La découverte de fragments dans le désert de Juda
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La découverte de fragments dans le désert de Juda
Une première en quarante ans : la découverte de fragments dans le désert de Juda
L’année 2006 marque le cinquantième anniversaire de la découverte des derniers manuscrits associés au site de Qumrân. La formidable saga ayant entourée les premières découvertes en 1947, et les négociations qui s’en sont suivies entres les diverses autorités religieuses, politiques, scientifiques et militaires, ont donné lieu à une abondante littérature. Rares sont les personnes qui n’ont jamais entendu parler de ces fameux manuscrits de la mer Morte. Ce que l’on sait moins cependant, c’est que les manuscrits de la mer Morte ne se limitent pas à ce que l’on a découvert à Qumrân.
Il est vrai que les onze grottes associées au site de Qumrân ont fourni un imposant matériel paléographique (plus de 30 000 fragments) nous ayant permis de découvrir un groupe religieux jusqu’alors plutôt méconnu, les Esséniens. Mais les textes de Qumrân ne sont pas les seuls à avoir été découverts dans le désert de Juda, à proximité de la mer Morte.
Stimulés par les découvertes des grottes de Qumrân, les archéologues se sont donnés comme objectif de passer en revue l’ensemble de la région pour tenter de retrouver d’autres grottes à manuscrits. C’est ainsi que, jusque vers le milieu des années soixante, diverses équipes scientifiques ont scruté presque tous les recoins du désert, espérant trouver d’autres manuscrits. Leurs efforts n’ont pas été vains puisque plusieurs grottes au sud de Qumrân ont offert de nouveaux manuscrits. Parmi les sites les plus importants signalons le Nahal Hever, le Wadi Murabaat, le site de Massada et le Nahal Zélim. La grande majorité des manuscrits découverts dans ces grottes datent de l’époque de la révolte de Bar Kocheba (deuxième révolte juive), autour de 132-135 de notre ère. Si les grandes équipes ont mis fin à cette aventure archéologique vers 1966, des individus ont continué de scruter la région, à la recherche de nouvelles découvertes. Malheureusement, depuis 1966 le désert, véritable « fromage gruyère » de pierres et de grottes, n’avait livré aucun nouveau manuscrit.
Or, voilà qu’à l’été 2005, un archéologue israélien, le professeur Hanan Eshel de l’Université Bar-Ilan en Israël, annonce avoir mis la main sur des fragments de manuscrits provenant de la région du Wadi Murabaat, le Wadi Arugot. L’achat des fragments anciens à un bédouin pose un certain nombre de questions juridiques et déontologiques qui ont mis le professeur Eshel et l’Université Bar-Ilan dans l’embarras. Malgré ces problèmes sérieux, il n’en demeure pas moins que la nouvelle de la découverte de nouveaux fragments a relancé le débat sur la question de savoir si le désert de Juda peut contenir d’autres manuscrits qui ne demandent qu’à être découverts. La « chasse aux trésors » est à nouveau ouverte. Espérons qu’elle ne se fera pas au détriment d’un travail scientifique consciencieux et documenté.
Les fragments
Que sont donc ces fragments apparus à l’été 2005? Il s’agit en réalité de deux petits fragments, d’à peine quelques lettres et quelques centimètres, qui appartenaient sans doute au même manuscrit.
Le plus petit (environ 3.5 cm de largeur par 3 cm de hauteur) conserve la portion de texte de trois lignes, avec une partie du nom de YHWH (Yahvé) sur la deuxième ligne. Le texte provient du Lévitique (Lv 23,38-39) et correspond au texte suivant (les portions conservées sont en gras):
Le deuxième fragment, un peu plus gros (environ 7 cm au plus long en diagonale par 3-4 cm de largeur), reproduit du texte qui se trouvait sur deux colonnes différentes du manuscrit. La grande portion blanche au centre montre la marge entre les colonnes.
Le contenu est encore assez facile à identifier. Il provient lui aussi du Lévitique. La portion de droite conserve la fin de quelques lignes reproduisant une partie de Lv 23,40-44, tandis que celle de gauche montre quelques lettres du début de lignes de Lv 24,16-18.
Ce qui est intéressant avec ces deux fragments, qui reproduisent un texte biblique connu, c’est qu’il est possible d’extrapoler et de reconstituer la facture du manuscrit tel qu’il devait se présenter aux lecteurs du deuxième siècle de notre ère, le type d’écriture correspondant à ce que l’on connaît par ailleurs de l’écriture de l’époque de la deuxième révolte juive. À une exception près, le texte des deux fragments est en tout point semblable à celui du texte massorétique (texte de la bible hébraïque que nous possédons aujourd’hui). Partant de ce dernier nous pouvons compter combien il y a de lettres entre le premier mot d’une ligne conservé sur le fragment et le premier mot de la ligne suivante. Ainsi, entre le premier mot de la première ligne du petit fragment et le premier mot de la ligne suivante il y a 34 lettres-espaces. Entre le premier mot de la deuxième ligne et celui de la troisième il y a 34 lettres-espaces. Et ainsi en est-il de presque toutes les lignes reconstituées. On peut donc penser que chaque ligne comptait entre 30 et 35 lettres-espaces. L’échelle de 3 cm fournie avec la deuxième photo, jumelée à l’information concernant le nombre de lettres par ligne, permet de proposer que chaque colonne de cette portion de manuscrit devait mesurer environ 10 cm de largeur par 25 cm de hauteur et possédait 33 lignes de texte. Si le parchemin contenait tout le Lévitique, il devait s’agir d’un imposant rouleau, correspondant à ce que nous connaissons par ailleurs de certains manuscrits bibliques retrouvés à Qumrân.
Cette découverte ne nous apprend pas beaucoup de neuf quant au contenu du texte biblique lui-même. Elle démontre toutefois que les insurgés de la deuxième révolte juive avaient avec eux des livres de la Torah qu’ils devaient lire régulièrement. Le fait de prendre le maquis devant l’envahisseur romain ne les a pas empêchés de recourir, encore et toujours, à leurs traditions religieuses ancestrales.
L’année 2006 marque le cinquantième anniversaire de la découverte des derniers manuscrits associés au site de Qumrân. La formidable saga ayant entourée les premières découvertes en 1947, et les négociations qui s’en sont suivies entres les diverses autorités religieuses, politiques, scientifiques et militaires, ont donné lieu à une abondante littérature. Rares sont les personnes qui n’ont jamais entendu parler de ces fameux manuscrits de la mer Morte. Ce que l’on sait moins cependant, c’est que les manuscrits de la mer Morte ne se limitent pas à ce que l’on a découvert à Qumrân.
Il est vrai que les onze grottes associées au site de Qumrân ont fourni un imposant matériel paléographique (plus de 30 000 fragments) nous ayant permis de découvrir un groupe religieux jusqu’alors plutôt méconnu, les Esséniens. Mais les textes de Qumrân ne sont pas les seuls à avoir été découverts dans le désert de Juda, à proximité de la mer Morte.
Stimulés par les découvertes des grottes de Qumrân, les archéologues se sont donnés comme objectif de passer en revue l’ensemble de la région pour tenter de retrouver d’autres grottes à manuscrits. C’est ainsi que, jusque vers le milieu des années soixante, diverses équipes scientifiques ont scruté presque tous les recoins du désert, espérant trouver d’autres manuscrits. Leurs efforts n’ont pas été vains puisque plusieurs grottes au sud de Qumrân ont offert de nouveaux manuscrits. Parmi les sites les plus importants signalons le Nahal Hever, le Wadi Murabaat, le site de Massada et le Nahal Zélim. La grande majorité des manuscrits découverts dans ces grottes datent de l’époque de la révolte de Bar Kocheba (deuxième révolte juive), autour de 132-135 de notre ère. Si les grandes équipes ont mis fin à cette aventure archéologique vers 1966, des individus ont continué de scruter la région, à la recherche de nouvelles découvertes. Malheureusement, depuis 1966 le désert, véritable « fromage gruyère » de pierres et de grottes, n’avait livré aucun nouveau manuscrit.
Or, voilà qu’à l’été 2005, un archéologue israélien, le professeur Hanan Eshel de l’Université Bar-Ilan en Israël, annonce avoir mis la main sur des fragments de manuscrits provenant de la région du Wadi Murabaat, le Wadi Arugot. L’achat des fragments anciens à un bédouin pose un certain nombre de questions juridiques et déontologiques qui ont mis le professeur Eshel et l’Université Bar-Ilan dans l’embarras. Malgré ces problèmes sérieux, il n’en demeure pas moins que la nouvelle de la découverte de nouveaux fragments a relancé le débat sur la question de savoir si le désert de Juda peut contenir d’autres manuscrits qui ne demandent qu’à être découverts. La « chasse aux trésors » est à nouveau ouverte. Espérons qu’elle ne se fera pas au détriment d’un travail scientifique consciencieux et documenté.
Les fragments
Que sont donc ces fragments apparus à l’été 2005? Il s’agit en réalité de deux petits fragments, d’à peine quelques lettres et quelques centimètres, qui appartenaient sans doute au même manuscrit.
Le plus petit (environ 3.5 cm de largeur par 3 cm de hauteur) conserve la portion de texte de trois lignes, avec une partie du nom de YHWH (Yahvé) sur la deuxième ligne. Le texte provient du Lévitique (Lv 23,38-39) et correspond au texte suivant (les portions conservées sont en gras):
En plus de tous les dons votifs
et volontaires que vous donnerez à Yahvé.
D'autre part, le quinzième jour du septième mois
Le deuxième fragment, un peu plus gros (environ 7 cm au plus long en diagonale par 3-4 cm de largeur), reproduit du texte qui se trouvait sur deux colonnes différentes du manuscrit. La grande portion blanche au centre montre la marge entre les colonnes.
Le contenu est encore assez facile à identifier. Il provient lui aussi du Lévitique. La portion de droite conserve la fin de quelques lignes reproduisant une partie de Lv 23,40-44, tandis que celle de gauche montre quelques lettres du début de lignes de Lv 24,16-18.
Ce qui est intéressant avec ces deux fragments, qui reproduisent un texte biblique connu, c’est qu’il est possible d’extrapoler et de reconstituer la facture du manuscrit tel qu’il devait se présenter aux lecteurs du deuxième siècle de notre ère, le type d’écriture correspondant à ce que l’on connaît par ailleurs de l’écriture de l’époque de la deuxième révolte juive. À une exception près, le texte des deux fragments est en tout point semblable à celui du texte massorétique (texte de la bible hébraïque que nous possédons aujourd’hui). Partant de ce dernier nous pouvons compter combien il y a de lettres entre le premier mot d’une ligne conservé sur le fragment et le premier mot de la ligne suivante. Ainsi, entre le premier mot de la première ligne du petit fragment et le premier mot de la ligne suivante il y a 34 lettres-espaces. Entre le premier mot de la deuxième ligne et celui de la troisième il y a 34 lettres-espaces. Et ainsi en est-il de presque toutes les lignes reconstituées. On peut donc penser que chaque ligne comptait entre 30 et 35 lettres-espaces. L’échelle de 3 cm fournie avec la deuxième photo, jumelée à l’information concernant le nombre de lettres par ligne, permet de proposer que chaque colonne de cette portion de manuscrit devait mesurer environ 10 cm de largeur par 25 cm de hauteur et possédait 33 lignes de texte. Si le parchemin contenait tout le Lévitique, il devait s’agir d’un imposant rouleau, correspondant à ce que nous connaissons par ailleurs de certains manuscrits bibliques retrouvés à Qumrân.
Cette découverte ne nous apprend pas beaucoup de neuf quant au contenu du texte biblique lui-même. Elle démontre toutefois que les insurgés de la deuxième révolte juive avaient avec eux des livres de la Torah qu’ils devaient lire régulièrement. Le fait de prendre le maquis devant l’envahisseur romain ne les a pas empêchés de recourir, encore et toujours, à leurs traditions religieuses ancestrales.
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