L ’APOCRYPHON DE JEAN
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L ’APOCRYPHON DE JEAN
L ’APOCRYPHON DE JEAN
Bibliothèque copte de Nag Hammadi.
Traduit du Copte par Bernard Barc, université de Laval Québec Canada.
Jean et Arimanias
Cela arriva pendant l’un de ces jours où Jean, frère de Jacques — les fils de Zébédée — était monté à Jérusalem. Alors qu’il était monté au Temple, un pharisien du nom d’Arimanias s’approcha de lui et lui dit : « Où est ton maître, celui que tu suivais ? » Jean lui dit : « Il est retourné dans le lieu d’où il était venu. » Le pharisien lui dit : « Ce nazôréen vous a entraînés dans l’erreur et vous a empli les oreilles de mensonges . Il a fermé vos coeurs et vous a détournés des traditions de vos pères. »
Jean s’interroge sur l’invisible
Lorsque j’entendis ces propos, je me détournai du Temple, me dirigeant vers la montagne, vers un lieu désert. J’étais très affligé en mon coeur et je disais : « Comment le Sauveur a-t-il donc été mandaté ? Pourquoi a-t-il été envoyé dans le monde par son Père qui l’a envoyé ? Qui est son Père ? Et de quelle nature est cet éon vers lequel nous irons ? » Il nous a dit que cet éon où nous sommes avait reçu l’empreinte de cet éon incorruptible où nous irons, mais ne nous a pas instruits 1 de ce dernier en nous disant de quelle nature il était ?
Jean a la vision de l’Invisible
À cet instant, alors que je pensais à cela, les cieux s’ouvrirent, la création entière s’illumina d’une lumière apparue en dessous des cieux et le monde entier fut ébranlé. Je fus effrayé et je me prosternai. Et voici que m’apparut]un enfant, puis il changea d’apparence prenant celle d’un vieillard — en qui il y avait]une lumière. — Je regardai, mais sans comprendre ce prodige. S’agissait-il d’une Idée aux formes multiples — dans la lumière — dont les formes avaient été manifestées les unes par les autres ? Ou bien s’agissait-il d’une Idée unique qui aurait un triple aspect ?
Le triple message du Sauveur
Cette apparition me dit : « Jean, pourquoi es-tu perplexe et es-tu effrayé ? Tu n’es pas étranger à cette Idée. Ne sois pas pusillanime. » « Je suis avec vous en tout temps. Je suis le Père, je suis la Mère, je suis le Fils. Je suis celui qui existe éternellement, celui qui est sans souillure et sans mélange. » « Je suis venu maintenant t’instruire de ce qui est, ce qui a été et ce qui doit advenir afin que tu connaisses les choses invisibles comme les choses visibles, et t’instruire aussi au sujet de l’Homme parfait. « Maintenant donc lève ton visage écoute et écris ce que je te dirai aujourd’hui afin de l’envoyer, toi-même, à tes compagnons spirituels qui sont issus de la race inébranlable de l’Homme parfait. »
ENSEIGNEMENT SUR L’INVISIBLE
L’Esprit-Père : La Monade, c’est l’Esprit-Père.
J’interrogeai alors afin de penser et il me dit : « la Monade étant une monarchie, sur laquelle ne s’exerce aucun pouvoir, — elle est le Dieu et Père de toutes choses, le Saint, l’Invisible établi au-dessus de toute chose, établi dans son Incorruptibilité, établi dans cette lumière pure que que la lumière oculaire ne peut regarder. Il est l’Esprit. — »
Ce que l’Esprit est dans l’Invisible
Il n’est pas convenable de le penser comme dieu ou en des termes similaires, car il est plus qu’un dieu. Il est un pouvoir au dessus duquel n’existe aucun pouvoir, car rien n’existe avant lui.— Il n’a pas non plus besoin de ce qui vient après lui : il n’a pas besoin de « Vie », car il est éternel. — Il n’a pas besoin de quoi que ce soit, car il est imperfectible, dans la mesure où il n’a pas de manque qui le rende perfectible. Il est au contraire totalement parfait en tout temps. — Il est lumière. —
Il est l’illimité car nul n’existe avant lui pour le limiter. Il est l’indistinct car nul n’existe avant lui pour lui imposer une distinction. Il est l’incommensurable car personne d’autre ne l’a mesuré, qui existe avant lui. Il est l’invisible car nul ne l’a vu, lui cet Éternel toujours existant. Il est l’indicible car nul n’existe qui l’appréhende de façon à le dire. Il est l’innommable car il n’est personne qui existe avant lui pour le nommer. — Il est la lumière incommensurable, sans-mélange, sainte et pure, — Il est l’indicible parfait et incorruptible.
L’Esprit n’est pas soumis à la tripartition du réel
Il n’est ni perfection, ni béatitude, ni divinité, mais une réalité supérieure à ces notions. Il n’est ni infini ni limité, mais une réalité supérieure à ces notions. Il n’est ni corporel ni incorporel, ni grand ni petit, et ne peut être quantifié. Il n’est pas une créature. Nul ne peut non plus le penser , car il ne fait partie de rien de ce qui existe, mais est une réalité supérieure à ce qui existe, non du fait de sa supériorité, mais en lui même.
Il ne peut faire partie d’un Éon car le temps n’existe pas pour lui. En effet, celui qui fait partie d’un Éon, d’autres ont préparé cet éon pour lui. Et le temps ne lui a pas été imposé comme mesure puisqu’il n’a pas reçu d’un autre qui le mesure. Et il est sans besoin car il n’y a absolument personne avant lui ; c’est à lui même qu’il adresse ses demandes. — C’est dans la perfection de la lumière, qu'il pensera la lumière sans mélange ! —
Comment l’Esprit se manifeste dans le visible
Majesté incommensurable ! Éternel, dispensateur d’éternité ! Lumière, dispensateur de lumière ! Vie, dispensateur de vie ! Bienheureux, dispensateur de béatitude ! Connaissance, dispensateur de connaissance ! — Éternellement Bon dispensateur de bien, faiseur de bien, non à la mesure de ce qu’il possède mais à la mesure de ce qu’il dispense. Grâce qui dispense une grâce ! Don qui dispense un don ! Lumière incommensurable ! —
La Mère
L’Esprit est la tête des Éons
(Les éons :puissance éternelle émanée de l'Être et rendant possible son action sur les chose. Dictionnaire Larousse)
Que te dirai-je au sujet de cet être insaisissable ? Qu’il est l’Idée de la lumière ! Dans la mesure où je peux le penser. — car qui pourra jamais le penser ! — je pourrai t’en parler en ces termes : Son Éon est incorruptible, en quiétude, se reposant en silence. Lui, l’Esprit existe avant toute chose. Il est la tête de tous les Éons, — Existe-t-il quelque chose d’autre auprès de lui ! Nul d’entre nous ne connaît ce qui concerne cet Incommensurable hormis celui qui a habité en lui. C’est lui qui nous a dit ces choses. C’est Lui qui se pense lui-même dans sa propre lumière qui l’entoure. C’est lui qui est la source d’eau vive, la lumière pleine de pureté.
Barbèlo, manifestation de l’Unique-pensée du Père
La source de l’esprit s’écoula, venant de l’eau vive de la lumière. Et il présida les choeurs de tous les éons et des mondes. En toutes leurs formes il pensa sa propre ressemblance en la contemplant dans l’eau de lumière pure qui l’entoure. Et son unique-pensée devint réalité, se manifesta et se tint devant lui, dans le issue du flamboiement de la lumière. Telle est la puissance antérieure à toutes choses et qui a été manifestée. Telle est la pré-pensée parfaite de toutes choses, à la fois lumière, idée de la lumière et ressemblance de l’invisible.
Telle est la puissance parfaite, l’éon parfait de la gloire glorifiant l’esprit pour l’avoir manifestée. Et le pensant, elle est sa première-pensée, sa ressemblance. Elle devint un homme primordial qui est l’esprit virginal : triple mâle à la triple puissance, triple nom, triple engendrement, éon non vieillissant, androgyne sorti de la pré-pensée de l’esprit.
Les dix Éons du Père
Et Barbèlô demanda à l’Esprit que « lui » soit donnée une Prescience. Et il fit un signe d’assentiment. Lorsqu’il eut fait un signe d’assentiment Prescience se manifesta, se tint auprès d’Unique-pensée, — c’est-à-dire de Pré-pensée (Pronoia), — glorifiant l’Invisible « Esprit » et la Puissance parfaite, Barbèlô, car c’est par son intervention que ces émanations sont venues à l’existence.
À nouveau cette Puissance, (Barbèlô), demanda que lui soit donnée l’incorruptibilité. Et il fit un signe d’assentiment. Lorsqu’il eut fait un signe d’assentiment, Incorruptibilité se manifesta. Elle se tenait auprès d’Unique-pensée (Ennoia) et de Prescience, glorifiant l’Invisible et Barbèlô car c’est par son intervention qu’elle est venue à l’existence.
Elle demanda que lui soit donnée la vie éternelle. Il fit un signe d’assentiment. Lorsqu’il eut fait un signe d’assentiment, Vie-éternelle se manifesta. Et elles se tenaient toutes trois glorifiant l’Esprit et Barbèlô puisque c’est par l’intervention de celle-ci qu’elles sont venues à l’existence, — par la manifestation de cet invisible Esprit. —
Telle est la pentade des Éons du Père qui constitue l’Homme primordial. Telle est la ressemblance de l’Invisible qu’est Barbèlô associée à Unique-pensée (Ennoia), Prescience, Incorruptibilité et Vie-éternelle. Telle est la pentade androgyne qui compose la décade des Éons du Père celle qui constitue le Père inengendré (agénètos).
Le Fils
L’enfantement du Fils dans le silence
Barbèlô regarda intensément vers l’Esprit, vers la lumière pure .Elle se tourna vers elle et enfanta une étincelle de lumière bienheureuse, mais qui ne lui était pas égale en grandeur. Tel est l’Unique-engendré (Monogénè) issu du Père, tel est le Dieu Engendré-de-lui-même (Autogénètos), le Fils premier-engendré (Protogénètos ?) de tous ceux de l’Esprit, de la lumière pure. Alors l’Esprit invisible se réjouit au sujet de la lumière qui était venue à l’existence, qui était apparue dans la première Puissance, sa Pré-pensée (Pronoia), Barbèlô. Et il oignit ce Fils de sa Bonté afin qu’il soit parfait et qu’il n’y ait en lui aucune déficience de Bonté puisqu’il l’a oint de la Bonté. C’est l’Invisible Esprit qui a versé sur lui (cette Bonté). Et le Fils reçut l’onction de l’Esprit virginal et se tint en sa présence glorifiant l’invisible Esprit par qui il a été manifesté et la Pré-pensée (Pronoia) parfaite.
Du silence à la Parole
Et le Fils demanda que lui soit donné « un partenaire », l’intellect (Noûs). L’invisible Esprit fit un signe d’assentiment et Intellect (Noûs) se manifesta à lui et se tint auprès du Christ glorifiant l’invisible Esprit ainsi que Barbèlô. Toutes (les oeuvres qui précèdent) ont été produites en silence et en Unique-pensée (Ennoia). L’invisible Esprit voulut alors faire une oeuvre. Sa Volonté devint une oeuvre, elle se manifesta et se tint auprès d’Intellect (Noûs) — et de la Lumière, — le glorifiant. Le Verbe suivit la Volonté, car c’est par le Verbe que le Christ a créé toute chose, lui le Dieu Engendrement-de-lui-même (Autogénès).
Quant à Vie éternelle et Volonté ainsi qu’Intellect (noûs) et Prescience ils se tinrent glorifiant l’invisible Esprit et Barbèlô car c’est d’elle qu’ils sont issus.
Le Christ est institué comme médiateur
Donc le Fils atteignit la perfection par l’intervention de l’Esprit. — Lui le Dieu Engendrement-de-lui-même (autogénès) éternel, Fils de Barbèlô, lui qui s’est tenu en présence de l’Esprit invisible éternel et virginal, — Lui le Dieu Engendrement-de-lui-même (autogénès), le Christ, que l’Esprit avait magnifiquement honoré parce qu’il était issu de sa Première-Pensée (Protennoia),
— Lui que l’invisible Esprit a établi comme Dieu sur le Tout, Dieu véritable. L’Esprit lui donna tout pouvoir et fit en sorte que la Vérité qui est en lui lui fut soumise afin qu’il pense (noeîn) toutes choses lui dont le nom ne sera dit qu’à ceux qui en sont dignes.
La Tétrade des Luminaires
C’est de la lumière — qu’est le Christ — et de l’Incorruptibilité, par « le don » de l’Esprit, que les quatre grands luminaires furent manifestés hors du Dieu Engendrement-de-lui-même (autogénès) pour se tenir auprès du Fils en tant que triade composée de Volonté, Uniquepensée (Ennoia) et Vie, alors que la tétrade est composée de Grâce, Compréhension, Perception et Sagacité.
Les douze Éons du Fils
La Grâce du premier luminaire Armozèl, l’ange de lumière, est dans le premier éon ; avec lui sont trois éons : Grâce, Vérité, et Forme.
Le deuxième luminaire, [Oro]iaèl, a été établi sur le deuxième éon ; avec lui sont trois éons : Pré-pensée (Pronoia), Perception, et Mémoire. Le troisième luminaire, Daveithé, a été établi sur le troisième éon ; avec lui sont trois éons : Compréhension, Amour et Idée.
Quant au quatrième luminaire, Elèlèth, il a été établi sur le quatrième éon]; 5 avec lui sonttrois éons : Perfection, Paix et Sagesse.
Tels sont les quatre luminaires qui se tiennent auprès du Dieu Engendreur-de-lui-même(autogénétôr). Tels sont les douze éons qui assistent l’Enfant, le grand Christ Engendreur-de-lui-même (autogénétôr), par le bon vouloir du divin Esprit invisible. Ces douze éons sont ceux du Fils, de l’Engendré-de-lui-même (autogénétos) par qui toutes choses ont été établies par la volonté de l’Esprit saint, par l’intermédiaire de l’Engendrement-de-lui-même (autogénès).
Le Modèle de l’humanité
La manifestation de l’Homme parfait
C’est de la Prescience et de l’Intellect parfait, « par le don et » le bon vouloir du grand Esprit invisible et le bon vouloirde l’Engendrement-de-lui-même autogénès) que provient l’Homme parfait véritable, le premier manifesté. L’Esprit l’appela Adam. Et il l’installa sur le premier éon, près du grand Dieu, le Christ Engendreur-de-lui-même (autogéné) auprès du premier éon d’Armozel. accompagné de ses puissances. Et l’Esprit invisible lui donna une puissance intellectuelle (noéron) invincible. L’Homme parfait dit alors : « Je glorifie et bénis l’Esprit invisible ». « C’est par toi que tout a existé et vers toi que tout retourne.
Je te bénis, Toi, l’Engendrement-de-lui-même (Autogénès) et les Éons,
Triade, Père, Mère et Fils, Puissance parfaite ! »
Le modèle de l’humanité séthienne
(Seth: le remplaçant,) patriarche biblique, troisième fils d'Adam et d'Eve.
Et l’Homme parfait installa son fils Seth sur le deuxième éon près du deuxième lumi naire Oro]iaèl. Dans le troisième éon fut installée la semence de Seth, — les âmes des saints qui sont éternelles — dans le troisième luminaire, Daveithaï. Dans le quatrième éon enfin furent installées les âmes de ceux qui ont eu connaissance de leur perfection et n’ont pas été prompts à se repentir, mais sont restés temporairement dans cet état puis se sont finalement repentis. C’est auprès du quatrième luminaire, Elèlèth, que ceux-là resteront, lui qui se les est adjoints pour la glorification de l’invisible Esprit.
ENSEIGNEMENT SUR LE MONDE ARCHONTIQUE
L’impétuosité de la Sagesse
Donc, Notre consoeur la Sagesse — qui est un éon — conçut une pensée de son propre chef. Pensant l’Esprit et la Prescience, elle voulut en manifester l’Idée par elle-même sans que l’Esprit se soit levé avec elle pour l’assister, sans même qu’il ait fait un signe d’assentiment, sans même que son conjoint, le virginal Esprit mâle, ait donné son consentement.
C’est donc sans avoir trouvé celui qui parle d’une seule voix avec elle qu’elle donnera son consentement ; c’est sans le bon vouloir de l’Esprit et sans que celui qui parle d’une seule voix avec elle n’en ait eu connaissance qu’elle s’élança au dehors. À cause de l’impétuosité qui est en elle, sa pensée ne pouvait être inopérante. Alors son oeuvre sortit, imparfaite, laide d’aspect, parce qu’elle l’avait faite sans son conjoint. Et (cette oeuvre) n’était pas non plus à la ressemblance maternelle mais d’une forme autre.
La Sagesse installe Ialdabaoth comme démiurge
La Sagesse vit, à la réflexion, que son oeuvre était l’empreinte d’une autre forme — avec une face de serpent et une face de lion et des « yeux » brillants de feu. — Alors elle la chassa loin d’elle, hors de ces lieux, afin qu’ aucun des Immortels ne la voient parce qu’elle l’avait enfantée par ignorance. Elle jumela son oeuvre à une nuée lumineuse. et plaça au milieu de la nuée un trône afin que nul ne voit cette oeuvre excepté l’Esprit saint que l’on nomme « Vie », la mère de tous. Et elle lui donna son nom : « Ialdabaôth ». C’est lui le Premier Archonte. C’est lui qui déroba une grande puissance à la Mère.
Ialdabaoth se fabrique son propre Éon
Il s’écarta d’elle, s’éloigna du lieu de sa naissance, s’empara d’un autre lieu et se créa unéon flamboyant d’un feu lumineux, celui dans lequel il se tient maintenant.
Les puissances du monde inférieur
Alors il s’accoupla avec la folie (aponoia) qui l’accompagne, et engendra les autorités qui lui sont inférieures, douze anges affectés chacun à son éon propre, conformément au modèle des éons impérissables. Et il créa pour chacun des douze anges, 12 sept anges. et pour ces anges, 13 trois puissances, de sorte que le total de ceux qui lui sont inférieurs est de trois cent soixante êtres angéliques, auxquels s’ajoute sa 16 triple puissance conçue à la ressemblance du premier modèle qui existe avant lui.
Les noms doubles des douze premiers anges
En conséquence, lorsque ces autorités ont été manifestées par l’Engendreur principal, Premier Archonte de la ténèbre, c’est de l’ignorance de celui qui les a engendrées qu’elles ont reçu leur nom. Le premier nom est Iaôth. Le deuxième est Hermas, « l’oeil du feu ». Le troisième est Galila. Le quatrième est Iôbêl. Le cinquième est Adônaios. Le sixième est Sabaôth. Le septième est Kaïnan et Kaê, celui que l’on nomme Kaïn, c’est-à-dire le soleil. Le huitième est Abiressiné. Le neuvième est Iôbêl. Le dixième est Harmoupiaêl. Le onzième est Adônin. Le douzième est Bélias.
Tous ces autorités ont donc des noms différents qui leur viennent de la convoitise et la colère. Mais ce sont des noms différents doubles qui ont été donnés à celles-ci et leurs seconds noms leur ont été donnés par la gloire du ciel, et manifestent véritablement leur nature. Et Saklas les a appelés des noms qui précèdent mélangeant de la folie à leur puissance. Par ces derniers, par moments, ils déclinent et s’affaiblissent. Par les autres, au contraire, ils acquièrent force et croissent.
Sept anges règnent sur les cieux et cinq sur le Chaos
Et le Premier Archonte commanda à sept rois de régner sur les cieux et aux cinq autres de régner sur le Chaos infernal.
Les noms de gloire de ceux qui dominent sur les sept cieux sont les suivants : Le premier est Iaôth à l’aspect de lion. Le deuxième est Elôaios à l’aspect d' âne. Le troisième est Astaphaios à l’aspect de hyène. Le quatrième est Iaô à l’aspect de serpent à sept têtes. Le cinquième est Adônaios à l’aspect de dragon. Le sixième est Adôni à l’aspect de singe. Le septième est Sabbataios à l’aspect de flamme de feu lumineux. Telle est l’hebdomade du Sabbat ! Tels sont ceux qui gouvernent le monde !
De la hiérarchie du monde archontique
Quant à Ialdabaôth Saklas, lui qui s’identifie à cette forme multiple de sorte qu’il se manifeste lui-même en tout visage en fonction de son désir, il a réparti entre eux une portion du feu qui est sien et de sa puissance. Mais de cette lumière pure de la Puissance qu’il a dérobée à la Mère, il ne leur en a pas donné. C’est ainsi qu’il a été pour eux un Christ, à cause de la gloire qui est en lui, et qui lui vient de la puissance de la lumière de la Mère. C’est pour cette raison qu’il s’est fait lui-même proclamer Dieu, se montrant ainsi désobéissant envers l’entité dont il était issu.
Les noms doubles des sept Puissances
Et Ialdabaôth jumela aux Puissances sept Pouvoirs. Par sa parole ils existèrent. Et il leur donna un nom. Il installa les Puissances en commençant par le haut :
Le premier Pouvoir donc est Pré-pensée (pronoia), auprès de la première Puissance, Iaôth. Le deuxième est Divinité, auprès de la deuxième, Eloaiôs. Le troisième est Messianité, auprès de la troisième, Astaphaiôs. Le quatrième est Jalousie, auprès de la quatrième, Iaô. Le cinquième est Royauté, auprès de la cinquième, Sabaôth. Le sixième est Compréhension, auprès de la sixième, Adôni. Le septième est Sagesse, auprès de la septième, Sabbataiôs.
Ces Puissances possèdent un firmament correspondant à chaque ciel et un éon conçu à la ressemblance des éons primordiaux, sur le modèle des Immortels.
Le blasphème de l’Archonte
Ialdabaôth vit donc la création qui est au-dessous de lui ainsi que la foule des anges qui sont au-dessous de lui et sont issus de lui. Il leur dit : « Je suis un Dieu jaloux ! En dehors de moi il n’en existe point d’autre ! »
Par là, il signifie aux anges qui sont au-dessous de lui qu’il existe un autre Dieu, car s’il n’en existait pas d’autre de qui serait-il jaloux ?
La Sagesse portée
La Mère commença alors à être portée car elle perçut que sa déficience était due au fait que son conjoint n’avait pas été en accord avec elle lorsqu’elle s’était assombrie en perdant sa perfection. Et moi, Jean, de dire : « Ô Christ, que signifie elle fut portée ? » Lui alors rit et dit : « Penserais-tu que ce soit dans le sens où l’a dit Moïse : elle était portée au dessus des eaux ? » Non ! mais voyant le mal et la révolte qui adviendraient de par son fils, elle se repentit, et faisant un va-et-vient dans la ténèbre de l’ignorance elle commença à avoir honte. Elle ne s’aventure pas à l’extérieur mais fait un va-et-vient. Son aller et sa venue c’est ce que signifie « être portée ».
Sagesse est placée dans le neuvième Éon
Lorsque l’impudent Archonte déroba de la puissance à la Mère, il ignorait que ceux qui sont supérieurs à sa Mère sont multitude. Il disait en effet de sa Mère qu’elle seule existait. Voyant la foule immense des anges qu’il a créés il s’exaltait au dessus d’eux. Lorsque la Mèrecomprit que l’avorton de la ténèbre était imparfait parce que son conjoint n’avait pas été d’accord avec elle, elle se repentit. Elle versa d’abondantes larmes. Alors son conjoint entendit la prière de sa repentance. Ses frères intercédèrent en sa faveur et l’Esprit saint invisible fit un signe d’assentiment et ayant fait un signe d’assentiment, l’Esprit invisible répandit sur elle un Esprit venu de la Plénitude. Son conjoint descendit vers elle afin de redresser ses déficiences. C’est avec circonspection qu’il voulut redresser ses déficiences, aussi ce ne fut pas dans son propre Éon qu’elle fut replacée, mais, à cause de l’ignorance extrême qu’elle a manifestée, elle se trouve dans le neuvième éon jusqu’à ce qu’elle ait redressé sa déficience.
L’ENSEIGNEMENT SUR L’HOMME
Manifestation de l’Homme primordial
Et une voix parvint à Sagesse qui disait : « il existe, l’Homme et le fils de l’Homme ». Le premier Archonte Ialdabaôth entendit la voix mais pensait que celle-ci ne venait pas d’en haut. Alors le Père saint et parfait, l’Homme primordial, les instruisit sur lui-même en prenant la forme d’un homme. Le Bienheureux leur manifesta son Idée et l’Archontat entier des sept Puissances se pencha et vit dans l’eau l’empreinte de la ressemblance.
La création de l’homme psychique
Les Puissances se dirent les unes aux autres : « Créons un homme qui soit à la ressemblance de Dieu et à l’apparence ». Elles créèrent leur oeuvre par une action conjointe avec toutes leurs Puissances. Elles modelèrent d’une part un modelage d’après elles-mêmes et chacune des puissances et, à partir de la Puissance, créèrent d’autre part l’âme. Elles créèrent cette âme d’après la ressemblance qu’elles avaient vue, comme une imitation de celui qui existe depuis le commencement, l’Homme parfait. Elles dirent : « Nommons-le Adam afin que le nom de celui-ci et sa puissance deviennent pour nous lumière. »
L’homme psychique est à la ressemblance des Puissances
Et les Puissances procédèrent en commençant par l’intérieur : la première, Divinité, ce qu’elle fit est une âme d’os. La deuxième, Messianité, une âme de nerf. La troisième, « Jalousie », une âme de chair. La quatrième, Pré-pensée (pronoia), une âme de moelle et qui constitue toute l’organisation du corps. La cinquième, Royauté, une âme de sang. La sixième, Compréhension, une âme de peau. La septième, Sagesse, une âme de cheveux. Et c’est ainsi qu' elles organisèrent le corps entier.
Alors leurs anges les assistèrent et réalisèrent à partir de ce qui avait été précédemment préparé par les Puissances comme support de l’âme, l’ordonnancement harmonieux des membres. Et c’est ainsi que fut créé le corps entier, mis en ordre par la multitude des anges dont je t’ai parlé précédemment. Ce corps demeura inerte un long moment car les sept Puissances ne purent le mettre debout pas plus que les trois-cent soixante autres anges qui avaient procédé à l’ordonnancement des membres.
La Puissance de la Mère dérobée par les Puissances est donnée à Adam
Alors la Mère voulut reprendre la puissance qu’elle avait donnée à l’Archonte fruit de son impétuosité Elle sortit en innocence et adressa une supplique au Père de Tous dont la miséricorde est abondante, au Dieu de lumière. Et il envoya, par décision sainte, l’Engendrement-de-lui-même (autogenès) et les quatre luminaires sous l’apparence d’anges du Premier Archonte. Ils lui prodiguèrent des conseils dans le but d’extirper de lui la puissance de la Mère. Ils lui dirent : « Souffle dans son visage de l’esprit qui est en toi et l’oeuvre se mettra debout ! » Il insuffla de son esprit dans celle-ci — c’est-à-dire de la puissance qui vient de la Mère — et son oeuvre se mut aussitôt.
Alors le reste des autorités fut jaloux de Ialdabaoth, car c’était par elles toutes que l’homme avait existé, et elles donnèrent à celui-ci leurs propres puissances. et il devint ainsi possesseur des âmes des sept autorités et de leurs puissances. Sa sagesse devint supérieure à toute la leur et supérieure à celle du Premier Archonte. Adam est entraîné vers la matière Ialdabaoth et ses autorités comprirent que l’homme s’était dépouillé de la méchanceté en devenant plus sage qu’eux et qu’il avait accédé à la lumière. Il le prirent alors et l’entraînèrent vers les régions inférieures de l’immense matière.
L’envoi de la « Pensée d’en haut »
Le bienheureux Père, bienfaiteur miséricordieux, manifesta sa compassion envers cette puissance de la Mère qui avait été soustraite au premier Archonte. afin qu’elle exerce son pouvoir sur le corps Lui, plein de pitié, envoya l’Esprit bienfaisant, comme aide pour celui qui était descendu en premier et qui avait été appelé Adam. Cet Esprit est Pensée-supérieure (Epinoia) de la lumière, celle qu’Adam a nommée « Vie ». C’est elle qui assiste toute créature, peine avec elle, la redresse en vue de la perfection de son propre temple, l’instruit de la descente de sa déficience et lui enseigne sa remontée. Et Pensée-supérieure (Epinoia) de la lumière était cachée en lui afin que les Archontes ne perçoivent pas sa présence, mais que notre soeur la Sagesse qui est semblable à nous corrige ses déficiences grâce à Pensée-supérieure (Epinoia) de la lumière.
Le modelage de l’Adam matériel
L’homme devint donc lumineux à cause de l’ombre de la lumière qui est en lui. Et sa pensée devint supérieure à celle de ses créateurs. Et, s’étant penchés vers lui, ils virent que l’homme leur était devenu supérieur. Ils tinrent alors conseil avec tout le corps angélique des Archontes et le reste de leurs puissances. Alors le « souffle » et la terre furent mélangés à l’eau et à la flamme ; ils les assemblèrent au moyen des quatre vents au souffle brûlant, les unissant ensemble. Provoquant une grande confusion. Ils introduisirent l’homme à l’ombre de la mort. Ils firent donc un remodelage, une nouvelle fois, mais à partir de terre, d’eau, de feu et de souffle, c’est-à-dire à partir de matière, de ténèbre, de désir et d’Esprit contrefait. Le voilà le lien ! Le voilà le tombeau du modelage du corps dont ils ont revêtu l’homme comme d’un lien matériel ! La voilà, la descente primordiale et la séparation primordiale ! Mais l’Unique-pensée (ennoia) de la lumière primordiale qui est en l’homme, voilà celle qui éveille sa pensée !
Le Paradis de l’Archonte
Le premier Archonte prit l’homme et le plaça dans ce Paradis, dont il disait qu’il est délices pour lui, mais c’est afin de le tromper, car leurs délices sont amères, et leur beauté perverse. Leurs délices sont tromperie et leur arbre, impiété. Leur fruit est un poison incurable et leur promesse est mort pour lui.
Les arbres du Paradis
À propos de leur arbre qu’ils ont planté en prétendant qu’ il est l’arbre de la vie, je vous enseignerai le mystère de leur vie. Ce mystère, c’est l’ Esprit contrefait envoyé par eux afin d’égarer l’homme de sorte qu’il ne pense (noein) pas sa perfection. Cet arbre est ainsi fait : Sa racine est amère, ses branches sont ombres de la mort. Son feuillage est haine et tromperie. Son huile est onction de perversité et son fruit désir de la mort. Sa semence ne s’abreuve que d’« obscurité ». Ceux qui goûtent à cet arbre, leur lieu d’habitation est l’Hadès. Quant à l’arbre qu’ils disent être pour connaître le bien et le mal , c’est la Pensée supérieure (Epinoia) de la lumière. C’est à propos de celle-ci qu’ils ont donné le commandement de « ne pas goûter », c’est-à-dire de ne pas lui obéir puisque ce commandement a été édicté contre l’arbre afin que l’homme ne regarde pas en haut, vers sa perfection et qu’il ne comprenne pas qu’il est nu de sa perfection. Mais c’est Moi qui les ai redressés pour qu’ils mangent !
Quel est le rôle du serpent ?
Je lui dis : « Christ ! N’est-ce donc pas le serpent qui a enseigné la femme ? » Il sourit et dit : « C’est le serpent qui lui a enseigné la procréation faite de désir, de souillure et de corruption, car elles sont choses utiles pour lui même ».
Qu’est-ce que l’oubli ?
Et le Premier Archonte sut que Pensée-supérieure de la lumière ne lui obéirait pas parce qu’elle était plus intelligente que lui. Aussi désira-t-il reprendre la puissance qui lui avait été retirée au profit d’Adam. Et il jeta un oubli sur Adam. Je lui dis : « Christ ! qu’est-ce que l’oubli ? » Alors il me dit : « Ne l’interprète pas comme le dit Moïse : « il l’a fait dormir» , mais comprends qu’il voila les sens d’Adam d’un voile et l’appesantit d’insensibilité. Car le Premier Archonte a parlé par la bouche du prophète en disant : « J’appesantirai les oreilles de leur coeur pour qu’ils ne comprennent pas et ne voient pas» ».
Le modelage de la femme
Pensée-supérieure (Epinoia) de la Lumière s’était auparavant cachée en Adam et de par sa volonté, le Grand Archonte désira l’en faire sortir au moyen de la côte. Mais comme Pensée supérieure (Epinoia) de la Lumière est un être insaisissable, l’obscurité, bien qu’elle l’ait poursuivie, ne put la saisir. Le Grand Archonte décida donc de faire sortir la Puissance hors d’Adam en faisant à nouveau un modelage en forme de femme et mit ainsi « cette » femme debout devant Adam. Cela ne se passa donc pas comme l’a dit Moïse : « il prit une côte », mais il fit la femme auprès de lui.
Adam sort de l’oubli et reconnaît Epinoia
À cet instant Adam fut dégrisé de l’ivresse de l’obscurité, car Pensée-supérieure (Epinoia) de la Lumière retira le voile qu’il avait sur le coeur. Aussitôt qu’il connut sa propre essence. Il dit : « Maintenant c’est bien un os de mes os et de la chair de ma chair ! C’est pourquoi, l’Homme quittera son Père et sa Mère, s’unira à sa femme et ils deviendront, eux deux, une chair unique ». — c’est dire que le conjoint de la Mère sera envoyé et que la déficience de celle-ci sera redressée. — C’est pourquoi Adam la nomma « Mère de tous les Vivants ».
Pensée-supérieure instruit Adam
Par décision de la Souveraineté d’en haut et par la révélation qu’elle lui délivra, Pensée supérieure (Epinoia) enseigna à Adam la connaissance. qui provient de l’arbre du même nom, sous la forme d’un aigle. Elle lui apprit à manger la connaissance, afin qu’il se souvienne de sa perfection — car tous deux avaient subi la chute de l’ignorance.
Adam et Pensée-supérieure chassés du Paradis
Yaldabaoth comprit qu’Adam et sa femme s’écartaient de lui, et les maudit. Il ajouta aussi à l’adresse de la femme que son mari la dominerait, sans connaître le mystère qui s’était produit par décision sainte d’en haut. Mais eux eurent peur de le maudire et de manifester son ignorance à tous ses anges. Il les chassa donc du Paradis et il les revêtit d’une morne obscurité.
LA TRIPARTITION DE L’HUMANITÉ
Caïn et Abel
Ialdabaoth vit alors la vierge qui se tenait près d’Adam. Il fut rempli d’ignorance et voulant susciter d’elle une semence, il la souilla et engendra un premier fils, ainsi qu’un deuxième : Yaoué à visage ours et Eloim à visage de chat. L’un est juste et l’autre est injuste. Eloim est le juste et Yaoué l’injuste. Le juste, il l’a établi sur le feu et l’esprit ; l’injuste, il l’a établi sur l’eau et la terre. C’est eux que toutes les générations des hommes ont nommés Caïn et Abel. Jusqu’à aujourd’hui, l’union matrimoniale instituée par le Premier Archonte a existé. Il a semé en Adam un désir sexuel de sorte que la copie à laquelle donne naissance ce désir, à l’instigation de leur « Esprit » contrefait, soit de même nature que celle instituée par l’Archonte. Quant aux deux Archontes Eloeim et Iaoué il les a installés sur des principautés afin qu’ils gouvernent sur le tombeau.
Seth
Adam connut celle qui est de même nature que lui et engendra Seth d’après le modèle de la race qui est en haut dans les éons. C’est de cette façon que la Mère a envoyé celui qui est sien. Pour elle, l’Esprit descendit afin d’éveiller celle qui est de même nature que lui, conçue d’après le modèle de la plénitude, pour qu’à son tour celui-ci éveille les hommes de l’oubli et de la malice du tombeau. Et ainsi Seth demeura un temps. Il oeuvra en faveur de la semence de Pensée-supérieure (Epinoia) afin que lorsque l’Esprit viendra des éons saints il les établisse hors de la déficience de façon à restaurer l’Éon pour qu’il soit dans une perfection sainte, et soit donc sans déficience.
AU SUJET DE L’ÂME
Le sort du parfait
Je dis alors : « Christ ! les âmes de tous les humains vivront-elles dans la lumière pure ? » Il me dit : « Tu es parvenu à penser (ennoia) des choses importantes qu’il est difficile de dévoiler à d’autres qu’à ceux qui appartiennent à cette race inébranlable. »
Ceux sur qui l’Esprit de vie vient après qu’ils se soient unis à la Puissance, seront sauvés et parfaits et seront dignes de monter vers ces grands luminaires. Ils seront en effet dignes d’être purifiés là haut de tout mal et des attirances de la perversité puisqu’ils ne se sont appliqués à rien d’autre qu’à promouvoir ce rassemblement incorruptible. Ils se souciaient de celui-ci sans colère, ni jalousie, ni crainte, ni désir, ni avidité. Ils n’étaient affectés par aucune de ces passions, ni par aucune autre, mais seulement par la chair. pendant qu’ils s’en servent, guettant le moment où ils en sortiront et seront reçus par les contrôleurs dans la dignité de la vie éternelle incorruptible et de l’appel, endurant tout, supportant tout, pour mener à son terme le combat et hériter de la vie éternelle.
Le parfait malgré lui
Je dis : « Christ ! si elles n’ont pas accompli cela, qu’adviendra-t-il des âmes vers lesquelles la Puissance et l’Esprit de vie seront descendus afin de les sauver ? » Il me dit : « Celles en lesquelles cet Esprit entre, en tout état de cause, vivront, car elles sont hors d’atteinte du mal. La Puissance entre en effet en tout homme ; car sans elle il ne pourrait tenir debout. C’est après que l’âme ait été engendrée que lui est amené l’Esprit de vie. Lorsque ce vigoureux Esprit de vie est venu il fortifie la Puissance, c’est-à-dire l’âme, et elle ne s’égare plus vers le mal.
Mais au contraire ceux dans lesquels l’Esprit contrefait descend sont attirés par celui-ci et tombent dans l’erreur. » Je dis alors : « Christ ! Les âmes de ceux-ci, lorsqu’elles sortiront de la chair, où iront elles ? » Il rit et dit : « Vers un lieu destiné à l’âme, c’est-à-dire à la Puissance qui l’a emporté sur l’Esprit contrefait. Cette âme est forte. Elle fuit les oeuvres mauvaises et, grâce à l’incorruptible protection, elle est sauvée et accède au repos des Éons. »
Le sort des non-gnostiques
Je dis alors : « Christ ! Ceux qui n’ont rien connu, qu’en est-il de leurs âmes. Où iront elles ? » Il me dit : « Un Esprit contrefait a multiplié les pressions contre celles-ci quand elles ont trébuché et par cette méthode il accable leur âme, l’oriente vers les oeuvres mauvaises et l’entraîne dans l’oubli. » Ainsi après qu’elle se soit dénudée, l’Esprit contrefait la livre aux Autorités qui relèvent de l’Archonte. A nouveau, ces Autorités les jettent dans des liens et elles tournent avec elles jusqu’à ce qu’elles soient délivrées de l’oubli, que l’âme acquiert la connaissance et atteigne ainsi la perfection et soit sauvée.
Le salut des non-gnostiques
Je dis alors : « Christ ! Comment l’âme peut-elle devenir petite de plus en plus petite ? et retourner dans le sein de la Mère ou de l’Homme ? » Lorsque je l’eus interrogé, il se réjouit et dit : « Bienheureux es-tu d’être capable d’intelligence ! » c’est dans ce but de les délivrer que ces âmes sont remises à l’autre âme que l’Esprit de vie habite. En faisant route avec elle et en lui obéissant, elle est sauvée sans qu’elle ait besoin de retourner dans une autre chair.
Les gnostiques renégats
Je lui dis : Christ ! ceux qui ont accédé à la connaissance puis se sont détournés, que deviennent leurs âmes ? Il me dit : « Elles iront vers le lieu dans lequel les anges de la pauvreté reconduisent ceux pour qui la repentance (métanoia) n’est pas venue et ils y seront gardés en vue du jour de leur châtiment. » Quiconque a blasphémé l’Esprit saint sera torturé dans un châtiment éternel.
L’ORIGINE DE L’ESPRIT CONTREFAIT
L’engendrement de le Fatalité
Je dis alors : « Christ ! D’où est venu l’Esprit contrefait ? »
Il me dit : « Après que la Mère riche en miséricorde assistée de l’Esprit saint miséricordieux qui a peiné avec nous en tant que Pensée-supérieure (épinoia) de la lumière unie à la semence, eut éveillé la pensée des hommes de la race de l’homme parfait, lumière éternelle, le Premier Archonte apprit que cet homme avait été transféré dans les hauteurs de leur sagesse. » Il voulut s’approprier leur plan de salut. Du fait de son ignorance il ne savait pas qu’ils sont plus sages que lui.
Le Premier Archonte élabora un plan avec ses Puissances. Ils engendrèrent Fatalité. et lièrent au moyen de mesure, de temps et de moments, les dieux des cieux, les anges, les démons et les hommes. afin que tous soient pris dans le lien de cette Fatalité qui règne sur chaque chose. — dessein mauvais et pervers ! —
Le Déluge
Et le Premier Archonte se repentit à propos de tout ce qui était venu à l’existence par son action. Il tint conseil en vue de provoquer un déluge sur tout l’édifice humain. Mais la grandeur de Pré-pensée (pronoia) — Pensée-supérieure (épinoia) de-la-Lumière — en instruisit Noé qui l’annonça aux hommes. Mais ils ne le crurent pas. Cela ne se passa pas comme Moïse l’a dit : « Il se cacha dans une arche ». Mais Pensée supérieure le mit à l’abri dans un lieu. Ce n’est pas seulement Noé mais aussi des hommes de la race inébranlable qui allèrent vers un lieu. Ils se mirent à l’abri au moyen d’un nuage de lumière. Et Noé connut la Souveraineté d’en haut lui et ceux qui sont avec lui dans la lumière qui avait brillé pour eux parce que la ténèbre s’était répandue sur tout chose sur la terre.
L’union des anges et des filles des hommes
L’Archonte élabora un plan avec ses anges et ils envoyèrent leurs anges vers les filles des hommes afin de susciter d’elles une progéniture, pour leur plaisir. Et n’y étant pas parvenus la première fois, ils prirent tous la décision de faire l’Esprit contrefait en se remémorant l’Esprit qui était descendu. Alors les anges changèrent « leur » propre apparence en celle de « leurs époux », afin que, passant pour leurs époux, ils remplissent celles-ci de l’esprit qui leur est associé dans la ténèbre qui provient du mal. Ils leur apportèrent de l’or, de l’argent, des présents et des métaux de bronze et de fer et de toutes sortes. Ils les induisirent en tentation afin qu’elles ne se souviennent plus de leur Prépensée (pronoia) inébranlable. Ils les possédèrent et elles enfantèrent des fils issus de la ténèbre, issus de leur Esprit contrefait. Cet Esprit ferma les coeurs de ces fils et ils devinrent durs de la dureté même de l’Esprit contrefait jusqu’à maintenant.
Que soit donc bénie la Mére-Père à l’abondante miséricorde, qui reçoit forme dans sa semence !
PERSPECTIVES D’AVENIR
Je suis d’abord monté vers l’Éon parfait, mais je te dis ces choses (maintenant) pour que tu les mettes par écrit et les transmettes à tes compagnons spirituels en secret, car ce mystère est celui de la race inébranlable. La Mère est descendue une autre fois avant moi, ce qu’elle a fait dans le monde c’est de restaurer sa semence, mais moi je vous enseignerai ce qui adviendra ! En effet je t’ai transmis ces choses pour que tu les écrives et qu’elles soient conservées en sécurité. Il me dit alors : « Maudit soit quiconque échangera ces écrits contre un présent, contre de la nourriture, de la boisson, un vêtement ou autre chose du même genre.
ÉPILOGUE
Aussitôt après avoir confié ce mystère à Jean, le Christ devint invisible pour lui. Alors celui-ci vint vers les disciples, ses compagnons, et commença à leur dire les paroles qui lui avait été dites par le Sauveur. La révélation secrète de Jean.
Bibliothèque copte de Nag Hammadi.
Traduit du Copte par Bernard Barc, université de Laval Québec Canada.
Jean et Arimanias
Cela arriva pendant l’un de ces jours où Jean, frère de Jacques — les fils de Zébédée — était monté à Jérusalem. Alors qu’il était monté au Temple, un pharisien du nom d’Arimanias s’approcha de lui et lui dit : « Où est ton maître, celui que tu suivais ? » Jean lui dit : « Il est retourné dans le lieu d’où il était venu. » Le pharisien lui dit : « Ce nazôréen vous a entraînés dans l’erreur et vous a empli les oreilles de mensonges . Il a fermé vos coeurs et vous a détournés des traditions de vos pères. »
Jean s’interroge sur l’invisible
Lorsque j’entendis ces propos, je me détournai du Temple, me dirigeant vers la montagne, vers un lieu désert. J’étais très affligé en mon coeur et je disais : « Comment le Sauveur a-t-il donc été mandaté ? Pourquoi a-t-il été envoyé dans le monde par son Père qui l’a envoyé ? Qui est son Père ? Et de quelle nature est cet éon vers lequel nous irons ? » Il nous a dit que cet éon où nous sommes avait reçu l’empreinte de cet éon incorruptible où nous irons, mais ne nous a pas instruits 1 de ce dernier en nous disant de quelle nature il était ?
Jean a la vision de l’Invisible
À cet instant, alors que je pensais à cela, les cieux s’ouvrirent, la création entière s’illumina d’une lumière apparue en dessous des cieux et le monde entier fut ébranlé. Je fus effrayé et je me prosternai. Et voici que m’apparut]un enfant, puis il changea d’apparence prenant celle d’un vieillard — en qui il y avait]une lumière. — Je regardai, mais sans comprendre ce prodige. S’agissait-il d’une Idée aux formes multiples — dans la lumière — dont les formes avaient été manifestées les unes par les autres ? Ou bien s’agissait-il d’une Idée unique qui aurait un triple aspect ?
Le triple message du Sauveur
Cette apparition me dit : « Jean, pourquoi es-tu perplexe et es-tu effrayé ? Tu n’es pas étranger à cette Idée. Ne sois pas pusillanime. » « Je suis avec vous en tout temps. Je suis le Père, je suis la Mère, je suis le Fils. Je suis celui qui existe éternellement, celui qui est sans souillure et sans mélange. » « Je suis venu maintenant t’instruire de ce qui est, ce qui a été et ce qui doit advenir afin que tu connaisses les choses invisibles comme les choses visibles, et t’instruire aussi au sujet de l’Homme parfait. « Maintenant donc lève ton visage écoute et écris ce que je te dirai aujourd’hui afin de l’envoyer, toi-même, à tes compagnons spirituels qui sont issus de la race inébranlable de l’Homme parfait. »
ENSEIGNEMENT SUR L’INVISIBLE
L’Esprit-Père : La Monade, c’est l’Esprit-Père.
J’interrogeai alors afin de penser et il me dit : « la Monade étant une monarchie, sur laquelle ne s’exerce aucun pouvoir, — elle est le Dieu et Père de toutes choses, le Saint, l’Invisible établi au-dessus de toute chose, établi dans son Incorruptibilité, établi dans cette lumière pure que que la lumière oculaire ne peut regarder. Il est l’Esprit. — »
Ce que l’Esprit est dans l’Invisible
Il n’est pas convenable de le penser comme dieu ou en des termes similaires, car il est plus qu’un dieu. Il est un pouvoir au dessus duquel n’existe aucun pouvoir, car rien n’existe avant lui.— Il n’a pas non plus besoin de ce qui vient après lui : il n’a pas besoin de « Vie », car il est éternel. — Il n’a pas besoin de quoi que ce soit, car il est imperfectible, dans la mesure où il n’a pas de manque qui le rende perfectible. Il est au contraire totalement parfait en tout temps. — Il est lumière. —
Il est l’illimité car nul n’existe avant lui pour le limiter. Il est l’indistinct car nul n’existe avant lui pour lui imposer une distinction. Il est l’incommensurable car personne d’autre ne l’a mesuré, qui existe avant lui. Il est l’invisible car nul ne l’a vu, lui cet Éternel toujours existant. Il est l’indicible car nul n’existe qui l’appréhende de façon à le dire. Il est l’innommable car il n’est personne qui existe avant lui pour le nommer. — Il est la lumière incommensurable, sans-mélange, sainte et pure, — Il est l’indicible parfait et incorruptible.
L’Esprit n’est pas soumis à la tripartition du réel
Il n’est ni perfection, ni béatitude, ni divinité, mais une réalité supérieure à ces notions. Il n’est ni infini ni limité, mais une réalité supérieure à ces notions. Il n’est ni corporel ni incorporel, ni grand ni petit, et ne peut être quantifié. Il n’est pas une créature. Nul ne peut non plus le penser , car il ne fait partie de rien de ce qui existe, mais est une réalité supérieure à ce qui existe, non du fait de sa supériorité, mais en lui même.
Il ne peut faire partie d’un Éon car le temps n’existe pas pour lui. En effet, celui qui fait partie d’un Éon, d’autres ont préparé cet éon pour lui. Et le temps ne lui a pas été imposé comme mesure puisqu’il n’a pas reçu d’un autre qui le mesure. Et il est sans besoin car il n’y a absolument personne avant lui ; c’est à lui même qu’il adresse ses demandes. — C’est dans la perfection de la lumière, qu'il pensera la lumière sans mélange ! —
Comment l’Esprit se manifeste dans le visible
Majesté incommensurable ! Éternel, dispensateur d’éternité ! Lumière, dispensateur de lumière ! Vie, dispensateur de vie ! Bienheureux, dispensateur de béatitude ! Connaissance, dispensateur de connaissance ! — Éternellement Bon dispensateur de bien, faiseur de bien, non à la mesure de ce qu’il possède mais à la mesure de ce qu’il dispense. Grâce qui dispense une grâce ! Don qui dispense un don ! Lumière incommensurable ! —
La Mère
L’Esprit est la tête des Éons
(Les éons :puissance éternelle émanée de l'Être et rendant possible son action sur les chose. Dictionnaire Larousse)
Que te dirai-je au sujet de cet être insaisissable ? Qu’il est l’Idée de la lumière ! Dans la mesure où je peux le penser. — car qui pourra jamais le penser ! — je pourrai t’en parler en ces termes : Son Éon est incorruptible, en quiétude, se reposant en silence. Lui, l’Esprit existe avant toute chose. Il est la tête de tous les Éons, — Existe-t-il quelque chose d’autre auprès de lui ! Nul d’entre nous ne connaît ce qui concerne cet Incommensurable hormis celui qui a habité en lui. C’est lui qui nous a dit ces choses. C’est Lui qui se pense lui-même dans sa propre lumière qui l’entoure. C’est lui qui est la source d’eau vive, la lumière pleine de pureté.
Barbèlo, manifestation de l’Unique-pensée du Père
La source de l’esprit s’écoula, venant de l’eau vive de la lumière. Et il présida les choeurs de tous les éons et des mondes. En toutes leurs formes il pensa sa propre ressemblance en la contemplant dans l’eau de lumière pure qui l’entoure. Et son unique-pensée devint réalité, se manifesta et se tint devant lui, dans le issue du flamboiement de la lumière. Telle est la puissance antérieure à toutes choses et qui a été manifestée. Telle est la pré-pensée parfaite de toutes choses, à la fois lumière, idée de la lumière et ressemblance de l’invisible.
Telle est la puissance parfaite, l’éon parfait de la gloire glorifiant l’esprit pour l’avoir manifestée. Et le pensant, elle est sa première-pensée, sa ressemblance. Elle devint un homme primordial qui est l’esprit virginal : triple mâle à la triple puissance, triple nom, triple engendrement, éon non vieillissant, androgyne sorti de la pré-pensée de l’esprit.
Les dix Éons du Père
Et Barbèlô demanda à l’Esprit que « lui » soit donnée une Prescience. Et il fit un signe d’assentiment. Lorsqu’il eut fait un signe d’assentiment Prescience se manifesta, se tint auprès d’Unique-pensée, — c’est-à-dire de Pré-pensée (Pronoia), — glorifiant l’Invisible « Esprit » et la Puissance parfaite, Barbèlô, car c’est par son intervention que ces émanations sont venues à l’existence.
À nouveau cette Puissance, (Barbèlô), demanda que lui soit donnée l’incorruptibilité. Et il fit un signe d’assentiment. Lorsqu’il eut fait un signe d’assentiment, Incorruptibilité se manifesta. Elle se tenait auprès d’Unique-pensée (Ennoia) et de Prescience, glorifiant l’Invisible et Barbèlô car c’est par son intervention qu’elle est venue à l’existence.
Elle demanda que lui soit donnée la vie éternelle. Il fit un signe d’assentiment. Lorsqu’il eut fait un signe d’assentiment, Vie-éternelle se manifesta. Et elles se tenaient toutes trois glorifiant l’Esprit et Barbèlô puisque c’est par l’intervention de celle-ci qu’elles sont venues à l’existence, — par la manifestation de cet invisible Esprit. —
Telle est la pentade des Éons du Père qui constitue l’Homme primordial. Telle est la ressemblance de l’Invisible qu’est Barbèlô associée à Unique-pensée (Ennoia), Prescience, Incorruptibilité et Vie-éternelle. Telle est la pentade androgyne qui compose la décade des Éons du Père celle qui constitue le Père inengendré (agénètos).
Le Fils
L’enfantement du Fils dans le silence
Barbèlô regarda intensément vers l’Esprit, vers la lumière pure .Elle se tourna vers elle et enfanta une étincelle de lumière bienheureuse, mais qui ne lui était pas égale en grandeur. Tel est l’Unique-engendré (Monogénè) issu du Père, tel est le Dieu Engendré-de-lui-même (Autogénètos), le Fils premier-engendré (Protogénètos ?) de tous ceux de l’Esprit, de la lumière pure. Alors l’Esprit invisible se réjouit au sujet de la lumière qui était venue à l’existence, qui était apparue dans la première Puissance, sa Pré-pensée (Pronoia), Barbèlô. Et il oignit ce Fils de sa Bonté afin qu’il soit parfait et qu’il n’y ait en lui aucune déficience de Bonté puisqu’il l’a oint de la Bonté. C’est l’Invisible Esprit qui a versé sur lui (cette Bonté). Et le Fils reçut l’onction de l’Esprit virginal et se tint en sa présence glorifiant l’invisible Esprit par qui il a été manifesté et la Pré-pensée (Pronoia) parfaite.
Du silence à la Parole
Et le Fils demanda que lui soit donné « un partenaire », l’intellect (Noûs). L’invisible Esprit fit un signe d’assentiment et Intellect (Noûs) se manifesta à lui et se tint auprès du Christ glorifiant l’invisible Esprit ainsi que Barbèlô. Toutes (les oeuvres qui précèdent) ont été produites en silence et en Unique-pensée (Ennoia). L’invisible Esprit voulut alors faire une oeuvre. Sa Volonté devint une oeuvre, elle se manifesta et se tint auprès d’Intellect (Noûs) — et de la Lumière, — le glorifiant. Le Verbe suivit la Volonté, car c’est par le Verbe que le Christ a créé toute chose, lui le Dieu Engendrement-de-lui-même (Autogénès).
Quant à Vie éternelle et Volonté ainsi qu’Intellect (noûs) et Prescience ils se tinrent glorifiant l’invisible Esprit et Barbèlô car c’est d’elle qu’ils sont issus.
Le Christ est institué comme médiateur
Donc le Fils atteignit la perfection par l’intervention de l’Esprit. — Lui le Dieu Engendrement-de-lui-même (autogénès) éternel, Fils de Barbèlô, lui qui s’est tenu en présence de l’Esprit invisible éternel et virginal, — Lui le Dieu Engendrement-de-lui-même (autogénès), le Christ, que l’Esprit avait magnifiquement honoré parce qu’il était issu de sa Première-Pensée (Protennoia),
— Lui que l’invisible Esprit a établi comme Dieu sur le Tout, Dieu véritable. L’Esprit lui donna tout pouvoir et fit en sorte que la Vérité qui est en lui lui fut soumise afin qu’il pense (noeîn) toutes choses lui dont le nom ne sera dit qu’à ceux qui en sont dignes.
La Tétrade des Luminaires
C’est de la lumière — qu’est le Christ — et de l’Incorruptibilité, par « le don » de l’Esprit, que les quatre grands luminaires furent manifestés hors du Dieu Engendrement-de-lui-même (autogénès) pour se tenir auprès du Fils en tant que triade composée de Volonté, Uniquepensée (Ennoia) et Vie, alors que la tétrade est composée de Grâce, Compréhension, Perception et Sagacité.
Les douze Éons du Fils
La Grâce du premier luminaire Armozèl, l’ange de lumière, est dans le premier éon ; avec lui sont trois éons : Grâce, Vérité, et Forme.
Le deuxième luminaire, [Oro]iaèl, a été établi sur le deuxième éon ; avec lui sont trois éons : Pré-pensée (Pronoia), Perception, et Mémoire. Le troisième luminaire, Daveithé, a été établi sur le troisième éon ; avec lui sont trois éons : Compréhension, Amour et Idée.
Quant au quatrième luminaire, Elèlèth, il a été établi sur le quatrième éon]; 5 avec lui sonttrois éons : Perfection, Paix et Sagesse.
Tels sont les quatre luminaires qui se tiennent auprès du Dieu Engendreur-de-lui-même(autogénétôr). Tels sont les douze éons qui assistent l’Enfant, le grand Christ Engendreur-de-lui-même (autogénétôr), par le bon vouloir du divin Esprit invisible. Ces douze éons sont ceux du Fils, de l’Engendré-de-lui-même (autogénétos) par qui toutes choses ont été établies par la volonté de l’Esprit saint, par l’intermédiaire de l’Engendrement-de-lui-même (autogénès).
Le Modèle de l’humanité
La manifestation de l’Homme parfait
C’est de la Prescience et de l’Intellect parfait, « par le don et » le bon vouloir du grand Esprit invisible et le bon vouloirde l’Engendrement-de-lui-même autogénès) que provient l’Homme parfait véritable, le premier manifesté. L’Esprit l’appela Adam. Et il l’installa sur le premier éon, près du grand Dieu, le Christ Engendreur-de-lui-même (autogéné) auprès du premier éon d’Armozel. accompagné de ses puissances. Et l’Esprit invisible lui donna une puissance intellectuelle (noéron) invincible. L’Homme parfait dit alors : « Je glorifie et bénis l’Esprit invisible ». « C’est par toi que tout a existé et vers toi que tout retourne.
Je te bénis, Toi, l’Engendrement-de-lui-même (Autogénès) et les Éons,
Triade, Père, Mère et Fils, Puissance parfaite ! »
Le modèle de l’humanité séthienne
(Seth: le remplaçant,) patriarche biblique, troisième fils d'Adam et d'Eve.
Et l’Homme parfait installa son fils Seth sur le deuxième éon près du deuxième lumi naire Oro]iaèl. Dans le troisième éon fut installée la semence de Seth, — les âmes des saints qui sont éternelles — dans le troisième luminaire, Daveithaï. Dans le quatrième éon enfin furent installées les âmes de ceux qui ont eu connaissance de leur perfection et n’ont pas été prompts à se repentir, mais sont restés temporairement dans cet état puis se sont finalement repentis. C’est auprès du quatrième luminaire, Elèlèth, que ceux-là resteront, lui qui se les est adjoints pour la glorification de l’invisible Esprit.
ENSEIGNEMENT SUR LE MONDE ARCHONTIQUE
L’impétuosité de la Sagesse
Donc, Notre consoeur la Sagesse — qui est un éon — conçut une pensée de son propre chef. Pensant l’Esprit et la Prescience, elle voulut en manifester l’Idée par elle-même sans que l’Esprit se soit levé avec elle pour l’assister, sans même qu’il ait fait un signe d’assentiment, sans même que son conjoint, le virginal Esprit mâle, ait donné son consentement.
C’est donc sans avoir trouvé celui qui parle d’une seule voix avec elle qu’elle donnera son consentement ; c’est sans le bon vouloir de l’Esprit et sans que celui qui parle d’une seule voix avec elle n’en ait eu connaissance qu’elle s’élança au dehors. À cause de l’impétuosité qui est en elle, sa pensée ne pouvait être inopérante. Alors son oeuvre sortit, imparfaite, laide d’aspect, parce qu’elle l’avait faite sans son conjoint. Et (cette oeuvre) n’était pas non plus à la ressemblance maternelle mais d’une forme autre.
La Sagesse installe Ialdabaoth comme démiurge
La Sagesse vit, à la réflexion, que son oeuvre était l’empreinte d’une autre forme — avec une face de serpent et une face de lion et des « yeux » brillants de feu. — Alors elle la chassa loin d’elle, hors de ces lieux, afin qu’ aucun des Immortels ne la voient parce qu’elle l’avait enfantée par ignorance. Elle jumela son oeuvre à une nuée lumineuse. et plaça au milieu de la nuée un trône afin que nul ne voit cette oeuvre excepté l’Esprit saint que l’on nomme « Vie », la mère de tous. Et elle lui donna son nom : « Ialdabaôth ». C’est lui le Premier Archonte. C’est lui qui déroba une grande puissance à la Mère.
Ialdabaoth se fabrique son propre Éon
Il s’écarta d’elle, s’éloigna du lieu de sa naissance, s’empara d’un autre lieu et se créa unéon flamboyant d’un feu lumineux, celui dans lequel il se tient maintenant.
Les puissances du monde inférieur
Alors il s’accoupla avec la folie (aponoia) qui l’accompagne, et engendra les autorités qui lui sont inférieures, douze anges affectés chacun à son éon propre, conformément au modèle des éons impérissables. Et il créa pour chacun des douze anges, 12 sept anges. et pour ces anges, 13 trois puissances, de sorte que le total de ceux qui lui sont inférieurs est de trois cent soixante êtres angéliques, auxquels s’ajoute sa 16 triple puissance conçue à la ressemblance du premier modèle qui existe avant lui.
Les noms doubles des douze premiers anges
En conséquence, lorsque ces autorités ont été manifestées par l’Engendreur principal, Premier Archonte de la ténèbre, c’est de l’ignorance de celui qui les a engendrées qu’elles ont reçu leur nom. Le premier nom est Iaôth. Le deuxième est Hermas, « l’oeil du feu ». Le troisième est Galila. Le quatrième est Iôbêl. Le cinquième est Adônaios. Le sixième est Sabaôth. Le septième est Kaïnan et Kaê, celui que l’on nomme Kaïn, c’est-à-dire le soleil. Le huitième est Abiressiné. Le neuvième est Iôbêl. Le dixième est Harmoupiaêl. Le onzième est Adônin. Le douzième est Bélias.
Tous ces autorités ont donc des noms différents qui leur viennent de la convoitise et la colère. Mais ce sont des noms différents doubles qui ont été donnés à celles-ci et leurs seconds noms leur ont été donnés par la gloire du ciel, et manifestent véritablement leur nature. Et Saklas les a appelés des noms qui précèdent mélangeant de la folie à leur puissance. Par ces derniers, par moments, ils déclinent et s’affaiblissent. Par les autres, au contraire, ils acquièrent force et croissent.
Sept anges règnent sur les cieux et cinq sur le Chaos
Et le Premier Archonte commanda à sept rois de régner sur les cieux et aux cinq autres de régner sur le Chaos infernal.
Les noms de gloire de ceux qui dominent sur les sept cieux sont les suivants : Le premier est Iaôth à l’aspect de lion. Le deuxième est Elôaios à l’aspect d' âne. Le troisième est Astaphaios à l’aspect de hyène. Le quatrième est Iaô à l’aspect de serpent à sept têtes. Le cinquième est Adônaios à l’aspect de dragon. Le sixième est Adôni à l’aspect de singe. Le septième est Sabbataios à l’aspect de flamme de feu lumineux. Telle est l’hebdomade du Sabbat ! Tels sont ceux qui gouvernent le monde !
De la hiérarchie du monde archontique
Quant à Ialdabaôth Saklas, lui qui s’identifie à cette forme multiple de sorte qu’il se manifeste lui-même en tout visage en fonction de son désir, il a réparti entre eux une portion du feu qui est sien et de sa puissance. Mais de cette lumière pure de la Puissance qu’il a dérobée à la Mère, il ne leur en a pas donné. C’est ainsi qu’il a été pour eux un Christ, à cause de la gloire qui est en lui, et qui lui vient de la puissance de la lumière de la Mère. C’est pour cette raison qu’il s’est fait lui-même proclamer Dieu, se montrant ainsi désobéissant envers l’entité dont il était issu.
Les noms doubles des sept Puissances
Et Ialdabaôth jumela aux Puissances sept Pouvoirs. Par sa parole ils existèrent. Et il leur donna un nom. Il installa les Puissances en commençant par le haut :
Le premier Pouvoir donc est Pré-pensée (pronoia), auprès de la première Puissance, Iaôth. Le deuxième est Divinité, auprès de la deuxième, Eloaiôs. Le troisième est Messianité, auprès de la troisième, Astaphaiôs. Le quatrième est Jalousie, auprès de la quatrième, Iaô. Le cinquième est Royauté, auprès de la cinquième, Sabaôth. Le sixième est Compréhension, auprès de la sixième, Adôni. Le septième est Sagesse, auprès de la septième, Sabbataiôs.
Ces Puissances possèdent un firmament correspondant à chaque ciel et un éon conçu à la ressemblance des éons primordiaux, sur le modèle des Immortels.
Le blasphème de l’Archonte
Ialdabaôth vit donc la création qui est au-dessous de lui ainsi que la foule des anges qui sont au-dessous de lui et sont issus de lui. Il leur dit : « Je suis un Dieu jaloux ! En dehors de moi il n’en existe point d’autre ! »
Par là, il signifie aux anges qui sont au-dessous de lui qu’il existe un autre Dieu, car s’il n’en existait pas d’autre de qui serait-il jaloux ?
La Sagesse portée
La Mère commença alors à être portée car elle perçut que sa déficience était due au fait que son conjoint n’avait pas été en accord avec elle lorsqu’elle s’était assombrie en perdant sa perfection. Et moi, Jean, de dire : « Ô Christ, que signifie elle fut portée ? » Lui alors rit et dit : « Penserais-tu que ce soit dans le sens où l’a dit Moïse : elle était portée au dessus des eaux ? » Non ! mais voyant le mal et la révolte qui adviendraient de par son fils, elle se repentit, et faisant un va-et-vient dans la ténèbre de l’ignorance elle commença à avoir honte. Elle ne s’aventure pas à l’extérieur mais fait un va-et-vient. Son aller et sa venue c’est ce que signifie « être portée ».
Sagesse est placée dans le neuvième Éon
Lorsque l’impudent Archonte déroba de la puissance à la Mère, il ignorait que ceux qui sont supérieurs à sa Mère sont multitude. Il disait en effet de sa Mère qu’elle seule existait. Voyant la foule immense des anges qu’il a créés il s’exaltait au dessus d’eux. Lorsque la Mèrecomprit que l’avorton de la ténèbre était imparfait parce que son conjoint n’avait pas été d’accord avec elle, elle se repentit. Elle versa d’abondantes larmes. Alors son conjoint entendit la prière de sa repentance. Ses frères intercédèrent en sa faveur et l’Esprit saint invisible fit un signe d’assentiment et ayant fait un signe d’assentiment, l’Esprit invisible répandit sur elle un Esprit venu de la Plénitude. Son conjoint descendit vers elle afin de redresser ses déficiences. C’est avec circonspection qu’il voulut redresser ses déficiences, aussi ce ne fut pas dans son propre Éon qu’elle fut replacée, mais, à cause de l’ignorance extrême qu’elle a manifestée, elle se trouve dans le neuvième éon jusqu’à ce qu’elle ait redressé sa déficience.
L’ENSEIGNEMENT SUR L’HOMME
Manifestation de l’Homme primordial
Et une voix parvint à Sagesse qui disait : « il existe, l’Homme et le fils de l’Homme ». Le premier Archonte Ialdabaôth entendit la voix mais pensait que celle-ci ne venait pas d’en haut. Alors le Père saint et parfait, l’Homme primordial, les instruisit sur lui-même en prenant la forme d’un homme. Le Bienheureux leur manifesta son Idée et l’Archontat entier des sept Puissances se pencha et vit dans l’eau l’empreinte de la ressemblance.
La création de l’homme psychique
Les Puissances se dirent les unes aux autres : « Créons un homme qui soit à la ressemblance de Dieu et à l’apparence ». Elles créèrent leur oeuvre par une action conjointe avec toutes leurs Puissances. Elles modelèrent d’une part un modelage d’après elles-mêmes et chacune des puissances et, à partir de la Puissance, créèrent d’autre part l’âme. Elles créèrent cette âme d’après la ressemblance qu’elles avaient vue, comme une imitation de celui qui existe depuis le commencement, l’Homme parfait. Elles dirent : « Nommons-le Adam afin que le nom de celui-ci et sa puissance deviennent pour nous lumière. »
L’homme psychique est à la ressemblance des Puissances
Et les Puissances procédèrent en commençant par l’intérieur : la première, Divinité, ce qu’elle fit est une âme d’os. La deuxième, Messianité, une âme de nerf. La troisième, « Jalousie », une âme de chair. La quatrième, Pré-pensée (pronoia), une âme de moelle et qui constitue toute l’organisation du corps. La cinquième, Royauté, une âme de sang. La sixième, Compréhension, une âme de peau. La septième, Sagesse, une âme de cheveux. Et c’est ainsi qu' elles organisèrent le corps entier.
Alors leurs anges les assistèrent et réalisèrent à partir de ce qui avait été précédemment préparé par les Puissances comme support de l’âme, l’ordonnancement harmonieux des membres. Et c’est ainsi que fut créé le corps entier, mis en ordre par la multitude des anges dont je t’ai parlé précédemment. Ce corps demeura inerte un long moment car les sept Puissances ne purent le mettre debout pas plus que les trois-cent soixante autres anges qui avaient procédé à l’ordonnancement des membres.
La Puissance de la Mère dérobée par les Puissances est donnée à Adam
Alors la Mère voulut reprendre la puissance qu’elle avait donnée à l’Archonte fruit de son impétuosité Elle sortit en innocence et adressa une supplique au Père de Tous dont la miséricorde est abondante, au Dieu de lumière. Et il envoya, par décision sainte, l’Engendrement-de-lui-même (autogenès) et les quatre luminaires sous l’apparence d’anges du Premier Archonte. Ils lui prodiguèrent des conseils dans le but d’extirper de lui la puissance de la Mère. Ils lui dirent : « Souffle dans son visage de l’esprit qui est en toi et l’oeuvre se mettra debout ! » Il insuffla de son esprit dans celle-ci — c’est-à-dire de la puissance qui vient de la Mère — et son oeuvre se mut aussitôt.
Alors le reste des autorités fut jaloux de Ialdabaoth, car c’était par elles toutes que l’homme avait existé, et elles donnèrent à celui-ci leurs propres puissances. et il devint ainsi possesseur des âmes des sept autorités et de leurs puissances. Sa sagesse devint supérieure à toute la leur et supérieure à celle du Premier Archonte. Adam est entraîné vers la matière Ialdabaoth et ses autorités comprirent que l’homme s’était dépouillé de la méchanceté en devenant plus sage qu’eux et qu’il avait accédé à la lumière. Il le prirent alors et l’entraînèrent vers les régions inférieures de l’immense matière.
L’envoi de la « Pensée d’en haut »
Le bienheureux Père, bienfaiteur miséricordieux, manifesta sa compassion envers cette puissance de la Mère qui avait été soustraite au premier Archonte. afin qu’elle exerce son pouvoir sur le corps Lui, plein de pitié, envoya l’Esprit bienfaisant, comme aide pour celui qui était descendu en premier et qui avait été appelé Adam. Cet Esprit est Pensée-supérieure (Epinoia) de la lumière, celle qu’Adam a nommée « Vie ». C’est elle qui assiste toute créature, peine avec elle, la redresse en vue de la perfection de son propre temple, l’instruit de la descente de sa déficience et lui enseigne sa remontée. Et Pensée-supérieure (Epinoia) de la lumière était cachée en lui afin que les Archontes ne perçoivent pas sa présence, mais que notre soeur la Sagesse qui est semblable à nous corrige ses déficiences grâce à Pensée-supérieure (Epinoia) de la lumière.
Le modelage de l’Adam matériel
L’homme devint donc lumineux à cause de l’ombre de la lumière qui est en lui. Et sa pensée devint supérieure à celle de ses créateurs. Et, s’étant penchés vers lui, ils virent que l’homme leur était devenu supérieur. Ils tinrent alors conseil avec tout le corps angélique des Archontes et le reste de leurs puissances. Alors le « souffle » et la terre furent mélangés à l’eau et à la flamme ; ils les assemblèrent au moyen des quatre vents au souffle brûlant, les unissant ensemble. Provoquant une grande confusion. Ils introduisirent l’homme à l’ombre de la mort. Ils firent donc un remodelage, une nouvelle fois, mais à partir de terre, d’eau, de feu et de souffle, c’est-à-dire à partir de matière, de ténèbre, de désir et d’Esprit contrefait. Le voilà le lien ! Le voilà le tombeau du modelage du corps dont ils ont revêtu l’homme comme d’un lien matériel ! La voilà, la descente primordiale et la séparation primordiale ! Mais l’Unique-pensée (ennoia) de la lumière primordiale qui est en l’homme, voilà celle qui éveille sa pensée !
Le Paradis de l’Archonte
Le premier Archonte prit l’homme et le plaça dans ce Paradis, dont il disait qu’il est délices pour lui, mais c’est afin de le tromper, car leurs délices sont amères, et leur beauté perverse. Leurs délices sont tromperie et leur arbre, impiété. Leur fruit est un poison incurable et leur promesse est mort pour lui.
Les arbres du Paradis
À propos de leur arbre qu’ils ont planté en prétendant qu’ il est l’arbre de la vie, je vous enseignerai le mystère de leur vie. Ce mystère, c’est l’ Esprit contrefait envoyé par eux afin d’égarer l’homme de sorte qu’il ne pense (noein) pas sa perfection. Cet arbre est ainsi fait : Sa racine est amère, ses branches sont ombres de la mort. Son feuillage est haine et tromperie. Son huile est onction de perversité et son fruit désir de la mort. Sa semence ne s’abreuve que d’« obscurité ». Ceux qui goûtent à cet arbre, leur lieu d’habitation est l’Hadès. Quant à l’arbre qu’ils disent être pour connaître le bien et le mal , c’est la Pensée supérieure (Epinoia) de la lumière. C’est à propos de celle-ci qu’ils ont donné le commandement de « ne pas goûter », c’est-à-dire de ne pas lui obéir puisque ce commandement a été édicté contre l’arbre afin que l’homme ne regarde pas en haut, vers sa perfection et qu’il ne comprenne pas qu’il est nu de sa perfection. Mais c’est Moi qui les ai redressés pour qu’ils mangent !
Quel est le rôle du serpent ?
Je lui dis : « Christ ! N’est-ce donc pas le serpent qui a enseigné la femme ? » Il sourit et dit : « C’est le serpent qui lui a enseigné la procréation faite de désir, de souillure et de corruption, car elles sont choses utiles pour lui même ».
Qu’est-ce que l’oubli ?
Et le Premier Archonte sut que Pensée-supérieure de la lumière ne lui obéirait pas parce qu’elle était plus intelligente que lui. Aussi désira-t-il reprendre la puissance qui lui avait été retirée au profit d’Adam. Et il jeta un oubli sur Adam. Je lui dis : « Christ ! qu’est-ce que l’oubli ? » Alors il me dit : « Ne l’interprète pas comme le dit Moïse : « il l’a fait dormir» , mais comprends qu’il voila les sens d’Adam d’un voile et l’appesantit d’insensibilité. Car le Premier Archonte a parlé par la bouche du prophète en disant : « J’appesantirai les oreilles de leur coeur pour qu’ils ne comprennent pas et ne voient pas» ».
Le modelage de la femme
Pensée-supérieure (Epinoia) de la Lumière s’était auparavant cachée en Adam et de par sa volonté, le Grand Archonte désira l’en faire sortir au moyen de la côte. Mais comme Pensée supérieure (Epinoia) de la Lumière est un être insaisissable, l’obscurité, bien qu’elle l’ait poursuivie, ne put la saisir. Le Grand Archonte décida donc de faire sortir la Puissance hors d’Adam en faisant à nouveau un modelage en forme de femme et mit ainsi « cette » femme debout devant Adam. Cela ne se passa donc pas comme l’a dit Moïse : « il prit une côte », mais il fit la femme auprès de lui.
Adam sort de l’oubli et reconnaît Epinoia
À cet instant Adam fut dégrisé de l’ivresse de l’obscurité, car Pensée-supérieure (Epinoia) de la Lumière retira le voile qu’il avait sur le coeur. Aussitôt qu’il connut sa propre essence. Il dit : « Maintenant c’est bien un os de mes os et de la chair de ma chair ! C’est pourquoi, l’Homme quittera son Père et sa Mère, s’unira à sa femme et ils deviendront, eux deux, une chair unique ». — c’est dire que le conjoint de la Mère sera envoyé et que la déficience de celle-ci sera redressée. — C’est pourquoi Adam la nomma « Mère de tous les Vivants ».
Pensée-supérieure instruit Adam
Par décision de la Souveraineté d’en haut et par la révélation qu’elle lui délivra, Pensée supérieure (Epinoia) enseigna à Adam la connaissance. qui provient de l’arbre du même nom, sous la forme d’un aigle. Elle lui apprit à manger la connaissance, afin qu’il se souvienne de sa perfection — car tous deux avaient subi la chute de l’ignorance.
Adam et Pensée-supérieure chassés du Paradis
Yaldabaoth comprit qu’Adam et sa femme s’écartaient de lui, et les maudit. Il ajouta aussi à l’adresse de la femme que son mari la dominerait, sans connaître le mystère qui s’était produit par décision sainte d’en haut. Mais eux eurent peur de le maudire et de manifester son ignorance à tous ses anges. Il les chassa donc du Paradis et il les revêtit d’une morne obscurité.
LA TRIPARTITION DE L’HUMANITÉ
Caïn et Abel
Ialdabaoth vit alors la vierge qui se tenait près d’Adam. Il fut rempli d’ignorance et voulant susciter d’elle une semence, il la souilla et engendra un premier fils, ainsi qu’un deuxième : Yaoué à visage ours et Eloim à visage de chat. L’un est juste et l’autre est injuste. Eloim est le juste et Yaoué l’injuste. Le juste, il l’a établi sur le feu et l’esprit ; l’injuste, il l’a établi sur l’eau et la terre. C’est eux que toutes les générations des hommes ont nommés Caïn et Abel. Jusqu’à aujourd’hui, l’union matrimoniale instituée par le Premier Archonte a existé. Il a semé en Adam un désir sexuel de sorte que la copie à laquelle donne naissance ce désir, à l’instigation de leur « Esprit » contrefait, soit de même nature que celle instituée par l’Archonte. Quant aux deux Archontes Eloeim et Iaoué il les a installés sur des principautés afin qu’ils gouvernent sur le tombeau.
Seth
Adam connut celle qui est de même nature que lui et engendra Seth d’après le modèle de la race qui est en haut dans les éons. C’est de cette façon que la Mère a envoyé celui qui est sien. Pour elle, l’Esprit descendit afin d’éveiller celle qui est de même nature que lui, conçue d’après le modèle de la plénitude, pour qu’à son tour celui-ci éveille les hommes de l’oubli et de la malice du tombeau. Et ainsi Seth demeura un temps. Il oeuvra en faveur de la semence de Pensée-supérieure (Epinoia) afin que lorsque l’Esprit viendra des éons saints il les établisse hors de la déficience de façon à restaurer l’Éon pour qu’il soit dans une perfection sainte, et soit donc sans déficience.
AU SUJET DE L’ÂME
Le sort du parfait
Je dis alors : « Christ ! les âmes de tous les humains vivront-elles dans la lumière pure ? » Il me dit : « Tu es parvenu à penser (ennoia) des choses importantes qu’il est difficile de dévoiler à d’autres qu’à ceux qui appartiennent à cette race inébranlable. »
Ceux sur qui l’Esprit de vie vient après qu’ils se soient unis à la Puissance, seront sauvés et parfaits et seront dignes de monter vers ces grands luminaires. Ils seront en effet dignes d’être purifiés là haut de tout mal et des attirances de la perversité puisqu’ils ne se sont appliqués à rien d’autre qu’à promouvoir ce rassemblement incorruptible. Ils se souciaient de celui-ci sans colère, ni jalousie, ni crainte, ni désir, ni avidité. Ils n’étaient affectés par aucune de ces passions, ni par aucune autre, mais seulement par la chair. pendant qu’ils s’en servent, guettant le moment où ils en sortiront et seront reçus par les contrôleurs dans la dignité de la vie éternelle incorruptible et de l’appel, endurant tout, supportant tout, pour mener à son terme le combat et hériter de la vie éternelle.
Le parfait malgré lui
Je dis : « Christ ! si elles n’ont pas accompli cela, qu’adviendra-t-il des âmes vers lesquelles la Puissance et l’Esprit de vie seront descendus afin de les sauver ? » Il me dit : « Celles en lesquelles cet Esprit entre, en tout état de cause, vivront, car elles sont hors d’atteinte du mal. La Puissance entre en effet en tout homme ; car sans elle il ne pourrait tenir debout. C’est après que l’âme ait été engendrée que lui est amené l’Esprit de vie. Lorsque ce vigoureux Esprit de vie est venu il fortifie la Puissance, c’est-à-dire l’âme, et elle ne s’égare plus vers le mal.
Mais au contraire ceux dans lesquels l’Esprit contrefait descend sont attirés par celui-ci et tombent dans l’erreur. » Je dis alors : « Christ ! Les âmes de ceux-ci, lorsqu’elles sortiront de la chair, où iront elles ? » Il rit et dit : « Vers un lieu destiné à l’âme, c’est-à-dire à la Puissance qui l’a emporté sur l’Esprit contrefait. Cette âme est forte. Elle fuit les oeuvres mauvaises et, grâce à l’incorruptible protection, elle est sauvée et accède au repos des Éons. »
Le sort des non-gnostiques
Je dis alors : « Christ ! Ceux qui n’ont rien connu, qu’en est-il de leurs âmes. Où iront elles ? » Il me dit : « Un Esprit contrefait a multiplié les pressions contre celles-ci quand elles ont trébuché et par cette méthode il accable leur âme, l’oriente vers les oeuvres mauvaises et l’entraîne dans l’oubli. » Ainsi après qu’elle se soit dénudée, l’Esprit contrefait la livre aux Autorités qui relèvent de l’Archonte. A nouveau, ces Autorités les jettent dans des liens et elles tournent avec elles jusqu’à ce qu’elles soient délivrées de l’oubli, que l’âme acquiert la connaissance et atteigne ainsi la perfection et soit sauvée.
Le salut des non-gnostiques
Je dis alors : « Christ ! Comment l’âme peut-elle devenir petite de plus en plus petite ? et retourner dans le sein de la Mère ou de l’Homme ? » Lorsque je l’eus interrogé, il se réjouit et dit : « Bienheureux es-tu d’être capable d’intelligence ! » c’est dans ce but de les délivrer que ces âmes sont remises à l’autre âme que l’Esprit de vie habite. En faisant route avec elle et en lui obéissant, elle est sauvée sans qu’elle ait besoin de retourner dans une autre chair.
Les gnostiques renégats
Je lui dis : Christ ! ceux qui ont accédé à la connaissance puis se sont détournés, que deviennent leurs âmes ? Il me dit : « Elles iront vers le lieu dans lequel les anges de la pauvreté reconduisent ceux pour qui la repentance (métanoia) n’est pas venue et ils y seront gardés en vue du jour de leur châtiment. » Quiconque a blasphémé l’Esprit saint sera torturé dans un châtiment éternel.
L’ORIGINE DE L’ESPRIT CONTREFAIT
L’engendrement de le Fatalité
Je dis alors : « Christ ! D’où est venu l’Esprit contrefait ? »
Il me dit : « Après que la Mère riche en miséricorde assistée de l’Esprit saint miséricordieux qui a peiné avec nous en tant que Pensée-supérieure (épinoia) de la lumière unie à la semence, eut éveillé la pensée des hommes de la race de l’homme parfait, lumière éternelle, le Premier Archonte apprit que cet homme avait été transféré dans les hauteurs de leur sagesse. » Il voulut s’approprier leur plan de salut. Du fait de son ignorance il ne savait pas qu’ils sont plus sages que lui.
Le Premier Archonte élabora un plan avec ses Puissances. Ils engendrèrent Fatalité. et lièrent au moyen de mesure, de temps et de moments, les dieux des cieux, les anges, les démons et les hommes. afin que tous soient pris dans le lien de cette Fatalité qui règne sur chaque chose. — dessein mauvais et pervers ! —
Le Déluge
Et le Premier Archonte se repentit à propos de tout ce qui était venu à l’existence par son action. Il tint conseil en vue de provoquer un déluge sur tout l’édifice humain. Mais la grandeur de Pré-pensée (pronoia) — Pensée-supérieure (épinoia) de-la-Lumière — en instruisit Noé qui l’annonça aux hommes. Mais ils ne le crurent pas. Cela ne se passa pas comme Moïse l’a dit : « Il se cacha dans une arche ». Mais Pensée supérieure le mit à l’abri dans un lieu. Ce n’est pas seulement Noé mais aussi des hommes de la race inébranlable qui allèrent vers un lieu. Ils se mirent à l’abri au moyen d’un nuage de lumière. Et Noé connut la Souveraineté d’en haut lui et ceux qui sont avec lui dans la lumière qui avait brillé pour eux parce que la ténèbre s’était répandue sur tout chose sur la terre.
L’union des anges et des filles des hommes
L’Archonte élabora un plan avec ses anges et ils envoyèrent leurs anges vers les filles des hommes afin de susciter d’elles une progéniture, pour leur plaisir. Et n’y étant pas parvenus la première fois, ils prirent tous la décision de faire l’Esprit contrefait en se remémorant l’Esprit qui était descendu. Alors les anges changèrent « leur » propre apparence en celle de « leurs époux », afin que, passant pour leurs époux, ils remplissent celles-ci de l’esprit qui leur est associé dans la ténèbre qui provient du mal. Ils leur apportèrent de l’or, de l’argent, des présents et des métaux de bronze et de fer et de toutes sortes. Ils les induisirent en tentation afin qu’elles ne se souviennent plus de leur Prépensée (pronoia) inébranlable. Ils les possédèrent et elles enfantèrent des fils issus de la ténèbre, issus de leur Esprit contrefait. Cet Esprit ferma les coeurs de ces fils et ils devinrent durs de la dureté même de l’Esprit contrefait jusqu’à maintenant.
Que soit donc bénie la Mére-Père à l’abondante miséricorde, qui reçoit forme dans sa semence !
PERSPECTIVES D’AVENIR
Je suis d’abord monté vers l’Éon parfait, mais je te dis ces choses (maintenant) pour que tu les mettes par écrit et les transmettes à tes compagnons spirituels en secret, car ce mystère est celui de la race inébranlable. La Mère est descendue une autre fois avant moi, ce qu’elle a fait dans le monde c’est de restaurer sa semence, mais moi je vous enseignerai ce qui adviendra ! En effet je t’ai transmis ces choses pour que tu les écrives et qu’elles soient conservées en sécurité. Il me dit alors : « Maudit soit quiconque échangera ces écrits contre un présent, contre de la nourriture, de la boisson, un vêtement ou autre chose du même genre.
ÉPILOGUE
Aussitôt après avoir confié ce mystère à Jean, le Christ devint invisible pour lui. Alors celui-ci vint vers les disciples, ses compagnons, et commença à leur dire les paroles qui lui avait été dites par le Sauveur. La révélation secrète de Jean.
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