Le Nouveau Testament
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Le Nouveau Testament
Le Nouveau Testament :
I. Présentation générale
Le Nouveau Testament présente en vingt-sept livres une personne : Jésus-Christ. Il est spécifique aux chrétiens. Il commence par les Évangiles : c'est la même histoire, celle de Jésus, racontée de manière différente par Matthieu, Marc, Luc et Jean. Il se poursuit par un livre historique : les "Actes des Apôtres", écrit par Luc, qui raconte l'histoire des premiers chrétiens. Ensuite viennent les épîtres (ou lettres) de l'apôtre Paul, qui sont au nombre de treize, diverses autres lettres qui sont au nombre de sept, puis un livre très particulier, l'Apocalypse (terme grec qui signifie « révélation »), qui raconte le retour du Christ sur terre à la fin des temps.
Le Nouveau Testament a été écrit en grec, après la mort et la résurrection de Jésus, avant la fin du premier siècle.
II. Entre les deux testaments
Plus de 400 ans se sont écoulés depuis que nous avons quitté les derniers grands acteurs de l’Ancien Testament, Esdras, Néhémie et le prophète Malachie (voir : l'Ancien Testament, ce qu'il raconte [ltr]l-ancien-testament-t351.html[/ltr] ). La domination des Perses sur le pays d'Israël fut remplacée par celle d’Alexandre le Grand, puis par celle des syriens. Le roi de Syrie, Antiochus, voulut obliger les Juifs à abandonner leur foi. Un homme du nom de Judas, mena avec ses frères la « révolte des Macchabées » contre Antiochus. Leur tactique de guérilla eut du succès et, pendant quatre vingt ans, les Juifs jouirent de l’indépendance, hors de tout contrôle étranger.
Mais déjà une autre puissance se lève à l’ouest. La puissance romaine va régner sans partage sur tout le bassin méditerranéen. A l’époque de la naissance de Jésus, la terre d'Israël est ainsi sous occupation romaine. Pendant quatre siècles Dieu n'a plus parlé à son peuple. Mais ce silence douloureux favorise la lecture des dernières prophéties annonçant la venue du messie. [ltr]propheties-bibliques-sur-le-messie-t350.html[/ltr]
Jusqu'au jour où… Sur les rives du Jourdain, un nouveau prophète, Jean-Baptiste, vient briser ce long silence et annonce avec fracas l’arrivée imminente du messie tant attendu ! C’est sur cette séquence que débute l’évangile selon Marc et c’est ce messie que les évangiles vont nous présenter. Écoutez plutôt son histoire…
III. Les Évangiles
Ils racontent qu'un ange est apparut à Marie, une jeune fille de la ville de Nazareth, pour lui annoncer qu'elle serait enceinte miraculeusement. L'enfant qu'elle porterait viendrait de Dieu et serait le sauveur de l'humanité. Marie était alors fiancée à un charpentier nommé Joseph.
Jésus Christ est né dans une étable à Bethléem, car Marie et Joseph y étaient venus pour un recensement ordonné par les Romains. Ils fuirent en Égypte les persécutions du roi Hérode, puis revinrent à Nazareth. Il ne nous est rien dit de l'enfance de Jésus, si ce n'est qu'elle se passait bien. Nous retrouvons Jésus vers l'âge de 30 ans, au moment où commence son ministère.
Jésus débuta en se faisant baptiser dans le Jourdain par notre héraut à poil de chameau, Jean-Baptiste, en signe de consécration à Dieu. De retour en Galilée, Jésus Christ appela 12 personnes (ses disciples) à le suivre dans son ministère. Ce ministère consistait essentiellement en enseignements dans les synagogues le jour du sabbat, en discours aux foules et en guérisons multiples. Il faisait du bien partout autour de lui et accueillait tout le monde, notamment ceux qui étaient rejetés par la société. Il pardonnait aussi leurs péchés (leurs fautes) à ceux qui croyaient en lui. Il disait qu'il était le Messie, c'est-à-dire l'envoyé de Dieu pour sauver le monde.
Son ministère dura 3 ans. Jésus Christ devint de plus en plus populaire. Des milliers de gens se déplaçaient pour l'entendre, le voir, le toucher, être guéris, être pardonnés de leurs péchés. Sa renommée était telle que certains chefs religieux Juifs de l'époque virent en lui un concurrent à éliminer. Cela d'autant plus que Jésus leur reprochait ouvertement leur comportement hypocrite. Mais ils n'osaient s'emparer de lui car la foule l'adorait. C'est alors que, comme Jésus se rendait comme chaque année à Jérusalem pour la Pâques, Judas, l'un de ses douze amis les plus proches qui vivait nuit et jour avec lui depuis 3 ans, le livra entre les mains des chefs religieux. Ces derniers l’accusèrent de blasphème, Jésus prétendant être le fils de Dieu (à juste titre pourtant…) et le livrèrent aux autorités romaines, obtenant ainsi sa crucifixion.
Jésus Christ fut supplicié. Il fut mis dans un tombeau juif avant que ne commence la fête. Cependant, le matin du dimanche, son corps avait disparu. La Bible dit qu'il est ressuscité le troisième jour et qu'il a vécu encore 40 jours avec ses disciples avant de monter au ciel.
IV. Après Jésus...
Le livre des Actes poursuit en nous rapportant que Jésus, avant son ascension, invita ses disciples à demeurer à Jérusalem. Ils y recevraient la puissance du Saint-Esprit, qui viendrait les fortifier pour qu’ils puissent partager le message du Christ jusqu’aux extrémités de la terre.
La réalisation de cet ordre de mission et l’expansion incroyable de ce message, de Jérusalem à Rome, de la capitale juive à la capitale du monde civilisé au temps de l’empire romain triomphant, est l’histoire que nous rapporte le livre des actes.
L’apôtre Pierre sera le grand acteur de la première partie du livre. Il conduira l’expansion de l’évangile dans tout le pays d'Israël et partagera ce message aux premiers païens (non-juifs).
L’apôtre Paul prendra le relais. Il sillonnera sans répit le bassin méditerranéen, habité par la nécessité de dire au plus grand nombre la possibilité de se réconcilier avec Dieu, de trouver un sens à son existence en s’approchant du Christ. Paul n’avait peur de rien. Il fut moqué, persécuté, emprisonné pour finir décapité à Rome. Oui, c’était aussi ça la vie des premiers chrétiens telle que nous le rapporte le récit des actes. Des récits de miracles, de persécutions, des joies et des peines, des victoires et des drames. Une église en mouvement, animé par l’amour du prochain et déterminée à annoncer l’amour de Dieu à tous.
Au cours de ces périples missionnaires, Paul va fonder et fortifier des communautés locales un peu partout. Son amour pour ces communautés va s’attacher à maintenir un lien épistolaire suivi. Les lettres (épîtres) que nous avons dans le Nouveau Testament sont pour la plupart le fruit de ses échanges avec différentes communautés et différents responsables de ces communautés. Lettres à Timothée, Tite, lettres aux Corinthiens, aux Éphésiens… Paul les encourage ainsi à tenir bon dans leur foi, à poursuivre une vie juste. Il les enseigne, les reprends et les invite à maintenir l’enseignement du Christ sans se laisser influencer par d’autres idées à la mode (philosophie grecque et sa dévalorisation du corps).
Le Nouveau Testament s’achève sur le livre de l’Apocalypse. L’Apocalypse dévoile, dans un langage riche en symboles, l’histoire de l’humanité jusqu’à la fin du monde et bien au-delà.
I. Présentation générale
Le Nouveau Testament présente en vingt-sept livres une personne : Jésus-Christ. Il est spécifique aux chrétiens. Il commence par les Évangiles : c'est la même histoire, celle de Jésus, racontée de manière différente par Matthieu, Marc, Luc et Jean. Il se poursuit par un livre historique : les "Actes des Apôtres", écrit par Luc, qui raconte l'histoire des premiers chrétiens. Ensuite viennent les épîtres (ou lettres) de l'apôtre Paul, qui sont au nombre de treize, diverses autres lettres qui sont au nombre de sept, puis un livre très particulier, l'Apocalypse (terme grec qui signifie « révélation »), qui raconte le retour du Christ sur terre à la fin des temps.
Le Nouveau Testament a été écrit en grec, après la mort et la résurrection de Jésus, avant la fin du premier siècle.
II. Entre les deux testaments
Plus de 400 ans se sont écoulés depuis que nous avons quitté les derniers grands acteurs de l’Ancien Testament, Esdras, Néhémie et le prophète Malachie (voir : l'Ancien Testament, ce qu'il raconte [ltr]l-ancien-testament-t351.html[/ltr] ). La domination des Perses sur le pays d'Israël fut remplacée par celle d’Alexandre le Grand, puis par celle des syriens. Le roi de Syrie, Antiochus, voulut obliger les Juifs à abandonner leur foi. Un homme du nom de Judas, mena avec ses frères la « révolte des Macchabées » contre Antiochus. Leur tactique de guérilla eut du succès et, pendant quatre vingt ans, les Juifs jouirent de l’indépendance, hors de tout contrôle étranger.
Mais déjà une autre puissance se lève à l’ouest. La puissance romaine va régner sans partage sur tout le bassin méditerranéen. A l’époque de la naissance de Jésus, la terre d'Israël est ainsi sous occupation romaine. Pendant quatre siècles Dieu n'a plus parlé à son peuple. Mais ce silence douloureux favorise la lecture des dernières prophéties annonçant la venue du messie. [ltr]propheties-bibliques-sur-le-messie-t350.html[/ltr]
Jusqu'au jour où… Sur les rives du Jourdain, un nouveau prophète, Jean-Baptiste, vient briser ce long silence et annonce avec fracas l’arrivée imminente du messie tant attendu ! C’est sur cette séquence que débute l’évangile selon Marc et c’est ce messie que les évangiles vont nous présenter. Écoutez plutôt son histoire…
III. Les Évangiles
Ils racontent qu'un ange est apparut à Marie, une jeune fille de la ville de Nazareth, pour lui annoncer qu'elle serait enceinte miraculeusement. L'enfant qu'elle porterait viendrait de Dieu et serait le sauveur de l'humanité. Marie était alors fiancée à un charpentier nommé Joseph.
Jésus Christ est né dans une étable à Bethléem, car Marie et Joseph y étaient venus pour un recensement ordonné par les Romains. Ils fuirent en Égypte les persécutions du roi Hérode, puis revinrent à Nazareth. Il ne nous est rien dit de l'enfance de Jésus, si ce n'est qu'elle se passait bien. Nous retrouvons Jésus vers l'âge de 30 ans, au moment où commence son ministère.
Jésus débuta en se faisant baptiser dans le Jourdain par notre héraut à poil de chameau, Jean-Baptiste, en signe de consécration à Dieu. De retour en Galilée, Jésus Christ appela 12 personnes (ses disciples) à le suivre dans son ministère. Ce ministère consistait essentiellement en enseignements dans les synagogues le jour du sabbat, en discours aux foules et en guérisons multiples. Il faisait du bien partout autour de lui et accueillait tout le monde, notamment ceux qui étaient rejetés par la société. Il pardonnait aussi leurs péchés (leurs fautes) à ceux qui croyaient en lui. Il disait qu'il était le Messie, c'est-à-dire l'envoyé de Dieu pour sauver le monde.
Son ministère dura 3 ans. Jésus Christ devint de plus en plus populaire. Des milliers de gens se déplaçaient pour l'entendre, le voir, le toucher, être guéris, être pardonnés de leurs péchés. Sa renommée était telle que certains chefs religieux Juifs de l'époque virent en lui un concurrent à éliminer. Cela d'autant plus que Jésus leur reprochait ouvertement leur comportement hypocrite. Mais ils n'osaient s'emparer de lui car la foule l'adorait. C'est alors que, comme Jésus se rendait comme chaque année à Jérusalem pour la Pâques, Judas, l'un de ses douze amis les plus proches qui vivait nuit et jour avec lui depuis 3 ans, le livra entre les mains des chefs religieux. Ces derniers l’accusèrent de blasphème, Jésus prétendant être le fils de Dieu (à juste titre pourtant…) et le livrèrent aux autorités romaines, obtenant ainsi sa crucifixion.
Jésus Christ fut supplicié. Il fut mis dans un tombeau juif avant que ne commence la fête. Cependant, le matin du dimanche, son corps avait disparu. La Bible dit qu'il est ressuscité le troisième jour et qu'il a vécu encore 40 jours avec ses disciples avant de monter au ciel.
IV. Après Jésus...
Le livre des Actes poursuit en nous rapportant que Jésus, avant son ascension, invita ses disciples à demeurer à Jérusalem. Ils y recevraient la puissance du Saint-Esprit, qui viendrait les fortifier pour qu’ils puissent partager le message du Christ jusqu’aux extrémités de la terre.
La réalisation de cet ordre de mission et l’expansion incroyable de ce message, de Jérusalem à Rome, de la capitale juive à la capitale du monde civilisé au temps de l’empire romain triomphant, est l’histoire que nous rapporte le livre des actes.
L’apôtre Pierre sera le grand acteur de la première partie du livre. Il conduira l’expansion de l’évangile dans tout le pays d'Israël et partagera ce message aux premiers païens (non-juifs).
L’apôtre Paul prendra le relais. Il sillonnera sans répit le bassin méditerranéen, habité par la nécessité de dire au plus grand nombre la possibilité de se réconcilier avec Dieu, de trouver un sens à son existence en s’approchant du Christ. Paul n’avait peur de rien. Il fut moqué, persécuté, emprisonné pour finir décapité à Rome. Oui, c’était aussi ça la vie des premiers chrétiens telle que nous le rapporte le récit des actes. Des récits de miracles, de persécutions, des joies et des peines, des victoires et des drames. Une église en mouvement, animé par l’amour du prochain et déterminée à annoncer l’amour de Dieu à tous.
Au cours de ces périples missionnaires, Paul va fonder et fortifier des communautés locales un peu partout. Son amour pour ces communautés va s’attacher à maintenir un lien épistolaire suivi. Les lettres (épîtres) que nous avons dans le Nouveau Testament sont pour la plupart le fruit de ses échanges avec différentes communautés et différents responsables de ces communautés. Lettres à Timothée, Tite, lettres aux Corinthiens, aux Éphésiens… Paul les encourage ainsi à tenir bon dans leur foi, à poursuivre une vie juste. Il les enseigne, les reprends et les invite à maintenir l’enseignement du Christ sans se laisser influencer par d’autres idées à la mode (philosophie grecque et sa dévalorisation du corps).
Le Nouveau Testament s’achève sur le livre de l’Apocalypse. L’Apocalypse dévoile, dans un langage riche en symboles, l’histoire de l’humanité jusqu’à la fin du monde et bien au-delà.
Re: Le Nouveau Testament
Les Évangiles
MATTHIEU (évangile de).
Bien qu'il soit le premier dans l'ordre actuel des livres du N.T., comme dans la plupart des plus antiques recueils évangéliques,
l'évangile de Matthieu n'est pas le plus ancien : il a été précédé par Marc qu'il a connu et reproduit presque intégralement. Pour les arguments qui imposent aujourd'hui cette conclusion à l'étude du problème synoptique, voir Évangiles synoptiques (Introduction générale aux articles particuliers sur chacun de ces évangiles).
I Témoignages de la tradition.
1.
LES TEXTES ANCIENS.
Au sujet de Matthieu, le plus vieux témoignage connu suit immédiatement le plus vieux témoignage sur Marc (voir Marc, évangile de), celui de Papias (vers 140-150), reproduit par Eusèbe (H.E., III, 39:3 et suivant): «...Et voilà comment s'exprime Papias au sujet de Marc. Quant à Matthieu, voici ce qu'il en dit: Matthieu composa [ou: réunit] en langue hébraïque les Logia [du Seigneur], et chacun les traduisit comme il en était capable.» Le terme grec logia (pron. loguia), plur, de logion, dérivé de logos (=parole), s'appliquait généralement à des sentences, à des déclarations plus ou moins solennelles, même sacrées ou divines, en s'étendant parfois aux circonstances dont elles étaient inséparables. Le témoignage de Papias attribue donc à l'apôtre Matthieu la rédaction d'un évangile en hébreu. Nous verrons plus loin comment il est possible d'admettre cette tradition.
Elle est répétée par un certain nombre de chefs de la chrétienté dont l'opinion semble dépendre de celle de Papias et n'en augmente
donc guère l'autorité, tout en lui surajoutant peu à peu des précisions telles qu'en réclamait la curiosité des fidèles, ce qui les rend suspectes aux historiens.--Irénée, à Lyon (Adv. Hoer., III, 11), que cite encore Eusèbe (H.E., V, 82' 4), déclare (vers 200): «Matthieu mit par écrit son évangile chez les Hébreux et dans leur langue, alors que Pierre et Paul prêchaient l'Évangile à Rome et
y fondaient l'Église.»--Origène (Comm, in Joh., t. VI, 32), toujours d'après Eusèbe (H.E., VI, 25:3, 6), dit que Matthieu écrivit l'Évangile le premier, et ceci «pour les Hébreux, pour les croyants de la circoncision» (avant 250).--Eusèbe lui-même (avant 340)
développe et fixe la tradition (H.E., III 24:5, 12): «Seuls [des douze apôtres] Matthieu et Jean nous ont laissé des mémoires relatifs au Seigneur; on dit même qu'ils n'en vinrent à les composer que poussés par la nécessité. Matthieu prêcha d'abord en hébreu;
comme il dut aussi se rendre en d'autres pays, il leur donna son évangile dans sa langue maternelle, suppléant à sa présence par un
écrit auprès de ceux dont il devait se séparer.» Eusèbe raconte aussi (V, 10) une histoire évidemment légendaire: Pantoenus, au II° siècle, étant allé aux Indes, y aurait trouvé l'exemplaire araméen original de l'évangile de Matthieu, que celui-ci y aurait confié à des croyants évangélisés par l'apôtre Barthélémy.--Cyrille de Jérusalem (Mort en 386) est très sobre: «Matthieu, ayant rédigé l'évangile en langue hébraïque, a écrit ceci...» (Catech., XIV).--Épiphane (-J- 403): «Matthieu écrit donc l'évangile en lettres hébraïques et il le
prêche; il commence par le commencement, mais en déroulant la généalogie depuis Abraham» (Hoer., II, 1:51).--Enfin Jérôme
(392): «Matthieu, qui est Lévi, ancien publicain devenu apôtre, composa le premier en Judée l'évangile de Christ en termes et en
caractères hébreux, pour les croyants de la circoncision; qu'ensuite il l'ait traduit en grec, cela n'est pas tout à fait sûr» (De Vir.M., III).
D'autre part, Jérôme parle d'un évangile hébreu, appelé «évangile des Hébreux», qui aurait été l'ori-sànal de Matthieu (De Vir. i1l., 2s, etc.), et aussi d'autres écrits judéo-chrétiens, les évangiles des Nazaréens, des Ebionites ou des XII Apôtres (Dial. adv. Pelag.,
III, 2, etc.). Mais les fragments aujourd'hui connus de ces divers ouvrages (voir Évang, apocr.) les démontrent tributaires des évangiles, synopt.; ils ne peuvent aucunement, ni les uns ni les autres, avoir précédé la rédaction de l'évangile canonique de Matthieu Il en est de même de la compilation judéo-chrétienne:
Testaments des XII Patriarches (vers 135), où les réminiscences du texte de Matthieu sont plus nombreuses que les allusions à tous les autres livres du N.T.
2.
L'INTERPRÉTATION ACTUELLE.
Il est assez facile de s'expliquer la faveur que connut la tradition des Pères sur l'origine de Matthieu Des douze apôtres, le péager Lévi
surnommé Matthieu (voir ce mot), employé de bureau, était certainement le plus capable d'écrire; témoin oculaire et auriculaire, il était bien placé pour conserver les enseignements du Maître dans la langue même, l'araméen (dialecte hébreu), où ces
enseignements avaient été prononcés. Dans le récit de sa vocation, seul des trois synoptiques c'est Matthieu (Mt 9:9) qui l'appelle par
son surnom: Matthieu (=don de JHVH) au lieu de lui garder son nom: Lévi; dans la liste des Douze, Matthieu seul en le nommant ajoute son ancien état, «le péager», et le place après Thomas (Mt 10:3), qu'il précède dans les autres listes; Matthieu seul ne dit pas nettement que c'est Matthieu qui offre le repas (Mt 9:10; l'original est obscur). On a cru voir dans ces divers traits des indices d'humilité remontant à l'apôtre lui-même. On note aussi les termes qu'emploie Matthieu, d'impôt (Mt 22:19) au lieu du denier des parallèle Mr 12:15,Lu 20:24, et de péagers (Mt 5:46 et suivant) au lieu de pécheurs dans Lu 6:32 et suivant, et qui pourraient déceler la langue professionnelle du publicain.
Mais ces suggestions attrayantes perdent de leur vraisemblance à la lumière de deux faits désormais acquis:
1° notre Matthieu canonique ne peut pas être l'ouvrage
hébreu dont parlent Papias et ses successeurs, car il ne s'y trouve
pas trace d'une traduction: on ne peut douter qu'il ait été rédigé
directement en grec;
2° l'œuvre en hébreu (=araméen) de l'apôtre
Matthieu, c'est un document aujourd'hui disparu, le recueil des
Logia précisément, dont une édition grecque a été copieusement
intégrée dans notre évang, canonique par un auteur postérieur à
Matthieu, peut-être un de ses propres disciples. Strictement, le
premier fait contredit la tradition; mais le deuxième l'explique et
résout la contradiction: il y a eu confusion entre les deux ouvrages.
On s'est rappelé plus tard que l'évangile en question remontait à
l'apôtre, ce qui était exact pour sa source des Logia qui donnait
à cet évang, sa physionomie et sa valeur particulières; il s'agissait
donc d'un écrit apostolique au second degré seulement, et non plus
d'une oeuvre du péager-apôtre. Car le disciple qui le composa plus
tard encastra ce recueil fondamental des Paroles du Seigneur dans le
solide cadre historique de l'évangile de Marc qu'il conserva presque
entièrement. Comment un témoin immédiat comme l'un des Douze
aurait-il fait dépendre sa narration des faits, d'un auteur de
seconde main comme Jean Marc? Ce caractère secondaire de Matthieu à l'égard
de Marc qui saute aux yeux dès qu'on prend la peine d'étudier
parallèlement les trois synoptiques, ressortira fortement de notre
examen (voir plus loin, parag. III et IV). Il est indispensable de se
faire la vue à cette perspective: Matthieu fusion de Marc et des Logia, pour
apprécier la valeur propre, qui est immense, de ce témoignage du
christianisme primitif à la doctrine du Maître, inséparable de son
exemple et de son oeuvre. (Pour plus de développements,
Voir ÉVANG. SYNOPT., parag. IV).
Notre abréviation usuelle: Matthieu continuera donc de désigner l'évangile universellement connu sous ce nom, ou son rédacteur
anonyme, tandis qu'on écrira: Matthieu, en toutes lettres, lorsqu'il s'agira de l'apôtre lui-même.
MATTHIEU (évangile de).
Bien qu'il soit le premier dans l'ordre actuel des livres du N.T., comme dans la plupart des plus antiques recueils évangéliques,
l'évangile de Matthieu n'est pas le plus ancien : il a été précédé par Marc qu'il a connu et reproduit presque intégralement. Pour les arguments qui imposent aujourd'hui cette conclusion à l'étude du problème synoptique, voir Évangiles synoptiques (Introduction générale aux articles particuliers sur chacun de ces évangiles).
I Témoignages de la tradition.
1.
LES TEXTES ANCIENS.
Au sujet de Matthieu, le plus vieux témoignage connu suit immédiatement le plus vieux témoignage sur Marc (voir Marc, évangile de), celui de Papias (vers 140-150), reproduit par Eusèbe (H.E., III, 39:3 et suivant): «...Et voilà comment s'exprime Papias au sujet de Marc. Quant à Matthieu, voici ce qu'il en dit: Matthieu composa [ou: réunit] en langue hébraïque les Logia [du Seigneur], et chacun les traduisit comme il en était capable.» Le terme grec logia (pron. loguia), plur, de logion, dérivé de logos (=parole), s'appliquait généralement à des sentences, à des déclarations plus ou moins solennelles, même sacrées ou divines, en s'étendant parfois aux circonstances dont elles étaient inséparables. Le témoignage de Papias attribue donc à l'apôtre Matthieu la rédaction d'un évangile en hébreu. Nous verrons plus loin comment il est possible d'admettre cette tradition.
Elle est répétée par un certain nombre de chefs de la chrétienté dont l'opinion semble dépendre de celle de Papias et n'en augmente
donc guère l'autorité, tout en lui surajoutant peu à peu des précisions telles qu'en réclamait la curiosité des fidèles, ce qui les rend suspectes aux historiens.--Irénée, à Lyon (Adv. Hoer., III, 11), que cite encore Eusèbe (H.E., V, 82' 4), déclare (vers 200): «Matthieu mit par écrit son évangile chez les Hébreux et dans leur langue, alors que Pierre et Paul prêchaient l'Évangile à Rome et
y fondaient l'Église.»--Origène (Comm, in Joh., t. VI, 32), toujours d'après Eusèbe (H.E., VI, 25:3, 6), dit que Matthieu écrivit l'Évangile le premier, et ceci «pour les Hébreux, pour les croyants de la circoncision» (avant 250).--Eusèbe lui-même (avant 340)
développe et fixe la tradition (H.E., III 24:5, 12): «Seuls [des douze apôtres] Matthieu et Jean nous ont laissé des mémoires relatifs au Seigneur; on dit même qu'ils n'en vinrent à les composer que poussés par la nécessité. Matthieu prêcha d'abord en hébreu;
comme il dut aussi se rendre en d'autres pays, il leur donna son évangile dans sa langue maternelle, suppléant à sa présence par un
écrit auprès de ceux dont il devait se séparer.» Eusèbe raconte aussi (V, 10) une histoire évidemment légendaire: Pantoenus, au II° siècle, étant allé aux Indes, y aurait trouvé l'exemplaire araméen original de l'évangile de Matthieu, que celui-ci y aurait confié à des croyants évangélisés par l'apôtre Barthélémy.--Cyrille de Jérusalem (Mort en 386) est très sobre: «Matthieu, ayant rédigé l'évangile en langue hébraïque, a écrit ceci...» (Catech., XIV).--Épiphane (-J- 403): «Matthieu écrit donc l'évangile en lettres hébraïques et il le
prêche; il commence par le commencement, mais en déroulant la généalogie depuis Abraham» (Hoer., II, 1:51).--Enfin Jérôme
(392): «Matthieu, qui est Lévi, ancien publicain devenu apôtre, composa le premier en Judée l'évangile de Christ en termes et en
caractères hébreux, pour les croyants de la circoncision; qu'ensuite il l'ait traduit en grec, cela n'est pas tout à fait sûr» (De Vir.M., III).
D'autre part, Jérôme parle d'un évangile hébreu, appelé «évangile des Hébreux», qui aurait été l'ori-sànal de Matthieu (De Vir. i1l., 2s, etc.), et aussi d'autres écrits judéo-chrétiens, les évangiles des Nazaréens, des Ebionites ou des XII Apôtres (Dial. adv. Pelag.,
III, 2, etc.). Mais les fragments aujourd'hui connus de ces divers ouvrages (voir Évang, apocr.) les démontrent tributaires des évangiles, synopt.; ils ne peuvent aucunement, ni les uns ni les autres, avoir précédé la rédaction de l'évangile canonique de Matthieu Il en est de même de la compilation judéo-chrétienne:
Testaments des XII Patriarches (vers 135), où les réminiscences du texte de Matthieu sont plus nombreuses que les allusions à tous les autres livres du N.T.
2.
L'INTERPRÉTATION ACTUELLE.
Il est assez facile de s'expliquer la faveur que connut la tradition des Pères sur l'origine de Matthieu Des douze apôtres, le péager Lévi
surnommé Matthieu (voir ce mot), employé de bureau, était certainement le plus capable d'écrire; témoin oculaire et auriculaire, il était bien placé pour conserver les enseignements du Maître dans la langue même, l'araméen (dialecte hébreu), où ces
enseignements avaient été prononcés. Dans le récit de sa vocation, seul des trois synoptiques c'est Matthieu (Mt 9:9) qui l'appelle par
son surnom: Matthieu (=don de JHVH) au lieu de lui garder son nom: Lévi; dans la liste des Douze, Matthieu seul en le nommant ajoute son ancien état, «le péager», et le place après Thomas (Mt 10:3), qu'il précède dans les autres listes; Matthieu seul ne dit pas nettement que c'est Matthieu qui offre le repas (Mt 9:10; l'original est obscur). On a cru voir dans ces divers traits des indices d'humilité remontant à l'apôtre lui-même. On note aussi les termes qu'emploie Matthieu, d'impôt (Mt 22:19) au lieu du denier des parallèle Mr 12:15,Lu 20:24, et de péagers (Mt 5:46 et suivant) au lieu de pécheurs dans Lu 6:32 et suivant, et qui pourraient déceler la langue professionnelle du publicain.
Mais ces suggestions attrayantes perdent de leur vraisemblance à la lumière de deux faits désormais acquis:
1° notre Matthieu canonique ne peut pas être l'ouvrage
hébreu dont parlent Papias et ses successeurs, car il ne s'y trouve
pas trace d'une traduction: on ne peut douter qu'il ait été rédigé
directement en grec;
2° l'œuvre en hébreu (=araméen) de l'apôtre
Matthieu, c'est un document aujourd'hui disparu, le recueil des
Logia précisément, dont une édition grecque a été copieusement
intégrée dans notre évang, canonique par un auteur postérieur à
Matthieu, peut-être un de ses propres disciples. Strictement, le
premier fait contredit la tradition; mais le deuxième l'explique et
résout la contradiction: il y a eu confusion entre les deux ouvrages.
On s'est rappelé plus tard que l'évangile en question remontait à
l'apôtre, ce qui était exact pour sa source des Logia qui donnait
à cet évang, sa physionomie et sa valeur particulières; il s'agissait
donc d'un écrit apostolique au second degré seulement, et non plus
d'une oeuvre du péager-apôtre. Car le disciple qui le composa plus
tard encastra ce recueil fondamental des Paroles du Seigneur dans le
solide cadre historique de l'évangile de Marc qu'il conserva presque
entièrement. Comment un témoin immédiat comme l'un des Douze
aurait-il fait dépendre sa narration des faits, d'un auteur de
seconde main comme Jean Marc? Ce caractère secondaire de Matthieu à l'égard
de Marc qui saute aux yeux dès qu'on prend la peine d'étudier
parallèlement les trois synoptiques, ressortira fortement de notre
examen (voir plus loin, parag. III et IV). Il est indispensable de se
faire la vue à cette perspective: Matthieu fusion de Marc et des Logia, pour
apprécier la valeur propre, qui est immense, de ce témoignage du
christianisme primitif à la doctrine du Maître, inséparable de son
exemple et de son oeuvre. (Pour plus de développements,
Voir ÉVANG. SYNOPT., parag. IV).
Notre abréviation usuelle: Matthieu continuera donc de désigner l'évangile universellement connu sous ce nom, ou son rédacteur
anonyme, tandis qu'on écrira: Matthieu, en toutes lettres, lorsqu'il s'agira de l'apôtre lui-même.
Re: Le Nouveau Testament
✥ Le Nouveau Testament falsifié ?!? Authenticité des Évangiles - l'exégète P. Philippe ROLLAND ✥
La présentation du Nouveau Testament & de son authenticité par un exégète reconnu : le Père Philippe ROLLAND. Son livre grand public qui synthétise ses travaux : "Et le Verbe s'est fait chair : introduction au Nouveau Testament" (Presses de la Renaissance, 2005).
La présentation du Nouveau Testament & de son authenticité par un exégète reconnu : le Père Philippe ROLLAND. Son livre grand public qui synthétise ses travaux : "Et le Verbe s'est fait chair : introduction au Nouveau Testament" (Presses de la Renaissance, 2005).
Re: Le Nouveau Testament
NOUVEAU TESTAMENT
Evangiles:
Matthieu
Marc,
Luc
Jean
Actes des Apôtres
Épitres de Paul
Romains , Corinthiens ,Galates, Éphesiens,
Philippiens, Colossiens, Thessaloniciens, Timothée
"Hébreux", Tite, Philémon, Jude
Épitres de Jacques
Épitres de Pierre
Épitres de Jean et l'Apocalypse
Matthieu
Ancien publicain, percepteur, juif écrit pour les juifs en hébreu.
Pour Matthieu, la venue de Jésus Christ est l'unique évènement duquel, tous les faits historiques et singulièrement ceux de l'Ancien Testament prennent leur sens plénier et total.
Marc
Jean surnommé Marc originaire de Jérusalem ( actes 12 12 ), cousin de Barnabas, disciple de Pierre ( 1Pierre 5,13 ).
Compagnon de Paul et Barnabé ( actes 12 25; 13,5,13; 15,37-39). Écrit en grec à Rome, pour des païens devenus chrétiens à partir de textes divers.
Luc
Médecin, compagnon de Paul. écrit en Grec vers 80 .
Il s'adresse à Théophile. Utilise les écrits existants. Nous découvrons Jésus le Christ rempli de l'Esprit Saint, poussé par l'Esprit Saint, conduit par lui, sous son action..
Jean
Écrit dans les cercles johanniques, sous l'autorité de Jean entre 96 et 100 après Jésus Christ.
Unité de pensée avec un apport extérieur, le chapitre 21, mettant Pierre en avant. Concession pour l'unité de l'église ?
Quels résultats !..? " Qu'ils soient un comme nous sommes un."( Jean 17 .11 )
Actes
Écrits par Luc "le cher médecin " (Colossiens 4. 14 ), compagnon de Paul, vers les années 80.
Dans ce livre, Luc fait le récit d' événements qu'il connaissait bien. Cette œuvre " apostolique " fait partie de L'Écrits et se trouve à ce titre, norme de foi et de vie. Telle était vers 200, la conviction de l'ensemble de l'Église.
Les premiers chrétiens ont accueilli ce texte avec les autres évangiles et les lettres de Paul dans la volonté marquée d'imiter le Christ, de vivre la communion dans un partage réel.
Nous voyons déjà les tensions, oppositions qui traversent les communautés de l'Église... Il s'agit d'un texte apologétique, fait pour enseigner et édifier. Mais aussi "historique," la relation avec les lettres de Paul en témoigne.
Evangiles:
Matthieu
Marc,
Luc
Jean
Actes des Apôtres
Épitres de Paul
Romains , Corinthiens ,Galates, Éphesiens,
Philippiens, Colossiens, Thessaloniciens, Timothée
"Hébreux", Tite, Philémon, Jude
Épitres de Jacques
Épitres de Pierre
Épitres de Jean et l'Apocalypse
Matthieu
Ancien publicain, percepteur, juif écrit pour les juifs en hébreu.
Pour Matthieu, la venue de Jésus Christ est l'unique évènement duquel, tous les faits historiques et singulièrement ceux de l'Ancien Testament prennent leur sens plénier et total.
Marc
Jean surnommé Marc originaire de Jérusalem ( actes 12 12 ), cousin de Barnabas, disciple de Pierre ( 1Pierre 5,13 ).
Compagnon de Paul et Barnabé ( actes 12 25; 13,5,13; 15,37-39). Écrit en grec à Rome, pour des païens devenus chrétiens à partir de textes divers.
Luc
Médecin, compagnon de Paul. écrit en Grec vers 80 .
Il s'adresse à Théophile. Utilise les écrits existants. Nous découvrons Jésus le Christ rempli de l'Esprit Saint, poussé par l'Esprit Saint, conduit par lui, sous son action..
Jean
Écrit dans les cercles johanniques, sous l'autorité de Jean entre 96 et 100 après Jésus Christ.
Unité de pensée avec un apport extérieur, le chapitre 21, mettant Pierre en avant. Concession pour l'unité de l'église ?
Quels résultats !..? " Qu'ils soient un comme nous sommes un."( Jean 17 .11 )
Actes
Écrits par Luc "le cher médecin " (Colossiens 4. 14 ), compagnon de Paul, vers les années 80.
Dans ce livre, Luc fait le récit d' événements qu'il connaissait bien. Cette œuvre " apostolique " fait partie de L'Écrits et se trouve à ce titre, norme de foi et de vie. Telle était vers 200, la conviction de l'ensemble de l'Église.
Les premiers chrétiens ont accueilli ce texte avec les autres évangiles et les lettres de Paul dans la volonté marquée d'imiter le Christ, de vivre la communion dans un partage réel.
Nous voyons déjà les tensions, oppositions qui traversent les communautés de l'Église... Il s'agit d'un texte apologétique, fait pour enseigner et édifier. Mais aussi "historique," la relation avec les lettres de Paul en témoigne.
Re: Le Nouveau Testament
Paul (Saül )
"Circoncis le huitième jour, de la race d'Israël,de la tribu de Benjamin, hébreu, fils d'hébreux; pour la loi, pharisien" ( Philippiens 3.5 ) "
Je suis Juif de Tarse en Cilicie, citoyen d'une ville qui n'est pas sans renom" ( Actes 21. 39 ).
On peut supposer que son père était tisserand comme le fut Paul.
De condition aisé, élève de Gamaliel ( Actes 22.3 ),
citoyen romain ( Actes 22.25 à 28 )
Apparait aujourd'hui, comme le personnage le plus important avec Jean "l'héritier", chez les premiers chrétiens, bien avant les apôtres choisis par le Christ..
Epître aux Romains
Écrite de Corinthe par Paul en 57-58.
"à tous ceux qui, à Rome, sont bien-aimés de Dieu, appelés à être saints: que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ!" ( 1 .7 )
1° Épitre aux Corinthiens
Lettre écrite à Éphèse en 56.
Comment vivre en Christ au milieu des païens?
2° Épitre aux Corinthiens
Écrite de Macédoine entre 54 et 56
Epître aux Galates
Lettre écrite par Paul vers 56
l'épître interpelle les chrétiens de tous les temps, elle interpelle aussi les églises.
Épître aux Ephésiens
Paul se trouve prisonnier ( 3. 1-4. 1-6.20)
Exposé de la foi avec approches liturgiques...
Colossiens
Lettre écrite par Paul ou un de ses proches,
"Rendez grâce au Père qui vous a rendu capables d'avoir part à l'héritage des saints dans la lumière"( 1.12 ).
Première épître aux Thessaloniciens
Lettre écrite par Paul écrite au début de son séjour à Corinthe, fin 50 début 51.
Écrit le plus ancien du nouveau testament.
Deuxième épître aux Thessaloniciens
Lettre écrite par Paul vers 52- 53 .
Paul nous invite à attendre la venue du Seigneur en gloire.
Tite
écrite par Paul vers 65.
La marche dans la foi. Christ est notre unique sagesse. Vivre dans la liberté de l'Esprit
Épître à Philémon
écrite par Paul, elle s'adresse à la communauté qui se rassemble chez Philémon.
Première Épitre à Timothée
écrite par Paul
Deuxième Épître à Timothée
Rédigée par Paul en captivité à Rome vers 61-63 !
Épître aux Hébreux
L'auteur et la date de rédaction sont inconnus à ce jour. Cependant il est possible d'affirmer que la lettre émane de cercles Pauliniens.
Jésus Christ seul médiateur entre Dieu et les hommes.
Épitre aux Philippiens
écrite à Éphèse (Turquie ) vers 53 -54 ou 56 - 57 !
( 1 Corinthiens 15.32 -2 Corinthiens1.3 à 8)
La ville de Philippe est de nos jours abandonnée.
Épître de Jacques
Écrite après 80 par un juif, Jacques. Qui était t-il ? nul ne sait à ce jour.
Cette épître n'a été accueillie dans le nouveau testament qu'après de longs débats et au 16° siècle.
Première Épître de Pierre
Dictée par Pierre à un de ses disciples vers 70-80.
Deuxième Épître de Pierre
Écrite dans les cercles pétriniens vers 125.
Épîtres de Jean
Écrites par l'apôtre Jean, l'ancien, l'héritier spirituel dont la tête reposait sur l'épaule du Christ au dernier repas. Seul au pied de la croix, reconnu comme l'héritier de la pensée de Jésus, il a reçu sa mère en héritage.
Marcher dans la lumière du Verbe.
Première lettre de Jean
01 02 03 04 05
Deuxième lettre de Jean
01
Troisième lettre de Jean
Jude
L'auteur de la lettre se présente comme le frère de Jacques.
Cette lettre a été réutilisé par la seconde épitre de Pierre.
Elle avait donc une certaine notoriété.
Contestée, elle a été accepté très tôt à Carthage, Rome et Alexandrie .
Les réticences qui l'entourent seraient dues d'après Jérôme ( 345- 420 ) à des emprunts aux écrits apocryphes.
Accusation conventionnelle de la littérature polémique juive contemporaine de l'ère chrétienne.
Apocalypse
Écrite par "Jean de l'Apocalypse" . Dans l'île de Patmos.
De là, Jean guidait et interpellait les églises (Turques) de Pergame, Laodicée, Philadelphie, Smyrne, Thyatire, Sardes, Ephèse.
L'église a subit les persécutions et semble envisager un conflit ouvert avec le pouvoir impérial.
Jean veille.
Révélation de ce qui doit arriver : création d'un ciel nouveau et d'une terre nouvelle.
Jésus Christ, Seigneur viendra en gloire, il détruira le mal, la souffrance et la mort, avec Lui pour toujours amour, Justice, vérité, paix, abondance, joie, allégresse.
"Circoncis le huitième jour, de la race d'Israël,de la tribu de Benjamin, hébreu, fils d'hébreux; pour la loi, pharisien" ( Philippiens 3.5 ) "
Je suis Juif de Tarse en Cilicie, citoyen d'une ville qui n'est pas sans renom" ( Actes 21. 39 ).
On peut supposer que son père était tisserand comme le fut Paul.
De condition aisé, élève de Gamaliel ( Actes 22.3 ),
citoyen romain ( Actes 22.25 à 28 )
Apparait aujourd'hui, comme le personnage le plus important avec Jean "l'héritier", chez les premiers chrétiens, bien avant les apôtres choisis par le Christ..
Epître aux Romains
Écrite de Corinthe par Paul en 57-58.
"à tous ceux qui, à Rome, sont bien-aimés de Dieu, appelés à être saints: que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ!" ( 1 .7 )
1° Épitre aux Corinthiens
Lettre écrite à Éphèse en 56.
Comment vivre en Christ au milieu des païens?
2° Épitre aux Corinthiens
Écrite de Macédoine entre 54 et 56
Epître aux Galates
Lettre écrite par Paul vers 56
l'épître interpelle les chrétiens de tous les temps, elle interpelle aussi les églises.
Épître aux Ephésiens
Paul se trouve prisonnier ( 3. 1-4. 1-6.20)
Exposé de la foi avec approches liturgiques...
Colossiens
Lettre écrite par Paul ou un de ses proches,
"Rendez grâce au Père qui vous a rendu capables d'avoir part à l'héritage des saints dans la lumière"( 1.12 ).
Première épître aux Thessaloniciens
Lettre écrite par Paul écrite au début de son séjour à Corinthe, fin 50 début 51.
Écrit le plus ancien du nouveau testament.
Deuxième épître aux Thessaloniciens
Lettre écrite par Paul vers 52- 53 .
Paul nous invite à attendre la venue du Seigneur en gloire.
Tite
écrite par Paul vers 65.
La marche dans la foi. Christ est notre unique sagesse. Vivre dans la liberté de l'Esprit
Épître à Philémon
écrite par Paul, elle s'adresse à la communauté qui se rassemble chez Philémon.
Première Épitre à Timothée
écrite par Paul
Deuxième Épître à Timothée
Rédigée par Paul en captivité à Rome vers 61-63 !
Épître aux Hébreux
L'auteur et la date de rédaction sont inconnus à ce jour. Cependant il est possible d'affirmer que la lettre émane de cercles Pauliniens.
Jésus Christ seul médiateur entre Dieu et les hommes.
Épitre aux Philippiens
écrite à Éphèse (Turquie ) vers 53 -54 ou 56 - 57 !
( 1 Corinthiens 15.32 -2 Corinthiens1.3 à 8)
La ville de Philippe est de nos jours abandonnée.
Épître de Jacques
Écrite après 80 par un juif, Jacques. Qui était t-il ? nul ne sait à ce jour.
Cette épître n'a été accueillie dans le nouveau testament qu'après de longs débats et au 16° siècle.
Première Épître de Pierre
Dictée par Pierre à un de ses disciples vers 70-80.
Deuxième Épître de Pierre
Écrite dans les cercles pétriniens vers 125.
Épîtres de Jean
Écrites par l'apôtre Jean, l'ancien, l'héritier spirituel dont la tête reposait sur l'épaule du Christ au dernier repas. Seul au pied de la croix, reconnu comme l'héritier de la pensée de Jésus, il a reçu sa mère en héritage.
Marcher dans la lumière du Verbe.
Première lettre de Jean
01 02 03 04 05
Deuxième lettre de Jean
01
Troisième lettre de Jean
Jude
L'auteur de la lettre se présente comme le frère de Jacques.
Cette lettre a été réutilisé par la seconde épitre de Pierre.
Elle avait donc une certaine notoriété.
Contestée, elle a été accepté très tôt à Carthage, Rome et Alexandrie .
Les réticences qui l'entourent seraient dues d'après Jérôme ( 345- 420 ) à des emprunts aux écrits apocryphes.
Accusation conventionnelle de la littérature polémique juive contemporaine de l'ère chrétienne.
Apocalypse
Écrite par "Jean de l'Apocalypse" . Dans l'île de Patmos.
De là, Jean guidait et interpellait les églises (Turques) de Pergame, Laodicée, Philadelphie, Smyrne, Thyatire, Sardes, Ephèse.
L'église a subit les persécutions et semble envisager un conflit ouvert avec le pouvoir impérial.
Jean veille.
Révélation de ce qui doit arriver : création d'un ciel nouveau et d'une terre nouvelle.
Jésus Christ, Seigneur viendra en gloire, il détruira le mal, la souffrance et la mort, avec Lui pour toujours amour, Justice, vérité, paix, abondance, joie, allégresse.
Re: Le Nouveau Testament
Père Philippe Rolland
L'Origine et la Date des Évangiles
Les témoins oculaires de Jésus
Lien en PDF :
http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=2&cad=rja&uact=8&ved=0CCYQFjAB&url=http%3A%2F%2Ffdier.free.fr%2Frolland.pdf&ei=2CKQVby6OcSnU5meGA&usg=AFQjCNGXj0zHEnQGBETYFKuN7bTwtIZmwQ
L'Origine et la Date des Évangiles
Les témoins oculaires de Jésus
Lien en PDF :
http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=2&cad=rja&uact=8&ved=0CCYQFjAB&url=http%3A%2F%2Ffdier.free.fr%2Frolland.pdf&ei=2CKQVby6OcSnU5meGA&usg=AFQjCNGXj0zHEnQGBETYFKuN7bTwtIZmwQ
Les Evangiles et le Nouveau Testament, des documents fiables ?
Les Evangiles et le Nouveau Testament, des documents fiables ?
Et pourtant Dieu existe
Le Nouveau Testament n'est pas un ramassis de légendes mais bien un récit fiable, attesté par des documents solides. Cette vidéo remet en lumière les éléments qui permettent d'affirmer que les textes du Nouveau Testament et des Evangiles que nous avons sont bien des récits fidèles de ce qui s'est réellement passé du temps de Jésus et de ses disciples. Un message d'espoir puissant, réel et qui s'adresse à chacun.
Et pourtant Dieu existe
Le Nouveau Testament n'est pas un ramassis de légendes mais bien un récit fiable, attesté par des documents solides. Cette vidéo remet en lumière les éléments qui permettent d'affirmer que les textes du Nouveau Testament et des Evangiles que nous avons sont bien des récits fidèles de ce qui s'est réellement passé du temps de Jésus et de ses disciples. Un message d'espoir puissant, réel et qui s'adresse à chacun.
______________________________________________________
Psaumes 33:13 Du haut des cieux YHWH regarde, il voit tous les enfants des hommes ; 14 du lieu de sa demeure, il observe tous les habitants de la terre, 15 lui qui forme leur coeur à tous, qui est attentif à toutes leurs actions.
Ne devez rien à personne, sinon de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime son semblable a accompli [la] loi. Romains 13:8
Re: Le Nouveau Testament
.
“Le nom des chrétiens a été éteint”
Février 303 : l’empereur romain Dioclétien émet un décret qui constitue une déclaration de guerre, non pas à un de ses ennemis, mais à un livre : la Bible.
[size=128Ce décret indique que toute personne possédant ce livre sera mise à mort ainsi que les membres de sa famille. [/size]
Chaque Bible trouvée fut brûlée et de nombreux chrétiens périrent.
Dioclétien était persuadé d’avoir atteint son objectif : extirper de la surface de l’empire le livre des chrétiens.
Sur une Bible en lambeaux, il fit élever une colonne avec l’inscription : “Le nom des chrétiens a été éteint”.
(PERDU)
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Psaumes 33:13 Du haut des cieux YHWH regarde, il voit tous les enfants des hommes ; 14 du lieu de sa demeure, il observe tous les habitants de la terre, 15 lui qui forme leur coeur à tous, qui est attentif à toutes leurs actions.
Ne devez rien à personne, sinon de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime son semblable a accompli [la] loi. Romains 13:8
Re: Le Nouveau Testament
Le premier décret de persécution contre les chrétiens
Mille sept cents ans après la grande persécution
Le premier décret de persécution contre les chrétiens des empereurs Galère et Dioclétien date de 303. Une décision dictée par une terrible superstition religieuse. Un paradoxe, parce que, vu de l’extérieur, l’Empire romain, à cette époque déjà, était perçu comme l’empire des chrétiens. La persécution fut pendant une décennie semen christianorum mais elle provoqua aussi des trahisons et des déchirements au sein de l’Église. L’évêque de Rome lui même, le pape Marcellin, en vint à offrir de l’encens aux dieux
par Lorenzo Cappelletti
Le portrait de l’empereur Dioclétien, de Izmit, IVe siècle ap. J. C., Musée Archéologique, Istanbul, Turquie
À l’aube du 23 février 303 – jour des Terminalia, la festivité de “Jupiter des bornes” (Juppiter Terminalis) qui pouvait servir d’occasion symbolique pour en finir une fois pour toutes avec la foi chrétienne –, les prétoriens rasent au sol dans une expédition-éclair la basilique chrétienne de Nicomédie, la ville où résident alors les empereurs Dioclétien et Galère.
Le même jour ou le jour suivant est promulgué un édit concernant les chrétiens décrétant la destruction de leurs lieux de culte et de leurs livres sacrés et leur déchéance des charges publiques.
Cet édit les privait en outre du droit à se défendre contre toute accusation, décrétait la dégradation des personnalités chrétiennes les plus importantes et la possibilité de soumettre celles-ci à la torture; et, en ce qui concerne les esclaves, l’impossibilité d’un éventuel affranchissement.
C’est le début de la persécution sanglante qui, pendant dix ans, non seulement multipliera les chrétiens (sanguis martyrum, semen chritianorum) mais provoquera aussi des trahisons et des déchirements au sein de l’Église (cf. Eusèbe, Histoire ecclésiastique [H. E.] VIII, 2-3), à commencer par celle de Rome, dont le pape Marcellin, comme le dit de façon lapidaire sa biographie officielle, finit par encenser les divinités païennes: «ad sacrificium ductus est ut turificaret, quod et fecit» (Liber pontificalis I, 162). Ce n’est pas sans raison que tous les fidèles demandent chaque jour dans leur prière au Seigneur «et ne nous laissez pas succomber à la tentation».
Le mille sept centième anniversaire de cette persécution, connue comme la grande persécution ou la persécution de Dioclétien, n’a eu aucun écho dans les pages culturelles de la presse. Et pourtant, il ne s’agit pas d’un événement mineur et sans signification pour nous, modernes, – “les premiers”, disait Péguy, “après Jésus sans Jésus” –, qui ne comprenons plus le sens de la lutte radicale et mystérieuse à laquelle fait allusion l’Apocalypse de Jean et qui ne voyons donc plus pourquoi la foi en Jésus-Christ devrait être un objet de haine. Nous considérons la persécution de la foi comme le simple résultat de mœurs primitives et barbares ou, au plus, comme un moyen pour arriver à d’autres fins. De même que nous considérons comme barbare et/ou instrumentale, en dépit des faits, la conversion de Constantin.
Nous allons refaire le chemin de cette persécution en nous appuyant sur les informations que fournissent deux auteurs contemporains, le grec Eusèbe, évêque de Césarée de Palestine et le rhéteur de langue et de culture latine Lactance (Lucius Caecilius Firmianus Lactantius). Le point de vue de ces deux écrivains est discutable dans la mesure où ils écrivent leurs œuvres d’historiographie en tant que champions d’un christianisme désormais triomphant. Mais nous ne nous intéresserons pas, pour notre part, au cadre plus ou moins idéologique et triomphaliste dans lequel les auteurs situent tous deux vainqueurs et vaincus, mais aux faits qui se sont produits en Orient, à cheval entre le IIIe et le IVe siècle et dont Eusèbe et Lactance furent, dans certains cas, les témoins oculaires.
Les magiciens et le signe de la croix
Ceux qui savaient interpréter non pas le foie des animaux ou le vol des oiseaux, mais certains faits qui s’étaient produits dans la décennie précédente, pouvaient imaginer, bien avant cette Kristallnacht du 23 février, que la solution finale était en préparation.
Dans les années Quatre-vingt-dix du siècle précédent, en effet, avaient eu dans l’armée et parmi les fonctionnaires impériaux plusieurs épurations frappant des chrétiens. Ces épurations, il est vrai, avaient été sporadiques et n’avaient eu, en apparence du moins, aucune relation avec la foi chrétienne. Un lien qui apparaît seulement au tournant du siècle, après la victoire que le César Galère remporta au cours de la seconde expédition contre les Perses – expédition dont il revint plein de prétention et gonflé d’orgueil avec le titre de Persicus maximus – et en raison de la grande influence de la caste des aruspices (augures). «Dioclétien se trouvait en Orient. Cherchant avec anxiété, comme à son habitude, des présages de l’avenir, il sacrifiait des têtes de bétail et il cherchait à déchiffrer l’avenir en examinant leur foie. Certains serviteurs qui assistaient à une cérémonie et qui connaissaient le Seigneur firent sur leur front le signe immortel [de la croix]. Les puissances maléfiques furent mises en fuite par ce geste et les sacrifices en furent troublés. Les aruspices, ne découvrant pas dans les viscères des victimes sacrifiées les signes habituels, furent pris d’effroi et recommencèrent plusieurs fois, depuis le début, le sacrifice, mais les victimes immolées continuaient à ne pas fournir de présages. Jusqu’au moment où Tage, célèbre chef des aruspices, déclara – ou parce qu’il soupçonnait ou parce qu’il avait vu quelque chose – que les cérémonies sacrées restaient sans effet parce que des hommes profanes assistaient aux sacrifices rituels. Furieux, Dioclétien ordonna que des sacrifices fussent accomplis non seulement par les hommes préposés aux cérémonies sacrées, mais par tous ceux qui étaient dans le palais et que toux ceux qui opposaient de la résistance fussent fouettés; il ordonna par des dépêches écrites aux commandants que les soldats fussent obligés d’accomplir ces sacrifices: ceux qui n’avaient pas obéi devaient être effacés des rôles de l’armée» (Lactance, De mortibus persecutorum, X).
Comme dans beaucoup de récits de persécution antiques et modernes, le motif pourrait paraître insuffisant et donc peu crédible: «Il est difficile pour ceux qui n’ont jamais connu de persécution et qui n’ont jamais connu un chrétien, de croire à ces récits de persécution chrétienne», écrivait Eliot dans le VIe chœur de The Rock (aujourd’hui, la prétention à expliquer ces récits de persécution en termes culturels naît d’une absence de foi plus grande et, à son tour, fomente cette dernière). Mais il y a un précédent qui vient confirmer le récit de Lactance: la dernière persécution généralisée de 257-58, celle qui fut décidée par l’empereur Valérien qui, comme le fera plus tard Dioclétien, avait accueilli près de lui un si grand nombre de chrétiens que, dit Eusèbe (H. E. VII, 10,3), «sa maison était devenue une église de Dieu [•kklhsía Yeoû]», fut certainement déterminée par la terrible superstition de son conseiller Macrien. Eusèbe parle ainsi de ce conseiller: «Son [de Valérien] maître [Macrien], qui était le chef des magiciens égyptiens, le persuada de suivre une autre route, l’induisit à tuer et à persécuter ces hommes purs et saints, parce qu’ils s’opposaient et faisaient obstacle aux enchantements immondes et répugnants; il y avait en effet, et il y a toujours, des chrétiens capables, par leur présence, par leur regard, par leur seule respiration, par leur voix seule, de bouleverser les desseins des démons néfastes. Il lui suggéra d’accomplir des rites impurs, des maléfices abominables, des sacrifices exécrables; d’égorger de pauvres petits enfants, d’immoler les enfants de malheureux parents, de déchirer des entrailles de nouveau-nés, de couper et de tailler en morceaux les créatures de Dieu, comme s’il pouvait ainsi atteindre la félicité» (H. E. VII,10,4).
Ainsi donc, aux alentours de 300, des mesures d’épuration dans le Palais et dans l’armée, motivées comme cinquante ans plus tôt par une superstition terrible, pouvaient représenter de dangereux signes avant-coureurs.
Saint Barlaam, victime de la persécution de Dioclétien, est traîné devant l’autel où le saint résiste à la volonté du bourreau de le faire sacrifier aux dieux. Miniature du Ménologe de Basile II. Cod. Vat. Gr. 1613, f. 187, Bibliothèque Apostolique Vaticane
Autres signes avant-coureurs
Mais il y en avait eu d’autres encore auparavant. À l’époque de la première guerre perse, en 297, le manichéisme, – celui-là même qui fascinera Augustin plus tard – avait été, en tant que «religio nova et inopinata» (Édit contre les Manichéens) et surtout en tant que «de Persica adversaria nobis gente progressa» (ibidem), condamné, et des peines très dures, qui pouvaient aller jusqu’à la décapitation et au bûcher, étaient prévues pour les chefs et les auteurs d’écrits. «Le fait que saint Augustin ait été pendant neuf ans auditor dans la secte de Mani est la preuve que cette hérésie devait avoir quelque chose de très attirant. Une attirance qu’il nous est difficile d’évaluer, dans la mesure où nous ne connaissons qu’une partie des traditions antérieures recueillies par Mani», dit Erik Peterson en conclusion de l’article qu’il a consacré au fondateur du manichéisme dans l’Enciclopedia cattolica. (L’avertissement d’un chercheur de la taille de Peterson devrait nous inciter à juger les rapports d’Augustin avec les manichéens de Rome [«amicitia eorum familiarius utebar quam caeterorum hominum qui in illa haeresi non fuissent»: Confessions V,10,19], comme, plus tard, en Afrique, avec les donatistes – qu’il réfuta mais qu’il estimait aussi [il apprécie tant les règles d’interprétation des Saintes Écritures de Ticonius qu’il les fait siennes] – en dehors de tout “schéma de conversion”. Car si l’on reste dans ce schéma, il devient encore plus difficile de croire aux récits de conversion qu’à ceux de persécution. Cela dit entre parenthèse mais avec conviction).
Le christianisme, bien qu’il ne fût pas une religion aussi nova et qu’il ne provînt pas d’une terre aussi ennemie que le manichéisme, était malgré tout apparu depuis peu sur la terre d’Orient, dans cette Palestine qui était, à cette époque-là aussi, une région cruciale. Il pouvait subir le même sort que lui.
Politique et économie
Mais il faudrait ajouter que les réformes politiques et administratives de la décennie précédente n’auguraient elles non plus rien de bon. À commencer par la réforme constitutionnelle que fut la tétrarchie. Dès les premières années de son règne, Dioclétien, s’était associé – en le promouvant, quoiqu’en position subalterne, à la dignité d’Auguste – Maximien, un général originaire de la même région que lui, à qui il confia tout particulièrement la charge des turbulentes Gaules. En 293, chacun des deux Augustes s’adjoignit un César (Galère pour Dioclétien et Constance Chlore pour Maximien), instituant ainsi la tétrarchie, une réforme destinée à assurer à l’Empire un gouvernement plus adapté et une succession indolore. Mais cette réforme était loin d’être un pur expédient technique. Elle revêtait un caractère fortement idéologique et religieux, comme le montre William Seston dans son ouvrage classique Dioclétien et la tétrarchie, surtout depuis que, en 289 – le premier 89 fatidique – Dioclétien avait pris le titre de “Jovius” (de la famille de Jupiter) et donné à Maximien celui de “Herculius” (de la famille d’Hercule): titres qui devaient passer aux “fils” de chacun d’eux. Outre cette “parenté divine”, des liens de famille unissaient le destin de ces “fils” à celui des deux Augustes. C’est le resserrement de ces liens qui obligea Constance Chlore à abandonner Hélène, la mère de Constantin, pour épouser la fille de Maximien.
Si, d’un côté, les divinités choisies appartenaient au panthéon romain traditionnel, la “parenté divine” qui fondait le système institutionnel n’avait elle rien de traditionnel: «Cet absolutisme théocratique érigeait en système et en véritable rituel les signes de respect hérités des monarchies orientales qui étaient graduellement entrés dans l’usage et qui culminaient dans l’adoratio obligatoire des princes» (J. Moreau, La persécution du christianisme dans l’Empire romain, Paris, 1956). Paradoxalement, le pouvoir à Rome (mais Rome, en réalité avait été déclassée et abandonnée comme centre de l’Empire) se comportait comme ces monarchies contre lesquelles il exerçait son plus grand effort guerrier. Et l’imitation de l’appareil symbolique était réciproque. C’est ainsi que Narsès, qui était arrivé au pouvoir en Perse en 293, l’année même où Galère et Constance Chlore furent élevés au rang de César, se proclama “fils” du grand Shâhpuhr Ier.
La réorganisation des provinces et de l’administration entreprise dans le cadre de la tétrarchie ainsi que l’importance croissante de l’armée avaient en outre rendu nécessaire une politique fiscale qui privait les citoyens de tout semblant même de liberté, conformément au «principe de la responsabilité collective appliqué avec une rigueur extrême» ( S. Mazzarino, L’Impero romano, II, p. 590). Une fois établie la redevance qui revenait à chaque division administrative, les gens qui appartenaient à cette division devaient l’acquitter coûte que coûte. Les individus sont désormais assimilés et identifiés à la terre (nous sommes à l’origine de la servitude de la glèbe): «une unité de travailleurs est équivalente, pour ce qui est des tributs, à une unité foncière imposable; il s’avère qu’une “tête” de travailleur-colon (caput) est l’équivalent d’une unité de surfaces que peut travailler un travailleur-colon (iugum). […] L’Empire romain, entouré d’ennemis et encore ébranlé dans son unité par les guerres civiles dont il venait à peine de sortir, fut ainsi organisé comme un immense camp de travail, un chantier où une plebs rusticana – celle précisément qui était frappée par la capitatio (laquelle en principe ne pèse jamais sur les plèbes urbaines) – travaillait sans relâche au maintien de la civilitas romana, travaillait à produire des denrées alimentaires pour l’annona militaris et l’annona civilis» (ibidem, pp. 589-591).
Tout est fait pour maintenir le niveau de vie acquis par les plèbes des grands centres urbains de l’Empire et pour élever celui d’une armée dont les effectifs ont quadruplé et dont il faut s’assurer la fidélité. Mais cela au prix d’une inflation croissante qui conduit à l’écroulement de la monnaie et que l’Edictum de pretiis de 301 ne parvient même pas à freiner. Une fois la persécution commencée, les difficultés économiques et la pression fiscale qui pesait surtout sur les plus pauvres, s’accentueront.
C’est un aspect qu’il faut prendre en considération lorsque l’on traite de la grande persécution, parce que toute crise économique sérieuse débouche sur une lutte pour la survie dans laquelle tout est régi par le principe mors tua vita mea. Il suffit de voir, de nos jours, comment le grave arrêt de la croissance de l’Afrique n’est pas étranger à la naissance dans ce continent de violences inconnues dans les décennies précédentes, lesquelles viennent s’ajouter aux épidémies qui, sans qu’il y ait besoin de guerres bactériologiques, sont en train de faucher des populations entières.
Une persécution inattendue
Mais personne, malgré tout, ne s’attendait au déclenchement de la persécution.
Dioclétien régnait depuis 284 et le christianisme semblait prospérer aussi sous son règne, grâce à un édit de 260 promulgué par le fils de Valérien, Gallien, après que son père eut été capturé dans la guerre contre les Parthes de Shâhpuhr Ier et que sa peau, au sens propre, eut été exposée comme un trophée dans leur temple. Cet édit avait garanti, peut-être depuis ce moment déjà, et continuait à garantir au christianisme une situation de pleine légitimité. Au point que, comme l’écrit Marta Sordi, «en Orient, romanisation et christianisme avançaient, dans certains cas, du même pas. Et on comprend comment, […] aux yeux de l’oriental Mani, le christianisme a pu apparaître comme la religion caractéristique du monde romain» (Il cristianesimo e Roma, p. 479). Mazzarino ajoute certains détails qui mettent en relief l’insoutenable contradiction d’un «État de chrétiens menant une politique antichrétienne»: «La Chronique de Seert dira que “les déportés romains [il y avait aussi l’évêque d’Antioche Démétrien et des prêtres parmi ceux qui furent capturés dans l’une des incursions de Shâhpuhr] jouirent en Perse d’un bien-être plus grand que dans leur patrie et que, grâce à eux, le christianisme fit des prosélytes en Orient”. L’Empire romain se trouvait donc dans cette situation paradoxale: constitué essentiellement de chrétiens dans ses parties orientales, il apparaissait comme l’Empire des chrétiens à ceux qui le considéraient de l’extérieur; et, cependant, son empereur avait été un persécuteur. […] Étrange situation d’un État de chrétiens (surtout dans sa partie orientale) menant une politique antichrétienne» (L’Impero romano, II, 529).
Un groupe de tétrarques en porphyre, Venise, extérieur de la basilique Saint-Marc
Mais, comme nous l’avons vu, jusqu’en 303, seules quelques mesures avaient été prises dans le cadre de l’armée et du Palais. Ces mesures, de plus, n’avaient pas été appliquées de façon très systématique, s’il est vrai que certains fonctionnaires chrétiens comme Pierre, Dorothéee et Gorgonius jouissaient, au moment où la persécution avait éclaté, de la confiance de l’empereur et étaient encore à son service à Nicomédie, vers la fin du IIIe siècle. Lactance lui-même qui nous rend compte de ce fait, venait d’Afrique et avait débarqué sur invitation de Dioclétien, à Nicomédie, vers la fin du IIIe siècle et c’est peut-être précisément là qu’il s’était converti au christianisme, sans pour autant cesser de prêter ses services de rhéteur au palais impérial. Il semble même que la femme et la fille de Dioclétien, Prisca et Valeria, aient eu des sympathies pour le christianisme.
De plus, le premier édit lui-même du 23 février et les autres dispositions qui avaient été prises pendant cette année 303, bien qu’elles fussent devenues progressivement plus dures, ne prévoyaient pas la peine capitale par volonté explicite de Dioclétien.
Mais, à un certain moment, au début de 304, tous furent appelés partout et indistinctement à accomplir publiquement sous peine de mort un sacrifice et une libation aux dieux.
Pourquoi cette décision? Parce que la politique qui, par nature, tend au compromis et à la modération avait dû s’aligner sur l’hostilité religieuse. «La lutte assumait ainsi une signification politique, mais seulement dans la mesure où la politique devenait elle-même un fait religieux» (M. Sordi, Il cristianesimo e Roma, p. 340). Dioclétien qui avait assez de sens politique pour comprendre qu’une persécution des chrétiens aurait aggravé les problèmes, avait dû se plier à la volonté de Galère. Celui-ci, revenu victorieux du front balkanique, puis du front oriental, seul général à avoir réussi à dompter les Germains et les Parthes, les ennemis de l’Empire par excellence, se présentait de plus en plus comme l’homme fort du régime. Ce fut donc la prédominance de Galère qui, comme l’attestent nos sources (cf. De mort. pers. XI et XIV; et H.E. VIII, appendice), conduisit au défi final. Il semble qu’il faille, en particulier, reconnaître son action provocatrice derrière deux incendies qui éclatèrent à Nicomédie et qui provoquèrent, déjà après le premier édit, la mort de beaucoup de chrétiens du lieu, parmi lesquels l’évêque Antime. Dioclétien fut aussi la victime, et pas seulement sur le plan politique, de cette action: soupçonnant désormais tout le monde et toute chose, il fut frappé par une véritable maladie mentale et abdiqua l’année suivante.
Galère est-il donc à Dioclétien ce que Macrien était à Valérien? En un sens, oui. Mais à lui seul il n’aurait jamais été que cet énergumène corpulent dont parlent les sources. Il était lui aussi sous l’influence de sa mère, une femme terriblement superstitieuse, et sous celle d’un néoplatonisme qui réduit désormais à une pure pratique théurgique, voyait dans la foi chrétienne le principal obstacle à l’exercice de ses magies. Le Contre les chrétiens du disciple préféré de Plotin, Porphyre, prépara le terrain à la persécution dès avant la fin du IIIe siècle. Les Discours véridiques de Hiéroclès – lequel appartient au même courant mais est de la génération suivante – l’accompagnèrent dans son accomplissement. Hiéroclès, par ailleurs, en tant que gouverneur de Bithynie d’abord, et d’Égypte ensuite, n’agit pas seulement par des écrits. Il en alla de même pour le philosophe Théotecne placé comme surintendant à Antioche de Syrie, et pour d’autres. En Syrie, en Phénicie, en Palestine, en Égypte et dans les provinces de la péninsule anatolienne, ces derniers se déchaînèrent, comme exécuteurs des édits, contre les chrétiens, et cela presque jusqu’à la paix de 313.
Pax romana et pax christiana
La paix est un sujet qu’il nous faut renvoyer à plus tard. Nous ne devons nous intéresser ici qu’à des histoires sanglantes, ne serait-ce que pour d’évidentes raisons d’actualité. Mais il faut dire tout de suite que si la conversion de Constantin semblait réaliser le rêve d’Origène d’une coïncidence entre l’Église et l’Empire, d’une soudure entre la pax romana et la pax christiana à l’intérieur de la pax constantiniana, en fait la situation des chrétiens appartenant à l’autre Empire, l’Empire des Parthes, – il faut rappeler que, depuis l’époque apostolique, il y avait là aussi des chrétiens, comme il y en avait ailleurs, au-delà des limites de l’Empire romain – était là pour rappeler la nature illusoire et tragique de ce rêve. Ces chrétiens étaient soumis à une persécution qui s’intensifia justement en raison de la pacification constantinienne. Dans le siècle précédent, comme nous l’avons vu, les chrétiens venant de l’Empire romain avaient trouvé en terre perse une situation beaucoup plus favorable à l’exercice et à la communication de leur foi que dans leur patrie. Maintenant que romanisation et christianisme s’identifiaient, les chrétiens étaient sentis et risquaient eux-mêmes de se sentir comme des ennemis, au point de se détacher de la communion avec l’Église de Rome. De ce point de vue, l’organisation de la paix pour tous à la place d’une politique de traités particuliers devint une prétention violente qui eut pour effet de condamner certains à la persécution. L’actuel préfet de la Bibliothèque vaticane, Raffaele Farina, écrit dans un article récent: «L’organisation de la paix, à cette époque [IVe siècle], au lieu d’être une superstructure de l’organisation internationale, comme nous pouvons la penser aujourd’hui [comme paraît anachronique cette réflexion d’il y a deux ans! ] était la tâche et la prérogative de cet État universel, l’Empire romain, auquel, en raison de son caractère éthique et religieux, on pensait qu’était confié le sort de l’humanité entière. […] Que l’Empire ne fût pas vraiment universel, en ce sens qu’il ne comprenait pas concrètement la totalité du monde connu, cela était évident pour les contemporains. Cependant, dans le sentiment commun, l’Empire était considéré comme le rempart de la civilisation et l’empereur comme le maître de tous les peuples. Avec Constantin, on en arrive à affirmer la théorie selon laquelle la terre des foederati appartenait elle aussi à l’Empire. L’organisation du monde se confondait avec celle de l’Empire. L’organisation d’une pax romana, l’unique qui pût être alors conçue, remplaça ainsi progressivement le “système des traités que Rome avait mis en place à l’époque précédente et qui avait davantage visé à établir une supériorité politique en fonction d’une action à développer vers l’extérieur, qu’à maintenir, comme cela devint ensuite le souci dominant, la paix à tout prix”» (La concezione della pace nel IV secolo, dans Chiesa e Impero. Da Augusto a Giustiniano, pp. 185-186).
Mais cette vision, au début du Ve siècle déjà, au lendemain de la proclamation de la foi nicéenne comme norme de l’Empire romain, révélera son caractère contingent et «la pax romana etla pax christiana seront mises en opposition. Ce sera Léon le Grand qui le fera, en polémique non tant avec la Rome du passé qu’avec la “nouvelle Rome”, à savoir Constantinople» (ibidem, p. 195).
Léon le Grand n’est pas, comme son nom pourrait l’évoquer, le héros solitaire si cher à l’imaginaire romantique et populiste qui s’est développé au sujet des papes. Il est, au contraire, l’expression d’un apprentissage fidèle dans lequel il est précédé, accompagné et suivi par d’autres. «Innocent Ier, Léon le Grand, Gélase sont trois hommes qui ont amassé les pierres de la liberté de l’Église occidentale, […] le génie théologique d’Augustin a carré ces pierres» (H. Rahner, Chiesa e struttura politica nel cristianesimo primitivo, p. 105). Qu’ils soient romains, toscans ou africains, ce qui lie ces hommes et beaucoup d’autres au Ve siècle, c’est qu’ils se conforment à la foi et à la tradition de Rome (dont font aussi partie le lien profond avec la communauté juive, le respect de la civilisation juridique romaine et, paradoxalement, les faiblesses de beaucoup d’évêques de Rome). C’est là qu’ils prennent les pierres, c’est là qu’ils ont appris à distinguer entre l’œuvre de la nature et l’œuvre de la grâce, entre pax romana et pax christiana. La grandeur de la théologie d’Augustin est d’être en accord avec ces pierres et non d’être allée à la recherche de la pierre philosophale. C’est la raison pour laquelle Innocent Ier et Célestin Ier, Léon et Gélase la ressentent comme naturelle et l’adoptent pleinement.
Mais nous aurons plus tard l’occasion d’aborder ce sujet.
http://www.30giorni.it/articoli_id_800_l4.htm
Mille sept cents ans après la grande persécution
Le premier décret de persécution contre les chrétiens des empereurs Galère et Dioclétien date de 303. Une décision dictée par une terrible superstition religieuse. Un paradoxe, parce que, vu de l’extérieur, l’Empire romain, à cette époque déjà, était perçu comme l’empire des chrétiens. La persécution fut pendant une décennie semen christianorum mais elle provoqua aussi des trahisons et des déchirements au sein de l’Église. L’évêque de Rome lui même, le pape Marcellin, en vint à offrir de l’encens aux dieux
par Lorenzo Cappelletti
Le portrait de l’empereur Dioclétien, de Izmit, IVe siècle ap. J. C., Musée Archéologique, Istanbul, Turquie
À l’aube du 23 février 303 – jour des Terminalia, la festivité de “Jupiter des bornes” (Juppiter Terminalis) qui pouvait servir d’occasion symbolique pour en finir une fois pour toutes avec la foi chrétienne –, les prétoriens rasent au sol dans une expédition-éclair la basilique chrétienne de Nicomédie, la ville où résident alors les empereurs Dioclétien et Galère.
Le même jour ou le jour suivant est promulgué un édit concernant les chrétiens décrétant la destruction de leurs lieux de culte et de leurs livres sacrés et leur déchéance des charges publiques.
Cet édit les privait en outre du droit à se défendre contre toute accusation, décrétait la dégradation des personnalités chrétiennes les plus importantes et la possibilité de soumettre celles-ci à la torture; et, en ce qui concerne les esclaves, l’impossibilité d’un éventuel affranchissement.
C’est le début de la persécution sanglante qui, pendant dix ans, non seulement multipliera les chrétiens (sanguis martyrum, semen chritianorum) mais provoquera aussi des trahisons et des déchirements au sein de l’Église (cf. Eusèbe, Histoire ecclésiastique [H. E.] VIII, 2-3), à commencer par celle de Rome, dont le pape Marcellin, comme le dit de façon lapidaire sa biographie officielle, finit par encenser les divinités païennes: «ad sacrificium ductus est ut turificaret, quod et fecit» (Liber pontificalis I, 162). Ce n’est pas sans raison que tous les fidèles demandent chaque jour dans leur prière au Seigneur «et ne nous laissez pas succomber à la tentation».
Le mille sept centième anniversaire de cette persécution, connue comme la grande persécution ou la persécution de Dioclétien, n’a eu aucun écho dans les pages culturelles de la presse. Et pourtant, il ne s’agit pas d’un événement mineur et sans signification pour nous, modernes, – “les premiers”, disait Péguy, “après Jésus sans Jésus” –, qui ne comprenons plus le sens de la lutte radicale et mystérieuse à laquelle fait allusion l’Apocalypse de Jean et qui ne voyons donc plus pourquoi la foi en Jésus-Christ devrait être un objet de haine. Nous considérons la persécution de la foi comme le simple résultat de mœurs primitives et barbares ou, au plus, comme un moyen pour arriver à d’autres fins. De même que nous considérons comme barbare et/ou instrumentale, en dépit des faits, la conversion de Constantin.
Nous allons refaire le chemin de cette persécution en nous appuyant sur les informations que fournissent deux auteurs contemporains, le grec Eusèbe, évêque de Césarée de Palestine et le rhéteur de langue et de culture latine Lactance (Lucius Caecilius Firmianus Lactantius). Le point de vue de ces deux écrivains est discutable dans la mesure où ils écrivent leurs œuvres d’historiographie en tant que champions d’un christianisme désormais triomphant. Mais nous ne nous intéresserons pas, pour notre part, au cadre plus ou moins idéologique et triomphaliste dans lequel les auteurs situent tous deux vainqueurs et vaincus, mais aux faits qui se sont produits en Orient, à cheval entre le IIIe et le IVe siècle et dont Eusèbe et Lactance furent, dans certains cas, les témoins oculaires.
Les magiciens et le signe de la croix
Ceux qui savaient interpréter non pas le foie des animaux ou le vol des oiseaux, mais certains faits qui s’étaient produits dans la décennie précédente, pouvaient imaginer, bien avant cette Kristallnacht du 23 février, que la solution finale était en préparation.
Dans les années Quatre-vingt-dix du siècle précédent, en effet, avaient eu dans l’armée et parmi les fonctionnaires impériaux plusieurs épurations frappant des chrétiens. Ces épurations, il est vrai, avaient été sporadiques et n’avaient eu, en apparence du moins, aucune relation avec la foi chrétienne. Un lien qui apparaît seulement au tournant du siècle, après la victoire que le César Galère remporta au cours de la seconde expédition contre les Perses – expédition dont il revint plein de prétention et gonflé d’orgueil avec le titre de Persicus maximus – et en raison de la grande influence de la caste des aruspices (augures). «Dioclétien se trouvait en Orient. Cherchant avec anxiété, comme à son habitude, des présages de l’avenir, il sacrifiait des têtes de bétail et il cherchait à déchiffrer l’avenir en examinant leur foie. Certains serviteurs qui assistaient à une cérémonie et qui connaissaient le Seigneur firent sur leur front le signe immortel [de la croix]. Les puissances maléfiques furent mises en fuite par ce geste et les sacrifices en furent troublés. Les aruspices, ne découvrant pas dans les viscères des victimes sacrifiées les signes habituels, furent pris d’effroi et recommencèrent plusieurs fois, depuis le début, le sacrifice, mais les victimes immolées continuaient à ne pas fournir de présages. Jusqu’au moment où Tage, célèbre chef des aruspices, déclara – ou parce qu’il soupçonnait ou parce qu’il avait vu quelque chose – que les cérémonies sacrées restaient sans effet parce que des hommes profanes assistaient aux sacrifices rituels. Furieux, Dioclétien ordonna que des sacrifices fussent accomplis non seulement par les hommes préposés aux cérémonies sacrées, mais par tous ceux qui étaient dans le palais et que toux ceux qui opposaient de la résistance fussent fouettés; il ordonna par des dépêches écrites aux commandants que les soldats fussent obligés d’accomplir ces sacrifices: ceux qui n’avaient pas obéi devaient être effacés des rôles de l’armée» (Lactance, De mortibus persecutorum, X).
Comme dans beaucoup de récits de persécution antiques et modernes, le motif pourrait paraître insuffisant et donc peu crédible: «Il est difficile pour ceux qui n’ont jamais connu de persécution et qui n’ont jamais connu un chrétien, de croire à ces récits de persécution chrétienne», écrivait Eliot dans le VIe chœur de The Rock (aujourd’hui, la prétention à expliquer ces récits de persécution en termes culturels naît d’une absence de foi plus grande et, à son tour, fomente cette dernière). Mais il y a un précédent qui vient confirmer le récit de Lactance: la dernière persécution généralisée de 257-58, celle qui fut décidée par l’empereur Valérien qui, comme le fera plus tard Dioclétien, avait accueilli près de lui un si grand nombre de chrétiens que, dit Eusèbe (H. E. VII, 10,3), «sa maison était devenue une église de Dieu [•kklhsía Yeoû]», fut certainement déterminée par la terrible superstition de son conseiller Macrien. Eusèbe parle ainsi de ce conseiller: «Son [de Valérien] maître [Macrien], qui était le chef des magiciens égyptiens, le persuada de suivre une autre route, l’induisit à tuer et à persécuter ces hommes purs et saints, parce qu’ils s’opposaient et faisaient obstacle aux enchantements immondes et répugnants; il y avait en effet, et il y a toujours, des chrétiens capables, par leur présence, par leur regard, par leur seule respiration, par leur voix seule, de bouleverser les desseins des démons néfastes. Il lui suggéra d’accomplir des rites impurs, des maléfices abominables, des sacrifices exécrables; d’égorger de pauvres petits enfants, d’immoler les enfants de malheureux parents, de déchirer des entrailles de nouveau-nés, de couper et de tailler en morceaux les créatures de Dieu, comme s’il pouvait ainsi atteindre la félicité» (H. E. VII,10,4).
Ainsi donc, aux alentours de 300, des mesures d’épuration dans le Palais et dans l’armée, motivées comme cinquante ans plus tôt par une superstition terrible, pouvaient représenter de dangereux signes avant-coureurs.
Saint Barlaam, victime de la persécution de Dioclétien, est traîné devant l’autel où le saint résiste à la volonté du bourreau de le faire sacrifier aux dieux. Miniature du Ménologe de Basile II. Cod. Vat. Gr. 1613, f. 187, Bibliothèque Apostolique Vaticane
Autres signes avant-coureurs
Mais il y en avait eu d’autres encore auparavant. À l’époque de la première guerre perse, en 297, le manichéisme, – celui-là même qui fascinera Augustin plus tard – avait été, en tant que «religio nova et inopinata» (Édit contre les Manichéens) et surtout en tant que «de Persica adversaria nobis gente progressa» (ibidem), condamné, et des peines très dures, qui pouvaient aller jusqu’à la décapitation et au bûcher, étaient prévues pour les chefs et les auteurs d’écrits. «Le fait que saint Augustin ait été pendant neuf ans auditor dans la secte de Mani est la preuve que cette hérésie devait avoir quelque chose de très attirant. Une attirance qu’il nous est difficile d’évaluer, dans la mesure où nous ne connaissons qu’une partie des traditions antérieures recueillies par Mani», dit Erik Peterson en conclusion de l’article qu’il a consacré au fondateur du manichéisme dans l’Enciclopedia cattolica. (L’avertissement d’un chercheur de la taille de Peterson devrait nous inciter à juger les rapports d’Augustin avec les manichéens de Rome [«amicitia eorum familiarius utebar quam caeterorum hominum qui in illa haeresi non fuissent»: Confessions V,10,19], comme, plus tard, en Afrique, avec les donatistes – qu’il réfuta mais qu’il estimait aussi [il apprécie tant les règles d’interprétation des Saintes Écritures de Ticonius qu’il les fait siennes] – en dehors de tout “schéma de conversion”. Car si l’on reste dans ce schéma, il devient encore plus difficile de croire aux récits de conversion qu’à ceux de persécution. Cela dit entre parenthèse mais avec conviction).
Le christianisme, bien qu’il ne fût pas une religion aussi nova et qu’il ne provînt pas d’une terre aussi ennemie que le manichéisme, était malgré tout apparu depuis peu sur la terre d’Orient, dans cette Palestine qui était, à cette époque-là aussi, une région cruciale. Il pouvait subir le même sort que lui.
Politique et économie
Mais il faudrait ajouter que les réformes politiques et administratives de la décennie précédente n’auguraient elles non plus rien de bon. À commencer par la réforme constitutionnelle que fut la tétrarchie. Dès les premières années de son règne, Dioclétien, s’était associé – en le promouvant, quoiqu’en position subalterne, à la dignité d’Auguste – Maximien, un général originaire de la même région que lui, à qui il confia tout particulièrement la charge des turbulentes Gaules. En 293, chacun des deux Augustes s’adjoignit un César (Galère pour Dioclétien et Constance Chlore pour Maximien), instituant ainsi la tétrarchie, une réforme destinée à assurer à l’Empire un gouvernement plus adapté et une succession indolore. Mais cette réforme était loin d’être un pur expédient technique. Elle revêtait un caractère fortement idéologique et religieux, comme le montre William Seston dans son ouvrage classique Dioclétien et la tétrarchie, surtout depuis que, en 289 – le premier 89 fatidique – Dioclétien avait pris le titre de “Jovius” (de la famille de Jupiter) et donné à Maximien celui de “Herculius” (de la famille d’Hercule): titres qui devaient passer aux “fils” de chacun d’eux. Outre cette “parenté divine”, des liens de famille unissaient le destin de ces “fils” à celui des deux Augustes. C’est le resserrement de ces liens qui obligea Constance Chlore à abandonner Hélène, la mère de Constantin, pour épouser la fille de Maximien.
Si, d’un côté, les divinités choisies appartenaient au panthéon romain traditionnel, la “parenté divine” qui fondait le système institutionnel n’avait elle rien de traditionnel: «Cet absolutisme théocratique érigeait en système et en véritable rituel les signes de respect hérités des monarchies orientales qui étaient graduellement entrés dans l’usage et qui culminaient dans l’adoratio obligatoire des princes» (J. Moreau, La persécution du christianisme dans l’Empire romain, Paris, 1956). Paradoxalement, le pouvoir à Rome (mais Rome, en réalité avait été déclassée et abandonnée comme centre de l’Empire) se comportait comme ces monarchies contre lesquelles il exerçait son plus grand effort guerrier. Et l’imitation de l’appareil symbolique était réciproque. C’est ainsi que Narsès, qui était arrivé au pouvoir en Perse en 293, l’année même où Galère et Constance Chlore furent élevés au rang de César, se proclama “fils” du grand Shâhpuhr Ier.
La réorganisation des provinces et de l’administration entreprise dans le cadre de la tétrarchie ainsi que l’importance croissante de l’armée avaient en outre rendu nécessaire une politique fiscale qui privait les citoyens de tout semblant même de liberté, conformément au «principe de la responsabilité collective appliqué avec une rigueur extrême» ( S. Mazzarino, L’Impero romano, II, p. 590). Une fois établie la redevance qui revenait à chaque division administrative, les gens qui appartenaient à cette division devaient l’acquitter coûte que coûte. Les individus sont désormais assimilés et identifiés à la terre (nous sommes à l’origine de la servitude de la glèbe): «une unité de travailleurs est équivalente, pour ce qui est des tributs, à une unité foncière imposable; il s’avère qu’une “tête” de travailleur-colon (caput) est l’équivalent d’une unité de surfaces que peut travailler un travailleur-colon (iugum). […] L’Empire romain, entouré d’ennemis et encore ébranlé dans son unité par les guerres civiles dont il venait à peine de sortir, fut ainsi organisé comme un immense camp de travail, un chantier où une plebs rusticana – celle précisément qui était frappée par la capitatio (laquelle en principe ne pèse jamais sur les plèbes urbaines) – travaillait sans relâche au maintien de la civilitas romana, travaillait à produire des denrées alimentaires pour l’annona militaris et l’annona civilis» (ibidem, pp. 589-591).
Tout est fait pour maintenir le niveau de vie acquis par les plèbes des grands centres urbains de l’Empire et pour élever celui d’une armée dont les effectifs ont quadruplé et dont il faut s’assurer la fidélité. Mais cela au prix d’une inflation croissante qui conduit à l’écroulement de la monnaie et que l’Edictum de pretiis de 301 ne parvient même pas à freiner. Une fois la persécution commencée, les difficultés économiques et la pression fiscale qui pesait surtout sur les plus pauvres, s’accentueront.
C’est un aspect qu’il faut prendre en considération lorsque l’on traite de la grande persécution, parce que toute crise économique sérieuse débouche sur une lutte pour la survie dans laquelle tout est régi par le principe mors tua vita mea. Il suffit de voir, de nos jours, comment le grave arrêt de la croissance de l’Afrique n’est pas étranger à la naissance dans ce continent de violences inconnues dans les décennies précédentes, lesquelles viennent s’ajouter aux épidémies qui, sans qu’il y ait besoin de guerres bactériologiques, sont en train de faucher des populations entières.
Une persécution inattendue
Mais personne, malgré tout, ne s’attendait au déclenchement de la persécution.
Dioclétien régnait depuis 284 et le christianisme semblait prospérer aussi sous son règne, grâce à un édit de 260 promulgué par le fils de Valérien, Gallien, après que son père eut été capturé dans la guerre contre les Parthes de Shâhpuhr Ier et que sa peau, au sens propre, eut été exposée comme un trophée dans leur temple. Cet édit avait garanti, peut-être depuis ce moment déjà, et continuait à garantir au christianisme une situation de pleine légitimité. Au point que, comme l’écrit Marta Sordi, «en Orient, romanisation et christianisme avançaient, dans certains cas, du même pas. Et on comprend comment, […] aux yeux de l’oriental Mani, le christianisme a pu apparaître comme la religion caractéristique du monde romain» (Il cristianesimo e Roma, p. 479). Mazzarino ajoute certains détails qui mettent en relief l’insoutenable contradiction d’un «État de chrétiens menant une politique antichrétienne»: «La Chronique de Seert dira que “les déportés romains [il y avait aussi l’évêque d’Antioche Démétrien et des prêtres parmi ceux qui furent capturés dans l’une des incursions de Shâhpuhr] jouirent en Perse d’un bien-être plus grand que dans leur patrie et que, grâce à eux, le christianisme fit des prosélytes en Orient”. L’Empire romain se trouvait donc dans cette situation paradoxale: constitué essentiellement de chrétiens dans ses parties orientales, il apparaissait comme l’Empire des chrétiens à ceux qui le considéraient de l’extérieur; et, cependant, son empereur avait été un persécuteur. […] Étrange situation d’un État de chrétiens (surtout dans sa partie orientale) menant une politique antichrétienne» (L’Impero romano, II, 529).
Un groupe de tétrarques en porphyre, Venise, extérieur de la basilique Saint-Marc
Mais, comme nous l’avons vu, jusqu’en 303, seules quelques mesures avaient été prises dans le cadre de l’armée et du Palais. Ces mesures, de plus, n’avaient pas été appliquées de façon très systématique, s’il est vrai que certains fonctionnaires chrétiens comme Pierre, Dorothéee et Gorgonius jouissaient, au moment où la persécution avait éclaté, de la confiance de l’empereur et étaient encore à son service à Nicomédie, vers la fin du IIIe siècle. Lactance lui-même qui nous rend compte de ce fait, venait d’Afrique et avait débarqué sur invitation de Dioclétien, à Nicomédie, vers la fin du IIIe siècle et c’est peut-être précisément là qu’il s’était converti au christianisme, sans pour autant cesser de prêter ses services de rhéteur au palais impérial. Il semble même que la femme et la fille de Dioclétien, Prisca et Valeria, aient eu des sympathies pour le christianisme.
De plus, le premier édit lui-même du 23 février et les autres dispositions qui avaient été prises pendant cette année 303, bien qu’elles fussent devenues progressivement plus dures, ne prévoyaient pas la peine capitale par volonté explicite de Dioclétien.
Mais, à un certain moment, au début de 304, tous furent appelés partout et indistinctement à accomplir publiquement sous peine de mort un sacrifice et une libation aux dieux.
Pourquoi cette décision? Parce que la politique qui, par nature, tend au compromis et à la modération avait dû s’aligner sur l’hostilité religieuse. «La lutte assumait ainsi une signification politique, mais seulement dans la mesure où la politique devenait elle-même un fait religieux» (M. Sordi, Il cristianesimo e Roma, p. 340). Dioclétien qui avait assez de sens politique pour comprendre qu’une persécution des chrétiens aurait aggravé les problèmes, avait dû se plier à la volonté de Galère. Celui-ci, revenu victorieux du front balkanique, puis du front oriental, seul général à avoir réussi à dompter les Germains et les Parthes, les ennemis de l’Empire par excellence, se présentait de plus en plus comme l’homme fort du régime. Ce fut donc la prédominance de Galère qui, comme l’attestent nos sources (cf. De mort. pers. XI et XIV; et H.E. VIII, appendice), conduisit au défi final. Il semble qu’il faille, en particulier, reconnaître son action provocatrice derrière deux incendies qui éclatèrent à Nicomédie et qui provoquèrent, déjà après le premier édit, la mort de beaucoup de chrétiens du lieu, parmi lesquels l’évêque Antime. Dioclétien fut aussi la victime, et pas seulement sur le plan politique, de cette action: soupçonnant désormais tout le monde et toute chose, il fut frappé par une véritable maladie mentale et abdiqua l’année suivante.
Galère est-il donc à Dioclétien ce que Macrien était à Valérien? En un sens, oui. Mais à lui seul il n’aurait jamais été que cet énergumène corpulent dont parlent les sources. Il était lui aussi sous l’influence de sa mère, une femme terriblement superstitieuse, et sous celle d’un néoplatonisme qui réduit désormais à une pure pratique théurgique, voyait dans la foi chrétienne le principal obstacle à l’exercice de ses magies. Le Contre les chrétiens du disciple préféré de Plotin, Porphyre, prépara le terrain à la persécution dès avant la fin du IIIe siècle. Les Discours véridiques de Hiéroclès – lequel appartient au même courant mais est de la génération suivante – l’accompagnèrent dans son accomplissement. Hiéroclès, par ailleurs, en tant que gouverneur de Bithynie d’abord, et d’Égypte ensuite, n’agit pas seulement par des écrits. Il en alla de même pour le philosophe Théotecne placé comme surintendant à Antioche de Syrie, et pour d’autres. En Syrie, en Phénicie, en Palestine, en Égypte et dans les provinces de la péninsule anatolienne, ces derniers se déchaînèrent, comme exécuteurs des édits, contre les chrétiens, et cela presque jusqu’à la paix de 313.
Pax romana et pax christiana
La paix est un sujet qu’il nous faut renvoyer à plus tard. Nous ne devons nous intéresser ici qu’à des histoires sanglantes, ne serait-ce que pour d’évidentes raisons d’actualité. Mais il faut dire tout de suite que si la conversion de Constantin semblait réaliser le rêve d’Origène d’une coïncidence entre l’Église et l’Empire, d’une soudure entre la pax romana et la pax christiana à l’intérieur de la pax constantiniana, en fait la situation des chrétiens appartenant à l’autre Empire, l’Empire des Parthes, – il faut rappeler que, depuis l’époque apostolique, il y avait là aussi des chrétiens, comme il y en avait ailleurs, au-delà des limites de l’Empire romain – était là pour rappeler la nature illusoire et tragique de ce rêve. Ces chrétiens étaient soumis à une persécution qui s’intensifia justement en raison de la pacification constantinienne. Dans le siècle précédent, comme nous l’avons vu, les chrétiens venant de l’Empire romain avaient trouvé en terre perse une situation beaucoup plus favorable à l’exercice et à la communication de leur foi que dans leur patrie. Maintenant que romanisation et christianisme s’identifiaient, les chrétiens étaient sentis et risquaient eux-mêmes de se sentir comme des ennemis, au point de se détacher de la communion avec l’Église de Rome. De ce point de vue, l’organisation de la paix pour tous à la place d’une politique de traités particuliers devint une prétention violente qui eut pour effet de condamner certains à la persécution. L’actuel préfet de la Bibliothèque vaticane, Raffaele Farina, écrit dans un article récent: «L’organisation de la paix, à cette époque [IVe siècle], au lieu d’être une superstructure de l’organisation internationale, comme nous pouvons la penser aujourd’hui [comme paraît anachronique cette réflexion d’il y a deux ans! ] était la tâche et la prérogative de cet État universel, l’Empire romain, auquel, en raison de son caractère éthique et religieux, on pensait qu’était confié le sort de l’humanité entière. […] Que l’Empire ne fût pas vraiment universel, en ce sens qu’il ne comprenait pas concrètement la totalité du monde connu, cela était évident pour les contemporains. Cependant, dans le sentiment commun, l’Empire était considéré comme le rempart de la civilisation et l’empereur comme le maître de tous les peuples. Avec Constantin, on en arrive à affirmer la théorie selon laquelle la terre des foederati appartenait elle aussi à l’Empire. L’organisation du monde se confondait avec celle de l’Empire. L’organisation d’une pax romana, l’unique qui pût être alors conçue, remplaça ainsi progressivement le “système des traités que Rome avait mis en place à l’époque précédente et qui avait davantage visé à établir une supériorité politique en fonction d’une action à développer vers l’extérieur, qu’à maintenir, comme cela devint ensuite le souci dominant, la paix à tout prix”» (La concezione della pace nel IV secolo, dans Chiesa e Impero. Da Augusto a Giustiniano, pp. 185-186).
Mais cette vision, au début du Ve siècle déjà, au lendemain de la proclamation de la foi nicéenne comme norme de l’Empire romain, révélera son caractère contingent et «la pax romana etla pax christiana seront mises en opposition. Ce sera Léon le Grand qui le fera, en polémique non tant avec la Rome du passé qu’avec la “nouvelle Rome”, à savoir Constantinople» (ibidem, p. 195).
Léon le Grand n’est pas, comme son nom pourrait l’évoquer, le héros solitaire si cher à l’imaginaire romantique et populiste qui s’est développé au sujet des papes. Il est, au contraire, l’expression d’un apprentissage fidèle dans lequel il est précédé, accompagné et suivi par d’autres. «Innocent Ier, Léon le Grand, Gélase sont trois hommes qui ont amassé les pierres de la liberté de l’Église occidentale, […] le génie théologique d’Augustin a carré ces pierres» (H. Rahner, Chiesa e struttura politica nel cristianesimo primitivo, p. 105). Qu’ils soient romains, toscans ou africains, ce qui lie ces hommes et beaucoup d’autres au Ve siècle, c’est qu’ils se conforment à la foi et à la tradition de Rome (dont font aussi partie le lien profond avec la communauté juive, le respect de la civilisation juridique romaine et, paradoxalement, les faiblesses de beaucoup d’évêques de Rome). C’est là qu’ils prennent les pierres, c’est là qu’ils ont appris à distinguer entre l’œuvre de la nature et l’œuvre de la grâce, entre pax romana et pax christiana. La grandeur de la théologie d’Augustin est d’être en accord avec ces pierres et non d’être allée à la recherche de la pierre philosophale. C’est la raison pour laquelle Innocent Ier et Célestin Ier, Léon et Gélase la ressentent comme naturelle et l’adoptent pleinement.
Mais nous aurons plus tard l’occasion d’aborder ce sujet.
http://www.30giorni.it/articoli_id_800_l4.htm
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Psaumes 33:13 Du haut des cieux YHWH regarde, il voit tous les enfants des hommes ; 14 du lieu de sa demeure, il observe tous les habitants de la terre, 15 lui qui forme leur coeur à tous, qui est attentif à toutes leurs actions.
Ne devez rien à personne, sinon de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime son semblable a accompli [la] loi. Romains 13:8
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