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Le Babel de la pensée moderne

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Le Babel de la pensée moderne Empty Le Babel de la pensée moderne

Message  Arlitto Dim 07 Aoû 2016, 16:03

Le Babel de la pensée moderne

Extraits de l'article « The Babel of Modern Thought » de H.P. Blavatsky
[...] La Doctrine Secrète ne développe aucune philosophie nouvelle, elle ne fait que révéler le sens caché de quelques allégories religieuses de l'antiquité, et la lumière qu'elle projette sur elles est celle des sciences ésotériques. Elle montre, aussi, la source commune, d'où ont jaillies toutes les religions et les philosophies du monde. Son but principal est de montrer, que quel que soit les divergences qui semblent exister, sur le plan extérieur ou objectif, entre les doctrines et les systèmes du passé, l'accord entre toutes devient parfait, dès que le sens ésotérique ou intérieur de ces croyances et de leurs symboles est analysé et comparé avec soin. Il est aussi affirmé que ses doctrines et sciences, qui forment un ensemble entier de faits universels cosmiques, d'axiomes et de vérités métaphysiques, représentent un système complet et sans failles. Celui qui est suffisamment brave et persévérant, et qui est prêt à écraser l'animal en lui-même et à oublier son moi humain, pour le sacrifier à son Ego Supérieur, pourra toujours trouver son chemin pour être initié à ces mystères. C'est la seule prétention de la Doctrine Secrète.


 La période pendant laquelle l'Humanité naissante, suivant la loi d'évolution naturelle et double, descendait avec l'esprit dans la matière – est close. Nous (l'Humanité) sommes maintenant en train d'aider la matière à s'élever vers l'esprit ; et pour cela nous devons aider la substance à s'affranchir de l'étreinte vicieuse des sens. Nous sommes, la cinquième Race Racine [i.e., toute l'humanité actuelle], les descendants directs de l'Humanité primitive de cette Race ; ceux qui, après le Déluge, essayèrent, en la commémorant, de sauver la Vérité et la Sagesse antédiluviennes, ont été freinés dans leurs efforts par le sombre génie de la Terre – l'esprit de matière, que les Gnostiques appelaient Ildabaoth et les Juifs Jéhovah. Pensez-vous, que même la Bible de Moïse, ce livre que vous connaissez si bien et comprenez si mal, ait laissé sans témoins les affirmations de l'Ancienne Doctrine ? Elle ne l'a pas fait. Permettez de terminer avec un passage qui (vous) est familier, mais en l'interprétant dans sa vraie lumière.
A l'origine, ou plutôt, pendant l'enfance de la cinquième Race, « toute la terre était d'une lèvre, et d'une parole », dit le chapitre XI de la Genèse. Lue à la lumière de l'ésotérisme, cela signifie que l'humanité avait une doctrine universelle, une philosophie, commune à tous. Les hommes étaient unis par une religion, que ce terme dérive du latin relegere, « rassembler, ou être unis » en parole et en pensée, de religens, « révérer les dieux, » ou de religare, « être fortement liés ensemble ». Considéré d'une manière ou d'une autre, cela signifie indéniablement et pleinement que nos ancêtres après le « déluge » partageaient en commun une vérité – i.e., ils croyaient en cet ensemble de faits subjectifs et objectifs qui forme le tout consistant, logique et harmonieux que nous appelons la Religion Sagesse.

Maintenant, si on lit les neuf premiers versets du chapitre XI entre les lignes, nous trouvons l'information suivante. Les Sages de cette époque, nos premiers pères, étaient évidemment au courant de cette vérité évidente et impérissable qui enseigne que c'est dans l'union seule que se trouve la force – et bien entendu, l'union de pensée autant que l'union entre les nations. Sinon, en désunion ils seraient « dispersés sur la surface de la terre » ; et, en conséquence, leur religion-Sagesse serait brisée en un millier de fragments ; et ils ne s'élèveraient plus comme avant, par la connaissance, vers les cieux, mais seraient attirés, par une foi aveugle, vers la terre – les hommes sages, « venus d'Orient », imaginèrent un plan. À cette époque, les temples étaient des lieux d'enseignement, et non de superstition ; les prêtres enseignaient la Sagesse divine, non des dogmes inventés par l'homme, et l'ultima thule de leurs activités religieuses n'était pas focalisée sur la boite à deniers, comme à présent. Ainsi : « 'Allons,' dirent-ils 'bâtissons une ville et une tour, dont le sommet puisse atteindre les cieux, et faisons-nous un nom'. Et ils firent des briques cuites et les utilisèrent comme pierre, et construisirent avec une ville et une tour ».

Jusque-là, c'est une très vieille histoire, connue aussi bien du premier venu de l'école de catéchisme du Dimanche que de Monsieur Gladstone. Tous deux croient très sincèrement que ces descendants des « maudits de Cham » étaient d'orgueilleux pêcheurs dont le but était semblable à celui des Titans, qui ayant atteint « les cieux », la demeure supposée des deux, insultèrent et détrônèrent Zeus-Jehova. Mais puisque nous trouvons l'histoire racontée dans les Écritures révélées (1), elle doit avoir, comme toutes les autres écritures, son interprétation ésotérique. Pour cela, le symbolisme Occulte nous aidera. Toutes les expressions que nous avons mises en italique, quand elles sont lues dans le texte original Hébreux et selon les canons du symbolisme ésotérique, conduisent à l'interprétation suivante :

1. - « Et toute la terre (l'humanité), était d'une lèvre (c.-à-d., professait les mêmes enseignements) et de mêmes mots » - et non « d'une même langue » comme dans la version autorisée.
Maintenant, le sens Cabaliste des termes « mots » et « mot » peut être trouvé dans le Zohar et aussi dans le Talmud. « Mots » (Dabarim) signifie « pouvoirs », et mot au singulier, est un synonyme de Sagesse ; ex., « Par la prononciation de dix mots le monde fut créé » - (Talmud « Pirkey Aboth » c. 5, Mish. I). Ici les « mots » renvoient aux dix Sefirots, les Bâtisseurs de l'Univers. Ou également, « Par ce Mot (Sagesse, Logos) de YHVH les Cieux furent créés » (Ibid.).

2-4. – « Et l'homme (2) (le chef suprême) dit à ses voisins, 'Allons, faisons des briques (des disciples) et faisons les cuire dans un feu (les initier, les remplir du feu sacré), bâtissons une citée (établir les mystères et enseigner la Doctrine (3)) et une tour (Ziggourat, une tour temple sacrée) dont le sommet puisse atteindre les cieux' » (la plus haute limite atteignable de l'espace). La grande tour de Nébo, de Nabi dans le temple de Bel, était appelée « la maison des sept sphères des cieux et de la terre, » et « la maison de la forteresse (ou de la solide, tagimut) et la pierre de fondation des cieux et de la terre ».

Le symbolisme occulte enseigne, que cuire des briques pour une citée signifie enseigner la magie à des disciples. Une « pierre taillée » signifiait un initié complet. Les mots désignant la pierre, Petra en grec et Kephas en araméen, ont le même sens, c.-à-d., « un interprète des mystères », un Hiérophante. L'initiation suprême était désignée par l'expression « la cuisson à grand feu ». Ainsi, l'expression d'Isaïe « les briques sont tombées, mais nous allons en faire de nouvelles avec des pierres taillées » devient claire. Pour avoir l'interprétation correcte des quatre derniers versets de l'allégorie de la Genèse relative à « la confusion des langues » nous pouvons nous tourner vers la version légendaire des Yezidis [appelés également les Yazidis] et lire les versets 5, 6, 7 et 8 du chapitre XI de la Genèse, dans leur sens ésotérique :

« Et Adonaï (le Seigneur) descendit et dit : 'Regardez, le peuple est un (les hommes sont unis en pensée et en actes) et ils ont une lèvre (une doctrine). Et maintenant, ils commencent à la répandre et « rien ne pourra les empêcher d'acquérir ce qu'ils auront imaginé (ils auront les pleins pouvoirs magiques et obtiendront tout ce qu'ils désirent avec ce pouvoir, kriyasakti)' ».

Et maintenant que sont les Yezidis [ou Yazidis], quelle est leur interprétation, et qu'est-ce qu'Ad-onaï ? Ad est « le Seigneur », leur dieu ancestral ; et les Yezidis [Yazidis] sont une secte hérétique musulmane, dispersée entre l'Arménie, la Syrie, et principalement autour de Mossoul, le véritable lieu de Babel (lisez le « Récit chaldéen de la Genèse »). Ils sont connus sous le non étrange d'« Adorateurs du Diable ». Leur profession de foi est très originale. Ils reconnaissent deux pouvoirs ou dieux – Allah et Ad, (ou Adonaï) mais identifient le second à Sheitân ou Satan. Ceci est tout naturel puisque Satan est aussi « un fils de dieu » (4) (voir Job, I). Comme indiqué dans Les Conférences d'Hibbert (Hibbert Lectures, pp. 346 et 347), Satan l'« Adversaire », était l'ange de Dieu et son envoyé. Ainsi, quand ils sont interrogés sur la raison de leur curieuse vénération de celui qui est devenu l'incarnation du Mal et du sombre esprit de la Terre, ils en expliquent la raison de la manière la plus logique, même si elle est irrévérencieuse. Ils vous disent qu'Allah, étant Tout-bon, ne voudrait pas nuire à la plus petite de ses créatures. Ainsi, il n'a besoin ni de prières, ni d'holocaustes des « premiers-nés les plus gras du troupeau ». Mais Ad, ou le Mal, étant Tout-mauvais, cruel, jaloux, revanchard et orgueilleux, ils doivent, pour se protéger, l'apaiser par des sacrifices et des holocaustes aux odeurs flattant ses narines, et le cajoler et le flatter. Demandez à n'importe quel cheik des Yezidis [Yazidis] de Mossoul ce qu'ils ont à dire, sur la confusion des langues ou paroles, quand Allah « descendit voir la ville et la tour que les fils des hommes avaient bâties ». Ils vous diront, que ce n'est pas Allah mais Ad, le dieu Satan, qui le fit. Les esprits jaloux de la terre devinrent envieux des pouvoirs et de la sainteté des hommes (comme le dieu Vishnou qui devint jaloux des grands pouvoirs des Yogis, quand ils devinrent des Daityas [les Titans de jadis]) ; et ainsi cette déité de matière et de concupiscence confondit leur esprits, les tenta et fit que les Bâtisseurs tombèrent dans ses filets ; et ainsi perdant leur pureté, ils perdirent leur connaissance et leurs pouvoirs magiques, ils se marièrent entre eux et furent « dispersés sur la surface de la terre ».

Ceci est plus logique que d'attribuer à son « Dieu », le Tout-bon, des stratagèmes impies tels que ceux qu'on lui attribue dans la Bible. De plus, la légende de la tour de Babel et de la confusion des langues, est comme beaucoup d'autres, non l'original, mais provient des Chaldéens et Babyloniens. Georges Smith en trouva le récit sur un fragment mutilé de tablettes Assyriennes, sur lequel rien n'est dit à propos de la confusion des langues. « J'ai utilisé le mot 'langue' avec a priori, dit-il (dans le Récit chaldéen de la Genèse), car « je n'ai jamais vu de mot Assyrien ayant ce sens ». Celui qui lit la traduction des fragments de G. Smith, des pages 160 à 163 [de l'édition anglaise] de l'ouvrage cité, trouvera que la version [Assyrienne] est plus proche de celle des Yezidis que ne l'est la version de la Genèse. C'est lui, dont « le cœur était mauvais » et qui était « méchant », qui confondit « leur secret » et non leurs « langue », et qui brisa « le Sanctuaire... qui transmettait la Sagesse », et « avec amertume ils pleurèrent sur Babel ».

Et ainsi devraient 'pleurer' tous les philosophes et les amants de la Sagesse Ancienne ; car c'est depuis lors que les mille et un substituts exotériques de la vraie Doctrine unique ou lèvre ont eu leur origine, obscurcissant de plus en plus l'intellect des hommes, et faisant verser le sang innocent dans un fanatisme furieux. Si nos philosophes modernes avaient étudié les vieux Livres de Sagesse, au lieu de s'en moquer – comme le dit la Cabale – ils auraient trouvé ce qui leur aurait dévoilé maints secrets de l'Église et de l'État du passé. Cependant, comme ils ne l'ont pas fait, le résultat est évident. Le cycle sombre du Kali Yuga a ramené une Babel de la pensée moderne, en comparaison de laquelle la « confusion des langues » parait une harmonie. Tout est sombre et incertain ; sans preuves dans aucun département de la science, philosophie, droit, ou même de la religion. Mais, « Malheur à ceux qui appelle le mal bien, et le bien mal ; qui prennent les ténèbres pour la lumière, la lumière pour les ténèbres » dit Isaïe [Ch. V, 20, trad. La Bible de Jérusalem]. Les éléments eux-mêmes semblent perturbés, et les climats changent, comme si les « dix supérieurs » célestes eux-mêmes avaient perdu leur tête. Tout ce qu'on peut faire est de s'assoir tranquillement, et regarder, triste et résigné ! [...]
Extraits de l'article "The Babel of Modern Thought" - 1891 – H. P. Blavatsky
(1) [...] Le mot 'révéler' ou 'révélé' est dérivé du latin revelare, 'dévoiler' et non révéler. Ainsi, devrait-on dire dévoiler au lieu de révéler.

(2) Ceci est traduit de l'hébreu d'origine ; « chef suprême » (Rab-Mag) signifiant littéralement l'Enseignant-Magicien, le Maître ou Guru, comme ce fût le cas de Daniel à Babylone.

(3) Quelques héros homérique, comme Laomédon, le père de Priam, bâtirent des villes, c.-à-d., instituèrent les Mystères et propagèrent la Religion-Sagesse dans des contrées étrangères.

(4) Il est ordonné dans l'Ecclésiastique, XXI, 27 La Bible de Jérusalem], de ne pas maudire Satan, « Quand l'impie maudit Satan, il se maudit soi-même ». Pourquoi ? Parce que dans leur permutation « le Seigneur Dieu », Moïse et Satan sont un. [...]
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Le Babel de la pensée moderne Empty Métaphysique et Nature

Message  Arlitto Jeu 25 Aoû 2016, 19:02

Métaphysique et Nature

L'Unité fondamentale de la vie
« L'unité radicale de l'essence ultime de chaque constituant qui forme les composés dans la Nature – de l'Étoile à l'Atome minéral, du plus haut Dhyan Chohan [entité céleste] au plus petit microbe, et dans la plus grande acceptation du terme, que ce soit dans les mondes spirituel, intellectuel, ou physique – est la loi fondamentale de la Science Occulte » (La Doctrine Secrète, I, p. 120

« L'unité de Type, commun, dans un sens, aux règnes animal et humain, est, [...] un témoignage de l'unité essentielle du « plan-de-base » que la Nature a suivi en façonnant ses créatures ». (La Doctrine Secrète, II, p. 737 
La Trinité primordiale et éternelle
« [Pour les Anciens] l'éther et le chaos, ou dans le langage platonicien, le mental et la matière, étaient les deux principes premiers et éternels de l'univers, totalement indépendants de quoi que ce soit d'autre. Le premier était le principe intellectuel vivifian tout ; le chaos était, un principe liquide informe, sans "forme ni sens", et de l'union des deux l'univers jaillissait à l'existence, ou plutôt le monde universel, la première déité androgyne – la matière chaotique devenant son corps, et l'éther son âme. [...] Ceci constitue la trinité universelle. (La Doctrine Secrète, I, p. 343
Pas de création par un Dieu personnel, ni « Dessein intelligent »
« Il n'y a ici ni "création spéciale", ni "Dessein" quelconque, mais seulement le "plan-de-base" général  élaboré par la loi universelle. Mais il y a certainement des "architectes", bien que ceux-ci ne soient ni omnipotents ni omniscients au sens absolu du terme. Ils sont simplement les Constructeurs, les Maçons, travaillant sous l'impulsion qui leur est donnée par le Maître Maçon, à jamais inconnaissable (sur notre plan) – la VIE UNE et la Loi. » (La Doctrine Secrète, II, p 732
Le Grand Cycle de la Vie dans l'Univers
Dans l'ouvrage Isis Dévoilée (Vol., I, pp 348/9, il est dit que dans un temple souterrain situé à proximité d'une grande pagode bouddhiste, se trouve une fresque représentant les cycles entrelacés qui forment le Grand Cycle cosmique de la Vie universelle :

« Imaginez un point dans l'espace primordial. Puis tracez avec un compas un cercle autour de ce point ; là où se rejoignent le début et la fin de la ligne de circonférence, l'émanation de l'univers débute et sa réabsorption prend fin. Le long de la circonférence sont dessinés, comme des anneaux d'un bracelet, d'innombrables cercles plus petits. Chaque anneau représente la ceinture d'une déesse qui symbolise un globe. À mesure que l'on parcourt l'arc descendant du grand cercle jusqu'au point le plus bas — le nadir, où l'artiste mystique a placé notre planète — le visage des déesses s'assombrit et s'enlaidit au-delà de ce que notre imagination d'Européens peut concevoir. Sur la ceinture de chacune des déesses sont dessinés des plantes, des animaux et des êtres humains qui représentent la flore, la faune et l'humanité vivant sur ce globe. Les globes sont espacés les uns des autres, pour montrer qu'après une série de transmigrations sur un globe l'âme jouit d'un nirvâna temporaire, qui efface en elle tout souvenir des souffrances passées. L'espace étherique entre les globes est habité par des êtres étranges. Les créatures qui occupent l'espace entre l'éther céleste et la terre, sont celles de la nature intermédiaire, les esprits de la nature ou les élémentaux des cabalistes. » (Extrait du Cahier Théosophique n°10 – « La Loi des Cycles »).

La Loi des Cycles dans la Nature et dans l'Homme
La Loi des Cycle peut être résumée ainsi :

« 1°) Nous sommes les créateurs de certains cycles : par l'opération du karma individuel, nous traçons le cercle de nos réincarnations individuelles ; par nos actions collectives, nous traçons les cycles de contraction ou d'expansion de ce qui sera la croissance ou le déclin de la communauté ou de la nation ; par le karma spirituel, nous progressons lentement mais sûrement, vers le bord du "Cercle primordial" — qui est le Nirvâna (1) lorsqu'on y entre soi-consciemment et le Pralaya (2) lorsqu'on y entre inconsciemment.

(1) Nirvâna : l'état d'existence absolue et de conscience absolue dans lequel l'Ego d'un homme qui a atteint le plus haut degré de perfection et de sainteté au cours de la vie entre, après la mort du corps, ou exceptionnellement pendant la vie, comme ce fut le cas de Gautama le Bouddha et d'autres Sages, (d'après le Theosophical Glossary)

(2) Pralaya : Une période d'obscuration ou de repos entre deux périodes de manifestation.
« 2°) Chaque être humain vit en étroite communion avec la Nature, évolue au milieu de la Nature et doit réaliser que son Être est la Nature. De roue en roue, de cycle en cycle, la Vie Une en manifestation trace le Cercle du Temps dans l'Espace Abstrait, qui est la Durée. » (Citation extraite de l'article « La Loi des Cycles », Cahier Théosophique n°10).

Les Hiérarchies célestes
« [Les hiérarchies célestes] (AH-HI ou Dhyan-Chohans) sont les armées collectives d'êtres spirituels – les Armées d'Anges de la Chrétienté, les Elohim et "Messagers" des Juifs – qui sont le véhicule pour la manifestation, de la pensée et de la volonté divines ou universelles. Ils sont les Forces intelligentes qui donnent et impriment dans la Nature ses "lois", alors qu'eux-mêmes agissent en accord avec des lois qui leurs sont imposées, de manière similaire, par des Pouvoirs encore plus élevés ; mais ils ne sont pas les "personnifications" des pouvoirs de la Nature, comme on le pense par erreur. Cette hiérarchie d'Êtres spirituels, à travers laquelle le Mental Universel entre en action, est comme une armée – une "Légion" vraiment – au moyen de laquelle l'esprit combatif d'une nation se manifeste, et qui est composée de corps d'armée, divisions, brigades, régiments, et ainsi de suite, chacun avec son individualité ou sa vie propre, et son degré limité de liberté d'action et ses responsabilités limitées ; chacun contenu dans une individualité plus large, à laquelle ses propres intérêts sont subordonnés, et chacun contenant en lui-même des individualités inférieures ». (La Doctrine Secrète, I, p. 38)

La Loi d'Analogie
« L'analogie est la loi qui guide dans la Nature, le seul véritable fil d'Ariane qui peut nous conduire, à travers les sentiers inextricables de son domaine, vers ses premiers et derniers mystères. La Nature, en tant que puissance créative, est infinie, et aucune génération de scientifiques du physique ne pourra jamais se vanter d'avoir épuisé la liste de ses voies et méthodes, malgré l'uniformité des lois par lesquelles elle procède. (La Doctrine Secrète, II, p. 153).

La Nature symbolisée par le féminin et la matière
« La Nature est féminine, et d'une certaine manière, objective et tangible, et le Principe esprit qui la fructifie est caché. » (La Doctrine Secrète, I, p. 5).

La Nature géométrise
« La Nature géométrise universellement dans toutes ses manifestations. Il y a une loi inhérente – non seulement dans le [monde] primordial, mais aussi dans la matière manifestée de notre plan phénoménal – par laquelle la Nature corrèle ses formes géométriques, et par la suite, également, ses éléments composés ; et dans laquelle il n'y a pas de place pour le hasard ou la chance. C'est une loi fondamentale en Occultisme, qu'il n'y a pas de repos ni de cessation du mouvement dans la Nature. Ce qui semble repos est seulement le changement d'une forme à une autre ; le changement de substance allant de pair avec celui de la forme – comme nous l'enseigne la physique Occulte, qui semble bien avoir anticipé la découverte de la « Conservation de la matière » depuis un temps considérable. » (La Doctrine Secrète, I, p. 97).

Qu'est-ce que le Chaos? – « La Nature a horreur du vide »
« Les Eaux de Vie, ou Chaos – le principe féminin du symbolisme – sont le vide (à notre perception mentale) dans lequel résident, latents, l'Esprit et la Matière. » (La Doctrine Secrète, I, p. 64)
« "La Nature a horreur du vide" disaient les Péripatéticiens... [Et] Démocrite enseignait que les premiers principes de toutes choses contenues dans l'Univers étaient les atomes et un vide. Ce dernier signifiant simplement la Déité ou force latente, qui, avant sa première manifestation quand elle devint VOLONTÉ (communiquant la première impulsion à ces atomes), était le grand Rien, Ain-Soph, ou NON-CHOSE ; et était, donc, pour tous les sens, un Vide – ou CHAOS. (La Doctrine Secrète, I, p. 343
Pas de Matière morte – Toute la Nature évolue
« L'erreur principale et la plus fatale faite par la Science dans on égarement, au regard des Occultistes, réside dans l'idée de la possibilité d'une chose telle que de la matière morte ou inorganique, dans la nature. Est-ce que ce qui est mort ou inorganique est capable de transformation ou de changement ? demande l'Occultisme. Et, y a-t-il quoi que ce soit sous le soleil qui demeure immuable et sans changement ? » (La Doctrine Secrète, I, p. 507
« La Nature est l'"Éternel-devenir". » (La Doctrine Secrète, I, p. 250 

« Hermès, le triple grand Trismégiste, disait "Oh, mon fils, la matière devient ; auparavant elle était ; car la matière est le véhicule du devenir. Le devenir est le mode d'activité de la déité incréée. Ayant été dotée des germes du devenir, la matière (objective) est amenée à naître, car la force créative la façonne d'après les formes idéales. La matière non encore engendrée n'a pas de forme ; elle devient quand elle est mise en action." » (La Doctrine Secrète, I, p. 281 

«Tout dans l'Univers progresse régulièrement dans le Grand Cycle, bien que sans cesse montant et descendant durant les cycles mineurs. La Nature n'est jamais stationnaire pendant un manvantara [cycle d'un univers], car elle est toujours en devenir (**), et n'est pas simplement étant. (La Doctrine Secrète, I, p. 257 

(**) Le grand métaphysicien Hegel pensait de même. Pour ce dernier, la Nature était un perpétuel devenir. Un concept purement ésotérique. Une Création ou Origine, au sens chrétien du terme, est absolument impensable. Comme disait ce penseur : "Dieu (l'Esprit Universel) s'objective lui-même à travers la Nature, et émerge à nouveau de celle-ci" ».

Ésotérisme de la Nature
« De nos jours, la science est, indéniablement, ultra-matérialiste, mais elle trouve, en un sens, sa justification. Le Nature se comportant dans son action d'une manière toujours ésotérique, et étant, comme les Kabbalistes le disent, in abscondito [dans le secret], peut seulement être jugée par le profane d'après son apparence, et cette apparence est toujours trompeuse sur le plan physique. D'un autre côté, les naturalistes refusent de mélanger le physique avec le métaphysique, le corps avec son âme qui l'habite et son esprit, qu'ils préfèrent ignorer. ». (La Doctrine Secrète, I, p. 257
La Nature est un lieu consacré
« Chaque corps céleste est le temple d'un dieu, et ces dieux eux-mêmes sont les temples de DIEU, le "Non-Esprit" Inconnu. Il n'y a rien de profane dans l'Univers. Toute la Nature est un lieu consacré, comme le dit Young : "chacune de ces Étoiles est une demeure religieuse" ». (La Doctrine Secrète, I, p. 578
La Nature n'est pas inconsciente
« L'ordre de la nature témoigne d'une marche progressive vers une vie supérieure. Il y a un dessein dans l'action des forces qui semblent complètement aveugles. Tout le processus de l'évolution avec ses adaptations sans fin en est une preuve. Les lois immuables, qui éliminent les espèces faibles et inadaptées, pour laisser la place au plus fort, et qui permettent la "survivance du plus apte", quoique cruelles dans leur action immédiate – œuvrent toutes à l'avènement du grand but. Le simple fait que de telles adaptations se produisent, que le plus apte survive dans le combat pour l'existence, montre que ce qui est appelé "la Nature inconsciente" (*) est en réalité un agrégat de forces manipulées par des entités semi-intelligentes (les Elémentaux) guidées par de Hauts Esprits Planétaires (Dhyan Chohan), dont l'agrégat collectif forme le Verbe manifesté du LOGOS non-manifesté, et constitue tout en même temps le MENTAL de l'Univers et sa LOI immuable. (La Doctrine Secrète, I, pp. 277/8
« (*) La Nature considérée dans son sens abstrait, ne peut pas être « inconsciente », cas elle est l'émanation, et ainsi un aspect (sur le plan de la manifestation) de la conscience ABSOLUE. Où est cet homme audacieux qui voudrait priver le végétal et même les minéraux d'une conscience qui leur propre. Tout ce qu'il peut dire est que cette conscience est au-delà de sa capacité de compréhension. »

Au sujet des animaux
« Inconsciemment, les bêtes sauvages sont averties de l'opposition humaine générale qu'elles perçoivent focalisée dans chaque être humain. » (W.Q.Judge, Les Lettres qui m'ont aidé, p. 124.)
« Nous faisons donc appel à tous ceux qui désirent s'élever et élever leurs compagnons — hommes et bêtes — au-dessus de la routine irréfléchie de la vie quotidienne égoïste. Il n'est pas question que cette Utopie puisse être réalisée en un jour ; mais, à force de répandre l'idée de la Fraternité Universelle, la vérité en toute chose pourra être découverte. Ce qu'il faudrait c'est une connaissance réelle de la condition spirituelle de l'homme, de son but et de sa destinée. Une telle étude nous conduit à accepter le précepte [...] : "Soyez maîtres de vous-mêmes, soyez libéraux, soyez miséricordieux : c'est là la mort de l'égoïsme". » (W.Q. Judge, Les Lettres qui m'ont aidé, p. 151.)
[*]Nota : les numéros des pages correspondent à l'édition anglaise publiée par Theosophy Compagny, Los Angeles.
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Le Babel de la pensée moderne Empty Le Phare de l'Inconnu

Message  Arlitto Jeu 25 Aoû 2016, 19:05

Le Phare de l'Inconnu

Cet article a paru la première fois, en français, dans la Revue Théosophique de mai 1889 (écrit en français par l'auteur) – Cet article étant long, le présent texte est un extrait. Le texte complet est disponible en Cahiers Théosophiques, N°25 et 26. Les crochets [...] indiquent les passages supprimés.
I

[...] Le « Phare » de la Vérité, c'est la Nature sans le voile de l'illusion des sens. Il ne peut être atteint avant que l'adepte ne soit devenu maître absolu de son moi personnel, capable de contrôler tous ses sens physiques et psychiques, à l'aide de son « septième sens », grâce auquel il est doué, ainsi, de la vraie sagesse des dieux, Theo-Sophia.
Inutile de remarquer que les profanes, — les non-initiés, au dehors du temple, ou pro-fanes, — jugent les « phares », et le « Phare » ci-dessus mentionnés, en sens inverse. Pour eux, c'est le Phare de la vérité Occulte qui représente l'ignis fatuus, le grand feu follet de l'illusion et de la bêtise humaines, et ils considèrent tous les autres comme les écueils bienfaisants qui arrêtent les exaltés à temps, sur la mer de la folie et de la superstition.

« N'est-ce point assez », nous disent nos bienveillants critiques, « que le monde soit arrivé, à force d' « ismes », à celui de théosophisme, qui n'est que fumisterie transcendante, sans que celui-ci nous offre encore de la magie réchauffée du moyen âge, avec ses grands sabbats, et son hystérie chronique ? »

Halte-là, Messieurs ! Savez-vous seulement, pour parler ainsi, ce que c'est que la vraie magie, ou les Sciences occultes ? Vous vous êtes bien laissé gorger en classe de la « Sorcellerie diabolique » de Simon le magicien et de son disciple Ménandre, d'après ce bon Père Irénée, le trop zélé Théodoret et l'auteur inconnu de Philosophumena. Vous vous êtes laissé dire, d'un côté, que cette magie venait du diable ; de l'autre, qu'elle n'était que le résultat de l'imposture et de la fraude. Fort bien. Mais que savez-vous de la vraie nature du système pratiqué par Apollonius de Tyane, Jamblique et autres mages ? Et que pensez-vous de l'identité de la théurgie de Jamblique, avec la « magie » des Simon et des Ménandre ? Son vrai caractère n'est dévoilé qu'à demi par l'auteur du livre de Mysteriis (1). Néanmoins, ses explications convertirent Porphyre, Plotin et d'autres, qui, d'ennemis qu'ils étaient de la théorie ésotérique, devinrent ses plus fervents adhérents. La raison en est fort simple. La vraie Magie, dans la théurgie de Jamblique, est à son tour identique avec la gnose de Pythagore, la [...] la science des choses qui sont ; et avec l'extase divine des Philalèthes, « les amants de la Vérité ». Or, on ne doit juger de l'arbre que par ses fruits. Quels sont ceux qui ont témoigné du caractère divin et de la réalité de cette extase appelée aux Indes Samâdhi (2) ? C'est une longue série d'hommes, qui, s'ils avaient été chrétiens, eussent été canonisés ; non sur le choix de l'Eglise, qui a ses partialités et ses prédilections, mais sur celui des populations entières et de la vox populi, qui ne se trompe presque jamais dans ses appréciations. C'est d'abord Ammonius Saccas, surnommé le théodidaktos, « enseigné par Dieu » ; le grand maître dont la vie fut si chaste et si pure que Plotin, son élève, perdit à tout jamais l'espoir de voir jamais aucun mortel qui lui fut comparable. C'est ce même Plotin qui fut pour Ammonius ce que Platon fut pour Socrate, c'est-à-dire un élève digne des vertus de son illustre maître. C'est Porphyre encore l'élève de Plotin (3), l'auteur de la bibliographie de Pythagore. Dans la pénombre de cette gnose divine dont l'influence bienfaisante a radié jusqu'à nos jours, se développèrent tous les mystiques célèbres des derniers siècles, tels que Jacob Boëhmen, Emmanuel Swedenborg, et tant d'autres. Mme Guyon est le sosie féminin de Jamblique. Les Quiétistes chrétiens, les Soufis musulmans, et les Rose-Croix de tous les pays, s'abreuvèrent aux eaux de cette source inépuisable, la Théosophie des Néo-Platoniciens des premiers siècles de l'ère chrétienne. La gnose précéda cette ère, car elle fut la continuation directe de la Gupta Vidya, et de la Brahmâ-Vidya (« connaissance secrète », et « connaissance du Brahmâ ») des Indes de l'antiquité, transmise par la voie de l'Egypte ; comme la théurgie des Philalètes est la continuation des mystères Egyptiens. En tout cas, le point de départ de cette magie diabolique, c'est la Divinité suprême ; son terme et but final, l'union de l'étincelle divine qui anime l'homme avec la Flamme-mère, qui est le Tout divin.

Ce but est l'ultima thule des théosophes qui se vouent entièrement au service de l'humanité. En dehors de ceci, ceux qui ne sont pas encore prêts à tout sacrifier, peuvent s'occuper des sciences transcendantes, telles que le Mesmérisme et les phénomènes modernes sous toutes leurs formes. Ils en ont le droit, d'après la clause qui spécifie, comme un des buts de la Société Théosophique : « l'étude des lois inconnues de la nature, et des pouvoirs psychiques latents dans l'homme. »
[...] Après tout, les critiques qui ne jugent que d'après l'apparence, n'ont pas tout à fait tort. Il y a théosophie et théosophie : la vraie théosophie, du théosophe, et celle du membre de la Société de ce nom. Que sait le monde de la vraie théosophie ? Comment peut-il juger entre celle d'un Plotin, et celle des faux frères ? Et de ceux-ci, la Société possède plus que sa part légitime. L'égoïsme, la vanité, et la suffisance de la majorité des hommes sont incroyables. Il y en a pour qui leur petite personnalité constitue l'univers entier, hors de laquelle point de salut. [...] Ils parlent de fraternité et d'altruisme, et n'aiment, en réalité, que ce qui n'aime personne, — eux-mêmes, — en d'autres termes leur petit « moi ». Leur égoïsme leur fait imaginer que seuls ils représentent le temple de la Théosophie, et qu'en se proclamant au monde eux-mêmes, ils proclament la théosophie. [...]

Ceux-là sont les termites blancs de la Société Théosophique, qui, en rongent les fondements, et lui sont une menace perpétuelle. On ne respire librement que lorsqu'ils la quittent.

Ce n'est pas eux qui pourraient jamais donner une idée correcte, de la théosophie pratique, encore moins de la théosophie transcendante qui occupe l'esprit d'un petit groupe d'élus. Chacun de nous possède la faculté, le sens intérieur connu sous le nom d'intuition ; mais combien rares sont ceux qui savent le développer ! C'est cependant le seul qui puisse faire voir les hommes et les choses sous leurs vraies couleurs. C'est un instinct de l'âme qui croît en nous, en proportion de l'usage que nous en faisons, et qui nous aide à apercevoir et à comprendre tout fait réel et absolu avec plus de clarté que ne le ferait le simple exercice de nos sens et de notre raisonnement. Ce qu'on appelle le bon sens et la logique ne nous permet de voir que l'apparence des choses, ce qui est évident pour tous. L'instinct dont je parle étant comme une projection de notre conscience perceptive, projection qui s'opère du subjectif à l'objectif, et non vice versa, éveille en nous les sens spirituels et les force à agir ; ces sens s'assimilent l'essence de l'objet ou de l'action que nous examinons, nous les représentent tels qu'ils sont, et non tels qu'ils paraissent à nos sens physiques ou à notre froide raison. « Nous commençons par l'instinct, nous finissons par l'omni-science », dit le professeur A.Wilder, notre plus vieux collègue. Jamblique a décrit cette faculté, et certains théosophes ont pu apprécier toute la vérité de sa description.
« Il existe, dit-il, une faculté dans l'esprit humain, qui est immensément supérieure à toutes celles qui sont greffées sur nous, ou engendrées. Par elle, nous pouvons atteindre à l'union avec des intelligences supérieures, nous trouver transportés au-delà des scènes et de la vie de ce monde, et partager l'existence supérieure et les pouvoirs surhumains des habitants célestes. Par cette faculté nous nous trouvons libérés finalement de la domination du Destin (Karma), et devenons, pour ainsi dire, les arbitres de notre sort. Car, lorsque les parties les plus excellentes en nous se trouvent remplies d'énergie, et que notre âme est emportée vers des essences plus élevées que la science, elle peut se séparer de ces conditions qui la retiennent sous le joug de la vie pratique journalière ; elle échange sa vie actuelle pour une autre vie, et renonce aux habitudes conventionnelles qui appartiennent à l'ordre extérieur des choses pour s'abandonner et se confondre avec cet autre ordre qui règne dans l'existence la plus élevée... »
Platon a exprimé cette idée en deux lignes :
« La lumière et l'esprit de la Divinité sont les ailes de l'âme. Elles l'élèvent jusqu'à la communion avec les dieux, au-dessus de cette terre, avec laquelle l'esprit de l'homme est trop prêt à se salir... Devenir comme les dieux, c'est devenir saint, juste et sage. Tel est le but pour lequel l'homme fut créé, tel doit être son but dans l'acquisition de la science ».
Ceci est la vraie théosophie, la théosophie intérieure, celle de l'âme. Mais, poursuivie dans un but égoïste, elle change de nature, et devient de la démonosophie. Voici pourquoi la Sagesse Orientale nous apprend que le Yogi Indou qui s'isole dans une forêt impénétrable, ainsi que l'ermite chrétien qui se retire, comme aux temps jadis, dans le désert, ne sont tous deux que des égoïstes accomplis. L'un, agit dans l'unique but de trouver dans l'essence une et nirvanique refuge contre la réincarnation ; l'autre, dans le but de sauver son âme, — tous les deux ne pensent qu'à eux-mêmes. Leur motif est tout personnel ; car, en admettant qu'ils atteignent le but, ne sont-ils pas comme le soldat poltron, qui déserte l'armée au moment de l'action, pour se préserver des balles ? En s'isolant ainsi, ni le Yogi, ni le « saint », n'aident personne autre qu'eux-mêmes ; ils se montrent, par contre, profondément indifférents au sort de l'humanité qu'ils fuient et désertent. Le Mont Athos contient peut-être quelques fanatiques sincères. Cependant, même ceux-là, ont déraillé inconsciemment de l'unique voie qui peut les conduire à la vérité, — la voie du Calvaire, où chacun porte volontairement la croix de l'humanité et pour l'humanité. En réalité, c'est un nid de l'égoïsme le plus grossier. C'est à leurs pareils que s'applique la remarque d'Adams sur les monastères : « Il y a des créatures qui semblent avoir fui le reste de l'humanité pour le seul plaisir de rencontrer le diable en tête-à-tête. »
Gautama, le Bouddha, ne passa dans la solitude que juste le temps qu'il lui fallut pour arriver à la vérité, qu'il se dévoua ensuite à proclamer, mendiant son pain, et vivant pour l'humanité. Jésus ne se retira au désert que pour quarante jours, et mourut pour cette même humanité. Apollonius de Tyane, Plotin et Jamblique menant une vie de singulière abstinence et presque d'ascétisme, vivaient dans le monde et pour le monde. Les plus grands ascètes et Saints de nos jours ne sont pas ceux qui se retirent dans des localités inabordables ; mais ceux qui, bien qu'évitant l'Europe et les pays civilisés où chacun n'a plus d'oreilles et d'yeux que pour soi, pays partagés en deux camps de Caïns et d'Abels, passent leur vie à voyager en faisant le bien et tâchant d'améliorer l'humanité.

Ceux qui regardent l'âme humaine comme étant l'émanation de la divinité, comme une parcelle ou rayon de l'âme universelle et ABSOLUE, comprennent mieux que les chrétiens la parabole des talents. Celui qui cache le talent qui lui est donné par son « Seigneur » dans la terre, perdra ce talent, comme le perd l'ascète qui se met en tête de « sauver son âme » dans une solitude égoïste. Le « bon et fidèle serviteur » qui double son capital en moissonnant pour celui qui n'a pas semé, parce qu'il n'en avait pas les moyens, et recueille là où le pauvre n'a pas répandu le grain, agit en véritable altruiste. II recevra sa récompense, justement parce qu'il a travaillé pour un autre, sans aucune idée de rémunération ou de reconnaissance. C'est 1e théosophe altruiste ; tandis que le premier n'est que l'égoïste et le poltron.

Le phare sur lequel les yeux de tous les théosophes bien pensants sont fixés, est celui qui a été de tout temps le point de mire de l'âme humaine emprisonnée. Ce phare, dont la lumière ne brille sur aucune des eaux terrestres, mais qui a miroité sur la sombre profondeur des eaux primordiales de l'espace infini, a nom pour nous, comme pour les théosophes primitifs, — « Sagesse divine ». C'est le mot final de la doctrine ésotérique ; et dans l'antiquité, quel est le pays ayant eu droit d'être appelé civilisé qui n'ait possédé son double système de SAGESSE, dont une partie était pour les masses, et l'autre pour le petit nombre, l'exotérique et l'ésotérique ? Ce nom de SAGESSE, ou, comme on dit parfois, la « religion de la sagesse », ou théosophie, est vieux comme la pensée humaine. Le titre de sages, — les grands prêtres de ce culte de la vérité, — en fut le premier dérivé. L'épithète se transforma ensuite en celle de philosophie et de philosophes, — les « amants de la science », ou de la sagesse. [...]
Ceci est exoérique, comme ce qui a rapport aux dieux personnels des nations. L'INFINI ne peut être connu par notre raison, qui ne fait que distinguer et définir ; — mais nous pouvons toujours en concevoir l'idée abstraite, grâce à cette faculté supérieure de la raison, — l'intuion, ou instinct spirituel dont je viens de parler. Les ands initiés ayant la rare faculté de se metre dans l'état de Samadhi, — que nous ne pouvons traduir qu'imparfaitement par le terme extase, un état où l'on cesse d'être le « moi »  conditionné et personnel pour devenir un avec le TOUT, — sont les seuls qui peuvent se vanter d'avoir été en contact avec l'infini : mais pas plus que les autres mortels, ils ne pourraient définir cet étét par des paroles...

Ces quelques traits de la vraie théosophie et ses pratiques, sont ébauchés pour un petit nombre de nos lecteurs qui sont doués de l'intuition voulue. Quant aux autres, ou bien ils ne nous comprendraient pas, ou bien ils riraient.

Nos aimables critiques savent-ils toujours ce dont ils se moquent ? Ont-ils la moindre idée du travail qui s'opère dans le monde entier et du changement mental produit par cette théosophie qui les fait sourire ? Le progrès accompli par notre littérature est évident, et grâce à certains théosophes infatigables il devient manifeste aux plus aveugles. Il y en a qui sont persuadés que la théosophie est la philosophie et le code, sinon la religion, de j'avenir. Les rétrogrades, amoureux du dolce farniente du conservatisme, le pressentent : de là toutes ces haines et persécutions, appelant à leur aide la critique. Mais la critique, inaugurée par Aristote, a dévié loin de son programme primitif. Les anciens philosophes, ces ignares sublimes en matière de civilisation moderne, quand ils critiquaient un système ou une œuvre, le faisaient avec impartialité, et dans le seul but d'améliorer et de perfectionner ce qu'ils dépréciaient. Ils étudiaient le sujet d'abord, et l'analysaient ensuite. C'était un service rendu, accepté et reconnu comme tel, de part et d'autre. La critique moderne s'en tient-elle toujours à cette règle d'or ? Il est bien évident que non. Ils sont loin, nos juges d'aujourd'hui, même de la critique philosophique de Kant. [...]

Le métaphysicien qui étudie depuis des siècles le phénomène de l'être dans ses premiers principes, et qui sourit de pitié en écoutant les divagations théosophiques, — serait bien embarrassé de nous expliquer la philosophie ou même la raison d'être du rêve. Qui d'eux nous informera pourquoi toutes les opérations mentales — excepté le raisonnement qui se trouve seul comme suspendu et paralysé, — fonctionnent pendant nos rêves avec une force et une activité aussi grandes que pendant nos veilles ? [...]

La « Science M...... », dites-vous, Messieurs les ultramontains ? Vous devriez vous rappeler, cependant, que l'arbre de la science est greffé sur l'arbre de vie ? que le fruit que vous qualifiez de « défendu », et que vous proclamez depuis dix-huit siècles la cause du péché originel qui amena la mort dans le monde, — que ce fruit, dont la fleur s'épanouit sur une souche immortelle, fut nourri par ce même tronc, et qu'il est ainsi le seul qui puisse nous assurer l'immortalité. Vous ignorez enfin, Messieurs les Kabalistes, — ou désirez l'ignorer, — que l'allégorie du paradis terrestre est vieille comme le monde, et que l'arbre, le fruit et le péché, avaient une signification bien plus philosophique et profonde que celle qu'ils ont aujourd'hui, — que les secrets de l'initiation sont perdus...

[...] Le monde doit marcher et se mouvoir sous peine de stagnation et de mort. L'évolution mentale marche, pari passu, avec l'évolution physique, et toutes deux s'avancent vers la VÉRITÉ UNE, — qui est le cœur du système de l'Humanité, comme l'évolution en est le sang. Que la circulation s'arrête un moment, et le cœur s'arrête avec, et c'en est fait de la machine humaine ![...]  L'Église, à moins qu'elle ne retire sa lourde main, qui pèse comme un cauchemar sur la poitrine oppressée des millions de croyants nolens volens, et dont la pensée reste paralysée dans les tenailles de la superstition, l'Église ritualistique est condamnée à céder sa place à la religion et à — périr. Bientôt elle n'aura plus que le choix. Car, une fois que le peuple sera éclairé sur la Vérité qu'elle lui voile avec tant de soin, il arrivera de deux choses l'une : ou bien elle périra par le peuple ; ou autrement, si les masses sont laissées dans l'ignorance et l'esclavage de la lettre morte, — elle périra avec le peuple. Les serviteurs de la Vérité éternelle, dont ils ont fait un écureuil tournant sur sa roue ecclésiastique, se montreront-il assez altruistes pour choisir des deux nécessités la première ? Qui sait ! 

Je le dis encore : seule la théosophie bien comprise peut sauver le monde du désespoir, en reproduisant la réforme sociale et religieuse une fois déjà accomplie dans l'histoire par Gautama, le Bouddha : une réforme paisible, sans une goutte de sang versé, chacun restant dans la croyance de ses pères s'il le veut. Pour le faire, il n'aurait qu'à en rejeter les plantes parasites de fabrication humaine qui étouffent en ce moment toutes les religions, comme tous les cultes du monde. Qu'il n'en accepte que l'essence — qui est une dans toutes ; c'est-à-dire l'esprit qui vivifie et qui rend immortel l'homme en qui il réside. Que chaque homme, enclin au bien, trouve son idéal, une étoile devant lui pour le guider. Qu'il la suive et ne dévie jamais de son chemin ; et, il est presque certain d'arriver au « phare » de la vie, la VÉRITÉ : peu importe qu'il l'ai cherchée et trouvée au fond d'une crèche on d'un puits...

[...] Qu'il en soit ainsi ou autrement, la théosophie descend en directe ligne du grand arbre de la GNOSE universelle, arbre dont les branches luxuriantes, s'étendant comme une voûte sur le globe entier, ombrageaient à une époque, — que la chronologie biblique se plaît à nommer antédiluvienne, — tous les temples et toute les nations. Cette gnose représente l'agrégat de toutes les sciences, le savoir accumulé de tous les dieux et demi-dieux incarnés jadis sur la terre. Il y a des gens qui veulent voir en ceux-ci les anges déchus ou l'ennemi de l'homme ; ces fils de Dieu qui, voyant que les filles des hommes étaient belles, les prirent pour femmes et leur communiquèrent tous les secrets du ciel et de la terre. A leur aise. Nous croyons aux Avatars et aux dynasties divines, à l'époque où il y avait, en effet, « des géants sur cette terre », mais nous répudions entièrement l'idée des « anges déchus » ou de Satan et de son armée.
Notes de la partie I :
(1) Par Jamblique qui l'écrivit sous le pseudonyme du nom de son maître, le prêtre égyptien Abammon. [...]
(2) Samâdhi, un état de contemplation abstraite, définie par des termes sanscrits dont chacun demande une phrase entière pour l'expliquer. C'est un état mental ou, plutôt spirituel, qui ne dépend d'aucun objet perceptible et pendant lequel le sujet vit, absorbé dans le domaine de l'esprit pur, dans la Divinité.
(3) Le citoyen de Rome pendant vingt-huit ans, l'homme si honnête que l'on tenait à honneur de le faire tuteur des orphelins des plus riches patriciens. Il mourut sans s'être jamais fait un ennemi pendant ces vingt-huit ans.



II

« Quelle est donc, votre culte ou croyance ? » nous demande-t-on. « Qu'étudiez-vous de préférence ? ».
« LA VÉRITÉ », répondons-nous. La vérité partout où nous la trouvons; car, comme Ammonius Saccas, notre plus grande ambition serait de réconcilier tous les différents systèmes religieux, d'aider chacun à trouver la vérité dans sa croyance à lui, tout en le forçant à la reconnaître dans celle de son voisin. Qu'importe le nom si l'essence est la même ? Plotin, Jamblique et Apollonius de Tyane avaient, dit-on, tous les trois les dons merveilleux de la prophétie, de la clairvoyance et celui de guérir, quoique appartenant à trois écoles différentes. La prophétie était un art cultivé aussi bien par les Essènes et les B'ni Nebim parmi les Juifs que parmi les prêtres des oracles des païens. Les disciples de Plotin attribuaient à leur maître des pouvoirs miraculeux ; Philostrate en faisait autant pour Apollonius, tandis que Jamblique avait la réputation d'avoir surpassé tous les autres Eclectes dans la théurgie théosophique. Ammonius déclarait que toute la SAGESSE morale et pratique se trouvait dans les livres de Thoth ou Hermès le Trismégiste. Mais « Thoth » signifie « un collège », école ou assemblée, et les ouvrages de ce nom, selon le theodidaktos, étaient identiques avec les doctrines des Sages de l'Extrême-Orient. Si Pythagore puisa ses connaissances aux Indes (où jusqu'à ce jour il est mentionné dans les vieux manuscrits sous le nom de Yavanâcharya, le « maître grec ») (4), Platon acquit ses connaissances dans les livres de Thoth-Hermès. Comment il se fit que le jeune Hermès, le dieu des bergers, surnommé « le bon Pasteur », qui présidait aux modes de divination et de clairvoyance, devint identique avec Thoth, (ou Thot) le Sage déifié, et l'auteur du Livre des Morts, — la doctrine ésotérique seule pourrait le révéler aux Orientalistes.

Chaque pays a eu ses sauveurs. Celui qui dissipe les ténèbres de l'ignorance à l'aide du flambeau de la science, nous découvrant ainsi la vérité, mérite autant ce titre de notre gratitude que celui qui nous sauve de la mort en guérissant notre corps. Il a réveillé dans notre âme engourdie la faculté de distinguer le vrai du faux, en y allumant une lumière divine jusque-là absente et il a droit à notre culte reconnaissant, car il est devenu notre créateur. Qu'importe le nom ou le symbole qui personnifie l'idée abstraite, si cette idée est toujours la même et la vraie ! Que ce symbole concret porte un nom ou un autre, que le sauveur auquel on croit s'appelle de son nom terrestre, Krishna, Bouddha, Jésus ou Asclépios surnommé aussi le « dieu sauveur » Σώτηρ, nous n'avons qu'à nous souvenir d'une chose : les symboles des vérités divines n'ont pas été inventés pour l'amusement de l'ignorant ; ils sont l'alpha et l'oméga de la pensée philosophique.

La théosophie étant la voie qui mène à la vérité, dans tout culte comme dans toute science, l'occultisme est, pour ainsi dire, la pierre de touche et le dissolvant universel. C'est le fil d'Ariane donné par le maître au disciple qui s'aventure dans le labyrinthe des mystère de l'être ; le flambeau qui l'éclaire dans le dédale dangereux de la vie, l'énigme du Sphinx, toujours. Mais la lumière versée par ce flambeau ne peut être discernée qu'avec l'œil de l'âme réveillée ou nos sens spirituels ; elle aveugle l'œil du matérialiste comme le Soleil aveugle le hibou.

N'ayant ni dogme ni rituel, — ces deux n'étant que l'entrave, le corps matériel qui étouffe l'âme, — nous ne nous servons jamais de la « magie cérémoniale » des Kabalistes occidentaux ; nous en connaissons trop les dangers pour jamais l'admettre. Dans la S. T., tout membre est libre d'étudier ce qui lui plaît, pourvu qu'il ne se hasarde pas dans des régions inconnues qui le mèneraient sûrement vers la magie noire, la sorcellerie contre laquelle Eliphas Levi met si franchement son public en garde. Les sciences occultes sont un danger pour celui qui ne les comprend qu'imparfaitement. Celui qui s'adonnerait à leur pratique, tout seul, courrait le risque de devenir fou. Or, ceux qui les étudient feraient bien de se réunir en petits groupes de trois à sept. Les groupes doivent être impairs pour avoir plus de force. Un groupe tant soit peu solidaire, formant un seul corps uni, où les sens et perceptions des unités se complètent et s'entre'aident, — c'est-à-dire l'un suppléant à l'autre la qualité qui lui manque, — finira toujours par former un corps parfait et invincible. « L'union fait la force ». La morale de la fable du vieillard léguant à ses fils un faisceau de bâtons qui ne doivent jamais être séparés, est une vérité qui restera toujours axiomatique.

[...] Tout correspond et se lie mutuellement dans la nature. Dans son sens abstrait, la Théosophie est le rayon blanc d'où naissent les sept couleurs du prisme solaire, chaque être humain s'assimilant un de ces rayons plus que les six autres. Il s'ensuivrait que sept personnes, pourvue chacune de son rayon spécial, pourraient s'aider mutuellement. Ayant à leur service le faisceau septénaire, elles auraient ainsi les sept forces de la nature à leur disposition. Mais il s'ensuit aussi que pour arriver à ce but, le choix des sept personnes ayant à former un groupe, doit être laissé à un expert, à un initié dans la Science des rayons occultes.

[...] Car, disons-le tout de suite, la théosophie a cela en plus de la Science vulgaire, qu'elle examine le revers de toute vérité apparente. Elle creuse et analyse chaque fait présenté par la Science physique, n'y cherchant que l'essence et la constitution finale et occulte dans toute manifestation cosmique et physique, qu'elle soit du domaine moral, intellectuel ou matériel. En un mot, elle commence ses recherches là où celles des matérialistes finissent.

— C'est donc de la métaphysique que vous nous offrez ? Pourquoi ne pas le dire tout de suite ? nous objectera-t-on.
Non, ce n'est pas la métaphysique, ainsi qu'on la comprend généralement, quoiqu'elle joue son rôle quelquefois. Les spéculations de Kant, de Leibnitz et de Shopenhauer sont du domaine métaphysique, ainsi que celles d'Herbert Spencer. [...] La métaphysique kantienne a fait découvrir à son auteur, sans le moindre secours des méthodes actuelles ou d'instruments perfectionnés, l'identité de la constitution et de l'essence du soleil et des planètes ; et Kant a affirmé, lorsque les meilleurs astronomes, même dans la première moitié de ce siècle, — ont encore nié. Mais cette même métaphysique n'a pas réussi à lui démontrer, pas plus qu'elle n'a aidé la physique moderne à la découvrir (malgré ses hypothèses si bruyantes) la vraie nature de cette essence.

Donc, la Théosophie, ou plutôt les sciences occultes qu'elle étudie, sont quelque chose de plus que de la simple métaphysique. C'est, s'il m'est permis d'user de ce double terme, de la méta-métapnysique, de la méta-géométrie, etc., etc., ou un transcendantalisme universel. La Théosophie rejette entièrement le témoignage des sens physiques, si celui-ci n'a pas pour base celui de la perception spirituelle et psychique. Qu'il s'agisse de la clairvoyance et de la clairaudience le mieux développées, le témoignage final de toutes deux sera rejeté, à moins que ces termes ne signifient la φωτός de Jamblique, ou l'illumination extatique, le άγωγή μαντίχ, de Plotin et de Porphyre. De même pour les sciences physiques ; l'évidence de la raison sur le plan terrestre, comme celle de nos cinq sens, doivent recevoir l'imprimatur du sixième et septième sens de l'Ego divin, avant qu'un fait soit accepté par un vrai occultiste.

[...] La Théosophie est synonyme de la Gnanâ- Vidya, et de Brahmâ- Vidya (5) des Indous, et du Dzyan des adeptes trans-himaléens, la science des vrais Raj-Yogas, qui sont bien plus accessibles qu'on ne le croit. Elle a des écoles nombreuses dans l'Orient. Mais ses branches sont encore plus nombreuses, chacune ayant fini par se détacher du tronc-mère, — la SAGESSE ARCHAIQUE, — et varier dans sa forme.

Mais, tandis que ces formes variaient, s'écartant davantage, avec chaque génération, de la Vérité-Lumière, le fond des vérités initiatiques resta toujours le même. Les symboles choisis pour désigner la même idée peuvent différer, mais, dans leur sens caché, ils expriment tous la même idée. Ragon, le maçon le plus érudit entre les « Fils de la Veuve », l'a bien dit. Il existe une langue sacerdotale, le « langage du mystère », et à moins de la bien connaître, on ne peut aller bien loin dans les sciences Occultes. Selon lui, « bâtir ou fonder une ville », avait la même signification que de « fonder une religion » ; donc, cette phrase, dans Homère, est l'équivalente de celle qui parle dans les Brahmânas, de distribuer le « jus de Soma ». Elle veut dire « fonder une école ésotérique », non pas une « religion », comme Ragon le veut. S'est-il trompé ? Nous ne pensons pas. Mais comme un théosophe du cercle ésotérique n'oserait dire ce qu'il a juré de réserver dans le silence, à un simple membre de la Société Théosophique, de même Ragon se vit obligé de ne divulguer que des vérités relatives, à ses trinosophes. Néanmoins, il est plus que certain qu'il avait étudié, du moins d'une manière élémentaire, la LANGUE DES MYSTÈRES.

Comment faire pour l'apprendre ? nous demande-t-on. Nous répondons : étudiez et comparez toutes les religions. Pour l'apprendre à fond, il faut un maître, un gourou ; pour y arriver de soi-même, il faut plus que du génie ; il faut être inspiré comme le fut Ammonius Saccas. Encouragé dans l'Eglise par Clément d'Alexandrie et Athénagore, protégé par les savants de la Synagogue et l'Académie, et adoré des Gentils, « il apprit la langue des mystères, en enseignant l'origine commune de tous les cultes, et un culte commun ». Pour le faire, il n'avait qu'à enseigner dans son école suivant les anciens canons d'Hermès que Platon et Pythagore avaient si bien étudiés et dont ils tirèrent leurs deux philosophies. S'étonnera-t-on si, trouvant dans les premiers versets de l'évangile de saint Jean les mêmes doctrines que dans les trois philosophies susnommées, il en conclut avec beaucoup de raison que le but du grand Nazaréen était de restaurer la sublime science de la vieille Sagesse dans toute son intégralité primitive ? Nous pensons comme Ammonius. Les récits bibliques et les histoires des dieux n'ont que deux explications possibles : ou bien ces récits et ces histoires sont de grandes et profondes allégories illustrant des vérités universelles, ou bien des fables bonnes à endormir les ignorants.

Ainsi les allégories, — juives comme païennes, contiennent toutes des vérités, et ne peuvent être comprises que de celui qui connaît la langue mystique de l'antiquité. Voyons ce que dit à ce propos un de nos théosophes les plus distingués, un Platonicien fervent et un Hébraïsant qui connaît son grec et son latin comme sa propre langue, le professeur Wilder (6), de New-York :

« L'idée antérieure des Néo Platoniciens était l'existence d'une seule et suprême Essence. C'était le Diu, ou « Seigneur des Cieux » des nations Aryennes, identique avec le Ιαω (Iao) des Chaldéens et des Hébreux, le Iabe des Samaritains, le Tiu ou Tuiseo des Norvégiens, le Duw des anciennes peuplades des îles Britanniques, le Zeus de celles de Thrace, et le Jupiter des Romains. C'était l'Être — (Non-Être, le Facit) un et suprême. C'est de lui que procédèrent tous les autres êtres par émanation. Les modernes ont substitué à ceci, paraît-il, leur théorie d'évolution. Peut-être qu'un jour quelque sage, plus perspicace qu'eux, fondra ces deux systèmes en un seul. Les noms de ces différentes divinités semblent avoir été souvent inventés avec peu ou point de rapport à leur signification étymologique, mais principalement à cause de tel ou tel autre sens mystique, attaché à la signification, numérique des lettres employées dans leur orthographe. »

Cette signification numérique est une des branches de la « langue du mystère », ou l'ancienne langue sacerdotale. On l'enseignait dans les « Petits Mystères », mais la langue même était réservée pour les hauts initiés seuls. Le candidat devait être sorti victorieux des terribles épreuves des Grands Mystères, avant d'en recevoir l'instruction. Voici pourquoi Ammonins Saccas, à l'instar de Pythagore, faisait prêter serment à ses disciples de ne jamais divulguer les doctrines supérieures à une personne qui ne fut déjà instruite dans les doctrines préliminaires, et prête pour l'initiation. Un autre sage, qui le précéda de trois siècles, en faisait autant avec ses disciples, en leur disant : qu'il leur parlait « par des similitudes » (ou paraboles) « parce qu'il vous est donné de connaître les mystères du royaume des cieux, mais que cela ne leur est point donné... parce qu'en voyant ils ne voient point, et qu'en entendant ils n'entendent pas, et ne comprennent point ».

Ainsi donc, les « similitudes » employées par Jésus, faisaient partie de la « langue des mystères », le parler sacerdotal des Initiés. Rome en a perdu la clef : en rejetant la théosophie et prononçant son anathème sur les sciences occultes, — elle la perd pour toujours.

« Aimez-vous les uns les autres », disait ce grand Maître (7) à ceux qui étudiaient les mystères « du royaume de Dieu ». « Professez l'altruisme, préservez l'union, l'accord et l'harmonie dans vos groupes, vous tous qui vous mettez dans les rangs des néophytes et des chercheurs de la VÉRITÉ UNE », nous disent d'autres Maîtres. « Sans union et sympathie intellectuelle et psychique, vous n'arriverez à rien. Celui qui sème la discorde récolte l'ouragan... » (8).

[...] Et maintenant, nous croyons avoir suffisamment réfuté, dans ces pages, plusieurs graves erreurs sur nos doctrines et croyances ; celle entre autres qui tient à voir dans les Théosophes, — dans ceux au moins qui ont fondé la Société, — des polythéistes ou des athées. Nous ne sommes ni l'un ni l'autre ; pas plus que ne l'étaient certains gnostiques qui, tout en croyant à l'existence des dieux planétaires, solaires et lunaires, ne leur offraient ni prières ni autels. Ne croyant pas à un Dieu personnel, en dehors de l'homme qui en est le temple, selon saint Paul et autres Initiés, nous croyons à un PRINCIPE impersonnel et absolu (9), tellement au-delà des conceptions humaines que nous ne voyons rien de moins qu'un blasphémateur et un présomptueux insensé dans celui qui chercherait à définir ce grand mystère universel. Tout ce qui nous est enseigné sur ce principe éternel et sans pareil, c'est qu'il n'est ni esprit, ni matière, ni substance, ni pensée, mais le contenant de tout cela, le contenant absolu. C'est en un mot le « Dieu néant » de Basilide, si peu compris même des savants et habiles annalistes du Musée Guimet (tome XIV), qui définissent le terme assez railleusement, lorsqu'ils parlent de ce « dieu néant qui a tout ordonné, tout prévu, quoiqu'il n'eût ni raison ni volonté. »

Oui, certes, et ce « dieu néant » étant identique avec le Parabrahm des Védantins, — la conception la plus philosophique comme la plus grandiose, — est identique aussi avec le AIN-SOPH des Kabalistes juifs. Celui-ci est aussi le « dieu qui n'est pas », « Ain » signifiant non-être ou l'absolu, le RIEN [...], c'est-à-dire que l'intelligence humaine, étant limitée sur ce plan matériel, ne peut concevoir quelque chose qui est, mais qui n'existe sous aucune forme. L'idée d'un être étant limitée à quelque chose qui existe, soit en substance — actuelle ou potentielle, — soit dans la nature des choses ou dans nos idées seulement, ce qui ne peut être perçu par les sens ou conçu par notre intellect qui conditionne toutes choses, n'existe pas pour nous.

— « Où donc placez-vous le Nirvana, ô grand Arhat ? demande un roi à un vénérable ascète bouddhiste qu'il questionne sur la bonne loi.
— Nulle part, ô grand roi ! fut la réponse.
— Le Nirvana n'existe donc pas ?
— Le Nirvana est, mais n'existe point. »

De même pour le dieu « qui n'est pas », une pauvre traduction littérale, car on devrait lire ésotériquement le dieu qui n'existe pas mais qui est. [...]
Ce n'est pas ce Principe immuable et absolu, qui n'est qu'en puissance d'être, qui émane les dieux, ou principes actifs du monde manifesté. L'absolu n'ayant, ni ne pouvant avoir aucune relation avec le conditionné ou le limité, ce dont les émanations procèdent est le « Dieu qui parle » de Basilide : c'est-à-dire le Logos, que Philon appelle « le second Dieu » et le Créateur des formes. « Le second Dieu est la Sagesse du Dieu UN » (Quaest. et Salut). « Mais ce logos, cette « Sagesse », est une émanation, toujours ? » nous objectera-t-on. « Or, faire émaner quelque chose de RIEN, est une absurdité ! » Pas le moins du monde. D'abord, ce « rien » est un rien parce qu'il est l'absolu, par conséquent le TOUT. Ensuite, ce « second Dieu » n'est pas plus une émanation que l'ombre que notre corps projette sur un mur blanc n'est l'émanation de ce corps. En tout cas, ce Dieu n'est pas l'effet d'une cause ou d'un acte réfléchi, d'une volonté consciente et délibérée. Il n'est que l'effet périodique (10) d'une loi éternelle et immuable, en dehors du temps et de l'espace, et dont le logos ou l'intelligence créatrice est l'ombre ou le reflet.

— « Mais c'est absurde, cette idée ! » entendons-nous dire à tout croyant dans un Dieu personnel et anthropomorphe. « Des deux — l'homme et son ombre — c'est cette dernière qui est le rien, une illusion d'optique, et l'homme qui la projette qui est l'intelligence, quoique passive dans ce cas ! »

— Parfaitement, mais c'est seulement ainsi sur notre plan où tout n'est qu'illusion ; où tout paraît à l'envers, comme ce qui est reflété dans un miroir. Or, comme le domaine du seul réel est à nos perceptions faussées par la matière le non-réel ; et que, du point de vue de la réalité absolue, l'univers avec ses êtres conscients et intelligents n'est qu'une pauvre fantasmagorie, il en résulte que c'est l'ombre du Réel, sur le plan de ce dernier, qui est douée d'intelligence et d'attributs, tandis que cet absolu, — de notre point de vue, — est privé de toute qualité conditionnelle, par cela même qu'il est l'absolu. Il ne faut pas être bien versé dans la métaphysique orientale pour le comprendre ; et il n'est pas bien nécessaire d'être un paléographe ou un paléologue distingué pour voir que le système de Basilide est celui des Védantins, quelque tordu et défiguré qu'il soit par l'auteur du Philosophumena. Ceci nous est parfaitement prouvé même par le résumé fragmentaire des systèmes gnostiques, que nous donne cet ouvrage. Il n'y a que la doctrine ésotérique qui puisse expliquer tout ce qu'il se trouve d'incompréhensible et de chaotique dans ce système incompris de Basilide, ainsi qu'il nous est transmis par les pères de l'église, ces bourreaux des Hérésies. Le Pater innatus, ou le Dieu non engendré, le grand Archon, et les deux démiurges, même les trois cent soixante-cinq cieux, le nombre contenu dans le nom d'Abraxas leur gouverneur, tout cela fut dérivé des systèmes Indiens. Mais tout est nié dans notre siècle de pessimisme, où tout marche à la vapeur, voire même la vie, ou rien d'abstrait aussi —- et il n'y a pas autre chose d'éternel — n'intéresse plus que de rares excentriques, et où l'homme meurt, sans avoir vécu un moment en tête-à-tête avec son âme, emporté qu'il est par le tourbillon des affaires égoïstes et terrestres.

[...] Disons-le, pour la centième fois : la Vérité est une !
Sitôt qu'elle est présentée, non sous toutes ses faces, mais selon les mille et une opinions que se font sur elle ses serviteurs, on n'a plus la VÉRITÉ divine, mais des échos confus de voix humaines. Où la chercher dans son tout intégral, même approximatif ? Est-ce chez les Kabalistes chrétiens ou les Occultistes européens modernes ? Chez les Spirites du jour ou les spiritualistes primitifs ?

[...] Comme la Bible, les livres kabalistiques ont leur lettre morte, le sens exotérique, et leur sens vrai ou l'ésotérique. La clef du vrai symbolisme se trouve à l'heure qu'il est au-delà des pics gigantesques des Himalayas, même celle des systèmes Indous. Aucune autre clef ne saurait ouvrir les sépulcres où gisent enterrés depuis des milliers d'années tous les trésors intellectuels qui y furent déposés par les interprètes primitifs de fa Sagesse divine. [...]

Notre Société est l'arbre de la Fraternité, poussé d'un noyau planté dans la terre par l'ange de la Charité et de la Justice, le jour où le premier Caïn tua le premier Abel. Pendant les longs siècles de l'esclavage de la femme et de la souffrance du pauvre, ce noyau fut arrosé de toutes les larmes amères versées par le faible et l'opprimé. Des mains bénies l'ont replanté d'un coin de la terre dans un autre, sous des cieux différents et à des époques éloignées l'une de l'autre. « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'on te fît », disait Confucius à ses disciples. « Aimez-vous entre vous, et aimez toute créature vivante », prêchait Gautama le Bouddha à ses Arhats. « Aimez-vous les uns les autres », fut répété comme un écho fidèle dans les rues de Jérusalem. [...]

[...] Noyaux d'une vraie Fraternité, il dépend d'eux [les Théosophes] de faire de leur Société l'arche destinée, dans un avenir prochain, à transporter l'humanité du nouveau cycle au delà des grandes eaux bourbeuses du déluge du matérialisme sans espoir. [...]

[...] Tout ceci doit s'accomplir naturellement et volontairement, de part et d'autre ; or, le moment n'est pas encore arrivé, pour le lion et l'agneau, de dormir dans les bras l'un de l'autre. La grande réforme doit avoir lieu sans secousses sociales, sans une goutte de sang versé ; rien qu'au nom de cette vérité axiomatique de la philosophie orientale qui nous montre que la grande diversité de fortune, de rang social et d'intellect, n'est due qu'à des effets du karma personnel de chaque être humain. Nous ne recueillons que ce que nous avons semé. Si l'homme physique de la personnalité diffère de chaque autre homme, l'être immatériel en lui, ou l'individualité immortelle, émane de la même essence divine que celle de son voisin. Celui qui est bien impressionné de la vérité philosophique que tout Ego commence et finit par être le TOUT indivisible ne saurait aimer son voisin moins qu'il ne s'aime lui-même. Or, jusqu'au moment où ceci deviendra une vérité religieuse, aucune réforme semblable ne pourrait avoir lieu. L'adage égoïste : « Charité bien ordonnée commence par soi-même », ou cet autre : « Chacun pour soi, Dieu pour tout le monde », mèneront toujours les races « supérieures » et chrétiennes à s'opposer à l'introduction pratique de ces beaux proverbes païens : « Tout pauvre est le fils du riche », et encore davantage à celui qui nous dit : « Nourris d'abord celui qui a faim, et mange toi-même ce qui reste ».

Mais le temps viendra où cette sagesse « barbare » des races « inférieures » sera mieux appréciée. Ce que nous devons chercher en attendant, c'est d'apporter un peu de paix sur terre, dans les cœurs de ceux qui souffrent, en soulevant pour eux un coin du voile qui leur cache la vérité divine. Que les plus forts montrent le chemin aux plus faibles, et les aident à gravir la pente escarpée de l'existence. Qu'ils leur fassent fixer le regard sur le Phare qui brille à l'horizon, au-delà de la mer mystérieuse et inconnue des Sciences théosophiques comme une nouvelle étoile de Bethléem, — et que les déshérités de la vie reprennent espoir...
Notes partie II :
(4) Yavana ou « l'Ionien », et achârya, « professeur ou maître ». Le nom est un composé de ces deux mots.
(5) Vidya ne peut se rendre que par le terme grec la gnose, le savoir ou connaissance des choses cachées et spirituelles ou encore la sagesse de Brahm, c'est-à-dire du Dieu qui contient en lui tous les dieux.
(6) Le premier vice-président de la S.T. lorsqu'elle fut fondée.
(7) Jésus. Voir les numéros 3, 4, 5, de la Revue Théosophique.
(8) Proverbe siamois et bouddhiste.
(9) Cette croyance ne regarde que ceux qui partagent l'opinion de la soussignée. Chaque membre a le droit de croire en ce qu'il veut et comme il veut. Comme nous l'avons dit ailleurs, la Société Théoso-phique est la « République de la conscience. »
(10) Pour celui, du moins, qui croit à une succession de « créations » non interrompues, que nous nommons « les jours et les nuits » de Brahmâ, ou les manvantaras et les pralayas (dissolutions).
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Le Babel de la pensée moderne Empty Le cycle nouveau

Message  Arlitto Jeu 25 Aoû 2016, 19:08

Le cycle nouveau

[Article écrit en français par H.P. Blavatsky et publié dans La Revue Théosophique du 21 mars 1889
– Cahier Théosophique 116 – :copyright: Textes Théosophiques, Paris]

Nous ne devons pas inaugurer ce premier numéro d'une Revue théosophique orthodoxe et officielle sans donner à nos lecteurs quelques renseignements qui nous paraissent absolument nécessaires.


En effet, les idées qu'on s'est faites jusqu'à ce jour sur la Société Théosophique des Indes, ainsi qu'on l'appelle, sont si vagues et si variées, que beaucoup de nos membres eux-mêmes ont conservé à se sujet des opinions fort erronées. Rien ne prouve mieux la nécessité de faire bien connaître le but que nous poursuivons dans une Revue dévouée exclusivement à la Théosophie. Aussi, avant de prier nos lecteurs de s'y intéresser ou même de s'y aventurer, quelques explications préliminaires leur sont strictement dues.

Qu'est-ce que la Théosophie ? Pourquoi ce nom prétentieux, nous demande-t-on tout d'abord ? Lorsque nous répondons que la Théosophie est la sagesse divine ou la sagesse des dieux (Theo-Sophia) plutôt que celle d'un dieu, on nous fait cette autre objection encore plus extraordinaire : — « N'êtes-vous donc point Bouddhistes ? Or, nous savons que les Bouddhistes ne croient ni à un dieu, ni à des dieux... »


Rien de plus exact. Mais, premièrement, nous ne sommes pas plus Bouddhistes que nous ne sommes Chrétiens, Musulmans, Juifs, Zoroastriens ou Brahmes. Ensuite, en matière de dieux, nous nous en tenons à la méthode ésotérique de l'Hyponoia enseignée par Ammonius Saccas, c'est-à-dire au sens occulte du mot. Aristote ne l'a-t-il pas dit ? — « L'essence Divine péné¬trant la nature et répandue dans tout l'univers (qui est infini), ce que les hoi polloi appellent des dieux, c'est tout simplement... les premiers principes » ; en d'autres termes, les forces créatrices et intelligentes de la Nature. De ce que les Bouddhistes philosophes admettent et connaissent la nature de ces forces aussi bien que qui que ce soit, il ne s'ensuit pas que la Société, — en tant que Société, — soit Bouddhiste. En sa qualité de corporation abstraite, la Société ne croit à rien, n'accepte rien, n'enseigne rien. La Société per se ne peut et ne doit avoir aucune religion, car elle contient toutes les religions. Les cultes ne sont, après tout, que des véhicules extérieurs, des formes plus ou moins matérielles, et contenant plus ou moins de l'essence de la Vérité une et universelle. La Théosophie est en principe la science spirituelle aussi bien que physique de cette Vérité, la véritable essence des recherches déistes et philosophiques. Représentant visible de la Vérité universelle, — puisque toutes les religions et les philosophies y sont contenues et que chacune d'elles contient à son tour une portion de cette Vérité, — la Société ne saurait être plus sectaire, avoir plus de préférences ou de partialité qu'une Société anthropologique ou géographique. Ces dernières se soucient-elles que leurs explorateurs appartiennent à telle religion ou à telle autre, pourvu que chacun de leurs membres fasse bravement son devoir ?

Si, maintenant, on nous demande, comme on l'a déjà fait tant de fois, si nous sommes déistes ou athées, spiritualistes ou matérialistes, idéalistes ou positivistes, royalistes, républicains ou socialistes, nous répondrons que chacune de ces opinions est représentée dans la Société. Et je n'ai qu'à répéter ce que je disais, il y a juste dix ans, dans un article de fond du Theosophist, pour faire voir combien ce que le public pense de nous diffère de ce que nous sommes en réalité. Notre Société a été accusée, à diverses époques, des méfaits les plus baroques et les plus contradictoires, et on lui a prêté des motifs et des idées qu'elle n'a jamais eus. Que n'a-t-on pas dit de nous ! Un jour, nous étions une société d'ignares, croyant aux miracles ; le lendemain, on proclamait que nous étions nous-mêmes des thaumaturges ; notre but était secret et tout politique, disait-on le matin, nous étions des Carbonari et de dangereux Nihilistes ; puis, le soir, on découvrait que nous étions des espions salariés de la Russie monarchique et autocratique. D'autres fois, sans transition aucune, nous devenions des Jésuites cherchant à ruiner le Spiritisme en France. Les Positivistes américains voyaient en nous des fanatiques religieux, tandis que le clergé de tous les pays nous dénonçait comme des émissaires de Satan, etc., etc. En dernier lieu, nos braves critiques, avec une urbanité très impartiale, divisèrent les Théosophes en deux catégories : les charlatans et les gobe-mouches...

Or, on ne calomnie que ce que l'on hait ou « que l'on redoute ». Pourquoi nous haïrait-on ? Quant à nous redouter, qui sait ? La vérité n'est pas toujours bonne à dire, et nous en disons trop, peut-être, de vérités vraies. Malgré tout, depuis le jour de la fondation de notre Société, aux Etats-Unis, il y a quatorze ans, nos enseignements ont reçu un accueil tout à fait inespéré. Le programme original a dû être élargi, et le terrain de nos recherches et de nos explorations réunies se perd, à l'heure qu'il est, dans des horizons infinis. Cette extension fut nécessitée par le nombre toujours croissant de nos adhérents, nombre qui augmente encore chaque jour ; la diversité de leurs races et de leurs religions exigeant de notre part des études de plus en plus approfondies. Cependant si notre programme fut élargi, il n'y fut rien changé quant à ce qui touchait aux trois buts principaux, sauf, hélas ! pour celui qui nous tenait le plus à cœur, le premier, à savoir : la Fraternité universelle sans distinction de race, de couleur ou de religion. Malgré tous nos efforts, cet objet a été presque toujours ignoré ou est resté lettre morte, aux Indes surtout, grâce à la morgue innée et à l'orgueil national des Anglais. A part cela, les deux autres objets, c'est-à-dire l'étude des religions orientales, des vieux cultes védique et bouddhiste surtout, et nos recherches sur les pouvoirs latents dans l'homme, ont été poursuivis avec un zèle qui a reçu sa récompense.

Depuis 1876, nous nous sommes vus forcés de dévier de plus en plus de la grande route des généralités, primitivement tracée, pour prendre des voies collatérales qui vont toujours en s'élargissant. Il est arrivé ainsi que, pour satisfaire tous les Théosophes et suivre l'évolution de toutes les religions, il nous a fallu faire le tour du globe entier, en commençant notre pèlerinage à l'aube du cycle de l'humanité naissante. Ces recherches ont abouti à une synthèse qui vient d'être esquissée dans La Doctrine Secrète, dont certaines portions seront traduites dans cette Revue. La doctrine est à peine ébauchée dans nos volumes ; et cependant les mystères qui y sont dévoilés, concernant les croyances des peuples préhistoriques, la cosmogonie et l'anthropologie, n'avaient jamais été divulgués jusqu'à ce jour. Certains dogmes, certaines théories se heurtent aux théories scientifiques, surtout à celles de Darwin ; en revanche, ils expliquent et éclairent ce qui restait incompréhensible jusqu'à ce jour et comblent plus d'une lacune laissée, nolens volens, béante par la science officielle. Mais nous devions présenter ces doctrines telles qu'elles sont ou bien ne jamais aborder le sujet. Celui qu'effraient ces perspectives infinies et qui chercherait à les abréger par les chemins de traverse et les ponts volants artificiellement bâtis par la science moderne au-dessus de ses mille et une lacunes, fera mieux de ne pas s'engager dans les thermopyles de la science archaïque.

Tel a été un des résultats de notre Société, résultat bien pauvre peut-être, mais qui sera certainement suivi d'autres révélations, exotériques ou purement ésotériques. Si nous en parlons, c'est pour prouver que nous ne prêchons aucune religion en particulier, laissant à chaque membre pleine et entière liberté de suivre sa croyance particulière. Le but principal de notre organisation, dont nous nous efforçons de faire une vraie fraternité, est exprimé tout entier dans la devise de la Société Théosophique et de tous ses organes. « Il n'y a pas de religion plus élevée que la vérité ». Comme Société impersonnelle nous devons donc prendre cette vérité partout où nous la trouvons, sans nous permettre plus de partialité pour une croyance que pour une autre. Ceci mène directement à une déduction toute logique. Si nous acclamons et recevons à bras ouverts tout chercheur sérieux à la poursuite de la vérité, il ne saurait y avoir de place dans nos rangs pour un sectaire ardent, un bigot ou un cafard, entouré de la muraille chinoise de dogmes dont chaque pierre porte les mots : « On ne passe pas ». Quel poste y occuperait, en effet, un fanatique dont la religion défend toute recherche et n'admet pas de raisonnement possible, alors que l'idée mère, la racine même d'où pousse la belle plante que nous appelons Théosophie, se nomme: Recherche libre et entière à travers tous les mystères naturels, divins ou humains !

Sauf cette restriction, la Société invite tout le monde à participer à ses recherches et à ses découvertes. Quiconque sent son cœur battre à l'unisson avec le grand cœur de l'humanité ; quiconque sent ses intérêts solidaires avec les intérêts de tout être plus pauvre et plus mal partagé que lui ; quiconque, homme ou femme, est toujours prêt à tendre la main à ceux qui .souffrent ; quiconque apprécie le mot « Egoïsme » à sa juste valeur, est Théosophe de naissance et de droit. Il peut toujours être sûr de trouver des âmes sympathiques parmi nous. Notre Société, en effet, est une petite humanité spéciale, où, comme dans le genre humain, on trouve toujours son Sosie.

Si on nous objecte que l'athée y coudoie le déiste, et le matérialiste l'idéaliste, nous répondrons: qu'importe ! Qu'un individu soit matérialiste, c'est-à-dire discerne dans la matière une potentialité infinie pour la création ou plutôt pour l'évolution de toute vie terrestre, ou bien spiritualiste, et soit doué d'une perception spirituelle que l'autre n'a pas, en quoi cela empêche-t-il l'un ou l'autre d'être un bon Théosophe ? D'ailleurs, les adorateurs d'un dieu personnel ou Substance divine sont bien plus matérialistes que les Panthéistes qui rejettent l'idée d'un dieu carnalisé, mais qui aperçoivent l'essence divine dans chaque atome. Tout le monde sait que le Bouddhisme ne reconnaît ni un dieu ni des dieux. Et cependant l'Arhat, pour qui chaque atome de poussière est aussi plein de Swabhavat (substance plastique, éternelle et intelligente, quoique impersonnelle) qu'il l'est lui-même, et qui tâche d'assimiler ce Swabhavat en s'identifiant avec le Tout pour arriver au Nirvana, doit parcourir pour y arriver la même voie douloureuse de renonciation, de bonnes œuvres et d'altruisme, et mener une vie aussi sainte, quoique moins égoïste dans son motif, que le Chrétien béatifié. Qu'importe la forme qui passe, si le but que l'on poursuit est toujours la même essence éternelle, que cette essence se traduise à la perception humaine sous la forme d'une substance, d'un souffle immatériel ou d'un rien ! Admettons la PRÉSENCE, qu'elle s'appelle dieu personnel ou substance universelle, et confessons une cause puisque nous voyons tous des effets. Mais, ces effets étant les mêmes pour le Bouddhiste athée et pour le Chrétien déiste, et la cause étant aussi invisible et aussi inscrutable pour l'un que pour l'autre, pourquoi perdre notre temps à courir après une ombre insaisissable ? Au bout du compte le plus grand des Matérialistes, aussi bien que le plus transcendant des philosophes, confesse l'omniprésence d'un Protée impalpable, omnipotent dans son ubiquité à travers tous les royaumes de la nature, y compris l'homme ; Protée indivisible dans son essence, sans forme et pourtant se manifestant dans toute forme, qui est ici, là, partout et nulle part, qui est le Tout et le Rien, qui est toutes choses et toujours Un, Essence universelle qui lie, limite et contient tout, et que tout contient. Quel théologien peut aller au-delà ? Il suffit de reconnaître ces vérités pour être Théosophe ; car une confession semblable revient à admettre que non seulement l'humanité, — encore qu'elle soit composée de milliers de races, — mais tout ce qui vit et végète, tout ce qui est, en un mot, est fait de la même essence et substance, et animé du même esprit, et que, par conséquent, dans la nature, tout est solidaire au physique comme au moral.

Nous l'avons déjà dit ailleurs, dans le Theosophist : « Née aux Etats-Unis d'Amérique, la Société Théosophique a été constituée sur le modèle de la mère-patrie. Celle-ci, on le sait, a omis le nom de Dieu dans sa Constitution, de peur, disaient les Pères de la République, que ce mot ne devînt un jour le prétexte d'une religion d'Etat ; car, ils désiraient accorder dans les lois une absolue égalité à toutes les religions, de sorte que toutes soutinssent l'Etat, et que toutes fussent à leur tour protégées ».

La Société Théosophique a été établie sur ce beau modèle.
A l'heure qu'il est, ses cent soixante-treize branches [173] sont groupées en plusieurs Sections. Aux Indes, ces sections se gouvernent elles-mêmes et subviennent à leurs propres frais ; en dehors des Indes, il y a deux grandes sections, une en Amérique et une autre en Angleterre [American Section et British Section]. Ainsi, chaque branche comme chaque membre ayant le droit de professer la religion et d'étudier les sciences ou les philosophies qu'il préfère, pourvu que le tout reste uni par les liens de la Solidarité et de la Fraternité, — notre Société peut s'appeler véritablement la « République de la conscience ».

Tout en étant libre de poursuivre les occupations intellectuelles qui lui plaisent le mieux, chaque membre de notre Société doit cependant fournir une raison quelconque pour y appartenir ; ce qui revient à dire que chaque membre doit apporter sa part, si petite qu'elle soit, en labeur mental ou autrement, pour le bien de tous. S'il ne travaille pas pour autrui, il n'a pas de raison d'être Théosophiste. Tous, nous devons travailler à la libération de la pensée humaine, à l'élimination des superstitions égoïstes et sectaires et à la découverte de toutes les vérités qui sont à la portée de l'esprit humain. Ce but ne peut être atteint plus sûrement que par la culture de la solidarité dans le travail mental. Aucun travailleur honnête, aucun chercheur sérieux, ne s'en retourne les mains vides ; et il n'y a guère d'hommes ou de femmes, si occupés qu'on les suppose, qui soient incapables de déposer leur denier moral ou pécuniaire sur l'autel de la vérité. Le devoir des Présidents de branches et de Sections sera désormais de veiller à ce qu'il n'y ait point de ces frelons, qui ne font que bourdonner, dans la ruche des abeilles théosophiques.

Un mot encore. Que de fois n'a-t-on pas accusé les deux Fondateurs de la Société Théosophique d'ambition et d'autocratie ! Que de fois ne leur a-t-on pas reproché un prétendu désir d'imposer leurs volontés aux autres membres ! Rien de plus injuste. Les Fondateurs de la Société ont toujours été les premiers et les plus humbles serviteurs de leurs collaborateurs et collègues ; se montrant toujours prêts à les aider des faibles lumières dont ils disposent, et à les soutenir dans la lutte contre les égoïstes, les indifférents et les sectaires ; car telle est la première lutte à laquelle doit se préparer quiconque entre dans notre Société si peu comprise du public. D'ailleurs, les rapports publiés après chaque Convention annuelle sont là pour le prouver. A notre dernier anniversaire, tenu à Madras, en décembre 1888, d'importantes réformes ont été proposées et adoptées. Tout ce qui ressemblait à une obligation pécuniaire a cessé d'exister, le paiement même des 25 fr. que coûtait le diplôme ayant été aboli. Désormais les membres sont libres de donner ce qu'ils veulent, s'ils ont à cœur d'aider et de soutenir la Société, ou de ne rien donner.

Dans ces conditions et à ce moment de l'histoire théosophique, il est facile de comprendre le but d'une Revue dévouée exclusivement à la propagation de nos idées. Nous voudrions pouvoir y ouvrir de nouveaux horizons intellectuels, y tracer des voies inexplorées menant à l'amélioration du genre humain ; y offrir une parole de consolation à tous les déshérités de la terre, qu'ils souffrent d'un vide dans l'âme ou de l'absence des biens matériels. Nous invitons tous les grands cœurs qui voudraient répondre à cet appel à se joindre à nous dans cette œuvre humanitaire. Tout collaborateur, qu'il soit membre de notre Société ou seulement en sympathie avec elle, peut nous aider à faire de cette Revue le seul organe de la vraie Théosophie, en France. Nous voici en face de toutes les glorieuses possibilités de l'avenir. Voici encore une fois l'heure du grand retour périodique de la marée montante de la pensée mystique en Europe. De tous côtés nous environne l'océan de la science universelle, — la science de la vie éternelle, — apportant dans ses flots les trésors ensevelis et oubliés des générations disparues, trésors qui sont encore inconnus des 'races civilisées modernes. Le courant vigoureux qui monte des abîmes sous-marins, des profondeurs où gisent les connaissances et les arts préhistoriques engloutis avec les Géants antédiluviens, — demi-dieux, quoique mortels à peine ébauchés, — ce courant nous souffle au visage, en murmurant : — « Ce qui fut, est encore ; ce qui est oublié, enterré depuis des éons dans les profondeurs des couches jurassiques, peut reparaître à la surface encore une fois. Préparez-vous ».

Heureux ceux qui entendent le langage des éléments. Mais où vont-ils, ceux pour qui le mot élément n'a d'autre signification que celle que lui donnent la physique et la chimie matérialistes ? Est-ce vers des rivages connus que le flot des grandes eaux les emportera, lorsqu'ils auront perdu pied dans l'inondation qui Se prépare ? Est-ce vers le sommet d'un nouvel Ararat qu'ils se sentiront emportés, vers les hauteurs où il y a lumière et soleil et une corniche sûre pour y poser le pied, ou bien est-ce vers un abîme sans fond, qui les engloutira dès qu'ils voudront lutter contre les vagues irrésistibles d'un élément nouveau ?


Préparons-nous, et étudions la vérité sous toutes ses faces, tâchons de n'en ignorer aucune, si nous ne tenons pas, lorsque l'heure sera venue, à tomber dans le gouffre de l'inconnu. Il est inutile de s'en remettre au hasard et d'attendre le moment de la crise intellectuelle et psychique qui se prépare, avec indifférence, sinon avec une pleine incrédulité, en se disant qu'au pis aller la marée nous poussera tout naturellement vers le rivage ; car il y a de grandes chances pour que cette marée ne rejette qu'un cadavre. La lutte sera terrible, en tout cas, entre le matérialisme brutal et le fanatisme aveugle d'un côté, et de l'autre la philosophie et le mysticisme, ce voile plus ou moins épais de la vérité éternelle.

Ce n'est pas le matérialisme qui aura le dessus. Tout fanatique d'une idée qui l'isolerait de l'axiome universel — « il n'y a pas de religion plus élevée que la Vérité » — se verra détaché par cela même, comme une planche pourrie, de la nouvelle arche appelée l'Humanité. Ballotté sur les flots, chassé par le vent, roulé dans cet élément si terrible parce que cet élément est inconnu, il se verra bientôt engouffré...


Oui, il doit en être ainsi et il ne peut en être autrement, lorsque la flamme artificielle et sans chaleur du matérialisme moderne s'éteindra faute d'aliments. Ceux qui ne peuvent se faire à l'idée d'un .Moi spirituel, d'une âme vivante et d'un Esprit éternel dans leur coque matérielle (qui ne doit qu'à ces principes sa vie illusoire) ; ceux pour qui la grande vague d'espérance en l'existence d'outre-tombe est un flot amer, le symbole d'une quantité inconnue, ou bien le sujet d'une croyance sui generis, résultant d'hallucinations médianimiques ou théologiques, — ceux-là feront bien de se préparer aux plus grands déboires que l'avenir puisse leur réserver. Car de la profondeur des eaux bourbeuses et noires de la matière qui leur cache de tous côtés les horizons du grand au delà, monte vers les dernières années de ce siècle une force mystique. C'est un frôlement, tout au plus, jusqu'ici, mais un frôlement surhumain, — « surnaturel », seulement pour les superstitieux et les ignorants. L'esprit de vérité passe en ce moment sur la face de ces eaux noires, et, en les divisant, les contraint à dégorger leurs trésors spirituels. Cet esprit est une force qui ne peut être ni entravée ni arrêtée. Ceux qui la reconnaissent et sentent que voici le moment suprême de leur salut, seront enlevés par elle et emportés au-delà des illusions du grand serpent astral. Le bonheur qu'ils en éprouveront sera si âpre et si vif, que, s'ils n'étaient isolés en esprit de leur corps de chair, la béatitude les blesserait comme une lame acérée. Ce n'est pas du plaisir qu'ils éprouveront, mais un bonheur qui est 'un avant-goût de la connaissance des dieux, de la connaissance du bien et du mal et des fruits de l'arbre de la vie.

Mais que l'homme de l'ère présente soit un fanatique, un incrédule ou un mystique, il doit se bien persuader qu'il lui est inutile de lutter contre les deux forces morales actuellement déchaînées et en lutte suprême. Il est à la merci de ces deux adversaires, et il n'existe pas de force intermédiaire capable de le protéger. Ce n'est qu'une question de choix : se laisser emporter naturellement et sans lutte sur les flots de l'évolution mystique, ou bien se débattre contre la réaction de l'évolution morale et psychique et se sentir engouffré dans le Maelström de la nouvelle marée. Le monde entier, à l'heure actuelle, avec ses centres de haute intelligence et de culture humaine, avec ses foyers politiques, littéraires, artistiques et commerciaux, est en ébullition ; tout s'ébranle, s'écroule et tend à se réformer. Il est inutile de s'aveugler, inutile d'espérer qu'on pourra rester neutre entre les deux forces qui luttent ; il faut se laisser broyer ou choisir entre elles. L'homme qui s'imagine avoir choisi la liberté, et qui, néanmoins, reste submergé dans cette chaudière en ébullition et écumante de matière mal¬propre que l'on appelle la vie sociale, — prononce le mensonge le plus terrible à son Moi divin, un mensonge qui aveuglera ce Moi à travers la longue série de ses incarnations futures. Vous tous qui hésitez dans la voie de la Théosophie et des sciences occultes, et qui tremblez au seuil d'or de la vérité, — la seule vérité qui soit encore possible, puisque toutes les autres vous ont fait défaut, l'une après l'autre, — regardez bien en face la grande réalité sui s'offre à vous. C'est aux mystiques seuls que ces paroles s'adressent, c'est pour eux seuls qu'elles ont quelque importance ; pour ceux qui ont déjà fait leur choix elles sont vaines et inutiles. Mais vous, Occultistes, Kabalistes et Théosophes, vous savez bien qu'un mot vieux comme le monde, quoique nouveau pour vous, a été prononcé au commencement de ce cycle, et gît en puissance, bien que non articulé pour les autres, dans la somme des chiffres de l'année 1889 ; vous savez qu'une note, qui n'avait jamais encore été entendue par les hommes de l'ère présente, vient de résonner, et qu'une nouvelle pensée est éclose, mûrie par les forces de l'évolution. Cette pensée diffère de tout ce qui a jamais été produit dans le XIX siècle ; elle est identique, cependant, avec celle qui fut la tonique et la clef de voûte de chaque siècle, surtout du dernier : — Liberté absolue de la pensée humaine.

Pourquoi essayer d'étrangler, de supprimer ce qui ne peut être détruit ? A quoi bon lutter, lorsqu'on n'a d'autre choix que de se laisser soulever sur la crête de la vague spirituelle jusqu'aux cieux, jusqu'au-delà des étoiles et des univers, ou de se laisser entraîner dans le gouffre béant d'un océan de matière. Vains sont vos efforts pour sonder l'insondable, pour arriver aux racines de cette matière si glorifiée dans notre siècle ; car ses racines poussent' dans l'Esprit et dans l'Absolu, et n'existent pas, bien qu'elles soient éternelles. Ce contact continu avec la chair, le sang et les os, avec l'illusion de la matière différenciée, ne fait que vous aveugler ; et plus vous pénétrerez avant dans la région des atomes chimiques et insaisissables, plus vous vous convaincrez qu'ils n'existent que dans votre imagination. Pensez-vous y trouver vraiment toutes les vérités et toutes les réalités de l'être ? Mais la mort est à la porte de chacun de nous, prête à fermer sur l'âme aimée qui s'échappe de sa prison, sur l'âme qui seule a rendu le corps réel ; et l'amour éternel s'assimile-t-il avec les molécules de la matière qui différencie et disparaît ?

Mais vous êtes peut-être indifférents à tout cela, et alors, que vous importent l'amour et les âmes de ceux que vous avez aimés, puisque vous ne croyez pas à ces âmes ? Ainsi soit-il. Votre choix est tout fait ; vous êtes entrés dans le sentier qui ne traverse que les déserts arides de la matière. Vous vous êtes condamnés à y végéter à travers une longue série d'existences, vous contentant désormais de délires et de fièvres au lieu de perceptions spirituelles, de passion au lieu d'amour, de la coquille au lieu du fruit.

Mais vous, amis et lecteurs, qui aspirez à quelque chose de plus qu'une vie d'écureuil tournant dans sa roue incessante ; vous qui ne sauriez vous contenter de la chaudière qui bout toujours sans rien produire, vous qui ne prenez pas des échos sourds et vieux comme le monde pour la voix divine de la vérité, préparez-vous à un avenir que peu d'entre vous ont rêvé, à moins qu'ils ne soient entrés dans la voie. Car vous avez choisi un sentier qui, plein de ronces d'abord, s'élargira bientôt et vous mènera droit à la vérité divine. Libre à vous de douter d'abord ; libre à vous de ne pas accepter sur parole ce qui est enseigné sur la source et la cause de cette vérité, mais vous pouvez toujours écouter ce que dit la voix, vous pouvez toujours observer les effets produits par la force créatrice qui sort des abîmes de l'inconnu. Le sol aride sur lequel se meuvent les générations présentes, à la fin de cet âge de disette spirituelle et de satiété toute matérielle, a besoin d'un signe divin, d'un arc-en-ciel, — symbole d'espérance — au-dessus de son horizon. Car de tous les siècles passés, le XIXe est le plus criminel. Il est criminel dans son égoïsme effrayant ; dans son scepticisme qui grimace à la seule idée de quelque chose au-delà de la matière ; dans son indifférence idiote pour tout ce qui n'est pas le Moi personnel, — plus que ne l'a été aucun des siècles d'ignorance barbare et de ténèbres intellectuelles. Notre siècle doit être sauvé de lui-même avant que sa dernière heure ne sonne. Voici le moment d'agir pour tous ceux qui voient la stérilité et la folie d'une existence aveuglée par le matérialisme, et si férocement indifférente au sort d'autrui ; c'est à eux de dévouer leurs plus grandes énergies, tout leur courage et tous leurs efforts à une réforme intellectuelle. Cette réforme ne peut être accomplie que par la Théosophie et, disons-le, par l'Occultisme ou la sagesse de l'Orient. Les sentiers qui y mènent sont nombreux, mais la sagesse est une. Les artistes la pressentent, ceux qui souffrent en rêvent, les purs d'esprit la connaissent. Ceux qui travaillent pour autrui ne peuvent rester aveugles devant sa réalité, bien qu'ils ne la connaissent pas toujours par son nom. Il n'y a que les esprits vides et légers, les frelons égoïstes et vains, étourdis du son de leur propre bourdonnement, qui ignorent cet idéal supérieur. Ceux-là vivront jusqu'à ce que la vie devienne un fardeau bien lourd pour eux.

Qu'on le sache bien cependant: ces pages ne sont pas écrites pour les masses. Elles ne sont ni un appel à la réforme, ni un effort pour gagner à nos vues les heureux de la vie ; elles ne s'adressent qu'à ceux qui sont faits pour les comprendre, à ceux qui souffrent, à ceux qui ont soif et faim d'une réalité quelconque dans ce monde d'ombres chinoises. Et ceux-là, pourquoi ne se montreraient-ils pas assez courageux pour laisser là leurs occupations frivoles, leurs plaisirs surtout et mêmes leurs intérêts, à moins que le soin de ces intérêts ne leur constitue un devoir envers leur famille ou autrui ? Personne n'est si occupé ou si pauvre qu'il ne puisse se créer un bel idéal à suivre. Pourquoi hésiter à se frayer un passage vers cet idéal, s les obstacles, toutes les entraves, toutes les considérations journalières de la vie sociale, et à marcher résolument jusqu'à ce qu'on l'atteigne ? Ah ! ceux qui feraient cet effort trouveraient bientôt que la « porte étroite » et « le chemin plein de ronces » mènent à des vallées spacieuses aux horizons sans limites, à un état où on ne meurt plus, car on s'y sent redevenir dieu ! Il est vrai que les premières conditions requises pour en arriver là sont un désintéressement absolu, un dévouement sans bornes pour autrui, et une parfaite indifférence pour le monde et son opinion. Pour faire le premier pas dans cette voie idéale, il faut un motif parfaitement pur ; aucune pensée frivole ne doit nous faire détourner les yeux du but, aucune hésitation, aucun doute ne doit entraver nos pas. Cependant il existe des hommes et des femmes parfaitement capables de tout cela et dont le seul désir est de vivre sous l'égide de leur Nature Divine. Que ceux-là, au moins, aient le courage de vivre cette vie et de ne pas la cacher aux yeux des autres ! Aucune opinion d'autrui ne saurait être au dessus de l'opinion de notre propre conscience. Que ce soit donc cette conscience, parvenue à son développement suprême, qui nous guide dans tous les actes de l'existence ordinaire. Quant à la conduite de notre vie intérieure, concentrons toute notre attention sur l'idéal proposé, et regardons au-delà, sans jamais jeter un regard sur la boue à nos pieds...


Ceux qui sont capables de cet effort sont de vrais Théosophes ; tous les autres ne sont que des membres plus ou moins indifférents, et fort souvent inutiles.
H.P. Blavatsky
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Message  Arlitto Jeu 25 Aoû 2016, 19:10

Le Cercle de l'Éternité et du Temps

« Le Cercle était, pour chaque nation, le symbole de l'Inconnu – l'"Espace sans Borne," le voile abstrait d'une abstraction toujours présente – la Déité Inconnaissable. Il représente le Temps illimité dans l'éternité. Le [...] "Cercle sans limite du Temps Inconnu," Cercle d'où est issue la lumière radiante – le SOLEIL Universel, ou Ormuz [le Logos, le « Premier Né » et le Soleil] – est identique à Kronos [Cronos], dans sa forme éolienne, qui est un Cercle. Car le cercle est Sare, et Saros, ou cycle, et il était le dieu babylonien dont l'horizon circulaire était le symbole visible de l'invisible, tandis que le soleil était le Cercle UN d'où étaient issues les orbes Cosmiques, et dont il était considéré comme le chef. [...] Ainsi, aucune meilleure définition ne pouvait être donnée du symbole naturel et de la nature évidente de la Déité, qui ayant sa circonférence partout (le sans limite) avait, cependant, son point central partout ; en d'autres mots, était dans chaque point de l'Univers ». [La Doctrine Secrète, vol. I, pp 113-4, éd. angl.]


« Ce principe, premier ou plutôt UN, était appelé « le cercle Céleste », symbolisé par le hiérogramme d'un point dans un cercle ou dans un triangle équilatéral, le point étant le LOGOS. Ainsi dans le Rig Veda, dans lequel Brahma n'est même pas nommé, la cosmogonie est précédée par l'Hiranyagharba, « l'Œuf d'Or », et Prajapati (Brahma à un stade ultérieur), desquels ont émané toutes les hiérarchies de « Créateurs ». La Monade, ou le point, est l'origine et est l'unité d'où vient tout le système de numérotation. Ce Point, est la Cause Première, mais CELA dont il émane, ou plutôt, dont il est l'expression, le Logos, est passé sous silence. À son tour, le symbole universel, le point à l'intérieur du cercle, n'était pas encore l'Architecte, mais la cause de cet Architecte ; et ce dernier se tenait vis-à-vis de lui précisément dans la même relation que le point lui-même vis-à-vis de la circonférence du Cercle, qui ne peut être définie, selon Hermès Trismégiste. [...] Avec Pythagore, la MONADE retourne dans le silence et les Ténèbres dès qu'elle a développé la triade, de laquelle émanent les sept chiffres restants des 10 (dix) chiffres [sacrés] qui sont à la base de l'univers manifesté.



« [...] Les légendes scandinaves de la création, de notre terre et de l'univers, commencent avec le temps et la vie humaine. Pour elles, tout ce qui précède est « Ténèbres », où réside le Père-de-Tout, la cause de tout. Comme on a pu l'observer [...] ces légendes ont en elles l'idée de ce PÈRE-DE-TOUT, la cause originelle de tout ; « il est à peine mentionné dans les poèmes, » non pas en raison [...] de l'idée « qu'on ne pourrait atteindre à une conception précise de l'Éternel, » mais à cause de son caractère profondément ésotérique. Ainsi, tous les dieux créateurs, ou les Déités personnelles, commencent au second stade de l'évolution Cosmique. Zeus est né dans et à partir de Kronos – le Temps. Ainsi en est-il de Brahmâ, le produit et l'émanation de Kala, "l'éternité et le temps" ; Kala étant un des noms de Vishnu. » [La Doctrine Secrète, vol. I, pp 426-7, éd. angl.]



La conscience illusoire du temps
« "Le Temps" n'est qu'une illusion produite par la succession de nos états de conscience tandis que nous évoluons dans la Durée éternelle et il ne peut exister quand il n'y a aucune conscience dans laquelle l'illusion puisse être produite ; mais "il gît endormi" ». [La Doctrine Secrète, I, p. 37, éd. angl.]
« L'illusion du temps est inhérente à notre constitution complexe. » [« La Loi des cycles » Cahier Théosophique n°10].


Les cycles et le secret de l'initiation
« Il est bien connu qu'aucun secret ne fut mieux préservé et plus sacré pour les anciens, que celui de leurs cycles et leurs computs. Des Egyptiens aux Juifs, divulguer quoi que ce soit relatif à la mesure exacte du temps était considéré comme le plus grand péché. C'était pour avoir divulgué les secrets des Dieux, que Tantale fut précipité dans les régions infernales ; les gardiens des Livres sacrés Sibyllins étaient menacés de la peine de mort s'ils en révélaient un seul mot. Les Sigalions (les images d'Harpocrate [symbolisant le secret]), étaient dans chaque temple – en particulier dans ceux d'Isis et de Sérapis –chacun pressant un doigt sur les lèvres ; tandis que les Hébreux, enseignaient, qu'après l'initiation aux mystères Rabbiniques, divulguer les secrets de la Kabale était comme manger du fruit de l'Arbre de la Connaissance : c'était passible de mort. » [La Doctrine Secrète, vol. II, p 396, éd. angl.]



Les Jours et les Nuits de Brahma
La division de l'histoire humaine en Âge d'Or, Âge d'Argent, Âge de Bronze et Âge de Fer est évoquée dans la littérature de nombreux peuples.
Dans l'Hindouisme, « Une période ou expression de manifestation universelle est appelée un Brahmanda c'est-à-dire une Vie complète de Brahma, et cette vie se compose des jours et des années qui, étant cosmiques, sont d'une durée immense. Le Jour de Brahma, comme celui de l'homme, a une durée de vingt-quatre heures environ ; son année de trois cent soixante jours environ ; le nombre de ses années s'élève à cent.
« Considérons maintenant ce globe [terrestre] puisque nous ne sommes concernés par aucun autre. Son gouvernement et son évolution sont dirigés par Manu, l'homme, d'où le terme manvantara c'est-à-dire "entre deux Manu". Le cours de l'évolution se divise, pour chaque race [c-à-d pour chaque peuple], en quatre yuga. Le temps et le caractère de ces yuga sont particuliers à chaque race. Ils n'affectent pas en même temps toute l'humanité car certaines races sont dans un yuga tandis que d'autres sont dans un cycle différent. [...] L'Occident et l'Inde sont actuellement en kali yuga, surtout en ce qui concerne le développement moral et spirituel. Le premier de ces yuga est lent comparé aux autres, et le yuga actuel — kali — est très rapide, son mouvement étant accéléré, justement comme certaines périodes astronomiques concernant la lune, qui sont connues aujourd'hui, mais dont l'étude n'a pas encore été entièrement approfondie. [Voici un tableau symbolique des périodes de l'Humanité pendant un univers :]



Le Babel de la pensée moderne Tableau%20cycles%20brahma
                                       [L'Océan de Théosophie – W.Q. Judge – pp. 132-3]

Les cycles de l'homme
Les cycles de l'intellect : « Selon l'ancienne doctrine, le mouvement cyclique du monde physique, s'accompagne d'un mouvement analogue dans le monde de l'intellect — l'évolution spirituelle du monde procédant par cycles, comme l'évolution physique.



« Nous observons ainsi dans la marée du progrès humain, l'alternance régulière d'un courant de flux et de reflux. Les grands royaumes et empires du monde, après avoir atteint l'apogée de leur grandeur, re-tombent selon une loi identique à celle qui les avait fait progresser, jusqu'au moment où, ayant atteint le point le plus bas, l'humanité se ressaisit et progresse une fois de plus ; le degré de développement atteint étant — en vertu de cette loi de progression en cycles ascendants — un peu plus élevé que celui qu'elle avait avant sa chute. »


L'homme est créateur de ses cycles : « Nous sommes nous-mêmes les créateurs de cycles (périodes de temps définies) ; et les cycles temporels poursuivent leurs révolutions en nous-mêmes. La circulation du sang dans le corps, les pulsations du cœur et le pouls sont des phénomènes cycliques ; les désirs ardents des appétits et leur satisfaction sont cycliques ; maladie et convalescence sont cycliques ; sommeil et veille sont cycliques ; de même que la naissance et la mort ; la vie prénatale est cyclique ; la vie sur terre est également cyclique. »


« Deux conclusions importantes de cette étude sur la Loi des Cycles peuvent se résumer ainsi :


« 1°) Nous sommes les créateurs de certains cycles : par l'opération du karma individuel, nous traçons le cycle de nos réincarnations individuelles ; par nos actions collectives, nous traçons les cycles de contraction ou d'expansion de ce qui sera la croissance ou le déclin de la communauté ou de la nation ; par le karma spirituel, nous progressons lentement mais sûrement, vers le bord du « Cercle primordial » — qui est le Nirvâna lorsqu'on y entre soi-consciemment et le Pralaya [Une période d'obscuration ou de repos entre deux périodes de manifestations] lorsqu'on y entre inconsciemment.

« 2°) Chaque être humain vit en étroite communion avec la Nature, évolue au milieu de la Nature et doit réaliser que son Être est la Nature. De roue en roue, de cycle en cycle, la Vie Une en manifestation trace le Cercle du Temps dans l'Espace Abstrait, qui est la Durée. ». [Extraits de « La Loi des cycles » Cahier Théosophique n°10].


Les cycles de l'homme et de l'humanité : « Les cycles spirituels, psychiques et moraux sont ceux qui affectent plus spécialement l'homme ; ils donnent naissance aux cycles nationaux, raciaux, et individuels. Les cycles raciaux [les cycles des peuples] et nationaux appartiennent à l'histoire. Les cycles individuels sont des cycles de réincarnation, de sensation et d'impression. Pour la majorité des hommes, le cycle de la réincarnation individuelle dure quinze cents ans ; il détermine à son tour un grand cycle historique intimement lié au progrès de la civilisation. » [L'Océan de Théosophie, W.Q. Judge - pp. 128/9]


Le parcours du cycle du zodiaque et le cycle de l'initiation
« Le cycle de l'Initiation était une reproduction en miniature de cette grande succession de changements cosmiques, à laquelle les astronomes ont donné le nom d'année tropicale ou sidérale. De même qu'à la fin du cycle de l'année sidérale (25.868 ans) les corps célestes retrouvent les mêmes positions relatives qu'ils occupaient à son début, de même, à la fin du cycle de l'Initiation, l'Homme intérieur a regagné l'état originel de divine pureté et de connaissance, d'où il était parti pour entreprendre son cycle d'incarnations terrestres. » [« La Loi des cycles » Cahier Théosophique n°10].{smooth-scroll-top}
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Message  Arlitto Jeu 25 Aoû 2016, 19:13

L'évolution cyclique et karma

Extraits de La Doctrine Secrète (pages 634 à 647 du volume I. Traduction de l'édition anglaise originale) :
« La VIE UNE est en relation étroite avec la loi une qui gouverne le Monde de l'Être – KARMA. Exotériquement, c'est simplement et littéralement « l'action », ou plutôt « une cause produisant un effet ». Ésotériquement, c'est quelque chose de complètement différent dans ses effets moraux à grande portée. C'est la LOI DE RETRIBUTION infaillible. [...]

« À la première palpitation de la vie renaissante, Svâbhâvat, “le rayonnement changeant de l'Immuable Ténèbre inconsciente dans l'Éternité”, passe, à chaque nouvelle renaissance du Kosmos [Cosmos], d'un état d'inactivité à un état d'intense activité ; il se différencie et ainsi commence son travail à travers cette différentiation. Ce travail est KARMA.

« Les Cycles sont aussi soumis aux effets produits par cette activité. [...]

« Pour rendre le fonctionnement de Karma, dans les rénovations périodiques de l'Univers plus évident et intelligible à l'étudiant, lorsqu'il aborde l'origine et l'évolution de l'homme, il doit maintenant examiner avec nous, l'influence ésotérique des Cycles Karmiques sur l'Éthique Universelle. La question est : ces mystérieuses divisions du temps, dénommées Yugas et Kalpas par les hindous, et très clairement Κύκλος « cycles », anneau ou cercle par les grecs, ont-elles quelque rapport ou quelque lien direct avec la vie humaine ? La philosophie exotérique, elle-même, explique que ces cercles perpétuels du temps reviennent sans cesse sur eux-mêmes, périodiquement et intelligemment, dans l'Espace et l'Éternité. Il y a des « Cycles de matière » et il y a des « Cycles de l'évolution Spirituelle ». Il y a des cycles raciaux, nationaux, et individuels. Est-ce que les spéculations ésotériques ne nous permettraient pas d'avoir une perception encore plus approfondie de leur fonctionnement ? [...]

« D'après les enseignements, Mâyâ, ou l'apparence illusoire de la succession des événements et des actions sur cette terre, varie selon les nations et les localités. Mais les caractéristiques principales de la vie de chacun [chaque être humain] sont toujours en accord avec la « Constellation » sous laquelle chacun est né, ou devrions-nous dire, avec les caractéristiques de son principe animateur ou de la déité qui y préside, que nous l'appelions un Dhyan Chohan, comme en Asie, ou un Archange avec les églises grecques et latines. Dans l'ancien Symbolisme, c'était toujours le SOLEIL (bien qu'il s'agissait du Soleil Spirituel et non du soleil visible), qui était censé envoyer les principaux Sauveurs et Avatars. D'où le lien entre les Bouddhas, les Avatars et tant d'autres incarnations du SEPT le plus élevé. Plus il se rapproche de son Prototype « au Ciel », mieux en est-il pour le mortel dont la personnalité fut choisie, par sa propre divinité personnelle (le septième principe), comme sa demeure terrestre. Car, avec chaque effort de volonté tendant à la purification et l'union avec ce « dieu-Soi », un des rayons inférieurs se brise et l'entité spirituelle de l'homme est attirée encore et toujours plus haut jusqu'au rayon qui remplace le premier, jusqu'à ce que, de rayon en rayon, l'homme intérieur soit attiré au sein du rayon unique et le plus élevé du SOLEIL-Parent. Ainsi, « les événements de l'humanité se déroulent effectivement en coordination avec les formes [crées par les] nombres », car les unités individuelles de cette humanité procèdent chacune et toutes de la même source – le SOLEIL central et son ombre, le SOLEIL visible. En effet, les équinoxes et les solstices, les périodes et les diverses phases du cours du Soleil, exprimés astronomiquement et numériquement, ne sont que les symboles concrets de la vérité éternellement vivante, bien qu'ils paraissent être des idées abstraites aux yeux des mortels non-initiés. Et ceci explique les coïncidences numériques extraordinaires dans les relations géométriques, comme l'ont montré plusieurs auteurs.

« Oui ; « notre destinée est écrite dans les étoiles ! » Seulement, plus étroite est l'union entre le reflet mortel, l'HOMME, et son PROTOTYPE céleste, moins dangereuses sont les conditions extérieures et les réincarnations subséquentes – auxquelles ni les Bouddhas ni les Christs ne peuvent échapper. Ceci n'est pas de la superstition, et encore moins du fatalisme. Ce dernier implique le cours aveugle d'un pouvoir encore plus aveugle, alors que l'homme est un agent libre durant son séjour sur terre. Il ne peut échapper à sa Destinée qui le gouverne, mais il a le choix entre deux sentiers qui le conduisent dans cette direction, et il peut atteindre le but de la souffrance si c'est celui qui lui est décrété soit dans les vêtements, blancs comme neige, du Martyr, soit dans les vêtements souillés d'un volontaire pour la voie de l'iniquité ; en effet il y a des conditions extérieures et intérieures qui affectent la détermination de notre volonté sur nos actions, et il est en notre pouvoir de suivre les unes ou les autres de ces conditions. Ceux qui croient au karma croient nécessairement à la destinée que chaque homme, de sa naissance jusqu'à sa mort, tisse fil par fil, autour de lui, tout comme l'araignée tisse sa toile. Cette destinée est guidée soit par la voix céleste du prototype invisible qui est en-dehors de nous, soit par notre être intérieur ou astral, qui nous est plus familier que l'autre, et qui n'est que trop souvent le mauvais génie de l'entité incarnée qu'on appelle l'homme. Tous deux conduisent l'homme extérieur, mais il faut que l'un ou l'autre l'emporte. Dès le commencement même du combat invisible, la sévère et implacable loi de compensation entre en jeu et poursuit son cours, en suivant fidèlement les fluctuations de la lutte. Quand le dernier fil se trouve tissé, et que l'homme est apparemment enveloppé dans un filet qu'il a ourdi lui-même, c'est alors qu'il se découvre complètement sous l'empire de la destinée qu'il a lui-même créée. Elle le fixe alors comme le coquillage inerte au rocher immuable, ou l'emporte comme une plume dans un tourbillon que ses propres actions ont soulevé, et cela c'est – KARMA. [...]

« Le Grand Cycle comprend le progrès de l'humanité depuis l'apparition de l'homme primordial à la forme éthérée. Il passe à travers les cycles intérieurs de son évolution progressive (celle de l'homme), d'éthéré, au semi-éthéré et au purement physique : jusqu'à la délivrance de l'homme de son vêtement de peau et de matière, après quoi il continue son cours descendant, puis à nouveau ascendant, pour se retrouver à l'apogée d'une Ronde, quand le manvantarique « Serpent avale sa queue » et que sept cycles mineurs se sont écoulés. [...] KARMA-NÉMESIS est la créatrice des nations et des êtres mortels, mais une fois créés, ce sont eux qui font d'elle un Ange de furie ou de récompense. [...] Car l'unique décret de Karma – décret éternel et immuable – est l'Harmonie absolue dans le monde de la matière aussi bien que dans celui de l'Esprit. Ce n'est donc pas Karma qui récompense ou punit, mais c'est nous qui nous récompensons ou nous punissons, suivant que nous travaillons avec, dans et conformément à la Nature (selon ses voies, et de concert avec elle), en restant fidèles aux lois dont dépend cette harmonie, ou que nous les violons. [...]

« Karma-Némésis n'est rien de plus que l'effet dynamique (spirituel) de causes produites et de forces éveillées à l'activité par nos propres actions. C'est une loi de dynamique occulte, qu'« une quantité donnée d'énergie employée sur le plan spirituel ou astral produit des effets beaucoup plus grands que la même quantité employée sur le plan physique et objectif d'existence ».

« Cet état durera jusqu'à ce que les intuitions spirituelles de l'homme soient pleinement développées, ce qui n'arrivera pas tant que nous n'aurons pas carrément rejeté nos épais vêtements de matière ; jusqu'à ce que nous commencions à agir de l'intérieur, au lieu de toujours suivre les impulsions extérieures ; c'est-à-dire, les impulsions provenant de nos sens physiques et de notre corps grossier et égoïste. Jusque-là, le seul palliatif aux maux de la vie est l'union et l'harmonie – une Fraternité IN ACTU, et un altruisme qui ne soit pas simplement de nom. La suppression d'une seule mauvaise cause ne supprimera pas un, mais un grand nombre d'effets négatifs. Et si une Fraternité, ou même plusieurs Fraternités ne peuvent empêcher des nations de se couper à l'occasion mutuellement la gorge – cependant une unité de pensée et d'action, et la recherche philosophique des mystères de l'être, évitera toujours à certains, qui essaient de comprendre ce qui était jusqu'à présent un mystère, de créer des causes supplémentaires dans un monde déjà si encombré de malheurs et de maux. La connaissance de karma donne la conviction que si :
« ... la vertu en péril et le vice triomphant,
rendent l'humanité athée ». Dryden.

« C'est uniquement parce que l'humanité a toujours fermé les yeux à la grande vérité que l'homme est à lui-même, son propre sauveur, comme son propre destructeur. [...] Comme leurs frères Orientaux de la Cinquième Race [l'humanité actuelle], les Aryens Occidentaux ont eu, dans chaque nation et peuplade, leurs âges d'Or et de Fer, leur période d'irresponsabilité relative, ou leur âge Satya de pureté [âge d'Or], alors que maintenant, plusieurs d'entre eux ont atteints leur Âge de Fer, le Kali-yuga, un âge NOIR D'HORREURS... [...]

« Cependant pour les païens, au sujet desquels Coleridge dit : « ... le Temps, le temps cyclique, était la représentation abstraite de la Déité... », cette « Déité » se manifestant en coordination avec, et seulement par Karma, et étant KARMA-NEMESIS elle-même, les cycles signifiaient quelque chose de plus qu'une simple succession d'évènements, ou un intervalle de temps périodique de durée plus ou moins longue. Car, ils étaient généralement marqué par le retour d'un caractère plus varié et intellectuel que ceux qui se manifestent lors des retours périodiques des saisons ou de certaines constellations. La sagesse moderne se satisfait des computations astronomiques et des prophéties basées sur des lois mathématiques infaillibles. La Sagesse Antique ajoutait à la froide coquille de l'astronomie, les éléments vivifiants de son âme et de son esprit – l'ASTROLOGIE. [...]

« Pourquoi, alors, les occultistes et les astrologues, aussi érudits [que ces astronomes], ne seraient-ils pas crus, quand ils prophétisent le retour d'un évènement cyclique en se basant sur les mêmes principes mathématiques ? Pourquoi se moquerait-on de leur revendication quand ils affirment le savoir ? [...] C'est simplement par la connaissance et des calculs mathématiques exacts que les HOMMES SAGES DE L'ORIENT peuvent pronostiquer, par exemple, que l'Angleterre est à l'aube de telle ou telle nouvelle catastrophe ; que la France, s'approche d'un moment similaire, dans son cycle, et que l'Europe, en général, est menacée par, ou plutôt, est à l'aube d'un cataclysme, vers lequel elle a été poussée par son propre cycle karmique racial. [...] Pour tous les Occultistes [c'] est une évidence scientifique — les archives étant conservées dans le Zodiaque depuis des âges incalculables. »
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Message  Arlitto Jeu 25 Aoû 2016, 19:15

Enseignements théosophiques sur la mort

Pour mieux comprendre quel est le pèlerinage de l'âme humaine entre deux incarnations terrestres, voici quelques citations de la Théosophie :

Le moment de la mort (le mourir et la première mort)
« Au moment solennel de la mort, même dans le cas de mort subite, chaque homme voit toute sa vie passée se dérouler devant lui dans ses plus minimes détails. Pendant un court instant, l'ego personnel devient un avec l'Ego individuel et omniscient. Mais cet instant suffit pour lui montrer tout l'enchaînement des causes qui ont opéré sa vie durant. Il se voit et se comprend alors tel qu'il est, dépouillé de tout masque flatteur et affranchi de ses propres illusions. Il déchiffre sa vie en spectateur qui contemple d'en haut l'arène qu'il quitte ; il sent et reconnaît la justice de toute la souffrance qu'il a subie. [Cela] arrive-t-il à tout le monde sans exception. [...] Des hommes très bons et très saints peuvent voir non seulement la vie qu'ils quittent mais même plusieurs existences antérieures où avaient été produites les causes qui les firent tels qu'ils furent dans la vie qui vient de se terminer. Ils reconnaissent la loi de karma dans toute sa majesté et dans toute sa justice. » (La Clef de la Théosophie – H.P. Blavatsky – p. 177)

« Tout dépend maintenant de la ligne qu'il a suivie dans ses pensées, et de leur nature, durant le cours entier de la vie du corps. Car l'âme doit suivre en sens inverse la route qu'elle avait parcourue jusque là, et le long de la voie sont alignés les souvenirs de toute la vie écoulée ; au fur et à mesure que ces souvenirs se réveillent, ils affectent l'entité qui s'en va, soit en la perturbant et en l'empêchant ainsi de se concentrer sur l'Être Suprême, soit, au contraire, en l'aidant à le faire d'une manière plus parfaite. » (Notes sur le Bhagavad-Gîtâ – W.Q. Judge - pp 102-3)

« Quand un être meurt, c'est son cerveau qui s'éteint en dernier lieu. La vie y est encore active, alors même que l'homme a été déclaré mort. À ce moment, l'âme passe en revue tous les événements passés, et elle en saisit la portée globale ; la tendance moyenne de l'être apparaît en lumière et l'espoir dominant de la vie se montre à la conscience. L'arôme final de toute cette revue forme la note tonique de l'existence du devachan. L'homme tiède ne va ni au Ciel ni en enfer : la Nature le vomit. On ne peut atteindre à des états positifs, objectifs ou subjectifs, que par une impulsion positive. Ce que l'homme reçoit en devachan dépend du motif dominant de l'âme. Par réaction, l'être haineux peut devenir aimant, mais l'indifférent n'a aucune impulsion, rien pour le faire croître. » (Les Echos de l'Orient – W.Q. Judge – p. 104)

« La Science occulte enseigne que l'état d'esprit d'un homme qui meurt est de la plus haute importance, en raison de l'état anormal de nature psychique où il se trouve. La dernière pensée d'un mourant fait beaucoup pour influencer son futur immédiat. La flèche est prête à s'envoler de l'arc ; la corde est tendue jusqu'à l'oreille et le but visé décidera du sort immédiat de la flèche. Heureux celui pour qui « OM est l'arc, le Soi [individuel] est la flèche, et le Brahman la cible » (Mundaka Upanishad II, ii, 4). À ce moment sacré, de fortes aspirations spirituelles (qu'elles soient naturelles ou induites par une exhortation sincère venant d'un être plein d'une véritable conviction ou, mieux encore, pénétré de la Gnose Divine) protègeront l'âme de celui qui abandonne la vie. Toutefois, ces remarques ne visent pas à justifier la superstition d'un « repentir » de « dernière heure », car l'immuable justice et la parfaite harmonie de la loi karmique ne peuvent que retourner un effet passager à une cause passagère ― et le reste de la dette karmique devra être payé dans de futures existences terrestres. » (Commentaire de H.P. Blavatsky sur la Pistis Sophia paru dans la revue Lucifer.)

« Tant soit peu de réflexion démontre que les faits vus et observés par les médecins et les témoins ne concernent que le retrait progressif de l'âme et de l'énergie abandonnant l'enveloppe extérieure appelée « corps ». Pendant ce processus d'approche de la mort, la personne peut bien accepter les rites de l'Église, professer sa foi dans telle ou telle doctrine que l'on voudra, et même, jusqu'à son dernier soupir, parler du Ciel et de la félicité qui l'y attend : ce n'est encore que le premier pas. Le dernier souffle laisse sur le visage une expression calme et heureuse, peut-être ; les parents ferment les yeux du défunt - on déclare que c'est la mort. Et pourtant, l'homme n'a fait que commencer à mourir. L'âme doit encore passer à travers d'autres enveloppes, au delà de ce que peuvent en connaître ses amis, au delà même du contrôle que pourrait désormais exercer le mourant. Tout dépend maintenant de la ligne qu'il a suivie dans ses pensées, et de leur nature, durant le cours entier de la vie du corps. Car l'âme doit suivre en sens inverse la route qu'elle avait parcourue jusque là, et le long de la voie sont alignés les souvenirs de toute la vie écoulée ; au fur et à mesure que ces souvenirs se réveillent, ils affectent l'entité qui s'en va, soit en la perturbant et en l'empêchant ainsi de se concentrer sur l'Être Suprême, soit, au contraire, en l'aidant à le faire d'une manière plus parfaite. » (Notes sur le Bhagavad-Gîtâ – W.Q. Judge - pp 92-3)

La séparation naturelle des principes provoquée par la mort
Après la revue sa vie passée et « par suite de la séparation naturelle des principes, provoquée par la mort, l'homme entier se trouve en trois parties :

« Premièrement : le corps visible qui, avec tous ses éléments, est abandonné sur le plan terrestre où il poursuit sa décomposition, et où tout ce qui est composite se désagrège et restitue avec le temps les éléments aux différents domaines physiques de la nature.
« Deuxièmement : le kâmarûpa (composé du corps astral et des passions et des désirs) qui, sur le plan astral [du kâma-loka], commence aussitôt à se désagréger.
« Troisièmement : l'homme réel - la triade supérieure d'Âtma-Buddhi-Manas - non sujet à la mort, maintenant hors des conditions terrestres et privé de corps, commence à fonctionner en devachan uniquement comme un mental revêtu d'un vêtement très éthéré, dont il se dépouillera quand sonnera l'heure de son retour sur terre. » (Océan de Théosophie – W.Q. Judge – p 105)

« La désagrégation des eidôla astraux ou coques astrales : « Chaque atome destiné à former l'homme possède une mémoire qui lui est propre, et dont la durée sera proportionnée à la force qu'il a reçue. S'il s'agit d'une personne très matérielle, très grossière, ou très égoïste, la force subsistera plus longtemps que chez toute autre ; par conséquent la conscience automatique sera, dans ce cas, mieux définie et égarera davantage l'homme qui, sans connaissance, se mêle de nécromancie. La partie purement astrale de cette coque contient et conserve le souvenir de tout ce qui se passa durant la vie de l'individu, une des qualités de la substance astrale étant d'absorber et de conserver les scènes, les images, les impressions de toutes les pensées et de les projeter par réflexion quand les circonstances le permettent. Cette coque astrale, rejetée à la mort par chaque être humain [...] dépourvue de tous les principes supérieurs [...] qui servaient de guides [...] erre et flotte de place en place, sans volonté propre, mais entièrement gouvernée par des attractions dans les champs astraux et magnétiques. [...] Privées d'âme et de conscience, ces coques ne sont nullement les esprits de nos morts. Ce sont les vêtements dont l'homme intérieur s'est dépouillé. » (Océan de Théosophie – W.Q. Judge – p 109)

Le cas des morts violentes : « Les suicidés et ceux dont la vie est soudainement fauchée par un accident, par un meurtre légal ou illégal, demeurent en kâma loka jusqu'au terme de ce qu'aurait été leur vie si elle n'avait été subitement tranchée. Ils ne sont pas réellement morts [...] Les principes qui subsistent doivent attendre que le véritable terme naturel de la vie soit atteint, qu'il s'agisse d'un mois ou de soixante ans. Certaines [coques] passent cette période dans de grandes souffrances, d'autres dans une sorte de sommeil peuplé de songes brumeux, chacune selon sa responsabilité morale. » (Océan de Théosophie – W.Q. Judge – p 113)

Le devachan
« C'est la dernière série des pensées puissantes et profondément gravées qui donnera coloration et direction à toute la vie devachanique. Le dernier moment teintera tous les suivants. L'âme et le mental se fixent sur ces dernières pensées et s'en servent pour tisser tout un ensemble d'événements et d'expériences ; en les développant jusqu'à leurs limites extrêmes, ils mettent à exécution tout ce qui n'a pu être réalisé dans la vie. En tissant et en amplifiant ainsi ces pensées, l'entité passe par la jeunesse, la croissance et la vieillesse, c'est-à-dire l'élan impétueux de la force, son expansion et son déclin, jusqu'à l'épuisement final. » (Océan de Théosophie – W.Q. Judge – p 120)

Pendant le devachan : « La règle générale et presque invariable est la fusion de la conscience personnelle dans la conscience individuelle ou immortelle de l'Ego, c'est-à-dire une transformation ou une transfiguration divine, et l'annihilation complète du quaternaire inférieur seulement [c.-à-d. : l'homme de chair, le corps astral, les instincts animaux et le principe physique]. » (La Clef de la Théosophie – H.P. Blavatsky – p. 110)
« L'état futur et la destinée karmique de l'homme dépendent du devenir de Manas, selon qu'il descend plus bas, vers kâmarûpa, le siège des passions animales, ou qu'il s'élève en gravitant vers Buddhi, l'Ego spirituel. Dans ce dernier cas, la conscience supérieure des aspirations spirituelles individuelles du mental (Manas), assimilant Buddhi, est absorbée par ce principe et constitue l'Ego, qui entre dans la béatitude dévachanique. » (La Clef de la Théosophie – H.P. Blavatsky – p. 108)

« L'Ego qui se réincarne, ou l'individualité, ne conserve, pendant la période du devachan que l'essence de l'expérience de sa vie antérieure sur la terre (c'est-à-dire celle de la personnalité), l'expérience physique tout entière se trouvant réduite à un état de réalités potentielles, ou étant traduite, pour ainsi dire, en formules spirituelles ; et si, de plus, nous n'oublions pas que le temps qui s'écoule entre deux renaissances correspond (selon ce qui est dit) à une durée de dix à quinze siècles, pendant lesquels la conscience physique est entièrement et absolument inactive, puisqu'elle n'a pas d'organes pour agir et, par conséquent, n'a pas d'existence, il devient parfaitement clair qu'il ne peut y avoir aucun souvenir d'existence passée dans la mémoire purement physique. » (La Clef de la Théosophie – H.P. Blavatsky – p. 148)
« [La] racine [de l'homme] est l'entité pensante, l'Ego qui s'incarne, que nous le considérions comme un « Ange », un « Esprit », ou une force. De tout ce que nous percevons au moyen de nos sens, cela seul qui croît directement à partir de cette racine cachée dans le monde supérieur, ou qui se rattache à cette racine, peut participer de sa vie immortelle. Il s'ensuit donc que toutes les pensées, idées et aspirations nobles de la personnalité animée par cet Ego doivent devenir permanentes dans la mesure même où elles émanent de cette racine et en sont nourries. Quant à la conscience physique, du fait qu'elle est une qualité du « principe » sensible, mais « inférieur » (kâmarûpa, ou l'instinct animal illuminé par le reflet manasique inférieur), qu'on peut encore appeler l'âme humaine, elle doit disparaître. » (La Clef de la Théosophie – H.P. Blavatsky – p. 194)

La vision prospective à la sortie du devachan
Un abîme sépare la conscience de l'être en devachan, de la conscience à son retour à l'incarnation terrestre. Toute mémoire de ce qui précède est effacée :
« Toute la période assignée par les forces de l'âme ayant pris fin en devachan, les fils magnétiques qui rattachent l'âme à la terre commencent à affirmer leur pouvoir. Le Soi se réveille de son rêve, il est rapidement emporté vers un corps nouveau puis, juste avant la naissance, il perçoit, l'espace d'un instant, toutes les causes qui l'ont conduit en devachan et qui le ramènent à une vie nouvelle ; comprenant que tout est juste, que tout est le résultat de sa propre vie passée, il ne murmure pas, mais se charge de nouveau de sa croix : une autre âme est revenue sur terre. » (L'Océan de Théosophie – page 123.)

Communications avec les morts
Article « Les morts peuvent-ils communiquer ? » de Robert Crosbie :
« Depuis les années 1840, les spirites ont donné une réponse affirmative à cette question, et prétendent disposer de preuves suffisantes en faveur de la survie de l'intelligence après l'état qu'on appelle la mort. Mais le spiritisme n'est pas né d'hier. Il y a plus de cinq siècles, et dans tous les âges de l'humanité, on a pratiqué ce qu'on appelle [en Inde] le culte... 
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Message  Arlitto Jeu 25 Aoû 2016, 19:17

Le symbolisme de L'Arbre de Vie dans l'ésotérisme universel

Ecritures sacrées
« Les hommes disent que l'Ashvattha, l'arbre sacré éternel, croît avec sa racine vers le haut et ses branches vers le bas, et que ses feuilles sont les Veda ; celui qui connaît cette vérité connaît les Veda » (B.G., XV, v.1). « Les feuilles en sont les Veda » : cette phrase se rapporte spécifiquement aux Écritures sacrées de l'époque ; mais elle peut également s'appliquer à celles de tous les temps, du fait qu'elles ne sont que des formulations humaines de fragments des vérités éternelles – formulations qui présentent, sous une forme concrète, les idéaux spirituels, philosophiques et éthiques des hommes existant à l'époque où elles sont produites. Elles sont ici parfaitement symbolisées par le mot « feuilles », car elles poussent sur des branches (les trois qualités), ont leur période de manifestation et sont ensuite remplacées par d'autres « feuilles ».
Notes sur la Bhagavad Gîtâ, Chapitre XV, pp. 207-208

Connaissance sacrée et secrète
« Du degré le plus élevé une seule chose est enseignée : les Lipika (♦) sont reliés au Karma (♦) – étant ses Enregistreurs (1) directs ». (2)
(1) [« Recorders » en anglais.]
(2) « Le symbole de la Connaissance Sacrée et Secrète était universellement représentée dans l'antiquité par un Arbre, qui signifiait également un Enregistrement (3) (une Archive). Ainsi le mot Lipika, les « écrivains » ou les scribes ; les « Dragons, » symboles de Sagesse, qui surveillent les Arbres de la Connaissance ; la pomme « dorée » de l'Arbre des Hespérides ; les « Arbres Luxuriants » et la végétation du Mont Méru (♦) gardé par un Serpent. Le récit de Junon qui donne à Jupiter, lors de leur mariage, un Arbre avec un fruit doré n'est qu'une autre version de la légende d'Ève offrant à Adam la pomme de l'Arbre de la Connaissance. »
(3) [« Record » en anglais.]
La Doctrine Secrète (The Secret Doctrine, I, pp. 128-129)

Arbre de sagesse et de connaissance
« On peut se pencher sur l'allégorie des Purûravas et du Gandharva (1) céleste qui avait fourni aux premiers un récipient rempli de feu céleste. Le premier moyen d'obtenir le feu par friction est expliqué scientifiquement dans les Veda, et il est riche de sens pour celui qui lit entre les lignes. Le Tretagni (la triade des feux sacrés) obtenu par le frottement de bâtons en bois provenant de l'Arbre Aswattha (l'arbre Bo, l'Arbre de Sagesse et de Connaissance) – des bâtons « aussi longs que les syllabes dans la gayâtri » doit avoir une signification secrète, sinon les auteurs des Veda et des Purânas ne furent pas des écrivains sacrés mais des « mystificateurs ». Qu'il y ait une telle signification, les Occultistes Hindous en sont une preuve, et eux seuls sont capables d'éclairer la Science sur pourquoi et comment, « le feu », l'un primordial, était fait « triple » (tridhā) dans le Manvantara actuel, par le Fils d'Ila (Vâch), la femme primordiale (2) après le Déluge, la femme et la fille de Vaivasvata Manu. L'allégorie est suggestive, quelque soit le Purana dans lequel on peut le lire et l'étudier.
(1) « Le Gandharva du Veda est la déité qui connaît et qui révèle aux mortels les secrets célestes et les vérités divines. Sur le plan cosmique – les Gandharvas sont l'agrégat des pouvoirs (forces) du feu solaire, et constituent ses Forces ; sur le plan psychique – ils sont l'intelligence résidant dans le Sushumna, le rayon Solaire, le plus élevé des sept rayons ; du point de vue mystique – ils sont la force occulte dans le Soma (la lune ou la plante lunaire) et la boisson qui en est extraite ; ils sont, sur le plan physique – le phénomène, et spirituellement – le noumène, des causes du Son et de la « Voix de la Nature ». Ainsi, ils sont appelés les 6.333 « Chanteurs célestes » et les musiciens du monde (loka ) d'Indra qui personnifie (même en chiffres) les sons nombreux et variés dans la Nature, en haut comme en bas. Dans les dernières allégories, on leur attribue un pouvoir mystique sur les femmes, envers lesquelles ils auraient une affection. Le sens ésotérique en est clair. Ils sont une des formes, sinon les prototypes, des anges d'Énoch, les Fils de Dieu, qui virent que les filles des hommes étaient belles (Genèse, VI), qui les épousèrent et qui enseignèrent aux filles de la Terre les secrets des Cieux. »
(2) [« Primeval » en anglais.]
La Doctrine Secrète (The Secret Doctrine, I, p. 523)

Pour en savoir plus
Voici quelques lectures complémentaires en anglais :
Les degrés d'initiations (The Secret Doctrine, Volume I, pages 206 à 208) : "There are four grades of initiation... of students and scholars..."
L'arbre divin (The Secret Doctrine, Volume I, page 211) : "It was called into being... who have understood the problem correctly..."
Le Tétragramme (Article de H.P. Blavatsky) : « The Tetragrammaton ».
Définition Théosophique de l'expression les « Arbres de Vie » : Theosophical Glossary, "Trees of Life".
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Message  Arlitto Jeu 25 Aoû 2016, 19:18

Compléments sur le symbolisme de l'arbre de vie

Voici quelques passages d'écrits de H.P. Blavatsky, pour éclairer la comprehension du symbolisme de l'Arbre de Vie:
Les degrés d'initiations
L'arbre de vie
Le Tétragramme
Définition des "Arbres de Vie" - "Trees of Life".


Les degrés d'initiations
« There are four grades of initiation mentioned in exoteric works, which are known respectively in Sanskrit as "Sҫrôtâpanna," "Sagardagan," "Anagamin," and "Arhan"—the four paths to Nirvana, in this, our fourth Round, bearing the same appellations. The Arhan, though he can see the Past, the Present, and the Future, is not yet the highest Initiate; for the Adept himself, the initiated candidate, becomes chela (pupil) to a higher Initiate. Three further higher grades have to be conquered by the Arhan who would reach the apex of the ladder of Arhatship. There are those who have reached it even in this fifth race of ours, but the faculties necessary for the attainment of these higher grades will be fully developed in the average ascetic only at the end of this Root-Race, and in the Sixth and Seventh. Thus there will always be Initiates and the Profane till the end of this minor Manvantara, the present life-cycle. The Arhats of the "fire-mist" of the 7th rung are but one remove from the Root-Base of their Hierarchy—the highest on Earth, and our Terrestrial chain. This "Root-Base" has a name which can only be translated by several compound words into English"—"the ever-living-human-Banyan." This "Wondrous Being" descended from a "high region," they say, in the early part of the Third Age, before the separation of the sexes of the Third Race.

« This Third Race is sometimes called collectively "the Sons of Passive Yoga," i.e., it was produced unconsciously by the second Race, which, as it was intellectually inactive, is supposed to have been constantly plunged in a kind of blank or abstract contemplation, as required by the conditions of the Yoga state. In the first or earlier portion of the existence of this third race, while it was yet in its state of purity, the "Sons of Wisdom," who, as will be seen, incarnated in this Third Race, produced by Kriyasakti a progeny called the "Sons of Ad" or "of the Fire-Mist," the "Sons of Will and Yoga," etc. They were a conscious production, as a portion of the race was already animated with the divine spark of spiritual, superior intelligence. It was not a Race, this progeny. It was at first a wondrous Being, called the "Initiator," and after him a group of semi-divine and semi-human beings. "Set apart" in Archaic genesis for certain purposes, they are those in whom are said to have incarnated the highest Dhyanis, "Munis and Rishis from previous Manvantaras"—to form the nursery for future human adepts, on this earth and during the present cycle. These "Sons of Will and Yoga" born, so to speak, in an immaculate way, remained, it is explained, entirely apart from the rest of mankind.

« The "BEING" just referred to, which has to remain nameless, is the Tree from which, in subsequent ages, all the great historically known Sages and Hierophants, such as the Rishi Kapila, Hermes, Enoch, Orpheus, etc.,  etc., have branched off. As objective man, he is the mysterious (to the profane—the ever invisible) yet ever present Personage about whom legends are rife in the East, especially among the Occultists and the students of the Sacred Science. It is he who changes form, yet remains ever the same. And it is he again who holds spiritual sway over the initiated Adepts throughout the whole world. He is, as said, the "Nameless One" who has so many names, and yet whose names and whose very nature are unknown. He is the "Initiator," called the "GREAT SACRIFICE." For, sitting at the threshold of LIGHT, he looks into it from within the circle of Darkness, which he will not cross; nor will he quit his post till the last day of this life-cycle. Why does the solitary Watcher remain at his self-chosen post? Why does he sit by the fountain of primeval Wisdom, of which he drinks no longer, as he has naught to learn which he does not know—aye, neither on this Earth, nor in its heaven? Because the lonely, sore-footed pilgrims on their way back to their home are never sure to the last moment of not losing their way in this limitless desert of illusion and matter called Earth-Life. Because he would fain show the way to that region of freedom and light, from which he is a voluntary exile himself, to every prisoner who has succeeded in liberating himself from the bonds of flesh and illusion. Because, in short, he has sacrificed himself for the sake of mankind, though but a few Elect may profit by the GREAT SACRIFICE.
« It is under the direct, silent guidance of this MAHA—(great)—GURU that all the other less divine Teachers and instructors of mankind became, from the first awakening of human consciousness, the guides of early Humanity. It is through these "Sons of God" that infant humanity got its first notions of all the arts and sciences, as well as of spiritual knowledge; and it is they who have laid the first foundation-stone of those ancient civilizations that puzzle so sorely our modern generation of students and scholars. (1)
—————————
(1) Let those who doubt this statement explain the mystery of the extraordinary knowledge possessed by the ancients—alleged to have developed from lower and animal-like savages, the cave-men of the Palæolithic age—on any other equally reasonable grounds. Let them turn to such works as those of Vitruvius Pollio of the Augustan age, on architecture, for instance, in which all the rules of proportion are those taught anciently at initiations, if he would acquaint himself with the truly divine art, and understand the deep esoteric significance hidden in every rule and law of proportion. No man descended from a Palæolithic cave-dweller could ever evolve such a science unaided, even in millenniums of thought and intellectual evolution. It is the pupils of those incarnated Rishis and Devas of the third Root Race, who handed their knowledge from one generation to another, to Egypt and Greece with its now lost canon of proportion; as it is the Disciples of the Initiates of the 4th, the Atlanteans, who handed it over to their Cyclopes, the "Sons of Cycles" or of the "Infinite," from whom the name passed to the still later generations of Gnostic priests. "It is owing to the divine perfection of those architectural proportions that the Ancients could build those wonders of all the subsequent ages, their Fanes, Pyramids, Cave-Temples, Cromlechs, Cairns, Altars, proving they had the powers of machinery and a knowledge of mechanics to which modern skill is like a child's play, and which that skill refers to itself as the 'works of hundred-handed giants.'" (See "Book of God," Kenealy.) Modern architects may not altogether have neglected those rules, but they have superadded enough empirical innovations to destroy those just proportions. It is Vitruvius who gave to posterity the rules of construction of the Grecian temples erected to the immortal gods; and the ten books of Marcus Vitruvius Pollio on Architecture, of one, in short, who was an initiate, can only be studied esoterically. The Druidical circles, the Dolmen, the Temples of India, Egypt and Greece, the Towers and the 127 towns in Europe which were found "Cyclopean in origin" by the French Institute, are all the work of initiated Priest-Architects, the descendants of those primarily taught by the "Sons of God," justly called "The Builders." This is what appreciative posterity says of those descendants. "They used neither mortar nor cement, nor steel nor iron to cut the stones with; and yet they were so artfully wrought that in many places the joints are not seen, though many of the stones, as in Peru, are 18 ft. thick, and in the walls of the fortress of Cuzco there are stones of a still greater size." (Acosta, vi., 14.) "Again, the walls of Syene, built 5,400 years ago, when that spot was exactly under the tropic, which it has now ceased to be, were so constructed that at noon, at the precise moment of the solar solstice, the entire disc of the Sun was seen reflected on their surface—a work which the united skill of all the astronomers of Europe would not now be able to effect."— (Kenealy, "Book of God.")
H.P. Blavatsky (The Secret Doctrine, Volume I, pages 206 à 208)

L'arbre divin
It was called into being, a ready and perfect vehicle for the incarnating denizens of higher spheres, who took forthwith their abodes in these forms born of Spiritual WILL and the natural divine power in man. It was a child of pure Spirit, mentally unalloyed with any tincture of earthly element. Its physical frame alone was of time and of life, as it drew its intelligence direct from above. It was the living tree of divine wisdom; and may therefore be likened to the Mundane Tree of the Norse Legend, which cannot wither and die until the last battle of life shall be fought, while its roots are gnawed all the time by the dragon Nidhogg; for even so, the first and holy Son of Kriyasakti had his body gnawed by the tooth of time, but the roots of his inner being remained for ever undecaying and strong, because they grew and expanded in heaven not on earth. He was the first of the FIRST, and he was the seed of all the others. There were other "Sons of Kriyasakti" produced by a second Spiritual effort, but the first one has remained to this day the Seed of divine Knowledge, the One and the Supreme among the terrestrial "Sons of Wisdom." Of this subject we can say no more, except to add that in every age—aye, even in our own—there have been great intellects who have understood the problem correctly.
H.P. Blavatsky (The Secret Doctrine, Volume I, page 211)

Le Tétragramme
Article de H.P. Blavatsky, « The Tetragrammaton » :     http://www.blavatsky.net/blavatsky/arts/Tetragrammaton.htm

Définition des « Arbres de vie » ― "Trees of Life"
From the highest antiquity trees were connected with the gods and mystical forces in nature. Every nation had its sacred tree, with its peculiar characteristics and attributes based on natural, and also occasionally on occult properties, as expounded in the esoteric teachings. Thus the peepul or Âshvattha of India, the abode of Pitris (elementals in fact) of a lower order, became the Bo-tree or ficus religiosa of the Buddhists the world over, since Gautama Buddha reached the highest knowledge and Nirvâna under such a tree. The ash tree, Yggdrasil, is the world-tree of the Norsemen or Scandinavians. The banyan tree is the symbol of spirit and matter, descending to the earth, striking root, and then re-ascending heavenward again. The triple-leaved palâsa is a symbol of the triple essence in the Universe—Spirit, Soul, Matter. The dark cypress was the world-tree of Mexico, and is now with the Christians and Mahomedans the emblem of death, of peace and rest. The fir was held sacred in Egypt, and its cone was carried in religious processions, though now it has almost disappeared from the land of the mummies; so also was the sycamore, the tamarisk, the palm and the vine. The sycamore was the Tree of Life in Egypt, and also in Assyria. It was sacred to Hathor at Heliopolis; and is now sacred in the same place to the Virgin Mary. Its juice was precious by virtue of its occult powers, as the Soma is with Brahmans, and Haoma with the Parsis. "The fruit and sap of the Tree of Life bestow immortality." A large volume might be written upon these sacred trees of antiquity, the reverence for some of which has survived to this day, without exhausting the subject.
H.P. Blavatsky (Theosophical Glossary – Trees of Life)
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Message  Arlitto Jeu 25 Aoû 2016, 19:20

La Grande Recherche

« Avec audace j'ai cherché dans d'innombrables formes mortelles, L'ombre de cette idole de ma pensée. » Shelley.

« Après l'amour éteint, si je vécus encore C'est pour la vérité, soif aussi qui dévore » Lamartine.

La perte de la jeunesse et de l'amour est la perpétuelle lamentation des poètes.
Un immuable printemps de la vie, où les doux rêves de la jeunesse se réaliseraient dans l'épanouissement d'un amour réciproque, serait pour eux le ciel, et c'est un ciel en effet, tant qu'il dure. Si nous ajoutons à cela le sens esthétique et raffiné qui équilibre délicatement et apprécie à merveille toutes les joies des sens, et l'intelligence hautement développée qui peut puiser à volonté dans les richesses accumulées des ères révolues de civilisation, que reste-t-il de plus à souhaiter pour les poètes ? Avec un usage digne du cœur, des sens et du mental, une nature bien équilibrée qui sait que la modération seule donne le bonheur durable, l'homme ne peut-il enfin trouver la satisfaction ? Que peut-il enfin désirer de plus ?

Il est inutile de nier que la vie détient des dons très doux, bien que le nombre de ceux qui sont capables d'en jouir parfaitement soit restreint. Mais alors même qu'on jouit de ces dons, on sent que l'horizon est limité. Avec quelle incertitude anxieuse — par suite fascinante — la jeunesse n'ouvre-t-elle pas les yeux sur le charme du monde éblouissant ? L'amour du printemps, même à l'âge adulte, construit sans cesse des bosquets enchanteurs dans l'avenir; il n'est jamais longtemps satisfait du présent, tandis que, pour l'intellect, l'étendue limitée de l'instruction la plus haute, est un aiguillon mieux défini encore vers la recherche d'une connaissance qui dépassera toute expérience précédente.

En supposant même que l'homme se satisfasse de s'abreuver sans cesse à la coupe unique de félicité, cela ne lui est pas permis. Les leçons de la vie, le grand instructeur, changent constamment, et la tempête du cœur prend la place du calme qu'on croyait devoir être sans fin.

Ainsi donc, puisque c'est en vain que nous recherchons la félicité permanente dans aucune de ces choses, puisque, au delà de la culture intellectuelle la plus haute d'un âge intellectuel, luit la vision d'une connaissance supérieure, puisque, au delà du raffinement artistique de notre civilisation comme de la fleur de toutes les civilisations passées, gît cachée la source de toute douceur, puisque, même la communion étroite de cœur créée par l'amour humain, n'est qu'un faible reflet de la profonde paix que conçoit celui qui a déchiré Je voile cachant l'Eternel, toutes les énergies de l'homme doivent se consacrer à la recherche qui lui apporteront ces résultats.

Toute la philosophie de la vie peut se résumer dans les quatre grandes Vérités qu'enseigna le Bouddha, et l'on ne pourrait en avoir une plus lumineuse description que celle que donnent les lignes ravissantes du huitième livre de la « Lumière d'Asie ».

Celui qui s'est profondément pénétré de ces grandes vérités, qui a compris la nature transitoire du bonheur sur terre où les peines et souffrances font plus que contrebalancer les joies de la vie, ne désirera plus jamais dans ses moments les plus lucides avoir la bénédiction, soit dans cette existence soit dans une autre, d'une vie uniformément heureuse, car il n'y a pas de plus grand soporifique pour l'âme que le sentiment de contentement, et pas d'aiguillon plus puissant qu'un sentiment de mécontentement. Il traversera des périodes de joie, mais il les appréhendera avec crainte et avec doute, car c'est alors que le monde des sens reprend son emprise sur l'âme, ce qui nécessitera la souffrance d'une nouvelle lutte pour la liberté.

Quand on entreprend la grande recherche, il semble que de nombreuses vies ne pourront pas apaiser la passion dominante de l'âme, mais la nature va vite dans les climats chauds, et de l'intensité même du désir peut jaillir 1a force et la volonté de le vaincre. Bien que ce soit toujours la même note tonique qui soit frappée pendant toute la vie, le désir dominant semblera prendre un {GlossaryDef::aspect} différent au fur et à mesure que l'on gravit l'échelle.

C'est une supposition, qui semble confirmée d'après les analogies de la nature; car ainsi que l'embryon humain dans son développement prénatal présente, en une succession rapide qui se ralentit à l'approche du moment de la naissance, des caractéristiques des races inférieures de la vie animale d'où l'homme a évolué, de même aussi l'âme humaine, dans sa traversée de la vie, refait l'expérience des désirs et des tentations dominants qui l'ont affectée durant d'innombrables incarnations passées. Les désirs inférieurs qui dans les vies écoulées ont été plus ou moins vaincus, seront expérimentés en une succession rapide, et rejetés sans grande difficulté, jusqu'à ce que la grande lutte de la vie soit atteinte, de laquelle l'homme doit sortir plus ou moins victorieux, s'il veut continuer à progresser.

S'il suffisait d'être bien intentionné, si c'était là une sécurité contre le danger de dévier, ou si ce détour ne signifiait pas un retard sur le sentier, il ne serait pas si suprêmement nécessaire de mettre sa croyance d'accord avec les faits ; mais, même dans les affaires terrestres, nous voyons chaque jour que la pureté d'intention n'est pas une garantie contre les échecs qui proviennent d'un manque de connaissance. En conséquence, dans la grande science spirituelle qui traite du problème de la vie dans son ensemble — et non seulement de ce simple fragment que représente notre existence terrestre actuelle — on verra combien il est nécessaire que les faits soient compris d'une façon correcte.

Pour nous dont les yeux ne se sont pas encore ouverts sur les hauteurs sublimes, aveuglés qu'ils sont par le brouillard de nos passions, les seuls rayons de lumière qui puissent illuminer l'obscurité de notre route vers la grande recherche sont les paroles (que ce soit ou non sous forme de révélation reconnue) que nous ont laissées les Maîtres qui nous ont précédés sur la voie, et les conseils de nos camarades qui marchent vers le même but. Mais les mots sont susceptibles de nombreuses interprétations, et l'opinion de nos camarades est teintée par leur propre personnalité ; par conséquent, la pierre de touche suprême de la vérité, le disciple doit la chercher dans son propre cœur.

Après avoir signalé la nécessité d'une croyance correcte, considérons maintenant la question de la grande réalisation — l'annihilation de Karma — la conquête du Nirvana. Il faut reconnaître comme une proposition logique que Karma ne peut jamais détruire Karma, c'est-à-dire qu'aucune pensée, parole, ou action de l'homme dans son état actuel de conscience, ne peut jamais le libérer du cercle des renaissances. Ce point de vue semblerait nécessiter un pouvoir extérieur à l'homme et susceptible de le délivrer, un pouvoir qui soit en contact avec lui et qui devrait lui être allié.
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Message  Arlitto Jeu 25 Aoû 2016, 19:21

Fausses Conceptions

France, que ne veux-tu nous comprendre ! Journalistes Européens et Américains, pourquoi ne pas étudier la vraie Théosophie avant de la critiquer ?
Parce que l'aristocratie scientifique est vaine et se met sur des échasses de sa propre fabrication ; parce que la philosophie moderne est matérialiste jusqu'à la racine des cheveux; parce que toutes deux, dans leur orgueil, oublient que pour comprendre et apprécier l'évolution future, il est nécessaire de connaître l'évolution dans le Passé,

doit-on considérer comme « du détraquement intellectuel ou de la pure jonglerie » tout ce que ne comprennent pas cette aristocratie scientifique et cette philosophie matérialiste ?
C'est justement en vue de ces « penseurs qui, à l'heure présente, éprouvent un malaise indéfinissable » en voyant crouler toutes vérités, que les missionnaires de l'Himalaya » offrent leur science et leur lumière. Lumière bien faible ! Mais dont le rayon, procédant du Soleil de la Vérité, vaut mieux en tous cas, que les lumières artificielles offertes par des physiologistes et des pathologistes, promus subitement au rang de psychologues. Pense-t-on sérieusement qu'il suffise de paralyser certaines régions du cerveau et d'en exulter d'autres, pour approfondir le mystère de l'origine et de l'essence de l'âme humaine ? Devant ces penseurs, les mécontents de la vie, nous agitons le « Lotus symbolique » pour faire briller un rayon d'espoir que ne savent plus discerner leurs yeux fatigués des ombres chinoises grimaçantes, mues par les pseudo-savants qui disent au public : « Voici la Science ! ».

Les savants se sont appropriés tous les lauriers ; ils refusent à la vieille science occulte ce qui lui revient. Les Théosophes occultistes sont meilleurs enfants ; ils ne disputent pas pour leur part et ajoutent volontiers aux couronnes de lauriers que les savants se tressent, tous les chardons qui poussent le long du chemin.

Nous ne venons au nom d'aucune religion. Le surnaturel n'existe pas dans la Nature, Une, Absolue, et Infinie. Nous n'avons jamais prétendu que le miracle nous fût facile — un miracle étant aussi impossible qu'un phénomène dû à des combinaisons jusqu'alors inconnues à la science, est possible dès qu'il peut être produit à volonté. Nous disons même que toute « manifestation à effet physique » (vocabulaire spirite) dont la nature échappe à la perspicacité des sciences naturelles, est une JONGLERIE PSYCHOLOGIQUE. (Nota bene. Ne pas confondre cette jonglerie avec la prestidigitation de Robert Houdin, s. v. p.).

La vérité de nos doctrines repose sur leur philosophie et sur des faits dans la Nature. Nous accuser de prétendre que notre science occulte dépasse celle de Jésus ou de Bouddha, c'est nous calomnier.
Les annales préhistoriques, préservées par les Maîtres de la Sagesse, de l'autre côté de l'Himalaya, contiennent le récit, non de la « Création », mais de l'Evolution périodique de l'Univers, son explication et sa raison d'être philosophique. L'absence du télescope moderne ne prouve rien (1) : les anciens avaient mieux que cela. D'ailleurs, il n'y a qu'à lire « l'Astronomie Indienne et Orientale » par Bailly, pour y trouver les preuves que les anciens Hindous en savaient autant et encore bien davantage que nos astronomes modernes.
L'Esotérisme universel, conservé par quelques fraternités cosmopolites et dont les brahmes en général ont depuis longtemps perdu la clef, donne une genèse cosmique et humaine, logique et basée sur les sciences naturelles aussi bien que sur une pure philosophie transcendante. L'exotérisme Judéo-Chrétien ne donne qu'une allégorie basée sur la même vérité ésotérique, mais tellement encombrée sous la lettre morte, qu'on n'y voit plus que fiction. Les Juifs Cabalistes la comprennent il peu près. Les Chrétiens s'étant approprié le bien d'autrui ne pouvaient s'attendre à être éclairés sur la vérité par ceux qu'ils ont dépouillés ; ils ont préféré croire à la fable et en ont fait un dogme. Voici pourquoi la Genèse des anciens Hindous peut être scientifiquement démontrée, tandis que la Genèse Biblique ne le peut plus.

Il n'y a pas de paradis « Brahmo-Bouddhiste », ni de Brahmo-Bouddhisme ; les deux s'accordent aussi peu que le feu et l'eau. La base ésotérique leur est commune ; mais tandis que les Brahmes enterraient leur trésor scientifique et masquaient la belle statue de la Vérité par les idoles hideuses de l'exotérisme, les Bouddhistes — à la suite de leur grand Maître Gautama « la lumière de l'Asie » — employaient des siècles à remettre la belle statue en lumière. Si le champ du Bouddhisme exotérique et officiel, des églises du Nord et du Sud, du Thibet et de Ceylan, est de nouveau couvert d'herbes parasites, ce sont justement les Théosophes qui aident le grand prêtre Sumangala à les sarcler.

Aucune grande religion, ni celle de l'Ethiopie ni aucune autre, n'a précédé la religion des premiers Védistes : l'ancien « Boudhisme ». Expliquons-nous. Dès qu'on parle de Boudhisme (avec un seul d) ésotérique au public européen, si ignorant en matière d'Orientalisme, on le prend pour le Bouddhisme, ou la religion de Gautama Bouddha. « Bouddha » est le titre des sages et signifie « illuminé » ; Boudhisme a pour racine le mot « Boudha » (sagesse, intelligence) personnifié dans les Pouranas. C'est le fils de Soma (la lune au masculin ou Lunus) et de Pârâ, l'épouse infidèle de Brihaspati (planète de Jupiter), la personnification du culte cérémoniel, du sacrifice et autres mômeries exotériques. Pârâ est l'âme qui aspire à la vérité, se détourne avec horreur du dogme humain, prétendu divin, et se jette dans les bras de Soma, le Dieu du mystère, de la nature occulte, d'où naît Boudha (le fils brillant mais voilé) la personnification de la sagesse secrète, de l'Esotérisme des sciences occultes. Ce Bouddha est de milliers d'années antérieur à l'an 600 (ou 300 suivant certains orientalistes) avant l'ère chrétienne, époque assignée à la venue de Gautama Bouddha, le prince de Kapilavastou. L'Esotérisme Boudhiste n'a donc rien à faire avec la religion Bouddhiste, ni le bon et respectable Sumangala n'a rien à voir avec la théosophie aux Indes. Il ne s'occupe que de ses neuf ou dix « branches de la Société théosophique » à Ceylan, lesquelles, avec l'aide des missionnaires théosophes, deviennent, d'année en année, plus affranchies des superstitions greffées sur le pur Bouddhisme, durant le règne des rois tamils. Le saint vieillard Sumangala ne travaille qu'à ramener à sa pureté primitive, la religion prêchée par son grand Maître — religion qui dédaigne le clinquant, les idoles et tend à redevenir cette philosophie dont la morale sublime éclipse celle de toutes les autres croyances du monde entier. (Voir Barthélemy Saint-Hilaire, le professeur Max Muller, etc., pour le fait énoncé).
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Message  Arlitto Jeu 25 Aoû 2016, 19:21

Nos Trois Buts

Article publié par Blavatsky en anglais en 1889, sous le titre "Our Three Objects".
Tous les exploits du cœur humain qui nous inspirent louange ou étonnement sont autant d'exemples illustrant la force irrésistible de la PERSÉVÉRANCE. C'est par elle que la pyramide sort de la carrière et que des pays éloignés sont réunis par des canaux. Des opérations poursuivies sans relâche finissent, à terme, par surmonter les plus grandes difficultés, les montagnes sont nivelées et les océans ceinturés de digues, par la force ténue des êtres humains. – Johnson.

Il en est ainsi, et il en sera toujours ainsi, mes chers enfants. Si l'Ange Gabriel devait descendre du Ciel pour mener un assaut victorieux contre les privilèges les plus abominables et les plus illégitimes qui aient jamais fait gémir de douleur le pauvre vieux monde, il perdrait sans aucun doute son prestige, pour des années ― et probablement des siècles ― non seulement aux yeux des privilégiés mais aussi de la foule respectable des gens qu'il aurait délivrés. – Hughes.



Post nubila Phœbus ― après les nuages, le soleil. Avec ce dicton, la revue Lucifer entame son cinquième volume ; et, pour avoir eu sa part dans la bataille de personnalités qui a fait rage tout au long du précédent volume, la rédactrice en chef a le sentiment d'avoir mérité le droit à une période de paix. En se décidant à en jouir à tout prix désormais, elle est mue autant par le mépris qu'elle ressent pour l'étroitesse d'esprit, l'ignorance et la bigoterie de ses adversaires, que par la fatigue éprouvée en raison de ces assommantes inanités. Ainsi, dans la mesure de sa capacité à maîtriser son indignation et son tempérament, qui n'est pas des plus placides, elle traitera dorénavant avec dédain les inventions calomnieuses répandues à son sujet, dont elle semble devoir être la victime chronique.

Le début d'un volume est la meilleure occasion pour jeter un coup d'œil sur le passé ― ce sur quoi nous attirons ici l'attention du lecteur.

Si le public extérieur n'a qu'une connaissance vague de la Théosophie, comme un observateur n'apercevant qu'à moitié une forme indistincte à travers la poussière de la bataille, les membres de notre Société devraient au moins garder en pensée ce qu'elle accomplit selon les lignes de ses buts déclarés. Il est à craindre qu'il perdent cela de vue dans tout le tapage impressionnant qui est fait autour de la discussion de ses principes, et les calomnies lancées contre ses responsables. Cependant, tandis que les gens bornés dans les rangs des matérialistes, des chrétiens et des spirites, rivalisent entre eux pour tenter de jeter l'opprobre sur l'un des leaders de la Théosophie, et de rabaisser ses droits à l'estime publique, la Société Théosophique poursuit dans la dignité vers l'objectif qu'elle s'est assigné dès le début.

Silencieusement, mais irrésistiblement, elle élargit sa sphère d'efficacité, et attire sur son nom la sympathie de diverses nations. Tandis que ses détracteurs s'activent à leur ignoble tâche, elle crée les faits qui retiendront l'attention de son futur historiographe. Ce ne sont pas des pamphlets polémiques, ou des articles de journaux à sensation, qui constitueront les archives permanentes de son histoire mais les façons dont elle aura mené à bien, de manière manifeste, son projet original : former un noyau de fraternité universelle, redonner vie à la littérature et aux philosophies orientales, et contribuer à l'étude des problèmes occultes dans les sciences physiques et psychologiques. La Société n'a guère que quatorze années d'existence et pourtant combien n'a-t-elle pas accompli déjà ! Et combien de réalisations impliquant un travail de la plus haute qualité ! Nos adversaires ne sont peut-être pas tentés de nous rendre justice, mais la reconnaissance de notre œuvre viendra sûrement dans l'avenir. En attendant, consignons les faits tels qu'ils sont, sans vernis ni exagération. Ces faits sont les suivants, classés selon les rubriques appropriées.
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