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La page noire du christianisme

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Message  Arlitto Sam 28 Mai 2016, 23:55

Rappel du premier message :

La page noire du christianisme

La page noire du christianisme

2000 ans de crimes, terreur, répression

Enrico Riboni, athée, libre-penseur.

"Croire en un Dieu cruel rend l'homme cruel"- Thomas Paine


Préface
Il y a près de 2000 ans, naissait en Galilée un fondateur de secte, qui finira crucifié environ 30 ans plus tard. Ses avant-derniers mots sur la croix furent "Donnez-moi à boire". Et pourtant! La secte qu'il avait fondée deviendra ensuite la plus grande de tous les temps. Elle prendra le pouvoir politique dans l'empire romain, abolira la liberté de religion, puis amoncellera des montagnes de cadavres: ses membres massacreront des millions d'"infidèles", "hérétiques", "sorcières" et autres, puis se massacreront entre eux en donnant à l'Europe les guerres les plus féroces qu'elle ait connu. Une telle histoire pourrait inciter à la modestie, mais les chrétiens revendiquent, au contraire, un monopole de l'éthique. Ils proclament qu'ils adorent le seul Dieu, dieu qui est "amour", et se considèrent meilleurs que le reste de l'humanité, qu'ils condamnent comme étant un ramassis d'adorateurs de faux dieux.
Seule idéologie à pouvoir partager avec le communisme et le nazisme le podium dédié aux idéologies les plus meurtrières de l'histoire humaine, le christianisme reste une idéologie dominante dans nombre de pays occidentaux, dont le gendarme du monde, les USA. Il est temps d'ouvrir le Livre Noir du Christianisme: 2000 ans de terreur, persécutions, répression. Commençons, modestement, par cette Page Noire du Christianisme, qui résume quelques-unes des pires atrocités commises au nom de cette idéologie qui prétend promouvoir l'amour du prochain.
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Message  Arlitto Sam 28 Mai 2016, 23:59

1650
L'archevêque d'Irlande James Ussher utilise la Bible pour calculer l'âge de la terre: celle-ci a été crée le dimanche 23 octobre de l'an 4004 avant Jésus-Christ. Cela peut faire sourire aujourd'hui. Mais il faut tout de même rappeler que un an avant (1649), Blaise Pascal construisait la première machine à calculer: on est en pleins temps modernes du point de vue scientifique et technique, mais l'église catholique persiste à rechercher la vérité sur les questions scientifiques dans la Bible. Le calcul de Ussher est d'ailleurs toujours utilisé aujourd'hui par les créationnistes américains, qui s'obstinent à nier tout ce qui a plus de 6000 ans d'âge: dérives des continents, fossiles anciens, etc., sont, encore aujourd'hui, pour ces individus, des "œuvres du démon" destinées à nous tromper.
1652 - La dernière sorcière exécutée à Genève
Il faut le reconnaître, l'Esprit de Genève, cet esprit tant vanté des nombreux maîtres du monde qui ont négocié des paix et des accords de désarmement à Genève, puise ses racines loin dans l'histoire. Genève cesse en effet les exécutions de sorcières des décennies avant les autres grandes villes européennes. La dernière malheureuse à mourir à Genève pour cause de pacte avec le diable est une dénommée Michée Chauderon, lavandière de son état, originaire de Boège en Faucigny. L'accusation provient d'une femme hystérique, qui se prétend possédée par le diable. Traditionnellement à Genève, le tribunal demandait un rapport médical, qui fournissait des preuves sous la forme de marques diaboliques sur le corps: une cicatrice, un grain de beauté, un mélanome, étaient vite reconnus comme tels, et l'on peut dire qu'à cette époque le cancer de la peau pouvait tuer très vite, indirectement. Mais en 1652 le corps médical se rebiffe: les deux experts médicaux déposent, avec un courage qui force l'admiration, un rapport disculpant la malheureuse. Poussé par des théologiens, le tribunal demanda un second rapport médical. Comme l'on ne trouvait pas à Genève de médecins disposés à contredire leurs confrères, on alla chercher à Nyon des médecins plus malléables: des médecins de cette petite ville des bords du la Léman consentirent, eux, à trouver sur le corps de la lavandière des marques diaboliques, et le 6 avril 1652, Michée Chauderon est brûlée sur la place publique pour le plus grand plaisir des théologiens calvinistes.
1664
Première exécution de sorcières dans le nouveau monde. Les européens exportent cette tradition si importante pour les chrétiens. En Amérique, cette tradition culminera en 1692, par l'affaire des sorcières de Salem, qui se termine par l'exécution de 19 personnes (18 femmes, un homme), accusées d'être en liaison avec le diable.
XVIIIème siècle - L'Espagne et le Siècle des Lumières
Alors que l'Europe sort lentement de l'obscurantisme, en Espagne, l'inquisition termine son travail d'éradication des conversos. Il est difficile d'estimer le nombre de victimes au cours de tout le siècle, mais l'on sait que, au cours du seul règne de Philippe V (1700-1746), l'on célébrera environ 60 Autodafés, avec un total d'environ 1000 condamnés, parmi lesquels 100 furent exécutés et plusieurs centaines finirent leur vie en prison. Les condamnés ne sont pas seulement des conversos, mais aussi des blasphémateurs, des possédés et des sorciers et sorcières.
1750-1767
"Affaire des réductions" au Paraguay. Cette affaire est particulièrement intéressante, les catholiques se massacrant et s'excommuniant entre eux. Les Jésuites, arrivés au Paraguay en 1604, avaient établi au XVIIème un petit empire privé, fait de "réductions", c'est à dire des petits villages fortifiés dans la forêt, ou vivent des indiens convertis au catholicisme. A partir de 1640, ces indiens sont munis d'armes fournies par les Jésuites, qui sont, dans ces village, tout à la fois curés, maires et administrateurs. Hélas, une correction de la frontière porte plusieurs de ces réductions dans le territoire portugais: or le Portugal, pays chrétien et catholique, perpétue à l'époque la tradition de l'esclavage: les portugais pensent prendre aux Jésuites leurs indiens pour les vendre comme esclaves.
Le pape intervient, excommunie les Jésuites des "réductions". Puis une armée, dont les canons et épées sont bénis par les prêtres de service, attaque les réductions. La guerre se prolongera: en 1756, les indiens obtiennent même une victoire décisive contre les portugais. La guerre se terminera en 1767: une armée commune des portugais en des espagnols massacre les Jésuites et prend les indiens comme esclaves. Un Te Deum est célébré pour la victoire, comme il se doit, et les Jésuites sont expulsés des territoires espagnols.
Peu après, en 1773, le pape Clément XIV interdira l'ordre des Jésuites, coupable d'être trop intelligent et rationnel, et surtout de n'avoir pas assez loyalement servis la famille de Bourbon, rois de France et d'Espagne, monarques absolus et grands amis de l'église catholique. Il fait emprisonner le Père Général des Jésuites, qui mourra prisonnier au Château Saint-Ange à Rome.
1766
En plein siècle des lumières, un jeune homme de 19 ans, le Chevalier de la Barre passe "à vingt pas d'une procession sans ôter son chapeau". Il est arrêté, soumis à la torture. Enfin, il est décapité, après qu'on lui ait coupé la langue. Son corps est alors placé sur un bûcher et brûlé ensemble avec un exemplaire du "Dictionnaire Philosophique" de Voltaire devant une foule enthousiaste.
1788
Dans le canton de Glaris, en Suisse, la dernière sorcière est brûlée.
Cette exécution n'est pas la dernière de l'inquisition, qui continuera à brûler des hérétiques jusqu'en 1826.
1793
Kant, professeur de philosophie à Königsberg et "star" internationale de la philosophie moderne depuis la publication de "Kritik der reinen Vernunft" publie "Die Religion innerhalb der Grenzen der bloßen Vernuft" ("La religion dans les limites de la seule raison"), où il met les doctrines chrétiennes à l'épreuve de la raison et du "kategorische Imperativ". C'en est trop pour le pieux roi de Prusse. Poussé par des prélats protestants, il intervient et Kant est forcé de se rétracter publiquement sous peine de licenciement immédiat de son poste de professeur de l'université de Königsberg. Un à un, les autres professeurs de l'université doivent signer, sous peine de licenciement immédiat, un document où ils s'engagent à ne pas citer dans leur enseignement des écrits de Kant ayant trait à la religion. Comme dans le cas de Galilée, la renommée internationale de Kant le sauve de conséquences plus sévères. Kant songera à s'exiler, mais il est en cette fin de siècle peu de cieux cléments pour les penseurs qui osent critiquer des aspects de l'idéologie chrétienne: il finira donc la vie à Königsberg.
1826
Le dernier hérétique est brûlé vif par l'inquisition en Espagne. Une riche tradition chrétienne prend fin. Désormais, l'église va recourir à des moyens plus subtils pour tuer, comme par exemple en interdisant l'assistance aux femmes qui doivent avorter, en sabotant la planification familiale dans les pays pauvres, en interdisant le préservatif comme moyen d'endiguer l'épidémie du SIDA, etc.
1832 - la liberté de conscience condamnée
En 1830, l'Europe entière est secouée par des mouvements révolutionnaires: les peuples supportent mal la chape absolutiste imposée par la restauration de 1815. En France, le roi est chassé et remplacé par Louis-Philippe, qui se proclame Roi Citoyen. Ces progrès de la liberté horrifient l'église catholique, au point que le pape Grégoire XVI publie une encyclique, Mirari Vos, où il condamne formellement la liberté de conscience:
De cette source empoisonnée de l'indifférentisme, découle cette maxime fausse et absurde ou plutôt ce délire : qu'on doit procurer et garantir à chacun la liberté de conscience ; erreur des plus contagieuses, à laquelle aplanit la voie cette liberté absolue et sans frein des opinions qui, pour la ruine de l'Église et de l'État, va se répandant de toutes parts, et que certains hommes, par un excès d'impudence, ne craignent pas de représenter comme avantageuse à la religion. Eh ! " Quelle mort plus funeste pour les âmes, que la liberté de l'erreur ! " disait saint Augustin (S. Aug. Ep. CLXVI).
Le pontife condamne également nommément la liberté de la presse, la liberté d'association, la liberté d'enseignement, la souveraineté du peuple et le suffrage universel. Dans la lutte entre progrès et réaction, entre liberté et obscurantisme, l'église catholique choisit ainsi clairement son camp.
1847
Guerre du Sonderbund: la Suisse est déchirée par une guerre de religion. Les cantons catholiques, dont les gouvernements sont fortement influencés par des conseillers jésuites, fondent une alliance militaire spéciale (Sonderbund), qui réclame l'annexion aux cantons catholiques des régions catholiques des cantons majoritairement protestants. Ils appellent les monarques catholiques d'Autriche à leur aide, puis engagent les hostilités. Seule la victoire rapide des troupes fédérales/protestantes permet d'éviter une intervention autrichienne, qui aurait provoqué une extension du conflit à l'échelle européenne.
Les protestants se livrent pour leur part à des féroces "Chasses aux catholiques" dans les campagnes genevoises.
Les Jésuites, considérés comme responsables de la guerre, sont expulsés de Suisse, et leur expulsion restera en vigueur jusqu'aux années 1970.
1848
La population de Rome se révolte contre la dictature papale. Le pape Pie IX est chassé. Une république est proclamée et les murs du ghetto de Rome sont abattus. Le Pape sera est remis au pouvoir en 1849 par les troupes françaises dépêchées sur place par Louis - Napoléon Bonaparte, président de la république française. Les opposants sont fusillés. L'Etat de l'Église redevient une monarchie absolue dont le souverain est le pape. Le ghetto est refermé: les juifs de Rome devront attendre la chute du régime papal en 1871 pour pouvoir enfin circuler librement dans la ville éternelle. En 1849, à l'occasion d'un débat au parlement français, Victor Hugo décrira de manière poignante la réalité de l'Etat de l'Église catholique: "Pour toute législation, un chaos de lois féodales et monacales, qui produit la barbarie des juges criminels et vénalité des juges civils. Quatorze tribunaux d'exception qui fonctionnent en permanence; devant ces tribunaux, aucune garantie. Les débats sont secrets. La défense orale est interdite. Des juges ecclésiastiques jugent les causes et les personnes laïques. Les juifs sont parqués et enfermés tous les soirs comme au XVème siècle; le clergé est mêlé à tout, même à la police. Les gens de finance ne rendent compte qu'à Dieu, Deux censurent pèsent sur la pensée: la censure politique et la censure cléricale. L'une garrotte l'opinion, l'autre bâillonne la conscience. On vient en outre de rétablir l'inquisition".
Le pape Pie IX sera béatifié en septembre 2000.
1858
La police pontificale enlève un enfant juif sur ordre du Pape: Une bonne (catholique) a fait secrètement baptiser un enfant juif dont elle avait la garde. Sa motivation était que l'enfant était malade, et il fallait le sauver avant qu'il n'aille aux enfers en mourant. Hélas, cela se passe dans les états de l'Église: dès qu'elle est informée du baptême, la police pontificale enlève de force l'enfant à la famille. L'enfant, Edgardo Mortara, est adopté par le bienheureux Pape Pie IX (béatifié par Jean-Paul II en septembre 2000), qui l'élève pour qu'il devienne un prêtre.
1863
Le bienheureux Pape Pie IX publie le Syllabus. Ce document est un recensement des "erreurs" de la pensée moderne, que le pape condamne sans appel. Sont entre autres condamnées:
Le mariage civil, la tolérance en pays catholique de rites d'autres religions, la liberté de religion, le panthéisme, le libéralisme, le socialisme, la rébellion contre un souverain "légitime", la critique au pouvoir temporel du pape, la possibilité de progresser par la raison, la non-intervention du religieux dans les sciences et la philosophie. En 1870, il fera voter par le concile Vatican I l'infaillibilité du pape avec effet rétroactif, pour s'assurer que ses condamnations ne soient plus remises en question.
1871
Le pape, qui est officiellement infaillible avec effet rétroactif depuis 1870, excommunie toute personne qui participerait à une quelconque élection de l'état italien, qui est défini comme étant "diabolique", car il avait privé les papes de leur état séculier. Cette sentence d'excommunication automatique n'empêchera pas le pape de bénir quelques années après un nouvellement fondé "Partito populare", d'inspiration catholique, fondé et dirigé par un prêtre.
1881
Les Pogroms russes commencent. Excités par des prélats orthodoxes, qui répandent une fausse rumeur comme quoi le Tzar Alexandre II aurait été assassiné par un juif, des foules se rassemblent dans plus de 200 villes russes, et détruisent les biens des juifs. Les Pogroms deviendront communs dans la pieuse Russie tsariste, surtout entre 1900 et 1907. Le plus violent d'entre eux à lieu à Kishinev en 1903: les autorités civiles et religieuses de la ville excitent la foule, qui s'en prend violemment au juifs: pendant deux jours, la foule tue 45 juifs, en blesse environ 600, et pille 1500 maisons. Bien sûr, les responsables (Popes et politiciens) ne seront jamais inquiétés par la justice.
1881-1882
Civiltà Cattolica, journal romain contrôlé par des Jésuites, qui continuera à publier des articles sur la culpabilité de Dreyfuss des années après la réhabilitation de ce dernier, publie une série d'articles accusant les juifs de crucifier des enfants chrétiens. Le père Giuseppe Oreglia de San Stefano, Jésuite, remet sur la place publique une vieille accusation: les juifs pratiqueraient des meurtres rituels d'enfants chrétiens. Cela est trop fréquent, écrit le bon père jésuite. En Europe de l'Est, dit savoir le bon père, l'emploi de sang chrétien est une loi générale pesant sur la conscience de tous les hébreux. Chaque année, poursuit-il, les juifs crucifient un enfant chrétien en le faisant mourir dans les tourments. Le ton et le contenu de ces articles sont malheureusement assez typiques pour la presse catholique de l'époque. La Croix, en France, publie des articles de nature semblable à la même époque.
Pour évaluer à sa juste mesure le poids de ces mots, il faut rappeler que ces articles paraissent alors que les personnes qui seront au pouvoir dans les années 30-40 du XXème siècle (dont le pape Pie XII) sont alors des enfants: ils grandiront baignés dans la haine des juifs, et pourront mettre en pratique au cours de la deuxième guerre mondiale ce qu'ils auront appris en tant qu’enfants.
1889
Dans une Rome libérée du joug papal, le 9 juin, est inaugurée une statue de Giordano Bruno au Campo dei Fiori, le lieu même où le penseur fut exécuté. Le Pape Léon XIII, très peiné, passera la journée entière en jeune aux pieds de la statue de Saint Pierre. La presse catholique se déchaîne: elle parlera d'"orgie satanique" en décrivant la manifestation d'inauguration, de "triomphe de la synagogue, des archimbandrites, de la maçonnerie, des chefs du libéralisme démagogique", de "tintamarre de l'ignorance et de la malignité anticléricale". Au XXème siècle, l'église déploiera toute son influence pour faire abattre la statue.
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Message  Arlitto Sam 28 Mai 2016, 23:59

1918-1945
Le parti pris pour les dictatures. L'église soutient activement la montée des totalitarismes en Europe, puis défend leurs crimes dans plusieurs cas, et renonce à les dénoncer dans d'autres.
En Autriche, le soutient de l'église catholique pour l'Austro fascisme est total.
En Italie, le Vatican signe avec le régime fasciste un concordat, qui fait du catholicisme la religion d'état: les italiens peuvent à nouveau voter sans être excommuniés, dommage que cela serve peu en période de dictature. L'église sacrifie en grande partie ses propres associations: toutes, sauf l'Action Catholique, doivent intégrer des organisations fascistes. Le Vatican promet à Mussolini de faire en sorte que l'Action Catholique ne se laisse pas tenter par des actions antifascistes.
En 1929, Mussolini ayant signé le concordat dit "Patti Lateranensi", il est qualifié par le pape d'homme de la providence ("Uomo della provvidenza"). En 1932, l'Action Catholique ayant été remise au pas par la hiérarchie ecclésiastique, conformément aux vœux du dictateur, Mussolini reçoit des mains du Pape l'Ordre de l'éperon d'or, qui est la plus haute distinction que l'Etat du Vatican accorde.
Cette belle harmonie résistera même à un moment de tension causée par la statue de Giordano Bruno. Le pape profite du concordat pour demander à son ami dictateur de détruire la statue de cette célèbre victime de l'inquisition, érigée en 1889 par le gouvernement libéral. Le dictateur, dont un des fils se prénomme Bruno, en honneur du penseur victime de l'inquisition, prend la défense, une fois n'est pas coutume, du libre penseur, et déclarera à la chambre des députés "La statue de Giordano Bruno, mélancolique comme le destin de ce moine, restera où elle est. J'ai l'impression que ce serait s'acharner contre ce philosophe qui, s'il s'est trompé et a persisté dans l'erreur, a cependant payé". Pour montrer qu'elle ne regrette rien, l'église canonisera alors Robert Bellarmin, accusateur de Giordano Bruno, et le nommera même "Docteur de l'Église". Jamais l'église ne reconnaîtra une quelconque erreur de sa part concernant Bruno, ou n'exprimera une quelconque intention de le réhabiliter.
En Allemagne, en janvier 1933, le Zentrum, parti catholique, dont le leader est un prélat catholique (Prälat Kaas), vote les pleins pouvoirs à Hitler: ce dernier peut ainsi atteindre la majorité des 2/3 au Reichstag pour suspendre les droits garantis par la constitution. Avec une charité toute chrétienne, le bon prélat et ses ouailles du Zentrum accepte aussi de fermer un œil sur les détails procéduriers discutables des nazis, comme l'arrestation des députés communistes avant le vote. Puis l'église commence à négocier un nouveau concordat avec l'Allemagne: dans ce cadre, elle "sacrifie" le Zentrum, alors seul parti significatif que les nazis n'ont pas interdit: en effet, il les a aidés à arriver au pouvoir. Le 5 juillet 1933, le Zentrum s'auto-dissout sur demande de la hiérarchie catholique, laissant le champ libre au NSDAP de Hitler, désormais parti unique. Le prélat Kaas laisse les compatriotes se débrouiller avec la dictature qu'il a aidé à installer, et s'installe au Vatican, ou il entame une nouvelle carrière: alors que le monde s'embrase, Monseigneur Kaas, désormais évêque, dirigera des fouilles sous la Basilique de Saint Pierre qui aboutiront à la découverte du deuxième crâne de Saint Pierre.
Hitler se proclame catholique dans "Mein Kampf", l'ouvrage où il annonce son programme politique. Il y affirme aussi qu'il est convaincu qu'il est un "instrument de Dieu". L'Eglise catholique ne mettra jamais "Mein Kampf" à l'Index, même avant l'accession d’Hitler au pouvoir. Il faut croire que le programme antisémite du futur chancelier ne déplaisait pas à l'église. Hitler montrera sa reconnaissance en rendant obligatoire la prière à Jésus dans l'école publique allemande, et en réintroduisant la phrase "Gott mit uns" sur les uniformes de l'armée allemande.
En 1938, les SS et SA organisent la "Nuit de Cristal": déguisés en civils, les miliciens nazis attaquent synagogues et magasins appartenant à des juifs. La population allemande est à la fois horrifiée et terrifiée. L'évêque de Freiburg, Monseigneur Gröber, déclare alors, en réponse à des questions sur les lois raciales et les pogroms de la nuit de cristal: « On ne peut refuser à quiconque le droit de sauvegarder la pureté de sa race et d'élaborer les mesures nécessaires à cette fin.»
En Espagne, la république est établie en avril 1931, suite à la faillite de la dictature conservatrice de Miguel Primo de Riviera. Tout de suite, l'église catholique déclare la guerre à la démocratie: le 7 mai 1931, l'archevêque de Toledo, le Cardinal Pedro Segura publie une pastorale invitant les fidèles à prendre les armes contre la république. En réaction à cet appel public à la guerre civile, le 11 mai, des foules furieuses incendient plusieurs églises, et l'Église catholique accède ainsi au rang de "martyr" de la république, ce qui lui permettra de justifier son rôle dans la guerre civile. En effet, en 1935, un quarteron de généraux conservateurs tente un coup d'état militaire, qui échoue et dégénère en guerre civile. L'église soutient la rébellion, prêtres et évêques bénissent les canons des insurgés dirigés par Franco, célèbrent en grande pompe des Te Deum pour ses victoires contre les forces du gouvernement républicain légitime. La guerre fait plus d'un million de morts, et Franco fait fusiller les prisonniers. On estime qu’au moins 200000 personnes sont fusillées pendant la guerre, et 200000 après. L'église soutient non seulement la guerre, mais aussi les exécutions de prisonniers. A quelques mois du début du conflit, l'aviation allemande et nationaliste détruit Guernica. Face à ce massacre, certains catholiques commencent à douter de la sainteté de la cause nationaliste. L'église vient donc au secours de Franco: non seulement elle justifie encore une fois la guerre, mais la hiérarchie catholique prend position officiellement pour les exécutions de prisonniers: une lettre, signée par deux cardinaux, six archevêques, 35 évêques et 5 vicaires généraux (la quasi-totalité de l'épiscopat espagnol), est adressée "à tous les évêques du monde". Elle définit la guerre civile comme étant une croisade et un plébiscite armé. Les signataires se réjouissent des exécutions de prisonniers car au moment de l'exécution, l'exécuté se réconcilie avec Dieu. Le 28 septembre 36, le Primat d'Espagne, l'archevêque de Toledo Isidro Gomà, lance un message de soutien aux nationalistes qui combattent à Toledo. Il les encourage, dit-il, car ils se battent contre "ces maudits fils de Moscou, les juifs et les francs-maçons, les sociétés occultes contrôlées par l'internationale sémitique".
Dans le monde entier, l'église catholique se mobilise pour soutenir Franco contre la république. Les évêques allemands publient le 19 août 1936 une pastorale collective qui approuve l'aide apportée par Hitler à Franco. Aux USA, les catholiques réussissent à bloquer toute aide à la république. Roosevelt renonce à soutenir la république pour ne pas perdre les votes des catholiques. Le Pape proclame officiellement "martyr" toute personne tuée par les républicains, et reconnaît Franco dès 1937 (la guerre est alors en cours, et se prolongera jusqu'en 1939), en envoyant un délégué apostolique auprès de Franco, puis le 18 mai 1938 en nommant l'archevêque Gaetano Cicognani Nonce Apostolique, alors que Franco envoie un ambassadeur au Vatican. L'archevêque de Westminster écrit à Franco en 1938 "Vous êtes à mes yeux le plus grand défenseur de la vraie Espagne, le pays du catholicisme". Le Pape Pie XII salue la victoire finale de Franco en publiant un message intitulé "Avec immense joie".
Franco se montrera reconnaissant envers ses pieux alliés, en confiant l'éducation nationale à l'église catholique. Chaque citoyen est muni d'un "livret", où sont annotés ses options politiques et religieuses: il se crée un système avec deux classes de citoyens, et l'église a le mot de la fin quand à la classe de chacun. Puis, Franco nomme plusieurs membres de l'Opus Dei au gouvernement. L'influence de l'Opus Dei croîtra, au cours de la dictature Franquiste, au point où, dans le dernier gouvernement Franquiste, plus de la moitié des ministres seront membres de cette vénérable institution catholique.
Beaucoup plus tard, en mars 2001, le pape Jean-Paul II béatifiera 233 religieux martyrs des la guerre civile espagnole, en les pressentant comme des victimes du terrorisme, faisant un parallèle explicite entre le gouvernement Espagnol de 1936-1939 et l'ETA de l'an 2001.
En France, l'église déclare dès 1940 que "Pétain, c'est la France": elle préfère en effet le Travail-Famille-Patrie de l'Etat Français aux Liberté-Egalité-Fraternité de la République, qui l'ont toujours horrifiée.
Au cours de la deuxième guerre mondiale, le Vatican est au courant des exterminations de juifs par les nazis. On saura après la guerre que le pape a hésité à lancer un appel public, à plusieurs reprises, mais s'est finalement abstenu de le faire, essentiellement car il est communistophobe, et pense qu'une victoire russe serait "pire". En 1942, il pleure par contre parmi les ruines de Rome bombardée et condamne les bombardements alliés. Hélas, il oublie de mentionner que son allié politique Mussolini avait sollicité auprès d'Hitler "l'honneur de participer aux bombardements sur Londres" - il est vrai que le pape n'habite pas à Londres ...
En avril 1941, les allemands envahissent la Yougoslavie. Un fanatique catholique, Ante Pavelic, proclame l'indépendance de la Croatie, avec le but avoué d'en faire un état catholique modèle, selon l'enseignement de l'Église. Il reçoit immédiatement la bénédiction de l'Archevêque de Zagreb, Monseigneur Stepinac. Pendant toue la guerre, Ante Pavelic, que Hitler et Mussolini méprisaient car ils le trouvaient trop violent à leur goût, enverra des rapports réguliers au Pape Pie XII sur la progression de la catholicisation de la Croatie. Le chiffres sur les conversions (plus de 300000 au cours de la guerre!) obtenues de gré ou de force que l'on trouve dans ces rapports au Saint Siège sont fournis par l'Archevêque Stepinac, qui sera béatifié par Jean-Paul II à la fin des guerres de Yougoslavie des années 1990. Dans les semaines qui suivent son arrivée au pouvoir, Pavelic fait ouvrir des camps de concentration pour les orthodoxes. Beaucoup des gardiens et des bourreaux des camps de concentrations seront des frères franciscains. L'un d'eux, Frère Mirosav Filipovic, sera même le commandant du camp de Jasenovac où plus de 40000 hommes, femmes et enfants trouvent la mort. Dans toute la Croatie, des conversions forcées de masse ont lieu. Quelques fois, les prélats et les Oustachis célèbrent ces "conversions" avec le sang au lieu de l'eau, pour reprendre un bon mot Oustachi. Le clergé participe activement aussi à ces tueries. Par exemple, le père Ivan Raguz lance un appel public demandant de tuer tous les Serbes (Orthodoxes), y compris les enfants, "afin que même la semence de ces bêtes ne reste".. Le génocide d'orthodoxes pare le régime théocratique des Oustachis tue environ 400000 personnes.
En été 1941, lorsque les armées de l'Axe progressent dans les steppes russes, le Vatican demande officiellement au commandement de la Wehrmacht de pouvoir envoyer des missionnaires dans le sillage des troupes allemandes pour convertir au catholicisme les paysans russes orthodoxes. Hitler refusera, non pour des motifs idéologiques, mais pour des motifs purement logistiques et pratiques: avec l'humour parfois caustique propre aux dictateurs, il dira à ses conseillers qui le pressent d'accepter "Si on laisse les catholiques y aller, il faudra le permettre aussi aux autres églises, et bientôt nous auront dans nos arrières des missionnaires des différentes sectes chrétiennes qui se battent à coup de crucifix".
Il faut préciser que le pape persiste dans son parti pris pour les nazis très longtemps pendant la guerre. En septembre 1943, suite à la capitulation de l'Italie face aux alliés, les allemands occupent Rome, et les rafles de juifs romains commencent. Le gouvernement allemand est inquiet des réactions possibles du Pape, et envoie à Rome le secrétaire d'état von Weizsäcker pour examiner la situation. Le 28 octobre 1943, il communique au ministère des affaires étrangères: "Malgré les pressions exercées sur lui de plusieurs côtés, le Pape ne s'est laissé pousser à faire aucune déclaration de protestation contre la déportation des juifs de Rome". Ensuite, le Pape prend ouvertement parti pour l'occupant contre les résistants: le 12 mars 1944, pendant la fête de son ascension sur le trône, il lance un appel contre l'insurrection populaire contre l'occupant. Le 23 mars 1944, alors que l'on entend, la nuit, dans le lointain, les artilleries alliées qui pilonnent les lignes allemandes, des résistants tuent 32 soldats allemands. Le lendemain, 335 italiens sont exécutés: des prisonniers politiques et de droit commun, ainsi que des civils. L'exécution a lieu dans le plus grand secret, dans une grotte dont on dynamite ensuite l'entrée. Lorsque, le lendemain, le massacre est connu et les cadavres sont découverts, les allemands répandent le bruit qu'ils avaient offert aux résistants de se livrer pour éviter le massacre. Cela est faux, bien sûr (l'exécution des 335 civils a eu lieu le lendemain de l'attentat, entourée du plus grand secret), mais cela n'empêche pas le journal officiel du Saint Siège, l'Osservatore Romano, de publier un éditorial (non signé), intitulé Carità civile ("charité civile"), qui attribue textuellement la responsabilité des 335 personnes assassinées par les SS allemands aux résistants. L'article en appelle ensuite aux "irresponsables" dirigeants de la résistance, leur demandant de ne plus sacrifier de vies humaines, et lance un vague appel de modération aux "responsables de l'ordre public" (les autorités fascistes et national-socialiste).
Les églises protestantes européennes ne se comportent guère mieux que l'église catholique face à la persécution des juifs par les nazis. Seules des rares voix s'élèvent, pas pour défendre les juifs, mais seulement les juifs convertis au christianisme. En 1942, l'église protestante néerlandaise menace les nazis de protester plus bruyamment si les juifs convertis au protestantisme continuent à être inquiétés. Les nazis proposent alors aux prélats néerlandais un pacte véritablement diabolique: en échange de son silence, l'église protestante néerlandaise obtient des nazis qu'ils renoncent à déporter les juifs qui se sont convertis au protestantisme avant 1941. Il va sans dire que ceux qui se sont convertis après 1941, ou qui ont commis l'erreur de se convertir au catholicisme, ne sont pas épargnés.
1948
Le pape déclare que toute personne qui voterait communiste ou qui aiderait ce parti politique, de quelque manière que ce soit, sera automatiquement excommuniée. La mesure divise des familles, provoque des exclusions socialement intolérables pour beaucoup, et contraint à la clandestinité nombre de communistes de zones rurales.
Les curés italiens s'empressent de traduire cette décision dans les faits, et appellent leurs ouailles à voter pour le grand parti anticommuniste (DC - Democrazia Cristiana). Le régime DC s'effondrera ensuite dans la corruption généralisée au milieu des années 1990.
1961
Dernière édition de l'index (Index Additus Librorum Prohibitorum), qui cite comme auteurs dont l'ensemble de l'œuvre est interdite de lecture pour les catholiques, entre autres: Jean-Paul Sartre, Alberto Moravia, André Gide. Ce n'est qu’en 1966 que l'index sera officiellement abrogé par l'église catholique.
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Message  Arlitto Dim 29 Mai 2016, 00:00

Années 1980


Après une période d'apparente libéralisation, le pape Jean-Paul II arrive à la tête de la plus grande secte du monde et renoue avec les traditions les plus terribles de l'église.


Sa condamnation du préservatif comme moyen d'endiguer la lutte contre le Sida provoque un nombre de morts difficile à estimer. Il pratique une politique active de sabotage des mesures de contrôle des naissances dans le tiers monde: les conséquences de cette action sont difficiles à chiffrer, mais se mesurent en termes de famine, misère, manque de soins médicaux au niveau des continents les plus pauvres (Amérique du Sud, Afrique).


Dans la chasse aux hérétiques, il suspend "A Divinis" deux théologiens allemands qui avaient osé douter, l'un de l'infaillibilité papale, l'autre de l'immaculée conception de Marie.


1985: La Théologie de la Libération face au Saint Office


Au début des années 1980, des théologiens catholiques brésiliens développent le concept de théologie de la libération: ils affirment que le christianisme est censé être un défenseur des pauvres et des opprimés, et que l'église devrait défendre les droits de l'homme. Cette interprétation des évangiles ne plaît pas, bien sûr, aux instances dirigeantes de l'église catholique, mais elle est plus ou moins tolérée jusqu'au jour ou l'un de ces théologiens, le père franciscain Leonardo Boff, se permets d'écrire que l'Église devrait elle aussi respecter les droits de l'homme.


La réaction ne se fait point attendre. La Congrégation pour la doctrine de la foi (le nouveau nom, depuis Vatican II, du Saint Office), convoque Leonardo Boff à Rome. La congrégation tient ses procès dans la même pièce qu'elle utilisait lorsqu'elle s'appelait Saint Office pour l'inquisition. Leonardo Boff a ainsi le privilège de s'asseoir sur le même siège où furent assis Giordano Bruno et Galilée. Leonardo Boff racontera plus tard qu'il a fait une révérence à cette chaise en entrant, avant de remercier le chef du Saint Office pour l'honneur qui lui était fait en lui permettant de s'asseoir dessus. Le résultat est que Boff est interdit de publication. Il peut rester prêtre, mais n'a plus le droit de rien publier. Comme il reste actif au sein de l'église brésilienne, participant à colloques et conférences diverses, il reçoit l'ordre de Rome de quitter le Brésil, pour au choix, un monastère aux Philippines ou un en Corée, et de se retirer complètement de tout contact avec l'extérieur. Il doit choisir entre quitter la prêtrise et l'exil cloîtré: il choisit finalement de quitter la prêtrise.


L'histoire est intéressante, car elle montre que l'église, et son Saint Office, continuent à opérer avec la même dureté que par le passé. Si Boff n'a pas été menacé de torture comme Galilée, cela est dû uniquement au fait que l'église n'en avait point la possibilité. Elle avait par contre la possibilité de le faire taire ou de le forcer à quitter sa profession, et elle a fait plein usage de cette possibilité. Elle montre aussi que le christianisme n’est pas compatible avec les droits de l'homme, tels que nous les comprenons depuis la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, et que ces derniers sont officiellement et activement combattus par l'église catholique.


Ce souriant personnage au chapeau bizarre est le Cardinal Ratzinger, président de la Congrégation pour la doctrine de la foi (ex Inquisition) depuis 1987, responsable de bien des excommunications et suspensions. Ce brave homme est maintenant devenu pape sous le nom de Benoît XVI et a effectué un net retour en arrière par rapport à son prédécesseur...


1987 - Le combat contre la procréation médicalement assistée


Les années 1980 voient des progrès importants en matière de procréation médicalement assistée. Les couples sans enfants peuvent désormais recourir a l'insémination par sperme de donneur et à la fécondation In-Vitro (FIV). Las, ces méthodes sont de nature à diminuer la souffrance - dans ce cas, des couples stériles - et ne peuvent donc plaire à l'église, qui sait malheur et désespoir sont des terreaux fertiles pour le christianisme, religion eschatologique qui promet le bonheur après la mort à ceux qui souffrent dans la vie. La Congrégation pour la doctrine de la foi (ex Inquisition) publie donc une Instruction, approuvée par le pape, intitulée Donum Vitae, qui condamne, pèle mêle, toute les nouvelles méthodes de procréation médicalement assistées. Avec des arguments obscurs résultant d'interprétations des paroles de prophètes-bédouins que l'on trouve dans la Bible, écrites à une époque où même l'insémination artificielle des chameaux était inconcevable, l'église jette l'opprobre sur la FIV et l'insémination artificielle par sperme de donneur. L'on pourrait rire de cet anathème lancé en l'an 1987 par une secte qui se base sur des textes de bédouins d'il y a 3000 ans, mais hélas, non seulement des catholiques suivent les instructions de leur secte et assument les souffrances qui en résultent, mais surtout l'église catholique dispose en 1987 dans de nombreux pays européens de partis démocrates-chrétiens. Dans les pays où ces partis sont les plus forts, Suisse et Allemagne, l'église n'arrive pas à interdire complètement la procréation assistée mais obtient tout de même que des législations très restrictives soient adoptée: le diagnostic préimplantatoire (qui permet aux couples porteurs de gènes de maladies héréditaires graves comme la mucoviscidose) d'avoir des enfants sains) est interdit. L'insémination par sperme de donneur est entourée de tant d'interdits qu'elle est peu utilisée. Pour la FIV, l'église obtient l'interdiction de la congélation d'embryons, ce qui diminue les chances de succès de la procédure.


Le combat contre la procréation assistée devient un des grands combats de l'église à la fin du XXème siècle. Elle se bat, généralement avec succès, pour que l'insémination avec sperme de donneurs soit interdite aux couples de femmes homosexuelles. En Suisse, elle obtient que la FIV ne soit pas remboursée par les assurances-maladie et des associations catholiques soutiennent en 2000 une initiative populaire visant à interdire la FIV. Le combat continue à l'heure ou j'écris ces lignes: au Sud des Alpes, l'église catholique s'agite pour obtenir en Italie aussi une loi restrictive sur la FIV, sur le "modèle" allemand.


Années 1990: Guerres de religion en Yougoslavie


La Yougoslavie était dans les années 1980 de notre siècle une des terres favorites de vacances balnéaires pour les européens. Les publicités yougoslaves de l'époque vendent le caractère multi-religieux du pays comme argument touristique, car il est vrai que l'on peut voir à Mostar et beaucoup d'autres charmants villages la mosquée et l'église d'un même coup d'oeil. Hélas, le pays s'effondre dans une série de guerres civiles que l'on se plaît à décrire comme "ethniques" alors qu'il s'agit en fait de guerres de religion. Le cas de la guerre de Croatie est le plus flagrant. Serbes et Croates partagent la même origine ethnique, et aussi la même langue, le Serbo-Croate, que l'on appelle Croato-Serbe quand il est écrit en caractères latins. Le plus ironique est que le "Serbo-Croate écrit en caractères latin", c'est à dire le Croato-Serbe, est aujourd'hui encore la langue officielle de l'armée Yougoslave, qui se bat contre l'OTAN au Kosovo, après s'être battue contre les Croates au début des années 1990.


Hélas, la religion sépare Croates et Serbes: les "Croates" ont étés christianisés par Rome, et sont catholiques. Les Serbes, qui écrivent le Serbo-Croate en caractères cyrilliques, ont étés christianisés par les Byzantins et sont donc orthodoxes. Lorsque Milosevitch, le dictateur serbe, commence à agiter le spectre de la "Grande Serbie", la Croatie déclare son indépendance. Aussitôt, le Vatican et la RFA (dont le chancelier de l'époque se proclame "überzeugter Katholik" - catholique convaincu) reconnaissent la Croatie catholique comme état indépendant. Le Vatican dépêchera ses nonces dans tout l'Occident pour obtenir la reconnaissance du nouvel état catholique. Le pape multiplie appels, prières et messes pour l'indépendance de la Croatie. Pendant ce temps, le dictateur de la Croatie, ancien officier supérieur sous le régime communiste et catholique très observant, fait licencier tous les fonctionnaires orthodoxes, soit "Serbes". Il choisit comme drapeau national l'ancienne bannière des Oustachis qui, entre 1940 et 1944, avaient fait un génocide d'environ 600000 serbes. La guerre civile est déclenchée.


A guerre finie, le Pape béatifiera le Cardinal Stepinac, qui avait qualifié Ante Palevitc, le dictateur Oustachi de 1940-1944, de "don de dieu" pour la Croatie et l'avait soutenu activement.


La guerre de Yougoslavie continue ensuite en Bosnie, où les membres des 3 groupes religieux (catholiques, orthodoxes, musulmans) s'affrontent dans une série de combats triangulaires dont les populations civiles sont les principales victimes. A l'heure où j'écris ces lignes, la guerre est encore en cours au Kosovo, province agricole sans intérêt stratégique, avec velléités d'autonomie, que Belgrade ne veut pas lâcher car il s'y trouve nombre de monastères orthodoxes. Il va de soi que l'église orthodoxe s'active pour soutenir par prières et sermons la lutte des serbes contre les Kosovars musulmans.


Les guerres de Yougoslavie sont un cas emblématique de la catastrophe de l'intolérance qui est inhérente aux religions "révélées": des communautés religieuses s'affrontent, au XXème siècle, au nom de religions qu'elles ont reçu au hasard de l'expansion de divers empires (Romain, Byzantin, Ottoman) entre l’Antiquité classique et le Moyen Âge.


1994 - Sexe, mensonges et répression


 L'église catholique oblige depuis le Moyen Âge ses prêtres à renoncer à toute vie sexuelle au moment de leur ordination. Et, de tout temps, elle entretien des monastères de femmes, où vivent des nonnes qui ont elles aussi renoncé à toute vie sexuelle et se déclarent épouses du Christ. Les contacts entre prêtres et religieuses sont inévitables, entres autres car les prêtres confessent régulièrement les religieuses. De cette situation explosive naissent inévitablement des problèmes. La gravité du problème potentiel et ses causes sont connus depuis des lustres, mais l'église catholique s'acharne longtemps à le nier et aucune étude n'est faite sur la fréquence et l'extension du problème. Cette situation de je ne vois pas - je ne n'entends pas - je ne sais pas commence à s'effriter en 1994: une religieuse, qui est aussi médecin, sœur Maura O'Donohue, chargée de la coordination de la campagne contre le SIDA d'une organisation basée en Angleterre, remet un rapport qui recense des cas d'abus sexuels et de viols répétés de la part de prêtres sur des religieuses dans pas moins de 23 pays. La plupart des cas concernent l'Afrique, mais sont aussi cités des cas de viols et abus sexuels au Brésil, en Colombie, aux Philippines aux USA, en Irlande et en Italie. Le rapport est accablant. Parmi les cas les plus choquant qu'il cite, il y a celui d'une mère supérieure, relevée de ses fonction parce que elle avait signalé à son évêque la grossesse simultanée de 29 de ses sœurs, et le cas d'un prêtre qui a célébré la messe de requiem d'une religieuse qu'il avait contrainte à avorter après qu'elle fut devenue enceinte de lui, et qui est morte au cours de l'opération. La méthode que l'église catholique utilise pour "résoudre" ce genre des cas est exposée: généralement, la sœur enceinte est chassée du couvent, alors que le prêtre reste bien sûr en fonction.


D'après l'auteur du rapport, 2 raisons expliquent l'ampleur du phénomène en Afrique: d'une part, les prêtres considèrent les religieuses des partenaires "sûres", alors qu'ils craignent de contracter le SIDA auprès des prostituées. D'autre part, relève Maura O'Donohue, en Afrique, "il est impossible à une femme de dire non à un homme, spécialement à un ancien et à un prêtre".


Bien sûr, l'église garde le rapport dans le plus grand secret, et une partie de son contenu ne sera révélé au public qu’en mars 2001 par un journal catholique américain, le National Catholic Reporter.


Le rapport de Maura O'Donohue n'est pas le seul que la Vatican reçoit dénonçant le phénomène, son ampleur, et la couverture par la hiérarchie catholique des coupables. En 1998, une autre religieuse et médecin, Marie McDonald, supérieure des Missions de Notre Dame d'Afrique, allait dans le même sens et dénonçait "l'absence d'inspection et la conspiration du silence". Au cours du synode des évêques d'Océanie, qui s'était tenu à Rome en 1998, l'évêque de Sidney, Goeffroy Robinson, affirme que "les abus sexuels de la part de prêtres sont devenus le principal obstacle à la prédication de l'évangile en Océanie".


Le Vatican niera en bloc tout problème jusqu'à la publication du National Catholic Reporter. Ne pouvant plus nier, il s'emploie à minimiser, et son porte-parole déclare suite à cette publication qu'il ne faut pas oublier "la foi souvent héroïque manifestée par la grande majorité des hommes et des femmes des ordres religieux et du clergé". Il ne précise pas si l'héroïsme manifesté par les religieuses violées acceptant de garder le silence une fois chassées de leur communauté fait partie de cet héroïsme à admirer.


On retrouve ainsi, en 2001, les méthodes que l'église emploie depuis toujours. L'abus des faibles par les forts - dans ces cas les prêtres - est toléré, les victimes sont punies - dans ce cas par expulsion du monastère ou par des pressions pour avorter - et ceux qui osent dénoncer l'affaire, même à l'intérieur de la hiérarchie de l'église, sont également punis durement, comme la Mère supérieure qui fut relevée de ses fonction pour avoir signalé à son évêque la grossesse simultanée de 29 de ses sœurs.


1994 - Assistance aux génocidaires du Rwanda


A tout seigneur tout honneur, il faut reconnaître à l'église catholique le mérite de savoir pardonner à ceux qui ont fait du mal à autrui (surtout si ce sont des membres de son clergé qui ont fait le mal), et de savoir tendre la main au prochain dans le besoin, de préférence si le prochain est à la fois un criminel et un religieux. En 1994, l'Église catholique met en place un vaste réseau d'aide aux religieux accusés de participation au génocide du Rwanda.


On estime à 800000 le nombre de Tutsi et Hutus modérés massacrés par les partisans du parti Hutu Power dès avril 1994. Les religieux catholiques, semble-t-ils, ne se comportent pas différemment que le reste de la population: certains religieux participent aux massacres, d'autres au contraire essayent de cacher ou défendre des victimes. En juillet, les troupes du FRP Front Populaire pour le Rwanda (Tutsi) entre à Kigali et met fin au massacre. Les génocidaires fuient en masse vers le pays voisins. Les conditions de vie de ces réfugiés sont très dures.


 C'est donc avec une charité bien comprise commençant par soi-même que l'église catholique met en place un vaste réseau pour permettre à ses membres qui ont participé au génocide de retrouver des cieux plus clément et d'échapper à la justice internationale. L'affaire ne deviendra publique qu’en avril 2001, lorsque l'Europe stupéfiée découvre sur ses écrans de télévision deux religieuses Rwandaises accusées de participation à un génocide devant un tribunal belge. Sœur Gertrude et sœur Kisito étaient en avril 1994 respectivement Mère supérieure et Intendante de leur couvent lorsque des centaines de réfugiés cachés dans un hangar près de leur couvent et dans leur couvent sont massacrée et en partie brûlés vifs. Les deux sœurs auraient livré les réfugiés cachés dans leur couvent aux génocidaires, et apporté elles-mêmes des bidons d'essence pour enflammer le hangar plein de réfugiés. Sœur Kisito aurait même alimenté les flammes avec de l'herbe sèche. La cours reconnaîtra d'ailleurs la culpabilité des deux bonnes sœurs et les condamnera à de lourdes peines de prison. Dès août 1994, l'église catholique donne refuge aux deux sœurs dans un couvent au Sud de la Belgique. Le public européen découvre avec stupéfaction que le cas des deux sœurs n'est pas isolé. En Belgique, mais aussi dans d'autres pays européens, l'on trouve maints prêtres et religieux accusés de participation au génocide qui coulent des jours paisibles loin des tribunaux Rwandais et internationaux, grâce à l'aide de l'église catholique. Par exemple, le public découvre début 2001 que l'abbé Emmanuel Rukondo, prêtre officiant dans la paisible paroisse de Granges-Canal à Genève, figure sur une liste du gouvernement Rwandais de personnes mise en cause dans le génocide. Ce brave prêtre avait pu quitter le Rwanda après le génocide grâce à une bourse offerte par la Vatican. Après des études à l'Université Pontificale, nous le retrouvons aumônier à l'hôpital cantonal de Genève, où son expérience de la mort a dû sans doute lui être utile. Bien sûr, l'église catholique défend son prêtre: nul ne doute que si il est coupable de ce dont on l'accuse, son dieu l'a pardonné et donc l'église, en manque chronique de prêtre, le défend: dans le calendrier de la semaine sainte de Pâques 2001 de la paroisse de l'accusé de génocide, l'on trouve ainsi un étonnant communiqué intitulé "Rumeur infamante", et ce communiqué a été lu aux messes des 24 et 25 mars qui condamne fermement ceux qui ont osé dire que le prêtre est officiellement recherché par le Tribunal International pour le Rwanda. . Dans la meilleure tradition, l'église catholique se considère au-dessus des lois - y compris des lois internationales dans ce cas. Quand enfin la police arrête le prêtre en juillet 2001, son supérieur hiérarchique, l'évêque de Lausanne-Genève-Fribourg Monseigneur Genoud ose affirmer à la télévision Suisse Romande qui l'interroge qu'il ne savait rien et que pour lui "c'est la consternation".


Comme d'habitude, l'Église nie l'évidence jusqu'au bout. Le cas des deux sœurs avait déjà été dénoncé par l'organisation des Droits de l'homme Africa Watch en 1995.
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Message  Arlitto Dim 29 Mai 2016, 00:00

1996 - Autodafés de préservatifs
Le 31 août 1996, le cardinal de Nairobi, Monseigneur le Cardinal Maurice Otunga, remet au goût du jour une vénérable tradition chrétienne: l'Autodafé. Mais le Cardinal est un homme de son temps. L'Afrique étant ravagée par l'épidémie du SIDA, le saint homme ne livre pas aux flammes des hérétiques, mais des boîtes de préservatifs et des petits livres sur le SIDA et comment s'en protéger. Une petite foule de 250 fidèles assiste à cette cérémonie.
Mais le Cardinal n'en est pas à son coup d'essai. Un an avant, il avait déjà fait preuve d'un esprit œcuménique peu banal en procédant à un premier Autodafé de préservatifs en compagnie de l'Imam de la mosquée de Jamia en août 1995.
Le Cardinal Maurice Otunga n'est pas un personnage insignifiant dans l'église catholique: il était considéré comme un papable à l'époque de l'élection du pape Jean-Paul II, et ses Autodafés ne lui attirent aucun reproche du Vatican.
Les œuvres que le Cardinal jette aux flammes ne sont pas de banals manuels sur l'usage du préservatifs, mais des livrets développés par des ONG locales au cours d'un long travail sur deux ans financé par le Programme for Appropriate Technology in Health du Kenya. Ces livrets proposaient L'ABC de la protection contre le SIDA: "A for abstinence, B for being faithful and C for condom use". Le C ayant eu l'heur de déplaire aux prélats catholiques, les livres finirent dans les flammes. D'autres évêques Africains participent aussi à la lutte contre le préservatif. Par exemple Monseigneur Jean-Marie Untaoni Compaoré, archevêque de Ougadougou au Burkina-Faso lance en 1996 le slogan: "Pour combattre le sida, luttons d'abord contre le préservatif car celui-ci empêche d'avoir une conception globale de la relation sexuelle".
 Pour saisir toute la gravité du geste du Cardinal kenyan, il faut rappeler que au moment de l'Autodafé de 1996, l'on estimait que 1 million de Kenyans (sur un total de 26 millions) étaient porteurs du virus HIV. L'église catholique étant très respectée au Kenya, les ONG’s qui avaient imprimé les livres brûlés n'osèrent pas attaquer de front la secte des incendiaires.
1999 - Contre les victimes de viols collectifs
En 1999, la situation depuis longtemps tendue au Kosovo, province de la Serbie orthodoxe dont la population est à majorité musulmane, dégénère en guerre civile. A l'intervention militaire de l'OTAN, les milices serbes répliquent en chassant de leurs habitations les musulmans. Nombre de femmes qui parviennent à atteindre les frontières du Kosovo affirment avoir été victimes d'odieux viols collectifs de la part de miliciens. Les agences d'aides des Nations Unies et de la Croix-Rouge des pays de l'OTAN distribuent alors à celles de ces femmes qui le demandent des pilules du lendemain.
La réaction de l'église, qui voit là une opportunité unique de s'en prendre à des personnes en détresse, est immédiate: le 13 avril 1999, le théologien moraliste du Vatican, Mgr Elio Sgreccia, vice-président de l'Académie pontificale pour la vie, condamne publiquement la distribution de pilules du lendemain aux femmes et aux jeunes filles violées au Kosovo. Le prélat souligne que cette pilule a une action abortive et donc elle est inacceptable pour la morale catholique.
2001 - Prêtres pervers et petits enfants
Depuis un millénaire, l'église catholique impose le célibat à ses prêtres. Cette obligation attire bien sûr les personnes à sexualité "déviante", dont les pédophiles. Ils suivent souvent inconsciemment - et seulement spirituellement - le mot de Jésus, qui avait dit qu'il y a des croyants qui se font eunuques pour entrer dans le royaume de Dieu.
Hélas, l'église catholique fait de grands efforts pour endoctriner les enfants, et les prêtres sont impliqués dans ces actions de propagande pour mineurs que l'on nomme le catéchisme. Une situation explosive est donc crée: l'on attire, par la possibilité de "se faire eunuque", des pédophiles, puis on les soumet quotidiennement ou presque à la tentation.
Le problème est ancien, connu. Déjà au Siècle des Lumières, l'Abbé Bernier, baron d'Holbach, écrivait dans son Dictionnaire abrégé de la religion chrétienne, en parlant de la "compagnie de Jésus" :"(...) communément elle n’en veut point aux femmes, les petits garçons ne s’en tirent pas à si bon marché.". Mais ce n'est qu'à la fin du XXème siècle que toute la gravité et l'extension du problème deviennent visibles et médiatisés par de nombreuses affaires sordides au cours de la deuxième moitié des années 1990. Ce qui frappe le public, dans toutes ces affaires, ce n'est pas tant le délit en soi que la réaction de l'église catholique: systématiquement, celle ci s'active pour protéger ses clercs des foudres du bras séculier de la justice. Une première affaire retentissante de ces années est celle de l'ancien cardinal archevêque de Vienne, un ami personnel de Jean-Paul II: l'église catholique lui permet d'aller passer sa retraite dans un monastère de nonnes en Allemagne, échappant ainsi à la justice autrichienne. Le 9 avril 1998, alors que plusieurs affaires de prêtres pédophiles secouent l'opinion publique belge, la justice traite enfin, pour la première fois de mémoire d'homme, l'église catholique comme une personne morale soumise aux même lois que le reste de la société: la 34ème chambre du tribunal correctionnel de Bruxelles non seulement condamne un prêtre pédophile, l'abbé André Vanderlyn, ancien curé de la paroisse bruxelloise de Jésus Travailleur à Saint- Gilles, coupable de plusieurs abus sexuels commis sur plusieurs enfants au catéchisme, à une peine de prison ferme, mais reconnaît aussi la responsabilité civile du Cardinal Danneels et son évêque auxiliaire, Mgr Paul Lanneau. Les deux hauts prélats étaient en effet au courant des agissements du prêtre pédophile, mais non seulement ils avaient gardé le silence, mais en outre ils n'avaient pris aucune mesure pour éviter le contact entre le pervers et ses victimes potentielles. A l'époque, les belges pensent que ce jugement fera jurisprudence, et que cela portera l'église à refréner les pulsions de ses prêtres pervers. Tous les regards se tournent vers Gand, où une autre affaire sordide est jugée: un prêtre a reconnu une relation homosexuelle avec un jeune paroissien, mais affirme qu'elle n'a commencé que lorsque la victime était majeure. Faux, accusent les parents de la victime, qui portent plainte: la 14ème chambre correctionnelle du tribunal de Gand juge le 10 juin 1998 que la relation a bien commencé alors que la victime était mineure, avec la circonstance aggravante que le prêtre pédophile a abusé de sa position d'autorité. Le prêtre est condamné, mais par contre le tribunal refuse de reconnaître la responsabilité civile de l'évêque, son supérieur direct, au prétexte que l'autonomie du prêtre dans son travail est supérieure à celle d'un employé de son supérieur dans une autre société.
Les cas de prêtres pédophiles dénoncés se multipliant, l'épiscopat français, le dos au mur, proclame début 2001 qu'il ne couvrira plus les agissements des prêtres pédophiles. Hélas, en mars 2001, une nouvelle affaire de pédophilie d'un prêtre secoue la francophonie, cette fois en Suisse: à Vevey, l'on apprend que le curé est sous accusation pénale pour détournement de mineurs: il a eu des rapports sexuels avec un jeune de 15 ans à l'époque des faits. Le conseil de paroisse apprend les faits, et, immédiatement, lui pardonne et décide de cacher l'affaire aux paroissiens qui confient leurs enfants à cet individu lors du catéchisme. Mais les catholiques sont ainsi, ils sont toujours très prompts à se pardonner le mal fait à autrui. L'évêque ordonne de garder le secret sur l'affaire car les faits sont sans doute prescrits: ils datent des années 1980. Hélas pour l'église, la paroisse où le curé est accusé et n'échappera à la prison que grâce à la prescription et a un deuxième prêtre. Celui-ci s'indigne que l'on n'informe pas les paroissiens, et il semblerait qu'il ait passé à des tiers un "communiqué" que le conseil de paroisse avait préparé puis, après le pardon accordé au pédophile et l'ordre de silence de l'évêque, prudemment rangé dans un tiroir. Cette fois-ci, la réaction de l'église est immédiate: le prêtre dénonciateur est licencié: comme il avait un statut de fonctionnaire, il n'a pas de droit à l'assurance chômage, et, en raison de son expérience professionnelle et de son âge, sa réinsertion professionnelle s'annonce difficile. L'église justifie sa punition par le fait que non seulement le prêtre a informé des tiers du passé criminel de son collègue, mais en plus il vit avec une femme! Le prêtre pédophile est réconforté et protégé. La hiérarchie lui confie une nouvelle affectation pour ne pas lui imposer de devoir soutenir des regards hostiles, et lui renouvelle sa confiance, justifiée par le fait que les faits reprochés sont sans doute prescrits. Nous retrouvons donc le schéma classique: le pédophile est protégé par la hiérarchie et reste prêtre, il continuera à s'occuper de l'éducation religieuse des enfants, il est "pardonné pour le moment d'égarement" (par l'église, pas par la victime), le dénonciateur est, lui, sévèrement puni.
Pour compléter le tableau, le Présidium de la Conférence des évêques suisses se fend d'un communiqué le 5 avril 2001: il y dénonce ... les médias qui ont ébruité l'affaire! Sans citer nommément Vevey, le communiqué s'insurge contre le fait que les médias auraient dit que des prêtres "succomberaient à des pulsions pédophiles, abusant ainsi de leur autorité face aux enfants". Et le silence ? Il n'y a pas de silence, dit le communiqué, qui ose: "Peut-être dans certains cas la communication aura-t-elle mal passé, peut-être le désir de protéger un présumé innocent ou une probable victime aura-t-il poussé à ne pas informer suffisamment". Enfin, les évêques réaffirment leur plein soutien aux prêtres qui seraient accusés, et concluent " dans les cas d'erreurs [un abus sexuel d'une enfant est donc une erreur et non un crime, d'après les évêques, ndr] commises par des hommes d'Eglise et prouvées, le devoir des évêques est d'implorer le pardon des victimes, laissant à la justice la responsabilité de punir les contrevenants de façon équitable" : autrement dit: les prêtres pédophiles peuvent compter sur les évêques pour qu'ils essaient de pousser les victimes à ne pas porter plainte.
 Une fois que la tempête médiatique est enfin retombée, l'évêque responsable du diocèse où ont eu lieu les faits, Monseigneur Genoud, évêque de Lausanne-Genève-Fribourg, donne le 19 juin une conférence de presse pour condamner ... la masturbation ! Du haut de son autorité morale de protecteur de pédophiles, il explique la gravité extrême du geste. L'on ne peut qu’en conclure que pour l'évêque, il est plus grave qu'un adolescent se masturbe que ne soit abusé sexuellement par un prêtre.
 2001-2002 - La conspiration du silence
10 millions de Dollars! Telle est la somme que l'archidiocèse de Boston a investi discrètement entre 1997 et 2001 pour faire taire les victimes d'un prêtre pédophile actif, qui a agi dans le cadre de ses fonctions pendant plusieurs décennies, jusqu'en 1998. L'affaire serait restée secrète si elle n'avait été révélée par le journal Boston Globe. L'indignation est immense. En effet, en 1992, l'Église catholique américaine avait déjà été secouée par un fait semblable: plus de 100 victimes d'un prêtre pédophile obsédé, James Porter, du diocèse de Fall River, dans le Sud-Est du Massachussets, avaient apporté des preuves que le pervers avait été transféré de paroisse en paroisse pour le mettre à l'abri de la colère des parents d'enfants abusés, alors que son obsession et ses abus sur les enfants était connue de ses supérieurs. L'Eglise Catholique avait alors juré ses grands dieux que l'on ne l'y reprendrait plus. Elle avait en effet à ce moment là pris conscience que l'ère de l'impunité de ses clercs était passée. Déjà en 1985, un rapport confidentiel interne de l'église mettait en garde l'épiscopat sur le fait que "la confiance que nous pouvions avoir dans le passé sur les juges et procureurs catholiques pour qu'ils protègent les clercs du diocèse a disparu". En 1993, l'archevêque de Boston annonçait la mise en place de directives très sévères sur la pédophilie, qui prévoyaient entres autre que tout prêtre suspecté de pédophile devrait être temporairement éloigné de l'activité paroissiale. En janvier 2002, c'est le même Archevêque qui doit expliquer au public indigné pourquoi lui-même a ignoré les directives qu'il avait annoncé en 1993. Afin de lui permettre d'échapper à la justice américaine et à la vindicte populaire, l'église donne à l'archevêque un poste au Vatican en 2003.
Cette nouvelle affaire a un goût de déjà vu. Le prêtre a molesté plus de 130 enfants en près de 30 ans. Il gardera ses fonctions, et changera plusieurs fois de poste, jusqu'en 1998, alors que dès 1984 l'archevêque de Boston, Monseigneur Law, est averti par une lettre de l'obsession du père Geoghan. En 1985, il est en possession d'un rapport sur le traitement de la pédophilie, qui met en garde contre les risques très élevés de récidives. Mais le Monseigneur attend 1989 pour enfin demander au prêtre pervers de se soumettre à un traitement de 3 mois, après quoi il le renvoie en paroisse, où il est à nouveau en contact avec des enfants et fera de nouvelles victimes. Le prêtre s'attaque de préférence aux enfants de familles pauvres: il gagne la confiance des parents, achète des glaces aux enfants, après quoi il les abuse sexuellement. Lorsque des familles portent plainte, l'archevêché achète leur silence.
Le 24 juillet 2004, le State Attorney General (ministre de la justice de l'état) du Massachussetts publie un rapport d'enquête sur les abus sexuels d'enfants par les prêtres dans l'archevêché de Boston: on y apprend que plus de 1000 enfants auraient étés abusés sexuellement. Que l'abus d'enfants était accepté et couvert par la hiérarchie pendant au moins 6 décennies, et que les abus ont étés "tellement massifs qu'ils sont presque incroyables". Le rapport indique aussi que l'archevêché n'a pas pris et ne prévoit pas de prendre des mesures adéquates pour (1) déterminer les "causes systémiques" des abus sexuels par les prêtres (2) éliminer de l'organisation les prêtres ayant commis des actes pédophiles (3) prendre des mesures suite à son échec à prévenir les abus sexuels d'enfants (4) donner les informations à la justice civile et (5) prendre des mesures pour prévenir de futurs cas d'abus sexuels.
Il faut dire que la politique du maintient du secret à tout prix que l'Archidiocèse de Boston a suivi dans le cas du père Geoghan est conforme aux règles de l'Église Catholique. En effet, dans une lettre datant de 2001, approuvée par le Pape Jean-Paul II, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a instruit la hiérarchie sur la méthode appropriée de traitement des cas de pédophile: ces cas sont soumis au secret pontifical et traités exclusivement par des prêtres, dans des tribunaux ecclésiastiques dont procureurs, juges et défenseurs sont des prêtres et dont la procédure est évidemment secrète.
 A l'aube du troisième millénaire, l'Église Catholique est ainsi encore un nid de pédophiles: les clercs coupables d'abus sexuels contre des enfants continuent apparemment à êtres protégés: protégés de la justice, puisque toute affaire doit être tenue secrète et traitée uniquement en interne. Et protégés de la vindicte populaire, puisque l'église reste prête à investir des millions de Dollars pour imposer le silence aux victimes de chaque clerc pédophile.

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Remarque :



Dans ce long texte, l’auteur oublie certaines exactions cruelles des chrétiens, en particulier les nombreux massacres dus aux conquistadors espagnols, tout d’abord au sein de l’empire aztèque (Mexique actuel), puis au sein de l’empire inca (Pérou, Equateur, Bolivie, nord du Chili). Des dizaines de millions de morts en un siècle et l’usage généralisé de l’esclavage, plus une épidémie de variole qui tua de nombreux indiens. Qui dit mieux ? Par ailleurs, la croisade actuelle et l’acharnement du Vatican contre le droit à l’avortement et l’usage des préservatifs n’est certes pas le plus grand titre de gloire des successeurs les plus récents de Saint Pierre (oui, celui qui avait deux crânes !) et montre seulement l’obsolescence de leur doctrine.
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