Qu’est ce que l’agnosticisme ?
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Qu’est ce que l’agnosticisme ?
Qu’est ce que l’agnosticisme ?
Le mot « agnosticisme » est créé par T. H. Huxley en 1869. Selon lui, l’absolu est inaccessible à l’esprit. On ne peut se prononcer ni sur l’origine, ni sur la nature ou la finalité des choses. Affirmer ou nier quoique ce soit dans ce domaine est vain. L’incapacité à se prononcer sur l’existence de Dieu est une conséquence de cette position.
L’agnosticisme diffère à la fois du scepticisme antique et de la position kantienne. Kant récuse bien la connaissance de l’absolu, mais n’est pas strictement agnostique. Il pose Dieu comme postulat de la Raison pratique.
Dans la langue courante, l’agnosticisme est avant tout une position sur l’existence de Dieu. L’agnosticisme est alors le point de vue selon lequel il n’est pas possible de se prononcer sur l’existence ou non de Dieu. C’est une position médiane entre l’athéisme et l’affirmation de l’existence d’un Dieu (quel qu’il soit).
Agnosticisme
Agnosticisme (nom commun)1. Conception selon laquelle l'homme ne peut pas connaître l'absolu.
Terme(s) associé(s) athéisme, déisme, religion, théisme
Étymologie
Du grec ancien, "agnostos" : inconnu, ignorant. Le grec "gnosis" signifie "connaissance".
Théiste, Déiste, Agnostique ou Athée ?
"Théiste", "déiste", "agnostique" et "athée" : que signifient ces termes ? Il s'agit des différentes positions possibles face à la question de l'existence de Dieu. Le théiste et le déiste pensent que Dieu existe, mais le théiste pense que Dieu se révèle, tandis que le déiste ne le pense pas. L'agnostique et l'athée ne pensent pas que Dieu existe, mais l'agnostique ne pense pas non plus que Dieu est inexistant, tandis que l'athée pense que Dieu est inexistant. L'agnostique est indifférent : il n'affirme ni l'existence, ni l'inexistence de Dieu. Au contraire, l'athée prend position : il nie l'existence de Dieu et affirme son inexistence. Il faut se garder de définir ces termes selon un autre critère. Par exemple, la tentation existe parfois de définir ces termes selon la croyance. Mais un théiste peut l'être en raison d'arguments rationnels, tandis qu'un athée peut aussi l'être à cause d'une simple opinion irréfléchie. Le véritable critère permettant de définir chacun de ces termes est donc la réponse donné à la question : Dieu existe-t-il ?
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Le mot « agnosticisme » est créé par T. H. Huxley en 1869. Selon lui, l’absolu est inaccessible à l’esprit. On ne peut se prononcer ni sur l’origine, ni sur la nature ou la finalité des choses. Affirmer ou nier quoique ce soit dans ce domaine est vain. L’incapacité à se prononcer sur l’existence de Dieu est une conséquence de cette position.
L’agnosticisme diffère à la fois du scepticisme antique et de la position kantienne. Kant récuse bien la connaissance de l’absolu, mais n’est pas strictement agnostique. Il pose Dieu comme postulat de la Raison pratique.
Dans la langue courante, l’agnosticisme est avant tout une position sur l’existence de Dieu. L’agnosticisme est alors le point de vue selon lequel il n’est pas possible de se prononcer sur l’existence ou non de Dieu. C’est une position médiane entre l’athéisme et l’affirmation de l’existence d’un Dieu (quel qu’il soit).
Agnosticisme
Agnosticisme (nom commun)1. Conception selon laquelle l'homme ne peut pas connaître l'absolu.
Terme(s) associé(s) athéisme, déisme, religion, théisme
Étymologie
Du grec ancien, "agnostos" : inconnu, ignorant. Le grec "gnosis" signifie "connaissance".
Théiste, Déiste, Agnostique ou Athée ?
"Théiste", "déiste", "agnostique" et "athée" : que signifient ces termes ? Il s'agit des différentes positions possibles face à la question de l'existence de Dieu. Le théiste et le déiste pensent que Dieu existe, mais le théiste pense que Dieu se révèle, tandis que le déiste ne le pense pas. L'agnostique et l'athée ne pensent pas que Dieu existe, mais l'agnostique ne pense pas non plus que Dieu est inexistant, tandis que l'athée pense que Dieu est inexistant. L'agnostique est indifférent : il n'affirme ni l'existence, ni l'inexistence de Dieu. Au contraire, l'athée prend position : il nie l'existence de Dieu et affirme son inexistence. Il faut se garder de définir ces termes selon un autre critère. Par exemple, la tentation existe parfois de définir ces termes selon la croyance. Mais un théiste peut l'être en raison d'arguments rationnels, tandis qu'un athée peut aussi l'être à cause d'une simple opinion irréfléchie. Le véritable critère permettant de définir chacun de ces termes est donc la réponse donné à la question : Dieu existe-t-il ?
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Re: Qu’est ce que l’agnosticisme ?
Au sens strict, l'agnostique ne se prononce pas sur l'existence de Dieu, tandis que l'athée la nie, mais ces catégories ne sont plus aussi étanches...
Le terme "agnosticisme" vient du grec a (privatif) et gnosis ("connaissance").
Selon cette conception philosophique, tout ce qui dépasse le domaine de l’expérience est inconnaissable. Il est donc impossible à l’homme de se prononcer sur l’existence de Dieu. Mais la question de Dieu reste présente. Des agnostiques comme Marcel Gauchet ou Luc Ferry en témoignent.
Le théologien dominicain Claude Geffré constatait que même chez les chrétiens confrontés à la modernité et faisant l’expérience d’un recul toujours croissant "du croyable disponible" se développe un "agnosticisme latent qui provient d’une conscience aiguë d’un pluralisme religieux" (conférence de décembre 2010 à la paroisse parisienne Saint-Eustache).
En revanche dans la culture occidentale moderne et contemporaine l'athéisme, du grec theos "dieu" (précédé de l'a-privatif) désigne le rejet de l’existence même de Dieu.
L’athée adhère à un système de pensée, d’explication du monde et de l’histoire selon lequel la non-existence de Dieu est une affirmation faisant appel à l’expérience et/ou à la raison. Dans Le Drame de l’humanisme athée, le P. Henri de Lubac a montré que le propre de cet athéisme issu de l’Occident christianisé a été de se présenter comme le véritable humanisme.
Le non-croyant, enfin, est une personne qui n'appartient pas à une confession religieuse et n'a pas la foi.
D'après le sondage "Global index of religiosity and atheism" de l'institut Win-Gallup international (2012), le nombre de personnes, au niveau mondial, se reconnaissant dans une religion est de 59 % contre 23 % de sans religion et 13 % d'athées. En France, ces chiffres sont respectivement de 37 % (croyant), 34 % (sans religion) ; 29 % (athée). La France est la quatrième nation comptant le plus d'athées derrière la Chine, le Japon et la république Tchèque.
Vers une spiritualité sans Dieu
Aujourd'hui, le terme athée définit aussi des personnes pour qui le mot Dieu ne représente rien dans leur vie, ne correspond à rien dans leur univers mental et affectif. Ils ne sont pas contre Dieu, mais sans Dieu. C'est d'ailleurs le premier sens du mot a-thée ("a" privatif). Le philosophe André Comte-Sponville évoque même la possibilité d'une "spiritualité sans Dieu".
"Dieu ne fait plus partie de l'horizon du sens de la vie, de la culture. Il est juste une hypothèse tout à fait non nécessaire, superflue, explique Arnaud Corbic, franciscain, philosophe et théologien, auteur de L'incroyance, une chance pour la foi (Ed. Labor et Fides, 2003), interviewé dans le mensuel Panorama d'avril 2008. La rencontre avec l'incroyance nous permet d'être plus adulte dans notre foi, de prendre en compte des questions dont les réponses paraissent aller de soi et qui, en réalité, ne sont pas évidentes. C'est en cela que l'incroyance est une chance pour le croyant."
Le jésuite Xavier Nicolas, qui a publié Les incroyants ont bousculé ma foi (éd. Salvator, 1994) va même plus loin. "Je devine qu'il y a derrière derrière certains refus de Dieu une haute idée de Dieu. Ce sont souvent les athées et les agnostiques qui, les premiers, ont dénoncé les compromissions de l'Eglise, crié au scandale, comme s'ils sentaient confusément, parfois beaucoup mieux que les communautés chrétiennes et que les responsables d'Eglises, qu'il en allait de l'honneur de Dieu et que c'était une imposture de le mêler à ces combats douteux. Ils défendaient ainsi, sans s'en douter, la réputation de Dieu."
Le terme "agnosticisme" vient du grec a (privatif) et gnosis ("connaissance").
Selon cette conception philosophique, tout ce qui dépasse le domaine de l’expérience est inconnaissable. Il est donc impossible à l’homme de se prononcer sur l’existence de Dieu. Mais la question de Dieu reste présente. Des agnostiques comme Marcel Gauchet ou Luc Ferry en témoignent.
Le théologien dominicain Claude Geffré constatait que même chez les chrétiens confrontés à la modernité et faisant l’expérience d’un recul toujours croissant "du croyable disponible" se développe un "agnosticisme latent qui provient d’une conscience aiguë d’un pluralisme religieux" (conférence de décembre 2010 à la paroisse parisienne Saint-Eustache).
En revanche dans la culture occidentale moderne et contemporaine l'athéisme, du grec theos "dieu" (précédé de l'a-privatif) désigne le rejet de l’existence même de Dieu.
L’athée adhère à un système de pensée, d’explication du monde et de l’histoire selon lequel la non-existence de Dieu est une affirmation faisant appel à l’expérience et/ou à la raison. Dans Le Drame de l’humanisme athée, le P. Henri de Lubac a montré que le propre de cet athéisme issu de l’Occident christianisé a été de se présenter comme le véritable humanisme.
Le non-croyant, enfin, est une personne qui n'appartient pas à une confession religieuse et n'a pas la foi.
D'après le sondage "Global index of religiosity and atheism" de l'institut Win-Gallup international (2012), le nombre de personnes, au niveau mondial, se reconnaissant dans une religion est de 59 % contre 23 % de sans religion et 13 % d'athées. En France, ces chiffres sont respectivement de 37 % (croyant), 34 % (sans religion) ; 29 % (athée). La France est la quatrième nation comptant le plus d'athées derrière la Chine, le Japon et la république Tchèque.
Vers une spiritualité sans Dieu
Aujourd'hui, le terme athée définit aussi des personnes pour qui le mot Dieu ne représente rien dans leur vie, ne correspond à rien dans leur univers mental et affectif. Ils ne sont pas contre Dieu, mais sans Dieu. C'est d'ailleurs le premier sens du mot a-thée ("a" privatif). Le philosophe André Comte-Sponville évoque même la possibilité d'une "spiritualité sans Dieu".
"Dieu ne fait plus partie de l'horizon du sens de la vie, de la culture. Il est juste une hypothèse tout à fait non nécessaire, superflue, explique Arnaud Corbic, franciscain, philosophe et théologien, auteur de L'incroyance, une chance pour la foi (Ed. Labor et Fides, 2003), interviewé dans le mensuel Panorama d'avril 2008. La rencontre avec l'incroyance nous permet d'être plus adulte dans notre foi, de prendre en compte des questions dont les réponses paraissent aller de soi et qui, en réalité, ne sont pas évidentes. C'est en cela que l'incroyance est une chance pour le croyant."
Le jésuite Xavier Nicolas, qui a publié Les incroyants ont bousculé ma foi (éd. Salvator, 1994) va même plus loin. "Je devine qu'il y a derrière derrière certains refus de Dieu une haute idée de Dieu. Ce sont souvent les athées et les agnostiques qui, les premiers, ont dénoncé les compromissions de l'Eglise, crié au scandale, comme s'ils sentaient confusément, parfois beaucoup mieux que les communautés chrétiennes et que les responsables d'Eglises, qu'il en allait de l'honneur de Dieu et que c'était une imposture de le mêler à ces combats douteux. Ils défendaient ainsi, sans s'en douter, la réputation de Dieu."
Re: Qu’est ce que l’agnosticisme ?
Êtes-vous agnostique ???
Si vous êtes agnostique, vous n’êtes ni vraiment athée ni vraiment croyant. L’athée est persuadé de la non-existence de Dieu, tandis que le croyant est fermement convaincu que Dieu existe et qu’il est concerné par les affaires humaines.
L’agnostique, lui, pense qu’on manque de preuves pour dire si oui ou non Dieu existe. Il se garde plus exactement de prononcer un jugement ou prétend que si Dieu existe, il est inconnu ou inconnaissable.
Peut-être pensez-vous que l’agnosticisme est l’attitude qui se défend le mieux dans ce XXIe siècle pétri de rationalisme.
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La responsabilité des Églises
Le mot français “agnostique” vient de l’anglais “agnostic”. Ce terme (dérivé du grec agnôstos, “inconnu”) fut introduit au XIXe siècle par le scientifique anglais Thomas Huxley qui favorisa la propagation de la théorie darwinienne de l’évolution.
Huxley avait remarqué que les Églises prétendaient détenir une gnose (“connaissance”) intime de Dieu et de l’origine des choses. Mais il ne pouvait accepter cette connaissance. Il en expliqua le motif et fournit par là même la raison de son agnosticisme:
“Si nous pouvions voir d’un seul coup d’œil les torrents d’hypocrisie et de cruauté, les mensonges, les massacres, les violations des devoirs d’humanité qui ont jailli de cette source [les Églises] tout au long de l’histoire des nations chrétiennes, ce que nous pouvons imaginer de pire au sujet de l’enfer serait bien fade comparé à cette vision.”
Sans doute la foi d’Huxley en l’existence de Dieu fut-elle ébranlée quand il accepta la théorie de l’évolution. Néanmoins, sa foi fut minée bien davantage encore par la conduite des Églises, elles qui auraient dû être en mesure de l’aider. Leur histoire, tout au long des siècles, ne prévenait pas les gens en faveur de la croyance en Dieu.
Dans le même ordre d’idées, le socialiste Harold Laski, à la fois éducateur et théoricien politique, écrivit : “J’ai été élevé dans un foyer juif orthodoxe; mais je suis incapable de me souvenir d’une époque au cours de laquelle le rituel ou le dogme eurent pour moi une signification.” Pour quelles raisons? Il précise : “Tant en Angleterre qu’en Amérique, je n’ai pu noter chez les membres d’aucune Église un attachement suffisamment fort aux principes, un attachement qui les pousse à se battre en faveur de la justice.”
De plus, il ajouta : “Je ne puis voir que ceci, dans le déroulement de l’Histoire, c’est que les Églises ont toujours été les ennemies de la raison par leur pensée et les ennemies de la justice sur le plan social.”
La conduite des Églises vous a-t-elle aussi amené à douter de l’existence de Dieu ???? Certes, leur hypocrisie et leur mauvaise conduite ne sont plus à démontrer. Toutefois, il convient de noter que la Bible, la principale source d’informations sur Dieu, a prédit l’avènement d’une telle perversion de la foi chrétienne : “Ils resteront attachés aux traditions extérieures de la religion et, pour sauver la façade, garderont l’apparence de la piété.” — II Timothée 3:5.
De fait, les défauts de la religion établie ne sont pas une raison de conclure à la non-existence de Dieu. Si un patient s’est fait duper par un charlatan, il ne doit pas conclure aussitôt que sa guérison est impossible. Il recherchera plutôt un authentique médecin. De même, si les religions établies ont éloigné beaucoup d’hommes de Dieu, n’en concluons pas qu’on ne peut le trouver. Cela signifie seulement qu’il nous faut nous tourner dans une autre direction.
Inconnaissable ou inconnu ???
Certains prétendent qu’Huxley construisit le mot “agnostique” à partir d’un terme de la Bible.
Selon le récit biblique des Actes, lorsque Paul prêcha aux habitants d’Athènes, il leur rappela l’existence d’un autel de leur ville qui portait cette inscription : “À un Dieu inconnu [agnôsto en grec].” (Actes 17:23).
Paul disait-il que ce Dieu inconnu des hommes sages d’Athènes était inconnaissable ???. En fait, il leur expliqua ensuite comment ils pouvaient connaître ce Dieu.
Il en va de même aujourd’hui. Bien que Dieu soit inconnu de beaucoup, il n’est pas inconnaissable. La Bible nous fournit un moyen d’apprendre quelque chose à son sujet: “Ses qualités invisibles se voient distinctement depuis la création du monde, car elles sont perçues par l’intelligence grâce aux choses qui ont été faites.” (Romains 1:20).
Les témoignages de ceux qui ont pour métier l’étude des “choses faites” vont dans le sens de cette déclaration.
Albert Einstein, l’homme de science le plus éminent de notre siècle, ne croyait pas au Dieu de la Bible. Néanmoins, ses recherches concernant la nature de l’univers lui inspirèrent un sentiment d’émerveillement qui n’était pas éloigné de la reconnaissance de Dieu.
Dans l’un de ses ouvrages (Out of My Later Years) Einstein examine le fait d’apprendre l’unité fondamentale de la nature. Voici ses propos : “Quiconque a pris une part active aux progrès notables obtenus dans ce domaine est mû par un profond respect pour le rationnel qui apparaît clairement dans l’existence.” Einstein poursuit : “Par la voie de l’intelligence, cette personne parvient à s’affranchir des entraves que sont les envies et les espérances personnelles et atteint une attitude d’esprit humble vis-à-vis de la grandeur de la raison incarnée dans l’existence qui, en son plus profond, est inaccessible à l’homme.”
Le pas à faire n’est pas très grand entre, d’une part, reconnaître “le rationnel qui apparaît clairement dans l’existence” ou “la grandeur de la raison incarnée dans l’existence” et, de l’autre, accepter que derrière tout cela se trouve un subtil Raisonneur ou la Source du rationnel. Ce pas a été franchi par Alfred Wallace, un contemporain de Darwin et l’un des défenseurs de la théorie de l’évolution et de la doctrine de la survivance du mieux adapté.
Bien que croyant fermement que les hommes ont pour ancêtres des animaux, Wallace vit en l’homme quelque chose qui lui apporta la preuve que Quelqu’un de plus grand que l’homme doit exister. Ce quelque chose était son sens moral élevé et son potentiel intellectuel. “Sous aucun rapport je ne peux mettre cela sur le compte de la survivance du mieux adapté”, écrivit-il. Il soutint plutôt que ces qualités “nous fournissent la preuve infaillible de l’existence d’êtres plus élevés que nous, de qui proviennent peut-être ses qualités et vers qui nous tendons sans doute”.
Par ses recherches, le professeur Edward Milne, de l’université d’Oxford, acquit la conviction de l’existence de Dieu. La science moderne montre de plus en plus clairement la complexité et la beauté des lois qui président l’univers. Edward Milne avait conscience qu’il nous faut accepter l’existence de Dieu pour expliquer à la fois l’origine de la matière et la source des lois de la nature qui la régissent. “Si un mystère entoure la création de la matière, a-t-il affirmé, alors un mystère encore plus grand entoure la création des lois arbitraires qui la gouvernent.”
C’est pourquoi ce physicien a reconnu : “Bien que j’aie connu des périodes d’agnosticisme, j’en suis toujours revenu. Je crois avec la plus grande ferveur que cet univers a été créé par un Dieu Tout-Puissant.”
Après tout, est-il si illogique même pour un athée de penser qu’il ne peut exister une intelligence hautement supérieure à l’Homme ???
La condition de l’agnostique
On a remarqué que par nature l’homme ressent le besoin instinctif de rendre un culte. Ceux qui soutiennent être agnostiques ou athées peuvent trouver que quelque chose leur fait défaut s’ils examinent avec soin leur situation. Ils ressemblent quelque peu aux enfants élevés dans un orphelinat qui ressentent un sentiment de perte pour n’avoir jamais connu leurs parents.
Même un incroyant aussi convaincu que Bertrand Russell, le grand mathématicien, a fait le constat suivant à un moment de sa vie : “Je suis étrangement malheureux, parce que ma vie est très compliquée, parce que ma nature même est irrémédiablement complexe. (...) Le centre de mon être est et restera toujours une immense peine, et singulièrement torturante, la recherche de quelque chose qui soit au-delà des réalités du monde, quelque chose de surhumain et d’infini — la vision béatifique — Dieu — je ne le trouve pas et je ne pense pas qu’on puisse le trouver.”
On peut parvenir à croire en la réalité — bien qu’elle soit invisible — de Dieu, par l’examen des “choses faites” et, en particulier, grâce à l’étude de la Bible.
Si vous êtes agnostique, vous n’êtes ni vraiment athée ni vraiment croyant. L’athée est persuadé de la non-existence de Dieu, tandis que le croyant est fermement convaincu que Dieu existe et qu’il est concerné par les affaires humaines.
L’agnostique, lui, pense qu’on manque de preuves pour dire si oui ou non Dieu existe. Il se garde plus exactement de prononcer un jugement ou prétend que si Dieu existe, il est inconnu ou inconnaissable.
Peut-être pensez-vous que l’agnosticisme est l’attitude qui se défend le mieux dans ce XXIe siècle pétri de rationalisme.
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La responsabilité des Églises
Le mot français “agnostique” vient de l’anglais “agnostic”. Ce terme (dérivé du grec agnôstos, “inconnu”) fut introduit au XIXe siècle par le scientifique anglais Thomas Huxley qui favorisa la propagation de la théorie darwinienne de l’évolution.
Huxley avait remarqué que les Églises prétendaient détenir une gnose (“connaissance”) intime de Dieu et de l’origine des choses. Mais il ne pouvait accepter cette connaissance. Il en expliqua le motif et fournit par là même la raison de son agnosticisme:
“Si nous pouvions voir d’un seul coup d’œil les torrents d’hypocrisie et de cruauté, les mensonges, les massacres, les violations des devoirs d’humanité qui ont jailli de cette source [les Églises] tout au long de l’histoire des nations chrétiennes, ce que nous pouvons imaginer de pire au sujet de l’enfer serait bien fade comparé à cette vision.”
Sans doute la foi d’Huxley en l’existence de Dieu fut-elle ébranlée quand il accepta la théorie de l’évolution. Néanmoins, sa foi fut minée bien davantage encore par la conduite des Églises, elles qui auraient dû être en mesure de l’aider. Leur histoire, tout au long des siècles, ne prévenait pas les gens en faveur de la croyance en Dieu.
Dans le même ordre d’idées, le socialiste Harold Laski, à la fois éducateur et théoricien politique, écrivit : “J’ai été élevé dans un foyer juif orthodoxe; mais je suis incapable de me souvenir d’une époque au cours de laquelle le rituel ou le dogme eurent pour moi une signification.” Pour quelles raisons? Il précise : “Tant en Angleterre qu’en Amérique, je n’ai pu noter chez les membres d’aucune Église un attachement suffisamment fort aux principes, un attachement qui les pousse à se battre en faveur de la justice.”
De plus, il ajouta : “Je ne puis voir que ceci, dans le déroulement de l’Histoire, c’est que les Églises ont toujours été les ennemies de la raison par leur pensée et les ennemies de la justice sur le plan social.”
La conduite des Églises vous a-t-elle aussi amené à douter de l’existence de Dieu ???? Certes, leur hypocrisie et leur mauvaise conduite ne sont plus à démontrer. Toutefois, il convient de noter que la Bible, la principale source d’informations sur Dieu, a prédit l’avènement d’une telle perversion de la foi chrétienne : “Ils resteront attachés aux traditions extérieures de la religion et, pour sauver la façade, garderont l’apparence de la piété.” — II Timothée 3:5.
De fait, les défauts de la religion établie ne sont pas une raison de conclure à la non-existence de Dieu. Si un patient s’est fait duper par un charlatan, il ne doit pas conclure aussitôt que sa guérison est impossible. Il recherchera plutôt un authentique médecin. De même, si les religions établies ont éloigné beaucoup d’hommes de Dieu, n’en concluons pas qu’on ne peut le trouver. Cela signifie seulement qu’il nous faut nous tourner dans une autre direction.
Inconnaissable ou inconnu ???
Certains prétendent qu’Huxley construisit le mot “agnostique” à partir d’un terme de la Bible.
Selon le récit biblique des Actes, lorsque Paul prêcha aux habitants d’Athènes, il leur rappela l’existence d’un autel de leur ville qui portait cette inscription : “À un Dieu inconnu [agnôsto en grec].” (Actes 17:23).
Paul disait-il que ce Dieu inconnu des hommes sages d’Athènes était inconnaissable ???. En fait, il leur expliqua ensuite comment ils pouvaient connaître ce Dieu.
Il en va de même aujourd’hui. Bien que Dieu soit inconnu de beaucoup, il n’est pas inconnaissable. La Bible nous fournit un moyen d’apprendre quelque chose à son sujet: “Ses qualités invisibles se voient distinctement depuis la création du monde, car elles sont perçues par l’intelligence grâce aux choses qui ont été faites.” (Romains 1:20).
Les témoignages de ceux qui ont pour métier l’étude des “choses faites” vont dans le sens de cette déclaration.
Albert Einstein, l’homme de science le plus éminent de notre siècle, ne croyait pas au Dieu de la Bible. Néanmoins, ses recherches concernant la nature de l’univers lui inspirèrent un sentiment d’émerveillement qui n’était pas éloigné de la reconnaissance de Dieu.
Dans l’un de ses ouvrages (Out of My Later Years) Einstein examine le fait d’apprendre l’unité fondamentale de la nature. Voici ses propos : “Quiconque a pris une part active aux progrès notables obtenus dans ce domaine est mû par un profond respect pour le rationnel qui apparaît clairement dans l’existence.” Einstein poursuit : “Par la voie de l’intelligence, cette personne parvient à s’affranchir des entraves que sont les envies et les espérances personnelles et atteint une attitude d’esprit humble vis-à-vis de la grandeur de la raison incarnée dans l’existence qui, en son plus profond, est inaccessible à l’homme.”
Le pas à faire n’est pas très grand entre, d’une part, reconnaître “le rationnel qui apparaît clairement dans l’existence” ou “la grandeur de la raison incarnée dans l’existence” et, de l’autre, accepter que derrière tout cela se trouve un subtil Raisonneur ou la Source du rationnel. Ce pas a été franchi par Alfred Wallace, un contemporain de Darwin et l’un des défenseurs de la théorie de l’évolution et de la doctrine de la survivance du mieux adapté.
Bien que croyant fermement que les hommes ont pour ancêtres des animaux, Wallace vit en l’homme quelque chose qui lui apporta la preuve que Quelqu’un de plus grand que l’homme doit exister. Ce quelque chose était son sens moral élevé et son potentiel intellectuel. “Sous aucun rapport je ne peux mettre cela sur le compte de la survivance du mieux adapté”, écrivit-il. Il soutint plutôt que ces qualités “nous fournissent la preuve infaillible de l’existence d’êtres plus élevés que nous, de qui proviennent peut-être ses qualités et vers qui nous tendons sans doute”.
Par ses recherches, le professeur Edward Milne, de l’université d’Oxford, acquit la conviction de l’existence de Dieu. La science moderne montre de plus en plus clairement la complexité et la beauté des lois qui président l’univers. Edward Milne avait conscience qu’il nous faut accepter l’existence de Dieu pour expliquer à la fois l’origine de la matière et la source des lois de la nature qui la régissent. “Si un mystère entoure la création de la matière, a-t-il affirmé, alors un mystère encore plus grand entoure la création des lois arbitraires qui la gouvernent.”
C’est pourquoi ce physicien a reconnu : “Bien que j’aie connu des périodes d’agnosticisme, j’en suis toujours revenu. Je crois avec la plus grande ferveur que cet univers a été créé par un Dieu Tout-Puissant.”
Après tout, est-il si illogique même pour un athée de penser qu’il ne peut exister une intelligence hautement supérieure à l’Homme ???
La condition de l’agnostique
On a remarqué que par nature l’homme ressent le besoin instinctif de rendre un culte. Ceux qui soutiennent être agnostiques ou athées peuvent trouver que quelque chose leur fait défaut s’ils examinent avec soin leur situation. Ils ressemblent quelque peu aux enfants élevés dans un orphelinat qui ressentent un sentiment de perte pour n’avoir jamais connu leurs parents.
Même un incroyant aussi convaincu que Bertrand Russell, le grand mathématicien, a fait le constat suivant à un moment de sa vie : “Je suis étrangement malheureux, parce que ma vie est très compliquée, parce que ma nature même est irrémédiablement complexe. (...) Le centre de mon être est et restera toujours une immense peine, et singulièrement torturante, la recherche de quelque chose qui soit au-delà des réalités du monde, quelque chose de surhumain et d’infini — la vision béatifique — Dieu — je ne le trouve pas et je ne pense pas qu’on puisse le trouver.”
On peut parvenir à croire en la réalité — bien qu’elle soit invisible — de Dieu, par l’examen des “choses faites” et, en particulier, grâce à l’étude de la Bible.
Re: Qu’est ce que l’agnosticisme ?
Douze preuves de l'inexistence de Dieu
Par Sébastien Faure
PREMIERE SÉRIE D'ARGUMENTS
PREMIER ARGUMENT
Le Geste créateur est inadmissible
Qu'entend-on par créer ?
Qu'est-ce que créer ?
Est-ce prendre des matériaux épars, séparés, mais existants, puis, utilisant certains principes expérimentés, appliquant certaines règles connues, rapprocher, grouper, sérier, associer, ajuster ces matériaux, afin d'en faire quelque chose ?
Non ! Cela n'est pas créer. Exemples : Peut-on dire d'une maison qu'elle a été créée ? - Non ! Elle a été construite. Peut-on dire d'un meuble qu'il a été créé ? - Non ! Il a été fabriqué. Peut-on dire d'un livre qu'il a été créé ? - Non ! Il a été composé, imprimé.
Donc, prendre des matériaux existants et en faire quelque chose ce n'est pas créer.
Qu'est-ce donc que créer ?
Créer... je suis, ma foi, fort embarrassé d'expliquer l'inexplicable, de définir l'indéfinissable ; je vais, néanmoins, tenter de me faire comprendre.
Créer, c'est tirer quelque chose de rien ; c'est avec rien du tout faire quelque chose ; c'est appeler le néant à l'être.
Or, j'imagine qu'il ne se trouve pas une seule personne douée de raison qui puisse concevoir et admettre que de rien on puisse tirer quelque chose, qu'avec rien il soit possible de faire quelque chose.
Supposez un mathématicien ; choisissez le calculateur le plus émérite, placez derrière lui un gigantesque tableau noir ; priez-le de tracer sur ce tableau noir des zéros et des zéros ; il aura beau totaliser, multiplier, se livrer à toutes les opérations de la mathématique, il ne parviendra jamais à extraire de l'accumulation de ces zéros une seule unité.
Avec rien, on ne fait rien ; avec rien on ne peut rien faire et le fameux aphorisme de Lucrèce ex nihilo nihil reste l'expression d'une certitude et d'une évidence manifeste.
Le geste créateur est un geste impossible à admettre et une absurdité.
Créer, c'est donc une expression mystique, religieuse, pouvant posséder quelque valeur aux yeux des personnes à qui il plaît de croire ce qu'elles ne comprennent pas et à qui la foi s'impose d'autant plus qu'elles comprennent moins ; mais créer est une expression vide de sens pour tout homme avisé, attentif, aux yeux de qui les mots n'ont de valeur que dans la mesure dans laquelle ils représentent une réalité ou une possibilité.
En conséquence, l'hypothèse d'un Être véritablement créateur est une hypothèse que la raison repousse.
L'Être créateur n'existe pas, ne peut pas exister.
DEUXIÈME ARGUMENT
Le "pur Esprit"ne peut avoir déterminé l'Univers
Aux croyants qui, en dépit de toute raison, persistent à admettre la possibilité de la création, je dirai qu'il est, en tous les cas, impossible d'attribuer cette création à leur Dieu.
Leur Dieu est pur Esprit. Et je dis que le pur Esprit : l'Immatériel ne peut avoir déterminé l'Univers : le Matériel. Voici pourquoi :
Le pur Esprit n'est pas séparé de l'Univers par une différence de degré, de quantité, mais par une différence de nature, de qualité.
En sorte que le pur Esprit n'est et ne peut pas plus être une amplification de l'Univers que l'Univers n'est et en peut être une réduction du pur Esprit. La différence ici n'est pas seulement une distinction, mais une opposition, opposition de nature : essentielle, fondamentale, irréductible, absolue.
Entre le pur Esprit et l'Univers, il n'y a pas seulement un fossé plus ou moins large et profond qu'il serait, à la rigueur, possible de combler ou de franchir ; il y a un véritable abîme, dont telles sont la profondeur et l'étendue que, quel que soit l'effort tenté, rien personne ne saurait combler ni franchir cet abîme.
Et je mets le philosophe le plus subtil comme le mathématicien le plus consommé au défi de jeter un pont, c'est-à-dire d'établir un rapport -quel qu'il soit - (et à plus forte raison un rapport aussi direct et aussi étroit que celui qui relie la cause à l'effet) entre le pur Esprit et l'Univers.
Le pur Esprit ne supporte aucun alliage matériel ; il ne comporte ni forme, ni corps, ni ligne, ni matière, ni proportion, ni étendue, ni durée, ni profondeur, ni surface, ni volume, ni couleur, ni son, ni densité.
Or, dans l'Univers, tout, au contraire est forme, corps, ligne, matière, proportion, étendue, durée, profondeur, surface, volume, couleur, son, densité.
Comment admettre que cela a été déterminé par ceci ?
C'est impossible.
Arrivé à ce point de ma démonstration, je campe solidement sur les deux arguments qui précèdent, la conclusion suivante :
Nous avons vu que l'hypothèse d'une Puissance véritablement créatrice est inadmissible ; nous avons vu, en second lieu, que, même si l'on persiste à croire en cette Puissance, on ne saurait admettre que l'Univers essentiellement matériel ait été déterminé par le pur Esprit essentiellement immatériel ;
Si, néanmoins, vous vous obstinez, croyants, à affirmer que c'est votre Dieu qui a créé l'Univers, le moment est venu de nous demander où, dans l'hypothèse Dieu, se trouvait la Matière, à l'origine, au commencement.
Eh bien ! de deux choses l'une : ou bien la Matière était hors de Dieu ; ou bien elle était en Dieu (et vous ne sauriez lui assigner une troisième place). Dans le premier cas, si elle était hors de Dieu, c'est que Dieu n'a pas eu besoin de la créer, puisqu'elle existait déjà ; c'est qu'elle cœxistait avec Dieu, c'est qu'elle était concomitante avec lui et, alors, votre Dieu n'est pas créateur ;
Dans le second cas, c'est-à-dire, si elle n'était pas hors de dieu, elle était en Dieu ; et dans ce cas, j'en conclus :
1° Que Dieu n'est pas pur Esprit, puisqu'il portait en lui une parcelle de matière, et quelle parcelle : la totalité des Mondes matériels !
2° Que Dieu, portant la matière en lui, n'a pas eu à la créer, puisqu'elle existait ; il n'a eu qu'à l'en faire sortir ; et, alors, la création cesse d'être un acte de création véritable et se réduit à un acte d'extériorisation.
Dans les deux cas, pas de création.
TROISIÈME ARGUMENT
Le Parfait ne peut produire l'imparfait
Je suis certain que si je posais à un croyant cette question : L'imparfait peut-il produire le parfait ? ce croyant me répondrait sans la moindre hésitation et sans crainte de se tromper : L'imparfait ne peut produire le parfait.
Or, je dis, moi, : Le parfait ne peut pas produire l'imparfait et je soutiens que ma proposition possède la même force et la même exactitude que la précédente, et pour les mêmes raisons.
Ici encore : entre le parfait et l'imparfait il n'y a pas seulement une différence de degré, de quantité, mais une différence de qualité, de nature, une opposition essentielle, fondamentale, irréductible, absolue.
Ici encore : entre le parfait et l'imparfait, il n'y a pas seulement un fossé plus ou moins profond et large, mais un abîme si vaste et si profond que rien ne saurait le franchir, ni le combler.
Le parfait, c'est l'absolu ; l'imparfait, c'est le relatif ; au regard du parfait qui est tout, le relatif, le contingent n'est rien ; au regard du parfait, le relatif est sans valeur, il n'existe pas, et il n'est au pouvoir d'aucun mathématicien ni d'aucun philosophe d'établir un rapport d'établir un rapport - quel qu'il soit - entre le relatif et l'absolu ; a fortiori, ce rapport est-il impossible, quand il s'agit d'un rapport aussi rigoureux et précis que celui qui doit nécessairement uni la Cause à l'Effet.
Il est donc impossible que le parfait ait déterminé l'imparfait.
Par contre, il existe un rapport direct, fatal, et, en quelque sorte mathématique, entre l'œuvre et celui qui en est l'auteur : tant vaut l'œuvre tant vaut l'ouvrier ; tant vaut l'ouvrier tant vaut l'œuvre ; c'est à l'œuvre qu'on reconnaît l'ouvrier, comme c'est au fruit qu'on reconnaît l'arbre.
Si j'examine une rédaction mal faite, où abondent les fautes françaises, où les phrases sont mal construites, où le style est pauvre et relâché, où les idées sont rares et banales, où les connaissances sont inexactes, je n'aurai pas l'idée d'attribuer cette mauvaise page de français à un ciseleur de phrases, à un des maîtres de la littérature.
Si je jette les yeux sur un dessin mal fait, où les lignes sont mal tracées, les règles de la perspective et de la proportion violées, il ne me viendra jamais à la pensée d'attribuer cette ébauche rudimentaire à un professeur, à un maître, à un artiste. Sans la moindre hésitation, je dirai : c'est l'œuvre d'un élève, d'un apprenti, d'une enfant ; et j'ai l'assurance de ne pas commettre d'erreur, tant il est vrai que l'œuvre porte la marque de l'ouvrier et que, par l'œuvre, on peut apprécier l'auteur de celle-ci.
Or, la Nature est belle ; l'Univers est magnifique et j'admire passionnément, autant que qui que ce soit, les splendeurs, les magnificences dont il nous offre l'incessant spectacle. Pourtant, si enthousiaste que je sois aux beautés de la Nature et quelqu'hommage que je leur rende, je ne puis dire que l'Univers est une œuvre sans défaut, irréprochable, parfaite. Et personne n'oserait soutenir une telle opinion.
L'Univers est donc une œuvre imparfaite.
En conséquence je dis :
Il y a toujours entre l'œuvre et l'auteur de celle-ci un rapport rigoureux, étroit, mathématique ; or, l'Univers est une œuvre imparfaite ; donc l'auteur de cette œuvre ne peut être qu'imparfait.
Ce syllogisme aboutit à frapper d'imperfection le Dieu des croyants et, conséquemment, à le nier.
Je puis encore raisonner comme suit :
Ou bien ce n'est pas Dieu qui est l'auteur de l'Univers (j'exprime ainsi ma conviction).
Ou bien, si vous persistez à affirmer que c'est lui qui en est l'auteur, l'Univers étant une œuvre imparfaite, votre Dieu est lui-même imparfait.
Syllogisme ou dilemme, la conclusion du raisonnement reste la même :
Le parfait ne peut déterminer l'imparfait.
QUATRIÈME ARGUMENT
L'Être éternel, actif, nécessaire, ne peut, à aucun moment, avoir été inactif ou inutile
Si Dieu existe, il est éternel, actif et nécessaire.
Éternel ? Il l'est par définition. C'est sa raison d'être. On ne peut le concevoir enfermé dans les limites du temps ; on ne peut l'imaginer commençant ou finissant ; il ne peut avoir ni apparition ni disparition. Il existe de tout temps.
Actif ? Il l'est et ne peut pas ne pas l'être, puisque c'est son activité qui a tout engendré, puisque son activité s'est affirmée, disent les croyants, par le geste le plus colossal, le plus majestueux : la Création des Mondes.
Nécessaire ? Il l'est et ne peut pas ne pas l'être, puisque sans lui rien ne serait ; puisqu'il est l'auteur de toutes choses ; puisqu'il est le foyer initial d'où tout a coulé ; puisque, seul, se suffisant à lui-même, il a dépendu de sa seule volonté que tout soit ou que rien ne soit. Il est donc : éternel, actif et nécessaire.
Je prétends et je vais démontrer que, s'il est éternel, actif et nécessaire, il doit être éternellement actif et éternellement nécessaire ; que, conséquemment, il n'a pu, à aucun moment, être inactif ou inutile ; que, conséquemment, enfin, il n'a jamais créé.
Dire que Dieu n'est pas éternellement actif, c'est admettre qu'il ne l'a pas toujours été, qu'il l'est devenu, qu'il a commencé à être actif, qu'avant de l'être, il ne l'était pas ; et, puisque c'est par la création que s'est manifestée son activité, c'est admettre du même coup que, durant les milliards et les milliards de siècles qui, peut-être, ont précédé l'action créatrice, Dieu était inactif.
Dire que Dieu n'est pas éternellement nécessaire, c'est admettre qu'il ne l'a pas toujours été, qu'il l'est devenu, qu'il a commencé à être nécessaire, qu'avant de l'être, il ne l'était pas et, puisque c'est la Création qui proclame et atteste la nécessité de Dieu, c'est admettre du même coup que, durant les milliards et les milliards de siècles qui peut-être ont précédé l'action créatrice, Dieu était inutile.
Dieu oisif et paresseux !
Dieu inutile et superflu !
Quelle posture pour l'Être essentiellement actif et essentiellement nécessaire !
Il faut donc confesser que Dieu est de tout temps actif et de tout temps nécessaire.
Mais alors, il ne peut l'avoir créé ; car l'idée de création implique, de façon absolue, l'idée de commencement, d'origine. Une chose qui commence ne peut pas avoir existé de tout temps. Il fut nécessairement un temps où, avant d'être, elle n'était pas encore. Si court ou si long que fut ce temps qui précède la chose créée, rien ne peut le supprimer ; de toutes façons, il est.
Il en résulte que :
Ou bien Dieu n'est pas éternellement actif et éternellement nécessaire ; et, dans ce cas, il l'est devenu par la création. S'il en est ainsi, il manquait à Dieu, avant la création, ces deux attributs : l'activité et la nécessité. Ce Dieu était incomplet ; c'était un tronçon de Dieu, pas plus ; et il a eu besoin de créer pour devenir actif et nécessaire, pour se compléter.
Ou bien Dieu est éternellement actif et nécessaire ; et, dans ce cas, il a créé éternellement la création est éternelle ; l'Univers n'a jamais commencé ; il a existé de tout temps ; il est éternel comme Dieu ; il est Dieu lui-même et se confond avec lui.
S'il en est ainsi, l'Univers n'a pas eu de commencement ; il n'a pas été créé.
(Dans le premier cas, Dieu, s'il n'était ni) actif, ni nécessaire, était incomplet, c'est-à-dire imparfait ; et, alors, il n'existe pas ; dans le second cas, Dieu étant éternellement actif et éternellement nécessaire, ne peut pas l'être devenu ; et, alors, il n'a pas créé.
CINQUIÈME ARGUMENT
L'être immuable ne peut avoir créé
Si Dieu existe, il est immuable. Il ne change pas ; il ne peut pas changer. Tandis que, dans la Nature, tout se modifie, se métamorphose, se transforme, tandis que rien n'est définitivement et que tout devient, Dieu, point fixe, immobile dans le temps et l'espace, n'est sujet à aucune modification, ne connaît et ne peut connaître aucun changement.
Il est aujourd'hui ce qu'il était hier ; il sera demain ce qu'il est aujourd'hui. Qu'on envisage Dieu dans le lointain des siècles révolus ou dans celui des siècles futurs, il est constamment identique à lui-même.
Dieu est immuable.
Je prétends que, s'il a créé, il n'est pas immuable, parce que, dans ce cas, il a changé deux fois.
Se déterminer à vouloir, c'est changer. De toute évidence, il y a eu un changement entre l'être qui ne veut pas encore et l'être qui veut.
Si je veux aujourd'hui ce que je ne voulais pas, ce à quoi je ne songeais même pas, il y a quarante-huit heures, c'est qu'il s'est produit en moi ou autour de moi une ou plusieurs circonstances qui m'ont déterminé à vouloir. Ce vouloir nouveau constitue une modification : il n'y a pas lieu d'en douter : c'est indiscutable.
Pareillement : se déterminer à agir, ou agir, c'est se modifier.
Il est, en outre, certain que cette double modification : vouloir, agir, est d'autant plus considérable et marquée, qu'il s'agit d'une résolution plus grave et d'une action plus importante.
Dieu a créé, dites-vous ? - Soit. Alors il a changé deux fois : la première fois, lorsqu'il a pris la détermination de créer ; la seconde fois, lorsque, mettant à exécution cette détermination, il a accompli le geste créateur.
S'il a changé deux fois, il n'est pas immuable.
Et s'il n'est pas immuable, il n'est pas Dieu, il n'existe pas.
L'Être immuable ne peut avoir créé.
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Par Sébastien Faure
PREMIERE SÉRIE D'ARGUMENTS
PREMIER ARGUMENT
Le Geste créateur est inadmissible
Qu'entend-on par créer ?
Qu'est-ce que créer ?
Est-ce prendre des matériaux épars, séparés, mais existants, puis, utilisant certains principes expérimentés, appliquant certaines règles connues, rapprocher, grouper, sérier, associer, ajuster ces matériaux, afin d'en faire quelque chose ?
Non ! Cela n'est pas créer. Exemples : Peut-on dire d'une maison qu'elle a été créée ? - Non ! Elle a été construite. Peut-on dire d'un meuble qu'il a été créé ? - Non ! Il a été fabriqué. Peut-on dire d'un livre qu'il a été créé ? - Non ! Il a été composé, imprimé.
Donc, prendre des matériaux existants et en faire quelque chose ce n'est pas créer.
Qu'est-ce donc que créer ?
Créer... je suis, ma foi, fort embarrassé d'expliquer l'inexplicable, de définir l'indéfinissable ; je vais, néanmoins, tenter de me faire comprendre.
Créer, c'est tirer quelque chose de rien ; c'est avec rien du tout faire quelque chose ; c'est appeler le néant à l'être.
Or, j'imagine qu'il ne se trouve pas une seule personne douée de raison qui puisse concevoir et admettre que de rien on puisse tirer quelque chose, qu'avec rien il soit possible de faire quelque chose.
Supposez un mathématicien ; choisissez le calculateur le plus émérite, placez derrière lui un gigantesque tableau noir ; priez-le de tracer sur ce tableau noir des zéros et des zéros ; il aura beau totaliser, multiplier, se livrer à toutes les opérations de la mathématique, il ne parviendra jamais à extraire de l'accumulation de ces zéros une seule unité.
Avec rien, on ne fait rien ; avec rien on ne peut rien faire et le fameux aphorisme de Lucrèce ex nihilo nihil reste l'expression d'une certitude et d'une évidence manifeste.
Le geste créateur est un geste impossible à admettre et une absurdité.
Créer, c'est donc une expression mystique, religieuse, pouvant posséder quelque valeur aux yeux des personnes à qui il plaît de croire ce qu'elles ne comprennent pas et à qui la foi s'impose d'autant plus qu'elles comprennent moins ; mais créer est une expression vide de sens pour tout homme avisé, attentif, aux yeux de qui les mots n'ont de valeur que dans la mesure dans laquelle ils représentent une réalité ou une possibilité.
En conséquence, l'hypothèse d'un Être véritablement créateur est une hypothèse que la raison repousse.
L'Être créateur n'existe pas, ne peut pas exister.
DEUXIÈME ARGUMENT
Le "pur Esprit"ne peut avoir déterminé l'Univers
Aux croyants qui, en dépit de toute raison, persistent à admettre la possibilité de la création, je dirai qu'il est, en tous les cas, impossible d'attribuer cette création à leur Dieu.
Leur Dieu est pur Esprit. Et je dis que le pur Esprit : l'Immatériel ne peut avoir déterminé l'Univers : le Matériel. Voici pourquoi :
Le pur Esprit n'est pas séparé de l'Univers par une différence de degré, de quantité, mais par une différence de nature, de qualité.
En sorte que le pur Esprit n'est et ne peut pas plus être une amplification de l'Univers que l'Univers n'est et en peut être une réduction du pur Esprit. La différence ici n'est pas seulement une distinction, mais une opposition, opposition de nature : essentielle, fondamentale, irréductible, absolue.
Entre le pur Esprit et l'Univers, il n'y a pas seulement un fossé plus ou moins large et profond qu'il serait, à la rigueur, possible de combler ou de franchir ; il y a un véritable abîme, dont telles sont la profondeur et l'étendue que, quel que soit l'effort tenté, rien personne ne saurait combler ni franchir cet abîme.
Et je mets le philosophe le plus subtil comme le mathématicien le plus consommé au défi de jeter un pont, c'est-à-dire d'établir un rapport -quel qu'il soit - (et à plus forte raison un rapport aussi direct et aussi étroit que celui qui relie la cause à l'effet) entre le pur Esprit et l'Univers.
Le pur Esprit ne supporte aucun alliage matériel ; il ne comporte ni forme, ni corps, ni ligne, ni matière, ni proportion, ni étendue, ni durée, ni profondeur, ni surface, ni volume, ni couleur, ni son, ni densité.
Or, dans l'Univers, tout, au contraire est forme, corps, ligne, matière, proportion, étendue, durée, profondeur, surface, volume, couleur, son, densité.
Comment admettre que cela a été déterminé par ceci ?
C'est impossible.
Arrivé à ce point de ma démonstration, je campe solidement sur les deux arguments qui précèdent, la conclusion suivante :
Nous avons vu que l'hypothèse d'une Puissance véritablement créatrice est inadmissible ; nous avons vu, en second lieu, que, même si l'on persiste à croire en cette Puissance, on ne saurait admettre que l'Univers essentiellement matériel ait été déterminé par le pur Esprit essentiellement immatériel ;
Si, néanmoins, vous vous obstinez, croyants, à affirmer que c'est votre Dieu qui a créé l'Univers, le moment est venu de nous demander où, dans l'hypothèse Dieu, se trouvait la Matière, à l'origine, au commencement.
Eh bien ! de deux choses l'une : ou bien la Matière était hors de Dieu ; ou bien elle était en Dieu (et vous ne sauriez lui assigner une troisième place). Dans le premier cas, si elle était hors de Dieu, c'est que Dieu n'a pas eu besoin de la créer, puisqu'elle existait déjà ; c'est qu'elle cœxistait avec Dieu, c'est qu'elle était concomitante avec lui et, alors, votre Dieu n'est pas créateur ;
Dans le second cas, c'est-à-dire, si elle n'était pas hors de dieu, elle était en Dieu ; et dans ce cas, j'en conclus :
1° Que Dieu n'est pas pur Esprit, puisqu'il portait en lui une parcelle de matière, et quelle parcelle : la totalité des Mondes matériels !
2° Que Dieu, portant la matière en lui, n'a pas eu à la créer, puisqu'elle existait ; il n'a eu qu'à l'en faire sortir ; et, alors, la création cesse d'être un acte de création véritable et se réduit à un acte d'extériorisation.
Dans les deux cas, pas de création.
TROISIÈME ARGUMENT
Le Parfait ne peut produire l'imparfait
Je suis certain que si je posais à un croyant cette question : L'imparfait peut-il produire le parfait ? ce croyant me répondrait sans la moindre hésitation et sans crainte de se tromper : L'imparfait ne peut produire le parfait.
Or, je dis, moi, : Le parfait ne peut pas produire l'imparfait et je soutiens que ma proposition possède la même force et la même exactitude que la précédente, et pour les mêmes raisons.
Ici encore : entre le parfait et l'imparfait il n'y a pas seulement une différence de degré, de quantité, mais une différence de qualité, de nature, une opposition essentielle, fondamentale, irréductible, absolue.
Ici encore : entre le parfait et l'imparfait, il n'y a pas seulement un fossé plus ou moins profond et large, mais un abîme si vaste et si profond que rien ne saurait le franchir, ni le combler.
Le parfait, c'est l'absolu ; l'imparfait, c'est le relatif ; au regard du parfait qui est tout, le relatif, le contingent n'est rien ; au regard du parfait, le relatif est sans valeur, il n'existe pas, et il n'est au pouvoir d'aucun mathématicien ni d'aucun philosophe d'établir un rapport d'établir un rapport - quel qu'il soit - entre le relatif et l'absolu ; a fortiori, ce rapport est-il impossible, quand il s'agit d'un rapport aussi rigoureux et précis que celui qui doit nécessairement uni la Cause à l'Effet.
Il est donc impossible que le parfait ait déterminé l'imparfait.
Par contre, il existe un rapport direct, fatal, et, en quelque sorte mathématique, entre l'œuvre et celui qui en est l'auteur : tant vaut l'œuvre tant vaut l'ouvrier ; tant vaut l'ouvrier tant vaut l'œuvre ; c'est à l'œuvre qu'on reconnaît l'ouvrier, comme c'est au fruit qu'on reconnaît l'arbre.
Si j'examine une rédaction mal faite, où abondent les fautes françaises, où les phrases sont mal construites, où le style est pauvre et relâché, où les idées sont rares et banales, où les connaissances sont inexactes, je n'aurai pas l'idée d'attribuer cette mauvaise page de français à un ciseleur de phrases, à un des maîtres de la littérature.
Si je jette les yeux sur un dessin mal fait, où les lignes sont mal tracées, les règles de la perspective et de la proportion violées, il ne me viendra jamais à la pensée d'attribuer cette ébauche rudimentaire à un professeur, à un maître, à un artiste. Sans la moindre hésitation, je dirai : c'est l'œuvre d'un élève, d'un apprenti, d'une enfant ; et j'ai l'assurance de ne pas commettre d'erreur, tant il est vrai que l'œuvre porte la marque de l'ouvrier et que, par l'œuvre, on peut apprécier l'auteur de celle-ci.
Or, la Nature est belle ; l'Univers est magnifique et j'admire passionnément, autant que qui que ce soit, les splendeurs, les magnificences dont il nous offre l'incessant spectacle. Pourtant, si enthousiaste que je sois aux beautés de la Nature et quelqu'hommage que je leur rende, je ne puis dire que l'Univers est une œuvre sans défaut, irréprochable, parfaite. Et personne n'oserait soutenir une telle opinion.
L'Univers est donc une œuvre imparfaite.
En conséquence je dis :
Il y a toujours entre l'œuvre et l'auteur de celle-ci un rapport rigoureux, étroit, mathématique ; or, l'Univers est une œuvre imparfaite ; donc l'auteur de cette œuvre ne peut être qu'imparfait.
Ce syllogisme aboutit à frapper d'imperfection le Dieu des croyants et, conséquemment, à le nier.
Je puis encore raisonner comme suit :
Ou bien ce n'est pas Dieu qui est l'auteur de l'Univers (j'exprime ainsi ma conviction).
Ou bien, si vous persistez à affirmer que c'est lui qui en est l'auteur, l'Univers étant une œuvre imparfaite, votre Dieu est lui-même imparfait.
Syllogisme ou dilemme, la conclusion du raisonnement reste la même :
Le parfait ne peut déterminer l'imparfait.
QUATRIÈME ARGUMENT
L'Être éternel, actif, nécessaire, ne peut, à aucun moment, avoir été inactif ou inutile
Si Dieu existe, il est éternel, actif et nécessaire.
Éternel ? Il l'est par définition. C'est sa raison d'être. On ne peut le concevoir enfermé dans les limites du temps ; on ne peut l'imaginer commençant ou finissant ; il ne peut avoir ni apparition ni disparition. Il existe de tout temps.
Actif ? Il l'est et ne peut pas ne pas l'être, puisque c'est son activité qui a tout engendré, puisque son activité s'est affirmée, disent les croyants, par le geste le plus colossal, le plus majestueux : la Création des Mondes.
Nécessaire ? Il l'est et ne peut pas ne pas l'être, puisque sans lui rien ne serait ; puisqu'il est l'auteur de toutes choses ; puisqu'il est le foyer initial d'où tout a coulé ; puisque, seul, se suffisant à lui-même, il a dépendu de sa seule volonté que tout soit ou que rien ne soit. Il est donc : éternel, actif et nécessaire.
Je prétends et je vais démontrer que, s'il est éternel, actif et nécessaire, il doit être éternellement actif et éternellement nécessaire ; que, conséquemment, il n'a pu, à aucun moment, être inactif ou inutile ; que, conséquemment, enfin, il n'a jamais créé.
Dire que Dieu n'est pas éternellement actif, c'est admettre qu'il ne l'a pas toujours été, qu'il l'est devenu, qu'il a commencé à être actif, qu'avant de l'être, il ne l'était pas ; et, puisque c'est par la création que s'est manifestée son activité, c'est admettre du même coup que, durant les milliards et les milliards de siècles qui, peut-être, ont précédé l'action créatrice, Dieu était inactif.
Dire que Dieu n'est pas éternellement nécessaire, c'est admettre qu'il ne l'a pas toujours été, qu'il l'est devenu, qu'il a commencé à être nécessaire, qu'avant de l'être, il ne l'était pas et, puisque c'est la Création qui proclame et atteste la nécessité de Dieu, c'est admettre du même coup que, durant les milliards et les milliards de siècles qui peut-être ont précédé l'action créatrice, Dieu était inutile.
Dieu oisif et paresseux !
Dieu inutile et superflu !
Quelle posture pour l'Être essentiellement actif et essentiellement nécessaire !
Il faut donc confesser que Dieu est de tout temps actif et de tout temps nécessaire.
Mais alors, il ne peut l'avoir créé ; car l'idée de création implique, de façon absolue, l'idée de commencement, d'origine. Une chose qui commence ne peut pas avoir existé de tout temps. Il fut nécessairement un temps où, avant d'être, elle n'était pas encore. Si court ou si long que fut ce temps qui précède la chose créée, rien ne peut le supprimer ; de toutes façons, il est.
Il en résulte que :
Ou bien Dieu n'est pas éternellement actif et éternellement nécessaire ; et, dans ce cas, il l'est devenu par la création. S'il en est ainsi, il manquait à Dieu, avant la création, ces deux attributs : l'activité et la nécessité. Ce Dieu était incomplet ; c'était un tronçon de Dieu, pas plus ; et il a eu besoin de créer pour devenir actif et nécessaire, pour se compléter.
Ou bien Dieu est éternellement actif et nécessaire ; et, dans ce cas, il a créé éternellement la création est éternelle ; l'Univers n'a jamais commencé ; il a existé de tout temps ; il est éternel comme Dieu ; il est Dieu lui-même et se confond avec lui.
S'il en est ainsi, l'Univers n'a pas eu de commencement ; il n'a pas été créé.
(Dans le premier cas, Dieu, s'il n'était ni) actif, ni nécessaire, était incomplet, c'est-à-dire imparfait ; et, alors, il n'existe pas ; dans le second cas, Dieu étant éternellement actif et éternellement nécessaire, ne peut pas l'être devenu ; et, alors, il n'a pas créé.
CINQUIÈME ARGUMENT
L'être immuable ne peut avoir créé
Si Dieu existe, il est immuable. Il ne change pas ; il ne peut pas changer. Tandis que, dans la Nature, tout se modifie, se métamorphose, se transforme, tandis que rien n'est définitivement et que tout devient, Dieu, point fixe, immobile dans le temps et l'espace, n'est sujet à aucune modification, ne connaît et ne peut connaître aucun changement.
Il est aujourd'hui ce qu'il était hier ; il sera demain ce qu'il est aujourd'hui. Qu'on envisage Dieu dans le lointain des siècles révolus ou dans celui des siècles futurs, il est constamment identique à lui-même.
Dieu est immuable.
Je prétends que, s'il a créé, il n'est pas immuable, parce que, dans ce cas, il a changé deux fois.
Se déterminer à vouloir, c'est changer. De toute évidence, il y a eu un changement entre l'être qui ne veut pas encore et l'être qui veut.
Si je veux aujourd'hui ce que je ne voulais pas, ce à quoi je ne songeais même pas, il y a quarante-huit heures, c'est qu'il s'est produit en moi ou autour de moi une ou plusieurs circonstances qui m'ont déterminé à vouloir. Ce vouloir nouveau constitue une modification : il n'y a pas lieu d'en douter : c'est indiscutable.
Pareillement : se déterminer à agir, ou agir, c'est se modifier.
Il est, en outre, certain que cette double modification : vouloir, agir, est d'autant plus considérable et marquée, qu'il s'agit d'une résolution plus grave et d'une action plus importante.
Dieu a créé, dites-vous ? - Soit. Alors il a changé deux fois : la première fois, lorsqu'il a pris la détermination de créer ; la seconde fois, lorsque, mettant à exécution cette détermination, il a accompli le geste créateur.
S'il a changé deux fois, il n'est pas immuable.
Et s'il n'est pas immuable, il n'est pas Dieu, il n'existe pas.
L'Être immuable ne peut avoir créé.
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