VLS - Volume de la Loi Sacrée
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VLS - Volume de la Loi Sacrée
VLS - Volume de la Loi Sacrée
L'une des trois grandes lumières de la Franc-Maçonnerie, la Bible dans la plupart des cas.
Le Volume de la Loi Sacrée
Introduction : En cours d’initiation le futur Apprenti va être amené à prêter serment sur les Trois Grandes Lumières de la Franc Maçonnerie que sont l’Equerre, le Compas et le Volume de la Loi Sacrée ; après les trois voyages c’est là l’un des premiers devoirs à accomplir et le futur Apprenti s’en souviendra toujours outre la grande et riche quantité d’informations qu’il essaie de retenir de cette mémorable journée. De ces Trois Grandes Lumières il m’est demandé de m’intéresser plus particulièrement au Volume de la Loi Sacrée, Grande Lumière sur laquelle sont posées d’ailleurs les deux autres.Les Livres de Loi Sacrée dans le Monde : La notion de Loi Sacrée est immémoriale et l’on retrouve ainsi des volumes de Loi Sacrée très anciens, vrais ou mythologiques, sous forme, d’abord de tables (de pierre ou d’argile), puis de volumen (rouleau de papyrus, puis de parchemin) puis de codex avec :
En Crête : Minos qui gravit le mont Dikta où Zeus lui donna les lois Sacrées
En Egypte : Mises qui porte les tables sur lesquelles sont gravées les Lois de Dieu
En Judaïsme et Chrétienté : Moïse qui gravit le mont Sinaï où Dieu lui dicta les Tables de la Loi (les Dix commandements), mais aussi le Livre de la Sagesse (ou Sagesse de Salomon), la Septante (version du Tanakh, Bible hébraïque en langue grecque) - ces deux derniers livres ayant été rédigés en Egypte, vraisemblablement à Alexandrie.
En Inde : Les Lois de Manou (repris par les Vedas)
En Grèce : il y a eu les Lois Sacrées des cités grecques.
En Australie : La Loi Sacrée Anangu
Chez les Kabbalistes : La Torah qui est l’ancien Testament est un livre de Loi Sacrée, commenté par le Sefer Ha Zohar (Livre de la Splendeur).
Bien d’autres livres de lois Sacrées existent et la Franc-Maçonnerie ne les ignore d’ailleurs pas et c’est pourquoi le terme maçonnique « Volume de la Loi Sacrée » « Volume of the Sacred Law » naquit aux Indes au milieu du XIXème siècle, quand les juridictions anglo-saxonnes commencèrent à recevoir des musulmans, des hindous, des parsis, des sikhs, et que l’on dut faire prêter serment à ces nouveaux membres non sur la Bible, mais sur les Livres Saints de leurs religions respectives.
C’est ainsi que la Franc-Maçonnerie admit, en plus de la Bible, d’autres Livres Traditionnels qui sont : les Védas de l'Hindouisme, le Tripitaka du Bouddhisme, le Coran des musulmans, le Tao Te King des Taoïstes, les Quatre Livres de la doctrine de Koung-Fou-Tseu (latinisé Confucius), le Zend Avesta du Zoroastrisme.Histoire du volume de la loi sacré : L’histoire des relations de la Bible et de la Franc-maçonnerie au cours de ces derniers siècles a été très mouvementée.C’est à l’occasion du serment que la Bible, les Ecritures, voire les Evangiles, peut-être l’Evangile de Saint Jean, furent d’abord présents en Loge, bien qu’il faille attendre plusieurs siècles avant que cela soit clairement attesté par un manuscrit.Vers 1268 : manuscrit du Livre des Métiers d’Etienne Boileau, prévôt de Paris : « Le maître qui garde le métier doit faire jurer à l’apprenti sur les Saints Évangiles, qu’il se conformera aux usages et coutumes du métier ».En 1370 : le serment, le Livre, et la loge apparaissent ensemble dans l’ordonnance de la Cathédrale d’York ; rien n’indique expressément que le Livre sur lequel le maçon d’York prête serment soit la Bible, mais à cette époque, dans l’Europe chrétienne, le Livre désigne le plus souvent les Saintes Ecritures.En 1390 : le quatorzième point du manuscrit Regius étend l’obligation de serment à tous les maçons du royaume Outre Manche.En 1455 : Impression de la Bible à quarante deux lignes.En 1583 : dans un manuscrit d’origine anglaise Grand Lodge 1, on commence à trouver plus de précisions sur la prestation du serment. Il s’agit d’une phrase en latin, que l’on retrouvera pendant plusieurs siècles dans de nombreux manuscrits d’origine anglaise : « Alors l’un des anciens tient le livre, et ils poseront la main sur le livre, et alors on doit lire les devoirs ».
La prière finale, « votre salut éternel est en votre pouvoir par ce livre qui est en votre main. Amen, ainsi-soit-il ». Laisse à penser que ce livre ne peut être que la Bible. En 1696 : Un manuscrit écossais des archives d’Edinburgh apporte la première confirmation précise de l’utilisation de la Bible en Loge. Ce document, qui porte le titre « Quelques questions à propos du mot de maçon – 1696 » décrit la manière de donner le mot de maçon : « Tout d’abord vous devez faire agenouiller la personne qui va recevoir le mot…vous lui faites prendre la Bible et, posant sa main droite dessus, vous devez l’exhorter au secret… » C’est là, la confirmation du serment sur la Bible, et on pourrait même se demander si elle n’est pas ouverte à l’évangile de Saint Jean en lisant la manière dont ce manuscrit décrit l’entrée du nouvel apprenti : « Me voici, moi le plus jeune et le dernier apprenti entré, qui viens de jurer par Dieu et par Saint Jean ». On retrouve également cette même phrase dans le manuscrit Sloane de même que dans le manuscrit Chetwood Crawley, deux autres manuscrits écossais.
Entre 1724 et 1730 : Les manuscrits et divulgations maçonniques comme le manuscrit Wilkinson précisent et fixent les modalités du serment et confirment la présence de la Bible en Loge : « Quels sont les meubles de la Loge ? La Bible, le compas et l’équerre ».
En 1726 : Dans le manuscrit Graham « Je reconnais que vous êtes entré, maintenant je vous demande si vous avez été élevé ? Oui je l’ai été. Dans quoi avez-vous été élevé ? J’ai été élevé dans la science de nos originels tant par la tradition que par l’Ecriture… » En 1711 : Dans la manuscrit Dumfries les « meubles » de la Loge deviennent « les trois colonnes ».
En 1760 : Dans les Trois Coups Distincts (The Three Distincts Knocks ) quiest l'une des plus grandes divulgations de la tradition maçonnique anglaise. (Une divulgation est un texte destiné au grand public) les « Trois Colonnes » deviennent les « Trois Grandes Lumières » pour la première fois, avec cette précision : « La Bible pour diriger et gouverner notre foi ; l’équerre pour mettre nos actions d’équerre ; le compas pour nous maintenir dans de justes bornes envers tous les hommes, particulièrement envers un frère ». Le XIXème siècle trouvera ces rituels inchangés à un détail près : la Bible ne gouverne plus notre « foi », elle « règle et gouverne notre loi » on se rapproche alors du vocable « Volume de la Loi Sacrée ».
En 1829 : La Bible a disparu du Rituel, sous l’égide du Suprême Conseil de France elle est remplacée sur l’autel des serments par les Statuts Généraux de l’Ordre.En 1875 : Le Convent de Lausanne du Rite Ecossais Ancien et Accepté exprime au monde sa vision spirituelle dans une proclamation, rédigée de la main d’Adolphe Crémieux, dans un discours ultérieur le Grand Commandeur et Grand Maître du Rite Écossais Adolphe CREMIEUX développe cette vision « La religion maçonnique n’est pas ce qu’on appelle une religion. La franc-maçonnerie les admet toutes, elle n’en repousse aucune… Soyez catholiques, protestants, juifs, mahométans, la Maçonnerie ne vous le demande pas… Le spiritualisme est donc le fond réel de la Maçonnerie ». La Bible n’est plus ouverte en loge, mais le franc-maçon du REAA acquiert une spiritualité.
Le 18 Septembre 1953 : sous le titre La Maçonnerie universelle et la Grande Loge de France, le convent de la grande Loge décidait d’inclure dans ses constitutions la présence sur l’autel des serments du Volume de la Loi Sacrée. Le Frère rapporteur, Etienne GOUT, argumentait ainsi : « cette réforme ne sera qu’un simple retour à la tradition autrefois observée par l’écossisme français, et la présence sur l’autel du Volume de la Loi Sacrée n’implique, pour les Maçonneries qui l’admettent, aucune obligation de croyance à un principe religieux déterminé ».
C’est ainsi que les rituels successifs imprimés depuis par la Grande Loge de France, jusque et y compris le rituel de 1984, encore en vigueur dans les années 90, consacrent le serment de l’apprenti « sur les trois grandes lumières de la franc-maçonnerie : le Volume de la Loi Sacrée, le Compas et l'Equerre » et précisent que « Le Volume de la Loi Sacrée peut-être ouvert à tout endroit. Si ce volume est la Bible on l'ouvre de préférence à II Chroniques 2-5 ou à I Rois 6-7 où il est question de la construction du Temple de Salomon… »
Enfin c’est seulement au tournant du XXIème siècle que le rituel de la Grande Loge de France précisera : « Les Trois Grandes Lumières sont constituées par : le Volume de la Loi Sacrée (à la Grande Loge de France c’est la Bible), le Compas et l’Equerre… Le Volume de la Loi Sacrée sera obligatoirement ouvert pendant les Travaux au Prologue de l’Evangile de Saint-Jean ». Sens symbolique du Volume de la Loi Sacré : Le Volume de la Loi Sacrée est placé sous l’équerre et le compas. Il représente la loi écrite que l’on respecte, car elle est sacrée. Lors du rituel d’ouverture des travaux, le frère expert dispose les Trois Grandes Lumières sur l’autel des serments ; notamment il ouvre le Volume de la Loi Sacrée au Prologue de l’Evangile de Saint Jean. Ce faisant il « ouvre » le V\ L\ S\ ce qui veut aussi dire que ce qui est dans le livre peut être scruté, observé et non plus caché comme lorsqu’il était fermé. Il n’est que le symbole de la Loi et n’est pas la Loi universelle, car son contenu peut changer lorsque l’on change de volume. Il n’est donc Loi Sacrée que parce que celui qui y fait référence le considère comme telle. Cette croyance ou cette certitude est personnelle et ne peut être imposée.
Je ne vais pas écrire les 18 versets que contient le prologue de l’Evangile selon Jean mais la lecture de celui-ci incite l’apprenti à méditer sur ce raccourci : Il y a la Parole que l’on peut nommer le Verbe, le Verbe donne la Lumière et la Lumière donne la Vie mais le Verbe est Dieu. Le Volume de la loi sacrée est un symbole fort. Il est support de la liaison entre l’homme et Dieu. Il dicte les règles de bonnes conduites. Il normalise les règles sociales. Il est la mémoire des ancêtres et des valeurs du passé. Il est le rituel des pratiques religieuses. Il est la mémoire du monde au travers de ses mythes. Ceci est vrai quel que soit le Livre Traditionnel retenu. Le Volume de la Loi Sacrée et moi : J’ai été élevé dans un environnement chrétien et la présence de la Bible comme Volume de Loi Sacrée ne m’a évidemment pas choqué. Toutefois je m’étais décrit devant vous, lorsque j’étais encore profane, comme un agnostique.
Mon apprentissage au sein de cette Loge de St Jean m’a permis de me resituer de façon plus précise dans le vaste domaine de la spiritualité et je crois pouvoir affirmer aujourd’hui que je suis adogmatique terme qui me convient mieux qu’agnostique. En effet ce qui m’a toujours gêné pour ne pas dire choqué en religion est cette prédominance d’un dogme, d’une vérité absolue propre à chaque religion comme si celle d’à côté n’avait pas de valeur, n’était qu’hérésie. Je n’ai jamais compris pourquoi on pouvait se battre au nom d’une religion alors que toute religion ne devrait prôner que l’amour de son prochain, toute ethnie confondue. Je n’ai jamais compris que l’on puisse se dire fervent croyant et accomplir des actes qui ne respectent pas les plus élémentaires règles de droiture. Les exemples historiques en matière de guerres de religion ne manquent pas et ce n’est pas le sujet mais très tôt, pour moi, il était évident que si Dieu existe (là c’est encore mon côté agnostique qui ressort mais je devais être un APP : Agnostique Provisoire en Pratique) ce devait être le même pour tous. Mon apprentissage en Franc-Maçonnerie m’a permis de découvrir le Grand Architecte de l’Univers, et, pour la première fois je me suis rendu compte que l’on pouvait effectivement parler d’un Créateur de toute chose sans être obligé de passer sous les Fourches Caudines de quelque religion que ce soit. Au contraire cette approche permet à chacun de se positionner en fonction de ses convictions sans jamais entrer en conflit avec quelque frère que ce soit. Cela me convient parfaitement car au-delà de toute croyance je me suis toujours dit que la matière et la notion d’espace-temps relevait bien d’un Créateur. En effet même si la théorie du Big Bang et de l’expansion de l’univers est actuellement ce qu’il y a de plus acceptable dans le domaine de la création de l’Univers il n’y a pas de théorie solide quant à l’existence même de la matière primordiale concentrée en un point de masse infinie (même en tenant compte de l’existence potentielle de l’antimatière).
Dès lors qui dit Créateur dit règles à suivre, car rien ne peut être créé sans but, et c’est ainsi que l’on peut opposer le Cosmos au Chaos. Mais qui dit règles à suivre dans une approche transcendante dit aussi Lois Sacrées et la transmission de celles-ci de générations en générations d’où les livres de Lois Sacrées. Le Volume de la Loi Sacrée, que ce soit la Bible ou tout autre Livre accepté en franc-maçonnerie au Rite Ecossais Ancien et Accepté, est donc ce pilier qui symbolise la rectitude, la droiture dont doit faire preuve l’initié dans la construction de son temple intérieur avec l’appui de ses frères.
J’ai dit, V\ M\
L'une des trois grandes lumières de la Franc-Maçonnerie, la Bible dans la plupart des cas.
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Le Volume de la Loi Sacrée
Le Volume de la Loi Sacrée
Introduction : En cours d’initiation le futur Apprenti va être amené à prêter serment sur les Trois Grandes Lumières de la Franc Maçonnerie que sont l’Equerre, le Compas et le Volume de la Loi Sacrée ; après les trois voyages c’est là l’un des premiers devoirs à accomplir et le futur Apprenti s’en souviendra toujours outre la grande et riche quantité d’informations qu’il essaie de retenir de cette mémorable journée. De ces Trois Grandes Lumières il m’est demandé de m’intéresser plus particulièrement au Volume de la Loi Sacrée, Grande Lumière sur laquelle sont posées d’ailleurs les deux autres.Les Livres de Loi Sacrée dans le Monde : La notion de Loi Sacrée est immémoriale et l’on retrouve ainsi des volumes de Loi Sacrée très anciens, vrais ou mythologiques, sous forme, d’abord de tables (de pierre ou d’argile), puis de volumen (rouleau de papyrus, puis de parchemin) puis de codex avec :
En Crête : Minos qui gravit le mont Dikta où Zeus lui donna les lois Sacrées
En Egypte : Mises qui porte les tables sur lesquelles sont gravées les Lois de Dieu
En Judaïsme et Chrétienté : Moïse qui gravit le mont Sinaï où Dieu lui dicta les Tables de la Loi (les Dix commandements), mais aussi le Livre de la Sagesse (ou Sagesse de Salomon), la Septante (version du Tanakh, Bible hébraïque en langue grecque) - ces deux derniers livres ayant été rédigés en Egypte, vraisemblablement à Alexandrie.
En Inde : Les Lois de Manou (repris par les Vedas)
En Grèce : il y a eu les Lois Sacrées des cités grecques.
En Australie : La Loi Sacrée Anangu
Chez les Kabbalistes : La Torah qui est l’ancien Testament est un livre de Loi Sacrée, commenté par le Sefer Ha Zohar (Livre de la Splendeur).
Bien d’autres livres de lois Sacrées existent et la Franc-Maçonnerie ne les ignore d’ailleurs pas et c’est pourquoi le terme maçonnique « Volume de la Loi Sacrée » « Volume of the Sacred Law » naquit aux Indes au milieu du XIXème siècle, quand les juridictions anglo-saxonnes commencèrent à recevoir des musulmans, des hindous, des parsis, des sikhs, et que l’on dut faire prêter serment à ces nouveaux membres non sur la Bible, mais sur les Livres Saints de leurs religions respectives.
C’est ainsi que la Franc-Maçonnerie admit, en plus de la Bible, d’autres Livres Traditionnels qui sont : les Védas de l'Hindouisme, le Tripitaka du Bouddhisme, le Coran des musulmans, le Tao Te King des Taoïstes, les Quatre Livres de la doctrine de Koung-Fou-Tseu (latinisé Confucius), le Zend Avesta du Zoroastrisme.Histoire du volume de la loi sacré : L’histoire des relations de la Bible et de la Franc-maçonnerie au cours de ces derniers siècles a été très mouvementée.C’est à l’occasion du serment que la Bible, les Ecritures, voire les Evangiles, peut-être l’Evangile de Saint Jean, furent d’abord présents en Loge, bien qu’il faille attendre plusieurs siècles avant que cela soit clairement attesté par un manuscrit.Vers 1268 : manuscrit du Livre des Métiers d’Etienne Boileau, prévôt de Paris : « Le maître qui garde le métier doit faire jurer à l’apprenti sur les Saints Évangiles, qu’il se conformera aux usages et coutumes du métier ».En 1370 : le serment, le Livre, et la loge apparaissent ensemble dans l’ordonnance de la Cathédrale d’York ; rien n’indique expressément que le Livre sur lequel le maçon d’York prête serment soit la Bible, mais à cette époque, dans l’Europe chrétienne, le Livre désigne le plus souvent les Saintes Ecritures.En 1390 : le quatorzième point du manuscrit Regius étend l’obligation de serment à tous les maçons du royaume Outre Manche.En 1455 : Impression de la Bible à quarante deux lignes.En 1583 : dans un manuscrit d’origine anglaise Grand Lodge 1, on commence à trouver plus de précisions sur la prestation du serment. Il s’agit d’une phrase en latin, que l’on retrouvera pendant plusieurs siècles dans de nombreux manuscrits d’origine anglaise : « Alors l’un des anciens tient le livre, et ils poseront la main sur le livre, et alors on doit lire les devoirs ».
La prière finale, « votre salut éternel est en votre pouvoir par ce livre qui est en votre main. Amen, ainsi-soit-il ». Laisse à penser que ce livre ne peut être que la Bible. En 1696 : Un manuscrit écossais des archives d’Edinburgh apporte la première confirmation précise de l’utilisation de la Bible en Loge. Ce document, qui porte le titre « Quelques questions à propos du mot de maçon – 1696 » décrit la manière de donner le mot de maçon : « Tout d’abord vous devez faire agenouiller la personne qui va recevoir le mot…vous lui faites prendre la Bible et, posant sa main droite dessus, vous devez l’exhorter au secret… » C’est là, la confirmation du serment sur la Bible, et on pourrait même se demander si elle n’est pas ouverte à l’évangile de Saint Jean en lisant la manière dont ce manuscrit décrit l’entrée du nouvel apprenti : « Me voici, moi le plus jeune et le dernier apprenti entré, qui viens de jurer par Dieu et par Saint Jean ». On retrouve également cette même phrase dans le manuscrit Sloane de même que dans le manuscrit Chetwood Crawley, deux autres manuscrits écossais.
Entre 1724 et 1730 : Les manuscrits et divulgations maçonniques comme le manuscrit Wilkinson précisent et fixent les modalités du serment et confirment la présence de la Bible en Loge : « Quels sont les meubles de la Loge ? La Bible, le compas et l’équerre ».
En 1726 : Dans le manuscrit Graham « Je reconnais que vous êtes entré, maintenant je vous demande si vous avez été élevé ? Oui je l’ai été. Dans quoi avez-vous été élevé ? J’ai été élevé dans la science de nos originels tant par la tradition que par l’Ecriture… » En 1711 : Dans la manuscrit Dumfries les « meubles » de la Loge deviennent « les trois colonnes ».
En 1760 : Dans les Trois Coups Distincts (The Three Distincts Knocks ) quiest l'une des plus grandes divulgations de la tradition maçonnique anglaise. (Une divulgation est un texte destiné au grand public) les « Trois Colonnes » deviennent les « Trois Grandes Lumières » pour la première fois, avec cette précision : « La Bible pour diriger et gouverner notre foi ; l’équerre pour mettre nos actions d’équerre ; le compas pour nous maintenir dans de justes bornes envers tous les hommes, particulièrement envers un frère ». Le XIXème siècle trouvera ces rituels inchangés à un détail près : la Bible ne gouverne plus notre « foi », elle « règle et gouverne notre loi » on se rapproche alors du vocable « Volume de la Loi Sacrée ».
En 1829 : La Bible a disparu du Rituel, sous l’égide du Suprême Conseil de France elle est remplacée sur l’autel des serments par les Statuts Généraux de l’Ordre.En 1875 : Le Convent de Lausanne du Rite Ecossais Ancien et Accepté exprime au monde sa vision spirituelle dans une proclamation, rédigée de la main d’Adolphe Crémieux, dans un discours ultérieur le Grand Commandeur et Grand Maître du Rite Écossais Adolphe CREMIEUX développe cette vision « La religion maçonnique n’est pas ce qu’on appelle une religion. La franc-maçonnerie les admet toutes, elle n’en repousse aucune… Soyez catholiques, protestants, juifs, mahométans, la Maçonnerie ne vous le demande pas… Le spiritualisme est donc le fond réel de la Maçonnerie ». La Bible n’est plus ouverte en loge, mais le franc-maçon du REAA acquiert une spiritualité.
Le 18 Septembre 1953 : sous le titre La Maçonnerie universelle et la Grande Loge de France, le convent de la grande Loge décidait d’inclure dans ses constitutions la présence sur l’autel des serments du Volume de la Loi Sacrée. Le Frère rapporteur, Etienne GOUT, argumentait ainsi : « cette réforme ne sera qu’un simple retour à la tradition autrefois observée par l’écossisme français, et la présence sur l’autel du Volume de la Loi Sacrée n’implique, pour les Maçonneries qui l’admettent, aucune obligation de croyance à un principe religieux déterminé ».
C’est ainsi que les rituels successifs imprimés depuis par la Grande Loge de France, jusque et y compris le rituel de 1984, encore en vigueur dans les années 90, consacrent le serment de l’apprenti « sur les trois grandes lumières de la franc-maçonnerie : le Volume de la Loi Sacrée, le Compas et l'Equerre » et précisent que « Le Volume de la Loi Sacrée peut-être ouvert à tout endroit. Si ce volume est la Bible on l'ouvre de préférence à II Chroniques 2-5 ou à I Rois 6-7 où il est question de la construction du Temple de Salomon… »
Enfin c’est seulement au tournant du XXIème siècle que le rituel de la Grande Loge de France précisera : « Les Trois Grandes Lumières sont constituées par : le Volume de la Loi Sacrée (à la Grande Loge de France c’est la Bible), le Compas et l’Equerre… Le Volume de la Loi Sacrée sera obligatoirement ouvert pendant les Travaux au Prologue de l’Evangile de Saint-Jean ». Sens symbolique du Volume de la Loi Sacré : Le Volume de la Loi Sacrée est placé sous l’équerre et le compas. Il représente la loi écrite que l’on respecte, car elle est sacrée. Lors du rituel d’ouverture des travaux, le frère expert dispose les Trois Grandes Lumières sur l’autel des serments ; notamment il ouvre le Volume de la Loi Sacrée au Prologue de l’Evangile de Saint Jean. Ce faisant il « ouvre » le V\ L\ S\ ce qui veut aussi dire que ce qui est dans le livre peut être scruté, observé et non plus caché comme lorsqu’il était fermé. Il n’est que le symbole de la Loi et n’est pas la Loi universelle, car son contenu peut changer lorsque l’on change de volume. Il n’est donc Loi Sacrée que parce que celui qui y fait référence le considère comme telle. Cette croyance ou cette certitude est personnelle et ne peut être imposée.
Je ne vais pas écrire les 18 versets que contient le prologue de l’Evangile selon Jean mais la lecture de celui-ci incite l’apprenti à méditer sur ce raccourci : Il y a la Parole que l’on peut nommer le Verbe, le Verbe donne la Lumière et la Lumière donne la Vie mais le Verbe est Dieu. Le Volume de la loi sacrée est un symbole fort. Il est support de la liaison entre l’homme et Dieu. Il dicte les règles de bonnes conduites. Il normalise les règles sociales. Il est la mémoire des ancêtres et des valeurs du passé. Il est le rituel des pratiques religieuses. Il est la mémoire du monde au travers de ses mythes. Ceci est vrai quel que soit le Livre Traditionnel retenu. Le Volume de la Loi Sacrée et moi : J’ai été élevé dans un environnement chrétien et la présence de la Bible comme Volume de Loi Sacrée ne m’a évidemment pas choqué. Toutefois je m’étais décrit devant vous, lorsque j’étais encore profane, comme un agnostique.
Mon apprentissage au sein de cette Loge de St Jean m’a permis de me resituer de façon plus précise dans le vaste domaine de la spiritualité et je crois pouvoir affirmer aujourd’hui que je suis adogmatique terme qui me convient mieux qu’agnostique. En effet ce qui m’a toujours gêné pour ne pas dire choqué en religion est cette prédominance d’un dogme, d’une vérité absolue propre à chaque religion comme si celle d’à côté n’avait pas de valeur, n’était qu’hérésie. Je n’ai jamais compris pourquoi on pouvait se battre au nom d’une religion alors que toute religion ne devrait prôner que l’amour de son prochain, toute ethnie confondue. Je n’ai jamais compris que l’on puisse se dire fervent croyant et accomplir des actes qui ne respectent pas les plus élémentaires règles de droiture. Les exemples historiques en matière de guerres de religion ne manquent pas et ce n’est pas le sujet mais très tôt, pour moi, il était évident que si Dieu existe (là c’est encore mon côté agnostique qui ressort mais je devais être un APP : Agnostique Provisoire en Pratique) ce devait être le même pour tous. Mon apprentissage en Franc-Maçonnerie m’a permis de découvrir le Grand Architecte de l’Univers, et, pour la première fois je me suis rendu compte que l’on pouvait effectivement parler d’un Créateur de toute chose sans être obligé de passer sous les Fourches Caudines de quelque religion que ce soit. Au contraire cette approche permet à chacun de se positionner en fonction de ses convictions sans jamais entrer en conflit avec quelque frère que ce soit. Cela me convient parfaitement car au-delà de toute croyance je me suis toujours dit que la matière et la notion d’espace-temps relevait bien d’un Créateur. En effet même si la théorie du Big Bang et de l’expansion de l’univers est actuellement ce qu’il y a de plus acceptable dans le domaine de la création de l’Univers il n’y a pas de théorie solide quant à l’existence même de la matière primordiale concentrée en un point de masse infinie (même en tenant compte de l’existence potentielle de l’antimatière).
Dès lors qui dit Créateur dit règles à suivre, car rien ne peut être créé sans but, et c’est ainsi que l’on peut opposer le Cosmos au Chaos. Mais qui dit règles à suivre dans une approche transcendante dit aussi Lois Sacrées et la transmission de celles-ci de générations en générations d’où les livres de Lois Sacrées. Le Volume de la Loi Sacrée, que ce soit la Bible ou tout autre Livre accepté en franc-maçonnerie au Rite Ecossais Ancien et Accepté, est donc ce pilier qui symbolise la rectitude, la droiture dont doit faire preuve l’initié dans la construction de son temple intérieur avec l’appui de ses frères.
J’ai dit, V\ M\
Re: VLS - Volume de la Loi Sacrée
Volume de la Loi Sacré et Tradition
Loge : Amour et Spiritualité - Orient de GEX
Volume de la Loi Sacré et Tradition
Pour travailler sur la première question soumise à l’étude des loges à savoir : « Volume de la Loi Sacré et Tradition ». « En Grande Loge de France, les Trois Grandes Lumières de la Maçonnerie traditionnelle sont ouvertes sur l’Autel des Serments : Equerre, Compas et volume de la Loi Sacrée. Le Volume de la Loi Sacrée est la Bible. La lecture que nous en faisons, qui ne se réfère à aucune religion particulière, nous permet, en tant que Franc-Maçon de REAA, de manifester notre liberté d’interprétation.
1. En quoi cette lecture peut-elle référée à une tradition initiatique ?
2. A quoi renvoie la notion de Loi Sacré ? »
Dans un premier temps nous avons tâché de définir la Bible en tant que Volume de la Loi Sacrée, c’est-à-dire définir ce que pourrait être une lecture qui ne se réfère à aucune religion particulière. Pour rappel que dans l’histoire de la Maçonnerie, le Volume de la Loi Sacrée n’a pas toujours été la Bible (Nouveau testament, Evangile de St Jean, la Constitution d’Anderson, un livre blanc). Il a été rappelé que, dans la Chrétienté, la Bible n’était pas un livre de loi mais bien un ouvrage d’interprétation de la Loi Chrétienne, cette dernière étant inscrite dans les 10 Commandements. Il est à noté que les valeurs et obligations amenées par cette Loi sont communes à beaucoup de religion et notamment aux 3 « religions du livre » que sont le Judaïsme, l’Islam et la Chrétienté.
Dès lors, nous pouvons dire qu’en dehors de toute religiosité, le Volume de la Loi Sacrée n’est pas à considérer dans sa dimension « Sacrée » mais bien dans la notion d’ouvrage référant.
La tradition nous apporte la notion de parcours, de chemin. Elle évolue dans le temps mais ne change pas dans sa fondation. Elle nous renvoie à un usage passé s’exprimant dans le présent pour nous guider vers le futur. Le qualificatif d’initiatique introduit la notion de transmission, de passage.
La Bible, en tant que symbole ne représentant aucune religiosité mais bien de livre guidant la vie de son lecteur, peut être considérée comme référant d’une tradition initiatique puisqu’elle établit un chemin guidant son lecteur par delà de lui-même.
La notion de Loi ramène, une nouvelle foi, au concept de guide qui régit un comportement individuel pour qu’il soit acceptable par le groupe. De part son caractère évolutif dans le temps, une Loi est infaillible puisqu’à terme elle régule l’ensemble d’une question de société. La notion de Sacré renvoie à la notion « d’indiscutabilité » et même temps d’abstraction puisqu’on ne peut définir que de manière abstraite « qui » sacralise. Nous ne retenons pas ici le coté religieux du mot Sacré et ce malgré le fait que le sujet nous ramène à la Bible. La juxtaposition de ces deux termes définit la description d’un guide indiscutable de la justice et de la vertu.
Nous avons aussi évoqué fait que la notion de Loi Sacrée ramène au concept de Devoir Moral et ce : envers l’humanité dans son ensemble, envers l’Homme, envers nos frères, envers l’ordre.
C\ L\
Re: VLS - Volume de la Loi Sacrée
Le Volume de le Loi Sacrée
Le Volume de le Loi Sacrée
« Ce que nous sommes, nous le sommes dans et par l’histoire. Ce que nous sommes n’est pas seulement sorti du temps présent, mais c’est essentiellement un héritage culturel, le résultat du travail de toutes les générations antérieures… Notre permanence spirituelle est ancrée dans notre continuité historique ». Nous enseigne Henri Tort-Nouguès dans L’ordre maçonnique.
C’est ainsi que tout travail d’approfondissement de cette permanence spirituelle que symbolise la présence de la Bible comme Volume de la Loi Sacrée sur l’autel des serments impose un inventaire historique de cet héritage culturel et spirituel reçu de toutes les générations qui nous ont précédés sur ce chemin de l’initiation maçonnique.
Commençons donc par tenter de suivre, sans toutefois prétendre à l’exhaustivité d’un historien, que je ne suis pas, les évolutions successives de la place du Volume de la Loi Sacrée dans les rituels de cette Franc-maçonnerie qui deviendra de Rite Écossais Ancien et Accepté.
L’histoire des relations de la Bible et de la Franc-maçonnerie au cours de ces derniers siècles apparait aussi mouvementée que celle de ces couples qui n’ont cessé de se séparer, de se partager, de se retrouver, pour enfin vivre sur leurs vieux jours une relation sereine, beaucoup plus profonde que l’accord inconscient, simple, conformiste et quelquefois imposé de leurs débuts.
C’est à l’occasion du serment que la Bible, les Ecritures, voire l’Évangile de Saint Jean, furent d’abord présents en Loge. Aux alentours de 1268, déjà « Le maître qui garde le métier doit faire jurer à l’apprenti sur les Saints Évangiles, qu’il se conformera aux usages et coutumes du métier » nous indique le manuscrit du Livre des Métiers d’Etienne Boileau, prévôt de Paris. De même en 1370, le serment, le Livre, et la loge apparaissent ensemble dans l’ordonnance de la Cathédrale d’York avec un ensemble de règles concernant les horaires, les pauses casse-croute et la boisson, qui se conclut ainsi :
« et il jurera sur le Livre de garder et observer consciencieusement et aussi activement qu’il le pourra, sans ruse, feinte ni tromperie, tous les points de ladite ordonnance… »
A cette même époque d’organisation du métier de maçon outre-manche, le quatorzième point du manuscrit Regius, 1390, étend l’obligation de serment à tous les maçons du royaume :
« Sur tous les points susmentionnés il faut que tu sois assermenté ; et tous doivent prêter le même serment des maçons, de gré ou de force… ».
Deux siècles plus tard, après avoir franchi l’étape cruciale de l’invention de l’imprimerie par Gutenberg avec l’impression de la Bible à quarante deux lignes en 1455, nous trouverons, dans le manuscrit d’origine anglaise Grand Lodge 1, daté de 1583, plus de précisions sur la prestation du serment. Il s’git d’une phrase en latin, que l’on retrouvera pendant plusieurs siècles dans tous les manuscrits d’origine anglaise : « Alors l’un des anciens tient le livre, et ils poseront la main sur le livre, et alors on doit lire les devoirs ».
Plane ici une petite incertitude entre le livre des constitutions rédigé à cette même époque et la Bible, pour la prestation du serment des maçons. Cependant le contexte, en particulier la prière finale, « votre salut éternel est en votre pouvoir par ce livre qui est en votre main. Amen, ainsi-soit-il ». Conduit bien à penser que ce livre ne peut être que la Bible.
Un siècle passe encore, et c’est un manuscrit écossais des archives d’Edinburgh qui apportera la première confirmation précise de l’utilisation de la Bible en Loge. Ce document, qui porte le titre « Quelques questions à propos du mot de maçon - 1696 », sans doute le premier document maçonnique à caractère rituel connu, décrit la manière de donner le mot de maçon : « Tout d’abord vous devez faire agenouiller la personne qui va recevoir le mot…vous lui faites prendre la Bible et, posant sa main droite dessus, vous devez l’exhorter au secret… » On imagine que la Bible était alors ouverte à l’évangile de Saint Jean en lisant la manière dont ce manuscrit décrit l’entrée du nouvel apprenti : « Me voici, moi le plus jeune et le dernier apprenti entré, qui viens de jurer par Dieu et par Saint Jean ».
Le manuscrit Sloane, lui aussi d’origine écossaise, à peu près de la même époque, 1700, de même que le manuscrit Chetwoode Crawley, encore un manuscrit écossais de la même époque, reprennent la même phrase : « Me voici, moi le plus jeune et le dernier apprenti entré qui vient de jurer par Dieu et par Saint Jean… » Mais l’innovation de ce dernier manuscrit, c’est que la Bible n’y est plus seulement utilisée comme support du serment mais aussi comme texte de référence pour définir les mots de maçon : « Où trouve-t-on les mots ? En I Rois, chap 7ème, verset 21 et II Chron. 3ème chap. dernier verset ». Evolution essentielle, la Bible n’est plus seulement pour le franc-maçon la garantie du parjure par la perte du salut éternel, elle devient au tournant du XVIIIème siècle le livre où il pourra trouver la référence de ses mots, dans un premier temps, et plus tard de ses légendes.
Les manuscrits et divulgations maçonniques du début du XVIIIème siècle, comme le manuscrit Wilkinson, qui d’après les historiens reflète bien l’activité maçonnique entre 1724 et 1730, précisent et fixent les modalités du serment exactement tel que nous le prêtons encore aujourd’hui, et confirment la présence de la Bible en Loge : « Quels sont les meubles de la Loge ? La Bible, le compas et l’équerre ». Mais ils développent aussi cette nouvelle orientation d’une Bible à ouvrir et à lire en quête des mots et des légendes : « Voir chapitre 3 du 2ème livre des Chroniques, verset 17, où vous trouverez le nom de la colonne de gauche devant le Temple, et de celle de droite » nous indique le manuscrit Wilkinson. Cela devient encore plus évident dans le manuscrit Graham, daté de 1726 : « Je reconnais que vous êtes entré, maintenant je vous demande si vous avez été élevé ? Oui je l’ai été. Dans quoi avez-vous été élevé ? J’ai été élevé dans la connaissance de nos origines tant par la tradition que par l’Ecriture… »
Pendant près d’un siècle les divulgations successives et les premières publications autorisées de rituels, qu’ils soient de rite moderne ou ancien, n’apporteront aucune modification sensible à ces éléments. Je me cantonnerai, pour la suite de l’histoire, à ces rituels écossais, qui conduiront aux rituels du REAA du début du XIXème siècle, en remarquant que la Bible, le Compas et l’Equerre, après avoir été des « meubles » de la loge, ou les « trois colonnes » dans la manuscrit Dumfries de 1711, deviennent pour la première fois les « Trois grandes Lumières dans la Maçonnerie » en 1760 dans Trois Coups Distincts, avec cette précision : « La Bible pour diriger et gouverner notre foi ; l’équerre pour mettre nos actions d’équerre ; le compas pour nous maintenir dans de justes bornes envers tous les hommes, particulièrement envers un frère ».
A l’issue de la Révolution française, l’orée du XIXème siècle trouvera ces rituels inchangés à un détail près : la Bible ne gouverne plus notre « foi », elle « règle et gouverne notre loi » Accident de transcription, ou volonté délibérée ? Le fait est que ce mot « loi », prémices du vocable « Volume de la Loi Sacrée », introduit une nouvelle signification sensiblement différente de la « foi », à l’issue du Siècle des Lumières où des maçons comme Jean Théophile Desaguliers estiment que la « forme la plus parfaite [de gouvernement] est celle qui s’approche au plus près du gouvernement naturel de notre système selon les Lois établies par le Très-Sage et Tout-Puissant Architecte de l’Univers ».
C’est une vingtaine d’année plus tard que se produira le grand bouleversement : La Bible a disparu du Rituel selon les Anciens Cahiers, rédigé en 1829 sous l’égide du Suprême Conseil de France, qui gère alors toutes les loges de rite Ecossais, y compris les trois premiers degrés. Elle est remplacée sur l’autel des serments par les Statuts Généraux de l’Ordre. A l’image de ce XIXème siècle qui vit fleurir l’ésotérisme maçonnique, avec Jean Marie RAGON et Oswald WIRTH parmi bien d’autres, et se définir la spécificité spirituelle du REAA avec Jean Pons VIENNET et Adolphe CREMIEUX pour ne citer qu’eux, ce rituel, s’il reconnait d’entrée « L’existence d’un Dieu, Grand Architecte de l’Univers, Auteur de tout ce qui est », place un tout nouvel accent sur la méthode maçonnique : « En quoi consiste le mode employé en Maçonnerie ? Dans des mystères et dans des allégories. Que signifient ces purifications ? Que pour être en état de jouir de la Lumière de la Vérité, il faut se dégager de tout préjugé et se livrer avec ardeur à l’étude de la Sagesse… Comment se nomme cette Loge ? Elle se nomme Loge de Saint Jean. Que veut dire cette dénomination ? Comme Saint Jean, que les anciens nommaient Janus, semble garder les portes du ciel et les ouvrir à l’astre radieux du jour, la route céleste que parcourt le Soleil fut nommée le Temple ou l’empire de Janus. De même aussi la Loge, où travaille les Maçons pour parvenir à la connaissance de la Vérité qui est la vraie Lumière, est nommée Loge de Saint Jean, parce qu’elle est une image de l’univers ».
Les maçons écossais ne jurent plus sur la Bible, mais ils proclament qu’ils effectuent un travail symbolique, en quête de la Vérité qui est la vraie Lumière, dans un Temple qui est le symbole de l’univers.
En 1875, le Convent de Lausanne du REAA exprime au monde sa vision spirituelle dans une proclamation, rédigée de la main même d’Adolphe Crémieux, si dense et si précise qu’elle sera dorénavant lue à tous les futurs maçons du rite avant leur prestation de serment. Dans un discours ultérieur le Grand Commandeur et donc aussi Grand Maître du Rite Écossais Adolphe CREMIEUX développe cette vision : « La religion maçonnique n’est pas ce qu’on appelle une religion. La franc-maçonnerie les admet toutes, elle n’en repousse aucune… Soyez catholiques, protestants, juifs, mahométans, la Maçonnerie ne vous le demande pas… Le spiritualisme est donc le fond réel de la Maçonnerie ». La Bible n’est plus ouverte en loge, mais le franc-maçon de notre rite acquiert une spiritualité.
Il faudra attendre plus d’un siècle pour que la Bible fasse son retour dans les rituels de la Grande Loge de France, sous le nom de Volume de la Loi Sacrée. Le 18 Septembre 1953, sous le titre La Maçonnerie universelle et la Grande Loge de France, le convent de la grande Loge décidait d’inclure dans ses constitutions la présence sur l’autel des serments du Volume de la Loi Sacrée. Le Frère rapporteur, Etienne GOUT, argumentait ainsi : « cette réforme ne sera qu’un simple retour à la tradition autrefois observée par l’écossisme français, et la présence sur l’autel du Volume de la Loi Sacrée n’implique, pour les Maçonneries qui l’admettent, aucune obligation de croyance à un principe religieux déterminé ». Ce terme « Volume of the Sacred Law » naquit aux Indes au milieu du XIXème siècle, quand les juridictions anglo-saxonnes commencèrent à recevoir des musulmans, des hindous, des parsis, des sikhs, et que l’on dut faire prêter serment à ces nouveaux membres non sur la Bible, mais sur les Livres Saints de leurs religions respectives. On retrouve ici l’écho de la préoccupation de Crémieux et du Convent de Lausanne : « Aux hommes pour qui la religion est la consolation suprême, la maçonnerie dit : cultivez votre religion sans obstacle, suivez les inspirations de votre conscience ; la Franc-maçonnerie n’est pas une religion, elle n’a pas un culte ».
C’est ainsi que les rituels successifs imprimés depuis par la Grande Loge de France, jusques et y compris le rituel de 1984, encore en vigueur dans les années 90, consacreront le serment de l’apprenti « sur les trois grandes lumières de la franc-maçonnerie : le Volume de la Loi Sacrée, le Compas et l'Equerre ». Ces rituels préciseront que « Les Livres Traditionnels admis par la F\ M\ sont la Bible, composée de l'ancien et du nouveau testament ; les Védas de l'Hindouisme ; le Tripitaka du Bouddhisme ; le Coran des musulmans ; le Tao Te King des Taoïstes ; les Quatre Livres de la doctrine de Koung-Fou-Tseu ; le Zend Avesta du Zoroastrisme » et que « Le Volume de la Loi Sacrée, symbole de la Tradition, peut-être ouvert à tout endroit. Si ce volume est la Bible on l'ouvre de préférence à II Chroniques 2-5 ou à I Rois 6-7 où il est question de la construction du Temple de Salomon… ».
La Bible dite « maçonnique » que l’on retrouvera alors le plus souvent dans les loges, éditée par Jean Vitiano, était dotée d’une « Introduction au Volume de la Loi sacrée » de sept pages expliquant et justifiant l’utilisation de la Bible pour le travail maçonnique : « La Bible est, en effet, un grand livre, aussi grand que le monde, contenant entre ses feuillets tout ce qui est propre à symboliser le fini et l’infini, le contingent et le permanent, la matérialité la plus profonde comme la plus haute spiritualité et pour s’exprimer simplement, toute la terre en même temps que tout le ciel ».
Enfin, aussi étrange que cela puisse paraitre, et bien que l’usage en ait été beaucoup plus ancien, c’est seulement au tournant du XXIème siècle que le rituel de la Grande Loge de France précisera la présence de la Bible : « Les Trois Grandes Lumières…sont constituées par : le V\ L\ S\ (à la G\ L\ D\ F\ c’est la Bible), le Compas et l’Equerre… Le V\ L\S\ sera obligatoirement ouvert pendant les Trav\ au Prologue de l’Evangile de Saint-Jean ». La boucle est bouclée, le maçon français de rite Ecossais prête de nouveau son serment sur le prologue de l’Evangile de Saint Jean comme son prédécesseur trois ou quatre siècles auparavant à Edinburgh.
Mais sa relation à la Bible n’est plus la même. Comme ces vieux amants terribles, après plusieurs siècles de tribulations Bible et Franc-maçonnerie Ecossaise en France se sont retrouvés officiellement, sans s’être en fait jamais vraiment quittés, mais sur un plan beaucoup plus profond.
Notre relation à la Bible n’est plus du tout la même que celle du maçon de la Cathédrale d’York. Au fil de l’évolution du Rite nous avons appris à y trouver nos mots et nos légendes, à y rechercher les « Lois » de l’Univers et « la science de nos originels », l’histoire mythique d’une partie de l’humanité en quête de sa relation avec la Divinité, avec la Transcendance qu’elle pressent. Nous avons appris à utiliser « les symboles et les allégories » pour en percevoir les significations profondes, entrant ainsi dans une perspective ésotérique du Livre. Nous avons appris à utiliser la Bible pour nous « livrer avec ardeur à l’étude de la Sagesse » afin de « parvenir à la connaissance de la Vérité qui est la vraie Lumière ». Nous avons appris à y rechercher « tout ce qui est propre à symboliser le fini et l’infini, le contingent et le permanent, la matérialité la plus profonde comme la plus haute spiritualité » construisant ainsi une recherche spirituelle qui « n’impose aucune limite à la recherche de la Vérité » et n’implique « aucune obligation de croyance à un principe religieux déterminé », nous conduisant en quelque sorte au cœur de toutes les religions, car « La franc-maçonnerie les admet toutes, elle n’en repousse aucune ».
Cette lecture symbolique de la Bible, en quête du sens, de la Vérité et de la Lumière, cette perception ésotérique du Volume de la Loi Sacrée, n’est pas une invention nouvelle de la Franc-maçonnerie. Il existe un ésotérisme qui depuis plusieurs millénaires a traversé toutes les religions du Livre. L’ésotérisme chrétien, l’herméneutisme, dont le nom vient d’Hermès Trismégiste, explique qu’il ne peut y avoir d'interprétation correcte des sens cachés de l'Ecriture sans l'enseignement intérieur de l'Esprit, de sorte que la plupart de ses multiples sens échappe au plus grand nombre. Les anciens Pères assimilaient les Ecritures à la robe, aux mille couleurs, tissée d'or, portée par la fiancée royale. Pseudo-Denys l’aréopagite les compare au Vème siècle à des voiles sacrés à travers lesquels luit le rayon divin. Saint Grégoire le Grand assure au VIème siècle que c'est ainsi qu'on pourra trouver « sous la lettre, la moelle des paroles mystiques » et St Jérôme qu’« il est malaisé de deviner où peuvent être la source scellée et le jardin clos de l'Ecriture ».
La Renaissance, après la chape de plomb du moyen-âge, verra refleurir cette quête de la Connaissance cachée derrière l’exotérisme du Livre, avec Dante puis Pic de la Mirandole, en y ajoutant la recherche de l’Unité, d’une pensée qui réconcilie foi et raison, avec Lulle puis Ficin et Nicolas de Cues. Dans Le Banquet Dante veut nous faire partager cette science, « perfection dernière de notre âme…mais combien petit nombre demeurent ceux-là qui pourront parvenir à la pratique de tous désirée. Oh bienheureux le petit nombre de ceux-là qui siègent à la table où l’on mange le pain des anges ! » Et pour cela le premier enseignement consiste dans la recherche des sens cachés : « Les Ecritures se peuvent entendre et se doivent exposer principalement selon quatre sens. L’un s’appelle littéral et ne s’étend pas plus que la lettre des paroles feintives comme le sont les fables des poètes. L’autre s’appelle allégorique, et c’est celui qui se cache sous le manteau de ces fables, vérité celée sous beau mensonge… Le troisième sens s’appelle moral, et c’est celui dont les écolâtres se doivent de relever les traces dans les Ecritures… Le quatrième sens s’appelle anagogique, c'est-à-dire sur-sens ».
L’ésotérisme mystique juif, la Kabbale, n’a pas un enseignement différent. Ce sont les quatre niveaux de compréhension du Pardes, le Jardin : depuis le Pshat, littéral, puis le Remez, signe sous-entendu, jusqu’au Drash, le recherché, et enfin au Sod, le secret. Le Zohar, livre des splendeurs de la kabbale hébraïque, écrit vraisemblablement par Rabbi Moïse de Leon à la fin du XIIIème siècle, décrit ces même quatre niveaux de compréhension du Livre, sous une forme allégorique cette fois : « La partie la plus visible d’un homme, c’est le vêtement qu’il porte, et ceux qui manquent d’entendement, quand ils regardent l’homme, peuvent ne pas voir en lui plus que ce vêtement. Pourtant c’est en réalité le corps de l’homme qui fait la fierté de ses vêtements, et son âme est la gloire de son corps. Il en est de même pour la Torah. Ses récits qui rapportent des choses du monde composent l’habit qui couvre le corps de la Torah. Et ce corps est composé des préceptes de la Torah, ses principes majeurs. Les hommes sans entendement ne voient que les récits, les vêtements ; ceux qui ont un peu plus de sagesse voient également le corps. Mais les véritables sages, ceux qui servent le Roi Très-haut, ceux qui se tenaient au mont Sinaï, pénètrent jusqu’à l’âme, jusqu’à la Torah véritable qui est la racine fondamentale de tout. Aux temps futurs il leur sera accordé de pénétrer jusqu’à l’âme même de l’âme de la Torah ».
L’ésotérisme de l’Islam, Chiite, Ismaélien ou Soufi, utilise lui aussi la métaphore du Jardin : Le premier Cheikh jette un coup d’œil par-dessus le mur mais ne franchit pas la porte, le deuxième rentre dans le jardin et s’y endort, le troisième le visite en détail admirant ses splendeurs, et le quatrième devient comme fou, s’acharne dessus et le met sens dessus dessous. Et Abd-el-qader-al-Jilani, inspirateur au XIIème siècle de la plus ancienne des confréries soufies, la Qadiriyya, ne s’exprime pas autrement dans Le Secret des Secrets lorsqu’il parle de la Connaissance : « …ces sciences sont organisées en quatre sections. La première s’intéresse aux préceptes de la religion portant sur les obligations relatives aux choses et aux actions de ce monde. La seconde concerne le sens intérieur et la raison de ces préceptes… La troisième section se rapporte à l’essence spirituelle elle même, qu’on appelle sagesse. La quatrième section considère l’essence intérieure de cette essence, qui est la Vérité ».
René GUENON nous rappelle bien l’impérieuse nécessité pour notre travail initiatique d’aller chercher dans notre lecture de nos mots et de nos légendes ce quatrième niveau de signification qui est celui qui coordonne et unifie les trois autres : « Les commentateurs s’accordent généralement à reconnaître, sous le sens littéral du récit poétique, un sens philosophique, ou plutôt philosophico-théologique, et aussi un sens politique et social. Mais, avec le sens littéral lui-même, cela ne fait encore que trois, et Dante nous avertit d’en chercher quatre ; quel est donc le quatrième ? Pour nous ce ne peut être qu’un sens proprement initiatique, métaphysique en son essence, et auquel se rattachent de multiples données qui, sans être toutes d’ordre purement métaphysique, présentent un caractère également ésotérique. C’est précisément en raison de ce caractère que ce sens profond a complètement échappé à la plupart des commentateurs ; et pourtant, si on l’ignore ou si on le méconnaît, les autres sens eux-mêmes ne peuvent être saisis que partiellement, parce qu’il est comme leur principe, en lequel se coordonne et s’unifie leur multiplicité ».
Cette recherche des sens cachés des Écritures, l’herméneutique des Chrétiens, la voie qui va de la Shari’a, religion littérale, vers la Haqiqa, vérité et réalité spirituelle, pour les Musulmans, le passage de la Torah, la Loi, à la Qabbalah, l’enseignement de la Tradition, pour les juifs, se donne comme objet de quête la connaissance de l’Un que décrit au Chrétien du XIIIème siècle Maître Eckhart citant Isaïe : « Je conduirai la noble âme dans un désert et là je parlerai à son cœur : L’Un avec l’Un, l’Un de l’Un, l’Un dans l’Un et, dans l’Un, éternellement Un », ou Al Ahadiyyah des musulmans, l’unité divine insaisissable d’Abou Bakr Kalabadhi : « les pensées ne le cernent point, les voiles ne le cachent point, et pourtant les regards ne l’atteignent point », ou l’Ein-Soph que Moïse de Léon décrit ainsi au Kabbaliste juif : « Il se désigne lui-même Ein-Soph, l’infini. Il n’a ni forme ni apparence, et aucun vase ne peut Le contenir, ni aucun moyen Le saisir ».
Si ces trois lectures ésotériques du Livre sont si proches entre elles dans leurs moyens et dans leurs fins, et si proches de celle dont la franc-maçonnerie écossaise a hérité par l’histoire de notre rite, c’est qu’elles ont toutes une source commune, plus ancienne. Cette source, cette tradition qui a inspiré toute une lignée de philosophes de Platon jusqu’à nos jours et ensemencé toutes les religions du Livre, c’est la Gnose néoplatonicienne.
Les éléments essentiels de cette Tradition sont assez bien délimités. Sa première caractéristique est une aspiration à la cohérence logique entre les différents aspects de la philosophie, de la logique et de la métaphysique, associée à une nostalgie latente de ce qui est « en bas » vers ce qui est « en haut », source de son origine. Sa deuxième caractéristique est la méthode symbolique, que Porphyre appliqua à la lecture d’Homère, Philon d’Alexandrie puis les Kabbalistes à la Bible, et les Ishraqyun arabo-perses puis les Soufis au Coran. Pour la Gnose néo-platonicienne, le livre est une énigme qui offre à chacun la possibilité d’y trouver les significations cachées. Enfin, et ce n’est pas le moins important, sa troisième caractéristique est une conscience forte de l’unicité du Principe de ce que nous appellerions la Grande Architecture de l’Univers : « Toute multiplicité participe d’une manière ou d’une autre à l’Un » écrit déjà Proclus, successeur de Platon à la tête de l’académie.
Quand on compare le mode de lecture du Volume de la Loi sacrée issu de l’évolution de la maçonnerie Ecossaise en France avec cette Tradition, on comprend à quel point elle a ensemencé notre rite, faisant de nous ses héritiers. Il n’est donc pas étonnant que nous ayons choisi d’ouvrir dans nos loges le Volume de la Loi Sacrée au premier chapitre de l’Evangile de Jean. Car ce prologue est l’expression même de la Gnose. Les rapports du Poïmandrès, premier livre d’Hermès où nait l’idée de la gnose, et du prologue de l’Evangile de Jean sont manifestes, les phrases se correspondant une à une. Il est très probable qu’ils ont été écrits à des dates peu éloignées l’une de l’autre, vers l’an 70, dans des milieux où les mêmes idées et les mêmes expressions avaient cours, l’un parmi les judéo-grecs d’Alexandrie, l’autre parmi ceux d’Ephèse. Ce qui semble certain c’est que le Poïmandrès est sorti de cette école des Thérapeutes d’Egypte. Cette école des Thérapeutes où il était d’usage de placer sa main entre sa gorge et son cœur lorsque l’on prenait la parole au cours des agapes rituelles.
C’est la confrontation, au cœur de la pensée maçonnique écossaise du XIXème siècle, de cette très ancienne tradition avec les fruits du siècle des Lumières, liberté de pensée, respect de la raison et de la science, qui a fait éclore la spiritualité que nous vivons aujourd’hui au sein du Rite Écossais Ancien et Accepté. Liberté de pensée qui est dans notre franc-maçonnerie écossaise la liberté d’une pensée qui se construit et se confronte avec celle des autres, dans le respect et l’écoute, mais sans abdiquer de sa propre logique. Une pensée qui n’hésite pas, pour y réfléchir sans provocation mais avec rigueur, à remettre à plat tous les dogmes, que ce soient ceux des religions ou ceux de la pensée unique, ceux des médias ou ceux de l’opinion publique. Remise à plat qui n’a pas pour but d’arriver à une opinion commune, à une pensée maçonnique, mais qui a pour but de permettre à chaque frère d’asseoir plus profondément sa pensée personnelle. Car il n’y a pas de pensée maçonnique, pas de dogme maçonnique, chacun est libre de construire, ou de reconstruire, avec l’aide de ses frères, sa propre pensée dans un cheminement qui sera de toute façon un chemin intérieur et personnel.
Il n’y a pas de pensée maçonnique, mais il y a ce qu’on peut appeler une méthode maçonnique, bien que je n’aime pas le mot de méthode avec tout ce qu’il exprime à tort de rigidité. Disons plutôt un chemin, une voi(e), une voie maçonnique comme il y a d’autres voies dans de nombreuses Traditions de par le monde. Cette voie comporte l’apprentissage de l’écoute par le silence, indispensable à l’ouverture aux autres. Elle comporte aussi un autre apprentissage essentiel, l’éveil de l’ésotérisme du regard, la conversion du regard qui éveille notre conscience à ce qui nous dépasse, au-delà de l’apparence matérielle sur laquelle on s’arrête trop facilement. Cet éveil de la conscience à ce qu’il y a dans le monde au-delà du fric et de la frime, cet éveil de la conscience à cet univers dans lequel nous vivrons et nous mourrons, à ces hommes et ces femmes que nous côtoyons et qui ne seront plus dorénavant des concurrents ou des gêneurs mais d’autres nous-mêmes, dignes de respect et d’amour, cet éveil de la conscience à ce qui peut nous transcender et donner un sens à notre vie, c’est cela l’Initiation.
Grâce à notre double héritage, tradition millénaire de la gnose et liberté de pensée du siècle des Lumières, cet éveil de la conscience ne nie pas la matérialité de l’univers qui nous entoure, mais ouvre les yeux de chacun sur ce qui autour de lui peut le transcender, découverte intérieure progressive de la Transcendance. Cet éveil de la conscience ne nie pas l’altérité, mais ouvre le cœur sur l’essence de l’autre et de soi, découverte progressive de l’Immanence.
Ainsi je crois que si l’on peut reprendre le mot d’Adolphe CREMIEUX, quand il écrivait que la franc-maçonnerie écossaise n’était pas une religion, mais une spiritualité, cette spiritualité à comme caractère essentiel d’être une spiritualité libre, exempte de tout dogme. C’est une spiritualité car elle ouvre l’esprit sur ce qu’il y a au-delà de la matérialité brute, mais ce n’est pas une religion car elle n’apporte pas de révélations toutes faites. Elle n’apporte pas de réponses, mais aide à se poser des questions. Elle n’impose pas de dogmes, mais aide à réfléchir. Elle ne propose pas de gourous ou de docteurs de la Loi, mais l’aide des frères de la Loge. Elle ne conduit pas à une croyance, mais permet de reconstruire sa propre cohérence intérieure et de donner un sens à sa vie.
Cette voie spirituelle bien particulière pourrait bien être l’apport décisif de la Grande Loge de France à ce XXIème siècle qui s’ouvre, ce XXIème en manque désespéré de sens, ce siècle qui voit se vider les églises et se remplir les rayons ésotérisme des librairies, ce siècle qui voit fleurir les sectes de toutes sortes. Cette spiritualité libre devrait répondre parfaitement au besoin que ressentent confusément nos contemporains, cette « foule sentimentale » qui rêve d’« étoiles et de voiles » et que ne satisfont plus le matérialisme et la frime de notre société de consommation, mais qui a rejeté cependant les dogmes et les mystères de la religion de ses pères. Cette spiritualité libre doit en tout cas permettre à celui qui a faim de nourriture spirituelle, et soif de Connaissance, d’approcher la Transcendance sans pour autant abdiquer de la cohérence de sa pensée et de sa vie.
L\ T\
Re: VLS - Volume de la Loi Sacrée
Le VLS
Le VLS
" Frère Expert, veuillez ouvrir le Volume de la Loi Sacrée et faire apparaître les 3 Grandes Lumières... puis tracer le tableau d'apprenti." Ainsi ordonne le Vénérable Maître.
Indissociables, les 3 Grandes Lumières s'inscriraient dans un Principe Architectural et rituel (voire cultuel) très affirmé. Peut-être même nous indiquent-elles le symbole unifié d'un Essentiel Cosmique. Ainsi, dans notre Temple, le Volume de la Loi Sacrée, placé sous l'Axe du Monde (Fil à Plomb), sur lequel se superposent la Terre (Equerre) et le Ciel (Compas), se positionne au beau milieu d'un cône qui part du Delta Rayonnant et se finit sur le Pavé Mosaïque. Ce qui provoque la relation étroite entre l'Oeil du Delta et le Volume de la Loi Sacrée qui, utilisé avec l'aide de l'équerre et du Compas, nous propose la compréhension du monde que représente le Pavé Mosaïque. Le chemin serait alors le passage du Dual (le damier) à l'Unique (l’œil) par le filtre de la Connaissance (3 Grandes Lumières). Nous apprécions ici la ternarité (que nous retrouverons dans l'évangile non synoptique de Jean), ternarité si chère à l'Apprenti: l'angle droit du carré et le cercle se révèlent en quadrature par l'Universel qui fut, est et sera construit des oppositions complémentaires et symbiotiques tracées par les outils équerre et compas.
Le Volume de la Loi Sacrée, troisième Grande lumière, parce que symbole, ne supporte pas de définition. Mais si nous nous contentons d'une étymologie sommaire, il en ressort que le "volume" est géométriquement un "espace à 3 dimensions occupé par un corps; ou bien considéré comme mesure de cet espace; ou corps lui même". Depuis l'Antiquité, le volume est aussi "un manuscrit enroulé autour d'un cylindre". On constate que les deux définitions ne sont pas antinomiques et que le Volume de la Loi Sacrée de notre obédience en est une des compositions première par les trois dimensions du livre et les écrits qu'il renferment. Par ailleurs, le volumen latin est le rouleau, que l'on retrouve dérivé dans volvere, la voûte; voluta comme bande spirale du chapiteau ionique; archivolte comme voûte principale... Ce qui pourrait nous questionner sur les interférences entre la voûte architecturale, voire la Voûte Céleste avec le Volume de la Connaissance.
Cette idée de manuscrit en trois dimensions, donc, nous amène à une visualisation du Livre, tel le Livre de Moïse, le Pentateuque ou l'on retrouve la loi décalogue de Dieu ou bien tel le "Livre de Vie" de l'Apocalypse qui s'identifie à l'Arbre de Vie et dont les caractères représentent la totalité des êtres et des décrets divins. Le Livre comme "Liber Mundi", manifestation archétype du Principe Créateur, symbole du secret primordial et de l'intelligence cosmique livrés à l'Initié. Le Volume de la Loi Sacrée serait donc symbole de l'Univers par sa manifestation lorsqu'il est ouvert car, fermé, il n'est que matière vierge non encore fécondée. "Ouvrir le Volume de la Loi Sacrée", c'est en révéler son cœur. Fermé et ouvert, le parallèle serait aisé avec le travail de l'apprenti sur la Pierre Brute et la Pierre Taillée, volumes elle-même au sens premier du terme.
Mais, lorsque nous employons le mot "Volume", nous l'associons irrémédiablement à "Loi Sacrée". Or, si nous pouvons succinctement aborder le terme de "sacré" comme le caractère de ce qui transcende l'humain (par opposition à profane), ou ce qui s'impose par sa haute valeur aussi subjective soit-elle; si l'on considère le sacré comme ce qui transfigure l'ordinaire et lui donne un "sens", sens créé peut- être par notre libre arbitre; en revanche, il paraît difficile d'offrir une définition universelle de la Loi. Loi des hommes? et laquelle? Loi des préceptes révélés ou prescrite par une autorité divine? Loi naturelle? Loi des comportements comme règles sociales, morales? Loi issue de legare, "envoyer en mission"? La question est donc de savoir de quelle Loi nous parle le Volume sur lequel nous avons juré devant l'hôtel des Serments, une Loi peut-être comme la Tora dans son sens synonimique de Parole et d'Alliance.
Que ce volume ouvert, comme manifestation cosmique, puisse se spécifier au travers des écrits de Confucius, du Zoroastrisme, Bible, Coran et autres Tora n'a peut-être d'importance que par leur compréhension au sein des cultures dont ils sont issus et... fondateurs. Et, parce que l'origine de la Maçonnerie comme notre civilisation occidentale participe du judéo-christianisme, il apparaît assez naturel que la Bible soit référence. La Bible ouverte et, tout particulièrement, dans notre obédience, au Prologue de la Bonne Nouvelle de Saint Jean.
« Au Commencement était le Verbe
Et le Verbe était avec Dieu
Et le Verbe était Dieu »
Voilà donc une puissante ternarité fondatrice qui nous propose implicitement la Trinité dogmatique du Père, Fils et Saint-Esprit et qui cite par trois fois le vocable "Verbe".
Le Verbe en Grec ancien, langue dans laquelle Jean rédigea son évangile, s'écrit "LoGos" que l'on traduirait par "Parole" ou "Raison" et ce dans la perspective très optimiste d'une synonimie des deux mots. Anecdotiquement, d'aucuns voient en LoGos, L et G, le Lambda et le Gamma qui dans les écritures antiques seraient représentés comme l'équerre et le compas superposés.
Mais quand Jean nous parle du Verbe (comme troisième de la Trinité), il en affirme le rôle révélateur qui implique la lutte duale et dramatique entre la lumière qu'il apporte et les ténèbres qui s'opposent à elle :
« De tout être il est la Vie
La Vie est la Lumière des Hommes
La Lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l'ont pas saisie »
Le Verbe est par conséquent Lumière et les deux ne feraient qu'un tout comme leurs racines grecques et latines se retrouvent en "Dieu" à la racine dei, "briller" et au préfixe Di comme "jour et lumière", décliné en Dia "passage et séparation" préfixe de Dialogue qui nous ramène au LoGos.
Le Verbe est donc Lumière dont l'accessibilité et la découverte, de part les ténèbres omniprésentes (génératrices ou conséquentes?), demandent à l'Homme qui veut la découvrir ou y tendre exigence et rectitude. Là semblerait être notre quête d'initié, notre Loi d'Apprenti perpétuel.
Et le message de Jean ne s'arrête pas au prologue, même s'il en est l'Essence, car Sa Bonne Nouvelle, est avant tout l'Evangile de La Connaissance et de la Gnose (Essence de l'Être, Homme intérieur), il s'inscrit dans un dualisme non abordé encore dans les Synoptiques, sur la mystique de l'Unité et la nécessité de l'amour fraternel.
« Il est venu chez lui
et les siens ne l'ont pas accueilli »
C'est bien de fraternité et de tolérance dont il est question ici, d'Amour. Un audacieux raccourci enseignerai que l'ascension vers la Lumière passe par la connaissance du moi intérieur au travers de l'Amour de nos frères. Et, Ne serait-ce pas là un fondement primordial de notre apprentissage maçonnique ?
Quand il fallut jurer sur le Volume de la Loi Sacrée lors de notre initiation, j'aurais préféré, de part mon athéisme, "Promettre sur un Livre Blanc" auquel j'accordais toutes les valeurs de l'Humanité et tout le sacré de mon Serment. Si je respectais la Bible en tant qu'Histoire Universelle, elle gênait mon engagement de part l'utilisation que certains pouvoirs et hommes de peu de bien en on fait. Le Livre Blanc symbolisait alors toute l'Histoire humaine dont chaque récipiendaire s'imprègne tout en y apportant sa propre humanité. Donc un livre écrit à l'encre sympathique, un livre vivant, un livre exponentiel, sacré par le serment de générations et de générations.
Mais le Volume de la Loi Sacrée sur lequel j'ai prêté serment participe bien de tout cela, il est cela, il est notre Livre Blanc et bien plus encore par le mystère de sa parole. Par surcroît, ouvert au Prologue de Jean, qui ne se raccorde à aucune pensée révélée, il permet une véritable spiritualité adogmatique. Mais par notre serment sur le Volume de la Loi Sacrée, on accède à l'Histoire de l'Humanité et à l'obligation d'y participer car il est la Loi des anciens et le fondement pour de nouvelles valeurs. Son écrit est certes le signe d'une Vérité qui nous dépasse et qu'il nous reste découvrir.
Le Volume de la Loi sacrée est donc écrit, il est verbe par lui-même, parole et dialogue et c'est par ce dialogue fraternel que notre construction débute. La Parole devient alors le Principe Créateur.
Mais enfin, je m'interroge et m'en ouvre à vous, si ouvert, Le Volume de la Loi Sacrée nous offre la Parole, sa Loi est-elle nécessairement La Règle comme l'insinue la synonimie des deux mots dans notre langue contemporaine?
J'ai dit.
H\ M\
Re: VLS - Volume de la Loi Sacrée
Le Volume de la Loi Sacrée
Le Volume de la Loi Sacrée
Après le DELTA RAYONNANT, les trois autres grands symboles Maçonniques sont :
· L'EQUERRE permettant de transformer une pierre brute en pierre cubique;
· Le COMPAS qui symbolise les bornes que l'esprit humain ne peut pas franchir.
· Le VOLUME DE LA LOI SACREE.
Nous travaillons ainsi sur le VLS avec rectitude et mesure. Ces trois grandes Lumières de la franc-maçonnerie sont toujours exhibées pendant nos travaux. Pour la "REPRESENTATION" du Volume de la Loi Sacrée les principaux LIVRES TRADITIONNELS sont admis, la Bible étant celui de notre culture, et celui de notre tradition Maçonnique. Nous travaillons à la Gloire Du Grand Architecte de l'Univers, c'est à dire que nous reconnaissons l'existence d'un Principe Créateur au sens le plus large que l'esprit humain puisse concevoir, mais aussi au sens le plus intime que chacun d'entre nous puisse lui donner.
Jules Boucher précise que la notion du Grand Architecte de l'Univers est, en Maçonnerie, à la fois plus ample et plus restreinte que celle du Dieu des diverses religions. Pour René Guenon, Le Grand Architecte de l'Univers trace le plan idéal qui est réalise en acte, c’est-à-dire manifeste dans son développement par les êtres individuels qui sont contenus dans son Etre Universel.
Durkheim, l'un des deux pères fondateurs de la sociologie précise par ailleurs, qu'il n'est pas possible de définir la religion en référence à un Dieu transcendant ou à un élément surnaturel; c'est dans la division du monde sacré et du monde profane que se trouve le principe essentiel de la religion.
Les religions nous relient au Sacré dans une conception qui leur est chacune bien spécifique.
Ainsi, nous ne pouvons envisager de comprendre la signification M.: du VLS dans une quelconque restriction dogmatique ou dans une simple référence à Dieu.
La Loi Sacrée…Le sacré résulte de la différence "ressentie intimement" entre ce qui relève du quotidien et ce qui en diffère par nature.
Cette séparation est profondément enracinée dans un dualisme de la pensée qui oppose les ténèbres à la lumière, le corps à l'esprit, le mal au bien, le pur à l'impur.
Cette notion de Sacré provient aussi de notre crainte devant l'inconnu, le nouveau, le surprenant; pour nous, le sacré est ce qui échappe à notre pouvoir; nous le ressentons habite par une force mystérieuse et toute puissante.
Le Volume de la Loi Sacrée, Loi de L'Inconnu, Loi du Mystérieux.
S'agit-il du Volume de La LOI SACREE ou le Volume de LA LOI DU SACRE ? S'il s'agissait simplement d'une Loi Sacrée, cela évacuerait toutes les autres réponses possibles de l'Origine, du Sens, et du Devenir, puisque cette loi serait à prendre ou à laisser; cela serait ainsi à l'oppose de notre démarche M.: libre et ouverte, nous serions dans un dogme. Alors avançons en hommes libres dans la quête de cette Loi de l'Origine, du Sens et du devenir réglant cette impressionnante machine cosmique et donnant par le même fait un Sens à chacune des poussières de cosmos que nous sommes.
Rester libres nous oblige-t-il à rejeter alors la Bible ?
Non, nous ne pouvons évacuer d'un trait de plume toutes les tentatives de recherches menées par l'Homme pour le relier au sacré dans ses différents environnements géographiques et culturels; ainsi la Bible, pour nous, est-elle, une de ces tentatives de lien avec le sacré, une hypothèse de. Cela ne la place pas pour autant au-dessus d'une réponse individuelle et originale (une idée n'est pas toujours plus forte par le nombre d’adhérents), mais à partir du moment où l'on s'est avisé que la Bible fait partie de ce vieil et énorme héritage que nos pères nous ont légué, nous nous devons d'y chercher ce qu'ils voulaient nous y dire.
Message de nos pères, Message de Dieu, Message de Dieu a travers nos pères, ou Message de nos pères à travers l’idée de Dieu : qu'elle différence… la Bible avec ou sans Dieu serait pareille, dans le sens ou nous devons chercher à comprendre le Message d'où qu'il vienne.
Le Message Universel de la Bible... Le Volume du Message Universel... Le Volume du Message Sacré... Le Volume de la Loi Sacrée. La droite ligne ne nous mène pas de la Bible au Volume de la Loi Sacrée, mais un lien existe indéniablement.
A la quête de La Loi Sacrée, ou pour ma part de La Loi du Sacré, il nous faut chercher l'Essence de la Vie, le Sens de la vie et l'Espoir que la vie doit porter. Je remplace ainsi le mot Origine par Essence, et le mot Devenir par Espoir.
- quelle est la raison qui dirige le cosmos ?
- quel est le sens de notre vie de poussière d’étoiles ?
- quel espoir cette vie de poussière doit-elle porter ?
L'Homme des sa première expression, a toujours voulu expliquer et solutionner a travers des mythologies les grandes questions.
Un mythe n'est pas a sa naissance un récit gratuit de pure fantaisie : c'est la réponse a une question, c'est la solution d'un problème pose.
La mythologie de la Bible s'est largement inspirée de la mythologie Mésopotamienne elle-même issue d'autres civilisations plus lointaines encore.
Nous retrouvons la une démarche commune a toutes les avancées de l'Homme a travers le monde sous des éclairages culturels varies. Certaines de ces avancées sont ou ont été menées en parallèle avec ou sans influence, d'autres sont menées dans le prolongement des unes s'enrichissant mutuellement.
La Bible porte a notre connaissance le progrès d'un peuple parmi d'autres, dans ses sentiments religieux, son idéologie religieuse, son attitude religieuse qui a aboutit au christianisme à la confluence de la science des Grecs (qui ont mis en place, et à la première place l'Homme dans et devant l'univers) et de la sagesse des juifs (dans cette attitude profonde devant Autre Chose qui nous transcende et nous mène).
De la descendance d'Abraham en passant par le destin fédérateur de Moïse, puis par les prophètes, en particulier Ezechiel qui a transformée le Yahvisme en judaïsme, transférant la responsabilité collective du peuple juif devant Dieu a une responsabilité individuelle, nous arrivons à la base des premières lois morales de notre civilisation.
La contrepartie de la question du Sens, c'est la responsabilité que nous devons assumer devant les réponses. A toute cosmogonie correspond une responsabilité spécifique.
Toutes ces responsabilités se rejoignent dans une Loi Morale Universelle elle-même inclus dans La Loi Sacrée.
Nous ne pouvons être lâchés au hasard sans règle dans un univers qui, lui, répond a un ordonnancement immanent. Cet ordre immanent, nous le trouvons en nous-mêmes a notre échelle, dans ce qui nous semble inviolable, la vie, la liberté, l'amour etc... La Loi Sacrée est aussi en nous.
Il est indéniable que cette mythologie Biblique très réaliste car très impliquée dans le quotidien du peuple juif peut avoir à la fois un niveau dogmatique primaire d'une part, et un niveau symbolique. La question de la prédestination du symbolisme Biblique et de son origine divine relève de la Foi, mais n'est pas incompatible avec la reconnaissance du Sacré immanent. Le divin n'est pas le passage oblige pour accéder au Sacré dans la Bible ou dans tout autre Livre Traditionnel.
Ces tentatives contribuent a l’élaboration d'une conscience collective, d'une Loi Sacrée communautaire.
Une prière : devinez en l'origine :
Grand Esprit,
Dont je perçois la voix dans le vent
Et dont le souffle donne vie a toute chose
Entends-moi, moi qui suis petit et faible :
Donne moi force et sagesse.
Laisse moi admirer la beauté de notre terre,
Et que mes yeux contemplent chaque jour le couchant rouge et mauve !
Fasse que mes mains respectent les choses que tu as créées
Et que mes oreilles entendent ta voix.
Donne-moi la sagesse afin que je puisse comprendre
Ce que tu as enseigne a mon peuple.
Laisse-moi apprendre les leçons
Que tu as cachées dans chaque feuille et dans chaque pierre.
Je veux être fort, non pour dominer mon frère,
Mais pour vaincre mon plus grand ennemi : moi-même.
Fasse que je sois toujours prêt à me présenter a toi
Les mains propres et le regard droit.
Ainsi quand la vie, tel le soleil couchant, s'éteindra
Mon esprit pourra venir a toi sans honte.
Chef Iakota Yellow Lark - Navajo
Dont je perçois la voix dans le vent
Et dont le souffle donne vie a toute chose
Entends-moi, moi qui suis petit et faible :
Donne moi force et sagesse.
Laisse moi admirer la beauté de notre terre,
Et que mes yeux contemplent chaque jour le couchant rouge et mauve !
Fasse que mes mains respectent les choses que tu as créées
Et que mes oreilles entendent ta voix.
Donne-moi la sagesse afin que je puisse comprendre
Ce que tu as enseigne a mon peuple.
Laisse-moi apprendre les leçons
Que tu as cachées dans chaque feuille et dans chaque pierre.
Je veux être fort, non pour dominer mon frère,
Mais pour vaincre mon plus grand ennemi : moi-même.
Fasse que je sois toujours prêt à me présenter a toi
Les mains propres et le regard droit.
Ainsi quand la vie, tel le soleil couchant, s'éteindra
Mon esprit pourra venir a toi sans honte.
Chef Iakota Yellow Lark - Navajo
Une prière digne de notre Volume de la Loi Sacrée, comme tant d'autres expressions silencieuses .
J'ai une seule certitude concernant le Volume de la Loi Sacrée, c'est qu'il est ouvert, ouvert car inachevé, en cours d'écriture.
En guise de conclusion, je reprendrais tout simplement a propos de toutes ces expressions balbutiantes de La Loi Sacrée : la prière de Jean (17,22) "Que Tous soient UN" "Que Toutes soient Une"
V\M\ et vous tous mes F\
J\P\ V\
Re: VLS - Volume de la Loi Sacrée
V\ L\ S\ et Rituel du Premier Degré
V\ L\ S\ et Rituel du Premier Degré
La planche qui va vous être présentée ce soir est basée sur une hypothèse de travail à savoir : quelle(s) relation(s) peut-il y avoir entre le V\L\S\ et le rituel du 1er degré du R\E\A\A\. Il s’agit essentiellement d’une recherche qui ne se veut en aucun cas être une thèse dogmatique. Il ne faut pas ignorer dans quelle nébuleuse se situent les origines de la F\M\ dite moderne. Ce soir je m’efforcerai modestement de soulever un coin du voile.
PREAMBULE
J’ai dans mes souvenirs d’enfance un épisode qui m’a marqué. En vacances chez mes grands-parents, j’avais un jour pris dans la bibliothèque un ouvrage intitulé «La Bible» que je m’étais mis aussitôt à lire. Ma grand-mère, catholique croyante et pratiquante, ne tarda pas à arriver à m’ôter le livre des mains tout en me disant que je n’avais pas le droit de lire cet ouvrage car le Pape l’avait mis à l’index. Quelle stupéfiante découverte que pouvait se trouver là un livre «interdit». Je compris plus tard qu’il s’agissait de l’Ancien Testament que les catholiques n’avaient pas le droit de lire (cela a changé depuis), laissant cet ouvrage aux schismatiques de l’Eglise Romaine à savoir les Protestants.
INTRODUCTION
Si le mot «Ancien Testament» a été prononcé, cela n’est pas dû à mon seul fait puisqu’il est stipulé dans notre Rituel que le V\ L\ S\ peut être ouvert à l’Evangile de St. Jean, ou bien aux Chroniques, ou encore au Livre des Rois où il est question de la construction du Temple de Salomon, ces deux derniers livres appartenant bien sûr à l’Ancien Testament.
La Bible, dans sa partie Ancien Testamentaire, fait irruption dans les Rites des Maçons Opératifs au début du 16ème siècle par l’arrivée du Protestantisme en Ecosse et en Angleterre. Il est aussi à noter qu’en 1640 des maçons appartenant à l’Eglise Réformée ont été «accepted» (d’où la dénomination «accepté» dans l’intitulé de notre Rite) dans des Loges opératives.
Pourquoi une telle influence de la bible sur nos rituels ? Il suffit tout simplement de regarder l’histoire. En effet, le roi Henri VIII (1503-1547) engage un rabbin pour enseigner le Talmud à ses filles. La Reine Elisabeth I (1533-1603) ordonne par décret que l’hébreu soit enseigné dès l’école. Ces faits historiques tenteraient bien à démontrer que la quête des sources hébraïques participe naturellement à la recherche protestante.
Il n’est donc pas étonnant de trouver dans le R\E\A\A\ de nombreuses réminiscences de la bible, car n’oublions pas, mes FF\, que la F\M\ que nous connaissons a été fondée et constituée par le Prêtre Anglican Desaguliers et le Pasteur Anderson.
Ainsi les Réformés, voulant imposer leur nouvelle religion, ont fait une «guerre» sans relâche au Catholicisme jusqu’à supprimer dans les anciens rituels tout ce qui pouvait rappeler l’Eglise Romaine, quitte même à éluder certains passages appartenant à leur croyance et leur culte. Je citerais comme exemple la suppression en 1762 de la trilogie Père, fils et Esprit Saint remplacé par Sagesse, Force et Beauté, ce qui servira de déclencheur pour la création (vers 1780) du R\E\R\ d'essence catholique à l'époque.
Il ne faut pas oublier que Luther vers 1600 utilisa comme moyen de communication moderne de l’époque l’imprimerie inventée quelques décennies auparavant par Gutenberg et fit imprimer une Bible comprenant à la fois l’Ancien et le Nouveau Testament.
Leur stratégie consista donc à imposer le plus possible l’Ancien Testament dans les Rituels qui sont parvenus jusqu’à nous aujourd’hui.
N’oublions pas que les Maçons opératifs utilisaient comme modèle architectural le Temple de Salomon et avaient aussi l’obligation d’adorer Dieu, c'est-à-dire le Dieu des Catholiques.
Enfin, sans vouloir choquer certains FF\ présents dans ce Temple, j’utiliserai comme argumentaire de travail que la Loge ouverte au 1er degré est une copie conforme du Temple de Jérusalem. J’ajouterai même que nous nous trouvons en ce moment dans le Temple de Salomon.
Pourquoi une telle affirmation ? Il me fallait pour satisfaire une meilleure compréhension du Rite tenter de répondre à un questionnement du type :
- Pourquoi le V\M\ pénètre-t-il dans le Temple la tête couverte du Chapeau de Maître et pourquoi l’ôte-t-il à un moment donné, et le remet-il après la fermeture des travaux ?
- Pourquoi l’épée flamboyante a-t-elle un rôle primordial ?
- Pourquoi nomme-t-on «Autel» l’Autel des Serments ?
- Pourquoi le 2ème Surveillant prononce-t-il entièrement le Mot Sacré à la fermeture des Travaux?
- Pourquoi le profane lors de la cérémonie de l’Initiation pénètre-t-il dans le Temple «un pied en pantoufle» ? etc…
Ce travail s’articulera de la façon suivante :
- l’ouverture des travaux ou la re-création du Temple
- le Rituel de l’Initiation
- la fermeture des travaux ou la dé-création du Temple
- enfin, une brève conclusion.
L‘OUVERTURE DES TRAVAUX OU LA RE-CREATION DU TEMPLE
Nous ne retiendrons dans le cérémonial et dans certaines phrases du rituel que ce qui nous apparut le plus pertinent.
Quand les FF\ puis le V\ pénètreront en Loge, une petite étoile brille sur le plateau du Président, car il est écrit : «Le feu qui brûle sur l’autel ne doit pas s’éteindre» (LV. 6,5).
Pour qu’une Loge puisse être ouverte rituellement, il faut qu’elle soit juste et parfaite « 7 la rendent juste et parfaite », ce qui nous est dit « C’est pourquoi, FF\ choisissez parmi vous 7 hommes de bonne réputation, remplis du Saint Esprit et de Sagesse et nous les chargerons de ce travail » (AC. 6,3).
La régularité de la L\ étant respectée, le V\ va pouvoir faire son entrée la tête couverte du chapeau de maître. Arrivé à son plateau, il allume le Delta Lumineux avec en son centre l’œil, archétype du divin. Voilà la tonalité de la cérémonie.
Puis il donne un coup de maillet qui d’après l’Art. 110 de nos Règlements Généraux oblige «tous les FF\ à observer le silence». Il ne s’agit pas seulement de ne pas parler, mais d’être à l’écoute comme cela se faisait lors de la construction du Temple où il nous est rappelé « que les pierres étaient déjà préparées avant d’être apportées sur place de telle manière qu’on entendit ni marteau, ni hache, ni aucun instrument de fer dans la maison du Seigneur pendant sa construction »(1R. 7,6) Puis il est dit : « Mais le Seigneur se tient dans son Saint Temple que chacun sur la terre fasse silence devant lui » (Ha.2,20).
Le couvre-chef du V\ M\ nous rappelle : «Quand Moïse eut fini de leur parler, il plaça un voile sur son visage» (Ex. 34,33).
Lorsque le V\ M\ maillet en main droite et épée flamboyante en main gauche ouvre les travaux avant de prononcer la phrase du rituel «A la Gloire du GADLU», il ôte son chapeau, rappelant par là Moïse qui «chaque fois qu’il devait se présenter devant le Seigneur, ôtait le voile».
Ainsi notre V\ M\ en vertu des pouvoirs qui lui ont été conférés se trouve posséder une quadruple influence sur la Loge :
- Il fait descendre la gloire du GADLU dans le Temple, comme il est écrit : «La Gloire de YAHVE arrive au Temple par le porche qui fait face à l’Orient» (IS. 43,4).
- Il possède le pouvoir temporel symbolisé par le maillet.
- Il fait respecter la rectitude par le bijou équerre suspendu à son sautoir.
- Il est seul dépositaire de la Parole par l’épée flamboyante, car «Vivante est la Parole de Dieu et plus coupante qu’un glaive à 2 tranchants» (He. 4,12).
Avec l’aide du M des Cérémonies et des FF\ Surveillants, le V\M\ va procéder à l’allumage des petites lumières.
- «que la Sagesse préside à la construction de notre édifice», car «la Sagesse entrera dans ton cœur» (Pr. 2,10) nous dit la Bible et plus loin «la Sagesse…. est le reflet de la Lumière Eternelle» (Sg. 7,26).
- «que la Force le soutienne» comme il est écrit : «En effet, ta Force est la source de la Justice… » (Sg.12,16).
- «que la Beauté l’orne» nous est rappelé par : «Regarde l’Arc en Ciel et remercie Celui qui l’a créé, ce spectacle éclatant est de toute beauté» (Si.43,11).
Puis le V\ M \demande au F\ Exp\ d’ouvrir le Volume de la Loi Sacrée et de faire apparaître les trois Grandes Lumières sur l’Autel des Serments. Pourquoi le mot «autel» ? On retrouve cette appellation dans : «Si vous me construisez un autel de pierre, ne le faites pas en pierres de taille, car en taillant les pierres au ciseau vous les rendriez impropre à un usage sacré» (Ex. 20,25).
Légère contradiction avec le devoir de l’apprenti qui doit dégrossir sa pierre brute avec un maillet et un ciseau, mais dans l’esprit biblique la pierre non taillée est l’œuvre du créateur et le néophyte lors de son Initiation, lorsqu’il viendra prêter serment sur l’autel, il devient lui-même autel, car il est lui-même pierre brute et sur cet autel il y déposera symboliquement en sacrifice le profane qui est en lui. Il est rajouté que pour construire l’Autel, «Elie prie 12 pierres, nombre correspondant au 12 tribus d’Israël» (1r, 18,31).
Cette citation biblique m’amène à un éclaircissement sur la corde avec ses 12 Lacs d’Amour qui fait le tour de la Loge. Cette corde ne représentant que 12 nœuds ne peut en aucun cas être la corde à 13 nœuds qui servait à tracer les plans et les angles droits par les maçons opératifs. J’interprète volontiers que les 12 nœuds ont bien un rapport direct avec les 12 pierres de l’Autel, les 12 tribus d’Israël, et enfin les 12 lettres-consonnes de l’Alphabet hébraïque correspondantes aux 12 signes zodiacaux.
Le Temple nous fait percevoir 3 symboles que je nommerai universel, à savoir le Soleil, la Lune, et la Voûte Etoilée, car «Dieu dit encore : qu’il y ait des luminaires pour séparer le jour de la nuit… Dieu fit ainsi les deux principales sources de lumière : la grande, le Soleil pour présider au jour, et la petite, la Lune, pour présider à la nuit ; et il ajouta les étoiles» (Gn.1,14,16).
Ainsi donc le Temple est re-créé.
L’INITIATION
Lorsque le postulant pénètre dans le Temple pour la cérémonie d’Initation, il est mis dans une tenue spécifique, dont le pied gauche en pantoufle et les yeux bandés », ce qui nous est rappelé par les paroles du Seigneur adressées à Moïse «Ne t’approche pas de ce buisson, enlève tes sandales, car tu te trouves dans un endroit consacré» (Ex. 3,5). Le fait de se déchausser a été conservé dans la religion musulmane où personne ne peut pénétrer dans une Mosquée sans au préalable avoir ôté ses chaussures.
Quant au bandeau, «car le Seigneur vous a plongé dans un profond abrutissement, il vous a bouché les yeux » (Es. 29,10).
Il nous est rappelé un des principes fondamentaux au R\E\A\A\ à savoir : « la Franc-Maçonnerie proclame, comme elle l’a proclamé dès son origine, l’existence d’un principe créateur sous le nom de GADLU». Car, en effet, il est dit dans la Bible qu’ «en examinant ses œuvres, il n’ont pas reconnu l’artisan qui en est l’auteur » (Sg.13,1). Et dans un autre verset on parle du «Seigneur de l’Univers» (2 S 7,27).
Le candidat est ensuite conduit à l’autel des Serments pour conclure son engagement sur l’honneur de garder le silence le plus absolu, pris sur la coupe des libations, car «Le Seigneur t’avait tendu la coupe, rempli de sa colère, et tu as dû la boire jusqu’à la dernière goutte…» (Is.51,7), comme le prononce le V\M\ «maintenant buvez, buvez tout !»
Les préparatifs rituéliques étant exécutés, on va faire accomplir au profane les voyages rappelant par là l’exode du peuple hébreu : «Souvenez-vous de la longue marche que le Seigneur notre Dieu vous a imposé à travers le désert» (Dt.8,2).
La première pérégrination se fera dans un bruit ahurissant, rappelant et symbolisant par là Dieu depuis la colline d’Hébron parlant au peuple Hébreu dans un bruit de tonnerre et je cite «J’entends tout ce tumulte et je suis profondément bouleversé» (Ha.3,16). L’impétrant subira l’épreuve de l’air ainsi qu’il est écrit : «Tu leur rends le souffle et les voilà recrées» (Ps.104,30).
Au cours du 2ème voyage, le candidat subira l’épreuve de l’eau comme il nous est rappelé : «Je laverai mes mains en signe d’innocence et je ferai le tour de ton Autel, Seigneur» (Ps. 26,6).
Quant au 3ème voyage ou épreuve du feu, l’Ancien Testament nous dit : «Le Seigneur manifesta sa présence aux Israélites … par le feu qui brillait pendant la nuit et cela tout au long du voyage» (Ex.40,38).
La communication de la Lumière au néophyte implique la participation de tous les FF\ présents dans le T, comme le Rituel nous l’ordonne : «pour communiquer la Lumière au néophyte, nous avons besoin de la concentration de toutes nos forces. Aussi convient-il de se recueillir en attendant que le néophyte soit introduit à nouveau». Cette Lumière est symbolisée par «le Feu qui brûle sur l’autel (et) ne doit pas s’éteindre» (Is. 28,17 ou Lv.6,6). Cette Lumière perpétuelle a été conservée dans les églises catholiques où l’on trouve une petite lampe rouge en générale dans une chapelle latérale, indiquant par là dans le Tabernacle catholique la présence divine.
Pour donner la Lumière au néophyte on lui ôte le bandeau comme il est écrit ; «Ote le voile qui est sur mes yeux afin que je contemple les merveilles qui sont enfermées dans ta Loi» (Ps. 68,19).
Et un peu plus loin, le V\M\ dira : «F\ Exp\, veuillez revêtir le néophyte du tablier de l’apprenti», rappelant par là : «tu conduiras Aaron et ses fils à l’entrée de la tente de la rencontre… puis tu les revêtira de ses habits sacrés » (Ex. 29,4-5), et dans (2S, 6,14) « puis il se mit à danser de toutes ses forces en l’honneur du Seigneur, vêtu seulement du pagne des prêtres ».
Lors de l’instruction, il est transmis au nouvel initié les mots, signes, et attouchements du grade. Le REAA, n’ayant pas de mot de passe, il n’y a que la transmission du mot sacré que le F\ App\ ne sachant ni lire ni écrire ne peut qu’épeler à l’image des hébreux dans l’Ancien Testament qui ne prononçaient jamais intégralement le nom de Dieu, car eux aussi l’épelaient.
Voilà le profane devenu à la fois un F\et un App\F\M\Ce rituel initiatique étant achevé, il ne reste plus qu’à fermer les travaux.
FERMETURE DES TRAVAUX OU DE-CREATION DU TEMPLE
A la demande du V M : «F\ 2ème Sur\, où les App\ F\ M\ reçoivent-ils leur salaire ? et le 2ème Sur\ de répondre : «A la colonne BOAZ, V\ M\» et le rituel d’ajouter : «on prononce le mot».
Là apparaissent deux grandes notions.
- la notion de salaire, qui nous est rappelé dans l’Ancien Testament par plusieurs citations : «quel profit celui qui travaille retire-t-il de sa peine ?» (Qo.3,9), et encore «le jour même tu lui remettra son salaire» (Dn.24,15).
- La seconde notion est dû au fait que le 2ème Surv\ va prononcer sans l’épeler le mot sacré, à l’image du Grand Prêtre qui une fois par an dans le Temple prononçait intégralement le nom de dieu. Ce mot sacré commence par la consonne hébraïque «Beith», première lettre du premier mot de l’ancien testament «Bereshit» qui signifie «au commencement» et qui contient le mot «Berith» qui veut dire «Alliance».
Le nouveau F\que nous venons d’initier ainsi que nous tous avons non seulement prêté serment sur le silence, promettant de garder les secrets qui nous ont été communiqués mais qui plus est nous avons contracté une véritable Alliance avec le Seigneur, le GADLU.
Respect du Secret et Alliance avec le Principe Créateur sont bien les deux piliers sur lesquels peuvent s’appuyer les FF\ pour construire leur propre édifice spirituel qui les fera progresser sur la voie initiatique à la recherche de la Vérité et à la Découverte du UN, c'est-à-dire de la Grande Lumière.
A la question »A quelle heure, les F\ M\ ont-ils l’habitude de fermer leurs travaux», il est répondu «à minuit, V\M\», ce qui nous est rappelé : « la nuit était à moitié écoulée, la paix et le silence régnaient partout » (Sg. 18,14).
Il ne reste plus qu’à fermer la Loge selon le rite habituel en 3 temps :
- La Chaîne d’Union rappelant par là la Fraternité non seulement des F\ M\ mais aussi de tous les hommes créés par le Seigneur et respectant la Loi Sacrée.
- L’extinction des petites lumières : « que la paix règne sur la terre », ainsi il est dit : « que le Seigneur vous manifeste sa bienveillance et vous accorde la paix » (Nb6,26).
- « Que l’amour règne parmi les hommes » comme le dit l’Ancien Testament : « le Seigneur est bon pour tous, son Amour s’étend à tous ceux qu’il a créés » (Ps.45,9).
- Que la Joie soit dans tous les cœurs», nous est rappelé par « que le Seigneur rende la joie à tous…. » (Tob.13,12) et encore « la connaissance te donnera la joie »(Pr.2,10).
On en arrive à la Dé-Création du Temple où le Vénérable va fermer la Loge, car la Parole va disparaître du T\ mais va continuer en chacun des FF\, car le rituel nous dit «que la Lumière qui a éclairée nos travaux continue à briller en nous pour que nous achevions au dehors l’œuvre commencée dans le Temple». Enfin Le V\ M\ ferme la L\ (à la Gloire du GADLU) puis se couvre et éteint le Delta Lumineux. Dès lors, il remet son chapeau de maître et il se trouve dans la position de Moïse qui «quand (il) eut fini de parler il plaça un voile sur son visage».
Le Temple est décréé. Quant à nous, les FF\ de cet R\ L\ nous ne pouvons quitter le T\ sans en sortir indemne, puisque par la magie du rituel et ses influences ancien-testamentaires nous avons pénétré dans un lieu sacré, nous avons écouté la Parole et approché la Lumière.
CONCLUSION
Je terminerai par une citation de Martin Buber, que j’ai volontairement transformée en remplaçant le mot « Talmud » par « Rituel ».
Un jour un disciple vint voir son Maître qui lui demande : « Qu’as-tu appris ? »
Le disciple répondit : « J’ai traversé trois fois le rituel »
Et le Maître lui dit : « Mais est-ce que le Rituel t’a traversé ? »
Soyez assurés, mes FF\, que j'ai traversé beaucoup plus que trois fois et le V\L\S\ et le Rituel, mais je n'ai pas encore pris conscience que ces derniers m'avaient traversés. Peut-être cela arrivera-t-il un jour?
J’ai dit
J\P\ D\
BIBLIOGRAPHIE
1. La Bible Dévoilée ; Israël FINKELSTEIN et Neil Asher SILBERMAN, Ed. Foliohistoire
2. Aux sources du Volume de la Loi Sacrée, Francis DUCLUZEAU, Ed. DERVY
3. Les Symboles Bibliques ; Maurice COCAGNAC, Ed. Cerf
4. La Franc-Maçonnerie Française ; Gérard GAYOT, Ed. Gallimard-Julliard
5. Les Origines de la F\M\ Le Siècle Ecossais 1590 – 1710, David STEVENSON, Ed. TELETES
6. Le Livre des Principes Kabbalistiques ; A.D. GRAD, Ed. R. LAFFONT
7. Les Premiers Franc-Maçons ; David STEVENSON, Ed. Ivorie-Clair
8. LE KABBALISTE; Patrick LEVY, Ed. Le Relié
9. Textes Fondateurs de la Tradition Maçonnique 1390 -1760 ; Patrick NEGRIER, Ed. Grasset
10. Les Textes Fondateurs de la F\M\ ; Philippe LANGLET, Ed. DERVY
11. Histoire de la F\M\ par les Textes (1248 – 1782) ; Jean FERRE, Ed. Du Rocher
12. Origine et Evolution des Rituels ; ORDO AB CHAO n° 39-40 (1999)
13. La BIBLE dans différentes éditions.
14. Mystère de la Bible ; Marc Alain OUAKNIN ? Ed. Assouline
Re: VLS - Volume de la Loi Sacrée
A propos du G\A\D\L'U\
Parmi tous les « Landmarks » Anglo‑Saxons, il en est un d'une extrême importance de par les discussions qu'il a suscitées : C'est la croyance en l'existence de Dieu, considéré comme le Grand Architecte de l'Univers!
1) HistoriqueLes Constitutions de 1723 dont la rédaction serait due essentiellement aux Pasteurs ANDERSON et DESAGULLERS, et qui constituent la Charte universellement reconnue de la Maçonnerie Spéculative, précisent en leur Article Ier: « Un Maçon est tenu par son obligation d'obéir à la Loi morale et, s'il entend bien l'Art Royal, ne sera jamais un athée stupide ni un libertin irréligieux ». Ce texte marque un progrès considérable par rapport aux Landmarks des Old Charges ou Anciens Devoirs des Maçons Opératifs. En effet, ces « Devoirs » s'adressaient à une confrèrerie catholique, constructrice d'édifices sacrés et composée de Loges dispersées alors que les Constitutions concernaient des Loges spéculatives groupées et organisées au sein desquelles se côtoyaient des catholiques, des protestants, des juifs, des musulmans ... etc.
II a été avancé que cette évolution est la conséquence, sinon le fait, de membres des églises Réformées qui aspiraient à entrer en Franc‑Maçonnerie. En tout état de cause, avec le concept du Grand Architecte de l'Univers est apparue l'une des manifestations les plus significatives de la Liberté de Conscience ; il s'agit bien d'un aspect de tolérance, aussi large que l'état d'esprit de l'époque le permettait. Néanmoins, en 1736 DERVENWATER, Grand‑Maître, a cru devoir modifier de façon restrictive cette conception en ajoutant : « Ni un libertin sans religion ». Cette position, en régression par rapport à celle d'ANDERSON, restera celle de la Franc‑Maçonnerie Anglaise ( cf dogme ).
Mais, bien que dans les temps anciens les Maçons fussent tenus d'être de la religion du pays ou Nation, on considère maintenant comme plus à propos de les obliger seulement à cette religion sur laquelle tous les hommes sont d'accord, en laissant à chacun ses opinions particulières ; c'est à dire d'être des gens de bien et loyaux, autrement dit des hommes d'honneur et de probité, quelque soient les dénominations de croyances qui puissent les distinguer.
La Maçonnerie devient ainsi ( je cite ) : « Le centre de l'union et le moyen d'assurer une fidèle amitié entre des personnes qui seraient restées perpétuellement éloignées l'une de l'autre ».
Il) Le Grand Architecte en tant que symbole
Oswald WIRTH commente ainsi : « N'érigeons pas le G\A\D\L'U\ en un objet de croyance mais voyons‑y le symbole le plus important de la Maçonnerie afin de la comprendre et de construire, chacun pour soi le sanctuaire de ses considérations personnelles ». Ainsi la notion de G\A\D\L'U\ est en Maçonnerie à la fois plus ample et plus restreinte que celle du Dieu des diverses religions.
Le G\A\D\L'U\ peut, dans une certaine mesure, être assimilé au démiurge platonicien dont l'intelligence nous échappe. La Franc‑Maçonnerie a, dès son origine, adopté l'expression « Grand Architecte de l'Univers » pour montrer ainsi sa conception de la divinité dans ses rapports avec le monde et avec l'homme.
« G\A\D\L'U\, dit René GUENON, trace le plan idéal qui est réalisé en acte, c'est à dire manifesté dans son développement indéfini par les êtres individuels qui sont contenus dans son Etre Universel ... et c'est la collectivité de ces êtres individuels, envisagé dans son ensemble, qui constitue le démiurge, l'artisan et l'ouvrier de l'Univers » ...
Cette conception dans l'inconscient collectif correspond à l'Adam Kadmon, c'est à dire l'Homme Universel ( Mircéa ELIADE).
Le G\A\D\L'U\ reste une entité métaphysique, principe de la Connaissance, de la Lumière occulte ; son rôle devient essentiellement spirituel et cette position ne s'oppose nullement à celle de la religion ; en réalité, à partir du 3è'Degré, HIRAM, le Maître constructeur, se substitue pour les Rites de l'initiation au G\A\D\L'U\ ; ainsi, symboliquement, HIRAM revit à travers tous les Initiés.
Relativement au Volume de la Loi Sacrée, l'attitude de l'Ecossisme est également parfaitement claire : Ce Livre est la Première des 3 Grandes Lumières de la F\M\ non point comme expression de la volonté révélée de Dieu mais comme pur Symbole de la plus haute spiritualité humaine. BACHELARD disait à ce sujet : « Le symbole donne à penser et à méditer ... c'est une fenêtre ouverte sur le Monde » ...
Au delà :L'enseignement du R\E\A\A\ est centré sur la recherche de la Parole Perdue. Il ne s'agit point de l'acquisition d'un savoir ou d'une culture mais bien de la recherche d'une Connaissance métaphysique ...
III) Approche Philosophique et Initiatique
Le concept de G\A\D\L'U\ peut se constituer en une vision totalisante du monde qui met en parallèle l'ordre et l'harmonie de l'Univers avec idéal de notre état et de notre conduite humaine. On pourra ainsi penser à LIEBNITZ affirmant que « Dieu est tout ordre » ; il s'agit alors d'un acte de foi en un Ordre du Monde permettant confiance et espérance en l'Homme.
Dans le Mythe Maçonnique, le Maître renaît de par cette cérémonie particulière des « 5 Points Parfaits » : Il est Hiram !... De façon identique apparaît une sotie de réitération du mythe de la Création et nous faisons « comme si » le G\A\D\L'U\ avait créé un univers ordonné et harmonieux du microcosme au macrocosme ... C'est selon les espérances de Voltaire ( « Je ne conçois point qu'il y ait d'horloge sans horloger » ... ), mais aussi suivant les éventualités de la cosmologie moderne ( l'Univers peut effectivement avoir été créé ex‑nihilo d'après les lois de la mécanique quantique ).
L'Ecossisme a ainsi pu s'adapter à la pensée moderne de façon Initiatique : Evitant l'erreur du rejet banal et le piège de la confusion Théiste, il a su donner une dimension qui transgresse les sciences les philosophies et les religions, en se plaçant tout à la fois au dessus et en dehors. L'approche Initiatique s'inscrit ainsi dans la démarche Maçonnique qui est une dynamique allant dans le sens de la Création jamais achevée et toujours en cours d'un Homme nouveau: L'Initié ...
L'idée du Grand Architecte témoigne d'un « Sens » qui s'exprime et s'inscrit également dans la flèche du temps : Les Francs‑Maçons manifestent ainsi leur attachement à un univers où le sens j'emporte sur le non‑sens, l'Etre sur le Néant » ( Henri TORT‑NOUGES ). Ainsi, pour le F\M\ Ecossais, le G\A\D\L'U\ est un principe créateur, dynamique par excellence, organisateur de l'Univers, mais aucun dogme ne s'y rattache ; il lui est possible de le concevoir comme la Loi qui régit la matière dont les hommes ne peuvent percevoir que les manifestations sensibles. .
Dans ce cas, l'univers visible dont il est le principe conducteur et conservateur est la divinité à l'état de manifestation ... Il peut l'entendre également comme l'organisateur, l'ordonnateur, le géomètre, la force d'ordre qui lutte contre le Chaos et lui substitue une harmonie, c'est à dire comme un principe d'Ordre ... il peut aussi, s'il le désire, l'admettre comme un Dieu créateur, principe d'existence : Ce peut être le Dieu des philosophes du 18ème siècle aussi bien que le Dieu des religions révélées du Livre : il justifie toujours la lutte de l'Homme contre la matière, le hasard ou le destin ...
Le symbolisme du G\A\D\L'U\ n'étant lié à aucune croyance, il exprime donc la foi du Maçon Ecossais dans la totale liberté de conscience, il se place tout naturellement dans le cadre de initiation sur le plan idéal transcendant le Chaos, exaltant les valeurs spirituelles les plus hautes, donnant le goût du Sacré et conduisant au voyage vers l'invisible.
IV) Conclusion
Pour le Maçon Ecossais, le G\A\D\L'U\ est aussi bien le Dieu de PLATON ( Le Timée ) que la divinité dont parle VOLTAIRE ( Dialogues philosophiques) c'est aussi le Dieu évoqué par DESCARTES ( Les méditations ), c'est enfin celui de J‑J. ROUSSEAU ( Emile ). Pour l'Ecossisme, le G\A\D\L'U\ n'est donc pas nécessairement une personne divine dont la volonté révélée serait visible en Loge et se serait exprimée une fois Pour toutes par le texte immuable d'une Loi écrite ! C'est un Principe Supérieur qui n'exige aucun Credo !
La devise des Suprêmes Conseils ( Gardiens du Rite ) « Deus Meumque Jus » ( Dieu et mon Droit ) montre la relation reconnue par le Rite entre Dieu et l'Homme, ce dernier ne se voyant imposer en sa qualité de Maçon aucune autre voie que celle choisie par sa conscience.
Par le G\A\D\L'U\, on peut concevoir un Principe Créateur sous bien des aspects;C'est la croyance en l'existence d'un Principe de Vie, Créateur et Ordonnateur, Transcendant et Immanent, Sagesse et Connaissance parfaite, Amour infini ....
Ainsi, l'invocation du G:.A:.D.‑.L'U.‑. rappelle aux Francs‑Maçons qu'ils ne travaillent pas à leur propre gloire ni à développer leur intelligence au profit de l'Ego orgueilleux mais qu'ils doivent utiliser leur intelligence et leur coeur pour servir la dimension spirituelle de l'Homme ...
j'ai dit ...J\ T\
Re: VLS - Volume de la Loi Sacrée
L’Equerre et la Compas
Pour mon deuxième travail d’apprenti, il était important à mes yeux de traiter du compas et de l’équerre dans le sens où ces deux symboles sont omniprésents en franc-maçonnerie et que ma curiosité ne pouvait attendre plus longtemps. J’interviendrais en trois parties ; la première sur l’équerre, la deuxième sur le compas et enfin sur le symbolisme binaire du compas et de l’équerre.
L’équerre :
L’équerre est un instrument dont la propriété est de rendre les corps carrés. L’équerre se dit « norma » en latin classique, ce qui a donné en français norme, normal, et lorsqu’un maçon place ses pieds et sa main droite en forme d’équerre, il se réfère à une norme. Le terme d’équerre vient du bas latin exquadra lui-même issu d’exquadrare (rendre carré). Il s’agit d’une pièce à l’origine uniquement en bois qui sert à tracer des angles droits ou élever des perpendiculaires. L’équerre est devenue l’outil de tout métier de construction. L’équerre est simple ou double, en forme de T ou de L, si elle est en métal elle ne désigne plus forcément l’outil mais la pièce servant à consolider des assemblages de charpente. Par sa forme et sa fonction, l’équerre est associé au cube en en particulier à ses quatre angles, angles qui évoquent également les quatre points cardinaux. Les deux branches de cette équerre sont inégales, elles sont dans un rapport de trois à quatre, les deux côtés du triangle rectangle pythagoriciens, le côté ayant un rapport de 5 étant l’hypoténuse. Cette manière de former le triangle rectangle est considérée comme un secret de la maçonnerie opérative. En effet Pythagore a inventé la manière de tracer un angle droit sans avoir besoin de l’équerre dont se servent les ouvriers, et nous tenons de lui la méthode que nous avons pu faire avec justesse et exactitude cette équerre que les ouvriers avaient tant de mal à fabriquer correctement. Il est important d’insister sur ce symbole et outil car à l’époque il n’y avait aucun de nos appareils modernes. La seule manière de bâtir était fondée sur la connaissance de la géométrie grâce au tracé d’angles droits avec l’équerre et de cercles avec le compas.
Le symbole de l’équerre est attesté dès 1725 dans la franc-maçonnerie spéculative. Cependant il est intéressant de savoir qu’en 1830 près de Limerick en Irlande, fut trouvée une équerre en cuivre jaune qui portait sur ses deux faces l’inscription suivante : « je m’efforcerai de vivre avec amour et sollicitude sur le niveau au moyen de l’équerre ». Cette équerre portait la date de 1517. De plus les traces de cet outil et de sa valeur symbolique peuvent être retrouvée dans la plus haute antiquité :
- Sur les monuments Chaldéens (4500 av JC)
- Dans les plus anciens livres sacrés de la Chine
- Sur les portes des temples en Inde centrale
L’équerre est un des outils symboliques adoptés par l’ordre de la Franc-maçonnerie. Portée en particulier par le vénérable Maître, gardien de la tradition, elle symbolise :
- Le droit
- La rectitude de la raison
L’équerre fait partie des outils de base en maçonnerie car elle permet de vérifier le travail pour l’ajuster avec exactitude tandis que la règle sert à mesurer et le maillet à détacher de la pierre le superflus. Elle est un instrument de référence pour l’apprenti. Ce dernier apprend que la maçonnerie est un travail d’équerre, ce qui lui est aussi enseigné par son signe, ses pas et ses déambulations.
L’équerre traçant des angles et des perpendiculaires permet ainsi de reproduire les grands axes du monde. C’est à partir de ces axes que chacun peut orienter sa conscience et son action. L’équerre symbolise la matière, et en même temps elle permet d’ordonner et de rectifier cette matière.
L’équerre est considéré comme étant l’emblème de la perfection des travaux d’une loge dont le Vénérable Maître doit diriger toutes les orientations. L’équerre indique au maçon que s’il remplit avec exactitude tous ses devoirs, il pourra espérer parvenir à la vraie lumière.
Au niveau de la gestuelle le signe de la mise à l’ordre rappel au frère l’obligation de respecter son serment lors de son initiation, il invite à la droiture. D’autre part mettant les pieds en équerre, un frère doit toujours avoir en vue l’équité, la justice, la fidélité et l’irréprochabilité dans ses mœurs. Se mettre à l’ordre est l’incarnation même de l’équerre. En effet le maçon se tient droit, il est en équerre par rapport au sol, ses pieds sont en équerre, son bras est en équerre, et son pouce forme une équerre par rapport aux autres doigts de la main.
C’est ainsi que j’ai pu trouver trois raisons principales du port de l’équerre par le Vénérable Maître :
- C’est une marque de sa dignité, car tout doit se régler par l’équerre de même les frères doivent se régler sur le maître et lui prêter obéissance.
- Comme toute pierre brute qui s’équarrit, les frères doivent se construire sur les exemples du Vénérable Maître
- C’est pour aller vers la connaissance que nous devons rapporter nos actions à l’équerre, l’équerre de la vérité.
L’équerre, destinée à tracer des angles droits, représente l’union d’une ligne horizontale avec une ligne verticale, l’union des contraires. Il vient immédiatement l’idée de droiture, d’équilibre et d’équité. L’équerre est l’emblème de la rectitude qui doit inspirer la droiture dans les pensées et dans les actions. Elle représente l’action de l’homme sur la matière, ainsi que sur un second sens, l’action de l’homme sur lui-même.
L’équerre permet de donner la forme à ce qui ne l’a pas, elles est reconnue comme symbole de bonne mœurs. Sa forme n’existe pas dans la nature, elle n’est donc en rien naturelle. Elle demande au maçon de faire un effort, de prendre sur soi pour marcher les pieds en équerre ou se mettre à l’ordre, indispensable pour être conforme à la norme de l’angle droit.
Une des premières perceptions de l’équerre est l’aplomb : tout ce qui se maintient dans la nature est plus ou moins d’aplomb même si rien ne semble être parfaitement d’équerre. Dès que les hommes se sont mis à bâtir, ils ont compris que l’aplomb était indispensable. Donc il n’y a pas de construction solide sans la chute d’un objet sur un plan horizontale ce qui formera un angle à 90°. Ainsi la vie se manifeste par le croisement d’une ligne verticale et horizontale grâce à la gravitation. Ne peut on pas alors se demander si l’équerre est la première manifestation de la vie.
Toute construction passe par la recherche d’un équilibre. C’est la rencontre du vouloir et des devoirs. On peut dire « je veux, donc je construis » qui peut-être représenté par une verticale se dressant vers le ciel, alors que « je dois » peut être représenté par une horizontale qui repose sur la terre et lie chaque maçon dans une interdépendance fraternelle. La verticale rejoint l’horizontale, formant une équerre et donnant ainsi la loi de la construction. « je veux » c’est l’orientation de la volonté pour créer et s’élever tandis que le « je dois » c’est accepter la condition humaine dans ses limites.
Le maniement de l’équerre permet d’approfondir les concepts de droiture, d’équité, d’équilibre qui correspondent à la sagesse. L’utilisation de l’équerre permet de donner aux mots leurs sens propres, afin qu’ils expriment des idées précises suivant des raisonnements droits. Grâce à l’équerre, le travail des maçons pourra faire bénéficier aux pierres une juxtaposition parfaite sans laquelle la construction du temple serait impossible. En un mot l’équerre symbolise ce que doit être la vie d’un franc-maçon et elle le représente lui-même.
Sur la poitrine du vénérable Maître la branche la plus longue se trouve du côté droit ; ceci marque la prépondérance de l’actif (coté droit) sur le passif (côté gauche). C’est parce que son rôle est de former de parfaits maçons que le Vénérable Maître porte l’équerre, signe de la rectitude et instrument indispensable pour transformer la pierre brute en pierre cubique.
L’équerre qui concilie le symbolisme du « niveau » du premier surveillant (horizontale = égalité) et celui de la « perpendiculaire » du second surveillant (verticale = hiérarchie, droiture) est donc en maçonnerie l’instrument primordial car elle dirige le dégrossissement de la pierre brute. Autrement dit, elle dirige la formation de l’individu en vue de l’exact accomplissement de sa fonction humanitaire et sociale. Cette formation lui permettra de donner aux mots leur sens propre afin qu’ils n’expriment plus que des idées précises et que les raisonnements qui s’édifient sur leur base soient aussi solides, aussi rigoureusement justes dans leurs formes que les pierres du temple, ce qui est un gage d’équilibre de la construction.
Il faut savoir que pendants très longtemps les maçons marchaient les pieds en équerre sur les échafaudages, ce qui leur permettait une stabilité dans le mouvement.
Pour terminer sur l’équerre il ne faut pas forcément que cette dernière soit un but. On peut considérer l’équerre comme le chemin lui-même que tout maçon doit parcourir. Dans ce cas c’est notre degrés d’intégration du symbole équerre qui nous donnerait notre capacité à parcourir le chemin de la vertu et de la vérité. C’est pour cela que l’équerre enseigne « le faire » afin de construire en rectitude notre vie et le monde qui nous entoure. Peut-être est-ce pour tendre vers cette précision, vers cette rigueur, que les maçons, en loge, lorsqu’ils se mettent à l’ordre, se couvrent de l’équerre, symbole de rectitude.
Le compas :
Compas provient de compasser (mesurer avec exactitude) issu du latin passus (le pas) et compassare (mesurer avec le pas), il désigne un instrument de tracé ou de mesure qui, composé de deux branches articulées à une extrémité et dont les formes sont adaptés à la mesure, sert à mesurer des angles, transporter des longueurs ou tracer des circonférences. Il est symbole de science exacte. Il existe plusieurs sortes de compas utilisés par les tailleurs de pierre, les charpentiers, les maçons, les architectes et les navigateurs. On attribue à Talaos, le neveu de Dédale, l’invention du compas. C’est l’un des outils et instruments de tracé les plus anciens que l’homme ait inventé. Et en même temps d’une simplicité de conception remarquable.
La branche mobile du compas permet suivant son écartement de tracer des cercles, déterminer des rapports de proportions, évaluer et reporter des mesures. Le compas permet donc symboliquement d’évaluer la portée et les conséquences des actes de chacun dans notre vie au quotidien.
Le compas symbolise :
- La sagesse de l’esprit
- La mesure dans la recherche de la vérité
Si le cercle est, dès la plus haute antiquité associé à la création et/ou à un dieu créateur, le compas en Occident et dès le Moyen-âge, se substitue au cercle : il est l’outil par excellence du créateur. L’utilisation du compas implique une rotation, donc un mouvement, c’est pourquoi il est perçu comme l’activité dynamique de la pensée et de l’esprit. Il symbolise également ces vertus fondées sur la mesure que sont la prudence, la justice, la tempérance et la sagesse. C’est ainsi que Dante dans « le paradis » (13è s) désigne le dieu créateur comme : « celui qui de son compas marqua les limites du monde et régla au-dedans tout ce qui se voit et tout ce qui est caché ». le compas est donc symbole de création du monde et de liberté.
Cependant notre compas sert à tracer un cercle en partant d’un centre précis. Ce cercle peu ainsi représenter le champ des connaissances humaines virtuellement illimité excepté par nos propres limitations individuelles. Ainsi le compas donne aussi la mesure du relatif car si nous écartons ses deux branches au maximum (avec chacun son propre compas) nous voyons que notre connaissances ne pourra jamais dépasser ce diamètre maximum.
Souhaitant continuer un peu plus loin, j’ai découvert que le cercle tracé et les branches du compas évoquent aussi le cadran d’une horloge ou d’une montre. Il est intéressant d’y voir que lorsque la branche mobile a effectué sa révolution, elle revient au point de départ. Nous avons donc un tracé qui limite l’étendu d’un cercle et un tour complet de la branche de notre compas. Ce qui nous conduit à faire un lien entre l’espace et le temps. Certains en déduiront que l’être, c'est-à-dire nous même, est au centre et que la circonférence représente l’univers qui nous entoure. Ou peut-être l’inverse si nous prenons le courant de pensée de Jean Delaporte dans son ouvrage « le grand architecte de l’univers » : « le cercle révélé par le grand architecte de l’univers est une forme qui contient toute les formes et tous les possibles. C’est une matrice où sont conçues les multiples naissances, de l’esprit à la matière. Le grand architecte de l’univers, en nous révélant le cercle de la création, nous invite à pénétrer dans celui de l’initiation. Chaque point de la périphérie se trouve à égale distance du centre, et il en est de même pour chaque frère par rapport à la connaissance. Mais cette égalité vraie n’est pas uniformité, car ce cercle contient à la fois l’unité du point et la multiplicité des rayons ». Autrement dit, selon moi, chaque frère chemine sur des sentiers différents mais ont tous la même destination, celle de la connaissance, de la vérité et de la vertu.
Dans la confession d’un maçon (1727) le compas est lié au serment de l’initié qui le tient alors piqué sur sa poitrine ouvert à 90° qui est la mesure de l’équerre. Dans le régime rectifié le Vénérable Maître disant à l’initié : « prenez ce compas ouvert en équerre et posez en la pointe avec la main gauche sur votre cœur à découvert… l’équerre vous désigne que, si vous remplissez avec exactitude et régularité tous ces devoirs, vous devez espérer de parvenir à la lumière du vrai Orient. L’interpellation qui vous a été faite vous apprend que si l’homme a perdu la lumière par abus de sa liberté, il peut la recouvrer par une volonté ferme et inébranlable dans la pratique du bien. Le compas sur le cœur est l’emblème de la vigilance avec laquelle vous devez réprimer vos passions et réguler vos désirs ».
Le compas est par excellence un symbole d’ouverture. L’apprenti ayant son compas contre sa chair rentre en fait dans un espace temps, dont on a parlé précédemment, qui permet d’échapper au bruit du monde profane. De surcroît, la pointe du compas tournée vers le haut peut être interprété comme le désir d’aller dans les étoiles et d’accéder à la connaissance.
Ainsi, parce qu’il est représentation de l’esprit, le compas a cette faculté, en prenant l’écart d’une équerre, d’être à la fois lui-même et l’équerre comme si, la sagesse acquise, la lumière révélée et atteinte, le Franc maçon avait le pouvoir de soumettre son corps et ses désirs matériels à la maîtrise de son esprit et ce faisant d’accéder à la liberté d’une dignité humaine juste et parfaite. D’ailleurs dans le manuscrit de Wilkinson, il est dit qu’un maçon ne peut jamais se perdre puisque l’on est sûr de toujours le retrouver sur l’équerre et à l’intérieur du compas.
Le compas est donc l’expression de la rigueur géométrique dans les activités créatrices, du temps, des cycles spatios temporels, de la connaissance, de l’esprit, de la vérité, de la sagesse puisqu’il est l’instrument de mesure par excellence et qu’il permet donc d’accéder à la mesure en toutes choses.
Le compas est considéré comme l’image de la pensée dans les différents cercles qu’elle parcours ; les écartements de ses branches et leurs rapprochements figurent les divers modes du raisonnement qui, selon les circonstances, doivent être abondantes et larges ou précis et serrés, mais toujours clairs et persuasifs. Le compas donnera également aux raisonnements leurs limites car malgré la richesse du travail maçonnique, les déductions, inductions et comparaisons ne peuvent pas non plus se compliquer à l’infini.
Comme beaucoup d’autres outils, le compas est un emblème de précision et d’exactitude. Un maçon ne doit rien entreprendre s’il n’a pas mûrement réfléchit à son projet en examinent la surface du cercle qu’il souhaite tracer afin d’arriver au but recherché. La structure mobile du compas nous invite ouvrir les branches de nos conceptions, élargir le cercle de nos compréhension, de notre évaluation et cela sans préjugés. Le compas permet de trouver la mesure dans la recherche du juste milieu. Avoir le sens des proportions. Maîtriser ses passions dans de justes limites.
Bien entendu, n’oublions pas que le compas possède une pointe fixe indispensable à un tracé stable, ce qui rend nécessaire pour chacun de trouver son propre point d’ancrage qui permettra de tracer un cercle juste et parfait, et malgré tout en restant ouvert et mobile sur l’autre pointe. Pour conclure cette 2ème partie je dirais à chacun son compas.
L’équerre et le compas:
Mais pourquoi l’union de l’équerre et du compas est-elle devenue le symbole si caractéristique de la franc-maçonnerie ?
Les trois grandes lumières de la maçonnerie sont une des premières choses que l’initié perçoit ; la bible pour diriger notre foi, l’équerre pour équarrir nos actions, le compas pour nous faire rester dans la juste mesure à l’égard de tous les hommes. L’équerre et le compas ont pour objectif de former le cœur, de régler l’esprit et de ne rien faire qui sorte du bon ordre. L’équerre et le compas représentent la sagesse et la justice, un bon maçon ne doit jamais s’en écarter. C’est pourquoi l’équerre et le compas sont deux symboles de bases fondamentaux qui sont les plus souvent utilisés pour reconnaître une entité maçonnique. Dans la symbolique maçonnique comme dans toutes autres symboliques, les symboles sont souvent associés : ils se complètent, se tempèrent, se contrarient. Et il en est ainsi de l’équerre et du compas. En effet ces deux instruments sont complémentaires l’un par rapport à l’autre, reprenons leurs définitions de base :
- L’équerre est un instrument fixe qui reste passif et qui symbolise la matière.
- Le compas est mobile, donc actif et symbolise l’esprit.
En loge le compas et l’équerre sont placés sur l’autel de trois manières différentes :
- au 1er degré l’équerre est placée sur le compas ainsi que la matière domine l’esprit et que l’on ne peut demander à l’apprenti que sincérité et confiance.
- Au 2ème degré l’équerre est entrecroisée avec le compas. La matière et l’esprit s’équilibrent et le compagnon fait preuve de sincérité et de discernement.
- Au 3ème degré enfin le compas est placé sur l’équerre. L’esprit survole la matière et la devise devient discernement et justice.
N’oublions pas que lors de la cérémonie d’initiation, au moment où le récipiendaire prononce le serment maçonnique, il appuie une des pointes du compas qu’il tient de la main gauche contre sa poitrine. C’est probablement là la première manifestation de l’alliance de la matière et de l’esprit.
Dans la quasi-totalité des systèmes philosophiques jusqu’en Orient (hindouistes, bouddhistes, shintoïstes), l’équerre est la base, la référence immuable. Son énergie est passive. Elle montre ce qui est droit de ce qui ne l’est pas. Elle redresse ce qui ne l’est plus ou ce qui ne l’est pas encore. Elle est impartiale. Elle vérifie si la direction ou la décision prise est juste. De son côté, le compas est vif et il faut savoir l’utiliser sans se blesser. Si la sagesse n’est pas présente il peut être dangereux car son énergie est active. Grâce à sa branche mobile il permet de tracer d’évaluer, de mesurer, de comparer. Si l’on écoute les deux, il est donc indispensable d’être droit, de travailler sa rectitude dans son comportement pour prendre des décisions justes et parfaites dans la vie. Si l’équerre est un outil de vérification et de contrôle de la rectitude d’une décision, d’une direction prise, le compas est l’outil du concepteur, ce qui rappelle que tout travail doit être pensé avec intelligence et conçu avec esprit avant d’être réalisé. C’est la raison pour laquelle on ne peut tracer des cercles avec un compas dont les branches sont écartées jusqu’à 180°. Et en même temps plus le compas est ouvert plus l’esprit s’ouvre et grandit. C’est pourquoi dans le métier des bâtisseurs on considère que l’image de la parfaite mesure est lorsque le compas est à 90° c'est-à-dire qu’il est aussi équerre.
Ainsi le mouvement de l’équerre au compas est la traduction du passage symbolique de la terre au ciel, de la matière à l’esprit, de l’inconscient au conscient. Nous avons vu que leur position l’un par rapport à l’autre évolue suivant qu’on progresse dans la construction de soi. Ce cheminement va donc d’un esprit dominé par la matière à un esprit dominant la matière et la chair, et cela en passant par une étape de conciliation, voir de réconciliation. Les humains seraient donc deux réalités, deux facettes en un être vivant. Vu sous cet angle nous sommes amené à nous battre contre nous même pour qu’une des deux réalités domine l’autre. C’est peut être là le but essentiel de l’initiation maçonnique ; cette prise de conscience pour se diriger vers la lumière. La maçonnerie serait alors une ascèse morale à laquelle se livreraient tous les maçons. Cette discipline sur laquelle les maçons travaillent serait quelque part un renoncement de leur condition humaine pour se perfectionner, s’élever dans la vertu et vers la lumière.
Le cercle tracé par le compas est le développement du centre dans son aspect dynamique, alors que le carré est une représentation géométrique dans son aspect statique. Expliquons plus précisément cette particularité. L’équerre, qui sert à vérifier les angles droits et par extension à tracer un carré, borne la matière dans l’espace, donc est statique alors que le compas qui trace des cercles est créateur donc possède un aspect dynamique. L’équerre et le compas entrelacés ou superposés l’un sur l’autre représentent la perfection complémentaire du carré et du cercle ainsi que l’harmonie du matériel et du spirituel. Ils représentent la rectitude dans l’action et la précision dans toute réalisation.
D’autre part considérant que l’équerre et le compas sont respectivement l’image de la terre et du ciel, le volume de la loi sacrée correspond à la descente de la vérité, du verbe créateur. L’entrecroisement des deux outils font penser à un mariage entre le ciel et la terre, bien entendu l’équerre ayant ses pointes vers le bas tandis que le compas les a vers le haut. L’initié après son serment devient quelque part, symboliquement enfant du ciel et de la terre.
Hormis la symbolique individuelle et en couple de l’équerre et du compas, il est intéressant de souligné que ces deux symboles renvoient également à deux notions essentielles que l’on retrouve dans toute les sciences : la verticalité et l’horizontalité. En effet même si le maçon doit tendre vers le juste milieu et l’équilibre en toute chose, notamment entre l’équerre et le compas, la maçonnerie se voulant progressive doit aider les frères à s’élever , ce qui se figure par la passage de l’horizontalité à la verticalité. Ainsi le maçon travaillant à sa construction se lève à la verticale, passe progressivement de l’état allonger à l’état debout donc créer l’angle du compas jusqu’à qu’il soit complètement debout à 90° donc d’équerre. C’est pourquoi on dit qu’un compagnon écrit au moyen d’une équerre alors qu’un maître écrit au moyen d’un compas. C’est cette évolution qui permet au maçon de passer des choses terrestre aux choses célestes qui nous met en face de réalités supérieures qui nous affranchissent de nos limites et nous donnent aussi la possibilité de grandir dans notre vie de profane.
Pour terminer sur ce travail d’approche concernant l’équerre et le compas, je suis satisfait de mieux connaître ces deux symboles maçonniques qui sont les plus connus du monde profane. L’élément fondamental dont j’essaierai d’en faire mien, c’est la notion de symbolisme en acte. En effet ce travail m’élèvera à la verticale que si, et seulement si, j’intègre en compétence inconsciente à ma vie de maçon et de profane l’ensemble des devoirs inhérents à l’équerre et au compas. A ce moment là ces deux symboles serviront de filtres à mes prises de décisions quotidiennes. Voilà pour moi la différence entre étudier un symbole et vivre le symbole.
Enfin je ne sais pas si c’est la rectitude qui m’a permis de faire ce travail ou si c’est ce travail qui m’a permis de trouver la rectitude, une qualité relativement contraignante mais tellement enivrante lorsqu’elle permet de nous construire mieux et plus haut.
J’ai dit vénérable Maître.
F\ P\
Re: VLS - Volume de la Loi Sacrée
Pénalités des Serments
Tout d'abord je tiens à remercier notre Vénérable Maître qui m'a laissé la liberté du sujet, j'avais déjà traité ce dernier lorsque j'étais compagnon, mais de nombreux éléments me manquaient à cette époque. C'est pourquoi aujourd'hui j’ai plaisir à reprendre ce travail et traiter ce sujet au travers des trois premiers grades de la maçonnerie.
Je vous propose donc de l'aborder de la manière suivante :
- Définition de ce qu'est un serment
- Historique des serments pour les remettre dans leur contexte
- Le serment aux différents grades et son rôle dans l'initiation
- Le serment comme outil de liberté (fidélité à la tradition et engagement librement consenti)
Définition de ce qu'est un serment
Le mot serment, vient du latin sacramentum, qui veut dire Sacré. C'est une affirmation particulière, ou une promesse solennelle faite en invoquant un être ou un objet sacré, en tout état de cause, une valeur morale reconnue, comme gage de sa bonne foi.
Prononcé en public, il est gage de la sincérité et de la fidélité de celui qui l’émet vis-à-vis de ceux qui le reçoivent. Il se pratique dans toutes les sociétés humaines, à travers les âges et civilisations
Le serment doit normalement toujours comporter trois parties :
Une invocation
Une promesse
Une imprécation
L'invocation, du latin « invocare » : Appeler à l'aide par la prière. L’invocation met celui qui prononce le serment en rapport avec la divinité ou les puissances invoquées comme garanties du serment
La promesse, du latin « promissa » : Ce que l’on s’engage à faire. Elle constitue l’objet même du serment
L’imprécation, du latin, « imprécatio » : Souhait de malheur à l'encontre de quelqu’un. Elle définit les châtiments auquel on consent à être soumis au cas où on violerait sa parole
Le serment engage donc celui qui le prononce d’une manière définitive, avec l’impossibilité de revenir, sans parjure, sur l’engagement contracté initialement.
C’est une vieille règle juridique qu’il n’y ait point d’obligation sans sanction. Et à ce propos, le catalogue des supplices est aussi riche et imaginatif qu’ancien.
Dans le rite écossais ancien et accepté, ces serments sont prêtés sur le Volume de la Loi sacrée, l’équerre et le compas, ouverts sur l’autel des serments en tant que symboles, pour inciter l’intéressé à s’engager du plus profond de lui-même, sur ce qu’il a de plus sacré.
Historique de notre serment
Il y a un proverbe africain qui dit : « Si tu ne sais pas où tu vas, regarde d’où tu viens » et il est vrai qu'il est toujours intéressant de remonter aux sources des choses pour bien les comprendre.
Pour ce que j'en ai lu, les premiers écrits (1) datent de 1696 et comportent toutes les pénalités sanctionnant le parjure. On trouve dans le Registre d’Edimbourg (1696) :
« Le parjure serait puni de mort…sous une peine qui ne serait pas moindre que d’avoir ma langue arrachée de sous mon menton et d’être enterré en dessous de la laisse de haute mer, là où personne ne le saura ».
Pourquoi d’aussi sanglantes mutilations, et même la mort !! Pour la révélation de secrets qui aujourd'hui sont accessibles facilement en bibliothèque ? Il semble en effet y avoir la, une disproportion entre la faute et la punition
Cela nous renvoie à la maçonnerie d'avant 1717, lorsque les secrets étaient inaccessibles par la lecture et que la trahison d’un frère pouvait coûter la torture et la mort.
L’Ordre primitif était une confrérie vouée, entre autre, à la mutuelle protection de ses membres, engagés par serment à aider ceux que leurs sentiments ou leurs convictions, mettaient aux prises avec l’Eglise établie. ( N'oublions pas que la maçonnerie fut excommuniée par l'église ) Même si les peines énoncées jouaient sans doute un rôle symbolique, leur seul but était de convaincre l’initié qu’il risquait de terribles sanctions s’il venait à violer son serment.
On retrouve ensuite des sentences à peu près identique dans d'autres manuscrits *, pour arriver au plus élaboré de tous, le manuscrit Wilkinson (1727) dans lequel l'imprécation est la suivante :
« Sous une peine qui ne serait pas moindre que d’avoir la gorge tranchée, ma langue arrachée du fond de la bouche, le cœur arraché du sein gauche et enseveli dans le sable de la mer… mon corps réduit en cendres et dispersées à la surface de la terre, de sorte qu’il n’y ait plus souvenance de moi parmi les Maçons »
Le seul changement notable survenu par la suite, date de 1760. A partir de cette date la pénalité primitive unique, attribuée à l’apprenti, sera divisée en trois parties, après la création et l’usage du grade de Maître, chacune correspondant à un des trois grades de la maçonnerie bleue et à leur signe d’ordre.
Il est intéressant de relever ce point, j'ai en effet souvent été frappé par la cohérence qui existe dans notre rituel, cela s'explique mieux lorsque l'on comprend que c'est le même et unique serment qui a été divisé en trois parties
Le passage progressif de l'opératif au spéculatif a donc non seulement amené une scission du serment en 3 parties, mais a aussi déconnecté l’imprécation de sa réalité première, car il est difficile de croire en l'éventualité de son application, ce qui peut naturellement la faire paraître outrancière mais je reviendrai sur ce point tout à l'heure.
* Chetwode Crawley (1700), Sloane (1700), Manuscrit Dumfries (1710) Kevan (1714).
Cette scission a cependant pour avantage qu’elle donne évidemment au signe « pénal » du grade un sens étroitement lié au type de supplice qu’il est destiné à infliger symboliquement. Le maintien de l'unité première du serment, n'aurait jamais permis cette corrélation.
Le serment aux différents grades
Au premier degré : après que le Vénérable Maître ait dit : « Voyez-vous un inconvénient a prêter votre serment sur le Volume de la Loi Sacrée » le futur initié reprendra :
Si je devais y manquer, d'avoir la langue arrachée et la gorge coupée, et d'être jugé comme un individu dépourvu de toute valeur morale est indigne d'appartenir à la franc-maçonnerie
Cette pénalité du premier degré, comme dans les suivants est d'ordre physique, elle est en totale corrélation avec le signe d'ordre qui rappelle dans sa gestuelle le fait de couper la gorge, privant ainsi le parjure de sa capacité à parler, et c'est bien cette dernière qui est visée puisqu’en plus on lui arrachera la langue.
C'est donc le principe même de la parole qui est perverti, et le parjure sera puni par-là même où il a pêché. Il ne pourra donc plus utiliser la parole pour l'usage que devait en faire l’initié, à savoir donner des mots de reconnaissance, et plus tard rechercher la parole perdue, mais c'est aussi la liaison avec le «sacré » qui sera brisé, puisque le Volume de la Loi Sacrée est ouvert au prologue de l'Évangile selon Jean qui commence par ces mots :
« Au commencement était la parole et la parole était avec Dieu et la parole était Dieu »
C'est d'ailleurs seulement une fois que le serment aura été prononcé, que l'impétrant pourra être créé, constitués et reçu franc-maçon, à ce moment-là le récipiendaire qui était impétrant deviendra néophyte
Au deuxième degré : Après que le Vénérable Maître ait dit : « Êtes-vous disposé à prêter ce serment » le récipiendaire dira :
« Si je manquais à ces engagements, de m'arracher le cœur de la poitrine et le jeter aux rapaces de l'air et aux voraces des champs, comme une proie et de disparaître de la mémoire de mes frères »
Cette pénalité, toujours d’ordre physique, garde sa corrélation avec le signe d'ordre, puisque la main droite est posée sur le cœur en forme de griffes, comme pour l'arracher de la poitrine.
On met ainsi l'accent sur le cœur, « Lieu où se concentrent les sentiments d'amour mais aussi le siège de la bonté, de l'esprit et de la résidence divine » Puisque traditionnellement Dieu réside au cœur des hommes.
En s’arrachant le Cœur, « le parjure » n'étant plus relié à ses frères, est en quelque sorte déraciné de son fondement divin ; il devient incapable de s'y relier activement et de partager la lumière, comme il en avait fait le projet en demandant son initiation.
Au troisième degré : le récipiendaire dira
« Si je manquais à ce serment solennel, que mon corps puisse être coupé en deux parties, mes entrailles arrachées et brûlées et les cendres dispersées aux quatre points cardinaux, afin qu'il ne reste aucune trace parmi les humains et en particulier parmi les francs-maçons, d'un homme aussi méprisable »
Nous retrouvons ici bien sûr la corrélation avec le signe d’ordre du grade de maître, le corps est coupé en deux parties, de plus les entrailles sont arrachées et brûlées, les cendres dispersées … !
En s'arrachant les entrailles, ce sont non seulement les instincts, mais aussi la vie dans tout ce qu'elle a d'animal et de premier qui est détruite, c'est donc son « Essence de vie » qui est atteint
Pour le parjure, il est donc détruit non seulement dans tous ce qui faisait sa vie physique, mais comme en plus ses cendres sont dispersées, il est privé de sépulture, ce qui lui dénigre toute possibilité de survie spirituelle, il disparaît ainsi totalement du monde des humains qui en perdent jusqu'à sa mémoire. Il n'a donc plus aucune chance de poursuivre sa quête, ce qui est de la négation même de la démarche initiatique.
Quelle peut donc être le rôle du serment dans notre initiation ?
On a vu qu’il y a bien une grande cohérence entre les différents niveaux de serments prêtés en loge bleue, mais aussi qu'il y a une gradation dans les sanctions, puisque l'on passe de la privation de la parole, à la destruction de sa liaison à Dieu, pour enfin disparaître totalement à toute vie spirituelle.
Je voudrais maintenant revenir sur l'aspect quelque peu outrancier de l'imprécation que nous avions mis en exergue tout à l'heure.
En effet on peut se demander pourquoi les frères qui nous ont précédés, ont tenu à conserver l'énoncé de tels châtiments, alors qu'en basculant de l'opératif au spéculatif, avait été perdue toute nécessité et toute signification de ceux-ci, et que de plus l'éventualité même de leur application ne devenait plus crédible.
L'une des réponses, tient à mes yeux dans la tradition, et il me semble important de garder celle-ci vivace dans notre rituel. En effet, comment pourrions-nous prétendre à un futur, si nous commençons par renoncer à notre passé ? Celui-ci fait partie intégrante notre histoire, et en nous obligeant à retourner aux sources, il nous permet de mieux comprendre la démarche qui s'est opérée.
De plus en passant de l'opératif au spéculatif, même de nos jours, le Serment et ses Pénalités doivent garder un rôle majeur, voir même structurateur au sein de notre rite. Il nous faudra donc aujourd'hui faire une lecture symbolique du contenu de ces pénalités. De plus, quand je parle de son rôle structurateur, la corrélation entre le serment et les différents signes d'ordre ainsi que la hiérarchie des peines correspond bien à la démarche initiatique de notre rite.
La mort même si elle devient symbolique, s'adresse alors à notre spiritualité. C'est celle-ci qui est menacée lorsque l'on viole son serment. Trahir celui-ci témoigne d'un défaut majeur du sens des valeurs qui sont les nôtres.
Si l'on en est conscient, on en souffre ou alors on s'en accommode .. ! ! Mais cela se fera au prix d'une perversion de son jugement et de l'estime de soi, niant par-là même la possibilité d'élévation spirituelle. On devient donc dans ce cas son propre bourreau .. !
Le serment comme outil de liberté :
L'homme se trouve naturellement enfermé dans une bipolarité, tiraillé entre l'animalité qui est sienne et l’aspiration au dépassement de soi et à la grandeur
Érasme disait : L'homme ne naît pas homme, il le devient. Il n'y a donc pas de prédétermination pour l'homme mais un choix donc une liberté
La maçonnerie lui apporte la possibilité de s'engager dans une démarche totalement volontaire, sous-tendue par le REAA, qui l’amènera à travailler sur la verticale, puis sur l'horizontale et enfin le passage de l’Equerre au Compas, toutes ces étapes lui permettant de développer sa connaissance de lui-même, et de son perfectionnement
Si le Franc Maçon veut donc user de sa liberté, il pourra s'engager dans cette démarche, nul ne l'y obligera mais il le fera parce qu'il aura conscience de son imperfection, et qu'il estimera de : Son Devoir de l'entreprendre.
On arrive donc ainsi, grâce au serment qui est un engagement pris devant tous ses frères, à la notion de : Devoir Librement Consenti
Pour un Maître Maçon, la fidélité à son serment, et à la parole qu'il a donnée, n’est que la conséquence de l'usage qu'il fait de sa liberté, pour s'engager dans une démarche de Spiritualité et d'élévation, car il estime qu'il est de son « Devoir » de transcender sa condition d'homme. Il passera ainsi de l'Equerre au Compas
Notre serment devient donc le garant de la sincérité de notre engagement, c'est aussi la clé de notre liberté. Le Maître maçon devra comprendre que la notion de : Devoir et de fidèlité à ce dernier doit être un impératif pour lui, et que ce devoir va bien au-delà d’un simple devoir moral, puisqu'il engage toute sa quête de spiritualité.
On retrouve d'ailleurs cette notion de « Devoir » dans la légende d'Hiram, ce dernier a en effet consenti au sacrifice suprême, car il estimait de son devoir de ne pas révéler à ceux qui ne le méritaient pas encore les secrets qu'ils cherchaient à acquérir par la force plutôt que par le travail et le mérite.
Je voudrais d'ailleurs profiter un peu de cette planche pour parler de cette notion de Devoir. Celle-ci n'est pas l'apanage de la maçonnerie, et on retrouve dans l'histoire d'autres exemples de personnes ayant préféré sacrifier leur vie plutôt que d'échapper à ce qu'ils estimaient être leur devoir. Ce fut ainsi par exemple le cas de Socrate et celui de Jésus.
La grande différence cependant entre la religion où Jésus a estimé de son devoir de mourir pour racheter les péchés des hommes, c'est qu'il a en même temps délivré un message, et que sa parole n'a pas été perdue, elle a donné naissance à toute la religion Chrétienne et à tous les dogmes qu’elle a généré
Avec Hiram, au contraire la parole a été perdue, renvoyant ainsi l'homme à lui-même et à ses propres interrogations, car la maçonnerie se veut justement adogmatique. La recherche de la parole perdue oblige donc que le Franc-maçon à travailler sur lui-même et à rechercher en lui cette part de divinité qui habite l'homme, il pourra ainsi trouver la part de lumière que nous portons en nous, et seule la fidélité à son Devoir lui permettra de partager cette dernière avec ses frères.
En conclusion, le serment est donc bien un des piliers fondamentaux de notre démarche maçonnique, il se transcende vraisemblablement pour le Maître grâce ce la notion de Devoir, car c'est bien la notion de Devoir Librement Consenti qui est le garant de notre liberté, cette dernière permettant d'échapper à notre part d'animalité pour entreprendre une démarche de Spiritualité
J'ai dit Vénérable Maître
B\ V\
Grange du Septentrion 11 Juin 2007
[1] Définir ces écrits : « maçonniques » ?
Re: VLS - Volume de la Loi Sacrée
Les deux Saint Jean dans la Maçonnerie anglaise
Emulation
La Maçonnerie anglaise est particulièrement discrète à l’égard des deux Saint-Jean contrairement à la Maçonnerie française bien qu’auparavant ces fêtes aient une importance égale à celles que connaît la Maçonnerie continentale. Cela tient à ce que la Maçonnerie anglaise a été déchristianisée en 1813 lors de la mise au point des rituels de la Grande Loge Unie d’Angleterre après l’union des deux Grandes Loges des « Anciens » et des « Modernes ». La motivation de cette déchristianisation repose sur le problème majeur que connaissait la Maçonnerie anglaise sur le plan religieux en la présence des juifs en Loge. Quoique cette présence ne paraisse pas avoir posé de difficultés lors de la création et des premières années de fonctionnement de la Grande Loge de Londres et de Westminster, au milieu du XVIIIème siècle certaines Loges décident de voter des motions tendant à ne pas recevoir de juifs en Loge. C’est pour aplanir ces difficultés de caractère religieux que les rituels furent déchristianisés.
Déchristianisation ne signifie pas laïcisation comme dans la Maçonnerie française mais une réduction du contenu religieux de la Maçonnerie à l’Ancien Testament, c'est-à-dire ce qui est commun aux juifs et aux chrétiens. Insistons sur le fait que le mot « déchristianisation » appliqué à la Maçonnerie anglaise s’entend au sens restrictif de suppression de toutes les références spécifiquement chrétiennes et non pas de toute référence religieuse. Nous savons que le duc de Sussex, premier Grand Maître de la Grande Loge Unie d’Angleterre joua un rôle déterminant dans l’élaboration des nouveaux rituels d’après 1813. Tout en étant un chrétien dévot et reconnu comme tel, sa tolérance et son ouverture d’esprit permirent aux Maçons de toute confession de se retrouver dans une structure initiatique dont la destination était de rassembler des hommes de bonne volonté au centre de l’Union qu’est la Franc-Maçonnerie.
Les deux Saint-Jean fournissent un exemple éclairant de cette déchristianisation. L’usage de tenir la principale assemblée de l’année (que nous dénommons en France « Convent ») le jour de la Saint-Jean vient d’Angleterre. Les constitutions d’Anderson de 1723 (Règle 22) prévoient que « la Grande Loge doit tenir son assemblée annuelle le jour de la Saint-Jean-Baptiste ou bien le jour de la Saint-Jean l’Evangéliste si la Grande Loge en décide autrement par une nouvelle réglementation ». N’oublions pas que c’est lors de la Saint-Jean Baptiste que les quatre Loges londoniennes formèrent la première Grande Loge le 24 juin 1717. Bien avant cette date, la tradition maçonnique anglo-saxonne de célébrer la Saint-Jean est attestée antérieurement à 1717 par le manuscrit Dumfries (1710).
L’usage de prêter serment sur l’Evangile de Saint-Jean appartenait également à la Maçonnerie anglaise qui l’a transmis en France avant de le voir disparaître en raison de la déchristianisation du rite. Le plus ancien témoignage est écossais. Le Frères nouvellement reçu prononce les paroles suivantes :
« - Me voici, moi le plus jeune et dernier Apprenti Entré, qui ai juré par Dieu et Saint-Jean, par l’équerre, le compas et la jauge commune etc. » (Manuscrit des archives d’Edimbourg, 1696). Ce texte permet d’affirmer que l’usage de prêter serment sur l’Evangile de Saint-Jean appartenait à la Maçonnerie écossaise du XVIIème siècle, Maçonnerie de transition entre la Maçonnerie opérative et la Maçonnerie spéculative.
Autre usage, celui selon lequel toutes les Loges portent le nom de Saint-Jean vient également d’Angleterre. Dans les catéchismes maçonniques anglais, on trouve à partir de 1720 la célèbre question : « De quelle Loge êtes-vous ? ». Le Maçon répond : « De la Loge de Saint-Jean ». Les salutations usuelles des Maçons itinérants évoquent également la Saint-Jean. Lorsqu’ils visitaient un Atelier, le Maître de la Loge demandait :
- « D’où venez-vous ? », le visiteur répondait :
- « Je viens d’une très vénérable loge de Maîtres et de Compagnons appartenant à Saint-Jean ». (The Whole Institution of Masonry, 1724).
Samuel Prichard dans son ouvrage « Masonry Dissected, 1730) évoque l’échange entre le Vénérable Maître et le voyageur :
- « D’où venez-vous ?
- De la sainte Loge de Saint-Jean
- Quelles recommandations en apportez-vous ?
- Les recommandations que j’apporte des très vénérables Frères et Compagnons de la très vénérable et sainte Loge de Saint-Jean, d’où je viens et vous salue bien cordialement par trois fois. »
Toutes les Loges anglaises portent donc le nom de Saint-Jean et si elles portent le même nom, c’est qu’elles sont toutes à l’image d’une unique Loge archétypale. Le manuscrit des archives d’Edimbourg (1696), le manuscrit Sloane (1700), the Grand Mystery of Free-Masons Discover’d (1724) rapportent que les Loges de Saint-Jean se situaient à l’origine dans le porche du Temple de Salomon. Samuel Prichard rapporte que « la raison pour laquelle ils se dénomment de la Sainte Loge de Saint-Jean est qu’il fut le précurseur de Notre Sauveur et posa la première ligne parallèle à l’Evangile ». Ce texte fait clairement allusion à un symbole qui figure dans les Loges anglaises.
Sur le tableau du premier grade est représenté un autel sur lequel est posé le Volume de la Loi Sacrée. Sur la face antérieure de l’autel est tracée une figure géométrique reproduisant un cercle avec son centre auquel sont adjointes deux tangentes parallèles. Nos instructions (1er grade, 6ème partie) évoquent également ce symbole tracé sur le tableau de grade : « Dans toutes les Loges régulières, bien disposées et constituée, on voit un point dans un cercle autour duquel les Frères ne peuvent s’égarer. A ce cercle sont jointes au Nord et au Sud, deux grandes lignes tangentes et parallèles, la première, représentant Moïse et la seconde le Roi Salomon. Sur la partie supérieure de ce cercle repose le Volume de la Loi Sacrée qui supporte l’Echelle de Jacob dont le sommet s’élève jusqu’aux cieux. Et si nous étions aussi proches de ce Livre Saint et si adhérions aussi étroitement aux doctrines qu’il contient que le font ces deux lignes parallèles, cela nous conduirait auprès de Celui Qui ne nous trompera pas et Qui n’acceptera pas d’être trompé. En suivant la circonférence de ce cercle, nous devons nécessairement rencontrer ces deux parallèles ainsi que le Livre Sacré, et tant qu’un Maçon demeure dans de telles limites, il ne peut s’égarer ».
A l’origine ce symbole était associé aux deux Saint-Jean. Après la déchristianisation des rituels en 1813, les deux tangentes parallèles représenteront Moïse et Salomon. Nous pouvons déjà conclure provisoirement que les Loges travaillant à un rite anglais ne sont plus des Loges de Saint Jean, même si elles en ont été la source, et qu’il ne nous appartient pas de fêter les traditionnelles fêtes de Saint Jean.
Le cercle avec son centre est un symbole classique qui a plusieurs significations. Celles-ci tiennent à la structure géométrique du tracé qui présente d’une part un point central autour duquel tout s’organise et d’autre part une limite extérieure circulaire, ce point central et cette limite extérieure déterminant un espace intermédiaire. Dans la conception du Moyen Age et de celle de ce néo-platonisme chrétien de la Renaissance qui considère l’univers fini, centré et sphérique, cette figure est en premier lieu un symbole de l’Univers. Le cercle extérieur est celui que le Grand Architecte de l’Univers a tracé au moyen d’un compas symbolique tel que nous le montrent les enluminures médiévales. Le point central est celui où il a fixé la pointe du compas.
La signification suprême de la figure formée d’un cercle et de son centre est de représenter la Trinité, à l’image de laquelle sont faits et l’Univers et la Loge. Le centre représente le Père, le cercle extérieur le Fils et l’espace intermédiaire l’Esprit. Ce symbolisme a été formulé avec une grande force par Kepler, dans la période même où naissait la Maçonnerie spéculative. Dans « le mystère cosmographique » (1596) il écrit : « Et alors que cela seul aurait suffit à fonder en Dieu la noblesse du courbe, il s’y ajoute une autre raison de loin plus importante : l’image de la divine Trinité dans la surface sphérique avec le Père au centre, le Fils à la superficie et le Saint-Esprit dans l’égalité de la relation du centre au pourtour ». C’est donc l’image de la Trinité divine qui est figurée dans les Loges par le point central dans le cercle. De plus cette figure orne l’autel qui supporte le Volume de la Loi Sacrée dans lequel la Trinité se révèle par sa seconde personne, le Verbe correspondant à la limite circulaire. Dès lors les deux lignes parallèles qui touchent le cercle représentent les deux faces de la révélation scripturaire : l’Ancien et le Nouveau Testament. Voilà pourquoi elles correspondent aux deux Saint-Jean. En eux en effet l’Ancienne et la Nouvelle Loi touchent au plus près au Verbe venu dans le monde. Saint Jean-Baptiste le dernier des prophètes de l’Ancien Testament et en même temps « plus qu’un prophète » au dire de Jésus lui-même (Matthieu 11.9) annonce que la première s’accomplit dans cette venue et Saint Jean l’Evangéliste commence à propager la deuxième, que le Verbe apporte. Ainsi, dans cette figure, les deux Saint-Jean sont chacun à leur place dans une représentation complète de la Révélation chrétienne.
Les deux Saint-Jean sont riches d’enseignements spirituels. Saint Jean-Baptiste a prêché le repentir. Il est celui qui invite à se préparer à la venue de la Lumière, à se mettre en état de la recevoir. Il enseigne l’humilité, le renoncement à soi sans lesquels il n’y a ni initiation ni progrès spirituel : « Moi, je ne suis pas digne de dénouer la courroie de sa sandale » (Jean 1.27) ; « Il faut qu’il croisse et que je diminue » (Jean 3.30). Le véritable ésotérisme ne consiste pas à pénétrer les arcanes de quelque science secrète mais à se pénétrer de la substance de telles phrases initiatiques. Si saint Jean-Baptiste enseigne au Maçon comment se préparer à recevoir la Lumière, saint Jean l’Evangéliste est le type d’homme qui l’a reçu et qui a donc atteint une certaine connaissance. Sur la nature de cette connaissance , sur la source dont elle procède, sur les effets qu’elle opère en celui qui la reçoit, tout est dit dans son Evangile en des termes simples et abordables dont il ne s’agit que de se pénétrer : « Le Verbe était la vraie Lumière qui illumine tout homme en venant au monde » ; « A ceux qui l’ont reçue, à ceux qui croient en son Nom, il a donné le pouvoir de devenir enfant de Dieu : ceux-là ne sont pas nés du sang, ni d’un vouloir de chair, ni d’un vouloir d’homme, mais de Dieu. (Jean 1.9 ; 1.12-13) ; « Qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif, mais l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source jaillissante pour la vie éternelle » (Jean 4.14).
Enfin l’Evangile de saint Jean est par excellence l’Evangile de l’amour. Bien qu’à la vérité les commandements d’aimer Dieu et son prochain figurent dans l’Ancien Testament et soient repris dans les Evangiles synoptiques (Matthieu 22.34-40, Marc 12.28-31, Luc 10.25-28) qui contiennent même la prescription d’aimer ses ennemis, le commandement d’amour est proclamé d’une manière particulièrement solennelle dans l’Evangile de Saint-Jean où d’ailleurs Jésus le présente comme nouveau parce qu’il lui donne un caractère absolu et une portée universelle qu’il n’avait pas dans l’Ancien Testament : « Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. A ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples, à cet amour que vous aurez les uns pour les autres » (Jean 13.34-35). « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez en mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez en mon amour, comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père et je demeure en cet amour. Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite. Voici mon commandement : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jean 15.9-12).
Dans ces passages, le commandement d’amour fraternel est mis dans la perspective de la Révélation trinitaire dont le schéma complet est donné par la figure symbolique commentée plus haut. L’amour des Frères entre eux est à l’image de celui que le Fils a pour eux et dans lequel ils demeurent, et celui-ci est lui-même à l’image de l’amour que le Père a pour le Fils et dans lequel le Fils demeure, cet amour étant ce dont procède l’Esprit. Il a été révélé partiellement dans l’Ancien Testament sous la forme de la Loi puis dans le Nouveau Testament sous la forme plus parfaite d’une nouvelle loi de Grâce et de Vérité (Jean 1.17). Les deux Saint-Jean symbolisent ces deux phases de cette Révélation, phases que chaque Maçon doit revivre son parcours maçonnique passant par l’attente dans l’effort et dans les œuvres qui sont déjà amour, de la venue de la Grâce et de la Lumière qui feront éclore en lui, en même temps que la connaissance, l’amour dans sa perfection.
V\F\
Y\ R\
Source :
- rituel Emulation
- Instructions Emulation
Re: VLS - Volume de la Loi Sacrée
Sphère terrestre et Sphère Céleste
« Ny andon’ny lanitra sy ny tsiron’ny tany anie ho aminareo ». Ce vœu, issu de notre tradition culturelle, est un appel aux ressources inépuisables de la terre et du ciel pour le maintien et le développement de la vie, individuelle ou collective. Transposé dans notre vie maçonnique, il démontre l’immensité du champ de notre quête de la vérité et de la lumière. L’interprétation ou l’harmonie entre ces deux mondes, constitue pour le franc-maçon un immense espace de réflexion. Faisant partie des outils symboliques et traditionnels du compagnon franc-maçon, ces deux éléments sont représentés en loge travaillant au 2ème degré lors de la cérémonie d’augmentation de salaire par la sphère terrestre et la sphère céleste placées à l’orient.
Tel est en effet, ce midi, le thème de notre planche : la sphère terrestre et la sphère céleste.
Pour arriver au bout de cette réflexion, permettez moi de faire, avant tout, un bref retour sur le parcours initiatique du nouvel apprenti, afin de le situer par rapport à sa démarche et à l’évolution de son environnement pour arriver enfin en loge de compagnon où ces deux sphères lui sont apparues pour la première fois.
« Né de la poussière, tu redeviendras poussière » dixit l’évangile. Le cycle de vie de l’homme s’articule autour de la terre. Elle accueille l’Homme dans son intégrité physique. C’est par elle également qu’il est éprouvé en premier lieu dans sa phase d’initiation et sa quête de la lumière. Dans cette épreuve de la terre, il est invité à effectuer trois voyages. Le premier voyage se rapporte à l’air, le second à l’eau et le troisième au feu. Tous ces éléments ont concouru à la purification de l’apprenti durant cette épreuve. Ces épreuves sont destinées à lui montrer la route qui conduit à la lumière. Une démarche dont la finalité est de dégrossir la pierre brute, en la travaillant avec des outils symboliques, notamment le maillet et le ciseau. Avec ces outils, l’apprenti travaillera sur lui-même, il taillera lui-même sa pierre et parviendra à la rendre parfaite à son gré. Elle deviendra la pierre cubique, le chef d’œuvre, aboutissement de son travail. En ayant recours à l’équerre dont la propriété est de rendre les corps carrés.
L’équerre représente en un sens l’action de l’homme sur la matière et dans un autre sens, l’action de l’homme sur lui-même. La matière étant symbolisée par la sphère terrestre. Quand à l’opposée de la matière, la pensée, ou l’esprit est dans l’ésotérisme maçonnique symbolisée par la sphère céleste. La pansée qui, intellectuellement, est à l’image du compas. Un autre outil symbolique associé habituellement à l’équerre. Tous les deux (l’équerre et le compas) forment d’ailleurs, avec le volume de la loi sacrée, « les trios grandes lumières » de la franc-maçonnerie du REAA. Ils symbolisent respectivement, la Loi cosmique, la Terre et le Ciel.
Puisque nous parlons de sphère terrestre et de sphère céleste, une certaine similitude les apparente en effet à l’équerre et au compas. Si le travaille du maçon sur terre est d’abord sur la matière et qui commence au grade d’apprenti. Sa recherche sans limite de la vérité et de la lumière le pousse à aller plus loin, à explorer l’univers en travaillant sur sa pensée et sur son esprit.
Mais cet univers, le perçoit-il donc de la même manière depuis toujours ?
Pour apporter y une petite lumière, je me permettrais de faire un voyage dans le temps à ce sujet.
Les Chinois, les Babyloniens et les Egyptiens ont peuplé les cieux de dieux dont l’une des préoccupations consistait à remplir des panthéons infinis. Des siècles après, les Grecs se sont rendus compte que l’Homme est à même de déchiffrer l’Univers.
A son tour, Pythagore pensa que l’Univers est composé de 10 sphères concentriques aux trajectoires circulaires s’ajustant parfaitement autour d’un feu central. Aristote et Ptolémée y ajoutent d’autres sphères et placent la Terre au centre de l’Univers. Une théorie qui a duré près de 15 siècles.
Quant à Nicolas Copernic, en situant le soleil au centre de l’Univers, il déplaça la terre au rang de planète. Cette théorie a bouleversé l’histoire de l’homme, en lui faisant comprendre qu’il n’est plus le nombril de l’Univers. Quelques années plus tard, un astronome danois, Brahe, démontre que l’orbite des planètes est ovale et réduit ainsi à néant la conception des sphères. Et enfin, à notre ère, la science et l’astrophysique nous précisent que le soleil n’est pas le centre de l’univers.
Et que découvririons nous encore demain, à ce rythme ??
Pour le franc-maçon, dans tous les cas, le temple est l’image de l’univers. Ce temple est la réalisation matérielle du tableau de loge. Et si nous nous référons au tableau de loge de compagnon, les deux sphères sont placées sur les deux colonnes. La sphère terrestre sur la colonne J :. et la sphère céleste sur la colonne B :. Par contre, dans la disposition réelle en loge bleue au grade de compagnon, lors de la cérémonie d’augmentation du salaire, les deux sphères sont placées sur le plateau du V :. M :. La sphère terrestre du coté septentrion, et la sphère céleste à l’occident.
A mon avis, ceci reflète beaucoup plus nos convictions dans la mesure où l’apprenti, siégeant au septentrion et travaillant sur lui-même, sur la matière peut être symboliquement se retrouver dans la représentation de la sphère terrestre. Cette dimension, spatiale et temporelle constitue son champ d’action. Pour le compagnon, placé à l’occident, la sphère céleste souligne que c’est l’univers tout entier qui s’offre à ses investigations et qui représente désormais le domaine dans lequel il a à travailler pour réaliser sa pierre cubique.
Pour le profane, le ciel et ses brillantes étoiles sont signes de l’immensité de l’univers, mais également un formidable moyen d ‘orientation. Pour le nouveau compagnon que je suis, après avoir purifié mon esprit par d’intense travail intérieur, s’ouvre le vaste domaine de la pensée. Un travail long et fastidieux pour parfaire ma propre connaissance par l’observation, le raisonnement et la méditation.
A la lumière de mon âge maçonnique, ma démarche permet un écart passager d’imagination suivi d’un prompt retour à la rectitude rationnelle. Mais lors de la réalisation de la présente planche, je me rends compte que l’écart a été trop long, et qu’il est encore temps pour moi d’approfondir la démarche classique de l’apprenti, mettre un pas devant l’autre et de recommencer…..
V\ M\ , j’ai dit.
E\ R\
Re: VLS - Volume de la Loi Sacrée
Je suis Maître
comment poursuivre mon chemin ?
comment poursuivre mon chemin ?
INTRODUCTION
A la GLDF, nous pratiquons les trois premiers degrés du REAA, et nous sommes tous solidaires de l’Ordre Maçonnique.
Cette dernière affirmation nous indique que notre engagement va au delà de
l’Obédience, au delà du Rite, qu’elle nous rattache à la FM:. Traditionnelle et Initiatique.
Cet Ordre Universel, d’essence indéfinissable, ne peut être abordé qu’avec “notre cœur et notre intuition”.
Il nous appartient donc de connaître le contenu initiatique et traditionnel du Rite, de nous imprégner de ses permanences et principes fondamentaux, et ce afin d’assurer la pérennité de l’Ordre.
C’est pourquoi, avant d’aborder le troisième degré et voir si la maîtrise est un aboutissement, un palier, un passage ou une ouverture sur la voie de la Connaissance, permettez moi un préalable. Ce préalable doit nous permettre de vérifier si nous sommes d’accord sur la réalité de notre démarche et sur notre engagement initiatique.
INITIATION
Pour moi, l’initiation doit être comprise comme une démarche individuelle, comme une dynamique de vie. Elle ne peut être réduite à des instants ou à des actes privilégiés.
Elle ne peut être réduite à un instant, fut-il initial! Elle est avant tout une construction, ou plutôt une reconstruction de l’individu dans toutes ses composantes, suivant un projet individuel de perfectionnement et de spiritualisation.
La démarche initiatique est donc reconstruction du Moi, comme reconstruction du Soi! L’initiation est plus encore; elle est écoute, elle est ouverture, elle est disponibilité, mais aussi réactions à soi, à l’autre, au monde, à la nature, au cosmos, à l’Univers, au GADLU.
L’initiation n’est pas non plus et seulement la mise en place de cette dynamique de reconstruction, elle est permanence et à ce titre, une démarche, une voie!
L’initiation devient ainsi une sorte d’énergie, sublimée par le désir de connaissance qui amène l’homme vers sa transcendance.
Pourtant si la démarche initiatique semble être une voie privilégiée, celui qui l’emprunte doit se rappeler cette parole du sage: “quand on estime avoir tout fait, il reste encore une chose à faire: se refaire”
Chacun d’entre nous doit prendre conscience de notre capacité d’évolution et de perfectionnement. Et cette démarche ne peut qu’être profondément vécue, à la fois dans l’épreuve et le dépassement, dans le doute et la certitude, dans la déconstruction et la reconstruction, mais toujours dans la foi et l’espérance.
Par contre cette initiation ne peut s’effectuer qu’au sein d’un collectif! L’acte
initiatique ne peut avoir lieu que dans un espace-temps sacré, crée par un engagement collectif.
C’est la raison d’être et le but des rituels initiatiques que de permettre à un groupe de créer cet espace-temps sacré, que de créer un égrégore.
Les rituels sont de véritables outils, ils permettent de rassembler les forces spirituelles qui sensibiliseront l’impétrant à lui-même, à son environnement, aux autres; il sera également sensibilisé au Principe Créateur qui lui fera prendre conscience de la montée dans les degrés de l’initiation.
L’initiation doit s’inscrire enfin dans un projet collectif de perfectionnement du collectif. C’est par le perfectionnement de l’homme que se fera le perfectionnement de l’humanité!
C’est en ce sens, me semble-t-il, que le projet initiatique est un projet humaniste.
Au REAA, l’initiation peut nous conduire encore plus loin: travailler à la gloire du GADLU, c’est combattre pour le triomphe de l’esprit, pour le triomphe d’une spiritualité issue de la Connaissance!
Ce préalable posé, voyons si le contenu initiatique de ce troisième degré peut constituer un aboutissement, annoncer le commencement d’un nouveau cycle, et quelles sont les réponses qu’il apporte, les questions qu’il suscite.
PERSPECTIVES DU CONTENU INITIATIQUE
La démarche de l’initié, jusqu’à son élévation à la maîtrise, a été de retrouver en lui l’homme spirituel, harmonisé, ayant surmonté ses contradictions intérieures pour s’accorder à son environnement extérieur.
La première mort a consisté pour lui à se dépouiller de ses enveloppes les plus grossières.
La seconde mort est plus profonde: l’initié meurt à lui-même, à sa propre personnalité. Savoir mourir est ainsi la démarche clef de l’initié en quête de Vérité, car en mourant, il se dégage de ce qui est inférieur pour s’élever.
L’Initié tombe sous les coups des trois mauvais compagnons, allégories de l’Ignorance, (incapables de saisir l’esprit), du Fanatisme(réducteur du temple), de l’Ambition ( tour de Babel ne menant nulle part)!
Nos véritables ennemis sont en nous et résultent de l’usage inapproprié de nos facultés, de l’usage déformé de nos propres vertus.
Ces trois compagnons, c’est peut-être nous, qui, par le maniement incorrect de nos outils, ensevelissent à jamais le Maître qui est en nous; et nous sommes incapables alors de retrouver l’endroit où fleurit l’acacia!
Face aux apparences de l’homme banal, qui ne sont faites que d’écorce morte, il faut donc mourir, car seule la mort sépare le subtil de l’épais, dégage l’esprit de la matière.
La légende d’Hiram, que mime l’initié, est la consécration de la démarche initiatique: le compagnon est reconnu apte à la Maîtrise et va s’élever à cette Maîtrise.
Son ascension a été transcendante: vers l’Esprit, vers le Maître qui se trouve en lui et qui déterminera ses actes.
Sa mort lui fera désormais prendre conscience que la cause de l’Homme est en lui, tout comme la cause de l’Univers est intérieure à l’Univers lui-même.
La mort initiatique, c’est notre propre capacité à tuer la vie à laquelle nous sommes promis et de renaître à la vie de l’esprit, qui est la seule à pouvoir apporter la paix et la joie.
Hiram est mort, il faut retrouver la tombe où fleurit l’Acacia, cette tombe qui est en nous; nous recherchons la parole perdue par la réintégration finale de nous-mêmes, dans notre essence propre, par l’intellect, le cœur, le rythme de la lumière et de l’harmonie.
Ce souvenir et cette espérance demeurent au plus profond de nous: c’est peut-être la parole retrouvée.... j’en doute, mais c’est déjà la renaissance!
La renaissance d’Hiram, c’est la renaissance du Maître qui est en nous, rappel de la chute originelle de l’homme perdu dans ses contradictions insurmontables, car il a enfoui son Esprit dans le tumulte et l’opacité d’une vie sans lumière!
Notre mort initiatique, notre résurrection dans notre être physique et dans notre esprit, c’est notre conscience perdue et retrouvée, parcelle du GADLU.
Si la mort initiatique s’est poursuivie depuis l’entrée dans le temple jusqu’à l’élévation à la Maîtrise, la mort d’Hiram n’apparait pas comme le reflet de la mort de l’initié: Hiram n’a plus à mourir au monde puisqu’il a atteint l’absolu de l’initiation.
Sa mort n’est qu’apparence puisque rien ne peut tuer l’Esprit, la Conscience!
L’initiation a eu pour effet d’ harmoniser ce qu’il y a en nous: l’envers et l’endroit, la raison et la déraison, le désespoir et l’espoir, les deux colonnes J et B appelées à se transformer, à se fondre en une colonne centrale qui figure l’être absolu, l’être idéal, ou si l’on veut la pensée et la vie, la fusion de la matière et de l’esprit, la beauté pure!
Oui, le mythe d’Hiram, proposé par le Rite, est bien la synthèse de l’ascension vers la Lumière.
Par l’approche de l’éternel retour, parce que sa mort lui a procuré la force de rattacher le commencement et la fin,l’initié libère son esprit de l’absolu des choses.
La mort et la résurrection qui consacrent l’unité de l’être temporel et de l’être intemporel, assurent la pérennité de l’oeuvre.
Cette mort initiatique nous rappelle que nous sommes mortels en tant que simples existants et immortels là ou nous apparaissons dans le Temps, comme ce qui est éternel.
Mais c’est bien l’Amour qui doit soutenir la démarche initiatique jusqu’à la mort; l’initié sort de sa torpeur grâce à l’appui des Maîtres en qui revît l’Esprit d’Hiram. Les Maîtres mettent en commun leur intelligence, car la pensée demeure fragmentaire lorsqu’elle est dissociée de la multiplicité des individus et des temps.
A ce stade j’accepte l’idée, qui est celle sans doute de bon nombre de frères et certainement des plus anciens, que le mythe d’Hiram est le mythe fondateur du REAA!
Ce que je peux dire plus sûrement, c’est que le troisième degré est la clef de voûte de l’édifice rituel et initiatique de l’Ordre Écossais.
En même temps, tous les grades qui se mettent en place laissent à penser que bien au delà de la recherche de la Parole perdue, la Maçonnerie Traditionnelle cherche à pénétrer les secrets des anciennes initiations dont elle est héritière.
Ainsi donc, lorsqu’une volonté d’organisation de tous ces grades va se manifester, le mythe d’Hiram servira naturellement de fil d’Ariane.
MYTHE D’HIRAM ET PAROLE PERDUE
A ce troisième degré du Rite, les secrets de la construction sont perdus et le nouveau Maître qui ne dispose que des “Mots Substitués” doit rechercher par le monde les secrets véritables du Maître Maçon! Il sera ainsi amené à la rencontre de sa véritable nature spirituelle, comme nous l’avons vu.
Le Maître est devenu respectueux de l’ordre découvert, c’est à dire de son ordre intérieur, de lui-même.
Il est passé d’une conscience éclatée au premier degré, réorganisée au deuxième degré, à une conscience harmonisée en accédant à la Chambre du Milieu!
Les outils opératifs sont devenus une clef d’accession aux Mystères du Rite, et une ouverture spirituelle l’invite à prolonger l’action humaine et terrestre des trois premiers degrés symboliques.
Les mots substitués deviennent la Parole Perdue.
A première vue, le terme Parole semble indiquer un message, donc un savoir essentiel à l’initié en quête de Lumière initiatique, savoir que l’humanité aurait possédé aux origines. Son sens serait occulté parce que l’homme, en raison d’une involution, aurait perdu le pouvoir de comprendre.
De ce message antique devenu illisible, il ne nous resterait qu’un univers de langues symboliques émiettées, véhiculées par notre tradition maçonnique, par de multiples traditions initiatiques et l’immense patrimoine humain des mythes!
Et cette Parole Perdue qui revêt des formes variées et déroutantes, ne permet pas de savoir la nature exacte de cette Parole dont nous avons à quêter les sens.
Où faut-il la chercher, sous quelle apparence symbolique?
S’agit-il du secret Véritable des Maîtres Maçons, perdu par la mort d’Hiram? Est-ce le Nom inconnu du Grand Architecte? Est-ce la somme des messages ésotériques que renferme le Volume de la Loi Sacrée? Est-ce l’ensemble des grands mythes de l’humanité?
Il nous faut opérer une véritable fouille archéologique de toutes les traditions pour retrouver les morceaux de la Parole, que nous sentons à la fois vivante et remplie de mystères.
Peut-être n’y a-t-il pas de plus beau symbole de cette quête que la recherche, au cours de l’initiation au troisième degré, du corps d’Hiram assassiné dans ces ténèbres profondes!
L’Architecte du Temple de Salomon est tué et l’oeuvre reste inachevée; lui seul devait en posséder le plan et savoir que le Temple devait figurer la face visible et invisible du Cosmos.
Le Secret des Maîtres Maçons c’est probablement le sens ésotérique de l’architecture du temple de Jérusalem, modèle de tous les temples.
Une question peut cependant se poser à propos du mot de Maître qu’Hiram refusa de
livrer.
S’agissait-il du Nom inconnu du Grand Architecte? On sait que dans de nombreuses traditions initiatiques et religieuses, le Nom Divin fait l’objet d’un interdit absolu, conformément à l’idée du Sacré.
Alors pourquoi ce Nom doit-il rester le secret des secrets? Pour quelles raisons doit-il rester ineffable? Est-ce que sa possession serait une voie de communication et de rencontre avec l’Etre Absolu?
Le désir de connaître le Nom est une expression éternelle de l’orgueil humain, de son désir d’identification au divin et de son insatiable volonté de puissance.
Personne ne peut même dire, si, aux origines, le Nom du Grand Architecte a pu être
connu!
Ce qui est certain, c’est que l’interdit qui le frappe permet de le considérer comme une figure de la Parole inaccessible, sinon perdue, symbolisant la distance impossible à franchir entre l’humain et le divin. (*)
Selon la Tradition, la Parole Perdue est associée à l’idée d’une “Connaissance Primordiale des Mystères” située aux origines de l’humanité et dont elle serait aujourd’hui privée!
Toute démarche initiatique ne serait qu’un travail inlassable pour tenter de la retrouver.
Par conséquent nous pouvons penser que cette connaissance n’est pas irrémédiablement perdue, puisque nous essayons de la recomposer à partir des mythes, des rites, des constructions symboliques.
Mais notre œuvre de recomposition est hasardeuse, car notre recherche ne porte que sur les substituts de la Parole, sur des traductions humaines de ce qui fut révélé à nos ancêtres!
Dans cette recherche d’une connaissance perdue, il existe un recueil qui nous a toujours servi de référence pour l’élaboration de nos rites, de notre symbolique et de notre pensée: c’est la Bible que nous appelons VLS\ par opposition au livre sacré des deux religions.
La Bible nous explique pourquoi la Parole a été perdue, comment elle a été rétablie par l’offre divine de l’Alliance, pour obtenir de lui la soumission à l’autorité du Sacré.
C’est ce qui peut rendre crédible l’idée que le Livre véhicule des éléments de la Connaissance Primordiale.
C’est pourquoi la FM\ Traditionnelle a fait de la Bible la référence centrale de ses rites, de sa pensée initiatique, de son éthique de la fraternité.
S’il m’est permis de hasarder une opinion sur le sens de la parole Perdue, je peux dire qu’il y a une recherche de retour à l’état primordial de notre être!
État de communication, voire de communion avec la source originelle de la Lumière qui projette dans l’aventure initiatique les pèlerins de l’Etoile.
Cette communion des origines du Verbe et la compréhension du sens ésotérique de la Parole forment la double substance du Secret Maçonnique, qu’il appartient au Maître de découvrir en d’autres lieux.
Car cette Parole a éclaté en mots substitués, en symboles épars, que nous travaillons à rassembler chacun pour notre compte et en commun, à travers nos échanges fraternels.
Nous sommes là dans le champ de la construction du Temple inachevé de la Connaissance qui se confond avec la reconstruction de la Parole Perdue!
Nous voyons bien que ce thème porte en lui la raison première d’une progression initiatique sur la voie du Rite, au delà du troisième degré.
Et bien sûr de nouvelles questions qui appellent des réponses, n’en doutons pas, à des niveaux différents de connaissance initiatique!Aurons nous la capacité à inscrire notre œuvre et nous mêmes dans l’espace et le temps, à nous élever en même temps que notre œuvre?
Il faut bien admettre que le Maître Maçon est encore en suspens entre l’équerre et le compas, entre ciel et terre certes, mais avec la face toujours tournée vers la terre.
Après l’avoir fouillée, il lui faut maintenant scruter le ciel, passer de l’équerre au compas pour rechercher la Vérité dans son subconscient et l’amener à la conscience.
Cette démarche le délivrera et dirigera son regard vers le ciel, vers les hautes régions de la Connaissance Spirituelle.
Mais ce parcours exige volonté et persévérance et la libération espérée suppose une tension de l’être tout entier, une mobilisation totale des facultés de l’intelligence et du cœur. Pierre à pierre, le chantier s’organise et se précise jour après jour.
Tout en sachant que nous sommes notre propre artisan, nous avons trop conscience de notre imperfection pour refuser d’être soutenu et dirigé.
CONCLUSION
Mes TCF\ qui êtes venus ici pour travailler, pour progresser et pour comprendre,peut-être trouvez vous que je ne vous dit pas grand chose et vous avez sûrement raison!
Mais je ne suis comme vous qu’un cherchant de Lumière et comme vous je m’interroge!
Si nous ne portions pas en nous une émanation de cette “Couronne Lumineuse” aurions nous le désir de gravir les marches, d’élever des colonnes et des Temples pour remonter vers la Source?
Serions nous tourmentés par le sentiment de nos limites et de nos imperfections, désirant les dépasser et nous tourner vers les hautes régions de la Connaissance Spirituelle si un point ne vibrait pas dans la nuit de l’inconscient?
C’est bien parce que nous portons en nous quelque chose du Verbe que nous nous sentons privés de la Présence de la Parole et que nous ressentons comme un devoir, un besoin essentiel, la quête de sa redécouverte.
“Je ne te chercherai pas si je ne t’avais déjà trouvé” C’est bien ce qui nous sépare d’une conception purement matérialiste de l’être humain.
L’Arbre de Vie et l’Arbre de la Science ont poussé dans chaque être humain une racine, faible ou puissante, mais l’Arbre de Vie et l’Arbre de la Science appartiennent l’un et l’autre au Jardin de l’Eternel !
J’ai dit VM\
T\ S\A\
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