom de βούδεια. Elle était pour les Thessaliens une divinité quasi fédérale qui les assistait pendant leurs expéditions (fig. 5048 et 5049).
Béotie
Le culte d’Athéna Itonia est aussi un des plus vieux et des plus importants de la Béotie.
A en croire Strabon, suivi non sans raison par la plupFig 5050 - Athéna Itonia sur une monnaie de la confédération béotienneart des érudits modernes, il y aurait été importé par les Béotiens de la Phthiotide, chassés de Thessalie par l’invasion thessalienne après la guerre de Troie. On retrouve, en effet, en Béotie la ville de Coronée, le fleuve Kouarios ou Koralios et le temple d’Athéna Itonia. D’après Gruppe, ces rapports devraient être intervertis : c’est le sanctuaire béotien, d’origine cadméenne lui-même, qui aurait été le métropolitain. L’épithète d’ltonia serait phénicienne, et signifierait l’impérissable, pour désigner l’esprit qui survit à la mort et révèle au croyant les secrets de l’enfer D’après une indication, peut–être fautive, de Strabon, une légende mystique rapprochait en Béotie Athéna Itonia et Hadès, tandis que c’est Arès, d’après les inscriptions, et Zeus, d’après Pausanias, qui s’associaient à la déesse. De Béotie, suivant Grappe, le culte d’Athéna Itonia se serait propagé de bonne heure dans les colonies béotiennes, en Épire, en Thessalie, en Thrace, en Lydie, à Amorgos, à Athènes. En tout cas, c’est auprès du sanctuaire de Coronée que les Béotiens célébraient, vers le mois d’octobre, la fête fédérale des Paimbœotia. La déesse belliqueuse, protectrice de la Ligue, recevait des trophées après la victoire (fig. 5050). On lui consacrait aussi des statues. De plus, la légende officielle faisait d’Itonos un fils d’Amphictyon. De l’amphictyonie primitive naquit la Confédération béotienne [BŒOTICUM FŒDUS, KOINON]. Le sanctuaire était probablement aussi un asile amphictyonique.
Athéna Itonia absorba probablement un ancien culte local, celui d’lodama, sans doute personnification de quelque vieux Palladion en forme de bétyle, dont la présence était expliquée plus tard par une légende : Iodama, prêtresse d’Athéna, ayant pénétré la nuit dans le sanctuaire, vit la déesse et fut pétrifiée à l’aspect du Gorgonéion fixé à son chiton. De ce culte primitif subsista l’usage de faire allumer par une prêtresse un feu quotidien sur l’autel d’Iodama, en prononçant trois fois la formule rituelle : « Iodama vit et demande du feu », Le cas d’Iodama présente beaucoup d’analogie avec celui d’Hyakinthos à Amyclées [HYAKINTHIA] et de Lycaon au Lycée [LYKAIA]. Iodama semble bien être la divinité aborigène supplantée par Athéna Itonia.
Non loin de là, à mi-chemin entre Coronée et Haliarte, se trouvait un autre sanctuaire d’Athéna, peut-être plus ancien encore, l’Alalkolménion, situé au pied du mont Tilphossion, près de la source Tilphossa, et sur les bords de la rivière Triton, affluent du lac Copaïs. La légende de la naissance d’Athéna était localisée à cet endroit. Une autre légende, conforme à celle des Palladia, racontait que le xoanon en ivoire de la déesse était tombé du ciel. On disait aussi que Tirésias, dont le tombeau était proche était devenu aveugle pour avoir aperçu la déesse au bain, légende qui semble attester l’usage d’un bain rituel de l’idole dans les eaux du Triton. Athéna portait l’épithète d’Άλαλχομενηϊς, «celle qui repousse ». Il y a lieu de croire que, à l’origine, la déesse n’était autre, sous le nom d’Alalcoménia, que la personnification même du mont Tilphossion, considéré comme une forteresse naturelle commandant la route d’Orchomène à Thèbes. Il y avait aussi sur la pente du Tilphossion un sanctuaire à ciel ouvert des Praxidiques (dont une appelée Alalcoménia), de même qu’à Athènes les Euménides s’installèrent sur l’Aréopage, rocher attenant à I’Acropole. Alalcoménia, personnification locale de la forteresse du Tilphossion, puis Praxidique, se combina avec Athéna sous le nom d’Athéna Alalcoménéis, et imposa à cette déesse une part de sa personnalité de Justicière. Le sanctuaire d’Athéna, Alalcoménéis était un asile inviolable. Les Minyens de Béotie transportèrent le culte d’Alalcoménia en Arcadie, et celui d’Athéna, née du Triton, en Libye.
A Thèbes, le culte d’Athéna Onka était lié à la légende de Cadmos,D’après Eschyle le sanctuaire était voisin d’une porte de la ville, probablement la porte ogygienne. C’est là que Cadmos aurait sacrifié à Athéna la vache qui l’avait guidé. D’après Pausanias, la déesse possédait, en un endroit non déterminé, un autel et une statue en plein air. Les auteurs anciens s’accordent à attribuer à Onga ou Onka une étymologie phénicienne ; mais les savants modernes, qui les ont suivis, n’ont pas encore pu la découvrir. Athéna était encore adorée à Thèbes sous le nom de ζωστηρία.
Re: Pallas Athéna
Attique
L’Attique subit très anciennement l’influence mythologique de la Béotie et de l’Eubée.
Si l’on ne peut affirmer que le culte d’Athéna ait été introduit en Attique par l’intermédiaire de la Béotie, il est avéré que les légendes des deux pays se combinèrent de bonne heure. Dans certains dêmes attiques, le culte de la déesse était très ancien et, semble-t-il, indépendant de celui de la capitale : au sommet du Pentélique, et dans le dême de Pallène, par exemple. Il était, d’ailleurs, répandu sur tout le territoire, comme l’attestent la légende du synœcisme religieux et politique attribué à Thésée et le nom même d’Athènes.
La déesse guerrière des Palladia prit possession de l’Acropole appelée Cécropia ; elle s’y identifia avec la divinité poliade, protectrice de l’olivier, et qui avait pour symbole la chouette, l’oiseau vigilant qui niche dans les recoins des rochers et des vieux remparts. Elle déposséda la personnification indigène de l’Acropole, Kékrops [CECROPS, CECROPIDES] ; à la fois comme déesse de la citadelle et comme protectrice de l’olivier, elle devait entrer en relations avec le dieu des eaux locales, ERECHTHEUS, absorbé lui-même plus tard par le Poseidon venu d’Éleusis ou de Calaurie. La légende racontait de différentes façons la fameuse dispute entre Poséidon et Athéna. Tous deux prétendaient à la possession de l’Attique ; pour affirmer leurs droits respectifs, Poséidon, d’un coup de trident, fit jaillir une source d’eau salée au sommet du rocher, et Athéna, plantant sa lance, fit pousser un olivier. Cet épisode, sujet du fronton Est du Parthénon, est représenté par la figure 5051, d’après une hydrie à reliefs de Kertch, du IVè_IIIè siècle, qui semble inspirée de la partie centrale de la composition de Phidias [Cf. NEPTUNUS].
L’association d’Héphaistos à Athéna s’explique, à Athènes, par des raisons plutôt politiques que mythiques.
Le culte d’Héphaistos transmis à Athènes par la voie de Chalcis, était particulier à la classe des artisans, habitants de la basse ville. Les progrès de cette classe et de la démocratie amenèrent une fusion avec le culte eupatridique de la haute ville : la fête des CHALKEIA fut le symbole de cette fusion. La légende fut remaniée dans le même sens. Peut-être faut-il chercher dans le mythe de la poursuite d’Athéna par Héphaistos et de son dénouement aussi répugnant que ridicule, une intention satirique? La mythologie, qui est en grande partie le produit d’une ère sacerdotale et aristocratique, n’est pas indulgente pour le dieu plébéien qu’elle bafoue à plaisir.
A Athéna Polias s’associait aussi, sur l’Acropole, Zeus Polieus [DIPOLEIA] et Zeus Herkeios.
Le plateau de l’Acropole était tout entier consacré à Athéna [ACROPOLIS]. Primitivement, le sanctuaire de la déesse s’identifiait avec le palais d’Érechthée, c’est-à-dire que le temple d’Athéna Polias et celui d’Érechthée-Poseidon ne faisaient qu’un. Dans ce téménos des deux divinités, situé au nord du plateau, on montrait les signes qu’elles avaient produits comme leurs titres de propriété sur ce terrain sacré : la θάλασσα Έρεχθϊης,, les marques du trident de Poseidon dans le roc et le premier olivier.
Quelques restes du palais d’Érechthée, c’est-à-dire du double temple primitif d’Athéna et d’Érechthée, ont été retrouvés sous les substructions de l’Hécatompédon et de l’Érechtheion ultérieurs. Ces restes répondent au πυαινός δόμος Έρεχθήος de l’Odyssée, au πύων νηός de l’Iliade, à Έρεχθέος νηός d’Hérodote et à l’άρχαϊος νέως des textes et des inscriptions. Là se trouvait l’άρχαίον άγαλμα, έδος ou ξόανον d’Athéna Polias, en bois d’olivier, qu’on attribuait à Érichthonios, et qui joua un rôle pendant la conjuration de Cylon, vers 632. Le vieux sanctuaire était devenu insuffisant, par suite de l’extension du culte d’Athéna Polias et de la fête des Panathénées auVIè siècle Dans la première moitié du VIè siècle, vers 560, sous Pisistrate, fut construit à quelques mètres au sud un nouveau temple en tuf in antis, à double cella, et dont les frontons en pierre tendre peinte représentaient à l’ouest le combat d’Hercule contre Triton devant le monstre Typhon, et à l’est Athéna et Zeus entre deux serpents, sculptures découvertes en 1882 et 1886. C’est l’édifice désigné sous le nom d’Hécatompédon, à cause de sa longueur qui était en tout de 105 3/4 pieds éginétiques sur 41 de large (34 m.70 sur 13 m.45). Cet édifice, devenu lui-même trop petit, fut agrandi par l’adjonction d’une colonnade dorique extérieure qui le convertit en temple périptère, dans les dernières années du VIè siècle, à la fin de la domination des Pisistratides ou dans les premières années de la démocratie. Ces deux édifices du Viè siècle, furent pillés et incendiés par les Perses en 480, et partiellement restaurés ; l’Hécatompédon, privé de son portique et réduit à la double cella primitive, subsista jusqu’en 406, année où il fut définitivement détruit par un incendie. Mais ces restaurations n’étaient que provisoires, destinées à assurer la continuité du culte en attendant l’achèvement des constructions nouvelles dont le projet fut ébauché dès la reconstitution de la puissance athénienne. Un premier projet de construction d’un Hécatompédon nouveau et plus vaste sur un stéréobate artificiel aménagé au sud de l’Hlécatompédon de Pisistrate, fut en partie exécuté entre 479 et 467, puis interrompu. Périclès fit reprendre les travaux sur un plan nouveau ; la construction du Parthénon d’Ictinos commença en 447, En 438, fut mise en place la statue chryséléphantine d’Athéna Polias par Phidias [Voir plus bas]. En 435, le gros œuvre était terminé, l’opisthodome employé à la conservation du trésor public : dès 434, commencent les inventaires des trésors déposés dans les autres parties de l’édifice, Pronéos, Hécatompédos Néos et Parthénon. Les frontons, exécutés sous la direction de Phidias, représentaient, à l’est la naissance d’Athéna, à l’ouest la dispute d’Athéna et de Poseidon. Le nom traditionnel de Parthénon passa de l’édifice à la déesse, parfois désignée sous le nom d’Athéna Parthénos, épithète qui n’était pas une épithète de culte, l’Athéna de Phidias étant une Athéna Polias. Quant au temple double d’Érechthée et d’Athéna, il fut réédifié en marbre après la paix de Nicias, de 420 à 417. Interrompue par la guerre de Sicile, reprise en 409, la construction fut terminée vers 408. L’incendie qui consuma en 406 l’ancien Hécatompédon voisin lui causa quelques dommages qui furent réparés en 395, L’édifice comprenait une double cella, l’une à l’est, consacrée à Athéna Polias, et renfermant l’άρχαίον άγαλμα de la déesse et le candélabre de Kallimachos ; l’autre à l’ouest, consacrée à Poseidon-Érechthée, d’où le nom traditionnel d’Érechtheion donné à l’édifice tout entier, que les inscriptions attiques désignent sous le nom de ό νεώς ό άρχαίος τής ΄Αθηνάς τής Πολιάδος. Le téménos d’Érechthée renfermait les autels d’Érechthée, de Boutès et d’Héphaistos ; une citerne, avec un puits ; un portique adjacent, au nord, abritait l’empreinte du trident de Poseidon et les trous qu’il avait creusés dans le roc. Contigus à l’Érechtheion, du côté ouest, étaient le Cécropion et le Pandroseion, avec l’olivier sacré.
Il y avait aussi, sur l’Acropole, d’autres statues, autels et sanctuaires d’Athéna : statues d’Athéna Hygieia, l’une consacrée probablement après la peste de 430 et exécutée par Pyrrhos [HYGIEIA] statue colossale en bronze d’Athéna Polias, vulgairemant appelée Promachos, et exécutée par Phidias ; une Athéna dite Lindia et une autre dite Leimnia, œuvre de Phidias, offerte par les clérouques de Lemnos. Le petit temple ionique connu sous le nom de temple de la Victoire Aptère était, en réalité, un temple d’Athéna Niké, construit par Callicratès, architecte entrepreneur du Parthénon, d’après un décret du milieu du VIè siècle.
On a cru longtemps, d’après Pausanias, à l’existence, sur l’Acropole, d’un téménos d’Athéna Ergané. Il est reconnu aujourd’hui que ce téménos n’a jamais existé. En somme, c’est surtout comme Polias, Hygieia et Niké qu’Athéna était adorée sur l’Acropole.
Le tribunal criminel qui siégeait au sud de l’Acropole, atteste la présence, dans la basse ville, d’un culte très ancien que les chroniques attiques faisaient remonter à l’introduction du Palladion troyen et qui était héréditaire dans la famille des Bouzygides. Nous avons cité en leur place les légendes attiques d’Athéna. Pour les détails du culte et des fêtes, nous renvoyons le lecteur aux articles spéciaux déjà signalés.
L’Attique subit très anciennement l’influence mythologique de la Béotie et de l’Eubée.
Si l’on ne peut affirmer que le culte d’Athéna ait été introduit en Attique par l’intermédiaire de la Béotie, il est avéré que les légendes des deux pays se combinèrent de bonne heure. Dans certains dêmes attiques, le culte de la déesse était très ancien et, semble-t-il, indépendant de celui de la capitale : au sommet du Pentélique, et dans le dême de Pallène, par exemple. Il était, d’ailleurs, répandu sur tout le territoire, comme l’attestent la légende du synœcisme religieux et politique attribué à Thésée et le nom même d’Athènes.
La déesse guerrière des Palladia prit possession de l’Acropole appelée Cécropia ; elle s’y identifia avec la divinité poliade, protectrice de l’olivier, et qui avait pour symbole la chouette, l’oiseau vigilant qui niche dans les recoins des rochers et des vieux remparts. Elle déposséda la personnification indigène de l’Acropole, Kékrops [CECROPS, CECROPIDES] ; à la fois comme déesse de la citadelle et comme protectrice de l’olivier, elle devait entrer en relations avec le dieu des eaux locales, ERECHTHEUS, absorbé lui-même plus tard par le Poseidon venu d’Éleusis ou de Calaurie. La légende racontait de différentes façons la fameuse dispute entre Poséidon et Athéna. Tous deux prétendaient à la possession de l’Attique ; pour affirmer leurs droits respectifs, Poséidon, d’un coup de trident, fit jaillir une source d’eau salée au sommet du rocher, et Athéna, plantant sa lance, fit pousser un olivier. Cet épisode, sujet du fronton Est du Parthénon, est représenté par la figure 5051, d’après une hydrie à reliefs de Kertch, du IVè_IIIè siècle, qui semble inspirée de la partie centrale de la composition de Phidias [Cf. NEPTUNUS].
L’association d’Héphaistos à Athéna s’explique, à Athènes, par des raisons plutôt politiques que mythiques.
Le culte d’Héphaistos transmis à Athènes par la voie de Chalcis, était particulier à la classe des artisans, habitants de la basse ville. Les progrès de cette classe et de la démocratie amenèrent une fusion avec le culte eupatridique de la haute ville : la fête des CHALKEIA fut le symbole de cette fusion. La légende fut remaniée dans le même sens. Peut-être faut-il chercher dans le mythe de la poursuite d’Athéna par Héphaistos et de son dénouement aussi répugnant que ridicule, une intention satirique? La mythologie, qui est en grande partie le produit d’une ère sacerdotale et aristocratique, n’est pas indulgente pour le dieu plébéien qu’elle bafoue à plaisir.
A Athéna Polias s’associait aussi, sur l’Acropole, Zeus Polieus [DIPOLEIA] et Zeus Herkeios.
Le plateau de l’Acropole était tout entier consacré à Athéna [ACROPOLIS]. Primitivement, le sanctuaire de la déesse s’identifiait avec le palais d’Érechthée, c’est-à-dire que le temple d’Athéna Polias et celui d’Érechthée-Poseidon ne faisaient qu’un. Dans ce téménos des deux divinités, situé au nord du plateau, on montrait les signes qu’elles avaient produits comme leurs titres de propriété sur ce terrain sacré : la θάλασσα Έρεχθϊης,, les marques du trident de Poseidon dans le roc et le premier olivier.
Quelques restes du palais d’Érechthée, c’est-à-dire du double temple primitif d’Athéna et d’Érechthée, ont été retrouvés sous les substructions de l’Hécatompédon et de l’Érechtheion ultérieurs. Ces restes répondent au πυαινός δόμος Έρεχθήος de l’Odyssée, au πύων νηός de l’Iliade, à Έρεχθέος νηός d’Hérodote et à l’άρχαϊος νέως des textes et des inscriptions. Là se trouvait l’άρχαίον άγαλμα, έδος ou ξόανον d’Athéna Polias, en bois d’olivier, qu’on attribuait à Érichthonios, et qui joua un rôle pendant la conjuration de Cylon, vers 632. Le vieux sanctuaire était devenu insuffisant, par suite de l’extension du culte d’Athéna Polias et de la fête des Panathénées auVIè siècle Dans la première moitié du VIè siècle, vers 560, sous Pisistrate, fut construit à quelques mètres au sud un nouveau temple en tuf in antis, à double cella, et dont les frontons en pierre tendre peinte représentaient à l’ouest le combat d’Hercule contre Triton devant le monstre Typhon, et à l’est Athéna et Zeus entre deux serpents, sculptures découvertes en 1882 et 1886. C’est l’édifice désigné sous le nom d’Hécatompédon, à cause de sa longueur qui était en tout de 105 3/4 pieds éginétiques sur 41 de large (34 m.70 sur 13 m.45). Cet édifice, devenu lui-même trop petit, fut agrandi par l’adjonction d’une colonnade dorique extérieure qui le convertit en temple périptère, dans les dernières années du VIè siècle, à la fin de la domination des Pisistratides ou dans les premières années de la démocratie. Ces deux édifices du Viè siècle, furent pillés et incendiés par les Perses en 480, et partiellement restaurés ; l’Hécatompédon, privé de son portique et réduit à la double cella primitive, subsista jusqu’en 406, année où il fut définitivement détruit par un incendie. Mais ces restaurations n’étaient que provisoires, destinées à assurer la continuité du culte en attendant l’achèvement des constructions nouvelles dont le projet fut ébauché dès la reconstitution de la puissance athénienne. Un premier projet de construction d’un Hécatompédon nouveau et plus vaste sur un stéréobate artificiel aménagé au sud de l’Hlécatompédon de Pisistrate, fut en partie exécuté entre 479 et 467, puis interrompu. Périclès fit reprendre les travaux sur un plan nouveau ; la construction du Parthénon d’Ictinos commença en 447, En 438, fut mise en place la statue chryséléphantine d’Athéna Polias par Phidias [Voir plus bas]. En 435, le gros œuvre était terminé, l’opisthodome employé à la conservation du trésor public : dès 434, commencent les inventaires des trésors déposés dans les autres parties de l’édifice, Pronéos, Hécatompédos Néos et Parthénon. Les frontons, exécutés sous la direction de Phidias, représentaient, à l’est la naissance d’Athéna, à l’ouest la dispute d’Athéna et de Poseidon. Le nom traditionnel de Parthénon passa de l’édifice à la déesse, parfois désignée sous le nom d’Athéna Parthénos, épithète qui n’était pas une épithète de culte, l’Athéna de Phidias étant une Athéna Polias. Quant au temple double d’Érechthée et d’Athéna, il fut réédifié en marbre après la paix de Nicias, de 420 à 417. Interrompue par la guerre de Sicile, reprise en 409, la construction fut terminée vers 408. L’incendie qui consuma en 406 l’ancien Hécatompédon voisin lui causa quelques dommages qui furent réparés en 395, L’édifice comprenait une double cella, l’une à l’est, consacrée à Athéna Polias, et renfermant l’άρχαίον άγαλμα de la déesse et le candélabre de Kallimachos ; l’autre à l’ouest, consacrée à Poseidon-Érechthée, d’où le nom traditionnel d’Érechtheion donné à l’édifice tout entier, que les inscriptions attiques désignent sous le nom de ό νεώς ό άρχαίος τής ΄Αθηνάς τής Πολιάδος. Le téménos d’Érechthée renfermait les autels d’Érechthée, de Boutès et d’Héphaistos ; une citerne, avec un puits ; un portique adjacent, au nord, abritait l’empreinte du trident de Poseidon et les trous qu’il avait creusés dans le roc. Contigus à l’Érechtheion, du côté ouest, étaient le Cécropion et le Pandroseion, avec l’olivier sacré.
Il y avait aussi, sur l’Acropole, d’autres statues, autels et sanctuaires d’Athéna : statues d’Athéna Hygieia, l’une consacrée probablement après la peste de 430 et exécutée par Pyrrhos [HYGIEIA] statue colossale en bronze d’Athéna Polias, vulgairemant appelée Promachos, et exécutée par Phidias ; une Athéna dite Lindia et une autre dite Leimnia, œuvre de Phidias, offerte par les clérouques de Lemnos. Le petit temple ionique connu sous le nom de temple de la Victoire Aptère était, en réalité, un temple d’Athéna Niké, construit par Callicratès, architecte entrepreneur du Parthénon, d’après un décret du milieu du VIè siècle.
On a cru longtemps, d’après Pausanias, à l’existence, sur l’Acropole, d’un téménos d’Athéna Ergané. Il est reconnu aujourd’hui que ce téménos n’a jamais existé. En somme, c’est surtout comme Polias, Hygieia et Niké qu’Athéna était adorée sur l’Acropole.
Le tribunal criminel qui siégeait au sud de l’Acropole, atteste la présence, dans la basse ville, d’un culte très ancien que les chroniques attiques faisaient remonter à l’introduction du Palladion troyen et qui était héréditaire dans la famille des Bouzygides. Nous avons cité en leur place les légendes attiques d’Athéna. Pour les détails du culte et des fêtes, nous renvoyons le lecteur aux articles spéciaux déjà signalés.
Re: Pallas Athéna
Mégaride
Sur l’acropole de Mégare, Athéna avait trois temples, comme Poilas, Niké et Aiantis. Ce dernier culte et celui d’Athéna Aithyia sont en rapport avec ceux d’Ajax et d’Athéna Skiras à Salamine, qui dépendait primitivement de Mégare.
Phocide
En Phocide, Athéna était adorée à Delphes comme Προναία et comme Εαργάνα (Ergané), à Daulis, à Élatée comme Κραναία. En Locride, Amphissa possédait un Palladion rapporté, disait-on, de Troie.
Péloponnèse
Dans le Péloponnèse, en Argolide, à Trézène, le culte d’Athéna Polias ou Sthénias et de Poseidon Basileus et la légende d’une querelle des deux divinités pour la possession du territoire, ainsi que le culte d’Athéna Apatouria, à qui les jeunes filles consacraient leur ceinture avant de se marier, sont des emprunts faits à l’Attique. A Hermione, elle voisinait avec Poseidon et s’appelait Προμάχορμα ; à Épidaure, on la connaissait comme Κισσαία, Polias, Καλλίεργος (Ergané), Στοιχεία (qui range les troupes), ΄Αρχηγέτις ; comme Ύγίεια, elle se trouvait en rapport avec les dieux guérisseurs ; on l’invoquait encore comme Promachos, Hypata, Oxyderka ; à Argos, comme Σάλπιγξ (…). On célébrait le rite du bain sacré du Palladion d’Athéna Oxyderka et du bouclier de Diomède dans l’Inachos ; les hommes en étaient exclus. Citons, à Lerne, Athéna Σάίτις. A Corinthe, Athéna est en rapport avec Bellérophon, et l’énigmatique Athéna ΄Ελλωτία avec l’Europe crétoise, et peut-être quelque divinité sémitique [HELLOTIA].
En Arcadie, Athéna Aléa occupe une place importante à Aléa, Mantinée, Tégée, d’on elle passa en Laconie par Thérapné. Le temple de Tégée, dont la fondation était attribuée à Aléos, semble avoir supplanté le sanctuaire primitif d’Aléa et être devenu le centre d’une amphictyonie, avec hiéromnémons, trésor amphictyonique et panégyrie régionale. La fête des ALEAIA se célébrait à Tégée dans un stade voisin du temple ; on a voulu l’identifier avec les HALOTIA=HELLOTIA. Le sanctuaire donna asile à d’illustres fugitifs de Sparte et d’Argos. Le double sens du mot άλέα (refuge, chaleur) permit d’attribuer aussi à l’ancienne déesse arcadienne de l’Asile, Aléa, absorbée par Athéna, un caractère solaire. On en fit aussi une déesse de l’accouchement. Elle absorba, à ce double titre, une autre divinité locale, qui devint son hypostase avec le titre de prêtresse, Augé, mère de Télèphe, désignée sous le nom caractéristique de Αΰγη έν γόνασιν. L’ancien temple, brûlé en 395, fut reconstruit en marbre et décoré de sculptures par Scopas : c’était un des plus beaux du Péloponnèse. L’idole, œuvre d’Endoios, sauvée de l’incendie, fut transportée à Rome par Auguste, et remplacée par un xoanon d’Athéna Hippia, enlevé au bourg des Manthyréens, et entouré par Scopas d’un Asclépios et d’une Hygie.
Il y avait aussi à Tégée un temple d’Athéna Poliatis. It ne s’ouvrait qu’une fois par an. Il renfermait un talisman de la ville : c’était un cheveu de la Gorgone, offert par la déesse à Képheus ; cette légende parait être d’origine argienne.
Athéna Soteira était associée à Poseidon-Ulysse à Aléa. A Teuthis une légende locale avait fait représenter la déesse avec une blessure à la cuisse, enveloppée d’une bande de pourpre. A Kleitor, une autre légende faisait d’Athéna Koria une fille de Zeus et de Koryphé . A Phénéos, le culte d’Athéna Tritonia était associé à celui de Poseidon-Ulysse ; à Aliphéra une légende locale faisait naître Athéna de Zeus Léchéatès, près d’une source Tritonis. A Mégalopolis, on adorait Athéna Poliatis, Ergané et Machanitis.
En Laconie, à Sparte, on adorait Athéna Agoraia en rapport avec Zeus Agoraios, Kéleutheia en rapport avec Ulysse (au Ténare avec Poseidon) Axiopoinos, Amboulia, Poliachos et Khalkiœkos (fig. 5052), cette dernière dans un temple très ancien et très vénéré, Ergané, Ophtalmitis ou Optiletis. (Voir plus haut). Le sens de l’épithète d’Athéna Συλλανία,, mentionnée dans la Rhétra de Lycurgue, avec Zeus Syllanios, n’est pas fixé.
En Messénie, le culte d’Athéna n’est ni très ancien ni très important, non plus qu’en Élide. En Achaïe, outre l’Athéna Παναχαϊςç, déesse fédérale à Patras, il faut citer les cultes d’Athéna Triteia, et la légende de Triton, à Triteia, et celui de Pallène où était localisée une légende de la Gigantomachie.
Iles.
La Crète possédait sa légende locale de la naissance d’Athéna, à Thenae, près Cnossos, au bord d’une rivière Triton. Nous avons déjà parlé du culte d’Athéna à Lindos, à Rhodes, où on lui attribuait une origine égyptienne ou phénicienne. Athéna aurait appris aux Héliades et aux Telchines le travail du bronze. Dans les îles, signalons Athéna ltonia et Athéna Polias à Amorgos avec fêtes des ITONIA, Athéna Machanis à Cos, Athéna Ergatis à Samos, Athéna Patria à Anaphé.
Asie Mineure.
En Ionie, le culte d’Athéna est assez répandu. Nous avons cité l’Athéna d’Érythrae. Signalons aussi Athéna Polioukhos à Chios et à Phocée, Athéna Assesia à Milet ; à Téos, il y avait un collège de Panathénaïstes ; Priène, Ephèse, Cyzique, Halicarnasse avaient des sanctuaires d’Athéna, et celui de Cyzique passait pour être le plus ancien.
Dans quelle mesure le culte d’Athéna en Troade, tel que le font connaître les poèmes homériques, est-il indigène ou bien un reflet des cultes analogues de la Grèce propre ? Nous avons déjà remarqué que la cérémonie de l’offrande du péplos à la déesse paraît être une réminiscence du culte athénien, introduite dans le poème par les recenseurs du temps de Pisistrate. Il est possible qu’il y ait eu à Troie un vieux culte palladien, assimilé par les Grecs au culte de leur Athéna. Il est souvent arrivé aux Grecs de convertir ainsi en divinités helléniques certains dieux barbares équivalents. La tradition épique servit de base au culte de la Nouvelle-Ilion, où furent instituées des Panathénées (Voir plus loin).
L’Athéna d’Halicarnasse et celle de Laodicée de Syrie sont des déesses barbares hellénisées. De même l’Athéna Magarsis de Cilicie. A Pergame, Athéna Polias et Niképhoros, associée à la Gigantomachie, prit une grande place dans le culte, et suscita tout un ensemble de constructions et de sculptures qui compte parmi les plus importantes créations de l’époque hellénistique.
Grande Grèce, etc.
Dans la Grande Grèce, plusieurs sanctuaires d’Athéna se reconnaissaient pour fondateurs des héros de la guerre de Troie : Ulysse à Capri, Diomède à Lucéria, Philoctète à Métaponte (Athéna Eilenia).
En Égypte, l’assimilation d’Athéna à la déesse Nit est attestée par des papyrus, des dédicaces et des monnaies.
Légendes.
Les rapports d’Athéna avec Zeus, sa participation à la révolte des dieux contre son père sont signalés aux articles AEGIS et JUPITER ; sa lutte contre les Géants à l’article GIGANTES ; ses rapports avec la Gorgone et les Euménides aux articles FURIAE, GORGONA, MEDUSA, PRAXIDIKAI. Héphaistos et Poseidon aux articles VULCANUS et NEPTUNUS. Les héros BELLEROPHON, ERICHTONIOS, HERCULES, ORESTES, PALLAS, PERSEUS, ULYSSES, etc., nous dispensent d’insister ici sur tous ces détails de la légende.
Sur l’acropole de Mégare, Athéna avait trois temples, comme Poilas, Niké et Aiantis. Ce dernier culte et celui d’Athéna Aithyia sont en rapport avec ceux d’Ajax et d’Athéna Skiras à Salamine, qui dépendait primitivement de Mégare.
Phocide
En Phocide, Athéna était adorée à Delphes comme Προναία et comme Εαργάνα (Ergané), à Daulis, à Élatée comme Κραναία. En Locride, Amphissa possédait un Palladion rapporté, disait-on, de Troie.
Péloponnèse
Dans le Péloponnèse, en Argolide, à Trézène, le culte d’Athéna Polias ou Sthénias et de Poseidon Basileus et la légende d’une querelle des deux divinités pour la possession du territoire, ainsi que le culte d’Athéna Apatouria, à qui les jeunes filles consacraient leur ceinture avant de se marier, sont des emprunts faits à l’Attique. A Hermione, elle voisinait avec Poseidon et s’appelait Προμάχορμα ; à Épidaure, on la connaissait comme Κισσαία, Polias, Καλλίεργος (Ergané), Στοιχεία (qui range les troupes), ΄Αρχηγέτις ; comme Ύγίεια, elle se trouvait en rapport avec les dieux guérisseurs ; on l’invoquait encore comme Promachos, Hypata, Oxyderka ; à Argos, comme Σάλπιγξ (…). On célébrait le rite du bain sacré du Palladion d’Athéna Oxyderka et du bouclier de Diomède dans l’Inachos ; les hommes en étaient exclus. Citons, à Lerne, Athéna Σάίτις. A Corinthe, Athéna est en rapport avec Bellérophon, et l’énigmatique Athéna ΄Ελλωτία avec l’Europe crétoise, et peut-être quelque divinité sémitique [HELLOTIA].
En Arcadie, Athéna Aléa occupe une place importante à Aléa, Mantinée, Tégée, d’on elle passa en Laconie par Thérapné. Le temple de Tégée, dont la fondation était attribuée à Aléos, semble avoir supplanté le sanctuaire primitif d’Aléa et être devenu le centre d’une amphictyonie, avec hiéromnémons, trésor amphictyonique et panégyrie régionale. La fête des ALEAIA se célébrait à Tégée dans un stade voisin du temple ; on a voulu l’identifier avec les HALOTIA=HELLOTIA. Le sanctuaire donna asile à d’illustres fugitifs de Sparte et d’Argos. Le double sens du mot άλέα (refuge, chaleur) permit d’attribuer aussi à l’ancienne déesse arcadienne de l’Asile, Aléa, absorbée par Athéna, un caractère solaire. On en fit aussi une déesse de l’accouchement. Elle absorba, à ce double titre, une autre divinité locale, qui devint son hypostase avec le titre de prêtresse, Augé, mère de Télèphe, désignée sous le nom caractéristique de Αΰγη έν γόνασιν. L’ancien temple, brûlé en 395, fut reconstruit en marbre et décoré de sculptures par Scopas : c’était un des plus beaux du Péloponnèse. L’idole, œuvre d’Endoios, sauvée de l’incendie, fut transportée à Rome par Auguste, et remplacée par un xoanon d’Athéna Hippia, enlevé au bourg des Manthyréens, et entouré par Scopas d’un Asclépios et d’une Hygie.
Il y avait aussi à Tégée un temple d’Athéna Poliatis. It ne s’ouvrait qu’une fois par an. Il renfermait un talisman de la ville : c’était un cheveu de la Gorgone, offert par la déesse à Képheus ; cette légende parait être d’origine argienne.
Athéna Soteira était associée à Poseidon-Ulysse à Aléa. A Teuthis une légende locale avait fait représenter la déesse avec une blessure à la cuisse, enveloppée d’une bande de pourpre. A Kleitor, une autre légende faisait d’Athéna Koria une fille de Zeus et de Koryphé . A Phénéos, le culte d’Athéna Tritonia était associé à celui de Poseidon-Ulysse ; à Aliphéra une légende locale faisait naître Athéna de Zeus Léchéatès, près d’une source Tritonis. A Mégalopolis, on adorait Athéna Poliatis, Ergané et Machanitis.
En Laconie, à Sparte, on adorait Athéna Agoraia en rapport avec Zeus Agoraios, Kéleutheia en rapport avec Ulysse (au Ténare avec Poseidon) Axiopoinos, Amboulia, Poliachos et Khalkiœkos (fig. 5052), cette dernière dans un temple très ancien et très vénéré, Ergané, Ophtalmitis ou Optiletis. (Voir plus haut). Le sens de l’épithète d’Athéna Συλλανία,, mentionnée dans la Rhétra de Lycurgue, avec Zeus Syllanios, n’est pas fixé.
En Messénie, le culte d’Athéna n’est ni très ancien ni très important, non plus qu’en Élide. En Achaïe, outre l’Athéna Παναχαϊςç, déesse fédérale à Patras, il faut citer les cultes d’Athéna Triteia, et la légende de Triton, à Triteia, et celui de Pallène où était localisée une légende de la Gigantomachie.
Iles.
La Crète possédait sa légende locale de la naissance d’Athéna, à Thenae, près Cnossos, au bord d’une rivière Triton. Nous avons déjà parlé du culte d’Athéna à Lindos, à Rhodes, où on lui attribuait une origine égyptienne ou phénicienne. Athéna aurait appris aux Héliades et aux Telchines le travail du bronze. Dans les îles, signalons Athéna ltonia et Athéna Polias à Amorgos avec fêtes des ITONIA, Athéna Machanis à Cos, Athéna Ergatis à Samos, Athéna Patria à Anaphé.
Asie Mineure.
En Ionie, le culte d’Athéna est assez répandu. Nous avons cité l’Athéna d’Érythrae. Signalons aussi Athéna Polioukhos à Chios et à Phocée, Athéna Assesia à Milet ; à Téos, il y avait un collège de Panathénaïstes ; Priène, Ephèse, Cyzique, Halicarnasse avaient des sanctuaires d’Athéna, et celui de Cyzique passait pour être le plus ancien.
Dans quelle mesure le culte d’Athéna en Troade, tel que le font connaître les poèmes homériques, est-il indigène ou bien un reflet des cultes analogues de la Grèce propre ? Nous avons déjà remarqué que la cérémonie de l’offrande du péplos à la déesse paraît être une réminiscence du culte athénien, introduite dans le poème par les recenseurs du temps de Pisistrate. Il est possible qu’il y ait eu à Troie un vieux culte palladien, assimilé par les Grecs au culte de leur Athéna. Il est souvent arrivé aux Grecs de convertir ainsi en divinités helléniques certains dieux barbares équivalents. La tradition épique servit de base au culte de la Nouvelle-Ilion, où furent instituées des Panathénées (Voir plus loin).
L’Athéna d’Halicarnasse et celle de Laodicée de Syrie sont des déesses barbares hellénisées. De même l’Athéna Magarsis de Cilicie. A Pergame, Athéna Polias et Niképhoros, associée à la Gigantomachie, prit une grande place dans le culte, et suscita tout un ensemble de constructions et de sculptures qui compte parmi les plus importantes créations de l’époque hellénistique.
Grande Grèce, etc.
Dans la Grande Grèce, plusieurs sanctuaires d’Athéna se reconnaissaient pour fondateurs des héros de la guerre de Troie : Ulysse à Capri, Diomède à Lucéria, Philoctète à Métaponte (Athéna Eilenia).
En Égypte, l’assimilation d’Athéna à la déesse Nit est attestée par des papyrus, des dédicaces et des monnaies.
Légendes.
Les rapports d’Athéna avec Zeus, sa participation à la révolte des dieux contre son père sont signalés aux articles AEGIS et JUPITER ; sa lutte contre les Géants à l’article GIGANTES ; ses rapports avec la Gorgone et les Euménides aux articles FURIAE, GORGONA, MEDUSA, PRAXIDIKAI. Héphaistos et Poseidon aux articles VULCANUS et NEPTUNUS. Les héros BELLEROPHON, ERICHTONIOS, HERCULES, ORESTES, PALLAS, PERSEUS, ULYSSES, etc., nous dispensent d’insister ici sur tous ces détails de la légende.
Re: Pallas Athéna
Représentations artistiques.
Les représentations d’Athéna se répartissent en deux principales classes : l’Athéna guerrière et l’Athéna pacifique. Il est difficile de spécifier quel est la plus ancienne des deux ; enfin, un type mixte est résulté de leur combinaison.
Type assis.
Nous avons vu que la plus ancienne mention d’une statue d’Athéna, celle de l’Athéna Polias d’Ilion, décrite dans l’Iliade, se référait à une statue assise, probablement conçue à l’instar de l’Athéna Polias d’Athènes. C’est au VIè siècle que ce type paraît s’être constitué. Il personnifie la déesse dans ses rapports avec le sol où elle est installée et dans ses attributions pacifiques. Pausanias signale sur l’Acropole d’Athènes, en avant de l’Érechtheion, une statue d’Athéna assise, œuvre, dit-il, d’Endoios, sculpteur né à Athènes, élève et compagnon de Dédale en Crète. La statue avait été consacrée par Callias. Le même Endoios avait exécuté pour Érythræ une statue d’Athéna Polias-Ergané, en bois, représentant la déesse assise, couronnée du polos, et tenant un fuseau et une quenouille ; pour Tégée, une Athéna Aléa toute en ivoire qui fut enlevée par Auguste. On peut reconnaître l’Athéna assise d’Endoios dans une statue en marbre fort mutilée du Musée de l’Acropole d’Athènes (fig. 5053) La déesse est figurée assise sur un trône, la poitrine couverte de l’égide et du Gorgoneion. Ce type de l’Athéna assise était assez répandu dans les colonies ioniennes d’Asie : Strabon le signale notamment à Chios, à Phocée, dans la colonie phocéenne de Marseille. Peut-être l’ancien ξόανον de la déesse, en bois d’olivier, appartenait-il à ce type. ? En tout cas, de nombreuses statuettes votives en terre cuite provenant de l’Acropole d’Athènes et de tombeaux attiques et quelques plaques votives en terre cuite représentent la déesse sans autres attributs que le polos, l’égide et le Gorgoneion. C’est là le type général de la divinité féminine protectrice, de la « Dame » du pays ; plusieurs de ces statuettes pouvaient représenter différentes déesses au gré de l’artiste ; elles ne recevaient leur caractère spécial que par l’addition après coup de certains attributs significatifs. La figure 5054 reproduit une de ces Athénas assises provenant de l’Acropole d’Athènes. De ce type primitif, librement interprété, dérive la jolie figure d’Athéna, représentée, sur une métope du temple d’Olympie, assise sur un rocher, dans une attitude pleine d’abandon et avec un costume agreste qui font plutôt ressembler la déesse à quelque nymphe arcadienne.
Si ce type assis et sans armes n’était pas celui du xoanon attribué à Erichthonios, il était très probablement représenté sur l’Acropole par quelque idole archaïque, vénérée concurremment avec le type du Palladion debout et armé. De la fusion de ces deux types, résulta un type mixte, où la déesse était figurée assise, mais pourvue d’attributs guerriers. On a voulu reconnaître en ce dernier la représentation primitive d’Athéna Niké, figurée, d’après Héliodore, par un ξόανον tenant une grenade dans la main droite et le casque dans la main gauche. Calamis en avait fait une copie offerte à Olympie par les Mantinéens. La figure 5055, empruntée à une hydrie à figures noires du Viè siècle, représente la déesse assise en costume ionien, sans égide, tête nue, tenant son casque de la main gauche et une patère de la main droite, devant un autel ionique et un temple dorique, près desquels se tient le bœuf du sacrifice.
Type debout.
A. Palladia
Le type le plus ancien de l’idole debout et armée est représenté par les Palladia mycéniens ou crétois, dont les bagues, gemmes et peintures de Mycènes, de Vaphio, de Cnossos et des îles présentent de nombreux spécimens, analogues à celui que reproduit la figure 5056 d’après le chaton d’une bague en or trouvée à Mycènes. C’est une figure de sexe indéterminé, armée de la lance et du bouclier double orbiculaire.
Ce type est une sorte de trophée anthropomorphique, peu à peu converti en xoanon vêtu d’un chiton ou d’un péplos, armé du casque, de la lance et du bouclier. Une curieuse peinture sur tablette de chaux, trouvée à Mycènes, malheureusement trop mutilée pour être ici reproduite, représente un de ces Palladiatrophées, à côté d’un autel, entre deux dames vêtues de la robe mycénienne à volants, qui lui apportent des offrandes. Mais la figure 5057, empruntée à un vase à figures rouges de Mégare, représente un de ces trophées, considérés comme une image de la déesse qui a donné la victoire (Athéna Niké) et à qui l’on offre un sacrifice.
Diverses divinités, telles que Zeus, l’Apollon Amycléen l’Aphrodite de Sparte, Artémis, Héra, etc., furent adorées primitivement sous cette forme du xoanon armé. Mais à la longue ce type d’idole devint plus spécialement l’effigie de la Vierge guerrière (Pallas, Niké), de bonne heure identifiée à l’Athéna des acropoles ou Athéna Polias, sous le nom de Pallas Athéna ou d’Athéna Niké. Le Palladion du type mycénien n’est pas connu des poèmes homériques, puisque, nous l’avons vu, la statue assise d’Athéna Polias à ilion, d’après l’Iliade, semble n’être qu’une réplique imaginaire d’une Athéna Polias attique du temps de Pisistrate. Mais il était, semble-t-il, assez répandu dans les acropoles préhistoriques de la Grèce achéenne ; la légende, telle qu’elle était fixée dans les poèmes post-homériques sur la prise de Troie, transporta aussi ce type sur l’acropole d’Ilion, dont le Palladion, conçu comme un xoanon debout et armé, fut donné comme le prototype imaginaire des Palladia répandus dans toute la Grèce. La Nouvelle-Ilion fut une création artificielle d’origine littéraire, le symbole et le produit du folklore. Elle bénéficia naturellement de tout ce travail de l’imagination poétique et des légendes locales, et reçut son Palladion constitué de toutes pièces, combinaison fantaisiste du xoanon armé et de l’Athéna Ergané à la quenouille. Des monuments assez nombreux et assez concordants nous permettent de reconstituer l’évolution du type archaïque du Palladion postmycénien dans les villes grecques. La déesse était représentée debout, sur une base, une stèle ou une colonne parfois assez élevée (prolongement du poteau du trophée primitif), les jambes emprisonnées comme en une gaine dans les plis d’un chiton dorien ou ionien, la tête coiffée du casque corinthien, ou du polos en forme de calathos, le bouclier levé par l’avant-bras gauche, la poitrine couverte de l’égide, le bras droit tenant la lance obliquement de haut en bas, les pointes du péplos retombant symétriquement des deux bras. Quelques statuettes en bronze de l’Acropole d’Athènes et d’autres pays nous montrent la forme authentiquement archaïque de ce type. L’art hellénistique, la sculpture archaïsante, ainsi que les gemmes, les monnaies et les vases peints représentant l’enlèvement du Palladion troyen, ont fréquemment reproduit ce type avec toutes sortes de variantes.
Notre figure 5058 reproduit une monnaie d’or de Pergam, dont il est intéressant de rapprocher la belle statue archaïsante récemment découverte à Poitiers ainsi que le type du Palladion de Néo-Ilion d’après une monnaie agrandie de cette ville (fig. 5059). Nous en rapprochons une plaque décorative, représentant un Palladion entouré de deux hiérodules portant la coiffure en osier entrelacé (fig. 5060) ; on retrouve dans cette dernière composition comme un lointain souvenir de la plaque mycénienne signalée plus haut.
B. Promachos.
Un premier progrès consista à donner au Palladion enfermé dans sa gaine une allure plus libre, en séparant les jambes, de façon à. Reproduire l’attitude réelle du guerrier qui combat. Ainsi se créa le type de l’Athéna Promachos, représenté par le vase de Berlin reproduit (fig. 5061), par des bronzes archaïques de l’Acropole d’Athènes (fig. 5062) et d’autres endroits, par les figures des amphores panathénaïques et par quelques statues du genre de l’Athéna d’Herculanum (fig. 5063), et le torse de l’Athéna archaïstique de Dresde. De l’Athéna Promachos dérivent aussi les représentations de la déesse en lutte contre les Géants et terrassant Encelade (voir AEGIS, fig. 142).On retrouve des variantes du même type dans la figure centrale d’un fronton d’Égine (fig. 5064), où le mouvement du bras droit et la direction de la lance ne sont plus offensifs, et dans l’Athéna plantant sa lance dans le sol de l’Acropole, pour en faire jaillir l’olivier, attitude vulgarisée par le fronton occidental de l’Acropole, autant qu’on en peut juger par le vase de Kertch reproduit plus haut. II est même probable que la légende de ce coup de lance a été suggérée par l’attitude familière aux vieux Palladia pointant avec leur lance de haut en bas.
L’attitude de la Promachos est celle de l’hoplite de première ligne qui, sans sortir du rang et ferme sur ses jambes écartées, jette sa lance en avant, en se protégeant du bouclier levé pour la parade (parfois remplacé pour Athéna par l’égide). Mais cette attitude se convertit en un mouvement de marche impétueuse dans les représentations d’Athéna, qui, à peine sortie de la tète de Jupiter, entraîne les guerriers au combat en poussant le cri de guerre. Telle était probablement l’allure de la déesse, assez semblable à une Iris ou à une Niké, dans le fronton oriental du Parthénon dont le putéal de Madrid, reproduit plus haut, nous donne une réplique ; plusieurs statues, statuettes et figures de monnaies attiques dérivent visiblement de cet original (fig. 5065). Ce type trouve son expression la plus vigoureuse dans le morceau de la frise de Pergame représentant Athéna en lutte contre les Géants [GIGANTES, fig 3564].
Les représentations d’Athéna se répartissent en deux principales classes : l’Athéna guerrière et l’Athéna pacifique. Il est difficile de spécifier quel est la plus ancienne des deux ; enfin, un type mixte est résulté de leur combinaison.
Type assis.
Nous avons vu que la plus ancienne mention d’une statue d’Athéna, celle de l’Athéna Polias d’Ilion, décrite dans l’Iliade, se référait à une statue assise, probablement conçue à l’instar de l’Athéna Polias d’Athènes. C’est au VIè siècle que ce type paraît s’être constitué. Il personnifie la déesse dans ses rapports avec le sol où elle est installée et dans ses attributions pacifiques. Pausanias signale sur l’Acropole d’Athènes, en avant de l’Érechtheion, une statue d’Athéna assise, œuvre, dit-il, d’Endoios, sculpteur né à Athènes, élève et compagnon de Dédale en Crète. La statue avait été consacrée par Callias. Le même Endoios avait exécuté pour Érythræ une statue d’Athéna Polias-Ergané, en bois, représentant la déesse assise, couronnée du polos, et tenant un fuseau et une quenouille ; pour Tégée, une Athéna Aléa toute en ivoire qui fut enlevée par Auguste. On peut reconnaître l’Athéna assise d’Endoios dans une statue en marbre fort mutilée du Musée de l’Acropole d’Athènes (fig. 5053) La déesse est figurée assise sur un trône, la poitrine couverte de l’égide et du Gorgoneion. Ce type de l’Athéna assise était assez répandu dans les colonies ioniennes d’Asie : Strabon le signale notamment à Chios, à Phocée, dans la colonie phocéenne de Marseille. Peut-être l’ancien ξόανον de la déesse, en bois d’olivier, appartenait-il à ce type. ? En tout cas, de nombreuses statuettes votives en terre cuite provenant de l’Acropole d’Athènes et de tombeaux attiques et quelques plaques votives en terre cuite représentent la déesse sans autres attributs que le polos, l’égide et le Gorgoneion. C’est là le type général de la divinité féminine protectrice, de la « Dame » du pays ; plusieurs de ces statuettes pouvaient représenter différentes déesses au gré de l’artiste ; elles ne recevaient leur caractère spécial que par l’addition après coup de certains attributs significatifs. La figure 5054 reproduit une de ces Athénas assises provenant de l’Acropole d’Athènes. De ce type primitif, librement interprété, dérive la jolie figure d’Athéna, représentée, sur une métope du temple d’Olympie, assise sur un rocher, dans une attitude pleine d’abandon et avec un costume agreste qui font plutôt ressembler la déesse à quelque nymphe arcadienne.
Si ce type assis et sans armes n’était pas celui du xoanon attribué à Erichthonios, il était très probablement représenté sur l’Acropole par quelque idole archaïque, vénérée concurremment avec le type du Palladion debout et armé. De la fusion de ces deux types, résulta un type mixte, où la déesse était figurée assise, mais pourvue d’attributs guerriers. On a voulu reconnaître en ce dernier la représentation primitive d’Athéna Niké, figurée, d’après Héliodore, par un ξόανον tenant une grenade dans la main droite et le casque dans la main gauche. Calamis en avait fait une copie offerte à Olympie par les Mantinéens. La figure 5055, empruntée à une hydrie à figures noires du Viè siècle, représente la déesse assise en costume ionien, sans égide, tête nue, tenant son casque de la main gauche et une patère de la main droite, devant un autel ionique et un temple dorique, près desquels se tient le bœuf du sacrifice.
Type debout.
A. Palladia
Le type le plus ancien de l’idole debout et armée est représenté par les Palladia mycéniens ou crétois, dont les bagues, gemmes et peintures de Mycènes, de Vaphio, de Cnossos et des îles présentent de nombreux spécimens, analogues à celui que reproduit la figure 5056 d’après le chaton d’une bague en or trouvée à Mycènes. C’est une figure de sexe indéterminé, armée de la lance et du bouclier double orbiculaire.
Ce type est une sorte de trophée anthropomorphique, peu à peu converti en xoanon vêtu d’un chiton ou d’un péplos, armé du casque, de la lance et du bouclier. Une curieuse peinture sur tablette de chaux, trouvée à Mycènes, malheureusement trop mutilée pour être ici reproduite, représente un de ces Palladiatrophées, à côté d’un autel, entre deux dames vêtues de la robe mycénienne à volants, qui lui apportent des offrandes. Mais la figure 5057, empruntée à un vase à figures rouges de Mégare, représente un de ces trophées, considérés comme une image de la déesse qui a donné la victoire (Athéna Niké) et à qui l’on offre un sacrifice.
Diverses divinités, telles que Zeus, l’Apollon Amycléen l’Aphrodite de Sparte, Artémis, Héra, etc., furent adorées primitivement sous cette forme du xoanon armé. Mais à la longue ce type d’idole devint plus spécialement l’effigie de la Vierge guerrière (Pallas, Niké), de bonne heure identifiée à l’Athéna des acropoles ou Athéna Polias, sous le nom de Pallas Athéna ou d’Athéna Niké. Le Palladion du type mycénien n’est pas connu des poèmes homériques, puisque, nous l’avons vu, la statue assise d’Athéna Polias à ilion, d’après l’Iliade, semble n’être qu’une réplique imaginaire d’une Athéna Polias attique du temps de Pisistrate. Mais il était, semble-t-il, assez répandu dans les acropoles préhistoriques de la Grèce achéenne ; la légende, telle qu’elle était fixée dans les poèmes post-homériques sur la prise de Troie, transporta aussi ce type sur l’acropole d’Ilion, dont le Palladion, conçu comme un xoanon debout et armé, fut donné comme le prototype imaginaire des Palladia répandus dans toute la Grèce. La Nouvelle-Ilion fut une création artificielle d’origine littéraire, le symbole et le produit du folklore. Elle bénéficia naturellement de tout ce travail de l’imagination poétique et des légendes locales, et reçut son Palladion constitué de toutes pièces, combinaison fantaisiste du xoanon armé et de l’Athéna Ergané à la quenouille. Des monuments assez nombreux et assez concordants nous permettent de reconstituer l’évolution du type archaïque du Palladion postmycénien dans les villes grecques. La déesse était représentée debout, sur une base, une stèle ou une colonne parfois assez élevée (prolongement du poteau du trophée primitif), les jambes emprisonnées comme en une gaine dans les plis d’un chiton dorien ou ionien, la tête coiffée du casque corinthien, ou du polos en forme de calathos, le bouclier levé par l’avant-bras gauche, la poitrine couverte de l’égide, le bras droit tenant la lance obliquement de haut en bas, les pointes du péplos retombant symétriquement des deux bras. Quelques statuettes en bronze de l’Acropole d’Athènes et d’autres pays nous montrent la forme authentiquement archaïque de ce type. L’art hellénistique, la sculpture archaïsante, ainsi que les gemmes, les monnaies et les vases peints représentant l’enlèvement du Palladion troyen, ont fréquemment reproduit ce type avec toutes sortes de variantes.
Notre figure 5058 reproduit une monnaie d’or de Pergam, dont il est intéressant de rapprocher la belle statue archaïsante récemment découverte à Poitiers ainsi que le type du Palladion de Néo-Ilion d’après une monnaie agrandie de cette ville (fig. 5059). Nous en rapprochons une plaque décorative, représentant un Palladion entouré de deux hiérodules portant la coiffure en osier entrelacé (fig. 5060) ; on retrouve dans cette dernière composition comme un lointain souvenir de la plaque mycénienne signalée plus haut.
B. Promachos.
Un premier progrès consista à donner au Palladion enfermé dans sa gaine une allure plus libre, en séparant les jambes, de façon à. Reproduire l’attitude réelle du guerrier qui combat. Ainsi se créa le type de l’Athéna Promachos, représenté par le vase de Berlin reproduit (fig. 5061), par des bronzes archaïques de l’Acropole d’Athènes (fig. 5062) et d’autres endroits, par les figures des amphores panathénaïques et par quelques statues du genre de l’Athéna d’Herculanum (fig. 5063), et le torse de l’Athéna archaïstique de Dresde. De l’Athéna Promachos dérivent aussi les représentations de la déesse en lutte contre les Géants et terrassant Encelade (voir AEGIS, fig. 142).On retrouve des variantes du même type dans la figure centrale d’un fronton d’Égine (fig. 5064), où le mouvement du bras droit et la direction de la lance ne sont plus offensifs, et dans l’Athéna plantant sa lance dans le sol de l’Acropole, pour en faire jaillir l’olivier, attitude vulgarisée par le fronton occidental de l’Acropole, autant qu’on en peut juger par le vase de Kertch reproduit plus haut. II est même probable que la légende de ce coup de lance a été suggérée par l’attitude familière aux vieux Palladia pointant avec leur lance de haut en bas.
L’attitude de la Promachos est celle de l’hoplite de première ligne qui, sans sortir du rang et ferme sur ses jambes écartées, jette sa lance en avant, en se protégeant du bouclier levé pour la parade (parfois remplacé pour Athéna par l’égide). Mais cette attitude se convertit en un mouvement de marche impétueuse dans les représentations d’Athéna, qui, à peine sortie de la tète de Jupiter, entraîne les guerriers au combat en poussant le cri de guerre. Telle était probablement l’allure de la déesse, assez semblable à une Iris ou à une Niké, dans le fronton oriental du Parthénon dont le putéal de Madrid, reproduit plus haut, nous donne une réplique ; plusieurs statues, statuettes et figures de monnaies attiques dérivent visiblement de cet original (fig. 5065). Ce type trouve son expression la plus vigoureuse dans le morceau de la frise de Pergame représentant Athéna en lutte contre les Géants [GIGANTES, fig 3564].
Re: Pallas Athéna
Athéna idéalisée.
L’évolution plastique qui avait émancipé, par une série de mouvements progressifs , le Palladium primitif de sa raideur hiératique, produisit, parallèlement à ces figures offensives de l’Athéna conductrice des guerriers, un type de la déesse debout et armée, mais reposée et comme détendue dans une attitude pacifique. Athéna Ergané réagit sur la Pallas guerrière en la dépouillant, sinon de ses armes, du moins de ses allures combatives. Plusieurs classes sont à distinguer dans cette lignée.
Dans la première, la déesse, dont le bras droit à demi levé a déjà, sur la figure d’Égine, cessé de pointer d’un geste menaçant, convertit définitivement cette attitude en repos : le bras est toujours levé, mais pour s’appuyer sur une lance inactive, dont la pointe est tournée en l’air ; quant à la position du bras gauche, elle divise cette lignée en deux classes, Fig 5065suivant que le bras encore à demi levé et replié soutient le bouclier à mi-corps, ou que, presque complètement abaissé, il s’appuie sur le bouclier pacifiquement déposé à terre. C’est ainsi que se sont changés en une pose de repos majestueux et paisible le bras levé des Palladia et la direction plongeante de leur lance. Ce type devait être représenté sur l’Acropole par quelque original célèbre, peut-être par la colossale statue d’airain, consacrée après les guerres médiques et attribuée à Phidias. Un texte, d’ailleurs assez suspect, de scoliaste désigne cette statue comme une Πρόμαχος. Mais les détails que donne Pausanias indiquent que la pointe de la lance, visible de loin, devait être dressée vers le ciel. C’est elle que représentent, semble-t-il, avec quelques variantes, plusieurs monnaies attiques en bronze ; elle serait le prototype d’une nombreuse lignée d’imitations et d’adaptations postérieures plus ou moins libres : telle, l’Athéna de Cassel, [AEGIS, fig.144] qui nous montre une interversion des attributs et des gestes des deux bras.
Les artistes furent conduits à supprimer le bouclier pour alléger la figure d’un attribut encombrant, moins nécessaire à une déesse pacifique. Le bras gauche devenu libre fit le geste familier à nombre d’idoles archaïques : il tendit la main vide ou garnie d’une patère pour recevoir une offrande ; la représentation de l’offrande revue se convertit en représentation d’attribut, grenade, chouette, Victoire, etc. La lance passa du bras droit au bras gauche, et inversement l’offrande. De ce type, représenté par de nombreuses statues et bronze de Portici et celles de la collection Hope (fig. 5066) sont des spécimens remarquables.
De légères modifications dans le mouvement du bras gauche (dont beaucoup sans doute attribuables aux restaurateurs modernes) donnent à la déesse un geste oratoire, qui semble la transformer en άγοραία ou en βουλαία. A ce type appartiennent la Minerve, coiffée d’un αυνεή,, de la villa Albani, la Pallas de Velletri (fig. 5067) et de nombreuses répliques qui, sous des costumes divers, reproduisent la même attitude.
Un autre type résulte d’une variante de ce mouvement : celui de la déesse représentée avec un bras sur la hanche, soit nu, soit enveloppé dans les plis de l’himation. Ce geste peut aussi être une adaptation du geste de quelques figures archaïques où Athéna relevait de son bras libre les plis de sa robe. Un petit bas-relief de l’Acropole représente ainsi la déesse dans une attitude pensive, devant un pilier qui supportait peut-être la ciste où reposait le petit Erichthonios. De nombreuses statues, en tête desquelles se place la belle statue Campana, aujourd’hui à Saint-Pétersbourg, et qui semble dériver d’un original du IVè siècle, de style praxitélien, se rapportent à ce type.
De l’attitude primitive du bras demi-relevé, qui tenait le bouclier, dérive aussi le type quasi maternel d’Athéna, tenant dans un pli de son vêtement le petit Érichthonios représenté sous sa forme humaine ou sous la forme d’un serpent. La déesse le contemple avec une expression de douceur et de sollicitude, le bras droit s’appuie sur la lance : ce type paraît avoir été popularisé par le groupe en bronze, attribué à Alcamène, d’Athéna Hephaistia et d’Héphaistos, dans le temple de ce dernier On reconnaît des répliques de l’Athéna Héphaistia dans la Minerve à la ciste du musée du Louvre, dans une statue de Cherchell, dans l’Athéna Glienicke, etc.
Plusieurs autres attitudes de l’Athéna pacifique, toujours dérivées des précédentes, sont encore à signaler :
1° Celle de la déesse coiffée d’un bandeau, tenant son casque d’une main, l’autre bras s’appuyant, soit sur la lance, soit sur la hanche. Telle serait l’attitude d’un petit bronze de l’Acropole d’Athènes ; telle est celle d’Athéna, sur un bas-relief d’Épidaure, où la déesse présente son casque à un autre dieu, probablement Asklépios, et sur un bas-relief de la collection Lansdowne. Telle aurait été, d’après M. Furtwängler, l’attitude de l’Athéna Lemnia de Phidias, dont il a proposé, avec une statue de Dresde et une tête de Bologne, une restitution très discutable ;
2° Athéna, en qualité de Ξύμμαχος, donnant la main, sur des en-têtes de décrets attiques, à des personnifications de peuples amis d’Athènes, ou , en qualité de Βουλαία, à la personnification de la Boulé [BOULE, fig. 872] ;
3° Athéna votant à l’Aréopage et s’apprêtant à déposer la fève dans l’urne, en faveur d’Oreste.
La célèbre statue chryséléphantine d’Athéna, dite Parthénos, exécutée par Phidias et installée au Parthénon en 438, est une adaptation du type de 1’Athéna à l’offrande et de la grande Athéna de bronze : le bras gauche, allongé le long du corps, repose sur le bouclier posé à terre ; l’avant-bras droit soutient, en guise d’offrande, une statue en or de Niké portant une couronne ; la lance est reportée à gauche, appuyée sur l’épaule de la déesse ; le serpent Érichthonios s’enroule dans l’orbe du bouclier ; une stèle soutient la main droite portant la Niké. Le colosse mesurait 26 coudées, au dire de Pline (environ 12 mètres sans le piédestal), et la Niké à elle seule était haute de 4 coudées (1 m.80) 17. Le poids de l’or employé était de 40 talents (environ 4 millions de francs), divisés en pièces qu’on pouvait détacher pour en vérifier le poids. Le vêtement, une longue tunique talaire, et l’armure étaient en or ; les parties nues, en ivoire plaqué sur une armature de bois, le Gorgoneion en ivoire ; les yeux en pierreries. Le casque était chargé d’ornements : un sphinx au milieu flanqué de griffons ; la surface extérieure du bouclier, dont le centre était orné d’une tête de Méduse en argent doré, était décoré de bas-reliefs représentant un combat d’Athéniens et d’Amazones. Sur la surface interne du bouclier, était figurée une Gigantomachie ; sur la tranche de la semelle des sandales était figuré un combat de Centaures et de Lapithes, et sur les faces du piédestal, la naissance de Pandore. Quelques monuments, complétés par les représentations des monnaies attiques, permettent de reconstituer dans son ensemble et dans certains détails l’œuvre de Phidias. Signalons, parmi ces répliques pour la plupart d’époque romaine, l’Athéna trouvée au Varvakeion, reproduite par la figure 5068 et l’Athéna Lenormant (fig. 5069). La figure 5070 reproduit une monnaie d’Athènes du IIè siècle av. J.-C.. L’expression de la tète et l’ornementation du casque nous sont connues par de nombreux monuments, têtes isolées (fig. 5071), gemmes (fig. 5072), monnaies, médaillons d’or (fig. 5073) ou de terre cuite dont les témoignages varient entre eux.
En dehors de tous ces types dérivés du Palladion originel, signalons l’Athéna voilée, qui est évidemment en rapport avec les rites des PLYNTERIA ; l’Athéna ailée, qui résulte d’une fusion avec le type de Nikè, l’Athéna en char ou montant en char, type inspiré par les concours de chars des Panathénées, et qui se réfère à l’épithète d’Athéna Ilippia.
Nous ne saurions relever ici les variantes du type d’Athéna sous le rapport du costume, de la forme du casque, de l’expression, etc. L’art s’est efforcé de dégager la figure idéale de la déesse de son appareil guerrier, pour mettre en pleine valeur la régularité de ses traits et la noblesse de son visage calme et arrondi. Le casque, sauf de rares exceptions, n’a pas de garde-joues ou les a relevées, comme dans l’Athéna du Varvakeion ; le casque rond à aigrette ou casque attique avec ou sans frontal, moins massif, et qui allonge moins la tète, est longtemps préféré au casque corinthien ou aulopis [Voir GALEA, fig. 3446, 3449, 3407, 3434 et 3435].
L’évolution plastique qui avait émancipé, par une série de mouvements progressifs , le Palladium primitif de sa raideur hiératique, produisit, parallèlement à ces figures offensives de l’Athéna conductrice des guerriers, un type de la déesse debout et armée, mais reposée et comme détendue dans une attitude pacifique. Athéna Ergané réagit sur la Pallas guerrière en la dépouillant, sinon de ses armes, du moins de ses allures combatives. Plusieurs classes sont à distinguer dans cette lignée.
Dans la première, la déesse, dont le bras droit à demi levé a déjà, sur la figure d’Égine, cessé de pointer d’un geste menaçant, convertit définitivement cette attitude en repos : le bras est toujours levé, mais pour s’appuyer sur une lance inactive, dont la pointe est tournée en l’air ; quant à la position du bras gauche, elle divise cette lignée en deux classes, Fig 5065suivant que le bras encore à demi levé et replié soutient le bouclier à mi-corps, ou que, presque complètement abaissé, il s’appuie sur le bouclier pacifiquement déposé à terre. C’est ainsi que se sont changés en une pose de repos majestueux et paisible le bras levé des Palladia et la direction plongeante de leur lance. Ce type devait être représenté sur l’Acropole par quelque original célèbre, peut-être par la colossale statue d’airain, consacrée après les guerres médiques et attribuée à Phidias. Un texte, d’ailleurs assez suspect, de scoliaste désigne cette statue comme une Πρόμαχος. Mais les détails que donne Pausanias indiquent que la pointe de la lance, visible de loin, devait être dressée vers le ciel. C’est elle que représentent, semble-t-il, avec quelques variantes, plusieurs monnaies attiques en bronze ; elle serait le prototype d’une nombreuse lignée d’imitations et d’adaptations postérieures plus ou moins libres : telle, l’Athéna de Cassel, [AEGIS, fig.144] qui nous montre une interversion des attributs et des gestes des deux bras.
Les artistes furent conduits à supprimer le bouclier pour alléger la figure d’un attribut encombrant, moins nécessaire à une déesse pacifique. Le bras gauche devenu libre fit le geste familier à nombre d’idoles archaïques : il tendit la main vide ou garnie d’une patère pour recevoir une offrande ; la représentation de l’offrande revue se convertit en représentation d’attribut, grenade, chouette, Victoire, etc. La lance passa du bras droit au bras gauche, et inversement l’offrande. De ce type, représenté par de nombreuses statues et bronze de Portici et celles de la collection Hope (fig. 5066) sont des spécimens remarquables.
De légères modifications dans le mouvement du bras gauche (dont beaucoup sans doute attribuables aux restaurateurs modernes) donnent à la déesse un geste oratoire, qui semble la transformer en άγοραία ou en βουλαία. A ce type appartiennent la Minerve, coiffée d’un αυνεή,, de la villa Albani, la Pallas de Velletri (fig. 5067) et de nombreuses répliques qui, sous des costumes divers, reproduisent la même attitude.
Un autre type résulte d’une variante de ce mouvement : celui de la déesse représentée avec un bras sur la hanche, soit nu, soit enveloppé dans les plis de l’himation. Ce geste peut aussi être une adaptation du geste de quelques figures archaïques où Athéna relevait de son bras libre les plis de sa robe. Un petit bas-relief de l’Acropole représente ainsi la déesse dans une attitude pensive, devant un pilier qui supportait peut-être la ciste où reposait le petit Erichthonios. De nombreuses statues, en tête desquelles se place la belle statue Campana, aujourd’hui à Saint-Pétersbourg, et qui semble dériver d’un original du IVè siècle, de style praxitélien, se rapportent à ce type.
De l’attitude primitive du bras demi-relevé, qui tenait le bouclier, dérive aussi le type quasi maternel d’Athéna, tenant dans un pli de son vêtement le petit Érichthonios représenté sous sa forme humaine ou sous la forme d’un serpent. La déesse le contemple avec une expression de douceur et de sollicitude, le bras droit s’appuie sur la lance : ce type paraît avoir été popularisé par le groupe en bronze, attribué à Alcamène, d’Athéna Hephaistia et d’Héphaistos, dans le temple de ce dernier On reconnaît des répliques de l’Athéna Héphaistia dans la Minerve à la ciste du musée du Louvre, dans une statue de Cherchell, dans l’Athéna Glienicke, etc.
Plusieurs autres attitudes de l’Athéna pacifique, toujours dérivées des précédentes, sont encore à signaler :
1° Celle de la déesse coiffée d’un bandeau, tenant son casque d’une main, l’autre bras s’appuyant, soit sur la lance, soit sur la hanche. Telle serait l’attitude d’un petit bronze de l’Acropole d’Athènes ; telle est celle d’Athéna, sur un bas-relief d’Épidaure, où la déesse présente son casque à un autre dieu, probablement Asklépios, et sur un bas-relief de la collection Lansdowne. Telle aurait été, d’après M. Furtwängler, l’attitude de l’Athéna Lemnia de Phidias, dont il a proposé, avec une statue de Dresde et une tête de Bologne, une restitution très discutable ;
2° Athéna, en qualité de Ξύμμαχος, donnant la main, sur des en-têtes de décrets attiques, à des personnifications de peuples amis d’Athènes, ou , en qualité de Βουλαία, à la personnification de la Boulé [BOULE, fig. 872] ;
3° Athéna votant à l’Aréopage et s’apprêtant à déposer la fève dans l’urne, en faveur d’Oreste.
La célèbre statue chryséléphantine d’Athéna, dite Parthénos, exécutée par Phidias et installée au Parthénon en 438, est une adaptation du type de 1’Athéna à l’offrande et de la grande Athéna de bronze : le bras gauche, allongé le long du corps, repose sur le bouclier posé à terre ; l’avant-bras droit soutient, en guise d’offrande, une statue en or de Niké portant une couronne ; la lance est reportée à gauche, appuyée sur l’épaule de la déesse ; le serpent Érichthonios s’enroule dans l’orbe du bouclier ; une stèle soutient la main droite portant la Niké. Le colosse mesurait 26 coudées, au dire de Pline (environ 12 mètres sans le piédestal), et la Niké à elle seule était haute de 4 coudées (1 m.80) 17. Le poids de l’or employé était de 40 talents (environ 4 millions de francs), divisés en pièces qu’on pouvait détacher pour en vérifier le poids. Le vêtement, une longue tunique talaire, et l’armure étaient en or ; les parties nues, en ivoire plaqué sur une armature de bois, le Gorgoneion en ivoire ; les yeux en pierreries. Le casque était chargé d’ornements : un sphinx au milieu flanqué de griffons ; la surface extérieure du bouclier, dont le centre était orné d’une tête de Méduse en argent doré, était décoré de bas-reliefs représentant un combat d’Athéniens et d’Amazones. Sur la surface interne du bouclier, était figurée une Gigantomachie ; sur la tranche de la semelle des sandales était figuré un combat de Centaures et de Lapithes, et sur les faces du piédestal, la naissance de Pandore. Quelques monuments, complétés par les représentations des monnaies attiques, permettent de reconstituer dans son ensemble et dans certains détails l’œuvre de Phidias. Signalons, parmi ces répliques pour la plupart d’époque romaine, l’Athéna trouvée au Varvakeion, reproduite par la figure 5068 et l’Athéna Lenormant (fig. 5069). La figure 5070 reproduit une monnaie d’Athènes du IIè siècle av. J.-C.. L’expression de la tète et l’ornementation du casque nous sont connues par de nombreux monuments, têtes isolées (fig. 5071), gemmes (fig. 5072), monnaies, médaillons d’or (fig. 5073) ou de terre cuite dont les témoignages varient entre eux.
En dehors de tous ces types dérivés du Palladion originel, signalons l’Athéna voilée, qui est évidemment en rapport avec les rites des PLYNTERIA ; l’Athéna ailée, qui résulte d’une fusion avec le type de Nikè, l’Athéna en char ou montant en char, type inspiré par les concours de chars des Panathénées, et qui se réfère à l’épithète d’Athéna Ilippia.
Nous ne saurions relever ici les variantes du type d’Athéna sous le rapport du costume, de la forme du casque, de l’expression, etc. L’art s’est efforcé de dégager la figure idéale de la déesse de son appareil guerrier, pour mettre en pleine valeur la régularité de ses traits et la noblesse de son visage calme et arrondi. Le casque, sauf de rares exceptions, n’a pas de garde-joues ou les a relevées, comme dans l’Athéna du Varvakeion ; le casque rond à aigrette ou casque attique avec ou sans frontal, moins massif, et qui allonge moins la tète, est longtemps préféré au casque corinthien ou aulopis [Voir GALEA, fig. 3446, 3449, 3407, 3434 et 3435].
Re: Pallas Athéna
La Minerve italique.
La déesse qui, en Italie, correspond à l’Athéna hellénique est Minerva, ou plus exactement, Menerva, avec les variantes étrusques Menrva, Menrfa, Meneruva, Menarva. Le nom, dont l’étymologie e été souvent discutée par les grammairiens latins, semble pouvoir être rattaché à la racine manas, en grec μένος, latin mens.
La Minerve falisque et etrusque.
L’origine du culte de Minerve est obscure. Il n’appartient pas au fonds primitif de la religion romaine, car le nom de la déesse manque dans le rituel le plus ancien. Minerve est entrée à Rome, comme membre de cette triade gréco-étrusque Jupiter-Juno-Minerve, formée à l’imitation de la triade hellénique Zeus-Héra-Athéna florissante à Delphes et qui était installée sur le Quirinal, le Capitolium vetus, avant la fondation du temple de Jupiter Capitolin. Varron attribuait à ce culte une origine sabine, parce qu’il y avait dans la ville d’Orvinium en Sabine un vieux sanctuaire de Minerva. Mais il ne semble pas que, pas plus en Sabine que dans le Latium, le culte de Minerva soit très ancien, de même que les sanctuaires de Minerve dans l’Italie méridionale dont la fondation était attribuée à Ulysse et qui sont d’importation grecque. Minerve tient plus de place dans la religion et dans l’art étrusques. Là, de bonne heure, s’est faite l’assimilation entre l’Athéna hellénique et la Minerva italique. Dans les représentations des mythes grecs sur des miroirs ou des cistes gravés, la déesse grecque est constamment désignée par la légende Menerva. La figure 5074, empruntée à une pierre gravée très ancienne, représente la Minerve étrusque avec une égide en forme de manteau long [AEGIS] et la fig. 5075 une Minerva-Fortuna ailée, tenant la chouette sur une main, avec une égide portant le symbole de la lune en guise de Gorgoneion, un croissant et deux étoiles. Certains érudits ont considéré l’Etrurie comme le berceau du culte de Minerva. Mais l’origine italique du nom n’est pas favorable à cette théorie. Une tradition romaine faisait dériver le culte de Minerva de la ville de Faléries, où il est attesté par des inscriptions archaïques. Ce serait donc de la ville des Falisques que les Étrusques, puis les Romains, auraient reçu Minerve, déjà peut-être associée en triade avec Jupiter et Junon .
La Minerve romaine.
Après la prise de Faléries en 513-241, la Minerve falisque fut installée à Rome dans une chapelle ou Minervium au pied du mont Cœlius, sous le nom de Minerva Capta. Mais il existait déjà à Rome un plus ancien sanctuaire de Minerve, celui de l’Aventin, dont l’anniversaire de consécration (19 mars) coïncidait avec la grande fête de Mars, les QUINQUATRUS, qui devinrent une fête de Minerve, sinon dans le culte officiel, tout au moins dans la pratique populaire.
Comme la Minerve romaine est essentiellement la protectrice du commerce et de l’industrie, la fête des QUINQUATRUS réunissait toutes les corporations d’artisans reconnues par l’État. Ovide énumère les foulons, teinturiers, cordonniers, charpentiers, médecins, ciseleurs, peintres, sculpteurs, trompettes. Mais il y avait d’autres collèges participant au culte de Minerve : le droit d’offrande et l’accès au sanctuaire équivalaient, pour une corporation, à la reconnaissance officielle. C’était aussi jours de fête pour les écoles, dont les élèves offraient à leurs maîtres un cadeau, le Minerval ou Minervale munus.
C’est probablement l’analogie de la Minerve romaine avec l’Athéna Ergané des Grecs qui a produit l’identification de Minerve avec Athéna. Peu à peu, les attributions multiples de la déesse hellénique, comme divinité poliade, guerrière, politique, se sont ajoutées au caractère primitif plus spécial et plus restreint de la déesse italique, mais cela plutôt dans la mythologie des lettrés que dans le culte populaire. C’est ainsi que la Minerve de la triade du vieux Capitole, en s’hellénisant, prend le caractère de divinité poliade ou Minerva custos. Auguste élève un temple à Minerva Chalcidica, le Chalcidicum voisin de la curie julienne, et Domitien en consacra un second dans le Champ de Mars et deux autres temples de Minerve, l’un près du temple des Dioscures au nord-est du Palatin, l’autre en sur le Forum transitorium qui fut achevé par Nerva. Une partie très mutilée de la frise de ce temple subsiste en place ; elle représente Minerve, tout à fait hellénisée, présidant aux divers métiers. C’est aussi sous l’influence grecque, et par analogie avec l’Athéna Pallas et l’Athéna Niké, que Minerve s’identifie avec NERIO, la compagne de Mars dans la vieille religion romaine, et avec BELLONA, et entre dans une triade avec MARS et LUA, divinités quibus spolia hostium dicare jus fasque est. C’est aussi comme Athéna Niké que l’honora Cn. Pompée par la fondation d’un temple de manibiis. Le culte de Minerva Medica peut s’expliquer par la participation, aux fêtes des QUINQATRUS, de la corporation des médecins dont Minerve est la patronne : il y avait un temple de Minerva Medica sur l’Esquilin et, aux environs de Plaisance, un temple fameux de Minerva Mentor ou Minerva Medica Cabardiacensis. C’est par assimilation avec Athéna Ergané que Minerve est qualifiée par les auteurs récents de dea lanificii, alors que, dans la littérature antérieure, elle reste étrangère au travail féminin. Minerve parut pour la première fois au grand lectisternium de 537-217 av. J.-C., associée à Neptune à l’instar du couple hellénique Athéna-Poseidon. Elle prit dès lors place dans le panthéon des douze dieux gréco-romains. C’est vers la fin de la République que se répandit la légende du Palladium qui figurait dans le temple de Vesta parmi les pignora imperii et que l’on identifiait avec le Palladium de Troie, censément rapporté à Rome par l’ancêtre de la gens Nautia, adoratrice de Minerve. Mais c’est seulement sous Commode que la présence du Palladium fut officiellement constatée. Toutefois, il n’est pas impossible qu’il y ait eu dès une haute antiquité une idole armée conservée avec les ancilia. Nous possédons une représentation du Palladium romain (fig. 5076) sur une base de Sorrente, du temps d’Auguste. Une monnaie de Galba représente Vesta tenant le Palladium.
Le culte de la Minerve romaine apparaît répandu dans tout l’Empire, et, comme dans la capitale, surtout pratiqué par les corporations d’artisans et de commerçants. Les inscriptions signalent ce culte à Barium, Cortone, dans la région de Plaisance, à Brixia, Vérone, etc. Les dédicaces de collèges sont nombreuses ; les musiciens de toutes sortes la reconnaissent comme leur patronne, ainsi que les scribes et instructeurs militaires. En plusieurs endroits, elle s’associe ou s’identifie avec des divinités indigènes (Minerva Berecynthia, à Bénévent), en Gaule avec la déesse régionale du commerce et de l’industrie ; en Bretagne, avec la déesse des sources thermales de Bath ou Aquae Sulis (Dea Sul Minerva) ; de même, à Nîmes, avec Mercure, Neptune, Fortuna, etc.
Les interprétations savantes du caractère de Minerve comme déesse de l’Éclair,summum aetheris cacumen ou comme luna, ou comme memoria, ou sapientia, tentées par les érudits latins, ne sont qu’une exégèse postérieure des caractères combinés de l’Athéna grecque et de la Minerve romaine.
La déesse qui, en Italie, correspond à l’Athéna hellénique est Minerva, ou plus exactement, Menerva, avec les variantes étrusques Menrva, Menrfa, Meneruva, Menarva. Le nom, dont l’étymologie e été souvent discutée par les grammairiens latins, semble pouvoir être rattaché à la racine manas, en grec μένος, latin mens.
La Minerve falisque et etrusque.
L’origine du culte de Minerve est obscure. Il n’appartient pas au fonds primitif de la religion romaine, car le nom de la déesse manque dans le rituel le plus ancien. Minerve est entrée à Rome, comme membre de cette triade gréco-étrusque Jupiter-Juno-Minerve, formée à l’imitation de la triade hellénique Zeus-Héra-Athéna florissante à Delphes et qui était installée sur le Quirinal, le Capitolium vetus, avant la fondation du temple de Jupiter Capitolin. Varron attribuait à ce culte une origine sabine, parce qu’il y avait dans la ville d’Orvinium en Sabine un vieux sanctuaire de Minerva. Mais il ne semble pas que, pas plus en Sabine que dans le Latium, le culte de Minerva soit très ancien, de même que les sanctuaires de Minerve dans l’Italie méridionale dont la fondation était attribuée à Ulysse et qui sont d’importation grecque. Minerve tient plus de place dans la religion et dans l’art étrusques. Là, de bonne heure, s’est faite l’assimilation entre l’Athéna hellénique et la Minerva italique. Dans les représentations des mythes grecs sur des miroirs ou des cistes gravés, la déesse grecque est constamment désignée par la légende Menerva. La figure 5074, empruntée à une pierre gravée très ancienne, représente la Minerve étrusque avec une égide en forme de manteau long [AEGIS] et la fig. 5075 une Minerva-Fortuna ailée, tenant la chouette sur une main, avec une égide portant le symbole de la lune en guise de Gorgoneion, un croissant et deux étoiles. Certains érudits ont considéré l’Etrurie comme le berceau du culte de Minerva. Mais l’origine italique du nom n’est pas favorable à cette théorie. Une tradition romaine faisait dériver le culte de Minerva de la ville de Faléries, où il est attesté par des inscriptions archaïques. Ce serait donc de la ville des Falisques que les Étrusques, puis les Romains, auraient reçu Minerve, déjà peut-être associée en triade avec Jupiter et Junon .
La Minerve romaine.
Après la prise de Faléries en 513-241, la Minerve falisque fut installée à Rome dans une chapelle ou Minervium au pied du mont Cœlius, sous le nom de Minerva Capta. Mais il existait déjà à Rome un plus ancien sanctuaire de Minerve, celui de l’Aventin, dont l’anniversaire de consécration (19 mars) coïncidait avec la grande fête de Mars, les QUINQUATRUS, qui devinrent une fête de Minerve, sinon dans le culte officiel, tout au moins dans la pratique populaire.
Comme la Minerve romaine est essentiellement la protectrice du commerce et de l’industrie, la fête des QUINQUATRUS réunissait toutes les corporations d’artisans reconnues par l’État. Ovide énumère les foulons, teinturiers, cordonniers, charpentiers, médecins, ciseleurs, peintres, sculpteurs, trompettes. Mais il y avait d’autres collèges participant au culte de Minerve : le droit d’offrande et l’accès au sanctuaire équivalaient, pour une corporation, à la reconnaissance officielle. C’était aussi jours de fête pour les écoles, dont les élèves offraient à leurs maîtres un cadeau, le Minerval ou Minervale munus.
C’est probablement l’analogie de la Minerve romaine avec l’Athéna Ergané des Grecs qui a produit l’identification de Minerve avec Athéna. Peu à peu, les attributions multiples de la déesse hellénique, comme divinité poliade, guerrière, politique, se sont ajoutées au caractère primitif plus spécial et plus restreint de la déesse italique, mais cela plutôt dans la mythologie des lettrés que dans le culte populaire. C’est ainsi que la Minerve de la triade du vieux Capitole, en s’hellénisant, prend le caractère de divinité poliade ou Minerva custos. Auguste élève un temple à Minerva Chalcidica, le Chalcidicum voisin de la curie julienne, et Domitien en consacra un second dans le Champ de Mars et deux autres temples de Minerve, l’un près du temple des Dioscures au nord-est du Palatin, l’autre en sur le Forum transitorium qui fut achevé par Nerva. Une partie très mutilée de la frise de ce temple subsiste en place ; elle représente Minerve, tout à fait hellénisée, présidant aux divers métiers. C’est aussi sous l’influence grecque, et par analogie avec l’Athéna Pallas et l’Athéna Niké, que Minerve s’identifie avec NERIO, la compagne de Mars dans la vieille religion romaine, et avec BELLONA, et entre dans une triade avec MARS et LUA, divinités quibus spolia hostium dicare jus fasque est. C’est aussi comme Athéna Niké que l’honora Cn. Pompée par la fondation d’un temple de manibiis. Le culte de Minerva Medica peut s’expliquer par la participation, aux fêtes des QUINQATRUS, de la corporation des médecins dont Minerve est la patronne : il y avait un temple de Minerva Medica sur l’Esquilin et, aux environs de Plaisance, un temple fameux de Minerva Mentor ou Minerva Medica Cabardiacensis. C’est par assimilation avec Athéna Ergané que Minerve est qualifiée par les auteurs récents de dea lanificii, alors que, dans la littérature antérieure, elle reste étrangère au travail féminin. Minerve parut pour la première fois au grand lectisternium de 537-217 av. J.-C., associée à Neptune à l’instar du couple hellénique Athéna-Poseidon. Elle prit dès lors place dans le panthéon des douze dieux gréco-romains. C’est vers la fin de la République que se répandit la légende du Palladium qui figurait dans le temple de Vesta parmi les pignora imperii et que l’on identifiait avec le Palladium de Troie, censément rapporté à Rome par l’ancêtre de la gens Nautia, adoratrice de Minerve. Mais c’est seulement sous Commode que la présence du Palladium fut officiellement constatée. Toutefois, il n’est pas impossible qu’il y ait eu dès une haute antiquité une idole armée conservée avec les ancilia. Nous possédons une représentation du Palladium romain (fig. 5076) sur une base de Sorrente, du temps d’Auguste. Une monnaie de Galba représente Vesta tenant le Palladium.
Le culte de la Minerve romaine apparaît répandu dans tout l’Empire, et, comme dans la capitale, surtout pratiqué par les corporations d’artisans et de commerçants. Les inscriptions signalent ce culte à Barium, Cortone, dans la région de Plaisance, à Brixia, Vérone, etc. Les dédicaces de collèges sont nombreuses ; les musiciens de toutes sortes la reconnaissent comme leur patronne, ainsi que les scribes et instructeurs militaires. En plusieurs endroits, elle s’associe ou s’identifie avec des divinités indigènes (Minerva Berecynthia, à Bénévent), en Gaule avec la déesse régionale du commerce et de l’industrie ; en Bretagne, avec la déesse des sources thermales de Bath ou Aquae Sulis (Dea Sul Minerva) ; de même, à Nîmes, avec Mercure, Neptune, Fortuna, etc.
Les interprétations savantes du caractère de Minerve comme déesse de l’Éclair,summum aetheris cacumen ou comme luna, ou comme memoria, ou sapientia, tentées par les érudits latins, ne sont qu’une exégèse postérieure des caractères combinés de l’Athéna grecque et de la Minerve romaine.
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