Réflexions sur l’évangile selon Jean
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Réflexions sur l’évangile selon Jean
Rappel du premier message :
Réflexions sur l’évangile selon Jean
1 Chapitre 1
L’Évangile selon Jean a été manifestement écrit quelque temps après les trois autres Évangiles. Matthieu, Marc et Luc avaient chacun raconté, comme Dieu le leur avait indiqué, l’histoire de Jésus Christ, sa naissance, ses premières années et son entrée dans le ministère. Jean tient leur récit pour connu, sans quoi ses premiers paragraphes seraient difficilement compréhensibles. Comme le premier siècle tirait à sa fin, il s’était écoulé suffisamment de temps pour que se déclenchent des attaques contre la Personne de Christ, la vraie citadelle de la foi. Des notions philosophiques en partie païennes circulaient, se mêlant à la doctrine, ce qui aurait pu être désastreux si elles n’avaient pas été réfutées avec l’énergie de l’Esprit de Dieu. C’est pourquoi cette énergie est déployée dans les écrits de l’apôtre Jean, environ un quart de siècle après la fin de la course de Paul et de Pierre.
Les premiers chrétiens étaient très troublés par les prétendus « gnostiques », c’est-à-dire « ceux qui savent ». Nous avons appris à connaître les agnostiques. Ce sont des gens qui nient qu’une vraie connaissance de Dieu et de ce qui le concerne soit possible. Les gnostiques étaient à l’opposé : ils prétendaient avoir été « initiés » et avoir la connaissance supérieure. Leurs théories niaient en fait la divinité intrinsèque et la vraie humanité de Jésus. Il y avait ensuite ceux qui considéraient Jésus et le Christ comme deux personnes différentes. Le Christ était pour eux un idéal, un état que l’homme pourrait progressivement atteindre. Jésus était l’homme apparu dans l’histoire, à Nazareth. Le but de l’Évangile selon Jean est de réfuter ces erreurs.
Avant de considérer le début, il serait bon de lire les deux derniers versets du chapitre 20, car le dessein de l’Esprit dans cet Évangile y est défini. Les miracles rapportés sont autant de « signes » qui prouvent que Jésus est le Christ. Il n’y a donc qu’une seule et même Personne. Les miracles prouvent aussi qu’il est le Fils de Dieu, établissant ainsi sa divinité. En croyant cette vérité, on a la vie ; en la refusant, on demeure dans la mort. C’est le but de l’Esprit de Dieu dans cet Évangile ; il sera nécessaire de l’avoir présent à l’esprit tout au long de notre lecture. Nous verrons que c’est une clé très importante pour découvrir ses trésors.
Les tout premiers mots nous ramènent au moment le plus lointain que notre esprit soit capable de concevoir, c’est-à-dire le moment où a commencé la première chose qui ait jamais eu un commencement. Avant cela, il n’y avait que... Dieu. À ce point du « commencement », le Verbe (la Parole) « était », c’est-à-dire, existait. Il n’a pas commencé à ce moment-là ; il existait déjà. Son existence éternelle est proclamée, et nous sommes ramenés avant les premiers mots de Genèse 1. De plus, il était « auprès de Dieu ». Nos esprits s’arrêtent à ce moment lointain et nous découvrons qu’alors il possédait une personnalité distincte. La Parole n’est pas un terme général pour désigner la déité, en dehors de toute distinction particulière, car le fait d’être « auprès de Dieu » établit clairement une place spéciale et distincte.
Ceci étant, l’esprit critique aura tendance à discuter : « Nous ne pouvons donc pas parler de la Parole (le Verbe) comme étant Dieu au sens propre ou dans le plein sens du terme, même s’il n’est pas exactement une créature puisqu’il existait avant la création ». Un tel raisonnement est absolument réfuté par la fin du verset 1 : « la Parole était Dieu ». C’est : Dieu dans son essence même.
On a essayé d’affaiblir la force de cette déclaration si importante, en la traduisant par : « la Parole était divine » ou : « la Parole était un dieu », du fait de l’omission de l’article défini (c’est-à-dire qu’il n’est pas écrit : « la Parole était le Dieu »). Mais ceux qui connaissent le grec nous disent qu’il n’y a pas d’article indéfini dans cette langue, et que le mot traduit par « Dieu » est un mot fort, désignant la Déité (*) véritable et absolue. S’il avait été écrit que la Parole était le Dieu, cela aurait limité la divinité à la Parole et en aurait exclu les autres personnes de la Déité. Les termes sont choisis avec une exactitude divine : la Parole était véritablement et absolument Dieu.
(*) Le terme anglais the Godhead est traduit par la Déité, au sens absolu, correspondant au mot grec Θeoτης qui, dans le Nouveau Testament, se rencontre une seule fois en Colossiens 2:9 : « La plénitude de la Déité habite en lui corporellement ».
Le terme Deity est traduit par divinité quand il exprime le caractère, la nature de Dieu, avec le sens du mot grec Θeιoτης qui se rencontre une seule fois en Romains 1:20 : « Sa puissance éternelle et sa divinité se discernent par le moyen de l’intelligence » (Note du traducteur)
Le deuxième verset nous ramène aux deux premières déclarations du verset 1. La personnalité distincte qui caractérise le Verbe (la Parole) n’est pas une forme qui a été prise à un moment ultérieur. Il avait une personnalité éternelle. Au commencement il était donc « auprès de Dieu », car cette distinction de personnalité se trouve dans l’essence même de la Déité. Ainsi quatre points ont été établis au sujet de la Parole : son existence éternelle, sa personnalité distincte, sa déité intrinsèque, sa personnalité éternelle. Même si nous pouvons apprendre autre chose au sujet de la Parole, ces quatre points devraient nous inciter à nous courber dans une humble adoration.
Nous trouvons un cinquième point au verset 3 : il est l’auteur de la création, et cela au sens le plus complet. Nous en arrivons maintenant aux choses qui ont été faites, c’est-à-dire qui sont venues à l’existence. Un mot différent est utilisé dans les versets 1 et 2. Le Verbe (la Parole) n’est pas venu à l’existence : il était, car son existence est éternelle. Mais il a créé tout ce qui est venu à l’existence, puisqu’il a créé « toutes choses ». Pour ne pas laisser la moindre possibilité d’erreur, la seconde partie du verset insiste sur ce point. Ce langage est remarquable, étant donné la science moderne « faussement ainsi nommée », si largement vulgarisée, qui s’efforce de tout expliquer « sans Lui ». Les incrédules s’attachent à la théorie de l’évolution, en dépit d’un manque pitoyable de faits sur lesquels l’appuyer ; les preuves alléguées sont des plus fragiles, parce qu’on l’élimine Lui, en glorifiant l’homme. Mais en vérité il ne peut être éliminé. Parmi toutes les choses innombrables qui ont reçu l’existence au commencement, aucune ne l’a reçue sans lui.
Réfléchissons à cela ; nous avons ici l’explication des « cieux qui racontent la gloire de Dieu » et de la manifestation partielle de Dieu dans la création (Romains 1:19, 20).
La Parole a créé toutes choses. Ainsi la création, dans une certaine mesure, nous donne une fidèle manifestation de Dieu lui-même et de sa pensée. Nous exprimons nos pensées par des paroles ; et la signification de ce grand nom, PAROLE, est que Celui qui le porte est l’expression de tout ce que Dieu est. Les versets 1 et 2 montrent ainsi qu’Il EST, lui-même, absolument tout ce qu’il dit. La création, quand elle a surgi par la Parole, n’était pas un fouillis vide de sens, mais une proclamation de la puissance et de la sagesse de Dieu.
Nous arrivons à un sixième point important avec le verset 4. Le Verbe (la Parole) a la vie en lui-même. En lui, la vie n’est pas une chose reçue ; la vie, au contraire, a son origine en lui, il possède la vie dans son essence même. En rapprochant cela de tout ce qui précède, nous saisissons avec quel soin la divinité intrinsèque de la Parole est établie et préservée. Les mots employés sont simples et précis ; ils sont cependant chargés d’une plénitude de sens divine. Comme l’épée du chérubin en Genèse 3:24, ils tournoient çà et là pour garder intacte dans nos esprits la vérité concernant Celui qui est l’arbre de vie pour l’homme. Cet Évangile va bientôt nous montrer combien la vie du croyant a véritablement sa source en lui. Mais le sujet du verset 4 est plutôt : « la vie était la lumière des hommes ». Cette question est approfondie dans les premiers versets de la première Épître de Jean. La vie a été manifestée, et par conséquent le Dieu qui est lumière est apparu dans la lumière ; le croyant marche dans cette lumière.
La lumière dans laquelle les hommes doivent marcher n’est pas simplement celle de la création, aussi merveilleuse soit-elle ! C’est la lumière qui a été manifestée dans les mots et les actions de la Parole. Quand la Parole est apparue, la lumière a brillé ; mais c’est dans une scène de ténèbres qu’elle s’est manifestée. Nous lisons, en Genèse 1, comment la lumière de la création a jailli dans les ténèbres par la Parole de Dieu ; en un instant les ténèbres ont disparu. Ici nous avons une lumière d’un ordre bien plus élevé. Elle apparaît au milieu des ténèbres morales et spirituelles qui ne pouvaient être dissipées que si cette lumière était vraiment reçue. Hélas ! Elle n’a pas été comprise ! Cependant bien que les ténèbres demeurent, il n’y avait pas d’autre lumière pour l’homme que « la vie ». Il n’y a pas de contradiction dans ces affirmations car Jean, comme il le fait souvent, parle ici de choses abstraites. Il n’est pas encore arrivé au récit historique des événements.
Mais comment se fait-il que la vie qui était dans la Parole ait vraiment brillé dans les ténèbres et soit devenue lumière pour les hommes ? La réponse se trouve au verset 14. Avant d’arriver à ce verset, dans les versets 6 à 13, nous commençons à voir les choses d’un point de vue historique. Jean le Baptiseur entre en scène pour faire ressortir l’importance suprême de la « vraie lumière ». Ce Jean n’est qu’un homme, né pour être l’envoyé de Dieu ; sa mission était de rendre témoignage à la lumière. Il est vrai qu’il est désigné comme « une lampe brillante » dans le verset 35 du chapitre 5, mais le mot employé là est « lampe » plutôt que « lumière ». Jean a brillé comme une lampe et a témoigné, mais la vraie lumière est Celui qui, « venant dans le monde, éclaire tout homme ». Cela ne signifie pas que tout homme reçoive la lumière, ce qui contredirait le verset 5. Jésus n’était pas une lumière pour une partie des hommes seulement, mais il était plutôt comme le soleil qui rayonne sur le monde entier. Aucune nation ne pouvait avoir le monopole de la vraie lumière ; dès le début, cet Évangile porte donc nos pensées au-delà des étroites limites d’Israël.
Dans le reste de ce paragraphe (v. 10-13), de nouvelles déclarations de nature historique développent et éclaircissent ce qui a été dit aux versets 4 et 5. Nous avons déjà vu que la Parole est une Personne de la Déité ; sa vie a brillé comme étant la lumière des hommes, même si c’était au milieu des ténèbres. Il est maintenant ajouté que le monde était le lieu où régnaient ces ténèbres. Jésus y est entré. Hélas, le monde, qui s’était tellement éloigné, n’a pas connu Celui qui avait été son Créateur. Dans ce verset encore il ne s’agit pas d’Israël ou des Juifs, mais du monde. La lumière répandue par les prophètes pouvait être limitée à Israël, mais non pas le rayonnement de la vraie lumière.
L’apôtre Jean fait souvent mention du monde dans ses écrits. Il emploie un mot que nous avons adopté quand nous parlons du « cosmos », qui signifie l’univers comme un tout ordonné. C’est le sens du mot dans ce verset. Quelquefois, dans un sens plus restreint, il désigne seulement notre monde. En tant que Créateur, Jésus avait fait l’univers comme un tout ordonné. À un moment merveilleux, il est venu dans notre cosmos d’une manière très particulière. Il est entré dans ce cosmos plus petit et plus restreint qui s’était perverti et était devenu étranger à cause du péché. Le monde était si perverti qu’il n’a même pas connu son Créateur.
Ensuite, de façon plus précise, il est effectivement venu dans une partie assez sombre de ce cosmos où s’est accompli ce que la prophétie indiquait à son égard. Son propre peuple, Israël, auquel cette prophétie le rattachait, ne l’a pas reçu. Il a été rejeté car les ténèbres ne pouvaient pas le comprendre. Mais malgré cela, il y a des exceptions, comme cet Évangile nous le montrera plus loin. Certains l’ont reçu, croyant en son nom. Ils ne faisaient pas partie des ténèbres. Leurs yeux ont été ouverts et ils l’ont reçu ; ils ont discerné avec foi la gloire de son nom. Ils ont alors reçu de lui le droit d’être enfants de Dieu, et non d’être des Juifs meilleurs ou plus éclairés. Le mot employé ici est sans aucun doute « enfants ». Jean a l’habitude de l’utiliser, plutôt que le mot « fils » qui est davantage employé par Paul. Le sens est légèrement différent. Il évoque la même relation heureuse avec Dieu. Le mot « fils » souligne plutôt notre maturité et notre position dans cette relation. Le mot « enfants » met plutôt en évidence le fait que nous sommes véritablement nés de Dieu, ayant reçu sa vie.
C’est ce qui est souligné ici (v. 13). Le Juif se glorifiait d’être de la race d’Abraham, tout comme aujourd’hui un homme peut être fier d’être né de sang noble ou même royal. Ces âmes humbles, qui font exception à la règle en recevant Christ quand il vient, sont nées de Dieu. La volonté de la chair n’aurait jamais eu de tels résultats, car la chair est fondamentalement opposée à Dieu. La volonté de l’homme, même celle du meilleur d’entre eux, ne pourrait produire cela : c’est tout à fait en dehors des pouvoirs de l’homme. Leur naissance venait de Dieu, c’était un acte divin. Celui qu’ils ont reçu par la foi leur a donné le droit — acte souverain — de prendre la place que leur a conférée cette naissance.
Comment se fait-il que les âmes pieuses, dont nous avons un exemple en Luc 1 et 2, reçoivent le Christ à l’instant où il apparaît ? Ce n’est pas parce qu’elles sont de la descendance d’Abraham. Ce n’est pas non plus parce que la chair en elles est plus noble et qu’elle les pousse à agir, ou parce qu’elles sont influencées par la forte volonté d’un homme sage. C’est uniquement parce qu’elles sont nées de Dieu. C’est un acte divin. Quand nous arrivons au chapitre 10, nous trouvons la même réalité fondamentale exprimée différemment. Lorsque le Berger est venu à la bergerie, il y a trouvé des âmes qui sont « ses propres brebis » ; elles ont entendu sa voix et il les a menées dehors. Il y en a là beaucoup qui sont ses brebis parce qu’elles font partie de sa nation. Elles ne sont pas ses propres brebis au sens où le sont Marie de Magdala, les disciples, la famille de Béthanie, Siméon ou Anne. Ces personnes nées de Dieu sont celles qui l’ont reçu.
Au verset 14, nous reprenons maintenant le thème du verset 5 qui nous révèle un septième fait important concernant le Verbe (la Parole). Il est devenu chair et a habité au milieu de nous. Les versets 1 et 2 nous disent ce qu’il était éternellement dans son essence. Le verset 14 nous dit ce qu’il est devenu. Il est devenu chair ; c’est-à-dire qu’il a revêtu une humanité parfaite. Par ce moyen, les six autres grands faits nous sont devenus accessibles. Celui qui existe de façon absolue par lui-même n’a pu se faire connaître aux hommes qu’en se mettant personnellement en relation avec sa créature.
Le fait que le Verbe (la Parole) soit devenu chair garantit non seulement qu’il a revêtu un corps humain réel (ce que niaient quelques-uns des premiers hérétiques), mais aussi qu’il est devenu un homme dans tout le sens du terme. Pour le devenir, il a laissé de côté les anges et il a « pris la semence d’Abraham ». Il est significatif que ce soit dans cet Évangile, qui commence par une telle affirmation de sa divinité, qu’il parle de lui-même comme « d’un homme » (8:40). En fin de compte, tout ce que Dieu est se trouve révélé aux hommes dans un homme. Il a habité au milieu de nous, plein de grâce et de vérité. Le fondement de toute vérité repose sur la connaissance de Dieu. Si cette connaissance nous était parvenue séparée de la grâce, elle nous aurait renversés ; mais voici une Personne pleine à la fois de grâce et de vérité, qui a habité au milieu de nous.
Aux versets 14 et 15 se trouvent deux parenthèses. La première nous dit que les apôtres et tous ceux « qui l’ont reçu » (v. 12) ont contemplé sa gloire. Ils ont vu une gloire « comme d’un Fils unique de la part du Père », et non comme celle du Sinaï. C’était la gloire attachée à la Majesté et à ses justes exigences ; ici c’est la gloire liée à une intime relation d’affection.
La seconde parenthèse introduit brièvement le témoignage de Jean, rapporté plus complètement quelques versets plus loin. Elle montre qu’il a discerné la préexistence et donc la gloire divine de Celui à qui il rend témoignage. Historiquement il vient après lui, à la fois par sa naissance et son entrée dans le ministère, mais il existait avant lui. Il a ainsi pris la place suprême, la première.
Laissant de côté les deux parenthèses, nous lisons : « La Parole devint chair, et habita au milieu de nous... pleine de grâce et de vérité... car, de sa plénitude, nous tous nous avons reçu, et grâce sur grâce ». Le résultat pour « nous » qui croyons est de nouveau précisé ici. Seuls « tous ceux qui l’ont reçu » peuvent vraiment dire : « Nous avons reçu » de sa plénitude ; mais ceux-là, tous ceux-là peuvent le dire, Dieu en soit béni ! Une plénitude de grâce et une plénitude de vérité sont la part de chacun, même du plus faible, même s’ils n’en mesurent jamais la profondeur. L’accent est mis spécialement sur la grâce. Nous avions besoin de « grâce sur grâce », comme si on l’empilait pour en faire une montagne. La loi a été donnée par Moïse. Elle exprimait les exigences de Dieu, mais elle n’établissait rien. La grâce et la vérité sont apparues dans ce monde, et la venue de Jésus Christ les a, de ce fait, établies.
Enfin, Jean a clairement identifié cette Personne, connue parmi les hommes, Celui qui est la Parole. La Parole devint chair et habita au milieu de nous, pleine de grâce et de vérité ; et voici, cette plénitude est en Jésus Christ ! Cette préface magnifique à l’Évangile nous a conduits directement à Jésus.
À ce stade, nous avons un autre aperçu de sa gloire. Il est Celui qui révèle le Dieu qu’aucun homme n’a jamais vu. Comme le Fils unique qui est dans le sein du Père, il peut pleinement le faire connaître comme Père. Dans le mot « sein », nous avons une image humaine, mais nous ne devons pas l’utiliser dans le sens humain. Cette image est utilisée ailleurs dans l’Écriture pour indiquer la plus proche des relations et l’intimité la plus complète. Le Fils est si totalement un avec le Père et dans une telle intimité de pensée avec lui, qu’il peut le faire connaître à la perfection. Notre verset ne dit pas qu’il était, comme s’il y avait un lieu qu’il aurait pu quitter, mais qu’il est. C’est un présent éternel. Il était, dans l’éternité, il est et sera éternellement dans le sein du Père. La Parole devenant chair signifie donc la venue de la grâce et de la vérité et la pleine déclaration de Dieu comme Père.
Les versets 19 à 28 nous donnent le témoignage de Jean, rendu alors qu’il baptisait au Jourdain. Il est présenté d’une façon tout à fait différente des autres Évangiles. Tout d’abord il y a le côté négatif. Les chefs religieux sont curieux de savoir s’il est le Christ ou Élie, ou le prophète dont Moïse a parlé. Son témoignage est ferme ; il n’est aucun de ceux-là. Il est seulement la voix dont Ésaïe avait parlé, qui crie dans le désert. Son témoignage positif vient ensuite quand ils l’interrogent sur son baptême. Il y en a Un parmi eux qu’ils ne connaissent pas, tellement plus grand que Jean qu’il n’est pas digne de délier la courroie de sa sandale. Par cette image frappante, Jean exprime ce qu’il comprend de la gloire suprême de Celui qui est sur le point de se manifester.
C’est le commencement du témoignage de Jean. Il se précise et s’affermit dans les versets qui suivent.
L’incarnation et quelques-unes de ses grandes conséquences nous sont présentées dans la dernière partie du chapitre. Nous avons en Jean 1 plusieurs des noms et titres du Seigneur Jésus. Les différents offices et capacités qu’il remplit nous sont aussi dévoilés.
Les grands de ce monde remplissent des fonctions variées... Il n’est donc pas surprenant que la Parole, faite chair, remplisse de multiples offices et soit à même de s’occuper de services d’une grande variété et d’une valeur éternelle. Quand nous lisons, au verset 29, la suite du témoignage de Jean, nous rencontrons le premier de la série. Jésus est « l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ».
Jean dit, en substance : « Voilà l’unique sacrifice efficace, qui n’aura jamais à être répété et qui a une valeur éternelle ». Dans l’Ancien Testament, l’agneau avait été spécialement choisi comme l’animal destiné aux sacrifices : c’est l’explication du titre utilisé ici. Jésus est l’Agneau que Dieu a donné. S’il enlève le péché du monde, alors l’œuvre qui est accomplie est d’une telle grandeur que tout est réglé pour l’éternité. Il n’enlève pas seulement votre péché, ou le mien, ou celui d’Israël, mais celui du « cosmos » tout entier. La chose est à faire, et voici « Celui qui la fait ». Quand nous évoquons le péché, nous pensons en général à ses diverses formes, avec des milliers de détails ; ici il est considéré comme un problème gigantesque et terrible, qui trouve sa solution finale dans le fait qu’il est ôté. Dieu veut un « cosmos », — l’univers comme un tout ordonné, —entièrement et éternellement purifié du péché. Voici Celui qui le réalise par son sacrifice. Il est le sacrifice pour toutes les périodes ; c’est là le fondement de tout ce qui suit. S’il ne l’était pas, rien ne pourrait nous conduire dans la voie de la bénédiction et de la gloire.
Jean continue à identifier Jésus comme Celui dont il a parlé auparavant. Il proclame que son baptême n’a pas seulement pour but la manifestation du résidu fidèle en Israël, mais aussi la manifestation de l’Agneau de Dieu à Israël. Il a vu le Saint Esprit descendre sur lui comme une colombe, descendre et demeurer, — non pas descendre et repartir, comme la colombe lâchée par Noé. Quand il avait reçu sa mission, Jean avait été informé que ce serait le signe distinctif de Celui dont il serait le précurseur. C’était celui qui ne baptiserait pas seulement d’eau, mais du Saint Esprit.
En disant cela, Jean présente manifestement Jésus comme celui qui, infiniment grand, apporte la bénédiction. Comme sacrifice, il ôte le péché du monde. Comme Celui qui apporte la bénédiction, il le remplit de la lumière et de l’énergie de l’Esprit de Dieu. Il est donc évident qu’il y a ici les deux aspects d’un ensemble ; et les deux déclarations précédentes ont une portée très large. Chaque croyant aujourd’hui a ses péchés ôtés et il reçoit le Saint Esprit ; c’est une infime partie de tout ce que représentent les résultats acquis. Mais ce qui est envisagé ici, c’est l’œuvre dans sa totalité, considérée de façon abstraite. Les péchés ôtés et le Saint Esprit répandu sur toute chair ne sont pas encore des faits historiques ; mais nous avons ici Celui par lequel ces deux choses vont arriver.
La déclaration finale de Jean, au verset 34, est très importante. Le témoignage qu’il avait rendu aux versets 15 et 27 lui était confirmé. Il avait devant lui le Fils de Dieu et il pouvait rendre témoignage qu’il est le Fils. Le Saint Esprit est une Personne de la Déité. Voici un homme qui a cette personne divine à sa disposition, de manière à pouvoir baptiser du Saint Esprit. Qui est donc cet homme ? Rien de moins que le Fils de Dieu, une autre personne de la Déité. Nous sommes ainsi amenés immédiatement au sujet qui est le but principal de cet Évangile (voir 20:31), le Fils était là devenu Homme ; un tel but était rendu possible. Le Fils de Dieu et la Parole ne sont qu’un.
Le lendemain, Jean rend un témoignage similaire, centré davantage sur la Personne elle-même que sur son œuvre. C’est encore la personne dans son caractère d’Agneau pour le sacrifice. C’est lorsqu’il revêt ce caractère qu’il a le plus d’attrait, comme le montre Apocalypse 5. Cette attraction se fait sentir ici ; deux des disciples de Jean, l’entendant parler ainsi, le quittent immédiatement pour s’attacher à Jésus. On ne peut rendre de service plus fidèle à Dieu que de détourner les auditeurs du serviteur humain pour les attacher à Christ. Jean le Baptiseur fut un serviteur très fidèle.
Jésus ne reprend pas les disciples qui désirent être avec lui ; il les encourage plutôt à demeurer avec lui. Il est non seulement le sacrifice et Celui qui bénit, mais encore le centre autour duquel tous doivent se rassembler. Les deux disciples avaient découvert cela par une sorte d’instinct.
Leur action suffit à le placer devant nous sous ce caractère. Bientôt le Seigneur dira : « Si je suis élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi-même » (12:32). Dans les jours à venir, cela s’accomplira de façon visible. Mais parmi les multitudes de ce jour futur, André et l’autre disciple auront l’honneur d’avoir été les premiers à découvrir en Jésus le Centre désigné par Dieu.
Le verset 42 nous montre que ce qu’André a entendu lui a révélé que Jésus était le Christ (Nous devons à nouveau penser à la fin du chapitre 20). Jésus est Celui qui baptise de l’Esprit Saint, par conséquent il est le Fils de Dieu. Il est le Centre désigné par Dieu, donc le Christ. La première chose que fait André est de chercher son frère Simon. Il lui fait part de ce qu’il a trouvé, et ainsi « il le mena à Jésus ». Il est souvent arrivé depuis, que l’homme le plus énergique et le plus remarquable a été amené au Seigneur par quelqu’un de très ordinaire. Autant que nous le sachions, c’est la chose la plus remarquable qu’André ait faite.
Simon est toujours prompt à parler, et parmi les disciples il est habituellement le premier à s’exprimer ; mais quand il est amené à Jésus, ce n’est pas lui qui a le premier mot. Jésus montre aussi qu’il connaît son nom et sa filiation et lui donne un nouveau nom. Comme nous le voyons pour Daniel et ses trois amis, les grands rois affirment que des serviteurs ou des esclaves leur appartiennent, en changeant leur nom. Quand Simon vient à Jésus, Celui-ci affirme de la même manière son droit sur lui. Mais il fait plus que cela en lui donnant un nom qui signifie « une pierre », car il se l’attache pour l’édifice qu’il a en vue. Pour le moment, Simon ne sait rien de cela. Effectivement Simon, d’après le récit, n’a rien à répondre. Ce que le Seigneur a en vue et ce qu’il dit est de toute importance.
Reportons-nous seulement à 1 Pierre 2 et nous verrons que Simon a compris et qu’il a quelque chose à nous dire à ce sujet. En venant à Christ, la Pierre Vivante, il est devenu une pierre vivante pour l’édification de la maison de Dieu qui se poursuit à l’époque actuelle. Comme il nous le montre dans ce chapitre, ce qui était vrai pour lui, l’est aussi pour nous lorsque nous venons à la Pierre Vivante, chacun à notre tour. Jésus se révèle alors clairement comme Celui qui bâtit la maison de Dieu, dans la manière dont il rencontre Simon. Ni Simon lui-même, ni les autres ne l’ont saisi à ce moment-là. C’est un autre aspect du ministère de Jésus.
Jésus lui-même prend l’initiative de trouver Philippe (v. 44). Il se présente par ces mots : « Suis-moi ». Ces deux mots sont évidemment suffisants. Ils le désignent à Philippe comme Celui qui conduit et qui a le droit de demander l’obéissance loyale de tous et de chacun. Philippe le suit et, même s’il n’a pas encore beaucoup de connaissance, il se met à chercher d’autres âmes. Il peut seulement parler à Nathanaël de « Jésus, le fils de Joseph, qui est de Nazareth ». Il donne ainsi un nom ni très élevé ni très exact à Celui qu’il venait tout juste de commencer à suivre. Cela conduit Nathanaël, dès le départ, à avoir des préjugés à l’égard du Seigneur, mais cela suffit pourtant à l’amener à un entretien avec lui.
De nouveau Jésus prend l’initiative. Par sa première exclamation concernant Nathanaël, il se révèle lui-même comme Celui qui sonde les cœurs des hommes : Voilà un Israélite, non pas sans péché, mais sans fraude, c’est-à-dire sans tromperie ni malhonnêteté ; voilà un homme droit et honnête dans son esprit devant Dieu. Jésus le sait comme le montre sa réponse à la question étonnée de Nathanaël : « D’où me connais-tu ? » Le Seigneur se révèle comme le juge de tous. Il est Celui devant qui tous les hommes sont nus et découverts et qui peut mettre tout homme à sa vraie place. Nathanaël est venu pour voir Jésus de Nazareth et il découvre quelqu’un qui sait tout à son sujet et qui lit en lui comme dans un livre ouvert. Qui donc est ce Jésus ?
La réponse de Nathanaël nous est donnée au verset 50. Nous sommes ramenés à ce verset du chapitre 20 dont nous avons déjà parlé. Jésus est « le Fils de Dieu » et il est aussi « le Roi d’Israël ». En tant qu’Israélite sérieux et pieux, Nathanaël attendait le Roi, et il aurait eu tendance à faire de ce point-là le point capital. Mais évidemment en présence de « celui qui juge les hommes et sonde les cœurs », tout l’accent est mis sur le fait qu’il est nécessairement le Fils de Dieu, et donc le Roi d’Israël. Remarquez ensuite au verset 51 que Jésus accepte l’hommage de Nathanaël : il ne le trouve pas déplacé, car c’est un fruit de la foi. En entendant les paroles de Jésus, il croit et rend hommage.
Au verset 51 il semble qu’il y ait un contraste entre entendre et voir. Ce que nous entendons produit la foi, mais un jour viendra où nous verrons des choses plus grandes que celles que nous avons entendues. Lorsque la foi sera changée en vue, nous aurons devant les yeux le Fils de l’Homme comme grand administrateur de l’univers de Dieu, cette sphère de lumière et de bénédiction. Les anges auront leur place de serviteurs, mais chacun de leurs mouvements sera réglé et accompli sous sa direction. Il remplira cet office comme Fils de l’Homme selon la prophétie du Psaume 8. En effet ce Psaume parle de lui comme ayant été fait « de peu inférieur aux anges », mais ceci à cause de la mort qu’il a soufferte, comme nous le dit Hébreux 2. Il parle aussi de sa domination sur les œuvres de l’Éternel sur la terre et dans la mer. Notre verset de Jean 1 montre que les anges lui seront soumis. Le chapitre 2 des Hébreux va plus loin en disant que l’expression « toutes choses lui étant assujetties » signifie que Dieu n’a « rien laissé qui ne lui soit assujetti ». Le Fils de l’Homme dominera sur les cieux aussi bien que sur la terre.
Avant de quitter le premier chapitre, retenons que nous n’avons pas seulement ces aperçus des différents offices remplis par la Parole devenue chair, mais aussi que ses principaux titres sont mis en lumière : Jésus ; le Messie ; le Christ ; le Fils unique ; l’Agneau de Dieu ; le Fils de Dieu ; Jésus de Nazareth ; le Roi d’Israël ; le Fils de l’Homme. Le chapitre entier est semblable à une mine richement striée de ces filons d’or.
Réflexions sur l’évangile selon Jean
1 Chapitre 1
L’Évangile selon Jean a été manifestement écrit quelque temps après les trois autres Évangiles. Matthieu, Marc et Luc avaient chacun raconté, comme Dieu le leur avait indiqué, l’histoire de Jésus Christ, sa naissance, ses premières années et son entrée dans le ministère. Jean tient leur récit pour connu, sans quoi ses premiers paragraphes seraient difficilement compréhensibles. Comme le premier siècle tirait à sa fin, il s’était écoulé suffisamment de temps pour que se déclenchent des attaques contre la Personne de Christ, la vraie citadelle de la foi. Des notions philosophiques en partie païennes circulaient, se mêlant à la doctrine, ce qui aurait pu être désastreux si elles n’avaient pas été réfutées avec l’énergie de l’Esprit de Dieu. C’est pourquoi cette énergie est déployée dans les écrits de l’apôtre Jean, environ un quart de siècle après la fin de la course de Paul et de Pierre.
Les premiers chrétiens étaient très troublés par les prétendus « gnostiques », c’est-à-dire « ceux qui savent ». Nous avons appris à connaître les agnostiques. Ce sont des gens qui nient qu’une vraie connaissance de Dieu et de ce qui le concerne soit possible. Les gnostiques étaient à l’opposé : ils prétendaient avoir été « initiés » et avoir la connaissance supérieure. Leurs théories niaient en fait la divinité intrinsèque et la vraie humanité de Jésus. Il y avait ensuite ceux qui considéraient Jésus et le Christ comme deux personnes différentes. Le Christ était pour eux un idéal, un état que l’homme pourrait progressivement atteindre. Jésus était l’homme apparu dans l’histoire, à Nazareth. Le but de l’Évangile selon Jean est de réfuter ces erreurs.
Avant de considérer le début, il serait bon de lire les deux derniers versets du chapitre 20, car le dessein de l’Esprit dans cet Évangile y est défini. Les miracles rapportés sont autant de « signes » qui prouvent que Jésus est le Christ. Il n’y a donc qu’une seule et même Personne. Les miracles prouvent aussi qu’il est le Fils de Dieu, établissant ainsi sa divinité. En croyant cette vérité, on a la vie ; en la refusant, on demeure dans la mort. C’est le but de l’Esprit de Dieu dans cet Évangile ; il sera nécessaire de l’avoir présent à l’esprit tout au long de notre lecture. Nous verrons que c’est une clé très importante pour découvrir ses trésors.
Les tout premiers mots nous ramènent au moment le plus lointain que notre esprit soit capable de concevoir, c’est-à-dire le moment où a commencé la première chose qui ait jamais eu un commencement. Avant cela, il n’y avait que... Dieu. À ce point du « commencement », le Verbe (la Parole) « était », c’est-à-dire, existait. Il n’a pas commencé à ce moment-là ; il existait déjà. Son existence éternelle est proclamée, et nous sommes ramenés avant les premiers mots de Genèse 1. De plus, il était « auprès de Dieu ». Nos esprits s’arrêtent à ce moment lointain et nous découvrons qu’alors il possédait une personnalité distincte. La Parole n’est pas un terme général pour désigner la déité, en dehors de toute distinction particulière, car le fait d’être « auprès de Dieu » établit clairement une place spéciale et distincte.
Ceci étant, l’esprit critique aura tendance à discuter : « Nous ne pouvons donc pas parler de la Parole (le Verbe) comme étant Dieu au sens propre ou dans le plein sens du terme, même s’il n’est pas exactement une créature puisqu’il existait avant la création ». Un tel raisonnement est absolument réfuté par la fin du verset 1 : « la Parole était Dieu ». C’est : Dieu dans son essence même.
On a essayé d’affaiblir la force de cette déclaration si importante, en la traduisant par : « la Parole était divine » ou : « la Parole était un dieu », du fait de l’omission de l’article défini (c’est-à-dire qu’il n’est pas écrit : « la Parole était le Dieu »). Mais ceux qui connaissent le grec nous disent qu’il n’y a pas d’article indéfini dans cette langue, et que le mot traduit par « Dieu » est un mot fort, désignant la Déité (*) véritable et absolue. S’il avait été écrit que la Parole était le Dieu, cela aurait limité la divinité à la Parole et en aurait exclu les autres personnes de la Déité. Les termes sont choisis avec une exactitude divine : la Parole était véritablement et absolument Dieu.
(*) Le terme anglais the Godhead est traduit par la Déité, au sens absolu, correspondant au mot grec Θeoτης qui, dans le Nouveau Testament, se rencontre une seule fois en Colossiens 2:9 : « La plénitude de la Déité habite en lui corporellement ».
Le terme Deity est traduit par divinité quand il exprime le caractère, la nature de Dieu, avec le sens du mot grec Θeιoτης qui se rencontre une seule fois en Romains 1:20 : « Sa puissance éternelle et sa divinité se discernent par le moyen de l’intelligence » (Note du traducteur)
Le deuxième verset nous ramène aux deux premières déclarations du verset 1. La personnalité distincte qui caractérise le Verbe (la Parole) n’est pas une forme qui a été prise à un moment ultérieur. Il avait une personnalité éternelle. Au commencement il était donc « auprès de Dieu », car cette distinction de personnalité se trouve dans l’essence même de la Déité. Ainsi quatre points ont été établis au sujet de la Parole : son existence éternelle, sa personnalité distincte, sa déité intrinsèque, sa personnalité éternelle. Même si nous pouvons apprendre autre chose au sujet de la Parole, ces quatre points devraient nous inciter à nous courber dans une humble adoration.
Nous trouvons un cinquième point au verset 3 : il est l’auteur de la création, et cela au sens le plus complet. Nous en arrivons maintenant aux choses qui ont été faites, c’est-à-dire qui sont venues à l’existence. Un mot différent est utilisé dans les versets 1 et 2. Le Verbe (la Parole) n’est pas venu à l’existence : il était, car son existence est éternelle. Mais il a créé tout ce qui est venu à l’existence, puisqu’il a créé « toutes choses ». Pour ne pas laisser la moindre possibilité d’erreur, la seconde partie du verset insiste sur ce point. Ce langage est remarquable, étant donné la science moderne « faussement ainsi nommée », si largement vulgarisée, qui s’efforce de tout expliquer « sans Lui ». Les incrédules s’attachent à la théorie de l’évolution, en dépit d’un manque pitoyable de faits sur lesquels l’appuyer ; les preuves alléguées sont des plus fragiles, parce qu’on l’élimine Lui, en glorifiant l’homme. Mais en vérité il ne peut être éliminé. Parmi toutes les choses innombrables qui ont reçu l’existence au commencement, aucune ne l’a reçue sans lui.
Réfléchissons à cela ; nous avons ici l’explication des « cieux qui racontent la gloire de Dieu » et de la manifestation partielle de Dieu dans la création (Romains 1:19, 20).
La Parole a créé toutes choses. Ainsi la création, dans une certaine mesure, nous donne une fidèle manifestation de Dieu lui-même et de sa pensée. Nous exprimons nos pensées par des paroles ; et la signification de ce grand nom, PAROLE, est que Celui qui le porte est l’expression de tout ce que Dieu est. Les versets 1 et 2 montrent ainsi qu’Il EST, lui-même, absolument tout ce qu’il dit. La création, quand elle a surgi par la Parole, n’était pas un fouillis vide de sens, mais une proclamation de la puissance et de la sagesse de Dieu.
Nous arrivons à un sixième point important avec le verset 4. Le Verbe (la Parole) a la vie en lui-même. En lui, la vie n’est pas une chose reçue ; la vie, au contraire, a son origine en lui, il possède la vie dans son essence même. En rapprochant cela de tout ce qui précède, nous saisissons avec quel soin la divinité intrinsèque de la Parole est établie et préservée. Les mots employés sont simples et précis ; ils sont cependant chargés d’une plénitude de sens divine. Comme l’épée du chérubin en Genèse 3:24, ils tournoient çà et là pour garder intacte dans nos esprits la vérité concernant Celui qui est l’arbre de vie pour l’homme. Cet Évangile va bientôt nous montrer combien la vie du croyant a véritablement sa source en lui. Mais le sujet du verset 4 est plutôt : « la vie était la lumière des hommes ». Cette question est approfondie dans les premiers versets de la première Épître de Jean. La vie a été manifestée, et par conséquent le Dieu qui est lumière est apparu dans la lumière ; le croyant marche dans cette lumière.
La lumière dans laquelle les hommes doivent marcher n’est pas simplement celle de la création, aussi merveilleuse soit-elle ! C’est la lumière qui a été manifestée dans les mots et les actions de la Parole. Quand la Parole est apparue, la lumière a brillé ; mais c’est dans une scène de ténèbres qu’elle s’est manifestée. Nous lisons, en Genèse 1, comment la lumière de la création a jailli dans les ténèbres par la Parole de Dieu ; en un instant les ténèbres ont disparu. Ici nous avons une lumière d’un ordre bien plus élevé. Elle apparaît au milieu des ténèbres morales et spirituelles qui ne pouvaient être dissipées que si cette lumière était vraiment reçue. Hélas ! Elle n’a pas été comprise ! Cependant bien que les ténèbres demeurent, il n’y avait pas d’autre lumière pour l’homme que « la vie ». Il n’y a pas de contradiction dans ces affirmations car Jean, comme il le fait souvent, parle ici de choses abstraites. Il n’est pas encore arrivé au récit historique des événements.
Mais comment se fait-il que la vie qui était dans la Parole ait vraiment brillé dans les ténèbres et soit devenue lumière pour les hommes ? La réponse se trouve au verset 14. Avant d’arriver à ce verset, dans les versets 6 à 13, nous commençons à voir les choses d’un point de vue historique. Jean le Baptiseur entre en scène pour faire ressortir l’importance suprême de la « vraie lumière ». Ce Jean n’est qu’un homme, né pour être l’envoyé de Dieu ; sa mission était de rendre témoignage à la lumière. Il est vrai qu’il est désigné comme « une lampe brillante » dans le verset 35 du chapitre 5, mais le mot employé là est « lampe » plutôt que « lumière ». Jean a brillé comme une lampe et a témoigné, mais la vraie lumière est Celui qui, « venant dans le monde, éclaire tout homme ». Cela ne signifie pas que tout homme reçoive la lumière, ce qui contredirait le verset 5. Jésus n’était pas une lumière pour une partie des hommes seulement, mais il était plutôt comme le soleil qui rayonne sur le monde entier. Aucune nation ne pouvait avoir le monopole de la vraie lumière ; dès le début, cet Évangile porte donc nos pensées au-delà des étroites limites d’Israël.
Dans le reste de ce paragraphe (v. 10-13), de nouvelles déclarations de nature historique développent et éclaircissent ce qui a été dit aux versets 4 et 5. Nous avons déjà vu que la Parole est une Personne de la Déité ; sa vie a brillé comme étant la lumière des hommes, même si c’était au milieu des ténèbres. Il est maintenant ajouté que le monde était le lieu où régnaient ces ténèbres. Jésus y est entré. Hélas, le monde, qui s’était tellement éloigné, n’a pas connu Celui qui avait été son Créateur. Dans ce verset encore il ne s’agit pas d’Israël ou des Juifs, mais du monde. La lumière répandue par les prophètes pouvait être limitée à Israël, mais non pas le rayonnement de la vraie lumière.
L’apôtre Jean fait souvent mention du monde dans ses écrits. Il emploie un mot que nous avons adopté quand nous parlons du « cosmos », qui signifie l’univers comme un tout ordonné. C’est le sens du mot dans ce verset. Quelquefois, dans un sens plus restreint, il désigne seulement notre monde. En tant que Créateur, Jésus avait fait l’univers comme un tout ordonné. À un moment merveilleux, il est venu dans notre cosmos d’une manière très particulière. Il est entré dans ce cosmos plus petit et plus restreint qui s’était perverti et était devenu étranger à cause du péché. Le monde était si perverti qu’il n’a même pas connu son Créateur.
Ensuite, de façon plus précise, il est effectivement venu dans une partie assez sombre de ce cosmos où s’est accompli ce que la prophétie indiquait à son égard. Son propre peuple, Israël, auquel cette prophétie le rattachait, ne l’a pas reçu. Il a été rejeté car les ténèbres ne pouvaient pas le comprendre. Mais malgré cela, il y a des exceptions, comme cet Évangile nous le montrera plus loin. Certains l’ont reçu, croyant en son nom. Ils ne faisaient pas partie des ténèbres. Leurs yeux ont été ouverts et ils l’ont reçu ; ils ont discerné avec foi la gloire de son nom. Ils ont alors reçu de lui le droit d’être enfants de Dieu, et non d’être des Juifs meilleurs ou plus éclairés. Le mot employé ici est sans aucun doute « enfants ». Jean a l’habitude de l’utiliser, plutôt que le mot « fils » qui est davantage employé par Paul. Le sens est légèrement différent. Il évoque la même relation heureuse avec Dieu. Le mot « fils » souligne plutôt notre maturité et notre position dans cette relation. Le mot « enfants » met plutôt en évidence le fait que nous sommes véritablement nés de Dieu, ayant reçu sa vie.
C’est ce qui est souligné ici (v. 13). Le Juif se glorifiait d’être de la race d’Abraham, tout comme aujourd’hui un homme peut être fier d’être né de sang noble ou même royal. Ces âmes humbles, qui font exception à la règle en recevant Christ quand il vient, sont nées de Dieu. La volonté de la chair n’aurait jamais eu de tels résultats, car la chair est fondamentalement opposée à Dieu. La volonté de l’homme, même celle du meilleur d’entre eux, ne pourrait produire cela : c’est tout à fait en dehors des pouvoirs de l’homme. Leur naissance venait de Dieu, c’était un acte divin. Celui qu’ils ont reçu par la foi leur a donné le droit — acte souverain — de prendre la place que leur a conférée cette naissance.
Comment se fait-il que les âmes pieuses, dont nous avons un exemple en Luc 1 et 2, reçoivent le Christ à l’instant où il apparaît ? Ce n’est pas parce qu’elles sont de la descendance d’Abraham. Ce n’est pas non plus parce que la chair en elles est plus noble et qu’elle les pousse à agir, ou parce qu’elles sont influencées par la forte volonté d’un homme sage. C’est uniquement parce qu’elles sont nées de Dieu. C’est un acte divin. Quand nous arrivons au chapitre 10, nous trouvons la même réalité fondamentale exprimée différemment. Lorsque le Berger est venu à la bergerie, il y a trouvé des âmes qui sont « ses propres brebis » ; elles ont entendu sa voix et il les a menées dehors. Il y en a là beaucoup qui sont ses brebis parce qu’elles font partie de sa nation. Elles ne sont pas ses propres brebis au sens où le sont Marie de Magdala, les disciples, la famille de Béthanie, Siméon ou Anne. Ces personnes nées de Dieu sont celles qui l’ont reçu.
Au verset 14, nous reprenons maintenant le thème du verset 5 qui nous révèle un septième fait important concernant le Verbe (la Parole). Il est devenu chair et a habité au milieu de nous. Les versets 1 et 2 nous disent ce qu’il était éternellement dans son essence. Le verset 14 nous dit ce qu’il est devenu. Il est devenu chair ; c’est-à-dire qu’il a revêtu une humanité parfaite. Par ce moyen, les six autres grands faits nous sont devenus accessibles. Celui qui existe de façon absolue par lui-même n’a pu se faire connaître aux hommes qu’en se mettant personnellement en relation avec sa créature.
Le fait que le Verbe (la Parole) soit devenu chair garantit non seulement qu’il a revêtu un corps humain réel (ce que niaient quelques-uns des premiers hérétiques), mais aussi qu’il est devenu un homme dans tout le sens du terme. Pour le devenir, il a laissé de côté les anges et il a « pris la semence d’Abraham ». Il est significatif que ce soit dans cet Évangile, qui commence par une telle affirmation de sa divinité, qu’il parle de lui-même comme « d’un homme » (8:40). En fin de compte, tout ce que Dieu est se trouve révélé aux hommes dans un homme. Il a habité au milieu de nous, plein de grâce et de vérité. Le fondement de toute vérité repose sur la connaissance de Dieu. Si cette connaissance nous était parvenue séparée de la grâce, elle nous aurait renversés ; mais voici une Personne pleine à la fois de grâce et de vérité, qui a habité au milieu de nous.
Aux versets 14 et 15 se trouvent deux parenthèses. La première nous dit que les apôtres et tous ceux « qui l’ont reçu » (v. 12) ont contemplé sa gloire. Ils ont vu une gloire « comme d’un Fils unique de la part du Père », et non comme celle du Sinaï. C’était la gloire attachée à la Majesté et à ses justes exigences ; ici c’est la gloire liée à une intime relation d’affection.
La seconde parenthèse introduit brièvement le témoignage de Jean, rapporté plus complètement quelques versets plus loin. Elle montre qu’il a discerné la préexistence et donc la gloire divine de Celui à qui il rend témoignage. Historiquement il vient après lui, à la fois par sa naissance et son entrée dans le ministère, mais il existait avant lui. Il a ainsi pris la place suprême, la première.
Laissant de côté les deux parenthèses, nous lisons : « La Parole devint chair, et habita au milieu de nous... pleine de grâce et de vérité... car, de sa plénitude, nous tous nous avons reçu, et grâce sur grâce ». Le résultat pour « nous » qui croyons est de nouveau précisé ici. Seuls « tous ceux qui l’ont reçu » peuvent vraiment dire : « Nous avons reçu » de sa plénitude ; mais ceux-là, tous ceux-là peuvent le dire, Dieu en soit béni ! Une plénitude de grâce et une plénitude de vérité sont la part de chacun, même du plus faible, même s’ils n’en mesurent jamais la profondeur. L’accent est mis spécialement sur la grâce. Nous avions besoin de « grâce sur grâce », comme si on l’empilait pour en faire une montagne. La loi a été donnée par Moïse. Elle exprimait les exigences de Dieu, mais elle n’établissait rien. La grâce et la vérité sont apparues dans ce monde, et la venue de Jésus Christ les a, de ce fait, établies.
Enfin, Jean a clairement identifié cette Personne, connue parmi les hommes, Celui qui est la Parole. La Parole devint chair et habita au milieu de nous, pleine de grâce et de vérité ; et voici, cette plénitude est en Jésus Christ ! Cette préface magnifique à l’Évangile nous a conduits directement à Jésus.
À ce stade, nous avons un autre aperçu de sa gloire. Il est Celui qui révèle le Dieu qu’aucun homme n’a jamais vu. Comme le Fils unique qui est dans le sein du Père, il peut pleinement le faire connaître comme Père. Dans le mot « sein », nous avons une image humaine, mais nous ne devons pas l’utiliser dans le sens humain. Cette image est utilisée ailleurs dans l’Écriture pour indiquer la plus proche des relations et l’intimité la plus complète. Le Fils est si totalement un avec le Père et dans une telle intimité de pensée avec lui, qu’il peut le faire connaître à la perfection. Notre verset ne dit pas qu’il était, comme s’il y avait un lieu qu’il aurait pu quitter, mais qu’il est. C’est un présent éternel. Il était, dans l’éternité, il est et sera éternellement dans le sein du Père. La Parole devenant chair signifie donc la venue de la grâce et de la vérité et la pleine déclaration de Dieu comme Père.
Les versets 19 à 28 nous donnent le témoignage de Jean, rendu alors qu’il baptisait au Jourdain. Il est présenté d’une façon tout à fait différente des autres Évangiles. Tout d’abord il y a le côté négatif. Les chefs religieux sont curieux de savoir s’il est le Christ ou Élie, ou le prophète dont Moïse a parlé. Son témoignage est ferme ; il n’est aucun de ceux-là. Il est seulement la voix dont Ésaïe avait parlé, qui crie dans le désert. Son témoignage positif vient ensuite quand ils l’interrogent sur son baptême. Il y en a Un parmi eux qu’ils ne connaissent pas, tellement plus grand que Jean qu’il n’est pas digne de délier la courroie de sa sandale. Par cette image frappante, Jean exprime ce qu’il comprend de la gloire suprême de Celui qui est sur le point de se manifester.
C’est le commencement du témoignage de Jean. Il se précise et s’affermit dans les versets qui suivent.
L’incarnation et quelques-unes de ses grandes conséquences nous sont présentées dans la dernière partie du chapitre. Nous avons en Jean 1 plusieurs des noms et titres du Seigneur Jésus. Les différents offices et capacités qu’il remplit nous sont aussi dévoilés.
Les grands de ce monde remplissent des fonctions variées... Il n’est donc pas surprenant que la Parole, faite chair, remplisse de multiples offices et soit à même de s’occuper de services d’une grande variété et d’une valeur éternelle. Quand nous lisons, au verset 29, la suite du témoignage de Jean, nous rencontrons le premier de la série. Jésus est « l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ».
Jean dit, en substance : « Voilà l’unique sacrifice efficace, qui n’aura jamais à être répété et qui a une valeur éternelle ». Dans l’Ancien Testament, l’agneau avait été spécialement choisi comme l’animal destiné aux sacrifices : c’est l’explication du titre utilisé ici. Jésus est l’Agneau que Dieu a donné. S’il enlève le péché du monde, alors l’œuvre qui est accomplie est d’une telle grandeur que tout est réglé pour l’éternité. Il n’enlève pas seulement votre péché, ou le mien, ou celui d’Israël, mais celui du « cosmos » tout entier. La chose est à faire, et voici « Celui qui la fait ». Quand nous évoquons le péché, nous pensons en général à ses diverses formes, avec des milliers de détails ; ici il est considéré comme un problème gigantesque et terrible, qui trouve sa solution finale dans le fait qu’il est ôté. Dieu veut un « cosmos », — l’univers comme un tout ordonné, —entièrement et éternellement purifié du péché. Voici Celui qui le réalise par son sacrifice. Il est le sacrifice pour toutes les périodes ; c’est là le fondement de tout ce qui suit. S’il ne l’était pas, rien ne pourrait nous conduire dans la voie de la bénédiction et de la gloire.
Jean continue à identifier Jésus comme Celui dont il a parlé auparavant. Il proclame que son baptême n’a pas seulement pour but la manifestation du résidu fidèle en Israël, mais aussi la manifestation de l’Agneau de Dieu à Israël. Il a vu le Saint Esprit descendre sur lui comme une colombe, descendre et demeurer, — non pas descendre et repartir, comme la colombe lâchée par Noé. Quand il avait reçu sa mission, Jean avait été informé que ce serait le signe distinctif de Celui dont il serait le précurseur. C’était celui qui ne baptiserait pas seulement d’eau, mais du Saint Esprit.
En disant cela, Jean présente manifestement Jésus comme celui qui, infiniment grand, apporte la bénédiction. Comme sacrifice, il ôte le péché du monde. Comme Celui qui apporte la bénédiction, il le remplit de la lumière et de l’énergie de l’Esprit de Dieu. Il est donc évident qu’il y a ici les deux aspects d’un ensemble ; et les deux déclarations précédentes ont une portée très large. Chaque croyant aujourd’hui a ses péchés ôtés et il reçoit le Saint Esprit ; c’est une infime partie de tout ce que représentent les résultats acquis. Mais ce qui est envisagé ici, c’est l’œuvre dans sa totalité, considérée de façon abstraite. Les péchés ôtés et le Saint Esprit répandu sur toute chair ne sont pas encore des faits historiques ; mais nous avons ici Celui par lequel ces deux choses vont arriver.
La déclaration finale de Jean, au verset 34, est très importante. Le témoignage qu’il avait rendu aux versets 15 et 27 lui était confirmé. Il avait devant lui le Fils de Dieu et il pouvait rendre témoignage qu’il est le Fils. Le Saint Esprit est une Personne de la Déité. Voici un homme qui a cette personne divine à sa disposition, de manière à pouvoir baptiser du Saint Esprit. Qui est donc cet homme ? Rien de moins que le Fils de Dieu, une autre personne de la Déité. Nous sommes ainsi amenés immédiatement au sujet qui est le but principal de cet Évangile (voir 20:31), le Fils était là devenu Homme ; un tel but était rendu possible. Le Fils de Dieu et la Parole ne sont qu’un.
Le lendemain, Jean rend un témoignage similaire, centré davantage sur la Personne elle-même que sur son œuvre. C’est encore la personne dans son caractère d’Agneau pour le sacrifice. C’est lorsqu’il revêt ce caractère qu’il a le plus d’attrait, comme le montre Apocalypse 5. Cette attraction se fait sentir ici ; deux des disciples de Jean, l’entendant parler ainsi, le quittent immédiatement pour s’attacher à Jésus. On ne peut rendre de service plus fidèle à Dieu que de détourner les auditeurs du serviteur humain pour les attacher à Christ. Jean le Baptiseur fut un serviteur très fidèle.
Jésus ne reprend pas les disciples qui désirent être avec lui ; il les encourage plutôt à demeurer avec lui. Il est non seulement le sacrifice et Celui qui bénit, mais encore le centre autour duquel tous doivent se rassembler. Les deux disciples avaient découvert cela par une sorte d’instinct.
Leur action suffit à le placer devant nous sous ce caractère. Bientôt le Seigneur dira : « Si je suis élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi-même » (12:32). Dans les jours à venir, cela s’accomplira de façon visible. Mais parmi les multitudes de ce jour futur, André et l’autre disciple auront l’honneur d’avoir été les premiers à découvrir en Jésus le Centre désigné par Dieu.
Le verset 42 nous montre que ce qu’André a entendu lui a révélé que Jésus était le Christ (Nous devons à nouveau penser à la fin du chapitre 20). Jésus est Celui qui baptise de l’Esprit Saint, par conséquent il est le Fils de Dieu. Il est le Centre désigné par Dieu, donc le Christ. La première chose que fait André est de chercher son frère Simon. Il lui fait part de ce qu’il a trouvé, et ainsi « il le mena à Jésus ». Il est souvent arrivé depuis, que l’homme le plus énergique et le plus remarquable a été amené au Seigneur par quelqu’un de très ordinaire. Autant que nous le sachions, c’est la chose la plus remarquable qu’André ait faite.
Simon est toujours prompt à parler, et parmi les disciples il est habituellement le premier à s’exprimer ; mais quand il est amené à Jésus, ce n’est pas lui qui a le premier mot. Jésus montre aussi qu’il connaît son nom et sa filiation et lui donne un nouveau nom. Comme nous le voyons pour Daniel et ses trois amis, les grands rois affirment que des serviteurs ou des esclaves leur appartiennent, en changeant leur nom. Quand Simon vient à Jésus, Celui-ci affirme de la même manière son droit sur lui. Mais il fait plus que cela en lui donnant un nom qui signifie « une pierre », car il se l’attache pour l’édifice qu’il a en vue. Pour le moment, Simon ne sait rien de cela. Effectivement Simon, d’après le récit, n’a rien à répondre. Ce que le Seigneur a en vue et ce qu’il dit est de toute importance.
Reportons-nous seulement à 1 Pierre 2 et nous verrons que Simon a compris et qu’il a quelque chose à nous dire à ce sujet. En venant à Christ, la Pierre Vivante, il est devenu une pierre vivante pour l’édification de la maison de Dieu qui se poursuit à l’époque actuelle. Comme il nous le montre dans ce chapitre, ce qui était vrai pour lui, l’est aussi pour nous lorsque nous venons à la Pierre Vivante, chacun à notre tour. Jésus se révèle alors clairement comme Celui qui bâtit la maison de Dieu, dans la manière dont il rencontre Simon. Ni Simon lui-même, ni les autres ne l’ont saisi à ce moment-là. C’est un autre aspect du ministère de Jésus.
Jésus lui-même prend l’initiative de trouver Philippe (v. 44). Il se présente par ces mots : « Suis-moi ». Ces deux mots sont évidemment suffisants. Ils le désignent à Philippe comme Celui qui conduit et qui a le droit de demander l’obéissance loyale de tous et de chacun. Philippe le suit et, même s’il n’a pas encore beaucoup de connaissance, il se met à chercher d’autres âmes. Il peut seulement parler à Nathanaël de « Jésus, le fils de Joseph, qui est de Nazareth ». Il donne ainsi un nom ni très élevé ni très exact à Celui qu’il venait tout juste de commencer à suivre. Cela conduit Nathanaël, dès le départ, à avoir des préjugés à l’égard du Seigneur, mais cela suffit pourtant à l’amener à un entretien avec lui.
De nouveau Jésus prend l’initiative. Par sa première exclamation concernant Nathanaël, il se révèle lui-même comme Celui qui sonde les cœurs des hommes : Voilà un Israélite, non pas sans péché, mais sans fraude, c’est-à-dire sans tromperie ni malhonnêteté ; voilà un homme droit et honnête dans son esprit devant Dieu. Jésus le sait comme le montre sa réponse à la question étonnée de Nathanaël : « D’où me connais-tu ? » Le Seigneur se révèle comme le juge de tous. Il est Celui devant qui tous les hommes sont nus et découverts et qui peut mettre tout homme à sa vraie place. Nathanaël est venu pour voir Jésus de Nazareth et il découvre quelqu’un qui sait tout à son sujet et qui lit en lui comme dans un livre ouvert. Qui donc est ce Jésus ?
La réponse de Nathanaël nous est donnée au verset 50. Nous sommes ramenés à ce verset du chapitre 20 dont nous avons déjà parlé. Jésus est « le Fils de Dieu » et il est aussi « le Roi d’Israël ». En tant qu’Israélite sérieux et pieux, Nathanaël attendait le Roi, et il aurait eu tendance à faire de ce point-là le point capital. Mais évidemment en présence de « celui qui juge les hommes et sonde les cœurs », tout l’accent est mis sur le fait qu’il est nécessairement le Fils de Dieu, et donc le Roi d’Israël. Remarquez ensuite au verset 51 que Jésus accepte l’hommage de Nathanaël : il ne le trouve pas déplacé, car c’est un fruit de la foi. En entendant les paroles de Jésus, il croit et rend hommage.
Au verset 51 il semble qu’il y ait un contraste entre entendre et voir. Ce que nous entendons produit la foi, mais un jour viendra où nous verrons des choses plus grandes que celles que nous avons entendues. Lorsque la foi sera changée en vue, nous aurons devant les yeux le Fils de l’Homme comme grand administrateur de l’univers de Dieu, cette sphère de lumière et de bénédiction. Les anges auront leur place de serviteurs, mais chacun de leurs mouvements sera réglé et accompli sous sa direction. Il remplira cet office comme Fils de l’Homme selon la prophétie du Psaume 8. En effet ce Psaume parle de lui comme ayant été fait « de peu inférieur aux anges », mais ceci à cause de la mort qu’il a soufferte, comme nous le dit Hébreux 2. Il parle aussi de sa domination sur les œuvres de l’Éternel sur la terre et dans la mer. Notre verset de Jean 1 montre que les anges lui seront soumis. Le chapitre 2 des Hébreux va plus loin en disant que l’expression « toutes choses lui étant assujetties » signifie que Dieu n’a « rien laissé qui ne lui soit assujetti ». Le Fils de l’Homme dominera sur les cieux aussi bien que sur la terre.
Avant de quitter le premier chapitre, retenons que nous n’avons pas seulement ces aperçus des différents offices remplis par la Parole devenue chair, mais aussi que ses principaux titres sont mis en lumière : Jésus ; le Messie ; le Christ ; le Fils unique ; l’Agneau de Dieu ; le Fils de Dieu ; Jésus de Nazareth ; le Roi d’Israël ; le Fils de l’Homme. Le chapitre entier est semblable à une mine richement striée de ces filons d’or.
Re: Réflexions sur l’évangile selon Jean
13 Chapitre 13
Ce chapitre commence par décrire dans quel esprit Jésus réunit ses disciples pour le dernier souper de la Pâque. Les autres évangiles racontent tout ce qu’il est nécessaire de savoir sur les circonstances du moment ; ici nous découvrons l’atmosphère d’amour divin qui rend cet événement plus merveilleux. Jésus sait parfaitement que sa mort approche. Elle est envisagée comme le fait de passer d’un monde, déjà jugé, au Père. Le Seigneur laisse derrière lui, sur la terre, des hommes qui sont reconnus comme étant « les siens ». Au chapitre 10, il avait parlé d’eux comme de « ses propres brebis » ; il indiquait qu’il laisserait sa vie pour elles. Nous découvrons maintenant comment son amour avait été versé sur elles. Il les aima « jusqu’à la fin », c’est-à-dire la mort, en ce qui concerne ce monde. Mais la mort elle-même n’est pour le croyant que la porte qui conduit vers la vie éternelle ; l’amour demeure donc pour l’éternité.
Les trois premiers versets dévoilent des circonstances qui, sans cette révélation, n’auraient été connues que de Dieu. Qui peut vraiment connaître l’amour qui remplit le cœur de Christ ? Qui peut discerner la haine et la ruse du diable qui le poussent, à ce moment-là, à insuffler dans le cœur de Judas la pensée épouvantable de trahir son maître ? Et qui d’autre connaît ce qui remplit l’esprit de Jésus, à cette heure solennelle ? Il nous est toutefois permis de le savoir. Rien n’est caché aux yeux du Seigneur alors que, devant lui, il y a la mort par laquelle il s’en va au Père. Il sait qu’il est venu de Dieu afin de pouvoir le révéler parfaitement et racheter entièrement les hommes. Il sait qu’il s’en va à Dieu, comme Homme ressuscité, premiers fruits d’une grande moisson de bénédiction et chef d’une nouvelle création. Bien qu’il s’avance pour se livrer lui-même entre les mains des méchants, il sait qu’en fait le Père a mis toutes choses entre ses mains, des mains capables de tout administrer parfaitement. Toutes choses sont à sa disposition et la prophétie d’Ésaïe : « Le plaisir de l’Éternel prospérera en sa main », sera certainement accomplie.
Pleinement conscient de tout cela, Jésus prend au milieu de ses disciples l’humble place de celui qui sert. Le plaisir de l’Éternel doit prospérer dans la main de son serviteur (voir Ésaïe 53). Cela s’accomplira dans un immense univers de bénédiction, lors de la gloire future. Mais nous le voyons déjà réalisé, à la veille des souffrances du Seigneur, lorsque, de ses propres mains, il lave les pieds des disciples. En cela il est le serviteur de l’Éternel, comme il le sera dans le jour à venir ; les deux formes de service sont l’une et l’autre merveilleuses. Il sert Dieu, en servant les siens.
La vive protestation de Pierre est repoussée pour que l’acte du Seigneur soit expliqué. Pierre perçoit clairement la merveilleuse humilité de ce geste, et cela provoque sa protestation. Il lui est cependant clairement dit qu’il ne connaît pas le vrai sens de ce que le Seigneur a fait ; il le comprendra lorsque le Saint Esprit sera venu. Nous devrions aussi le comprendre. Quel en est donc le sens ? Les paroles de Jésus, rapportées au verset 8, nous éclairent. Il parle d’avoir une part avec lui ; si nous devons avoir le bonheur de partager avec lui, il doit accomplir envers nous le service symbolisé par le lavage des pieds. Par nos pieds, nous sommes en contact avec la terre ; nous devons donc être débarrassés de la poussière et de la souillure.
Les paroles du Seigneur (v. 10) donnent une explication supplémentaire sur ce sujet. Il emploie deux mots différents pour parler du fait de se laver : le premier signifie laver entièrement ou baigner. Il dit donc que celui qui est baigné a besoin de se laver seulement les pieds. Il fait ainsi une allusion évidente au double lavage des sacrificateurs. Ils devaient se laver tout le corps lors de leur consécration qui avait lieu une fois pour toutes (Lévitique 8:6) ; ils devaient ensuite répéter le lavage des mains et des pieds chaque fois qu’ils entraient dans le sanctuaire (Exode 30:19). Quand nous sommes nés de nouveau, nous avons tout le corps lavé ; nous sommes alors nés « d’eau et de l’Esprit ». Après avoir rappelé aux Corinthiens le mal dans lequel ils étaient tombés autrefois, Paul pouvait leur écrire : « Vous avez été lavés », même si la plupart d’entre eux avaient encore un esprit charnel. Ainsi le Seigneur dit aux disciples : « Vous êtes nets » ; il ajoute : « mais non pas tous », en pensant à Judas. En dépit de tout ce qu’il professait, Judas n’était pas né de nouveau.
Ce geste symbolique du Seigneur, ainsi que ses explications, constitue une introduction parfaite aux merveilleux chapitres qui suivent. Dans les chapitres 14 à 16, les communications que Jésus fait aux disciples les introduisent, pour ainsi dire, dans le lieu saint. Au chapitre 17, par contre, nous le voyons pénétrer, seul, dans le lieu très saint. Après la mort du Seigneur et son ascension au ciel, le Saint Esprit ayant donc été donné, nous découvrons que tous les croyants partagent le privilège d’avoir une pleine liberté pour entrer dans le lieu très saint. Mais que ce soit pour les disciples d’autrefois ou pour nous-mêmes aujourd’hui, cette purification de la souillure de la terre est nécessaire, en plus de la nouvelle naissance, si nous devons jouir d’une part avec lui dans le sanctuaire de la présence de Dieu.
Le Seigneur lui-même accomplit encore ce service miséricordieux envers nous, exactement selon nos besoins. Cela fait partie de son travail de souverain sacrificateur et d’avocat au ciel. Toutefois il est notre seigneur et maître et donc, pour nous, un exemple à suivre. La Parole est le plus grand moyen de purification, comme il est écrit au Psaume 119:9. À notre avis, il faut plus de talent pour l’employer comme l’eau purificatrice que pour l’utiliser comme une lampe brillante ou comme une épée tranchante ; ce talent vient de Dieu. Nous serons heureux, en effet, si nous l’acquérons et l’exerçons dans nos contacts avec les croyants. Comme l’indique le verset 17, il est plus facile d’acquérir de la connaissance dans ces vérités que de les pratiquer. En les mettant en application, nous serons restaurés et rafraîchis.
L’exhortation en Galates 6:1 est en rapport avec cela. Cependant le « lavage des pieds », au sens spirituel, s’appliquerait aux souillures en rapport avec le cœur et l’esprit, qui ne nous ont pas encore conduits à nous laisser surprendre par une faute. Si nous savions mieux le réaliser, cela nous aiderait à nous empêcher mutuellement d’être « surpris » et de tomber.
Voici le moment où se révèle le vrai caractère de Judas. À la fin du chapitre 6, les paroles du Seigneur montrent qu’il le connaissait parfaitement, depuis le début. Quand Jésus a choisi les disciples, il a agi avec une préscience divine ; Judas est celui qui accomplira la prophétie du Psaume 41:9. Le Seigneur lui a pourtant donné un service et l’a envoyé comme les autres. Ceux qui ont reçu Judas, et les autres disciples, ont reçu le Maître ; ils ont aussi reçu Dieu lui-même, le Seigneur étant venu d’auprès de lui. L’indignité personnelle du serviteur n’annule pas ce grand principe.
Cependant la terrible chute de Judas est une réelle douleur pour le cœur du Seigneur ; la souffrance n’est pas diminuée par sa prescience divine qui lui permettait de voir la fin avant le commencement. La ferme déclaration du Seigneur que l’un des douze qu’il a choisis va se révéler traître produit aussi du trouble dans l’esprit des disciples. Le verset 22 montre que, dans leurs pensées, il n’y avait aucun soupçon à l’égard de Judas. Il leur paraissait tout à fait sincère, si bien que la bourse commune lui avait été confiée. Le camouflage trompeur, employé par Satan, est presque parfait. Y a-t-il jamais eu une illustration plus frappante des versets 13 et 14 de 2 Corinthiens 11 ?
Qui est celui qui va livrer le Seigneur ? C’est une question délicate ! Un seul des disciples, à ce moment-là, est qualifié pour la poser. La position physique du « disciple que Jésus aimait » est un indice de son état spirituel. Pierre le comprend et lui fait signe de demander ce renseignement. La réponse est donnée sous la forme d’un signe. C’était un honneur pour un invité de recevoir, de la part de l’hôte, « un morceau trempé ». Mais le disciple honoré va se révéler comme étant le traître.
Nous pouvons distinguer trois étapes dans sa chute. Tout d’abord, la convoitise non jugée le conduit même à devenir voleur (12:6). Puisque Judas n’a pas eu entre les mains les trois cents deniers que représentait le parfum, Satan met ensuite dans son cœur le désir d’en récupérer une partie pour lui-même (13:2) ; finalement il se contente de dix pour cent de cette somme ! Enfin Satan entre en lui. Le Maître du mal prend personnellement le commandement afin qu’il ne puisse y avoir aucune erreur dans les préparatifs qui doivent entourer la mort du Seigneur.
Le Seigneur accepte la situation et lui dit d’agir rapidement. Il semble que Satan ne puisse pas agir librement dans cette affaire sans la permission divine. Une fois la permission accordée, Judas, entièrement dominé par Satan, se lève et sort. Il sort dans la nuit, dans tous les sens du terme.
Une atmosphère de paix règne à l’intérieur de la chambre haute lorsque Judas est sorti dans la nuit. Débarrassé de sa présence, le Seigneur commence aussitôt son discours d’adieu qui répand une lumière divine sur tout ce qui va arriver. Il peut enfin parler librement, même si, jusqu’à présent, ses disciples n’ont pas bien compris le sens de ses paroles. Les deux premières phrases qu’il prononce nous présentent un résumé merveilleux. Chacune présente deux grands faits.
L’heure était venue où le Fils de l’homme aurait dû être glorifié publiquement, comme les prophètes l’avaient dit. Au lieu de cela, il allait bientôt entrer dans la mort. Mais ce qui était merveilleux, c’est qu’il allait être glorifié dans cette mort même. Là, en effet, toute la perfection divine et humaine de sa personne allait être manifestée de façon éclatante. En relation avec cela, il y a le deuxième fait que Dieu est parfaitement glorifié en lui. Dans le premier homme et dans sa race, Dieu a été représenté de façon tout à fait fausse, et déshonoré. La parfaite révélation de Dieu est portée à son plus haut degré dans la mort du Seigneur Jésus ; son caractère et sa nature sont revendiqués et manifestés.
De plus, parce que Dieu a été glorifié, le Fils de l’Homme va être glorifié en Dieu lui-même. Christ est maintenant caché en Dieu, mais il est là comme « Celui qui est glorifié » (voir Colossiens 3:3). Le fait que le Fils de l’homme doive être glorifié de cette manière n’avait pas été révélé auparavant. Cette glorification donne donc une tournure inattendue aux événements ; de même la deuxième partie de ce verset montre que cette glorification cachée doit avoir lieu « tout de suite ». Il n’est pas nécessaire d’attendre le royaume visible pour qu’elle ait lieu ! Le don de l’Esprit, qui vient demeurer dans les croyants, découle de cette gloire actuelle et cachée. Par conséquent, il en découle aussi le privilège et la bénédiction qui sont la part de celui qui croit au Seigneur Jésus.
Pour que Christ soit glorifié de manière céleste et immédiate, les liens terrestres avec ses disciples devaient être rompus. À ce moment-là, ils ne pouvaient pas le suivre, en effet, dans sa nouvelle demeure. Pour la première fois, le Seigneur s’adresse à ses disciples comme à « ses enfants ». Il les considère comme ceux qui ont été introduits dans la famille de Dieu (voir 1:12). Il est remarquable de voir qu’une grande partie de la première épître de Jean est fondée sur les paroles du Seigneur rapportées au verset 34.
Nous entrons dans la famille de Dieu en étant nés de lui ; la vie même de cette famille est amour, car Dieu est amour. Le Seigneur montre clairement que, pendant qu’il est dans la gloire cachée du ciel, les enfants qu’il a laissés dans ce monde de ténèbres et de haine doivent montrer leur caractère de disciples en manifestant l’amour. La gloire là-haut dans le ciel, et l’amour, ici sur la terre, telle était la pensée divine. La première est parfaite, mais, hélas, combien le second est imparfait !
Cette séparation proche est une énigme et un chagrin pour les disciples. Pierre exprime ce qu’ils ne comprennent pas. Le Seigneur répond en affirmant que ni Pierre, ni les autres disciples ne pourront le suivre lorsqu’il passera par la mort pour entrer dans sa gloire de ressuscité. Ils y parviendront toutefois, à la fin. Pour Pierre, cette remarque avait un sens particulier (voir 21:18-19) ; mais elle a certainement une application pour chacun de nous. Jésus a tracé un chemin à travers la mort qui aboutit à la résurrection ; nous devons tous prendre ce chemin. Pierre, mécontent de l’affirmation du Seigneur, ne fait que montrer sa confiance insensée en lui-même. À cette heure solennelle, le disciple présomptueux et sûr de lui se découvre, tout comme l’a été le traître.
Ce chapitre commence par décrire dans quel esprit Jésus réunit ses disciples pour le dernier souper de la Pâque. Les autres évangiles racontent tout ce qu’il est nécessaire de savoir sur les circonstances du moment ; ici nous découvrons l’atmosphère d’amour divin qui rend cet événement plus merveilleux. Jésus sait parfaitement que sa mort approche. Elle est envisagée comme le fait de passer d’un monde, déjà jugé, au Père. Le Seigneur laisse derrière lui, sur la terre, des hommes qui sont reconnus comme étant « les siens ». Au chapitre 10, il avait parlé d’eux comme de « ses propres brebis » ; il indiquait qu’il laisserait sa vie pour elles. Nous découvrons maintenant comment son amour avait été versé sur elles. Il les aima « jusqu’à la fin », c’est-à-dire la mort, en ce qui concerne ce monde. Mais la mort elle-même n’est pour le croyant que la porte qui conduit vers la vie éternelle ; l’amour demeure donc pour l’éternité.
Les trois premiers versets dévoilent des circonstances qui, sans cette révélation, n’auraient été connues que de Dieu. Qui peut vraiment connaître l’amour qui remplit le cœur de Christ ? Qui peut discerner la haine et la ruse du diable qui le poussent, à ce moment-là, à insuffler dans le cœur de Judas la pensée épouvantable de trahir son maître ? Et qui d’autre connaît ce qui remplit l’esprit de Jésus, à cette heure solennelle ? Il nous est toutefois permis de le savoir. Rien n’est caché aux yeux du Seigneur alors que, devant lui, il y a la mort par laquelle il s’en va au Père. Il sait qu’il est venu de Dieu afin de pouvoir le révéler parfaitement et racheter entièrement les hommes. Il sait qu’il s’en va à Dieu, comme Homme ressuscité, premiers fruits d’une grande moisson de bénédiction et chef d’une nouvelle création. Bien qu’il s’avance pour se livrer lui-même entre les mains des méchants, il sait qu’en fait le Père a mis toutes choses entre ses mains, des mains capables de tout administrer parfaitement. Toutes choses sont à sa disposition et la prophétie d’Ésaïe : « Le plaisir de l’Éternel prospérera en sa main », sera certainement accomplie.
Pleinement conscient de tout cela, Jésus prend au milieu de ses disciples l’humble place de celui qui sert. Le plaisir de l’Éternel doit prospérer dans la main de son serviteur (voir Ésaïe 53). Cela s’accomplira dans un immense univers de bénédiction, lors de la gloire future. Mais nous le voyons déjà réalisé, à la veille des souffrances du Seigneur, lorsque, de ses propres mains, il lave les pieds des disciples. En cela il est le serviteur de l’Éternel, comme il le sera dans le jour à venir ; les deux formes de service sont l’une et l’autre merveilleuses. Il sert Dieu, en servant les siens.
La vive protestation de Pierre est repoussée pour que l’acte du Seigneur soit expliqué. Pierre perçoit clairement la merveilleuse humilité de ce geste, et cela provoque sa protestation. Il lui est cependant clairement dit qu’il ne connaît pas le vrai sens de ce que le Seigneur a fait ; il le comprendra lorsque le Saint Esprit sera venu. Nous devrions aussi le comprendre. Quel en est donc le sens ? Les paroles de Jésus, rapportées au verset 8, nous éclairent. Il parle d’avoir une part avec lui ; si nous devons avoir le bonheur de partager avec lui, il doit accomplir envers nous le service symbolisé par le lavage des pieds. Par nos pieds, nous sommes en contact avec la terre ; nous devons donc être débarrassés de la poussière et de la souillure.
Les paroles du Seigneur (v. 10) donnent une explication supplémentaire sur ce sujet. Il emploie deux mots différents pour parler du fait de se laver : le premier signifie laver entièrement ou baigner. Il dit donc que celui qui est baigné a besoin de se laver seulement les pieds. Il fait ainsi une allusion évidente au double lavage des sacrificateurs. Ils devaient se laver tout le corps lors de leur consécration qui avait lieu une fois pour toutes (Lévitique 8:6) ; ils devaient ensuite répéter le lavage des mains et des pieds chaque fois qu’ils entraient dans le sanctuaire (Exode 30:19). Quand nous sommes nés de nouveau, nous avons tout le corps lavé ; nous sommes alors nés « d’eau et de l’Esprit ». Après avoir rappelé aux Corinthiens le mal dans lequel ils étaient tombés autrefois, Paul pouvait leur écrire : « Vous avez été lavés », même si la plupart d’entre eux avaient encore un esprit charnel. Ainsi le Seigneur dit aux disciples : « Vous êtes nets » ; il ajoute : « mais non pas tous », en pensant à Judas. En dépit de tout ce qu’il professait, Judas n’était pas né de nouveau.
Ce geste symbolique du Seigneur, ainsi que ses explications, constitue une introduction parfaite aux merveilleux chapitres qui suivent. Dans les chapitres 14 à 16, les communications que Jésus fait aux disciples les introduisent, pour ainsi dire, dans le lieu saint. Au chapitre 17, par contre, nous le voyons pénétrer, seul, dans le lieu très saint. Après la mort du Seigneur et son ascension au ciel, le Saint Esprit ayant donc été donné, nous découvrons que tous les croyants partagent le privilège d’avoir une pleine liberté pour entrer dans le lieu très saint. Mais que ce soit pour les disciples d’autrefois ou pour nous-mêmes aujourd’hui, cette purification de la souillure de la terre est nécessaire, en plus de la nouvelle naissance, si nous devons jouir d’une part avec lui dans le sanctuaire de la présence de Dieu.
Le Seigneur lui-même accomplit encore ce service miséricordieux envers nous, exactement selon nos besoins. Cela fait partie de son travail de souverain sacrificateur et d’avocat au ciel. Toutefois il est notre seigneur et maître et donc, pour nous, un exemple à suivre. La Parole est le plus grand moyen de purification, comme il est écrit au Psaume 119:9. À notre avis, il faut plus de talent pour l’employer comme l’eau purificatrice que pour l’utiliser comme une lampe brillante ou comme une épée tranchante ; ce talent vient de Dieu. Nous serons heureux, en effet, si nous l’acquérons et l’exerçons dans nos contacts avec les croyants. Comme l’indique le verset 17, il est plus facile d’acquérir de la connaissance dans ces vérités que de les pratiquer. En les mettant en application, nous serons restaurés et rafraîchis.
L’exhortation en Galates 6:1 est en rapport avec cela. Cependant le « lavage des pieds », au sens spirituel, s’appliquerait aux souillures en rapport avec le cœur et l’esprit, qui ne nous ont pas encore conduits à nous laisser surprendre par une faute. Si nous savions mieux le réaliser, cela nous aiderait à nous empêcher mutuellement d’être « surpris » et de tomber.
Voici le moment où se révèle le vrai caractère de Judas. À la fin du chapitre 6, les paroles du Seigneur montrent qu’il le connaissait parfaitement, depuis le début. Quand Jésus a choisi les disciples, il a agi avec une préscience divine ; Judas est celui qui accomplira la prophétie du Psaume 41:9. Le Seigneur lui a pourtant donné un service et l’a envoyé comme les autres. Ceux qui ont reçu Judas, et les autres disciples, ont reçu le Maître ; ils ont aussi reçu Dieu lui-même, le Seigneur étant venu d’auprès de lui. L’indignité personnelle du serviteur n’annule pas ce grand principe.
Cependant la terrible chute de Judas est une réelle douleur pour le cœur du Seigneur ; la souffrance n’est pas diminuée par sa prescience divine qui lui permettait de voir la fin avant le commencement. La ferme déclaration du Seigneur que l’un des douze qu’il a choisis va se révéler traître produit aussi du trouble dans l’esprit des disciples. Le verset 22 montre que, dans leurs pensées, il n’y avait aucun soupçon à l’égard de Judas. Il leur paraissait tout à fait sincère, si bien que la bourse commune lui avait été confiée. Le camouflage trompeur, employé par Satan, est presque parfait. Y a-t-il jamais eu une illustration plus frappante des versets 13 et 14 de 2 Corinthiens 11 ?
Qui est celui qui va livrer le Seigneur ? C’est une question délicate ! Un seul des disciples, à ce moment-là, est qualifié pour la poser. La position physique du « disciple que Jésus aimait » est un indice de son état spirituel. Pierre le comprend et lui fait signe de demander ce renseignement. La réponse est donnée sous la forme d’un signe. C’était un honneur pour un invité de recevoir, de la part de l’hôte, « un morceau trempé ». Mais le disciple honoré va se révéler comme étant le traître.
Nous pouvons distinguer trois étapes dans sa chute. Tout d’abord, la convoitise non jugée le conduit même à devenir voleur (12:6). Puisque Judas n’a pas eu entre les mains les trois cents deniers que représentait le parfum, Satan met ensuite dans son cœur le désir d’en récupérer une partie pour lui-même (13:2) ; finalement il se contente de dix pour cent de cette somme ! Enfin Satan entre en lui. Le Maître du mal prend personnellement le commandement afin qu’il ne puisse y avoir aucune erreur dans les préparatifs qui doivent entourer la mort du Seigneur.
Le Seigneur accepte la situation et lui dit d’agir rapidement. Il semble que Satan ne puisse pas agir librement dans cette affaire sans la permission divine. Une fois la permission accordée, Judas, entièrement dominé par Satan, se lève et sort. Il sort dans la nuit, dans tous les sens du terme.
Une atmosphère de paix règne à l’intérieur de la chambre haute lorsque Judas est sorti dans la nuit. Débarrassé de sa présence, le Seigneur commence aussitôt son discours d’adieu qui répand une lumière divine sur tout ce qui va arriver. Il peut enfin parler librement, même si, jusqu’à présent, ses disciples n’ont pas bien compris le sens de ses paroles. Les deux premières phrases qu’il prononce nous présentent un résumé merveilleux. Chacune présente deux grands faits.
L’heure était venue où le Fils de l’homme aurait dû être glorifié publiquement, comme les prophètes l’avaient dit. Au lieu de cela, il allait bientôt entrer dans la mort. Mais ce qui était merveilleux, c’est qu’il allait être glorifié dans cette mort même. Là, en effet, toute la perfection divine et humaine de sa personne allait être manifestée de façon éclatante. En relation avec cela, il y a le deuxième fait que Dieu est parfaitement glorifié en lui. Dans le premier homme et dans sa race, Dieu a été représenté de façon tout à fait fausse, et déshonoré. La parfaite révélation de Dieu est portée à son plus haut degré dans la mort du Seigneur Jésus ; son caractère et sa nature sont revendiqués et manifestés.
De plus, parce que Dieu a été glorifié, le Fils de l’Homme va être glorifié en Dieu lui-même. Christ est maintenant caché en Dieu, mais il est là comme « Celui qui est glorifié » (voir Colossiens 3:3). Le fait que le Fils de l’homme doive être glorifié de cette manière n’avait pas été révélé auparavant. Cette glorification donne donc une tournure inattendue aux événements ; de même la deuxième partie de ce verset montre que cette glorification cachée doit avoir lieu « tout de suite ». Il n’est pas nécessaire d’attendre le royaume visible pour qu’elle ait lieu ! Le don de l’Esprit, qui vient demeurer dans les croyants, découle de cette gloire actuelle et cachée. Par conséquent, il en découle aussi le privilège et la bénédiction qui sont la part de celui qui croit au Seigneur Jésus.
Pour que Christ soit glorifié de manière céleste et immédiate, les liens terrestres avec ses disciples devaient être rompus. À ce moment-là, ils ne pouvaient pas le suivre, en effet, dans sa nouvelle demeure. Pour la première fois, le Seigneur s’adresse à ses disciples comme à « ses enfants ». Il les considère comme ceux qui ont été introduits dans la famille de Dieu (voir 1:12). Il est remarquable de voir qu’une grande partie de la première épître de Jean est fondée sur les paroles du Seigneur rapportées au verset 34.
Nous entrons dans la famille de Dieu en étant nés de lui ; la vie même de cette famille est amour, car Dieu est amour. Le Seigneur montre clairement que, pendant qu’il est dans la gloire cachée du ciel, les enfants qu’il a laissés dans ce monde de ténèbres et de haine doivent montrer leur caractère de disciples en manifestant l’amour. La gloire là-haut dans le ciel, et l’amour, ici sur la terre, telle était la pensée divine. La première est parfaite, mais, hélas, combien le second est imparfait !
Cette séparation proche est une énigme et un chagrin pour les disciples. Pierre exprime ce qu’ils ne comprennent pas. Le Seigneur répond en affirmant que ni Pierre, ni les autres disciples ne pourront le suivre lorsqu’il passera par la mort pour entrer dans sa gloire de ressuscité. Ils y parviendront toutefois, à la fin. Pour Pierre, cette remarque avait un sens particulier (voir 21:18-19) ; mais elle a certainement une application pour chacun de nous. Jésus a tracé un chemin à travers la mort qui aboutit à la résurrection ; nous devons tous prendre ce chemin. Pierre, mécontent de l’affirmation du Seigneur, ne fait que montrer sa confiance insensée en lui-même. À cette heure solennelle, le disciple présomptueux et sûr de lui se découvre, tout comme l’a été le traître.
Re: Réflexions sur l’évangile selon Jean
14 Chapitre 14
Jésus a prononcé une parole d’avertissement, mais elle est immédiatement suivie d’une parole de grâce infinie. Il savait bien que les disciples, malgré tous leurs manquements, l’aimaient véritablement et que la pensée de son départ les affligeait douloureusement. C’est ce qui explique les paroles du début de ce chapitre. Les disciples commençaient à pressentir qu’ils n’allaient plus voir le Seigneur, présent au milieu d’eux ; ce fardeau pesait sur leur cœur. Le Dieu invisible, pourtant, avait toujours été une réalité pour eux, le centre de leur foi. Ne pourrait-il pas en être de même de Christ ? En effet, il en serait de même. Comme centre de la foi, il serait une vivante et brillante réalité pour d’innombrables personnes, alors que, s’il restait comme il était, il ne pourrait être vu que par un petit nombre et à un seul endroit à la fois. Pour des cœurs troublés, le premier sujet de consolation est donc celui-ci : Christ est ressuscité comme vainqueur de la mort et il est le centre de la foi toute simple.
Le deuxième sujet de consolation est le fait qu’une place est préparée et assurée au ciel, dans les nombreuses demeures de la maison du Père. Or les disciples étaient des gens qui avaient tout investi dans leur conviction d’avoir trouvé le Messie, présent physiquement sur la terre. Ils avaient abandonné la position qu’ils avaient occupée ; si Jésus les quittait, à quoi bon avaient-ils tout laissé ? Comme ils l’apprennent ici, c’est pour une place de plus grande intimité, d’un rang plus élevé, qui est éternellement hors d’atteinte de la mort. Quel échange merveilleux ! Le temple terrestre avait été, pour le Seigneur, la maison de son Père (voir 2:16). Cette demeure est maintenant mise de côté ; c’est au ciel que se trouve la véritable « maison du Père », dans laquelle il va entrer. En elle, il y a plusieurs demeures, comme l’indiquaient les nombreuses chambres du temple terrestre qui en était la figure. La place des disciples, et la nôtre, va être préparée par son entrée au ciel. Il nous la garde comme étant notre précurseur (voir Hébreux 6:20).
Un jour doit donc venir où les croyants entreront dans le lieu qui est préparé pour eux. Nous trouvons donc un troisième sujet de consolation au verset 3. C’est la venue personnelle du Seigneur Jésus pour nous prendre auprès de lui, afin que nous puissions être avec lui dans la maison du Père. D’après l’Ancien Testament, les disciples auraient dû savoir qu’une venue personnelle de l’Éternel aurait lieu. On trouve, par exemple : « Ses pieds se tiendront, en ce jour-là, sur la montagne des Oliviers... Et l’Éternel, mon Dieu, viendra, et tous les saints avec toi » (Zacharie 14:4-5). Mais les disciples n’avaient pas compris que « l’Éternel » et « Jésus » étaient une seule et même personne. Ils ne connaissaient rien non plus de la venue du Seigneur pour prendre les croyants près de lui, car elle n’avait pas été annoncée. C’était une révélation tout aussi nouvelle que le fait que les croyants aient une place au ciel et que le Messie soit là comme le centre de la foi, au lieu d’être présent sur la terre, de manière visible.
Nous pouvons ajouter que le verset 1 nous présente en germe cette vie « par la foi au Fils de Dieu » dont parle Paul, en Galates 2:20. De la même manière, le verset 2 nous donne la vérité de l’appel céleste, exposée plus complètement en Éphésiens 1:3-6, Hébreux 2:9 ; 3:1. Le verset 3 nous annonce, pour la première fois, la venue du Seigneur pour chercher les siens. Leur enlèvement au ciel, dans sa présence, se trouve plus largement développé en 1 Thessaloniciens 4:14-18. Cette vérité apporte de la consolation aux cœurs troublés.
Jésus reconnaît que ses disciples savent où il va et qu’ils en connaissent le chemin. Thomas a un esprit matérialiste, qui le conduit à douter facilement. Son objection entraîne une des grandes déclarations du Seigneur. Jésus est le chemin qui mène au Père ; il est la vérité au sujet du Père et la vie qui donne la puissance pour pouvoir vraiment connaître le Père. Le Fils est le seul chemin pour aller au Père. Comme nous avons la vie déchue d’Adam, nous sommes incapables de le connaître ; une telle connaissance n’est possible que pour ceux qui participent à la vie de Christ. Plus nous méditerons ces paroles, plus nous comprendrons que Christ est suffisant pour tout ; ces paroles rendent hommage au fait que la plénitude de la Déité habite en Lui (voir Colossiens 1:19 ; 2:9).
La demande plaintive de Philippe révèle que lui aussi désirait qu’on lui montre le Père de façon palpable (v. 8). Il ne se trompait pas, mais il manquait de discernement pour voir ce qui avait été manifesté en Christ, la Parole devenue chair. Au début de sa première épître, Jean dit que la Parole avait pu, de ce fait, être « entendue, contemplée et touchée ». Le Père avait donc été parfaitement manifesté. Les paroles de Jésus étaient les paroles du Père ; ses œuvres étaient faites par le Père qui demeurait en lui. Le verset 17 fait allusion au fait que le Saint Esprit était avec les disciples, demeurant en Christ ; au verset 10, c’est le Père qui demeure en lui. Nos pensées sont donc ramenées à ce qui est écrit en Colossiens 1:19.
Les paroles et les œuvres du Seigneur confirment l’importante déclaration qu’il fait ici à deux reprises. Quant à son essence, sa vie et sa nature, Jésus était « dans le Père », comme aussi le Père était en lui ; en Jésus, il a été montré et manifesté. Les disciples doivent le croire simplement parce que le Seigneur l’affirme ; sinon ils doivent recevoir le témoignage de ses œuvres, qui le déclarent si clairement. De plus, le jour approchait où des œuvres semblables, ou même plus grandes, devaient être accomplies par les disciples, parce que Jésus s’en allait au Père (v. 12). Comme nous l’avons appris au chapitre 7, cela sous-entendait la venue du Saint Esprit. Ce jour-là, les disciples découvriraient qu’ils seraient en Christ et que Christ serait en eux (voir v. 20). Cela explique sans doute la possibilité d’accomplir ces « plus grandes œuvres ». Avant sa mort et sa résurrection, le Seigneur était « à l’étroit » (Luc 12:50) ; après leur accomplissement et le don de l’Esprit, Jésus pourrait agir librement par son moyen à travers ses disciples. Dans le ministère du Seigneur, il n’y a eu aucun jour où 3000 âmes se soient converties, comme à la Pentecôte ; son travail n’a pas non plus couvert l’immense territoire situé « depuis Jérusalem, et tout alentour, jusqu’en Illyrie » (Romains 15:19), comme l’a fait celui de l’apôtre Paul.
Aux versets 13 et 14, le Seigneur réconforte ses disciples en leur présentant la puissance de son nom. Il va les laisser pour qu’ils soient ses représentants. Si leurs requêtes sont vraiment faites en son nom, elles seront certainement exaucées. Il agirait lui-même en leur faveur, bien qu’étant absent. En agissant ainsi, son intention ne serait pas seulement de défendre ses propres intérêts, mais aussi de glorifier le Père. Ce but serait ainsi atteint dans le service du Seigneur Jésus ressuscité et glorifié, comme il l’avait été pendant les heures sombres de sa mort.
Sans doute le fait d’agir et de demander en son nom se rapporte spécialement aux apôtres ; mais cela s’applique aussi à nous tous. Souvenons-nous que nous n’avons le droit d’utiliser le nom de notre Maître qu’en ce qui concerne sa cause et ses intérêts. Si nous essayons de nous en servir simplement pour faire avancer nos désirs personnels, nous sommes coupables de ce que la loi de notre pays qualifie d’activité illégale ; c’est une faute qui est punie sévèrement. Bien entendu, la promesse ici s’applique seulement si la prière est faite sincèrement en son nom.
Jusqu’ici, nous avons eu devant nous cinq sujets particulièrement consolants. Ils ont été prévus pour que les cœurs affligés des disciples soient sûrs qu’ils auraient beaucoup d’avantages, même s’ils perdaient la présence du Seigneur Jésus au milieu d’eux. Récapitulons ces sujets d’encouragement ! Jésus leur serait toujours accessible, comme centre de leur foi. Il leur assurait une place dans la maison du Père. Jésus reviendrait, afin que les disciples puissent être au ciel avec lui. En attendant, le Père s’était fait pleinement connaître à eux, en lui. Ils devaient rester dans le monde comme les représentants du Seigneur, et l’autorité de son nom donnerait de la puissance à leurs prières. Nous arrivons maintenant à un sixième sujet qui apporte la même consolation.
La venue du Saint Esprit est promise avec certitude. Le Seigneur pense que les disciples l’aiment vraiment. L’amour vrai s’exprime toujours par l’obéissance. L’amour lui-même est la nature de Dieu. Cela semblait évident. S’appuyant sur cette certitude, Jésus, monté au ciel, priera le Père ; en réponse à sa requête, l’autre Consolateur viendra. Or le « consolateur » est quelqu’un qui se tient à côté d’une personne pour l’aider. C’est ce que Jésus lui-même avait été parmi ses disciples sur la terre ; il le serait encore, bien que séparé d’eux au ciel ; en effet le mot « avocat » a le même sens que le mot « consolateur » (1 Jean 2:1). L’Esprit remplira ce rôle pour nous, sur la terre ; une fois qu’il sera venu, il demeurera avec nous éternellement.
Le Consolateur est aussi l’Esprit de vérité. La grâce et la vérité « vinrent par Jésus-Christ » (1:17). Comme nous venons de le voir, l’Esprit est la vérité présentée de façon objective. L’Esprit de vérité va venir maintenant ; il demeurera dans les croyants et fera ainsi pénétrer en eux la vérité subjectivement. C’est pourquoi, au verset 2 de la deuxième épître de Jean, nous lisons que la vérité « demeure en nous », par l’Esprit, de même qu’elle « sera avec nous à jamais », en Christ. Le monde ne partage pas ces privilèges. Il n’a pas la nature divine et n’a pas une conduite caractérisée par l’obéissance ; c’est pourquoi il ne peut pas recevoir le Saint Esprit. Il ne le voit pas et ne le connaît pas, car il est occupé à des choses matérielles.
Tout ce que le Seigneur avait dit rassurait les disciples : ils n’étaient pas « abandonnés », ni « orphelins ». Il viendrait à eux, en effet, par le Consolateur ; sa présence serait donc une réalité pour leur cœur.
Le Consolateur, l’Esprit Saint, est donné au croyant comme sceau de son amour et de son obéissance. Nous ne pouvons donc éprouver la pleine bénédiction due au fait qu’il habite en nous que dans la mesure où notre obéissance est rendue parfaite. L’obéissance est le fruit de l’amour, et la preuve de son existence (v. 15). Le fruit de l’obéissance est une place particulière dans l’amour du Père et du Fils. Il y a en même temps une manifestation spéciale du Fils.
Elle doit entraîner une manifestation spéciale du Père, dans la mesure où nous ne le connaissons que révélé dans le Fils. La manifestation objective est parfaite, complète et durable. Par contre, la manifestation subjective à chacun de nous individuellement, par la puissance du Consolateur, dépend de notre degré d’obéissance et d’amour.
La question de Jude, au verset 22, est suscitée par le fait que les pensées des disciples étaient entièrement centrées sur la manifestation publique du Messie, telle qu’elle était annoncée dans l’Ancien Testament. Ils ne saisissent pas encore la manière dont Dieu agira désormais ; le Seigneur Jésus va être connu par la foi en la puissance du Saint Esprit. Le Seigneur répond en développant les paroles qu’il a prononcées auparavant. Il dit, maintenant, que le fait de garder sa parole est le fruit de l’amour. Il ne s’agit pas de « ses paroles », mais de « sa parole », au singulier ; c’est la vérité qu’il a apportée, envisagée dans sa totalité. Une telle obéissance, accompagnée d’amour, suscite l’appréciation et l’amour du Père ; le Père et le Fils font alors leur demeure chez le croyant, sans aucun doute par le moyen du Saint Esprit qui demeure en celui qui croit ; ces grandes déclarations sont développées dans la partie du discours consacrée au Consolateur. Ainsi les mots du Seigneur Jésus, par lesquels sa parole nous est transmise, deviennent le test de notre amour. Ils nous conduisent à la parole du Père, qui a envoyé le Fils. Si nous méprisons ses paroles, nos démonstrations d’amour à son égard s’avèrent vaines et fausses.
Cela nous conduit à un autre rôle du Consolateur. Comme il est « l’Esprit de vérité », il est celui qui enseigne les disciples. Notons le contraste existant entre les deux expressions : « ces choses » et « toutes choses » (v. 25 et 26). De la mort du Seigneur Jésus découleront sa glorification et le don du Saint Esprit ; cela permettra une révélation plus profonde de la vérité divine. Le Consolateur fera connaître et enseignera avec puissance, aux disciples, toutes les choses appartenant au domaine de la révélation. Christ, présent comme un homme parmi eux, leur avait fait connaître beaucoup de choses ; quand l’Esprit viendra, tout leur sera révélé. Nous trouvons ici, à l’égard de la révélation et de l’enseignement la promesse du même développement, grâce à la venue du Saint Esprit, qu’au verset 12, à l’égard des œuvres. De plus l’Esprit leur rappellera toutes les choses qu’ils ont entendues de Christ.
Nous avons maintenant la joie de voir que ces choses se sont réalisées à la lettre. Les quatre évangiles ont été écrits comme fruit de ce que le Seigneur a dit, le Saint Esprit rappelant ses paroles à la mémoire des apôtres. Les épîtres, par contre, sont le fruit des enseignements supplémentaires, et plus nouveaux, de l’Esprit ; elles répandent la pleine lumière de la foi chrétienne et des conseils de Dieu.
Nous avons déjà remarqué que la venue du Consolateur constituait le sixième sujet de consolation donné par Jésus à ses disciples. Nous découvrons maintenant le septième, le dernier dans ce chapitre ; c’est : la paix. En partant, Jésus leur laisse la paix, léguée comme résultat de son œuvre expiatoire. De plus, il leur donne cette paix qu’il nomme spécialement la sienne ; c’est la paix liée à sa confiance parfaite dans le Père, parce qu’il le connaît et est soumis à sa volonté. Tout ce qu’il donne provient de sa propre plénitude et cela les unit à lui-même ; ce n’est pas selon la pauvre mesure de ce monde.
Ayant ainsi exposé aux disciples ces grands sujets d’encouragement, le Seigneur termine par la même note qu’au début : « Que votre cœur ne soit pas troublé, ni craintif ! ». C’est exactement la même parole qui nous parvient, lorsque nous nous trouvons face aux difficultés actuelles.
Mais les disciples allaient connaître non seulement la paix, mais aussi la joie. C’est ce qu’ils ont éprouvé après le don du Saint Esprit ; ils l’ont expérimenté même avant (Luc 24:52). Les disciples se rendaient compte que Jésus s’en allait et ils devaient pourtant comprendre qu’il venait à eux par l’arrivée du Consolateur. Il y avait pourtant quelque chose de plus ! Jésus s’en allait au Père pour entrer, de ce fait, dans tout ce que cela comportait : approbation infinie et gloire dans l’amour du Père. Ce serait une très grande joie pour lui ; puisque les disciples l’aimaient, ce serait également une joie pour eux. N’avons-nous pas aussi connu cette joie ? La pensée de sa joie n’est-elle pas parmi les plus profondes de nos joies ?
Les derniers mots de ce verset, « mon Père est plus grand que moi », ont troublé certaines personnes. Mais ici, c’est le Verbe, la Parole faite chair, qui parle ; il parle dans sa condition d’homme humble sur la terre. C’est pour cette raison que, en ce qui concerne sa position ou son rang, le Père est plus grand que lui ; en ce qui concerne son être et sa nature, lui et le Père sont un.
Les paroles du Seigneur, au verset 29, apportent beaucoup de lumière sur tout le contenu de ce chapitre. Ce dont il a parlé n’est pas encore arrivé, car son œuvre de rédemption doit d’abord s’accomplir. Quand elle sera terminée, ces événements se produiront. Jésus le dit aux disciples maintenant afin que, dans les jours qui suivront, ils puissent croire. Le Seigneur indique par là que nous sommes dans une période où la foi est de toute importance. L’époque d’Israël a été caractérisée par des choses visibles et palpables. Toutes les vérités dont Jésus venait de parler aux disciples doivent être saisies par la foi et non par la vue. La paix et la joie pénètrent, toutes deux, dans notre cœur par la foi.
Ainsi, maintenant nous voyons que Paul parle de « toute joie et paix en croyant,... par la puissance de l’Esprit saint » (Romains 15:13). Pierre nous dit aussi : « Croyant en lui, quoique maintenant vous ne le voyiez pas, vous vous réjouissez d’une joie ineffable et glorieuse » (1 Pierre 1:8).
Le Seigneur montre ensuite que ses entretiens avec les disciples s’achèvent. L’accomplissement complet de l’œuvre que le Père a commandée se trouve maintenant devant lui. Avant que ce but soit pleinement atteint, Satan, le prince de ce monde, revient, exerçant le pouvoir des ténèbres ; mais il ne trouvera aucun point sur lequel il pourrait attaquer le Seigneur. Satan n’a rien en Christ, parce que le Père a tout ; c’est-à-dire tout son amour et toute son obéissance. Le diable rencontre, non pas l’homme dans un état d’innocence, comme Adam en Eden, mais l’Homme dans un état de sainteté et de justice absolues et, en même temps, la Parole qui est Dieu. Nous trouvons ici la réalité de ce que représente le serviteur hébreu, décrit en Exode 21:2-6 : « j’aime le Père » ; cette expression équivaut à : « j’aime mon maître..., je ne veux pas sortir libre ». De même, en Jean 13:1, nous avons la déclaration de l’amour du Seigneur Jésus pour ceux qui sont symbolisés par « la femme et les enfants », dans l’image du chapitre 21 du livre de l’Exode.
Il semblerait que les mots : « Levez-vous, partons d’ici ! » indiquent que Jésus et les disciples quittent la chambre haute et que le contenu des deux chapitres suivants ait été prononcé sur le chemin de Gethsémané. Le changement de position correspond à un changement de thème.
Jésus a prononcé une parole d’avertissement, mais elle est immédiatement suivie d’une parole de grâce infinie. Il savait bien que les disciples, malgré tous leurs manquements, l’aimaient véritablement et que la pensée de son départ les affligeait douloureusement. C’est ce qui explique les paroles du début de ce chapitre. Les disciples commençaient à pressentir qu’ils n’allaient plus voir le Seigneur, présent au milieu d’eux ; ce fardeau pesait sur leur cœur. Le Dieu invisible, pourtant, avait toujours été une réalité pour eux, le centre de leur foi. Ne pourrait-il pas en être de même de Christ ? En effet, il en serait de même. Comme centre de la foi, il serait une vivante et brillante réalité pour d’innombrables personnes, alors que, s’il restait comme il était, il ne pourrait être vu que par un petit nombre et à un seul endroit à la fois. Pour des cœurs troublés, le premier sujet de consolation est donc celui-ci : Christ est ressuscité comme vainqueur de la mort et il est le centre de la foi toute simple.
Le deuxième sujet de consolation est le fait qu’une place est préparée et assurée au ciel, dans les nombreuses demeures de la maison du Père. Or les disciples étaient des gens qui avaient tout investi dans leur conviction d’avoir trouvé le Messie, présent physiquement sur la terre. Ils avaient abandonné la position qu’ils avaient occupée ; si Jésus les quittait, à quoi bon avaient-ils tout laissé ? Comme ils l’apprennent ici, c’est pour une place de plus grande intimité, d’un rang plus élevé, qui est éternellement hors d’atteinte de la mort. Quel échange merveilleux ! Le temple terrestre avait été, pour le Seigneur, la maison de son Père (voir 2:16). Cette demeure est maintenant mise de côté ; c’est au ciel que se trouve la véritable « maison du Père », dans laquelle il va entrer. En elle, il y a plusieurs demeures, comme l’indiquaient les nombreuses chambres du temple terrestre qui en était la figure. La place des disciples, et la nôtre, va être préparée par son entrée au ciel. Il nous la garde comme étant notre précurseur (voir Hébreux 6:20).
Un jour doit donc venir où les croyants entreront dans le lieu qui est préparé pour eux. Nous trouvons donc un troisième sujet de consolation au verset 3. C’est la venue personnelle du Seigneur Jésus pour nous prendre auprès de lui, afin que nous puissions être avec lui dans la maison du Père. D’après l’Ancien Testament, les disciples auraient dû savoir qu’une venue personnelle de l’Éternel aurait lieu. On trouve, par exemple : « Ses pieds se tiendront, en ce jour-là, sur la montagne des Oliviers... Et l’Éternel, mon Dieu, viendra, et tous les saints avec toi » (Zacharie 14:4-5). Mais les disciples n’avaient pas compris que « l’Éternel » et « Jésus » étaient une seule et même personne. Ils ne connaissaient rien non plus de la venue du Seigneur pour prendre les croyants près de lui, car elle n’avait pas été annoncée. C’était une révélation tout aussi nouvelle que le fait que les croyants aient une place au ciel et que le Messie soit là comme le centre de la foi, au lieu d’être présent sur la terre, de manière visible.
Nous pouvons ajouter que le verset 1 nous présente en germe cette vie « par la foi au Fils de Dieu » dont parle Paul, en Galates 2:20. De la même manière, le verset 2 nous donne la vérité de l’appel céleste, exposée plus complètement en Éphésiens 1:3-6, Hébreux 2:9 ; 3:1. Le verset 3 nous annonce, pour la première fois, la venue du Seigneur pour chercher les siens. Leur enlèvement au ciel, dans sa présence, se trouve plus largement développé en 1 Thessaloniciens 4:14-18. Cette vérité apporte de la consolation aux cœurs troublés.
Jésus reconnaît que ses disciples savent où il va et qu’ils en connaissent le chemin. Thomas a un esprit matérialiste, qui le conduit à douter facilement. Son objection entraîne une des grandes déclarations du Seigneur. Jésus est le chemin qui mène au Père ; il est la vérité au sujet du Père et la vie qui donne la puissance pour pouvoir vraiment connaître le Père. Le Fils est le seul chemin pour aller au Père. Comme nous avons la vie déchue d’Adam, nous sommes incapables de le connaître ; une telle connaissance n’est possible que pour ceux qui participent à la vie de Christ. Plus nous méditerons ces paroles, plus nous comprendrons que Christ est suffisant pour tout ; ces paroles rendent hommage au fait que la plénitude de la Déité habite en Lui (voir Colossiens 1:19 ; 2:9).
La demande plaintive de Philippe révèle que lui aussi désirait qu’on lui montre le Père de façon palpable (v. 8). Il ne se trompait pas, mais il manquait de discernement pour voir ce qui avait été manifesté en Christ, la Parole devenue chair. Au début de sa première épître, Jean dit que la Parole avait pu, de ce fait, être « entendue, contemplée et touchée ». Le Père avait donc été parfaitement manifesté. Les paroles de Jésus étaient les paroles du Père ; ses œuvres étaient faites par le Père qui demeurait en lui. Le verset 17 fait allusion au fait que le Saint Esprit était avec les disciples, demeurant en Christ ; au verset 10, c’est le Père qui demeure en lui. Nos pensées sont donc ramenées à ce qui est écrit en Colossiens 1:19.
Les paroles et les œuvres du Seigneur confirment l’importante déclaration qu’il fait ici à deux reprises. Quant à son essence, sa vie et sa nature, Jésus était « dans le Père », comme aussi le Père était en lui ; en Jésus, il a été montré et manifesté. Les disciples doivent le croire simplement parce que le Seigneur l’affirme ; sinon ils doivent recevoir le témoignage de ses œuvres, qui le déclarent si clairement. De plus, le jour approchait où des œuvres semblables, ou même plus grandes, devaient être accomplies par les disciples, parce que Jésus s’en allait au Père (v. 12). Comme nous l’avons appris au chapitre 7, cela sous-entendait la venue du Saint Esprit. Ce jour-là, les disciples découvriraient qu’ils seraient en Christ et que Christ serait en eux (voir v. 20). Cela explique sans doute la possibilité d’accomplir ces « plus grandes œuvres ». Avant sa mort et sa résurrection, le Seigneur était « à l’étroit » (Luc 12:50) ; après leur accomplissement et le don de l’Esprit, Jésus pourrait agir librement par son moyen à travers ses disciples. Dans le ministère du Seigneur, il n’y a eu aucun jour où 3000 âmes se soient converties, comme à la Pentecôte ; son travail n’a pas non plus couvert l’immense territoire situé « depuis Jérusalem, et tout alentour, jusqu’en Illyrie » (Romains 15:19), comme l’a fait celui de l’apôtre Paul.
Aux versets 13 et 14, le Seigneur réconforte ses disciples en leur présentant la puissance de son nom. Il va les laisser pour qu’ils soient ses représentants. Si leurs requêtes sont vraiment faites en son nom, elles seront certainement exaucées. Il agirait lui-même en leur faveur, bien qu’étant absent. En agissant ainsi, son intention ne serait pas seulement de défendre ses propres intérêts, mais aussi de glorifier le Père. Ce but serait ainsi atteint dans le service du Seigneur Jésus ressuscité et glorifié, comme il l’avait été pendant les heures sombres de sa mort.
Sans doute le fait d’agir et de demander en son nom se rapporte spécialement aux apôtres ; mais cela s’applique aussi à nous tous. Souvenons-nous que nous n’avons le droit d’utiliser le nom de notre Maître qu’en ce qui concerne sa cause et ses intérêts. Si nous essayons de nous en servir simplement pour faire avancer nos désirs personnels, nous sommes coupables de ce que la loi de notre pays qualifie d’activité illégale ; c’est une faute qui est punie sévèrement. Bien entendu, la promesse ici s’applique seulement si la prière est faite sincèrement en son nom.
Jusqu’ici, nous avons eu devant nous cinq sujets particulièrement consolants. Ils ont été prévus pour que les cœurs affligés des disciples soient sûrs qu’ils auraient beaucoup d’avantages, même s’ils perdaient la présence du Seigneur Jésus au milieu d’eux. Récapitulons ces sujets d’encouragement ! Jésus leur serait toujours accessible, comme centre de leur foi. Il leur assurait une place dans la maison du Père. Jésus reviendrait, afin que les disciples puissent être au ciel avec lui. En attendant, le Père s’était fait pleinement connaître à eux, en lui. Ils devaient rester dans le monde comme les représentants du Seigneur, et l’autorité de son nom donnerait de la puissance à leurs prières. Nous arrivons maintenant à un sixième sujet qui apporte la même consolation.
La venue du Saint Esprit est promise avec certitude. Le Seigneur pense que les disciples l’aiment vraiment. L’amour vrai s’exprime toujours par l’obéissance. L’amour lui-même est la nature de Dieu. Cela semblait évident. S’appuyant sur cette certitude, Jésus, monté au ciel, priera le Père ; en réponse à sa requête, l’autre Consolateur viendra. Or le « consolateur » est quelqu’un qui se tient à côté d’une personne pour l’aider. C’est ce que Jésus lui-même avait été parmi ses disciples sur la terre ; il le serait encore, bien que séparé d’eux au ciel ; en effet le mot « avocat » a le même sens que le mot « consolateur » (1 Jean 2:1). L’Esprit remplira ce rôle pour nous, sur la terre ; une fois qu’il sera venu, il demeurera avec nous éternellement.
Le Consolateur est aussi l’Esprit de vérité. La grâce et la vérité « vinrent par Jésus-Christ » (1:17). Comme nous venons de le voir, l’Esprit est la vérité présentée de façon objective. L’Esprit de vérité va venir maintenant ; il demeurera dans les croyants et fera ainsi pénétrer en eux la vérité subjectivement. C’est pourquoi, au verset 2 de la deuxième épître de Jean, nous lisons que la vérité « demeure en nous », par l’Esprit, de même qu’elle « sera avec nous à jamais », en Christ. Le monde ne partage pas ces privilèges. Il n’a pas la nature divine et n’a pas une conduite caractérisée par l’obéissance ; c’est pourquoi il ne peut pas recevoir le Saint Esprit. Il ne le voit pas et ne le connaît pas, car il est occupé à des choses matérielles.
Tout ce que le Seigneur avait dit rassurait les disciples : ils n’étaient pas « abandonnés », ni « orphelins ». Il viendrait à eux, en effet, par le Consolateur ; sa présence serait donc une réalité pour leur cœur.
Le Consolateur, l’Esprit Saint, est donné au croyant comme sceau de son amour et de son obéissance. Nous ne pouvons donc éprouver la pleine bénédiction due au fait qu’il habite en nous que dans la mesure où notre obéissance est rendue parfaite. L’obéissance est le fruit de l’amour, et la preuve de son existence (v. 15). Le fruit de l’obéissance est une place particulière dans l’amour du Père et du Fils. Il y a en même temps une manifestation spéciale du Fils.
Elle doit entraîner une manifestation spéciale du Père, dans la mesure où nous ne le connaissons que révélé dans le Fils. La manifestation objective est parfaite, complète et durable. Par contre, la manifestation subjective à chacun de nous individuellement, par la puissance du Consolateur, dépend de notre degré d’obéissance et d’amour.
La question de Jude, au verset 22, est suscitée par le fait que les pensées des disciples étaient entièrement centrées sur la manifestation publique du Messie, telle qu’elle était annoncée dans l’Ancien Testament. Ils ne saisissent pas encore la manière dont Dieu agira désormais ; le Seigneur Jésus va être connu par la foi en la puissance du Saint Esprit. Le Seigneur répond en développant les paroles qu’il a prononcées auparavant. Il dit, maintenant, que le fait de garder sa parole est le fruit de l’amour. Il ne s’agit pas de « ses paroles », mais de « sa parole », au singulier ; c’est la vérité qu’il a apportée, envisagée dans sa totalité. Une telle obéissance, accompagnée d’amour, suscite l’appréciation et l’amour du Père ; le Père et le Fils font alors leur demeure chez le croyant, sans aucun doute par le moyen du Saint Esprit qui demeure en celui qui croit ; ces grandes déclarations sont développées dans la partie du discours consacrée au Consolateur. Ainsi les mots du Seigneur Jésus, par lesquels sa parole nous est transmise, deviennent le test de notre amour. Ils nous conduisent à la parole du Père, qui a envoyé le Fils. Si nous méprisons ses paroles, nos démonstrations d’amour à son égard s’avèrent vaines et fausses.
Cela nous conduit à un autre rôle du Consolateur. Comme il est « l’Esprit de vérité », il est celui qui enseigne les disciples. Notons le contraste existant entre les deux expressions : « ces choses » et « toutes choses » (v. 25 et 26). De la mort du Seigneur Jésus découleront sa glorification et le don du Saint Esprit ; cela permettra une révélation plus profonde de la vérité divine. Le Consolateur fera connaître et enseignera avec puissance, aux disciples, toutes les choses appartenant au domaine de la révélation. Christ, présent comme un homme parmi eux, leur avait fait connaître beaucoup de choses ; quand l’Esprit viendra, tout leur sera révélé. Nous trouvons ici, à l’égard de la révélation et de l’enseignement la promesse du même développement, grâce à la venue du Saint Esprit, qu’au verset 12, à l’égard des œuvres. De plus l’Esprit leur rappellera toutes les choses qu’ils ont entendues de Christ.
Nous avons maintenant la joie de voir que ces choses se sont réalisées à la lettre. Les quatre évangiles ont été écrits comme fruit de ce que le Seigneur a dit, le Saint Esprit rappelant ses paroles à la mémoire des apôtres. Les épîtres, par contre, sont le fruit des enseignements supplémentaires, et plus nouveaux, de l’Esprit ; elles répandent la pleine lumière de la foi chrétienne et des conseils de Dieu.
Nous avons déjà remarqué que la venue du Consolateur constituait le sixième sujet de consolation donné par Jésus à ses disciples. Nous découvrons maintenant le septième, le dernier dans ce chapitre ; c’est : la paix. En partant, Jésus leur laisse la paix, léguée comme résultat de son œuvre expiatoire. De plus, il leur donne cette paix qu’il nomme spécialement la sienne ; c’est la paix liée à sa confiance parfaite dans le Père, parce qu’il le connaît et est soumis à sa volonté. Tout ce qu’il donne provient de sa propre plénitude et cela les unit à lui-même ; ce n’est pas selon la pauvre mesure de ce monde.
Ayant ainsi exposé aux disciples ces grands sujets d’encouragement, le Seigneur termine par la même note qu’au début : « Que votre cœur ne soit pas troublé, ni craintif ! ». C’est exactement la même parole qui nous parvient, lorsque nous nous trouvons face aux difficultés actuelles.
Mais les disciples allaient connaître non seulement la paix, mais aussi la joie. C’est ce qu’ils ont éprouvé après le don du Saint Esprit ; ils l’ont expérimenté même avant (Luc 24:52). Les disciples se rendaient compte que Jésus s’en allait et ils devaient pourtant comprendre qu’il venait à eux par l’arrivée du Consolateur. Il y avait pourtant quelque chose de plus ! Jésus s’en allait au Père pour entrer, de ce fait, dans tout ce que cela comportait : approbation infinie et gloire dans l’amour du Père. Ce serait une très grande joie pour lui ; puisque les disciples l’aimaient, ce serait également une joie pour eux. N’avons-nous pas aussi connu cette joie ? La pensée de sa joie n’est-elle pas parmi les plus profondes de nos joies ?
Les derniers mots de ce verset, « mon Père est plus grand que moi », ont troublé certaines personnes. Mais ici, c’est le Verbe, la Parole faite chair, qui parle ; il parle dans sa condition d’homme humble sur la terre. C’est pour cette raison que, en ce qui concerne sa position ou son rang, le Père est plus grand que lui ; en ce qui concerne son être et sa nature, lui et le Père sont un.
Les paroles du Seigneur, au verset 29, apportent beaucoup de lumière sur tout le contenu de ce chapitre. Ce dont il a parlé n’est pas encore arrivé, car son œuvre de rédemption doit d’abord s’accomplir. Quand elle sera terminée, ces événements se produiront. Jésus le dit aux disciples maintenant afin que, dans les jours qui suivront, ils puissent croire. Le Seigneur indique par là que nous sommes dans une période où la foi est de toute importance. L’époque d’Israël a été caractérisée par des choses visibles et palpables. Toutes les vérités dont Jésus venait de parler aux disciples doivent être saisies par la foi et non par la vue. La paix et la joie pénètrent, toutes deux, dans notre cœur par la foi.
Ainsi, maintenant nous voyons que Paul parle de « toute joie et paix en croyant,... par la puissance de l’Esprit saint » (Romains 15:13). Pierre nous dit aussi : « Croyant en lui, quoique maintenant vous ne le voyiez pas, vous vous réjouissez d’une joie ineffable et glorieuse » (1 Pierre 1:8).
Le Seigneur montre ensuite que ses entretiens avec les disciples s’achèvent. L’accomplissement complet de l’œuvre que le Père a commandée se trouve maintenant devant lui. Avant que ce but soit pleinement atteint, Satan, le prince de ce monde, revient, exerçant le pouvoir des ténèbres ; mais il ne trouvera aucun point sur lequel il pourrait attaquer le Seigneur. Satan n’a rien en Christ, parce que le Père a tout ; c’est-à-dire tout son amour et toute son obéissance. Le diable rencontre, non pas l’homme dans un état d’innocence, comme Adam en Eden, mais l’Homme dans un état de sainteté et de justice absolues et, en même temps, la Parole qui est Dieu. Nous trouvons ici la réalité de ce que représente le serviteur hébreu, décrit en Exode 21:2-6 : « j’aime le Père » ; cette expression équivaut à : « j’aime mon maître..., je ne veux pas sortir libre ». De même, en Jean 13:1, nous avons la déclaration de l’amour du Seigneur Jésus pour ceux qui sont symbolisés par « la femme et les enfants », dans l’image du chapitre 21 du livre de l’Exode.
Il semblerait que les mots : « Levez-vous, partons d’ici ! » indiquent que Jésus et les disciples quittent la chambre haute et que le contenu des deux chapitres suivants ait été prononcé sur le chemin de Gethsémané. Le changement de position correspond à un changement de thème.
Re: Réflexions sur l’évangile selon Jean
15 Chapitre 15
Dans ce chapitre, Jésus considère ses disciples comme étant dans le monde, avec le privilège et la responsabilité qui s’y rattachent. Il ne les voit plus, comme au chapitre 14, à leur nouvelle place et dans leur nouvelle condition devant le Père. De même qu’il leur a donné sa place devant le Père au chapitre précédent, ils sont maintenant identifiés à lui, dans sa place devant le monde. Il est le vrai cep ; eux sont les sarments.
En parlant de lui-même comme du cep, le Seigneur emploie une image appliquée à Israël dans l’Ancien Testament (Psaume 80:8-18 ; Ésaïe 5:1-7). Dans le Psaume, la ruine du cep est prononcée, mais il est question du « provin » (le sarment) et du « fils de l’homme que tu as fortifié pour toi ». Dans le livre d’Ésaïe, la raison de la ruine nous est clairement donnée. Israël, comme cep, n’a rien produit sinon des raisins sauvages, sans valeur. Il n’y a pas eu de fruit pour Dieu. Jésus lui-même est le sarment fortifié pour l’Éternel ; il se présente maintenant comme la vraie source de tout fruit pour Dieu sur la terre.
Jésus est le cep, ses disciples sont les sarments, son père est le cultivateur. Chaque sarment qui tire de lui sa vie, porte du fruit. Il peut y avoir des sarments, en Jésus, qui n’ont pas un lien de vie avec lui ; ceux-là ne portent pas de fruit. L’activité du cultivateur s’exerce dans chaque cas. Quand le sarment porte du fruit, il le nettoie, afin qu’il porte plus de fruit. Quand il n’y a pas de fruit produit, il ôte le sarment qui est finalement détruit (voir v. 6). Judas Iscariote vient de nous donner un triste exemple de cette dernière catégorie.
Le verbe utilisé au verset 2 est « nettoyer », et non « tailler ». Le Père purifie le croyant qui porte du fruit, bien que celui-ci soit déjà net, à cause de l’action de la Parole. Le Seigneur a parlé d’un double lavage au chapitre 13 (v. 10-14). Nous rencontrons ici la même pensée. Lorsque le sarment est nettoyé (lavé) par l’action du Père, des obstacles sont ôtés et la vie du cep coule plus librement en lui ; il produit donc plus de fruit. La preuve la plus sûre que nous sommes en Christ est que nous demeurons en Christ ; la preuve la plus sûre que nous demeurons en Christ est que nous produisons du fruit, dans la vie et le service. Le véritable caractère et les voies de Christ se manifestent en nous. Séparés de lui, nous ne pouvons rien faire. Si nous demeurons en lui, il y a beaucoup de fruit ; nous sommes en communion de pensée avec lui, si bien que nous demandons librement et que nos désirs sont exaucés ; le Père est glorifié et il est prouvé, de manière indiscutable, que nous sommes de vrais disciples.
C’est un grand privilège, aussi bien qu’une grande responsabilité, d’être laissés sur la terre pour porter du fruit ; c’est un privilège encore plus grand de savoir que nous sommes, nous-mêmes, les objets de l’amour divin.
L’amour de Jésus reposait sur ces disciples (il repose aussi sur nous), tout comme l’amour du Père repose sur lui. Nous avons à demeurer dans la connaissance, la conscience et la jouissance de son amour. Pour réaliser cela, il faut obéir à ses commandements. Nous savons très bien qu’au moment où nous désobéissons à sa parole clairement exprimée, notre conscience nous tourmente, nous ne sommes plus en communion avec sa pensée et nous ne jouissons plus de son amour. Si nous nous conduisons avec obéissance, nous demeurons dans son amour, nous entrons dans sa joie et notre propre joie est complète.
Le verset 12 semble étroitement lié au verset 10. Jésus a parlé de garder ses commandements, en général ; il y a, cependant, un commandement qu’il a déjà signalé d’une façon particulière (13:34), il y revient de nouveau. L’amour doit abonder entre les disciples, selon le caractère de l’amour parfait de Jésus à leur égard. L’amour qui découle de la possession de la nature divine doit circuler au sein de la famille de Dieu. La chair est en chacun de nous et les divergences entre les croyants sont innombrables, d’où les multiples occasions de conflits et de torts. Le commandement du Seigneur est que l’amour de la nature divine triomphe sur les conflits de notre nature charnelle. Comment avons-nous obéi à ce commandement ? Notre défaillance à cet égard explique pourquoi nous demeurons si peu dans son amour et pourquoi sa joie demeure si peu en nous. Cela signifie aussi que nous sommes de piètres disciples et que nous glorifions bien peu le Père.
L’amour humain a ses limites (v. 13). Le Seigneur enseigne ses disciples à se considérer les uns les autres comme des amis parce qu’ils sont tous, individuellement, ses propres amis. Ils sont, en effet, caractérisés par l’obéissance à ses commandements. Jésus s’en allait pour laisser sa vie pour eux, mais il s’est trouvé en lui un amour qui surpassait de beaucoup tout ce qui était connu parmi les hommes. C’est son amour, non pas un amour simplement humain, qui allait imprimer son caractère sur l’amour mutuel des disciples.
Dès qu’ils ont été liés à Jésus, les disciples ont été ses serviteurs. Le Seigneur indique qu’il les considère, désormais, comme ayant une position plus élevée, celle d’amis. Cette amitié est bien réelle, dans la mesure où il leur a fait connaître tout ce qu’il a entendu de son Père. C’est lui qui révèle l’amour et les propos de son Père. Le Seigneur, en disant cela, pense à la venue du Consolateur. Comme il le leur a déjà dit, le Saint Esprit leur donnera la capacité de discerner ces vérités. Tous les croyants ont aujourd’hui accès à cette place privilégiée sur le même fondement simple de l’amour et de l’obéissance. C’est de là que vient le terme d’amis (3 Jean 15). À la fin du premier siècle, s’accomplit la prophétie de Paul concernant des hommes qui prononceraient des paroles perverses, « pour attirer les disciples après eux » (Actes 20:30). Diotrèphe en est un exemple. Cependant il y a des croyants marqués par l’amour et l’obéissance (en contraste éclatant avec Diotrèphe) et reconnus comme « amis ». Certains se trouvent avec Jean, se joignant à la salutation ; d’autres avec Gaïus, et ils sont salués chacun par leur nom.
Bien que Jésus donne ainsi une place très élevée à ses disciples, il a toujours la prééminence absolue parmi eux. Ils sont ses amis, mais c’est entièrement son choix, et non le leur. Ses droits souverains demeurent intacts. Ils sont choisis comme des amis et désignés pour porter un fruit qui demeurera, en contraste avec le monde où ils se trouvent, qui passe. Il y a, ensuite, un autre résultat heureux. Comme amis et porteurs de fruits, les disciples auront accès au Père, au nom du Fils, et ils ont la certitude d’une réponse favorable. On peut penser que l’expression : « tout ce que vous demanderez... en mon nom » a une grande portée. Certainement, mais rappelons-nous que ceux qui demandent sont « des amis », auxquels a été révélé tout ce qui se rattache au Père. Cela concerne le nom et la gloire du Fils. Les disciples étant en communion de cœur avec le Seigneur, il est évident que chaque demande sera en accord avec le propos du Père ; la réponse sera donc certaine.
Comme pour rappeler le lien très étroit entre ces vérités et l’amour entre les disciples, le Seigneur répète son commandement de s’aimer les uns les autres (v. 17). Le Seigneur savait d’avance combien cette parole serait nécessaire tout au long de l’histoire de son peuple. Il donne donc ce commandement trois fois dans ces dernières paroles, prononcées avant qu’il souffre.
Le commandement de notre Seigneur, que l’amour soit manifesté comme étant le lien entre ses disciples, devient plus important à cause de la haine du monde. L’amour circulant à l’intérieur et la haine harcelant de l’extérieur, telle est la situation envisagée comme résultat de son rejet et de sa mort. Méditons cela car, au fil des siècles, la tendance a été de renverser la situation. Alors que le cœur des croyants s’est laissé entraîner à aimer le monde extérieur et à solliciter ses faveurs, la froideur, la destruction et même la haine ont trouvé place à l’intérieur.
L’amour et la haine naissent, tous deux, de la relation intime qui existe entre les disciples et leur Seigneur. Nous avons déjà vu cela à propos de l’amour, nous le voyons ici, de nouveau, à propos de la haine. Le monde a haï Christ bien avant de haïr les disciples ; il les haïssait parce qu’ils avaient été choisis du milieu du monde et que, par conséquent, ils n’étaient pas du monde. Au moment où le Seigneur parle, la haine n’a été manifestée que par les Juifs, auxquels il s’est présenté lui-même. Jésus est considéré comme rejeté depuis le début de cet évangile ; par conséquent, les Juifs sont envisagés comme ayant perdu leur place de peuple privilégié. Un homme tel que Nicodème, avec tous ses privilèges, a besoin de naître de nouveau comme un misérable étranger. C’est pour cette raison que les Juifs sont ici identifiés au monde ; les distinctions antérieures sont balayées par la présence de Christ rejeté.
De plus, la haine engendre la persécution (v. 20). Les serviteurs doivent s’attendre à être traités comme leur maître. En définitive, tout est à rattacher au fait que le monde ignore Dieu et qu’il le hait quand il le voit révélé parfaitement en Christ. Cette révélation met tout en lumière. Le Seigneur parle de ses paroles (v. 22) et de ses œuvres (v. 24) ; toutes les deux mettent en évidence le péché des Juifs, d’une manière qui rend vaines toute question et toute excuse. En voyant le Fils, ils ont vu le Père ; en haïssant le Fils, ils ont haï le Père, et cela sans cause, comme l’Écriture l’avait annoncé.
Cependant il reste encore un témoignage, celui du Consolateur. Il complètera le témoignage puisqu’il est l’Esprit de vérité, envoyé par Jésus glorifié et venant néanmoins du Père. Le Fils, devenu homme sur la terre, avait révélé le Père, et son témoignage avait été refusé. Cependant le témoignage serait encore maintenu par le Consolateur. Venu d’auprès du Père, le Saint Esprit rendra témoignage au Fils, monté au ciel ; il maintiendra ainsi la révélation que Jésus avait faite. Ils peuvent rejeter le Fils : c’est ce qu’ils ont fait par la Croix. Mais quelqu’un va venir, et ils ne pourront pas le chasser ainsi ; un témoignage permanent sera assuré. Le témoignage de l’Esprit est le dernier à être rendu. Cela explique l’extrême gravité du péché contre le Saint Esprit, le fait d’outrager l’Esprit de grâce.
Le verset 27 parle du témoignage qui doit être rendu par les apôtres ; il le distingue du témoignage du Consolateur. Ils ont témoigné de tout ce qu’ils avaient vu et entendu « dès le commencement ». C’est ce que nous trouvons au début de la première épître de Jean, dans laquelle le poids et la valeur de ce témoignage nous sont révélés. Ils ont aussi été désignés comme témoins de la résurrection du Seigneur Jésus. Le témoignage qu’ils ont rendu aux grands événements et aux grandes vérités, sur lesquels tout est fondé, est d’une extrême importance. Cependant un enseignement supplémentaire était nécessaire. Il va être donné par le témoignage nouveau de l’Esprit de vérité, rapporté dans le livre des Actes. En premier lieu, il est rendu particulièrement par Etienne. Il est ensuite donné par le très grand persécuteur converti, Saul de Tarse, devenu l’apôtre Paul. La différence entre le témoignage des apôtres et celui du Saint Esprit est celle-ci : le premier a porté sur les grands événements de la vie, de la mort, de la résurrection et de l’ascension de Christ ; le deuxième va concerner la signification de ces événements, leur portée et tout le dessein de Dieu fondé sur eux.
Dans ce chapitre, Jésus considère ses disciples comme étant dans le monde, avec le privilège et la responsabilité qui s’y rattachent. Il ne les voit plus, comme au chapitre 14, à leur nouvelle place et dans leur nouvelle condition devant le Père. De même qu’il leur a donné sa place devant le Père au chapitre précédent, ils sont maintenant identifiés à lui, dans sa place devant le monde. Il est le vrai cep ; eux sont les sarments.
En parlant de lui-même comme du cep, le Seigneur emploie une image appliquée à Israël dans l’Ancien Testament (Psaume 80:8-18 ; Ésaïe 5:1-7). Dans le Psaume, la ruine du cep est prononcée, mais il est question du « provin » (le sarment) et du « fils de l’homme que tu as fortifié pour toi ». Dans le livre d’Ésaïe, la raison de la ruine nous est clairement donnée. Israël, comme cep, n’a rien produit sinon des raisins sauvages, sans valeur. Il n’y a pas eu de fruit pour Dieu. Jésus lui-même est le sarment fortifié pour l’Éternel ; il se présente maintenant comme la vraie source de tout fruit pour Dieu sur la terre.
Jésus est le cep, ses disciples sont les sarments, son père est le cultivateur. Chaque sarment qui tire de lui sa vie, porte du fruit. Il peut y avoir des sarments, en Jésus, qui n’ont pas un lien de vie avec lui ; ceux-là ne portent pas de fruit. L’activité du cultivateur s’exerce dans chaque cas. Quand le sarment porte du fruit, il le nettoie, afin qu’il porte plus de fruit. Quand il n’y a pas de fruit produit, il ôte le sarment qui est finalement détruit (voir v. 6). Judas Iscariote vient de nous donner un triste exemple de cette dernière catégorie.
Le verbe utilisé au verset 2 est « nettoyer », et non « tailler ». Le Père purifie le croyant qui porte du fruit, bien que celui-ci soit déjà net, à cause de l’action de la Parole. Le Seigneur a parlé d’un double lavage au chapitre 13 (v. 10-14). Nous rencontrons ici la même pensée. Lorsque le sarment est nettoyé (lavé) par l’action du Père, des obstacles sont ôtés et la vie du cep coule plus librement en lui ; il produit donc plus de fruit. La preuve la plus sûre que nous sommes en Christ est que nous demeurons en Christ ; la preuve la plus sûre que nous demeurons en Christ est que nous produisons du fruit, dans la vie et le service. Le véritable caractère et les voies de Christ se manifestent en nous. Séparés de lui, nous ne pouvons rien faire. Si nous demeurons en lui, il y a beaucoup de fruit ; nous sommes en communion de pensée avec lui, si bien que nous demandons librement et que nos désirs sont exaucés ; le Père est glorifié et il est prouvé, de manière indiscutable, que nous sommes de vrais disciples.
C’est un grand privilège, aussi bien qu’une grande responsabilité, d’être laissés sur la terre pour porter du fruit ; c’est un privilège encore plus grand de savoir que nous sommes, nous-mêmes, les objets de l’amour divin.
L’amour de Jésus reposait sur ces disciples (il repose aussi sur nous), tout comme l’amour du Père repose sur lui. Nous avons à demeurer dans la connaissance, la conscience et la jouissance de son amour. Pour réaliser cela, il faut obéir à ses commandements. Nous savons très bien qu’au moment où nous désobéissons à sa parole clairement exprimée, notre conscience nous tourmente, nous ne sommes plus en communion avec sa pensée et nous ne jouissons plus de son amour. Si nous nous conduisons avec obéissance, nous demeurons dans son amour, nous entrons dans sa joie et notre propre joie est complète.
Le verset 12 semble étroitement lié au verset 10. Jésus a parlé de garder ses commandements, en général ; il y a, cependant, un commandement qu’il a déjà signalé d’une façon particulière (13:34), il y revient de nouveau. L’amour doit abonder entre les disciples, selon le caractère de l’amour parfait de Jésus à leur égard. L’amour qui découle de la possession de la nature divine doit circuler au sein de la famille de Dieu. La chair est en chacun de nous et les divergences entre les croyants sont innombrables, d’où les multiples occasions de conflits et de torts. Le commandement du Seigneur est que l’amour de la nature divine triomphe sur les conflits de notre nature charnelle. Comment avons-nous obéi à ce commandement ? Notre défaillance à cet égard explique pourquoi nous demeurons si peu dans son amour et pourquoi sa joie demeure si peu en nous. Cela signifie aussi que nous sommes de piètres disciples et que nous glorifions bien peu le Père.
L’amour humain a ses limites (v. 13). Le Seigneur enseigne ses disciples à se considérer les uns les autres comme des amis parce qu’ils sont tous, individuellement, ses propres amis. Ils sont, en effet, caractérisés par l’obéissance à ses commandements. Jésus s’en allait pour laisser sa vie pour eux, mais il s’est trouvé en lui un amour qui surpassait de beaucoup tout ce qui était connu parmi les hommes. C’est son amour, non pas un amour simplement humain, qui allait imprimer son caractère sur l’amour mutuel des disciples.
Dès qu’ils ont été liés à Jésus, les disciples ont été ses serviteurs. Le Seigneur indique qu’il les considère, désormais, comme ayant une position plus élevée, celle d’amis. Cette amitié est bien réelle, dans la mesure où il leur a fait connaître tout ce qu’il a entendu de son Père. C’est lui qui révèle l’amour et les propos de son Père. Le Seigneur, en disant cela, pense à la venue du Consolateur. Comme il le leur a déjà dit, le Saint Esprit leur donnera la capacité de discerner ces vérités. Tous les croyants ont aujourd’hui accès à cette place privilégiée sur le même fondement simple de l’amour et de l’obéissance. C’est de là que vient le terme d’amis (3 Jean 15). À la fin du premier siècle, s’accomplit la prophétie de Paul concernant des hommes qui prononceraient des paroles perverses, « pour attirer les disciples après eux » (Actes 20:30). Diotrèphe en est un exemple. Cependant il y a des croyants marqués par l’amour et l’obéissance (en contraste éclatant avec Diotrèphe) et reconnus comme « amis ». Certains se trouvent avec Jean, se joignant à la salutation ; d’autres avec Gaïus, et ils sont salués chacun par leur nom.
Bien que Jésus donne ainsi une place très élevée à ses disciples, il a toujours la prééminence absolue parmi eux. Ils sont ses amis, mais c’est entièrement son choix, et non le leur. Ses droits souverains demeurent intacts. Ils sont choisis comme des amis et désignés pour porter un fruit qui demeurera, en contraste avec le monde où ils se trouvent, qui passe. Il y a, ensuite, un autre résultat heureux. Comme amis et porteurs de fruits, les disciples auront accès au Père, au nom du Fils, et ils ont la certitude d’une réponse favorable. On peut penser que l’expression : « tout ce que vous demanderez... en mon nom » a une grande portée. Certainement, mais rappelons-nous que ceux qui demandent sont « des amis », auxquels a été révélé tout ce qui se rattache au Père. Cela concerne le nom et la gloire du Fils. Les disciples étant en communion de cœur avec le Seigneur, il est évident que chaque demande sera en accord avec le propos du Père ; la réponse sera donc certaine.
Comme pour rappeler le lien très étroit entre ces vérités et l’amour entre les disciples, le Seigneur répète son commandement de s’aimer les uns les autres (v. 17). Le Seigneur savait d’avance combien cette parole serait nécessaire tout au long de l’histoire de son peuple. Il donne donc ce commandement trois fois dans ces dernières paroles, prononcées avant qu’il souffre.
Le commandement de notre Seigneur, que l’amour soit manifesté comme étant le lien entre ses disciples, devient plus important à cause de la haine du monde. L’amour circulant à l’intérieur et la haine harcelant de l’extérieur, telle est la situation envisagée comme résultat de son rejet et de sa mort. Méditons cela car, au fil des siècles, la tendance a été de renverser la situation. Alors que le cœur des croyants s’est laissé entraîner à aimer le monde extérieur et à solliciter ses faveurs, la froideur, la destruction et même la haine ont trouvé place à l’intérieur.
L’amour et la haine naissent, tous deux, de la relation intime qui existe entre les disciples et leur Seigneur. Nous avons déjà vu cela à propos de l’amour, nous le voyons ici, de nouveau, à propos de la haine. Le monde a haï Christ bien avant de haïr les disciples ; il les haïssait parce qu’ils avaient été choisis du milieu du monde et que, par conséquent, ils n’étaient pas du monde. Au moment où le Seigneur parle, la haine n’a été manifestée que par les Juifs, auxquels il s’est présenté lui-même. Jésus est considéré comme rejeté depuis le début de cet évangile ; par conséquent, les Juifs sont envisagés comme ayant perdu leur place de peuple privilégié. Un homme tel que Nicodème, avec tous ses privilèges, a besoin de naître de nouveau comme un misérable étranger. C’est pour cette raison que les Juifs sont ici identifiés au monde ; les distinctions antérieures sont balayées par la présence de Christ rejeté.
De plus, la haine engendre la persécution (v. 20). Les serviteurs doivent s’attendre à être traités comme leur maître. En définitive, tout est à rattacher au fait que le monde ignore Dieu et qu’il le hait quand il le voit révélé parfaitement en Christ. Cette révélation met tout en lumière. Le Seigneur parle de ses paroles (v. 22) et de ses œuvres (v. 24) ; toutes les deux mettent en évidence le péché des Juifs, d’une manière qui rend vaines toute question et toute excuse. En voyant le Fils, ils ont vu le Père ; en haïssant le Fils, ils ont haï le Père, et cela sans cause, comme l’Écriture l’avait annoncé.
Cependant il reste encore un témoignage, celui du Consolateur. Il complètera le témoignage puisqu’il est l’Esprit de vérité, envoyé par Jésus glorifié et venant néanmoins du Père. Le Fils, devenu homme sur la terre, avait révélé le Père, et son témoignage avait été refusé. Cependant le témoignage serait encore maintenu par le Consolateur. Venu d’auprès du Père, le Saint Esprit rendra témoignage au Fils, monté au ciel ; il maintiendra ainsi la révélation que Jésus avait faite. Ils peuvent rejeter le Fils : c’est ce qu’ils ont fait par la Croix. Mais quelqu’un va venir, et ils ne pourront pas le chasser ainsi ; un témoignage permanent sera assuré. Le témoignage de l’Esprit est le dernier à être rendu. Cela explique l’extrême gravité du péché contre le Saint Esprit, le fait d’outrager l’Esprit de grâce.
Le verset 27 parle du témoignage qui doit être rendu par les apôtres ; il le distingue du témoignage du Consolateur. Ils ont témoigné de tout ce qu’ils avaient vu et entendu « dès le commencement ». C’est ce que nous trouvons au début de la première épître de Jean, dans laquelle le poids et la valeur de ce témoignage nous sont révélés. Ils ont aussi été désignés comme témoins de la résurrection du Seigneur Jésus. Le témoignage qu’ils ont rendu aux grands événements et aux grandes vérités, sur lesquels tout est fondé, est d’une extrême importance. Cependant un enseignement supplémentaire était nécessaire. Il va être donné par le témoignage nouveau de l’Esprit de vérité, rapporté dans le livre des Actes. En premier lieu, il est rendu particulièrement par Etienne. Il est ensuite donné par le très grand persécuteur converti, Saul de Tarse, devenu l’apôtre Paul. La différence entre le témoignage des apôtres et celui du Saint Esprit est celle-ci : le premier a porté sur les grands événements de la vie, de la mort, de la résurrection et de l’ascension de Christ ; le deuxième va concerner la signification de ces événements, leur portée et tout le dessein de Dieu fondé sur eux.
Re: Réflexions sur l’évangile selon Jean
16 Chapitre 16
Quelques avertissements supplémentaires suivent dans les premiers versets du chapitre ; pour éviter que, n’étant pas préparés à la persécution, les disciples ne trébuchent. Nous trouvons un commentaire des versets 2 et 3 dans les passages suivants : Actes 8:3 ; 9:1-2:1 Timothée 1:13. Saul de Tarse persécutait jusqu’à la mort « ceux qui étaient de la voie » ; il le faisait par ignorance, par incrédulité. Certainement il ne connaissait, à ce moment-là, ni le Père ni le Fils.
Jésus s’en va vers celui qui l’a envoyé ; les disciples ressentent suffisamment la perte qu’ils vont subir, pour être remplis de tristesse. Ils verraient les événements sous un autre éclairage s’ils cherchaient davantage à savoir où allait le Seigneur, et ce qu’entraînerait sa présence auprès du Père. Son départ va leur être profitable. Ils vont subir une perte, évidemment, mais il y aura aussi un gain qui la compensera. C’est une déclaration étonnante ! Cependant le Seigneur continue à insister sur cette vérité. Il dévoile encore les bienfaits qui découleront de la venue du Consolateur, venue qui dépendait du départ de Jésus au ciel. Il parle premièrement de ce que l’arrivée du Saint Esprit signifiera pour eux.
Par sa présence et son activité mêmes, l’Esprit sera sur la terre un témoignage permanent devant le monde. Le verbe « convaincre » (ou confondre) ne signifie pas : « faire naître dans le monde une conviction telle qu’il se convertira », mais plutôt, que la venue du Saint Esprit mettra tellement en évidence ces trois grandes réalités : le péché, la justice et le jugement, qu’elle laissera le monde sans excuse. Le Saint Esprit vient ; c’est la conséquence immédiate du départ au ciel de Jésus, celui que le monde incrédule a chassé. La bonté parfaite, personnifiée dans le Fils de Dieu, avait été devant leurs yeux et elle avait été entièrement rejetée. Quel péché que celui-ci, une terrible erreur de jugement ! Le péché a été mis en évidence par la présence du Consolateur, venu parce que le Seigneur Jésus s’en était allé.
Mais Jésus a traversé la mort et la résurrection ; par son ascension, il est entré dans la gloire du Père. La justice divine est ainsi revendiquée et manifestée. Le sujet ici n’est pas le pardon des péchés et notre justification, comme au chapitre 3 de l’épître aux Romains ; c’est l’établissement de la justice aux yeux de tous, dans toutes les sphères touchées et corrompues par le péché. La mort de Christ était l’acte suprême de l’injustice du monde ; sa glorification est l’acte suprême de la justice divine et la garantie que la justice finira par s’imposer en tous lieux. C’est ce que dit Paul, en Actes 17:31. Or l’Esprit est venu de la part de Christ glorifié, témoin permanent de ces choses. Mettre simplement le péché en évidence n’aurait pas suffi : son opposé, la justice, qui finira par abolir le péché, doit aussi être manifesté.
La troisième réalité, le jugement, est la conséquence normale de ce qui précède. Si le péché de l’homme est réglé selon la justice divine, le jugement ne peut être évité. Paul discourait devant Félix du « jugement à venir », et le gouverneur romain tremblait, mais le sujet de notre passage est plutôt le fait que le prince de ce monde a été jugé à cause de son attitude envers Christ et par la puissance de la croix. Au chapitre 12, Jésus avait parlé du jugement du monde et du rejet de son prince. Ces faits solennels sont établis par la présence du Saint Esprit. Si le prince, le chef du monde, est jugé, le monde qu’il dirige est, lui aussi, jugé. Satan est encore appelé « le dieu de ce siècle » (2 Corinthiens 4:4), puisque les hommes l’adorent sans le savoir, en se tournant vers toutes leurs idoles. Il est « le prince » en tant qu’auteur et chef des grandes intrigues du monde.
Le fait que le Consolateur soit venu et ait mis cela en évidence, nous est maintenant utile et profitable. Voir le diable sous son vrai jour, le monde tel qu’il est en réalité, voir l’opposition entre le péché et la justice mise en évidence, sont des sujets de la plus haute importance. Le témoignage est, en fait, rendu contre le monde, mais il est aussi donné pour notre profit et notre instruction. S’il avait retenu davantage notre attention et celle de l’Église, au cours de son histoire, nous nous serions gardés beaucoup plus purs du monde que nous ne l’avons fait. Les mots très forts que nous lisons en Jacques 4:4 se comprennent beaucoup plus facilement à la lumière de ces paroles du Seigneur.
Dans les versets 13 à 15, ce ministère de l’Esprit est particulièrement utile. Il semble se classer sous trois titres : « Il vous conduira... Il vous l’annoncera... Il me glorifiera ».
L’esprit va conduire les disciples dans toute la vérité. Dans le verset précédent, le Seigneur a indiqué qu’il a encore beaucoup de choses à leur révéler, mais qu’ils ne sont pas encore en état de les recevoir. Nous trouvons dans la première épître de Jean (2:20, 27) que les croyants peuvent comprendre seulement quand ils ont reçu l’onction de l’Esprit. Après la venue de l’Esprit de vérité, le Seigneur a transmis par son moyen tout ce qu’il avait encore à dire ; toute la vérité a été ainsi révélée. L’Esprit a guidé les disciples dans cette révélation. Les apôtres sont sans doute plus particulièrement en vue ici, mais les épîtres ont été écrites pour nous « conduire dans la vérité ». Les croyants de toutes les époques, et de la nôtre, ont pu ainsi entrer dans la connaissance de toute la vérité. Est-ce que nous nous sommes consacrés à ces choses, pour qu’elles nous guident ?
L’Esprit doit ensuite montrer aux disciples « ce qui va arriver ». Le livre de l’Apocalypse et certains passages des épîtres ont été écrits comme résultat de ce ministère envers les apôtres. Aujourd’hui nous pouvons en bénéficier nous-mêmes. Les écrits prophétiques nous font connaître ce qui devait arriver, à la fois dans l’Église et dans le monde. Nous ne sommes donc pas dans l’obscurité, bien que le rejet et l’absence de Christ aient introduit une période de l’histoire du monde caractérisée par « la nuit ».
Enfin, la mission du Consolateur est de glorifier Christ qui a été déshonoré par le monde. Il le fait en nous annonçant ce qui appartient à Christ, afin que nous découvrions que tout ce qu’a le Père, est aussi au Fils. Ne mésestimons pas l’extraordinaire portée de cette grande déclaration ! Nous avons déjà entendu deux fois que le Père a mis toutes choses entre ses mains (3:35 ; 13:3). Cela pourrait, cependant, être interprété comme le fait que toute administration lui a été confiée ; c’est ce qui s’est produit pour Joseph, en Égypte, avec ce qui appartenait au Pharaon. Il y a, en fait, un enseignement beaucoup plus profond. Tout ce qu’a le Père, est au Fils ! C’est Jésus qui le dit, sur la terre, dans son chemin d’humiliation. Ce mot « est » se trouve en dehors du temps : il suggère quelque chose d’éternel. Ce qui était au Père, a toujours été au Fils ; c’est encore vrai et cela le sera toujours. Celui qui parle ainsi (v. 15) proclame qu’il est Dieu, Un avec le Père dans l’unité de la Divinité. Le Fils est glorifié, en effet, lorsque cette vérité est reconnue grâce au ministère du Consolateur.
À première vue, la transition entre les versets 15 et 16 n’est pas évidente. Le Seigneur reprend l’idée que son départ sera profitable aux disciples parce qu’il implique la venue du Consolateur. Bientôt ils ne verront plus Jésus, puis « encore un peu de temps » et ils le verront. Mais ce moment où ils le reverront ne peut exister que « parce qu’il s’en va au Père » ; car, alors, l’Esprit sera donné. Dans cette déclaration remarquable, le Seigneur emploie deux mots différents. Le premier terme signifie contempler, ou regarder comme un spectateur ; le second veut dire percevoir ou discerner. « Un peu de temps » et ils ne le verront plus ; ils ne contempleront plus sa marche et ses œuvres. Il s’écoulera encore « un peu de temps » et, ayant reçu le Saint Esprit, ils verront Jésus d’une façon nouvelle ; ils le discerneront par la foi, avec l’œil intérieur de leur cœur rempli de l’Esprit. Ils le verront dans une mesure inconnue auparavant. Béni soit Dieu de ce que nous pouvons dire aussi : « Nous voyons Jésus... couronné de gloire et d’honneur » (Hébreux 2:9).
À ce moment-là, la parole du Seigneur était obscure pour les disciples ; une explication supplémentaire est donc donnée. Le monde allait atteindre son but, en ce qui concernait Jésus ; sa mort était imminente. Le monde se réjouirait d’être débarrassé de lui ; pour les disciples il y avait, par contre, la perspective de pleurs et de lamentations. Toutefois, au-delà de la mort, il y avait sa résurrection et son ascension vers le Père. Ceci bouleverserait tout. Les douleurs de l’enfantement illustrent cela et mettent en relief l’idée de la joie qui survient après la tristesse, mais aussi celle de l’apparition d’une vie nouvelle. Or la tristesse des disciples ne faisait que refléter celle du Seigneur ; elle était si profonde, et d’une nature telle, qu’elle est appelée : « le travail de son âme » (Ésaïe 53:11). Par contre, Ésaïe 53:10 annonce à l’avance « qu’il verra une semence » ; cela aura lieu évidemment dans la résurrection et dans la gloire. Les disciples ne pouvaient pas partager ses souffrances expiatoires ; toutefois, dans une faible mesure, ils partageaient sa tristesse, mais probablement d’une manière très égoïste. Ils devaient bientôt partager réellement sa joie.
Le contexte du verset 22 semble indiquer que le Seigneur fait allusion au bonheur qui remplira les disciples quand ils le rencontreront après sa résurrection. Il évoque aussi leur joie lorsqu’ils connaîtront sa gloire, grâce au don du Saint Esprit. C’est encore plus net dans le verset 23. L’expression « en ce jour-là » n’indique pas seulement les quarante jours pendant lesquels les disciples ont vu le Seigneur, avant la Pentecôte, mais plutôt toute la période de son absence et de la présence personnelle de l’Esprit dans l’Église. Ce « jour » n’est pas encore terminé ; c’est encore notre privilège de prier par le Saint Esprit, et donc de demander au Père, au nom du Fils.
Le mot « demander » se trouve deux fois dans ce verset. En réalité, le Seigneur utilise deux mots différents. On peut les différencier en utilisant « interroger » ou « s’informer », pour le premier terme, et « demander » ou « supplier », pour le deuxième. Le Seigneur avait répondu à toutes leurs questions et ils étaient venus à lui avec toutes leurs demandes d’information. Maintenant cette période se terminait. Mais il leur a révélé le Père ; cette révélation produira son effet en eux, dès que l’Esprit sera donné. Ils recevront de la puissance pour prendre leur place de représentants du Fils, et donc pour demander en son nom. Leurs prières seront exaucées s’ils demandent en étant dirigés par l’Esprit, car elles seront selon la pensée du Père. Des exemples frappants de prières semblables nous sont donnés dans la dernière partie du chapitre 4 des Actes et au chapitre 12. Ceci est aussi illustré par la prière d’Etienne mourant (Actes 7:60). La conversion de l’homme qui, comme un mauvais génie, préside au martyre de ce croyant, est une réponse à la demande exprimée dans la prière : « Seigneur, ne leur impute point ce péché ».
La pensée dominante du verset 25 est toujours le changement qui sera introduit par la venue du Consolateur. Elle aura des conséquences sur la façon même dont va être présentée la vérité concernant le Père. Jésus l’a fait connaître en accomplissant ses œuvres. Tous les miracles ou « signes » présentés dans cet évangile, sous la forme de paraboles ou d’allégories, ont été un exposé de la grâce, de la puissance et de la gloire du Père. Dans les épîtres, nous lisons des déclarations claires à son sujet et concernant son propos, sa gloire et son amour ; elles ont été données par l’inspiration du Saint Esprit. Tout cela est arrivé le jour dont le Seigneur avait parlé, quand les disciples ont eu la possibilité de demander en toute liberté en son nom, connaissant l’amour du Père.
Les paroles de la dernière partie du verset 26 ne sont pas en contradiction avec le fait que Jésus est notre intercesseur au ciel. Elles soulignent seulement l’amour du Père pour les croyants et la place d’intimité qu’ils ont en sa présence. Le verset 27 montre l’attitude des disciples envers Jésus ; elle est faite d’amour et de foi. Avons-nous cette attitude ? Nous aussi, nous serons alors placés sous la bénédiction de l’amour du Père. Nous avons besoin de l’intercession pleine de grâce de Christ, car nous sommes faibles et nous avons souvent des défaillances, mais nous sommes cependant dans une place d’amour et de faveur auprès du Père ; nous n’avons pas besoin d’intercession pour l’occuper. Même si certaines personnes peuvent penser qu’elle est nécessaire, Dieu en soit béni, ce n’est absolument pas le cas !
Les disciples croyaient que Jésus était venu de Dieu, mais ils avaient toujours du mal à saisir la pensée qu’il était venu d’auprès du Père ; ils n’avaient pas encore réalisé, comme le montrent leurs paroles, que leur intelligence était limitée. Tant que l’Esprit n’a pas été donné, ils sont limités dans leur compréhension (voir v. 31), leur puissance et leur courage (voir v. 32). Ces mêmes hommes qui ont ici l’esprit confus et qui, peu après, seront dispersés et s’enfuiront, vont se rassembler le jour de la Pentecôte avec un esprit clair et un cœur courageux comme celui d’un lion. Intelligence et courage : ces deux qualités devraient nous caractériser aujourd’hui. Est-ce qu’il en est ainsi ?
Le Seigneur n’a aucun soutien de la part de ses disciples pour l’heure sombre qui est devant lui ; il peut cependant avancer dans une parfaite dépendance du Père et avec la certitude de sa présence constante. Jésus affronte donc la haine et l’opposition du monde avec une paix parfaite et il en sort totalement vainqueur. Le Seigneur explique qu’il a communiqué tout cela à ses disciples afin qu’à leur tour ils aient la paix en lui, comme lui-même possède la paix dans le Père. De plus, son triomphe sur le monde est la preuve qu’une puissance victorieuse est aussi à la disposition des disciples. Il vient de parler de la haine et de la persécution du monde. Il se peut que ses séductions et ses sourires soient plus dangereux pour nous. Mais, quoi qu’il en soit, notre sécurité repose sur Christ. C’est seulement en étant nés de Dieu et en croyant que Jésus est le Fils de Dieu que nous sommes victorieux du monde (1 Jean 5:4, 5).
Quelques avertissements supplémentaires suivent dans les premiers versets du chapitre ; pour éviter que, n’étant pas préparés à la persécution, les disciples ne trébuchent. Nous trouvons un commentaire des versets 2 et 3 dans les passages suivants : Actes 8:3 ; 9:1-2:1 Timothée 1:13. Saul de Tarse persécutait jusqu’à la mort « ceux qui étaient de la voie » ; il le faisait par ignorance, par incrédulité. Certainement il ne connaissait, à ce moment-là, ni le Père ni le Fils.
Jésus s’en va vers celui qui l’a envoyé ; les disciples ressentent suffisamment la perte qu’ils vont subir, pour être remplis de tristesse. Ils verraient les événements sous un autre éclairage s’ils cherchaient davantage à savoir où allait le Seigneur, et ce qu’entraînerait sa présence auprès du Père. Son départ va leur être profitable. Ils vont subir une perte, évidemment, mais il y aura aussi un gain qui la compensera. C’est une déclaration étonnante ! Cependant le Seigneur continue à insister sur cette vérité. Il dévoile encore les bienfaits qui découleront de la venue du Consolateur, venue qui dépendait du départ de Jésus au ciel. Il parle premièrement de ce que l’arrivée du Saint Esprit signifiera pour eux.
Par sa présence et son activité mêmes, l’Esprit sera sur la terre un témoignage permanent devant le monde. Le verbe « convaincre » (ou confondre) ne signifie pas : « faire naître dans le monde une conviction telle qu’il se convertira », mais plutôt, que la venue du Saint Esprit mettra tellement en évidence ces trois grandes réalités : le péché, la justice et le jugement, qu’elle laissera le monde sans excuse. Le Saint Esprit vient ; c’est la conséquence immédiate du départ au ciel de Jésus, celui que le monde incrédule a chassé. La bonté parfaite, personnifiée dans le Fils de Dieu, avait été devant leurs yeux et elle avait été entièrement rejetée. Quel péché que celui-ci, une terrible erreur de jugement ! Le péché a été mis en évidence par la présence du Consolateur, venu parce que le Seigneur Jésus s’en était allé.
Mais Jésus a traversé la mort et la résurrection ; par son ascension, il est entré dans la gloire du Père. La justice divine est ainsi revendiquée et manifestée. Le sujet ici n’est pas le pardon des péchés et notre justification, comme au chapitre 3 de l’épître aux Romains ; c’est l’établissement de la justice aux yeux de tous, dans toutes les sphères touchées et corrompues par le péché. La mort de Christ était l’acte suprême de l’injustice du monde ; sa glorification est l’acte suprême de la justice divine et la garantie que la justice finira par s’imposer en tous lieux. C’est ce que dit Paul, en Actes 17:31. Or l’Esprit est venu de la part de Christ glorifié, témoin permanent de ces choses. Mettre simplement le péché en évidence n’aurait pas suffi : son opposé, la justice, qui finira par abolir le péché, doit aussi être manifesté.
La troisième réalité, le jugement, est la conséquence normale de ce qui précède. Si le péché de l’homme est réglé selon la justice divine, le jugement ne peut être évité. Paul discourait devant Félix du « jugement à venir », et le gouverneur romain tremblait, mais le sujet de notre passage est plutôt le fait que le prince de ce monde a été jugé à cause de son attitude envers Christ et par la puissance de la croix. Au chapitre 12, Jésus avait parlé du jugement du monde et du rejet de son prince. Ces faits solennels sont établis par la présence du Saint Esprit. Si le prince, le chef du monde, est jugé, le monde qu’il dirige est, lui aussi, jugé. Satan est encore appelé « le dieu de ce siècle » (2 Corinthiens 4:4), puisque les hommes l’adorent sans le savoir, en se tournant vers toutes leurs idoles. Il est « le prince » en tant qu’auteur et chef des grandes intrigues du monde.
Le fait que le Consolateur soit venu et ait mis cela en évidence, nous est maintenant utile et profitable. Voir le diable sous son vrai jour, le monde tel qu’il est en réalité, voir l’opposition entre le péché et la justice mise en évidence, sont des sujets de la plus haute importance. Le témoignage est, en fait, rendu contre le monde, mais il est aussi donné pour notre profit et notre instruction. S’il avait retenu davantage notre attention et celle de l’Église, au cours de son histoire, nous nous serions gardés beaucoup plus purs du monde que nous ne l’avons fait. Les mots très forts que nous lisons en Jacques 4:4 se comprennent beaucoup plus facilement à la lumière de ces paroles du Seigneur.
Dans les versets 13 à 15, ce ministère de l’Esprit est particulièrement utile. Il semble se classer sous trois titres : « Il vous conduira... Il vous l’annoncera... Il me glorifiera ».
L’esprit va conduire les disciples dans toute la vérité. Dans le verset précédent, le Seigneur a indiqué qu’il a encore beaucoup de choses à leur révéler, mais qu’ils ne sont pas encore en état de les recevoir. Nous trouvons dans la première épître de Jean (2:20, 27) que les croyants peuvent comprendre seulement quand ils ont reçu l’onction de l’Esprit. Après la venue de l’Esprit de vérité, le Seigneur a transmis par son moyen tout ce qu’il avait encore à dire ; toute la vérité a été ainsi révélée. L’Esprit a guidé les disciples dans cette révélation. Les apôtres sont sans doute plus particulièrement en vue ici, mais les épîtres ont été écrites pour nous « conduire dans la vérité ». Les croyants de toutes les époques, et de la nôtre, ont pu ainsi entrer dans la connaissance de toute la vérité. Est-ce que nous nous sommes consacrés à ces choses, pour qu’elles nous guident ?
L’Esprit doit ensuite montrer aux disciples « ce qui va arriver ». Le livre de l’Apocalypse et certains passages des épîtres ont été écrits comme résultat de ce ministère envers les apôtres. Aujourd’hui nous pouvons en bénéficier nous-mêmes. Les écrits prophétiques nous font connaître ce qui devait arriver, à la fois dans l’Église et dans le monde. Nous ne sommes donc pas dans l’obscurité, bien que le rejet et l’absence de Christ aient introduit une période de l’histoire du monde caractérisée par « la nuit ».
Enfin, la mission du Consolateur est de glorifier Christ qui a été déshonoré par le monde. Il le fait en nous annonçant ce qui appartient à Christ, afin que nous découvrions que tout ce qu’a le Père, est aussi au Fils. Ne mésestimons pas l’extraordinaire portée de cette grande déclaration ! Nous avons déjà entendu deux fois que le Père a mis toutes choses entre ses mains (3:35 ; 13:3). Cela pourrait, cependant, être interprété comme le fait que toute administration lui a été confiée ; c’est ce qui s’est produit pour Joseph, en Égypte, avec ce qui appartenait au Pharaon. Il y a, en fait, un enseignement beaucoup plus profond. Tout ce qu’a le Père, est au Fils ! C’est Jésus qui le dit, sur la terre, dans son chemin d’humiliation. Ce mot « est » se trouve en dehors du temps : il suggère quelque chose d’éternel. Ce qui était au Père, a toujours été au Fils ; c’est encore vrai et cela le sera toujours. Celui qui parle ainsi (v. 15) proclame qu’il est Dieu, Un avec le Père dans l’unité de la Divinité. Le Fils est glorifié, en effet, lorsque cette vérité est reconnue grâce au ministère du Consolateur.
À première vue, la transition entre les versets 15 et 16 n’est pas évidente. Le Seigneur reprend l’idée que son départ sera profitable aux disciples parce qu’il implique la venue du Consolateur. Bientôt ils ne verront plus Jésus, puis « encore un peu de temps » et ils le verront. Mais ce moment où ils le reverront ne peut exister que « parce qu’il s’en va au Père » ; car, alors, l’Esprit sera donné. Dans cette déclaration remarquable, le Seigneur emploie deux mots différents. Le premier terme signifie contempler, ou regarder comme un spectateur ; le second veut dire percevoir ou discerner. « Un peu de temps » et ils ne le verront plus ; ils ne contempleront plus sa marche et ses œuvres. Il s’écoulera encore « un peu de temps » et, ayant reçu le Saint Esprit, ils verront Jésus d’une façon nouvelle ; ils le discerneront par la foi, avec l’œil intérieur de leur cœur rempli de l’Esprit. Ils le verront dans une mesure inconnue auparavant. Béni soit Dieu de ce que nous pouvons dire aussi : « Nous voyons Jésus... couronné de gloire et d’honneur » (Hébreux 2:9).
À ce moment-là, la parole du Seigneur était obscure pour les disciples ; une explication supplémentaire est donc donnée. Le monde allait atteindre son but, en ce qui concernait Jésus ; sa mort était imminente. Le monde se réjouirait d’être débarrassé de lui ; pour les disciples il y avait, par contre, la perspective de pleurs et de lamentations. Toutefois, au-delà de la mort, il y avait sa résurrection et son ascension vers le Père. Ceci bouleverserait tout. Les douleurs de l’enfantement illustrent cela et mettent en relief l’idée de la joie qui survient après la tristesse, mais aussi celle de l’apparition d’une vie nouvelle. Or la tristesse des disciples ne faisait que refléter celle du Seigneur ; elle était si profonde, et d’une nature telle, qu’elle est appelée : « le travail de son âme » (Ésaïe 53:11). Par contre, Ésaïe 53:10 annonce à l’avance « qu’il verra une semence » ; cela aura lieu évidemment dans la résurrection et dans la gloire. Les disciples ne pouvaient pas partager ses souffrances expiatoires ; toutefois, dans une faible mesure, ils partageaient sa tristesse, mais probablement d’une manière très égoïste. Ils devaient bientôt partager réellement sa joie.
Le contexte du verset 22 semble indiquer que le Seigneur fait allusion au bonheur qui remplira les disciples quand ils le rencontreront après sa résurrection. Il évoque aussi leur joie lorsqu’ils connaîtront sa gloire, grâce au don du Saint Esprit. C’est encore plus net dans le verset 23. L’expression « en ce jour-là » n’indique pas seulement les quarante jours pendant lesquels les disciples ont vu le Seigneur, avant la Pentecôte, mais plutôt toute la période de son absence et de la présence personnelle de l’Esprit dans l’Église. Ce « jour » n’est pas encore terminé ; c’est encore notre privilège de prier par le Saint Esprit, et donc de demander au Père, au nom du Fils.
Le mot « demander » se trouve deux fois dans ce verset. En réalité, le Seigneur utilise deux mots différents. On peut les différencier en utilisant « interroger » ou « s’informer », pour le premier terme, et « demander » ou « supplier », pour le deuxième. Le Seigneur avait répondu à toutes leurs questions et ils étaient venus à lui avec toutes leurs demandes d’information. Maintenant cette période se terminait. Mais il leur a révélé le Père ; cette révélation produira son effet en eux, dès que l’Esprit sera donné. Ils recevront de la puissance pour prendre leur place de représentants du Fils, et donc pour demander en son nom. Leurs prières seront exaucées s’ils demandent en étant dirigés par l’Esprit, car elles seront selon la pensée du Père. Des exemples frappants de prières semblables nous sont donnés dans la dernière partie du chapitre 4 des Actes et au chapitre 12. Ceci est aussi illustré par la prière d’Etienne mourant (Actes 7:60). La conversion de l’homme qui, comme un mauvais génie, préside au martyre de ce croyant, est une réponse à la demande exprimée dans la prière : « Seigneur, ne leur impute point ce péché ».
La pensée dominante du verset 25 est toujours le changement qui sera introduit par la venue du Consolateur. Elle aura des conséquences sur la façon même dont va être présentée la vérité concernant le Père. Jésus l’a fait connaître en accomplissant ses œuvres. Tous les miracles ou « signes » présentés dans cet évangile, sous la forme de paraboles ou d’allégories, ont été un exposé de la grâce, de la puissance et de la gloire du Père. Dans les épîtres, nous lisons des déclarations claires à son sujet et concernant son propos, sa gloire et son amour ; elles ont été données par l’inspiration du Saint Esprit. Tout cela est arrivé le jour dont le Seigneur avait parlé, quand les disciples ont eu la possibilité de demander en toute liberté en son nom, connaissant l’amour du Père.
Les paroles de la dernière partie du verset 26 ne sont pas en contradiction avec le fait que Jésus est notre intercesseur au ciel. Elles soulignent seulement l’amour du Père pour les croyants et la place d’intimité qu’ils ont en sa présence. Le verset 27 montre l’attitude des disciples envers Jésus ; elle est faite d’amour et de foi. Avons-nous cette attitude ? Nous aussi, nous serons alors placés sous la bénédiction de l’amour du Père. Nous avons besoin de l’intercession pleine de grâce de Christ, car nous sommes faibles et nous avons souvent des défaillances, mais nous sommes cependant dans une place d’amour et de faveur auprès du Père ; nous n’avons pas besoin d’intercession pour l’occuper. Même si certaines personnes peuvent penser qu’elle est nécessaire, Dieu en soit béni, ce n’est absolument pas le cas !
Les disciples croyaient que Jésus était venu de Dieu, mais ils avaient toujours du mal à saisir la pensée qu’il était venu d’auprès du Père ; ils n’avaient pas encore réalisé, comme le montrent leurs paroles, que leur intelligence était limitée. Tant que l’Esprit n’a pas été donné, ils sont limités dans leur compréhension (voir v. 31), leur puissance et leur courage (voir v. 32). Ces mêmes hommes qui ont ici l’esprit confus et qui, peu après, seront dispersés et s’enfuiront, vont se rassembler le jour de la Pentecôte avec un esprit clair et un cœur courageux comme celui d’un lion. Intelligence et courage : ces deux qualités devraient nous caractériser aujourd’hui. Est-ce qu’il en est ainsi ?
Le Seigneur n’a aucun soutien de la part de ses disciples pour l’heure sombre qui est devant lui ; il peut cependant avancer dans une parfaite dépendance du Père et avec la certitude de sa présence constante. Jésus affronte donc la haine et l’opposition du monde avec une paix parfaite et il en sort totalement vainqueur. Le Seigneur explique qu’il a communiqué tout cela à ses disciples afin qu’à leur tour ils aient la paix en lui, comme lui-même possède la paix dans le Père. De plus, son triomphe sur le monde est la preuve qu’une puissance victorieuse est aussi à la disposition des disciples. Il vient de parler de la haine et de la persécution du monde. Il se peut que ses séductions et ses sourires soient plus dangereux pour nous. Mais, quoi qu’il en soit, notre sécurité repose sur Christ. C’est seulement en étant nés de Dieu et en croyant que Jésus est le Fils de Dieu que nous sommes victorieux du monde (1 Jean 5:4, 5).
Re: Réflexions sur l’évangile selon Jean
17 Chapitre 17
Souvenons-nous des six derniers mots du chapitre précédent, lorsque nous lisons le premier verset. Celui qui avait vaincu le monde « leva ses yeux au ciel, et dit : Père, l’heure est venue : glorifie ton Fils... ». Quand on connaît le Père et la lumière du ciel, quelle est la valeur du monde ? Quelle est l’importance de ses menaces ou de ses persécutions ? Le Fils de Dieu lui-même est ici, jouissant pleinement de cette connaissance et de cette lumière ; il a donc, en quelque sorte, le monde sous ses pieds. Il va se présenter maintenant devant le Père ; il va aussi lui présenter ses disciples afin qu’ils soient gardés du monde qu’ils vont traverser. Ils ont été engendrés par Dieu ; ils connaissent Jésus comme le Fils de Dieu qui a révélé le Père. Quand l’écrivain Bunyan, dans « Le Voyage du Pèlerin », décrit un homme avec une couronne de gloire « devant les yeux », il place très justement le monde « derrière son dos ».
Au verset 4 du chapitre suivant, l’évangéliste témoigne que Jésus savait « toutes les choses qui devaient lui arriver ». Ici, Jésus s’adresse au Père ; il est conscient que l’heure pour laquelle il est avant tout venu dans le monde, est arrivée. Dans ce chapitre incomparable, nous pouvons entendre le Fils s’entretenir avec le Père. Nous sommes transportés ainsi dans cette atmosphère divine ; nous voyons sa grande œuvre achevée et nous passons, en esprit, au-delà de la croix. Ce sont des mots qui défient toutes les capacités de l’analyse humaine et qui dépassent toutes les facultés de la pensée. Nous pouvons toutefois les considérer tout au long des versets, en relevant les requêtes que Jésus a faites au Père et les déclarations concernant ce qu’il a déjà accompli.
Sa première demande est : « Père,... glorifie ton Fils ». Le Fils a été serviteur, sur la terre, pour le plaisir et la gloire du Père. À maintes reprises, cet évangile en a rendu spécialement témoignage. Conformément à cela, la première demande du Seigneur Jésus est de pouvoir encore servir et glorifier le Père, non plus dans l’humiliation, sur la terre, mais parmi les splendeurs du ciel. Il le fera en exerçant l’autorité sur toute chair, qui lui est accordée d’une manière particulièrement merveilleuse. Il déploiera bientôt cette autorité sur tout homme, en exécutant le jugement ; il l’exerce déjà en accordant la vie éternelle à tous ceux que le Père lui a donnés. Jésus est la source et la fontaine de cette vie pour les hommes. Nous avons la vie et nous recevons l’Esprit de la part de l’Homme glorifié. Le Père est glorifié en cela d’une manière qui surpasse la gloire solennelle qui sera la sienne à l’heure du jugement.
Or toute vie est marquée par les conditions qui l’entourent, par son environnement. La vie éternelle peut être vécue uniquement dans la connaissance du seul vrai Dieu, comme Père, et de Jésus Christ, l’envoyé du Père. C’est sans aucun doute ce qui explique que la vie qui dure éternellement n’est mentionnée que deux fois dans l’Ancien Testament. Dans ces deux cas, c’est simplement une allusion prophétique à ce qui sera goûté durant le millénium. C’était une promesse, plutôt qu’une bénédiction connue et éprouvée. La loi offrait la vie sur la terre. Le siècle de la vie éternelle a commencé quand le Fils de Dieu est apparu et a été glorifié dans le ciel, ayant achevé son œuvre sur la terre.
Dix fois, dans ce chapitre, Jésus prononce l’expression : « J’ai... » ; il proclame ainsi la plénitude de tout ce qu’il a accompli. Les deux premières fois se trouvent au verset 4 ; il insiste sur la perfection de son œuvre, pour appuyer sa demande d’être glorifié. Il faut noter que c’est sur la terre qu’il a glorifié le Père. C’est cet endroit particulier du vaste univers où Dieu avait été tout spécialement déshonoré par le péché et la chute du premier homme et de sa race. Cette grande œuvre avait été confiée à Jésus ainsi que celle, parallèle, de la propitiation pour le péché, afin que les pécheurs puissent être rachetés. Passant en esprit au-delà de la croix, il proclame l’achèvement et la perfection de son œuvre. Aucun homme ne pourrait prononcer de telles paroles. L’œuvre des serviteurs de Dieu les plus éminents reste fragmentaire et inachevée. Dans le cas contraire, aucun d’eux n’oserait s’approcher de Dieu, celui qui sonde les cœurs et les voies, et se prononcer sur son propre travail en déclarant qu’il est parfaitement achevé ; cela dénoterait une présomption des plus insolentes. Mais ici c’est le Fils qui parle, sans le moindre orgueil.
Cependant Jésus est réellement homme ; c’est ce qui nous frappe à la lecture du verset 5. Il répète qu’il demande la gloire, cette gloire particulière qu’il partageait avec le Père, avant que le monde fût. Il va être réinvesti de cette gloire, mais cette fois comme le Fils, en tant qu’homme, celui qui est ressuscité. Nous avons ici une réalité merveilleuse et de la plus haute importance : un homme ressuscité, le Christ Jésus, est investi de la gloire incréée de la Déité. Dans cette gloire se trouve le chef de l’Église, le chef de la race choisie à laquelle nous appartenons. Qui peut mesurer les conséquences qui découlent de cette grande réalité ?
La race choisie apparaît au verset suivant. Ceux qui en font partie sont désignés par l’expression : « les hommes que tu m’as donnés du monde ». Dès le début, ils sont ainsi clairement différenciés du monde ; ils en sont retirés par le Père et ils sont donnés au Fils. Ils étaient au Père selon son conseil, avant que le temps fût ; ils ont été donnés au Fils, pour qu’il puisse les amener à la connaissance du Père en leur manifestant son nom. À la fin de sa prière, Jésus parle de faire connaître le nom du Père, ce qui met l’accent sur ses paroles. Toutefois, ici, le mot utilisé est manifester ; cela s’est réalisé plutôt dans la vie et dans les œuvres du Seigneur Jésus. « Celui qui m’a vu, a vu le Père ». De ceux qui lui ont été donnés, Jésus dit à Dieu : « Ils ont gardé ta parole ».
Cela nous touche, quand nous pensons à ce qu’étaient ces hommes, si lents, si insensibles et si inintelligents ! Que penser de la manière dont ils vont se comporter ? Quelle lâcheté, quels reniements dans les heures qui vont suivre ! Le Fils les voit, en fait, à la lumière du propos divin. Il sait que le Père a la puissance d’accomplir en eux, finalement, tout ce qu’il s’est proposé. Il les considère donc comme s’ils saisissaient complètement ce qu’ils ne réalisent encore que dans une très faible mesure. Est-ce qu’il n’agit pas de la même manière avec les croyants aujourd’hui, en intercédant pour eux ? Dans le verset suivant, Jésus reconnaît aussi que les disciples ont cru que tout ce qu’ils avaient vu manifesté en lui venait du Père. Dans cet évangile nous le voyons attribuer tout au Père. Ses paroles et ses œuvres sont celles du Père. Il ne parle ni n’agit de lui-même, bien qu’il soit la Parole et le Fils. Il a si réellement revêtu l’humanité et pris une place de dépendance, qu’il a pu manifester le nom et la gloire du Père.
Au verset 8, Jésus ne parle pas de « la parole », mais « des paroles » qui lui ont été données et qu’il a transmises aux disciples. « La parole » correspond à tout ce qui est révélé, considéré comme un ensemble ; « les paroles » sont les mots nombreux et variés par lesquels Jésus leur a communiqué « la parole ». Les disciples ont reçu ces paroles et ils ont été dirigés par elles vers le Père lui-même. Ils les ont en effet reçues, mais ont-ils compris la plus petite partie de leur signification ? Dans quelle mesure les avons-nous saisies, nous qui possédons le Saint Esprit ? Cependant c’est déjà beaucoup de recevoir et de croire sans réserve ce que Jésus dit, parce que c’est lui qui le dit. Tout ce qu’il a dit nous mettra en relation avec le Père qui l’a envoyé.
Jusqu’ici nous avons entendu le Fils présenter sa première requête, la plus importante. Il demande à être glorifié, comme homme ressuscité, afin de glorifier le Père d’une manière nouvelle. Nous l’avons aussi entendu mentionner quatre œuvres qu’il avait parfaitement accomplies. Il avait glorifié le Père sur la terre. Il avait achevé l’œuvre qui lui avait été donnée. Il avait manifesté le nom du Père aux disciples. Il leur avait donné les paroles que le Père lui avait données. Nous trouvons sa deuxième requête au verset 9 ; elle n’est pas pour lui-même, mais pour ses disciples. Il commence en les séparant du monde d’une manière irréfutable.
L’ancien mur de séparation avait été élevé entre les Juifs et les nations. Jusque-là, la distinction avait été assez marquée. Elle commençait maintenant à disparaître et à être remplacée par celle qui existait entre les disciples qui recevaient le Seigneur Jésus et le monde qui le rejetait. Si un juif agissait ainsi, il perdait sa place privilégiée ; il n’était plus qu’un de ceux qui composaient le monde. Remarquons comment le Seigneur dépeint ici ses disciples. Ils appartiennent au Père, à cause de son dessein et de son choix ; ils sont ensuite donnés par lui au Fils. Ayant été ainsi donnés, ils sont considérés comme appartenant à la fois au Père et au Fils. Mais chacun en particulier est un vase, ou un instrument, dans lequel le Fils va être glorifié.
« Tout ce qui est à moi est à toi ; et ce qui est à toi est à moi ». Méditons ces paroles. Un homme peut dire : Tout ce qui est à moi, est à toi. Personne ne pourrait dire : Tout ce qui est à toi, est à moi ; il se rendrait coupable d’une prétention impardonnable et blasphématoire. Mais le Fils pouvait parler de cette manière en toute bienséance et vérité ; il est un avec le Père.
Jésus place les disciples devant le Père, comme les objets de sa seconde requête. Il en mentionne ensuite la raison : il allait quitter le monde pour aller au Père, tandis que les disciples étaient laissés sur la terre. Ces derniers connaissaient mal ce qu’était le monde, avec ses dangers et ses pièges ; Jésus le connaissait parfaitement. Seule la puissance protectrice du Père, allant de pair avec sa propre sainteté, serait suffisante pour les garder. Les disciples n’allaient pas seulement être préservés ; ils allaient être gardés dans une unité dont le modèle est celle du Père et du Fils. Jésus avait révélé ce saint nom de Père. Il y avait dans ce nom une puissance et une grâce qui pouvaient unir les disciples. Ces vertus se trouvaient aussi dans la vie éternelle que donne le Fils, liée au don de l’Esprit qui allait bientôt être répandu. De plus ces hommes étaient laissés pour être les témoins de leur Seigneur, alors que lui s’en allait. Pour que leur témoignage soit efficace, il était essentiel qu’il soit caractérisé par l’unité. Le livre des Actes et les épîtres nous montrent avec quelle perfection cette unité de témoignage a été conservée.
Jusqu’ici les disciples avaient été gardés par le Fils, au nom du Père. Le seul qui manquait n’était en rien un vrai disciple, c’était le fils de perdition. Ce triste événement même arrive pour que les Écritures soient accomplies. Concernant tous ceux qui lui ont été donnés par le Père, Jésus peut dire : « j’ai gardé ceux que tu m’as donnés ». Pour la cinquième fois, dans ce chapitre, nous trouvons l’expression : « j’ai... ». Alors qu’il quitte le monde, Jésus place ses disciples dans la position qui était la sienne sur la terre (v. 13). Il avait été sur la terre au nom de son Père, et avait trouvé sa joie à servir ses intérêts. Les croyants allaient être désormais sur la terre, au nom du Seigneur, et ils auraient la même joie accomplie en eux en servant le Père comme représentant le Fils.
Mais pour cela, ils auraient besoin de discerner la pensée et le dessein du Père ; c’est pour cette raison que le Fils leur avait donné sa parole. Nous avons ici, pour la sixième fois, l’expression « j’ai... ». Cette fois cela ne concerne pas « les paroles », mais « la parole », c’est-à-dire l’ensemble de la révélation que Jésus avait apportée. Jusqu’ici les disciples n’avaient que très peu compris sa plénitude, mais de ce fait ils avaient été séparés du monde à cause de ce qu’ils savaient. Ils en étaient aussi séparés du fait de leur origine, car ils n’étaient pas du monde, comme Jésus n’en était pas. Quant à leur place, ils étaient dans le monde. Le Seigneur n’a pas désiré qu’ils en soient ôtés, mais plutôt qu’ils soient gardés du mal.
Il y a ici une chose très claire pour laquelle le Seigneur ne fait pas de demande. Par une étrange contradiction, des âmes sérieuses ont cherché, à travers les siècles, à se retirer du monde pour une vie monacale. Parmi ces personnes, il y avait beaucoup de croyants. On peut se séparer ainsi à l’abri d’épais murs de pierre ou sans aucun mur. De toute façon le résultat est le même. Si nous transformons la séparation ordonnée par Dieu en un isolement dans un monastère, nous finirons toujours par produire, dans notre solitude, les mêmes maux que ceux que nous avons à éviter. Le monde offre, en effet, un danger mortel pour nous. Mais c’est à cause de ce que nous sommes en nous-mêmes. Un ange saint ne rechercherait pas les faveurs du monde et ne craindrait pas non plus sa désapprobation ; cela le laisserait complètement indifférent. C’est le monde qui présente, pour ainsi dire, le microbe contagieux ; il le fait de l’extérieur. Le problème principal se trouve cependant en nous-mêmes, à l’intérieur ; ce sont les tendances de la chair. L’isolement dans un monastère ne peut rien y changer.
Le Seigneur demande, avec insistance, que les disciples soient sanctifiés par la vérité. En effet, elle entraîne une séparation en élevant une protection spirituelle, qui préserve des maladies spirituelles. L’idée fondamentale dans la sanctification est le fait de mettre de côté. Le Fils a donné la parole du Père ; elle nous introduit dans tout son amour, ses pensées, ses propos et sa gloire. Tout cela constitue la vérité, c’est-à-dire une réalité d’ordre divin. Le monde vit généralement dans un domaine irréel et imaginaire. Il s’efforce d’établir ses systèmes qui n’ont pas de fondement solide et finiront par disparaître. Si nous connaissons les réalités divines, nous devons nécessairement nous séparer des chimères du monde. Cela nous exposera à sa haine, mais produira aussi une forte résistance spirituelle à ses pièges et nous protégera contre ses microbes. Voilà une séparation durable, car elle est produite par la parole du Père et la vérité.
Au verset 18, nous trouvons pour la septième fois l’expression : « j’ai… ». Jésus, celui qui est saint et parfait, avait été envoyé dans le monde par le Père, pour le représenter et le faire connaître. Maintenant il envoie ses disciples, de la même manière. Ils doivent le représenter et le faire connaître. Ce qui les qualifie pour cette fonction, c’est la sanctification dont parle le verset précédent. Si son plan avait été de les placer dans la solitude d’un monastère, une telle mission n’aurait pas été possible ; elle ne l’aurait pas été, non plus, s’ils n’avaient pas été sanctifiés par la vérité. Mais ce service est réalisable avec la protection spirituelle que confère la vérité.
Une condition supplémentaire est toutefois nécessaire (v. 19). Le Seigneur Jésus doit être mis à part lui-même, dans la gloire du ciel. Il pourra ainsi répandre son Esprit sur eux et devenir le centre qui attire leur cœur, et le modèle auquel ils doivent être rendus conformes, au moment convenable. Jésus est saint à cause de ce qu’il est en lui-même, et parce qu’il est Dieu. La seule sanctification possible pour lui est donc sa mise à part dans le ciel. Remarquons que, d’après ce verset, il se sanctifie lui-même. C’est encore un hommage à sa divinité, car aucun homme ne pourrait se mettre à part lui-même dans la gloire du ciel !
Le verset 17 nous explique que la vérité a la puissance de nous sanctifier par la parole du Père qui a été donnée par le Fils (voir v. 14). Le verset 19 ajoute que la gloire de Christ a la puissance de nous sanctifier, grâce au ministère de l’Esprit ; ce dernier allait être envoyé aux disciples à la suite de la glorification du Seigneur. En résumé nous pouvons dire ceci : ce qui sanctifie le croyant aujourd’hui, c’est la révélation du Père par le Fils et la connaissance, par l’Esprit, de la gloire de Jésus, comme Homme ressuscité.
Le verset 20 doit toucher le cœur de chacun de nous. Le Seigneur a prié pour le petit groupe de disciples qui l’entourait à ce moment-là. Il élargit maintenant ses demandes pour nous associer, nous aussi, avec lui. Bien que vingt siècles se soient écoulés depuis que les premiers disciples ont annoncé l’évangile, notre foi en est encore la conséquence. Leur ministère oral s’est éteint depuis longtemps, mais leur parole demeure sous la forme des écrits inspirés du Nouveau Testament. C’est le fondement solide de toute évangélisation depuis ce jour jusqu’à aujourd’hui. Cela devrait aussi toucher notre cœur de voir que la première des deux requêtes en notre faveur est que nous soyons un.
L’unité que le Seigneur désire est un fondement essentiel. Nous avons à être un, comme le Père est dans le Fils et le Fils dans le Père. Il y a, entre eux, l’unité de leur existence absolue, et par conséquent une unité de vie, de nature et de témoignage. Nous tirons véritablement notre vie et notre nature du Fils et du Père, à tel point que le Seigneur Jésus pouvait dire de ceux qui croient : « afin qu’ils soient un en nous ». Cette expression montre l’égalité du Père et du Fils. Si une telle unité n’existe pas, rien de ce qui est visible n’a de valeur. Sans elle, une union ecclésiastique correspond seulement à la mise en commun d’une multitude de matériaux hétérogènes. Quand cette requête serait exaucée, la nature divine caractériserait tous les croyants. La formation de cette unité cachée chez des personnes si différentes en apparence (Juifs et nations), comme l’annonce Jean 10:16, est une preuve satisfaisante de la mission divine de Christ. Jésus ne dit pas que le monde croira, mais les preuves sont suffisantes pour qu’il puisse croire.
L’unité qui fait l’objet de la prière du Seigneur sera rendue parfaite dans la gloire, bien qu’elle soit d’abord établie par la grâce. Nous trouvons de nouveau l’expression : « j’ai » ; cette fois, elle est liée à la gloire. Jésus a fait don à ses disciples, dont nous faisons partie, de la gloire que le Père lui a donnée. Le temps n’entre pas dans les relations entre les personnes divines. C’est pour cela que Jésus ne dit pas : « je la leur donnerai », mais : « je la leur ai donnée ». Quand nous considérons les événements du point de vue du conseil et du propos de Dieu, nous trouvons ailleurs des déclarations tout aussi absolues (voir Romains 8:30 et Éphésiens 2:6). Il est en effet merveilleux que la gloire que le Père a donnée à Jésus, en tant qu’homme, soit maintenant irrévocablement la nôtre, parce qu’il nous l’a donnée. Le but recherché est que notre unité, en lui, soit amenée à la perfection. Elle est ensuite montrée au verset 23 : le Père est manifesté dans le Fils et ce dernier est manifesté dans les croyants glorifiés. Ce sera vraiment une unité rendue parfaite ! Le monde connaîtra alors que le Père a envoyé le Fils et qu’il a aimé les croyants comme il a aimé le Seigneur. La gloire manifestera l’amour.
Cela amène la deuxième requête du Seigneur ; elle est formulée pour englober tous les croyants de la période de la grâce. Il leur a donné sa gloire ; il demande maintenant au Père de les placer avec lui, dans sa compagnie. Il désire que nous soyons au ciel, avec lui, dans la gloire. Cependant le privilège le plus merveilleux sera de contempler la gloire suprême qui sera la sienne. Auparavant il avait demandé à être glorifié, auprès du Père, de la gloire qu’il avait auprès de lui avant que le monde fût. Cette gloire, sans commencement, avait été la sienne dès l’éternité, en tant que personne de la Trinité. Il en a été maintenant réinvesti, mais d’une façon nouvelle. Il la reçoit comme un don du Père, en tant qu’homme ressuscité. Étant glorifiés avec lui, nous allons contempler sa gloire. Elle sera éternellement pour nous le témoin de la perfection de tout ce qu’il a accompli comme homme et de l’amour du Père dont il avait été le centre de toute éternité.
Le monde est plongé dans l’ignorance du Père. Jésus s’adresse à ce dernier comme celui qui est « saint », quand il prie pour que ses disciples soient gardés dans le monde (v. 11) ; leur séparation va être déterminée par la sainteté du Père. Au verset 25, Jésus considère le monde dans son péché et son aveuglement ; il s’adresse donc au Père comme celui qui est « juste ». La justice divine est ainsi placée en opposition avec le péché du monde, comme au chapitre 16 (v. 9 et 10). Le Seigneur était venu comme celui qui était envoyé par le Père, pour le révéler. Les disciples avaient reçu cette révélation, en recevant Jésus, car il leur avait fait connaître le nom du Père. Voici maintenant les dernières fois où nous rencontrons l’expression : « J’ai ». Le Seigneur dit : « Moi je t’ai connu... Je leur ai fait connaître ton nom ».
Jésus avait parlé, au verset 6, de la manifestation du nom du Père ; elle a été réalisée par sa vie. Il n’était pas nécessaire d’y ajouter quoi que ce soit. Il avait fait, aussi, une révélation du nom du Père par ses paroles ; il la complètera dans le futur, quand il ressuscitera d’entre les morts. Il nous est permis d’en entendre quelque chose dans cet évangile (20:17). L’amour du Père est centré sur le Fils de façon absolue. Le Nom du Père a cependant été révélé aux disciples pour que son amour soit « en eux », c’est-à-dire pour qu’ils en jouissent consciemment. Comme l’amour du Père demeure ainsi dans leur cœur, ils sont qualifiés pour être une expression de Christ qui sera manifesté « en eux ».
Cette merveilleuse prière, épanchement du Fils en communion avec le Père, doit obligatoirement dépasser nos pensées. Cependant c’est ce qui peut, par-dessus tout, apporter dans notre cœur la chaleur de l’amour divin. C’est une joie de remarquer que ce chapitre commence par le Fils glorifié par le Père, et qu’il se termine par le Fils manifesté et donc glorifié dans les saints.
Souvenons-nous des six derniers mots du chapitre précédent, lorsque nous lisons le premier verset. Celui qui avait vaincu le monde « leva ses yeux au ciel, et dit : Père, l’heure est venue : glorifie ton Fils... ». Quand on connaît le Père et la lumière du ciel, quelle est la valeur du monde ? Quelle est l’importance de ses menaces ou de ses persécutions ? Le Fils de Dieu lui-même est ici, jouissant pleinement de cette connaissance et de cette lumière ; il a donc, en quelque sorte, le monde sous ses pieds. Il va se présenter maintenant devant le Père ; il va aussi lui présenter ses disciples afin qu’ils soient gardés du monde qu’ils vont traverser. Ils ont été engendrés par Dieu ; ils connaissent Jésus comme le Fils de Dieu qui a révélé le Père. Quand l’écrivain Bunyan, dans « Le Voyage du Pèlerin », décrit un homme avec une couronne de gloire « devant les yeux », il place très justement le monde « derrière son dos ».
Au verset 4 du chapitre suivant, l’évangéliste témoigne que Jésus savait « toutes les choses qui devaient lui arriver ». Ici, Jésus s’adresse au Père ; il est conscient que l’heure pour laquelle il est avant tout venu dans le monde, est arrivée. Dans ce chapitre incomparable, nous pouvons entendre le Fils s’entretenir avec le Père. Nous sommes transportés ainsi dans cette atmosphère divine ; nous voyons sa grande œuvre achevée et nous passons, en esprit, au-delà de la croix. Ce sont des mots qui défient toutes les capacités de l’analyse humaine et qui dépassent toutes les facultés de la pensée. Nous pouvons toutefois les considérer tout au long des versets, en relevant les requêtes que Jésus a faites au Père et les déclarations concernant ce qu’il a déjà accompli.
Sa première demande est : « Père,... glorifie ton Fils ». Le Fils a été serviteur, sur la terre, pour le plaisir et la gloire du Père. À maintes reprises, cet évangile en a rendu spécialement témoignage. Conformément à cela, la première demande du Seigneur Jésus est de pouvoir encore servir et glorifier le Père, non plus dans l’humiliation, sur la terre, mais parmi les splendeurs du ciel. Il le fera en exerçant l’autorité sur toute chair, qui lui est accordée d’une manière particulièrement merveilleuse. Il déploiera bientôt cette autorité sur tout homme, en exécutant le jugement ; il l’exerce déjà en accordant la vie éternelle à tous ceux que le Père lui a donnés. Jésus est la source et la fontaine de cette vie pour les hommes. Nous avons la vie et nous recevons l’Esprit de la part de l’Homme glorifié. Le Père est glorifié en cela d’une manière qui surpasse la gloire solennelle qui sera la sienne à l’heure du jugement.
Or toute vie est marquée par les conditions qui l’entourent, par son environnement. La vie éternelle peut être vécue uniquement dans la connaissance du seul vrai Dieu, comme Père, et de Jésus Christ, l’envoyé du Père. C’est sans aucun doute ce qui explique que la vie qui dure éternellement n’est mentionnée que deux fois dans l’Ancien Testament. Dans ces deux cas, c’est simplement une allusion prophétique à ce qui sera goûté durant le millénium. C’était une promesse, plutôt qu’une bénédiction connue et éprouvée. La loi offrait la vie sur la terre. Le siècle de la vie éternelle a commencé quand le Fils de Dieu est apparu et a été glorifié dans le ciel, ayant achevé son œuvre sur la terre.
Dix fois, dans ce chapitre, Jésus prononce l’expression : « J’ai... » ; il proclame ainsi la plénitude de tout ce qu’il a accompli. Les deux premières fois se trouvent au verset 4 ; il insiste sur la perfection de son œuvre, pour appuyer sa demande d’être glorifié. Il faut noter que c’est sur la terre qu’il a glorifié le Père. C’est cet endroit particulier du vaste univers où Dieu avait été tout spécialement déshonoré par le péché et la chute du premier homme et de sa race. Cette grande œuvre avait été confiée à Jésus ainsi que celle, parallèle, de la propitiation pour le péché, afin que les pécheurs puissent être rachetés. Passant en esprit au-delà de la croix, il proclame l’achèvement et la perfection de son œuvre. Aucun homme ne pourrait prononcer de telles paroles. L’œuvre des serviteurs de Dieu les plus éminents reste fragmentaire et inachevée. Dans le cas contraire, aucun d’eux n’oserait s’approcher de Dieu, celui qui sonde les cœurs et les voies, et se prononcer sur son propre travail en déclarant qu’il est parfaitement achevé ; cela dénoterait une présomption des plus insolentes. Mais ici c’est le Fils qui parle, sans le moindre orgueil.
Cependant Jésus est réellement homme ; c’est ce qui nous frappe à la lecture du verset 5. Il répète qu’il demande la gloire, cette gloire particulière qu’il partageait avec le Père, avant que le monde fût. Il va être réinvesti de cette gloire, mais cette fois comme le Fils, en tant qu’homme, celui qui est ressuscité. Nous avons ici une réalité merveilleuse et de la plus haute importance : un homme ressuscité, le Christ Jésus, est investi de la gloire incréée de la Déité. Dans cette gloire se trouve le chef de l’Église, le chef de la race choisie à laquelle nous appartenons. Qui peut mesurer les conséquences qui découlent de cette grande réalité ?
La race choisie apparaît au verset suivant. Ceux qui en font partie sont désignés par l’expression : « les hommes que tu m’as donnés du monde ». Dès le début, ils sont ainsi clairement différenciés du monde ; ils en sont retirés par le Père et ils sont donnés au Fils. Ils étaient au Père selon son conseil, avant que le temps fût ; ils ont été donnés au Fils, pour qu’il puisse les amener à la connaissance du Père en leur manifestant son nom. À la fin de sa prière, Jésus parle de faire connaître le nom du Père, ce qui met l’accent sur ses paroles. Toutefois, ici, le mot utilisé est manifester ; cela s’est réalisé plutôt dans la vie et dans les œuvres du Seigneur Jésus. « Celui qui m’a vu, a vu le Père ». De ceux qui lui ont été donnés, Jésus dit à Dieu : « Ils ont gardé ta parole ».
Cela nous touche, quand nous pensons à ce qu’étaient ces hommes, si lents, si insensibles et si inintelligents ! Que penser de la manière dont ils vont se comporter ? Quelle lâcheté, quels reniements dans les heures qui vont suivre ! Le Fils les voit, en fait, à la lumière du propos divin. Il sait que le Père a la puissance d’accomplir en eux, finalement, tout ce qu’il s’est proposé. Il les considère donc comme s’ils saisissaient complètement ce qu’ils ne réalisent encore que dans une très faible mesure. Est-ce qu’il n’agit pas de la même manière avec les croyants aujourd’hui, en intercédant pour eux ? Dans le verset suivant, Jésus reconnaît aussi que les disciples ont cru que tout ce qu’ils avaient vu manifesté en lui venait du Père. Dans cet évangile nous le voyons attribuer tout au Père. Ses paroles et ses œuvres sont celles du Père. Il ne parle ni n’agit de lui-même, bien qu’il soit la Parole et le Fils. Il a si réellement revêtu l’humanité et pris une place de dépendance, qu’il a pu manifester le nom et la gloire du Père.
Au verset 8, Jésus ne parle pas de « la parole », mais « des paroles » qui lui ont été données et qu’il a transmises aux disciples. « La parole » correspond à tout ce qui est révélé, considéré comme un ensemble ; « les paroles » sont les mots nombreux et variés par lesquels Jésus leur a communiqué « la parole ». Les disciples ont reçu ces paroles et ils ont été dirigés par elles vers le Père lui-même. Ils les ont en effet reçues, mais ont-ils compris la plus petite partie de leur signification ? Dans quelle mesure les avons-nous saisies, nous qui possédons le Saint Esprit ? Cependant c’est déjà beaucoup de recevoir et de croire sans réserve ce que Jésus dit, parce que c’est lui qui le dit. Tout ce qu’il a dit nous mettra en relation avec le Père qui l’a envoyé.
Jusqu’ici nous avons entendu le Fils présenter sa première requête, la plus importante. Il demande à être glorifié, comme homme ressuscité, afin de glorifier le Père d’une manière nouvelle. Nous l’avons aussi entendu mentionner quatre œuvres qu’il avait parfaitement accomplies. Il avait glorifié le Père sur la terre. Il avait achevé l’œuvre qui lui avait été donnée. Il avait manifesté le nom du Père aux disciples. Il leur avait donné les paroles que le Père lui avait données. Nous trouvons sa deuxième requête au verset 9 ; elle n’est pas pour lui-même, mais pour ses disciples. Il commence en les séparant du monde d’une manière irréfutable.
L’ancien mur de séparation avait été élevé entre les Juifs et les nations. Jusque-là, la distinction avait été assez marquée. Elle commençait maintenant à disparaître et à être remplacée par celle qui existait entre les disciples qui recevaient le Seigneur Jésus et le monde qui le rejetait. Si un juif agissait ainsi, il perdait sa place privilégiée ; il n’était plus qu’un de ceux qui composaient le monde. Remarquons comment le Seigneur dépeint ici ses disciples. Ils appartiennent au Père, à cause de son dessein et de son choix ; ils sont ensuite donnés par lui au Fils. Ayant été ainsi donnés, ils sont considérés comme appartenant à la fois au Père et au Fils. Mais chacun en particulier est un vase, ou un instrument, dans lequel le Fils va être glorifié.
« Tout ce qui est à moi est à toi ; et ce qui est à toi est à moi ». Méditons ces paroles. Un homme peut dire : Tout ce qui est à moi, est à toi. Personne ne pourrait dire : Tout ce qui est à toi, est à moi ; il se rendrait coupable d’une prétention impardonnable et blasphématoire. Mais le Fils pouvait parler de cette manière en toute bienséance et vérité ; il est un avec le Père.
Jésus place les disciples devant le Père, comme les objets de sa seconde requête. Il en mentionne ensuite la raison : il allait quitter le monde pour aller au Père, tandis que les disciples étaient laissés sur la terre. Ces derniers connaissaient mal ce qu’était le monde, avec ses dangers et ses pièges ; Jésus le connaissait parfaitement. Seule la puissance protectrice du Père, allant de pair avec sa propre sainteté, serait suffisante pour les garder. Les disciples n’allaient pas seulement être préservés ; ils allaient être gardés dans une unité dont le modèle est celle du Père et du Fils. Jésus avait révélé ce saint nom de Père. Il y avait dans ce nom une puissance et une grâce qui pouvaient unir les disciples. Ces vertus se trouvaient aussi dans la vie éternelle que donne le Fils, liée au don de l’Esprit qui allait bientôt être répandu. De plus ces hommes étaient laissés pour être les témoins de leur Seigneur, alors que lui s’en allait. Pour que leur témoignage soit efficace, il était essentiel qu’il soit caractérisé par l’unité. Le livre des Actes et les épîtres nous montrent avec quelle perfection cette unité de témoignage a été conservée.
Jusqu’ici les disciples avaient été gardés par le Fils, au nom du Père. Le seul qui manquait n’était en rien un vrai disciple, c’était le fils de perdition. Ce triste événement même arrive pour que les Écritures soient accomplies. Concernant tous ceux qui lui ont été donnés par le Père, Jésus peut dire : « j’ai gardé ceux que tu m’as donnés ». Pour la cinquième fois, dans ce chapitre, nous trouvons l’expression : « j’ai... ». Alors qu’il quitte le monde, Jésus place ses disciples dans la position qui était la sienne sur la terre (v. 13). Il avait été sur la terre au nom de son Père, et avait trouvé sa joie à servir ses intérêts. Les croyants allaient être désormais sur la terre, au nom du Seigneur, et ils auraient la même joie accomplie en eux en servant le Père comme représentant le Fils.
Mais pour cela, ils auraient besoin de discerner la pensée et le dessein du Père ; c’est pour cette raison que le Fils leur avait donné sa parole. Nous avons ici, pour la sixième fois, l’expression « j’ai... ». Cette fois cela ne concerne pas « les paroles », mais « la parole », c’est-à-dire l’ensemble de la révélation que Jésus avait apportée. Jusqu’ici les disciples n’avaient que très peu compris sa plénitude, mais de ce fait ils avaient été séparés du monde à cause de ce qu’ils savaient. Ils en étaient aussi séparés du fait de leur origine, car ils n’étaient pas du monde, comme Jésus n’en était pas. Quant à leur place, ils étaient dans le monde. Le Seigneur n’a pas désiré qu’ils en soient ôtés, mais plutôt qu’ils soient gardés du mal.
Il y a ici une chose très claire pour laquelle le Seigneur ne fait pas de demande. Par une étrange contradiction, des âmes sérieuses ont cherché, à travers les siècles, à se retirer du monde pour une vie monacale. Parmi ces personnes, il y avait beaucoup de croyants. On peut se séparer ainsi à l’abri d’épais murs de pierre ou sans aucun mur. De toute façon le résultat est le même. Si nous transformons la séparation ordonnée par Dieu en un isolement dans un monastère, nous finirons toujours par produire, dans notre solitude, les mêmes maux que ceux que nous avons à éviter. Le monde offre, en effet, un danger mortel pour nous. Mais c’est à cause de ce que nous sommes en nous-mêmes. Un ange saint ne rechercherait pas les faveurs du monde et ne craindrait pas non plus sa désapprobation ; cela le laisserait complètement indifférent. C’est le monde qui présente, pour ainsi dire, le microbe contagieux ; il le fait de l’extérieur. Le problème principal se trouve cependant en nous-mêmes, à l’intérieur ; ce sont les tendances de la chair. L’isolement dans un monastère ne peut rien y changer.
Le Seigneur demande, avec insistance, que les disciples soient sanctifiés par la vérité. En effet, elle entraîne une séparation en élevant une protection spirituelle, qui préserve des maladies spirituelles. L’idée fondamentale dans la sanctification est le fait de mettre de côté. Le Fils a donné la parole du Père ; elle nous introduit dans tout son amour, ses pensées, ses propos et sa gloire. Tout cela constitue la vérité, c’est-à-dire une réalité d’ordre divin. Le monde vit généralement dans un domaine irréel et imaginaire. Il s’efforce d’établir ses systèmes qui n’ont pas de fondement solide et finiront par disparaître. Si nous connaissons les réalités divines, nous devons nécessairement nous séparer des chimères du monde. Cela nous exposera à sa haine, mais produira aussi une forte résistance spirituelle à ses pièges et nous protégera contre ses microbes. Voilà une séparation durable, car elle est produite par la parole du Père et la vérité.
Au verset 18, nous trouvons pour la septième fois l’expression : « j’ai… ». Jésus, celui qui est saint et parfait, avait été envoyé dans le monde par le Père, pour le représenter et le faire connaître. Maintenant il envoie ses disciples, de la même manière. Ils doivent le représenter et le faire connaître. Ce qui les qualifie pour cette fonction, c’est la sanctification dont parle le verset précédent. Si son plan avait été de les placer dans la solitude d’un monastère, une telle mission n’aurait pas été possible ; elle ne l’aurait pas été, non plus, s’ils n’avaient pas été sanctifiés par la vérité. Mais ce service est réalisable avec la protection spirituelle que confère la vérité.
Une condition supplémentaire est toutefois nécessaire (v. 19). Le Seigneur Jésus doit être mis à part lui-même, dans la gloire du ciel. Il pourra ainsi répandre son Esprit sur eux et devenir le centre qui attire leur cœur, et le modèle auquel ils doivent être rendus conformes, au moment convenable. Jésus est saint à cause de ce qu’il est en lui-même, et parce qu’il est Dieu. La seule sanctification possible pour lui est donc sa mise à part dans le ciel. Remarquons que, d’après ce verset, il se sanctifie lui-même. C’est encore un hommage à sa divinité, car aucun homme ne pourrait se mettre à part lui-même dans la gloire du ciel !
Le verset 17 nous explique que la vérité a la puissance de nous sanctifier par la parole du Père qui a été donnée par le Fils (voir v. 14). Le verset 19 ajoute que la gloire de Christ a la puissance de nous sanctifier, grâce au ministère de l’Esprit ; ce dernier allait être envoyé aux disciples à la suite de la glorification du Seigneur. En résumé nous pouvons dire ceci : ce qui sanctifie le croyant aujourd’hui, c’est la révélation du Père par le Fils et la connaissance, par l’Esprit, de la gloire de Jésus, comme Homme ressuscité.
Le verset 20 doit toucher le cœur de chacun de nous. Le Seigneur a prié pour le petit groupe de disciples qui l’entourait à ce moment-là. Il élargit maintenant ses demandes pour nous associer, nous aussi, avec lui. Bien que vingt siècles se soient écoulés depuis que les premiers disciples ont annoncé l’évangile, notre foi en est encore la conséquence. Leur ministère oral s’est éteint depuis longtemps, mais leur parole demeure sous la forme des écrits inspirés du Nouveau Testament. C’est le fondement solide de toute évangélisation depuis ce jour jusqu’à aujourd’hui. Cela devrait aussi toucher notre cœur de voir que la première des deux requêtes en notre faveur est que nous soyons un.
L’unité que le Seigneur désire est un fondement essentiel. Nous avons à être un, comme le Père est dans le Fils et le Fils dans le Père. Il y a, entre eux, l’unité de leur existence absolue, et par conséquent une unité de vie, de nature et de témoignage. Nous tirons véritablement notre vie et notre nature du Fils et du Père, à tel point que le Seigneur Jésus pouvait dire de ceux qui croient : « afin qu’ils soient un en nous ». Cette expression montre l’égalité du Père et du Fils. Si une telle unité n’existe pas, rien de ce qui est visible n’a de valeur. Sans elle, une union ecclésiastique correspond seulement à la mise en commun d’une multitude de matériaux hétérogènes. Quand cette requête serait exaucée, la nature divine caractériserait tous les croyants. La formation de cette unité cachée chez des personnes si différentes en apparence (Juifs et nations), comme l’annonce Jean 10:16, est une preuve satisfaisante de la mission divine de Christ. Jésus ne dit pas que le monde croira, mais les preuves sont suffisantes pour qu’il puisse croire.
L’unité qui fait l’objet de la prière du Seigneur sera rendue parfaite dans la gloire, bien qu’elle soit d’abord établie par la grâce. Nous trouvons de nouveau l’expression : « j’ai » ; cette fois, elle est liée à la gloire. Jésus a fait don à ses disciples, dont nous faisons partie, de la gloire que le Père lui a donnée. Le temps n’entre pas dans les relations entre les personnes divines. C’est pour cela que Jésus ne dit pas : « je la leur donnerai », mais : « je la leur ai donnée ». Quand nous considérons les événements du point de vue du conseil et du propos de Dieu, nous trouvons ailleurs des déclarations tout aussi absolues (voir Romains 8:30 et Éphésiens 2:6). Il est en effet merveilleux que la gloire que le Père a donnée à Jésus, en tant qu’homme, soit maintenant irrévocablement la nôtre, parce qu’il nous l’a donnée. Le but recherché est que notre unité, en lui, soit amenée à la perfection. Elle est ensuite montrée au verset 23 : le Père est manifesté dans le Fils et ce dernier est manifesté dans les croyants glorifiés. Ce sera vraiment une unité rendue parfaite ! Le monde connaîtra alors que le Père a envoyé le Fils et qu’il a aimé les croyants comme il a aimé le Seigneur. La gloire manifestera l’amour.
Cela amène la deuxième requête du Seigneur ; elle est formulée pour englober tous les croyants de la période de la grâce. Il leur a donné sa gloire ; il demande maintenant au Père de les placer avec lui, dans sa compagnie. Il désire que nous soyons au ciel, avec lui, dans la gloire. Cependant le privilège le plus merveilleux sera de contempler la gloire suprême qui sera la sienne. Auparavant il avait demandé à être glorifié, auprès du Père, de la gloire qu’il avait auprès de lui avant que le monde fût. Cette gloire, sans commencement, avait été la sienne dès l’éternité, en tant que personne de la Trinité. Il en a été maintenant réinvesti, mais d’une façon nouvelle. Il la reçoit comme un don du Père, en tant qu’homme ressuscité. Étant glorifiés avec lui, nous allons contempler sa gloire. Elle sera éternellement pour nous le témoin de la perfection de tout ce qu’il a accompli comme homme et de l’amour du Père dont il avait été le centre de toute éternité.
Le monde est plongé dans l’ignorance du Père. Jésus s’adresse à ce dernier comme celui qui est « saint », quand il prie pour que ses disciples soient gardés dans le monde (v. 11) ; leur séparation va être déterminée par la sainteté du Père. Au verset 25, Jésus considère le monde dans son péché et son aveuglement ; il s’adresse donc au Père comme celui qui est « juste ». La justice divine est ainsi placée en opposition avec le péché du monde, comme au chapitre 16 (v. 9 et 10). Le Seigneur était venu comme celui qui était envoyé par le Père, pour le révéler. Les disciples avaient reçu cette révélation, en recevant Jésus, car il leur avait fait connaître le nom du Père. Voici maintenant les dernières fois où nous rencontrons l’expression : « J’ai ». Le Seigneur dit : « Moi je t’ai connu... Je leur ai fait connaître ton nom ».
Jésus avait parlé, au verset 6, de la manifestation du nom du Père ; elle a été réalisée par sa vie. Il n’était pas nécessaire d’y ajouter quoi que ce soit. Il avait fait, aussi, une révélation du nom du Père par ses paroles ; il la complètera dans le futur, quand il ressuscitera d’entre les morts. Il nous est permis d’en entendre quelque chose dans cet évangile (20:17). L’amour du Père est centré sur le Fils de façon absolue. Le Nom du Père a cependant été révélé aux disciples pour que son amour soit « en eux », c’est-à-dire pour qu’ils en jouissent consciemment. Comme l’amour du Père demeure ainsi dans leur cœur, ils sont qualifiés pour être une expression de Christ qui sera manifesté « en eux ».
Cette merveilleuse prière, épanchement du Fils en communion avec le Père, doit obligatoirement dépasser nos pensées. Cependant c’est ce qui peut, par-dessus tout, apporter dans notre cœur la chaleur de l’amour divin. C’est une joie de remarquer que ce chapitre commence par le Fils glorifié par le Père, et qu’il se termine par le Fils manifesté et donc glorifié dans les saints.
Re: Réflexions sur l’évangile selon Jean
18 Chapitre 18
Jésus s’est entretenu avec le Père et il a exprimé ses désirs. Il va maintenant à la rencontre de ses adversaires qui sont menés par le traître ; il ira ensuite vers la mort qui doit être la sienne. En accord avec le caractère de cet évangile, un témoignage frappant est rendu au fait qu’il sait tout. Il s’avança, sachant parfaitement « tout ce qui devait lui arriver ». Il s’agit non seulement des situations extérieures, mais aussi de tout ce que cela impliquait comme fardeau intérieur. Nous trouverons des déclarations d’une portée analogue dans les chapitres 6:6 ; 13:3.
Mais la scène, dans le jardin situé au-delà du Cédron, nous offre aussi une démonstration du fait que Jésus peut tout. Les hommes cherchent Jésus de Nazareth. Ils sont jetés à terre, lorsqu’il leur répond : « C’est moi », rappelant la manière dont l’Éternel se nommait dans l’Ancien Testament. Ne pouvant faire autrement, ils lui rendent hommage, bien qu’à contrecœur. Ainsi les preuves de sa divinité sont là, alors même qu’il se livre entre les mains des hommes ; en effet il est ici l’homme soumis à la volonté du Père. La parole du Seigneur nous montre que son désir était de protéger ses disciples (voir v. 8). L’action de Pierre, pleine de zèle, mais déplacée, ne fait que manifester la complète unité de pensée entre Jésus et le Père. Il accepte tout comme venant de ses mains, même si les plus hautes autorités religieuses des juifs sont ses principaux adversaires. L’esclave du souverain sacrificateur, Malchus, joue un rôle important dans son arrestation. Jésus est d’abord conduit devant le tribunal d’Anne et de Caïphe. C’est à Caïphe de décider et il est déjà résolu à faire mourir le Seigneur.
Les versets 15 à 18 sont une parenthèse, comme les versets 25 à 27. Ils nous racontent la triste histoire de la chute de Pierre. Ce que le Seigneur avait dit à l’avance est ainsi accompli (voir ch. 13:38). Il est remarquable que ce soit un des rares épisodes rapportés par les quatre évangélistes. Dieu ne prend pas plaisir à rappeler les péchés de ses enfants. Nous pouvons être sûrs qu’il y a là un avertissement et un enseignement nécessaires aux croyants de toutes les époques. En effet, la confiance en soi est une des tendances de la chair les plus courantes et le plus profondément enracinées. Si elle n’est pas jugée et repoussée, elle mène invariablement au désastre. La vraie circoncision spirituelle implique de n’avoir aucune « confiance en la chair » (voir Philippiens 3:3). C’est une leçon que nous n’apprenons qu’à travers de nombreuses expériences douloureuses.
« L’autre disciple », qui est connu du souverain sacrificateur, est très certainement Jean lui-même. Ses liens avec le souverain sacrificateur lui donnent une position et un privilège un peu mondains. Il s’en sert pour introduire Pierre dans cet endroit dangereux. La question posée au verset 17 laisse supposer que la servante, qui est portière, sait que Jean est un disciple de Jésus. Il n’a pas été tenté de le nier, comme Pierre. Ce qui fait trébucher un disciple peut ne pas avoir d’effet sur un autre. En outre, Satan sait parfaitement comment tendre ses pièges. Le fait que la troisième personne qui interroge Pierre soit un parent de Malchus qu’il a blessé dans le jardin, est un coup de maître du diable. Cela entraîne le troisième reniement de Pierre, le pire de tous ; son péché est consommé et sa défaite est totale.
Les versets 19 à 24 donnent des détails sur le déroulement des événements dans le palais du souverain sacrificateur. Ils forment un lien entre les versets 14 et 28. En interrogeant Jésus sur ses disciples et sa doctrine, les juifs essayent de trouver une raison pour l’inculper. Ils avaient déjà décidé de le condamner à mort, mais ils avaient besoin d’un motif. Les autres évangiles nous disent qu’ils ont cherché des témoins contre lui, mais n’en ont pas trouvé. Cela explique une irritation telle qu’ils frappent notre Seigneur, quand il les renvoie à ceux qui l’ont entendu. Matthieu nous dit qu’ils vont jusqu’à chercher de « faux » témoins contre lui.
Il convient de remarquer le contraste entre Jésus, au verset 23, et Paul dans Actes 23:5. Un abîme sépare le maître et le plus dévoué de ses serviteurs. La réponse de Jésus était convaincante. Personne n’aurait pu rendre témoignage du mal ; personne ne pouvait le convaincre de péché.
Le récit de Jean, concernant le procès devant le souverain sacrificateur, est très bref. Par contraste, il nous donne d’une manière plus complète que les autres ce qui s’est passé chez Pilate, le gouverneur romain. Paul parle du « Christ Jésus qui a fait la belle confession devant Ponce Pilate » (1 Timothée 6:13). Les détails de cette belle confession nous sont particulièrement révélés ici.
Toutefois, nous avons d’abord un aperçu de la terrible hypocrisie des chefs des juifs. Entrer dans le prétoire les souillerait, pensent-ils ! Cependant, eux-mêmes n’avaient aucun scrupule à commettre un meurtre et à chercher des menteurs pour donner une apparence de décence à leur action. Hélas ! La chair religieuse est capable d’aller très loin. À juste titre, Pilate désire une accusation précise. Comme les chefs n’en ont aucune à proposer, ils essaient au début de le forcer à précipiter son jugement, avec le vague motif que Jésus est un malfaiteur. Dénoncer pour des raisons vagues, en évitant des charges précises, est un procédé habituel chez les persécuteurs religieux. Cette irrégularité fait que le gouverneur souhaite renvoyer le cas aux chefs des juifs. Leur réponse montre qu’ils ont décidé de faire mourir Jésus. Cela accomplit, cependant, ce que le Seigneur avait lui-même annoncé concernant sa mort (voir 3:14 ; 8:28 ; 12:32). Ils finissent toutefois par choisir de l’accuser d’avoir cherché à se faire roi. La question du Seigneur rapportée au verset 34 le laisse supposer, et cela nous est révélé au chapitre suivant (voir 19:12).
La « belle confession » devant Pilate comprend au moins quatre points importants. Premièrement, le Seigneur confesse hardiment qu’il est roi. Le contexte montre qu’en disant cela, il se réfère non seulement au fait qu’il est le vrai Fils de David selon la chair, mais aussi qu’il occupe cette place en tant que Fils de Dieu (voir Psaume 2).
Deuxièmement, Jésus affirme que son royaume n’est pas « de ce monde », ni « d’ici ». Ce royaume ne porte pas le caractère ou l’empreinte de ce monde et il n’y puise pas son autorité et sa puissance ; il les puise, naturellement, dans le ciel et il porte un caractère céleste. Au lieu de s’exprimer positivement, Jésus aborde le sujet sous cet angle négatif qui condamne et rejette implicitement ce monde et ce lieu. C’est une déclaration courageuse, en présence de celui qui représente la plus grande puissance de la terre.
Troisièmement, Jésus affirme qu’il est né pour être roi, puisqu’il est venu dans le monde comme témoin de la vérité. David a dit que celui qui apporte la lumière de la vérité est le seul capable de détenir le pouvoir royal (voir 2 Samuel 23:3). Au début de cet évangile, nous avons vu que « la grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ ». À ce moment crucial, la grâce a été rejetée et la vérité est discutée. Dehors se trouvent les hommes qui incarnent le mensonge et l’hypocrisie. Pilate détient le pouvoir judiciaire ; il a donc la responsabilité de discerner la vérité et de juger en conséquence. Sa question : « Qu’est-ce que la vérité ? » semble cependant posée avec scepticisme et légèreté. Cela montre que le jugement est séparé de la justice, dans son esprit. Comme juge romain, il ne connaît que trop les hommes et leurs tromperies et il pense que rechercher la vérité revient à poursuivre un mirage. Mais cela n’excuse pas sa folie qui est mise en évidence lorsqu’il tourne le dos à Christ et sort vers les Juifs menteurs, immédiatement après avoir posé sa question.
Quatrièmement, Jésus affirme qu’il n’est pas seulement le témoin de la vérité mais la véritable incarnation de la vérité elle-même. Dans son discours d’adieu, il a dit à ses disciples : « Moi, je suis... la vérité ». Maintenant, face à ses adversaires, la même chose est sous-entendue dans ces paroles remarquables : « Quiconque est de la vérité, écoute ma voix ». Jésus est la vérité, d’une manière si absolue que tout homme doit s’éprouver par rapport à lui. Ceux qui ont été engendrés par la parole de la vérité (Jacques 1:18) sont « de la vérité » et ils écoutent sa voix. Il est remarquable de voir combien fréquemment dans cet évangile notre attention est attirée sur le fait d’écouter la voix ou la parole du Seigneur (voir par exemple : 3:34 ; 4:42 ; 5:24, 25, 28 ; 6:68 ; 7:17 ; 8:43 ; 10:4, 16, 27 ; 12:48-50). Pour nous, écouter est fondamental ! Nous devons être « sur la bonne longueur d’onde » pour écouter. Seul le fait d’être engendrés de Dieu, par la parole de la vérité, peut nous mettre sur la bonne longueur d’onde.
Les paroles et les actes de Pilate montrent clairement qu’il ne désire pas écouter la voix de Jésus. Il quitte la présence de la vérité pour renouer le contact avec le monde de mensonge. Il a toutefois suffisamment de sens critique pour s’apercevoir combien le procès contre le Seigneur est faux, et pour déclarer qu’il n’y a en lui aucun crime. Mais il échoue dans sa tentative pour détourner les accusateurs de leur but en suivant la coutume de relâcher un prisonnier à la Pâque. Sa proposition est rejetée pour mettre clairement en évidence l’hostilité implacable des Juifs.
Quelques mots suffisent à exprimer leur rejet total du Seigneur : « Pas celui-ci, mais Barabbas ! ». Ils sont unanimes ; tous poussent le même cri. Le commentaire de l’évangéliste, à ce sujet, est tout aussi net et concis : « Or Barabbas était un brigand ». Sans exagérer, nous pouvons dire que ce cri est celui qui est le plus lourd de conséquences dans toute l’histoire. Il dirige le cours du monde, depuis bientôt deux mille ans, et il scellera finalement son destin. Nous pourrions dire, en particulier, qu’il a dirigé le triste déroulement de l’histoire des Juifs. Que n’ont-ils pas subi de la part de ceux qui les ont pillés, au cours des siècles ! Mais s’ils contestent, et si même ils souhaitent se plaindre contre Dieu, il suffit de les renvoyer à ce que leurs chefs ont exigé unanimement. Celui qui est l’incarnation de la grâce et de la vérité, ils le rejettent. Barabbas le brigand, ils le réclament ! C’était aussi, par ailleurs, un révolutionnaire et un meurtrier, comme d’autres évangiles le montrent. La part des Juifs a toujours été vol, révolution et meurtre, en surabondance.
Selon le saint gouvernement de Dieu, ils n’ont récolté, en effet, que ce qu’ils ont semé. Ceci est vrai pour les nations en général, quoique peut-être à une plus petite échelle. À plusieurs reprises, au cours des siècles, se sont levés des hommes doués d’une forte personnalité, dans lesquels la pensée de Barabbas a ressurgi. Actuellement la terre gémit sous ce même problème. Quand nous considérons les souffrances de tant de peuples, nous avons à nous rappeler cette phrase : « Or Barabbas était un brigand ».
Jésus s’est entretenu avec le Père et il a exprimé ses désirs. Il va maintenant à la rencontre de ses adversaires qui sont menés par le traître ; il ira ensuite vers la mort qui doit être la sienne. En accord avec le caractère de cet évangile, un témoignage frappant est rendu au fait qu’il sait tout. Il s’avança, sachant parfaitement « tout ce qui devait lui arriver ». Il s’agit non seulement des situations extérieures, mais aussi de tout ce que cela impliquait comme fardeau intérieur. Nous trouverons des déclarations d’une portée analogue dans les chapitres 6:6 ; 13:3.
Mais la scène, dans le jardin situé au-delà du Cédron, nous offre aussi une démonstration du fait que Jésus peut tout. Les hommes cherchent Jésus de Nazareth. Ils sont jetés à terre, lorsqu’il leur répond : « C’est moi », rappelant la manière dont l’Éternel se nommait dans l’Ancien Testament. Ne pouvant faire autrement, ils lui rendent hommage, bien qu’à contrecœur. Ainsi les preuves de sa divinité sont là, alors même qu’il se livre entre les mains des hommes ; en effet il est ici l’homme soumis à la volonté du Père. La parole du Seigneur nous montre que son désir était de protéger ses disciples (voir v. 8). L’action de Pierre, pleine de zèle, mais déplacée, ne fait que manifester la complète unité de pensée entre Jésus et le Père. Il accepte tout comme venant de ses mains, même si les plus hautes autorités religieuses des juifs sont ses principaux adversaires. L’esclave du souverain sacrificateur, Malchus, joue un rôle important dans son arrestation. Jésus est d’abord conduit devant le tribunal d’Anne et de Caïphe. C’est à Caïphe de décider et il est déjà résolu à faire mourir le Seigneur.
Les versets 15 à 18 sont une parenthèse, comme les versets 25 à 27. Ils nous racontent la triste histoire de la chute de Pierre. Ce que le Seigneur avait dit à l’avance est ainsi accompli (voir ch. 13:38). Il est remarquable que ce soit un des rares épisodes rapportés par les quatre évangélistes. Dieu ne prend pas plaisir à rappeler les péchés de ses enfants. Nous pouvons être sûrs qu’il y a là un avertissement et un enseignement nécessaires aux croyants de toutes les époques. En effet, la confiance en soi est une des tendances de la chair les plus courantes et le plus profondément enracinées. Si elle n’est pas jugée et repoussée, elle mène invariablement au désastre. La vraie circoncision spirituelle implique de n’avoir aucune « confiance en la chair » (voir Philippiens 3:3). C’est une leçon que nous n’apprenons qu’à travers de nombreuses expériences douloureuses.
« L’autre disciple », qui est connu du souverain sacrificateur, est très certainement Jean lui-même. Ses liens avec le souverain sacrificateur lui donnent une position et un privilège un peu mondains. Il s’en sert pour introduire Pierre dans cet endroit dangereux. La question posée au verset 17 laisse supposer que la servante, qui est portière, sait que Jean est un disciple de Jésus. Il n’a pas été tenté de le nier, comme Pierre. Ce qui fait trébucher un disciple peut ne pas avoir d’effet sur un autre. En outre, Satan sait parfaitement comment tendre ses pièges. Le fait que la troisième personne qui interroge Pierre soit un parent de Malchus qu’il a blessé dans le jardin, est un coup de maître du diable. Cela entraîne le troisième reniement de Pierre, le pire de tous ; son péché est consommé et sa défaite est totale.
Les versets 19 à 24 donnent des détails sur le déroulement des événements dans le palais du souverain sacrificateur. Ils forment un lien entre les versets 14 et 28. En interrogeant Jésus sur ses disciples et sa doctrine, les juifs essayent de trouver une raison pour l’inculper. Ils avaient déjà décidé de le condamner à mort, mais ils avaient besoin d’un motif. Les autres évangiles nous disent qu’ils ont cherché des témoins contre lui, mais n’en ont pas trouvé. Cela explique une irritation telle qu’ils frappent notre Seigneur, quand il les renvoie à ceux qui l’ont entendu. Matthieu nous dit qu’ils vont jusqu’à chercher de « faux » témoins contre lui.
Il convient de remarquer le contraste entre Jésus, au verset 23, et Paul dans Actes 23:5. Un abîme sépare le maître et le plus dévoué de ses serviteurs. La réponse de Jésus était convaincante. Personne n’aurait pu rendre témoignage du mal ; personne ne pouvait le convaincre de péché.
Le récit de Jean, concernant le procès devant le souverain sacrificateur, est très bref. Par contraste, il nous donne d’une manière plus complète que les autres ce qui s’est passé chez Pilate, le gouverneur romain. Paul parle du « Christ Jésus qui a fait la belle confession devant Ponce Pilate » (1 Timothée 6:13). Les détails de cette belle confession nous sont particulièrement révélés ici.
Toutefois, nous avons d’abord un aperçu de la terrible hypocrisie des chefs des juifs. Entrer dans le prétoire les souillerait, pensent-ils ! Cependant, eux-mêmes n’avaient aucun scrupule à commettre un meurtre et à chercher des menteurs pour donner une apparence de décence à leur action. Hélas ! La chair religieuse est capable d’aller très loin. À juste titre, Pilate désire une accusation précise. Comme les chefs n’en ont aucune à proposer, ils essaient au début de le forcer à précipiter son jugement, avec le vague motif que Jésus est un malfaiteur. Dénoncer pour des raisons vagues, en évitant des charges précises, est un procédé habituel chez les persécuteurs religieux. Cette irrégularité fait que le gouverneur souhaite renvoyer le cas aux chefs des juifs. Leur réponse montre qu’ils ont décidé de faire mourir Jésus. Cela accomplit, cependant, ce que le Seigneur avait lui-même annoncé concernant sa mort (voir 3:14 ; 8:28 ; 12:32). Ils finissent toutefois par choisir de l’accuser d’avoir cherché à se faire roi. La question du Seigneur rapportée au verset 34 le laisse supposer, et cela nous est révélé au chapitre suivant (voir 19:12).
La « belle confession » devant Pilate comprend au moins quatre points importants. Premièrement, le Seigneur confesse hardiment qu’il est roi. Le contexte montre qu’en disant cela, il se réfère non seulement au fait qu’il est le vrai Fils de David selon la chair, mais aussi qu’il occupe cette place en tant que Fils de Dieu (voir Psaume 2).
Deuxièmement, Jésus affirme que son royaume n’est pas « de ce monde », ni « d’ici ». Ce royaume ne porte pas le caractère ou l’empreinte de ce monde et il n’y puise pas son autorité et sa puissance ; il les puise, naturellement, dans le ciel et il porte un caractère céleste. Au lieu de s’exprimer positivement, Jésus aborde le sujet sous cet angle négatif qui condamne et rejette implicitement ce monde et ce lieu. C’est une déclaration courageuse, en présence de celui qui représente la plus grande puissance de la terre.
Troisièmement, Jésus affirme qu’il est né pour être roi, puisqu’il est venu dans le monde comme témoin de la vérité. David a dit que celui qui apporte la lumière de la vérité est le seul capable de détenir le pouvoir royal (voir 2 Samuel 23:3). Au début de cet évangile, nous avons vu que « la grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ ». À ce moment crucial, la grâce a été rejetée et la vérité est discutée. Dehors se trouvent les hommes qui incarnent le mensonge et l’hypocrisie. Pilate détient le pouvoir judiciaire ; il a donc la responsabilité de discerner la vérité et de juger en conséquence. Sa question : « Qu’est-ce que la vérité ? » semble cependant posée avec scepticisme et légèreté. Cela montre que le jugement est séparé de la justice, dans son esprit. Comme juge romain, il ne connaît que trop les hommes et leurs tromperies et il pense que rechercher la vérité revient à poursuivre un mirage. Mais cela n’excuse pas sa folie qui est mise en évidence lorsqu’il tourne le dos à Christ et sort vers les Juifs menteurs, immédiatement après avoir posé sa question.
Quatrièmement, Jésus affirme qu’il n’est pas seulement le témoin de la vérité mais la véritable incarnation de la vérité elle-même. Dans son discours d’adieu, il a dit à ses disciples : « Moi, je suis... la vérité ». Maintenant, face à ses adversaires, la même chose est sous-entendue dans ces paroles remarquables : « Quiconque est de la vérité, écoute ma voix ». Jésus est la vérité, d’une manière si absolue que tout homme doit s’éprouver par rapport à lui. Ceux qui ont été engendrés par la parole de la vérité (Jacques 1:18) sont « de la vérité » et ils écoutent sa voix. Il est remarquable de voir combien fréquemment dans cet évangile notre attention est attirée sur le fait d’écouter la voix ou la parole du Seigneur (voir par exemple : 3:34 ; 4:42 ; 5:24, 25, 28 ; 6:68 ; 7:17 ; 8:43 ; 10:4, 16, 27 ; 12:48-50). Pour nous, écouter est fondamental ! Nous devons être « sur la bonne longueur d’onde » pour écouter. Seul le fait d’être engendrés de Dieu, par la parole de la vérité, peut nous mettre sur la bonne longueur d’onde.
Les paroles et les actes de Pilate montrent clairement qu’il ne désire pas écouter la voix de Jésus. Il quitte la présence de la vérité pour renouer le contact avec le monde de mensonge. Il a toutefois suffisamment de sens critique pour s’apercevoir combien le procès contre le Seigneur est faux, et pour déclarer qu’il n’y a en lui aucun crime. Mais il échoue dans sa tentative pour détourner les accusateurs de leur but en suivant la coutume de relâcher un prisonnier à la Pâque. Sa proposition est rejetée pour mettre clairement en évidence l’hostilité implacable des Juifs.
Quelques mots suffisent à exprimer leur rejet total du Seigneur : « Pas celui-ci, mais Barabbas ! ». Ils sont unanimes ; tous poussent le même cri. Le commentaire de l’évangéliste, à ce sujet, est tout aussi net et concis : « Or Barabbas était un brigand ». Sans exagérer, nous pouvons dire que ce cri est celui qui est le plus lourd de conséquences dans toute l’histoire. Il dirige le cours du monde, depuis bientôt deux mille ans, et il scellera finalement son destin. Nous pourrions dire, en particulier, qu’il a dirigé le triste déroulement de l’histoire des Juifs. Que n’ont-ils pas subi de la part de ceux qui les ont pillés, au cours des siècles ! Mais s’ils contestent, et si même ils souhaitent se plaindre contre Dieu, il suffit de les renvoyer à ce que leurs chefs ont exigé unanimement. Celui qui est l’incarnation de la grâce et de la vérité, ils le rejettent. Barabbas le brigand, ils le réclament ! C’était aussi, par ailleurs, un révolutionnaire et un meurtrier, comme d’autres évangiles le montrent. La part des Juifs a toujours été vol, révolution et meurtre, en surabondance.
Selon le saint gouvernement de Dieu, ils n’ont récolté, en effet, que ce qu’ils ont semé. Ceci est vrai pour les nations en général, quoique peut-être à une plus petite échelle. À plusieurs reprises, au cours des siècles, se sont levés des hommes doués d’une forte personnalité, dans lesquels la pensée de Barabbas a ressurgi. Actuellement la terre gémit sous ce même problème. Quand nous considérons les souffrances de tant de peuples, nous avons à nous rappeler cette phrase : « Or Barabbas était un brigand ».
Re: Réflexions sur l’évangile selon Jean
19 Chapitre 19
Dans le premier verset de ce chapitre il faut remarquer les mots : « alors donc ». Pilate avait déjà rendu le verdict qu’il n’y avait en Jésus « aucun crime ». Mais parce que les Juifs ont réclamé Barabbas et ont rejeté Jésus, il le prend et le fait fouetter. Toute tentative de manifestation de la justice humaine normale est balayée. Toute convenance civique est bafouée. S’alignant sur l’action du juge, les soldats font de même avec leur brutalité habituelle. Cependant la main de Dieu pèse si lourdement, sur Pilate même, qu’il est obligé de déclarer une deuxième et une troisième fois qu’il n’y a dans le Seigneur « aucun crime ». C’est une proclamation bien plus complète que s’il le déclarait simplement innocent des charges précises portées contre lui. Le gouverneur romain essaye de rejeter la responsabilité de la condamnation à mort sur les juifs. Ces derniers la refusent pourtant, tout en déclarant que, selon leur loi, il mérite la mort puisqu’il s’est fait Fils de Dieu.
Les juifs répondent que Jésus doit mourir, car il s’est dit Fils de Dieu. Ils exigent cependant que Pilate le condamne parce qu’il s’est dit Roi d’Israël. Au début de l’évangile nous avons entendu Nathanaël lui rendre ce double hommage ; nous pouvons le lui rendre encore, grâce à Dieu, aujourd’hui. Mais il est condamné sur ces deux chefs d’accusation.
La remarque de l’évangéliste, au verset 8, projette des flots de lumière sur la situation du gouverneur. L’histoire profane nous apprend qu’il a considérablement éveillé l’hostilité des Juifs lors de ses débuts comme gouverneur. Il craint donc de les irriter davantage. Toutefois il est convaincu de l’innocence du prisonnier, dont le comportement paisible le met encore plus mal à l’aise. L’accusation de s’être fait « Fils de Dieu » éveille des craintes, probablement superstitieuses, mais néanmoins fortes ; elle suscite la question : « D’où es-tu ? ».
Si cette question était le fruit d’un réel exercice spirituel, le Seigneur aurait certainement répondu, comme il l’avait fait aux deux disciples qui avaient demandé : « Où demeures-tu ? » (voir ch. 1). Comme la question était inspirée par la superstition et la crainte, le Seigneur ne donne pas de réponse. C’est ce qui conduit Pilate à affirmer, d’un ton menaçant, qu’il détient de César le pouvoir de vie et de mort. La réponse du Seigneur augmente ses craintes, car le prisonnier prend calmement la position de juge. Jésus lui montre, de façon péremptoire, que l’autorité passagère qu’il possède, comme gouverneur, vient de quelqu’un qui est au-dessus de César. Il se prononce aussi sur le degré de culpabilité de Pilate et sur celui des Juifs. Ces derniers manifestent leur hostilité extrême et le gouverneur n’est que leur instrument. Toutefois, bien qu’il soit moins coupable qu’eux, sa culpabilité ne fait aucun doute. C’est une situation accablante pour le gouverneur romain qui se trouve, sans le savoir, en présence de la Parole incarnée. Quelle est alors la réponse à la question de Pilate, restée sans réplique ? Certainement que Jésus est lui-même « d’en haut », venu de la source même de l’autorité du gouverneur romain.
Cet épisode accroît fortement le désir de Pilate de relâcher Jésus, mais les juifs, avec habileté, savent comment exercer une pression décisive. À cause de la tension qui existait auparavant entre lui et les juifs, il est obligé de considérer leur cri comme une menace directe de l’accuser devant César, s’il relâche Jésus (voir v. 12). Les chefs des Juifs eux-mêmes « ont aimé la gloire des hommes plutôt que la gloire de Dieu » (12:43). Le gouverneur attache plus d’importance à l’approbation de César qu’à un jugement selon la vérité et la justice.
Cependant, Pilate lance un dernier appel. Au verset 31 du chapitre précédent, nous l’avons vu faire une suggestion destinée à toucher l’orgueil national des juifs. Au verset 39, il a posé de nouveau une question qui fait appel à leur coutume. Dans notre chapitre, il s’adresse à leurs sentiments (v. 13 et 14). Mais tout ce qu’il essaye de faire, avec le désir de renoncer à la responsabilité de prononcer un jugement contre le Seigneur, est infructueux. Tout est dirigé pour que la culpabilité des juifs, et plus spécialement celle des souverains sacrificateurs, soit proclamée clairement de leurs propres lèvres. Ils mettent un comble à leur cri : « Pas celui-ci, mais Barabbas ! », en disant : « Nous n’avons pas d’autre roi que César ».
La prophétie d’Osée disait : « Les fils d’Israël resteront beaucoup de jours sans roi, et sans prince... » (3:4). Les deux tribus avaient eu les rois de la lignée désignée par Dieu ; les dix tribus, des princes de leur propre choix. Osée a déclaré qu’ils n’auraient bientôt ni l’un ni l’autre. Mais comme si cela ne suffisait pas à ces hommes méchants, ils acceptent maintenant délibérément le pouvoir absolu des nations. Ils ont fait appel à César et c’est sous le joug de fer d’une lignée de despotes que Dieu a trouvé bon de les laisser. Depuis vingt siècles, les deux noms de Barabbas et de César pourraient servir à résumer leur histoire de souffrance. Barabbas a été le premier à incarner l’esprit révolté et sans loi de l’homme ; l’ordre imposé par une puissante dictature a été vu en César. Depuis vingt siècles, les Juifs souffrent ; tantôt à cause de la cruauté organisée des autorités et tantôt à cause de la populace désorganisée. Ils ont été écrasés, pour ainsi dire, entre les deux pierres d’une meule. Ils auront encore à souffrir sous les dernières formes de César et de Barabbas, qui s’avéreront pires que les premières.
Quand Pilate a amené Jésus dehors pour lancer son dernier appel, il a siégé au tribunal, dans le lieu appelé le Pavé ; cela indiquait qu’il allait prononcer un jugement sur cette affaire. Jean s’arrête ici pour nous donner une indication d’heure (voir v. 14). Il semble y avoir une contradiction avec celle qui est donnée très clairement en Marc 15:25 ; ceci a entraîné de nombreuses discussions et controverses. Nous ne pouvons que poser la question suivante : Si Jésus a été crucifié à la troisième heure, comment peut-il être écrit que Pilate a prononcé son jugement vers la sixième heure ? La réponse semble être la suivante : notre évangéliste, s’occupant de ce qui s’est passé devant le juge romain, utilise l’heure romaine, proche de la nôtre ; Marc compte selon la coutume juive. S’il en est ainsi, tout est clair. Il était environ 6 heures du matin lorsque l’interrogatoire de Pilate s’est terminé et environ 9 heures du matin quand Jésus a été crucifié. La « préparation de la Pâque » durait 24 heures ; elle commençait à 6 heures le soir précédent. Dans ces 24 heures se trouvent accumulés les événements les plus extraordinaires de tous les temps, et même de l’éternité.
Dans notre évangile, rien n’est dit des moqueries ajoutées par les soldats romains quand Jésus leur a été livré. Ce n’étaient que des gestes grossiers de païens, qui n’allaient pas très loin. Au verset 16, il est dit que Pilate le « leur » a livré. Jésus a donc été livré aux principaux sacrificateurs et aux huissiers, dont il a été parlé au verset 6. Ils étaient ses persécuteurs et ses accusateurs. Ils étaient remplis de haine. Ce sont eux qui le haïssent, lui et son Père. Pilate le leur a livré pour qu’ils puissent commettre leur plus grand péché en le remettant aux bourreaux des nations.
Comme le montrent les autres évangiles, le Seigneur avait employé des expressions telles que « prendre sa croix » et « porter sa croix ». C’est une image de la condamnation à mort que chaque disciple doit être prêt à recevoir du monde. On voit ici toute la force de cette image : « Il sortit, portant sa croix, et s’en alla au lieu appelé lieu du crâne ». Ce lieu tirait son nom de la forme particulière du rocher, mais il est plein de signification par ailleurs ! Un crâne parle de la fin humiliante de toute la puissance et de la gloire de l’homme. Il se peut que ce crâne ait un jour contenu le plus brillant et le plus puissant des cerveaux qui ait jamais existé chez un homme vivant ; et voilà ce qu’il en reste ! Le Fils de Dieu accepte la condamnation à mort, comme de la part de l’homme. Il se rend pour la subir en un lieu qui symbolise la fin de toute la gloire humaine.
De plus, Jésus accepte, de la main des hommes, la mort sous sa forme la plus honteuse. La crucifixion était une mort spécialement caractérisée par le rejet et la honte. En tant qu’invention romaine, elle exprimait le mépris hautain avec lequel ils mettaient à mort les barbares qu’ils avaient conquis. Ils les clouaient à une croix, comme des gens méprisables. Jésus est livré à une telle mort par les chefs des Juifs. Jean ne nous donne qu’un récit très bref et très simple de cet événement extraordinaire. Le Seigneur de gloire est crucifié. Nul besoin de commentaire.
Mais quand c’est accompli, Pilate intervient ; il fait un écriteau et le met sur la croix. Il semble qu’aucun des évangélistes ne cite tous les mots de l’écriteau : c’est Jean qui s’en rapproche le plus. Le texte intégral est peut-être celui-ci : « Voici Jésus de Nazareth, le Roi des juifs ». Pour les Juifs, cet acte du gouverneur est certainement provocateur et voulu. Ils lui avaient forcé la main pour condamner Jésus ; il prend sa revanche en déclarant publiquement que ce Jésus de Nazareth, que les Juifs haïssent, est leur roi. C’est la dernière chose qu’ils veulent admettre, ils protestent donc. Mais cette fois Pilate est inflexible. Il refuse de changer quoi que ce soit ; sa réponse sèche : « Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit », est devenue presque proverbiale.
Dans tout cela nous pouvons voir la main de Dieu. La Parole est devenue chair et a habité au milieu de nous. Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. Il était connu parmi les hommes comme Jésus de Nazareth, un titre de mépris. Quand il était entré à Jérusalem la semaine précédente, il y avait eu quelques témoignages à sa gloire ; s’il n’en avait pas été ainsi, comme nous le dit Luc, les pierres auraient aussitôt crié. Mais ici, il n’y a aucun témoignage rendu par l’homme. Une planche, gravée par la main de Pilate (ou sous ses ordres) proclame donc que Jésus de Nazareth, le méprisé, est, en effet, roi des Juifs. Il est remarquable de voir comment notre Seigneur lui-même a adopté ce titre de honte et l’a tressé comme une guirlande pour son front, une fois ressuscité et glorifié. Fait stupéfiant : Jésus de Nazareth est au ciel (voir Actes 22:8).
L’écriteau est rédigé dans les trois principales langues de l’époque. Il y a l’hébreu, la langue de la loi de Moïse, la langue de la religion ; le grec, la langue de la culture des nations ; le latin, la langue de l’impérialisme des nations. Ainsi, le monde entier est impliqué dans la mort du Seigneur Jésus.
Au verset 23, les soldats romains apparaissent vraiment comme les instruments de la mort du Seigneur. Ils accomplissent aussi les prophéties qui se trouvaient dans les Écritures depuis environ mille ans et qu’ils ignoraient. Au Psaume 22, David avait parlé du partage de ses vêtements entre les soldats, et du sort jeté sur sa robe. Les quatre soldats ont accompli cette prophétie et Jean rapporte les circonstances qui ont conduit à une réalisation aussi précise. La tunique du Seigneur était sans couture, tissée entièrement depuis le haut. Des détails qui pourraient nous paraître insignifiants conduisent à l’accomplissement de la parole de Dieu.
Cependant, on ne peut s’empêcher de penser que ce détail est mentionné parce qu’il a une valeur symbolique. Tout ce qui concerne notre Seigneur, à la fois quant à sa personne et à son œuvre, était d’une seule pièce, tissé sans aucune couture. Il en est autrement pour l’homme, dans son état de perdition. Le symbole qui convient pour l’homme et son travail, est la ceinture de feuilles de figuier à laquelle Adam et sa femme ont eu recours, après leur péché. Ils ont cousu ensemble des feuilles de figuier. L’ensemble était un raccommodage minutieux. Quel contraste avec la tunique sans couture !
Jésus est apparu devant les hommes, revêtu de cette tunique, symbole de sa perfection ; elle ne devait pas être déchirée. Jean est le seul à parler de cette tunique ; il nous dit qu’elle était « tissée tout d’une pièce depuis le haut ». Par contre, à la différence des autres évangiles, il ne mentionne pas le fait que le voile du temple ait été déchiré « depuis le haut jusqu’en bas ». Tout ce qui concerne le Seigneur témoigne du fait qu’il est venu du ciel et qu’il est au-dessus de tout. Et c’est aussi à partir d’en haut que l’ancien ordre de choses a été mis de côté au moment de sa mort.
Il est particulièrement frappant de trouver les versets 25 à 27 dans cet évangile, écrit pour montrer la gloire divine de Jésus afin que nous puissions croire qu’il est le Christ, le Fils de Dieu. Puisqu’il est présenté de cette manière, nous aurions pu supposer qu’il ne fallait pas tenir compte d’éléments aussi insignifiants que les relations humaines. Mais c’est tout le contraire ! À travers tout l’évangile, nous avons remarqué combien la réalité de son humanité est soulignée. Toutes les perfections humaines ont été manifestées entièrement en lui, et même au moment de sa souffrance la plus profonde, nous le voyons montrer parfaitement l’affection que l’on témoigne à des proches. L’heure avait sonné pour l’accomplissement des paroles du vieillard Siméon adressées à Marie : « Une épée transpercera ta propre âme ». Selon le prophète Zacharie, l’épée de l’Éternel est sur le point de se réveiller contre le vrai Berger d’Israël (13:7). Une autre épée doit aussi transpercer l’âme de sa mère, et le Berger y a pensé.
Jésus ne dit que sept mots, quatre à Marie et trois à Jean. Leur signification est cependant claire et ils font vibrer une corde d’amour qui entraîne une réponse immédiate. Jésus confie sa mère au disciple qu’il aimait ; ce dernier, connaissant son amour, l’aimait en retour. On peut faire confiance à l’amour, surtout lorsque ce n’est pas simplement de l’affection humaine, mais qu’il a sa source en Dieu et qu’il découle de l’appréciation de l’amour de Jésus.
Au verset 28, nous voyons une nouvelle preuve du fait que le Seigneur Jésus connaît tout ; ces révélations caractérisent cet évangile. Quelques versets auparavant, nous avons vu les soldats accomplir les Écritures, bien qu’en étant totalement inconscients. Maintenant, nous voyons Jésus lui-même, en cette heure sombre, promener ses regards sur l’ensemble des prophéties. Il est parfaitement conscient que, parmi toutes celles qui parlent de sa mort, une seule reste à accomplir. Au Psaume 69, David avait écrit : « Dans ma soif, ils m’ont abreuvé de vinaigre ». C’était un détail, mais chaque parole de Dieu doit être accomplie en son temps. En cette heure de souffrance, Jésus est capable de s’élever au-dessus de ses circonstances, non seulement pour discerner ce qui n’a pas été réalisé, mais aussi pour dire ce qui est nécessaire à sa réalisation immédiate. Personne n’aurait pu faire l’un, ni l’autre.
Il est remarquable que les soldats aient donné à Jésus du vinaigre mêlé de fiel et de myrrhe, juste avant qu’il soit crucifié. Cependant, il ne l’acceptera pas, selon ce qui est rapporté en Matthieu et Marc. C’est sans doute parce qu’il ne voulait rien prendre pour atténuer ses souffrances physiques et qu’il n’éprouvait aucune soif à ce moment-là. Les prophéties divines doivent être accomplies avec exactitude et précision.
Jean ne fait aucune mention des trois heures de ténèbres, ni de l’abandon ni du grand cri qu’il entraîne, ce qui était annoncé d’avance au premier verset du Psaume 22. Ces faits ne montrent pas particulièrement la divinité de Jésus, point important sur lequel Jean insiste, conduit par l’Esprit de Dieu. Ce qui la manifeste, c’est le cri triomphant avec lequel sa vie terrestre s’achève. Le Psaume 22 se termine par les mots : « Il a fait », dont l’équivalent, dans le Nouveau Testament, est : « C’est accompli ». Il est venu dans le monde dans la pleine connaissance de tout ce que le Père lui avait confié. Il le quitte maintenant, en sachant parfaitement que tout était accompli ; rien ne manquait. Le prophète avait annoncé que l’Éternel « livrerait son âme en sacrifice pour le péché » et c’était accompli. Comme conséquence la foi peut, aujourd’hui, adopter et faire sien le langage d’Ésaïe 53:5, tout comme le résidu repentant d’Israël le fera, un jour futur.
Là aussi notre Seigneur est unique. Certains serviteurs de Dieu ont pu, comme Paul, parler avec confiance de leur course achevée. Aucun n’aurait osé affirmer avoir mis la touche finale à l’œuvre qu’il avait à faire ; ils l’avaient transmise à leurs successeurs. Par contre, l’œuvre du Seigneur est entièrement la sienne. Il l’a achevée parfaitement. Il peut évaluer sa propre œuvre et annoncer qu’elle est terminée. Tous les autres devront soumettre humblement leur travail à l’examen et au jugement de Dieu, un jour à venir.
Matthieu et Marc nous rapportent que Jésus a expiré après avoir crié d’une voix forte. Il semble que Luc et Jean nous donnent chacun une partie de cette dernière parole. Si cela est vrai, le Seigneur a dû dire : « C’est accompli. Père, entre tes mains je remets mon esprit ». La première partie met l’accent sur sa divinité, c’est donc Jean qui la cite ; la seconde met l’accent sur sa parfaite humanité, vécue dans la dépendance de Dieu, c’est donc Luc qui la rapporte. Fidèle aussi au caractère de son évangile, Jean décrit la mort même du Seigneur d’une manière particulière : « Il remit son esprit ». Le sage de l’Ancien Testament avait dit : « Il n’y a point d’homme qui ait pouvoir sur l’esprit pour emprisonner l’esprit, et il n’y a personne qui ait de la puissance sur le jour de la mort... » (Ecclésiaste 8:8) ; il y a cependant, ici, quelqu’un qui possède cette puissance. Il est capable à un moment d’élever la voix avec une force intacte, et à l’instant suivant de remettre son esprit ; il accomplit ainsi ses propres paroles citées au chapitre 10. En effet, Jésus a parlé de laisser sa « vie » (ou son « âme »), lorsqu’il a dit : « Personne ne me l’ôte, mais moi, je la laisse de moi-même ; j’ai le pouvoir de la laisser et j’ai le pouvoir de la reprendre ». Mais ces deux déclarations s’accordent parfaitement, car nous savons tous que, quand l’esprit humain quitte le corps, la vie terrestre de l’homme s’arrête. Quand Dieu rappelle son esprit, il doit partir. Nous sommes en présence de celui qui a toute autorité sur son esprit ; il le remet au Père et laisse donc sa vie.
Nous trouvons au chapitre suivant que Jésus, après avoir laissé sa vie, l’a reprise par la résurrection. Le reste de notre chapitre est rempli des activités diverses des hommes ; certains agissent en ennemis, d’autres en amis : mais tous travaillent ensemble à l’accomplissement final des conseils de Dieu, exactement comme il l’avait dit dans sa Parole.
Les Juifs sont sur le devant de la scène, eux qui sont ses adversaires les plus implacables. Ils étaient rigoureusement attachés au côté rituel de la religion et, comme le sabbat de la Pâque était important, il était particulièrement saint à leurs yeux. Ils ne pouvaient pas entrer dans le prétoire sans se souiller ! (ch. 18). Nous voyons maintenant que leur esprit légaliste répugne à l’idée que des cadavres d’hommes méchants soient exposés, ce jour-là, à la vue du ciel et des hommes. Ils avaient évidemment raison, car c’était un commandement donné en Deutéronome 21:23. C’était en effet le genre d’ordonnance qu’ils aimaient observer, tout en négligeant des sujets beaucoup plus importants. Ce sont donc eux qui ont demandé que la mort soit accélérée en brisant les jambes. Ils ont contribué ainsi indirectement à l’accomplissement d’une des nombreuses prophéties qui convergeaient vers ce grand jour où Jésus est mort.
Nous aurions pu penser que la vie du Seigneur se serait prolongée bien au-delà de celle des autres. En fait, c’est le contraire qui s’est produit, uniquement parce qu’il a laissé sa vie volontairement. S’il ne l’avait pas fait, l’acte humain de le crucifier n’aurait eu aucun effet contre lui. Il est significatif aussi de voir que Jean ne désigne pas les autres crucifiés comme étant des brigands ou des malfaiteurs ; ce sont simplement « deux autres » (v. 18). Il n’avait pas besoin de mentionner leur caractère particulièrement mauvais pour augmenter le contraste. La grandeur du Fils de Dieu est telle qu’il suffit de dire que ce sont deux autres hommes.
À la demande des Juifs, Pilate a donné aux soldats des ordres qui ont entraîné deux conséquences. Premièrement, aucun des os de notre Seigneur n’est brisé, alors qu’on brise les jambes des deux autres pour accélérer leur mort ; l’Écriture est donc ainsi accomplie. L’expression doit faire référence au Psaume 34:20, et aux instructions données pour l’agneau de la Pâque en Exode 12, et répétées en Nombres 9. Remarquons comment l’Esprit de Dieu identifie pleinement l’agneau avec le Seigneur Jésus : ce qui est dit de l’agneau peut s’appliquer au Seigneur. Paul dit également que « Notre pâque, Christ, a été sacrifiée » pour nous (1 Corinthiens 5:7).
Deuxièmement il y a le geste délibérément cruel et vengeur du soldat, avec sa lance. Voyant que Jésus est mort et qu’il n’a donc pas le droit de lui briser les os, il lui enfonce une lance dans le côté. Il agit sans comprendre la profonde signification de son geste. Une fois de plus, ce qui faisait partie du conseil divin s’est cependant réalisé et l’Écriture a été accomplie. Le prophète Zacharie avait déclaré qu’un jour l’esprit de grâce et de supplications serait répandu sur la maison de David et les habitants de Jérusalem, et : « ils regarderont vers moi, celui qu’ils auront percé » (12:10). Remarquons comment l’acte d’un fonctionnaire subalterne est considéré comme étant accompli par ceux dont la détermination et la volonté étaient à l’origine de tout ce qui était arrivé. Le soldat romain n’était que l’instrument de cette méchanceté ; dans l’avenir, le résidu repentant d’Israël reconnaîtra cet acte comme celui de sa nation. Même aujourd’hui, ne reconnaissons-nous pas ce coup de lance comme l’expression terrible de la haine de l’homme et du rejet plein de mépris du Fils de Dieu ?
Mais l’Évangéliste attire particulièrement notre attention sur le résultat de cet acte cruel. « Un des soldats lui perça le côté avec une lance ; et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau ». C’est à cela que Jean se réfère au verset 35, quand il affirme solennellement la vérité de son récit pour produire la foi chez le lecteur. Tout d’abord, le fait que le côté du Seigneur a été percé montre publiquement que la mort a réellement eu lieu. Ensuite, par ce moyen, son sang a vraiment été répandu. Pour réaliser l’importance de ce fait, nous pouvons simplement nous rappeler que « sans effusion de sang il n’y a pas de rémission » (Hébreux 9:22). Christ est donc mort et son sang a été répandu ; nous savons quels résultats miséricordieux et bénis en découlent enfin, pour chacun de nous, lorsque notre foi s’empare de ces vérités et se repose sur elles. Nous ne sommes donc pas surpris que Jean affirme avec force que son témoignage est véritable.
Du côté percé du Seigneur, est sortie, en fait, de l’eau aussi bien que du sang. Réfléchissons à ce que cela signifie, car Jean s’y arrête de nouveau au chapitre 5 de sa première épître. Nous y lisons en effet que Jésus Christ est venu « par l’eau et par le sang » ; l’accent est mis sur le fait que c’est « non seulement dans la puissance de l’eau, mais dans la puissance de l’eau et du sang ». Si le sang parle d’expiation vis-à-vis de la justice divine, l’eau parle de purification morale ; les deux sont absolument essentiels et nous ne les trouvons que dans la mort de Christ. Il y a toujours la tendance à séparer les deux. Lorsque Jean a écrit, certains insistaient sur l’eau et ignoraient ou sous-estimaient la valeur du sang. Cette tendance existe toujours. En effet beaucoup aiment considérer sa mort comme ayant sur nous un effet moral ; par contre ils repoussent l’idée que sa mort ait payé les gages du péché et accompli ainsi l’expiation. Évidemment on peut trouver à l’autre extrême ceux qui ne reconnaissent rien d’autre que le sang versé pour nos péchés. Ils négligent la nécessité de cette purification morale dont la mort de Christ est le fondement absolument essentiel.
Dans l’évangile, Jean nous rapporte ce qui s’est passé, alors que, dans son épître, l’eau et le sang sont considérés comme rendant témoignage, conjointement avec l’Esprit. Ils rendent témoignage « que Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils » (1 Jean 5:11). Le sang et l’eau sont sortis d’un Christ mort. L’Esprit a été répandu par Christ ressuscité et glorifié. Ensemble, ils rendent témoignage que nous avons la vie éternelle dans le Fils de Dieu, alors qu’il n’y a pas de vie en nous.
Joseph d’Arimathée apparaît maintenant, au moment précis où il peut servir le propos de Dieu. Il est mentionné dans chaque évangile ; chacun nous fournit quelque détail particulier à son sujet. Matthieu nous dit qu’il était riche et disciple. Marc l’appelle un conseiller honorable qui attendait le royaume de Dieu. Luc dit qu’il était homme de bien et juste ; il ne s’était pas joint au conseil et à l’action de la grande majorité du sanhédrin pour faire mourir Jésus. Jean admet qu’il était disciple, mais en secret, par crainte des Juifs. Apparemment il avait été dans une situation comparable à celle des pharisiens mentionnés aux versets 42 et 43 du chapitre 12. Cependant, il est remarquable que, à cette heure si sombre où tout semble désespérément perdu, comme le prouve l’attitude des disciples sur le chemin d’Emmaüs (Luc 24), Joseph ait trouvé le courage d’aller demander à Pilate le corps de Jésus. Marc nous dit qu’il est entré courageusement auprès de Pilate et Dieu a dirigé la décision du gouverneur. Ésaïe avait dit qu’il serait « avec le riche dans sa mort », bien qu’on lui ait donné son sépulcre avec les méchants. Les Juifs auraient préféré qu’il soit jeté sous un tas de pierres, avec les corps des malfaiteurs. Mais Dieu a accompli sa parole, d’abord par la hardiesse soudaine de Joseph, et ensuite par le désir de Pilate de contrarier les plans des Juifs, car il était irrité contre eux. Dieu dirige partout, et toutes choses servent sa puissance.
C’est le moment où Nicodème réapparaît. Il est mentionné trois fois dans cet évangile alors qu’il ne l’est nulle part ailleurs. Nous le voyons d’abord comme quelqu’un qui cherche, mais qui a besoin d’être abaissé de sa position élevée de pharisien, docteur et chef en Israël. Il faut qu’il soit né de nouveau. À la fin du chapitre 7, il soulève calmement une objection au méchant conseil et aux actions du sanhédrin. Il défend ce qui est juste et il est remis à sa place à cause de sa protestation. Nous le voyons faire ici un pas de plus. Il s’est associé à Jésus dans sa mort plus clairement qu’il ne l’a jamais fait pendant sa vie. Lui aussi a dû être riche, à en juger par la quantité d’aromates qu’il a apportée. La croix a paralysé les hommes qui s’étaient hardiment associés au Seigneur durant sa vie et son ministère ; elle a donné par contre à ces hommes timides et prudents le courage d’agir avec hardiesse alors que jusque-là ils étaient restés inconnus, dans l’ombre. En vérité, le Tout-puissant a des serviteurs partout !
Remarquons la fin de ce chapitre. Près du lieu de la crucifixion il y avait un jardin et un sépulcre taillé dans le roc. Seul Matthieu nous dit que c’était le tombeau de Joseph ; il dit aussi qu’il était neuf. Luc et Jean insistent davantage sur ce point, en disant que personne n’y avait jamais été déposé. Le psalmiste avait annoncé que l’Éternel ne permettrait pas que « son saint voie la corruption » (Psaume 16:10). Cela signifiait que le corps sacré et saint de Jésus n’a pas connu la corruption, bien qu’il soit passé par la mort. Mais cela voulait dire aussi que son corps ne devait avoir aucun contact, même extérieur, avec la corruption. Lorsque Dieu accomplit sa parole, il le fait minutieusement et entièrement.
Ainsi, la main du Tout-puissant a couvert de son ombre tous les hommes et tous les événements. Tout ce qui avait été déclaré auparavant par de saints hommes s’est réalisé. Le conseil de l’Éternel subsiste à toujours.
Dans le premier verset de ce chapitre il faut remarquer les mots : « alors donc ». Pilate avait déjà rendu le verdict qu’il n’y avait en Jésus « aucun crime ». Mais parce que les Juifs ont réclamé Barabbas et ont rejeté Jésus, il le prend et le fait fouetter. Toute tentative de manifestation de la justice humaine normale est balayée. Toute convenance civique est bafouée. S’alignant sur l’action du juge, les soldats font de même avec leur brutalité habituelle. Cependant la main de Dieu pèse si lourdement, sur Pilate même, qu’il est obligé de déclarer une deuxième et une troisième fois qu’il n’y a dans le Seigneur « aucun crime ». C’est une proclamation bien plus complète que s’il le déclarait simplement innocent des charges précises portées contre lui. Le gouverneur romain essaye de rejeter la responsabilité de la condamnation à mort sur les juifs. Ces derniers la refusent pourtant, tout en déclarant que, selon leur loi, il mérite la mort puisqu’il s’est fait Fils de Dieu.
Les juifs répondent que Jésus doit mourir, car il s’est dit Fils de Dieu. Ils exigent cependant que Pilate le condamne parce qu’il s’est dit Roi d’Israël. Au début de l’évangile nous avons entendu Nathanaël lui rendre ce double hommage ; nous pouvons le lui rendre encore, grâce à Dieu, aujourd’hui. Mais il est condamné sur ces deux chefs d’accusation.
La remarque de l’évangéliste, au verset 8, projette des flots de lumière sur la situation du gouverneur. L’histoire profane nous apprend qu’il a considérablement éveillé l’hostilité des Juifs lors de ses débuts comme gouverneur. Il craint donc de les irriter davantage. Toutefois il est convaincu de l’innocence du prisonnier, dont le comportement paisible le met encore plus mal à l’aise. L’accusation de s’être fait « Fils de Dieu » éveille des craintes, probablement superstitieuses, mais néanmoins fortes ; elle suscite la question : « D’où es-tu ? ».
Si cette question était le fruit d’un réel exercice spirituel, le Seigneur aurait certainement répondu, comme il l’avait fait aux deux disciples qui avaient demandé : « Où demeures-tu ? » (voir ch. 1). Comme la question était inspirée par la superstition et la crainte, le Seigneur ne donne pas de réponse. C’est ce qui conduit Pilate à affirmer, d’un ton menaçant, qu’il détient de César le pouvoir de vie et de mort. La réponse du Seigneur augmente ses craintes, car le prisonnier prend calmement la position de juge. Jésus lui montre, de façon péremptoire, que l’autorité passagère qu’il possède, comme gouverneur, vient de quelqu’un qui est au-dessus de César. Il se prononce aussi sur le degré de culpabilité de Pilate et sur celui des Juifs. Ces derniers manifestent leur hostilité extrême et le gouverneur n’est que leur instrument. Toutefois, bien qu’il soit moins coupable qu’eux, sa culpabilité ne fait aucun doute. C’est une situation accablante pour le gouverneur romain qui se trouve, sans le savoir, en présence de la Parole incarnée. Quelle est alors la réponse à la question de Pilate, restée sans réplique ? Certainement que Jésus est lui-même « d’en haut », venu de la source même de l’autorité du gouverneur romain.
Cet épisode accroît fortement le désir de Pilate de relâcher Jésus, mais les juifs, avec habileté, savent comment exercer une pression décisive. À cause de la tension qui existait auparavant entre lui et les juifs, il est obligé de considérer leur cri comme une menace directe de l’accuser devant César, s’il relâche Jésus (voir v. 12). Les chefs des Juifs eux-mêmes « ont aimé la gloire des hommes plutôt que la gloire de Dieu » (12:43). Le gouverneur attache plus d’importance à l’approbation de César qu’à un jugement selon la vérité et la justice.
Cependant, Pilate lance un dernier appel. Au verset 31 du chapitre précédent, nous l’avons vu faire une suggestion destinée à toucher l’orgueil national des juifs. Au verset 39, il a posé de nouveau une question qui fait appel à leur coutume. Dans notre chapitre, il s’adresse à leurs sentiments (v. 13 et 14). Mais tout ce qu’il essaye de faire, avec le désir de renoncer à la responsabilité de prononcer un jugement contre le Seigneur, est infructueux. Tout est dirigé pour que la culpabilité des juifs, et plus spécialement celle des souverains sacrificateurs, soit proclamée clairement de leurs propres lèvres. Ils mettent un comble à leur cri : « Pas celui-ci, mais Barabbas ! », en disant : « Nous n’avons pas d’autre roi que César ».
La prophétie d’Osée disait : « Les fils d’Israël resteront beaucoup de jours sans roi, et sans prince... » (3:4). Les deux tribus avaient eu les rois de la lignée désignée par Dieu ; les dix tribus, des princes de leur propre choix. Osée a déclaré qu’ils n’auraient bientôt ni l’un ni l’autre. Mais comme si cela ne suffisait pas à ces hommes méchants, ils acceptent maintenant délibérément le pouvoir absolu des nations. Ils ont fait appel à César et c’est sous le joug de fer d’une lignée de despotes que Dieu a trouvé bon de les laisser. Depuis vingt siècles, les deux noms de Barabbas et de César pourraient servir à résumer leur histoire de souffrance. Barabbas a été le premier à incarner l’esprit révolté et sans loi de l’homme ; l’ordre imposé par une puissante dictature a été vu en César. Depuis vingt siècles, les Juifs souffrent ; tantôt à cause de la cruauté organisée des autorités et tantôt à cause de la populace désorganisée. Ils ont été écrasés, pour ainsi dire, entre les deux pierres d’une meule. Ils auront encore à souffrir sous les dernières formes de César et de Barabbas, qui s’avéreront pires que les premières.
Quand Pilate a amené Jésus dehors pour lancer son dernier appel, il a siégé au tribunal, dans le lieu appelé le Pavé ; cela indiquait qu’il allait prononcer un jugement sur cette affaire. Jean s’arrête ici pour nous donner une indication d’heure (voir v. 14). Il semble y avoir une contradiction avec celle qui est donnée très clairement en Marc 15:25 ; ceci a entraîné de nombreuses discussions et controverses. Nous ne pouvons que poser la question suivante : Si Jésus a été crucifié à la troisième heure, comment peut-il être écrit que Pilate a prononcé son jugement vers la sixième heure ? La réponse semble être la suivante : notre évangéliste, s’occupant de ce qui s’est passé devant le juge romain, utilise l’heure romaine, proche de la nôtre ; Marc compte selon la coutume juive. S’il en est ainsi, tout est clair. Il était environ 6 heures du matin lorsque l’interrogatoire de Pilate s’est terminé et environ 9 heures du matin quand Jésus a été crucifié. La « préparation de la Pâque » durait 24 heures ; elle commençait à 6 heures le soir précédent. Dans ces 24 heures se trouvent accumulés les événements les plus extraordinaires de tous les temps, et même de l’éternité.
Dans notre évangile, rien n’est dit des moqueries ajoutées par les soldats romains quand Jésus leur a été livré. Ce n’étaient que des gestes grossiers de païens, qui n’allaient pas très loin. Au verset 16, il est dit que Pilate le « leur » a livré. Jésus a donc été livré aux principaux sacrificateurs et aux huissiers, dont il a été parlé au verset 6. Ils étaient ses persécuteurs et ses accusateurs. Ils étaient remplis de haine. Ce sont eux qui le haïssent, lui et son Père. Pilate le leur a livré pour qu’ils puissent commettre leur plus grand péché en le remettant aux bourreaux des nations.
Comme le montrent les autres évangiles, le Seigneur avait employé des expressions telles que « prendre sa croix » et « porter sa croix ». C’est une image de la condamnation à mort que chaque disciple doit être prêt à recevoir du monde. On voit ici toute la force de cette image : « Il sortit, portant sa croix, et s’en alla au lieu appelé lieu du crâne ». Ce lieu tirait son nom de la forme particulière du rocher, mais il est plein de signification par ailleurs ! Un crâne parle de la fin humiliante de toute la puissance et de la gloire de l’homme. Il se peut que ce crâne ait un jour contenu le plus brillant et le plus puissant des cerveaux qui ait jamais existé chez un homme vivant ; et voilà ce qu’il en reste ! Le Fils de Dieu accepte la condamnation à mort, comme de la part de l’homme. Il se rend pour la subir en un lieu qui symbolise la fin de toute la gloire humaine.
De plus, Jésus accepte, de la main des hommes, la mort sous sa forme la plus honteuse. La crucifixion était une mort spécialement caractérisée par le rejet et la honte. En tant qu’invention romaine, elle exprimait le mépris hautain avec lequel ils mettaient à mort les barbares qu’ils avaient conquis. Ils les clouaient à une croix, comme des gens méprisables. Jésus est livré à une telle mort par les chefs des Juifs. Jean ne nous donne qu’un récit très bref et très simple de cet événement extraordinaire. Le Seigneur de gloire est crucifié. Nul besoin de commentaire.
Mais quand c’est accompli, Pilate intervient ; il fait un écriteau et le met sur la croix. Il semble qu’aucun des évangélistes ne cite tous les mots de l’écriteau : c’est Jean qui s’en rapproche le plus. Le texte intégral est peut-être celui-ci : « Voici Jésus de Nazareth, le Roi des juifs ». Pour les Juifs, cet acte du gouverneur est certainement provocateur et voulu. Ils lui avaient forcé la main pour condamner Jésus ; il prend sa revanche en déclarant publiquement que ce Jésus de Nazareth, que les Juifs haïssent, est leur roi. C’est la dernière chose qu’ils veulent admettre, ils protestent donc. Mais cette fois Pilate est inflexible. Il refuse de changer quoi que ce soit ; sa réponse sèche : « Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit », est devenue presque proverbiale.
Dans tout cela nous pouvons voir la main de Dieu. La Parole est devenue chair et a habité au milieu de nous. Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. Il était connu parmi les hommes comme Jésus de Nazareth, un titre de mépris. Quand il était entré à Jérusalem la semaine précédente, il y avait eu quelques témoignages à sa gloire ; s’il n’en avait pas été ainsi, comme nous le dit Luc, les pierres auraient aussitôt crié. Mais ici, il n’y a aucun témoignage rendu par l’homme. Une planche, gravée par la main de Pilate (ou sous ses ordres) proclame donc que Jésus de Nazareth, le méprisé, est, en effet, roi des Juifs. Il est remarquable de voir comment notre Seigneur lui-même a adopté ce titre de honte et l’a tressé comme une guirlande pour son front, une fois ressuscité et glorifié. Fait stupéfiant : Jésus de Nazareth est au ciel (voir Actes 22:8).
L’écriteau est rédigé dans les trois principales langues de l’époque. Il y a l’hébreu, la langue de la loi de Moïse, la langue de la religion ; le grec, la langue de la culture des nations ; le latin, la langue de l’impérialisme des nations. Ainsi, le monde entier est impliqué dans la mort du Seigneur Jésus.
Au verset 23, les soldats romains apparaissent vraiment comme les instruments de la mort du Seigneur. Ils accomplissent aussi les prophéties qui se trouvaient dans les Écritures depuis environ mille ans et qu’ils ignoraient. Au Psaume 22, David avait parlé du partage de ses vêtements entre les soldats, et du sort jeté sur sa robe. Les quatre soldats ont accompli cette prophétie et Jean rapporte les circonstances qui ont conduit à une réalisation aussi précise. La tunique du Seigneur était sans couture, tissée entièrement depuis le haut. Des détails qui pourraient nous paraître insignifiants conduisent à l’accomplissement de la parole de Dieu.
Cependant, on ne peut s’empêcher de penser que ce détail est mentionné parce qu’il a une valeur symbolique. Tout ce qui concerne notre Seigneur, à la fois quant à sa personne et à son œuvre, était d’une seule pièce, tissé sans aucune couture. Il en est autrement pour l’homme, dans son état de perdition. Le symbole qui convient pour l’homme et son travail, est la ceinture de feuilles de figuier à laquelle Adam et sa femme ont eu recours, après leur péché. Ils ont cousu ensemble des feuilles de figuier. L’ensemble était un raccommodage minutieux. Quel contraste avec la tunique sans couture !
Jésus est apparu devant les hommes, revêtu de cette tunique, symbole de sa perfection ; elle ne devait pas être déchirée. Jean est le seul à parler de cette tunique ; il nous dit qu’elle était « tissée tout d’une pièce depuis le haut ». Par contre, à la différence des autres évangiles, il ne mentionne pas le fait que le voile du temple ait été déchiré « depuis le haut jusqu’en bas ». Tout ce qui concerne le Seigneur témoigne du fait qu’il est venu du ciel et qu’il est au-dessus de tout. Et c’est aussi à partir d’en haut que l’ancien ordre de choses a été mis de côté au moment de sa mort.
Il est particulièrement frappant de trouver les versets 25 à 27 dans cet évangile, écrit pour montrer la gloire divine de Jésus afin que nous puissions croire qu’il est le Christ, le Fils de Dieu. Puisqu’il est présenté de cette manière, nous aurions pu supposer qu’il ne fallait pas tenir compte d’éléments aussi insignifiants que les relations humaines. Mais c’est tout le contraire ! À travers tout l’évangile, nous avons remarqué combien la réalité de son humanité est soulignée. Toutes les perfections humaines ont été manifestées entièrement en lui, et même au moment de sa souffrance la plus profonde, nous le voyons montrer parfaitement l’affection que l’on témoigne à des proches. L’heure avait sonné pour l’accomplissement des paroles du vieillard Siméon adressées à Marie : « Une épée transpercera ta propre âme ». Selon le prophète Zacharie, l’épée de l’Éternel est sur le point de se réveiller contre le vrai Berger d’Israël (13:7). Une autre épée doit aussi transpercer l’âme de sa mère, et le Berger y a pensé.
Jésus ne dit que sept mots, quatre à Marie et trois à Jean. Leur signification est cependant claire et ils font vibrer une corde d’amour qui entraîne une réponse immédiate. Jésus confie sa mère au disciple qu’il aimait ; ce dernier, connaissant son amour, l’aimait en retour. On peut faire confiance à l’amour, surtout lorsque ce n’est pas simplement de l’affection humaine, mais qu’il a sa source en Dieu et qu’il découle de l’appréciation de l’amour de Jésus.
Au verset 28, nous voyons une nouvelle preuve du fait que le Seigneur Jésus connaît tout ; ces révélations caractérisent cet évangile. Quelques versets auparavant, nous avons vu les soldats accomplir les Écritures, bien qu’en étant totalement inconscients. Maintenant, nous voyons Jésus lui-même, en cette heure sombre, promener ses regards sur l’ensemble des prophéties. Il est parfaitement conscient que, parmi toutes celles qui parlent de sa mort, une seule reste à accomplir. Au Psaume 69, David avait écrit : « Dans ma soif, ils m’ont abreuvé de vinaigre ». C’était un détail, mais chaque parole de Dieu doit être accomplie en son temps. En cette heure de souffrance, Jésus est capable de s’élever au-dessus de ses circonstances, non seulement pour discerner ce qui n’a pas été réalisé, mais aussi pour dire ce qui est nécessaire à sa réalisation immédiate. Personne n’aurait pu faire l’un, ni l’autre.
Il est remarquable que les soldats aient donné à Jésus du vinaigre mêlé de fiel et de myrrhe, juste avant qu’il soit crucifié. Cependant, il ne l’acceptera pas, selon ce qui est rapporté en Matthieu et Marc. C’est sans doute parce qu’il ne voulait rien prendre pour atténuer ses souffrances physiques et qu’il n’éprouvait aucune soif à ce moment-là. Les prophéties divines doivent être accomplies avec exactitude et précision.
Jean ne fait aucune mention des trois heures de ténèbres, ni de l’abandon ni du grand cri qu’il entraîne, ce qui était annoncé d’avance au premier verset du Psaume 22. Ces faits ne montrent pas particulièrement la divinité de Jésus, point important sur lequel Jean insiste, conduit par l’Esprit de Dieu. Ce qui la manifeste, c’est le cri triomphant avec lequel sa vie terrestre s’achève. Le Psaume 22 se termine par les mots : « Il a fait », dont l’équivalent, dans le Nouveau Testament, est : « C’est accompli ». Il est venu dans le monde dans la pleine connaissance de tout ce que le Père lui avait confié. Il le quitte maintenant, en sachant parfaitement que tout était accompli ; rien ne manquait. Le prophète avait annoncé que l’Éternel « livrerait son âme en sacrifice pour le péché » et c’était accompli. Comme conséquence la foi peut, aujourd’hui, adopter et faire sien le langage d’Ésaïe 53:5, tout comme le résidu repentant d’Israël le fera, un jour futur.
Là aussi notre Seigneur est unique. Certains serviteurs de Dieu ont pu, comme Paul, parler avec confiance de leur course achevée. Aucun n’aurait osé affirmer avoir mis la touche finale à l’œuvre qu’il avait à faire ; ils l’avaient transmise à leurs successeurs. Par contre, l’œuvre du Seigneur est entièrement la sienne. Il l’a achevée parfaitement. Il peut évaluer sa propre œuvre et annoncer qu’elle est terminée. Tous les autres devront soumettre humblement leur travail à l’examen et au jugement de Dieu, un jour à venir.
Matthieu et Marc nous rapportent que Jésus a expiré après avoir crié d’une voix forte. Il semble que Luc et Jean nous donnent chacun une partie de cette dernière parole. Si cela est vrai, le Seigneur a dû dire : « C’est accompli. Père, entre tes mains je remets mon esprit ». La première partie met l’accent sur sa divinité, c’est donc Jean qui la cite ; la seconde met l’accent sur sa parfaite humanité, vécue dans la dépendance de Dieu, c’est donc Luc qui la rapporte. Fidèle aussi au caractère de son évangile, Jean décrit la mort même du Seigneur d’une manière particulière : « Il remit son esprit ». Le sage de l’Ancien Testament avait dit : « Il n’y a point d’homme qui ait pouvoir sur l’esprit pour emprisonner l’esprit, et il n’y a personne qui ait de la puissance sur le jour de la mort... » (Ecclésiaste 8:8) ; il y a cependant, ici, quelqu’un qui possède cette puissance. Il est capable à un moment d’élever la voix avec une force intacte, et à l’instant suivant de remettre son esprit ; il accomplit ainsi ses propres paroles citées au chapitre 10. En effet, Jésus a parlé de laisser sa « vie » (ou son « âme »), lorsqu’il a dit : « Personne ne me l’ôte, mais moi, je la laisse de moi-même ; j’ai le pouvoir de la laisser et j’ai le pouvoir de la reprendre ». Mais ces deux déclarations s’accordent parfaitement, car nous savons tous que, quand l’esprit humain quitte le corps, la vie terrestre de l’homme s’arrête. Quand Dieu rappelle son esprit, il doit partir. Nous sommes en présence de celui qui a toute autorité sur son esprit ; il le remet au Père et laisse donc sa vie.
Nous trouvons au chapitre suivant que Jésus, après avoir laissé sa vie, l’a reprise par la résurrection. Le reste de notre chapitre est rempli des activités diverses des hommes ; certains agissent en ennemis, d’autres en amis : mais tous travaillent ensemble à l’accomplissement final des conseils de Dieu, exactement comme il l’avait dit dans sa Parole.
Les Juifs sont sur le devant de la scène, eux qui sont ses adversaires les plus implacables. Ils étaient rigoureusement attachés au côté rituel de la religion et, comme le sabbat de la Pâque était important, il était particulièrement saint à leurs yeux. Ils ne pouvaient pas entrer dans le prétoire sans se souiller ! (ch. 18). Nous voyons maintenant que leur esprit légaliste répugne à l’idée que des cadavres d’hommes méchants soient exposés, ce jour-là, à la vue du ciel et des hommes. Ils avaient évidemment raison, car c’était un commandement donné en Deutéronome 21:23. C’était en effet le genre d’ordonnance qu’ils aimaient observer, tout en négligeant des sujets beaucoup plus importants. Ce sont donc eux qui ont demandé que la mort soit accélérée en brisant les jambes. Ils ont contribué ainsi indirectement à l’accomplissement d’une des nombreuses prophéties qui convergeaient vers ce grand jour où Jésus est mort.
Nous aurions pu penser que la vie du Seigneur se serait prolongée bien au-delà de celle des autres. En fait, c’est le contraire qui s’est produit, uniquement parce qu’il a laissé sa vie volontairement. S’il ne l’avait pas fait, l’acte humain de le crucifier n’aurait eu aucun effet contre lui. Il est significatif aussi de voir que Jean ne désigne pas les autres crucifiés comme étant des brigands ou des malfaiteurs ; ce sont simplement « deux autres » (v. 18). Il n’avait pas besoin de mentionner leur caractère particulièrement mauvais pour augmenter le contraste. La grandeur du Fils de Dieu est telle qu’il suffit de dire que ce sont deux autres hommes.
À la demande des Juifs, Pilate a donné aux soldats des ordres qui ont entraîné deux conséquences. Premièrement, aucun des os de notre Seigneur n’est brisé, alors qu’on brise les jambes des deux autres pour accélérer leur mort ; l’Écriture est donc ainsi accomplie. L’expression doit faire référence au Psaume 34:20, et aux instructions données pour l’agneau de la Pâque en Exode 12, et répétées en Nombres 9. Remarquons comment l’Esprit de Dieu identifie pleinement l’agneau avec le Seigneur Jésus : ce qui est dit de l’agneau peut s’appliquer au Seigneur. Paul dit également que « Notre pâque, Christ, a été sacrifiée » pour nous (1 Corinthiens 5:7).
Deuxièmement il y a le geste délibérément cruel et vengeur du soldat, avec sa lance. Voyant que Jésus est mort et qu’il n’a donc pas le droit de lui briser les os, il lui enfonce une lance dans le côté. Il agit sans comprendre la profonde signification de son geste. Une fois de plus, ce qui faisait partie du conseil divin s’est cependant réalisé et l’Écriture a été accomplie. Le prophète Zacharie avait déclaré qu’un jour l’esprit de grâce et de supplications serait répandu sur la maison de David et les habitants de Jérusalem, et : « ils regarderont vers moi, celui qu’ils auront percé » (12:10). Remarquons comment l’acte d’un fonctionnaire subalterne est considéré comme étant accompli par ceux dont la détermination et la volonté étaient à l’origine de tout ce qui était arrivé. Le soldat romain n’était que l’instrument de cette méchanceté ; dans l’avenir, le résidu repentant d’Israël reconnaîtra cet acte comme celui de sa nation. Même aujourd’hui, ne reconnaissons-nous pas ce coup de lance comme l’expression terrible de la haine de l’homme et du rejet plein de mépris du Fils de Dieu ?
Mais l’Évangéliste attire particulièrement notre attention sur le résultat de cet acte cruel. « Un des soldats lui perça le côté avec une lance ; et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau ». C’est à cela que Jean se réfère au verset 35, quand il affirme solennellement la vérité de son récit pour produire la foi chez le lecteur. Tout d’abord, le fait que le côté du Seigneur a été percé montre publiquement que la mort a réellement eu lieu. Ensuite, par ce moyen, son sang a vraiment été répandu. Pour réaliser l’importance de ce fait, nous pouvons simplement nous rappeler que « sans effusion de sang il n’y a pas de rémission » (Hébreux 9:22). Christ est donc mort et son sang a été répandu ; nous savons quels résultats miséricordieux et bénis en découlent enfin, pour chacun de nous, lorsque notre foi s’empare de ces vérités et se repose sur elles. Nous ne sommes donc pas surpris que Jean affirme avec force que son témoignage est véritable.
Du côté percé du Seigneur, est sortie, en fait, de l’eau aussi bien que du sang. Réfléchissons à ce que cela signifie, car Jean s’y arrête de nouveau au chapitre 5 de sa première épître. Nous y lisons en effet que Jésus Christ est venu « par l’eau et par le sang » ; l’accent est mis sur le fait que c’est « non seulement dans la puissance de l’eau, mais dans la puissance de l’eau et du sang ». Si le sang parle d’expiation vis-à-vis de la justice divine, l’eau parle de purification morale ; les deux sont absolument essentiels et nous ne les trouvons que dans la mort de Christ. Il y a toujours la tendance à séparer les deux. Lorsque Jean a écrit, certains insistaient sur l’eau et ignoraient ou sous-estimaient la valeur du sang. Cette tendance existe toujours. En effet beaucoup aiment considérer sa mort comme ayant sur nous un effet moral ; par contre ils repoussent l’idée que sa mort ait payé les gages du péché et accompli ainsi l’expiation. Évidemment on peut trouver à l’autre extrême ceux qui ne reconnaissent rien d’autre que le sang versé pour nos péchés. Ils négligent la nécessité de cette purification morale dont la mort de Christ est le fondement absolument essentiel.
Dans l’évangile, Jean nous rapporte ce qui s’est passé, alors que, dans son épître, l’eau et le sang sont considérés comme rendant témoignage, conjointement avec l’Esprit. Ils rendent témoignage « que Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils » (1 Jean 5:11). Le sang et l’eau sont sortis d’un Christ mort. L’Esprit a été répandu par Christ ressuscité et glorifié. Ensemble, ils rendent témoignage que nous avons la vie éternelle dans le Fils de Dieu, alors qu’il n’y a pas de vie en nous.
Joseph d’Arimathée apparaît maintenant, au moment précis où il peut servir le propos de Dieu. Il est mentionné dans chaque évangile ; chacun nous fournit quelque détail particulier à son sujet. Matthieu nous dit qu’il était riche et disciple. Marc l’appelle un conseiller honorable qui attendait le royaume de Dieu. Luc dit qu’il était homme de bien et juste ; il ne s’était pas joint au conseil et à l’action de la grande majorité du sanhédrin pour faire mourir Jésus. Jean admet qu’il était disciple, mais en secret, par crainte des Juifs. Apparemment il avait été dans une situation comparable à celle des pharisiens mentionnés aux versets 42 et 43 du chapitre 12. Cependant, il est remarquable que, à cette heure si sombre où tout semble désespérément perdu, comme le prouve l’attitude des disciples sur le chemin d’Emmaüs (Luc 24), Joseph ait trouvé le courage d’aller demander à Pilate le corps de Jésus. Marc nous dit qu’il est entré courageusement auprès de Pilate et Dieu a dirigé la décision du gouverneur. Ésaïe avait dit qu’il serait « avec le riche dans sa mort », bien qu’on lui ait donné son sépulcre avec les méchants. Les Juifs auraient préféré qu’il soit jeté sous un tas de pierres, avec les corps des malfaiteurs. Mais Dieu a accompli sa parole, d’abord par la hardiesse soudaine de Joseph, et ensuite par le désir de Pilate de contrarier les plans des Juifs, car il était irrité contre eux. Dieu dirige partout, et toutes choses servent sa puissance.
C’est le moment où Nicodème réapparaît. Il est mentionné trois fois dans cet évangile alors qu’il ne l’est nulle part ailleurs. Nous le voyons d’abord comme quelqu’un qui cherche, mais qui a besoin d’être abaissé de sa position élevée de pharisien, docteur et chef en Israël. Il faut qu’il soit né de nouveau. À la fin du chapitre 7, il soulève calmement une objection au méchant conseil et aux actions du sanhédrin. Il défend ce qui est juste et il est remis à sa place à cause de sa protestation. Nous le voyons faire ici un pas de plus. Il s’est associé à Jésus dans sa mort plus clairement qu’il ne l’a jamais fait pendant sa vie. Lui aussi a dû être riche, à en juger par la quantité d’aromates qu’il a apportée. La croix a paralysé les hommes qui s’étaient hardiment associés au Seigneur durant sa vie et son ministère ; elle a donné par contre à ces hommes timides et prudents le courage d’agir avec hardiesse alors que jusque-là ils étaient restés inconnus, dans l’ombre. En vérité, le Tout-puissant a des serviteurs partout !
Remarquons la fin de ce chapitre. Près du lieu de la crucifixion il y avait un jardin et un sépulcre taillé dans le roc. Seul Matthieu nous dit que c’était le tombeau de Joseph ; il dit aussi qu’il était neuf. Luc et Jean insistent davantage sur ce point, en disant que personne n’y avait jamais été déposé. Le psalmiste avait annoncé que l’Éternel ne permettrait pas que « son saint voie la corruption » (Psaume 16:10). Cela signifiait que le corps sacré et saint de Jésus n’a pas connu la corruption, bien qu’il soit passé par la mort. Mais cela voulait dire aussi que son corps ne devait avoir aucun contact, même extérieur, avec la corruption. Lorsque Dieu accomplit sa parole, il le fait minutieusement et entièrement.
Ainsi, la main du Tout-puissant a couvert de son ombre tous les hommes et tous les événements. Tout ce qui avait été déclaré auparavant par de saints hommes s’est réalisé. Le conseil de l’Éternel subsiste à toujours.
Re: Réflexions sur l’évangile selon Jean
20 Chapitre 20
Dans notre évangile, Marie de Magdala n’apparaît que dans les scènes finales. Le jour de la résurrection, elle est parmi les derniers à rester près de la croix et parmi les premiers à aller au sépulcre. Il n’est pas facile de rassembler les récits des quatre évangélistes pour reconstituer la suite historique des événements. Marie semble être venue avec d’autres femmes de très grand matin. Elle a ensuite couru informer Pierre et Jean que le sépulcre était ouvert et vide, puis elle est revenue à proximité.
Les autres femmes ne sont pas du tout mentionnées ici. Nos pensées sont centrées sur Marie, pour que nous saisissions l’enseignement spirituel apporté par ses actes et ses paroles.
D’après ce que Marie dit aux apôtres, au verset 2, il est évident que le Seigneur est l’objet suprême qui remplit tout son cœur. Il est remarquable qu’elle ait choisi d’aller vers ces deux disciples, car, peu de temps avant, Pierre avait gravement péché. Toutefois, comme le montre le chapitre suivant, il aime vraiment le Seigneur ; quant à Jean, c’est le disciple que Jésus aimait. Leur amour, pour le moment, s’est peut-être un peu refroidi, mais il existe toujours ; et Marie, remplie d’un amour ardent, le sait bien.
L’amour des deux disciples est mis en évidence par la façon dont ils répondent à la nouvelle apportée par Marie. Ce qu’elle leur dit stimule leur affection et leur énergie. Ils courent avec empressement et Jean dépasse Pierre. L’explication naturelle est, sans doute, qu’il est le plus jeune ; mais il y a aussi une explication spirituelle. Jean est plus profondément marqué par l’amour du Seigneur envers lui ; il le montre par la manière dont il se nomme. Sur Pierre pèse la honte de s’être confié dans son propre amour pour le Seigneur ; lorsqu’il a été mis à l’épreuve, il s’est effondré publiquement de façon scandaleuse. Celui qui est plus attiré par l’amour de Christ court le plus vite. C’est ce que nous trouvons au Cantique des cantiques : « Tire-moi : nous courrons après toi » (1:4).
En dépit de sa chute déshonorante, Pierre court quand même ; arrivé au sépulcre, il est le plus courageux des deux et il entre tout de suite à l’intérieur. Cela pousse Jean à le rejoindre. Ils sont donc deux à témoigner que les linges, dans lesquels le corps saint avait été enveloppé, ne sont pas en désordre. Leur disposition suggère que le corps du Seigneur n’a pas été enlevé par d’autres, mais que Jésus est sorti de la mort sans déplacer tant soit peu les linges. Le verset 19 montre que des portes fermées ne sont pas un obstacle pour le corps ressuscité de notre Seigneur ; de même, sans aucun doute, les linges avaient été laissés tels qu’ils étaient.
Au verset 8, Jean parle pour lui-même ; il a cru, même s’il n’a fait qu’accepter ce qu’il avait devant les yeux. Pierre n’est pas mentionné. La foi, qui existait sans doute, ne peut pas agir quand l’âme est assombrie par le manquement et le péché, et qu’elle n’est pas encore restaurée. Mais bien que Jean ait cru, sa foi n’était pas une foi intelligente car, comme les autres, il n’était pas éclairé par la compréhension de l’Écriture. Sinon, il aurait su qu’il fallait que le Christ ressuscite d’entre les morts (voir Actes 17:3) ; cela aurait tout expliqué. Ainsi, bien qu’il y ait de la foi, il y a aussi de l’ignorance ; cela nous fait comprendre le verset 10. L’exemple donné par Pierre et Jean, au matin de la résurrection, est suivi dans l’après-midi par Cléopas et son compagnon (Luc 24).
La conduite de Marie tranche de manière éclatante avec tout le reste. Les deux disciples s’en retournent chez eux, convaincus que le corps de Jésus n’est pas là. Marie est aussi convaincue qu’eux, mais elle quitte sa maison pour s’attarder près du sépulcre, et pleure à cause de sa profonde affliction. Ils connaissaient le Seigneur comme celui qui les avait appelés à quitter leur barque et leurs filets. Elle le connaît comme quelqu’un qui l’a délivrée de l’emprise de sept démons. Cette délivrance extraordinaire avait produit chez elle un grand amour. Deux anges lui apparaissent ; il n’est pas dit qu’elle ait été effrayée par leur présence.
C’est remarquable car, dans les autres évangiles, la peur est mentionnée lors de chaque apparition angélique. Le cas de Marie illustre bien le fait qu’un attachement irrésistible peut chasser du cœur tout autre sentiment. Sa réponse à la question des anges montre combien Jésus, qu’elle appelle « mon Seigneur », remplit toutes ses pensées. Elle répond comme si elle rencontrait des anges tous les jours ! Elle cherche son Seigneur, mais elle ne sait pas où il est. Elle suppose que ce sujet les préoccupe autant qu’elle. Jusque-là, apparemment, aucune pensée au sujet de la résurrection du Seigneur ne lui a traversé l’esprit. Elle pense seulement que d’autres ont enlevé son corps. Elle cherche un Christ mort.
À ce moment-là, le Seigneur ressuscité intervient. Elle se retourne et le trouve là, debout ; cependant elle ne le reconnaît pas. Le même détail caractérise la rencontre avec les deux disciples d’Emmaüs cet après-midi-là, et avec le reste des disciples dans la chambre haute, ce soir-là. C’est le même Jésus, mais avec une différence due au fait qu’il est revêtu d’un corps ressuscité (ressuscité, mais pas encore glorifié) ; c’est pourquoi ils ne le reconnaissent pas immédiatement. Elle pense que c’est le jardinier. Lui, le grand pasteur ressuscité d’entre les morts, sait très bien qu’il y a là une de ses brebis qui lui est entièrement dévouée, qui le cherche lui seul et qui pleure, car elle ne sait où le trouver.
Il se révèle à elle, en l’appelant simplement par son nom ; elle lui répond immédiatement : « Marie ». Tout ce qui est rapporté aux versets 11 à 15 montre cependant qu’elle cherchait son corps mort. Comme elle a trouvé le Seigneur vivant, sa première pensée est de reprendre les relations sur le fondement qui existait auparavant. C’est ce qui explique les premiers mots que le Seigneur lui adresse : « Ne me touche pas ». Étant donné la nouvelle relation qu’il allait lui révéler, et par elle aux autres disciples, il lui montre nettement que les relations ne peuvent pas reprendre comme avant. Sa mort et sa résurrection ont tout changé. Il reste un homme, comme avant sa mort ; cependant, après avoir laissé sa vie, il l’a reprise dans un nouvel état et une nouvelle condition appropriés aux cieux dans lesquels il va monter. Dorénavant les relations avec lui doivent avoir une nouvelle base.
Après avoir dit à Marie : « Ne me touche pas », le Seigneur ajoute : « Car je ne suis pas encore monté vers mon Père ». Il sous-entend donc que Marie sera en relation avec lui, à ce moment-là. Son ascension vers le Père implique la venue du Saint Esprit sur les disciples, ce qui a été très clairement établi dans cet évangile (7:39 ; 14:16 ; 15:26 ; 16:13). Marie a été remplie de l’Esprit Saint, à la Pentecôte, avec les autres disciples ; son âme a été alors introduite dans une relation beaucoup plus intime avec son Seigneur ressuscité que ce qu’elle avait expérimenté jusque-là quand le Seigneur était sur la terre.
Il est certain que les apôtres ont été bien plus privilégiés que nous, dans la mesure où ils ont « entendu,... vu,... contemplé et... touché... la parole de la vie » (1 Jean 1:1). Mais, tandis qu’ils marchaient avec Jésus, à travers le pays d’Israël, ils ne discernaient pas la vraie signification de ce qu’ils observaient. Comme les versets 17 et 20 du chapitre 14 nous l’ont montré, ce sera seulement lorsque l’Esprit demeurera en eux qu’ils connaîtront qu’ils sont en Jésus et lui en eux. Ils posséderont sa vie et un lien nouveau sera établi. Or nous aussi, nous avons l’Esprit de Dieu. Bien que la manifestation extérieure de la parole de la vie nous soit parvenue seulement par l’intermédiaire des écrits inspirés, et non directement comme pour les apôtres, nous pouvons la réaliser intérieurement dans une pleine mesure. Nous ferons bien de méditer profondément ce sujet.
Ce verset important contient un autre enseignement. Jésus appelle les disciples « mes frères ». Ils ont été auparavant désignés comme étant « les siens » (13:1) et il les avait appelés : « mes amis » (15:14) ; aucun de ces termes ne souligne la nouvelle relation comme l’expression : « mes frères ». Nous apprenons donc qu’il a établi ce lien parce qu’il est le ressuscité, qui a traversé la mort et en a triomphé. Cette relation n’existe pas à cause de son incarnation, mais à cause de la puissance de sa résurrection. Il a vraiment participé « au sang et à la chair » et a pris « la semence d’Abraham » pour traverser les souffrances de la mort. Ayant goûté la mort pour chacun et ayant été rendu parfait par les souffrances, il est devenu le chef de notre salut. Parce qu’il est celui qui sanctifie, il reconnaît ceux qu’il sanctifie comme étant ses frères (Hébreux 2:9-16). En devenant un homme, il est venu près de nous, afin de pouvoir, dans son humanité parfaite et sans tache, prendre en main notre cause. L’ayant prise en main et ayant accompli pour nous la délivrance par sa mort et sa résurrection, il nous élève près de lui en nous identifiant à lui dans la résurrection. Par conséquent, ce lien avec lui est fondé sur sa résurrection et non sur son incarnation. C’est un point très important à ne pas oublier.
Le message que Marie va porter aux autres disciples leur annonce cette nouvelle relation avec Dieu et non pas seulement avec le Seigneur. Son Père est notre Père, son Dieu est notre Dieu. Il nous introduit dans sa propre relation avec Dieu, parce que nous sommes associés à lui. Notre relation avec Dieu découle de la sienne et de nos relations avec lui. Il n’a pas dit : notre Père et notre Dieu, comme si nous étions sur le même plan que lui. Notons bien cela, car sa prééminence absolue doit toujours être reconnue avec actions de grâce. Bien qu’il parle de nous comme « mes frères » nous ne le trouvons jamais appelé dans les Écritures notre frère, ni même notre frère aîné. De telles expressions laisseraient supposer qu’il est celui qui est descendu près de nous plutôt que celui qui nous a élevés près de lui. Elles voileraient aussi sa position prééminente.
Dans sa merveilleuse vie sur la terre, le Seigneur Jésus avait révélé le Père, car ce dernier demeurait en lui. Il pouvait donc dire : « Celui qui m’a vu, a vu le Père ». C’est ce que nous avons trouvé en étudiant le chapitre 14. Il avait aussi enseigné aux disciples à regarder à Dieu comme à leur « père céleste », pour tous leurs besoins et leurs circonstances dans ce monde ; nous trouvons cela dans les autres évangiles, mais une révélation plus complète est faite ici. Nous ne perdons pas la bénédiction et le bénéfice de la révélation précédente, ni ceux de sa manifestation comme le Tout-puissant ou l’Éternel. Nous avons besoin d’être rendus intelligents et de nous réjouir dans la connaissance de Dieu comme « le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ » (Éphésiens 1:3 et 1 Pierre 1:3). Les paroles du Seigneur à Marie étaient la première révélation de cette relation plus complète et plus élevée. Les épîtres du Nouveau Testament nous présentent ensuite Dieu de cette manière. Il est en effet un « Père céleste » pour nous, dans tous les événements de cette vie ; mais ne nous arrêtons pas à cela, comme s’il n’y avait rien d’autre ; en tant que chrétiens, notre vraie relation avec Dieu repose sur un fondement plus élevé.
Marie de Magdala, la femme au cœur sensible et plein d’amour, est la première à entendre ces révélations merveilleuses. Elle en est devenue la messagère pour nous tous. Elle peut témoigner qu’elle a vu le Seigneur, qu’il lui a confié ce message ; par son moyen il l’a envoyé aussi aux autres disciples.
Plus tard, ce même jour, le Seigneur apparaît à Simon Pierre, à Cléopas et à son compagnon qui étaient en route vers Emmaüs ; mais Jean n’en fait pas mention. Cependant, les autres évangiles montrent clairement que, au fil des heures, les disciples avaient pu entendre les deux témoins de sa résurrection, Marie et Pierre ; leur témoignage les avait conduits à se retrouver à Jérusalem alors que le soir approchait. Lorsqu’ils sont assemblés, Cléopas et son ami se joignent à eux, leur apportant un troisième et un quatrième témoignage. Puis, les portes étant fermées, Jésus lui-même se tient au milieu d’eux, et se fait connaître par ses mains et son côté percés ; il remplit leur cœur de joie.
Les portes avaient été fermées par crainte des Juifs. Sa présence comme ressuscité fait que la joie apaisait leur crainte. Cependant il leur manquait encore un élément qui leur serait apporté uniquement quand l’Esprit de Dieu les remplirait. Le jour de la Pentecôte, la crainte avait complètement disparu, et ils étaient remplis de hardiesse et de puissance.
Le Seigneur Jésus doit toujours tenir la place centrale. Il l’a occupée au moment de sa mort (19:18). Ici, il l’occupe dans la résurrection ; ainsi s’accomplit sa parole rapportée dans l’évangile de Matthieu (18:20). Le soir du jour de la résurrection, les disciples sont assemblés en son nom, bien que ne croyant qu’en partie les témoins de sa résurrection. Jésus vient au milieu d’eux, sous une forme visible. La principale différence pour nous aujourd’hui, c’est qu’il prend place, sous une forme invisible, là où des disciples sont assemblés en son nom. Quand sa présence est réalisée, le résultat est le même qu’ici : paix et joie. La parole de paix est sortie de ses lèvres. La joie a suivi lorsque leurs yeux ont confirmé ce qu’ils avaient entendu.
Au premier chapitre des Actes, Luc nous dit que Jésus s’est présenté lui-même, vivant, « avec plusieurs preuves assurées » : en particulier ses mains et son côté percés qu’il montre à ses disciples. Ces marques saintes l’identifient incontestablement. La mort et la résurrection avaient été accomplies et étaient comme deux colonnes jumelles sur lesquelles la paix qu’il avait annoncée était fermement établie. Le Seigneur les a salués deux fois, en leur disant : « Paix vous soit ! ». Il savait très bien qu’ils ne seraient pas capables de recevoir ce qu’il voulait encore leur communiquer tant que cette paix ne serait pas effective dans leur cœur. Il en est de même pour nous aujourd’hui. Tant que nous ne jouissons pas d’une paix sûre, en Dieu, nous ne pouvons faire aucun progrès spirituel.
Après avoir annoncé la paix pour la deuxième fois, le Seigneur ressuscité envoie ses disciples en utilisant des paroles concises, mais lourdes de sens. Chaque évangile présente une mission avec des différences caractéristiques. Matthieu (28:19) la présente dans des termes propres à frapper un lecteur juif. Ceux qui étaient envoyés allaient faire des disciples, non plus dans le cercle très restreint indiqué auparavant dans cet évangile (10:5-11), mais parmi toutes les nations. Ils avaient à baptiser pour le nom qui avait été révélé en Christ, mais non pas du baptême de Jean, ou d’un autre baptême semblable. La mission était formulée afin de s’appliquer à ceux qui pourraient faire des disciples après le départ de l’Église. En Marc (16:15) également, l’aspect universel de l’évangélisation et du service apostolique est souligné. C’est aussi le cas en Luc (24:47), où le point important semble être la plénitude de la grâce. C’est à Jérusalem, la ville la plus méchante, que la grâce pouvait commencer et s’étendre à toutes les nations. Les trois évangiles synoptiques ont cependant ceci en commun : la mission est toujours en rapport avec l’évangélisation et le service des apôtres.
Mais dans Jean, comme il convient à cet évangile, la pensée est plus profonde. Le Seigneur Jésus avait été envoyé d’auprès du Père, afin que le Père puisse être manifesté en lui. Comme le chapitre 14 l’a si bien expliqué, il était dans le Père quant à son être, sa vie et sa nature ; par conséquent le Père était en lui, et il a été ainsi pleinement révélé. Maintenant, étant mort et ressuscité, il s’en va au Père. Il laisse des disciples dans le monde. Il les envoie afin qu’ils y soient pour lui, comme lui-même avait été envoyé pour être pour le Père. Pour comprendre leur mission, nous devons premièrement comprendre la mission même du Seigneur comme envoyé du Père.
Remarquons combien de fois, dans cet évangile, le Seigneur est présenté comme celui que le Père a envoyé dans le monde. Sous des formes légèrement différentes, il en est parlé plus de quarante fois. Il est bien présenté comme celui qui était Dieu et qui était auprès de Dieu (Jean 1:1). Il n’était donc pas originaire du monde, comme s’il en était issu. Il est venu d’en haut et il a apporté avec lui tout ce qu’il était. Ses paroles et ses œuvres étaient toutes du Père. Quelque chose de nouveau va maintenant se réaliser ; quand le Seigneur l’a institué, il accomplissait ce qu’il a dit lui-même dans sa prière au Père (voir 17:18). Il s’en allait et les envoyait maintenant de sa part.
Le fait que les disciples n’étaient pas du monde, comme Jésus lui-même n’en était pas, était le véritable motif pour lequel ils étaient envoyés. Le verset 16 du chapitre 17 l’affirme aussi. Il y avait cependant une différence. Ils faisaient autrefois partie du monde ; il y avait donc pour eux un lien à briser et de nouveaux liens à établir. Ceci nous amène au verset 22 de notre chapitre.
Le Seigneur leur confie une mission et leur fait ensuite un don, associé à un geste particulier. Il souffle en eux et dit : « Recevez Esprit Saint » ; en effet l’article défini « le » est absent dans l’original. Nous devons observer le lien entre ce qui est dit ici et le récit de la création d’Adam (Genèse 2:7). En ce qui concerne son corps, Adam a été formé de la poussière du sol ; mais sa partie spirituelle a été créée lorsque Dieu a soufflé dans ses narines une respiration de vie. C’est ainsi qu’il est devenu une âme vivante. Or notre Seigneur, qui est le dernier Adam, est un esprit vivifiant, ou qui fait vivre (1 Corinthiens 15:45). Nous le voyons ici souffler dans ses disciples la vie qu’il possède comme ressuscité.
Mais, puisqu’il en est ainsi, pourquoi Jésus a-t-il dit : « Recevez l’Esprit Saint » ? Parce que sa propre vie, en tant qu’homme ressuscité, est vécue dans l’énergie de l’Esprit Saint. Il a été « mis à mort en chair, mais vivifié par l’Esprit » (1 Pierre 3:18). D’après le chapitre 2 des Actes, le jour de la Pentecôte, les disciples ont en effet reçu le Saint Esprit comme personne divine, venant demeurer dans leur corps même. Nous avons ici un événement qui le prépare. Le jour même où Jésus a débuté sa vie de ressuscité, vivifié dans et par l’Esprit de Dieu, il l’a communiqué aux siens.
Nous devons relier cet acte important à ce qui précède et à ce qui suit. Comment pourraient-ils être envoyés dans le monde, pour y être pour lui comme il avait été envoyé par le Père, s’ils ne possédaient pas sa vie de ressuscité ? La vie naturelle qu’ils avaient reçue d’Adam ne leur donnait aucune compétence pour une telle mission. Ils n’avaient absolument aucune puissance avant que le Saint Esprit soit répandu abondamment à la Pentecôte. Ils avaient maintenant la vie et la nature qui rendaient possible cette mission. Nous ne trouvons pas cet acte dans les autres évangiles, mais nous lisons : « Il leur ouvrit l’intelligence pour comprendre les Écritures » (Luc 24:45). Nous pensons qu’être rendu intelligent est la conséquence du fait que Jésus a soufflé en eux sa vie de ressuscité.
Cependant, dans notre évangile, deux conséquences en découlent. Premièrement les disciples ont été rendus capables de témoigner dans le monde, comme envoyés de la part du Seigneur ; deuxièmement, ils ont été investis de pouvoirs administratifs pour remettre ou retenir les péchés (bien sûr, ce n’est pas en relation avec l’éternité, mais c’est uniquement en gouvernement). Nous voyons, dans l’évangile selon Matthieu, que le Seigneur, avant sa mort et sa résurrection, avait indiqué que de tels pouvoirs devaient être conférés à Pierre (16:19). Ils devaient aussi être donnés à l’ensemble des apôtres (18:18). Dans chaque cas le Seigneur regardait à l’avenir. Ici la puissance est réellement accordée. À l’origine, sans aucun doute, la puissance était apostolique. Nous voyons Pierre l’exercer en Actes 5:1 à 11 ; le Saint Esprit le confirme clairement. Par contre, en 1 Corinthiens 5:3-5, 12, 13, c’est Paul qui l’exerce ; il demande à l’église d’agir avec lui, en retenant le péché du méchant. En 2 Corinthiens 2:4 à 8, il appelle l’église à avoir l’attitude contraire, car le méchant s’était repenti. Ils vont remettre ou pardonner (v. 10).
Dans les autres évangiles, le nom de Thomas n’apparaît que dans la liste des apôtres ; tout ce que nous savons de lui est contenu dans l’évangile selon Jean. Il est mentionné aux chapitres 11 et 14. Ce qu’il dit, à ce moment-là, nous aide à comprendre le côté de son caractère qui apparaît ici. C’était certainement un homme à l’esprit simple et plein de sens pratique ; il était aussi trop porté au matérialisme ; par conséquent il était difficile de le convaincre de quelque chose qui dépassait les limites de l’expérience humaine. Nous sommes maintenant très près du verset qui établit le but vers lequel cet évangile est destiné à nous conduire. Nous allons considérer le dernier et le plus important des miracles que Jean a placés devant nous. L’exemple de Thomas a donc une valeur particulière.
Thomas n’était pas présent le soir de la résurrection. Quand il entend le témoignage des autres disciples, résumé dans ces cinq mots si importants : « Nous avons vu le Seigneur », il n’est pas préparé à l’accepter. Doutant avec obstination, il déclare qu’il ne croira pas, sauf s’il a un signe visible, palpable et tout à fait incontestable. Il exige une preuve qui montrera très clairement que celui qui est apparu est le même que celui qui est mort sur la croix. En réalité, en contestant ainsi le témoignage des disciples, Thomas a lancé un défi à son Seigneur ressuscité. Si le Seigneur y répondait, cela lèverait pour lui tous les doutes concernant sa résurrection.
Avec grâce, le Seigneur condescend à y répondre, une semaine plus tard. Une nouvelle fois, il apparaît au milieu des disciples bien que les portes soient fermées. Une nouvelle fois, il les salue avec les mots : « Paix vous soit ». Il commande ensuite à Thomas de faire exactement ce qu’il avait dit, pour avoir la preuve visible et palpable qu’il désirait. Il donne aussi, en plus, une preuve spirituelle. Ce que le Seigneur dit à Thomas montre que le défi lui était parfaitement connu, même s’il avait été lancé alors qu’il était ressuscité, mais absent. À la fin du chapitre premier nous avons trouvé un incident semblable : Jésus a montré à Nathanaël qu’il l’avait vu, alors qu’il ne se savait pas observé sous le figuier ; Nathanaël a été convaincu et l’a ensuite confessé comme le Fils de Dieu et le roi d’Israël.
Cela se passait quand il était un homme sur la terre ; cependant il s’est révélé comme Celui qui voit tout. Ici « les jours de sa chair » sont terminés et il est ressuscité, mais il se révèle comme Celui qui entend tout. Tout cela a un effet bouleversant sur Thomas. Une fois convaincu, le sceptique obstiné est vraiment persuadé ! Quelques minutes plus tôt, il traînait loin derrière les autres disciples ; maintenant, d’un saut en avant, par sa confession enthousiaste, il les devance nettement. Nathanaël a été clair dans sa confession dès le départ ; Thomas, à la fin, est encore plus précis. Il n’y a encore que cinq mots. Mais quels mots ! « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Ceux qui nient la divinité de notre Seigneur ont cherché à se soustraire à la force de cette expression. Ils l’ont considérée comme une simple exclamation qui ne serait adressée à personne en particulier. Le récit déclare pourtant clairement que ces mots étaient adressés au Seigneur ; dans l’original leur forme est pleine de force puisque l’article défini est employé deux fois. Jésus, le ressuscité, est pour Thomas le Seigneur et le Dieu. Ce qui est encore plus significatif c’est que le Seigneur répond : « Parce que tu m’as vu, tu as cru ». Il considère donc incontestablement l’exclamation, pleine de joie, de Thomas comme la foi qui saisit la réalité de sa résurrection. Autrement dit, il accepte la confession comme étant vraie. Il n’y a pas de plus grand péché que celui d’un homme qui accepte les honneurs ou la louange dus à Dieu ; le châtiment dramatique d’Hérode en est un témoignage (Actes 12). Lorsque Jean est tombé aux pieds d’un ange saint, comme s’il allait lui rendre hommage, la réponse immédiate a été : « Garde-toi de le faire » (Apocalypse 22:9). Au lieu de reprendre Thomas, Jésus a approuvé sa confession et l’a qualifiée de foi.
La divinité absolue de Jésus étant ainsi reconnue, le but de cet évangile est atteint, et les versets 30 et 31 terminent ce chapitre d’une manière appropriée. Tous les miracles dont nous avons le récit ne sont qu’une infime partie de la totalité. Ceux qui sont rapportés sont cependant tout à fait suffisants. Dans cet évangile, ils sont spécialement choisis pour offrir de nombreuses raisons pour croire en Jésus comme le Christ, le Fils de Dieu ; c’est la foi en cette vérité qui apporte la vie par son nom.
Remarquons que la dernière preuve, et la plus décisive, du fait que Jésus est le Fils de Dieu est qu’il a accepté que la divinité lui soit personnellement attribuée. Nous pouvons dire ceci : s’il est Dieu, il est le Fils de Dieu, et inversement, s’il est le Fils de Dieu, il est Dieu. Notons aussi que sa qualité de Fils est l’élément essentiel de cet évangile. Il fait remonter la personne de Jésus jusqu’aux profondeurs insondables de l’éternité passée, et il ne donne aucun détail sur le fait qu’il soit né d’une vierge. Si nous saisissons réellement cet évangile par la foi, nous serons convaincus que sa qualité de Fils est éternelle et qu’il ne l’a pas revêtue en venant dans le monde.
Remarquons encore la signification des paroles du Seigneur, au verset 29. Il y a quelque chose de meilleur que d’accepter des preuves visibles et palpables ; c’est de croire la parole, sans autres preuves. Thomas illustre sans aucun doute la manière dont un résidu pieux d’Israël découvrira la vérité, un jour à venir. La parole du prophète s’accomplira : « Ils regarderont vers moi, celui qu’ils auront percé » (Zacharie 12:10). C’est alors qu’ils s’écrieront : « Mon Dieu, nous te connaissons... » (Osée 8:2). La bénédiction supérieure de ceux qui croient sans voir, est la part de tous ceux qui reçoivent aujourd’hui l’évangile par la foi, qu’ils soient Juifs ou gens des nations.
Nous ne pouvons rendre à Dieu un plus grand hommage de reconnaissance que de le prendre au mot entièrement et simplement, sans demander une confirmation visible ou tangible. Comme la lumière peut se décomposer dans les couleurs de l’arc-en-ciel, ainsi le nom divin est composé de plusieurs caractéristiques de valeur et d’importance égales. Dieu souligne cependant que sa parole est vraie et que nous pouvons nous y fier ; en effet, nous lisons : « Tu as exalté ta parole au-dessus de tout nom » (Psaume 138:2). Combien cela est à propos, si nous réalisons que le péché est entré au commencement parce que l’homme n’a pas cru la parole de Dieu ! L’époque actuelle où l’évangile est annoncé est une période particulière où les hommes croient sans voir. Il est écrit : « Lequel, quoique vous ne l’ayez pas vu, vous aimez ; et, croyant en lui, quoique maintenant vous ne le voyiez pas, vous vous réjouissez d’une joie ineffable et glorieuse, recevant la fin de votre foi, le salut des âmes » (1 Pierre 1:8, 9).
Ce passage nous donne un aperçu du bonheur particulier dont le Seigneur a parlé à Thomas. Ce bonheur peut être le nôtre ; plus notre foi sera ardente et simple, plus nous en jouirons profondément. Que chaque lecteur de ces lignes puisse connaître complètement la plénitude de bonheur qui en résulte et que ce soit également la part de l’auteur !
Dans notre évangile, Marie de Magdala n’apparaît que dans les scènes finales. Le jour de la résurrection, elle est parmi les derniers à rester près de la croix et parmi les premiers à aller au sépulcre. Il n’est pas facile de rassembler les récits des quatre évangélistes pour reconstituer la suite historique des événements. Marie semble être venue avec d’autres femmes de très grand matin. Elle a ensuite couru informer Pierre et Jean que le sépulcre était ouvert et vide, puis elle est revenue à proximité.
Les autres femmes ne sont pas du tout mentionnées ici. Nos pensées sont centrées sur Marie, pour que nous saisissions l’enseignement spirituel apporté par ses actes et ses paroles.
D’après ce que Marie dit aux apôtres, au verset 2, il est évident que le Seigneur est l’objet suprême qui remplit tout son cœur. Il est remarquable qu’elle ait choisi d’aller vers ces deux disciples, car, peu de temps avant, Pierre avait gravement péché. Toutefois, comme le montre le chapitre suivant, il aime vraiment le Seigneur ; quant à Jean, c’est le disciple que Jésus aimait. Leur amour, pour le moment, s’est peut-être un peu refroidi, mais il existe toujours ; et Marie, remplie d’un amour ardent, le sait bien.
L’amour des deux disciples est mis en évidence par la façon dont ils répondent à la nouvelle apportée par Marie. Ce qu’elle leur dit stimule leur affection et leur énergie. Ils courent avec empressement et Jean dépasse Pierre. L’explication naturelle est, sans doute, qu’il est le plus jeune ; mais il y a aussi une explication spirituelle. Jean est plus profondément marqué par l’amour du Seigneur envers lui ; il le montre par la manière dont il se nomme. Sur Pierre pèse la honte de s’être confié dans son propre amour pour le Seigneur ; lorsqu’il a été mis à l’épreuve, il s’est effondré publiquement de façon scandaleuse. Celui qui est plus attiré par l’amour de Christ court le plus vite. C’est ce que nous trouvons au Cantique des cantiques : « Tire-moi : nous courrons après toi » (1:4).
En dépit de sa chute déshonorante, Pierre court quand même ; arrivé au sépulcre, il est le plus courageux des deux et il entre tout de suite à l’intérieur. Cela pousse Jean à le rejoindre. Ils sont donc deux à témoigner que les linges, dans lesquels le corps saint avait été enveloppé, ne sont pas en désordre. Leur disposition suggère que le corps du Seigneur n’a pas été enlevé par d’autres, mais que Jésus est sorti de la mort sans déplacer tant soit peu les linges. Le verset 19 montre que des portes fermées ne sont pas un obstacle pour le corps ressuscité de notre Seigneur ; de même, sans aucun doute, les linges avaient été laissés tels qu’ils étaient.
Au verset 8, Jean parle pour lui-même ; il a cru, même s’il n’a fait qu’accepter ce qu’il avait devant les yeux. Pierre n’est pas mentionné. La foi, qui existait sans doute, ne peut pas agir quand l’âme est assombrie par le manquement et le péché, et qu’elle n’est pas encore restaurée. Mais bien que Jean ait cru, sa foi n’était pas une foi intelligente car, comme les autres, il n’était pas éclairé par la compréhension de l’Écriture. Sinon, il aurait su qu’il fallait que le Christ ressuscite d’entre les morts (voir Actes 17:3) ; cela aurait tout expliqué. Ainsi, bien qu’il y ait de la foi, il y a aussi de l’ignorance ; cela nous fait comprendre le verset 10. L’exemple donné par Pierre et Jean, au matin de la résurrection, est suivi dans l’après-midi par Cléopas et son compagnon (Luc 24).
La conduite de Marie tranche de manière éclatante avec tout le reste. Les deux disciples s’en retournent chez eux, convaincus que le corps de Jésus n’est pas là. Marie est aussi convaincue qu’eux, mais elle quitte sa maison pour s’attarder près du sépulcre, et pleure à cause de sa profonde affliction. Ils connaissaient le Seigneur comme celui qui les avait appelés à quitter leur barque et leurs filets. Elle le connaît comme quelqu’un qui l’a délivrée de l’emprise de sept démons. Cette délivrance extraordinaire avait produit chez elle un grand amour. Deux anges lui apparaissent ; il n’est pas dit qu’elle ait été effrayée par leur présence.
C’est remarquable car, dans les autres évangiles, la peur est mentionnée lors de chaque apparition angélique. Le cas de Marie illustre bien le fait qu’un attachement irrésistible peut chasser du cœur tout autre sentiment. Sa réponse à la question des anges montre combien Jésus, qu’elle appelle « mon Seigneur », remplit toutes ses pensées. Elle répond comme si elle rencontrait des anges tous les jours ! Elle cherche son Seigneur, mais elle ne sait pas où il est. Elle suppose que ce sujet les préoccupe autant qu’elle. Jusque-là, apparemment, aucune pensée au sujet de la résurrection du Seigneur ne lui a traversé l’esprit. Elle pense seulement que d’autres ont enlevé son corps. Elle cherche un Christ mort.
À ce moment-là, le Seigneur ressuscité intervient. Elle se retourne et le trouve là, debout ; cependant elle ne le reconnaît pas. Le même détail caractérise la rencontre avec les deux disciples d’Emmaüs cet après-midi-là, et avec le reste des disciples dans la chambre haute, ce soir-là. C’est le même Jésus, mais avec une différence due au fait qu’il est revêtu d’un corps ressuscité (ressuscité, mais pas encore glorifié) ; c’est pourquoi ils ne le reconnaissent pas immédiatement. Elle pense que c’est le jardinier. Lui, le grand pasteur ressuscité d’entre les morts, sait très bien qu’il y a là une de ses brebis qui lui est entièrement dévouée, qui le cherche lui seul et qui pleure, car elle ne sait où le trouver.
Il se révèle à elle, en l’appelant simplement par son nom ; elle lui répond immédiatement : « Marie ». Tout ce qui est rapporté aux versets 11 à 15 montre cependant qu’elle cherchait son corps mort. Comme elle a trouvé le Seigneur vivant, sa première pensée est de reprendre les relations sur le fondement qui existait auparavant. C’est ce qui explique les premiers mots que le Seigneur lui adresse : « Ne me touche pas ». Étant donné la nouvelle relation qu’il allait lui révéler, et par elle aux autres disciples, il lui montre nettement que les relations ne peuvent pas reprendre comme avant. Sa mort et sa résurrection ont tout changé. Il reste un homme, comme avant sa mort ; cependant, après avoir laissé sa vie, il l’a reprise dans un nouvel état et une nouvelle condition appropriés aux cieux dans lesquels il va monter. Dorénavant les relations avec lui doivent avoir une nouvelle base.
Après avoir dit à Marie : « Ne me touche pas », le Seigneur ajoute : « Car je ne suis pas encore monté vers mon Père ». Il sous-entend donc que Marie sera en relation avec lui, à ce moment-là. Son ascension vers le Père implique la venue du Saint Esprit sur les disciples, ce qui a été très clairement établi dans cet évangile (7:39 ; 14:16 ; 15:26 ; 16:13). Marie a été remplie de l’Esprit Saint, à la Pentecôte, avec les autres disciples ; son âme a été alors introduite dans une relation beaucoup plus intime avec son Seigneur ressuscité que ce qu’elle avait expérimenté jusque-là quand le Seigneur était sur la terre.
Il est certain que les apôtres ont été bien plus privilégiés que nous, dans la mesure où ils ont « entendu,... vu,... contemplé et... touché... la parole de la vie » (1 Jean 1:1). Mais, tandis qu’ils marchaient avec Jésus, à travers le pays d’Israël, ils ne discernaient pas la vraie signification de ce qu’ils observaient. Comme les versets 17 et 20 du chapitre 14 nous l’ont montré, ce sera seulement lorsque l’Esprit demeurera en eux qu’ils connaîtront qu’ils sont en Jésus et lui en eux. Ils posséderont sa vie et un lien nouveau sera établi. Or nous aussi, nous avons l’Esprit de Dieu. Bien que la manifestation extérieure de la parole de la vie nous soit parvenue seulement par l’intermédiaire des écrits inspirés, et non directement comme pour les apôtres, nous pouvons la réaliser intérieurement dans une pleine mesure. Nous ferons bien de méditer profondément ce sujet.
Ce verset important contient un autre enseignement. Jésus appelle les disciples « mes frères ». Ils ont été auparavant désignés comme étant « les siens » (13:1) et il les avait appelés : « mes amis » (15:14) ; aucun de ces termes ne souligne la nouvelle relation comme l’expression : « mes frères ». Nous apprenons donc qu’il a établi ce lien parce qu’il est le ressuscité, qui a traversé la mort et en a triomphé. Cette relation n’existe pas à cause de son incarnation, mais à cause de la puissance de sa résurrection. Il a vraiment participé « au sang et à la chair » et a pris « la semence d’Abraham » pour traverser les souffrances de la mort. Ayant goûté la mort pour chacun et ayant été rendu parfait par les souffrances, il est devenu le chef de notre salut. Parce qu’il est celui qui sanctifie, il reconnaît ceux qu’il sanctifie comme étant ses frères (Hébreux 2:9-16). En devenant un homme, il est venu près de nous, afin de pouvoir, dans son humanité parfaite et sans tache, prendre en main notre cause. L’ayant prise en main et ayant accompli pour nous la délivrance par sa mort et sa résurrection, il nous élève près de lui en nous identifiant à lui dans la résurrection. Par conséquent, ce lien avec lui est fondé sur sa résurrection et non sur son incarnation. C’est un point très important à ne pas oublier.
Le message que Marie va porter aux autres disciples leur annonce cette nouvelle relation avec Dieu et non pas seulement avec le Seigneur. Son Père est notre Père, son Dieu est notre Dieu. Il nous introduit dans sa propre relation avec Dieu, parce que nous sommes associés à lui. Notre relation avec Dieu découle de la sienne et de nos relations avec lui. Il n’a pas dit : notre Père et notre Dieu, comme si nous étions sur le même plan que lui. Notons bien cela, car sa prééminence absolue doit toujours être reconnue avec actions de grâce. Bien qu’il parle de nous comme « mes frères » nous ne le trouvons jamais appelé dans les Écritures notre frère, ni même notre frère aîné. De telles expressions laisseraient supposer qu’il est celui qui est descendu près de nous plutôt que celui qui nous a élevés près de lui. Elles voileraient aussi sa position prééminente.
Dans sa merveilleuse vie sur la terre, le Seigneur Jésus avait révélé le Père, car ce dernier demeurait en lui. Il pouvait donc dire : « Celui qui m’a vu, a vu le Père ». C’est ce que nous avons trouvé en étudiant le chapitre 14. Il avait aussi enseigné aux disciples à regarder à Dieu comme à leur « père céleste », pour tous leurs besoins et leurs circonstances dans ce monde ; nous trouvons cela dans les autres évangiles, mais une révélation plus complète est faite ici. Nous ne perdons pas la bénédiction et le bénéfice de la révélation précédente, ni ceux de sa manifestation comme le Tout-puissant ou l’Éternel. Nous avons besoin d’être rendus intelligents et de nous réjouir dans la connaissance de Dieu comme « le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ » (Éphésiens 1:3 et 1 Pierre 1:3). Les paroles du Seigneur à Marie étaient la première révélation de cette relation plus complète et plus élevée. Les épîtres du Nouveau Testament nous présentent ensuite Dieu de cette manière. Il est en effet un « Père céleste » pour nous, dans tous les événements de cette vie ; mais ne nous arrêtons pas à cela, comme s’il n’y avait rien d’autre ; en tant que chrétiens, notre vraie relation avec Dieu repose sur un fondement plus élevé.
Marie de Magdala, la femme au cœur sensible et plein d’amour, est la première à entendre ces révélations merveilleuses. Elle en est devenue la messagère pour nous tous. Elle peut témoigner qu’elle a vu le Seigneur, qu’il lui a confié ce message ; par son moyen il l’a envoyé aussi aux autres disciples.
Plus tard, ce même jour, le Seigneur apparaît à Simon Pierre, à Cléopas et à son compagnon qui étaient en route vers Emmaüs ; mais Jean n’en fait pas mention. Cependant, les autres évangiles montrent clairement que, au fil des heures, les disciples avaient pu entendre les deux témoins de sa résurrection, Marie et Pierre ; leur témoignage les avait conduits à se retrouver à Jérusalem alors que le soir approchait. Lorsqu’ils sont assemblés, Cléopas et son ami se joignent à eux, leur apportant un troisième et un quatrième témoignage. Puis, les portes étant fermées, Jésus lui-même se tient au milieu d’eux, et se fait connaître par ses mains et son côté percés ; il remplit leur cœur de joie.
Les portes avaient été fermées par crainte des Juifs. Sa présence comme ressuscité fait que la joie apaisait leur crainte. Cependant il leur manquait encore un élément qui leur serait apporté uniquement quand l’Esprit de Dieu les remplirait. Le jour de la Pentecôte, la crainte avait complètement disparu, et ils étaient remplis de hardiesse et de puissance.
Le Seigneur Jésus doit toujours tenir la place centrale. Il l’a occupée au moment de sa mort (19:18). Ici, il l’occupe dans la résurrection ; ainsi s’accomplit sa parole rapportée dans l’évangile de Matthieu (18:20). Le soir du jour de la résurrection, les disciples sont assemblés en son nom, bien que ne croyant qu’en partie les témoins de sa résurrection. Jésus vient au milieu d’eux, sous une forme visible. La principale différence pour nous aujourd’hui, c’est qu’il prend place, sous une forme invisible, là où des disciples sont assemblés en son nom. Quand sa présence est réalisée, le résultat est le même qu’ici : paix et joie. La parole de paix est sortie de ses lèvres. La joie a suivi lorsque leurs yeux ont confirmé ce qu’ils avaient entendu.
Au premier chapitre des Actes, Luc nous dit que Jésus s’est présenté lui-même, vivant, « avec plusieurs preuves assurées » : en particulier ses mains et son côté percés qu’il montre à ses disciples. Ces marques saintes l’identifient incontestablement. La mort et la résurrection avaient été accomplies et étaient comme deux colonnes jumelles sur lesquelles la paix qu’il avait annoncée était fermement établie. Le Seigneur les a salués deux fois, en leur disant : « Paix vous soit ! ». Il savait très bien qu’ils ne seraient pas capables de recevoir ce qu’il voulait encore leur communiquer tant que cette paix ne serait pas effective dans leur cœur. Il en est de même pour nous aujourd’hui. Tant que nous ne jouissons pas d’une paix sûre, en Dieu, nous ne pouvons faire aucun progrès spirituel.
Après avoir annoncé la paix pour la deuxième fois, le Seigneur ressuscité envoie ses disciples en utilisant des paroles concises, mais lourdes de sens. Chaque évangile présente une mission avec des différences caractéristiques. Matthieu (28:19) la présente dans des termes propres à frapper un lecteur juif. Ceux qui étaient envoyés allaient faire des disciples, non plus dans le cercle très restreint indiqué auparavant dans cet évangile (10:5-11), mais parmi toutes les nations. Ils avaient à baptiser pour le nom qui avait été révélé en Christ, mais non pas du baptême de Jean, ou d’un autre baptême semblable. La mission était formulée afin de s’appliquer à ceux qui pourraient faire des disciples après le départ de l’Église. En Marc (16:15) également, l’aspect universel de l’évangélisation et du service apostolique est souligné. C’est aussi le cas en Luc (24:47), où le point important semble être la plénitude de la grâce. C’est à Jérusalem, la ville la plus méchante, que la grâce pouvait commencer et s’étendre à toutes les nations. Les trois évangiles synoptiques ont cependant ceci en commun : la mission est toujours en rapport avec l’évangélisation et le service des apôtres.
Mais dans Jean, comme il convient à cet évangile, la pensée est plus profonde. Le Seigneur Jésus avait été envoyé d’auprès du Père, afin que le Père puisse être manifesté en lui. Comme le chapitre 14 l’a si bien expliqué, il était dans le Père quant à son être, sa vie et sa nature ; par conséquent le Père était en lui, et il a été ainsi pleinement révélé. Maintenant, étant mort et ressuscité, il s’en va au Père. Il laisse des disciples dans le monde. Il les envoie afin qu’ils y soient pour lui, comme lui-même avait été envoyé pour être pour le Père. Pour comprendre leur mission, nous devons premièrement comprendre la mission même du Seigneur comme envoyé du Père.
Remarquons combien de fois, dans cet évangile, le Seigneur est présenté comme celui que le Père a envoyé dans le monde. Sous des formes légèrement différentes, il en est parlé plus de quarante fois. Il est bien présenté comme celui qui était Dieu et qui était auprès de Dieu (Jean 1:1). Il n’était donc pas originaire du monde, comme s’il en était issu. Il est venu d’en haut et il a apporté avec lui tout ce qu’il était. Ses paroles et ses œuvres étaient toutes du Père. Quelque chose de nouveau va maintenant se réaliser ; quand le Seigneur l’a institué, il accomplissait ce qu’il a dit lui-même dans sa prière au Père (voir 17:18). Il s’en allait et les envoyait maintenant de sa part.
Le fait que les disciples n’étaient pas du monde, comme Jésus lui-même n’en était pas, était le véritable motif pour lequel ils étaient envoyés. Le verset 16 du chapitre 17 l’affirme aussi. Il y avait cependant une différence. Ils faisaient autrefois partie du monde ; il y avait donc pour eux un lien à briser et de nouveaux liens à établir. Ceci nous amène au verset 22 de notre chapitre.
Le Seigneur leur confie une mission et leur fait ensuite un don, associé à un geste particulier. Il souffle en eux et dit : « Recevez Esprit Saint » ; en effet l’article défini « le » est absent dans l’original. Nous devons observer le lien entre ce qui est dit ici et le récit de la création d’Adam (Genèse 2:7). En ce qui concerne son corps, Adam a été formé de la poussière du sol ; mais sa partie spirituelle a été créée lorsque Dieu a soufflé dans ses narines une respiration de vie. C’est ainsi qu’il est devenu une âme vivante. Or notre Seigneur, qui est le dernier Adam, est un esprit vivifiant, ou qui fait vivre (1 Corinthiens 15:45). Nous le voyons ici souffler dans ses disciples la vie qu’il possède comme ressuscité.
Mais, puisqu’il en est ainsi, pourquoi Jésus a-t-il dit : « Recevez l’Esprit Saint » ? Parce que sa propre vie, en tant qu’homme ressuscité, est vécue dans l’énergie de l’Esprit Saint. Il a été « mis à mort en chair, mais vivifié par l’Esprit » (1 Pierre 3:18). D’après le chapitre 2 des Actes, le jour de la Pentecôte, les disciples ont en effet reçu le Saint Esprit comme personne divine, venant demeurer dans leur corps même. Nous avons ici un événement qui le prépare. Le jour même où Jésus a débuté sa vie de ressuscité, vivifié dans et par l’Esprit de Dieu, il l’a communiqué aux siens.
Nous devons relier cet acte important à ce qui précède et à ce qui suit. Comment pourraient-ils être envoyés dans le monde, pour y être pour lui comme il avait été envoyé par le Père, s’ils ne possédaient pas sa vie de ressuscité ? La vie naturelle qu’ils avaient reçue d’Adam ne leur donnait aucune compétence pour une telle mission. Ils n’avaient absolument aucune puissance avant que le Saint Esprit soit répandu abondamment à la Pentecôte. Ils avaient maintenant la vie et la nature qui rendaient possible cette mission. Nous ne trouvons pas cet acte dans les autres évangiles, mais nous lisons : « Il leur ouvrit l’intelligence pour comprendre les Écritures » (Luc 24:45). Nous pensons qu’être rendu intelligent est la conséquence du fait que Jésus a soufflé en eux sa vie de ressuscité.
Cependant, dans notre évangile, deux conséquences en découlent. Premièrement les disciples ont été rendus capables de témoigner dans le monde, comme envoyés de la part du Seigneur ; deuxièmement, ils ont été investis de pouvoirs administratifs pour remettre ou retenir les péchés (bien sûr, ce n’est pas en relation avec l’éternité, mais c’est uniquement en gouvernement). Nous voyons, dans l’évangile selon Matthieu, que le Seigneur, avant sa mort et sa résurrection, avait indiqué que de tels pouvoirs devaient être conférés à Pierre (16:19). Ils devaient aussi être donnés à l’ensemble des apôtres (18:18). Dans chaque cas le Seigneur regardait à l’avenir. Ici la puissance est réellement accordée. À l’origine, sans aucun doute, la puissance était apostolique. Nous voyons Pierre l’exercer en Actes 5:1 à 11 ; le Saint Esprit le confirme clairement. Par contre, en 1 Corinthiens 5:3-5, 12, 13, c’est Paul qui l’exerce ; il demande à l’église d’agir avec lui, en retenant le péché du méchant. En 2 Corinthiens 2:4 à 8, il appelle l’église à avoir l’attitude contraire, car le méchant s’était repenti. Ils vont remettre ou pardonner (v. 10).
Dans les autres évangiles, le nom de Thomas n’apparaît que dans la liste des apôtres ; tout ce que nous savons de lui est contenu dans l’évangile selon Jean. Il est mentionné aux chapitres 11 et 14. Ce qu’il dit, à ce moment-là, nous aide à comprendre le côté de son caractère qui apparaît ici. C’était certainement un homme à l’esprit simple et plein de sens pratique ; il était aussi trop porté au matérialisme ; par conséquent il était difficile de le convaincre de quelque chose qui dépassait les limites de l’expérience humaine. Nous sommes maintenant très près du verset qui établit le but vers lequel cet évangile est destiné à nous conduire. Nous allons considérer le dernier et le plus important des miracles que Jean a placés devant nous. L’exemple de Thomas a donc une valeur particulière.
Thomas n’était pas présent le soir de la résurrection. Quand il entend le témoignage des autres disciples, résumé dans ces cinq mots si importants : « Nous avons vu le Seigneur », il n’est pas préparé à l’accepter. Doutant avec obstination, il déclare qu’il ne croira pas, sauf s’il a un signe visible, palpable et tout à fait incontestable. Il exige une preuve qui montrera très clairement que celui qui est apparu est le même que celui qui est mort sur la croix. En réalité, en contestant ainsi le témoignage des disciples, Thomas a lancé un défi à son Seigneur ressuscité. Si le Seigneur y répondait, cela lèverait pour lui tous les doutes concernant sa résurrection.
Avec grâce, le Seigneur condescend à y répondre, une semaine plus tard. Une nouvelle fois, il apparaît au milieu des disciples bien que les portes soient fermées. Une nouvelle fois, il les salue avec les mots : « Paix vous soit ». Il commande ensuite à Thomas de faire exactement ce qu’il avait dit, pour avoir la preuve visible et palpable qu’il désirait. Il donne aussi, en plus, une preuve spirituelle. Ce que le Seigneur dit à Thomas montre que le défi lui était parfaitement connu, même s’il avait été lancé alors qu’il était ressuscité, mais absent. À la fin du chapitre premier nous avons trouvé un incident semblable : Jésus a montré à Nathanaël qu’il l’avait vu, alors qu’il ne se savait pas observé sous le figuier ; Nathanaël a été convaincu et l’a ensuite confessé comme le Fils de Dieu et le roi d’Israël.
Cela se passait quand il était un homme sur la terre ; cependant il s’est révélé comme Celui qui voit tout. Ici « les jours de sa chair » sont terminés et il est ressuscité, mais il se révèle comme Celui qui entend tout. Tout cela a un effet bouleversant sur Thomas. Une fois convaincu, le sceptique obstiné est vraiment persuadé ! Quelques minutes plus tôt, il traînait loin derrière les autres disciples ; maintenant, d’un saut en avant, par sa confession enthousiaste, il les devance nettement. Nathanaël a été clair dans sa confession dès le départ ; Thomas, à la fin, est encore plus précis. Il n’y a encore que cinq mots. Mais quels mots ! « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Ceux qui nient la divinité de notre Seigneur ont cherché à se soustraire à la force de cette expression. Ils l’ont considérée comme une simple exclamation qui ne serait adressée à personne en particulier. Le récit déclare pourtant clairement que ces mots étaient adressés au Seigneur ; dans l’original leur forme est pleine de force puisque l’article défini est employé deux fois. Jésus, le ressuscité, est pour Thomas le Seigneur et le Dieu. Ce qui est encore plus significatif c’est que le Seigneur répond : « Parce que tu m’as vu, tu as cru ». Il considère donc incontestablement l’exclamation, pleine de joie, de Thomas comme la foi qui saisit la réalité de sa résurrection. Autrement dit, il accepte la confession comme étant vraie. Il n’y a pas de plus grand péché que celui d’un homme qui accepte les honneurs ou la louange dus à Dieu ; le châtiment dramatique d’Hérode en est un témoignage (Actes 12). Lorsque Jean est tombé aux pieds d’un ange saint, comme s’il allait lui rendre hommage, la réponse immédiate a été : « Garde-toi de le faire » (Apocalypse 22:9). Au lieu de reprendre Thomas, Jésus a approuvé sa confession et l’a qualifiée de foi.
La divinité absolue de Jésus étant ainsi reconnue, le but de cet évangile est atteint, et les versets 30 et 31 terminent ce chapitre d’une manière appropriée. Tous les miracles dont nous avons le récit ne sont qu’une infime partie de la totalité. Ceux qui sont rapportés sont cependant tout à fait suffisants. Dans cet évangile, ils sont spécialement choisis pour offrir de nombreuses raisons pour croire en Jésus comme le Christ, le Fils de Dieu ; c’est la foi en cette vérité qui apporte la vie par son nom.
Remarquons que la dernière preuve, et la plus décisive, du fait que Jésus est le Fils de Dieu est qu’il a accepté que la divinité lui soit personnellement attribuée. Nous pouvons dire ceci : s’il est Dieu, il est le Fils de Dieu, et inversement, s’il est le Fils de Dieu, il est Dieu. Notons aussi que sa qualité de Fils est l’élément essentiel de cet évangile. Il fait remonter la personne de Jésus jusqu’aux profondeurs insondables de l’éternité passée, et il ne donne aucun détail sur le fait qu’il soit né d’une vierge. Si nous saisissons réellement cet évangile par la foi, nous serons convaincus que sa qualité de Fils est éternelle et qu’il ne l’a pas revêtue en venant dans le monde.
Remarquons encore la signification des paroles du Seigneur, au verset 29. Il y a quelque chose de meilleur que d’accepter des preuves visibles et palpables ; c’est de croire la parole, sans autres preuves. Thomas illustre sans aucun doute la manière dont un résidu pieux d’Israël découvrira la vérité, un jour à venir. La parole du prophète s’accomplira : « Ils regarderont vers moi, celui qu’ils auront percé » (Zacharie 12:10). C’est alors qu’ils s’écrieront : « Mon Dieu, nous te connaissons... » (Osée 8:2). La bénédiction supérieure de ceux qui croient sans voir, est la part de tous ceux qui reçoivent aujourd’hui l’évangile par la foi, qu’ils soient Juifs ou gens des nations.
Nous ne pouvons rendre à Dieu un plus grand hommage de reconnaissance que de le prendre au mot entièrement et simplement, sans demander une confirmation visible ou tangible. Comme la lumière peut se décomposer dans les couleurs de l’arc-en-ciel, ainsi le nom divin est composé de plusieurs caractéristiques de valeur et d’importance égales. Dieu souligne cependant que sa parole est vraie et que nous pouvons nous y fier ; en effet, nous lisons : « Tu as exalté ta parole au-dessus de tout nom » (Psaume 138:2). Combien cela est à propos, si nous réalisons que le péché est entré au commencement parce que l’homme n’a pas cru la parole de Dieu ! L’époque actuelle où l’évangile est annoncé est une période particulière où les hommes croient sans voir. Il est écrit : « Lequel, quoique vous ne l’ayez pas vu, vous aimez ; et, croyant en lui, quoique maintenant vous ne le voyiez pas, vous vous réjouissez d’une joie ineffable et glorieuse, recevant la fin de votre foi, le salut des âmes » (1 Pierre 1:8, 9).
Ce passage nous donne un aperçu du bonheur particulier dont le Seigneur a parlé à Thomas. Ce bonheur peut être le nôtre ; plus notre foi sera ardente et simple, plus nous en jouirons profondément. Que chaque lecteur de ces lignes puisse connaître complètement la plénitude de bonheur qui en résulte et que ce soit également la part de l’auteur !
Re: Réflexions sur l’évangile selon Jean
21 Chapitre 21
D’après les derniers versets du chapitre 20, toutes les preuves que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, ont été données. Cette vérité n’est pas développée dans le chapitre 21 ; il y a les récits des entretiens du Seigneur avec certains de ses disciples, conversations qui sont entièrement passées sous silence dans les autres évangiles. On peut les considérer de deux manières différentes : premièrement, comme des images ou des types d’événements à venir ; deuxièmement, comme montrant les voies de grâce du Seigneur envers les disciples, en ce qui concerne leur avenir.
Le verset 14 nous permet de comprendre la signification de ces versets, comme images de circonstances futures. Au commencement, l’évangéliste a attiré notre attention sur certains jours. Au début du chapitre 2, il y a une manifestation de la gloire de Jésus le troisième jour, image du millénium. Nous avons maintenant devant nous ce qui est appelé la troisième manifestation de Jésus, ressuscité d’entre les morts ; de nouveau nous découvrons que cela a une signification en relation avec la même période.
Comme nous l’avons vu au chapitre précédent, la première manifestation a eu lieu le jour même de la résurrection. Tout ce qui est rapporté à ce sujet touche à la part de l’église, en relation avec le Seigneur ressuscité. La deuxième manifestation, dans le même chapitre, parle du réveil de la foi dans le résidu d’Israël, lorsque les juifs, à la fin, regarderont vers celui qu’ils auront percé. Cela est présenté en Thomas. Nous arrivons maintenant à la troisième, quand le matin du millénium se lèvera et que le Seigneur sera révélé comme le maître de chaque circonstance et comme celui qui pourvoit à chaque besoin. Les trois jours, signalés aux chapitres 1 et 2, ont respectivement le même sens.
La pensée principale de cet évangile est la révélation du Père, dans la personne du Fils, et pour nous l’affirmation que Jésus est véritablement le Fils de Dieu. Nous n’avons ainsi aucun doute sur cette révélation ; au contraire, sa lumière brille dans notre âme avec toute sa splendeur. Il est donc remarquable que cet évangile commence et se termine par ces rappels figurés des diverses périodes dans lesquelles Dieu s’est révélé aux hommes ; cependant, la préoccupation de l’évangile est ce qui demeure éternellement au-dessus de toutes ces différences. Il se peut qu’elles entraînent des mesures différentes de compréhension chez les croyants, mais ce qui est à saisir sera toujours pareil.
Jean nous a donné un récit du reniement de Pierre. Il n’a rien dit cependant de ses larmes amères, versées juste après que le Seigneur l’eut regardé, ni de l’entretien personnel de Pierre avec son Seigneur ressuscité, à la fin du jour de la résurrection. Au début de ce chapitre, nous trouvons Pierre qui retourne à la pêche et qui prend six autres disciples avec lui. Le Seigneur ne l’avait pas appelé, au début, pour ce genre de pêche. Tout en sachant que le Seigneur lui avait pardonné, il se comporte comme si son appel au service avait pris fin. Toutefois, le Berger ressuscité allait restaurer pleinement son âme et les conduire tous dans les sentiers de justice.
Leur sortie sur le lac est un échec. Le verset 3 la résume ainsi : « Cette nuit-là ils ne prirent rien ». Quand le matin arrive, tout est complètement changé, car Jésus est là ; le filet est plein de gros poissons. Pas de filet rompu ou de nacelle qui enfonçait, comme en Luc 5. Pierre ne s’est pas non plus jeté à terre pour confesser qu’il était un homme pécheur, bien que sa triste chute ait été si récente. Au contraire, il s’est jeté dans la mer, pour aller Jésus le plus vite possible. De nouveau nous constatons combien l’accent est mis sur Pierre quand il est question de l’amour qui agit ; Jean, en revanche, manifeste davantage l’amour qui est clairvoyant.
Parvenus au rivage, les disciples se trouvent devancés, malgré l’importance de leur prise. Le Seigneur leur a préparé du feu, du poisson et du pain ; c’est lui qui pourvoit à tout. Voilà une image des disciples sortant et ramenant sous la direction du Seigneur une grande moisson, tirée de la mer des nations. C’est ce qui caractérisera le début du millénium. C’est aussi une leçon adressée à Pierre et aux autres, pour leur montrer qu’ils n’ont pas besoin de retourner à leur occupation ordinaire, même si le Seigneur l’a particulièrement bénie. Sa main avait déjà préparé leur nourriture. Les disciples reconnaissent que c’est bien leur Seigneur ressuscité qui se trouve là, non à cause de ce qu’ils ont vu de leurs yeux, mais à cause de ce qu’il a fait, qui est unique.
Le Seigneur commence alors à s’occuper plus particulièrement de Simon Pierre. Sa chute s’était produite quand il se chauffait au feu du monde, en compagnie des serviteurs du souverain sacrificateur, qui était terriblement hostile à son maître. Il se trouve maintenant près du feu que son Seigneur a allumé. Il est non seulement réchauffé, mais aussi nourri par lui, en compagnie de serviteurs aussi dévoués que lui à son maître. Trois fois Pierre avait été mis à l’épreuve et, chaque fois avec plus d’insistance, il avait renié son Seigneur. Maintenant, à trois reprises, le Seigneur sonde la conscience et le cœur de Pierre, augmentant chaque fois la sévérité de l’épreuve.
Dans les versets 15 à 17 deux mots différents sont employés pour le verbe « aimer ». Ceux qui connaissent l’original disent que le premier n’est pas utilisé pour « aimer » en dehors du Nouveau Testament et de la version des Septante ; l’Esprit de Dieu l’a saisi et consacré pour exprimer l’amour de Dieu. Le second est basé sur le mot utilisé pour des amis et signifie plutôt : aimer avec des sentiments, ou d’une vive affection. On a dit que ce mot indiquait moins de discernement et plus d’émotion.
Le Seigneur ne s’adresse pas à Pierre avec le nouveau nom qu’il lui avait donné, mais avec son ancien nom : « Simon, fils de Jonas ». Il lui demande : « M’aimes-tu plus que ceux-ci ne m’aiment ? ». C’est exactement ce qu’il avait prétendu lui-même, en disant : « Si même tous étaient scandalisés, je ne le serai pourtant pas, moi » (Marc 14:29). Cette question a dû être très douloureuse, car, vu ce qui s’était passé, il semblait aimer le Seigneur beaucoup moins que les autres. Que pouvait-il répondre ? Seulement ceci : « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime » (c’est-à-dire, en fait : j’ai de l’affection pour toi). Il a utilisé le mot le plus faible, montrant qu’il avait déjà baissé dans sa propre estime.
Une deuxième fois, Jésus pose la question en utilisant le même mot qu’avant, mais sans comparer Pierre et les autres disciples. Il dit simplement : « M’aimes-tu ? ». C’est comme s’il disait : « M’aimes-tu réellement un peu ? ». Cette question sonde la blessure d’une manière encore plus profonde. Pierre est de nouveau incapable d’accepter le défi et il persiste dans ses propres paroles : « Tu sais que je t’aime » (j’ai de l’affection pour toi).
La troisième question pénètre encore plus profondément, car Jésus adopte cette fois le langage de Pierre et demande : « M’aimes-tu ? » (c’est-à-dire : as-tu de l’affection pour moi ?). Il met donc Pierre au défi de s’attribuer même le droit de dire qu’il a de l’affection pour lui. Cela le pique au vif et le sonde en profondeur. Il réalise qu’il ne peut avoir la prétention d’aimer et que sa conduite a démenti même un simple sentiment d’amitié. Il se rejette donc entièrement sur son Seigneur qui sait tout, en disant : « Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime » (j’ai de l’affection pour toi). Il reconnaît ainsi, de fait, que son affection a des proportions si faibles que seule la parfaite connaissance divine pourra la percevoir. Mais elle existe ! Pierre le savait et il savait que son Seigneur le saurait.
Ainsi, Pierre est conduit avec beaucoup de miséricorde, mais avec une grande fermeté, au jugement de lui-même, c’est-à-dire de l’état qui l’avait amené au péché et à la catastrophe. Il faut confesser le péché commis, et confesser aussi le mauvais état qui y a conduit. C’est cela qui est très instructif et salutaire pour nous. Deux maux vont de pair : l’amour-propre et la confiance en soi ; ils étaient à l’origine de la faute et Pierre ne serait pas parfaitement restauré devant le Seigneur tant qu’il ne les aurait pas jugés. De plus son péché s’était produit sous les yeux de tous, et la confiance que les autres disciples avaient en lui devait être sérieusement ébranlée. Comme le Seigneur est plein de grâce pour s’occuper de Pierre jusqu’à sa restauration en présence de plusieurs disciples !
Le Seigneur agit encore plus merveilleusement. Chaque fois que Pierre affirme sa réelle affection pour le Seigneur, malgré son lâche reniement, il lui dit qu’un service très important va lui être confié. Le Seigneur emploie trois expressions différentes : « Pais mes agneaux » ; « Sois berger de mes brebis » ; « Pais mes brebis ». Être le berger des brebis suppose qu’on les nourrit, mais cela va plus loin et englobe de nombreuses activités comme la surveillance, la conduite, la protection.
Il est bien évident qu’un service pastoral a été confié à Pierre. Il est très frappant de voir comment il exhorte les autres à poursuivre ce service pastoral (1 Pierre 5). Il donne des avertissements contre les abus qui ont tout envahi dans l’histoire de l’église. Ces abus sont à leur comble dans l’imposant système religieux qui prétend que son chef à Rome est le successeur de Pierre. Ils ne sont que la conséquence de la chute de l’homme, car des choses tout à fait semblables se sont produites en Israël et l’Éternel les a dénoncées par Ézéchiel (chap. 34). Aujourd’hui le denier de Saint Pierre est de l’argent soutiré au troupeau pour l’entretien du prétendu successeur de Pierre, au lieu de pourvoir aux besoins du troupeau. Sinistre déformation, et triste parodie !
Les faux bergers qui ont servi après le départ de Pierre ont vite oublié que les agneaux et les brebis appartenaient au Seigneur. Le message donné à Pierre n’est pas : « Nourris tes brebis », mais : « Nourris mes brebis » ; voilà toute la différence. Il faut remarquer encore que le Seigneur parle une fois d’être le berger et deux fois de nourrir. C’est là-dessus qu’il insiste. Agir comme berger signifie être compétent et ferme pour s’occuper des brebis et les conduire. Il y en a beaucoup qui aiment exercer une autorité, même dans l’église de Dieu. Dispenser la nourriture spirituelle est une autre affaire, beaucoup plus difficile. Celui qui est capable de donner de la nourriture spirituelle n’aura pas beaucoup de difficultés à exercer une certaine autorité spirituelle.
Nous pouvons encore remarquer que, lorsque Pierre avait reçu sa mission, c’était un homme brisé et humilié. À cet homme, quand il a été pleinement relevé, le Seigneur a confié ses agneaux et ses brebis. Rappelons-nous l’exhortation de l’apôtre : « Frères, quand même un homme s’est laissé surprendre par quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez un tel homme dans un esprit de douceur, prenant garde à toi-même, de peur que toi aussi tu ne sois tenté » (Galates 6:1). Il va sans dire qu’un homme spirituel devrait être doux et pleinement conscient du fait qu’il peut, lui aussi, faire une chute. Pierre était tombé ; maintenant humilié et relevé, il a acquis cet esprit tendre et doux qui caractérise l’homme spirituel. C’est à de tels hommes que le Seigneur confie ses agneaux et ses brebis.
Le Seigneur donne une nouvelle mission à Pierre, et lui indique le caractère particulier du service qu’il a à accomplir. Il lui montre ensuite que ce qu’il s’était vanté de faire, avec l’énergie de la jeunesse, il le ferait réellement alors que son énergie naturelle aurait diminué. Il avait dit : « Je laisserai ma vie pour toi », et cependant il avait lamentablement échoué. Son désir avait été juste, bien que sa prétention ait été excessive ; elle devait être réprimandée. Son désir serait donc réalisé, mais par une puissance autre que la sienne. Les paroles du Seigneur, au verset 18, indiquent qu’il glorifiera Dieu par le martyre, mais aussi par la manière dont il le subira. C’est une allusion à la crucifixion. Il allait suivre le Seigneur en s’occupant de ses brebis et, jusqu’à un certain point, il subirait une mort semblable. Quelle grâce merveilleuse à l’égard du disciple qui a failli ! Et quel enseignement pour nous ! Le cas de Jean, surnommé Marc, nous fournit aussi un exemple de quelque chose qui, commencé dans la chair, peut cependant être rendu parfait par l’Esprit. C’est le contraire absolu de Galates 3:3.
Pour le moment, Pierre détourne les yeux de son maître et les fixe sur un compagnon qui n’est autre que l’auteur de cet évangile. Jean est certainement plus jeune, mais il a déjà été très proche de Pierre en plusieurs occasions. L’intérêt de Pierre est probablement sincère ; ce n’est pas une simple curiosité qui le pousse à demander ce qui va arriver à Jean. Il semble que la réponse soit double.
Tout d’abord, l’accent est mis sur le fait qu’un disciple (que ce soit Pierre, ou nous-mêmes) ne doit pas être occupé de ses frères, mais de son Seigneur. Ce que le Seigneur a décidé à l’avance pour Jean n’est pas le problème de Pierre. Il a, lui, à suivre le Seigneur. Peu nombreux aujourd’hui sont ceux qui, en parlant de leur frère, disent : « Et celui-ci, que lui arrivera-t-il ? ». Beaucoup disent par contre : « Regarde ce que cet homme a fait ! ». Il est facile, et cela ne coûte guère, d’être préoccupé par ce que font les autres, surtout s’ils n’agissent pas bien. En revanche, il en coûte beaucoup d’être vigilant sur soi-même. À chacun de nous, comme à Pierre, le Seigneur dit : « Toi, suis-moi ».
Ensuite, il y a quelque chose de secret ou de caché dans ce qui est dit de Jean, comme au verset 18 concernant Pierre. Cela n’indique pas qu’il ne mourra pas et demeurera donc jusqu’à la seconde venue du Seigneur, mais plutôt que son ministère aura un caractère particulier. Le mot traduit ici par « demeure » se rencontre dans les écrits de Jean aussi souvent que dans tout le reste du Nouveau Testament. Il est traduit de différentes façons comme demeurer, continuer, habiter, rester. Or le ministère de Jean, comme le montrent son évangile et ses épîtres, s’occupe particulièrement des vérités de la révélation de Dieu qui demeurent, que rien ne peut toucher ni ternir. Dans l’Apocalypse, il a été le dernier des apôtres à voir le Seigneur dans sa glorieuse majesté ; il a reçu de lui, par son ange, la révélation la plus complète des événements futurs. Ceux-ci nous conduisent à la seconde venue du Seigneur et même à l’état éternel.
Le verset 23 nous avertit du danger de tirer des conclusions à partir de la Parole de Dieu et d’élever ensuite ces conclusions au rang d’affirmations catégoriques. Si une parole s’était répandue parmi les frères qu’il était possible que Jean ne meure pas, étant donné ce que le Seigneur avait dit, peut-être que cela n’aurait pas mérité de remarque. Mais ils disaient que Jean ne mourrait pas, au lieu de dire qu’il était possible qu’il ne meure pas. Les paroles inspirées sont uniques et nous devons faire attention aux conclusions que nous en tirons.
Le dernier verset de notre évangile est très caractéristique. Il nous rappelle que ce qui est écrit, concernant les œuvres du Seigneur sur la terre, n’est qu’une infime partie du tout. Cela est vrai même si nous réunissons les quatre évangiles. C’est aussi vrai pour ses paroles que pour ses œuvres. C’est un fait qui nous aide à expliquer des choses qui peuvent paraître contradictoires. Par exemple, le Seigneur a dû faire et dire des choses analogues, à de nombreuses reprises durant les années de son service incessant dans les différentes régions de la Judée et de la Galilée. Enfin, il n’y a pas d’exagération dans ce qui est dit du monde et des livres. Jean a retracé pour nous quelques-unes des paroles et des œuvres incomparables de la Parole faite chair ; bien qu’en petit nombre, elles sont suffisantes pour nous convaincre que, dans la Parole incarnée, nous avons le Christ, le Fils de Dieu. Bien que la Parole ait revêtu en la personne de Christ une forme finie, cette Parole est infinie. Jésus a donc mis le sceau de l’infini sur tout ce qu’il a fait et dit. Le monde et les livres ne peuvent contenir cela.
Nous ne pourrons jamais sonder à fond tout ce que Jésus a fait. C’est sur cette note que se termine cet évangile.
D’après les derniers versets du chapitre 20, toutes les preuves que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, ont été données. Cette vérité n’est pas développée dans le chapitre 21 ; il y a les récits des entretiens du Seigneur avec certains de ses disciples, conversations qui sont entièrement passées sous silence dans les autres évangiles. On peut les considérer de deux manières différentes : premièrement, comme des images ou des types d’événements à venir ; deuxièmement, comme montrant les voies de grâce du Seigneur envers les disciples, en ce qui concerne leur avenir.
Le verset 14 nous permet de comprendre la signification de ces versets, comme images de circonstances futures. Au commencement, l’évangéliste a attiré notre attention sur certains jours. Au début du chapitre 2, il y a une manifestation de la gloire de Jésus le troisième jour, image du millénium. Nous avons maintenant devant nous ce qui est appelé la troisième manifestation de Jésus, ressuscité d’entre les morts ; de nouveau nous découvrons que cela a une signification en relation avec la même période.
Comme nous l’avons vu au chapitre précédent, la première manifestation a eu lieu le jour même de la résurrection. Tout ce qui est rapporté à ce sujet touche à la part de l’église, en relation avec le Seigneur ressuscité. La deuxième manifestation, dans le même chapitre, parle du réveil de la foi dans le résidu d’Israël, lorsque les juifs, à la fin, regarderont vers celui qu’ils auront percé. Cela est présenté en Thomas. Nous arrivons maintenant à la troisième, quand le matin du millénium se lèvera et que le Seigneur sera révélé comme le maître de chaque circonstance et comme celui qui pourvoit à chaque besoin. Les trois jours, signalés aux chapitres 1 et 2, ont respectivement le même sens.
La pensée principale de cet évangile est la révélation du Père, dans la personne du Fils, et pour nous l’affirmation que Jésus est véritablement le Fils de Dieu. Nous n’avons ainsi aucun doute sur cette révélation ; au contraire, sa lumière brille dans notre âme avec toute sa splendeur. Il est donc remarquable que cet évangile commence et se termine par ces rappels figurés des diverses périodes dans lesquelles Dieu s’est révélé aux hommes ; cependant, la préoccupation de l’évangile est ce qui demeure éternellement au-dessus de toutes ces différences. Il se peut qu’elles entraînent des mesures différentes de compréhension chez les croyants, mais ce qui est à saisir sera toujours pareil.
Jean nous a donné un récit du reniement de Pierre. Il n’a rien dit cependant de ses larmes amères, versées juste après que le Seigneur l’eut regardé, ni de l’entretien personnel de Pierre avec son Seigneur ressuscité, à la fin du jour de la résurrection. Au début de ce chapitre, nous trouvons Pierre qui retourne à la pêche et qui prend six autres disciples avec lui. Le Seigneur ne l’avait pas appelé, au début, pour ce genre de pêche. Tout en sachant que le Seigneur lui avait pardonné, il se comporte comme si son appel au service avait pris fin. Toutefois, le Berger ressuscité allait restaurer pleinement son âme et les conduire tous dans les sentiers de justice.
Leur sortie sur le lac est un échec. Le verset 3 la résume ainsi : « Cette nuit-là ils ne prirent rien ». Quand le matin arrive, tout est complètement changé, car Jésus est là ; le filet est plein de gros poissons. Pas de filet rompu ou de nacelle qui enfonçait, comme en Luc 5. Pierre ne s’est pas non plus jeté à terre pour confesser qu’il était un homme pécheur, bien que sa triste chute ait été si récente. Au contraire, il s’est jeté dans la mer, pour aller Jésus le plus vite possible. De nouveau nous constatons combien l’accent est mis sur Pierre quand il est question de l’amour qui agit ; Jean, en revanche, manifeste davantage l’amour qui est clairvoyant.
Parvenus au rivage, les disciples se trouvent devancés, malgré l’importance de leur prise. Le Seigneur leur a préparé du feu, du poisson et du pain ; c’est lui qui pourvoit à tout. Voilà une image des disciples sortant et ramenant sous la direction du Seigneur une grande moisson, tirée de la mer des nations. C’est ce qui caractérisera le début du millénium. C’est aussi une leçon adressée à Pierre et aux autres, pour leur montrer qu’ils n’ont pas besoin de retourner à leur occupation ordinaire, même si le Seigneur l’a particulièrement bénie. Sa main avait déjà préparé leur nourriture. Les disciples reconnaissent que c’est bien leur Seigneur ressuscité qui se trouve là, non à cause de ce qu’ils ont vu de leurs yeux, mais à cause de ce qu’il a fait, qui est unique.
Le Seigneur commence alors à s’occuper plus particulièrement de Simon Pierre. Sa chute s’était produite quand il se chauffait au feu du monde, en compagnie des serviteurs du souverain sacrificateur, qui était terriblement hostile à son maître. Il se trouve maintenant près du feu que son Seigneur a allumé. Il est non seulement réchauffé, mais aussi nourri par lui, en compagnie de serviteurs aussi dévoués que lui à son maître. Trois fois Pierre avait été mis à l’épreuve et, chaque fois avec plus d’insistance, il avait renié son Seigneur. Maintenant, à trois reprises, le Seigneur sonde la conscience et le cœur de Pierre, augmentant chaque fois la sévérité de l’épreuve.
Dans les versets 15 à 17 deux mots différents sont employés pour le verbe « aimer ». Ceux qui connaissent l’original disent que le premier n’est pas utilisé pour « aimer » en dehors du Nouveau Testament et de la version des Septante ; l’Esprit de Dieu l’a saisi et consacré pour exprimer l’amour de Dieu. Le second est basé sur le mot utilisé pour des amis et signifie plutôt : aimer avec des sentiments, ou d’une vive affection. On a dit que ce mot indiquait moins de discernement et plus d’émotion.
Le Seigneur ne s’adresse pas à Pierre avec le nouveau nom qu’il lui avait donné, mais avec son ancien nom : « Simon, fils de Jonas ». Il lui demande : « M’aimes-tu plus que ceux-ci ne m’aiment ? ». C’est exactement ce qu’il avait prétendu lui-même, en disant : « Si même tous étaient scandalisés, je ne le serai pourtant pas, moi » (Marc 14:29). Cette question a dû être très douloureuse, car, vu ce qui s’était passé, il semblait aimer le Seigneur beaucoup moins que les autres. Que pouvait-il répondre ? Seulement ceci : « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime » (c’est-à-dire, en fait : j’ai de l’affection pour toi). Il a utilisé le mot le plus faible, montrant qu’il avait déjà baissé dans sa propre estime.
Une deuxième fois, Jésus pose la question en utilisant le même mot qu’avant, mais sans comparer Pierre et les autres disciples. Il dit simplement : « M’aimes-tu ? ». C’est comme s’il disait : « M’aimes-tu réellement un peu ? ». Cette question sonde la blessure d’une manière encore plus profonde. Pierre est de nouveau incapable d’accepter le défi et il persiste dans ses propres paroles : « Tu sais que je t’aime » (j’ai de l’affection pour toi).
La troisième question pénètre encore plus profondément, car Jésus adopte cette fois le langage de Pierre et demande : « M’aimes-tu ? » (c’est-à-dire : as-tu de l’affection pour moi ?). Il met donc Pierre au défi de s’attribuer même le droit de dire qu’il a de l’affection pour lui. Cela le pique au vif et le sonde en profondeur. Il réalise qu’il ne peut avoir la prétention d’aimer et que sa conduite a démenti même un simple sentiment d’amitié. Il se rejette donc entièrement sur son Seigneur qui sait tout, en disant : « Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime » (j’ai de l’affection pour toi). Il reconnaît ainsi, de fait, que son affection a des proportions si faibles que seule la parfaite connaissance divine pourra la percevoir. Mais elle existe ! Pierre le savait et il savait que son Seigneur le saurait.
Ainsi, Pierre est conduit avec beaucoup de miséricorde, mais avec une grande fermeté, au jugement de lui-même, c’est-à-dire de l’état qui l’avait amené au péché et à la catastrophe. Il faut confesser le péché commis, et confesser aussi le mauvais état qui y a conduit. C’est cela qui est très instructif et salutaire pour nous. Deux maux vont de pair : l’amour-propre et la confiance en soi ; ils étaient à l’origine de la faute et Pierre ne serait pas parfaitement restauré devant le Seigneur tant qu’il ne les aurait pas jugés. De plus son péché s’était produit sous les yeux de tous, et la confiance que les autres disciples avaient en lui devait être sérieusement ébranlée. Comme le Seigneur est plein de grâce pour s’occuper de Pierre jusqu’à sa restauration en présence de plusieurs disciples !
Le Seigneur agit encore plus merveilleusement. Chaque fois que Pierre affirme sa réelle affection pour le Seigneur, malgré son lâche reniement, il lui dit qu’un service très important va lui être confié. Le Seigneur emploie trois expressions différentes : « Pais mes agneaux » ; « Sois berger de mes brebis » ; « Pais mes brebis ». Être le berger des brebis suppose qu’on les nourrit, mais cela va plus loin et englobe de nombreuses activités comme la surveillance, la conduite, la protection.
Il est bien évident qu’un service pastoral a été confié à Pierre. Il est très frappant de voir comment il exhorte les autres à poursuivre ce service pastoral (1 Pierre 5). Il donne des avertissements contre les abus qui ont tout envahi dans l’histoire de l’église. Ces abus sont à leur comble dans l’imposant système religieux qui prétend que son chef à Rome est le successeur de Pierre. Ils ne sont que la conséquence de la chute de l’homme, car des choses tout à fait semblables se sont produites en Israël et l’Éternel les a dénoncées par Ézéchiel (chap. 34). Aujourd’hui le denier de Saint Pierre est de l’argent soutiré au troupeau pour l’entretien du prétendu successeur de Pierre, au lieu de pourvoir aux besoins du troupeau. Sinistre déformation, et triste parodie !
Les faux bergers qui ont servi après le départ de Pierre ont vite oublié que les agneaux et les brebis appartenaient au Seigneur. Le message donné à Pierre n’est pas : « Nourris tes brebis », mais : « Nourris mes brebis » ; voilà toute la différence. Il faut remarquer encore que le Seigneur parle une fois d’être le berger et deux fois de nourrir. C’est là-dessus qu’il insiste. Agir comme berger signifie être compétent et ferme pour s’occuper des brebis et les conduire. Il y en a beaucoup qui aiment exercer une autorité, même dans l’église de Dieu. Dispenser la nourriture spirituelle est une autre affaire, beaucoup plus difficile. Celui qui est capable de donner de la nourriture spirituelle n’aura pas beaucoup de difficultés à exercer une certaine autorité spirituelle.
Nous pouvons encore remarquer que, lorsque Pierre avait reçu sa mission, c’était un homme brisé et humilié. À cet homme, quand il a été pleinement relevé, le Seigneur a confié ses agneaux et ses brebis. Rappelons-nous l’exhortation de l’apôtre : « Frères, quand même un homme s’est laissé surprendre par quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez un tel homme dans un esprit de douceur, prenant garde à toi-même, de peur que toi aussi tu ne sois tenté » (Galates 6:1). Il va sans dire qu’un homme spirituel devrait être doux et pleinement conscient du fait qu’il peut, lui aussi, faire une chute. Pierre était tombé ; maintenant humilié et relevé, il a acquis cet esprit tendre et doux qui caractérise l’homme spirituel. C’est à de tels hommes que le Seigneur confie ses agneaux et ses brebis.
Le Seigneur donne une nouvelle mission à Pierre, et lui indique le caractère particulier du service qu’il a à accomplir. Il lui montre ensuite que ce qu’il s’était vanté de faire, avec l’énergie de la jeunesse, il le ferait réellement alors que son énergie naturelle aurait diminué. Il avait dit : « Je laisserai ma vie pour toi », et cependant il avait lamentablement échoué. Son désir avait été juste, bien que sa prétention ait été excessive ; elle devait être réprimandée. Son désir serait donc réalisé, mais par une puissance autre que la sienne. Les paroles du Seigneur, au verset 18, indiquent qu’il glorifiera Dieu par le martyre, mais aussi par la manière dont il le subira. C’est une allusion à la crucifixion. Il allait suivre le Seigneur en s’occupant de ses brebis et, jusqu’à un certain point, il subirait une mort semblable. Quelle grâce merveilleuse à l’égard du disciple qui a failli ! Et quel enseignement pour nous ! Le cas de Jean, surnommé Marc, nous fournit aussi un exemple de quelque chose qui, commencé dans la chair, peut cependant être rendu parfait par l’Esprit. C’est le contraire absolu de Galates 3:3.
Pour le moment, Pierre détourne les yeux de son maître et les fixe sur un compagnon qui n’est autre que l’auteur de cet évangile. Jean est certainement plus jeune, mais il a déjà été très proche de Pierre en plusieurs occasions. L’intérêt de Pierre est probablement sincère ; ce n’est pas une simple curiosité qui le pousse à demander ce qui va arriver à Jean. Il semble que la réponse soit double.
Tout d’abord, l’accent est mis sur le fait qu’un disciple (que ce soit Pierre, ou nous-mêmes) ne doit pas être occupé de ses frères, mais de son Seigneur. Ce que le Seigneur a décidé à l’avance pour Jean n’est pas le problème de Pierre. Il a, lui, à suivre le Seigneur. Peu nombreux aujourd’hui sont ceux qui, en parlant de leur frère, disent : « Et celui-ci, que lui arrivera-t-il ? ». Beaucoup disent par contre : « Regarde ce que cet homme a fait ! ». Il est facile, et cela ne coûte guère, d’être préoccupé par ce que font les autres, surtout s’ils n’agissent pas bien. En revanche, il en coûte beaucoup d’être vigilant sur soi-même. À chacun de nous, comme à Pierre, le Seigneur dit : « Toi, suis-moi ».
Ensuite, il y a quelque chose de secret ou de caché dans ce qui est dit de Jean, comme au verset 18 concernant Pierre. Cela n’indique pas qu’il ne mourra pas et demeurera donc jusqu’à la seconde venue du Seigneur, mais plutôt que son ministère aura un caractère particulier. Le mot traduit ici par « demeure » se rencontre dans les écrits de Jean aussi souvent que dans tout le reste du Nouveau Testament. Il est traduit de différentes façons comme demeurer, continuer, habiter, rester. Or le ministère de Jean, comme le montrent son évangile et ses épîtres, s’occupe particulièrement des vérités de la révélation de Dieu qui demeurent, que rien ne peut toucher ni ternir. Dans l’Apocalypse, il a été le dernier des apôtres à voir le Seigneur dans sa glorieuse majesté ; il a reçu de lui, par son ange, la révélation la plus complète des événements futurs. Ceux-ci nous conduisent à la seconde venue du Seigneur et même à l’état éternel.
Le verset 23 nous avertit du danger de tirer des conclusions à partir de la Parole de Dieu et d’élever ensuite ces conclusions au rang d’affirmations catégoriques. Si une parole s’était répandue parmi les frères qu’il était possible que Jean ne meure pas, étant donné ce que le Seigneur avait dit, peut-être que cela n’aurait pas mérité de remarque. Mais ils disaient que Jean ne mourrait pas, au lieu de dire qu’il était possible qu’il ne meure pas. Les paroles inspirées sont uniques et nous devons faire attention aux conclusions que nous en tirons.
Le dernier verset de notre évangile est très caractéristique. Il nous rappelle que ce qui est écrit, concernant les œuvres du Seigneur sur la terre, n’est qu’une infime partie du tout. Cela est vrai même si nous réunissons les quatre évangiles. C’est aussi vrai pour ses paroles que pour ses œuvres. C’est un fait qui nous aide à expliquer des choses qui peuvent paraître contradictoires. Par exemple, le Seigneur a dû faire et dire des choses analogues, à de nombreuses reprises durant les années de son service incessant dans les différentes régions de la Judée et de la Galilée. Enfin, il n’y a pas d’exagération dans ce qui est dit du monde et des livres. Jean a retracé pour nous quelques-unes des paroles et des œuvres incomparables de la Parole faite chair ; bien qu’en petit nombre, elles sont suffisantes pour nous convaincre que, dans la Parole incarnée, nous avons le Christ, le Fils de Dieu. Bien que la Parole ait revêtu en la personne de Christ une forme finie, cette Parole est infinie. Jésus a donc mis le sceau de l’infini sur tout ce qu’il a fait et dit. Le monde et les livres ne peuvent contenir cela.
Nous ne pourrons jamais sonder à fond tout ce que Jésus a fait. C’est sur cette note que se termine cet évangile.
ÉTUDE sur L’ÉVANGILE DE JEAN
ÉTUDE sur L’ÉVANGILE DE JEAN
1 INTRODUCTION
L’évangile de Jean a un caractère tout particulier, qui frappe les esprits de tous ceux qui le lisent avec quelque attention, alors même qu’ils ne se rendent pas compte de ce qui produit cet effet : il frappe non seulement les esprits, mais il attire les cœurs comme ne le font pas d’autres parties du saint livre. La raison de ce dernier effet, c’est que l’évangile de Jean présente la personne du Fils de Dieu, — le Fils de Dieu dans une position où il est descendu assez bas pour être dans le cas de dire : «Donne-moi à boire». Cela attire le cœur, si le cœur n’est pas tout à fait endurci. Si Paul nous enseigne comment un homme peut être présenté devant Dieu, Jean présente Dieu devant l’homme. Son sujet, c’est Dieu et la vie éternelle dans un homme, l’apôtre poursuivant ensuite le sujet dans sa première épître, en nous montrant cette vie reproduite dans ceux qui la possèdent en possédant Christ. Je parle seulement des grands traits qui caractérisent ces livres, car bien d’autres vérités que celles que je viens d’indiquer s’y trouvent, je n’ai pas besoin de le dire. En effet, c’est l’évangile de Jean qui nous donne la doctrine de l’envoi de l’Esprit de Dieu, cet autre Consolateur qui devait demeurer toujours avec nous.
L’évangile de Jean se distingue très clairement des autres évangiles synoptiques, et nous ferons bien de nous arrêter un moment sur ce qui caractérise ces derniers, pour autant que cela touche à la différence qu’il y a entre eux et l’évangile de Jean. Les trois évangiles synoptiques, Matthieu, Marc et Luc, nous fournissent les plus précieux détails sur la vie du Sauveur ici-bas, sur sa patience et sa grâce : il était la parfaite expression du bien au milieu du mal ; ses miracles (à l’exception de la malédiction du figuier qui exprimait la vérité quant à l’état d’Israël, c’est-à-dire de l’homme en possession de tous les privilèges dont il pouvait jouir de la part de Dieu) étaient non seulement une confirmation de son témoignage, mais tous des miracles de bonté, — l’expression de la puissance divine manifestée en bonté. On y trouve le bien, Dieu lui-même qui est amour, agissant, quoique dans un certain sens encore caché, selon la grâce qui allait être pleinement révélée. Ce précieux Sauveur a été ainsi présenté à l’homme pour être reconnu et reçu : — il a été méconnu et rejeté. Chacun des trois évangélistes, on l’a souvent fait remarquer, présente le Sauveur sous un aspect différent : Matthieu place devant nous Emmanuel au milieu des Juifs ; Marc, le serviteur prophète ; Luc, après les deux premiers chapitres qui nous offrent un tableau des plus intéressants d’un résidu avec lequel Dieu se trouvait, au milieu d’un peuple hypocrite et rebelle, nous montre le Fils de l’homme, davantage en relation avec ce qui existe maintenant, savoir la grâce céleste ; mais tous les trois, au fond, présentent le Sauveur dans ses patientes voies de grâce ici-bas, pour que l’homme le reçût ; et l’homme l’a rejeté ! L’évangile de Marc, nous faisant connaître le service de Jésus, n’a pas de généalogie. Matthieu, étant en relation avec les Juifs et les économies terrestres, fait descendre le Sauveur d’Abraham et de David, et montre aussi les trois choses qui remplacent le judaïsme, c’est-à-dire le royaume tel qu’il existe maintenant (chap. 13), l’Église (chap. 16), et le royaume en gloire (chap. 17). Luc, qui nous présente la grâce dans le Fils de l’homme, fait remonter sa généalogie jusqu’à Adam. Ces trois évangiles parlent toujours de Christ homme ici-bas, présenté à l’homme historiquement, et ils poursuivent leur récit jusqu’à sa réjection de fait, annonçant ensuite son entrée dans la nouvelle position qu’il a prise par la résurrection. L’ascension, base de notre position actuelle, n’est directement racontée que dans Luc seul : il y est fait allusion dans les derniers versets supplémentaires de Marc.
L’évangile de Jean envisage le Seigneur d’une tout autre manière : il nous présente une personne divine descendue ici-bas, Dieu manifesté sur la terre, fait merveilleux duquel tout dépend dans l’histoire de l’homme. Il ne s’agit plus ici de généalogie ; ce n’est plus le second homme responsable envers Dieu (bien que cela reste toujours vrai) et parfait devant Dieu, et faisant ses délices, quoiqu’on voie à chaque page que ce n’est plus le Messie selon les prophéties ; ce n’est plus Emmanuel, Jésus qui sauve son peuple ; ce n’est plus le messager qui va devant sa face : dans Jean, c’est Dieu lui-même comme Dieu, qui, dans un homme (*), se montre à l’homme, aux Juifs, parce que Dieu l’avait promis, mais pour les mettre tout d’abord de coté (chap. 1:10, 11), montrant en même temps que rien dans l’homme ne pouvait même comprendre qui était là, présent avec lui. Puis, à la fin de l’évangile, nous trouvons la doctrine de la présence du Saint Esprit qui remplacerait Jésus ici-bas, en révélant sa gloire en haut, et en nous donnant la conscience de nos relations avec le Père et avec Lui. Il faut remarquer aussi que tous les écrits de Jean, et son évangile entre autres, envisagent le chrétien comme individu, et ne connaissent pas l’Église, ni comme corps, ni comme maison. De plus, l’évangile de Jean s’occupe de la vie éternelle ; il ne parle pas de la rémission des péchés, sauf en tant qu’administration présente confiée aux apôtres ; et, pour ce qui est de Christ, il traite essentiellement le sujet de la manifestation de Dieu ici-bas, et de la venue de la vie éternelle dans la personne du Fils de Dieu : par conséquent il ne parle guère de notre part dans le ciel, trois ou quatre allusions exceptées. Mais il est temps que nous sortions des généralités pour nous occuper de ce que nous dit l’évangile lui-même.
(*) Étant venu comme homme, Jésus ne sort jamais de la position d’obéissance, et reçoit tout de la main de son Père.
Voici d’abord quelle est sa structure. Les trois premiers chapitres sont préliminaires : Jean-Baptiste n’avait pas encore été mis en prison, et Jésus, bien qu’il enseignât et fît des miracles, n’avait pas encore commencé son ministère public. Les deux premiers de ces trois chapitres, jusqu’à la fin du verset 22 du chapitre 2, forment un ensemble ; le chapitre 3 nous donne la base de l’œuvre divine en nous et pour nous, savoir la nouvelle naissance et la croix, celle-ci introduisant les choses célestes quant à nous et quant à Jésus lui-même. Au chapitre 4, Jésus passe de Judée en Galilée, quittant les Juifs qui ne le recevaient pas, et il prend la place de Sauveur du monde en grâce. Au chapitre 5, il donne la vie comme Fils de Dieu ; au chapitre 6, il devient, comme Fils de l’homme, l’aliment de la vie, dans son incarnation et dans sa mort. Le chapitre 7 nous montre que le Saint Esprit doit le remplacer ; la fête des tabernacles — la restauration d’Israël — devant avoir lieu plus tard. Au chapitre 8, sa parole, au chapitre 9, ses œuvres, sont définitivement rejetées ; mais celui qui a reçu la vue le suit. Ainsi, chapitre 10, il aura ses brebis et les gardera pour de meilleures espérances. Dans les chapitres 11 et 12, Dieu lui rend témoignage, comme Fils de Dieu, par la résurrection de Lazare ; comme Fils de David, par son entrée à Jérusalem ; comme Fils de l’homme, par la venue des Grecs ; mais ce dernier titre de Fils de l’homme, amenait avec lui la mort, sujet qui est alors traité. Béthanie est une scène à part : Marie saisit la position de Jésus par le cœur ; Celui qui donnait la vie devait mourir lui-même. Son titre de Fils de l’homme clôt l’histoire de Jésus ici-bas, en l’introduisant, par la mort et par la rédemption, dans une sphère de gloire beaucoup plus vaste. Mais, chapitre 13, la question surgissait naturellement : Est-ce que Jésus abandonnait ses disciples ? Non, étant glorifié en haut, il leur lavait les pieds. Mais il s’en allait où les disciples ne pouvaient alors le suivre. Dans le chapitre 14, se trouvent les consolations pour le temps de l’absence du Seigneur : le Père avait été révélé en lui déjà pendant sa vie ici-bas ; quand il serait remonté en haut, il enverrait un autre Consolateur ; par son moyen, les disciples sauraient que Lui était dans le Père, eux-mêmes en Lui, et Lui en eux. Le chapitre 15 nous montre la relation des disciples avec lui sur la terre, remplaçant les Juifs, la position où se trouveraient les disciples vis-à-vis du monde, celle où se trouvaient les Juifs en le rejetant, puis le Consolateur. Le chapitre 16 nous dit ce que le Saint Esprit ferait quand il serait venu, ce dont sa présence serait la preuve dans le monde, et ce qu’il enseignerait aux disciples, les plaçant en même temps en relation immédiate avec le Père. Au chapitre 17, le Seigneur, se fondant sur l’accomplissement de son œuvre et la révélation du nom du Père, place les siens dans sa propre position vis-à-vis du Père et vis-à-vis du monde : le monde est jugé en ce qu’il a rejeté le Seigneur, et les siens sont laissés ici-bas à sa place. Dans les chapitres 18 et 19, nous avons l’histoire de la condamnation et du crucifiement du Seigneur ; au chapitre 20, sa résurrection et sa manifestation de lui-même à ses disciples, ainsi que leur mission. Le chapitre 21 nous donne son entrevue avec les siens en Galilée, la restauration de Pierre, et la prophétie de Jésus à l’égard de celui-ci et de Jean.
Après cette courte esquisse de l’évangile de Jean dans son ensemble, nous entrerons maintenant dans le détail des chapitres.
1 INTRODUCTION
L’évangile de Jean a un caractère tout particulier, qui frappe les esprits de tous ceux qui le lisent avec quelque attention, alors même qu’ils ne se rendent pas compte de ce qui produit cet effet : il frappe non seulement les esprits, mais il attire les cœurs comme ne le font pas d’autres parties du saint livre. La raison de ce dernier effet, c’est que l’évangile de Jean présente la personne du Fils de Dieu, — le Fils de Dieu dans une position où il est descendu assez bas pour être dans le cas de dire : «Donne-moi à boire». Cela attire le cœur, si le cœur n’est pas tout à fait endurci. Si Paul nous enseigne comment un homme peut être présenté devant Dieu, Jean présente Dieu devant l’homme. Son sujet, c’est Dieu et la vie éternelle dans un homme, l’apôtre poursuivant ensuite le sujet dans sa première épître, en nous montrant cette vie reproduite dans ceux qui la possèdent en possédant Christ. Je parle seulement des grands traits qui caractérisent ces livres, car bien d’autres vérités que celles que je viens d’indiquer s’y trouvent, je n’ai pas besoin de le dire. En effet, c’est l’évangile de Jean qui nous donne la doctrine de l’envoi de l’Esprit de Dieu, cet autre Consolateur qui devait demeurer toujours avec nous.
L’évangile de Jean se distingue très clairement des autres évangiles synoptiques, et nous ferons bien de nous arrêter un moment sur ce qui caractérise ces derniers, pour autant que cela touche à la différence qu’il y a entre eux et l’évangile de Jean. Les trois évangiles synoptiques, Matthieu, Marc et Luc, nous fournissent les plus précieux détails sur la vie du Sauveur ici-bas, sur sa patience et sa grâce : il était la parfaite expression du bien au milieu du mal ; ses miracles (à l’exception de la malédiction du figuier qui exprimait la vérité quant à l’état d’Israël, c’est-à-dire de l’homme en possession de tous les privilèges dont il pouvait jouir de la part de Dieu) étaient non seulement une confirmation de son témoignage, mais tous des miracles de bonté, — l’expression de la puissance divine manifestée en bonté. On y trouve le bien, Dieu lui-même qui est amour, agissant, quoique dans un certain sens encore caché, selon la grâce qui allait être pleinement révélée. Ce précieux Sauveur a été ainsi présenté à l’homme pour être reconnu et reçu : — il a été méconnu et rejeté. Chacun des trois évangélistes, on l’a souvent fait remarquer, présente le Sauveur sous un aspect différent : Matthieu place devant nous Emmanuel au milieu des Juifs ; Marc, le serviteur prophète ; Luc, après les deux premiers chapitres qui nous offrent un tableau des plus intéressants d’un résidu avec lequel Dieu se trouvait, au milieu d’un peuple hypocrite et rebelle, nous montre le Fils de l’homme, davantage en relation avec ce qui existe maintenant, savoir la grâce céleste ; mais tous les trois, au fond, présentent le Sauveur dans ses patientes voies de grâce ici-bas, pour que l’homme le reçût ; et l’homme l’a rejeté ! L’évangile de Marc, nous faisant connaître le service de Jésus, n’a pas de généalogie. Matthieu, étant en relation avec les Juifs et les économies terrestres, fait descendre le Sauveur d’Abraham et de David, et montre aussi les trois choses qui remplacent le judaïsme, c’est-à-dire le royaume tel qu’il existe maintenant (chap. 13), l’Église (chap. 16), et le royaume en gloire (chap. 17). Luc, qui nous présente la grâce dans le Fils de l’homme, fait remonter sa généalogie jusqu’à Adam. Ces trois évangiles parlent toujours de Christ homme ici-bas, présenté à l’homme historiquement, et ils poursuivent leur récit jusqu’à sa réjection de fait, annonçant ensuite son entrée dans la nouvelle position qu’il a prise par la résurrection. L’ascension, base de notre position actuelle, n’est directement racontée que dans Luc seul : il y est fait allusion dans les derniers versets supplémentaires de Marc.
L’évangile de Jean envisage le Seigneur d’une tout autre manière : il nous présente une personne divine descendue ici-bas, Dieu manifesté sur la terre, fait merveilleux duquel tout dépend dans l’histoire de l’homme. Il ne s’agit plus ici de généalogie ; ce n’est plus le second homme responsable envers Dieu (bien que cela reste toujours vrai) et parfait devant Dieu, et faisant ses délices, quoiqu’on voie à chaque page que ce n’est plus le Messie selon les prophéties ; ce n’est plus Emmanuel, Jésus qui sauve son peuple ; ce n’est plus le messager qui va devant sa face : dans Jean, c’est Dieu lui-même comme Dieu, qui, dans un homme (*), se montre à l’homme, aux Juifs, parce que Dieu l’avait promis, mais pour les mettre tout d’abord de coté (chap. 1:10, 11), montrant en même temps que rien dans l’homme ne pouvait même comprendre qui était là, présent avec lui. Puis, à la fin de l’évangile, nous trouvons la doctrine de la présence du Saint Esprit qui remplacerait Jésus ici-bas, en révélant sa gloire en haut, et en nous donnant la conscience de nos relations avec le Père et avec Lui. Il faut remarquer aussi que tous les écrits de Jean, et son évangile entre autres, envisagent le chrétien comme individu, et ne connaissent pas l’Église, ni comme corps, ni comme maison. De plus, l’évangile de Jean s’occupe de la vie éternelle ; il ne parle pas de la rémission des péchés, sauf en tant qu’administration présente confiée aux apôtres ; et, pour ce qui est de Christ, il traite essentiellement le sujet de la manifestation de Dieu ici-bas, et de la venue de la vie éternelle dans la personne du Fils de Dieu : par conséquent il ne parle guère de notre part dans le ciel, trois ou quatre allusions exceptées. Mais il est temps que nous sortions des généralités pour nous occuper de ce que nous dit l’évangile lui-même.
(*) Étant venu comme homme, Jésus ne sort jamais de la position d’obéissance, et reçoit tout de la main de son Père.
Voici d’abord quelle est sa structure. Les trois premiers chapitres sont préliminaires : Jean-Baptiste n’avait pas encore été mis en prison, et Jésus, bien qu’il enseignât et fît des miracles, n’avait pas encore commencé son ministère public. Les deux premiers de ces trois chapitres, jusqu’à la fin du verset 22 du chapitre 2, forment un ensemble ; le chapitre 3 nous donne la base de l’œuvre divine en nous et pour nous, savoir la nouvelle naissance et la croix, celle-ci introduisant les choses célestes quant à nous et quant à Jésus lui-même. Au chapitre 4, Jésus passe de Judée en Galilée, quittant les Juifs qui ne le recevaient pas, et il prend la place de Sauveur du monde en grâce. Au chapitre 5, il donne la vie comme Fils de Dieu ; au chapitre 6, il devient, comme Fils de l’homme, l’aliment de la vie, dans son incarnation et dans sa mort. Le chapitre 7 nous montre que le Saint Esprit doit le remplacer ; la fête des tabernacles — la restauration d’Israël — devant avoir lieu plus tard. Au chapitre 8, sa parole, au chapitre 9, ses œuvres, sont définitivement rejetées ; mais celui qui a reçu la vue le suit. Ainsi, chapitre 10, il aura ses brebis et les gardera pour de meilleures espérances. Dans les chapitres 11 et 12, Dieu lui rend témoignage, comme Fils de Dieu, par la résurrection de Lazare ; comme Fils de David, par son entrée à Jérusalem ; comme Fils de l’homme, par la venue des Grecs ; mais ce dernier titre de Fils de l’homme, amenait avec lui la mort, sujet qui est alors traité. Béthanie est une scène à part : Marie saisit la position de Jésus par le cœur ; Celui qui donnait la vie devait mourir lui-même. Son titre de Fils de l’homme clôt l’histoire de Jésus ici-bas, en l’introduisant, par la mort et par la rédemption, dans une sphère de gloire beaucoup plus vaste. Mais, chapitre 13, la question surgissait naturellement : Est-ce que Jésus abandonnait ses disciples ? Non, étant glorifié en haut, il leur lavait les pieds. Mais il s’en allait où les disciples ne pouvaient alors le suivre. Dans le chapitre 14, se trouvent les consolations pour le temps de l’absence du Seigneur : le Père avait été révélé en lui déjà pendant sa vie ici-bas ; quand il serait remonté en haut, il enverrait un autre Consolateur ; par son moyen, les disciples sauraient que Lui était dans le Père, eux-mêmes en Lui, et Lui en eux. Le chapitre 15 nous montre la relation des disciples avec lui sur la terre, remplaçant les Juifs, la position où se trouveraient les disciples vis-à-vis du monde, celle où se trouvaient les Juifs en le rejetant, puis le Consolateur. Le chapitre 16 nous dit ce que le Saint Esprit ferait quand il serait venu, ce dont sa présence serait la preuve dans le monde, et ce qu’il enseignerait aux disciples, les plaçant en même temps en relation immédiate avec le Père. Au chapitre 17, le Seigneur, se fondant sur l’accomplissement de son œuvre et la révélation du nom du Père, place les siens dans sa propre position vis-à-vis du Père et vis-à-vis du monde : le monde est jugé en ce qu’il a rejeté le Seigneur, et les siens sont laissés ici-bas à sa place. Dans les chapitres 18 et 19, nous avons l’histoire de la condamnation et du crucifiement du Seigneur ; au chapitre 20, sa résurrection et sa manifestation de lui-même à ses disciples, ainsi que leur mission. Le chapitre 21 nous donne son entrevue avec les siens en Galilée, la restauration de Pierre, et la prophétie de Jésus à l’égard de celui-ci et de Jean.
Après cette courte esquisse de l’évangile de Jean dans son ensemble, nous entrerons maintenant dans le détail des chapitres.
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Psaumes 33:13 Du haut des cieux YHWH regarde, il voit tous les enfants des hommes ; 14 du lieu de sa demeure, il observe tous les habitants de la terre, 15 lui qui forme leur coeur à tous, qui est attentif à toutes leurs actions.
Ne devez rien à personne, sinon de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime son semblable a accompli [la] loi. Romains 13:8
Re: Réflexions sur l’évangile selon Jean
2 Chapitre 1
Le premier chapitre nous présente la personne du Seigneur dans toutes ses phases positives, — ce qu’il est en lui-même — non dans ses caractères relatifs. Il n’est pas ici le Christ, ni chef de l’Église, ni souverain sacrificateur, c’est-à-dire ce qu’il était ou ce qu’il est en relation avec les hommes ici-bas, soit Juifs, soit chrétiens ; mais c’est Christ, personnellement, qui nous est présenté, ainsi que son œuvre.
Le chapitre commence par l’existence divine et éternelle de la personne de Jésus, le Fils de Dieu, par ce qu’il est dans le fond de sa nature, pour ainsi dire. La Genèse commence par la création, et l’Ancien Testament nous donne l’histoire de l’homme responsable sur la terre, sphère de cette responsabilité ; Jean commence par ce qui a précédé la création ; il commence tout à neuf ici, dans la personne de Celui qui est devenu le second Homme, le dernier Adam. Ce n’est pas : «Au commencement Dieu créa» ; mais : «Au commencement la Parole était». Tout est fondé sur l’existence non créée de Celui qui a tout créé : quand tout commençait, Lui était là, sans commencement. «Au commencement était» est l’expression formelle que la Parole n’a pas eu de commencement. Mais il y a davantage dans ce remarquable passage : la Parole était personnellement distincte, elle «était auprès de Dieu» ; mais elle n’était pas distincte en nature, elle «était Dieu». Nous avons ainsi l’existence éternelle, la distinction personnelle, l’identité de nature du Verbe ; et tout cela subsistait dans l’éternité. La distinction personnelle de la Parole n’était pas, comme on a voulu le dire, une chose qui a commencé. «Au commencement» la Parole était «auprès de Dieu» (v. 2) : sa personnalité est éternelle comme sa nature. Voilà la grande et glorieuse base de la doctrine de l’évangile et de notre joie éternelle, le fond de ce qu’est le Sauveur : sa nature et sa personne.
Maintenant vient ce qu’il est attributivement, étant tel. Premièrement, il a tout créé ; et ici nous arrivons au commencement de la Genèse. Nous avons à faire avec lui en ce qu’il est ; le monde n’est que ce qu’il a fait. Toutes choses furent faites par lui, et il n’y a rien de créé dont il ne soit pas le créateur. Tout ce qui subsiste, subsiste par lui. Lui était (ηυ) ; et tout ce qui commença à exister (εγενετο) commença «par Lui». Il a été le créateur de tous les êtres (comp. Hébr. 1:2, 10).
La seconde qualité qui se trouve en lui, c’est que en lui «était la vie» (v. 4). Cela ne peut se dire d’aucune créature ; beaucoup ont la vie, mais ne l’ont pas en elles-mêmes. Christ devient notre vie, mais c’est lui qui l’est en nous. «Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils : Celui qui a le Fils a la vie, celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie». C’est là une vérité d’une grande portée, quant à lui, quant à nous, et quant à la vie que nous possédons comme chrétiens.
Mais de plus, cette vie est «la lumière des hommes», parole d’un prix immense pour nous. Dieu lui-même est lumière, et c’est la lumière divine comme vie, qui s’exprime dans la Parole aux hommes. Ce n’est pas la lumière des anges, quoique Dieu soit lumière pour tous, car il l’est en lui-même, mais, lorsqu’elle est relative, adaptée à d’autres êtres, elle ne l’est pas aux anges : ses délices étaient dans les fils des hommes (Prov. 8). La proposition est ce qu’on appelle réciproque, ce qui veut dire que les deux membres de la proposition ont une égale valeur. Je pourrais tout aussi bien dire : la lumière des hommes est la vie qui est dans la Parole. C’est l’expression parfaite de la nature, des conseils, de la gloire de Dieu, quand tout sera consommé. C’est dans l’homme que Dieu se fera voir et connaître : Dieu a été manifesté en chair... «vu des anges». Les anges sont la plus haute expression de la puissance de Dieu en création ; mais c’est dans l’homme que Dieu s’est montré, et cela moralement, en sainteté, en amour. Nous devons marcher comme Christ a marché, être les imitateurs de Dieu comme ses chers enfants, et marcher dans l’amour comme aussi le Christ nous a aimés, et s’est livré lui-même pour nous ; et aussi nous sommes «lumière dans le Seigneur», car il est notre vie. Si nous connaissons l’amour, c’est en ce qu’il a laissé sa vie pour nous, et nous devrions laisser notre vie pour les frères. Si Dieu nous châtie, c’est pour nous rendre participants de sa sainteté. Nous marchons dans la lumière, comme lui est dans la lumière. Il nous a choisis en Christ, pour que nous soyons «saints et irréprochables devant lui en amour», ce qui est le caractère de Dieu lui-même, caractère parfaitement réalisé en Christ. Nous nous purifions comme lui est pur, sachant que nous lui serons semblables, — étant transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par l’Esprit du Seigneur, étant renouvelés en connaissance selon l’image de Celui qui nous a créés ; et cela n’est pas une règle, bien qu’il y ait là une règle (car nous devrions marcher comme lui a marché), — mais une vie qui en est la parfaite expression, l’expression de la vie de Dieu dans l’homme. Ineffable privilège, merveilleuse proximité de Jésus ! «Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous d’un».
La rédemption développe et manifeste toutes les qualités morales de Dieu lui-même, et, par-dessus ses qualités, sa nature, — l’amour et la lumière, et cela dans l’homme et en rapport avec les hommes. Nous sommes, en tant qu’en Christ et Christ en nous, le fruit et l’expression de tout ce que Dieu est dans la plénitude et la révélation de lui-même. Il montrera dans les siècles à venir les immenses richesses de sa grâce, dans sa bonté envers nous dans le Christ Jésus. Mais alors, afin que tout cela ressortît, l’amour et la lumière même, il fallait que l’occasion se présentât, et cela, non dans un objet aimable et intelligent à l’égard du bien, car alors l’homme peut aimer, mais là où tout l’opposé de cette nature se montrait ; il fallait aussi que le bien fût démontré supérieur au mal, en laissant au mal tout son cours. «La lumière luit dans les ténèbres ; et les ténèbres ne l’ont pas comprise». Non seulement l’homme n’était pas lumière, non seulement il était ténèbres, sans aucune lueur de la nature de Dieu, mais il n’y avait pas chez lui réceptivité de cette lumière : c’était une opposition de nature. Ils n’ont vu aucune beauté en lui pour le désirer. Dans ce qui n’était que l’exposé de la nature divine en elle-même, on ne pouvait aller plus loin. Dans les choses naturelles, s’il y a lumière, il n’y a plus de ténèbres ; mais dans le monde moral il n’en est pas ainsi : la lumière, ce qui est pur en soi et qui manifeste tout, est là, et on ne s’aperçoit pas de ce qui est là. C’est «le fils du charpentier !» «Si tu connaissais... qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire !» Si celui-ci «était prophète». C’est un jugement clair, prononçant qu’il n’est pas prophète, quand Dieu est là, et parce qu’il se montre tel. Car puisque ce que Dieu est dans ce monde révèle ce qui est là-haut, l’esprit qui y règne ne s’associe pas avec un seul des principes qui gouvernent le cœur et les habitudes des hommes. Il n’y a dans ce cœur aucune connaissance du péché, aucune connaissance de Dieu, aucune connaissance de l’état où le péché nous a plongés ; le péché même est estimé selon le mal qu’il nous fait à nous-mêmes, non selon son opposition à la nature de Dieu, quoique j’admette qu’il y a une conscience acquise par la chute : l’égoïsme est le point de départ de tout. Alors, quand la lumière arrive, qui, au contraire, manifeste ce que c’est que le péché, où celui-ci a placé l’homme, moralement, vis-à-vis de Dieu, — on juge de tout selon l’égoïsme comme point de départ ; et la manifestation de Dieu n’a aucune entrée dans le cœur. C’est pour l’homme un terrain inconnu : c’est la vérité, et l’homme est dans le mensonge, comme il est sans Dieu, et il n’y comprend rien. Dieu est lumière ; et quand il est manifesté tel qu’il est, mais adapté à l’homme, l’état de l’homme est tel que rien ne répond à cette manifestation. Si la conscience, qui est de Dieu, est atteinte, la haine de la volonté est réveillée (voyez la fin du chapitre 7 des Actes, et Jean 3:19).
Nous avons donc, dans ces cinq premiers versets, d’une manière abstraite, ce que le Seigneur est, divinement, en lui-même ; et avec cela, à la fin, l’effet de sa manifestation au milieu des hommes tels qu’ils étaient, encore d’une manière abstraite. Ainsi, c’est comme lumière qu’il est présenté ici ; ce n’est pas l’amour qui est révélé. Venu ici-bas comme amour, il a été actif, soit envers le monde, soit efficacement envers les siens, ce qui implique la croix, c’est-à-dire la lumière rejetée. Mais ici c’est ce que le Seigneur est qui nous est présenté, non ce qu’il fait selon l’activité divine. Les versets 16 à 19 du chapitre 3, nous donnent le résumé de ce qu’il est à ce double égard. Dieu est amour ; mais Christ était l’activité de cet amour, selon la nature et le propos arrêté de Dieu (comp. le verset 17 du chapitre qui nous occupe). La loi exigeait de l’homme ce que l’homme devrait être ; en Christ quelque chose «est venu» de Dieu, la lumière et l’amour ; mais ce sujet nous occupera plus amplement dans un moment. Je répète seulement que ce qui nous est donné jusqu’ici, c’est ce que le Seigneur est en lui-même, mais dans le caractère qui met l’homme à l’épreuve, qui montre ce que l’homme est ; et le passage se termine par l’effet de la manifestation de ce qu’il est, sans qu’il soit nommé. Cette lumière peut se manifester là où il n’y a rien qui lui réponde ; elle n’est pas comprise : c’est l’incapacité morale, non la haine ; celle-ci est l’opposé de l’amour.
On peut remarquer qu’en participant à la nature divine, nous devenons lumière (Éph. 5:8). Il n’est jamais dit que nous soyons amour. Dans son amour Dieu est souverain : sans doute c’est sa nature, en communion, et en bonté, et en miséricorde, mais libre. Nous sommes rendus participants de cette nature, et nous marchons dans l’amour, comme l’amour a été manifesté en Jésus, parce qu’il est notre vie ; mais c’est dans l’obéissance que nous marchons ainsi, c’est un devoir, devoir joyeux, facile si nous marchons avec joie, et plus puissant que le mal ; mais pas libre, ayant sa source en nous-mêmes. Nous ne pouvons pas dire que nous sommes amour suprême, une source d’où l’amour jaillit ; mais le nouvel homme est saint en lui-même ; c’est ce qu’il est, bien que ce soit, en nous, en rapport avec un objet.
Aux versets 6 et suivants, nous commençons l’histoire : Christ doit paraître. Ce n’est pas ce qu’il est d’une manière abstraite ; dès lors il y a un précurseur, Jean-Baptiste. Dieu, dans sa bonté, ne se contentait pas de donner la lumière : il l’annonce par un autre pour attirer l’attention des hommes. Jean-Baptiste rend témoignage à la lumière, mais ici, c’est afin que tous croient, et non pour Israël seul ; Jean-Baptiste n’était pas la lumière, mais il vint pour rendre témoignage à celui qui l’était. Or la vraie lumière est celle qui, venant dans ce monde, est lumière pour tout homme, pharisien ou pécheur, Juif ou gentil. Il est la lumière qui, venue d’en haut, est telle pour qui que ce soit, rejetée ou reçue, pour un Simon ou pour un Hérode, pour Nathanaël ou pour Caïphe. Il est l’expression de Dieu et la pensée de Dieu pour tout homme dans quelque état qu’il soit. Il ne s’agit pas de la réception de la lumière dans le cœur. Dans ce cas il est question de l’état de celui qui reçoit, ici, du fait de l’apparition de la lumière dans ce monde. Elle était dans le monde dans la personne du Sauveur ; il l’avait fait, ce monde ; mais quand il était dans ce monde, le monde ne l’a pas connu ; il est venu vers les siens, les Juifs, lui, leur Éternel et leur Messie, et les siens ne l’ont pas reçu (v. 9-11).
Voilà le résultat de la manifestation de la lumière au milieu des hommes, historiquement : incapacité de la comprendre, et réjection quand elle s’adressait directement à ceux qui étaient déjà en relation avec elle par les promesses et les prophéties, et qui avaient reçu d’elle la loi, règle de la vie humaine, tout en restant toujours la lumière. Quelques-uns toutefois l’ont reçue ; et à ceux-là il a donné le droit de prendre la place d’enfants de Dieu (Jean 1:12), non pas qu’il y en eût quelques-uns d’une qualité meilleure, ou d’une volonté moins perverse que les autres ; non, ils étaient nés de nouveau, nés de Dieu, nés, non de sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu. La révélation extérieure de la lumière dans la Parole était accompagnée d’une puissance vivifiante de Dieu, qui lui donnait une réalité vitale dans l’âme, en faisait la semence incorruptible de Dieu. Comme vie, Christ était là. L’homme était né de Dieu.
Ceci termine l’exposé de la Parole, comme lumière en soi, et comme révélée dans le monde et au milieu des siens ; dans les versets 1 à 5 d’une manière abstraite, et dans les versets 7 à 13 historiquement présentée, mais toujours dans sa nature comme lumière, et non comme un homme ; puis enfin, en quoi consistait la différence, si elle était reçue.
Au verset 14, commence le christianisme historique. Jusque-là c’est ce que Christ était, ainsi que l’état de la sphère de sa manifestation. Maintenant c’est ce qu’il est devenu : «La Parole devint chair». Ce n’était pas une apparition, comme dans l’Ancien Testament, mais il a pris un tabernacle pour demeurer au milieu de nous, lors même que ce n’était que pour un temps. C’était un homme au milieu des hommes (le tabernacle, il le gardera pour toujours) ; mais il a habité ici-bas plein de grâce et de vérité, l’amour et la lumière adaptés à l’état de l’homme ici-bas ; puis, nous, les croyants, nous avons reçu de sa plénitude et grâce sur grâce [Jean 1:16] ; enfin, comme Fils unique dans le sein du Père, il a révélé le Père. La Parole faite chair a été au milieu de nous, révélant la gloire d’un Fils unique auprès de son Père, pleine de grâce et de vérité : nous avons tous reçu de sa plénitude ; puis il a révélé le Père [Jean 1:18]. Il était la manifestation du Fils, homme au milieu des hommes, la Parole qui était Dieu, faite chair. En lui, la grâce et la vérité sont entrées dans le monde ; il est une pleine source de grâce pour nous, dont nous avons tous reçu abondance de grâce, et il a révélé aussi le Père (*). Voilà la seconde partie de notre chapitre [Jean 1:19], l’historique de la personne du Christ. À cela aussi Jean rend témoignage : il était, non le Christ, mais son précurseur, la voix qui crie dans le désert, et qui, en appelant à la repentance, prépare le chemin du Seigneur.
(*) Comparez 1 Jean 4:12, où la difficulté que «personne ne vit jamais Dieu» est résolue d’une autre manière ; — cette comparaison fournit la plus profonde instruction quant à l’état chrétien.
Ceci introduit un troisième point. Tout en annonçant sa personne, celui qui le met en avant se cache lui-même ; il n’est ni le Christ, ni le prophète promis par Moïse, ni Élie promis par Malachie, mais seulement, selon la parole d’Ésaïe, la voix pour en annoncer un autre que les pharisiens ne connaissent pas, Celui qui venait après lui, mais qui lui était préféré, dont il n’était pas digne de délier la courroie de la sandale. Ceci se traduit en témoignage personnel quand Jésus paraît devant Jean, le lendemain (v. 29 et suivants). Jean le désigne ici, non comme le Messie, mais en rapport avec son œuvre qui a deux parties : il ôte le péché, il baptise du Saint Esprit.
Jésus est «l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde». Il faut que le péché soit ôté de devant Dieu. Le temps viendra où il n’y aura plus de péché devant les yeux de Dieu, ni devant les nôtres, temps de repos éternel pour Dieu et pour nos cœurs. Quel vrai repos, et qu’il est doux pour le cœur ! Il y a eu un paradis d’innocence, qui dépendait de la fidélité de la création, un état d’innocence incertaine et aussitôt perdue ; il y a eu un monde de péché, où toutefois Dieu a agi en grâce ; il y aura un monde, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habitera, un état de choses immuable, moralement immuable, car la valeur de l’œuvre de Christ reste toujours la même. Ce sera non plus une innocence où tout dépendait de l’obéissance mise à l’épreuve et à laquelle l’homme a manqué, mais un bonheur où l’obéissance a été mise à l’épreuve, parfaitement, et a été accomplie. La justice rend l’état sûr, car Dieu ne peut méconnaître la perfection de l’œuvre de Christ pour sa gloire. Aussi il n’y aura là que sainteté. Tout y glorifiera Dieu dans tout ce qu’il est ; rien ne sera contraire à sa nature. Le péché sera ôté de devant Dieu dans les nouveaux cieux et dans la nouvelle terre. Jésus est celui qui l’ôte : l’œuvre est faite, le résultat n’est pas produit. Le passage ne dit pas : «l’Agneau de Dieu qui a ôté», ni «qui ôtera», il nous présente le caractère de Celui qui était là devant les yeux de Jean-Baptiste, Celui qui faisait la chose. Le passage ne parle pas de la culpabilité dans laquelle nous nous trouvons, sujet de toute importance en son lieu, cela est évident, mais d’un état de choses devant Dieu. Jean prend les choses habituellement ainsi dans leurs grands principes. C’est Dieu qui a paru, et tout est jugé selon la lumière de sa présence. Sa sainteté exige, oui, sa majesté, en tant qu’il est saint, que le péché soit ôté de devant ses yeux. Celui qui accomplissait l’œuvre, qui la faisait, était maintenant là, présent sur la terre. Il était «l’Agneau de Dieu» : l’Agneau qui convenait parfaitement à la gloire de Dieu, l’Agneau dont Dieu seul aurait pu se pourvoir, qui fût capable d’établir sa gloire, sa gloire la plus élevée, là où le péché se trouvait ; l’Agneau capable de se donner librement pour cette gloire et d’accomplir ainsi une œuvre qui serait le fondement moral (sa valeur étant immuable et subsistant sans changement possible, car l’œuvre était toujours elle-même) d’une bénédiction éternelle, selon Dieu, devant lui. La croix est la base de cette bénédiction. Tous les éléments moraux du bien et du mal ont été mis en évidence, se sont trouvés en face l’un de l’autre, et Christ homme est à la droite de Dieu dans la gloire divine, en vertu de ce qu’il a résolu toutes les questions que cela soulevait. On a pu voir l’homme dans sa haine absolue du bien, de Dieu lui-même manifesté en bonté, et cela à son égard : «ils ont, et vu, et haï et moi et mon père» ; toute la puissance de Satan : «le chef du monde vient» ; «c’est... votre heure et le pouvoir des ténèbres» ; l’homme dans sa perfection absolue en Christ ; afin que le monde connaisse que j’aime le Père, et selon que le Père m’a commandé, ainsi je fais» ; et cela quand tous les deux ont été mis à l’épreuve de la manière la plus absolue ; puis Dieu, dans sa justice contre le péché, comme nulle part ailleurs ; — le péché en soi, mais Dieu dans son amour infini pour le pécheur. Ainsi l’homme, dans la personne du Fils de Dieu, est entré dans une position toute nouvelle, dans la gloire, au-delà du péché, de la mort, de la puissance de Satan, et du jugement de Dieu, après y avoir passé ; l’homme selon les conseils de Dieu, mettant le sceau le plus positif sur la responsabilité de l’homme créature, faisant face aux conséquences de cette responsabilité, et glorifiant Dieu de manière à obtenir de l’amour et de la justice de Dieu, pour l’homme, une place qui serait la glorification éternelle de Dieu dans ses conseils souverains et dans sa gloire, la glorification de Celui qui introduisit l’homme là pour en être le vase, en même temps que l’ordre de la création subsisterait en résultat devant Dieu dans un état où il trouverait le repos de sa nature, et où Christ, homme glorifié, serait le centre de toutes les voies de Dieu dans leur résultat béni.
Le Sauveur devait faire une autre chose encore, savoir, baptiser du Saint Esprit. Ceci est introduit par un fait du plus haut intérêt et des plus touchants : Jésus reçoit le Saint Esprit comme homme, et l’Écriture emploie à son égard les mêmes mots dont elle se sert quand il s’agit de nous : «Jésus qui était de Nazareth... Dieu l’a oint de l’Esprit Saint et de puissance» ; et le Seigneur lui-même dit : «C’est lui que le Père, Dieu, a scellé». Jésus a été scellé comme Fils, homme ici-bas, en vertu de sa propre perfection et de sa propre relation avec le Père comme Fils ; nous sommes scellés, étant fils par la foi en lui (Gal. 3:26 et 4:6), en vertu de la rédemption qu’il a accomplie. Nous, par conséquent, nous ne pouvions être scellés avant qu’il eût pris sa place comme homme en haut, — témoins à la fois de l’efficace de la rédemption et de ce que la rédemption nous avait acquis. «À moins que le grain de blé, tombant en terre, ne meure, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit». Ainsi nous lisons, Jean 7:39: «L’Esprit n’était pas encore (en tant que sur la terre dans les croyants), parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié». C’était le témoignage qu’il était le Fils, personnellement. Maintenant que la rédemption est accomplie et que Jésus est glorifié à la suite de son accomplissement, le Saint Esprit nous est donné, à nous qui croyons en Jésus. De cette manière aussi, bien que le résultat du sacrifice de Christ ôtant le péché du monde, ne soit pas encore produit, nous savons que ce qui fait la base de ce résultat béni, est accompli, et nous jouissons de son efficace dans la parfaite purification de notre conscience et dans la glorieuse espérance d’être avec Christ, semblables à lui dans le ciel, le Saint Esprit nous rendant assurés de l’une de ces choses, tout en étant les arrhes de l’autre. Christ baptise, ou plutôt, disons-nous maintenant, a baptisé les siens du Saint Esprit, nous donnant la conscience que nous sommes fils, en pleine liberté devant le Père qui l’a scellé, lui, comme étant personnellement le Fils de Dieu, parfait en toutes choses. C’est ce signe, donné à Jean-Baptiste, qui a ouvert sa bouche en témoignage que Jésus était le Fils de Dieu. Jean voyait bien que Jésus était un glorieux personnage, duquel il n’était pas digne de délier la sandale ; à l’égard de sa personne il sentait que ce n’était pas à lui de le baptiser. Mais la descente de l’Esprit sur Jésus, est le clair témoignage céleste, montrant qui Jésus était, quant à sa personne, comme Fils de Dieu : Jean a vu et a rendu témoignage qu’il était le Fils de Dieu lui-même dans ce monde. Il nous est très doux à nous, quoique dans notre cas il ne s’agisse pas de nos personnes, mais de la grâce souveraine, de penser que si, monté dans la gloire, il nous a baptisés du Saint Esprit (témoignage que nous sommes fils et nous en donnant la conscience), lui, le Fils éternel, a reçu lui-même premièrement, comme homme ici-bas, ce même témoignage, le sceau et l’onction de l’Esprit qui nous rend capables de crier : «Abba, Père !» C’est l’avant-goût de cette vérité, que celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous d’un (Héb. 2:11).
Mais, ici-bas, si un témoignage divin a été rendu que Jésus était Fils de Dieu, c’est le titre d’Agneau de Dieu qui le caractérise. Le cœur de Jean-Baptiste le reconnaît déjà ainsi, car le témoignage qu’il rend ici n’est pas un témoignage rendu dans sa prédication. Il voyait Jésus qui marchait devant lui, et son cœur rempli de la profonde vérité, s’écrie : «Voilà l’Agneau de Dieu !» Il l’avait déjà annoncé sous ce caractère, et personne n’avait suivi Jésus ; mais ce qui partait du cœur par la grâce, a atteint les cœurs ; deux des disciples de Jean l’entendent et suivent le Seigneur. C’est ainsi que Jésus commence à rassembler ses disciples. Il accepte la position de centre de rassemblement. Les deux disciples avaient reçu la parole de Dieu de la bouche de Jean-Baptiste ; mais ni Jean, ni aucun des prophètes n’avaient pris la place de centre, autour duquel se réunissaient ceux qui recevaient la parole de Dieu ; or maintenant il y avait dans le monde quelqu’un autour de qui on pouvait se réunir ainsi : c’était «l’Agneau de Dieu». Jésus, voyant que les deux disciples le suivaient, leur dit : «Que cherchez-vous ?» Ils lui disent : «Rabbi... où demeures-tu ?» Il répond : «Venez et voyez».
C’est ici un principe, un fait important : il y avait sur la terre non seulement un témoignage, mais une personne qui, de la part de Dieu, était un point de rassemblement pour ceux qui recevaient la parole de Dieu. Ceci était le fruit du témoignage de Jean-Baptiste. André, l’un des deux disciples de Jean, trouve Simon, son propre frère, et lui annonce qu’ils avaient trouvé, non l’Agneau de Dieu, mais le Christ. Le témoignage que nous recevons se rattache toujours à ce qui est déjà dans le cœur, il ne dépasse pas ce qui s’adapte à ce qui y est. Si tout l’amour de Dieu en Christ est prêché, si une œuvre se fait dans l’âme, cela produira une conviction de péché, peut-être jusqu’à nous faire presque désespérer du salut. «L’Agneau de Dieu» va infiniment plus loin que «le Messie» ; mais ces âmes sincères que nous voyons ici, et qui avaient reçu la parole de Dieu dans leur cœur, ont trouvé «le Messie» (v. 42). André mène Simon à Jésus, qui l’appelle Céphas, autrement dit Pierre. Le droit de nommer est l’expression de la souveraineté, c’est ce qu’on retrouve constamment dans la Parole ; seulement Christ donne le nom avec une connaissance divine des personnes. Il s’appropriait l’autorité suprême, mais avec la compétence d’une personne divine. Jamais Jean-Baptiste n’aurait donné un nom ainsi à ses disciples.
Mais bien que Jésus fût le centre qui réunissait ceux qui recevaient le témoignage de Dieu, il était venu pour rendre témoignage à la vérité, et dans cette tâche il n’avait pas où poser sa tête. Il commence cette activité au v. 44 : il voulait aller en Galilée où son témoignage devait être rendu au milieu des pauvres du troupeau, et il trouve lui-même Philippe. C’est le second caractère de témoignage. Le premier, c’était Jean et ce qui s’en est suivi ; ici, c’est Christ, et il s’agit de le suivre, lui, pèlerin et étranger dans ce monde. Christ ainsi, revêt aussi un autre caractère : précédemment nous l’avons vu centre, il recevait les croyants, s’en entourait là où il demeurait ; ici, il s’agit de le suivre là où il était pèlerin, second témoignage de toute importance.
Comme objet du témoignage de Jean-Baptiste, Jésus était le centre et il l’est toujours ; mais, de fait, dans son propre témoignage ici-bas, il est étranger et n’a pas où poser sa tête, il commence par la crèche et finit par la croix. Toute sa vie est la vie de quelqu’un qui est étranger ici-bas, qui chemine dans le monde pour y rendre témoignage de Dieu en grâce, mais en suivant un chemin que l’oeil du vautour n’a pas vu. Les deux caractères de témoignage font ressortir profondément, d’un côté l’état du monde, et de l’autre ce que Jésus y faisait. Pourquoi avoir dans ce monde, de la part de Dieu, un centre de rassemblement, si ce n’est parce que le monde, et même le peuple de Dieu selon la chair, s’étaient totalement éloignés de Dieu, et qu’il fallait quelqu’un pour retirer les âmes de cet état par la révélation de Dieu au milieu de ce monde ? et encore maintenant, le principe est le même, seulement le centre béni est dans le ciel : il s’est donné pour nos péchés, pour nous retirer du présent siècle mauvais. Ensuite, pourquoi suivre Jésus, être pèlerin comme Jésus l’a toujours été ici-bas ? Adam n’était pas pèlerin dans le paradis, nous ne serons pas pèlerins dans le ciel : il n’était pas besoin d’un chemin dans l’un, et il ne s’en trouvera pas dans l’autre, comme si on voulait en sortir. C’était le sabbat de Dieu en bas, c’est le repos éternel de Dieu en haut : on n’en sort pas ; il n’était pas besoin, ni ne sera besoin, dans l’un ou dans l’autre, d’un chemin où l’on suivrait quelqu’un. Ici il n’en est pas ainsi : ni le repos de Dieu, ni le repos de l’homme ne se trouvent sur la terre, et ce qu’il nous faut, c’est un chemin à travers le désert. Il n’y en a qu’un de sûr, et une seule personne a pu le tracer ; et il n’y a que la foi qui le discerne : c’est Jésus, qui dit : «Suis-moi». Il nous faut un chemin et le chemin est trouvé. Philippe aussi était de Galilée. L’œuvre de Dieu ne bâtissait pas sur Jérusalem, le vieux centre selon la chair ; mais la base, le chemin, et le centre, c’est le Fils de Dieu, la révélation de Dieu lui-même dans le monde, lui-même le tout premier, le rejeté et le méprisé de l’homme, mais l’image du Dieu invisible.
Philippe trouve Nathanaël, un Israélite rempli de préjugés, mais un cœur sans fraude, car le Seigneur a trouvé sous le figuier même de tels hommes, attachés au judaïsme, — un résidu dont le cœur était ouvert à la vérité, des fidèles qui attendaient la rédemption d’Israël. Nathanaël ne croyait pas possible que quelque chose de bon sortît de Nazareth, ce lieu qui, bien loin d’être la Jérusalem de la promesse, était des plus méprisés et des plus honnis. Mais c’était à Jésus qu’il fallait venir, c’était à sa personne que les âmes étaient appelées à venir : «Viens et vois». Le Seigneur montre sa parfaite connaissance de ce qui se passait en Nathanaël, déclarant celui-ci sans fraude, et montrant cette connaissance de manière à pénétrer dans son cœur. Nathanaël le reconnaît, selon le Psaume 2, comme roi d’Israël et Fils de Dieu. Dans sa réponse, le Seigneur reconnaît la foi de Nathanaël, fondée sur ce qu’il lui avait dit de lui-même, et il lui annonce sa propre gloire, selon le Psaume 8, cette gloire qui appartenait à un Messie rejeté ; car le Messie est rejeté au Psaume 2, dans un passage cité par Pierre à cet effet (Actes 4:25-26), le Psaume annonçant que Dieu établirait son Oint roi sur Israël, malgré sa réjection. Mais, après le récit prophétique des souffrances du résidu dans les Psaumes 3 à 7, le Psaume 8 annonce les conseils de Dieu à l’égard de l’homme dans la personne du Fils de l’homme. Cet homme sans fraude, qui nous est présenté ici sous le figuier, devient ainsi l’occasion de la révélation du Messie dans ses rapports avec Israël, puis de la révélation de sa gloire comme Fils de l’homme, Celui dont toutes les créatures les plus élevées seraient les serviteurs, et qui serait leur objet comme occasion des relations établies entre les cieux et la terre.
Il est à remarquer que c’est ici, comme nous l’avons observé, le second jour de témoignage, le premier se trouvant au verset 35, le second au verset 44. Ce n’est pas l’historique de l’évangile, mais le témoignage rendu à Jésus par Jean-Baptiste premièrement, puis le témoignage rendu par Lui-même. Dans le premier cas il remplace le Baptiste ; dans le second, c’est la manifestation de lui-même, témoignage qui dure depuis son service sur la terre jusqu’à l’accomplissement du Psaume 8. Envisagé déjà comme rejeté des Juifs et inconnu du monde (chap. 1:10, 11), il prend, dès à présent, le titre de Fils de l’homme, ce titre sous lequel il se désigne constamment, quoiqu’il ne pût prendre la position elle-même, qu’après avoir passé par la mort. Ce sont les deux jours de témoignage rendu à Christ comme venu dans ce monde, qui se développent dans la suprématie qu’il possède sur toutes choses, mais qui n’est présentée ici que dans sa nature. Au reste, la position céleste du Seigneur n’est guère le sujet des enseignements de l’évangile de Jean : il y est bien fait allusion, mais voilà tout.
Le premier chapitre nous présente la personne du Seigneur dans toutes ses phases positives, — ce qu’il est en lui-même — non dans ses caractères relatifs. Il n’est pas ici le Christ, ni chef de l’Église, ni souverain sacrificateur, c’est-à-dire ce qu’il était ou ce qu’il est en relation avec les hommes ici-bas, soit Juifs, soit chrétiens ; mais c’est Christ, personnellement, qui nous est présenté, ainsi que son œuvre.
Le chapitre commence par l’existence divine et éternelle de la personne de Jésus, le Fils de Dieu, par ce qu’il est dans le fond de sa nature, pour ainsi dire. La Genèse commence par la création, et l’Ancien Testament nous donne l’histoire de l’homme responsable sur la terre, sphère de cette responsabilité ; Jean commence par ce qui a précédé la création ; il commence tout à neuf ici, dans la personne de Celui qui est devenu le second Homme, le dernier Adam. Ce n’est pas : «Au commencement Dieu créa» ; mais : «Au commencement la Parole était». Tout est fondé sur l’existence non créée de Celui qui a tout créé : quand tout commençait, Lui était là, sans commencement. «Au commencement était» est l’expression formelle que la Parole n’a pas eu de commencement. Mais il y a davantage dans ce remarquable passage : la Parole était personnellement distincte, elle «était auprès de Dieu» ; mais elle n’était pas distincte en nature, elle «était Dieu». Nous avons ainsi l’existence éternelle, la distinction personnelle, l’identité de nature du Verbe ; et tout cela subsistait dans l’éternité. La distinction personnelle de la Parole n’était pas, comme on a voulu le dire, une chose qui a commencé. «Au commencement» la Parole était «auprès de Dieu» (v. 2) : sa personnalité est éternelle comme sa nature. Voilà la grande et glorieuse base de la doctrine de l’évangile et de notre joie éternelle, le fond de ce qu’est le Sauveur : sa nature et sa personne.
Maintenant vient ce qu’il est attributivement, étant tel. Premièrement, il a tout créé ; et ici nous arrivons au commencement de la Genèse. Nous avons à faire avec lui en ce qu’il est ; le monde n’est que ce qu’il a fait. Toutes choses furent faites par lui, et il n’y a rien de créé dont il ne soit pas le créateur. Tout ce qui subsiste, subsiste par lui. Lui était (ηυ) ; et tout ce qui commença à exister (εγενετο) commença «par Lui». Il a été le créateur de tous les êtres (comp. Hébr. 1:2, 10).
La seconde qualité qui se trouve en lui, c’est que en lui «était la vie» (v. 4). Cela ne peut se dire d’aucune créature ; beaucoup ont la vie, mais ne l’ont pas en elles-mêmes. Christ devient notre vie, mais c’est lui qui l’est en nous. «Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils : Celui qui a le Fils a la vie, celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie». C’est là une vérité d’une grande portée, quant à lui, quant à nous, et quant à la vie que nous possédons comme chrétiens.
Mais de plus, cette vie est «la lumière des hommes», parole d’un prix immense pour nous. Dieu lui-même est lumière, et c’est la lumière divine comme vie, qui s’exprime dans la Parole aux hommes. Ce n’est pas la lumière des anges, quoique Dieu soit lumière pour tous, car il l’est en lui-même, mais, lorsqu’elle est relative, adaptée à d’autres êtres, elle ne l’est pas aux anges : ses délices étaient dans les fils des hommes (Prov. 8). La proposition est ce qu’on appelle réciproque, ce qui veut dire que les deux membres de la proposition ont une égale valeur. Je pourrais tout aussi bien dire : la lumière des hommes est la vie qui est dans la Parole. C’est l’expression parfaite de la nature, des conseils, de la gloire de Dieu, quand tout sera consommé. C’est dans l’homme que Dieu se fera voir et connaître : Dieu a été manifesté en chair... «vu des anges». Les anges sont la plus haute expression de la puissance de Dieu en création ; mais c’est dans l’homme que Dieu s’est montré, et cela moralement, en sainteté, en amour. Nous devons marcher comme Christ a marché, être les imitateurs de Dieu comme ses chers enfants, et marcher dans l’amour comme aussi le Christ nous a aimés, et s’est livré lui-même pour nous ; et aussi nous sommes «lumière dans le Seigneur», car il est notre vie. Si nous connaissons l’amour, c’est en ce qu’il a laissé sa vie pour nous, et nous devrions laisser notre vie pour les frères. Si Dieu nous châtie, c’est pour nous rendre participants de sa sainteté. Nous marchons dans la lumière, comme lui est dans la lumière. Il nous a choisis en Christ, pour que nous soyons «saints et irréprochables devant lui en amour», ce qui est le caractère de Dieu lui-même, caractère parfaitement réalisé en Christ. Nous nous purifions comme lui est pur, sachant que nous lui serons semblables, — étant transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par l’Esprit du Seigneur, étant renouvelés en connaissance selon l’image de Celui qui nous a créés ; et cela n’est pas une règle, bien qu’il y ait là une règle (car nous devrions marcher comme lui a marché), — mais une vie qui en est la parfaite expression, l’expression de la vie de Dieu dans l’homme. Ineffable privilège, merveilleuse proximité de Jésus ! «Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous d’un».
La rédemption développe et manifeste toutes les qualités morales de Dieu lui-même, et, par-dessus ses qualités, sa nature, — l’amour et la lumière, et cela dans l’homme et en rapport avec les hommes. Nous sommes, en tant qu’en Christ et Christ en nous, le fruit et l’expression de tout ce que Dieu est dans la plénitude et la révélation de lui-même. Il montrera dans les siècles à venir les immenses richesses de sa grâce, dans sa bonté envers nous dans le Christ Jésus. Mais alors, afin que tout cela ressortît, l’amour et la lumière même, il fallait que l’occasion se présentât, et cela, non dans un objet aimable et intelligent à l’égard du bien, car alors l’homme peut aimer, mais là où tout l’opposé de cette nature se montrait ; il fallait aussi que le bien fût démontré supérieur au mal, en laissant au mal tout son cours. «La lumière luit dans les ténèbres ; et les ténèbres ne l’ont pas comprise». Non seulement l’homme n’était pas lumière, non seulement il était ténèbres, sans aucune lueur de la nature de Dieu, mais il n’y avait pas chez lui réceptivité de cette lumière : c’était une opposition de nature. Ils n’ont vu aucune beauté en lui pour le désirer. Dans ce qui n’était que l’exposé de la nature divine en elle-même, on ne pouvait aller plus loin. Dans les choses naturelles, s’il y a lumière, il n’y a plus de ténèbres ; mais dans le monde moral il n’en est pas ainsi : la lumière, ce qui est pur en soi et qui manifeste tout, est là, et on ne s’aperçoit pas de ce qui est là. C’est «le fils du charpentier !» «Si tu connaissais... qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire !» Si celui-ci «était prophète». C’est un jugement clair, prononçant qu’il n’est pas prophète, quand Dieu est là, et parce qu’il se montre tel. Car puisque ce que Dieu est dans ce monde révèle ce qui est là-haut, l’esprit qui y règne ne s’associe pas avec un seul des principes qui gouvernent le cœur et les habitudes des hommes. Il n’y a dans ce cœur aucune connaissance du péché, aucune connaissance de Dieu, aucune connaissance de l’état où le péché nous a plongés ; le péché même est estimé selon le mal qu’il nous fait à nous-mêmes, non selon son opposition à la nature de Dieu, quoique j’admette qu’il y a une conscience acquise par la chute : l’égoïsme est le point de départ de tout. Alors, quand la lumière arrive, qui, au contraire, manifeste ce que c’est que le péché, où celui-ci a placé l’homme, moralement, vis-à-vis de Dieu, — on juge de tout selon l’égoïsme comme point de départ ; et la manifestation de Dieu n’a aucune entrée dans le cœur. C’est pour l’homme un terrain inconnu : c’est la vérité, et l’homme est dans le mensonge, comme il est sans Dieu, et il n’y comprend rien. Dieu est lumière ; et quand il est manifesté tel qu’il est, mais adapté à l’homme, l’état de l’homme est tel que rien ne répond à cette manifestation. Si la conscience, qui est de Dieu, est atteinte, la haine de la volonté est réveillée (voyez la fin du chapitre 7 des Actes, et Jean 3:19).
Nous avons donc, dans ces cinq premiers versets, d’une manière abstraite, ce que le Seigneur est, divinement, en lui-même ; et avec cela, à la fin, l’effet de sa manifestation au milieu des hommes tels qu’ils étaient, encore d’une manière abstraite. Ainsi, c’est comme lumière qu’il est présenté ici ; ce n’est pas l’amour qui est révélé. Venu ici-bas comme amour, il a été actif, soit envers le monde, soit efficacement envers les siens, ce qui implique la croix, c’est-à-dire la lumière rejetée. Mais ici c’est ce que le Seigneur est qui nous est présenté, non ce qu’il fait selon l’activité divine. Les versets 16 à 19 du chapitre 3, nous donnent le résumé de ce qu’il est à ce double égard. Dieu est amour ; mais Christ était l’activité de cet amour, selon la nature et le propos arrêté de Dieu (comp. le verset 17 du chapitre qui nous occupe). La loi exigeait de l’homme ce que l’homme devrait être ; en Christ quelque chose «est venu» de Dieu, la lumière et l’amour ; mais ce sujet nous occupera plus amplement dans un moment. Je répète seulement que ce qui nous est donné jusqu’ici, c’est ce que le Seigneur est en lui-même, mais dans le caractère qui met l’homme à l’épreuve, qui montre ce que l’homme est ; et le passage se termine par l’effet de la manifestation de ce qu’il est, sans qu’il soit nommé. Cette lumière peut se manifester là où il n’y a rien qui lui réponde ; elle n’est pas comprise : c’est l’incapacité morale, non la haine ; celle-ci est l’opposé de l’amour.
On peut remarquer qu’en participant à la nature divine, nous devenons lumière (Éph. 5:8). Il n’est jamais dit que nous soyons amour. Dans son amour Dieu est souverain : sans doute c’est sa nature, en communion, et en bonté, et en miséricorde, mais libre. Nous sommes rendus participants de cette nature, et nous marchons dans l’amour, comme l’amour a été manifesté en Jésus, parce qu’il est notre vie ; mais c’est dans l’obéissance que nous marchons ainsi, c’est un devoir, devoir joyeux, facile si nous marchons avec joie, et plus puissant que le mal ; mais pas libre, ayant sa source en nous-mêmes. Nous ne pouvons pas dire que nous sommes amour suprême, une source d’où l’amour jaillit ; mais le nouvel homme est saint en lui-même ; c’est ce qu’il est, bien que ce soit, en nous, en rapport avec un objet.
Aux versets 6 et suivants, nous commençons l’histoire : Christ doit paraître. Ce n’est pas ce qu’il est d’une manière abstraite ; dès lors il y a un précurseur, Jean-Baptiste. Dieu, dans sa bonté, ne se contentait pas de donner la lumière : il l’annonce par un autre pour attirer l’attention des hommes. Jean-Baptiste rend témoignage à la lumière, mais ici, c’est afin que tous croient, et non pour Israël seul ; Jean-Baptiste n’était pas la lumière, mais il vint pour rendre témoignage à celui qui l’était. Or la vraie lumière est celle qui, venant dans ce monde, est lumière pour tout homme, pharisien ou pécheur, Juif ou gentil. Il est la lumière qui, venue d’en haut, est telle pour qui que ce soit, rejetée ou reçue, pour un Simon ou pour un Hérode, pour Nathanaël ou pour Caïphe. Il est l’expression de Dieu et la pensée de Dieu pour tout homme dans quelque état qu’il soit. Il ne s’agit pas de la réception de la lumière dans le cœur. Dans ce cas il est question de l’état de celui qui reçoit, ici, du fait de l’apparition de la lumière dans ce monde. Elle était dans le monde dans la personne du Sauveur ; il l’avait fait, ce monde ; mais quand il était dans ce monde, le monde ne l’a pas connu ; il est venu vers les siens, les Juifs, lui, leur Éternel et leur Messie, et les siens ne l’ont pas reçu (v. 9-11).
Voilà le résultat de la manifestation de la lumière au milieu des hommes, historiquement : incapacité de la comprendre, et réjection quand elle s’adressait directement à ceux qui étaient déjà en relation avec elle par les promesses et les prophéties, et qui avaient reçu d’elle la loi, règle de la vie humaine, tout en restant toujours la lumière. Quelques-uns toutefois l’ont reçue ; et à ceux-là il a donné le droit de prendre la place d’enfants de Dieu (Jean 1:12), non pas qu’il y en eût quelques-uns d’une qualité meilleure, ou d’une volonté moins perverse que les autres ; non, ils étaient nés de nouveau, nés de Dieu, nés, non de sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu. La révélation extérieure de la lumière dans la Parole était accompagnée d’une puissance vivifiante de Dieu, qui lui donnait une réalité vitale dans l’âme, en faisait la semence incorruptible de Dieu. Comme vie, Christ était là. L’homme était né de Dieu.
Ceci termine l’exposé de la Parole, comme lumière en soi, et comme révélée dans le monde et au milieu des siens ; dans les versets 1 à 5 d’une manière abstraite, et dans les versets 7 à 13 historiquement présentée, mais toujours dans sa nature comme lumière, et non comme un homme ; puis enfin, en quoi consistait la différence, si elle était reçue.
Au verset 14, commence le christianisme historique. Jusque-là c’est ce que Christ était, ainsi que l’état de la sphère de sa manifestation. Maintenant c’est ce qu’il est devenu : «La Parole devint chair». Ce n’était pas une apparition, comme dans l’Ancien Testament, mais il a pris un tabernacle pour demeurer au milieu de nous, lors même que ce n’était que pour un temps. C’était un homme au milieu des hommes (le tabernacle, il le gardera pour toujours) ; mais il a habité ici-bas plein de grâce et de vérité, l’amour et la lumière adaptés à l’état de l’homme ici-bas ; puis, nous, les croyants, nous avons reçu de sa plénitude et grâce sur grâce [Jean 1:16] ; enfin, comme Fils unique dans le sein du Père, il a révélé le Père. La Parole faite chair a été au milieu de nous, révélant la gloire d’un Fils unique auprès de son Père, pleine de grâce et de vérité : nous avons tous reçu de sa plénitude ; puis il a révélé le Père [Jean 1:18]. Il était la manifestation du Fils, homme au milieu des hommes, la Parole qui était Dieu, faite chair. En lui, la grâce et la vérité sont entrées dans le monde ; il est une pleine source de grâce pour nous, dont nous avons tous reçu abondance de grâce, et il a révélé aussi le Père (*). Voilà la seconde partie de notre chapitre [Jean 1:19], l’historique de la personne du Christ. À cela aussi Jean rend témoignage : il était, non le Christ, mais son précurseur, la voix qui crie dans le désert, et qui, en appelant à la repentance, prépare le chemin du Seigneur.
(*) Comparez 1 Jean 4:12, où la difficulté que «personne ne vit jamais Dieu» est résolue d’une autre manière ; — cette comparaison fournit la plus profonde instruction quant à l’état chrétien.
Ceci introduit un troisième point. Tout en annonçant sa personne, celui qui le met en avant se cache lui-même ; il n’est ni le Christ, ni le prophète promis par Moïse, ni Élie promis par Malachie, mais seulement, selon la parole d’Ésaïe, la voix pour en annoncer un autre que les pharisiens ne connaissent pas, Celui qui venait après lui, mais qui lui était préféré, dont il n’était pas digne de délier la courroie de la sandale. Ceci se traduit en témoignage personnel quand Jésus paraît devant Jean, le lendemain (v. 29 et suivants). Jean le désigne ici, non comme le Messie, mais en rapport avec son œuvre qui a deux parties : il ôte le péché, il baptise du Saint Esprit.
Jésus est «l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde». Il faut que le péché soit ôté de devant Dieu. Le temps viendra où il n’y aura plus de péché devant les yeux de Dieu, ni devant les nôtres, temps de repos éternel pour Dieu et pour nos cœurs. Quel vrai repos, et qu’il est doux pour le cœur ! Il y a eu un paradis d’innocence, qui dépendait de la fidélité de la création, un état d’innocence incertaine et aussitôt perdue ; il y a eu un monde de péché, où toutefois Dieu a agi en grâce ; il y aura un monde, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habitera, un état de choses immuable, moralement immuable, car la valeur de l’œuvre de Christ reste toujours la même. Ce sera non plus une innocence où tout dépendait de l’obéissance mise à l’épreuve et à laquelle l’homme a manqué, mais un bonheur où l’obéissance a été mise à l’épreuve, parfaitement, et a été accomplie. La justice rend l’état sûr, car Dieu ne peut méconnaître la perfection de l’œuvre de Christ pour sa gloire. Aussi il n’y aura là que sainteté. Tout y glorifiera Dieu dans tout ce qu’il est ; rien ne sera contraire à sa nature. Le péché sera ôté de devant Dieu dans les nouveaux cieux et dans la nouvelle terre. Jésus est celui qui l’ôte : l’œuvre est faite, le résultat n’est pas produit. Le passage ne dit pas : «l’Agneau de Dieu qui a ôté», ni «qui ôtera», il nous présente le caractère de Celui qui était là devant les yeux de Jean-Baptiste, Celui qui faisait la chose. Le passage ne parle pas de la culpabilité dans laquelle nous nous trouvons, sujet de toute importance en son lieu, cela est évident, mais d’un état de choses devant Dieu. Jean prend les choses habituellement ainsi dans leurs grands principes. C’est Dieu qui a paru, et tout est jugé selon la lumière de sa présence. Sa sainteté exige, oui, sa majesté, en tant qu’il est saint, que le péché soit ôté de devant ses yeux. Celui qui accomplissait l’œuvre, qui la faisait, était maintenant là, présent sur la terre. Il était «l’Agneau de Dieu» : l’Agneau qui convenait parfaitement à la gloire de Dieu, l’Agneau dont Dieu seul aurait pu se pourvoir, qui fût capable d’établir sa gloire, sa gloire la plus élevée, là où le péché se trouvait ; l’Agneau capable de se donner librement pour cette gloire et d’accomplir ainsi une œuvre qui serait le fondement moral (sa valeur étant immuable et subsistant sans changement possible, car l’œuvre était toujours elle-même) d’une bénédiction éternelle, selon Dieu, devant lui. La croix est la base de cette bénédiction. Tous les éléments moraux du bien et du mal ont été mis en évidence, se sont trouvés en face l’un de l’autre, et Christ homme est à la droite de Dieu dans la gloire divine, en vertu de ce qu’il a résolu toutes les questions que cela soulevait. On a pu voir l’homme dans sa haine absolue du bien, de Dieu lui-même manifesté en bonté, et cela à son égard : «ils ont, et vu, et haï et moi et mon père» ; toute la puissance de Satan : «le chef du monde vient» ; «c’est... votre heure et le pouvoir des ténèbres» ; l’homme dans sa perfection absolue en Christ ; afin que le monde connaisse que j’aime le Père, et selon que le Père m’a commandé, ainsi je fais» ; et cela quand tous les deux ont été mis à l’épreuve de la manière la plus absolue ; puis Dieu, dans sa justice contre le péché, comme nulle part ailleurs ; — le péché en soi, mais Dieu dans son amour infini pour le pécheur. Ainsi l’homme, dans la personne du Fils de Dieu, est entré dans une position toute nouvelle, dans la gloire, au-delà du péché, de la mort, de la puissance de Satan, et du jugement de Dieu, après y avoir passé ; l’homme selon les conseils de Dieu, mettant le sceau le plus positif sur la responsabilité de l’homme créature, faisant face aux conséquences de cette responsabilité, et glorifiant Dieu de manière à obtenir de l’amour et de la justice de Dieu, pour l’homme, une place qui serait la glorification éternelle de Dieu dans ses conseils souverains et dans sa gloire, la glorification de Celui qui introduisit l’homme là pour en être le vase, en même temps que l’ordre de la création subsisterait en résultat devant Dieu dans un état où il trouverait le repos de sa nature, et où Christ, homme glorifié, serait le centre de toutes les voies de Dieu dans leur résultat béni.
Le Sauveur devait faire une autre chose encore, savoir, baptiser du Saint Esprit. Ceci est introduit par un fait du plus haut intérêt et des plus touchants : Jésus reçoit le Saint Esprit comme homme, et l’Écriture emploie à son égard les mêmes mots dont elle se sert quand il s’agit de nous : «Jésus qui était de Nazareth... Dieu l’a oint de l’Esprit Saint et de puissance» ; et le Seigneur lui-même dit : «C’est lui que le Père, Dieu, a scellé». Jésus a été scellé comme Fils, homme ici-bas, en vertu de sa propre perfection et de sa propre relation avec le Père comme Fils ; nous sommes scellés, étant fils par la foi en lui (Gal. 3:26 et 4:6), en vertu de la rédemption qu’il a accomplie. Nous, par conséquent, nous ne pouvions être scellés avant qu’il eût pris sa place comme homme en haut, — témoins à la fois de l’efficace de la rédemption et de ce que la rédemption nous avait acquis. «À moins que le grain de blé, tombant en terre, ne meure, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit». Ainsi nous lisons, Jean 7:39: «L’Esprit n’était pas encore (en tant que sur la terre dans les croyants), parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié». C’était le témoignage qu’il était le Fils, personnellement. Maintenant que la rédemption est accomplie et que Jésus est glorifié à la suite de son accomplissement, le Saint Esprit nous est donné, à nous qui croyons en Jésus. De cette manière aussi, bien que le résultat du sacrifice de Christ ôtant le péché du monde, ne soit pas encore produit, nous savons que ce qui fait la base de ce résultat béni, est accompli, et nous jouissons de son efficace dans la parfaite purification de notre conscience et dans la glorieuse espérance d’être avec Christ, semblables à lui dans le ciel, le Saint Esprit nous rendant assurés de l’une de ces choses, tout en étant les arrhes de l’autre. Christ baptise, ou plutôt, disons-nous maintenant, a baptisé les siens du Saint Esprit, nous donnant la conscience que nous sommes fils, en pleine liberté devant le Père qui l’a scellé, lui, comme étant personnellement le Fils de Dieu, parfait en toutes choses. C’est ce signe, donné à Jean-Baptiste, qui a ouvert sa bouche en témoignage que Jésus était le Fils de Dieu. Jean voyait bien que Jésus était un glorieux personnage, duquel il n’était pas digne de délier la sandale ; à l’égard de sa personne il sentait que ce n’était pas à lui de le baptiser. Mais la descente de l’Esprit sur Jésus, est le clair témoignage céleste, montrant qui Jésus était, quant à sa personne, comme Fils de Dieu : Jean a vu et a rendu témoignage qu’il était le Fils de Dieu lui-même dans ce monde. Il nous est très doux à nous, quoique dans notre cas il ne s’agisse pas de nos personnes, mais de la grâce souveraine, de penser que si, monté dans la gloire, il nous a baptisés du Saint Esprit (témoignage que nous sommes fils et nous en donnant la conscience), lui, le Fils éternel, a reçu lui-même premièrement, comme homme ici-bas, ce même témoignage, le sceau et l’onction de l’Esprit qui nous rend capables de crier : «Abba, Père !» C’est l’avant-goût de cette vérité, que celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous d’un (Héb. 2:11).
Mais, ici-bas, si un témoignage divin a été rendu que Jésus était Fils de Dieu, c’est le titre d’Agneau de Dieu qui le caractérise. Le cœur de Jean-Baptiste le reconnaît déjà ainsi, car le témoignage qu’il rend ici n’est pas un témoignage rendu dans sa prédication. Il voyait Jésus qui marchait devant lui, et son cœur rempli de la profonde vérité, s’écrie : «Voilà l’Agneau de Dieu !» Il l’avait déjà annoncé sous ce caractère, et personne n’avait suivi Jésus ; mais ce qui partait du cœur par la grâce, a atteint les cœurs ; deux des disciples de Jean l’entendent et suivent le Seigneur. C’est ainsi que Jésus commence à rassembler ses disciples. Il accepte la position de centre de rassemblement. Les deux disciples avaient reçu la parole de Dieu de la bouche de Jean-Baptiste ; mais ni Jean, ni aucun des prophètes n’avaient pris la place de centre, autour duquel se réunissaient ceux qui recevaient la parole de Dieu ; or maintenant il y avait dans le monde quelqu’un autour de qui on pouvait se réunir ainsi : c’était «l’Agneau de Dieu». Jésus, voyant que les deux disciples le suivaient, leur dit : «Que cherchez-vous ?» Ils lui disent : «Rabbi... où demeures-tu ?» Il répond : «Venez et voyez».
C’est ici un principe, un fait important : il y avait sur la terre non seulement un témoignage, mais une personne qui, de la part de Dieu, était un point de rassemblement pour ceux qui recevaient la parole de Dieu. Ceci était le fruit du témoignage de Jean-Baptiste. André, l’un des deux disciples de Jean, trouve Simon, son propre frère, et lui annonce qu’ils avaient trouvé, non l’Agneau de Dieu, mais le Christ. Le témoignage que nous recevons se rattache toujours à ce qui est déjà dans le cœur, il ne dépasse pas ce qui s’adapte à ce qui y est. Si tout l’amour de Dieu en Christ est prêché, si une œuvre se fait dans l’âme, cela produira une conviction de péché, peut-être jusqu’à nous faire presque désespérer du salut. «L’Agneau de Dieu» va infiniment plus loin que «le Messie» ; mais ces âmes sincères que nous voyons ici, et qui avaient reçu la parole de Dieu dans leur cœur, ont trouvé «le Messie» (v. 42). André mène Simon à Jésus, qui l’appelle Céphas, autrement dit Pierre. Le droit de nommer est l’expression de la souveraineté, c’est ce qu’on retrouve constamment dans la Parole ; seulement Christ donne le nom avec une connaissance divine des personnes. Il s’appropriait l’autorité suprême, mais avec la compétence d’une personne divine. Jamais Jean-Baptiste n’aurait donné un nom ainsi à ses disciples.
Mais bien que Jésus fût le centre qui réunissait ceux qui recevaient le témoignage de Dieu, il était venu pour rendre témoignage à la vérité, et dans cette tâche il n’avait pas où poser sa tête. Il commence cette activité au v. 44 : il voulait aller en Galilée où son témoignage devait être rendu au milieu des pauvres du troupeau, et il trouve lui-même Philippe. C’est le second caractère de témoignage. Le premier, c’était Jean et ce qui s’en est suivi ; ici, c’est Christ, et il s’agit de le suivre, lui, pèlerin et étranger dans ce monde. Christ ainsi, revêt aussi un autre caractère : précédemment nous l’avons vu centre, il recevait les croyants, s’en entourait là où il demeurait ; ici, il s’agit de le suivre là où il était pèlerin, second témoignage de toute importance.
Comme objet du témoignage de Jean-Baptiste, Jésus était le centre et il l’est toujours ; mais, de fait, dans son propre témoignage ici-bas, il est étranger et n’a pas où poser sa tête, il commence par la crèche et finit par la croix. Toute sa vie est la vie de quelqu’un qui est étranger ici-bas, qui chemine dans le monde pour y rendre témoignage de Dieu en grâce, mais en suivant un chemin que l’oeil du vautour n’a pas vu. Les deux caractères de témoignage font ressortir profondément, d’un côté l’état du monde, et de l’autre ce que Jésus y faisait. Pourquoi avoir dans ce monde, de la part de Dieu, un centre de rassemblement, si ce n’est parce que le monde, et même le peuple de Dieu selon la chair, s’étaient totalement éloignés de Dieu, et qu’il fallait quelqu’un pour retirer les âmes de cet état par la révélation de Dieu au milieu de ce monde ? et encore maintenant, le principe est le même, seulement le centre béni est dans le ciel : il s’est donné pour nos péchés, pour nous retirer du présent siècle mauvais. Ensuite, pourquoi suivre Jésus, être pèlerin comme Jésus l’a toujours été ici-bas ? Adam n’était pas pèlerin dans le paradis, nous ne serons pas pèlerins dans le ciel : il n’était pas besoin d’un chemin dans l’un, et il ne s’en trouvera pas dans l’autre, comme si on voulait en sortir. C’était le sabbat de Dieu en bas, c’est le repos éternel de Dieu en haut : on n’en sort pas ; il n’était pas besoin, ni ne sera besoin, dans l’un ou dans l’autre, d’un chemin où l’on suivrait quelqu’un. Ici il n’en est pas ainsi : ni le repos de Dieu, ni le repos de l’homme ne se trouvent sur la terre, et ce qu’il nous faut, c’est un chemin à travers le désert. Il n’y en a qu’un de sûr, et une seule personne a pu le tracer ; et il n’y a que la foi qui le discerne : c’est Jésus, qui dit : «Suis-moi». Il nous faut un chemin et le chemin est trouvé. Philippe aussi était de Galilée. L’œuvre de Dieu ne bâtissait pas sur Jérusalem, le vieux centre selon la chair ; mais la base, le chemin, et le centre, c’est le Fils de Dieu, la révélation de Dieu lui-même dans le monde, lui-même le tout premier, le rejeté et le méprisé de l’homme, mais l’image du Dieu invisible.
Philippe trouve Nathanaël, un Israélite rempli de préjugés, mais un cœur sans fraude, car le Seigneur a trouvé sous le figuier même de tels hommes, attachés au judaïsme, — un résidu dont le cœur était ouvert à la vérité, des fidèles qui attendaient la rédemption d’Israël. Nathanaël ne croyait pas possible que quelque chose de bon sortît de Nazareth, ce lieu qui, bien loin d’être la Jérusalem de la promesse, était des plus méprisés et des plus honnis. Mais c’était à Jésus qu’il fallait venir, c’était à sa personne que les âmes étaient appelées à venir : «Viens et vois». Le Seigneur montre sa parfaite connaissance de ce qui se passait en Nathanaël, déclarant celui-ci sans fraude, et montrant cette connaissance de manière à pénétrer dans son cœur. Nathanaël le reconnaît, selon le Psaume 2, comme roi d’Israël et Fils de Dieu. Dans sa réponse, le Seigneur reconnaît la foi de Nathanaël, fondée sur ce qu’il lui avait dit de lui-même, et il lui annonce sa propre gloire, selon le Psaume 8, cette gloire qui appartenait à un Messie rejeté ; car le Messie est rejeté au Psaume 2, dans un passage cité par Pierre à cet effet (Actes 4:25-26), le Psaume annonçant que Dieu établirait son Oint roi sur Israël, malgré sa réjection. Mais, après le récit prophétique des souffrances du résidu dans les Psaumes 3 à 7, le Psaume 8 annonce les conseils de Dieu à l’égard de l’homme dans la personne du Fils de l’homme. Cet homme sans fraude, qui nous est présenté ici sous le figuier, devient ainsi l’occasion de la révélation du Messie dans ses rapports avec Israël, puis de la révélation de sa gloire comme Fils de l’homme, Celui dont toutes les créatures les plus élevées seraient les serviteurs, et qui serait leur objet comme occasion des relations établies entre les cieux et la terre.
Il est à remarquer que c’est ici, comme nous l’avons observé, le second jour de témoignage, le premier se trouvant au verset 35, le second au verset 44. Ce n’est pas l’historique de l’évangile, mais le témoignage rendu à Jésus par Jean-Baptiste premièrement, puis le témoignage rendu par Lui-même. Dans le premier cas il remplace le Baptiste ; dans le second, c’est la manifestation de lui-même, témoignage qui dure depuis son service sur la terre jusqu’à l’accomplissement du Psaume 8. Envisagé déjà comme rejeté des Juifs et inconnu du monde (chap. 1:10, 11), il prend, dès à présent, le titre de Fils de l’homme, ce titre sous lequel il se désigne constamment, quoiqu’il ne pût prendre la position elle-même, qu’après avoir passé par la mort. Ce sont les deux jours de témoignage rendu à Christ comme venu dans ce monde, qui se développent dans la suprématie qu’il possède sur toutes choses, mais qui n’est présentée ici que dans sa nature. Au reste, la position céleste du Seigneur n’est guère le sujet des enseignements de l’évangile de Jean : il y est bien fait allusion, mais voilà tout.
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Psaumes 33:13 Du haut des cieux YHWH regarde, il voit tous les enfants des hommes ; 14 du lieu de sa demeure, il observe tous les habitants de la terre, 15 lui qui forme leur coeur à tous, qui est attentif à toutes leurs actions.
Ne devez rien à personne, sinon de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime son semblable a accompli [la] loi. Romains 13:8
Re: Réflexions sur l’évangile selon Jean
3 Chapitre 2
Ce qui suit, au chapitre 2, révèle, en principe, ce qui arrivera lorsque le Seigneur prendra sa place en autorité sur les Juifs : le vin de la joie des noces remplacera l’eau de purification, et Christ purifiera par le jugement la maison de son Père. Mais ce sera un Christ ressuscité qui accomplira ces choses. C’est la résurrection qui nous est présentée : le fait d’avoir quitté toutes ses relations avec le monde et avec son peuple ici-bas selon la chair, et d’avoir placé l’homme dans une position toute nouvelle, la position qui rend témoignage à ses droits d’exercer le jugement de Dieu. Mais, remarquez-le, Lui était déjà le vrai temple. L’Éternel n’était plus réellement dans le temple de Jérusalem, bien que le temple fût reconnu extérieurement par le Seigneur lui-même, jusqu’à ce que le jugement fût exécuté ; seulement, lors de sa mort, il ne l’appelle plus la maison de son Père, mais leur maison. De fait, Dieu était en lui, son corps était le vrai temple.
Ces paroles du Seigneur terminent cette présentation de sa personne et de la position qu’il prenait dans ce monde jusqu’à la fin, présentant en même temps le fait que c’était dans la résurrection que sa gloire serait accomplie. Il déclare aussi ici qu’il se ressusciterait lui-même ; il avait donc bien le droit de juger le temple corrompu et souillé.
Ce qui suit parle de la relation du Seigneur avec les autres. Le sujet commence au verset 22. Il s’agit de l’état de l’homme et de l’œuvre que Dieu faisait en lui et pour lui. Le grand principe que toute bénédiction appartenait à l’état de résurrection, ou était basée sur celle-ci, l’homme dans son état naturel étant laissé complètement en arrière, se retrouve constamment dans Jean, comme on peut le voir dans les chapitres 5 et 6, et du reste dans tout l’évangile. Il s’agit donc ici maintenant des deux grandes bases du christianisme pour ce qui regarde notre état, savoir la nouvelle naissance et la croix, les deux choses étant absolument nécessaires pour notre salut, mais la seconde allant plus loin que ce qui était nécessaire, selon la nature même de Dieu, et nous introduisant dans les choses célestes.
Pour avoir part au royaume, il fallait une vie toute nouvelle. La foi même en Jésus, en tant que fondée sur une démonstration qui pouvait être adressée à l’intelligence humaine, ne valait rien. Des hommes pouvaient être sincèrement convaincus (il y en avait alors de tels, et il y en a encore maintenant) soit par l’éducation, soit par l’exercice de leur intelligence, mais, pour être en relation avec Dieu, il faut une nature nouvelle, une nature qui puisse le connaître et qui réponde à la sienne. Plusieurs crurent en Jésus, contemplant les miracles qu’il faisait (v. 23) : ils conclurent comme Nicodème, qu’un homme ne pouvait faire ce que Jésus faisait, s’il n’était pas ce qu’il prétendait être. La conclusion était parfaitement juste. Des passions à vaincre, des préjugés à abandonner, des intérêts qui faisaient obstacle à sacrifier, ne se mêlaient pas à la question. La raison de l’homme jugeait sainement des preuves données, le reste de sa nature ne se réveillait pas. Mais le Seigneur connaissait l’homme ; il savait, par une intelligence divine, ce qui en était de lui. Il n’y avait pas peut-être manque de sincérité, mais ce qu’il y avait chez ces hommes n’était qu’une conclusion, qu’une conviction humaine qui n’avait aucune force sur la volonté de l’homme, ni contre ses passions, ni contre les ruses du prince de ce monde. Jésus «ne se fiait pas à eux». Il faut une œuvre divine et une nature divine pour jouir de la communion divine, et pour marcher dans le chemin divin à travers le monde. Ce qui suit est très distinct.
Ce qui suit, au chapitre 2, révèle, en principe, ce qui arrivera lorsque le Seigneur prendra sa place en autorité sur les Juifs : le vin de la joie des noces remplacera l’eau de purification, et Christ purifiera par le jugement la maison de son Père. Mais ce sera un Christ ressuscité qui accomplira ces choses. C’est la résurrection qui nous est présentée : le fait d’avoir quitté toutes ses relations avec le monde et avec son peuple ici-bas selon la chair, et d’avoir placé l’homme dans une position toute nouvelle, la position qui rend témoignage à ses droits d’exercer le jugement de Dieu. Mais, remarquez-le, Lui était déjà le vrai temple. L’Éternel n’était plus réellement dans le temple de Jérusalem, bien que le temple fût reconnu extérieurement par le Seigneur lui-même, jusqu’à ce que le jugement fût exécuté ; seulement, lors de sa mort, il ne l’appelle plus la maison de son Père, mais leur maison. De fait, Dieu était en lui, son corps était le vrai temple.
Ces paroles du Seigneur terminent cette présentation de sa personne et de la position qu’il prenait dans ce monde jusqu’à la fin, présentant en même temps le fait que c’était dans la résurrection que sa gloire serait accomplie. Il déclare aussi ici qu’il se ressusciterait lui-même ; il avait donc bien le droit de juger le temple corrompu et souillé.
Ce qui suit parle de la relation du Seigneur avec les autres. Le sujet commence au verset 22. Il s’agit de l’état de l’homme et de l’œuvre que Dieu faisait en lui et pour lui. Le grand principe que toute bénédiction appartenait à l’état de résurrection, ou était basée sur celle-ci, l’homme dans son état naturel étant laissé complètement en arrière, se retrouve constamment dans Jean, comme on peut le voir dans les chapitres 5 et 6, et du reste dans tout l’évangile. Il s’agit donc ici maintenant des deux grandes bases du christianisme pour ce qui regarde notre état, savoir la nouvelle naissance et la croix, les deux choses étant absolument nécessaires pour notre salut, mais la seconde allant plus loin que ce qui était nécessaire, selon la nature même de Dieu, et nous introduisant dans les choses célestes.
Pour avoir part au royaume, il fallait une vie toute nouvelle. La foi même en Jésus, en tant que fondée sur une démonstration qui pouvait être adressée à l’intelligence humaine, ne valait rien. Des hommes pouvaient être sincèrement convaincus (il y en avait alors de tels, et il y en a encore maintenant) soit par l’éducation, soit par l’exercice de leur intelligence, mais, pour être en relation avec Dieu, il faut une nature nouvelle, une nature qui puisse le connaître et qui réponde à la sienne. Plusieurs crurent en Jésus, contemplant les miracles qu’il faisait (v. 23) : ils conclurent comme Nicodème, qu’un homme ne pouvait faire ce que Jésus faisait, s’il n’était pas ce qu’il prétendait être. La conclusion était parfaitement juste. Des passions à vaincre, des préjugés à abandonner, des intérêts qui faisaient obstacle à sacrifier, ne se mêlaient pas à la question. La raison de l’homme jugeait sainement des preuves données, le reste de sa nature ne se réveillait pas. Mais le Seigneur connaissait l’homme ; il savait, par une intelligence divine, ce qui en était de lui. Il n’y avait pas peut-être manque de sincérité, mais ce qu’il y avait chez ces hommes n’était qu’une conclusion, qu’une conviction humaine qui n’avait aucune force sur la volonté de l’homme, ni contre ses passions, ni contre les ruses du prince de ce monde. Jésus «ne se fiait pas à eux». Il faut une œuvre divine et une nature divine pour jouir de la communion divine, et pour marcher dans le chemin divin à travers le monde. Ce qui suit est très distinct.
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Psaumes 33:13 Du haut des cieux YHWH regarde, il voit tous les enfants des hommes ; 14 du lieu de sa demeure, il observe tous les habitants de la terre, 15 lui qui forme leur coeur à tous, qui est attentif à toutes leurs actions.
Ne devez rien à personne, sinon de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime son semblable a accompli [la] loi. Romains 13:8
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