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Hermès Trimegiste - Gnose

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Hermès Trimegiste - Gnose - Page 2 Empty Hermès Trimegiste - Gnose

Message  Arlitto Lun 07 Mar 2016, 13:03

Rappel du premier message :

Gnose


Hermès Trismégiste (en grec ancien Ἑρμῆς ὁ Τρισμέγιστος / Hermễs ho Trismégistos) est un personnage mythique de l'Antiquité gréco-égyptienne, auquel a été attribué un ensemble de textes appelés Hermetica, dont les plus connus sont le Corpus Hermeticum, recueil de traités mystico-philosophiques, et la Table d'émeraude. Les hermétistes, qui lui doivent leur nom, et les alchimistes se réclament de lui. 

POIMANDRES - Chapître 1 
Corpus Hermetica


Verse
1.1

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Je réfléchissais un jour sur les êtres; ma pensée planait dans les hauteurs, et toutes mes sensations corporelles étaient engourdies comme dans le lourd sommeil qui suit la satiété, les excès ou la fatigue. Il me sembla qu'un être immense, sans limites déterminées, m'appelait par mon nom et me disait : Que veux-tu entendre et voir, que veux-tu apprendre et connaître? 


Verse
1.2

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— Qui donc es-tu, répondis-je? — Je suis, dit-il, Poimandrès (le pasteur de l'homme), l’intelligence souveraine(01). Je sais ce que tu désires, et partout je suis avec toi. 

(01) Ὁ τῆς αὐθεντίας νοῦς; le mot αὐυθέντης, qui, d'après le scholiaste de Thucydide, était autrefois synonyme de ἀυτόχειρ, a été pris plus tard dans le sens de ἐξουσαστής, et conserve ce sens dans le grec moderne. Voyez Hésychius, l’Etymologicum magnum et le Thésaurus d'Henri Etienne. 


Verse
1.3

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Je veux, répondis-je, être instruit sur les êtres, comprendre leur nature et connaître Dieu. — Reçois dans ta pensée tout ce que tu veux savoir, me dit-il, je t'instruirai. 



Verse
1.4

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A ces mots, il changea d'aspect, et aussitôt tout me fut découvert en un moment, et je vis un spectacle indéfinissable. Tout devenait une douce et agréable lumière qui charmait ma vue. Bientôt après descendirent des ténèbres effrayantes et horribles, de forme sinueuse ; il me sembla voir ces ténèbres se changer en je ne sais quelle nature humide et trouble, exhalant une fumée comme le feu et une sorte de bruit lugubre. Puis il en sortit un cri inarticulé qui semblait la voix de la lumière. 


Verse
1.5

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Une parole sainte descendit de la lumière sur la nature, et un feu pur s'élança de la nature humide vers les hauteurs; il était subtil, pénétrant et en même temps actif. Et l'air, par sa légèreté, suivait le fluide ; de la terre et de l'eau il s'élevait jusqu'au feu, d'où il paraissait suspendu. La terre et l'eau demeuraient mêlées, sans qu'on pût voir l’une à travers l'autre, et recevaient l'impulsion de la parole qu'on entendait sortir du fluide supérieur. 


Verse
1.6

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As-tu compris, me dit Poimandrès, ce que signifie cette vision? — Je vais l'apprendre, répondis-je. — Cette lumière, dit-il, c'est moi, l'Intelligence, ton Dieu, qui précède la nature humide sortie des ténèbres. La parole lumineuse (le Verbe) qui émane de l'Intelligence, c'est le fils de Dieu. — Que veux-tu dire, répliquai-je? — Apprends-le : ce qui en toi voit et entend est le Verbe, la parole du Seigneur; l'Intelligence est le Dieu père. Ils ne sont pas séparés l'un de l'autre, car l'union est leur vie. — Je te remercie, répondis-je. — Comprends donc la lumière, dit-il, et connais-la. 


Verse
1.7

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A ces mots, il me regarda longtemps en face, et je tremblais à son aspect ; et, sur un signe de lui, je vois dans ma pensée la lumière et ses puissances innombrables, le monde indéfini se produire, et le feu, maintenu par une force très grande, arriver à son équilibre. Voilà ce que je compris par la parole de Poimandrès. 


Verse
1.8

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Comme j'étais frappé de stupeur, il me dit encore : Tu as vu dans ta pensée la forme primordiale antérieure au principe indéfini. Voilà e que me dit Poimandrès. — D'où sont venus, répondis-je, les éléments de la nature? Il me dit : — De la volonté de Dieu, qui, ayant pris la Raison (le Verbe), et y contemplant l’ordre et la beauté, (02) construisit le monde d'après ce modèle, avec des éléments tirés d'elle-même et avec des germes d'âmes. L'Intelligence, le Dieu mâle et femelle qui est la vie el la lumière, engendre par la parole une autre intelligence créatrice, le Dieu du feu et du fluide (03), qui forma à son tour sept ministres, enveloppant dans leurs cercles le monde sensible et le gouvernant par ce qu'on nomme la destinée.  

(02) Λόγος signifie raison et parole; κόσμος signifie ordre et monde. Le grec joue souvent sur ces mots à double sens, qu'une traduction ne peut rendre exactement. Il est d'ailleurs facile de reconnaître dans ce passage la théorie platonicienne de la création. (03) Πνεῦμα, souffle; le mot esprit ne pourrait être employé qu'avec le sens physique qu'il a dans esprit de vin, esprit de bois, esprits animaux. 


Verse
1.9

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L'Intelligence, le Dieu mâle et femelle qui est la vie el la lumière, engendre par la parole une autre intelligence créatrice, le Dieu du feu et du fluide, qui forma à son tour sept ministres, enveloppant dans leurs cercles le monde sensible et le gouvernant par ce qu'on nomme la destinée. 


Verse
1.10

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La parole ou raison de Dieu s'élança bientôt des éléments inférieurs dans la pure création de la nature, et s'unit à la pensée créatrice, car elle est de la même essence (04). Et les éléments inférieurs et sans raison furent laissés à l'état de simple matière.  

(04) Le mot ὁμοούσιος, que le concile de Nicée a rendu si célèbre, est ordinairement traduit par consubstantiel ; cependant, le mot grec qui répond exactement à substance est ὑπόστασις et non οὐσία. 


Verse
1.11

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La pensée créatrice, unie à la raison, enveloppant les cercles et leur imprimant une rotation rapide, ramena ses créations sur elle-même et les fit tourner de leur principe à leur fin comme entre deux limites inaccessibles, car là où tout finit, tout commence éternellement. Cette circulation, par la volonté de l'Intelligence, fit sortir des éléments inférieurs les animaux sans parole, à qui la raison n'apas été donnée. L'air porta ceux qui volent, l'eau ceux qui nagent. La terre et l'eau furent séparées l'une de l'autre selon la volonté de l'Intelligence (motrice), et la terre fit sortir de son sein les animaux qu'elle contenait, quadrupèdes, reptiles, bêtes féroces et domestiques. 


Verse
1.12

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Mais le moteur (05),  père de toutes choses, qui est la vie et la lumière, engendra l'homme semblable à lui-même et l'aima comme son propre enfant. Par sa beauté il reproduisait l'image du père ; Dieu aimait donc en réalité sa propre forme, et il lui livra toutes ses créatures. 

(05) Le mot νοῦς étant associé ici au mot père, je ne puis le traduire, comme je l'ai fait jusqu'à présent, par les mots féminins de pensée ou d’intelligence. Je crois, d'ailleurs, que le sens de moteur lui appartient aussi, et que la théorie d'Anaxagore repose sur ce double sens. 


Verse
1.13

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Mais l'homme, ayant médité sur l'œuvre de la création, voulut créer à son tour, et il se sépara du père en entrant dans la sphère de la création. Ayant plein pouvoir, il médita sur les créations de ses frères, et ceux-ci s'éprirent de lui, et chacun d'eux l'associa à son rang. Alors, connaissant leur essence et participant à leur nature, il voulut franchir la limite des cercles et surmonter la puissance qui siège sur le feu. 


Verse
1.14

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Et ce souverain du monde et des êtres mortels et privés de raison, à travers l’harmonie (06) et la puissante barrière des cercles, fit voir à la nature inférieure la belle image de Dieu. Devant cette merveilleuse beauté, où toutes les énergies des sept gouverneurs étaient unies à la forme de Dieu, la nature sourit d'amour, car elle avait vu la beauté de l'homme dans l'eau et son ombre sur la terre. Et lui, apercevant dans l’eau le reflet de sa propre forme, s'éprit d'amour pour elle et voulut la posséder. L'énergie accompagna le désir, et la forme privée de raison fut conçue. La nature saisit son amant et l’enveloppa tout entier, et ils s'unirent d'un mutuel amour. 

(06) Le mot ἁρμονία, qui exprime le lien général des choses, désigne ici le monde physique. 


Verse
1.15

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Et voilà pourquoi, seul de tous les êtres qui vivent sur la terre, l'homme est double, mortel par le corps, immortel par sa propre essence. Immortel et souverain de toutes choses, il est soumis à la destinée qui régit ce qui est mortel ; supérieur à l’harmonie du monde, il est captif dans ses liens; mâle et femelle comme son père et supérieur au sommeil, il est dominé par le sommeil (07).

(07) Je lis ici ὕπνου au lieu de ἀύπνου, qui est dans le texte; je crois qu'il y a dans ce passage une lacune ou une altération. 


Verse
1.16

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— Ce discours me charme, dit alors ma pensée. Et Poimandrès dit : — Voilà le mystère qui a été caché jusqu'à ce jour. La nature unie à l'homme a produit la plus étonnante des merveilles. Il était, je te l'ai dit, composé d'air et de feu, comme les sept princes de l'harmonie; la nature ne s'arrêta pas et produisit sept hommes, mâles et femelles, et d'un ordre élevé, répondant aux sept gouverneurs. — O Poimandrès, m'écriai-je, poursuis, ma curiosité redouble. — Fais donc silence, dit Poimandrès, car je n'ai pas achevé mon premier discours. — Je me tais, répondis-je. 


Verse
1.17

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La génération de ces sept hommes, comme je l'ai dit, eut donc lieu de cette manière. La terre était femelle (08), l'eau génératrice; le feu fournit la chaleur, l’air fournit le souffle, et la nature produisit les corps de forme humaine. L'homme reçut de la vie et de la lumière son âme et son intelligence ; l'âme lui vint de la vie, l'intelligence lui vint de la lumière. Et tous les membres du monde sensible demeurèrent ainsi jusqu'à la complète évolution des principes et des genres. 

(08) Je préfère θηλυκὴ γῆ ἦν à θηλυκὸν γὰρ ὁ ἀὴρ, que M. Parthey admet d'après Patrizzi. 


Verse
1.18

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Maintenant, écoute le reste du discours que tu désires entendre. La période étant accomplie, le lien universel fut dénoué par la volonté de Dieu ; car tous les animaux, d'abord androgynes, furent divisés en même temps que l'homme, et il se forma des mâles d'un côté, des femelles de l'autre. Aussitôt Dieu dit de sa parole sainte : Croissez en accroissement et multipliez en multitude (09), vous tous, mes ouvrages et mes créatures; et que celui en qui est l'intelligence sache qu'il est immortel et que la cause de la mort est l'amour du corps, et qu'il connaisse tous les êtres. 

(09) Ici se trouve, dans un des manuscrits d'Hermès, la scholie suivante, publiée par Boissonade (Michael Psellos, De operatione dœmonum) et reproduite dans le Poemander de Parthey. « De Psellos : Ce sorcier paraît avoir fort bien connu la sainte Écriture; c'est de là qu'il est parti pour exposer la création du monde. Il n'a pas craint quelquefois de copier les expressions mêmes de Moyse, comme dans cette phrase : « Dieu dit : Croissez et multipliez, » qu'il a manifestement empruntée au récit mosaïque. Mais, au lieu de conserver la simplicité et la clarté vraiment divines de l'Écriture, il se lance dans le pathos emphatique habituel aux sages de l'Hellénisme, dans des allégories, des divagations et des monstruosités, et s'éloigne de la bonne route ou en est détourné par Poimandrès. En effet, il n'est pas difficile de voir quel était le Poimandrès des Grecs; c'est celui que parmi nous on appelle le Prince du monde, ou quelqu'un des siens. Car, dit [Basile], le Diable est voleur, il pille nos traditions, non pour détourner les siens de l'impiété, mais pour colorer et embellir leur fausse piété par des paroles et des pensées vraies, et la rendre ainsi vraisemblable et acceptable pour le grand nombre. Platon n'est pas dans le vrai, quand il dit que les Grecs, instruits par les oracles de Delphes, embellissent ce qu'ils prennent aux barbares. Il est plus exact de dire que les Grecs ne se donnent pas beaucoup de peine pour chercher la vérité, et qu'ils s'égarent surtout dans leurs opinions sur le divin Et ce ne sont pas les nôtres qui le disent, ce sont les plus estimés parmi les Grecs; on peut s'en convaincre en lisant la lettre dans laquelle Porphyre demande à l'Égyptien Anébo de lui apprendre la vérité, vu qu'il ne connait que les opinions des Grecs. S'il y a eu quelque autre race barbare qui ait adoré le créateur et le roi de l'univers sous une forme traditionnelle et selon des rites nationaux, c'est ce que je ne puis dire, mais que la religion des Hébreux fut célèbre sur toute la terre et que leur législation fut antérieure à cet Hermès et à tout autre sage grec, c'est ce qu'établissent une foule de preuves. » 


Verse
1.19

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A ces mots, sa providence unit les couples selon les lois nécessaires et harmoniques, et établit les générations. Et tous les êtres se multiplièrent par genres, et celui qui se connut lui- même arriva au bien parfait; mais celui qui, par une erreur de l'amour, a aimé le corps, celui-là demeure égaré dans les ténèbres, soumis par les sens aux conditions de la mort.

τοῦτο εἰπόντος, ἡ πρόνοια διὰ τῆς εἱμαρμένης καὶ ἁρμονίας τὰς μίξεις ἐποιήσατο, καὶ τὰς γενέσεις κατέστησε, καὶ ἐπληθύνθη κατὰ γένος τὰ πάντα καὶ ὁ ἀναγνωρίσας ἑαυτὸν ἐλήλυθεν εἰς τὸ περιούσιον ἀγαθόν, ὁ δὲ ἀγαπήσας τὸ ἐκ πλάνης ἔρωτος σῶμα, οὗτος μένει ἐν τῷ σκότει πλανώμενος, αἰσθητῶς πάσχων τὰ τοῦ θανάτου. 


Verse
1.20

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Quelle est donc, m'écriai-je, la faute si grande des ignorants, pour qu'ils soient privés de l'immortalité? — Il semble, répondit-il, que tu n'as pas compris ce que tu as entendu; ne t'avais-je pas dit de réfléchir? — Je réfléchis, dis-je, et je me souviens, et je te remercie. — Si tu as réfléchi, dis-moi pourquoi ceux qui sont dans la mort sont dignes de la mort. — C'est, répondis-je, que notre corps procède de cette obscurité lugubre d'où est sortie la nature humide; c'est par là que le corps est constitué dans le monde sensible, abreuvoir de la mort. 


Verse
1.21

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— Tu as compris, dit-il; mais pourquoi celui qui réfléchit sur lui-même marche-t-il vers Dieu, comme le dit la parole divine? —Parce que, répondis-je, c'est de vie et de lumière qu'est constitué le père de toutes choses, de qui est né l'homme. — De bonnes paroles, dit-il; le Dieu et le père de qui l'homme est né est la lumière et la vie. Si donc tu sais que tu es sorti de la vie et de la lumière et que tu en es formé, tu marcheras vers la. vie. Telles furent les paroles de Poimandrès. Apprends-moi donc encore, lui dis-je, ô Intelligence, comment je puis entrer dans la vie. — Que l’homme en qui est l’intelligence, répondit mon Dieu, se connaisse lui-même. 


Verse
1.22

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— Tous les hommes, dis-je, n’ont donc pas d’intelligence? — De bonnes paroles, dit-il, pense à ce que tu dis. Moi, l’Intelligence, j’assiste les saints, les bons, les purs, les charitables, ceux qui vivent dans la piété. Ma puissance est pour eux un secours, et aussitôt ils connaissent toutes choses, et ils invoquent le père avec amour et lui adressent les actions de grâces, les bénédictions et les louanges qui lui sont dues, et avant même d’abandonner leur corps à la mort, ils détestent les sens dont ils connaissent les œuvres; ou plutôt, moi, l’Intelligence, je ne laisserai pas s’accomplir les œuvres du corps; comme un portier je fermerai la voie aux œuvres mauvaises et honteuses en écartant les désirs. 


Verse
1.23

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Mais quant aux insensés, vicieux et méchants, envieux et avides, meurtriers et impies, je suis loin d’eux et je les livre au démon vengeur qui verse dans leurs sens un feu pénétrant, les pousse de plus en plus au mal pour aggraver leur châtiment, et sans trêve irrite leurs passions par d’insatiables désirs, les torture, invisible ennemi, et ravive en eux la flamme inextinguible. 


Verse
1.24

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— Tu m’as instruit de tout, dis-je, comme je le désirais, ô Intelligence; mais éclaire-moi encore sur la manière dont se fait l’ascension. — D’abord, dit Poimandrès, la dissolution du corps matériel en livre les éléments aux métamorphoses; la forme visible disparaît, le caractère, perdant sa force, est livré au démon, les sens retournent à leurs sources respectives et se confondent dans les énergies (du monde). Les passions et les désirs rentrent dans la nature irrationnelle; 


Verse
1.25

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ce qui reste s’élève ainsi à travers l’harmonie, abandonnant à la première zone la puissance de croître et de décroître; à la seconde l’industrie du mal et la ruse (devenue) impuissante; à la troisième l’illusion (désormais) impuissante des désirs; à la quatrième la vanité du commandement qui ne peut plus être satisfaite; à la cinquième l’arrogance impie et l’audace téméraire; à la sixième l’attachement aux richesses, (maintenant) sans effet; à la septième le mensonge insidieux. 


Verse
1.26

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Et, dépouillé ainsi de toutes les œuvres de l’harmonie (du monde), il arrive dans la huitième zone, ne gardant que sa puissance propre, et chante avec les êtres des hymnes en l’honneur du père. Ceux qui sont là se réjouissent de sa présence, et devenu semblable à eux, il entend la voix mélodieuse des puissances qui sont au-dessus de la huitième nature et qui chantent les louanges de Dieu. Et alors ils montent en ordre vers le père et s'abandonnent aux puissances, et devenus puissances, ils naissent en Dieu. Tel est le bien final de ceux qui possèdent la Gnose, devenir Dieu. Qu'attends-tu maintenant? tu as tout appris, tu n'as plus qu'à montrer la route aux hommes, afin que par toi Dieu sauve le genre humain. 


Verse
1.27

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Ayant ainsi parlé, Poimandrès se mêla aux puissances. Et moi, bénissant le père de toutes choses et lui rendant grâces, je me levai fortifié par lui, connaissant la nature de l'univers et la grande vision. Et je commençai à prêcher aux hommes la beauté de la religion et de la Gnose : peuples, hommes nés de la terre, plongés dans l'ivresse, le sommeil et l'ignorance de Dieu, secouez vos torpeurs sensuelles, réveillez-vous de votre abrutissement! 


Verse
1.28

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Ils m'entendirent et se rassemblèrent autour de moi. Alors j'ajoutai : Pourquoi, ô hommes nés de la terre, vous abandonnez-vous à la mort, quand il vous est permis d'obtenir l'immortalité? Revenez à vous mêmes, vous qui marchez dans l'erreur, qui languissez dans l'ignorance; éloignez-vous de la lumière ténébreuse, prenez part à l'immortalité en renonçant à la corruption.


Verse
1.29

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Et les uns, se moquant, se précipitaient dans la route de la mort; les autres, se jetant à mes pieds, me suppliaient de les instruire. Et moi, m'étant levé, je devins le guide du genre humain, lui enseignant par mes discours la voie du salut; je semai en eux les paroles de la sagesse et ils furent nourris de l'eau d'ambroisie (d'immortalité). Et le soir étant venu, les dernières lueurs du soleil commençant à disparaître, je les invitai à la prière. Et ayant accompli l'eucharistie (actions de grâces), chacun regagna sa couche. 


Verse
1.30

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Et moi, j'écrivis en moi-même le récit des bienfaits de Poimandrès, et possédant l'objet de mes vœux, je me reposai plein de joie. Le sommeil du corps produisait la lucidité de l'âme, mes yeux fermés voyaient la vérité, ce silence fécond portait dans son sein le bien suprême, les paroles prononcées étaient des semences de biens. Voilà le bienfait que je reçus de mon intelligence, c'est-à-dire de Poimandrès, la raison souveraine; ainsi, par une inspiration divine, je possédai la vérité. C'est pourquoi de toute mon âme et de toutes mes forces je bénis le divin père : 


Verse
1.31

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Saint est Dieu le père de toutes choses. Saint est Dieu dont la volonté s'accomplit par ses propres puissances. Saint est Dieu qui veut être et qui est connu de ceux qui sont à lui. Tu es saint, toi qui as constitué les êtres par ta parole ; tu es saint, toi dont toute la nature est l'image ; tu es saint, toi que la nature n'a pas formé. Tu es saint et plus fort que toute puissance, tu es saint et plus grand que toute majesté, tu es saint et au-dessus de toute louange. Reçois le pur sacrifice verbal de l'âme et du cœur qui monte vers toi, ô inexpressible, ineffable, que le silence seul peut nommer. 
 


Verse
1.32

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Ne permets pas que je m'égare, donne-moi la connaissance de notre essence, donne-moi la force, illumine de ta grâce ceux qui sont dans l'ignorance, les frères de ma race, tes enfants. Je crois en toi et je te rends témoignage, je marche dans la vie et la lumière. O père, sois béni; l'homme qui t'appartient veut partager ta sainteté, comme tu lui en as donné plein pouvoir.
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Message  Arlitto Lun 07 Mar 2016, 13:07

DE LA RENAISSANCE ET DE LA RÈGLE DU SILENCE 


Verse
1.0 
DE LA RENAISSANCE ET DE LA RÈGLE DU SILENCE / SERMON SECRET SUR LA MONTAGNE 




Verse
1.1 
TAT. Dans les discours généraux, mon père, tu as parlé par énigme sur la divinité, et tu n'as pas révélé le sens de tes paroles quand tu as dit que nul ne pouvait être sauvé sans renaître. Je m'adressai à toi en suppliant après les paroles que tu m'avais dites dans le passage de la montagne, désirant apprendre la parole de la renaissance, qui m'est plus inconnue que tout le reste, et tu m'as dit que tu me la transmettrais quand je serais devenu étranger au monde ; je me préparai donc à rendre ma pensée étrangère à l'illusion du monde. Conduis-moi maintenant selon ta promesse à l’initiation dernière de la renaissance, soit par la voix, soit par un chemin caché. J'ignore, ô Trismégiste, de quelle matière, de quelle matrice, de quelle semence l’homme est né. 




Verse
1.2 
HERMES· Ο mon fils, la sagesse idéale est dans le silence, et la semence est le véritable bien. 




Verse
1.3 
TAT. Qui la sème, mon père, car j'ai besoin de tout apprendre? 




Verse
1.4 
HERMÈS. La volonté de Dieu, mon fils. 




Verse
1.5 
TAT. Et d'où vient l'engendré, mon père? Étant privé de l'essence intelligible qui est en moi, autre sera le Dieu engendré, le fils de Dieu. 




Verse
1.6 
HERMÈS. Le tout dans le tout, composé de toutes les forces. 




Verse
1.7 
TAT. C'est une énigme, mon père, et tu ne me parles pas comme un père parle à son fils. 




Verse
1.8 
HERMÈS. Ce genre de vérité ne s'apprend pas, mon fils, on s'en souvient quand Dieu le veut· 




Verse
1.9 
TAT. Tes paroles sont impossibles et arrachées par la force, mon père; je veux te répondre à mon tour. Suis-je un étranger, le fils d'une autre race? Ne me repousse pas, mon père, je suis ton véritable fils; explique-moi le mode de la renaissance. 




Verse
1.10 
HERMÈS. Que te dirais-je, mon fils? Je n'ai rien à te dire que ceci : une vision ineffable s'est produite en moi. Par la miséricorde de Dieu, je suis sorti de moi-même, j'ai revêtu un corps immortel, je ne suis plus le même, je suis né en intelligence. Cela ne s'apprend pas par cet élément modelé à l'aide duquel on voit, et c'est pourquoi je ne m'inquiète plus de ma première forme composée, ni si je suis coloré, tangible et mesurable. Je suis étranger à tout cela. Tu me vois avec tes yeux et lu penses à un corps et à une forme visibles, ce n'est pas avec ces yeux-là que l'on me voit maintenant, mon fils. 




Verse
1.11 
TAT. Tu me rends fou, tu me fais perdre la raison, mon père; je ne me vois plus moi-même maintenant. 




Verse
1.12 
HERMÈS. Puisses-tu, mon fils, sortir de toi-même sans dormir, comme on est en dormant transporté dans le rêve! 




Verse
1.13 
TAT. Dis-moi encore ceci : quel est le générateur de la renaissance? 




Verse
1.14 
HERMÈS. Le fils de Dieu, l'homme un, par la volonté de Dieu. 




Verse
1.15 
TAT. Maintenant, mon père, tu m'as rendu muet, je ne sais que penser, car je te vois toujours de la même grandeur et avec la même figure. 




Verse
1.16 
HERMÈS. Tu te trompes même en cela, car les choses mortelles changent d'aspect tous les jours, le temps les augmente ou les diminue, elles ne sont que mensonge. 




Verse
1.17 
TAT. Qu'est-ce donc qui est vrai, ô Trismégiste? 




Verse
1.18 
HERMÈS. Ce qui n'est pas troublé, mon fils, ce qui n'a ni limites, ni couleur, ni forme : l'immuable, le nu, le lumineux; ce qui se comprend soi-même; l'inaltérable, le bien, l'incorporel. 




Verse
1.19 
TAT. En vérité, je perds l'esprit, mon père. Il me semblait que tu m'avais rendu sage, et cette pensée annule mes sensations. 




Verse
1.20 
HERMÈS. Il en est ainsi, mon fils; [les sens perçoivent] ce qui s'élève comme le feu, ce qui descend comme la terre, coule comme l'eau, souffle comme l'air; [mais] comment pourrais-tu saisir par les sens ce qui n'est ni solide, ni liquide, ni dur, ni mou, ce qui se conçoit seulement en puissance et en énergie. Pour comprendre la naissance en Dieu, il te faut l'intelligence seule. 




Verse
1.21 
TAT. J'en suis donc incapable, mon père? 




Verse
1.22 
HERMÈS. Ne désespère pas, mon fils, ton désir s'accomplira, ta volonté aura son effet; endors les sensations corporelles, et tu naîtras en Dieu; purifie-toi des bourreaux aveugles de la matière. 




Verse
1.23 
TAT. J'ai donc des bourreaux en moi, mon père? 




Verse
1.24 
HERMÈS. Ils ne sont pas en petit nombre, mon fils, ils sont redoutables et nombreux. 




Verse
1.25 
TAT. Je ne les connais pas, mon père? 




Verse
1.26 
HERMÈS. Le premier est l'ignorance, le second est la tristesse, le troisième l'intempérance, le quatrième la concupiscence, le cinquième l'injustice, le sixième l'avarice, le septième l’erreur, le huitième l’envie, le neuvième la ruse, le dixième la colère, le onzième la témérité, le douzième la méchanceté. Ils sont douze et en ont sous leurs ordres un plus grand nombre encore. Par la prison des sens, ils soumettent l’homme intérieur aux passions des sens. Ils s'éloignent peu à peu de celui que Dieu a pris en pitié, et voilà en quoi consistent le mode et la raison de la renaissance. Et maintenant, mon fils, silence et louange à Dieu, sa miséricorde ne nous abandonnera pas. Réjouis-toi maintenant, mon fils, purifié par les puissances de Dieu dans l'articulation de la parole. La connaissance de Dieu (Gnose) est entrée en nous, et aussitôt l'ignorance a disparu. La connaissance de la joie nous arrive, et devant elle, mon fils, la tristesse fuira vers ceux qui peuvent encore l'éprouver. La puissance que j'évoque après la joie, c'est la tempérance; ô charmante vertu! Hâtons-nous de l'accueillir, mon fils, son arrivée chasse l'intempérance. En quatrième lieu j'évoque la continence, la force opposée à la concupiscence. Ce degré, mon fils, est le siège de la justice; vois comme elle a chassé l'injustice sans combat. Nous sommes justifiés, mon fils, l'injustice est partie. J'évoque la sixième puissance, la communauté, qui vient en nous pour lutter contre l'avarice. Quand celle-ci est partie, j'évoque la vérité, l’erreur fuit et la réalité paraît. Vois, mon fils, la plénitude de bien qui suit l'apparition de la vérité; car l'envie s'éloigne de nous, et par la vérité le bien nous arrive avec la vie et la lumière, et il ne reste plus en nous de bourreaux de ténèbres, tous se retirent vaincus. Tu connais, mon fils, la voie de la régénération. Quand la décade est complétée, mon fils, la naissance idéale est accomplie, le douzième bourreau est chassé et nous naissons à la contemplation. Celui qui obtient de la miséricorde divine la naissance en Dieu, est affranchi des sensations corporelles, reconnaît les éléments divins qui le composent et jouit d'un bonheur parfait. 




Verse
1.27 
TAT. Fortifié par Dieu, mon père, je contemple, non par les yeux, mais par l'énergie intellectuelle des puissances. Je suis dans le ciel, sur la terre, dans l'eau, dans l'air; je suis dans les animaux, dans les plantes, dans l'utérus, avant l'utérus, après l'utérus, partout. Mais, dis-moi encore ceci : comment les bourreaux des ténèbres, qui sont au nombre de douze, sont-ils chassés par les dix puissances? Quel est le mode, ô Trismégiste? 




Verse
1.28 
HERMÈS. Cette tente que nous avons traversée, mon fils, est formée par le cercle zodiacal, qui se compose ^e signes au nombre de douze, d'une seule nature et de toutes sortes de formes. Il existe là des couples destinés à égarer l'homme et qui se confondent dans leur action. La témérité est inséparable de la colère, elles ne peuvent être distinguées. Il est donc naturel et conforme à la droite raison qu'elles disparaissent ensemble, chassées par les dix puissances, c'est-à-dire par la décade; car la décade, mon fils, est génératrice de l'âme. La vie et la lumière sont unies là où naît l'unité de l'esprit. L'unité contient donc rationnellement la décade, et la décade contient l'unité. 




Verse
1.29 
TAT. Mon père, je vois l'univers et moi-même dans l'intelligence. 




Verse
1.30 
HERMÈS. Voilà la renaissance, mon fils, détourner sa pensée du corps aux trois dimensions, selon ce discours sur la renaissance, que j'ai commenté, afin que nous ne soyons pas des diables (ennemis) de l'univers pour la foule à qui Dieu ne veut pas [le révéler]. 




Verse
1.31 
TAT. Dis-moi, mon père, ce corps composé de puissances se décompose-t-il jamais? 




Verse
1.32 
HERMÈS. Ne dis pas cela, mon fils, ne dis pas de choses impossibles, ce serait une erreur et une impiété de l'œil de ton intelligence. Le corps sensible de la nature est loin de la génération essentielle. L'un est décomposable, l'autre ne l'est pas ; l'un est mortel, l'autre immortel. Ignores-tu que tu es devenu Dieu et fils de l'Un ainsi que moi? 




Verse
1.33 
TAT. Je voudrais, ô père! la bénédiction de l'hymne que tu as promis de me faire entendre quand je serais arrivé à l'ogdoade des puissances. 




Verse
1.34 
HERMES. Selon l'ogdoade révélée par Poimandrès, tu te hâtes avec raison, mon fils, de sortir de la tente, car tu es purifié. Poimandrès, l'intelligence souveraine, ne m'a rien transmis de plus que ce qui est écrit, sachant que je pourrais par moi-même comprendre et entendre tout ce que je voudrais et voir toutes choses, et il m'a prescrit de faire ce qui est beau. C'est pourquoi toutes les puissances qui sont en moi le chanteront. 




Verse
1.35 
TAT. Je veux, mon père, entendre cela et le comprendre. 




Verse
1.36 
HERMÈS. Repose-toi, mon fils, et entends la bénédiction parfaite, l'hymne de régénération que je n'ai pas voulu révéler ainsi facilement, si ce n'est à toi, à la fin de tout. Car il ne s'enseigne pas, il se cache dans le silence. Ainsi, mon fils, tiens-toi dans un lieu découvert, et regardant vers le vent du sud, prosterne-toi au coucher du soleil, et de même à son lever du côté du vent d'est. Écoute donc, mon fils. 




Verse
1.37 
Hymne mystique:
Que toute la nature du monde écoute cet hymne. Ouvre-toi, terre, que tout le réservoir des pluies s'ouvre pour moi, que les arbres ne s'agitent plus. Je vais chanter le Seigneur de la création, le Tout, l'Unique. Ouvrez-vous, deux; vents, apaisez-vous ; que le cercle immortel de Dieu reçoive ma parole, car je vais chanter le créateur de l'univers, celui qui a affermi la terre, qui a suspendu le ciel, qui a ordonné à l'eau douce de sortir de l'Océan et de se répandre sur la terre habitée et inhabitée, pour la nourriture et l'usage de tous les hommes; qui a ordonné au feu de briller sur toutes les actions des hommes et des Dieux. Donnons tous ensemble la bénédiction à celui qui est au-dessus du ciel, au créateur de toute la nature. Il est l'œil de l'intelligence, qu'il reçoive la bénédiction de mes puissances. Chantez l'Un et le Tout, puissances qui êtes en moi; chantez selon ma volonté, toutes mes puissances. Gnose sainte, illuminé par toi, je chante par toi la lumière idéale, je me réjouis dans la joie de l'intelligence. Toutes mes puissances, chantez avec moi; chante, ô ma continence; ma justice, chante par moi la justice; ma communauté, chante le Tout; vérité, chante par moi la vérité; bien, chante le bien; vie et lumière, de nous à vous monte la bénédiction. Je te bénis père, énergie de mes puissances; je te bénis Dieu, puissance de mes énergies. Ton verbe te chante par moi, reçois par moi l'universel dans le verbe, le sacrifice verbal. Voilà ce que crient les puissances qui sont en moi. Elles te chantent, toi, l'universel, elles accomplissent ta volonté. Sauve l'universel qui est en nous, ô vie; illumine, ô lumière, esprit Dieu! Car l'intelligence fait naître ta parole, créateur qui portes l'esprit! Tu es Dieu, et l'homme qui t'appartient crie ces choses à travers le feu, l'air, la terre, l'eau, l'esprit, à travers tes créations. J'ai trouvé la bénédiction dans ton éternité. Ce que je cherche, je l'ai obtenu de ta sagesse ; je sais que par ta volonté j'ai prononcé cette bénédiction. 




Verse
1.38 
TAT. O mon père, je t'ai placé dans mon monde. 




Verse
1.39 
HERMÈS. Dis : dans l'intelligible, mon fils. 




Verse
1.40 
TAT. Dans l'intelligible, mon père, je le puis. Ton hymne et ta bénédiction ont illuminé mon intelligence; je veux, moi aussi, envoyer de ma propre pensée une bénédiction à Dieu. 




Verse
1.41 
HERMÈS. Ne le fais pas à la légère, mon fils. 




Verse
1.42 
TAT. Dans l'intelligence, mon père, ce que je contemple, je te le dis, ô principe de la génération; moi, Tat, j'envoie à Dieu le sacrifice verbal. Dieu, tu es le père, tu es le seigneur, tu es l'intelligence; reçois le sacrifice verbal que tu veux de moi, car tout ce que tu veux s'accomplit. 




Verse
1.43 
HERMÈS. Toi, mon fils, envoie au Dieu père de toutes choses le sacrifice qui lui convient; mais ajoute, mon fils : par le verbe. 




Verse
1.44 
TAT. Je te remercie, mon père, de m'en avertir. 




Verse
1.45 
HERMÈS. Je me réjouis, mon fils, que tu aies reçu les bons fruits de la vérité, les germes immortels. Apprends de moi à célébrer le silence de la vertu, sans révéler à personne la régénération que je t'ai transmise, de peur que nous ne soyons regardés comme des diables. Car chacun de nous a médité, moi parlant, toi écoutant. Tu as connu intellectuellement toi-même et notre père.
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Message  Arlitto Lun 07 Mar 2016, 13:07

HERMÈS TRISMÉGISTE À ASCLÈPIOS, SAGESSE 


Verse
1.0 
HERMÈS TRISMÉGISTE À ASCLÈPIOS, SAGESSE 




Verse
1.1 
En ton absence, mon fils Tat a voulu être instruit de la nature des êtres; je n'ai pas passé outre, parce qu'il est mon fils et à cause de sa jeunesse, et, arrivant aux connaissances particulières, j'ai été obligé de m'étendre, pour lui en rendre l'explication plus facilement abordable. Mais j'ai voulu t'envoyer un extrait de ce qui a été dit de plus important, avec une interprétation plus mystique, vu ton âge plus avancé et ta science de la nature. 




Verse
1.2 
Tout ce qui se manifeste a eu un commencement, une naissance, et est né, non de soi-même, mais d'autre chose. Les choses créées sont nombreuses, ou plutôt, toute chose apparente, différente et non semblable, naît d'autre chose. Il y a donc quelqu'un qui les fait et qui lui-même est incréé et antérieur à toute création. Je dis que tout ce qui est né est né d'un autre, et qu'aucun être créé ne peut être antérieur à tous les autres, mais seulement l'incréé. Il est supérieur eu force, un et seul vraiment sage en toutes choses, puisque rien ne l'a précédé. De lui dépendent la multitude, la grandeur, la différence des êtres créés, la continuité de la création et son énergie. En outre, les créatures sont visibles, mais lui est invisible. Il faut donc le concevoir par l'intelligence; le comprendre c'est l'admirer; qui l'admire arrive à la béatitude par la connaissance de son vénérable père. 




Verse
1.3 
Car il n'y a rien de meilleur qu'un père. Quel est-il. et comment le connaîtrons-nous? Faut-il le designer par le nom de Dieu, ou par ceux de créateur ou de père, ou par ces trois noms à la fois? Dieu répond à sa puissance, créateur à son activité, père à sa bonté. Sa puissance est distincte de ses créatures, son énergie réside dans l'universalité de sa création. Laissons donc de côté le bavardage et les mots vides, et concevons deux termes : l'engendré et le créateur; entre eux il n'y a pas place pour un troisième. Chaque fois que tu réfléchis sur l'univers et que tu en entends parler, souviens-toi de ces deux termes, et pense qu'il sont tout ce qui existe, sans qu'on puisse rien laisser hors d'eux, soit en haut, soit en bas, soit dans le divin, soit dans le changeant, soit dans les profondeurs. Ces "deux termes, l'engendré et le créateur, comprennent tout l'univers, et sont inséparables l'un de l'autre, car il ne peut exister de créateur sans création, ni de création sans créateur. Chacun d'eux est défini par sa fonction, et ne peut pas plus s'abstraire de l'autre que de lui-même. 




Verse
1.4 
Si le créateur n'est pas autre que celui qui crée, fonction unique, simple et non complexe, il se crée nécessairement lui-même, car c'est en créant qu'il devient créateur. De même l'engendré naît nécessairement d'un autre; sans créateur l'engendré ne peut naître ni exister. Chacun d'eux perdrait sa propre nature s'il était séparé de l'autre. Si donc on reconnaît l'existence de deux termes, l'un créé, l'autre créant, leur union est indissoluble; l'un précède, l'autre suit; le premier est le Dieu créateur, le second est l'engendré, quel qu'il soit. Et ne crains pas que la gloire de Dieu soit abaissée par la variété de la création; son unique gloire est de produire, et cette fonction est pour ainsi dire son corps. Mais rien de mauvais ni de laid ne peut être regardé comme son œuvre. Ces accidents sont des conséquences attachées à la création comme la rouille à l'airain ou la crasse au corps. Ce n'est pas le forgeron qui fait la rouille, ni les parents qui font la crasse, ni Dieu qui fait le mal; mais, par la durée et les vicissitudes des choses créées, ces efflorescences s'y produisent, et c'est pour cela que Dieu a fait le changement, comme pour purifier h création. 




Verse
1.5 
e même peintre peut faire le ciel et les Dieux, la terre, la mer, les hommes et les animaux de toute espèce, les êtres immortels et les plantes, et Dieu ne pourrait pas créer tout cela? Ο folie et ignorance de la nature divine! Cette opinion est la pire de toutes. Se prétendre plein de religion et de piété et refuser à Dieu la création de toutes choses, c'est ne pas même le connaître, et c'est joindre à cette ignorance une souveraine impiété, car c'est le croire soumis à l'orgueil, à l'impuissance, à l'ignorance et à l'envie. Car s'il ne crée pas tout, c'est par orgueil qu'il ne crée pas, ou parce qu'il ne peut pas ou ne sait pas, ou parce qu'il envierait l'existence à ses créatures; c'est une impiété de le penser. Car Dieu n'a qu'une seule passion, le bien, et la bonté exclut l'orgueil, l'impuissance et le reste. Voilà ce qu'est Dieu, le bien ayant toute puissance de tout créer. Toute créature est engendrée par Dieu, c'est-à-dire par le bien et la toute-puissance créatrice. Si tu veux savoir comment Dieu produit et comment naît la création, tu le peux; tu en as la plus belle et la plus ressemblante image dans un laboureur jetant des semences dans la terre, ici de l'orge, là du blé, ailleurs quelque autre graine ; vois-le planter une vigne, un pommier, un figuier et d'autres arbres. C'est ainsi que Dieu sème au ciel l'immortalité, sur terre le changement, partout le mouvement et la vie. Ces principes ne sont pas nombreux, ils sont faciles à compter. Il y en a quatre en tout, et ce sont eux, Dieu lui-même, et la création, qui constituent tout ce qui existe. 




Verse
1.6 
(Un fragment de ce morceau est cité par Cyrille, Contre Julien, l. II.)
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Message  Arlitto Lun 07 Mar 2016, 13:07

LES DÉFINITIONS


Verse
1.0 
I DU SOLEIL ET DES DÉMONS 




Verse
1.1 
Je t'adresse, ô roi, un grand discours qui est comme la somme et le résumé de tous les autres. Loin d'être conforme à l'opinion de la foule, il lui est très contraire. Il te semblera même contredire quelques-uns de mes discours. Hermès, mon maître, qui s'entretenait souvent avec moi, seul à seul ou en présence de Tat, disait que ceux qui liraient mes livres en trouveraient la doctrine simple et claire, tandis qu'au contraire elle est obscure et contient un sens caché. Elle est devenue plus obscure encore depuis que les Grecs ont voulu la traduire de notre langue dans la leur. C'est là une source de contresens et d'obscurité. Le caractère de la langue égyptienne, l'énergie des mots qu'elle emploie, en font comprendre le sens. Autant donc que tu le pourras, ô roi, et tu peux tout, fais que ce discours ne soit pas traduit, de peur que ces mystères ne pénètrent chez les Grecs, et que leur phrase pompeuse, diffuse et surchargée d'ornements n'affaiblisse la vigueur et n'amoindrisse la gravité auguste et l'énergie de l'expression. Les Grecs, ô roi, ont des formes nouvelles de langage pour produire des preuves, et leur philosophie est un bruit de paroles. Nous, au contraire, nous employons, non des paroles, mais la grande voix des choses. 




Verse
1.2 
Je commencerai ce discours par invoquer le Dieu maître de l'univers, le créateur et le père, qui enveloppe tout, qui est tout dans un et un dans tout. Car la plénitude de toutes choses est l'unité et dans l'unité; il n'y a pas un terme inférieur à l'autre, les deux ne sont qu'un. Conserve cette pensée, ô roi, pendant toute l'exposition de mon discours. On chercherait en vain à distinguer le tout et l'unité en appelant tout la multitude des choses et non la plénitude; celte distinction est impossible, car le tout n'existe plus si on le sépare de l’unité; si l'unité existe, elle est dans la totalité ; or, elle existe et ne cesse jamais d'être une pour dissoudre la plénitude. 




Verse
1.3 
Il se trouve dans l'intérieur des terres des sources jaillissantes d'eau et de feu; on voit là les trois natures du feu, de l'eau et de la terre, partant d'une commune racine, ce qui fait penser qu'il y a un réservoir général de la matière, fournissant tout en abondance et recevant l'existence d'en haut. C'est ainsi que le ciel et la terre sont gouvernés par le créateur, j'entends le soleil, qui fait descendre l'essence et monter la matière, qui attire l'univers à lui, qui donne tout à tous et prodigue les bienfaits de sa lumière. C'est lui qui répand ses bienfaisantes énergies non seulement dans le ciel et dans l'air, mais sur la terre et jusque dans les profondeurs de l'abîme. Et s'il y a une essence intelligible, ce doit être la substance même du soleil, dont sa lumière est le réceptacle. Quelle en est la constitution et la source, lui seul le sait. Pour comprendre par induction ce qui se dérobe à notre vue, il faudrait être près de lui et analogue à sa nature. Mais ce qu'il nous laisse voir n'est pas une conjecture, c'est la vision splendide qui illumine l'ensemble du monde supérieur. 




Verse
1.4 
Il est établi au milieu de l'univers comme celui qui porte les couronnes; et, pareil à un bon cocher, il dirige et maintient le char du monde et l'empêche de s'égarer. Il en tient les rênes, qui sont la vie, l'âme, l'esprit, l'immortalité, la génération. Il le laisse courir à peu de distance de lui, ou, pour être plus vrai, avec lui. Et voici de quelle manière il forme toutes choses : Il distribue aux immortels l'éternelle permanence. La lumière, qui de sa partie supérieure monte vers le ciel, nourrit les parties immortelles du monde. Le reste, enveloppant et illuminant l'ensemble de l'eau, de la terre, de l'air, est la matrice où germe la vie, où se meuvent les naissances et les métamorphoses. Comme une hélice en mouvement, il transforme les animaux qui habitent ces portions du monde, il les fait passer d'un genre à l'autre et d'une apparence à l'autre, équilibrant leurs mutuelles métamorphoses, comme dans la création des grands corps. Car la permanence d'un corps est toujours une transformation. Mais les corps immortels sont indissolubles, les corps mortels se décomposent; telle est la différence qui existe entre l’immortel et le mortel. Cette création de la vie par le soleil est continue comme sa lumière, et rien ne l'arrête ou ne la limite. Autour de lui, comme une armée de satellites, sont de nombreux chœurs de Démons. Ils habitent dans le voisinage des immortels, et de là ils surveillent les choses humaines. Ils exécutent les ordres des Dieux par les tempêtes et les ouragans, les métamorphoses du feu et les tremblements de terre, ainsi que par les famines et les guerres, pour punir l’impiété. Car le plus grand crime des hommes c'est l'impiété envers les Dieux. La fonction des Dieux est de faire le bien, celle des hommes d'être pieux, celle des Démons de châtier. Les Dieux ne demandent pas compte à l'homme des fautes commises par erreur, par témérité, par cette nécessité qu'on nomme la destinée, ou par ignorance; l'impiété seule tombe sous le coup de leur justice. 




Verse
1.5 
C'est le Soleil qui conserve et nourrit tous les êtres ; et de même que le monde idéal, qui enveloppe le monde sensible, y répand la plénitude et l'universelle variété des formes : ainsi le soleil, enveloppant tout de sa lumière, accomplit partout la naissance et le développement des êtres, et les recueille quand ils tombent fatigués de leur course. Il a sous ses ordres le chœur des Démons, ou plutôt les chœurs, car ils sont plusieurs et différents, et leur nombre répond à celui des astres. Chaque astre a ses démons, bons et méchants par leur nature, c'est-à-dire parleur action, car l'action est l'essence des démons. Dans quelques-uns il y a du bon et du mauvais. Tous ces démons sont préposés aux choses de la terre; ils agitent et bouleversent la condition des États et des individus, ils façonnent nos âmes à leur ressemblance, s'établissent dans nos nerfs, notre moelle, nos veines, nos artères et même dans notre cervelle, et jusqu'au fond de nos viscères. Au moment où chacun de nous reçoit la vie et Pâme, il est saisi par les démons qui président aux naissances, et qui sont classés dans les astres. A chaque instant ils sont changés, ce ne sont pas toujours les mêmes, ils tournent en cercle. Ils pénètrent par le corps dans deux des parties de l'âme, pour la façonner chacun selon son énergie. Mais la partie raisonnable de l'âme n'est pas soumise aux démons, elle est disposée pour recevoir Dieu, qui l'éclairé d'un rayon de soleil. Ceux qui sont éclairés ainsi sont peu nombreux, et les démons s'en abstiennent ; car ni les démons ni les Dieux n'ont aucun pouvoir contre un seul rayon de Dieu. Tous les autres, âmes et corps, sont dirigés par les démons, s'y attachent et en aiment les œuvres; mais la raison n'est pas comme le désir qui trompe et qui s'égare. Les démons ont donc la direction des choses terrestres, et nos corps leur servent d'instruments. Cette direction, Hermès l'appelle la Destinée. 




Verse
1.6 
Le monde intelligible se rattache à Dieu, le monde sensible au monde intelligible; le soleil conduit à travers ces deux mondes l'effluve de Dieu, c'est-à-dire la création. Autour de lui sont les huit sphères qui s'y rattachent, la sphère des étoiles fixes, les six sphères des planètes et celle qui entoure la terre. Les démons sont attachés à ces sphères, les hommes aux démons, et ainsi tous les êtres se rattachent à Dieu, qui est le père universel. Le créateur, c'est le soleil; le monde est l'instrument de la création. L'essence intelligible dirige le ciel, le ciel dirige les Dieux, au-dessous desquels sont classés les démons qui gouvernent les hommes. Telle est la hiérarchie des Dieux et des démons, et telle est l'œuvre que Dieu accomplit par eux et pour lui-même. Toute chose est une partie de Dieu, ainsi Dieu est tout. En créant tout, il se crée lui-même sans jamais s'arrêter, car son activité n'a pas de terme, et, de même que Dieu est sans bornes, sa création n'a ni commencement ni fin. 




Verse
1.7 
Si tu y réfléchis, ô roi, il y a des corps incorporels. — Lesquels, dit le roi? — Les corps qui apparaissent dans les miroirs ne te semblent-ils pas incorporels? — C'est vrai, ô Tat, dit le roi ; tu as une pensée merveilleuse. — Il y a encore des incorporels; par exemple, les formes, qu'en penses-tu? Elles sont incorporelles et se manifestent dans les corps animés et inanimés. — Tu dis vrai, ô Tat. — Il y a donc une réflexion des incorporels sur les corps, et des corps sur les incorporels, c'est-à-dire du monde sensible sur le monde idéal, et du monde idéal sur le monde sensible. Ο roi, adore donc les statues, qui, elles aussi, empruntent leurs formes au monde sensible. 




Verse
1.8 
Le roi, s'étant levé, dit : « Ne doit-on pas, ô prophète, s'occuper du soin de ses hôtes? Demain nous continuerons cet entretien théologique.[11] » 




Verse
1.9 
Commentaires: [11] Ce fragment, quoique rattaché au précédent par les manuscrits, paraît tiré d'un autre ouvrage.
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Message  Arlitto Lun 07 Mar 2016, 13:07

L'ENCONMIUM AU ROI 



Verse
1.1 
II DES ENTRAVES QU'APPORTENT A L’AME LES PASSIONS DU CORPS 




Verse
1.2 
Lorsqu'un musicien, voulant exécuter une mélodie, se trouve arrêté par le défaut d'accord des instruments, il n'obtient qu'un résultat ridicule; ses efforts inutiles excitent les railleries des assistants; c'est en vain qu'il déploie toutes les ressources de son art et accuse l'instrument faux qui le réduit à l'impuissance. Le grand musicien de la nature, le Dieu qui préside à l'harmonie des odes et qui fait résonner les instruments selon le rythme de sa mélodie, est infatigable, car la fatigue n'atteint pas les Dieux. Si un artiste veut donner un concert de musique, quand les joueurs de trompette ont donné la mesure de leur talent, quand les joueurs de flûte ont exprimé les finesses de la mélodie, quand la lyre et l'archet ont accompagné le chant, on n'accuse pas l'inspiration du musicien, on lui accorde l'estime que mérite son œuvre; mais on se plaint de l'instrument dont le désaccord a troublé la mélodie et empêché les auditeurs d'en saisir la pureté. De même la faiblesse de notre corps ne peut sans impiété être reprochée à (l'auteur de) notre race. Mais sache que Dieu est un artiste au souffle infatigable, toujours maître de sa science, toujours heureux dans ses efforts, et répandant partout les mêmes bienfaits. Si Phidias, l'ouvrier créateur, a trouvé une résistance dans la matière qu'il lui fallait employer pour son œuvre, n'accusons pas l'artiste qui a travaillé selon son pouvoir; plaignons-nous d'une corde trop faible qui, en abaissant ou en élevant la note, a fait disparaître le rythme, mais n'accusons pas l'artiste des vices de l'instrument; plus celui-ci est mauvais, plus celui-là mérite d'éloges quand il parvient à en jouer dans le ton juste. Les auditeurs l'en aiment davantage, loin de lui rien reprocher. C'est ainsi, ô très illustres, qu'il faut mettre notre lyre intérieure d'accord avec la pensée du musicien. 




Verse
1.3 
Je vois même qu'un musicien, privé du secours de la lyre et devant produire un grand effet d'harmonie, a pu suppléer par des moyens inconnus à l'instrument dont il avait l'habitude, au point d'exciter l'enthousiasme de ses auditeurs. On dit qu'un joueur de cithare, auquel le Dieu de la musique était favorable, ayant été arrêté par la rupture d'une corde pendant l'exécution d'une mélodie, la bienveillance du Dieu y suppléa et fit valoir son talent; par un secours providentiel, une cigale remplaça la corde rompue et exécuta les notes qui manquaient. Le musicien, consolé de l'accident qui l'avait affligé, remporta la victoire. Je sens en moi quelque chose de pareil, ô très honorables; tout à l'heure j'étais convaincu de mon impuissance et de ma faiblesse, mais la puissance de l'être suprême complète à ma place la mélodie en faveur du roi. Car le but de ce discours est de célébrer la gloire des rois et leurs trophées. En avant, donc! le musicien le veut, et c'est pour cela que la lyre est accordée. Que la grandeur et la suavité de la mélodie répondent à l'objet de nos chants! 




Verse
1.4 
Puisque nous avons accordé la lyre pour chanter l'éloge des rois et célébrer leurs louanges, chantons d'abord le Dieu bon, le roi suprême de l'univers. Après lui, nous glorifierons ceux qui nous offrent son image et qui tiennent le sceptre. Il plaît aux rois eux-mêmes que l'ode descende d'en haut, de degrés en degrés, el que les espérances se rattachent au ciel d'où leur vient la victoire. Que le musicien chante donc le grand Dieu de l'univers, toujours immortel, dont la puissance est éternelle comme lui, le premier vainqueur de qui viennent toutes les victoires qui succèdent aux victoires. Accélérons la marche de notre discours, arrivons à l'éloge des rois, gardiens de la paix et de la sécurité publique, qui tiennent du Dieu suprême leur antique pouvoir, qui ont reçu la victoire de sa main ; ceux dont le sceptre a été orné même avant les désastres de la guerre, dont les trophées ont précédé le combat; ceux auxquels il a été donné non seulement de régner, mais de triompher de tous ; ceux qui, même avant de s'être mis en mouvement, frappent les barbares d'épouvante. 




Verse
1.5 
LOUANGES DE L'ÊTRE SUPRÊME ET ÉLOGE DU ROI 




Verse
1.6 
Ce discours finit par où il a commencé, par les louanges de l'être suprême, et ensuite des rois très divins qui nous garantissent la paix. Après avoir commencé par célébrer la puissance suprême, c'est à cette puissance que nous revenons en terminant. De même que le soleil nourrit tous les germes et reçoit les prémices des fruits qu'il cueille avec ses rayons, comme avec de grandes mains, de même que ces mains ou ces rayons cueillent d'abord ce qu'il y a de plus suave dans les plantes, ainsi nous-mêmes, après avoir commencé par célébrer l'être suprême et l'effluve de sa sagesse, après avoir recueilli dans nos âmes ces plantes célestes, il nous faut cultiver encore cette moisson bénie qu'il arrosera de ses pluies fécondes. 




Verse
1.7 
Il faudrait dix mille bouches et dix mille voix pour bénir le Dieu de toute pureté, le père de nos âmes, et nous serions impuissants à le célébrer dignement ; car des enfants nouveau nés ne peuvent dignement célébrer leur père, mais ils font selon leurs forces et obtiennent ainsi l'indulgence. Ou plutôt, la gloire de Dieu, c'est qu'il est supérieur à toutes ses créatures; il est le prélude, le but, le milieu et la fin de leurs louanges; elle confessent en lui leur père tout-puissant et infini. 




Verse
1.8 
Il en est de même du roi. Il est naturel à nous, qui sommes ses enfants, de le bénir; mais il nous faut demander l'indulgence de notre père, quand même elle nous aurait été accordée avant notre demande. Un père, loin de se détourner de ses petits-fils et de ses enfants nouveau-nés à cause de leur faiblesse, se réjouit de se voir reconnu par eux. Cette connaissance (gnose) universelle qui communique la vie à tous et nous permet de bénir Dieu est elle-même un don de Dieu. Car Dieu, étant bon, a en lui-même le terme de toute perfection; étant immortel, il enveloppe en lui l’immortelle quiétude, et sa puissance éternelle envoie dans ce monde une bénédiction salutaire. Il n'y a pas de différences entre les êtres qu'il contient, pas de variations; tous sont sages, une même providence est en tous, une même intelligence les gouverne, un même sentiment les pousse à une mutuelle bienveillance, et un même amour produit une harmonie universelle. 




Verse
1.9 
Ainsi, bénissons Dieu et redescendons à ceux qui ont reçu de lui le sceptre. Après avoir commencé par les rois et nous être exercés à célébrer leurs louanges, il nous faut glorifier la piété envers l’être suprême. Que lui-même nous instruise à le bénir; exerçons-nous par lui à cette étude. Que notre premier et principal exercice soit la piété envers Dieu et la louange des rois. Car notre reconnaissance leur est due pour la paix féconde dont ils nous font jouir. C'est la vertu du roi, c'est son nom seul qui garantit la paix; on le nomme le roi (βασιλεύς) parce qu'il marche (βαίνειν) dans sa royauté et sa puissance, et qu'il règne par la raison et la paix. Il est au-dessus de toute royauté barbare ; son nom même est un symbole de paix. Le nom seul du roi suffit souvent pour repousser l'ennemi.[12] Ses statues sont des phares de paix dans la tempête. La seule image du roi produit la victoire, donne à tous la sécurité et rend invulnérable.




Verse
1.10 
Commentaires: [12] On pourrait voir là une allusion au nom de Ptolémée, qui signifie guerrier, mais il est bien plus naturel de penser à celui de Valens, qui signifie puissant, courageux. Valens fut associé à l'empire par son frère Valentinien, ce qui expliquerait pourquoi l'auteur parle tantôt du roi, tant des rois. Les panégyriques d'empereurs étaient fort à la mode à cette époque; mais en Egypte, cette servilité monarchique avait toujours existé. L'explication étymologique du mot βασιλεύς prouve que ce morceau a été écrit en grec et n'est pas traduit de l'égyptien. On en peut dire autant du précédent, qui contient une allusion à Phidias. Ces deux morceaux sont écrits dans le même style et paraissent du même auteur.
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Message  Arlitto Lun 07 Mar 2016, 13:08

Asclepius 


Verse
1.1   
[Cet Asclépios est pour moi le soleil].[1] C'est un Dieu qui t'amène à nous, ô Asclèpios, pour te faire assister à un sermon divin, à celui qui sera le plus vraiment religieux de tous ceux que nous avons faits jusqu'ici, ou qui nous ont été inspirés d'en haut. En le comprenant, tu seras en possession de tous les biens, si toutefois il y a plusieurs biens, et s'il n'est pas plus vrai qu'il n'y en a qu'un seul qui les contient tous. Car chacun d'eux est lié à un autre, tous dérivent d'un seul et n'en font qu'un, tant leurs liens réciproques en rendent la séparation impossible. C'est ce que lu comprendras en prêtant attention à ce que nous allons dire. Mais d'abord, Asclèpios, retire-toi un instant, et va chercher un nouvel auditeur de nos discours. 




Verse
1.2   
Asclèpios suggéra l'idée d'appeler Ammon. 




Verse
1.3   
Rien ne s'oppose, dit Trismégiste, à la présence d'Ammon parmi nous. Je n'ai pas oublié que je lui ai adressé, comme à un fils chéri, beaucoup d'écrits sur la nature, et d'autres relatifs à l'enseignement exotérique. Mais c'est ton nom, Asclèpios, que j'inscrirai en tête du présent traité; et n'appelle personne autre qu'Ammon, car un sermon sur les matières les plus saintes de la religion serait profané par un auditoire trop nombreux; c'est une impiété de livrer à la connaissance du grand nombre un traité tout rempli de la majesté divine. 





Verse
1.4   
Ammon entra dans le sanctuaire, et compléta ce quatuor sacré, rempli de la présence de Dieu. L'invitation au silence religieux sortit de la bouche d'Hermès, et, devant les âmes attentives et suspendues à ses paroles, le divin Amour[2] commença en ces termes : 




Verse
1.5   
Ο Asclèpios, toute âme humaine est immortelle, mais celte immortalité n'est pas uniforme, elle varie dans le mode et dans le temps. 




Verse
1.6   
ASCLÈPIOS : C'est que les âmes, ô Trismégiste, ne sont pas toutes d'une même qualité. 




Verse
1.7   
HERMÈS : Que tu comprends vite la raison des choses, Asclèpios! Je n'ai pas encore dit que tout est un et que l'unité est tout, parce que toutes choses étaient dans le créateur avant la création, et on peut l'appeler le tout, puisque toutes choses sont ses membres. Souviens-toi donc, dans toute cette discussion, de celui qui est un et tout, du créateur de toutes choses. 




Verse
1.8   
Tout descend du ciel sur la terre, dans l'eau, dans l'air. Le feu seul est vivifiant, parce qu'il tend vers le haut; ce qui tend vers le bas lui est subordonné. Ce qui descend d'en haut est générateur, ce qui émane et s'élève est nourrissant. La terre seule, appuyée sur elle-même, est le réceptacle de toutes choses et reconstitue les genres qu'elle reçoit. Cet ensemble, qui contient tout et qui est tout, met en mouvement l'âme et le monde, tout ce que comprend la nature. 




Verse
1.9   
Dans l’unité multiple de la vie universelle, les espèces innombrables, distinguées par leurs différences, sont unies cependant de telle sorte que l'ensemble est un et que tout procède de l’unité. Or, cet ensemble, qui constitue le monde, est formé de quatre éléments : le feu, l’eau, la terre, l’air; un seul monde, une seule âme, un seul Dieu. Maintenant, prête-moi toute la puissance et toute la pénétration de ta pensée, car l'idée de la divinité, qui ne peut être conçue que par une assistance divine, ressemble à un fleuve rapide qui se précipite avec impétuosité; aussi dépasse-t-elle souvent l’attention des auditeurs, et même de celui qui enseigne.


Traduite par Louis Ménard (1867).
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