BOUDDHISME ET CHAN (ZEN)
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BOUDDHISME ET CHAN (ZEN)
BOUDDHISME ET CHAN (ZEN)
Le bouddhisme (l'une des principales religions du monde), fondé sur les enseignements de Bouddha, apparaît au nord de l'Inde.
Il y aurait 361 985 000 bouddhistes (56% mahayana, 38% theravada et 6% [ltr]lamaïstes[/ltr]) à travers le monde.
Le bouddhisme compterait près de 800 000 fidèles en France (2011).
Vie du Bouddha
Les premières informations disponibles sur la vie du "Bouddha" (l’Eveillé), v. 563 -v. 483 av. J.-C., ne sont que des comptes-rendus.
Bouddha de Gandhara. 1er/2e siècle. Musée Guimet, Paris.
Le Bouddha (de son vrai nom Siddhârta Gautama, prince des Sakya), dit "Shakyamuni" (sage des Sakya), naît, sous un figuier, à Lumbini (Rupendehi) au Népal. Son père, Suddhodana, gouverne le petit royaume de Kosala.
La légende dit qu'à sa naissance des maîtres de renom le reconnaissent comme un être exceptionnel, né, sans coopération d'aucun homme, de la reine Mayadévi à l’extraordinaire beauté [d’où son surnom de "Maya" (illusion)] qui possède les 32 espèces de qualité ("aucune autre femme n’est capable de porter ce premier des hommes").
L'enfant se met aussitôt debout ; il prend "possession" de l'Univers en se tournant vers les points cardinaux, puis fait 7 pas vers le nord.
Le jeune prince est élevé dans le luxe jusqu'à l'âge de 29 ans.
Puis il réalise combien sa vie a été vide et part en quête de la paix et de l’Éveil, cherchant à s'affranchir du cycle des renaissances.
Pendant quelques années, il pratique le yoga et se soumet à de rigoureuses pratiques ascétiques.
Après 7 années d'efforts, il abandonne cette approche qui ne le satisfait pas et suit une voie à mi-chemin entre une vie d'acceptation du monde et une vie de total renoncement.
Il s'assied sous un figuier pippal (connu depuis comme l'arbre de la Sagesse), médite, expérimente des états de conscience de plus en plus subtils ; il est "bodhisattva", c'est-à-dire candidat à la dignité de Bouddha.
Au cours d'une nuit, assis sous son figuier, il reçoit l’Eveil et devient le "Bouddha" (l’Éveillé).
Il se met à prêcher, allant de village en village, et, rassemblant un groupe de disciples, il forme une communauté de moines mendiants.
Il consacre le reste de sa vie à un enseignement purement oral (ce n'est qu'après sa mort que sa doctrine sera retranscrite par ses disciples).
Il meurt, âgé de 80 ans, dans une forêt, à Kusinagara (aujourd’hui Kasia, à 175 km au nord-ouest de Patna) où il a fait halte au cours d’un long voyage à pied.
Une légende chinoise, réfutée par les hindous, identifie le Bouddha à Lao-Tseu.
La doctrine
Le bouddhisme est à l'origine un mouvement monastique au sein de la tradition brahmanique.
Il prend rapidement une orientation bien différente puisque le Bouddha rejette les aspects fondamentaux de la philosophie hindoue, récuse l'autorité sacerdotale, ne reconnaît pas la validité des Écritures védiques et renie le culte des divinités sur lequel elles sont fondées.
De plus, la Voie qu'il prêche est ouverte aux hommes et aux femmes de toutes castes car il refuse d'admettre que la valeur spirituelle d'une personne dépende de sa naissance.
Dans sa doctrine, le bouddhisme regarde le Bouddha comme un sage ayant montré le chemin du nirvana (l’extinction de tout désir et de toute peur), la libération de la roue (dharmaçakra) des incarnations (karma) appelée roue de la loi (dharmaçakrapravartana), l’abandon de la matière (sangsara) et la sérénité absolue.
Selon la pensée tibétaine, l'univers expérimentable de la conscience est constitué de 6 grands royaumes dans lesquels se répartissent les âmes suivant leur attachement aux illusions du monde.
Ces royaumes sont représentés, dans la branche tibétaine du bouddhisme, par la Roue de la Vie à 6 rayons, tenue par le dieu Yama, personnification de la mort et juge des âmes.
Lorsque le dernier souffle s'évade du corps du mourant, il fait tourner cette Roue de Vie à laquelle il communique son énergie, faite des expériences positives et négatives qu'il vient de vivre.
Pour le bouddhisme, toute mort donnée est un sacrilège et le respect dû à la vie s'étend à toute existence animale, ce qui entraîne l'obligation d'une nourriture végétarienne.
Le fait qu'il n'exige pas de culte à un dieu ne signifie pas qu'il soit athée mais simplement que les divinités étant les maîtres ordonnateurs du monde, il n'est pas nécessaire de leur rendre un culte.
Le bouddhisme est généralement appelé une religion, bien que la plupart de ses pratiquants le perçoivent comme une forme de spiritualité sans dieu (au sens abrahamique du terme) voire une philosophie. La question de l’existence d’un dieu créateur et de divinités dans le bouddhisme est parfois un sujet de controverses ou d’incompréhension dans la perception du grand public et des autres religions.
Moult pays ou régions présentent des formes syncrétiques du bouddhisme dans lesquelles le Bouddha, vénéré comme un dieu, siège à côté d'un grand nombre d'autres divinités.
Un des Sutras les plus importants du Mahayana, le Lankavatara Sutra, dit que la notion d’un dieu souverain est issue de "fausses imaginations" et peut, de surcroît, être un empêchement pour accéder à la perfection à cause de l'attachement au concept "dieu". Le même sutra évoque les différentes appellations du bouddha par les ignorants : "Ils parlent de moi en utilisant divers noms sans réaliser que ce sont tous des noms du Tathagata (…) Bien qu’ils m’honorent et me louent, ils ne comprennent pas le sens des mots qu’ils utilisent, n’ayant pas réalisé la vérité, ils s’attachent aux mots de leurs livres canoniques, ou à ce qu’on leur a dit, ou à ce qu’ils ont imaginé, et ne voient pas qu’ils utilisent l’un des nombreux noms du Tathagata". Dans les traditions du Mahayana, on pense qu’il existe "un nombre incalculable de Bouddhas, tous d’une seule essence" : c’est dans ce sens que le bouddha se proclame lui-même "Tathagata" et se positionne au-dessus des autres dieux quand il déclare, entre autres dans le Lalitavistara Sutra : "Je suis le dieu au-dessus des dieux, supérieur à tous les dieux, aucun dieu n’est comme moi, comment pourrait-il y en avoir de plus grand ?"
Les 4 vérités
L'enseignement du bouddhisme peut se présenter par ces 4 grandes vérités fondamentales :
- La Première Vérité énonce que tout est éphémère ; les joies momentanées que nous éprouvons ont nécessairement une fin, ce qui occasionne de nouvelles douleurs. Le moi n'est que temporaire et subit naissance et mort, tandis que la conscience est seule soumise aux enchaînements karmiques qui occasionnent les réincarnations.
- La Seconde Vérité précise que le malheur des êtres provient de leurs désirs des choses de la vie et de leur volonté de vivre toujours.
- La Troisième Vérité est le résultat de l'acquisition des deux premières. Si l'on parvient à supprimer les désirs, les frustrations et souffrances qui en découlent disparaîtront.
- La Quatrième Vérité enseigne comment réaliser sa libération de l'enchaînement karmique, comment parvenir à la méditation pure, comme celle qui permit à Siddhârta de devenir Bouddha.
Petit Véhicule et Grand Véhicule
Le bouddhisme est scindé en deux grandes tendances :
- la doctrine primitive ou Theravada, dite encore Hinayana ou "Petit Véhicule"
- le Mahayana ou "Grand Véhicule" qui se développa dès le Ier siècle.
Le philosophe de l'Inde du Sud, Nagarjuna (fin du IIème s. apr. J. C.), le plus grand théoricien de la doctrine madhyamika (la voie du milieu), donne au bouddhisme du Mahayana une orientation décisive.
Nagarjuna expose huit préceptes proches du jainisme : "S'abstenir de tuer, de voler, de commettre l'acte sexuel, de mentir, d'ingérer de l'alcool, de manger à des heures indues, de s'asseoir avec plaisir sur des sièges élevés, de chanter, de danser et d'arborer des ornements".
Le bouddhisme mahayana admet un paradis, un enfer et un juge souverain : Ksitigarbha.
Le bouddhisme s'est répandu en Inde, au Sri Lanka, en Thaïlande, au Cambodge, en Birmanie et au Laos, où la forme dominante est le Theravada ; le Mahayana est surtout représenté en Chine, au Japon, à Taïwan, au Tibet, au Népal, en Mongolie, en Corée, au Viêt-Nam, ainsi qu'en Inde.
Chan ou zen
Les spéculations taoïstes fusionnées avec des concepts bouddhistes donnent naissance au bouddhisme "chan", devenu au Japon le "zen".
Le zen, une des formes les plus tardives du bouddhisme, est l'école de la méditation (dhyâna) apportée de Chine au Japon par des moines qui reçoivent les laïcs dans leurs monastères.
Le zen consiste à rechercher la sagesse et la maîtrise de soi par la méditation, une vie simple et naturelle, une discipline rigoureuse et la pratique de toutes sortes de travaux physiques (le zen considère les travaux manuels comme un support à la méditation).
Le but du zen est de parvenir à l'illumination (satori) sans que soit exigé un travail intellectuel ni une recherche spirituelle ou philosophique.
Il suffit de découvrir intuitivement la nature de Bouddha comme le dévoilent les koans, sorte de problèmes insolubles qui démontrent que le raisonnement et l'intelligence ne sont pas nécessaires pour que s'éveille la prajna (sagesse) qui sommeille dans tout être humain.
L'intuition est jugée supérieure au raisonnement intellectuel, car le zen n'a pour objectif que le développement de l'être et la connaissance de soi selon l'aphorisme : « Regarde en toi, tu es le Bouddha ! ».
Chronologie historique
65 : en Chine, première référence officielle concernant la religion bouddhiste.
68 : l'empereur Mingdi (58-75) fait construire le premier temple bouddhiste de Chine : le monastère du Cheval Blanc à Luoyang (Hénan).
Vers 127/147. Sous le règne de Kanishka Ier [127 1-147], le "concile" bouddhique de Kundalavana (Cachemire), définit les fondements du bouddhisme du Grand Véhicule : il est à l’origine de la division entre Grand et Petit Véhicule
277 : le lundi 26 février, Mani (ou Manès), fondateur du manichéisme, autoproclamé dernier prophète de la lignée des Zoroastre (ou Zarathoustra), Bouddha et Jésus, est mis à mort par le roi de Perse.
Vers 350 : apparition du bouddhisme zen au Japon.
448 : en Chine, le bouddhisme devient religion d’état.
Le 7 mai 504, l'empereur de Chine Wudi Liang (Xiao Yan), converti au bouddhisme, proscrit les communautés taoïstes qu'il persécute.
552 : Introduction du bouddhisme au Japon : le souverain de Paekche, un royaume de Corée, a fait parvenir des sculptures et des textes bouddhiques à la cour du Japon.
594 : le prince régent Shotoku fait publier un décret par lequel il déclare le bouddhisme "religion d’État" au Japon.
607 : au Japon, le shintoïsme est détrôné par le bouddhisme.
641 : le prince tibétain Srong-btsan Sgam-po succède au roi Nam-ri (empoisonné) ; il épouse 2 princesses bouddhistes (l’une chinoise, l’autre népalaise) ; il fonde Lhassa et fait construire la forteresse (le Potala) et des monastères (religion Bôn).
Le 5 mai 685, le bouddhisme devient religion d'État au Japon.
731 : 16 juillet, sur ordre de l’empereur de Chine, Xuanzong, un "évêque" manichéen compose le Catéchisme de la religion du Buddha de Lumière, Mani (Moni guangfo jiao fa yi liüe) : ce texte, adroit mélange de taoïsme, de bouddhisme et de manichéisme et présentant Laozi et Sakya-muni comme des précurseurs ou des avatars antérieurs de Mani, est destiné à renseigner les autorités sur les dogmes, les Écritures, la discipline de la secte afin de la faire agréer officiellement. En 732, un édit accorda la liberté de culte à la "doctrine de Mo-mo-ni" (Mar Mani).
792 : au Tibet, le bouddhisme devient la religion officielle.
845 : en Chine, l’empereur Wuzong étant favorable au taoïsme, toutes les religions étrangères sont interdites et plus particulièrement le bouddhisme (sécularisation des moines, monastères détruits).
847 : l’empereur de Chine rouvre des couvents bouddhistes.
850 : disparition du bouddhisme dans le Nord de l’Inde ; l’hindouisme et le jaïnisme le remplacent.
1192 : en Inde, Mohammed de Ghor commence l’élimination des moines bouddhistes.
1197 : le centre d’études bouddhiques de Nâlandâ (Inde) est détruit par les musulmans.
1227 : le moine bouddhiste Dogen (1200-1252) introduit au Japon le bouddhisme Zen.
1281 : en Chine, le taoïsme est proscrit par l’empereur Kubilay Khan au profit du bouddhisme.
1863 : en avril, en Perse, Mirza Husayn-Ali (+1892), dit Baha Allah (la Gloire de Dieu) d’où Foi Baha’ie ou bahaïsme, déclare être la manifestation divine annoncée par le Bab. Les bahaïs croient qu’il est le dernier d’une série après Zoroastre, Bouddha, Jésus et Mahomet ; leur communauté religieuse est reconnue par les Nations Unies.
1950 : le 7 octobre, Mao Zedong donne l’ordre à l’armée de la République populaire de Chine d’envahir le Tibet considéré comme une province chinoise. Dès cette occupation, la région souffre de la violente politique d’assimilation chinoise : persécution des nombreux adeptes du bouddhisme lamaïque (le dalaï-lama part en exil en 1959), répression sanglante de toute velléité d’indépendance ou d’opposition au régime communiste, imposition du mandarin comme langue officielle, sinisation forcée.
1955. En octobre, proclamation de la République du Vietnam du Sud ; les catholiques s’opposent aux bouddhistes.
2009. Le 17 mai, des reliques du Bouddha (trouvées en Inde au XIXème siècle, lors de l'écroulement d'un stupa) sont installées à la Grande Pagode de Vincennes, un des pavillons construits pour l'Exposition coloniale de 1931, qui devient ainsi le haut-lieu spirituel du bouddhisme en Occident. L'Union bouddhiste de France (UBF) assure que l'installation en France de ces reliques a fait l'objet d'une prédiction et qu'elle symbolise un passage de relais du bouddhisme entre l'Orient et l'Occident. Il existe plusieurs reliques du Bouddha : pour remercier l'ONU d'avoir décrété jour férié la fête du Vesak, la Thaïlande, le Sri Lanka, ainsi que le Myanmar ont transféré douze de ses ossements au siège des Nations unies, à New York.
Le 26 janvier 2014, plus de 2 000 chrétiens du Sri Lanka défilent dans les rues de la capitale, Colombo, afin de protester contre l’augmentation des attaques antichrétiennes des bouddhistes extrémistes, toutes menées par des bonzes, et réclamer le droit à la liberté de religion. 5
Citations
Ne blesse pas les autres par des moyens que tu trouverais toi-même blessants. (Udana-Varga, 5:18)
J'ai peine à croire qu'on puisse faire un Français d'un bouddhiste. (Xavier Saintine 1798-1865)
L'humanité a été tour à tour, fétichiste, idolâtre, chrétienne et bouddhiste, juive et mahométane, déiste et panthéiste. (Proudhon 1809-1865)
Si le bouddhisme est prôné de nos jours avec tant de faveur dans certains milieux européens, c’est que tous les esprits qui veulent tirer de l’humanitarisme une morale de bonté pour un monde sans Dieu sont déjà virtuellement bouddhistes (Jacques Maritain, Eléments de philosophie, 1920/1923)
Le bouddhisme (l'une des principales religions du monde), fondé sur les enseignements de Bouddha, apparaît au nord de l'Inde.
Il y aurait 361 985 000 bouddhistes (56% mahayana, 38% theravada et 6% [ltr]lamaïstes[/ltr]) à travers le monde.
Le bouddhisme compterait près de 800 000 fidèles en France (2011).
Vie du Bouddha
Les premières informations disponibles sur la vie du "Bouddha" (l’Eveillé), v. 563 -v. 483 av. J.-C., ne sont que des comptes-rendus.
Bouddha de Gandhara. 1er/2e siècle. Musée Guimet, Paris.
Le Bouddha (de son vrai nom Siddhârta Gautama, prince des Sakya), dit "Shakyamuni" (sage des Sakya), naît, sous un figuier, à Lumbini (Rupendehi) au Népal. Son père, Suddhodana, gouverne le petit royaume de Kosala.
La légende dit qu'à sa naissance des maîtres de renom le reconnaissent comme un être exceptionnel, né, sans coopération d'aucun homme, de la reine Mayadévi à l’extraordinaire beauté [d’où son surnom de "Maya" (illusion)] qui possède les 32 espèces de qualité ("aucune autre femme n’est capable de porter ce premier des hommes").
L'enfant se met aussitôt debout ; il prend "possession" de l'Univers en se tournant vers les points cardinaux, puis fait 7 pas vers le nord.
Le jeune prince est élevé dans le luxe jusqu'à l'âge de 29 ans.
Puis il réalise combien sa vie a été vide et part en quête de la paix et de l’Éveil, cherchant à s'affranchir du cycle des renaissances.
Pendant quelques années, il pratique le yoga et se soumet à de rigoureuses pratiques ascétiques.
Après 7 années d'efforts, il abandonne cette approche qui ne le satisfait pas et suit une voie à mi-chemin entre une vie d'acceptation du monde et une vie de total renoncement.
Il s'assied sous un figuier pippal (connu depuis comme l'arbre de la Sagesse), médite, expérimente des états de conscience de plus en plus subtils ; il est "bodhisattva", c'est-à-dire candidat à la dignité de Bouddha.
Au cours d'une nuit, assis sous son figuier, il reçoit l’Eveil et devient le "Bouddha" (l’Éveillé).
Il se met à prêcher, allant de village en village, et, rassemblant un groupe de disciples, il forme une communauté de moines mendiants.
Il consacre le reste de sa vie à un enseignement purement oral (ce n'est qu'après sa mort que sa doctrine sera retranscrite par ses disciples).
Il meurt, âgé de 80 ans, dans une forêt, à Kusinagara (aujourd’hui Kasia, à 175 km au nord-ouest de Patna) où il a fait halte au cours d’un long voyage à pied.
Une légende chinoise, réfutée par les hindous, identifie le Bouddha à Lao-Tseu.
La doctrine
Le bouddhisme est à l'origine un mouvement monastique au sein de la tradition brahmanique.
Il prend rapidement une orientation bien différente puisque le Bouddha rejette les aspects fondamentaux de la philosophie hindoue, récuse l'autorité sacerdotale, ne reconnaît pas la validité des Écritures védiques et renie le culte des divinités sur lequel elles sont fondées.
De plus, la Voie qu'il prêche est ouverte aux hommes et aux femmes de toutes castes car il refuse d'admettre que la valeur spirituelle d'une personne dépende de sa naissance.
Dans sa doctrine, le bouddhisme regarde le Bouddha comme un sage ayant montré le chemin du nirvana (l’extinction de tout désir et de toute peur), la libération de la roue (dharmaçakra) des incarnations (karma) appelée roue de la loi (dharmaçakrapravartana), l’abandon de la matière (sangsara) et la sérénité absolue.
Selon la pensée tibétaine, l'univers expérimentable de la conscience est constitué de 6 grands royaumes dans lesquels se répartissent les âmes suivant leur attachement aux illusions du monde.
Ces royaumes sont représentés, dans la branche tibétaine du bouddhisme, par la Roue de la Vie à 6 rayons, tenue par le dieu Yama, personnification de la mort et juge des âmes.
Lorsque le dernier souffle s'évade du corps du mourant, il fait tourner cette Roue de Vie à laquelle il communique son énergie, faite des expériences positives et négatives qu'il vient de vivre.
Pour le bouddhisme, toute mort donnée est un sacrilège et le respect dû à la vie s'étend à toute existence animale, ce qui entraîne l'obligation d'une nourriture végétarienne.
Le fait qu'il n'exige pas de culte à un dieu ne signifie pas qu'il soit athée mais simplement que les divinités étant les maîtres ordonnateurs du monde, il n'est pas nécessaire de leur rendre un culte.
Le bouddhisme est généralement appelé une religion, bien que la plupart de ses pratiquants le perçoivent comme une forme de spiritualité sans dieu (au sens abrahamique du terme) voire une philosophie. La question de l’existence d’un dieu créateur et de divinités dans le bouddhisme est parfois un sujet de controverses ou d’incompréhension dans la perception du grand public et des autres religions.
Moult pays ou régions présentent des formes syncrétiques du bouddhisme dans lesquelles le Bouddha, vénéré comme un dieu, siège à côté d'un grand nombre d'autres divinités.
Un des Sutras les plus importants du Mahayana, le Lankavatara Sutra, dit que la notion d’un dieu souverain est issue de "fausses imaginations" et peut, de surcroît, être un empêchement pour accéder à la perfection à cause de l'attachement au concept "dieu". Le même sutra évoque les différentes appellations du bouddha par les ignorants : "Ils parlent de moi en utilisant divers noms sans réaliser que ce sont tous des noms du Tathagata (…) Bien qu’ils m’honorent et me louent, ils ne comprennent pas le sens des mots qu’ils utilisent, n’ayant pas réalisé la vérité, ils s’attachent aux mots de leurs livres canoniques, ou à ce qu’on leur a dit, ou à ce qu’ils ont imaginé, et ne voient pas qu’ils utilisent l’un des nombreux noms du Tathagata". Dans les traditions du Mahayana, on pense qu’il existe "un nombre incalculable de Bouddhas, tous d’une seule essence" : c’est dans ce sens que le bouddha se proclame lui-même "Tathagata" et se positionne au-dessus des autres dieux quand il déclare, entre autres dans le Lalitavistara Sutra : "Je suis le dieu au-dessus des dieux, supérieur à tous les dieux, aucun dieu n’est comme moi, comment pourrait-il y en avoir de plus grand ?"
Les 4 vérités
L'enseignement du bouddhisme peut se présenter par ces 4 grandes vérités fondamentales :
- La Première Vérité énonce que tout est éphémère ; les joies momentanées que nous éprouvons ont nécessairement une fin, ce qui occasionne de nouvelles douleurs. Le moi n'est que temporaire et subit naissance et mort, tandis que la conscience est seule soumise aux enchaînements karmiques qui occasionnent les réincarnations.
- La Seconde Vérité précise que le malheur des êtres provient de leurs désirs des choses de la vie et de leur volonté de vivre toujours.
- La Troisième Vérité est le résultat de l'acquisition des deux premières. Si l'on parvient à supprimer les désirs, les frustrations et souffrances qui en découlent disparaîtront.
- La Quatrième Vérité enseigne comment réaliser sa libération de l'enchaînement karmique, comment parvenir à la méditation pure, comme celle qui permit à Siddhârta de devenir Bouddha.
Petit Véhicule et Grand Véhicule
Le bouddhisme est scindé en deux grandes tendances :
- la doctrine primitive ou Theravada, dite encore Hinayana ou "Petit Véhicule"
- le Mahayana ou "Grand Véhicule" qui se développa dès le Ier siècle.
Le philosophe de l'Inde du Sud, Nagarjuna (fin du IIème s. apr. J. C.), le plus grand théoricien de la doctrine madhyamika (la voie du milieu), donne au bouddhisme du Mahayana une orientation décisive.
Nagarjuna expose huit préceptes proches du jainisme : "S'abstenir de tuer, de voler, de commettre l'acte sexuel, de mentir, d'ingérer de l'alcool, de manger à des heures indues, de s'asseoir avec plaisir sur des sièges élevés, de chanter, de danser et d'arborer des ornements".
Le bouddhisme mahayana admet un paradis, un enfer et un juge souverain : Ksitigarbha.
Le bouddhisme s'est répandu en Inde, au Sri Lanka, en Thaïlande, au Cambodge, en Birmanie et au Laos, où la forme dominante est le Theravada ; le Mahayana est surtout représenté en Chine, au Japon, à Taïwan, au Tibet, au Népal, en Mongolie, en Corée, au Viêt-Nam, ainsi qu'en Inde.
Chan ou zen
Les spéculations taoïstes fusionnées avec des concepts bouddhistes donnent naissance au bouddhisme "chan", devenu au Japon le "zen".
Le zen, une des formes les plus tardives du bouddhisme, est l'école de la méditation (dhyâna) apportée de Chine au Japon par des moines qui reçoivent les laïcs dans leurs monastères.
Le zen consiste à rechercher la sagesse et la maîtrise de soi par la méditation, une vie simple et naturelle, une discipline rigoureuse et la pratique de toutes sortes de travaux physiques (le zen considère les travaux manuels comme un support à la méditation).
Le but du zen est de parvenir à l'illumination (satori) sans que soit exigé un travail intellectuel ni une recherche spirituelle ou philosophique.
Il suffit de découvrir intuitivement la nature de Bouddha comme le dévoilent les koans, sorte de problèmes insolubles qui démontrent que le raisonnement et l'intelligence ne sont pas nécessaires pour que s'éveille la prajna (sagesse) qui sommeille dans tout être humain.
L'intuition est jugée supérieure au raisonnement intellectuel, car le zen n'a pour objectif que le développement de l'être et la connaissance de soi selon l'aphorisme : « Regarde en toi, tu es le Bouddha ! ».
Chronologie historique
65 : en Chine, première référence officielle concernant la religion bouddhiste.
68 : l'empereur Mingdi (58-75) fait construire le premier temple bouddhiste de Chine : le monastère du Cheval Blanc à Luoyang (Hénan).
Vers 127/147. Sous le règne de Kanishka Ier [127 1-147], le "concile" bouddhique de Kundalavana (Cachemire), définit les fondements du bouddhisme du Grand Véhicule : il est à l’origine de la division entre Grand et Petit Véhicule
277 : le lundi 26 février, Mani (ou Manès), fondateur du manichéisme, autoproclamé dernier prophète de la lignée des Zoroastre (ou Zarathoustra), Bouddha et Jésus, est mis à mort par le roi de Perse.
Vers 350 : apparition du bouddhisme zen au Japon.
448 : en Chine, le bouddhisme devient religion d’état.
Le 7 mai 504, l'empereur de Chine Wudi Liang (Xiao Yan), converti au bouddhisme, proscrit les communautés taoïstes qu'il persécute.
552 : Introduction du bouddhisme au Japon : le souverain de Paekche, un royaume de Corée, a fait parvenir des sculptures et des textes bouddhiques à la cour du Japon.
594 : le prince régent Shotoku fait publier un décret par lequel il déclare le bouddhisme "religion d’État" au Japon.
607 : au Japon, le shintoïsme est détrôné par le bouddhisme.
641 : le prince tibétain Srong-btsan Sgam-po succède au roi Nam-ri (empoisonné) ; il épouse 2 princesses bouddhistes (l’une chinoise, l’autre népalaise) ; il fonde Lhassa et fait construire la forteresse (le Potala) et des monastères (religion Bôn).
Le 5 mai 685, le bouddhisme devient religion d'État au Japon.
731 : 16 juillet, sur ordre de l’empereur de Chine, Xuanzong, un "évêque" manichéen compose le Catéchisme de la religion du Buddha de Lumière, Mani (Moni guangfo jiao fa yi liüe) : ce texte, adroit mélange de taoïsme, de bouddhisme et de manichéisme et présentant Laozi et Sakya-muni comme des précurseurs ou des avatars antérieurs de Mani, est destiné à renseigner les autorités sur les dogmes, les Écritures, la discipline de la secte afin de la faire agréer officiellement. En 732, un édit accorda la liberté de culte à la "doctrine de Mo-mo-ni" (Mar Mani).
792 : au Tibet, le bouddhisme devient la religion officielle.
845 : en Chine, l’empereur Wuzong étant favorable au taoïsme, toutes les religions étrangères sont interdites et plus particulièrement le bouddhisme (sécularisation des moines, monastères détruits).
847 : l’empereur de Chine rouvre des couvents bouddhistes.
850 : disparition du bouddhisme dans le Nord de l’Inde ; l’hindouisme et le jaïnisme le remplacent.
1192 : en Inde, Mohammed de Ghor commence l’élimination des moines bouddhistes.
1197 : le centre d’études bouddhiques de Nâlandâ (Inde) est détruit par les musulmans.
1227 : le moine bouddhiste Dogen (1200-1252) introduit au Japon le bouddhisme Zen.
1281 : en Chine, le taoïsme est proscrit par l’empereur Kubilay Khan au profit du bouddhisme.
1863 : en avril, en Perse, Mirza Husayn-Ali (+1892), dit Baha Allah (la Gloire de Dieu) d’où Foi Baha’ie ou bahaïsme, déclare être la manifestation divine annoncée par le Bab. Les bahaïs croient qu’il est le dernier d’une série après Zoroastre, Bouddha, Jésus et Mahomet ; leur communauté religieuse est reconnue par les Nations Unies.
1950 : le 7 octobre, Mao Zedong donne l’ordre à l’armée de la République populaire de Chine d’envahir le Tibet considéré comme une province chinoise. Dès cette occupation, la région souffre de la violente politique d’assimilation chinoise : persécution des nombreux adeptes du bouddhisme lamaïque (le dalaï-lama part en exil en 1959), répression sanglante de toute velléité d’indépendance ou d’opposition au régime communiste, imposition du mandarin comme langue officielle, sinisation forcée.
1955. En octobre, proclamation de la République du Vietnam du Sud ; les catholiques s’opposent aux bouddhistes.
2009. Le 17 mai, des reliques du Bouddha (trouvées en Inde au XIXème siècle, lors de l'écroulement d'un stupa) sont installées à la Grande Pagode de Vincennes, un des pavillons construits pour l'Exposition coloniale de 1931, qui devient ainsi le haut-lieu spirituel du bouddhisme en Occident. L'Union bouddhiste de France (UBF) assure que l'installation en France de ces reliques a fait l'objet d'une prédiction et qu'elle symbolise un passage de relais du bouddhisme entre l'Orient et l'Occident. Il existe plusieurs reliques du Bouddha : pour remercier l'ONU d'avoir décrété jour férié la fête du Vesak, la Thaïlande, le Sri Lanka, ainsi que le Myanmar ont transféré douze de ses ossements au siège des Nations unies, à New York.
Le 26 janvier 2014, plus de 2 000 chrétiens du Sri Lanka défilent dans les rues de la capitale, Colombo, afin de protester contre l’augmentation des attaques antichrétiennes des bouddhistes extrémistes, toutes menées par des bonzes, et réclamer le droit à la liberté de religion. 5
Citations
Ne blesse pas les autres par des moyens que tu trouverais toi-même blessants. (Udana-Varga, 5:18)
J'ai peine à croire qu'on puisse faire un Français d'un bouddhiste. (Xavier Saintine 1798-1865)
L'humanité a été tour à tour, fétichiste, idolâtre, chrétienne et bouddhiste, juive et mahométane, déiste et panthéiste. (Proudhon 1809-1865)
Si le bouddhisme est prôné de nos jours avec tant de faveur dans certains milieux européens, c’est que tous les esprits qui veulent tirer de l’humanitarisme une morale de bonté pour un monde sans Dieu sont déjà virtuellement bouddhistes (Jacques Maritain, Eléments de philosophie, 1920/1923)
Bouddhisme
Bouddhisme
"Nous ne devrions pas croire à une chose uniquement parce qu'elle a été dite, ni croire aux traditions parce qu'elles ont été transmises depuis l'Antiquité; ni croire sur la simple autorité de nos maîtres ou instructeurs...
Mais, nous pouvons mettre en pratique un écrit, une doctrine ou une affirmation lorsque la juste compréhension que nous en avons et notre expérience intime les confirment. Soyez à vous-même votre propre flambeau, votre propre refuge... "Bouddha
Bodhisattva : personne résolue à parvenir à l'illumination, chemin bouddhiste idéal.
Bouddha : un être pleinement éveillé qui réalise l'illumination par ses propres moyens. Il y eu de nombreux Bouddhas - le dernier était Siddharta Gautama- et il y en aura de nombreux autres.
Bouddhisme : né aux confins du Népal 25 siècles avant J.C.. Stucturé comme religion et (philosophie), au VI siècle avant Jésus Christ.De nombreuses branches....Chaque etre humain est invité a réfléchir, à recevoir l'illumination et à devenir éveillé, Bouddha.
Brahmâ : le dieu créateur.
Brahmane : membre de la caste sacerdotale, la caste hiérarchiquement la plus élevée.
Dharma : dans l'Hindouisme,responsabilité, loi et morale. Ordre gouvernant l'univers et la vie des hommes.
Dans le Bouddhisme enseignement du Bouddha qui est la vérité, la réalité par excellence.
Karma : Chez les Bouddhistes: loi de la rétribution morale selon laquelle chaque action ou pensée possédé ses propres conséquences.
Mandala : Diagramme géométrique dont les couleurs et les formes concentriques représentent l'univers et servent à la méditation, dans le Bouddhisme et le Tantrisme.
Il résume un enseignement complexe et son usage est double. Il est utilisé pour la transmission de l'initiation elle-même, mais aussi sert de support à des techniques de méditation déstinées à réaliser ce qui a été transmis. Cela dans le but de transformation de l'adepte.
Mantra: invocations sacrée constituée d'une syllabe ou d'une phrase que les croyants bouddhistes et hindouistes peuvent répéter à l'envi, dans leur prière. L'artisan ou le paysan pendant leur travail récitent des mantras. C'est un peu la prière continuelle, la prière du cœur orthodoxe .
Nirvana: libération qui suit l'éradication de l'avidité, de la haine, des illusions qui rendent esclaves.
LES DEUX VISAGES DE L'ESPRIT
Développer l'amour et la compassion, cela signifie comprendre la situation dans laquelle on se trouve. Pour développer un amour et une compassion qui soient authentiques, il est nécessaire de regarder nos processus émotionnels, les perturbations qui s'élèvent dans notre esprit, et cela ne peut se faire en une seule fois. Il faut prendre son temps, prendre conscience de ce qui habite l'esprit. En tibétain, le mot correspondant à émotions perturbatrices indique non seulement un esprit qui est perturbé, mais encore un esprit qui continue à être perturbé.
Il ne s'agit pas seulement d'une émotion dans l'instant, mais de l'émotion et de ses conséquences, des suites qui s'élèvent dans l'esprit. Les émotions perturbatrices sont : la jalousie, l'attachement, la colère et toutes les attentes que nous pouvons avoir.
Nous avons ces émotions, mais nous aimerions nous en débarrasser. Les émotions s'élèvent et nous nous battons contre elles, nous aimerions qu'elles ne soient plus perturbatrices et nous voudrions leur régler leur compte une fois pour toutes. Il faut savoir que les émotions ne sont pas complètement négatives. Si elles sont perturbatrices, c'est parce qu'on ne sait pas comment elles fonctionnent ni quoi en faire. Or, les émotions font partie du processus dynamique de la vie, et si elles sont perturbatrices, c'est que l'on n'est pas capable de les voir.
Il y a deux aspects dans l'esprit, il a deux visages : yéshé et namshé, en tibétain. Yéshé est la dimension de sagesse, de clarté de l'esprit qui se reconnaît lui-même et qui reconnaît les émotions comme étant lui-même. Namshé est la conscience limitée, séparée, la conscience remplie de confusion et de perturbation dans laquelle nous sommes maintenant. Mais yéshé et namshé, la sagesse et la confusion, sont les deux aspects d'une même chose, les deux façons de voir d'un même esprit qui est le nôtre.
Ainsi, on ne pourrait pas se débarrasser des émotions, même si on le voulait, même si on y mettait toute son énergie. On ne peut ni les arrêter, ni s'en débarrasser, ni les abandonner. Ce qu'il s'agit de faire c'est comprendre comment elles fonctionnent, comment elles s'élèvent et d'où elles viennent. Par exemple, quand la jalousie s'élève, il est nécessaire de la voir, d'en être conscient, d'en voir la cause et les effets, non seulement de voir son aspect intérieur, c'est-à-dire la conscience que nous en avons, comment nous la ressentons, mais aussi d'être conscient de ce qu'elle nous fait faire, des actions motivées et déclenchées par la jalousie.
Si l'on regarde bien, dès l'instant où la jalousie s'élève, on choisit un camp, et c'est évidemment le nôtre qui est le meilleur. Ce sont les autres qui ont tort. C'est un peu comme pour les matchs de football en France : avant que le match commence, on a déjà choisi son équipe et on sait qui on soutiendra en regardant la télévision. Mais si l'on voyage et que l'on se retrouve en Asie ou en Amérique Latine à regarder un match de football à la télévision, on n'y comprendra pas grand chose au début. Il y a deux équipes, elles ont des maillots de couleurs différentes, et très vite, sans que l'on s'en rende compte, on choisira une couleur et une équipe, on encouragera l'une et on critiquera l'autre.
Cela n'est pas valable que pour le football, il en va de même en de très nombreuses situations. Nous sommes sans cesse engagés dans ce processus, prenant partie, encourageant les uns et critiquant les autres. Nous sommes la plupart du temps en train de poser ce regard de jugement : « C'est lui qui a tort, son attitude est erronée, évidemment il ne peut pas avoir raison, évidemment c'est moi qui ai raison. » Nous sommes tout le temps en train de nous parler ainsi et nous sommes pris dans ces deux aspects, dans ces deux visages de l'esprit. On choisit toujours le meilleur aspect et le meilleur côté ; la meilleure équipe est évidemment la nôtre, c'est évidemment nous qui avons raison. Nous sommes comme un juge censé voir qui a tort et qui a raison, nous sommes le juge de notre vie, le grand magistrat de notre existence.
Si l'on acquiert de plus en plus cette clarté de l'esprit qui permet de voir les émotions au moment où elles s'élèvent, l'esprit est alors de plus en plus libre. Il en va de même pour la jalousie : il n'y a pas d'effort à faire pour être jaloux, c'est un processus naturel. Dès l'instant où la situation est là, ce processus se met en œuvre et la réponse s'élève toute seule : « j'ai raison ». Il n'y a pas besoin de se battre avec cela, il n'est pas nécessaire de le rejeter ni de le nier, il suffit de voir comment cela se passe pour la jalousie, pour l'attachement, pour l'orgueil, de voir comment chaque émotion fait appel aux autres et comment ces différentes émotions se combinent.
Plutôt que de dire : « je ne peux pas accepter cela », plutôt que de nier la situation dans laquelle on se trouve parce qu'on n'est pas capable de se regarder, parce que c'est trop douloureux, parce qu'on est sans cesse en train de se juger, il est question de regarder et de voir, d'être conscient de ce qui se passe au moment où cela se passe. Il est important de ne pas le faire en espérant un résultat immédiat.
Ce n'est pas parce que nous allons voir nos émotions et que nous allons en être conscient que nous pourrons les vivre de façon juste du jour au lendemain. Il ne faut pas attendre de résultat immédiat, il ne faut pas non plus tomber dans le défaut de se dire : « je suis jaloux, je le sais bien, jamais je ne serai bon ! » Il ne s'agit pas de développer de la culpabilité en pensant que l'on est mauvais. Tout cela n'a pas sa place dans la conscience et dans la vigilance.
Il s'agit de voir ce que l'on est et ce qui est juste. Si l'on est conscient de cela, si l'on acquiert de plus en plus cette clarté de l'esprit qui permet de voir les émotions au moment où elles s'élèvent, l'esprit est alors de plus en plus libre. On libère l'esprit de toute entrave et le fruit ne s'élèvera pas directement car on ne pourra pas se libérer immédiatement de toutes ses entraves. Ce n'est pas parce qu'on a décidé de voir les émotions qu'on va les voir. Ce n'est pas parce qu'on a décidé de se libérer des émotions qu'on va pouvoir s'en libérer. Néanmoins, petit à petit, on reconnaîtra le véritable équilibre qui est en nous. On reconnaîtra ce que l'on est vraiment et, reconnaissant cela, on se rendre compte que les autres sont dans la même situation que nous, qu'ils ont les mêmes émotions et connaissent la même confusion.
C'est comme l'exemple d'un bébé : lorsqu'on lui parle ou qu'on bouge en face de lui et qu'il se met soudain à pleurer, cela ne nous met pas en colère, en tout cas ce n'est pas une colère profonde. On peut être un peu irrité, mais on n'aura pas de haine à l'égard de ce bébé. S'il crie, c'est parce qu'il ne comprend pas la situation. Par contre, si l'on a un adulte en face de soi, on va immédiatement porter un jugement sur sa réaction et on va directement le réduire à notre vision des choses et à notre perception.
S l'on dépasse cela et que l'on parvient à être de plus en plus conscient de ce qui s'élève en nous, plutôt que de voir les défauts des autres, on pacifiera son esprit. On sera beaucoup plus paisible, on regardera la situation non pas du point de vue des défauts de l'autre, mais du point de vue d'une solution possible qui soit positive. Ce n'est plus un jugement, mais un questionnement qui s'élèvera : « Comment puis-je aider l'autre pour trouver une solution à la situation qui soit positive pour moi et pour lui ? » Petit à petit, on s'adoucira, et de la dureté de l'ego on passera à la douceur de la compassion.
Les deux visages de l'esprit du Lama Jigmé Rinpoché [ltr]http://www.dhagpo-kagyu.org/france/[/ltr]
"Nous ne devrions pas croire à une chose uniquement parce qu'elle a été dite, ni croire aux traditions parce qu'elles ont été transmises depuis l'Antiquité; ni croire sur la simple autorité de nos maîtres ou instructeurs...
Mais, nous pouvons mettre en pratique un écrit, une doctrine ou une affirmation lorsque la juste compréhension que nous en avons et notre expérience intime les confirment. Soyez à vous-même votre propre flambeau, votre propre refuge... "Bouddha
Bodhisattva : personne résolue à parvenir à l'illumination, chemin bouddhiste idéal.
Bouddha : un être pleinement éveillé qui réalise l'illumination par ses propres moyens. Il y eu de nombreux Bouddhas - le dernier était Siddharta Gautama- et il y en aura de nombreux autres.
Bouddhisme : né aux confins du Népal 25 siècles avant J.C.. Stucturé comme religion et (philosophie), au VI siècle avant Jésus Christ.De nombreuses branches....Chaque etre humain est invité a réfléchir, à recevoir l'illumination et à devenir éveillé, Bouddha.
Brahmâ : le dieu créateur.
Brahmane : membre de la caste sacerdotale, la caste hiérarchiquement la plus élevée.
Dharma : dans l'Hindouisme,responsabilité, loi et morale. Ordre gouvernant l'univers et la vie des hommes.
Dans le Bouddhisme enseignement du Bouddha qui est la vérité, la réalité par excellence.
Karma : Chez les Bouddhistes: loi de la rétribution morale selon laquelle chaque action ou pensée possédé ses propres conséquences.
Mandala : Diagramme géométrique dont les couleurs et les formes concentriques représentent l'univers et servent à la méditation, dans le Bouddhisme et le Tantrisme.
Il résume un enseignement complexe et son usage est double. Il est utilisé pour la transmission de l'initiation elle-même, mais aussi sert de support à des techniques de méditation déstinées à réaliser ce qui a été transmis. Cela dans le but de transformation de l'adepte.
Mantra: invocations sacrée constituée d'une syllabe ou d'une phrase que les croyants bouddhistes et hindouistes peuvent répéter à l'envi, dans leur prière. L'artisan ou le paysan pendant leur travail récitent des mantras. C'est un peu la prière continuelle, la prière du cœur orthodoxe .
Nirvana: libération qui suit l'éradication de l'avidité, de la haine, des illusions qui rendent esclaves.
LES DEUX VISAGES DE L'ESPRIT
Développer l'amour et la compassion, cela signifie comprendre la situation dans laquelle on se trouve. Pour développer un amour et une compassion qui soient authentiques, il est nécessaire de regarder nos processus émotionnels, les perturbations qui s'élèvent dans notre esprit, et cela ne peut se faire en une seule fois. Il faut prendre son temps, prendre conscience de ce qui habite l'esprit. En tibétain, le mot correspondant à émotions perturbatrices indique non seulement un esprit qui est perturbé, mais encore un esprit qui continue à être perturbé.
Il ne s'agit pas seulement d'une émotion dans l'instant, mais de l'émotion et de ses conséquences, des suites qui s'élèvent dans l'esprit. Les émotions perturbatrices sont : la jalousie, l'attachement, la colère et toutes les attentes que nous pouvons avoir.
Nous avons ces émotions, mais nous aimerions nous en débarrasser. Les émotions s'élèvent et nous nous battons contre elles, nous aimerions qu'elles ne soient plus perturbatrices et nous voudrions leur régler leur compte une fois pour toutes. Il faut savoir que les émotions ne sont pas complètement négatives. Si elles sont perturbatrices, c'est parce qu'on ne sait pas comment elles fonctionnent ni quoi en faire. Or, les émotions font partie du processus dynamique de la vie, et si elles sont perturbatrices, c'est que l'on n'est pas capable de les voir.
Il y a deux aspects dans l'esprit, il a deux visages : yéshé et namshé, en tibétain. Yéshé est la dimension de sagesse, de clarté de l'esprit qui se reconnaît lui-même et qui reconnaît les émotions comme étant lui-même. Namshé est la conscience limitée, séparée, la conscience remplie de confusion et de perturbation dans laquelle nous sommes maintenant. Mais yéshé et namshé, la sagesse et la confusion, sont les deux aspects d'une même chose, les deux façons de voir d'un même esprit qui est le nôtre.
Ainsi, on ne pourrait pas se débarrasser des émotions, même si on le voulait, même si on y mettait toute son énergie. On ne peut ni les arrêter, ni s'en débarrasser, ni les abandonner. Ce qu'il s'agit de faire c'est comprendre comment elles fonctionnent, comment elles s'élèvent et d'où elles viennent. Par exemple, quand la jalousie s'élève, il est nécessaire de la voir, d'en être conscient, d'en voir la cause et les effets, non seulement de voir son aspect intérieur, c'est-à-dire la conscience que nous en avons, comment nous la ressentons, mais aussi d'être conscient de ce qu'elle nous fait faire, des actions motivées et déclenchées par la jalousie.
Si l'on regarde bien, dès l'instant où la jalousie s'élève, on choisit un camp, et c'est évidemment le nôtre qui est le meilleur. Ce sont les autres qui ont tort. C'est un peu comme pour les matchs de football en France : avant que le match commence, on a déjà choisi son équipe et on sait qui on soutiendra en regardant la télévision. Mais si l'on voyage et que l'on se retrouve en Asie ou en Amérique Latine à regarder un match de football à la télévision, on n'y comprendra pas grand chose au début. Il y a deux équipes, elles ont des maillots de couleurs différentes, et très vite, sans que l'on s'en rende compte, on choisira une couleur et une équipe, on encouragera l'une et on critiquera l'autre.
Cela n'est pas valable que pour le football, il en va de même en de très nombreuses situations. Nous sommes sans cesse engagés dans ce processus, prenant partie, encourageant les uns et critiquant les autres. Nous sommes la plupart du temps en train de poser ce regard de jugement : « C'est lui qui a tort, son attitude est erronée, évidemment il ne peut pas avoir raison, évidemment c'est moi qui ai raison. » Nous sommes tout le temps en train de nous parler ainsi et nous sommes pris dans ces deux aspects, dans ces deux visages de l'esprit. On choisit toujours le meilleur aspect et le meilleur côté ; la meilleure équipe est évidemment la nôtre, c'est évidemment nous qui avons raison. Nous sommes comme un juge censé voir qui a tort et qui a raison, nous sommes le juge de notre vie, le grand magistrat de notre existence.
Si l'on acquiert de plus en plus cette clarté de l'esprit qui permet de voir les émotions au moment où elles s'élèvent, l'esprit est alors de plus en plus libre. Il en va de même pour la jalousie : il n'y a pas d'effort à faire pour être jaloux, c'est un processus naturel. Dès l'instant où la situation est là, ce processus se met en œuvre et la réponse s'élève toute seule : « j'ai raison ». Il n'y a pas besoin de se battre avec cela, il n'est pas nécessaire de le rejeter ni de le nier, il suffit de voir comment cela se passe pour la jalousie, pour l'attachement, pour l'orgueil, de voir comment chaque émotion fait appel aux autres et comment ces différentes émotions se combinent.
Plutôt que de dire : « je ne peux pas accepter cela », plutôt que de nier la situation dans laquelle on se trouve parce qu'on n'est pas capable de se regarder, parce que c'est trop douloureux, parce qu'on est sans cesse en train de se juger, il est question de regarder et de voir, d'être conscient de ce qui se passe au moment où cela se passe. Il est important de ne pas le faire en espérant un résultat immédiat.
Ce n'est pas parce que nous allons voir nos émotions et que nous allons en être conscient que nous pourrons les vivre de façon juste du jour au lendemain. Il ne faut pas attendre de résultat immédiat, il ne faut pas non plus tomber dans le défaut de se dire : « je suis jaloux, je le sais bien, jamais je ne serai bon ! » Il ne s'agit pas de développer de la culpabilité en pensant que l'on est mauvais. Tout cela n'a pas sa place dans la conscience et dans la vigilance.
Il s'agit de voir ce que l'on est et ce qui est juste. Si l'on est conscient de cela, si l'on acquiert de plus en plus cette clarté de l'esprit qui permet de voir les émotions au moment où elles s'élèvent, l'esprit est alors de plus en plus libre. On libère l'esprit de toute entrave et le fruit ne s'élèvera pas directement car on ne pourra pas se libérer immédiatement de toutes ses entraves. Ce n'est pas parce qu'on a décidé de voir les émotions qu'on va les voir. Ce n'est pas parce qu'on a décidé de se libérer des émotions qu'on va pouvoir s'en libérer. Néanmoins, petit à petit, on reconnaîtra le véritable équilibre qui est en nous. On reconnaîtra ce que l'on est vraiment et, reconnaissant cela, on se rendre compte que les autres sont dans la même situation que nous, qu'ils ont les mêmes émotions et connaissent la même confusion.
C'est comme l'exemple d'un bébé : lorsqu'on lui parle ou qu'on bouge en face de lui et qu'il se met soudain à pleurer, cela ne nous met pas en colère, en tout cas ce n'est pas une colère profonde. On peut être un peu irrité, mais on n'aura pas de haine à l'égard de ce bébé. S'il crie, c'est parce qu'il ne comprend pas la situation. Par contre, si l'on a un adulte en face de soi, on va immédiatement porter un jugement sur sa réaction et on va directement le réduire à notre vision des choses et à notre perception.
S l'on dépasse cela et que l'on parvient à être de plus en plus conscient de ce qui s'élève en nous, plutôt que de voir les défauts des autres, on pacifiera son esprit. On sera beaucoup plus paisible, on regardera la situation non pas du point de vue des défauts de l'autre, mais du point de vue d'une solution possible qui soit positive. Ce n'est plus un jugement, mais un questionnement qui s'élèvera : « Comment puis-je aider l'autre pour trouver une solution à la situation qui soit positive pour moi et pour lui ? » Petit à petit, on s'adoucira, et de la dureté de l'ego on passera à la douceur de la compassion.
Les deux visages de l'esprit du Lama Jigmé Rinpoché [ltr]http://www.dhagpo-kagyu.org/france/[/ltr]
Le bonheur selon le bouddhisme
Le bonheur selon le bouddhisme
par Charles-Eric de Saint Germain, professeur de philosophie (*)
Le bouddhisme part d’une réflexion sur la finitude de la condition humaine, qui est vouée à la mort. C’est dans le fait de s’attacher à des choses périssables que se trouve, pour les bouddhistes, la cause du mal et la source de la souffrance. Le sage doit donc se débarrasser de tout ce qui nous «attache» – que ces attachements soient d’ordre matériel ou d’ordre affectif. La pratique spirituelle bouddhiste constitue donc une ascèse qui vise à obtenir ce détachement. Il faut donc commencer à méditer sur l’impermanence de toutes choses (prendre conscience que rien n’est permanent, reconnaître le caractère fluctuant ou périssable de toute chose).
Celui qui désire avoir, perdra nécessairement ce qu’il a ; il sera nécessairement malheureux, puisqu’il n’y a rien de permanent. De là aussi cette suspicion à l’égard du désir, qui est la source de nos attachements donc de nos souffrances. A ce titre, l’expérience du désir est ressentie davantage comme une servitude que comme une satisfaction. Il ne s’agit pas de prôner l’abolition des désirs simples, ni des aspirations essentielles, mais il s’agit surtout de se détacher des désirs asservissants, ceux qui entraînent une foule de tourments inutiles.
Ce raisonnement sur le mécanisme du désir et ses causes va permettre au bouddhiste ensuite de se débarrasser de l’illusion la plus tenace, qui est l’illusion de l’ego. C’est le moi, en effet, qui se cramponne aux choses périssables, alors que s’il était sage, il saurait qu’il perdra ses richesses. C’est donc de l’illusion d’un sujet qui se croit autonome et libre, dont il faut se libérer : ce n’est pas le Moi qu’il faut libérer, mais le Moi est précisément ce dont il faut nous déprendre : il faut accepter de « lâcher prise » pour se laisser emporter par le courant universel dont nous ne sommes qu’une « parcelle ». Comme ce Moi est vulnérable, et qu’il faut le protéger et le satisfaire, entrent alors en jeu l’attirance pour tout ce qui le conforte et l’aversion pour tout ce qui le menace, cette attraction et cette aversion étant la source de toutes les émotions perturbatrices qui nous empêchent d’accéder au détachement et à la sérénité intérieure.
La solution ne peut venir que d’une déconstruction de cet « ego », qui est la source de tous nos maux et de toutes nos souffrances. Le Moi devrait donc plutôt chercher à se fondre par anticipation dans l’esprit universel et impersonnel, auquel il retournera après sa mort, lorsqu’il se fondra dans le grand tout. L’identité du Moi n’est, en effet, qu’une imposture, pour le bouddhisme: il n’y a pas plus illusoire que le cogito cartésien [«je pense donc je suis», de Descartes], à savoir l’idée d’un sujet qui se pose comme la source de ses pensées. C’est de cette consistance illusoire du Moi qu’il faut se défaire, parce que je ne suis ni l’origine, ni la source de mes pensées, mais je suis en réalité traversé par un flux de pensées qui me précède et m’emporte. De là l’importance de l’entrée en état de flux pour accéder au bonheur.
Tant que l’homme n’aura pas atteint cette lucidité sur lui-même, il sera condamné à des réincarnations permanentes. La réincarnation n’est pas vue par le bouddhisme comme quelque chose de positif : c’est plutôt le châtiment que le destin réserve à celui qui n’a pas atteint l’éveil authentique, qui n’a pas réussi à s’affranchir des illusions du Moi puisqu’il est finalement condamné à revenir dans cet océan de souffrances que constitue le cycle de la naissance et de la mort.
La conséquence est que la vie la plus sage, celle qui engendre le moins de souffrances, est la vie monastique, car retranchée de tout attachement. « La vie profane, dit le Dalaï-Lama, est bourrée de turbulences et de problèmes, en sorte que les laïques sont impliqués dans des activités qui ne favorisent guère l’exercice du dhar-ma. ». En conclusion, celui qui n’a pas encore choisi ce « mode de vie » aura tout intérêt à faire une retraite, parce que cette retraite laissera une forte empreinte sur son karma, ce qui lui permettra, lors d’une prochaine réincarnation de choisir enfin cette « vie monastique » pour parvenir enfin à l’éveil.
par Charles-Eric de Saint Germain, professeur de philosophie (*)
Le bouddhisme part d’une réflexion sur la finitude de la condition humaine, qui est vouée à la mort. C’est dans le fait de s’attacher à des choses périssables que se trouve, pour les bouddhistes, la cause du mal et la source de la souffrance. Le sage doit donc se débarrasser de tout ce qui nous «attache» – que ces attachements soient d’ordre matériel ou d’ordre affectif. La pratique spirituelle bouddhiste constitue donc une ascèse qui vise à obtenir ce détachement. Il faut donc commencer à méditer sur l’impermanence de toutes choses (prendre conscience que rien n’est permanent, reconnaître le caractère fluctuant ou périssable de toute chose).
Celui qui désire avoir, perdra nécessairement ce qu’il a ; il sera nécessairement malheureux, puisqu’il n’y a rien de permanent. De là aussi cette suspicion à l’égard du désir, qui est la source de nos attachements donc de nos souffrances. A ce titre, l’expérience du désir est ressentie davantage comme une servitude que comme une satisfaction. Il ne s’agit pas de prôner l’abolition des désirs simples, ni des aspirations essentielles, mais il s’agit surtout de se détacher des désirs asservissants, ceux qui entraînent une foule de tourments inutiles.
Ce raisonnement sur le mécanisme du désir et ses causes va permettre au bouddhiste ensuite de se débarrasser de l’illusion la plus tenace, qui est l’illusion de l’ego. C’est le moi, en effet, qui se cramponne aux choses périssables, alors que s’il était sage, il saurait qu’il perdra ses richesses. C’est donc de l’illusion d’un sujet qui se croit autonome et libre, dont il faut se libérer : ce n’est pas le Moi qu’il faut libérer, mais le Moi est précisément ce dont il faut nous déprendre : il faut accepter de « lâcher prise » pour se laisser emporter par le courant universel dont nous ne sommes qu’une « parcelle ». Comme ce Moi est vulnérable, et qu’il faut le protéger et le satisfaire, entrent alors en jeu l’attirance pour tout ce qui le conforte et l’aversion pour tout ce qui le menace, cette attraction et cette aversion étant la source de toutes les émotions perturbatrices qui nous empêchent d’accéder au détachement et à la sérénité intérieure.
La solution ne peut venir que d’une déconstruction de cet « ego », qui est la source de tous nos maux et de toutes nos souffrances. Le Moi devrait donc plutôt chercher à se fondre par anticipation dans l’esprit universel et impersonnel, auquel il retournera après sa mort, lorsqu’il se fondra dans le grand tout. L’identité du Moi n’est, en effet, qu’une imposture, pour le bouddhisme: il n’y a pas plus illusoire que le cogito cartésien [«je pense donc je suis», de Descartes], à savoir l’idée d’un sujet qui se pose comme la source de ses pensées. C’est de cette consistance illusoire du Moi qu’il faut se défaire, parce que je ne suis ni l’origine, ni la source de mes pensées, mais je suis en réalité traversé par un flux de pensées qui me précède et m’emporte. De là l’importance de l’entrée en état de flux pour accéder au bonheur.
Tant que l’homme n’aura pas atteint cette lucidité sur lui-même, il sera condamné à des réincarnations permanentes. La réincarnation n’est pas vue par le bouddhisme comme quelque chose de positif : c’est plutôt le châtiment que le destin réserve à celui qui n’a pas atteint l’éveil authentique, qui n’a pas réussi à s’affranchir des illusions du Moi puisqu’il est finalement condamné à revenir dans cet océan de souffrances que constitue le cycle de la naissance et de la mort.
La conséquence est que la vie la plus sage, celle qui engendre le moins de souffrances, est la vie monastique, car retranchée de tout attachement. « La vie profane, dit le Dalaï-Lama, est bourrée de turbulences et de problèmes, en sorte que les laïques sont impliqués dans des activités qui ne favorisent guère l’exercice du dhar-ma. ». En conclusion, celui qui n’a pas encore choisi ce « mode de vie » aura tout intérêt à faire une retraite, parce que cette retraite laissera une forte empreinte sur son karma, ce qui lui permettra, lors d’une prochaine réincarnation de choisir enfin cette « vie monastique » pour parvenir enfin à l’éveil.
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