L'HISTOIRE DU CORAN
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L'HISTOIRE DU CORAN
L'HISTOIRE DU CORAN
Par AHMED AMINE
L’héritage orientaliste, entre islamologie et islamophobie
Par AHMED AMINE
L’héritage orientaliste, entre islamologie et islamophobie
I-Introduction:
L’idée d’écrire cet article m'est venue en constatant la multiplication d’écrits et de documents audio-visuels à caractère islamophobe; écrits basés sur des auteurs issus de certains milieux chrétiens de droite(1) ou d'antireligieux militants.
Devant l’absence de riposte de la part de l’élite intellectuelle musulmane, j’ai voulu donc, apporter ma petite contribution pour essayer de combler cette lacune même si je ne suis pas expert en islamologie. A cet égard nous sommes redevables envers des hommes intègres et de bonne volonté, comme leDr Michel Orcel à titre d'exemple, qui a pris la peine de défendre la dignité de l’islam(2). Je tiens ici à lui manifester ma reconnaissance et ma gratitude.
Donc je vais essayer d'aborder cette question de manière objective et j’espère de façon impartiale. Le fait que je ne cache pas ma foi ne doit pas faire porter un jugement hâtif pour lecteur non croyant, j’assume ma foi et j’essaie de prendre la distance nécessaire au bon moment sachant que l’objectivité n’est qu’un vœux pieux à la fois pour les athées que pour les croyants, en dernier lieu c'est au lecteur d'en juger.
Bien que très occupé par mes activités médicales, il m'a paru nécessaire de prioriser une recherche scientifique sur ce thème, de manière à vérifier de façon rigoureuse, le bien fondé de certaines allégations largement mises en avant dans les médias et sur internet.
Pour ce faire, j’ai entamé des recherches sur les principaux sujets qui alimentent la polémique avec le plus d’objectivité possible et je présente dans cet article, une synthèse documentée des résultats de cette recherche avec des références vérifiables.
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(1)Anne-Marie Delcambre, Abbé Pagès, Charles Clément Boniface Ozdemir dit Père Samuel, Le prêtre Boutros Zakaria…etc
(2) Michel Orcel à publié deux livres sur ce thème, en 2011« De la dignité de l'islam : Examen et réfutation de quelques thèses de la nouvelle islamophobie) aux éditions Bayard. Et en 2012 « [ltr]l’invention de l’islam [/ltr]» aux éditions Perrin.Re: L'HISTOIRE DU CORAN
II-LE CORAN SELON L'APPROCHE MUSULMANE
Pour les musulmans, le Coran n'est pas un livre au sens où les occidentaux entendent ce terme. Sa dénomination arabe est « Al Qur’ane » qui signifie
« la récitation », ou « la lecture », qui fait référence à des paroles et non pas à un texte.
« Et même si Nous avions fait descendre sur toi (Mohammed) un Livre en papier qu'ils pouvaient toucher de leurs propres mains, ceux qui ne croient pas auraient certainement dit: «Ce n'est là qu’une magie évidente !» Coran (6 :7) | ولو نزلنا عليك كتابا فيقرطاسفلمسوه بأيديهم لقال الذين كفروا إن هـذا إلا سحر مبين |
Donc le dessein de Dieu n'était pas, de faire descendre un corpus en papier, mais d'éduquer les êtres humains par un message oral, de manière graduelleà travers son premier peuple destinataire avec une éloquence qui défit leur domaine d'excellence, à savoir l'art de la parole (poésie).
Donc le Coran est une récitation destinée à être comprise, apprise par cœur et diffusée par la parole. Cette façon de faire est fondamentalement différente de ce qui se pratique dans les synagogues, où les rabbins lisent le livre intitulé "Ancien Testament" et fondamentalement différente aussi de ce qui se pratique dans les églises, où les prêtres lisent le livre intitulé "Nouveau Testament".
L'objet "livre intitulé Coran" n'est qu'un simple outil de révision destiné à l'étude et à la prière.
Le Coran a été récité par le prophète Mohammed(s), par fragments, sur une période de vingt trois ans, à partir de l'âge d'environ quarante ans jusqu'à sa mort, à l'âge de soixante trois ans en l'an 632 de l'ère dite chrétienne.
Selon le prophète(s), les récitations lui auraient été dictées par l'ange Gibril (Gabriel), directement en langue arabe. Ainsi, le Coran n'est pas seulement le fondement de l'islam, c'est aussi, la parole révélée de Dieu.
Un Coran écrit dans une langue autre que l'arabe n'est pas le Coran : ce n'est que le sens rapproché des différents versets d’ « Al Qur’ane ».
La tradition affirme que les révélations ont été transmises oralement par les auditeurs qui les retenaient par cœur, en partie ou en totalité. Parallèlement la transcription des sourates a été faite au départ par des moyens rudimentaires, « omoplate de chameau ou peau d’animal, tesson de poterie, pierre plate, etc…mais aussi sur du parchemin ou des feuilles de papyrus.
Un récit nous dit que Mohammed convoqua son secrétaire Zayd Ibn Thâbit, lui faisant dire de venir « avec l’omoplate, l’encre et la planchette » pour qu’il lui dicte un verset. Ce même Zayd, chargé plus tard par Abou-Bakr et ‘Omar de collecter le Coran, raconte : « Je me suis mis à suivre les traces du Coran, en recopiant (ce qui en était écrit sur) des feuillets, des pierres plates et dans la mémoire des hommes. »
Cette même tradition affirme que les deux premiers Califes Abou Baker et Omar eurent le projet d’établir une version officielle du texte Coranique, ce projet fut réalisé plus tard par le troisième Calife, Othmane Ibn ‘Affân, inquiet devant la diminution, par la mort naturelle ou dans les combats, le nombre de ceux qui connaissaient par cœur le Coran.
Pour cette version, il fit réunir les divers textes ou fragments en circulation, le principal étant celui que détenait Hafsa, la fille d’Omar. Ayant fait établir cette version par Ibn Ka’ab et Zayd Ibn Thâbit, il ordonna de détruire toutes les autres versions écrites (à l’exception de celle d’Hafsa, qui lui fut rendue puis détruite après sa mort en 665 par le gouverneur de Médine, Abdle Malik ben Marwane !?).
L'ordonnancement de la vulgate d'Othman n'est pas chronologique, ni ne suit aucune logique autre que de présenter les chapitres (sourates) dans un ordre censé en faciliter l'apprentissage par cœur, par ordre de longueur.
Pour tenter de redonner un sens plus ou moins historique au Coran, il faut rétablir les sourates selon un ordre à peu près chronologique. Cela signifie que les versets dits « de La Mecque » viennent en premiers tandis que ceux dits « de Médine » viennent en seconds.
Il n'est pas possible de retrouver un ordre dont on puisse assurer à 100% qu'il soit exactement l'ordre historique, d'autant plus qu'il semblerait que certains versets donnés à Médine aient été incorporés dans d'autres donnés à La Mecque, et inversement !
La traduction du Coran en français demeure un texte très « difficile » pour un Occidental car le découpage des phrases en vers, perturbe la lecture et fatigue rapidement le lecteur. Cependant c’est un exercice indispensable si l’on veut mettre en évidence les notions, qui sont énoncées dans les 114 chapitres ou « sourates ».
L’exégèse du Coran n’est pas un exercice difficile mais il exige une bonne maîtrise de la langue arabe, et beaucoup de rigueur dans
[ltr]la méthode[/ltr]
ainsi que de situer les versets tant dans leur contexte rédactionnel qu'historique, ce qui ne peut se faire qu’en rétablissant au mieux
[ltr]l’ordre chronologique[/ltr]
de leur première récitation
[ltr]la méthode[/ltr]
ainsi que de situer les versets tant dans leur contexte rédactionnel qu'historique, ce qui ne peut se faire qu’en rétablissant au mieux
[ltr]l’ordre chronologique[/ltr]
de leur première récitation
Re: L'HISTOIRE DU CORAN
III- LE CORAN SELON L’APPROCHE CHRÉTIENNE
Dans cette approche qui admet la révélation, les chrétiens reconnaissent les révélations antérieures, mais adoptent une posture dogmatique selon laquelle:« toute révélation postérieure au passage du Jésus-Christ est de facto caduque », dans la mesure où la messe a déjà été dite «le salut ne passe que par le sacrifice du Christ » ce qui est tout à fait normal dans le cadre du dogme chrétien.
En revanche ce qui est moins acceptable, c'est l'entreprise qui vise à discréditer par tous les moyens possibles, toute autre conception du salut en dehors du Christ en usant de toutes les méthodes sous couvert de recherches scientifiques.L'essentiel de cette approche se résume dans la sélection et la focalisation sur des éléments de similitude entre certains passages du Coran et les textes chrétiens, pour conclure que le Coran n'est autre qu'un plagiat de la Bible complété de quelques emprunts à d'autres textes apocryphes.
L’histoire des attaques chrétienne contre l’islam remonte dès son apparition en Arabie au 7ème siècle; son chef de file était Jean de Dams dit Jean Damascène, né vers 676 et mort le 4 décembre 749, théologien chrétien, père de l'Église, son nom en arabe estMansour ibn Sarjoun Al-taghloubi.
Il fut l'auteur du « De fide orthodoxa », important traité doctrinal. Il se lança dans une controverse acharnée sur l'islam, qu'il classa parmi les hérésies. Il compara les récits bibliques avec leurs versions reprises dans le Coran. Il est aussi l'un des principaux hymnographes byzantins et la liturgie lui doit les textes des matines pascales.Nous pouvons également citer, le philosophe chrétien AL Kindi, qui sélectionnait déjà dans la tradition (Hadiths) des contres arguments à l'encontre du Coran, lors de son dialogue avec Al-Hachémi, chez le Calife Al-Ma’Mûn.
Les auteurs modernes de la nouvelle islamologie chrétienne savante, visent à déstabiliser la foi des jeunes musulmans souvent très mal informés, dans l’objectif de ramener, ces brebis égarées dans le sentier du Jésus-Christ. Je citerai dans ce qui suit les principaux acteurs :
Auteur
Titre
Conclusions des travaux
Le Père Henri Lammens
-Coran et Tradition, Comment fut composée la vie de Mahomet, Revue des Recherches de Science Religieuse, 1910
-L’islam croyances et institutions
Les textes ayant servi à composer le Coran sont d’origine Biblique
H.Lemmens met en relief le cercle vicieux entre Coran et Tradition, la tradition étant construite à partir du Coran alors que l’interprétation de celui-ci dépend d’elle.
Le Père dominicain Gabriel Thérypseudo
(Hanna Zakarias)
-De Moïse à Mohammed
L'Islam, Entreprise Juive
Le Coran ne pouvait être l’œuvre de Mohammed "Mahomet". Mais d'un converti au judaïsme par son instructeur juif
Ce que l’on nomme Coran, nous dit Hanna Zakarias, ne serait que le cahier de route du RabbinLe frère Bruno Bonnet Eymard
Sous la direction de son
Père Georges de Nantes
-Le Coran traduction et commentaire systématiqueLes textes ayant servi à composer le Coran étaient d’origine et d’inspiration hébraïque et syrienne.
Trois tomes sont déjà parus, et la suite est attendue…Mais j’ai un sacré doute ! car le principal collaborateur à cette œuvre était l’ex Rabbin Kurt HRUBY, professeur à l’institut catholique de Paris est déjà décédé (au grand malheur de notre frère Bruno Bonnet…)
Le père Joseph Bertuel
L’islam, ses véritables originesMohammed n'est qu'un rabbin chassé d’Edesse par Héraclius, en 628
Les paroles du Coran n’ont pu être prononcées que par un Juif authentique Le père Antoine Moussali
-La croix et le croissant,
Editions de Paris, 1998
Interrogations d’un ami des musulmans
Le Coran n’était que le lectionnaire, en araméen, d’une secte judéo-nazaréenne, au début du VIIe siècle
Mondher Sfar
-Le Coran est-il authentique ?
-Le Coran, la Bible et l'Orient ancien
Le Coran transcrit n’est pas fidèle à la copie céleste et n’a pas reçu de garantie divine pour sa préservation, donc il a été certainement falsifié par le pouvoir politique.
Les noms attribués à Allah sont recopiés des noms attribués au Dieux Babylonien Mardouk, dans un poème datant du 12ème siècle avant J.C.
Les descriptions du paradis et ses raisins blancs (traduits faussement par "houris vierges" lors de la traduction du Coran en arabe) concernent le roi Assourbanipal, sur un bas-relief datant de huit siècles avant J.C.
Ignacio Olaguë
-Les Arabes n'ont jamais envahi l'Espagne (Flammarion)
Mohammed donne encore des ordres en 855.
Ce qui confirme que "Mahomet" était devenu le surnom de tous les chefs de tribu
John. Wansbrough
-Quranic Studies, Oxford, 1977, et The Sectarian Milieu, Oxford, 1978.
Les origines samaritaines du Coran
Le texte définitif du Coran n’était toujours pas achevé au IXe siècle.
Il en déduisit qu’une origine arabe de l’islam était hautement improbable
Patricia Crone
(élève de J Wanstrough)
Michaël Cook
Meccan Trade and the Rise of IslamLe berceau de l’islam ne peut avoir été La Mecque, l’existence même de La Mecque est très incertaine, avant que les Califes n’en fassent un centre de pèlerinage.
Christoph Luxenberg (pseudonym)-The Syro-Aramaic Reading Of The Koran : a contribution to the decoding of the language of the Qur’an
L’origine de la langue du Coran et un mélange de syriaque et d’araméen
Grégoire FélixQui n’est autre que
Le Père Édouard-Marie Gallez
qui publiera plutard
« Le Messie et son prophète »
-A la recherche de Muhammad
Un manuscrit syrien de 874, où l'émir des Hagarènes (descendants d'Agar, mère d'Ismaël) se réfère à la Thora en hébreu, et non au Coran.
Le Père Édouard-Marie Gallez
pseudo
(Grégoire Félix)
Vulgarisation par
-Le Messie et son prophète
La synthèse
IL fait écho au travail du Père Joseph Azziz dans son livre « Le prêtre et le prophète ».Qui traite de l’instruction de Mohammed par le prêtre "Nazaréen" Waraqa Ibn Nawfel
Le lectionnaire des judéo-nazaréens, traduit en arabe, devint le Coran actuel par la collaboration de docteurs de la foi de cette secte (qui n’allait pas tarder à disparaître, se fondant dans l’islam) travail fait sous la direction des Califes.
Et ce n’est que vers la fin du VIIe siècle que Mohammed se transforma en Prophète pour faire pièce à Moïse et Jésus, les fondateurs du judaïsme et du christianisme
Il faut noter également qu’un certain Jean Habib Allah a publié 4 ans avant un article qui présente le résumé de cette théorie de Judéo-nazaréens ou d’ébionites immigrés en Arabie pour trouver refuge et fonder le pro-islam.
Réponse à EMG: lien
http://lechemindroit.webs.com/rponseauxpolmiques.htm
Michel Benoit
&
Olaf
Naissance du Coran
chez Albin Michel
Le Grand secret de l’islam
Remarque:
1-Il faut noter que ce tableau n’est pas exhaustif et n’a comme vocation de citer tous les travaux d’auteurs chrétiens, il faut préciser aussi qu’on peut être chrétien et faire un travail historique sérieux et impartial sur l’islam qui se jugera par rapport à la prise de distance que prendra le chercheur au regard de son paradigme théologique qu’il adopte en tant que croyant.
2- On peut ajouter à la liste en haut un livre dont on parle peu, mais dont beaucoup d’auteurs se servent sans le citer car ça revient à reconnaitre les sources musulmanes ; Il s’agit d’un ouvrage du Pasteur Georges Tartar, intitulé, lien: « Dialogue Islamo Chrétien", sous le Calife Al Ma’Mûn
L’auteur traduit et commente l’échange épistolaire entre deux Arabes l’un musulman, Al Hashimî, l’autre chrétien, Al Kindi. Ce dialogue sous le Calife Al Ma’Mûn deux siècles après le décès du prophète (s) constitue un remarquable modèle du genre dans le dialogue islamo-chrétien.
3-J’ai volontaire inclus les travaux universitaires de Particia Crone et John Wansbrough dans ce tableau sans vouloir les mettre dans le même panier des polémistes chrétiens car c’est sur la base de leurs travaux que les auteurs chrétiens ont construit leurs thèses révisionnistes.
4- Le tableau montre que c’est une entreprise organisée qui se transmet de maître à disciple et n’a rien avoir avec une recherche scientifique neutre et impartiale
5- Les conclusions, varient d'un chercheur à un autre en fonction de sa méthodologie et de ses aprioris
6- Parmi les auteurs, ils y en a qui écartent d'un revers de la main toutes les sources musulmanes à titre d’exemple: Le Frère Bruno Bonnet, explore le texte du Coran sans prendre en compte les marques diacritiques, pour lui trouver une nouvelle interprétation. Avec cette méthode douteuse qui repose sur le changement de l’emplacement de signes diacritiques pour tester toutes les combinaisons possibles, le Frère Bonnet-Eymard aurait pu faire dire n’importe quoi aux versets coraniques, il avait prédéterminé à l’avance le sens qu’il attendait en partant des conclusions d’Henri Lemmens et de Gabriel Théry qui pensaient que le Coran est l’œuvre d’un rabbin. Une réponse détaillée à cette exégèse qui se veut scientifique sera traitée dans un article à part (rubrique réponse aux polémistes chrétiens).
7- D'autres ne se gênent pas de sélectionner, dans les sources musulmanes, ce qui va dans le sens de leurs opinions comme le Père Edouard Marie
Re: L'HISTOIRE DU CORAN
IV-LE CORAN SELON L'ISLAMOLOGIE SAVANTE :
La recherche scientifique en général se base sur un présupposé idéologique qui consiste à exclure d’emblée la possibilité d’envisager une explication surnaturelle aux phénomènes étudiés et ce quel que soit le domaine de recherche. Donc l’analyse de l’histoire Coran ne va pas, déroger à cette règle.
Pour ces chercheurs, il serait inconcevable qu’un texte puisse être révélé, ni qu'une religion comme l’islam, puisse émerger ex nihilo du néant, uniquement sous l’impulsion d’un homme inspiré. Dans le cas présent, le présupposé acquis d’avance est que le Coran est un texte écrit par un (ou plusieurs auteurs), la recherche consistera simplement à le(s) mettre en évidence.
Ce présupposé peut être discuté d’un point de vue philosophique mais il n’est pas l’objet de cet article, donc nous admettons cette règle qui a l’avantage de ne pas mélanger la science factuelle avec les croyances diverses et variées.
Il serait très laborieux de présenter en détail, dans cet article de synthèse, chaque approche à part, car chacune d’entre elles nécessiterait un ouvrage entier mais nous nous contentons de présenter un résumé des grandes lignes et surtout de se focaliser sur les résultats obtenus.
En effet la recherche scientifique à toute son importance et doit être poursuivie, c’est aux croyants d’y être réceptifs tout en restant vigilant quant aux dérives de l’entreprise scientifique, qui est par essence, une démarche humaine donc sujette à exploitation.
A- L’impasse de la recherche purement historique
L’extrême difficulté d’appliquer la méthode historique au texte fondateur de l’islam tient à la quasi-absence de sources contemporaines à son émergence.
Pour contourner cette énorme difficulté, les chercheurs ont essayé de trouver d’autres moyens d’investigation, reposant sur une méthode pluridisciplinaire faisant appel à plusieurs domaines de compétences tel que la philologie, la sémantique, l’épigraphie….etc et c'est ce que nous allons voir dans cet article.
Pour contourner cette énorme difficulté, les chercheurs ont essayé de trouver d’autres moyens d’investigation, reposant sur une méthode pluridisciplinaire faisant appel à plusieurs domaines de compétences tel que la philologie, la sémantique, l’épigraphie….etc et c'est ce que nous allons voir dans cet article.
Le problème posé par cette démarche scientifique, c’est la multiplicité des théories et l’absence d'un consensus sur une piste sérieuse qui aboutirait à une conclusion définitive sur l’origine du Coran. Hors, les chercheurs ne se préoccupent pas de cet aspect à partir du moment qu’ils sont convaincus d’avance que le Coran est forcément une œuvre humaine écrite par une ou plusieurs personnes, l’essentiel pour la plupart d’entre eux c’est de publier pour satisfaire des besoins académiques (et parfois personnels).
Nous verrons plus loin que certains auteurs, sous couvert de recherche scientifique -sensée être impartiale- s’emploient sans relâche à déconstruire le texte Coranique dans un but de militantisme chrétien ou athée animé par une islamophobie dont les symptômes sont maintenant exacerbés par le fanatisme bien réel de certains musulmans.
B-Les différentes approches scientifiques
Les approches développées depuis le 19è siècles sont très multiples, nous ne citons que les méthodes bien reconnues, pour aller plus loin le lecteur peut, lire les ouvrages qui sont indiqués sur le site du Dr Mehdi Azaeiz (lien) Islamologue qui vient de publier un livre intitulé « Le Coran, nouvelles approches » CNRS édition 2013(les œuvres majeures sont également citées en Bibliographie).
Les approches développées depuis le 19è siècles sont très multiples, nous ne citons que les méthodes bien reconnues, pour aller plus loin le lecteur peut, lire les ouvrages qui sont indiqués sur le site du Dr Mehdi Azaeiz (lien) Islamologue qui vient de publier un livre intitulé « Le Coran, nouvelles approches » CNRS édition 2013(les œuvres majeures sont également citées en Bibliographie).
Re: L'HISTOIRE DU CORAN
1-La méthode historico-critique : cette méthode se base sur différentes analyse dont :
-La critique textuelle (Bergsträsser, Gilliot, Kropp, Nöldeke, Pretzl, Jeffery, Mingana)
-La critique des sources (Mingana, Lüling, Luxenberg)
-L’histoire des formes (Prémare, Wansbrough)
-L’approche comparative (Geiger, Masson, Tisdall)
-L’approche d’anthropologie historique (Chabbi, Djaït, Rubin)
-L’approche codicologique (Chahdi, Déroche, Fedeli, Hilali, Puin, Sadeghi)
-L’approche épigraphique (Frédéric Imbert, M.C.A. MacDonald)
2-La méthode littéraire: portant sur l’étude du texte coranique tel qu’il nous est parvenu, ellese base sur différentes analyses telles que :
-L’analyse de l’énonciation (Bennani, Bentaïbi, Chagh, Larcher)
-L’analyse de la narrativité structurale (Laroussi, Neuwirth)
-L’analyse sémantique (Abdel Haleem, Badawi, Izutsu, Lassoued, Madigan...)
-L’analyse sémiotique (El Yagoubi Bouderrao, Toelle...)
-L’analyse rhétorique (Cuypers, Boisliveau)
-L’analyse psychanalytique
*Une mention particulière concernant deux types d'analyse citées dans la liste établie par l’islamologue, Dr Mehdi Azaeiz (site internet), qui aboutissant à des résultats très surprenants :
1-L’analyse de la structure rythmique des sourates faite par le Dr Pierre Crapon de CAPRONA dans sa thèse
" Le Coran: aux sources des paroles oraculaires. Etude rythmique des sourates mécquoises "au Publications Orientalistes de France, 1981.
Dommage que cet auteur soit décédé avant d’achever l’analyse des sourates médinoises.
2-L’analyse de la méta-textualité, de la rhétorique, de la binarité et de l'auto-canonisation du Coran (Anne-Sylvie Boisliveau) dans Le Coran par lui-même Brill 2013
Ce thème de l’auto référentialité est également traité par Stefan Wildin “Self-referentiality in the Qur'ān”.Ces dernières thèses mettent à mal les résultats de la méthode historico-critique en affirmant la cohérence interne du texte Coranique et donc l’unicité de sa source (divine ou pas, ce n'est pas là préoccupation de l'historien).
-L'analyse rhétorique faite par Michel Cuypers (site web) a permis de démontrer la cohérence interne du Coran en dépit de ses apparentes contradictions et ruptures thématiques; Michel Cuypers s'est basé sur les règles d'appréhension de la rhétorique sémitique, mise en évidence par Robert Lowth au 18ème siècle et théorisées plus tard par Nils Wilhelm Lund sous forme de règles connues sous le nom « Lois de Lund »
-Pierre Crapan de Caprona affirme que « la complexité des structures exclut une composition consciente de Mahomet. C’est pourquoi nous sommes en faveur de ranger cette hymnologie dans une catégorie que nous définirions comme transpersonnelle » (Pierre Crapon de Caprona, in « Le Coran : aux sources de la parole oraculaire »).
Par ailleurs l’analyse numérique est souvent écarté parce que ses auteurs sont souvent musulmans et affichent d’emblée leur foi en un Coran révélé, elle est donc classée dans la catégorie « approche concordiste », doncnon scientifique, ce qui est tout à fait vrai.
Nous verrons par la suite que c’est un jugement hâtif et qu’on dépit des constatations suscitées, cette approche mérite une attention toute particulière, si elle est présentée en toute neutralité selon les standardsde la recherche scientifique (projet en cours).
C-L’histoire de la fixation du texte Coranique
La question de la préservation du Coran est intrinsèquement liée au processus de sa transcription et les moyens dont nous disposons pour affiner la datation de sa fixation définitive.
Il parait évident que plus la date de la fixation définitive est proche du temps de la révélation, plus est la garantie de sa filiation à son auteur (Prophète de l’Islam).
La position traditionnelle va dans ce sens come nous l’avons déjà vu plus haut, la décision d’écrire et de collecter le Coran s’est faite du vivant du Prophète mais sa fixation définitive a été effective au temps du 3e Calife Othmane.
D’un point de vue purement historique, nous ne disposons actuellement d’aucun document émanant du Prophète ou de ses scribes.
Les plus anciennes versions complètes du Coran ne datent que du 3e H/9e après JC (réf).
Les manuscrits de l’époque pré abbasside sont très rares et fragmentaires, ce qui rend leur datation difficile et non consensuelle auprès des experts.
Quelques fragments de papyrus/parchemins ont été datés par certains experts de la fin du 1er siècle de l’hégire, cette datation reste controversée est il n’existe à ce jour aucune certitude à ce sujet, les résultats divergent d’un expert à autre (Tableau n°1).
Dès le 19ème siècle de notre ère, Alois Sprenger opte pour une fixation tardive dans (sa vie de Mahomet), il distingue les « aides mémoires primitives » à usage personnel des corps entiers officiels qui eux ne dateraient que du 2-3 H/8-9
Par la suite c’est Ignaz Goldziher qui va s’atteler au problème du développement et la transmission du Hadith. Il a publié en 1890 une œuvre magistrale « Muhammadanische Studien »où il invalide la valeur historique de la tradition prophétique.
La thèse de Goldziher a retenue l’approbation de la majorité des islamologues jusqu’à la deuxième moitié du 20ème siècle. Mais dès les années 1960, Goldziher a reçu une critique sérieuse par Nabia Abbot in « Studies in Arabic Literary papyri » suivie par Fuat Sezgin dans « Geschichte des arabischen Schrifttums » Tous les deux affirment qu’une écriture systématique existait déjà en Arabie pré-islamique.
Nabia Abbot fait état d’écrits systématiques pendant la période Omeyyade 40-132 H/660-750. Mais à vrai dire la recherche en Coranologie a fait une avancée majeur avec l’œuvre monumentale de Theodor Nöldeke « Geschichte des Qurans » qui a été poursuivie et enraichie par ses élèves : Friedrich Schwally, Gotthelf Bergstrasser et Otto Pretzl.
Dans les années 1990, la recherche sur le Coran a connu un nouveau ressort avec les travaux de Gregor Scholer dans « Charakter und Authentie der muslimischen Überlieferung über das Leben Mohammeds, Berlin–New York 1996 »G.Scholer a repris et analysé les travaux antérieurs pour affiner considérablement l’examen de la question de la transcription-fixation du texte Coranique, il distingue les écrits à visée personnelle de ceux qui sont officielles et destinées à la publication.
D) Les deux tendances de l’islamologie savante
On peut schématiquement classer les auteurs en deux grandes tendances bien qu’en réalité des auteurs peuvent parfois adopter des positions différentes selon la question traitée, on distingue donc :
1-Les critiques modérés "toute information ne peut être prise pour fausse que s'il n'y a de bonnes raisons pour le rejeter" : ici les chercheurs recoupent les sources et sélectionnent ce qui parait plausible et écartent tout ce qui est légendaire.
Les hypercritiques attaquent les auteurs de cette école, remettant en cause leurs critères de sélection parmi les sources musulmanes. Les Hypercritiques pensent qu’il n’existe aucune méthode infaillible pour décerner ce qui est historique de ce qui ne l’est pas. Certains ont proposé des critères très curieux, je cite l’exemple de Maxime RODINSON et d’Alfred Louis de PREMARE, deux éminents islamologues arabisants qui proposent 3 critères de sélection :
a)Le critère de convergence : la convergence des sources différentes sur le même événement.
b)Le critère des détails peu reluisants, ces islamologues pensent que quand un Hadith renferme des détails peu reluisants sur le prophète, il peut être considéré comme ayant un fond de vérité !
Ils n’ont jamais songé un instant que le hadith en question, puisse être inventé de toute pièce par des hypocrites ou par des convertis à l’islam par la force des choses ou sous contrainte ? Cette hypothèse peut être attestée par de nombreux exemples.
Pour prendre un seul d’exemple, Qa'ab Al Ahbar, ex Rabbin converti à l'islam a inondé la tradition prophétique de légendes d'origine Talmudique via le compagnon Abu Houraeira.
Pour plus de détails, je renvoie le lecteur, vers l’excellent livre de mon ami Mohamed LOUIZI : « Un inféodé sur le chemin de Damas »
c)Les détails insignifiants et les confidences d’alcôve : selon ce critère, les récits les plus crédibles seraient ceux qui rapportent, les confidences intimes de Mohammed à son épouse Aicha !!!! Quelle érudition ? No comment !
L’approche critique a quelques défenseurs de taille en Grande Bretagne, en particulier John Burton qui publie son ouvrage majeur : « The Collection of theQur’ān », paru la même année que les « Quranic Studies » de Wansbrough.
Bien que ces deux savants se fondent sur les méthodes de Goldziher et de Schacht pour la critique de la tradition islamique, ils divergent sérieusement en ce qui concerne la datation de la rédaction finale du Coran, Burton arrive à des conclusions radicalement différentes de celles de Wansbrough( Tableau n°1)
Re: L'HISTOIRE DU CORAN
2-Les hypercritiques "tout est faux jusqu'à preuve du contraire" telle est leur devise quand il s'agit de l'islam, mais quand il s'agit du christianisme, il leur suffit la moindre inscription archéologique ou le moindre témoignage-même interpolé- comme celui de Flavius Joseph pour attester l'existence historique de Jésus. Cette école rejette presque toutes les sources musulmanes pour les raisons suivantes :
le grand écart entre la tradition orale est sa mise par écrit
la présence d’énormes contradictions et invraisemblances
la présence de fautes historique avérée et d’anachronismes
l’abondance de récits légendaires
Cette école représentée par Ignaz Goldziher et ses suiveurs comme Joseph Schacht* et Juynboll a été sévèrement critiquée par Harald Motzki, un expert du Hadith, qui a démontré les failles de l’approche hypercritique, et la divergence des chercheurs occidentaux sur la datation de la version finale du Coran en rapportant les conclusions contradictoires que nous résumons dans le tableau ci-dessous
Tab n°1
Date fixation du texte Canonique Auteurs Epoque du prophète-John Burton
-François Déroche
-Friedrich Schwally 660-750 -Nabia Abbott-Fuat Sezgin 657-690 -Gregor Schoeler -Gerd Puin Epoqued’Othmane -Theodor Noldeke-Gotthelf Bergstrasser-Otto Pretzl 8-9ème siècles -Ignaz Goldziher-John Wansbourgh-Jacqueline ChabbiPendant le règne de ‘Abd al-Malik (685-705) -Patricia Crone & Michael Cook-Alfred Louis de Premare
La théorie de la fixation tardive du Canon Coranique tombe en désuétude depuis la découverte et l’édition d’un nombre considérable d’œuvres très anciennes comme dans le tableau 2 ci-dessous:
Tab n° 2
Livre des apostats de Sayef ben Omar كتاب الردة و الفتوح لسيف بن عمرRecueil d’ibn Aby chaiba مصنف ابن ابي شيبةRecueil de Abdel Razzaq AL San’any مصنف عبد الرزاقHistoire de Médine de Ibn Chubba تاريخ المدينة لابن شبة
L’existence d’ouvrages de cette envergure au début du 2ème siècle de l’hégire témoigne d’une tradition scripturaire bien établie.
vous pouvez également lire cette critique selon les règles académiques des travaux de Joseph Schacht "On the Common-Link theory" en suivant celien : http://digitool.library.mcgill.ca/R/?func=dbin-jump-full&object_id=102474&local_base=GEN01-MCG02
Re: L'HISTOIRE DU CORAN
E) Exemple d’approche hypercritique :
1-La thèse de Mingana : l’auteurreprend et développe la théorie de Paul Casanova sur le rôle fondamental du Calife Omeyyade Abdel Malik Ben Marwane (65-86H/685-705) par le biais de son gouverneur Al Hajjaj Ben Youssef dans la fixation finale du texte Coranique.
L’auteur se sert aussi de Goldziher sur l’intervalle qui sépare l’époque du Prophète des plus anciennes sources comme Tabaqat Ibn Sa’ad (229H/844) et Sahaih Al Bukhari(256H/870).
Mais il a souligné ici le fait que Mingana n’avait pas eu connaissance de l’existence des ouvrages de grande envergure que nous avons mentionnés plus haut, donc son jugement était complètement faux.
Sa thèse conclu a une origine syriaque issue des milieux chrétiens orientaux, il disait que le Coran ne pouvait exister avant la fin du 7e siècle de notre ère et que le Codex de Othmane n’a vu le jour qu’à l’époque de Abdel Malik (65-86H/685-705).
Cette thèse a été reprise à son tour par un certain Christoph Luxenberg pour plus d’information à sujet, je conseil de lire la traduction que j’ai réalisé d’un travail fait par l’équipe d’Islamic Awarenss (présumé origine Aramo-Syriaque du Coran)
2-La Thèse de John Wansbrough : lui aussi il conteste radicalement la caractère historique des écrits musulmans, il se rallie aux chercheurs qui datent la fixation du canon qu’à la fin du 2 H/8e voire même au 3H/9e
Selon Wansbrough, les Arabes n’avaient pas établi une nouvelle religion propre à eux au moment où ils sortaient de l’Arabie pour conquérir d’autres pays. C’est en dehors d’Arabie qu’ils trouvèrent, après les conquêtes, des « milieux sectaires » au Moyen–Orient, plus particulièrement en Irak, et commencèrent très progressivement à adopter la culture religieuse de ces « milieux » et à les adapter à leur mode de vie, en réécrivant son leur propre histoire par l’arabisation des écrits existants dans ces milieux.
Le Coran émergea que par la suite, d’une multiplicité de sources, via les Sermonnaires populaires (al-Qussas) qui jouèrent un rôle fondamental dans son élaboration.
Bien qu’elle était séduisante avec des arguments bien agencés et cohérents cette théorie a été totalement réfutée par la suite, pour des raisons méthodologiques par les propres élèves de Wansbrough qui sont Patricia Crone et Michel Cook. Ces derniers ont rejoints les résultats obtenus par Mingana sur la base d’écrits non islamiques et par l’interprétation des inscriptions du Dôme du Rocher à Jérusalem.
Mais Patricia Crone est revenue partiellement sur sa thèse, d’autant plus que l’Américaine Estelle Whalen a démontré de manière solide que les inscriptions du Dôme prouvent le contraire des conclusions de Patricia Crone et de Michel Cook. Elle a publié une étude rappelant les sources oubliées par les islamologues (Oublis volontaire?) : « Forgotten Witness: Evidence For The Early Codification Of The Qur'an »
Ces inscriptions du Dôme du Rocher, finement analysées par Christel Kessler et Oleg Grabar, ont été exécutées sur l’ordre du Calife Abdel Malik Ben Marwan..
Elles paraissent être la première réelle illustration datée d’une définition dogmatique de l’unicité théologique selon l’islam : « Dis : Dieu est l’Unique, Il est le Seigneur a implorer, Il n’a pas engendré et n’a pas été engendré et n’a pas d’égale ».
D’autre part, ces inscriptions mentionnent des réponses aux chrétiens affirmant la négation du dogme trinitaire, précisant que Isa-Jésus Fils de Marie n’est qu’un prophète parmi d’autre.
Pour plus de précisions sur ces inscriptions sur le Dôme du Rocher vous pouvez lire mon petit article sur la question (cliquer ici).
3-La thèse de Gerd-Rüdiger Puin :
Selon Gerd-Rüdiger Puin, les manuscrits de San’a, le texte coranique présente des variations textuelles, un ordre inhabituel des sourates, ainsi que des styles de graphies arabes très rares. Sur la base de ces constations, Gerd-Rüdiger Puin avance l'hypothèse que le texte coranique a probablement connu une évolution. La preuve c’est que ces manuscrits sont des palimpsestes, où un ancien texte a été effacé et remplacé par un autre.
Palimpsest of Codex Sanaa 01-27.1, Dâr al-MakhTûTât al-Yamanîya, Sanaa
(Photo: Gerd-Ruediger Puin; 1) source n°10
Re: L'HISTOIRE DU CORAN
Dans un article d'Atlantic Monthly en 1999, on donne cette citation de Gerd-Rüdiger Puin :
« Mon idée est que le Coran est une sorte de cocktail de textes qui n'étaient déjà pas entièrement compris même à l'époque de Mahomet. Beaucoup d'entre eux peuvent même être plus vieux que l'Islam lui-même d'une centaine d'années. Même dans les traditions islamiques, il existe une énorme quantité d'informations contradictoires, y compris un important substrat chrétien on peut, si l'on veut, en tirer toute une histoire alternative de l'islam. Le Coran lui-même proclame qu'il est « mubeen », c'est-à-dire clair, mais si vous le regardez de près, vous remarquerez qu'une phrase sur cinq ou à peu près n'a tout simplement pas de sens. Beaucoup de musulmans vous diront le contraire, bien sûr, mais c'est un fait qu'un cinquième du texte Coranique est absolument incompréhensible. C'est ce qui est à l'origine de la gêne traditionnelle concernant la traduction. Si le Coran n'est pas compréhensible, si même en arabe on ne peut pas le comprendre, alors il n'est traduisible dans aucune langue. Voilà pourquoi les musulmans ont peur. Puisque le Coran répète à plusieurs reprises qu'il est clair alors qu'il ne l'est pas, il y a là une contradiction évidente et très grave. Il faut passer à autre chose. » ( notes sur Wikipédia)
Cependant, Michel Cuypers affirme qu'un ordre caché existerait en arrière-plan des sourates. Ce spécialiste en rhétorique sémitique et Coranique voit une symétrie cachée dans le style Coranique, sourate par sourate, qu'il dit étonnante.
Selon lui, l'aspect décousu du Coran ne serait qu'impression trompeuse, due au fait que la rhétorique "cachée" dedans aurait été perdue depuis l'époque de sa rédaction ce qui est actuellement prouvé de manière incontestable par la thèse d’Anne-Sylvie Boisliveau dans son ce livre « Le Coran par lui-même » édition Brill 2013.
En 2000, The Guardian a interrogé un certain nombre d'érudits sur leur opinion au sujet des affirmations de Puin, parmi eux le Dr Tarif Khalidi, maître de conférences en études islamiques à l'Université de Cambridge, et le professeur Allen Jones, maître de conférences en études Coraniques à l'université d'Oxford.
En ce qui concerne l'affirmation de Puin selon laquelle certains mots et certaines prononciations dans le Coran n'ont pas été normalisés jusqu'au IXe siècle, l'article note : « Jones reconnaît que des changements « insignifiants » ont été apportés à la recension othmanienne. Khalidi affirme que la compréhension musulmane traditionnelle du développement du Coran est toujours vraie en gros et il affirme « Je n'ai pas encore rien vu qui fût susceptible de changer radicalement mon point de vue »
Selon Allen Jones le Coran de Sana'a pourrait n'être qu'une mauvaise copie qu'utilisaient des personnes auxquelles le texte othmanien n'était pas encore parvenu. « Il n'est pas exclu qu'après la promulgation du texte othmanien, il lui ait fallu beaucoup de temps pour se propager. » ( notes sur Wikipédia)
En plus de ces notes, j'attire l'attention sur la «Lettre ouverte au Dr Puin » publiée par l'imam Ahmed Anas , l’auteur du site de la maison de l’islam qui mérité d'être consultée.
Au sujet du Palimpseste: Le Dr Puin affirme que l’on peut apercevoir une trace de l’ancien texte effacé, même si, précise-t-il, “il est malheureusement impossible de le déchiffrer”. Il y a là, selon lui, un indice montrant que le Coran a connu une évolution textuelle.
Selon l'imam Ahmed Anas, ce raisonnement est pour le moins étrange…
En effet, tout le monde sait qu’à l’époque, le papier étant rare (surtout en Arabie), il arrivait souvent qu’on écrive un texte sur du parchemin déjà utilisé, dont on avait au préalable effacé le texte d’origine.
Le Dr. Puin reconnaît lui-même que s’il est possible de s’apercevoir qu’il y avait un texte initial en dessous et que celui-ci a été effacé, il est “impossible de déchiffrer” ce texte effacé. Comment peut-il donc affirmer qu’il s’agit d’un passage du Coran ? Et pourquoi s’empresse-t-il d’émettre comme hypothèse qu’il s’agit “sans doute d’une ancienne version du texte coranique, lavée parce que son contenu n’était plus admissible” ?
Il y a semble-t-il un certain empressement à dire ce que l’on a bien envie…
Re: L'HISTOIRE DU CORAN
Conclusion :
Nous avons vu que le sujet est très complexe et la recherche n’a pas encore donné son dernier mot et elle n’a pas comme vocation de statuer sur le caractère divin ou non du Coran. La recherche doit se limiter à son étude multidisciplinaire au moyen des progrès accomplis dans le domaine de la linguistique, de la philologie et de l’archéologie et de bien d’autres. Il est à noter que cette entreprise qui se veut neutre est parfois exploitée par des auteurs malintentionnés qui cherchent à polémiquer contre les musulmans en s’attaquant à leur texte sacré, en se focalisant sur une partie des recherches à charge contre Coran comme: John Wansbourgh, Patricia Crone, A.L de Prémare, Luxemberg, Delcambre, Claude Gillot, Urvoy...tout en occultant leurs contradicteurs et/ou d’autres chercheurs qui ne sont pas du même avis comme: John Burton, Nabia Abbot, Fuat Sezgin, Gregor Shoeler, Harald Motzki, Angelika Neuwirth, François Déroche, Friedrich Schwally, Frédéric Imbert, Fred Donner, Pierre Crapon de Caprona, Michel Cuypers, Anne Sylvie Boisliveau…etc La recherche doit se poursuivre et le débat reste ouvert ! |
Re: L'HISTOIRE DU CORAN
ETUDE CRITIQUE DE LA THÉORIE DE L'EMPRUNT ARAMO-SYRIAQUE
D'Alphonse Mingana à Christoph Luxenberg :Le Manuscrit arabe et le présumé origine Aramo-Syriaque du Coran
Google traduction (légèrement adaptée) à partir de l’Article originale en anglais d'islamic Awarnesshttp://www.islamic-awareness.org/Quran/Text/Mss/vowel.html
Introduction
Pour certains orientalistes, l'histoire traditionnelle de l'Islam telle qu’on la connait ne serait tout compte fait qu'une légende. Partant du principe que les sources musulmanes concernant l'étude historique de l’Islam sont très peu fiables (par manque d’objectivité). Alors que les sources non-musulmanes seraient beaucoup plus objectives.
En ce qui concerne le Coran, ils considèrent qu’il n’y avait pas eu de révélation faite au Prophète Mohammed, par exclusion de la transcendance comme l'exige la méthode scientifique (matérialiste), mais simplement une compilation massive de textes liturgiques empruntés aux Judéo-chrétiens et aux traditions Zoroastriennes.
A titre d'exemple le Révérend Alphonse Mingana qui a entrepris une large étude critique du Livre sacré des musulmans, ainsi que l’histoire de la genèse de l'alphabet arabe , il a pu formuler une hypothèse selon laquelle: le Coran serait d'origine non arabe, car très imprégné du Syriaque. "L’auteur" a intégré un ensemble de mots empruntés au Syriaque dans la lecture coranique et a donc provoqué -selon les orientalistes-une révolution linguistique dans la compréhension de la genèse du Coran ! (1).
Mingana a fait un catalogue du présumé vocabulaire Syriaque dans le Coran et a soutenu la présence répandue du Christianisme Syriaque (en Arabie) et son rôle important dans les origines de l'Islam. Son travail, avec celui d'Arthur Jeffery " The Foreign Vocabulary Of The Qur'an" (2) ont donné l'élan pour une recherche supplémentaire sur le rapport entre le "Vocabulaire Étranger" du Coran et les circonstances historiques de son apparition. Récemment, le travail de Mingana a été ressuscité avec la publication de Christophe Luxenberg "Die syro-aramäische Lesart des Koran: Ein Beitrag zur Entschlüsselung der Koransprache" (3)
En ce qui concerne la langue arabe, Mingana appelle à l’ignorer complètement. Il va même affirmer que les langues écrites à la Mecque et Médine devaient être le Syriaque ou l'hébreu : « Si tous les signes ne nous trompent pas, très peu de phrases sibyllines, le cas échéant, ont été écrites pendant la période du prophète. Le genre de vie qu’il a mené, et le caractère rudimentaire de la lecture et de l'écriture dans cette partie du monde, sont les témoins suffisants en faveur de ce point de vue. Notre ignorance de la langue arabe des premières périodes de son évolution est telle que nous ne pouvons pas même savoir avec certitude si elle avait sa propre forme écrite à la Mecque et à Médine. Si un genre d'écriture existait dans ces deux localités, il devrait être quelque chose, de très semblable à l’Estrangelo (c-à-d, Syriaque) ou à caractères hébreux » (4).
Quant aux voyelles arabes, il écarte les avis d'auteurs arabes et leurs préfèrent les points de vues Araméens ainsi que ses propres spéculation. Il dit : « Le premier créateur des voyelles arabes reste inconnu. Les avis des auteurs arabes, sur ce point, sont sans valeur pour être cités… Si nous pouvons avancer notre propre opinion, nous pensons qu'un traité complet et systématique sur ces voyelles n'a été élaboré qu'à la dernière moitié du VIIIème siècle, et nous croyons qu'une telle tentative pourrait avoir été faite avec succès seulement sous l'influence de l'école de Baghdâd à ses débuts. D'une part, en dépit de l'insuffisance de preuve pour accepter une date plus rapprochée, nous n'avons pas de manuscrits ornés de voyelles qui peuvent confirmer qu’ils sont antérieures ; d'autre part, la dépendance de ces voyelles à ceux de l'Araméens nous oblige de trouver un centre où la culture de la langue Araméenne fleurissait, et ce centre est l'école de Baghdâd, qui était, comme nous l'avons déjà énoncé, sous la direction des disciples Nestoriens, et d'où un traité sur la grammaire de Syriaque a été écrit par le célèbre Ishaq Ibn Hunayn» (5).
Il a également affirmé cela : « La base des voyelles arabes s’appuie sur les voyelles des Araméens. Les noms donnés à ces voyelles est une preuve irréfutable de la véracité de cette affirmation. Ainsi le "fath" correspond dans l'appellation et dans le bruit au "ftâha" Araméen " (6).
Suivant d’une façon très proche la démarche de Mingana, Luxenberg prétend qu'avant l'apparition de la littérature arabe, la langue principale de l'écriture était le syro-araméen ou Syriaque. Ce qui le poussa de supposer que les origines de l'arabe littéraire et du Coran doivent être dans les communautés Araméenne et chrétiennes. Cette hypothèse prétend que la Mecque n'était pas une colonie arabe mais plutôt une colonie Araméenne et que les résidents de la Mecque ont parlé un mélange d’Aramo-arabe (7) (ou Arabo-araméen).
Cette langue, apparemment non connue ou non comprise en dehors de la Mecque (?), est bientôt tombée dans l'oubli et aucune tradition fiable n'a existé pour prouver son existence (8). (Bien sûr c’est uniquement Luxenberg qui détient cette information et connaît son existence).
Par conséquent, selon Luxenberg, les premiers Savants Musulmans, qui ont écrit un siècle et demi après le décès du prophète, étaient sous la fausse impression que le Coran a été écrit en arabe classique ; donc, il n'était pas surprenant qu'ils n'ont pas compris ce qu'ils lisaient (9).
À cet égard, Luxenberg représente une coupure radicale par rapport aux théories précédentes, y compris celles de Jeffery et Mingana. Sous couvert des ces suppositions, Luxenberg commence sa quête pour trouver le « vrai » texte Coranique en utilisant ses propres méthodes graphiques et linguistiques.Ce sont ses prétentions pour le côté graphique de son analyse qui nous intéresse dans cet article.
En affirmant que les documents arabes antérieurs manquent des points diacritiques et marqueurs des voyelles, Luxenberg a pris la liberté de changer les points diacritiques et les voyelles à volonté. Le travail de Luxenberg a eu une large publicité par les journaux New York Times, The Guardian et Newsweek.
Son livre est-il réellement un travail scientifique débouchant vers d'autres horizons d'interprétation ou juste une autre tentative d'un coup médiatique ?
Ceci nous a incités à évaluer la thèse de Luxenberg et à examiner les bases sur lesquelles elle se fonde. Dans cet article, nous voudrions examiner l'hypothèse de Mingana et de Luxenberg au sujet des origines de l’écriture arabe. Nous comparerons également l’écriture Arabe à l’écriture Syriaque ainsi que son développement. On démontrera que Mingana et Luxenberg s’étaient basés initialement sur des hypothèses erronées.
Re: L'HISTOIRE DU CORAN
2. Origines de l’écriture Arabe
Comme cité précédemment, Mingana a prétendu l'inexistence d'un alphabet arabe au début de l'Islam. Il a même soutenu qu’à la Mecque et à Médine la langue écrite « aurait été » le Syriaque ou l’Hébreu. Quant à Luxenberg, il a supposé ce qui suit : « Quand le Coran a été composé, l'Arabe n'a pas encore existé comme langue écrite ; ainsi il m’a semblé évident qu'il était nécessaire de prendre en compte, surtout, l'Araméen, qui alors, entre le 4ème et le 7ème siècle, était non seulement la langue de communication écrite, mais également la lingua franca de cette région de l'Asie occidentale».
En ce qui concerne l'histoire de l'Arabe comme langue écrite, elle est mieux dépeinte par les inscriptions suivantes qui sont aussi bien préislamiques que postislamiques du 1er siècle et qui montrent le développement progressif de l’écriture Arabe. Les inscriptions ci-dessous prouvent que l’écriture Arabe avant l'arrivée de l'Islam a clairement eu un alphabet bien développé.
Les Inscriptions de Raqush (Jaussen-Savignac 17): Les plus anciennes inscriptions Arabes Préislamiques (date 267)
Healey et Smith l'ont accepté comme document arabe le plus ancien (10)
http://www.islamic-awareness.org/History/Islam/Inscriptions/jramm.htmlLes Inscriptions Jabal Ramm: IVème siècle
Cette inscription est le deuxième plus vieux contenant écrit de l’alphabet arabe jusqu'ici découverte après l'inscription de Raqush. La grammaire en cette inscription est l'arabe classique (11) http://www.islamic-awareness.org/History/Islam/Inscriptions/jimal.htmlhttp://www.islamic-awareness.org/History/Islam/Inscriptions/jimal.htmlInscription en Arabe Préislamique à Umm Al-Jimal.
La grammaire dans cette inscription est l'arabe classique (12)
L’inscription trilingue Préislamique de Zebed: Grec, Syriaque et Arabe daté à 512.
C’est une inscription trilingue. L'arabe, bien que, ne traduit pas le grec mais énumère simplement six noms, qui ne sont pas tous sont mentionnés dans le Grechttp://www.islamic-awareness.org/History/Islam/Inscriptions/usays.htmlhttp://www.islamic-awareness.org/History/Islam/Inscriptions/usays.htmlInscription Préislamique Jabal Usays daté à 528.
C'est la seule inscription arabe préislamique avec contenu historique
Inscription préislamique de Harran daté à 568
Une inscription bilingue Grec-Arabe de Harran, près de Damas, Syrie. (13) http://www.islamic-awareness.org/History/Islam/Inscriptions/hamid1.htmlInscription près de Médine : Début de l’Hégire année 4AH -01Inscription près dehttp://www.islamic-awareness.org/History/Islam/Inscriptions/hamid2.htmlMédine : Début de l’Hégire année 4AH -02Inscription près de Médine : Début de l’Hégire année 4AH -03
Ce sont des inscriptions du Mont Sal près de Médine. Elles sont datées à l’an 4 de l’hégire (14).
L’écriture Kufi est très intéressante. Grohmann a comparé l’écriture à celle de manuscrits Coraniques en Kufi et il a conclu que la ressemblance est « très saisissante. » (15)
Ces inscriptions détaillées ci-dessus fournissent la preuve suffisante d'un alphabet arabe articulé et elles sont bien suffisantes pour réfuter les suppositions spéculatives de Mingana et de Luxenberg. En outre, Bellamy présentant ses observations sur les inscriptions de Jabal Ramm, Umm al-Jimal et Harran indique : « N'importe qui jette un coup d'œil à ces inscriptions et les compare à l'échantillon de Coran… discernera un nombre très élevé de caractères qui n'ont pas changés du tout, ou très peu, en 1600 ans qui se sont écoulées depuis qu’elles ont été écrites »(16) .
Nous devrions également préciser que Nabia Abbott a également réfuté les arguments de Mingana en utilisant le papyrus arabe le plus vieux qui soit connu PERF No. 558 provenant de l'Egypte. Si l'arabe était en effet si primitif dans sa patrie pendant l'arrivée de l'Islam, comme réclamé par Mingana, comment a-t-on pu rationaliser son utilisation si pratique en Egypte dans un délai très court et en une écriture cursive bien développée ?
Abbott dit : « L'état de l'écriture arabe dans le temps de Mohammed est indiqué par PERF No. 558 (notre plaquette IV-V), un papyrus arabe du règne d’Omar daté de l’an 22 de l’Hégire avec une écriture assez bien développée qui a été rédigé dans la province éloignée de l’Égypte, où le Grec et le Copte étaient l'utilisation écrite de langues en général. Si l'arabe écrit était si primitif et rare dans sa propre patrie à l'heure de la mort de Mohamed, comment expliquons-nous son utilisation pratique en Égypte seulement une douzaine d’années après cet événement ?
Encore, pour justifier le développement inachevé de l'orthographe, nous aurons raison de suspecter seulement l'exactitude orthographique des premières éditions du Coran mais pas la possibilité de son existence (orthographe).
À cet égard il est intéressant de noter que nulle part dans les traditions de la transmission du Coran (à ses débuts) suggérant des soupçons à propos des difficultés orthographiques ou vocales ; plutôt c'est les différences dans les dialectes tribaux arabes et des différences provenant de l'utilisation de l'arabe par des étrangers qui semblent attirer l'attention. Les considérations antérieures nous mènent à croire que, si nous tenons compte de telles erreurs commune que les auteurs et les copistes sont amené à faire, les auteurs arabes du temps de Mohammed et de la période des premiers Califes étaient des scribes capables de produire une édition acceptable d'un Coran écrit en dépit du manque de toutes améliorations de l'arabe moderne »(17). Luxenberg mentionne les inscriptions Arabes Préislamiques du livre de Grohmann dans "Arabische Paläographie" (18).
Tirant des déductions de la forme de l'alphabet proto-arabe, il dit qu'il est sûr d'affirmer que l’écriture cursive syro-araméenne (c-à-d, Syriaque) aurait servi comme modèle à l’écriture arabe (19). Ce qui devient maintenant presque incroyable est que Luxenberg utilise "Arabische Paläographie" de Grohmann comme source pour soutenir son argument que l’écriture syro-araméenne a servi de modèle à l’écriture arabe.En fait, Grohmann dans son livre, était l'un des premiers Savants à réfuter les origines de l’écriture Arabe à partir du Syriaque (20).
T. Nöldeke était le premier à établir le lien entre le Nabatéen et l’écriture Arabe en 1865, qui a été plus tard confirmé par Grohmann contre la thèse Syriaque de J. Starcky.
L'affiliation entre le Nabatéen et l’écriture Arabe est maintenant entièrement documentée par J. Healey qui dit :« Le développement de l’écriture Nabatéenne aux 2nd, 3ème et 4ème siècle est habituellement vu comme une progression de forme dérivée du premier Araméen vers les formes à partir desquelles (cursif occidental) l’écriture proto-arabe s'est développée, bien que nous devrions tenir compte du point de vue de J. Starcky, basé en partie sur l'observation, que l’écriture Nabatéenne, à la différence du Syriaque et de l’Arabe, est essentiellement suspendu par une ligne supérieure, que l'origine de l’écriture Arabe doit être cherchée sous une forme Lahmide de l’écriture Syriaque. Ce point de vue a été reçu avec peu d’égards.
L'origine Nabatéenne de l’écriture Arabe est presque universellement admis» (21).
Des conclusions semblables ont été également tirées par Nabia Abbott (22), Kees Versteegh (23) et Beatrice Gruendler (24). On devrait également noter que les origines de l’écriture proto-arabe n'a rien à voir avec l’écriture syro-araméenne de Luxenberg ; plutôt, c’est à partir de l’écriture Nabatéenne qu’elle a commencé.
Ainsi l'hypothèse de Luxenberg, que l’écriture Syro-araméenne a été le « modèle » pour l’écriture Arabe est d'une manière concluante réfutée.
3. Signes diacritiques et de voyelles Arabes à partir du Syriaque ?
Les signes diacritiques aux débuts de l'Islam ont été nommés "nouqat" (points). Les points diacritiques différencient les graphèmes ou les lettres qui se partageant la même squelette tel que le ح du ج. Ceux-ci sont connus en tant que "nouqat al-i‘jām" et étaient bien connus aux Arabes avant même l’avènement de l'Islam. Les marques de voyelle ou "nouqat al-i‘rāb" (ou le tashkīl), qui peut prendre la forme de points ou d'inscriptions conventionnelles, ont été inventés par Abou Al Aswad Al-Douali (69H/688) comme nous allons le voir par la suite (25).
Examinons maintenant cette question d'emprunt.
3.1 Les Marques Diacritiques: Il a été supposé par des savants, avec une certaine réserve, que l’origine des marques diacritiques et des voyelles seait le Syriaque (26).
Nous avons déjà vu l’avis de Mingana dans la note précédente (27). Luxenberg est d'avis que les points diacritiques tel que leܕ (dolath) et le ܪ (rish) dans l’écriture Syriaque auraient pu avoir servi de base à l'alphabet arabe (28). Dans l'alphabet Syriaque, seulement deux caractères possèdent les points diacritiques : ܕ (dolath) et ܪ (rish). Par comparaison l'alphabet arabe contient un total de quinze caractères pointillés : ب, ت, ث, ج, خ, ذ, ز, ش, ض, ظ, غ, ف, ق, ن, ة. Concevoir que les Arabes ont emprunté leurs nombreux points au Syriaque devient une hypothèse difficile à soutenir (29).
D'ailleurs, nous avons des inscriptions préslamiques claires de l'utilisation des points diacritiques, par exemple, l'inscription de Raqush (année 267) a les points diacritiques sur les lettres د, le ش et le ر ; l’inscription de Jabal Ramm (4ème siècle) a les points diacritiques pour les lettres ج, le ي et le ن ; et une inscription curieuse de Sakakah contient des points liés aux lettres Arabes ب, au ت et au ن. A l’évènement de l'Islam, le papyrus PERF No. 558 (22H/642) montre de nombreux points diacritiques sur les lettres ج, le خ, le ذ, le ز, le ش et le ن. Les points sont également clairs pour les lettres ز, le ق et le ن dans le papyrus bilingue P. Mich. 6714 (daté à 22-54H/642-674).
Il y a également des exemples de points diacritiques dans les inscriptions islamiques primitives, par exemple, une inscription de Wadi Sabil (46 H/666) avec un point en dessous de la lettre ب ; et une inscription près de Ta'if sur un barrage construit par le Calife Mouawiya (58 H/677) montre l'utilisation des points diacritiques pour les lettres ي, le ب, le ن, le ث, le خ, le ف et le ت.
Etant donné le fait que toutes ces informations on été publiées avant que Luxenberg ait édité son livre, il est étonnant de le voir prétendre (citant Blachère) que la tradition islamique soit incapable d’indiquer exactement quand les points diacritiques ont été finalement "fixés", selon un processus qui a pris trois cents ans (30).
Si nous prenons les preuves des inscriptions et du papyrus dont la datation précède le Coran d’Othman, nous constatons qu'il y a dix caractères pointillés (sur quinze) qui ont le même modèle de points utilisé aujourd'hui. Pas étonnant, que Gruendler un spécialiste en écriture Arabe, en utilisant les exemples des inscriptions, des papyrus et des pièces de monnaie de la période islamique primitive, déclare : « Le système diacritique avait accompli son développement dans la première moitié du premier siècle islamique, bien que des points (ou les traits) aient été employés sélectivement et sporadiquement (étant considéré plutôt comme clarification additionnelle que comme partie intégrale de l'alphabet) » (31).
Nous savons déjà que l’origine de l’écriture Arabe et des points diacritiques n'a rien à voir avec l’écriture syro-araméenne de Luxenberg. En conséquence, il n'est pas étonnant que les points diacritiques auraient pu venir à l’écriture Arabe à partir de l’écritureNabatéenne. Healey déclare: « ... nous pouvons penser que le concept des points diacritiques soit venu aux Arabes avec l’écriture Nabatéenne,… » (32).
Il devient clair que la thèse de Luxenberg est déjà mise en défaut sur deux assertions, c-à-d, l'origine de l'alphabet arabe aussi bien que les points diacritiques pour différencier. Maintenant voyons comment il interprète la question des marques de voyelle.
Re: L'HISTOIRE DU CORAN
3.2 Marques de Voyelles
Comme nous l'avons déjà vu, Mingana avait prétendu que l'origine des voyelles arabes est inconnue et que l'avis des auteurs Arabes est « sans valeur » pour être cité. Par contre, il a avancé ses propres « opinions » en disant que l’origine des voyelles arabes est basée sur les voyelles Syriaques. La seule preuve offerte par Mingana était la similitude dans les noms des voyelles Syriaques et Arabes. Le "fatha" de l'arabe correspond dans l'appellation et dans le bruit au "ftâha" Araméen (33).
D’autre part, Luxenberg a introduit une autre dimension dans cette question des voyelles. Il prétend que le système Arabe des voyelles, a été établi après le modèle du système de vocalisation proto-syro-araméen, pour la désignation des courtes voyelles "a", "ou" et "i" par des points. Il a également supposé que l'addition des points pour les voyelles courtes à de divers endroits a été introduite pendant le règne d'Abd Al-Malik Ibn Marwan (685-705).
Luxenberg applique sa technique de tâtonnements "Test et Erreur" sur le "Sab’at Ahruf" = sept lettes du Coran et la relie aux sept signes des voyelles Syriaques, le système d'écriture développé par Jacob d'Edessa(décédé 708). Tabari (décédé 310H/923) mentionne également un récit qui indique qu'il y avait cinq lectures (c-à-d., khamsah ahruf) du Coran, que Luxenberg suggère correspondre aux cinq signes des voyelles Syriaques (34).
Le tronc commun dans les arguments de Mingana et de Luxenberg est leur usage de la spéculation par laquelle ils prétendent l’origine Syriaque des voyelles Arabes. En d'autres termes, le système de vocalisation Syriaque était déjà en place avant que les Arabes ne l'aient emprunté. Ils diffèrent seulement dans leur utilisation des sources. Mingana rejette l’avis des auteurs Arabes qu’il considère comme « sans valeur » tandis que Luxenberg est trop heureux d'embrasser l'opinion d'un auteur Arabe pour soutenir son hypothèse.
Analysons d'abord le cas de Mingana. Son unique argument est que le "fatha" de l'Arabe correspond dans l'appellation et dans le bruit au "ftâha" Araméen. Jacob d'Edessa étant la première personne à présenter des voyelles en Syrie occidentale (35).
Cependant, l'utilisation des noms des voyelles (syriaques) sont apparus au XIIIème siècle dans les écritures de Bar Hebraeus(décédé 1286). Il est supposé que Bar Hebraeus aurait suivi la terminologie qui avait été préalablement (et en partie) introduite par Jacob d'Edessa, en raison des sources syriaques tardives sur les origines de l'orthographe et de la grammaire Syriaque. Elias bar Sinaya (XIème siècle) (appelé aussi Elie de Nisibe) était peut-être la première personne à donner des noms aux voyelles en Syrie orientale (le schéma 1). En Syrie occidentale, les cinq voyelles, appelées "Voyelles Grecques" et selon des manuscrits datés sont apparues après 839 (36).
Quant aux voyelles Arabes, Abou Al Aswad Al-Douali (décédé 69H/688) était le premier à les avoir inventés. Ibn Al-Nadim (Décédé 385H/995) a écrit dans son livre "Al-Fihrist" :
« Abou Oubayda a relaté : Abou Al-Aswad a initié la grammaire d’Ali Ibn Abi Taleb (paix soit avec lui), mais il n'a révélé à personne ce qu'il avait appris d’Ali, jusqu'à ce que Ziad (le gouverneur de Bassorah de 45 à 53 H) l'ait nommé pour la composition d’un manuel pour servir de guide au peuple, de sorte qu'il puisse comprendre le livre d'Allah. Abou Al-Aswad a décliné cette tache, jusqu'à un jour où il a entendu un lecteur réciter « que Dieu désavoue les Idolâtres et son Prophète » (Coran 9:3, lisant Rasulihi, au lieu de Rasuluhu a donné un sens incorrect qui devait être « que Dieu et Son messager, désavouent les Idolâtres ». Alors il a dit, « je n'ai jamais supposé que l'état du peuple arriverait à ceci ! », ainsi il est revenu à Ziad et lui dit, « je ferai ce que l'Emir a commandé. Trouve-moi un scribe qui soit intelligent et obéissant à ce que je lui dis. « Ils lui ont apporté donc, un scribe de la tribu Abd Al-Kays, mais Abou Al-Aswad n'en a pas été satisfait. Alors ils lui ont procuré un autre scribe au sujet duquel Abbas Al-Moubarrad a dit, « je le considère pour être l'un de ceux qui sont très intelligents ». Ainsi Abou Al-Aswad a indiqué au scribe « si vous voyez que j'ouvre ma bouche en prononçant une lettre, placez un point dessus. Si je ferme ma bouche (faisant le son OU), placez un point devant la lettre, et si je fende mes lèvres, mettez un point double. « Ainsi a été conçu le système d'inscription d'Abou Al-Aswad ». (38)
Cependant, c'est la version Arabe Originale qui détaille le système des points et qui nous intéresse ici. Abou Amr Al-Dani indique : « Mohamed Ibn Yazid Al-Moubarrid a dit : Quand Abou Al-Aswad Al-Douali a formalisé la grammaire, il a dit : « Cherchez-moi un homme habile à prendre des notes ». Nous avons recherché tel homme, et nous n’avons trouvé personne, excepté dans (la tribu de) Abd Al-Qays. Abou Al-Aswad lui a indiqué : « Quand tu me vois prononcer une lettre, en réunissant mes lèvres (fa-dhammatu), mets un point avant la lettre ; si je réunis mes lèvres (fa-dhammatu) avec une nasalisation, mets deux points avant cette lettre. Si j'abaisse mes lèvres (kasratu), mets un point sous la lettre ; si j'abaisse mes lèvres (kasratu) avec nasalisation, mets deux points sous cette lettre. Si tu me vois ouvrir mes lèvres (fathatu), mets un point au-dessus de la lettre ; si j'ouvre mes lèvres (fathatu) avec nasalisation, mets deux points au-dessus de cette lettre ». Abou Al-Abbas (Al-Moubarrid) a indiqué : Par conséquent le pointillage au Bassorah demeure en Abd Al-Qays jusqu'aujourd’hui» (39).
Nous voyons dans ce qui a précédé qu’Abou Al-Aswad Al-Dauali (décédé 69H/688) était l'inventeur de la notation des point des trois voyelles et le nounation (attanwin) que le nom des voyelles (Fatha, Dhamma et Kasra) sont issues de leurs articulations. Ainsi ce premier travail de grammaire arabe était une tentative de décrire la structure de la langue et une réalisation précise des valeurs phonétiques des voyelles courtes. Abou Al-Aswad Al-Douali était l'inventeur des voyelles aussi bien que leurs noms liés à leurs articulations. En outre, l'arrangement de la vocalisation d'Abou Al-Aswad est également constaté dans certains manuscrits coraniques du 1er et 2nd siècle de l’hégire.
Ainsi la revendication de Mingana que la base des voyelles arabes est basée sur les voyelles des Araméens devient insoutenable. D'ailleurs, nous avons déjà vu que le nom "ftâha" n'a pas rejoint la phraséologie syrienne jusqu'autour du milieu du 9ème siècle ; plus de 150 ans après la mort d'Abou Al-Aswad Al-Douali !. En outre, il n'y a aucune appellation correspondante dans le Syriaque pour la Dhamma et la Kasra du système arabe des voyelles. Par conséquent l'utilisation de Mingana du "ftâha", juste une simple voyelle du Syriaque, pour réclamer que les Arabes ont emprunté leurs voyelles aux Syriens, est plutôt grossier et infondé.
De même, selon Luxenberg, la conception des voyelles courtes "a", "ou" et "i" par des points, a été après le modèle du système de vocalisation proto-syro-araméen et qu’elles sont apparues pour la première fois sous le règne d’Abd Al-Malik Ibn Marwan n’est pas solide du tout. Dans le cas du Syriaque, la période du 3ème au début du 7ème siècle (c.-à-d., jusqu'à l’avènement de l'Islam) est marquée par une utilisation presque exclusive du point diacritique. Seulement vers la fin de cette période qu’à commencé à apparaître les signes qui ont dénoté les voyelles "e" et "a" ; avant ce développement, aucun signe spécifique n'a été utilisé pour les diverses voyelles (40).
Dans le Syriaque, un point est placé soit au dessus, soit en dessous de la ligne pour servir en même temps un double objectif. Il est employé d’une part pour différencier entre l’utilisation de "y", "w"," ' " et "h" comme voyelles et comme consonnes et d’autre part pour différencier entre les homographes. En ce qui concerne le second cas, un point peut également différencier les homographes d’une voyelle qui a deux phonèmes en contraste : un point au dessus dénote un homographe qui a une voyelle du groupe "a" en tant que phonème distinctif, alors qu'un point en dessous (ou l'absence de tout point) dénote un homographe qui a un phonème du groupe "i" ou "ou" (41).
Ceci est hors contexte avec la thèse de Luxenberg qui suggère que le système de vocalisation syro-araméen a été employé comme modèle pour la conception des voyelles courtes "a", "ou" et "i" dans l’écriture Arabe. Le système des points dans l’écriture Syriaque était clairement insatisfaisant et eu comme conséquence l'évolution de deux systèmes de vocalisation, l'oriental (ou Nestorien) et l'occidental (ou Jacobite) comme indiqué dans la figure précédente.
Comme Mingana, Luxenberg n'a pas prêté attention au fait que les besoins des vocalisations de l'Arabe et du Syriaque sont fondamentalement différents. Les systèmes de vocalisation Syriaques et Arabes ont dû faire face aux difficultés résultant de la nature bivalente de certaines lettres qui sont à la fois des consonnes (ou semi-vocales) et des rétroflexes.
La nécessité de différencier entre les anciennes et les nouvelles voyelles a bien existé aussi bien en Arabe qu’en Syriaque ; il était, cependant, plus délicat dans le dernier cas, c.-à-d., le Syriaque. En Arabe la situation est plutôt simple, puisque les lettres ي, و et ء (c.-à-d., w, y et ') servent comme des voyelles, en règle générale, seulement quand ils n'ont aucun signe de vocalisation. Pour le Syriaque, la différentiation entre les deux genres en question n'a pas pu être basée sur un tel principe automatique. Par conséquent, le Syriaque, à la différence de l'Arabe, a dû développer d'autres méthodes pour réaliser la différentiation de la voyelle et de la notation consonante (42). Donc, il n'est pas étonnant de constater que la notation Arabe des voyelles a pris un itinéraire complètement différent du celui du Syriaque.
" Cependant, le parcours que la notation des voyelles Arabes finalement pris, diffère considérablement de celui de l'araméen et de l'hébreu. Parmi les langues sémitiques qui se servent des signes de vocalisation, l'arabe est le seul à indiquer dans son orthographe, tous les phonèmes des voyelles longues mais aucun des voyelles courtes. Ainsi l'arabe a établit une opposition cohérente et nette entre sa notation interne et externe des voyelles qui est, entre les valeurs de ses voyelles et ceux des signes de vocalisation respectifs…. cette opposition dans l'inscription est corrélée avec une caractéristique structurale de la langue - l'opposition quantitative des phonèmes des voyelles " (43).
Il n'est pas surprenant que l'arrangement des points adopté par Abou Al-Aswad Al-Douali était fondamentalement différent de celui du Syriaque. L'arrangement d'Abou Al-Aswad a démarqué les voyelles courtes ("a", "ou" et "i") et la nounation "Attanwin" ("an", "oun" et "in") ; comme prévu, aucune longue voyelle ("a:", "ou:" et "i:") n’a été abordée puisque l'orthographe arabe tient compte de cela. En contraste, sous sa forme la plus complète, le système syrien a des signes pour "a", "a:", "e", "e:", "i", "o" et "ou". D’autre part, le système syrien occidental, a des signes pour "a", " å ", "e", "i" et "ou".Maintenant, notre attention est attirée par une autre question soulevée par Luxenberg. Premièrement, il présente deux Hadiths qui traitent les différences de la lecture entre les compagnons et leur résolution par le prophète. Ces récits se rattachent à la révélation du Coran dans le "sab‘at ahruf” ou sept modes (44).
Ceci est représenté par Luxenberg comme la nature indéterminée du texte consonantal du Coran. Il argue également, que ce sont des histoires postérieures qui reflètent ce qui devait avoir été un souvenir faible de l'imprécision de l'alphabet Arabe et par conséquent de la lecture du texte, que les premiers savants ont interprété comme "sab‘at ahruf”(7 modes). Deuxièmement, en utilisant sa méthodologie heuristique, Luxenberg déduit que le "sab‘at ahruf” du Coran relatés par le prophète sont reliés aux sept signes des voyelles Syriaques, le système d'écriture développé par Jacob d'Edessa. En outre, il évoque un Hadith cité par Tabari qui dit qu'il y avait cinq lectures (c.-à-d., khamsah ahruf) du Coran, dont il suggère qu’ils correspondent aux cinq signes des voyelles des Syriens occidentaux.
L'analyse de l'authenticité et de la chronologie du Hadith de la révélation du Coran "sab‘at ahruf” qui nous indiquera alors si le hadith est récent ou ancien (par rapport au décès du Prophète)
Si nous traçons " le faisceau de l'Isnad" (c-à-d., la chaîne de transmission) du hadith d’Oubay Ibn Kaab (comme mentionné par Luxenberg), nous devrions pouvoir tirer quelques conclusions au sujet des origines de cette tradition de la révélation du Coran dans le "sab‘at ahruf”. (Voir la note originale en Anglais : http://www.islamic-awareness.org/Quran/Text/Mss/vowel.html)
Si nous comparons la datation de ce Hadith avec le résultat de la méthodologie heuristique de Luxenberg proposant que le "sab‘at ahruf" est relié aux sept signes des voyelles Syriaque, le système d'écriture développé par Jacob d'Edessa (décédé 708), nous constatons que la liaison entre le "sab‘at ahruf" et les sept voyelles Syriaques est évidemment fausse. Qu'est-ce que la récitation d'un livre dans sept modes a à faire avec les sept voyelles Syriaues? Rien.
En outre, l'arrangement des voyelles par Jacob d'Edessa n'a eu aucune notoriété parmi les Syriens occidentaux et il est resté inutilisé jusqu'à Bar Hebraeus (décédé 1286).
« Les sons précis des voyelles dans l'arrangement de Jacob a cependant continué d’être inutilisé dans l’écriture des Syriens occidentaux. Ses innovations, comme il avait lui-même prévu, n'ont pas été acceptées dans l'alphabet conventionnel. Ils n’ont apparu en aucun manuscrit, excepté ceux de son propre grammaire, et ils sont restés ignorés jusqu'à la période de Bar Hebraeus. Pourquoi l'expérience de Jacob n’a jamais été plus qu’un courageux intervalle ? Nous ne pouvons que seulement supposer. Peut-être le conservatisme Syrien s'est rebellé contre l’altération de la forme traditionnelle du texte biblique, qui était la base même de toute la littérature, pareil à toute activité théologique en Syriaque. Peut-être le nouveau système aurait perturbé trop violemment la structure fondamentale des formes basiques verbales et nominales…. » (51)
Sommes-nous censés accepter qu’un arrangement de voyelles qui n'a pas même gagné de notoriété en Syrie occidentale au temps (même de son inventeur) de Jacob pourrait avoir influencé la tradition de la révélation du Coran dans le "sab‘at ahruf" ?En analysant l’ensemble des preuves disponibles, la réponse est clairement non !
Il serait utile de mentionner aussi que l'arrangement d’Abou Al-Aswad a été transmis par Yahya Ibn Ya’mar (décédé 90H/708), Nasr Ibn ‘Asim Al-Laythi (décédé 100H/718) et Maymoun Al-Aqran. C'était Al-Khalil Ibn Ahmad Al-Farahidi (décédé 170H/786) qui a finalement remplacé le modèle des points avec des formes spécifiques pour les trois voyelles courtes ; un petit و pour la voyelle "ou", un petit ا pour la voyelle "a", et une petite partie de ي pour la voyelle "i. Il a également changé le signe du "shadda", en utilisant un petit س. L’arrangement d’Al-Khalil a obtenu rapidement une grande popularité comme le mentionne Versteegh : « La réforme d’Al-Khalil, le système d'orthographe arabe a été presque accompli et, indépendamment de très peu signes additionnels, il est demeuré depuis, essentiellement le même » (52)
Comme nous l’avons observé, la standardisation du système de vocalisation en Syrie occidentale et orientale était moins rapide que celui de l'arabe.
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