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La page noire du christianisme

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Message  Arlitto Sam 28 Mai 2016, 23:55

La page noire du christianisme

La page noire du christianisme

2000 ans de crimes, terreur, répression

Enrico Riboni, athée, libre-penseur.

"Croire en un Dieu cruel rend l'homme cruel"- Thomas Paine


Préface
Il y a près de 2000 ans, naissait en Galilée un fondateur de secte, qui finira crucifié environ 30 ans plus tard. Ses avant-derniers mots sur la croix furent "Donnez-moi à boire". Et pourtant! La secte qu'il avait fondée deviendra ensuite la plus grande de tous les temps. Elle prendra le pouvoir politique dans l'empire romain, abolira la liberté de religion, puis amoncellera des montagnes de cadavres: ses membres massacreront des millions d'"infidèles", "hérétiques", "sorcières" et autres, puis se massacreront entre eux en donnant à l'Europe les guerres les plus féroces qu'elle ait connu. Une telle histoire pourrait inciter à la modestie, mais les chrétiens revendiquent, au contraire, un monopole de l'éthique. Ils proclament qu'ils adorent le seul Dieu, dieu qui est "amour", et se considèrent meilleurs que le reste de l'humanité, qu'ils condamnent comme étant un ramassis d'adorateurs de faux dieux.
Seule idéologie à pouvoir partager avec le communisme et le nazisme le podium dédié aux idéologies les plus meurtrières de l'histoire humaine, le christianisme reste une idéologie dominante dans nombre de pays occidentaux, dont le gendarme du monde, les USA. Il est temps d'ouvrir le Livre Noir du Christianisme: 2000 ans de terreur, persécutions, répression. Commençons, modestement, par cette Page Noire du Christianisme, qui résume quelques-unes des pires atrocités commises au nom de cette idéologie qui prétend promouvoir l'amour du prochain.
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Message  Arlitto Sam 28 Mai 2016, 23:55

An un
"Les dieux n'étaient plus, et Dieu n'était pas encore".
L'Empire Romain garantit la liberté de culte. L'athéisme et la raison dominent dans les villes. Les dieux sont des figures mythiques, des représentations allégoriques de forces de la nature. C'est à cette époque que naît un type qui, disent certains juifs, perd la raison car il lit la Thora trop jeune. Il fonde une secte qui vise à interdire le culte de dieux autres que le sien. Le type est finalement mis à mort, mais sa secte se répand avec le succès que l'on sait.
Le culte de la personnalité pour le fondateur de la secte atteint, chez les chrétiens, un niveau que même le stalinisme n'égalera pas: le fondateur est proclamé "vraiment homme et vraiment Dieu" ("Homme-Dieu", dirait-on en langage normal). Ceux qui en doutent sont proclamés sans ambages hérétiques, et subiront plus tard les foudres de l'inquisition. Dès le IVème siècle de notre ère commencera la mise à mort de non-croyants par des chrétiens.
50 -150
La secte chrétienne se développe. Des textes grecs, écrits par les membres de la secte hors de Palestine ("Les évangiles") relatent de la vie du fondateur de la secte: né d'une vierge, qui serait restée vierge malgré plusieurs autres enfants, il aurait guéri des malades, mais aussi maudit un figuier qui se serait desséché instantanément. Il aurait aussi fait précipiter des centaines de cochons qui ne lui appartenaient pas dans un lac. Ce personnage, qui défend les pauvres, mais affirme aussi "ceux qui ont tout seront comblés, et à ceux qui n'ont rien, il sera enlevé le peu qu'ils ont", un peu pathétique lorsqu'il maudit un figuier ou se laisse crucifier, est déclaré une incarnation du "Dieu unique". Le fait que, d'après les évangiles "canoniques", ses avant-dernières paroles sur la croix furent "Donnez-moi à boire" ne semble point troubler les adeptes de la secte, qui se répand bientôt dans l'ensemble de l'empire.
Aux environs de l'an 50 aurait lieu le premier bûcher de livres: d'après Les Actes des Apôtres, un livre de la Bible, Paul, un des premiers chefs chrétiens, brûle avec ses adeptes pour "pour cinquante mille pièces d'argent" de livres
L'intolérance religieuse des chrétiens, qui visent ouvertement, dès le début, à imposer une interdiction des cultes des autres dieux que le leur, qui, insistent-ils, est le "seul Dieu", leur attirent bientôt les foudres de la justice romaine, qui défend la liberté de culte, laquelle est l'un des piliers de cette société complexe et multiculturelle qu'est l'empire romain des premiers siècles de notre ère. La propagande chrétienne retourne habilement la situation. Ceux qui sont condamnés par la justice romaine sont proclamés "martyrs", leurs restes sont vénérés dans les églises, on invente la légende comme quoi ils ont étés exécutés pour avoir "refusé de renier leur foi", ce qui bien sûr est mieux que la vérité nue, qui est qu'ils ont étés condamnés pour avoir été des fauteurs de troubles voulant imposer l'intolérance religieuse dans une société multiculturelle.
Les chrétiens développeront au Moyen Âge toute une série de légendes de Martyrs antiques qui choisirent la mort plutôt que renier leur foi. Des morceaux d'ossements sont conservés dans des églises et vénérés par des fidèles, fresques et tableaux racontent des histoires aussi abominables qu'invraisemblables de vierges effarouchées préférant des morts horribles plutôt que le péché de la chair, et de courageux proto-chrétiens répondant non je ne renie pas ma foi au lion qui menace de les dévorer au milieux des cris de la foule des païens en délire. Beaucoup de chrétiens croient vraiment à ces mythes, même lorsqu'ils sont en contradiction complète avec l'histoire connue. Par exemple, en Suisse, il y a un Monastère Saint Maurice, dans la ville du même nom. Lorsqu'on visite ce monastère, l'on vous raconte, en vous montrant des petits fragments d'os dans des beaux reliquaires en appui du récit, que le monastère a été construit sur les lieux du martyr de la Légion Thébaine: d'après ce mythe chrétien, inventé par le premier évêque de Martigny à la fin du IVème siècle, en ces lieux, en 285, une légion, la Légion Thébaine, constituée de soldats chrétiens originaires d'Égypte et commandée par Maurice, un égyptien noir, refusa de participer à un culte païen, et l'empereur Maximien ordonna l'extermination des légionnaires. Évidemment, non seulement aucun chroniqueur de l'époque n'a noté cet évènement, mais en plus il n'y avait pas de légion appelée Légion Thébaine à l'époque. Pourtant, le massacre par décapitation de 5% de l'armée romaine aurait pu difficilement passer inaperçu. Cela n'a pas empêché à ce saint qui n'a jamais existé de faire une belle carrière posthume, en devenant l'un des deux saints patrons des soldats, avec Saint Georges, blanc, à cheval. Saint Maurice est noir et va généralement à pied. Il va sans dire que les autres mythes de la martyrologie chrétienne antique ne sont pas plus vérifiables.
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Message  Arlitto Sam 28 Mai 2016, 23:56

300 (ou 303, ou 309, date incertaine)
Le premier concile et la codification de l'antisémitisme chrétien: 19 évêques et 24 prêtres se réunissent à Elvira, dans le Sud de l'Espagne, et fixent les premiers canons de l'église qui soient parvenus jusqu'à nous. Ces canons prévoient des peines sévères pour une série de "péchés". Pour certains, comme le divorce, et l'adoration de dieux autres que le dieu chrétien (l'idolâtrie) l'expulsion définitive de l'église est prévue. Pour les péchés moins graves, la punition est l'exclusion de la communion pour des périodes allant jusqu'à 10 ans. Parmi les délits punissables d'excommunications de plusieurs années, l'on trouve, entre autre: laisser bénir sa récolte par un juif ou partager un repas avec un juif. Le concile jette ainsi les bases dans le droit canon de l'antisémitisme chrétien, dont les effets dévastateurs se déploieront en force dès le IVème siècle et dureront jusqu'au XXème siècle.
C'est également à ce concile que les prélats chrétiens décident officiellement que tout chrétien mis à mort pour participation à des destructions de temples ou de statues de déités non chrétiennes a droit au titre - évidemment posthume - de martyr.
Hors des conciles également, les leaders chrétiens prendront très vite des positions très dures à l'égard des Juifs. Origène, le fondateur du mouvement monastique égyptien, écrira que "Le sang de Jésus retombe non seulement sur les Juifs de l'époque mais sur toutes les générations de Juifs jusqu'à la fin du monde". Son contemporain Saint Jean Chrysostome écrira lui pour sa part "La synagogue est un bord.., une tanière de bêtes impures (...) jamais un juif n'a prié Dieu. (...) Ils sont possédés des démons".
C'est dans cette période que l'étrange obsession des chrétiens pour le sexe commence à déployer ses effets dévastateurs. Le même Origène, incapable de contrôler ses obsessions, prend à la lettre le bon mot de Jésus "car il y en a qui se font eunuques pour le royaume des cieux" et commet un geste irréparable sur sa personne.
L'eunuque Origène fonde sur son obsession du sexe un grand mouvement de masse: le mouvement monastique, qui perdure encore aujourd'hui: des centaines, puis des milliers de fanatiques, dont certains, au début, imiteront le geste tragique d'Origène sur leur personne, quittent les villes d'Égypte pour s'installer dans des grottes, puis des monastères dans le désert. Dés le début, ils accorderont refuge à leurs coreligionnaires recherchés par la justice criminelle, et sortirons périodiquement de leurs tanières pour porter la terreur en ville lorsque les autorités religieuses le leur demandent. Ce sont ainsi des moines qui assassineront Hypatia. On peut imaginer la terreur des populations urbaines lorsqu'elles voyaient arriver, surgissant du désert, ces hordes de moines hirsutes, sales, vêtus de lambeaux de peux de bêtes, et prêts à tout et à toute violence pour accomplir la volonté de leur dieu.
La tradition d'utiliser les moines pour des actions de terrorisme se maintiendra dans l'église catholique: au Moyen Âge, elle fera appel aux Franciscains et Dominicains pour l'inquisition. Pendant la deuxième guerre mondiale, les Franciscains croates sortiront de leurs tanières pour travailler comme gardiens, bourreaux et, même, chefs de camps de concentration. Cette tradition du moine revenant dans la civilisation pour y semer la terreur du Christ prend ainsi ses racines au tout début de l'histoire chrétienne et perdure aujourd'hui.
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Message  Arlitto Sam 28 Mai 2016, 23:56

312
Prise de pouvoir par les chrétiens: Au terme d'une guerre civile, Constantin prend le pouvoir. Peu après, il se converti officiellement au christianisme, et "autorise" dans un premier temps le culte du dieu unique chrétien par l'Édit de Milan: c'est le début de la persécution religieuse en Europe. Peu à peu, les cultes de dieux autres que ceux du dieu chrétien seront interdits. Les sanctuaires classiques seront détruits, ou convertis en églises chrétiennes. A la fin du IVème siècle, il n'y aura plus aucun temple païen dans tout le bassin méditerranéen.
315
Première loi antisémite dans l'empire christianisé: le prosélytisme juif est interdit, sous peine de mise à mort sur le bûcher. Les mises à mort sur le bûcher sont une passion que les chrétiens cultiveront pendant plus de 1500 ans de leur histoire.
325
L'empereur chrétien Constantin ordonne au premier Concile de Nicée de changer la date de Pâques: "Il n'est pas seyant que, dans la plus sainte de nos fêtes, nous suivions les coutumes des Juifs; dorénavant, nous ne devons plus rien à avoir de commun avec cet odieux peuple". Les persécutions violentes des juifs par les chrétiens, qui commenceront à la fin du IVème siècle, sont la conséquence logique de la haine antisémite de l'église chrétienne des débuts.
L'antisémitisme chrétien restera ancré dans les rites catholiques jusqu'aux années 1960 et le concile de Vatican II. Jusqu'à cette date, l'on répétait à chaque messe, dans chaque église catholique, la prière "Oremus et pro perfidis judaeis: ut Deus et Dominus noster auferat velamen de cordibus eorum; ut et ispi agnostant Jesum Christum Dominum nostrum" ("Nous prions pour les perfides juifs notre Seigneur et notre Dieu de retirer le voile de leur cœur, qu'ils puissent eux aussi connaître notre seigneur Jésus-Christ")
326
La christianisation du droit romain: dans les années qui suivent sa prise de pouvoir, Constantin entreprend de modifier le droit romain pour le mettre en conformité avec les fondements de l'idéologie chrétienne. Ainsi, la liste des délits pour lesquels la peine de mort est prévue est fortement allongée. Par exemple, l'enlèvement (avec consentement de l'enlevée) d'une jeune femme à sa famille par son amant, qui était une affaire relevant du droit civil, devient passible de la peine de mort pour l'enleveur, l'enlevée, et aussi tous les complices, y compris les esclaves des familles de l'enleveur de l'enlevée. Les relations sexuelles entre un esclave et sa maîtresse sont désormais interdites et passibles de mort. Il faut noter que par contre le premier empereur chrétien fait que la loi continue à considérer comme licites les relations sexuelles entre un maître et une femme esclave. Mettant en pratique les enseignements de la Bible, Constantin durcit significativement la condition des esclaves: par exemple, tuer un esclave en le frappant n'est plus considéré un meurtre que si l'on prouve qu'il y avait intention de tuer. Puis la loi devient encore plus clémente pour les maîtres cruels lorsque Constantin, en 326, interdit toute enquête à l'encontre d'un maître dont l'esclave serait mort des suites d'une punition physique. Les esclaves fuyards auront désormais le pied coupé ou seront mis à mort. Enfin, dureté suprême, Constantin non seulement interdit aux esclaves le recours à la justice, mais dispose que tout esclave ou serviteur qui déposerait plainte contre son maître (sauf dans le cas des délits suivants: adultère, haute trahison, fraude fiscale) sera exécuté de suite, sans témoins et sans enquête. La liste des délits pour lesquels la dénonciation du maître par un esclave est révélatrice de l'échelle des valeurs chrétiennes: le meurtre n'y figure pas, pas plus que vol ou le viol: ces crimes sont, pour l'empereur chrétien, moins importants que l'adultère: on décèle là à nouveau cette obsession étrange, si caractéristique du christianisme, pour le non-respect des interdits sexuels.
C'est aussi en cette année 326 que le terme de "concubinage" fait son entrée dans le droit romain: les concubins sont soumis à des tracasseries administratives sans précédents dans l'histoire romaine: il leur est interdit d'acquérir des propriétés immobilières et leur citoyenneté romaine leur est retirée.
D'autre part, mettant en pratique ce que les chrétiens appellent volontiers la charité envers les pauvres, Constantin fait voter une loi qui permet aux familles nécessiteuses de vendre leurs enfants comme esclaves, ce qui était évidemment interdit.
363 - Un meurtre pour réaliser une prophétie
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Message  Arlitto Sam 28 Mai 2016, 23:56

En 361, l'empereur Julien rétablit la liberté de religion dans l'empire. Il aurait pu passer à l'histoire comme Julien le Philosophe, ou Julien le Soldat en raison de ses succès militaires en Gaule et contre la Perse, mais sa décision de tolérer dans l'Empire les différentes sectes chrétiennes, ainsi que les autres religions, lui attire la foudre des chrétiens: après sa mort, il entrera dans l'histoire comme Julien l'Apostat.
Peu après son arrivée au pouvoir, il publie plusieurs livres à la gloire des vieux dieux ainsi que d'autres, polémiques, contre diverses sectes philosophiques et, naturellement, contre le christianisme.
Notons à ce sujet que son traité "Contre les Galiléens" (= les Chrétiens) est à peu près totalement perdu. Il n'en reste que des bribes difficilement exploitables. Même les réfutations qu'en ont faites les Chrétiens contemporains ont disparu, ou ont étés expurgées des citations de l'œuvre de Julien. Un des rares extraits qui nous est parvenu dit: "Il me semble bon d'exposer à tous les hommes les raisons qui m'ont persuadé que la machination des Galiléens n'est qu'une fiction humaine, forgée par le vice. Bien que cette fourberie n'ait rien de divin, elle a dupé la partie de notre âme qui aime les fables, qui est puérile et insensée, et elle lui a fait ajouter foi à ces monstruosités" [Julien, Contre les Galiléens, traduction de Christopher Gérard, éditions Ousia, 1995].
Bien sûr, les chrétiens se mobilisent rapidement contre cette liberté religieuse qui leur est intolérable. Ils se lancent donc dans des actions de provocation, espérant déclencher ces "persécutions" dont ils sont si friands pour pouvoir avoir des martyrs. Entre autres, les chrétiens
* profanent, puis incendient, puis incendient le temple de Daphné, près d'Antioche, où l'Empereur résidait
* sabotent des travaux de reconstruction du Temple de Jérusalem
* détruisent le temple de la Fortune à Césarée de Cappadoce
* détruisent, à Pessinonte, sous les yeux de l'Empereur, l'autel de Cybèle, mère des dieux, une divinité à la gloire de laquelle Julien avait composé un traité
Cependant, Julien ne se vengea de ces crimes que par un pamphlet, intitulé "L'Ennemi de la Barbe", une satire mordante, autant dirigée contre sa propre personne que contre les frivoles habitants d'Antioche.
Julien payera de sa vie ses excès de mansuétude envers les chrétiens, en particulier contre Athanase, évêque d'Alexandrie. Athanase était un individu au passé criminel, qui avait été chassé de son siège épiscopal suite à des disputes entre les sectes chrétiennes. L'édit de 361 lui permet de retourner à Alexandrie, Il y excite une foule de fanatiques qui massacrent l'évêque arien de la ville Georges de Cappadoce et jette les lambeaux de son corps dans le Nil. L'évêque Georges était lui aussi un individu pour le moins discutable, qui avait pillé maints temples de l'Égypte antique, mais ce meurtre attire l'attention de l'Empereur sur le passé d'Athanase, et il ordonne son bannissement hors d'Égypte. Sans attendre l'intervention de la force publique, Athanase se retire dans le désert, se cache chez de moines, et prophétise la mort de l'Empereur: "Le Charpentier (=Jésus) prépare un cercueil (pour Julien)" annonce-t-il aux foules de fanatiques qui viennent l'écouter prêcher dans le désert. Mais Athanase est un homme intelligent, qui sait qu'il faut parfois des actions concrètes pour aider à réaliser des prophéties. Il promet la gloire éternelle, la rémission de tous ses péchés et toutes les joies du Paradis à un soldat chrétien qui allait accompagner l'empereur dans sa grande expédition en Mésopotamie. Le 26 juin 363, lors de la bataille décisive contre les Perses, il assassine Julien avec une lance dans le dos. On dit que Julien, mourant, aurait lancé au ciel quelques gouttes de son sang en s'écriant : "Tu as vaincu, Galiléen !". Sans doute ces propos sont-ils légendaires, mais Julien a peut-être réellement eu une telle pensée au moment où il s'effondrait et mourrait frappé dans le dos par un traître, pour cause de tolérance religieuse.
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Message  Arlitto Sam 28 Mai 2016, 23:56

380
L'empereur Théodose proclame officiellement le christianisme comme seule "Religion d'état". Il faudra attendre 12 ans avant que tous les autres cultes ne soient définitivement interdits.
381
Théodose, empereur chrétien, lance la chasse aux hérétiques: les hérétiques sont des chrétiens qui ne reconnaissent pas dans certains points de détail de la doctrine chrétienne. A ces chrétiens non catholiques l'on interdit de: se réunir, d'enseigner, de discuter en public, d'ordonner des prêtres. Leurs églises sont confisquées au profit des évêques catholiques. Les hérétiques sont aussi exclus de la fonction publique. Pour certaines "hérésies", les mesures sont plus dures: peine de mort pour les manichéens, et l'on arrache les yeux aux évêques marcionites (une secte gnostique chrétienne). Les livres sacrés des ariens - une secte chrétienne qui considérait que Jésus avait été crée par Dieu le Père - sont livrés aux flammes en de joyeux holocaustes. En 15 ans de règne, Théodose ne promulguera pas moins de 15 Édits de Persécution contre l'un ou l'autre des groupes hérétiques chrétiens.
382
Théodose, empereur chrétien, lance la chasse aux apostats: une série de lois promulguées en 381, 383 et 391, prévoient bannissement social des apostats. Celui qui abandonne le christianisme au profit de toute autre religion, y compris le judaïsme: l'apostat sera exproprié, il lui sera interdit d'hériter, de participer à la vie sociale et de déménager: la loi spécifie clairement que l'apostat doit continuer à vivre au lieu où il vit, tout en étant exilé de la société, car cela est plus dur qu'un exil dans des terres lointaines.
385
Théophile (aujourd'hui Saint Théophile) est nommé patriarche d'Alexandrie. Il commence aussitôt une violente campagne de destruction de tous les temples et sanctuaires non chrétiens. Il a l'appui du pieux empereur Théodose. On doit à Théophile la destruction, à Alexandrie, des temples de Mythriade et Dyonisius. Cette folie destructrice culminera en 391, avec la destruction du temple de Sérapis et de sa bibliothèque. Les pierres des sanctuaires détruits seront utilisées pour édifier des églises pour la nouvelle religion unique, le christianisme.
Ensuite, sans doute pour montrer qu'il est capable de persécuter aussi des chrétiens (dans la mesure où ils ne sont pas 100% orthodoxes), Théophile commande personnellement les troupes qui attaquent et détruisent les monastères qui adhéraient aux idées d'Origène, un théologien chrétien qui fut déclaré hérétique car il soutenait que dieu était purement immatériel.
C'est aussi en 385 que, pour la première fois, un hérétique est condamné à être brûlé vif, après avoir subi la torture. Cette pratique se généralisera à partir de 447.
389
Pour la première fois, un évêque dicte à un empereur la politique à suivre: Saint Ambroise de Milan, en pleine cathédrale, se lève et, avec ce sens de la charité si particulier que les chrétiens ont, impose à l'empereur d'annuler l'ordre que ce dernier avait donné à l'évêque de Callinicum sur l'Euphrate de reconstruire une synagogue que l'évêque et sa congrégation avaient détruite. L'église prend ainsi parti, dès ses débuts, pour les brûleurs de synagogues, parti qu'elle continuera à soutenir jusqu'aux années 1940.
390
L'empereur Théodose, pieux catholique, introduit la peine de mort pour toute personne qui fêterait Pâque à une date autre que celle qu'avait imposée le concile de Nicée, et publie un édit qui interdit définitivement le culte de dieux autres que le dieu chrétien dans tout l'empire romain.
Début des années 390
Suite à l'édit de 390 du pieux empereur chrétien Théodose, peu à peu, les temples non chrétiens sont fermés au culte, les processions "païennes" sont interdites. Cette suppression de la liberté de religion au profit exclusif du christianisme cause parfois des émeutes, comme celles de 408 à Calama en Numidie. Dans le cadre de cette campagne pour l'éradication de tout ce qui n'est pas chrétien dans l'empire, l'empereur fait aussi, en 393, interdire les jeux olympiques.
Cette campagne d'interdiction est l'occasion de violents pogroms antipaïens. C'est dans ce cadre que les chrétiens abattent le temple de Sérapis à Alexandrie. En Gaule, le bon Saint Martin, celui qui avait donné la moitié de son manteau à un pauvre en plein hiver, parcourait les campagnes, accompagné d'une horde de moines fanatiques, détruisant tous les symboles de l'ancienne religion et convertissant les païens récalcitrants à coups de gourdin.
À Rome, Théodose imposa, à l'instigation du pape Sirice, un serment solennel aux sénateurs romains. Ils devaient solennellement renoncer au culte de Jupiter et jurer fidélité au Christ. La statue de la Victoire est enlevée du Sénat et remplacée par un crucifix.
C'est à la même époque qu'ont lieu en Germanie les premières exécutions de non chrétiens, une belle tradition que l'église développera avec l'inquisition et perpétuera ensuite jusqu'en 1826.
391
Une foule de chrétiens comprenant grand nombre de moines fanatiques venus du désert, guidés par Saint Athanase et Saint Théophile, abat le temple et la grande statue de Sérapis à Alexandrie, deux chefs d'œuvre de l'Antiquité. La collection de littérature du temple est également détruite. Plusieurs païens soient tués dans l'assaut du temple, les statues d'or du temple sont fondues, et le précieux métal est incorporé dans le trésor de l'épiscopat.
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Message  Arlitto Sam 28 Mai 2016, 23:57

401
Saint Augustin, évêque de Carthage, Docteur de l'Église, est considéré comme le plus grand penseur de l'église antique, et sa Théorie de la guerre juste servira plus tard à justifier les croisades. Mais l'église a soin aujourd'hui d'être très discrète sur l'œuvre de destruction de temples et statues à laquelle le saint consacra de son vivant tant d'énergie. Dès 399, on commence à Carthage à détruire temples et statues païennes. Saint Augustin applaudit. Constatant que l'enthousiasme destructeur de la populace catholique risque de faiblir, en juin 401, Saint Augustin emploie l'humour (chose rare dans l'histoire chrétienne), au cours d'une messe dominicale, pour relancer la folie destructrice: "Il est écrit Herculi Deo au pied d'une statue d'Hercule. Mais pourquoi ne parle-t-il pas ? Il est aussi muet que son épitaphe". La foule des croyants rigole. Saint Augustin lance alors "A Rome, les temples sont fermés, les idoles détruites ! Comme à Rome, ainsi à Carthage". Des bandes de catholiques enragés se lancent alors à l'assaut des statues et temples encore debout en ville et les détruisent.
408
Les émeutes de Calama: enivré par son succès à Carthage, Saint Augustin exige la destruction de temples et statues aussi dans les villes de province. Peu à peu la parole du saint homme se répand dans l'Afrique du Nord, et des hordes de chrétiens se lancent à l'assaut des temples et des statues. A Calama (aujourd'hui Guelma en Algérie), une émeute éclate lorsque les chrétiens s'attaquent au temple d'Hercule: 60 personnes, chrétiens et païens, meurent dans la bagarre.
412
Cyrille (aujourd'hui Saint Cyrille, Docteur de l'Église), est nommé évêque d'Alexandrie et succède ainsi à son oncle Théophile. Il excite les sentiments antisémites diffus parmi les chrétiens de la ville, et, à la tète d'une foule de chrétiens, incendie les synagogues de la ville et fait fuir les juifs. Il encourage ensuite les chrétiens à se saisir des biens que les juifs ont dû laisser derrière eux.
415
Hypatia, la dernière grande mathématicienne de l'école d'Alexandrie, par ailleurs fille de Théon d'Alexandrie, directeur de la bibliothèque, est tuée par une foule de moines chrétiens inspirés par Cyrille, patriarche d'Alexandrie, que l'église canonisera. Après le lynchage par la foule, le corps de la mathématicienne est traîné dans la cathédrale par un groupe de moines aux ordres de Cyrille, et est mis en pièces à coups de fragments de tuiles. La motivation des chrétiens est que Hypatia, brillante enseignante de mathématiques, représentait une menace pour la diffusion du christianisme, en raison de son enseignement des sciences et du Néoplatonisme. Le fait qu'elle était une femme, de plus, dit-on, belle et charismatique, rendait son existence encore plus intolérable aux yeux des chrétiens. Son assassinat marqua d'ailleurs un tournant: après sa mort, de nombreux chercheurs et philosophes quittent Alexandrie pour l'Inde et la Perse, et Alexandrie cesse d'être le grand centre de l'enseignement et de la science du monde antique. Désormais, la science régressera en Occident, et ne retrouvera un niveau comparable à celui de l'Alexandrie antique qu'à l'aube de la révolution industrielle. Les travaux de l'école d'Alexandrie concernant les mathématiques, la physique et l'astronomie seront préservés, en partie, par les Arabes, les Perses, les Indiens et aussi en Chine. L'Occident, pour sa part, plonge dans l'obscurantisme et ne commencera à en sortir que plus d'un millénaire plus tard.
En reconnaissance de ses mérites en matière de persécution de la communauté scientifique et des Juifs d'Alexandrie, Cyrille sera d'abord canonisé, puis promu à "Docteur de l'Église" en 1882.
532
L'empereur Justinien fait fermer l'école de philosophie d'Athènes, considérée comme le dernier bastion du paganisme. Désormais, l'obscurantisme et l'ignorance règnent en maîtres dans tout le bassin méditerranéen. Les maîtres de l'école doivent quand à eux s'exiler en Perse.
590
Grégoire I, dit Le Grand, aujourd'hui Saint Grégoire, devient Pape. Il est considéré comme l'inventeur de la croisade. En effet, il envoie à Gennadius, gouverneur d'Afrique pour l'Empire Romain d'Orient, une longue lettre l'incitant à "engager de nombreuses guerres" ayant pour but de convertir de force au christianisme les populations des terres conquises. Saint Grégoire s'occupe aussi activement de la conversion des juifs au christianisme, en leur offrant des avantages financiers, tout en approuvant la politique de conversion forcée pratiquée à l'époque par le roi Wisigoth en Espagne. Ce saint homme est aussi un farouche adversaire des sciences et de la connaissance rationnelle. L'on connaît de lui une lettre à l'évêque de Vienne (France) où il écrit: "Nous avons eu voix d'une information dont je ne peux référer sans honte: il semble que dans ta congrégation l'on enseigne la grammaire". Outre la grammaire, il décourage ou interdit l'enseignement de la culture gréco-romaine en général, y compris les langues, la science, la philosophie et la mythologie.
En raison de son action contre la culture et son encouragement de la guerre sainte, Saint Grégoire Le Grand est considéré comme le fondateur de la doctrine sociale chrétienne qui sera réalisée pendant le Moyen Âge en Europe.
VIIème - XVème siècle
Le "Moyen Âge Chrétien". Profitant de la disparition des grandes bibliothèques romaines et de l'absence quasi-totale d'activité d'édition en Europe, l'église obtient de fait un monopole sur l'ensemble de l'écrit et de l'information. Le peuple est laissé volontairement dans l'ignorance, on le décourage de lire la Bible au cas où il aurait accès à un exemplaire. Dès le XIIIème siècle, l'inquisition interdira même formellement la possession de livres de l'Ancien Testament. Peu à peu, l'église impose sa grippe sur la société. L'inquisition, le célibat des prêtres, le caractère obligatoire du mariage avant toute relation sexuelle, sont toutes des institutions qui datent de cette époque.
C'est aussi à cette époque que se développe ce qui deviendra une des plus riches traditions chrétiennes: brûler vifs des gens. Environ 1 million de "sorcières" seront brûlées au cours du Moyen Âge. Les villes rivalisent pour battre le record du nombre de sorcières brûlées en un an. Un record durable est établi par la ville de Bamberg, siège épiscopal, qui brûle 600 sorcières en un an.
Nombre de membres de la hiérarchie ecclésiastique regrettent encore aujourd'hui cette époque où l'église dominait la vie de la société: les clercs chrétiens regrettent la "spiritualité" de l'époque, son art, qui laissait une large place à la mort - sujet qui a toujours passionné les chrétiens - et à de la musique envoûtante.
804
L'empereur chrétien Charlemagne convertit nombre de Saxons, en leur proposant le choix suivant: se convertir au catholicisme, ou avoir la tête coupée. Plusieurs dizaines de milliers de têtes tombent, avec la bénédiction de l'église: les prêtres présents participent au jeu de l'empereur.
897 - Un pape juge son prédécesseur
Étienne VI fait déterrer le cadavre de son prédécesseur, le pape Formose, plusieurs mois après l'enterrement. Il fait traîner le cadavre par les pieds devant un synode qu'il avait convoqué. Là, ayant solennellement condamné le défunt, il ordonne de lui couper trois doigts de la main droite, puis fait jeter le cadavre dans le Tibre. Son corps sera récupéré et enterré de nouveau en cachette. Las, en 905, le nouveau pape, Sergius III, le fait déterrer une seconde fois. Il le fait revêtir des vêtements pontificaux et asseoir sur un trône et le fait juger encore une fois. Ensuite, l'on décapita le cadavre, on lui coupa encore trois doigts, puis le jeta de nouveau dans le Tibre. Cette fois-ci, personne ne prend la peine de récupérer et d’enterrer le cadavre.
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Message  Arlitto Sam 28 Mai 2016, 23:57

XIème siècle
Schisme d'orient. Le patriarche de Constantinople prétend qu'il faut utiliser du pain avec levain pour l'Eucharistie, le rite théophage au centre de la messe chrétienne. Le Pape, évêque de Rome, affirme qu'il faut du pain sans levain. Sur cette question d'importance capitale, la chrétienté se scinde, et les deux patriarches, de Rome et Constantinople, s'excommunient mutuellement. Le schisme provoquera des morts jusqu'aux années 1990 (guerres civiles en Yougoslavie, catholiques contre orthodoxes).
XIème - XIIème siècle
Face à la croissance de la population en Europe, l'Église propose une méthode de contrôle de la population "naturelle": les croisades. L'appel à la croisade est lancé en 1095. En 1099 Jérusalem est "libérée": lorsque les troupes croisées entrent dans la ville, le gouverneur musulman se rend contre la promesse que la population civile sera épargnée. Bien sûr, l'ensemble de la population (qui comprend essentiellement des juifs et des musulmans) est passée par les armes dans les heures qui suivent, mais les croisés ont soin de violer femmes et enfants avant de les égorger ou de leur ouvrir le ventre. On estime à 70000 le nombre de civils massacrés. La dernière phase du massacre se joue dans les synagogues et mosquées de la ville, où les habitants terrifiés se sont réfugiés: ils espèrent que le caractère religieux des lieux pourrait inspirer les pieux croisés à la clémence. Il n'en est bien sûr rien: les croisés entrent, et transforment les lieux de cultes en de vastes charniers. Le massacre des milliers de civils agglutinés dans la grande mosquée de l'esplanade du temple durera plusieurs heures. "Tout ce qui respire" dans la ville a été tué, reportent avec fierté les commandants des croisés.
1090 - 1153 Saint Bernard de Clairvaux, Docteur de l'Église, Doctor Mellifluus
Saint Bernard de Clairvaux est canonisé dès 1174, puis promu à Docteur de l'Église en 1830 avant d'être proclamé Doctor Mellifluus en 1953 par le pape Pie XII. Il est donc un exemple intéressant de ce que l'église catholique considère, au XXème siècle, comme un comportement exemplaire au Moyen Âge. En effet, les mérites de Saint Bernard sont grands: ses prêches pour la deuxième croisades convainquent maints jeunes européens d'aller exterminer les hérétiques en Orient. Après avoir, en 1146, prêché pour la deuxième croisade ensemble avec le roi de France en personne, il va en Allemagne prêcher la bonne parole avec une formule simple: la participation à la croisade est une bonne affaire, car elle donne automatiquement l'indulgence plénière pour tous les péchés. Mais les allemands sont moins faciles à convaincre que les Français, d'autant plus qu'à leurs frontières vivent des slaves non christianisés, que l'on pourrait exterminer tout en s'épargnant le périlleux voyage jusqu'à la Palestine. Saint Bernard, pragmatique, obtient du Pape l'autorisation d'étendre la croisade, confirmée par la bulle papale Divini Dispensatione.
"La mort ou le baptême" - Saint Bernard
Mais le saint homme a une crainte: que les soldats allemands ne soient trop doux avec les slaves. Ses prêches deviennent donc plus précis. Le but de l'entreprise est l'extermination (Vernichtung) des "Païens de l'autre côté de l'Elbe". Il insiste: le but n'est pas la reconquête de terrains, comme en Palestine, mais bien une œuvre d'extermination. Les armées des croisés doivent offrir à tous les païens rencontrés le choix suivant: "Extermination ou Conversion" (Vernichtung oder Bekehrung). Ensuite, la formule deviendra, pour des raisons de marketing & communication "La mort ou le baptême" (Tod oder Taufe). Le message est très bien compris par les slaves de l'Est de l'Elbe, qui accrochent tous à la porte de leurs maison des croix et déclarent accepter la nouvelle religion avec enthousiasme. Saint Bernard sera déçu du peu de sang versé pendant cette croisade, alors que le Pape et la hiérarchie romaine se réjouiront de l'extension des évêchés d'Allemagne du Nord. Un autre motif de satisfaction sera que cette croisade portera à l'établissement durable d'ordres de moines-guerriers qui continueront pendant plusieurs siècle à porter la Bonne Nouvelle du christianisme par l'épée dans les peuples slaves d'Europe du Nord-Ouest, si bien que la Pologne et une partie significative de la population des pays baltes sont aujourd'hui catholiques.
Non content d'avoir réussi à exciter nombre de catholiques à tuer des mécréants, Saint Bernard entre aussi en conflit avec plusieurs théologiens de son temps, dont Gilbert de la Porrée, qui est finalement condamné et exécuté grâce à Saint Bernard, et Arnoldo da Brescia, dont les cendres sont, après l'exécution à Rome, dispersées dans le Tibre. De nombreux sermons de Saint Bernard nous sont parvenus, dont le plus important est semble-t-il celui intitulé "L'amour de Dieu".
1182
Les "pogroms latins" de Constantinople. Dans la ville du pieux patriarche qui mange du pain avec levain, s'établit, dans le début du XII siècle, une colonie de marchands "latins", essentiellement originaires de Venise, Gène, Pise et Amalfi. Mais ces gens ont tout pour déplaire aux prélats orthodoxes: non seulement ils utilisent du pain sans levain pour le rite de la l'eucharistie, mais ils font le signe de la croix dans le mauvais sens (de gauche à droite, et non de droite à gauche comme les orthodoxes) ! Les popes orthodoxes excitent la populace, et, enfin, en un jour radieux de mai 1182, la foule guidée par les popes se jette sur les "latins": plusieurs milliers de "latins", hommes, femmes, enfants sont tués.
1204
La IVème croisade fait un détour par Constantinople, à l'époque la plus grande ville de la Chrétienté. Mais les chrétiens savent se faire entre eux ce qu'ils font à d'autres: pendant trois jours, Constantinople est mise à sac dans une orgie de violences innommables.
1208-1244
Croisade contre les Albigeois
Pendant la deuxième moitié du XIIème siècle, l'immoralité des clercs chrétiens scandalise de plus en plus les populations européennes. Un des résultats de ce scandale est le développement d'églises chrétiennes alternatives à l'église catholique, bien sûr immédiatement décrétées hérétiques par cette dernière. Les plus importantes de ces hérésies sont l'hérésie vaudoise et l'hérésie cathare (ou des Albigeois). Les vaudois sont des protestants avant la lettre qui décident que l'on peut se passer des prêtres pour adorer dieu. Ils sont immédiatement pris en chasse par les autorités civiles et ecclésiastiques et doivent se réfugier dans des vallées alpines reculées. L'hérésie des Albigeois prend une importance bien plus grande: une bonne partie de la population du Sud de la France adhère à cette doctrine qui prêche une observance stricte des principes du Nouveau Testament chrétien, et impose en outre à ses "parfaits" des règles de vie très strictes. Le pape Innocent III lance l'appel à la croisade contre ces hérétiques en 1208, et peu après les opérations militaires sont lancées.
Le 21 juillet 1209, l'armée croisée, guidée par Arnaud Amaury, Prieur général de l'Ordre de Cîteaux, chef légat du pape, atteint la ville catholique de Béziers. Amaury remet alors à l'évêque de la ville une liste de 222 noms d'hérétiques cathares ou vaudois, lui intimant de les livrer aux croisés, ou bien de quitter la ville en y abandonnant les 222 malheureux. En cas de refus, menace le père général des cisterciens, les catholiques subiront le même sort que les hérétiques. Seuls l'évêque et quelques catholiques quittent la ville. Le père général cistercien tien sa promesse: le lendemain, les croisés pénètrent dans la ville. Arnaud Amaury lance l'ordre qui assura sa postérité: "Tuez-les tous, dieu reconnaîtra les siens", et un carnage immense commence. Environ 1000 personnes se réfugient dans l'église de Sainte Madeleine, espérant que les croisés n'oseront pas tuer en ce lieu. Vain espoir, tous, y compris des prêtres catholiques, sont massacrés. La ville est livrée aux flammes. Arnaud Amaury célèbre un Te Deum pour remercier Dieu d'une victoire si facile. Il a en effet motif de se réjouir, puisque l'on estime que 25000 personnes ont été tuées pendant la journée, dont les 222 hérétiques recherchés. Les rares survivants errèrent plusieurs jours en agonisant autour de la ville, privés d'eau et de soins.
A part le cas célèbre de Béziers, cette guerre est le théâtre d'innombrables massacres de civils par les croisés. On citera l'exemple de Marmande: la ville se rend, en juin 1219, à une armée composée de 20 évêques, 600 chevaliers et 10000 archers: la population de 5000 personne est entièrement massacrée, y compris les femmes et les petits enfants. Le plus grand bûcher de la croisade est semble-t-il celui érigé après la chute, le 3 mai 1211, du château de Lavaur (près de Castres): 400 cathares sont brûles sur un seul bûcher! La châtelaine est livrée aux soldats, qui, une fois qu'ils ont fini de s'amuser, la jettent vivante dans un puits et ensuite la couvre de pierres. La Provence et la région de Toulouse sont largement dépeuplées par cette guerre, qui est menée contre les populations civiles avec une férocité sans précédent en Europe depuis les invasions barbares. La population de nombreuses villes, dont Carcassonne, est entièrement exterminée. Des régions entières de Provence sont totalement vidées de la population autochtone, puis des paysans catholiques sont importés d'autres régions de France.
Cette guerre, qui se double d'un génocide, ne s'arrêtera qu'avec la chute de Monségur, dernière place-forte cathare, en février 1244. Le premier mars 1244, l'église catholique triomphante fait brûler vifs 205 hérétiques sur un seul grand bûcher. La civilisation d'Oc est détruite, la langue d'Oc ne survivra que par des écrits et par quelques troubadours.
C'est pendant le génocide des cathares que l'église catholique crée l'institution de l'inquisition, qui continuera à brûler des suspects de sympathies cathares bien après la fin de la guerre. Par exemple, Guillaume Bélibaste, un parfait cathare vécu caché en Catalogne pendant des décennies. Rattrapé par l'inquisition, il sera brûlé vif en 1321 à Villerouge-Terménès (Aude), dont le château appartenait à l'archevêque de Narbonne.
1224 - La légalisation de l'exécution des hérétiques
L'empereur Frédéric II décrète que l'hérésie doit être punie par la mort ou par la perte de la langue le choix étant laissé à la discrétion du juge. Cette idée de légaliser une pratique en vigueur depuis longtemps plaît aux seigneurs chrétiens, et une vague d'actes législatifs allant dans ce sens traverse l'Europe. En 1231, la constitution Sicilienne rend absolu le décret de brûler les hérétique, pour s'aligner à la pratique alors en vigueur en Allemagne. A Venise, le serment ducal est modifié: tout nouveau Doge doit, dès 1240, juger de brûler tous les hérétiques. En 1255, Alphonse X le Sage, roi de Castille et de Léon, ordonne de brûler sur le bûcher tous les chrétiens qui se convertiraient à l'Islam ou au judaïsme. En 1270, une loi française rend obligatoire de punir les hérétiques par le bûcher, bien que ce châtiment fût déjà habituel dans ce pays depuis des siècles. L'Angleterre, qui avait déjà à l'époque une fâcheuse tendance à n'adopter que tardivement les lois et coutumes européennes, n'adoptera une loi semblable que en 1401.
La pratique de la chasse aux hérétiques reste disparate et plus ou moins sévère dans les différents pays. Ainsi, alors qu'à Oxford, à partir de 1166 les hérétiques sont seulement marqués au fer rouge sur le visage, ils sont déjà mis à mort en grand nombre sur le continent. Par exemple, en 1199, à Strasbourg, on ne brûle pas moins de 90 hérétiques en un jour. Ce sont ces disparités maintes fois constatées des pratiques qui pousseront l'église à créer l'inquisition.
1228 - Première loi antisémite espagnole
Le roi Jacques 1er d'Aragon décide, après une réunion avec plusieurs évêques (les évêques de Vich, de Barcelone et de Gérone participèrent), d'interdire aux juifs d'avoir des domestiques chrétiens.
1234 - L'invention de l'étoile jaune
Le concile d'Arles décide d'introduire l'"obligation pour les juifs de porter sur eux des signes distinctifs". Avec une avance de plus de 500 ans sur les administrations douanières suisses et suédoises (qui demanderont en 1938 aux allemands d'apposer un "J" sur le passeport des juifs allemands), et sur l'administration nazie (qui fera sienne l'invention de l'étoile jaune obligatoire), l'église catholique invente ainsi le concept d'apposer une marque sur les personnes à persécuter. Il faut dire que cette invention chrétienne sera peu appliquée. Mais elle permet de relancer l'antisémitisme en Europe, dont les conséquences seront dès 1391 tragiques.
1226-1270
Louis IX Roi de France. Enfin un catholique réputé pieu et intègre accède à la couronne de France. L'église le canonise dès 1290, en reconnaissant ses mérites, qui, nul ne doute, sont exceptionnels. En effet, pendant son règne, Saint Louis lance deux croisades, qui se terminent toutes deux de manière catastrophique: peu importe, c'est intention (de tuer et de piller) qui compte aux yeux de la miséricordieuse église catholique! Sur le plan intérieur, Saint Louis fait en sorte que la justice punisse de manière systématique les blasphémateurs: ils seront mis au pilori, et auront la langue percée au fer rouge.
1225-1274 - Saint Thomas, Docteur de l'Église, théoricien de l'extermination des hérétiques et Docteur angélique
Saint Thomas est encore considéré aujourd'hui comme le grand philosophe catholique. En particuliers, sa Summa Teologica est l'œuvre de référence de la scolastique catholique et est amplement et souvent cité par le pape Jean-Paul II dans ses encycliques. Saint Thomas justifie entre autre, dans la Summa Teologica, la nécessité de tuer les hérétiques:
En ce qui concerne les hérétiques, il y a deux choses à considérer, une de leur côté, une autre du côté de l'Église. De leur côté il y a péché. Celui par lequel ils ont mérité non seulement d'être séparés de l'Église par l'excommunication, mais aussi d'être retranchés du monde par la mort. En effet, il est beaucoup plus grave de corrompre la foi qui assure la vie de l'âme que de falsifier la monnaie qui sert à la vie temporelle. Par conséquent, si les faux monnayeurs ou autres malfaiteurs sont immédiatement mis à mort en bonne justice par les princes séculiers, bien davantage les hérétiques, aussitôt qu'ils sont convaincus d'hérésie, peuvent-ils être non seulement excommuniés mais très justement mis à mort.
[Summa Teologica, Secunda Secundae Pars, Question 11, l'Hérésie, article 3]
Saint Thomas traite en détail la question dans quand faut-il tuer un hérétique: s’il renie l'hérésie, il ne faut pas le tuer, mais s’il récidive, il faut impérativement le tuer:
Mais, quand ceux qu'on a accueillis retombent de nouveau, il semble que ce soit le signe de leur inconstance en matière de foi. C'est pourquoi, s'ils reviennent ultérieurement, ils sont bien admis à la pénitence, non pas cependant au point d'éviter la sentence de mort.
 [Summa Teologica, Secunda Secundae Pars, Question 11, l'Hérésie, article 4]
Cette pratique sera institutionnalisée par l'inquisition. Au moment de monter sur le bûcher, l'hérétique aura la possibilité de se repentir, et de "mourir en bon chrétien". L'inquisition portera sa grande charité au point que celui qui se repent sur le bûcher sera tué par étranglement et non par les flammes.
St Thomas jette aussi les bases doctrinales de la persécution dont les juifs convertis seront victimes: Les Juifs, s'ils n'ont nullement reçu la foi, ne doivent nullement y être forcés. Mais, s'ils ont reçu la foi, il faut qu'on les mette de force dans la nécessité de la garder [Summa Teologica, Secunda Secundae Pars, Question 10, l'Infidélité en général, article 8]
Le Docteur angélique explique qu'il faut tolérer les rites des juifs, et c'est tout à son honneur, avant d'écrire:
Quant aux rites des autres infidèles, comme ils n'apportent aucun élément de vérité ni d'utilité, il n'y a pas de raison que ces rites soient tolérés.
[Summa Teologica, Secunda Secundae Pars, Question 10, l'Infidélité en général, article 11]
Saint Thomas est considéré aujourd'hui par l’église comme le grand philosophe catholique par excellence. Le Thomisme est la philosophie officielle de l'église catholique. Pour s'en convaincre, il suffit de lire l'encyclique de Jean-Paul II "Foi et raison" (qui date de 1998, disponible sur le site du Vatican), consacrée au rapport entre philosophie et religion: le pape y cite à maintes reprises le Docteur angélique et aucun autre philosophe catholique.
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Message  Arlitto Sam 28 Mai 2016, 23:57

1231
Fondation de l'inquisition. Jusqu'en 1231, la tâche de découvrir, démasquer et punir les hérétiques était du ressort des évêques. Mais avec le temps, cette tâche devient trop lourde pour ces bergers du bon peuple chrétien, qui ont tant d'autres lourdes tâches à assumer. Le pape décide donc de créer une institution séparée, qui aura le temps et les moyens de se consacrer uniquement à l'éradication de l'hérésie et de la sorcellerie: l'inquisition. L'inquisition, au cours de son histoire, brûle plus de un million de personnes, essentiellement des hérétiques, des juifs et des musulmans convertis au christianisme et des "sorcières". La dernière sorcière sera brûlée en 1788. Le dernier "hérétique" devra attendre son tour jusqu'en 1826. L'inquisition et ses imitateurs protestants brûlent aussi des médecins et des scientifiques, lorsque l'occasion se présente.
L'église ne reniera jamais l'inquisition, et garantira la continuité historique de l'institution jusqu'à nos jours, en se limitant à en modifier le nom: il faudra attendre Pie X, en 1906, pour que le "Saint office de l'inquisition" soit renommé "Saint Office", et 1965 pour que le dit office soit rebaptisé "Congrégation pour la doctrine de la foi". Enfin, en 1997, le pape ouvre les archives du Saint Office, et des historiens triés sur le volet sont autorisés à y mener des recherches. Les estimations du nombre total de victimes de l'inquisition sont fortement revues à la hausse, le consensus tourne aujourd'hui autour du million de personnes exécutées, auxquelles il faut ajouter d'innombrables personnes torturées et dont les biens ont étés saisis.
Souvent, les chrétiens d'aujourd'hui tendent à argumenter que l'inquisition ne serait qu'une erreur n'ayant rien à voir avec le christianisme véritable. Ils oublient que l'institution existe toujours, bien que sous un autre nom. Ils oublient aussi que les pratiques de l'inquisition (torture et exécution d'hérétiques) avaient commencé déjà peu après l'arrivée des chrétiens au pouvoir dans la Rome antique. L'inquisition en tant que pratique et institution traverse ainsi toute l'histoire du christianisme. Ils oublient aussi que le fondement de l'inquisition est à rechercher dans les Saintes Écritures, en particuliers dans le Lévitique et ces deux versets du chapitre 22 de l'Exode:
Verset 18: Tu ne laisseras point vivre la magicienne ("la sorcière" dans d'autres traductions).
Verset 20: Celui qui offre des sacrifices à d'autres dieux qu'à l'Éternel seul sera voué à l'extermination.
Quand au mode d'exécution, le bûcher, il est aussi le résultat d'une lecture attentive de la Parole de Dieu: dans le deuxième livre des Rois, il est expliqué le sort que réserve le Roi Josias (dont il est dit, dans le même livre (ch. 23 verset 25) "Avant Josias, il n'y eut point de roi qui, comme lui, revînt à l'Éternel de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa force, selon toute la loi de Moïse; et après lui, il n'en a point paru de semblable." ) aux hérétiques de son temps, qui sont des prêtres qui ont voulu adorer dieu sur des monts autres que le mont du temple de Jérusalem (Ch. 23 verset 20):
"Il immola sur les autels tous les prêtres des hauts lieux, qui étaient là, et il y brûla des ossements d'hommes. Puis il retourna à Jérusalem".
Le même bon roi Josias s'était d'ailleurs lui aussi, comme l'inquisition, occupé aussi des "sorcières" de son temps: (Ch. 23 verset 24):
"De plus, Josias fit disparaître ceux qui évoquaient les esprits et ceux qui prédisaient l'avenir, et les théraphim, et les idoles, et toutes les abominations qui se voyaient dans le pays de Juda et à Jérusalem, afin de mettre en pratique les paroles de la loi, écrites dans le livre que le sacrificateur Hilkija avait trouvé dans la maison de l'Éternel".
Aujourd'hui, certains catholiques modérés et des protestants voudraient se distancer des agissements de l'inquisition et des chasseurs de sorcières protestants, et affirment que l'exécution par le feu d'hérétiques et de sorcières n'a rien de chrétien. Hélas, force est de constater que les inquisiteurs et leur imitateurs protestants agissaient conformément aux enseignements des textes fondateurs de leur religion, et beaucoup, sans doute la vaste majorité mais en tout cas les plus célèbres comme Bernard Gui, Torquemada, et plus tard le Cardinal Bellarmin, étaient des hommes d'une grande intégrité et certainement de bonne foi, sincèrement convaincus d'agir pour le bien, même si ce bien était la volonté cruelle de leur dieu cruel.
Les chrétiens qui essayent aujourd'hui de dissocier christianisme et inquisition oublient aussi que le personnel de l'inquisition fut fourni essentiellement par deux ordres religieux qui existent encore de nos jours, et qui restent généralement très populaires dans les milieux chrétiens de l'Occident à l'aube du XXIème siècle: les Franciscains et les Dominicains. Ces deux ordres pauvres, fondés au début du XIIIème siècle, avaient déjà plusieurs milliers de membres en 1231. Ces deux ordres étaient aussi irréprochables l'un que l'autre, menant une vie pure, pleine de zèle religieux, à l'abri de toute corruption. Leurs principes fondamentaux sont: la pauvreté, le travail, l'humilité et la charité. Il est donc naturel que le Pape se tourne vers ces chrétiens intègres pour combattre l'hérésie et la sorcellerie. Dès 1244, les deux ordres dépendent uniquement de Rome. Les évêques étaient obligés de donner l'absolution à tout Dominicain ou Franciscain qui la demandait, sauf en cas de telles énormités que le pape seul pouvait être juge. Les prieurs des deux ordres mendiants sont eux autorisés à absoudre leurs frères de toutes les censures qui auraient pu leur être infligées et même de relever les ordres d'excommunication. En 1296, cette autonomie des ordres mendiants fut renforcée par une bulle papale qui libérait formellement les Dominicains et Franciscains de toute juridiction épiscopale et les statuts des ordres furent déclarés être les seules lois par lesquelles ils pouvaient êtres jugés. L'église avait ainsi à son service une véritable armée d'hommes entièrement dévoués à sa cause. Les premiers inquisiteurs furent tous Dominicains, mais dans les décennies qui suivirent, les postes d'inquisiteurs furent, dans de plus en plus de pays, répartis entre les deux ordres.
Dès qu'elle obtient l'autorisation de pratiquer la torture, l'inquisition est en droit de juger et de torturer les hommes dès 14 ans, et les femmes dès 12. Plus tard, l'Inquisition Espagnole supprimera cette discrimination, et, dans un souci d'égalité des sexes qui est tout à son honneur, s'autorisa à juger et à soumettre à la torture les enfants des deux sexes dès 10 ans. Pour torturer et juger des enfants plus jeunes, l'inquisition élabora des stratagèmes légaux, le plus courant était celui de nommer un "curateur" qui avait la tutelle de l'enfant, et qui ensuite "assistait" l'enfant au cours de son procès. Il y a eu des cas d'enfants de 7 ans accusés, torturés et condamnés comme hérétiques. Les enfants d'hérétiques étaient généralement considérés comme hérétiques eux-mêmes. Si leur âge ne leur permettait pas d'êtres torturés et jugés, ils étaient "endormis": on les plaçait dans un bassin d'eau tiède, on les ligotait, et on leur coupait les artères aux poignets. Cette méthode était considérée comme particulièrement "miséricordieuse" par les inquisiteurs.
1237 - On déterre et brûle des cadavres
A Toulouse, alors que la guerre contre l'hérésie cathare est encore en cours, l'inquisition veut montrer que même la mort ne mets pas l'hérétique à l'abri de l'inquisition. On fait exhumer les corps de plusieurs personnes, dont des nobles, puis, après avoir déclaré qu'ils sont morts en état d'hérésie, on les fait traîner sur la place du Marché, où ils sont brûlés.
L'idée de déterrer des cadavres pour les brûler aura un franc succès, et continuera à être pratiquée tant par l'inquisition médiévale que, plus tard, par l'inquisition espagnole.
1251
Le pape Innocent IV autorise enfin l'inquisition à pratiquer la torture. L'obtention d'aveux de culpabilité en est grandement facilitée. L'inquisition peut prononcer, sur la base d'aveux arrachés par la torture, des peines allant d'une simple prière ou un jeûne jusqu'à la confiscation des biens et même la prison à vie. Par contre, elle ne peut prononcer de condamnation à mort. Avec une subtilité tellement caractéristique de l'église catholique, l'inquisition peut par contre "passer" un hérétique au bras séculier de la justice pour une condamnation à mort sur la base des aveux obtenus sous la torture par l'inquisition. Cette subtilité de procédure permettra à l'église d'affirmer, par la suite, qu'elle n'a tué personne.
Il faut bien noter que la mise à mort d'hérétiques date de bien avant l'inquisition: elle commença dès l'Antiquité. La nouveauté de 1231, est la fondation d'une institution spécialisée, chargée spécifiquement de la persécution des hérétiques. Il faut aussi prendre garde à la confusion qu'entretient volontiers l'église catholique entre "les trois inquisitions": la médiévale, l'espagnole, et la "moderne" ou "romaine", cette dernière existant encore aujourd'hui: il s'agit en effet fondamentalement du même principe: l'on identifie les hérétiques, on les fait avouer par la torture, puis on les "abandonne" au bras séculier pour l'emprisonnement à vie ou la mort. Les différences entre les trois inquisitions sont essentiellement des détails de procédure et de hiérarchie: l'inquisition "médiévale" répond aux évêques et au pape, celle "espagnole" principalement aux Rois Très Catholiques, l'inquisition "romaine", qui date de la contre-réforme, uniquement et directement au Pape. Il faut noter que l'inquisition espagnole et celle "médiévale" coexisteront avec l'inquisition "romaine" pendant plusieurs siècles après la contre-réforme.
1310 - Le Grand Autodafé de Toulouse
L'inquisiteur Bernard Gui préside un spectacle des plus impressionnants: pendant 4 terribles journées, 18 personnes sont brûlées sur un bûcher devant leurs concitoyens. 65 sont emprisonnées à vie, dont 3 avec des chaînes, tandis que 20 sont condamnées à de terribles pèlerinages vers des terres lointaines d'où ils n'ont que peu de chances de revenir vivants.
Deux ans plus tard, le même Bernard Gui offre à Toulouse un nouveau grand spectacle, avec une innovation notable: les os de 36 morts sont exhumés et brûlés. Pour compléter le spectacle, 50 personnes sont condamnées à porter des croix et à des pèlerinages périlleux, 86 sont emprisonnées à vie. L'innovation consiste bien sûr à brûler, dans un même spectacle, les os d'hérétiques morts et des hérétiques vivants. En effet, le fait de déterrer des ossements pour les brûler était une pratique toulousaine depuis 1237.
Quelques chiffres sur les condamnations de l'inquisition
Les chrétiens du XXème et du XXIème siècle ont fait de grands efforts pour relativiser les crimes de l'inquisition. Ils insistent sur le fait que les condamnations à mort ne représentaient qu'une minorité des condamnations. Cela est vrai, mais il faut avoir à l'esprit quelles étaient les autres condamnations:
* Le port des croix consistait à devoir porter à vie, ou pour plusieurs années, le Sanbenito: un vêtement sur lequel des croix étaient cousues. Le condamné ne pouvait enlever cette marque d'infamie que dans l'intimité de son logement, et tous ses biens lui étaient confisqués. Le port des croix était donc une condamnation à la honte et à l'exclusion sociale.
* L'emprisonnement était en général un emprisonnement à vie. Une vie très courte, étant donné les conditions des prisons de l'époque, de l'ordre de quelques semaines pour la vaste majorité des cas. Souvent, des accusés mourraient en prison pendant la procédure. Ce fut le cas par exemple de 10 prisonniers qui, dans le grand autodafé de Toulouse de 1310, moururent en prison entre le moment où ils avaient confessé leur hérésie sous la torture et avant même d'avoir étés condamnés.
* Les pèlerinages, en ces époques où les voyages étaient très périlleux, équivalaient en pratique à des condamnations à mort: les retours d'un pèlerin condamné par l'inquisition étaient des évènements rares.
Il faut ajouter à ces considérations un commentaire sur le sort de ceux qui n'étaient pas condamnés. Un pourcentage qui n'est pas connu avec précision, mais de l'ordre de 10% des accusés échappaient à la condamnation. Cela impliquait de résister à la torture sans confesser. Ces survivants étaient donc des estropiés graves, qui survivaient mais étaient incapables de travailler ou d'avoir une vie plus ou moins normale.
Le Registre des Sentences de Bernard Gui, inquisiteur à Toulouse, couvrant une période de 1308 à 1322, révèle les chiffres suivants concernant les condamnations:
Remis au bras séculier et brûlés: 40
Emprisonnés: 300
Condamnés à porter des croix: 138
Condamnés à des pèlerinages: 16
Bannis en terre Sainte: 1
Maisons détruites: 16
Condamnation du Talmud: 1
Fugitifs: 36
Os exhumés et brûlés: 67
Os Exhumés de ceux qui auraient dû êtres emprisonnés: 21
On voit donc que sur un total d'accusés vivants de 548, pas moins de 356 (soit 65%) sont condamnés à mort ou à une peine équivalente à la peine de mort. Le chiffre de 40 condamnés à mort (7%) est donc fortement trompeur.
1314 - Le premier Autodafé en Espagne
Contrairement à ce que l'on croit parfois, l'inquisition ne fut pas une invention espagnole. Mais ce pays, parti en retard, mets les bouchées doubles pour rattraper, puis dépasser les autres pays européen. En Aragon le 12 mai 1314, 6 hérétiques vivants et plusieurs cadavres exhumés sont brûlés devant la foule en délire. L'autodafé espagnol est un spectacle complexe: D'abord, une cérémonie religieuse a lieu dans une église, au cours de laquelle on "réconciliait" les hérétiques (ceux vivants, pas les morts!) avec l'Église. Puis, les hérétiques étaient "abandonnés au bras séculier" qui s'occupait de leur exécution. Pour parfaire l'hypocrisie, les fonctionnaires séculiers ne participaient pas à la cérémonie religieuse. 40 jours d'indulgence étaient promis à tout fidèle qui assistait à l'autodafé. Très rapidement, l'Espagne devient le pays des grands autodafés: ainsi, en 1360, à Valence, on ne brûle pas moins de 80 hérétiques en un seul autodafé. Le record espagnol, jamais battu à ce jour, est de 107 hérétiques exécutées en un autodafé, en 1499 à Cordoue.
Autodafé - 400 ans avant les nazis, des chrétiens brûlent des livres qui ont l'heur de leur déplaire.
En Espagne, l'inquisition brûle des centaines de milliers de livres au cours de son histoire, essentiellement des Anciens Testaments et des livres de prières juives pris à des conversos.
Brûler des livres est une tradition plurimillénaire des chrétiens. Saint Paul déjà brûlait des livres avec ses disciples. Les proto-chrétiens, déjà, avaient la fort mauvaise habitude d'incendier des bibliothèques, surtout lorsqu'elles étaient rattachées à des temples. Saint Grégoire le Grand inaugura son pontificat en mettant le feu à une grande bibliothèque sur le Palatin. Actuellement, les catholiques ont certes renoncé à cet usage, mais pas les protestants Nord-Américains. A l'aube du IIIème millénaire, les Southern Baptists, une des plus grandes églises protestantes américaines, s'adonnent à de fréquents bûchers de livres. Les Harry Potter sont parmi leurs favoris pour ces exercices.
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Message  Arlitto Sam 28 Mai 2016, 23:58

1347-54
Dans toute l'Europe sévit la Mort Noire, première grande épidémie de peste du continent. Les prélats catholiques ont tôt fait de désigner les coupables: des juifs auraient empoisonnés les puits. Le bruit se répand dans toute l'Europe, et d'innombrables Pogroms se succèdent. En Allemagne, on comptabilise 350 communautés juives totalement anéanties par des Pogroms dans cette période. Dans de nombreuses villes, l'on interdit ensuite l'entrée de la ville aux juifs, et cette interdiction restera en vigueur dans bien des villes importantes (comme Nuremberg par exemple) jusqu'au XVIIIème siècle. En Italie, à Milan, les autorités civiles et religieuses ayant procédé à l'exécution sur le bûcher des "untori" (c'est ainsi que l'on appelle en italien les malheureux suspectés d'empoisonner les puits) juifs, elles élèvent une colonne commémorative pour célébrer leur exploit. La colonne passera à l'histoire sous le nom de "Colonna infame" lorsque, au XIXème siècle, le romancier Manzoni aura, le premier, des siècles après les faits, le courage de dénoncer ce monument ignoble à la perversion religieuse.
1391 - Les débuts de la violence contre les Juifs en Espagne
Pendant la domination des Maures en Espagne, les 3 monothéismes méditerranéens (Islam, Judaïsme, christianisme) avaient coexisté pacifiquement pendant plusieurs siècles. Mais cette coexistence de plusieurs religions sur un sol désormais contrôlé par des rois chrétiens déplaît aux prélats catholiques, qui n'ont de cesse de répandre l'antisémitisme dans la populace et aussi dans les plus hautes sphères du pouvoir. En 1391, la populace excitée par les prélats détruit les ghettos juifs de Séville, Barcelone, Valence, Tolède et d'autres centres importants. La furie destructrice de cette année culmine en juin à Séville, où la foule, excitée par l'archidiacre Martinez, tue plus de 4000 juifs.
1415
Dans les années 1390, un prêtre de Prague commence à prêcher en tchèque plutôt que en latin: pour cette idée saugrenue de parler une langue que les fidèles comprennent, Jan Hus est accusé d'hérésie. Il fuit Prague. Lorsque le concile de Constance est convoqué, l’empereur d'Allemagne propose à Hus un sauf-conduit pour lui permettre d'aller exposer son point de vue au concile, mais ce qui est évidemment un piège: peu après son arrivée, il est emprisonné et mis au secret en novembre 1414. Suit un classique procès d'inquisition, qui conclut à la culpabilité de Jan Hus, hérétique obstiné et impénitent: il est mis à mort sur le bûcher le 6 juillet 1415.
1478 - Fondation de l'Inquisition Espagnole
L'Espagne, désormais unifiée par le mariage d'Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon, est un pays qui se définit, à cette époque, essentiellement dans son opposition aux musulmans, qui dominent encore à cette date le Sud de la péninsule. Afin de combattre plus efficacement l'hérésie dans leur pays, Isabelle et Ferdinand obtiennent du pape Sixte IV, le pouvoir de nommer les Grands inquisiteurs en Castille et en Aragon. La décision a surtout des implications financières, puisque l'inquisition confisque les biens des condamnés. Mais le pape accepte, entre autre parce qu’il croit à la promesse des souverains espagnols, lesquels se sont engagés à utiliser les fonds pour financer la guerre contre les arabes, alors que, depuis Saint Grégoire Le Grand, les papes sont devenus friands de guerres contre les infidèles.
1483
Tomás de Torquemada est nommé Grand Inquisiteur de Castille. Ce moine dominicain fait un ample usage de la torture et de la confiscation des biens de ses victimes. Les estimations du nombre de personnes brûlées pendant son mandat varient, selon les historiens d’environ 2000 à 8800 brûlées vifs auxquels il convient d'ajouter 9654 torturés ou emprisonnés à vie.
Torquemada deviendra le symbole vivant de l'inquisition. Le pape Eugène IV le nommera "défenseur de la foi". L'historien catholique espagnol Sebastian de Olmeda l'appellera "Lumière de l'Espagne, sauveur de son pays, honneur de son ordre". Certains catholiques, désireux de débarrasser l'histoire de leur église de cet encombrant personnage, ont inventé et décrit un Torquemada désireux de s'enrichir et violant des femmes. Or, la réalité est autre. L'homme est incontestablement d'une grande intégrité. Il refusera systématiquement des promotions hiérarchiques dans l'église et dans son ordre. Il ne cherchera jamais à obtenir un avantage financier pour son ordre. Il aurait pu devenir évêque et même cardinal avec facilité. Ses biens personnels ne s'accrurent pas d'un centime au cours de ses longues années comme inquisiteur. Il n'utilisait que des vêtements simples de toile de chanvres et de coton, refusant ceux en lin. Patriote et chrétien, il participe à la politique de christianisation de l'Espagne en mettant en œuvre deux préceptes qui figurent dans le chapitre 22 de l'Exode, un des textes fondamentaux de la Bible:
Verset 18: Tu ne laisseras point vivre la magicienne ("la sorcière" dans d'autres traductions).
Verset 20: Celui qui offre des sacrifices à d'autres dieux qu'à l'Éternel seul sera voué à l'extermination.
Torquemada considérait sa mission comme sacrée. Son bagage culturel était imposant, son esprit large et son intelligence ouverte. Il n'était pas un fou ou un criminel au sens classique du terme, mais un chrétien sincère, instruit, et en même temps un Espagnol patriote, convaincu que les conversos et les hérétiques étaient un danger pour l'Espagne et la foi, et donc qu'il devait les combattre.
Dans les dernières années de sa vie, Torquemada investira toute son intelligence dans la rédaction d'un code inquisitorial, qu'il continuera à affiner jusqu'à une dernière édition en 1498, quelques mois avant sa mort. Ce code contient nombre de sages dispositions, comme le fait qu'il faut qu'au moins un, mais de préférence deux inquisiteurs doivent toujours être présent pendant les tortures des accusés.
La torture sous Torquemada:
Sous Torquemada, la torture est standardisée, laissant peu de place aux fantaisies perverses de bourreaux et inquisiteurs. Une procédure précise sera désormais suivie: dans un premier temps, les bourreaux, habillés de longues tuniques noires, des capuchons baissés sur la tête avec deux trous pour les yeux, un pour le nez et un pour la bouche, saisissent l'hérétique et le déshabillaient jusqu'à la ceinture. Alors les inquisiteurs se placent devant l'hérétique et, à plusieurs reprises, le supplie de confesser ses fautes. Si l'hérétique s'obstine à nier, alors les inquisiteurs ordonnent qu'il soit torturé, en avertissant tout d'abord l'hérétique qui va être torturé que, en cas de lésion, de fracture des membres ou de mort, la responsabilité doit être rejetée uniquement sur l'hérétique lui-même, car les tortures ne sont que la suite de sont entêtement récalcitrant.
La première phase du supplice était celle de la corde: les mains liées derrière le dos avec une corde qui glissait dans une poulie attachée au plafond, l'hérétique était soulevé et maintenu en suspension pendant un certain temps. Puis à l'improviste le bourreau lâchait la corde et le corps retombait alors brusquement jusqu'à environ 20 cm du sol: les jointures se déboîtaient sous le choc, tandis que la corde, souvent, coupait la chair des poignets jusqu'aux nerfs. Cette torture durait une heure et même plus.
La torture à l'eau constituait la deuxième phase: on liait étroitement la personne après l'avoir étendue sur une sorte de chevalet en bois n'ayant comme support qu'une barre transversale, sur laquelle le corps, retombant en arrière, se courbait, amenant le patient en position renversée, les pieds vers le haut et la tête en bas. A cause de cette position, la respiration devenait extrêmement difficile et les mouvements que l'hérétique faisait automatiquement pour trouver un peu d'air provoquaient la torsion des mains et des pieds liés, et les cordes blessaient les tissus. On introduisait alors dans la bouche, en le faisant arriver jusqu'au fond de la gorge, un linge fin imbibé d'eau qui était disposé de façon à recouvrir entièrement les narines. C'est alors que l'on versait de l'eau dans bouche, goutte à goutte, si lentement que l'hérétique torturé en buvait environ un litre par heure. Le malheureux n'avait à aucun moment la possibilité de respirer librement. Dans ses efforts pour aspirer de l'air, il engloutissait de l'eau, et il en résultait une rupture des vaisseaux sanguins de la gorge: le chiffon était généralement retiré imbibé de sang.
Le troisième degré de la torture, le feu, était pratiqué en liant les mains et les pieds de façon à rendre impossible au prisonnier tout changement de position. Puis on frottait ses pieds avec de l'huile, du lard ou une autre matière graisseuse et on les exposait devant un feu jusqu'à ce que la peau se gerce et que les os et les nerfs se découvrent complètement.
Il faut préciser que les inquisiteurs savaient qu'ils torturaient parfois des catholiques irréprochables. L'on sait que la chose a du être discutée à l'intérieur de l'église, car le Cardinal Jiménes de Cisneros a écrit que les catholiques, s’ils étaient injustement torturés, selon les lois de l'inquisition, s'envolaient directement au paradis.
La torture pouvait être, dans l'inquisition espagnole, appliquée aux enfants à partir de 10 ans et aux vieux jusqu'à seulement 60 ans.
1485 - Le Martyr de Saint Pedro Arbuès
La nuit du 15 septembre 1485, l'inquisiteur d'Aragon, collègue de Torquemada, Pedro Arbuès, est agenouillé en prière devant le grand autel de la cathédrale de Saragosse quand huit tueurs surgissent: l'homme sait qu'il n'a pas que des amis et porte un casque et une cotte de maille, mais rien n'y fait: un poignard traverse entièrement son cou, il s'effondre et meurt peu après entouré des chanoines de la cathédrale accourus à son secours.
Aussitôt l'inquisition se déchaîne: on accuse les conversos d'être derrière le crime, Dès décembre 1485, et jusqu'en 1492, l'on exécutera des "coupables" de la grande conjuration contre Saint Pedro. Les peines pour les tueurs présumés furent sévères: l'un d'eux eux les deux mains tranchées et clouées au portail du palais des députés, puis fut décapité. Son corps fut ensuite écartelé, et les morceaux de son corps pendus le long des rues de la ville pour servir d'exemple.
Le pauvre Pedro Arbuès sera béatifié par Alexandre VII en 1664, puis canonisé par le pape Pie IX le 29 juin 1867.
1486 (ou 1487) - Publication d'un manuel de la chasse aux sorcières
Deux dominicains allemands, Jakob Sprenger, Doyen de l'université de Cologne, et Heinrich Institoris (Kraemer de son vrai nom), professeur de théologie à l'université de Salzburg, publient le Malleus Maleficarum: il s'agit d'un épais volume de plus de 400 pages qui est un "guide" (bien sûr approuvé par la hiérarchie ecclésiastique) de la chasse aux sorcières: on y apprend comment les identifier (p. ex., une femme qui a caressé un chat noir alors qu'une personne s'est sentie mal à une distance de quelques centaines de mètres), les torturer pour les faire avouer, et comment les inquisiteurs peuvent s'absoudre mutuellement après la séance de torture. L'ouvrage affirme aussi que nier l'existence de la sorcellerie est en soi une hérésie très grave (passible de la mort sur le bûcher). Pendant plus de deux siècles et demi en Allemagne, après la publication du Malleus Malleficarum nier l'existence de la sorcellerie sera passible de la peine de mort. Le manuel devient un Best Seller. Le Malleus fera l'objet de pas moins de 26 éditions entre 1486 et 1600. il deviendra l'ouvrage de référence pour les chasseurs de sorcières catholiques, et aussi protestants. L'action des deux doctes universitaires dominicains est approuvée par le Pape Innocent VIII, qui les charge déjà en 1484, par la bulle Summis desiderantes affectibus, d'extirper la sorcellerie de l'Allemagne. Le texte de la bulle de Sa Sainteté le souverain pontife est inclus dans la préface des éditions catholique du livre. 
1492 - Expulsion des juifs d'Espagne
Le pieu Ferdinand d'Aragon et sa très pieuse épouse Isabelle de Castille, rois d'Espagne, expulsent les juifs de leur royaume. Les juifs ont le choix entre se convertir, pour subir les foudres de l'inquisition (qui brûlera nombre d'entre eux en les accusant d'être des "faux convertis"), ou partir. Plus de 160000 juifs quittent l'Espagne. La hiérarchie catholique ne reste pas indifférente à cette mesure d'une cruauté effarante: elle approuve la mesure, le pape encourage les autres souverains européens à s'inspirer de l'exemple espagnol. Dans toute l'Europe, les évêques se mobilisent pour pousser les gouvernements à empêcher l'entrée sur leur territoire aux juifs expulsés. En 1494, le pape accorde le titre de Rois Catholiques à Isabelle et Ferdinand pour les remercier.
Les juifs qui choisissent de se convertir seront persécutés par l'inquisition avec une détermination impressionnante: jusqu'au XVIIIème siècle, l'on fera le "Test du Lard" aux convertis juifs et à leurs descendants: une salade aux lardons est proposée au "converti": si l'on constate qu'il a écarté les lardons en mangeant, on le brûle comme "faux converti". La méthode sera aussi appliquée aux musulmans convertis et à leurs descendants.
Si l'expulsion des juifs d'Espagne est la plus grande expulsion du genre que l'histoire ait enregistré, elle ne fut pas la première. En France, les prélats catholiques avaient déjà obtenu une expulsion des juifs en 1306, qui fut ensuite révoquée, avant d'être confirmée en 1394. L'Angleterre avait déjà procédé à l'expulsion en 1290. En 1496, le Portugal imite son puissant voisin en expulsant à son tour les juifs de son territoire.
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Message  Arlitto Sam 28 Mai 2016, 23:58

1493 - Le premier indien d'Amérique au paradis
Lorsque Christophe Colomb, qui a pris soin d'emmener un moine dans ses bagages, arrive en Amérique, il rencontre des indiens, qui, écrira-t-il, sont des gens amicaux et serviables. Sans doute pour leur montrer comment l'Europe chrétienne traite les étrangers amicaux et serviables, il enlève douze d'entre eux qu'il amène en Espagne. A l'arrivée, l'un d'entre eux tombe malade: avant sa mort, il est baptisé en vitesse, ce qui permet à la cour des Rois Très Catholiques d'exulter, car un indigène du Nouveau Monde a pu entrer au paradis chrétien. Cette triste histoire marquera le début de la tragique christianisation des indiens d'Amérique, dont l'épisode des réductions du Paraguay et les persécutions des indiens Pueblo ne seront que deux épisodes parmi les plus tragiques.
1499
C'est en cette année qu'a lieu le plus grand autodafé ("acte de foi") que l'histoire espagnole ait enregistré: en un seul autodafé, l'inquisiteur Diego Rodrigues Lucero brûle vifs pas moins de 107 juifs convertis au christianisme à Cordoue.
XVIème siècle
Le drame des castrats. L'église ayant décidé que les femmes ne peuvent entrer dans le chœur des églises, un problème tragique se pose: comment ne pas torturer les oreilles des pieux prélats du Christ en les privant des voix hautes, si importantes dans les chœurs pour louer l'amour de dieu? Une solution barbare est trouvée: l'on privera d'organes sexuels de jeunes garçons dont la voix aura été reconnue comme belle. Les chœurs de la Sainte Église Catholique ne manqueront ainsi jamais de soprani et de contralti.
Cette pratique barbare ne cessera qu'en 1878, sur ordre du Pape Léon XIII. La pratique est encore très répandue pendant le XIXème siècle, au point que Rossini, lorsqu'il compose sa "Petite Messe Solennelle" écrit, tout naturellement, qu'il suffira, pour exécuter celle-ci, "d'un piano et d'une douzaine de chanteurs des trois sexes, hommes, femmes et castrats".
1506 Le Pogrom de Lisbonne
Un nombre important de juifs expulsés d'Espagne en 1492 avaient trouvé refuge au Portugal. Les historiens citent des chiffres allant de 90000 à 150000. Ce fut une chance inouïe pour ce pays, car ces réfugiés étaient en bonne partie des personnes instruites, médecins, banquiers, commerçants, et certains arrivèrent au Portugal avec une partie de leur fortune. Les sentiments à leur égard de la population étaient donc, au départ, plutôt positifs. Mais cette population nouvelle déplaît à une partie du clergé, et suscite les convoitises de l'inquisition espagnole. Cette dernière soudoie donc des prélats portugais pour répandre l'antisémitisme. En quelques années, un succès important est obtenu: à Lisbonne, au cours d'une journée de folie meurtrière qui passera à l'histoire sous le nom de Pogrom de Lisbonne, 3000 juifs sont tués par de pieux catholiques excités par les prélats. Mais le clergé portugais ne s'arrête pas en si bon chemin. Il demande la création d'une inquisition portugaise, sur le modèle de celle que leurs voisins espagnols ont la chance d'avoir. 1536 marque la date officielle de la création de l'inquisition portugaise. Dans ce pays où il fait bon vivre, l'inquisition entre lentement en action, et le premier Autodafé n'est célébré qu’en 1540. De 1540 à 1580 (date de l'invasion du Portugal par l'Espagne), l'inquisition portugaise célébrera environ 40 Autodafés, avec un total de 2500 condamnations dont 170 au bûcher. L'arrivée de Philippe II, roi d'Espagne, au pouvoir en 1580 accélère enfin les choses: les autodafés se multiplient, et en 20 ans il y aura 3200 condamnations dont 160 au bûcher, soit une augmentation du rythme annuel de près de 100%.
XVIème siècle
Jules II Della Rovere pape. Habile chef militaire, il porte l'armure pendant une messe, lorsqu'un moine insolent lui fait remarquer que l'habit n'est pas approprié. "Quand il s'agit de conquérir des terres, Dieu ne regarde pas l'habit, mais la foi de son serviteur", lui répond-il, et passe ainsi à l'histoire. Dieu lui permet effectivement de conquérir Bologne, qui est, comme il se doit, mise à sac.
1521
Inspiré par l'Esprit Saint, qui n'avait apparemment rien d'autre à faire, un moine allemand, Martin Luther traduit le "Nouveau Testament" en quelques semaines. Le diable vient le tenter pendant qu'il travaille: Luther ne trouve rien de mieux à faire que de lui lancer un encrier qui tache le mur! La tache est depuis religieusement préservée pour les touristes (château de Wartburg), dans le Land de Thüringen.
L'événement pourrait sembler insignifiant. Il n'en est rien, car il inaugure le plus grand schisme de la chrétienté: dans les siècles qui suivront les chrétiens se massacreront entre eux avec encore plus d'enthousiasme qu'ils n'ont massacré et brûlé les non-chrétiens, les hérétiques, les sorcières, les juifs et musulmans convertis, etc.
Luther écrira et dira à plusieurs reprises qu'il faudrait brûler les synagogues et chasser les juifs des villes: il se situe ainsi dans la tradition initiée par les pères de l'église catholique, et qui sera perpétrée jusqu'au XIXème siècle par l'inquisition, et même jusqu'au XXème par ses imitateurs en chemise brune.
En 1543, ce bon moine publie un pamphlet antisémite intitulé "Les juifs et leurs mensonges". Les brèves citations ci-dessous donnent une impression générale du niveau d'amour pour le prochain pratiqué par Luther:
"Leur [des juifs, note de traduction] haleine pue de l'or et de l'argent des païens; car il n'y a jamais eu sous le soleil, et il n'y a pas et il n'y aura jamais plus avare qu'eux, comme cela peut être constaté dans leur usure malhonnête. Donc sachez, mes chers chrétiens, que, après le diable, vous n'avez point plus venimeux, plus véhément et plus ennemi qu'un véritable juif qui désire sincèrement être un juif ... Est-ce que leur Talmud et leurs rabbins n'enseignent-ils pas que ce n'est pas un péché que de tuer si un juif tue un païen, mais que c'est par contre un péché si il tue un frère en Israël ? Ce n'est pas un péché pour lui de ne pas tenir une promesse envers un païen. Donc, voler - comme ils le font en prêtant de l'argent - d'un païen est un service divin ...maintenant, qu'allons-nous faire avec ces juifs, rejetés et condamnés ?"
Luther donne son conseil sincère sur quoi faire avec les juifs:
Brûler leurs synagogues, écoles, enterrer et couvrir avec de la saleté tout ce qui ne brûle pas (...) Je recommande de raser et détruire leurs maisons (...) Je recommande qu'on leur prenne leurs livres de prière, qui contiennent de telles idolâtries, mensonges, insultes et blasphèmes (...) Que l'on interdise à leurs rabbins d'enseigner sous peine de mort (...) Que l'on leur prenne leurs trésors d'or et d'argent (...) Mais si les autorités civiles sont réticentes à user de la force pour restreindre leur vice diabolique, alors les juifs devraient êtres expulsés de leur pays et renvoyés à Jérusalem ou ils pourront mentir, injurier, diffamer, assassiner, voler, pratiquer l'usure et la moquerie, et se laisser aller à toutes ces infâmes abominations qu'ils pratiquent parmi nous.
[Traduit de l'anglais par le soussigné: je n'ai pas réussi à me procurer une version allemande ou française du livre]
Il faut préciser que les églises protestantes allemandes continuent à ce jour à considérer Luther comme un grand homme, à utiliser sa traduction de la Bible, et à se référer à ses écrits.
1524 - Une année ordinaire de chasse aux sorcières
Sans doute pour battre le record détenu par Bamberg de 600 sorcières brûlées en un an, l'on met à mort dans la province de Côme pas moins de 1000 sorcières en un an. Ensuite, pendant plusieurs années, l'on continue à en brûler un peu plus d'une centaine par année dans cette charmante petite ville. Ces chiffres peuvent impressionner, mais il faut se souvenir qu’à l'époque Cologne brûlait régulièrement environ 300 sorcières par an, et plusieurs villes européennes arrivent à maintenir un rythme tout à fait honorable de 200 exécutions de sorcières par an.
1527
Sac de Rome: des soldats protestants massacrent la totalité de la population de Rome, soit environ 40000 personnes, et pillent la ville. Le Pape est sauvé par les gardes suisses. Il s'enferme avec eux à Castel Saint-Ange pendant que la population est massacrée. Lui-même s'en tire avec une grosse frayeur. Les Suisses catholiques y gagnent un débouché professionnel à l'étranger, qui se perpétue aujourd'hui.
1547 - La Limpieza - Des lois racistes d'inspiration religieuse
On a vu que l'Espagne fut, sous la domination Maure, un société multiculturelle où les trois monothéismes méditerranéens coexistaient. Lorsque les chrétiens reprirent le pouvoir dans la péninsule ibérique, ils eurent hâte de mettre fin à cette coexistence pacifique par une série de mesures poussant Maures et Juifs à se convertir. Mais cela ne suffisait pas aux prélats catholiques, car ils suspectaient toujours que sous tout converti, et même sous tout descendant de converti, se cache en fait un faux chrétien qui continuait à pratiquer sa religion d'origine en cachette. Les ecclésiastiques catholiques inventent donc la notion de Limpieza, ou pureté raciale. Peu à peu des voix montent du clergé pour que les charges ecclésiastiques et étatiques soient réservées à ceux qui sont descendants de chrétiens et non de Maures ou de conversos. D'abord, l'Athénée (la future université) de Salamanque commence à exiger un certificat de limpieza de ses étudiants. Ces certificats sont délivrés par l'inquisition. Puis, en 1547, l'Archevêque de Tolède, Juan Martinez Siliceo, fait accepter un Statut de Limpieza pour tous les ecclésiastiques de la cathédrale. Le mouvement s'étend rapidement. A partir de 1560, après avoir pendant longtemps fourni les certificats de Limpieza demandés par d'autres instances, l'Inquisition décide de l'exiger aussi de ses propres employés. La Limpieza sera aussi exigée pour toutes les charges d'état, et même pour certaines professions qui avaient étés traditionnellement exercées par les juifs.
Il faudra attendre 1835 pour l'abolition des Statuts de Limpieza, mais le certificat de limpieza continuera à être exigé aux aspirants officiers de l'armée et aux candidats à certaines hautes charges de l'état jusqu'en 1865. Moins d'un siècle sépare la fin de la pratique de la Limpieza espagnole des lois nazies de Nuremberg.
1553
Calvin, qui condamne les excès de l'Église Catholique, fait décapiter le libre penseur et médecin Michel Servet, qui avait découvert la circulation du sang. Il n'est jamais que l'un des plus de 15 hérétiques que le réformateur fait exécuter pendant sa dictature sur Genève.
Calvin joue un rôle très actif dans l'arrestation, puis la condamnation à mort de Michel Servet. Il échangea d'abord une correspondance avec lui, puis, lorsque, fuyant l'inquisition, Servet arriva à Genève, Calvin le fit arrêter. Calvin avait dit à son ami le réformateur Farel que si Michel Servet devait venir à Genève, il ne le laisserait pas repartir vivant. Il tient donc sa promesse en intervenant personnellement au procès en plaidant pour l'exécution. La seule clémence qu'il veut bien concéder à Servet est l'exécution par décapitation plutôt que par le bûcher. Après l'exécution, le corps de Michel Servet est brûlé, avec un exemplaire de l'un de ses livres.
1559
L'invention de l'imprimerie permettant à un nombre croissant de personnes de s'informer, l'église réagit en publiant l'Index (Index Additus Librorum Prohibitorum). Pour que cette publication soit tenue à jours avec soin, la Congrégation Spéciale de l'Index est fondée par le pape Saint Pie V en 1571. Cette institution édite régulièrement une liste de livres interdits. Dès l'institution de l'Index, des centaines d'imprimeurs italiens s'enfuient en Suisse et en Allemagne. La dernière édition de l'Index est publiée en 1961. Parmi les milliers de livres qui prirent place dans cette liste infâme, on citera le cas de l'Encyclopédie, publiée entre 1751 et 1765: l'Encyclopédie est non seulement mise à l'index, mais toute personne qui la lira sera passible d'excommunication automatique.
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Message  Arlitto Sam 28 Mai 2016, 23:58

1566 -1572


Pie V pape. Ce Saint de l'Église catholique se vante publiquement plusieurs fois d'avoir, pendant sa carrière d'inquisiteur, allumé de ses propres mains plus de 100 bûchers d'hérétiques qu'il avait lui-même accusés, confondus et condamnés.


En 1569, il ordonne l'expulsion des juifs des États de l'église. Toutefois, avec un pragmatisme tout catholique, il permettra à certains commerçants juifs de rester à Rome et à Ancône, dans des conditions humiliantes.


Les juifs romains sont désormais enfermés dans un ghetto, et en plus, une coutume, qui restera en vigueur jusqu'à la chute des États de l'Église, est instaurée: pour humilier publiquement les juifs, chaque nouveau pape passe devant le ghetto, où le Grand Rabbin de Rome lui tend une copie du Pentateuque (une partie de l'Ancien Testament). Après quoi le pape lui restitue le texte accompagné de plusieurs pièces d'or, en déclarant que, s’il respecte la loi de Moïse, il désapprouve le cœur dur des juifs. Cette cérémonie voulait marquer la conviction chrétienne que les juifs devraient reconnaître leur erreur et se convertir au christianisme.


Pie V publie aussi une nouvelle édition du catéchisme officiel de l'église, dans lequel l'amour du prochain et la miséricorde ont bien sûr une place importante.


A la fin de sa vie, ce pieu dominicain dira regretter surtout d'avoir été trop indulgent.


1568 - Le premier ordre de génocide des Temps Modernes


Le 16 février 1568, le Saint pape Pie V signe le premier ordre de génocide des Temps Modernes. Depuis quelques années, les habitants des Pays-Bas ont adhéré en majorité aux doctrines de Luther. Plus grave encore pour Saint Pie V, il semble que des actes d'iconoclastie se soient produits. Le Saint pape donne donc l'ordre à Philippe II, Roi d'Espagne et des Pays-Bas, de procéder à l'extermination de l'ensemble de la population, soit environ trois millions d'habitants, sauf quelques personnes qu'ils nomment expressément dans son ordre. Le pieux Philippe II demande 10 jours plus tard au Duc D'Albe d'exécuter la sentence. Cet habile général est, depuis l'été 1567, au Pays-Bas, avec une petite armée de 10000 fantassins, 1200 cavaliers et pas moins de 2000 courtisanes. Il se met vite à la tâche, malgré ses moyens limités. Dans une lettre à Philippe II il affirme avoir déjà éliminé "800 têtes" au cours de la seule Semaine Sainte de l'an 1568. Rapidement, la population se révolte en arme contre la petite armée chargée de l'exterminer. Combien de personnes mourront suite à la sentence papale ? Il est difficile de l'estimer. Selon le Duc D'Albe lui-même, il parviendra à exterminer 18600 personnes en 6 ans de génocide. Après avoir échoué dans sa tentative de génocide aux Pays-Bas, le Duc sera rappelé en Espagne, et, après une brève période de disgrâce, il se verra confier de nouvelles missions lors de l'invasion du Portugal. Il mourra finalement dans son lit, sans ne jamais avoir regretté aucun de ses gestes aux Pays-Bas.


1547-1593


Guerres de religion en France


Les sous-sectes chrétiennes se livrent en France à une guerre civile sans merci, interrompue par plusieurs paix et trêves temporaires. Pendant une de celles-ci a lieu le massacre de 20000 protestants, hommes, femmes et enfants, en une nuit (Nuit de la Saint-Barthélemy, 1572). En apprenant la bonne nouvelle du massacre, le pape Grégoire XIII est pris d'enthousiasme. Des festivités sont organisées à Rome, et il charge son peintre favori, Vasari, de préparer une grande fresque intitulée "L'élimination des huguenots".


1591 - Une deuxième série d'Autodafés en Espagne


Ayant pris le pouvoir au Portugal en 1580, Philippe II, pieux souverain catholique espagnol, a assuré aux juifs et conversos de ce pays qu'ils pourraient désormais librement se déplacer en Espagne et Portugal. Hélas, de nombreux juifs et conversos, voyant le nouvel activisme de l'inquisition depuis l'arrivée de Philippe II au Portugal, pensent qu'ils seront plus tranquilles en Espagne. Mal leur en prend! Les inquisiteurs espagnols, qui n'ont eu, depuis des décennies, pratiquement que des sorcières et quelques blasphémateurs à se mettre sous la dent, voient cette arrivée de juifs et conversos comme une manne tombée du ciel. Immédiatement les dénonciations s'accumulent chez les inquisiteurs, qui saisissent l'opportunité de relancer leurs activités. En 1591, le premier autodafé de conversos, "nouvelle série", a lieu à Tolède: un seul malheureux monte sur le bûcher, alors qu'une trentaine de condamnés voient leurs biens saisis et doivent, pour certains, finir leur existence en prison, et pour d'autres entreprendre de périlleux pèlerinages en portant le Sanbenito. De nombreux Autodafés se succèdent, mais ici encore on remarque que le nombre de bûchers est faible par rapport à celui des condamnations à la prisons à vie. Cette retenue de l'inquisition disparaîtra à la mort de Philippe II en 1598, et les choses ne se calmeront pour les conversos en Espagne qu’à partir de l'expulsion des Maures en 1609.


Fin du XVIème- début du XVIIIème siècle


La conversion forcée des Indiens Pueblo.


Remontant depuis la côte du Golfe du Mexique, les explorateurs Espagnols, toujours accompagnés de moines et de prêtres, entrent en 1598 en contact avec les Indiens "Pueblo" dans le territoire qui est aujourd'hui l'état US du Nouveau Mexique: différents des indiens nomades des plaines du Nord, et aussi des indiens plus combatifs que les Espagnols ont rencontré au Mexique et en Amérique du Sud, les Indiens Pueblo vivent dans des villages (les "Pueblos") de maisons de brique à 2-3 étages, sont pacifiques et pratiquent l'agriculture. Ils pratiquent une religion dans laquelle ils vénèrent le "Père Ciel" et la "Terre Mère", craignent des démons (les Skinnwalkers) qui marchent au soleil couchant sur la crête des montagnes, vénèrent les corbeaux comme étant des réincarnations de leurs ancêtres. Ils ont aussi un riche panthéon de dieux assez semblables aux dieux grecs, leur dieu principal étant la femme-araignée. Les cérémonies sont célébrées dans des petites églises familiales, les Kivas. Ces agriculteurs pacifiques deviennent immédiatement l'objet de l'attention des prêtres Espagnols, impatients de remplacer le culte de Père Ciel et Terre Mère par celui du dieu dont on boit le sang au cours des cérémonies: les chamanes indiens sont accusés de "sorcellerie" et exécutés. Les Kivas sont détruites par les militaires espagnols. Les cérémonies religieuses traditionnelles sont interdites, sous peine de mutilations. Les indiens surpris en train de célébrer une cérémonie traditionnelle auront un bras ou un pied coupé. Malgré tout, des indiens continuerons à pratiquer leurs cérémonies, en cachette, la nuit. Les prêtres catholiques utiliseront ce fait dans des sermons, que les indiens Pueblo citent encore aujourd'hui avec amertume: les prêtres déclareront que la religion indienne est celle des ténèbres, puisque les cérémonies se font de nuit, alors que le christianisme est la religion de la lumière, puisque l'on mange la chair et l'on boit le sang du dieu chrétien en plein jour. Plusieurs révoltes sanglantes jalonnent l'histoire de la christianisation des Pueblos. La persécution religieuse des indiens Pueblos ne cessera qu'après l'annexion du territoire par les USA en 1847.


1600


Giordano Bruno est brûlé vif à Rome, condamné pour hérésie. Il avait osé définir l'univers comme étant "infini", et émis l'hypothèse de l'existence de formes de vie hors de la terre. C'en était trop pour l'église. Au bout de huit ans de procès, au cours duquel des aveux lui sont arrachés par la torture, il est condamné à mort comme "hérétique obstiné et impénitent". Il se défend en essayant de montrer que ses idées ne sont pas en contradiction avec les doctrines chrétiennes, en vain. Il est brûlé en public à Rome, au Campo dei Fiori. On aura soin de le bâillonner avant de l'amener au lieu d'exécution, pour éviter tout risque que ses paroles ne troublent la foule venue assister au spectacle. Son principal accusateur, le Cardinal Bellarmin, un pieux et docte Jésuite, qui donnera tous ses biens aux pauvres, sera plus tard canonisé, et, en 1930, proclamé "Docteur de l'église".


Il est intéressant de noter que, si, dans le cas de Galilée, l'église catholique exprimera quelques regrets à la fin du XXème siècle, et le réhabilitera même partiellement en 1992, elle ne se repentira jamais de l'exécution de Bruno. Bien au contraire, elle s'opposera avec véhémence à l'installation d'une statue de Giordano Bruno à Rome en 1889. En 1929, le pape demandera à Mussolini de détruire cette statue, avant de canoniser, puis de nommer "Docteur de l'Église" le Cardinal Robert Bellarmin, accusateur de Giordano Bruno. Plus récemment, en février 2000, lorsque se tient à la faculté théologique de Naples une conférence sur Giordano Bruno, le Saint Siège fait envoyer au président de la conférence un "message", signé par le Cardinal Angelo Sodano, secrétaire d'état au Vatican, ou il est écrit que "Le cheminement de sa pensée [de Giordano Bruno, note de l'éditeur] (...) l'a porté à des choix intellectuels qui se révélèrent progressivement, sur certains points décisifs, incompatibles avec la doctrine chrétienne.". Le message attribue ensuite "l'issue violente" au "pouvoir civil" : autrement dit la faute n'est pas du commanditaire, l'inquisition, mais du pouvoir civil, qui exécuta la sentence demandée par l'inquisition (on rappelle que c'était le "bras séculier" qui exécutait les sentences de l'inquisition). Pour apprécier à sa juste valeur ce subtil distinguo des prélats de l'an 2000 défendant leurs collègues de 1600, il faut se souvenir que Rome était en 1600 une monarchie absolue ayant à sa tête le Pape, soit le chef de l'église catholique. Le document du Vatican continue sur le même ton en affirmant que "Ce qui émerge historiquement laisse penser que les juges du penseur étaient animés par le désir de servir la vérité et de promouvoir le bien commun, tout en faisant ce qui était possible pour lui sauver la vie". Il faut bien prendre conscience de ce fait que ce texte est une communication officielle et publique du Vatican datée du 17 février 2000, disponible sur Internet (site officiel du Vatican), et pas un obscur texte moyenâgeux.


1609


Expulsion des Maures d'Espagne


Après l'expulsion des juifs d'Espagne, l'inquisition s'ennuyait un peu dans ce beau pays. Elle lance donc la chasse aux Morescos, les arabes convertis au christianisme. Sont suspectés d'être des faux convertis et exécutés tous ceux qui refusent de boire du vin ou de manger du porc, ou qui sont trop propres: en effet, l'Islam, contrairement au christianisme, prescrit des lavages périodiques. La propreté n'a jamais été aussi dangereuse qu'au XVI siècle en Espagne! Enfin, en 1609, craignant sans doute d'avoir raté des "Faux convertis", l'inquisition obtient du roi l'expulsion des Morescos vers l'Afrique du Nord. Le nombre d'expulsés est mal connu: les estimations varient entre 300000 et 3 millions. Des régions rurales furent dépeuplées. Les expulsés arrivent en terre islamique, et l'Islam prévoit la peine de mort pour toute personne qui renie l'Islam.


L'inquisiteur général Diego de Spinoza proclama après l'expulsion que "L'Espagne respire enfin avec soulagement", et salua l'opération comme le triomphe "de la propreté sur la pourriture".


1619


Le philosophe italien Lucilio Vanini est brûlé vif par l'inquisition. Ses fautes: il a donné des explications "naturelles" à des miracles, et émis l'hypothèse que l'homme pourrait descendre des grands singes, et, encore plus grave, il aurait nié l'immortalité de l'âme. Il doit fuir l'Italie, mais l'inquisition le rattrape à Toulouse. Il comparaît devant le Tribunal Ecclésiastique où il est reconnu coupable d'athéisme, et condamné à avoir la langue coupée avant d'être brûlé vif.


1615


Les protestants à la chasse des sorcières


L'on croit souvent que la chasse aux sorcières serait une spécialité catholique. Hélas, les protestants partagent, dès la Réforme, cette passion de leurs frères catholiques. Il est difficile d'évaluer le nombre total de personnes brûlées vives pour sorcellerie par les protestants car il n'y a pas, pour les multiples églises protestantes, de fichier central bien ordonné comparable à celui du Saint Office de l'Inquisition (aujourd'hui Congrégation pour la doctrine de la foi) des catholiques. Or, les protestants intensifient la chasse aux sorcières que les catholiques avaient commencée avant eux. Sont en particuliers accusés de sorcellerie les personnes qui, en pays catholique, sont considérés comme douées de dons divins particuliers, comme les exorcistes et d'autres guérisseurs. Par exemple, à Genève, la folie meurtrière des clercs protestants porte à l'exécution de 21 sorcières au cours du seul mois de mai 1571.


Pour donner une idée de l'étendue, sur la durée, de la chasse aux sorcières pratiquée par les protestants, en absence de chiffre globaux, nous prendrons l'exemple du Pays de Vaud, colonie Bernoise en Suisse Romande, dont le territoire correspond approximativement à l'actuel canton de Vaud en Suisse. Dans cette province rurale, la chasse aux sorcières tue, dans les 200 ans qui suivent la Réforme, 2000 personnes, soit presque une personne par mois. Le 90% des accusés sont condamnés à la peine capitale - exécutée sur le bûcher. En 1615, la folie de la chasse aux sorcières s'abat sur le petit village de Golion (Vaud): de ses 200 habitants, 25 seront brûlés vifs pour "sorcellerie" sur une période de 16 ans, à compter de 1615. Un à un, chaque accusé avoue avoir rencontré un diable, avoir signé avec lui un pacte, puis avoir accompli sur son ordre divers méfaits tels que l'empoisonnement de bétail ou le jet de mauvais sorts. Des marques diaboliques, qui peuvent être un simple mélanome ou une cicatrice, sont découvertes sur le corps de chaque accusé. Chaque accusé avoue aussi le nom d'autres sorciers et sorcières. Il y a parmi les victimes des hommes et des femmes de tous âges et toutes conditions, à l'exception des nobles et des clercs de l'église réformée, car les nobles sont souvent les exécutants de cette chasse initiée par les pasteurs protestants.


Supplice de la corde, détail du tableau "Le Procès" de Alessandro Magnasco, environ 1710-1720


Comme cela est usuel en pays protestant, les aveux sont obtenus par la corde: l'accusé a les bras liés derrières le dos, après quoi le bourreau le soulève par la corde qui lui tient les bras, et diverses fractures en résultent. Si l'accusé est récalcitrant et hésite à passer aux aveux, l'on utilise la corde avec les poids: des poids sont attachés aux pieds de l'accusé, puis l'on procède à de nouveaux levages, jusqu'aux aveux. Comme les aveux ne sont considérés complets que si l'accusé a dénoncé d'autres sorcières, l'alimentation du système répressif protestant en matériel humain à torturer puis à brûler est assurée, et les fréquentes exécutions permettent de maintenir dans la population une saine crainte des diables. Il faudra attendre le siècle des lumières pour que la chasse aux sorcières cesse enfin en Suisse.


1633


Procès à Galilée. Pour avoir douté de la théorie géocentrique de Ptolémée (qui, soit dit en passant, n'était pas chrétien!), Galileo Galilei est forcé à se rétracter: on lui montre les instruments de torture, qui seraient employés si il insiste.


Ses œuvres avaient déjà été mises à l'index en 1616. Il passera le reste de sa vie confiné dans sa villa (arrêts domiciliaires). Sa réputation internationale de scientifique lui permet d'éviter des conséquences plus graves, et seule sa rétractation lui évite la torture.


L'Église catholique sera très lente à admettre le fait que la Terre tourne bien autour du soleil. Jusqu'en 1757, la Congrégation de l'Index interdira la parution d'ouvrages "traitant du mouvement de la terre". Les œuvres de Galilée et de Copernic resteront inscrites à l'Index jusqu'en 1835.


Il faudra attendre le pape Jean-Paul II pour que l'église catholique reparle de Galilée. En 1979, il promet la formation d'une commission de l'Académie pontificale des sciences, chargée d'approfondir "l'examen du cas Galilée (...) dans une reconnaissance loyale des torts de quelque côté qu'ils viennent". La commission est effectivement mise en place en 1981. En 1992, elle rendra ses conclusions au pape, qui émet de nombreuses réserves: tout en admettant les erreurs de juges de l'époque, le pape indique que ni Galilée, ni ses juges, ne surent faire la distinction qui s'impose entre "l'approche scientifique de phénomènes naturels" et "la réflexion sur la nature de l'ordre philosophique". Galilée aurait, d'après le pape, fait une grave erreur en refusant la suggestion qui lui était faite de "présenter comme hypothèse le système de Copernic, tant qu'il n'était pas confirmé par des preuves irréfutables". La commission et le pape s'accordent pour laisser une large part de responsabilité à Galilée, car celui-ci a commis aussi une autre erreur: il avait cru que les marées étaient la preuve irréfutable du mouvement de la terre. L'église absout donc finalement Galilée, tout en insistant sur le fait qu'il est au moins aussi responsable qu'elle-même de sa condamnation.


1618 à 1648


Guerre de trente ans. Les très catholiques souverains Habsbourg forcent à la conversion leurs sujets protestants de Bohème, déclenchant la plus grande guerre que le continent européen ait connu jusqu'alors. La population de l'Allemagne est réduite de moitié. De nombreuses villes sont dévastées. Des épidémies de peste dévastent toute l'Europe centrale, de la Lombardie à la Prusse.


Il s'agit bien d'une guerre de religion, même si les églises ont par la suite essayé de faire croire qu'il s'agissait d'un conflit politique: la guerre est déclenchée par un conflit religieux, par la suite des rois étrangers, comme Gustave II de Suède, interviennent sur la base de leurs convictions religieuses. Le cas de Gustave II de Suède est particulièrement significatif. il oblige ses soldats à chanter des cantiques chrétiens chaque soir, mais ceux-ci sont d'autre part de redoutables pilleurs: l'armée suédoise se verra conférer le titre de "Schrecken des Krieges" par la population allemande, qui craint les pillages (c'est à dire les cas où une armée entre dans une ville, égorge les hommes adultes, viole femmes et enfants avant d'égorger aussi tout ou partie de ces derniers et de mettre le feu à la ville) suédois encore plus que ceux de l'armée Habsbourg.


Lorsque les négociations de paix s'ouvrent enfin en Westphalie en 1644, le légat du Pape, Fabio Chigi, ancien Grand Inquisiteur de Malte et futur Pape Alexandre VII, a pour instruction de faire en sorte que le conflit entre puissances catholiques (France contre Espagne et Empire) cesse, et que par contre la guerre continue contre les protestants. Chigi échoue: épuisés par la guerre, l'Empire conclut la paix avec les protestants. Le pape Innocent X condamne alors la paix, la déclarant nulle et non avenue dans la bulle Zelo Domus Dei (1648). Heureusement pour ce qui reste de la population allemande, la bulle est ignorée par tous les signataires, et la guerre de trente ans sera la dernière grande guerre de religion en Allemagne.


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