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"Les dieux Grecs"

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Message  Arlitto Sam 05 Mar 2016, 15:55

Rappel du premier message :

"Les dieux Grecs"


Zeus 
"Les dieux Grecs" - Page 2 Zeusrs


Zeus est représenté généralement barbu, 
portant l'égide (le bouclier), tenant en main 
le sceptre, ses attributs sont l'aigle et la foudre.



ZEUS, le dieu de l'Univers, le dieu souverain.

Zeus est le plus puissant des dieux, depuis son palais sur l'Olympe, il gouverne le monde

Zeus est le dieu du ciel et des phénomènes atmosphériques, c'est lui qui envoie sur la terre la pluie, la neige, la grêle, la foudre, il fait régner la justice, il impose sa volonté aux autres dieux et aux hommes. Il représente un idéal de maturité, de force, de majesté, d'intelligence, de sagesse.

Zeus a dû lutter longuement pour s'imposer comme maître de l'Univers : 


Zeus a eu plusieurs femmes, toutefois, Héra, sa sœur, est considérée comme son épouse légitime, la vie du couple est ponctuée de disputes, colères, trahisons, même si tous les soirs Zeus et Héra, se retrouvent réconciliés dans le même lit.

Les aventures amoureuses de Zeus sont innombrables. Pour faire ses conquêtes (déesses ou mortelles), Zeus emploie le plus souvent la ruse, il utilise son don de métamorphose pour arriver à ses fins, il peut prendre une forme humaine, animale ou autre. 


LE TRIOMPHE DES OLYMPIENS (ZEUS) SUR CRONOS

Cronos est donc maintenant maître du monde, après avoir libéré ses frères les Titans, il emprisonne les Cyclopes et les Hécatonchires dans le monde infernal des profondeurs de la Terre (le Tartare), sans doute par peur de les avoir pour adversaires. Cronos épouse une de ses sœurs, RHÉA, mais comme on lui avait prédit qu'il serait détrôné par un de ses enfants, il les dévore tous à la naissance (il empêche ses enfants de venir à la lumière comme Ouranos). Rhéa, comme Gaïa, désire que ses enfants vivent. Alors qu'elle est enceinte de son dernier enfant (ZEUS), elle se rend en Crête, au mont Ida, où elle confie, après son accouchement, son dernier né aux Naïades qui vont l'élever dans une grotte (Dicté). Mais Cronos demande le dernier né pour l'avaler, Rhéa lui présente alors une pierre emmaillotée dans des langes qu'il dévore sans rien soupçonner. Autour du berceau d'or de Zeus, les Curètes exécutent des danses guerrières en frappant sur leurs boucliers afin de masquer à Cronos, les pleurs du jeune Zeus. Après avoir grandi en buvant le lait de la chèvre Amalthée, et en suçant le miel que lui apportent les Nymphes Adrastée et Ida (les filles de Mélisseus, roi de Crête), Zeus décide de libérer ses frères. Il fait prendre un vomitif à Cronos afin qu'il recrache la pierre puis ses frères et sœurs : Déméter, Hestia, Héra, Hadès, Poséidon. Ainsi, une nouvelle génération de dieux apparaît : les dieux olympiens, ils vont se partager le pouvoir sous l'autorité de Zeus. 

LA NAISSANCE D'ATHÉNA

Zeus est donc maintenant tout puissant, il a triomphé de tous ses rivaux, il peut instituer un univers divin sorti du Chaos, hiérarchisé, organisé, stable, il s'entoure constamment de Kratos, le pouvoir de souveraineté universelle et de Bié, la force violente. Mais Zeus n'a pas oublié la leçon d'Ouranos et de Cronos qui tous deux ont été détrônés par un de leurs enfants, il doit absolument prévenir cette éventualité. Zeus pense arriver à ses fins par le mariage, il prend pour première épouse Mètis, une des filles d'Océan, la déesse de la prudence, elle possède toute la sagesse des dieux et des hommes. Métis est enceinte d'Athéna, Zeus a peur d'être détrôné par un de ses enfants, il pense qu'en devenant aussi la mère de ses enfants il évitera la mort du père. Mètis possède le don de se transformer, Zeus lui demande de se métamorphoser en lion, elle s'exécute, puis il la défie de prendre la forme d'une goutte d'eau, à peine est-elle devenue une goutte d'eau que le rusé Zeus l'avale. Ainsi, Zeus sera le père et la mère d'Athéna, et la prudence (Mètis) est en lui. Mais Zeus pousse des hurlements de douleur, il a le crâne gonflé par Athéna, Prométhée et Héphaïstos arrivent avec une hache pour fendre le crâne de Zeus, il en sort, toute armée, la déesse de l'intelligence, de la sagesse et de la guerre : ATHÉNA. Ainsi, Zeus est à l'abri, plus rien ne peut remettre sa souveraineté en cause, il a triomphé par la ruse.
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Message  Arlitto Sam 05 Mar 2016, 15:59

Le sacrifice d'Iphigénie

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Analyse littéraire
Le sacrifice d’Iphigénie de Sébastien Bourdon correspond à une version du mythe d’lphigénie qui, tel qu’il ressort des textes anciens conservés, apparaît complexe et sujet à variantes importantes. Il serait intéressant de savoir si le peintre a eu connaissance des tragiques grecs qui ont traité d’Iphigénie. Il est fort probable au demeurant que, en traitant un tel sujet, il se réfère à une « vulgate », assez proche des Métamnorphoses d’Ovide, grand médiateur entre la mythologie et l’époque classique. Le fait est qu’en choisissant de représenter la substitution de la biche à Iphigénie et le saisissement des humains devant l’intervention divine, il donne du mythe la lecture la plus douce, la plus décorative, la plus « politiquement correcte » aussi. Avec Artémis et Iphigénie, Agamemnon est en effet l’unique acteur identifiable et valorisé pas de Clytemnestre, de Caîchas, d’ Achille ni de chefs grecs et, par suite, le tableau fait silence sur les rapports de force dans la famille ou les dissensions dans le camp grec. De même le peintre évacue-t-il la violence du sacrifice humain et animal pas d’épée choquante ni de sang, mais une biche bien vivante, irréellement dressée sur l’autel ardent. 

Ainsi ce sacrifice d’Iphigénie demande à être éclairé et enrichi à l’aide des textes qui, à défaut d’être les sources du tableau, constituent les sources littéraires d’un mythe interrogé et renouvelé par la postérité Racine ou Goethe s’inscrivent ainsi dans la logique des tragiques grecs qui varient dans leur lecture de cette histoire Eschyle ne rejoint pas Euripide qui, lui-même, ne dit pas les mêmes choses dans ses deux Iphigénie. 

Iphigénie constantes et variations 
Le mythe d’lphigénie présente, d’une version à l’autre, deux données constantes l’exigence d’Artémis qui met comme condition au départ de la flotte grecque le sacrifice de la fille d’Agamemnon, et le départ effectif de la flotte après le sacrifice. 

Mais au-delà de ces constantes, les auteurs varient. 
Ainsi, quelle est la raison de l’exigence divine? Tantôt la demande n’est pas justifiée (Euripide, Iphigénie à Aulis) tantôt elle sanctionne une faute d’Agamemnon (Sophocle, Électre, document n° 1 meurtre d’un cerf suivi d’acte de démesure, hybris) ou une promesse imprudente de sa part.

l’exigence d’Artémis à un présage relatif à la guerre de Troie. 


Quant au sacrifice, la différence ne porte sur rien moins que sur la victime 
- Iphigénie est sacrifiée ces versions font ressortir la cruauté des acteurs, dées­se ou roi, sans pitié pour une victime impuissante. La mort d’Iphigénie en appelle d’autres, celles d’Agamemnon, de Clytemnestre et d’Egisthe, matière d’autres tragédies athéniennes. Elle est uti­lisée pour illustrer des analyses philosophiques ou morales dénonciation des maux de la religion par le poète latin Lucrèce (De natura rerum, 1, 84-101) et de la folie humaine par Horace (Satires, Il, 3 vers 199-200). 
- Iphigénie est sauvée par Artémis qui lui substitue une biche. Pourquoi ce salut miraculeux d' Euripide montre la dées­se touchée par la noblesse et la générosité de la princesse qui se dévoue pour 


Triple dimension du mythe 

Un mythe familial 
Le projet d’Agamemnon dresse les uns contre les autres les membres de sa famille il y a conflit entre les frères, Ménélas et Agamemnon, entre la mère et le père — avec comme enjeu la contestation du pouvoir patriarcal —, entre Achille, le fiancé malgré lui, et Agamemnon, entre Iphigénie et son père. D’où toute une série d’affrontements et de revirements qui donnent à Iphigénie à Aulis sa tension. Racine amplifie cette dimension psychologique et conflictuelle d’Euripide : il approfondit les sentiments entre Iphigénie et son père ; suivant l’initiative de Rotrou, il met au cœur de la tragédie la passion amoureuse (lui lie Achille et Iphigénie et qui pousse Eriphile à nuire à sa rivale Iphigénie. L’introduction de ce personnage inédit permet à Racine de donner de la cohérence à l’action dramatique et d’éviter les deux dénouements habituels qu’il récuse dans sa préface. 
D’autre part la violence de la mort d’Iphigénie s’étend sur le reste de la famille Clytemnestre, aidée d’Égisthe, tue Agamemnon à son retour de Troie, Oreste tue sa mère. Ainsi la vengeance passe d’une génération à l’autre dans la famille des Atrides, famille déchirée et accablée par le Destin dans laquelle Iphigénie est bien un personnage central. 

Un mythe religieux 
Il s’articule autour de personnages ambigus Artémis, lointaine et implacable, parfois salvatrice ; Agamemnon et la question d’une éventuelle culpabilité, individuelle et ponctuelle, ou plus générale ; Iphigénie venue à Aulis vivre les rites d’un mariage et non d’un sacrifice et qui de victime devient prêtresse d’Artémis, associée aux sacrifices humains qu’elle réprouve 

Dans son ouvrage La violence et le sacré (1972), René Girard, étudiant le sacrifice dans les sociétés primitives, a montré que grâce à lui le groupe fait violence à quelqu’un de secondaire pour assurer le bien de la collectivité. Le principe de substitution et la recherche du bien général sont primordiaux. Que la victime soit un animal ou un humain ne présente pas de différence essentielle ; dans ce dernier cas, il suffit que la victime ait un statut à part, faisant d’elle un être marginal et non-vengeable. Or, Iphigénie présente les «qualités » requises c’est une femme dans l’univers viril de la guerre ; c’est une fille non mariée — à la différence d’Hélène dont tous les chefs grecs solidaires de Ménélas veulent punir le ravisseur ; c’est une princesse (marginalité par le haut) et il n’y a pas de vengeur à craindre puisque le sacrificateur est son père. 

La tragédie grecque montre qu’à la fin du Véme siècle, l’équivalence entre victime humaine et animale est remise en question. Tout se passe comme si le sacrifice humain n’était plus compris. Significatif à cet égard est le dénouement d’Iphigénie en Tauride. Euripide y décrit un culte attique d’Artémis où le prêtre, au lieu de tuer un être humain, se contente de prélever quelques gouttes de son sang. 

Un mythe politique 
Dans l’Agamemnon d’Eschyle, le présage montre que le début de la guerre et la victoire sur les Troyens passent par la mort de la vierge innocente. Le sacrifice d’Iphigénie apparaît comme un rite propitiatoire — sa mort appelle celle des ennemis — mais aussi expiatoire, à la fois punition anticipée du roi et condamnation de la guerre, de toute guerre au seuil d’une guerre où tant de vies innocentes vont être sacrifiées dans les deux camps, le roi doit, le premier, accepter le sacrifice et la perte de ce qui lui est cher. 
Cette épreuve, en quelque sorte qualifiante, est par ailleurs décisive pour lui permettre d’asseoir une autorité royale battue en brèche par la fronde de ses pairs seul le sacrifice peut mettre un terme à l’inaction et aux dissensions des Achéens. 

On comprend par suite le message politique qu’Euripide adresse à ses contemporains divisés; son Iphigénie n’est plus la victime émouvante qui refuse d’être sacrifiée mais elle devient l’héroïne qui choisit de sacrifier sa vie pour la cause panhellénique. 

Ouverture symbolique de la guerre, gage d’unité des Grecs qui, sous l’autorité d’un pouvoir consolidé, servent l’idéal commun, telles sont les données politiques du sacrifice d’Iphigénie, valorisées dans une optique patriotique ou contestées en d’autres temps. 

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Message  Arlitto Sam 05 Mar 2016, 16:00

RITUELS  et  FÊTES

La vie quotidienne des Grecs est rythmée par les rituels religieux et leur calendrier est en grande partie celui des fêtes religieuses : celles de la famille (culte privé) et celles du dème, de tribu, de la cité ou de l’ensemble des Grecs (culte public). Euthyphon, devin mis en scène par Platon dans le dialogue qui porte son nom, définit ainsi la piété : « La piété consiste à savoir prier et sacrifier en disant et en faisant ce qui est agréable aux dieux : elle assure le salut des familles et des Etats ». Ainsi, pour les Grecs, la piété passe essentiellement par des actes concrets, les rituels.


I/ LES PRIERES ( eÙc»: euchê)
La prière permet le contact entre le fidèle et la divinité. Le fidèle s’adresse à la divinité ou aux divinités de son choix ; il peut le faire à titre personnel (dans le cadre du culte privé) ou au nom de sa cité (culte public), dans un sanctuaire mais également dans n’importe quel lieu, sans utiliser de formules fixes ou préétablies. Il prie debout, les deux bras levés, la paume des mains tournée vers la divinité. S’il s’adresse à une divinité chthonienne  (c’est-à-dire appartenant au monde des Enfers), il se prosterne en direction du sol puisqu’il s’adresse à des divinités souterraines. Les prières se font toujours à haute voix. Le fidèle commence par invoquer la divinité à laquelle s’adresse sa prière par son nom ou l’une de ses épithètes, puis il lui demande son aide dans la défense de la ville, contre la maladie, la guerre ou toute autre calamité, pour la fécondité des femmes ou la fertilité des troupeaux etc… En échange de la protection de la divinité, le fidèle promet généralement un sacrifice ; il rappelle également les offrandes qu’il lui a déjà faites pour s’attirer sa bienveillance. Ainsi le prêtre Chrysès s’adresse-t-il à Apollon au chant I de l’Iliade :  « Toi dont l’arc est d’argent, écoute mes paroles, protecteur de Chrysè, de Cilla la divine, puissant seigneur de Ténédos, ô dieu Sminthée ! Si pour toi j’ai couvert un temple qui t’agrée, si pour toi j’ai brûlé jamais de gras cuisseaux de taureaux et de chèvres, exauce ma prière : qu’aux Danaens tes traits fassent payer mes larmes ! »

 
II/ LIBATIONS, SACRIFICES ET OFFRANDES 
Les offrandes aux dieux prennent plusieurs formes : liquides (libations), ou solides (sacrifices sanglants ou non). Enfin, des objets précieux peuvent être déposés dans un lieu sacré (offrandes proprement dites). 


1/ Les libations (spond», spondè ou loib», loibè)
            La libation consiste à répandre un liquide (vin, lait ou miel mélangé à de l’eau) versé d’une coupe sur un autel tout en prononçant des prières. Souvent la libation est la première étape du sacrifice. L’officiant offre à la divinité quelques gouttes du liquide, en signe de respect, puis boit le reste. Il espère ainsi se concilier la faveur de la divinité. Les libations ont lieu au moins trois fois par jour : au lever, au dîner et au coucher.  

             Au début d’un symposion (partie du banquet consacré à la boisson) on verse un peu de vin sur le sol pour le bon génie (agathos daimôn).  Puis le vin est mélangé à de l’eau dans de grands vases (les   cratères) à trois reprises et à chaque fois une libation est versée pour Zeus et les dieux olympiens, pour les héros et enfin pour Zeus Sôter (« sauveur »).

En dehors des sacrifices, les libations accompagnent les moments importants comme un départ (dans ce cas il s’agit d’un geste apotropaïque, pour écarter le mal), la célébration d’une trêve, la contraction d’une alliance etc… Il est d’ailleurs intéressant de relever que le traité porte le même nom en grec que la libation au pluriel, spondai.

"Les dieux Grecs" - Page 2 Image002
(Scène de libation, coupe à figures 
rouges, v. 480 av. J.-C.,  musée du Louvre


2/ Les sacrifices (qus…a : thusia)

Le mot « thusia » vient d’un radical signifiant « fumée ». En effet cette forme particulière d’offrande est détruite en totalité ou en partie par le feu. S’il reste une partie non brûlée, elle est partagée entre les participants. Les dieux, quant à eux, se nourrissent de la fumée du sacrifice, montant jusqu’au sommet de l’Olympe (cf.  Prométhée). Les sacrifices font partie du culte public et du culte privé.
 

a/ Les sacrifices non sanglants

            Ils constituent parfois la première étape d’un sacrifice sanglant, en particulier quand il s’agit des prémices des récoltes. On sacrifie des plantes (fruits et légumes), surtout pour les dieux des Enfers, ou de la nourriture : fromage, gâteaux, vin, ou huile (dans ces deux derniers cas, on parle de libation). Un exemple de sacrifice non sanglant : « Reçois en témoignage de gratitude, ô Laphria (= Artémis), de Léonidas, le vagabond, le miséreux, le crève-la-faim, ces parts de galette à l’huile, cette olive (un trésor !), cette figue verte toute fraîche cueillie ; prends aussi ces cinq grains de raisin détachés d’une belle grappe, maîtresse, et en libation le fonds de mon pichet !   Tu m’as délivré de la maladie : tire-moi pareillement de la misère qui me harcèle, et je te sacrifierai un chevreau ! » (Léonidas de Tarente, cité par François Chamoux, La Civilisation grecque, éditions Arthaud)

"Les dieux Grecs" - Page 2 Image004
Scène de sacrifice (musée du Louvre)


b/ Les sacrifices sanglants

Quand c’est la cité qui offre le sacrifice, le rituel débute par une procession (cf. celle des Panathénées, illustrées par la frise des Panathénées sur le Parthénon). Les Grecs sont beaucoup moins formalistes que les Romains et des variantes peuvent intervenir par rapport au schéma général tel qu’il a été décrit par Homère (Iliade, chant I, vers 446-474) :

Promptement, en l’honneur du dieu   (= Apollon), ils (= les Achéens) mirent en place l’hécatombe fameuse, alignée autour de l’autel bien bâti. Ils se lavèrent ensuite d’eau lustrale, se saisirent des grains d’orge à répandre, et Chrysès (= le prêtre), levant les mains, pour eux à pleine voix fit un vœu :  

« Entends-moi, porteur de l’arc d’argent, gardien de Chrysé et de Cilla toute divine, puissant seigneur de Ténédos. Un jour déjà auparavant, tu as entendu ma prière, tu m’as marqué ton estime, tu as grandement accablé le peuple des Achéens. A présent encore, pour moi accomplis ce souhait : dès aujourd’hui, des Danaens   (= les Achéens) écarte l’indigne fléau ! »   

Tel fut son vœu, et Phoibos Apollon l’entendit. Quand on eut fait des vœux et jeté devant soi les grains d’orge répandus, d’abord on tira sur les têtes, on égorgea, on écorcha, on coupa et détacha les cuisses. On les couvrit entièrement de graisse, que l’on mit de chaque côté, en plaçant par-dessus des morceaux crus. Le vieillard les brûla sur du bois fendu et fit dessus la libation avec le vin qui flamboie. Les jeunes gens s’approchèrent de lui, tenant en mains des fourchettes à cinq dents. Puis, quand les cuisses furent toutes brûlées et qu’on eut mangé des viscères, on débita le reste en morceaux où l’on passa des broches.

On les fit rôtir avec le plus grand soin et on les retira tous. Quand ils eurent terminé leur besogne et préparé le repas, ils prirent leur part, et l’appétit trouva son compte dans un repas aux parts équitables. Puis, quand ils eurent chassé l’envie de manger et de boire, les jeunes garçons couronnèrent de boisson les cratères et ils firent à tous, suivant la règle, la première distribution dans les hanaps. Tout le jour, le chœur des jeunes Achéens, pour rendre le dieu propice, chanta un beau péan, célébrant l’Infaillible en ses œuvres. Et lui, à les entendre, avait l’âme réjouie. »   (Traduction de L. Bardolet, éditions Robert Laffont)   

Il y a cependant des constantes. Ainsi le choix de l’animal sacrifié (il s’agit toujours d’un animal domestique, jamais d’un animal sauvage) dépend du dieu auquel il s’adresse (par exemple des taureaux pour Dionysos et Poséidon, des vaches pour Athéna, des chèvres pour Apollon et Artémis, des coqs ou des poules pour Asclépios). L’animal doit être sain et sans défauts physiques. Aux déesses, on sacrifie des animaux féminins et aux dieux on offre des animaux masculins ; aux divinités ouraniennes, des animaux blancs ou de couleur claire ; aux dieux infernaux, des animaux noirs ou de couleur foncée. Les animaux portent des couronnes de fleurs et des bandelettes de laine ; parfois leurs cornes sont dorées.

Le prêtre est habillé en blanc ; il garde la tête nue (contrairement au prêtre latin, dont la tête est recouverte par un pan de toge) ornée d’une couronne ; le couteau dont il se sert dont être pur (ƒerÒ$: hiéros). D’une manière générale, les officiants et les participants doivent être en état de pureté religieuse, ce qui exclut ceux qui ont été contaminés par la mort ou la naissance sans s’être purifiés. C’est ce que déclare Iphigénie, prêtresse d’Artémis, dans Iphigénie en Tauride, d’Euripide :  « L’homme qui a pris part à un meurtre, celui qui a porté les mains sur une accouchée ou sur un cadavre, la déesse l’écarte de ses autels parce qu’il est, à ses yeux, marqué d’une souillure. » 

D’autre part, le sacrifice est toujours public car il célèbre et consolide le lien entre la divinité et la communauté qui l’offre. C’est pourquoi le banquet au cours duquel les participants se partagent la viande grillée et le symposion qui suit sont importants. Les morceaux les plus nobles sont réservés aux personnages importants de la cité. Le prêtre reçoit la peau.

"Les dieux Grecs" - Page 2 Image006
Scène de banquet (musée du Louvre)

  Les sacrifices destinés aux dieux olympiens sont ceux que l’on appelle « thusia ». Une partie seulement est brûlée ; le reste revient à ceux qui participent à la cérémonie. Le sacrifice se déroule sur un autel, souvent situé devant le temple, décoré de fleurs et de guirlandes de feuillage, en plein air. L’autel est parfois provisoire, constitué de terre par exemple (cf. Olympie : les sacrifices en l’honneur de Zeus se déroulaient sur un autel constitué par l’amas des cendres des sacrifices précédents) ; certains sont en pierre (période hellénistique) et peuvent être de taille impressionnante (cf. temple de Zeus à Syracuse, dit autel de Hiéron II). Les sacrifices particulièrement importants sont appelés « hécatombes » ˜katomb»,   c'est – à – dire « sacrifice de cent bœufs »). 

"Les dieux Grecs" - Page 2 Image008
Sacrifice d’un porc (musée du Louvre)

François Chamoux, dans La Civilisation grecque, évoque l’atmosphère des sacrifices et  « les animaux de l’hécatombe, le groupe du prêtre, des magistrats et des serviteurs, puis la foule des citoyens formant cercle. Spectacle haut en couleur, à la fois solennel et animé : flammes et fumées montaient dans le ciel clair et l’odeur de l’encens se mêlait à celle des chairs grésillantes, tandis que le chant de la flûte et les hymnes d’un chœur accompagnaient le déroulement de la cérémonie. Parfois, les murmures du peuple s’apaisaient pour un bref momen,t de silence, que troublait seul le mugissement d’une victime. D’autres fois, tous les assistants reprenaient d’une seule voix une acclamation rituelle. La façade d’un temple aux frontons bariolés, les colonnades d’un portique, les offrandes et les statues de bronze étincelant au soleil, les frondaisons d’un bois sacré, les pentes d’une montagne proche ou le vaste horizon marin servaient de cadre pour ces fêtes de plein air que la confiance de la foule en ses dieux et la perspective de la frairie qui allait suivre maintenaient dans  une atmosphère d’allégresse ».   

Les sacrifices destinés aux divinités chthoniennes sont appelés énagisma  (:tm:nagism£)  ou holocaustes (ÐlÒkausto$  = « brûlé entièrement »). Les victimes sont entièrement brûlées car on ne partage pas avec le monde souterrain et avec les morts. L’animal est placé sur le sol, la tête tournée vers la terre ; son sang est recueilli dans une fosse, le bothros (boqro$)  pour abreuver les divinités d’en bas. Cela permet de les apaiser ou de les invoquer. Le rituel est le même lorsque l’on s’adresse aux héros.

La distinction entre rites concernant les dieux olympiens (ou ouraniennes) et les dieux infernaux (ou chthoniens) n’est pas toujours stricte. Ainsi Zeus, par exemple, est parfois destinataire d’holocaustes. En outre, il faut tenir compte de très nombreuses variantes locales qui ont été très bien décrites par Pausanias.

Qu’en est-il des sacrifices humains ? La mythologie semble en témoigner avec par exemple le sacrifice d’Iphigénie, mais les versions classiques de la légende nous racontent qu’une biche a remplacé la jeune fille sur l’autel du sacrifice, ce qui nous montre que les sacrifices humains n’étaient plus considérés comme acceptables par les Grecs de cette époque.

Il n’est pas envisageable de contester ou de refuser les sacrifices, même pour les philosophes (dont certains ont professé des convictions presque athées), car ce serait remettre la cité en question et la mettre en péril en rompant le fragile équilibre du monde et des relations entre hommes et dieux qui seuls garantissent sa survie. Ce serait donc se mettre en marge de la société.



3/ Les offrandes

Lorsqu’une cité remporte une victoire, elle offre une part du butin à sa divinité  tutélaire, entreposée dans un trésor (bâtiment en forme de petit temple). Dans le site de  Delphes, la Voie Sacrée est jalonnée de ces trésors qui permettent de remercier la divinité mais aussi de montrer sa richesse et sa puissance aux autres cités. C’est une marque de gratitude mais aussi l’expression d’un sentiment d’orgueil et l’envie de surpasser les autres cités (ce qui n’est pas incompatible pour les Grecs et ne diminue en rien la sincérité de leur piété). Le trésor de Delphes le plus célèbre est celui des Athéniens (trésor des Athéniens), offert à la suite de leur victoire sur les Perses.

Les athlètes vainqueurs offrent une statue à leur effigie en remerciement pour leur victoire (cf. à Olympie et à Delphes avec par exemple le célèbre  aurige de Delphes). Pausanias nous en décrit un grand nombre, avec leurs dédicaces. D’une manière générale, on offre aux divinités une partie de tout ce qui passe pour exceptionnel : chasse ou pêche extraordinaires, succès divers etc…

Lors de la fête des Panathénées, la ville d’Athènes offre à Athéna un nouveau péplos (vêtement en laine qui habille la statue de la déesse), tissé par les jeunes filles de la cité. Hécube, reine de Troie, dépose sur les genoux de la statue d’Athéna, son plus beau voile afin d’accompagner ses supplications (Iliade, Homère).

En remerciement d’une guérison, on offre à Asclépios, le dieu de la médecine, une plaque représentant l’organe ou le membre guéri. Le sanctuaire d’Epidaure en présente de nombreux exemples. 


DELPHES
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"Les dieux Grecs" - Page 2 Delfi_tholos_santuario_atena_1298

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Message  Arlitto Sam 05 Mar 2016, 16:00

III/ JEUX ET FÊTES 


Le sacrifice fait parfois partie d’une cérémonie plus longue, une fête (panégyris,  pan»guri$), appelée aussi Jeux (agônès, oƒ ¢gîne$) lorsqu’elle prend la forme de compétitions sportives, musicales ou dramatiques en l’honneur d’un dieu. La fonction des cérémonies est de favoriser la cohésion entre les citoyens, de célébrer la cité et de lui assurer la faveur d’un dieu (pour les fêtes civiques), d’assurer l’unité du peuple grec (pour les Jeux Panhelléniques) ou de renforcer les liens de la famille ou du groupe (pour les fêtes destinées à un public particulier). Même civiques, les fêtes ont toujours une composante religieuse : ces deux aspects ne sont pas distingués. Les Jeux et les concours (musicaux ou dramatiques)  qui les accompagnent souvent voient la victoire de ceux qui surpassent les autres par leurs qualités personnelles et qui sont choisis par les dieux. Les fêtes sont aussi l’occasion de divertissements et de festins. Généralement les fêtes débutent par une procession.

"Les dieux Grecs" - Page 2 Image010
(Procession en vue du sacrifice d'un agneau aux Charitès, peinture sur bois, Corinthie, vers  
540-530 av. J.-C.,  Musée national archéologique d'Athènes)

1/ Les Jeux Panhelléniques

Les Jeux Panhelléniques s’adressent à tous les Grecs soit en tant qu’athlètes soit en tant que spectateurs. Ils permettent aux Grecs, par ailleurs si divisés ou souvent en lutte entre eux, de se retrouver pacifiquement et de mettre l’accent sur ce qui les réunit et fait d’eux un peuple : une même langue, une même religion, une même façon de penser. C’est ce que rappelle l’orateur Isocrate dans son Panégyrique :  « C’est avec raison qu’on loue ceux qui ont institué les panégyries et qui nous en ont légué la tradition. Grâce à eux, en effet, nous nous rassemblons en un même lieu après avoir conclu la trêve et fait taire nos inimitiés. Puis nous offrons ensemble aux dieux des vœux et des sacrifices et nous ravivons le souvenir de nos origines communes. Nous en retirons pour l’avenir de meilleures dispositions mutuelles, nous renouvelons nos anciennes relations d’hospitalité et nous en formons d’autres. Ni pour la masse du public, ni pour les êtres d’exception, ces rencontres ne sont du temps perdu : en présence des Grecs assemblés, les uns donnent carrière à leurs dons naturels et les autres se plaisent à contempler ces joutes. Nul risque qu’aucun ne s’ennuie ! Tous ont de quoi satisfaire leur amour-propre, quand les uns voient les athlètes donner le meilleur d’eux-mêmes et quand les autres prennent conscience que tout ce peuple est venu pour les admirer. »


a/ Les jeux Olympiques    

         Organisés à l’instigation d’Iphitos d’Elis  en 776 avant J.C. (ou, selon la légende, par Héraclès) pour favoriser la concorde entre les différentes cités grecques, les Jeux Olympiques, comme les trois autres Jeux Panhelléniques, ont lieu tous les quatre ans. Ils ont servi de modèle aux autres Jeux. A l’origine, il y avait la course à pied, le pentathlon et la lutte ; puis s’y ajoutèrent la course de chars et de chevaux, le pugilat et la pancrace, puis la course en armes.

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Course de char (musée du Louvre)  

Une trêve était proclamée pour permettre à chacun de se rendre en toute sécurité à Olympie. Les Jeux commencent par une procession et le serment des athlètes. Les vainqueurs reçoivent une couronne de l’olivier sacré du sanctuaire de Zeus. Les plus grands auteurs sont venus à Olympie y lire leurs œuvres (par exemple Hérodote) et Pindare a écrit ses Olympiques en l’honneur des athlètes vainqueurs.

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Discobole (musée du Louvre)   

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Deux pugilistes (musée du Louvre)

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Hoplitodromos (course en armes), musée du Louvre

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Athlète se préparant (musée du Louvre)


b/ Les Jeux Pythiques

Les plus importants après ceux d’Olympie, les Jeux Pythiques célèbrent à  Delphes le dieu Apollon et sa victoire sur le serpent Python. Ils sont constitués de concours musicaux d’hymnes au dieu et d’épreuves sportives (athlétisme et courses de chevaux). Les vainqueurs reçoivent une couronne de laurier (un enfant, dont les parents sont encore en vie, est chargé de couper des branches d’olivier dans la vallée du Tempé, en Thessalie).


c/ Les Jeux Isthmiques

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Dionysos (musée du Louvre

Créés par Sisyphe ou Thésée, les Jeux Isthmiques se déroulent à l’isthme de Corinthe, en l’honneur de Poséidon. Ils bénéficient de la trêve sacrée. Les vainqueurs reçoivent une couronne de céleri sauvage séché.


d/ Les Jeux Néméens

              D’après la légende, les jeux Néméens ont été fondés par Héraclès à Némée, en Argolide, en l’honneur de Zeus, après qu’il  eut tué le lion de Némée, lors de l’un de ses douze travaux. Ils bénéficient de la trêve sacrée. Les vainqueurs reçoivent une couronne de céleri sauvage frais.

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Coupe, peintre de Naucratis, Laconie, vers 560 av. J.C., Zeus (musée du Louvre)

  Le laps de temps qui comprend les quatre Jeux panhelléniques s’appelle une période et un athlète qui a été vainqueur dans un type d’épreuve lors de quatre Jeux consécutifs porte le nom d’athlète périodonique (vainqueur du cycle complet). Il existe aussi de nombreux Jeux locaux. L’athlète vainqueur  doit sa victoire à ses qualités et à ses efforts, mais également à la volonté des dieux : on le dit « favori des dieux ». C’est pourquoi il remercie la divinité par une offrande.

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Nikè (la Victoire) couronne l’athlète victorieux (musée du Louvre)


2/ Les fêtes athéniennes

a/ Les Panathénées

           Fondées par Thésée, d’après la légende, les Panathénées, à la fin du mois de juillet,  célèbrent Athéna, la déesse tutélaire d’Athènes. Tous les quatre ans, elles prennent un éclat particulier et s’appellent alors les grandes Panathénées. La fête comprend des jeux (sur l’agora), des courses de chevaux et des concours de musique (à l’odéon). Plus tard, on y ajoute des récitations poétiques. Les athlètes vainqueurs reçoivent de l’huile de l’olivier sacré de l’Acropole dans des amphores dites panathénaïques, décorées par des représentations d’Athéna Promachos (au premier rang au combat) et de l’épreuve sportive concernée.

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Athéna et sa chouette (musée du Louvre)

Le moment le plus important est la procession, le dernier jour, le long de la Voie des Panathénées, du Céramique jusqu’au Parthénon. La  frise des Panathénées, sur le Parthénon, en est un témoignage précis et magnifique. Cette procession (à laquelle participent tous les corps de la cité, y compris les métèques) apporte à la statue de la déesse le péplos (pšplo$,  vêtement en laine) tissé par des jeunes filles (les Ergastines, pour qui c’est un grand honneur) des grandes familles de la cité et décoré d’une broderie racontant la lutte de la déesse contre les Géants. Ce vêtement, déposé sur un bateau muni de roues, est suivi par les arrhéphores (jeunes filles tenant les instruments du sacrifice, après avoir vécu pendant un an sur l’Acropole où elles participent au culte d’Athéna Polias), par des garçons portant des vases, par des porteuses d’offrandes (canéphores), par des hommes âgés munis de branches d’olivier, par des chariots et par des jeunes gens à cheval. La fête se termine, devant le Parthénon, par une hécatombe de bœufs, dont la viande, grillée, est distribuée aux participants.

Cette grande fête, qui concerne tous les Athéniens et les habitants de l’Attique, a un caractère religieux mais aussi civique (elle rassemble tous les citoyens et rappelle, par le défilé au cours de la procession des magistrats et des cavaliers, les fonctions et les devoirs du citoyen : militaires, politiques et religieux)let politique (elle célèbre aussi la ligue de Délos, formée après la victoire sur les Perses et pour parer à leur éventuel retour, et les alliés sont associés aux sacrifices).


b/ Les Dionysies

             Célébrées en l’honneur de Dionysos par les citoyens et par les métèques, les Dionysies comprennent des spectacles dramatiques (Dionysos étant le dieu du théâtre). Les Petites Dionysies ont lieu en Attique en décembre, et les Grandes Dionysies en mars à Athènes. Peu avant les Grandes Dionysies, la statue du dieu est sortie du temple de l’enceinte du théâtre, en contrebas de l’Acropole, et emmenée dans un autre temple, près de l’Académie. Lorsque la statue est ramenée, à la lueur des torches, escortées par les Athéniens, au théâtre, la procession rappelle l’arrivée du dieu en provenance d’Eleuthères

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Dionysos et son thiase (musée du Louvre)

Les dix stratèges offrent ensuite des sacrifices et des libations. Après les sacrifices (réservés aux citoyens), tous les Grecs peuvent assister aux cérémonies. La statue préside aux représentations données au théâtre en l’honneur du dieu : cinq comédies (une par après-midi). Pendant deux jours, il y a aussi des concours de dithyrambes (des chœurs chantent et dansent), puis  les comédies et enfin, pendant trois jours les trilogies tragiques suivies chacune d’un drame satyrique. Les chorèges (qui se chargent de payer les frais de représentation et s’acquittent de cette manière de leurs impôts) sont installés aux places d’honneur. Pour en savoir plus :  le théâtre

C’est lors des Grandes Dionysies que les alliés de la ligue de Délos apportent leur tribut à Athènes ; c’est là aussi que l’on honore les citoyens méritants. La fête est ainsi l’occasion pour les citoyens athéniens de manifester leur patriotisme et leur fierté devant les visiteurs venus pour l’occasion.


c/ Les Lénéennes

Les Lénéennes, en l’honneur de Dionysos Lénaïos (épithète venant soit de « lénos » (le pressoir), soit de « lénai » (les ménades, possédées par le délire inspiré par Dionysos), ont lieu au mois de janvier. Commençant par une procession, ces fêtes comportent des concours dramatiques, au théâtre de Dionysos (essentiellement des comédies).


d/ Les Anthestéries

C’est une grande fête en l’honneur de Dionysos durant le mois d’Anthestérion (février), pendant trois jours. Ce nom vient la racine « anthos » (fleur) car c’est le moment de l’année où apparaissent les fleurs. Les enfants âgés de trois ans sont couronnés de fleurs. Les enfants participent à la fête, peut-être parce que Dionysos est le dieu de la croissance. Le vin, attribut de Dionysos, joue un grand rôle dans cette fête. Ainsi, le premier jour,  appelé « pithoigia » (« ouverture des tonneaux (les  pithoi)»), on goûte le vin nouveau et on l’offre à Dionysos.

                Le deuxième jour est la fête des conges (vases à panse arrondie, col court et bec trifolié) ; une procession escorte Dionysos (il s’agit sans doute de l’archonte-roi portant un masque ; les autres membres du cortège portant aussi un masque, on a pu associer cette journée à notre carnaval) ; on y boit beaucoup.

               Le troisième jour (chytoi, la fête des morts), on fait bouillir des légumes que l’on mange avant la nuit et l’on offre un sacrifice à  Hermès Chthonios (= des Enfers) pour amadouer les morts. C’est un jour de mauvais augure : les esprit des morts (les Kères) rôdent dans la ville jusqu’à la fin de la fête. Pour conjurer le mauvais sort, au soir de ce jour, on crie : « A la porte, les Kères ; finies les Anthestéries ! »

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Dionysos et son thiase (détail), musée du Louvre


e/ Les Oschophories

C’est la fête des vendanges, en octobre. Deux jeunes hommes, avec des vêtements féminins, portent des grappes de raisin du sanctuaire de Dionysos, à Athènes, au sanctuaire d’Athéna à Phalère. La procession qui les suit chante des hymnes. Il y a également des danses et des courses pour les éphèbes.
 

f/ Les Thesmophories

Ces fêtes (réservées aux femmes mariées et interdites aux hommes), en l’honneur de Déméter, sont célébrées en octobre dans la plupart des cités grecques. Comme les autres cérémonies en l’honneur de Déméter, ce sont des mystères, réservés aux initiées et ayant pour but la fertilité (celle des champs et celle des femmes). On récupère des offrandes de porcelets (symboles de fertilité) jetées dans une fosse lors de la fête des Skirophories et on les enterre avec des grains. Ces restes (thesmoi) donnent leur nom à ces fêtes (« transport des thesmoi »). Les femmes passent la nuit dans le Thesmophorion puis elles jeûnent tout un jour et échangent des obscénités. Le troisième jour (Kalligénéia, « belle descendance »), les femmes offrent à la déesse les fruits de la terre, mangent des pépins de grenade et se frappent à coups de rameaux verts : ces rites ont pour but la fécondité.
 

g/ Les Skirophories

Célébrées par les femmes au milieu de l’été, en juin, les Skirophories se déroulent en l’honneur de Déméter ou d’Athéna. On jette des offrandes (en particulier des porcelets) dans une fosse, récupérées lors des Thesmophories, trois mois plus tard.


h/ Les Thargélies

Lors des Thargélies, dédiées à Apollon et célébrées le 7 du mois de Thargélion (mai), juste avant les moissons, on fait des offrandes de thargélos (bouillie composée de céréales et de légumes encore verts). C’est aussi durant cette fête que se pratique le rituel du bouc émissaire : deux hommes (l’un représentant les hommes et l’autre les femmes), particulièrement laids, sont expulsés, de la ville afin qu’ils emportent avec eux toutes les souillures. Ils sont frappés à coups de branches de figuiers. A l’origine, les jets de pierre qu’ils recevaient causaient peut-être leur mort. 


i/ Les Pyanepsies (Pyanepsia)

           Tirant son nom des pyana (gros grains d’orge mondé ou fèves cuites) que l’on offre à Apollon et se déroulant au mois de Pyanepsion (octobre), cette fête est le moment où l’on présente au dieu les prémices de la récolte (les pyana) ; on les partage aussi en famille. Devant chaque maison et devant le temple du dieu, on installe des branches d’olivier décorées de laine, de fruits, de coupes de vin de format réduit et de petites bouteilles d’huile

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Oenochoés miniatures (musée du Louvre)


j/ Les Chalchéia

             Le 30 du mois de Pyanepsion (octobre), les artisans font des offrandes à Athéna Erganè (= ouvrière) et à Héphaïstos, le dieu des forgerons. La déesse et le dieu reçoivent un objet, spécialement exécuté pour eux, afin d’obtenir leur protection dans les activités artisanales qui demandent beaucoup de technique et d’habileté.



3/ Les fêtes spartiates
 

a/ Les Gymnopédies

Instituées après une sévère défaite de Sparte en 669 avant J.C. contre les Argives, ces cérémonies des « jeunes gens nus » (comme leur nom l’indique en grec) consistent en des exercices de gymnastique et de danse. Les dieux et les héros spartiates sont honorés à travers des hymnes.
 

b/ La Karnéia

Cette fête des moissons célèbre Apollon (peut-être a-t-il pris la place d’un dieu plus ancien, Karnos ou Karnéios). Elle comporte une course entre jeunes gens portant des grappes de raisin ainsi qu’un concours musical ouvert aux musiciens et aux poètes de toute la Grèce.

 

4/ Les fêtes d’Argos : les Héraia

Célébrée tous les quatre ans en l’honneur d’Héra, elle commence par une procession vers l’Héraion (le temple d’Héra) durant laquelle les prêtresses de la déesse sont conduites dans un chariot tiré par des bœufs ; elle se poursuit par une hécatombe puis des luttes athlétiques dans le stade près du temple. Les vainqueurs reçoivent un bouclier de bronze.



5/ Une fête béotienne : les Daidala

             Après une querelle avec son épouse Héra, Zeus a habillé en mariée une poupée de bois (« Daidalos » signifiant « objet ouvragé avec art » ou « en relief ») et déclare qu’il va la prendre pour épouse. Toute à sa jalousie, Héra veut attaquer sa rivale mais quand elle comprend que c’est une ruse de son mari, elle se réconcilie avec lui, non sans avoir brûlé la fausse mariée. Ce serait l’origine de cette fête qui comporte une procession transportant jusqu’ai sommet du Mont Cithéron des poupées, dont l’une est habillée en mariée. Les poupées sont brûlées et un sacrifice clôt la cérémonie qui a lieu tous les 59 ans.



6/ Les Mystères d’Eleusis

           De tous les cultes à mystères, ceux de Déméter et de sa fille Perséphone, à Eleusis, sont les plus célèbres. Les Mystères impliquent une initiation (ce nom vient du verbe « myein » : « fermer », « se tenir silencieux » ; « mysteria » : « cérémonie religieuse secrète» ; d’où la nécessité d’une initiation), indispensable pour avoir la garantie d’une vie heureuse après la mort et  supposent donc la révélation de secrets. La célébration a lieu au mois de Boédromion (septembre), lors des semailles. Beaucoup d’Athéniens semblent avoir été initiés, mais les meurtriers et les barbares sont exclus. Après purification dans la mer, chaque fidèle (le myste) sacrifie un porcelet puis, après une initiation des nouveaux fidèles, une grande procession suit la Voie Sacrée. A un moment de la procession, des obscénités fusent pour rappeler celles proférées par une vieille femme et qui avaient fait sourire Perséphone malgré son chagrin.  Le lendemain, les initiés restent chez eux et jeûnent pour rappeler le jeûne observé par Déméter dans son chagrin d’avoir perdu sa fille. Le jeûne est rompu par une tisane d’orge et de menthe (kykeôn), comme l’avait fait la déesse. 
              En ce qui concerne l’initiation, les détails exacts ne nous ont pas connus. Quiconque révélait ce qui se passait était passible de la peine de mort. Elle a lieu dans le Télestérion (salle d’initiation) du sanctuaire, plongé dans l’obscurité. Des torches éclairent brusquement la salle et dissipent l’angoisse. La joie remplace alors la tristesse. On montre aux fidèles un épi de blé moissonné. 

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Perséphone et Hadès (musée du Louvre)

D’une manière générale, la religion grecque, à travers les cultes civiques et panhelléniques, s’adresse à la collectivité plus qu’à l’individu. Aristote définit d’ailleurs l’homme comme un « animal politique ». Même le culte privé s’adresse à un groupe (la famille). Les cérémonies sont donc des mises en scène grandioses et laissent peu de place pour le sentiment religieux personnel (toutefois l’homme grec ressent profondément la présence du sacré). On y demande la prospérité de la cité, mais il n’est pas question du bonheur individuel ou de l’espoir d’une vie après la mort. Les cultes à mystères, pour leur part, comblent ce manque. L’importance des Mystères d’Eleusis s’explique donc par le fait qu’ils ont pour but de dissiper la peur de la mort et de garantir une vie heureuse dans l’au-delà. 

D’autres cultes à mystères sont centrés autour de Dionysos et d’Orphée (le poète thrace mythique). Dans les deux cas, il s’agit de s’abandonner au bien-être, au sentiment de liberté et à l’espoir d’une vie dans l’au-delà.
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