Le catharisme
Page 1 sur 1
Le catharisme
Le catharisme
Le catharisme apparaît dés le XIe siècle, et prône un dogme chrétien différent du dogme catholique. Face à une église romaine réformatrice et opulente, qui accroit son pouvoir matériel, et qui, pour les cathares, s'éloigne du message originel du Christ, le catharisme propose un retour aux origines de la foi chrétienne. Les cathares ne peuvent également croire qu'un créateur bon ait permis aux hommes de connaître le mal, les souffrances, les guerres et les maladies... Exemptant Dieu d'avoir créé le mal, ils croient en un second principe, créateur du monde visible, le Dieu bon ayant crée le monde invisible...
Apparition du catharisme
Le catharisme surgit dans la Chrétienté occidentale au milieu du XIIe siècle. Cette dissidence chrétienne médiévale réclame le retour au modèle d'Eglise primitive des premiers temps du Christianisme. Elle condamne l'Eglise de Rome et sa hiérarchie prétextant qu'elles ne respecteraient pas l'idéal de vie et de pauvreté du Christ.
Sous des noms différents, des communautés de cathares sont attestées à travers toute l'Europe : en Allemagne, en Italie, en Flandre, Bourgogne et Champagne. Mais, c'est dans le Midi de la France et dans le Nord de l'Italie que le catharisme connaît l'accueil le plus favorable et le plus durable. Dans ces régions, les cathares ou plutôt les Bons Hommes ou Bons Chrétiens comme ils se désignaient (le terme de cathare est anachronique ; bien que son utilisation est attesté au XIIe siècle dans quelques documents, son utilisation récurrente date du XXe siècle), s'organisent en communautés d'hommes et de femmes dirigées par des diacres et des évêques. Plusieurs communautés constituent une Eglise ou diocèse cathare, à la tête duquel est placé un évêque : il s'agit bien d'une religion hiérarchisée. Au début du XIIIe siècle, on va compter jusqu'à 5 Eglises cathares du Midi, à savoir Albi, Toulouse, Carcassonne, Agen et l'Eglise du Razès dont Benoît de Termes devint le premier évêque en 1226.
Ces églises sont indépendantes les unes des autres ; les cathares ne reconnaissant pas une autorité supérieure à celle de l'évêque, récusant donc l'idée même d'un pape.
La doctrine cathare
Aux yeux de l'Eglise de Rome, les cathares représentaient un danger bien pire que les infidèles (juifs et musulmans), car, tout en étant chrétiens, ils interprétaient différemment les Écritures et refusaient la doctrine des sept sacrements que les théologiens catholiques avaient fixée dans le dogme dès le début du XIIe siècle.
Quelles étaient donc les croyances des cathares ?
Tout d'abord, ils poussent à l'extrême le message des Écritures qui formule la croyance dans l'existence de deux mondes, l'un bon et l'autre mauvais.
Le premier, le monde invisible dont les créatures sont éternelles, résulte de la création de Dieu le père ; le second, le monde visible et corruptible est l'oeuvre du Diable.
Sur cette croyance dans la dualité des mondes, qui cherche au départ à exempter Dieu de toute responsabilité du Mal dans ce monde-ci, les cathares bâtissent leur propre système de croyances.
Dans l'ensemble, les cathares croient que Dieu a créé uniquement le monde invisible et éternel et ses créatures les anges. Cependant, parmi eux, l'un pêche d'orgueil en voulant se révolter contre le Père et égaler sa puissance : le Diable, ange expulsé du Ciel avec d'autres anges, dont certains ont péché avec lui, d'autres étant simplement entraînés dans la chute.
Le premier, le monde invisible dont les créatures sont éternelles, résulte de la création de Dieu le père ; le second, le monde visible et corruptible est l'oeuvre du Diable.
Sur cette croyance dans la dualité des mondes, qui cherche au départ à exempter Dieu de toute responsabilité du Mal dans ce monde-ci, les cathares bâtissent leur propre système de croyances.
Dans l'ensemble, les cathares croient que Dieu a créé uniquement le monde invisible et éternel et ses créatures les anges. Cependant, parmi eux, l'un pêche d'orgueil en voulant se révolter contre le Père et égaler sa puissance : le Diable, ange expulsé du Ciel avec d'autres anges, dont certains ont péché avec lui, d'autres étant simplement entraînés dans la chute.
Introduits dans des corps de chair fabriqués par le Diable, ces anges sont devenus les âmes des hommes et des femmes.
Une autre différence avec la doctrine de l'Eglise de Rome est le rôle du Christ. Pour les cathares, il est uniquement l'envoyé du Père venu porter le message du salut aux hommes. Il n'est pas, comme chez les catholiques, le rédempteur de tous les péchés. Il n'a pas souffert de la Passion ; il n'est pas mort sur la croix car il n'avait un corps de chair qu'en apparence.
De ce fait, les cathares ne conservent qu'un seul sacrement, celui du consolamentum (consolation) ou baptême d'imposition des mains pratiqué par le Christ, le seul à apporter le Salut. Ce sacrement joue un rôle fondamental chez les cathares car il est à la fois sacrement d'ordination, de pénitence, d'eucharistie et d'extrême onction.
Les cathares considèrent d'ailleurs comme inefficace le baptême d'eau des catholiques, ils contestent le sacrement de l'eucharistie et le sacrement du mariage.
Les cathares n'ont pas d'églises ou de chapelles car pour eux la parole du Christ peut être enseignée là où se réunissent les fidèles : sur la place publique du village, dans la maison d'un croyant cathare...
Le Notre Père est toutefois resté leur prière fondamentale, même s'ils en tirent une interprétation qui leur est propre.
Les cathares contestaient l'église catholique romaine sur de nombreux points, y compris sur la nécessité de bâtir des lieux de cultes "officiels", attitrés, donc au moyen d'impôts et taxes...
Photo de l'intérieur de l'église de Termes.
Re: Le catharisme
Voyant le succès des thèses cathares en Languedoc, et jugeant le catharisme comme un danger menaçant son existence même, l'église romaine se doit de lutter contre ces "hérétiques". Le ralliement pacifique des populations imprégnées par le catharisme étant un échec, le pape fait appel à la force : l'outil de la croisade est ainsi enclenché pour la première fois en terres chrétiennes. De 1209 à 1229, les "croisades albigeoises" déferleront sur le midi occitan. Un des épisodes militaires les plus illustres est le siège de Termes, le plus long de cette période. Cette guerre va mettre au pas la noblesse locale, qui protégeait les cathares. Mais la répression du catharisme ne sera véritablement efficace qu'avec la création de l'inquisition. Elle obtiendra la disparition de cette église conccurente au début du XIVe siècle.
Au début du XIIIe siècle, sur les terres de Trencavel et du comte de Toulouse, l'hérésie continue de progresser parmi la population et particulièrement parmi la petite noblesse locale, qui constitue l'assise du pouvoir des grands seigneurs. Même les seigneurs restés catholiques -majoritaires- n'ont pas de réel intérêt à une violente répression de la dissidence. Il n'y a donc pas de pouvoir séculier en mesure d'appliquer les condamnations proclamées par l'église, à la différence d'autres régions. De plus, les débats contradictoires et les prédications, comme celles de Dominique de Guzman, n'ont pas connu de succès notables.
Devant le danger que représente le dogme cathare pour l'Eglise, le pape doit faire appel à la force, et donc, surtout, à la force de seigneurs étrangers au Languedoc. Après de vains appels à la croisade, le contexte change en 1208. Le prétexte du déclenchement des opérations militaires est le meurtre du légat pontifical, Pierre de Castelnau, au gué de Saint Gilles du Rhône en janvier 1208. Le roi de France, Philippe Auguste, consent enfin à ce que ses vassaux puissent partir en croisade.
Ainsi, en 1209, le pape Innocent III lance la première guerre sainte en Europe christianisée, " l'affaire de la paix et de la foi ", connue comme "la Croisade albigeoise". Elle vise en priorité le comte de Toulouse et la noblesse méridionale protectrice des hérétiques : s'ils ne luttent pas contre les hérétiques, ils seront dépossédés, car les domaines de seigneurs ne collaborant pas seront "exposés en proie".
L'armée croisée, composée d'hommes de l'Europe du nord essentiellement, est réunie à Lyon par Arnaud-Amaury, l'abbé de Citeaux. Elle passe le Rhône en juillet 1209 et s'avance alors via Montpellier, avec comme seul objectif les terres du Vicomte d'Albi-Béziers-Carcassonne : Raimond-Roger Trencavel, suzerain de Termes. Le comte de Toulouse a en effet réussi à détourner la Croisade de ses terres.
La ville de Béziers tente de résister, mais sa rapide prise est l'occasion d'un illustre massacre : Arnaud Amaury aurait dit "Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens". Les croisés mettent ensuite le siège devant Carcassonne qui se rend au bout de quinze jours. Malgré l'absence de sources, il est permis de penser que les hommes de Termes ont participé à la défense, au titre du service vassalique. Hormis Trencavel, tous les défenseurs et habitants de la cité repartent sans rien, mais saufs.
Après le refus des plus notables seigneurs de la Croisade, Simon de Montfort, baron peu connu d'Ile de France, accepte de devenir chef de la Croisade et nouveau vicomte de Carcassonne. Avec un contingent réduit, il passera l'hiver dans le pays. Les grands seigneurs et l'essentiel de l'ost, leur service de 40 jours effectué, s'en retournent dans le nord.
Le reste de 1209 et l'année 1210 sont consacrées à la conquête des domaines de la Vicomté : il s'agit de soumettre les principaux seigneurs qui ne reconnaissent pas Simon de Montfort comme leur nouveau suzerain, et protègent les hérétiques. La résistance s'organise autour des quelques véritables forteresses que compte le pays. Citons Montréal, Ventajou, Cabaret (Lastours), Minerve, et... Termes.
Une opération est lancée début 1210 contre Cabaret, mais le siège semble mal préparé, et c'est un échec pour les croisés. Simon de Montfort se tourne ensuite vers la cité de Minerve, qui se défend âprement, mais qui se rend au bout de 5 semaines en raison du manque d'eau. Un mangonneau croisé, "la Malvoisine", a joué un grand rôle dans la prise de la place. On assiste à Minerve à un bûcher massif de cathares : 140 personnes périssent dans les flammes.
Ensuite, à partir de fin juillet 1210, Simon met le siège devant Termes.
Fin 1210, Simon de Montfort bénéficie de la tournure qu'ont pris les événements à Termes, et prend rapidement de nombreuses places. Les seigneurs de Cabaret négocient leur reddition honorable, non sans avoir évacué au préalable les cathares présents dans le castrum.
"La croisade des Montfort" (Simon, puis son fils) se poursuivra jusqu'en 1224. Elle concernera de nombreux théatres d'opérations, des Pyrénées jusqu'en Provence, en Massif central et autour de Toulouse. De grands bûchers ou massacres marqueront cette guerre. Nous ne rentrerons pas ici dans le détail de ces événements, où ni les Seigneurs de Termes, trop jeunes, et en exil, ni le château, ne jouent de rôle notable. Il faut tout de même garder à l'esprit que les batailles et sièges de Muret, Beaucaire, Toulouse... furent autant de tournants décisifs, y compris à l'échelle de l'histoire européenne. Le soir du 13 septembre 1213, par exemple, aprés la bataille de Muret perdue par les Méridionaux, c'en était fini d'un éventuel royaume catalano-occitan s'étalant de part et d'autre des Pyrénées. Et, cela est parfois oublié... mais au final, "la croisade des Montfort"... se solde par la défaite des croisés.
La "reconquista" des seigneurs méridionaux fait que, pour l'église catholique, en 1224, rien n'est réglé : les communautés cathares réapparaissent au grand jour, et un concile cathare, en 1226, voit même la création d'un nouvel évéché : Benoit de Termes est nommé évêque cathare du Razés, au sud de Carcassonne.
Cependant, Amaury de Montfort, défait, a fait donation de ses possesions perdues au roi de France. Louis VIII lancera une nouvelle croisade en 1226, pour son propre bénéfice : assurer la suzeraineté du royaume de france sur le midi, avoir un accès direct à la Méditerranée. Malgré la mort de Louis VIII sur le retour de la campagne de 1226, la royauté française verra ses objectifs se réaliser en imposant ses conditions au traité de paix de Meaux, en 1229, aux dépens surtout du comte Raymond VII de Toulouse.
Usuellement, 1229 marque la fin des croisades albigeoises. Des opérations militaires auront bien lieu jusqu'en 1255, mais le traité de Meaux enterine une nouvelle donne géopolitique : les seigneurs méridionaux favorables aux cathares sont dépossédés ou sous étroit contrôle. Des sénéchaussées royales, à Carcassonne, Beaucaire, assurent la domination directe de ces régions par le roi. Dans ces conditions, l'église catholique est en mesure de mettre en place son implacable répression des hérétiques, au moyen d'un instrument policier spécialement crée : l'inquisition.
Mise en place en 1233, confiée aux Dominicains, l'Inquisition va progressivement réussir à débusquer les hérétiques pour les condamner. Les cathares qui échapperont aux peines du tribunal seront réduits à la clandestinité ou à la fuite en Catalogne ou en Lombardie. Le 15 mars 1244, la reddition de Montségur se solde par la disparition du principal refuge de la hiérarchie cathare : plus de deux cents cathares sont brûlés.
Le bûcher du dernier "parfait" cathare connu, Guilhem Bélibaste, en août 1321 à Villerouge Termenès, suivi quelques années après par les derniers supplices de croyants relaps, marque la fin de la répression des cathares.
Re: Le catharisme
Histoire du Catharisme
Un bref rappel des événements Au XIIème siècle s’est développée dans le sud de la France une religion chrétienne différente du catholicisme : le catharisme. Cette nouvelle croyance basée sur le christianisme mais très critique vis-à-vis du catholicisme s’est rapidement propagée dans toute l’Occitanie. Le pape Innocent III pour contrer ce mouvement décida de lancer la croisade contre les Albigeois. Cette croisade se doubla rapidement d’une guerre géopolitique entre les seigneurs du Nord et les seigneurs occitans. Les tribunaux de l’Inquisition achevèrent le travail des nombreux sièges et bûchers contre les cathares. Bien que le catharisme fut éradiqué, il est un des symboles de la tolérance, de la liberté et de l’ouverture d’esprit de la culture occitane. Il a laissé son empreinte sur ce territoire et son identité. Aujourd’hui, il ne reste que très peu de vestiges de cette histoire. Les châteaux, abbayes et musées du Pays Cathare sont devenus les symboles de ce combat ; les châteaux ayant servis de refuges aux cathares et subis de nombreux sièges, les abbayes ayant pour fonction de renforcer la position catholique et de soutenir la croisade. Les siècles passants, l’aspect de ses monuments a beaucoup évolué mais leur histoire, elle reste à jamais attachée à la tragédie de l’époque médiévale. |
La doctrine….
Le catharisme se développe dans la Chrétienté occidentale au XIIème siècle. Cette dissidence chrétienne médiévale réclame, comme d’autres mouvements de son temps, le retour au modèle d’Eglise primitive des premiers temps du Christianisme. Elle condamne l’Eglise romaine et sa hiérarchie au prétexte de ce qu’elles ne respecteraient pas l’idéal de vie et de pauvreté du Christ.
Sous des noms différents, des communautés de cathares sont attestées à travers toute l’Europe, mais c’est dans le Midi de la France et dans les cités du nord et du centre de l’Italie que le catharisme connaît l’accueil le plus favorable et le plus durable.
Aux yeux de l’Eglise romaine, les cathares représentaient un danger bien pire que les infidèles (juifs et musulmans), car, tout en étant chrétiens, ils interprétaient différemment les Ecritures et refusaient la doctrine des sept sacrements.
Leur croyance était basée sur l’existence de deux mondes, l’un bon et l’autre mauvais. Le premier, le monde invisible dont les créatures sont éternelles, résulte de la création de Dieu le Père ; le second, le monde visible et corruptible, est l’œuvre du Diable. Introduits dans des corps de chair fabriqués par le Diable, des anges déchus sont devenus les âmes des hommes et des femmes.
Pour les cathares, le christ est uniquement l’envoyé du Père venu porter le message du salut aux hommes. Il n’est pas comme chez les catholiques le rédempteur de tous les péchés. Du coup, les cathares ne conservent qu’un seul sacrement, celui du consolamentum (consolation) ou baptême d’imposition des mains pratiqué par le Christ, le seul à apporter le Salut.
Les évènements qui ont conduit à la disparition
des cathares du Midi…
Comme d’autres mouvements dissidents ou contestataires contemporains, « l’hérésie des bons hommes » condamnée par la Papauté, devient la cible des clercs catholiques, d’abord les cisterciens (le futur saint Bernard vient les combattre dans le Toulousain dès 1145), puis, au XIIIème siècle, des ordres mendiants (Dominicains et Franciscains).
Ne parvenant pas à les convaincre d’abandonner leurs croyances par le seul usage de la prédication, la papauté décide en 1209 de déclencher contre les cathares du Midi, la première croisade organisée en terre chrétienne contre les hérétiques et ceux qui les soutiennent. Ce sera la Croisade contre les Albigeois.
Le roi de France en 1209 ne veut pas se lancer dans l’aventure mais 300 000 barons et chevaliers du Nord, accompagnés de valets et d’hommes de main sont réunis à Lyon attirés par les richesses du Midi. Suite au siège de Carcassonne, Simon de Montfort est nommé chef de la croisade. Puis à partir de 1226, Louis VIII qui a succédé à Philippe-Auguste sur le trône de France s’engage dans la croisade.
Ce conflit dura vingt ans et provoqua la transformation de l’échiquier politique du midi de la France (avec le rattachement des sénéchaussées de Carcassonne et Beaucaire au domaine du Roi de France et la soumission au roi du comte Raymond VII de Toulouse).
En 1233, l’Eglise adopte une autre stratégie et met en place une nouvelle institution judiciaire confiée aux Dominicains : l’Inquisition. Les enquêtes menées tout au long du XIIIème siècle et au début du XIVème siècle par les inquisiteurs vont sérieusement réduire le nombre de cathares dans le Midi.
Véritable épilogue de la Croisade contre les Albigeois, la campagne militaire contre Montségur, siège de l’évêché cathare du toulousain marque un tournant dans la répression contre le catharisme. La reddition de la forteresse le 15 Mars 1244 se solde par la disparition du principal refuge de la hiérarchie cathare.
L’arrestation des parfaits Pierre et Jacques Authié en 1308 marque la fin de l’hérésie en Languedoc. Le bûcher du dernier parfait connu Guihlem Bélibaste en 1321 à Villerouge Termenès, château de l’archevêque de Narbonne, met un terme quasi définitif à l’histoire du catharisme dans le Midi.
Chronologie
1179 le concile du Latran III frappe d’hérésie les cathares
1208 15 janvier le prélat Pierre de Castelnau envoyé du Pape
est assassiné. Appel du pape Innocent III à la croisade
1209 massacre de Béziers et prise de Carcassonne
1210 siège de Cabaret (Lastours), Minerve et Termes
1213 bataille de Muret. Mort de Pierre II, le roi d'Aragon
1218 Mort de Simon de Montfort au siège de Toulouse
1224 Amaury de Montfort, le fils de Simon, est défait et quitte le sud. Il
lègue ses titres au roi de France
1229 traité de Meaux-Paris : Soumission de Raimond VII de Toulouse
1242 meurtre des inquisiteurs à Avignonet. Révolte avortée de Raimond
VII de Toulouse
1244 chute de Montségur et bûcher le 16 mars
1255 fin de la lutte avec la prise de Quéribus
1321 mort sur le bûcher de Guilhem Bélibaste
1659 traité des Pyrénées : les forteresses royales perdent leur intérêt
stratégique
Re: Le catharisme
Les cathares
Introduction
Entre le Xe et XIIe siècle, une mystérieuse « hérésie » fait son apparition dans le Midi de la France. Bientôt son expansion et sa menace sont telles que l'Eglise catholique est contrainte de mener une guerre à l'éradication de cette religion. Deux croisades seront menées par le royaume de France, il s'agit surtout pour le roi de France de dominer tout le Languedoc et l'Aquitaine. La lutte contre les cathares s'achèvera par la chute de la forteresse de Montségur en 1244.
Le contexte
La civilisation occitane
Au XIIe siècle, le sud-ouest de la France est une région bien différente de celle du nord de la Loire. On y parle une langue distincte (langue d'oc et non d'oïl) et une civilisation brillante et raffinée s'y épanouit. Se déplaçant de château en château, les troubadours, poètes et musiciens, chantent l'amour, mais aussi l'honneur et la négation du droit du plus fort. Ces idées et ces valeurs sont très présentes dans une région où les gens cultivés, surtout dans les villes, ont gardé vivants les souvenirs de la civilisation romaine. Des règles, des lois et des codes limitent le pouvoir des grands et régissent les rapports qui les unissent à leurs vassaux et à leurs sujets. Tandis qu'en Île de France, le roi se bat à cheval et s'impose de diverses manières à ses vassaux récalcitrants, dans les villes du Midi languedocien et aquitain, les habitants élisent des consuls ou des capitouls qui gouvernent et parlent d'égal à égal avec les seigneurs dont ils dépendent. Plus libres, les villes du Midi sont aussi les plus accueillantes aux idées étrangères : leur importante activité commerciale (Toulouse est la troisième ville d'Europe) les met en relation avec de nombreux pays. Les commerçants qui y échangent des denrées et des biens, y puisent des idées qu'ils propagent ensuite vers l'Occitanie.
Les Cathares chassés de la ville de Carcassonne
(Enluminure des Grandes Chroniques de France. British Library, Londres. Photo D.R.)
L'origine de la religion cathare
C'est dans ce milieu que se répandit une religion nouvelle dont le succès fut si rapide qu'il effraya l'Église catholique. Cette dernière fut en partie responsable de cet extraordinaire essor : critiquée de toutes parts et incapable de se réformer, elle prépara le terrain sur lequel le catharisme put s'enraciner. Bien avant l'apparition de la religion cathare, de nombreux moines avaient prêché la révolte ouverte contre l'Église, ses prêtres et ses sacrements : l'exigence entre une plus grande simplicité dans la relation des hommes avec Dieu, d'un retour à une foi moins prisonnière du cadre luxueux dans lequel l'avait enfermée l'Église, étaient des revendications très largement répandues à l'époque. Mais le catharisme était bien plus qu'un mouvement de simple critique; il était aussi et surtout une religion différente du catholicisme romain. La tradition qui le nourrissait était très ancienne puisqu'elle s'était développée à partir du VIIe siècle avant J.-C., autour d'un personnage important de l'Antiquité, le prophète perse Zoroastre. Ce dernier pensait qu'il existait dans l'univers deux principes irréductibles, le Bien et le Mal, en lutte permanente l'un contre l'autre. Les idées de Zoroastre eurent une influence considérable pendant toute l'Antiquité et elles furent, dans leurs grandes lignes, reprises au IIIe siècle après J.-C. par le prophète Manès, fondateur de la doctrine manichéenne. Au Xe siècle, en Bulgarie, cette doctrine donna naissance aux bogomiles (De Bogomile, le fondateur de la secte), qui avaient repris les idées religieuses des conceptions manichéennes. Par la suite, on a souvent établi un lien de filiation entre le catharisme et le bogomilisme, cependant, ce lien est aujourd'hui contesté. Si ces deux doctrines sont très proches, il semble que le catharisme soit directement issu du christianisme et des doctrines marcionistes (de Marcion) et gnostiques. Le catharisme est en effet le fruit d'un travail scripturaire, proposant une interprétation différente des évangiles, rejetant notamment tous les sacrements de l'Église catholique (baptême d'eau, eucharistie, mariage, etc.).
L'essor de la religion cathare
La religion cathare tire son nom du terme grec catharos, qui signifie pur, car elle donne comme but à l'homme d'atteindre la pureté parfaite de l'âme. Pendant la durée de sa vie terrestre, considérée comme une épreuve, l'Homme doit s'efforcer, par une conduite appropriée, de rompre avec la matière, le monde physique et les besoins grossiers. Pour les cathares, qu'on appelle aussi albigeois (de la région d'Albi), tout cela représente le Mal auquel est opposé le Bien, c'est-à-dire l'âme purifiée, ignorant les désirs du corps. Ceux qui parviennent à purifier leur âme se reposent à jamais dans le Bien après la mort. Les autres doivent se réincarner indéfiniment. Pour les cathares, la mort n'était pas redoutée car elle pouvait signifier la délivrance. Ce mépris de la mort leur donna l'énergie nécessaire pour combattre le roi de France et le pape. Dès 1147, des moines furent envoyés pour redonner la raison aux albigeois, mais tous échouèrent. La dernière tentative fut celle de saint Dominique (fondateur de l'ordre des Dominicains), mais il n'obtint qu'un succès limité. Le pape en vint progressivement à penser qu'il fallait mener contre eux une guerre sainte. La rupture entre cathares et catholiques fut totale en 1208 lorsque le légat du pape fut assassiné.
Croyants et Parfaits
Les cathares et ceux qu'on appelait « Parfaits » ou « Bonshommes », qui jouaient en quelque sorte le rôle de prêtres, devaient observer des règles très strictes. Ils étaient astreints à jeûner fréquemment, et une série d'aliments leur étaient défendus en temps ordinaire. Ils ne construisaient pas de temples, ils priaient et prêchaient n'importe où, chaque fois que la possibilité s'en offrait. Ils rejetaient tous les sacrements à l'exception du Consolamentum. Elle concernait les croyants désireux de devenir Parfaits (sorte de baptême). Le croyant s'engageait à respecter les règles propres aux Parfaits : ne plus mentir, ni jurer, ne plus avoir de relations sexuelles, régime alimentaire très strict... Recevant l'accolade de ses initiateurs, qui s'agenouillaient ensuite devant lui, le nouveau Parfait était censé sentir descendre sur lui l'Esprit saint. Tant qu'ils purent afficher librement leurs opinions, les cathares s'habillaient de préférence en noir. Après la répression, ils se contentaient de dissimuler une ceinture noire sous leurs vêtements ordinaires.
Bernard Délicieux, l'agitateur du Languedoc (inconnu, XIXème siècle)
Introduction
Entre le Xe et XIIe siècle, une mystérieuse « hérésie » fait son apparition dans le Midi de la France. Bientôt son expansion et sa menace sont telles que l'Eglise catholique est contrainte de mener une guerre à l'éradication de cette religion. Deux croisades seront menées par le royaume de France, il s'agit surtout pour le roi de France de dominer tout le Languedoc et l'Aquitaine. La lutte contre les cathares s'achèvera par la chute de la forteresse de Montségur en 1244.
Le contexte
La civilisation occitane
Au XIIe siècle, le sud-ouest de la France est une région bien différente de celle du nord de la Loire. On y parle une langue distincte (langue d'oc et non d'oïl) et une civilisation brillante et raffinée s'y épanouit. Se déplaçant de château en château, les troubadours, poètes et musiciens, chantent l'amour, mais aussi l'honneur et la négation du droit du plus fort. Ces idées et ces valeurs sont très présentes dans une région où les gens cultivés, surtout dans les villes, ont gardé vivants les souvenirs de la civilisation romaine. Des règles, des lois et des codes limitent le pouvoir des grands et régissent les rapports qui les unissent à leurs vassaux et à leurs sujets. Tandis qu'en Île de France, le roi se bat à cheval et s'impose de diverses manières à ses vassaux récalcitrants, dans les villes du Midi languedocien et aquitain, les habitants élisent des consuls ou des capitouls qui gouvernent et parlent d'égal à égal avec les seigneurs dont ils dépendent. Plus libres, les villes du Midi sont aussi les plus accueillantes aux idées étrangères : leur importante activité commerciale (Toulouse est la troisième ville d'Europe) les met en relation avec de nombreux pays. Les commerçants qui y échangent des denrées et des biens, y puisent des idées qu'ils propagent ensuite vers l'Occitanie.
Les Cathares chassés de la ville de Carcassonne
(Enluminure des Grandes Chroniques de France. British Library, Londres. Photo D.R.)
L'origine de la religion cathare
C'est dans ce milieu que se répandit une religion nouvelle dont le succès fut si rapide qu'il effraya l'Église catholique. Cette dernière fut en partie responsable de cet extraordinaire essor : critiquée de toutes parts et incapable de se réformer, elle prépara le terrain sur lequel le catharisme put s'enraciner. Bien avant l'apparition de la religion cathare, de nombreux moines avaient prêché la révolte ouverte contre l'Église, ses prêtres et ses sacrements : l'exigence entre une plus grande simplicité dans la relation des hommes avec Dieu, d'un retour à une foi moins prisonnière du cadre luxueux dans lequel l'avait enfermée l'Église, étaient des revendications très largement répandues à l'époque. Mais le catharisme était bien plus qu'un mouvement de simple critique; il était aussi et surtout une religion différente du catholicisme romain. La tradition qui le nourrissait était très ancienne puisqu'elle s'était développée à partir du VIIe siècle avant J.-C., autour d'un personnage important de l'Antiquité, le prophète perse Zoroastre. Ce dernier pensait qu'il existait dans l'univers deux principes irréductibles, le Bien et le Mal, en lutte permanente l'un contre l'autre. Les idées de Zoroastre eurent une influence considérable pendant toute l'Antiquité et elles furent, dans leurs grandes lignes, reprises au IIIe siècle après J.-C. par le prophète Manès, fondateur de la doctrine manichéenne. Au Xe siècle, en Bulgarie, cette doctrine donna naissance aux bogomiles (De Bogomile, le fondateur de la secte), qui avaient repris les idées religieuses des conceptions manichéennes. Par la suite, on a souvent établi un lien de filiation entre le catharisme et le bogomilisme, cependant, ce lien est aujourd'hui contesté. Si ces deux doctrines sont très proches, il semble que le catharisme soit directement issu du christianisme et des doctrines marcionistes (de Marcion) et gnostiques. Le catharisme est en effet le fruit d'un travail scripturaire, proposant une interprétation différente des évangiles, rejetant notamment tous les sacrements de l'Église catholique (baptême d'eau, eucharistie, mariage, etc.).
L'essor de la religion cathare
La religion cathare tire son nom du terme grec catharos, qui signifie pur, car elle donne comme but à l'homme d'atteindre la pureté parfaite de l'âme. Pendant la durée de sa vie terrestre, considérée comme une épreuve, l'Homme doit s'efforcer, par une conduite appropriée, de rompre avec la matière, le monde physique et les besoins grossiers. Pour les cathares, qu'on appelle aussi albigeois (de la région d'Albi), tout cela représente le Mal auquel est opposé le Bien, c'est-à-dire l'âme purifiée, ignorant les désirs du corps. Ceux qui parviennent à purifier leur âme se reposent à jamais dans le Bien après la mort. Les autres doivent se réincarner indéfiniment. Pour les cathares, la mort n'était pas redoutée car elle pouvait signifier la délivrance. Ce mépris de la mort leur donna l'énergie nécessaire pour combattre le roi de France et le pape. Dès 1147, des moines furent envoyés pour redonner la raison aux albigeois, mais tous échouèrent. La dernière tentative fut celle de saint Dominique (fondateur de l'ordre des Dominicains), mais il n'obtint qu'un succès limité. Le pape en vint progressivement à penser qu'il fallait mener contre eux une guerre sainte. La rupture entre cathares et catholiques fut totale en 1208 lorsque le légat du pape fut assassiné.
Croyants et Parfaits
Les cathares et ceux qu'on appelait « Parfaits » ou « Bonshommes », qui jouaient en quelque sorte le rôle de prêtres, devaient observer des règles très strictes. Ils étaient astreints à jeûner fréquemment, et une série d'aliments leur étaient défendus en temps ordinaire. Ils ne construisaient pas de temples, ils priaient et prêchaient n'importe où, chaque fois que la possibilité s'en offrait. Ils rejetaient tous les sacrements à l'exception du Consolamentum. Elle concernait les croyants désireux de devenir Parfaits (sorte de baptême). Le croyant s'engageait à respecter les règles propres aux Parfaits : ne plus mentir, ni jurer, ne plus avoir de relations sexuelles, régime alimentaire très strict... Recevant l'accolade de ses initiateurs, qui s'agenouillaient ensuite devant lui, le nouveau Parfait était censé sentir descendre sur lui l'Esprit saint. Tant qu'ils purent afficher librement leurs opinions, les cathares s'habillaient de préférence en noir. Après la répression, ils se contentaient de dissimuler une ceinture noire sous leurs vêtements ordinaires.
Bernard Délicieux, l'agitateur du Languedoc (inconnu, XIXème siècle)
Re: Le catharisme
La lutte contre les cathares
La première croisade contre les albigeois (1209 - 1218)
L'assassinat de son légat amena le pape à lever une croisade contre les hérétiques. Le roi de France, Philippe Auguste, répondit à l'appel et laissa ses plus puissants vassaux, le duc de Bourgogne, les comtes de Montfort et de Saint-Pol prendre la tête de l'armée. Ce sont 300 000 croisés qui descendirent dans la vallée du Rhône. Le comte de Toulouse, Raymond VI, soupçonné d'avoir encouragé le meurtre du légat, s'était rallié à l'Église et s'était croisé contre ses propres sujets. L'armée des croisés mit le siège sur la ville de Béziers, une ville solidement fortifiée. Cependant les habitants, forts de ce sentiment de sécurité, assaillirent les campements qui se tenaient aux pieds des murailles. Les ribauds (mercenaires et chevaliers recrutés pour l'expédition) profitèrent que les portes des remparts étaient ouvertes pour se frayer un chemin à l'intérieur de la cité et pour y faire pénétrer ensuite une partie de l'armée. Aux soldats qui se demandaient comment faire pour distinguer, dans la population, ceux qui étaient hérétiques de ceux qui étaient fidèles, l'abbé de Cîteaux, Arnaud Amaury, répondit par cette phrase terrible : « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens! » La mise à feu du Languedoc commença : la ville fut incendiée et ses habitants, massacrés. Après Béziers, ce fut le tour de Carcassonne où l'armée s'annonça à la fin du mois de juillet 1209. L'âme de la résistance de la ville fut le jeune vicomte Roger de Trencavel. Le siège dura trois semaines, les assiégeants avaient privé la ville d'eau, obligeant les assiégés à parlementer. Trencavel qui était venu parlementer fut fait prisonnier par les croisés, rompant ainsi le code d'honneur de la chevalerie. Simon de Montfort, un chevalier croisé dont le courage avait été remarqué, fut choisi pour succéder aux biens de Trencavel. Cependant, ses sujets lui étaient naturellement hostiles. Aussi, jusqu'à sa mort, en 1218, il fut constamment en guerre contre ses sujets récalcitrants.
Simon de Montfort, vainqueur et vaincu
A l'issue de ces sièges longs et éprouvants, les croisés victorieux offraient la vie sauve aux hérétiques acceptant de renier leur foi, mais ils étaient bien peu nombreux. Par le fer, le feu et le sang, la croisade continuait, mais l'enjeu devenait chaque jour plus clair, il s'agissait pour les seigneurs du Nord de maîtriser le Midi. Le comte de Toulouse et le roi d'Aragon finirent par s'en inquiéter et, en 1213, ils unirent leurs forces pour attaquer Simon de Montfort au château de Muret. L'assaut tourna court malgré l'avantage numérique, Pierre d'Aragon fut tué, et Raymond VI dut se replier dans sa ville de Toulouse qui fut par la suite investie par l'armée de Simon de Montfort. Mais le peuple gardait une fidélité profonde et préférait aller au bûcher en chantant plutôt que de renier sa foi. Lorsque Raymond VI et son fils Raymond VII revinrent d'Angleterre où ils s'étaient réfugiés, ils furent accueillis avec beaucoup d'enthousiasme. Une émeute populaire avait chassé les chevaliers français de la ville de Toulouse. A cette nouvelle, Montfort accourut aussitôt pour mettre le siège dans la ville, c'est là qu'il fut tué en 1218. Sa mort fut accueillie par des cris de joie : les cathares voyaient disparaître le plus cruel de leurs ennemis.
Simon de Montfort
Chef de la croisade contre les albigeois, il mena cette guerre avec courage et cruauté. Il s'était déjà illustré pour sa bravoure au cours de la quatrième croisade. Il représente le « puritanisme du nord ». Il est le parfait opposé de son ennemi, le comte Raymond VI de Toulouse, symbole du « méridional libertin ». Ils sont le modèle du choc des deux cultures en présence.
La seconde croisade contre les albigeois (1226)
En 1224, de nouvelles menaces se précisèrent sur le pays occitan. Le nouveau roi Louis VIII va se montrer plus implacable encore que son père Philippe Auguste. En 1226, alors que les seigneurs et comtes du Midi se voyaient réinstallés sur leurs terres, une seconde armée croisée allait déferler sur le Languedoc, avec le roi de France en personne à sa tête. La plupart des villes s'effondrèrent ou se soumirent assez facilement. Seul Avignon opposa une âpre résistance de trois mois. La mort de Louis VIII sauva Toulouse d'un nouveau siège, mais les redditions successives de ses vassaux finirent par convaincre Raymond VII qu'il valait mieux capituler. Par le traité de Meaux, signé en 1229, le comte de Toulouse s'engagea à demeurer fidèle au roi et à l'Eglise catholique, à mener une guerre intraitable contre les hérétiques et à marier sa fille unique au frère du nouveau roi de France, Louis IX, afin de préparer le rattachement du Languedoc à la France. Après la signature du traité et le retour de Raymond VII à Toulouse, le tribunal d'Inquisition fut créé et confié à une poignée de Dominicains. Jouissant d'un pouvoir sans limites, les inquisiteurs sillonnèrent le Midi pour débusquer les hérétiques. Mais ces mesures ne suffirent pas à étouffer l'aspiration du Midi à croire et à gouverner comme il l'entendait. Une seconde révolte secoua la région après l'assassinat, en 1242, des juges du tribunal de l'Inquisition par des chevaliers cathares.
Bataille de Muret
La bataille de Muret, le 12 septembre 1213 fut un tournant dans la lutte pour le Midi occitan, à l'avantage de l'armée royale.
(Bibliotheque Nationale de France)
La prise du château de Montségur
Une paix définitive fut signée à Lorris en 1243 entre le roi de France et le comte de Toulouse. C'était la fin de l'Occitanie indépendante et surtout du catharisme. Pour leur porter le coup de grâce, il fallut cependant prendre la forteresse de Montségur, symbole du refus de l'autorité royale, où s'était réfugiés 400 croyants de la religion cathare. La position de la forteresse (un pic dominant de plus de cent mètres des terres voisines) donnait un sentiment de confiance immense aux assiégés. Durant une année, ils défièrent avec succès l'autorité du roi et du pape. Les 10 000 soldats engagés dans le siège ne pouvaient que constater l'inefficacité des boulets que catapultaient les pierrières contre les remparts. Cependant, une nuit de juillet 1244, grâce au renfort d'un groupe de montagnards habitués à l'escalade et connaissant parfaitement les lieux, les assiégeants réussirent à pénétrer dans la place par surprise et parvinrent à obtenir sa capitulation complète. Ne disposant plus d'aucun refuge sûr, pourchassés par les inquisiteurs, les derniers cathares vécurent comme des bêtes traquées, suscitant parfois de brèves révoltes. Les Parfaits survivants émigrèrent en Catalogne, en Sicile et en Lombardie. Ainsi disparaissait la culture la plus raffinée de l'époque : la civilisation occitane issue du mythe de la chevalerie, de l'honneur chevaleresque et de l'amour-courtois, honorée par les troubadours.
Montségur, forteresse imprenable
Montségur n'était pas un château comme les autres. Les architectes qui le construisirent eurent le souci d'édifier une bâtisse aisément défendable. Mais ils eurent également la volonté de construire un véritable temple de la religion cathare. Ainsi, l'orientation de l'édifice n'était pas simplement due au hasard : ses principaux axes se situaient dans l'alignement des points qui signalaient à l'horizon les endroits où se lève et se couche le Soleil à certaines époques de l'année (équinoxes et solstices). Le Soleil tenait un rôle important en tant que symbole de la Lumière et du Bien dans la religion cathare. Montségur est devenu aujourd'hui un symbole de la renaissance occitane.
Le trésor des cathares
Après la chute de Montségur, de nombreux cathares émigrèrent en Italie. C'est là qu'ils ont sans doute transféré leur trésor. Il s'agit peut être du vieux trésor wisigoth d'Alaric, caché dans les environs de Carcassonne. Cependant, au début du XXe siècle, près de Rennes-le-Château, l'abbé Béranger Saunière fait des dépenses exubérantes sans que l'on sache d'où venait sa fortune. Une chose est sûre, ce curé a trouvé un trésor. Pourrait-il s'agir du trésor des cathares ? N'oublions pas que lors du siège de Montségur, une poignée d'assiégés s'enfuirent du château pour une destination mystérieuse.
Sources et liens
La première croisade contre les albigeois (1209 - 1218)
L'assassinat de son légat amena le pape à lever une croisade contre les hérétiques. Le roi de France, Philippe Auguste, répondit à l'appel et laissa ses plus puissants vassaux, le duc de Bourgogne, les comtes de Montfort et de Saint-Pol prendre la tête de l'armée. Ce sont 300 000 croisés qui descendirent dans la vallée du Rhône. Le comte de Toulouse, Raymond VI, soupçonné d'avoir encouragé le meurtre du légat, s'était rallié à l'Église et s'était croisé contre ses propres sujets. L'armée des croisés mit le siège sur la ville de Béziers, une ville solidement fortifiée. Cependant les habitants, forts de ce sentiment de sécurité, assaillirent les campements qui se tenaient aux pieds des murailles. Les ribauds (mercenaires et chevaliers recrutés pour l'expédition) profitèrent que les portes des remparts étaient ouvertes pour se frayer un chemin à l'intérieur de la cité et pour y faire pénétrer ensuite une partie de l'armée. Aux soldats qui se demandaient comment faire pour distinguer, dans la population, ceux qui étaient hérétiques de ceux qui étaient fidèles, l'abbé de Cîteaux, Arnaud Amaury, répondit par cette phrase terrible : « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens! » La mise à feu du Languedoc commença : la ville fut incendiée et ses habitants, massacrés. Après Béziers, ce fut le tour de Carcassonne où l'armée s'annonça à la fin du mois de juillet 1209. L'âme de la résistance de la ville fut le jeune vicomte Roger de Trencavel. Le siège dura trois semaines, les assiégeants avaient privé la ville d'eau, obligeant les assiégés à parlementer. Trencavel qui était venu parlementer fut fait prisonnier par les croisés, rompant ainsi le code d'honneur de la chevalerie. Simon de Montfort, un chevalier croisé dont le courage avait été remarqué, fut choisi pour succéder aux biens de Trencavel. Cependant, ses sujets lui étaient naturellement hostiles. Aussi, jusqu'à sa mort, en 1218, il fut constamment en guerre contre ses sujets récalcitrants.
Simon de Montfort, vainqueur et vaincu
A l'issue de ces sièges longs et éprouvants, les croisés victorieux offraient la vie sauve aux hérétiques acceptant de renier leur foi, mais ils étaient bien peu nombreux. Par le fer, le feu et le sang, la croisade continuait, mais l'enjeu devenait chaque jour plus clair, il s'agissait pour les seigneurs du Nord de maîtriser le Midi. Le comte de Toulouse et le roi d'Aragon finirent par s'en inquiéter et, en 1213, ils unirent leurs forces pour attaquer Simon de Montfort au château de Muret. L'assaut tourna court malgré l'avantage numérique, Pierre d'Aragon fut tué, et Raymond VI dut se replier dans sa ville de Toulouse qui fut par la suite investie par l'armée de Simon de Montfort. Mais le peuple gardait une fidélité profonde et préférait aller au bûcher en chantant plutôt que de renier sa foi. Lorsque Raymond VI et son fils Raymond VII revinrent d'Angleterre où ils s'étaient réfugiés, ils furent accueillis avec beaucoup d'enthousiasme. Une émeute populaire avait chassé les chevaliers français de la ville de Toulouse. A cette nouvelle, Montfort accourut aussitôt pour mettre le siège dans la ville, c'est là qu'il fut tué en 1218. Sa mort fut accueillie par des cris de joie : les cathares voyaient disparaître le plus cruel de leurs ennemis.
Simon de Montfort
Chef de la croisade contre les albigeois, il mena cette guerre avec courage et cruauté. Il s'était déjà illustré pour sa bravoure au cours de la quatrième croisade. Il représente le « puritanisme du nord ». Il est le parfait opposé de son ennemi, le comte Raymond VI de Toulouse, symbole du « méridional libertin ». Ils sont le modèle du choc des deux cultures en présence.
La seconde croisade contre les albigeois (1226)
En 1224, de nouvelles menaces se précisèrent sur le pays occitan. Le nouveau roi Louis VIII va se montrer plus implacable encore que son père Philippe Auguste. En 1226, alors que les seigneurs et comtes du Midi se voyaient réinstallés sur leurs terres, une seconde armée croisée allait déferler sur le Languedoc, avec le roi de France en personne à sa tête. La plupart des villes s'effondrèrent ou se soumirent assez facilement. Seul Avignon opposa une âpre résistance de trois mois. La mort de Louis VIII sauva Toulouse d'un nouveau siège, mais les redditions successives de ses vassaux finirent par convaincre Raymond VII qu'il valait mieux capituler. Par le traité de Meaux, signé en 1229, le comte de Toulouse s'engagea à demeurer fidèle au roi et à l'Eglise catholique, à mener une guerre intraitable contre les hérétiques et à marier sa fille unique au frère du nouveau roi de France, Louis IX, afin de préparer le rattachement du Languedoc à la France. Après la signature du traité et le retour de Raymond VII à Toulouse, le tribunal d'Inquisition fut créé et confié à une poignée de Dominicains. Jouissant d'un pouvoir sans limites, les inquisiteurs sillonnèrent le Midi pour débusquer les hérétiques. Mais ces mesures ne suffirent pas à étouffer l'aspiration du Midi à croire et à gouverner comme il l'entendait. Une seconde révolte secoua la région après l'assassinat, en 1242, des juges du tribunal de l'Inquisition par des chevaliers cathares.
Bataille de Muret
La bataille de Muret, le 12 septembre 1213 fut un tournant dans la lutte pour le Midi occitan, à l'avantage de l'armée royale.
(Bibliotheque Nationale de France)
La prise du château de Montségur
Une paix définitive fut signée à Lorris en 1243 entre le roi de France et le comte de Toulouse. C'était la fin de l'Occitanie indépendante et surtout du catharisme. Pour leur porter le coup de grâce, il fallut cependant prendre la forteresse de Montségur, symbole du refus de l'autorité royale, où s'était réfugiés 400 croyants de la religion cathare. La position de la forteresse (un pic dominant de plus de cent mètres des terres voisines) donnait un sentiment de confiance immense aux assiégés. Durant une année, ils défièrent avec succès l'autorité du roi et du pape. Les 10 000 soldats engagés dans le siège ne pouvaient que constater l'inefficacité des boulets que catapultaient les pierrières contre les remparts. Cependant, une nuit de juillet 1244, grâce au renfort d'un groupe de montagnards habitués à l'escalade et connaissant parfaitement les lieux, les assiégeants réussirent à pénétrer dans la place par surprise et parvinrent à obtenir sa capitulation complète. Ne disposant plus d'aucun refuge sûr, pourchassés par les inquisiteurs, les derniers cathares vécurent comme des bêtes traquées, suscitant parfois de brèves révoltes. Les Parfaits survivants émigrèrent en Catalogne, en Sicile et en Lombardie. Ainsi disparaissait la culture la plus raffinée de l'époque : la civilisation occitane issue du mythe de la chevalerie, de l'honneur chevaleresque et de l'amour-courtois, honorée par les troubadours.
Montségur, forteresse imprenable
Montségur n'était pas un château comme les autres. Les architectes qui le construisirent eurent le souci d'édifier une bâtisse aisément défendable. Mais ils eurent également la volonté de construire un véritable temple de la religion cathare. Ainsi, l'orientation de l'édifice n'était pas simplement due au hasard : ses principaux axes se situaient dans l'alignement des points qui signalaient à l'horizon les endroits où se lève et se couche le Soleil à certaines époques de l'année (équinoxes et solstices). Le Soleil tenait un rôle important en tant que symbole de la Lumière et du Bien dans la religion cathare. Montségur est devenu aujourd'hui un symbole de la renaissance occitane.
Le trésor des cathares
Après la chute de Montségur, de nombreux cathares émigrèrent en Italie. C'est là qu'ils ont sans doute transféré leur trésor. Il s'agit peut être du vieux trésor wisigoth d'Alaric, caché dans les environs de Carcassonne. Cependant, au début du XXe siècle, près de Rennes-le-Château, l'abbé Béranger Saunière fait des dépenses exubérantes sans que l'on sache d'où venait sa fortune. Une chose est sûre, ce curé a trouvé un trésor. Pourrait-il s'agir du trésor des cathares ? N'oublions pas que lors du siège de Montségur, une poignée d'assiégés s'enfuirent du château pour une destination mystérieuse.
Sources et liens
- Encyclopédie Tout l'Univers (Hachette)
Re: Le catharisme
Le christianisme cathare est bien vivant !
Le catharisme existe par lui-même, il n’est ni manichéen ni arien et il n’est pas une dissidence du catholicisme mais il est un choix chrétien, comme il en a existé des dizaines dans les premiers siècles de notre ère et comme il en existe encore quelques uns. Il découle directement de la première scission (schisme ?) survenue à Antioche, après la décision du concile de Jérusalem, lorsque Jacques (le frère de Jésus), les disciples Pierre et Jean firent le choix de n’évangéliser que les Juifs alors que Paul décida d’évangéliser aussi les nations (c’est-à-dire les païens). C’est de ce christianisme-là que se revendiquent les Bons-Chrétiens.
Il rappelle que l’Évangile est une prédication de paix et d’amour absolu. Il est en filiation directe avec le christianisme des origines de part son choix évangélique mis en avant sur le plan théorique et surtout dans sa pratique. Il fait de Christ l’alpha et l’oméga du message divin sans le relier à d’autres messages qui ne peuvent venir du Dieu d’amour.
Le christianisme cathare, une spiritualité durable
Il est donc légitime aujourd’hui, à se considérer comme la résurgence de ce christianisme, même en l’absence des Bons-Chrétiens cathares disparus vers 1463 en Bosnie. La spiritualité cathare s’est transmise sous différentes formes malgré la nécessité de demeurer cachée et la disparition de sa structure ecclésiale.
Figer le christianisme à l’époque cathare serait aller à l’opposé de nos prédécesseurs qui avaient su lui conserver son caractère non dogmatique et qui s’interdisaient toute référence à des symboles, fussent-ils humains. Inversement, toute modification des éléments doctrinaux et des pratiques doit se faire prudemment afin de ne pas entraîner le catharisme moderne dans dérive qui serait contraire à l’esprit qui était le sien. En l’absence d’autorité morale digne de ce nom, il convient donc de ne modifier que les éléments pour lesquels nous disposons d’arguments indiscutables. Le reste devra attendre que l’Église cathare se soit reconstituée et qu’elle dispose des compétences nécessaires.
Elle se manifeste aujourd’hui par une communauté de croyants — assistée de sympathisants — qui œuvrent à la mise en place d’une structure ecclésiale, embryon de la future Église cathare de France, et à l’installation de la première maison cathare, issue de cette résurgence, qui ouvrira ses porte mi mai 2016 à Carcassonne.
Mais il ne faut pas confondre la résurgence — qui conserve intacte la doctrine et la praxis cathare — avec un néo-catharisme qui se contenterait d’une connaissance intellectuelle dénuée de mise en œuvre pratique ou dont la pratique serait éloignée des choix des Bons-Chrétiens, que ce soit en matière de pratiques rituelles, de choix de vie, etc. Bien entendu, cela ne s’entend que pour les personnes désireuses d’entrer en noviciat pour préparer leur Consolation.
Il ne faut pas non plus nous laisser abuser par l’appropriation du terme catharisme, par des mouvements dont les comportements, en matière d’ouverture au monde et de transparence, démontreraient qu’ils agissent par appropriation abusive d’un terme valorisant, sans en porter aucunement le contenu spirituel et doctrinal.
Le catharisme est un christianisme authentique et originel
Parler de catharisme c’est parler de christianisme. Certes, pas celui dont vous avez toujours entendu parler, mais d’un christianisme qui puise tout son contenu aux sources originelles d’avant le concile de Nicée, c’est-à-dire au Christ et à Jean l’évangéliste, Paul de Tarse, Marcion de Sinope et ceux qui les ont suivis en approfondissant leur doctrine.
Le catharisme fut accusé d’hérésie ; il fut comparé à tort par les hérésiologues judéo-chrétiens au manichéisme (du perse Manès ou Mani) et à l’arianisme (de l’évêque Arius) et aujourd’hui d’aucuns voudraient le réduire à une simple dissidence catholique.Le catharisme existe par lui-même, il n’est ni manichéen ni arien et il n’est pas une dissidence du catholicisme mais il est un choix chrétien, comme il en a existé des dizaines dans les premiers siècles de notre ère et comme il en existe encore quelques uns. Il découle directement de la première scission (schisme ?) survenue à Antioche, après la décision du concile de Jérusalem, lorsque Jacques (le frère de Jésus), les disciples Pierre et Jean firent le choix de n’évangéliser que les Juifs alors que Paul décida d’évangéliser aussi les nations (c’est-à-dire les païens). C’est de ce christianisme-là que se revendiquent les Bons-Chrétiens.
Il rappelle que l’Évangile est une prédication de paix et d’amour absolu. Il est en filiation directe avec le christianisme des origines de part son choix évangélique mis en avant sur le plan théorique et surtout dans sa pratique. Il fait de Christ l’alpha et l’oméga du message divin sans le relier à d’autres messages qui ne peuvent venir du Dieu d’amour.
Le christianisme cathare, une spiritualité durable
Une idée, une conception intellectuelle, qu’elle soit religieuse ou non, ne disparaît pas forcément quand celui ou ceux qui l’ont développé disparaissent. Il suffit qu’une seule personne s’y intéresse pour qu’elle reprenne de la vigueur. Le catharisme est une continuité du christianisme authentique — c’est-à-dire du christianisme paulinien du premier siècle — comme le furent, du IIe au Xe siècle, le marcionisme d’abord, puis le paulicianisme, vraisemblablement inspiré par le marcionisme, et lui-même inspirateur du bogomilisme dans les territoires du nord de l’empire romain d’orient. Le catharisme s’est lui-même développé par la diffusion du bogomilisme, via les voies commerciales d’Europe centrale et du nord-est de la France d’alors. Il est vraisemblable qu’il s’est implanté en Italie et dans le sud-ouest, directement, via les troupes de la première croisade, qui comptaient dans leurs rangs des éléments pauliciens résiduels intégrés de force à l’armée romaine orientale d’autre part.
Il est donc légitime aujourd’hui, à se considérer comme la résurgence de ce christianisme, même en l’absence des Bons-Chrétiens cathares disparus vers 1463 en Bosnie. La spiritualité cathare s’est transmise sous différentes formes malgré la nécessité de demeurer cachée et la disparition de sa structure ecclésiale.
Le catharisme peut-il être moderne ?
Le catharisme d’aujourd’hui ne saurait être considéré à l’identique de celui du Moyen Âge. Deux conditions me semblent indispensables à la résurgence de cette spiritualité. Tout d’abord, pour que cela se fasse dans l’esprit qui animait les Bons-Chrétiens du Moyen Âge, il est nécessaire de bien connaître son histoire, ses sources, sa philosophie et ses énoncés doctrinaux. Pour cela nous devons comprendre comment les cathares et leurs prédécesseurs étudiaient les textes chrétiens dans leur ensemble et quelles interprétations ils en tiraient. Ensuite, il convient d’admettre que le terme de catharisme n’est qu’une facilité de langage, car personne ne peut prétendre « ressusciter » ce qui était intimement lié à une période historique donnée. Son usage doit être considéré comme un hommage envers ceux à qui ce nom était donné dans un but diffamatoire, comme ils usaient eux aussi du terme « chrétien » pour rendre hommage à ceux dont on se moquait ainsi au premier siècle. Il faut travailler aussi à une adaptation de la forme de ce christianisme aux connaissances et aux acquis qui sont ceux de notre époque sans en modifier le fond.
Figer le christianisme à l’époque cathare serait aller à l’opposé de nos prédécesseurs qui avaient su lui conserver son caractère non dogmatique et qui s’interdisaient toute référence à des symboles, fussent-ils humains. Inversement, toute modification des éléments doctrinaux et des pratiques doit se faire prudemment afin de ne pas entraîner le catharisme moderne dans dérive qui serait contraire à l’esprit qui était le sien. En l’absence d’autorité morale digne de ce nom, il convient donc de ne modifier que les éléments pour lesquels nous disposons d’arguments indiscutables. Le reste devra attendre que l’Église cathare se soit reconstituée et qu’elle dispose des compétences nécessaires.
La résurgence cathare aujourd’hui
Comme son nom l’indique, la résurgence cathare est la réapparition du catharisme qui fut un temps occulté par la répression et un apparent oubli.
Cette réapparition ne peut mériter le terme de résurgence que si elle est conforme à l’original, ce qui n’interdit pas des adaptations liées à l’évolution des connaissances qui s’est faite entre le Moyen Âge et aujourd’hui ainsi que des adaptations — à la marge — de choix compatibles avec leur époque et peu envisageables de nos jours.
Cette réapparition ne peut mériter le terme de résurgence que si elle est conforme à l’original, ce qui n’interdit pas des adaptations liées à l’évolution des connaissances qui s’est faite entre le Moyen Âge et aujourd’hui ainsi que des adaptations — à la marge — de choix compatibles avec leur époque et peu envisageables de nos jours.
Elle se manifeste aujourd’hui par une communauté de croyants — assistée de sympathisants — qui œuvrent à la mise en place d’une structure ecclésiale, embryon de la future Église cathare de France, et à l’installation de la première maison cathare, issue de cette résurgence, qui ouvrira ses porte mi mai 2016 à Carcassonne.
Mais il ne faut pas confondre la résurgence — qui conserve intacte la doctrine et la praxis cathare — avec un néo-catharisme qui se contenterait d’une connaissance intellectuelle dénuée de mise en œuvre pratique ou dont la pratique serait éloignée des choix des Bons-Chrétiens, que ce soit en matière de pratiques rituelles, de choix de vie, etc. Bien entendu, cela ne s’entend que pour les personnes désireuses d’entrer en noviciat pour préparer leur Consolation.
Il ne faut pas non plus nous laisser abuser par l’appropriation du terme catharisme, par des mouvements dont les comportements, en matière d’ouverture au monde et de transparence, démontreraient qu’ils agissent par appropriation abusive d’un terme valorisant, sans en porter aucunement le contenu spirituel et doctrinal.
Une aide essentielle
Après cinq siècles de silence, des voix se sont élevées pour redonner aux principes cathares toute leur validité.
Il faut dire que le catharisme doit beaucoup à des chercheurs qui, malgré l’absence de reconnaissance, voire le risque professionnel encouru à choisir un sujet « sulfureux », ont permis de faire le tri entre l’Histoire et quelques approches moins documentées, dictées soit par une sensibilité romantico-régionaliste sympathique mais parfois brouillonne soit, et c’est plus grave, par une vision sectaire à mille lieues du message chrétien. Faire émerger la pensée cathare depuis les sources existantes et sur la base de réflexions portant sur les mêmes outils est un lourd travail. En effet, au-delà de l’intérêt historique et philosophique qu’il y a à chercher à comprendre comment ces hommes et ces femmes du Moyen Âge avaient organisé leur communauté, il va falloir aussi adapter cette philosophie de vie aux grands changements qui sont intervenus en cinq siècles et qui ne peuvent être passés sous silence dans une religion a-dogmatique, donc adaptable dans sa forme.
Il faut dire que le catharisme doit beaucoup à des chercheurs qui, malgré l’absence de reconnaissance, voire le risque professionnel encouru à choisir un sujet « sulfureux », ont permis de faire le tri entre l’Histoire et quelques approches moins documentées, dictées soit par une sensibilité romantico-régionaliste sympathique mais parfois brouillonne soit, et c’est plus grave, par une vision sectaire à mille lieues du message chrétien. Faire émerger la pensée cathare depuis les sources existantes et sur la base de réflexions portant sur les mêmes outils est un lourd travail. En effet, au-delà de l’intérêt historique et philosophique qu’il y a à chercher à comprendre comment ces hommes et ces femmes du Moyen Âge avaient organisé leur communauté, il va falloir aussi adapter cette philosophie de vie aux grands changements qui sont intervenus en cinq siècles et qui ne peuvent être passés sous silence dans une religion a-dogmatique, donc adaptable dans sa forme.
Des tentations « négationnistes »
Les travaux historiques novateurs de la seconde moitié du XXe siècle ont donné au catharisme sa plénitude. Cette assise confirme le catharisme dans sa position de grand mouvement chrétien renaissant de ce milieu du Moyen Âge. Et pourtant, quelques tentatives de marginalisation ont cherché à les remettre en cause, soit en critiquant les compétences des premiers chercheurs, soit en proposant une « déconstruction » des vérités historiques pourtant solidement étayées. Dans le même temps, des intérêts mercantiles ont cherché à circonscrire le catharisme à une dimension régionale et à un aspect de curiosité socio-culturelle. Mais l’intérêt éveillé par ces manœuvres strictement commerciales a dépassé ses auteurs et a suscité un désir d’approfondissement de la connaissance culturelle et religieuse du catharisme. Donc, ni la « déconstruction » de la réalité historique ni les ridicules tentatives de dénigrement des sources profondes de la religion cathare et de ses motivations non violentes, ou la volonté de le réduire à une simple dissidence catholique ne peuvent cacher la vérité à celles et ceux qui veulent se donner la peine de les explorer. Là où l’histoire a rempli son rôle, il reste à la philosophie et à la théologie à remplir le leur.
Catharisme d’aujourd’hui et Culture et Études Cathares
Ce site est né en 2007 de la volonté de deux croyants désireux d’élargir le champ de leur recherche à d’autres croyants et sympathisants. Pendant plus de quatre ans, s’est développé un contenu important et éclectique qui a cristallisé un réseau, sans cesse croissant, où se retrouvent de nombreuses sensibilités chrétiennes en accord avec les fondamentaux cathares. L’évolution des parcours de chacun a conduit ce site à se positionner clairement en faveur des thèses du catharisme dyarchien, improprement appelé absolu, tel qu’il fut largement répandu en Languedoc mais que l’on trouvait aussi dans d’autres régions européennes. Ce travail a permis de révéler un groupe de personnes qui se reconnaissaient dans cette démarche. Ce réseau a désiré développer ses activités de recherche et culturelles et s’est constitué en association sans but lucratif et sans objet religieux. Cette association — Culture et Études Cathares — créée à Carcassonne en 2011 s’est accordée avec le créateur du site afin de développer une synergie propre à éviter l’éparpillement d’un réseau encore en développement. C’est la raison qui nous pousse aujourd’hui à joindre nos efforts en favorisant le travail collectif sur l’initiative individuelle, sans renier les efforts consentis. L’avenir du réseau pousse logiquement à ce choix où l’individu cède progressivement le pas à l’intérêt collectif et où le groupe ne renie jamais le travail accompli par chacun de ses membres.
Catharisme d’aujourd’hui, le livre
Parmi les travaux que l’association diffuse on trouve le livre Catharisme d’aujourd’hui – Le Christianisme cathare, du premier siècle à nos jours. Son histoire, sa doctrine et sa pratique ecclésiale qui regroupe et développe les travaux et les recherches du créateur du site. Vous pouvez vous le procurer directement via la boutique du site. Ce livre, qui essaie d’être aussi exhaustif que possible, regroupe ce qu’il convient de connaître sur l’histoire du catharisme, sa doctrine et son évolution au travers des différents groupes qui l’on portée ainsi qu’une étude approfondie de sa pratique ecclésiale, tant par les croyants que par les Bons-Chrétiens de l’époque. Fidèle à son titre, ce livre propose également les conditions de remise en place d’une communauté cathare au XXIe siècle.
Fond documentaire de recherche
Afin de permettre à toutes les personnes menant des recherches — nécessitant l’accès à des documents soumis au droit d’auteur — de profiter de notre fond documentaire, nous avons mis en place un système de prêt de documents numérisés, soumis à un protocole d’accord. Pour en bénéficier, suivez les indications figurant dans le menu Fond documentaire de l’onglet Documentation. Cet accès est limité aux chercheurs, professionnels ou amateurs, auxquels peuvent se joindre les membres de l’association Culture et Études Cathares, dont les statuts incluent la recherche sur le catharisme dans ses objectifs.
Re: Le catharisme
LE CATHARISME
Bien avant que le catharisme devienne un outil de sa propre promotion touristique, le Languedoc a été très marqué par ce courant de pensée dont les caractéristiques ont touché la société occitane d'un point de vue social, culturel et religieux. Aujourd'hui, on trouve du «cassoulet cathare», des «rallyes cathares», du «vin des cathares», ... autant de récupérations marketing datant au plus d'un siècle et sans rapport réel avec le catharisme, surtout lorsque l'on sait qu'ils étaient végétariens !
Avant tout, le catharisme était une religion dont nous n'avons, le plus souvent, qu'un pâle reflet au travers des nombreux documents directement ou non en provenance de l'inquisition. Mêmes les ouvrages qui servent de référence comme [url=http://www.cathares.org/\/librairieVirtuelle.html?mot=le catharisme]«Le Catharisme»[/url] de Jean Duvernoy (éditions Privat, Toulouse, 1992) utilisent largement ces sources partiales mais riches que constituent les dépositions inquisitoriales qui suivirent la reddition de Montségur, réputée synagogue de Satan par l'église romaine.
« ... Dieu ne fait pas de beaux blés et n'en a cure,
c'est le fumier qu'on met dans la terre qui les fait... »
Déposition de Pierre Authié (1300)
Extrait du Registre d'Inquisition de Jacques Fournier,
cité par Jean Duvernoy
(«Le Catharisme, la religion des cathares», éditions Privat, Toulouse, 1992).
c'est le fumier qu'on met dans la terre qui les fait... »
Déposition de Pierre Authié (1300)
Extrait du Registre d'Inquisition de Jacques Fournier,
cité par Jean Duvernoy
(«Le Catharisme, la religion des cathares», éditions Privat, Toulouse, 1992).
Bien qu'apparenté par certains aspects à la pensée dualiste bogomile, le catharisme a, à lui seul, fait couler beaucoup d'encre (et fait circuler de nombreux octets !) pour déterminer réellement sa provenance. Le fait de partager des idées avec un autre courant de pensée ne signifie pas obligatoirement qu'il existe un lien entre les deux ...
Le bogomilisme avait pris un essor considérable en Bulgarie, sous le règne de Pierre Ier (927-929). Certaines caractéristiques ont été pourtant en désaccord avec celles que le catharisme développa quelques décennies plus tard, en particulier en ce qui concerne l'Eglise Romaine considérée comme la manifestation de Satan, par ses dignitaires par trop dispendieux (d'où le terme de prélats). Le bogomilisme est parfois considéré aujourd'hui comme un mouvement révolutionnaire.
La région occitane n'a pas manifesté de telles réactions sauf au travers des chevaliers qui avaient perdu leurs terres et leurs fortunes, à la suite de leur position politique et religieuse pendant la croisade.
Le catharisme est aussi parfois relié à Manès (ou Mani), fondateur du manichéisme, qui vécut au IIIème siècle en Mésopotamie. Certaines similitudes existent en effet, en particulier en ce qui concerne l'approche dualiste du monde, séparant ainsi le matériel du spirituel, le mal du bien. Aucun texte cathare ne fait cependant référence à Manès et il est probable que ce rapprochement soit plutôt une interprétation actuelle qu'un lien véritable entre ces deux courants de pensée. Reconnaissons tout de même que ces deux visions du monde ont eu aussi en commun leur extermination ...
La filiation du catharisme et du manichéisme est fortement remise en cause par certains spécialistes, notamment Anne Brenon (voir notamment ses ouvrages «Le vrai visage du catharisme» aux éditions Loubatières, 1990 (réédition), «Les cathares, vie et mort d'une église chrétienne», Paris, 1996 et Petit précis de catharisme, aux éditions Loubatières, 1996).
La pensée dualiste est un élément fondamental du catharisme :
« ... Mais si le Seigneur vrai Dieu, avait, au sens propre et principal,
créé les ténèbres et le mal,
il serait à n'en pas douter la cause et le principe de tout mal,
ce qu'il est vain et funeste de penser.»
Extrait du «Livre des Deux Principes »
Réédition de 1973, aux éditions du Cerf,
collection des Sources Chrétiennes.
« ... Ils distinguent donc deux créateurs, Dieu et le diable,
et deux créations, l'une des êtres invisibles et immatériels
et l'autre des choses visibles et matérielles. »
Extrait du «Manuel de l'Inquisiteur» de Bernard Gui
Réédition de 1964, aux éditions Les Belles Lettres, Paris.
créé les ténèbres et le mal,
il serait à n'en pas douter la cause et le principe de tout mal,
ce qu'il est vain et funeste de penser.»
Extrait du «Livre des Deux Principes »
Réédition de 1973, aux éditions du Cerf,
collection des Sources Chrétiennes.
« ... Ils distinguent donc deux créateurs, Dieu et le diable,
et deux créations, l'une des êtres invisibles et immatériels
et l'autre des choses visibles et matérielles. »
Extrait du «Manuel de l'Inquisiteur» de Bernard Gui
Réédition de 1964, aux éditions Les Belles Lettres, Paris.
... ils parcouraient le pays pour porter la bonne parole ... |
S'inspirant des aveux du parfait Pierre Authier, Bernard Gui appelle les cathares les Manichéens du temps présent. On retrouve de nombreuses informations, certes déformées par la vision de l'inquisiteur, dans l'ouvrage Le registre d'inquisition de Jacques Fournier (3 tomes ; première édition en 1494 ; rééditions par Mouton / La Haye, Paris, 1978). La désignation de Cathare vient du grec catharos, signifiant "les purifiés" (inventé par Eckbert, abbé de la double abbaye de Schönau, vers 1163).
Les cathares eux-mêmes ne se dénommaient que bons chrétiens ou bonshommes. Une distinction était opérée entre ceux qui avaient reçu le Consolamentum, sorte d'ordination, et les simples croyants. Le premier groupe constituait la véritable hiérarchie cathare, avec les parfaits qui prêchaient généralement par deux : le fils majeur et le diacre. Il existait aussi un ou plusieurs fils mineurs, antichambre des futurs parfaits itinérants. L'ensemble était coordonné par un évêque dont la charge était géographiquement délimitée. A l'aube de la Croisade, on comptait alors six évêchés : Agen, Lombers, Saint-Paul, Cabater, Servian et Montségur. Parmi les sièges de diacres, on peut remarquer Moissac, Cordes, Toulouse, Puylaurens, Avignonet, Fanjeaux , Montréal, Carcassonne, Mirepoix, Le Bézu, Puilaurens, Peyrepertuse, Quéribus, Tarascon-sur-Ariège, ... (voir le chapitre 2 de la troisième partie du livre «Le catharisme ** - L'Histoire des Cathares» de Jean Duvernoy, aux éditions Privat, Toulouse, 1992).
Mais pour définir une réelle définition de la pensée cathare, il faut replacer celle-ci dans le contexte historique. Ainsi, la lecture des dépositions faites à l'Inquisition, les commentaires actuels d'historiens de renom tels que Jean Duvernoy, René Nelli, Michel Roquebert, Anne Brenon, ... complétés par certains ouvrages de références tels que le Livre des Deux Principes et le Rituel Cathare sont indispensables afin de cerner au mieux ce qui constitue aujourd'hui une charnière de l'histoire de France.
Quatre grandes approches peuvent être développées par rapport au catharisme :
- L'hérésie, dont le catharisme, s'est développée dans tous les pays d'Europe et la manifestation militaire dans le Pays d'Oc n'a été qu'un élément, aux proportions importantes, du combat de la Papauté envers ses "concurrents".
- Les cathares, souvent bien représentés dans les familles bourgeoises de la région - aujourd'hui surnommée cathare - ont eu un impact important dans la société médiévale occitane.
- Le catharisme, par son importance était devenu un élément important et dangereux pour la politique de Rome et celle des rois de France qui voyaient, l'un comme l'autre, une partie de leur pouvoir rogné.
- Soutenu par les pratiques symboliques du moyen âge, le catharisme a développé un ésotérisme dont nous pouvons encore trouver aujourd'hui des traces dans les citadelles telles que Quéribus, Montségur, ...
Avant de replacer quelques ouvrages par rapport à l'approche qu'ils donnent, il est bon de lire les quelques sources, certes partiales, mais intéressantes telles que l'«Histoire Albigeoise»de Pierre-de-Vaux des Cernay (Librairie Philosophique, Paris, 1951), la «Chanson de la Croisade Albigeoise» (éditions Les Belles Lettres, Paris, 1976 ou en édition plus récente, le Livre de poche, 1989), la Guerre contre les Albigeois (chronique anonyme en deux tomes, aux éditions Calo, Carcassonne, 1971 et 1973), la Chronique de Guillaume de Puilaurens (éditions Calo, Carcassonne, 1970 ou plus récemment aux éditions du Pérégrinateur, Toulouse, 1996), la Chronique (1229-1244) de Guillaume Pelhisson (CNRS éditions, 1994).
Généralement très documentés mais demandant une lecture sérieuse et attentive, ils n'en constituent pas moins un point de départ incontournable pour comprendre l'épopée cathare.
1- Le catharisme, hérésie médiévale :
L'an mil voit se manifester de nombreuses hérésies. Elles prendront encore de l'ampleur pendant les XIème, XIIème et XIIIème siècles. Le catharisme n'est qu'un volet de ces mouvements à contre-courant de la pensée romaine. Pauvres de Lyon, vaudois, béguins, patarins, tisserands, ... le Manuel de l'Inquisiteur (de Bernard Gui, réédité par la société d'édition Les Belles Lettres, Paris, 1964) nous donne une bonne idée de la manière dont les hérétiques étaient perçus par les représentants du pape. Celui-ci appelle les cathares Les Manichéens du Temps Présent.
« ... La conversion des hérétiques manichéens est généralement sincère,
rarement feinte, et, lorsqu'ils sont convertis,
ils découvrent toute la vérité et dénoncent tous leurs complices,
ce qui est d'un grand profit.»
Extrait du « Manuel de l'Inquisiteur » de Bernard Gui
Réédition de 1964, aux éditions Les Belles Lettres, Paris.
On retrouve des cathares dans toute l'Europe, mais certaines spécificités sont à remarquer selon les régions. Ainsi, on retrouve plutôt des vaudois (de Pierre Valdo, marchand d'origine lyonnaise) dans les régions du Jura et des Alpes. Bien qu'antérieurs à ce mouvement et à son créateur Pierre Valdo (1170 environ), des hérétiques ayant des idées en tous points similaires furent livrés aux flammes des bûchers en Allemagne au début du XIème siècle. Le phénomène cathare a pris de l'ampleur au nord de l'Italie, présentant tout de même une grande particularité par la diversité des communautés et de leurs oppositions sur le dogme même. On parlera ainsi de Cathares en Lombardie et de Patarins dans le reste de l'Italie et plus particulièrement à Florence.rarement feinte, et, lorsqu'ils sont convertis,
ils découvrent toute la vérité et dénoncent tous leurs complices,
ce qui est d'un grand profit.»
Extrait du « Manuel de l'Inquisiteur » de Bernard Gui
Réédition de 1964, aux éditions Les Belles Lettres, Paris.
- centres cathares en Italie du Nord au XIIIème siècle -
(carte réalisée d'après le «Livre des deux Principes»,
réédition de 1973, aux éditions du Cerf, collection des Sources Chrétiennes)
Notons aussi Histoire et Doctrine des Cathares (éditions Jean de Bonnot, 1996) de Charles Schmidt, qui présente de manière remarquable le catharisme dans son contexte particulier de l'Europe médiévale. La deuxième partie donne une très bonne approche de la doctrine et des mœurs cathares, sous ses aspects religieux, de morale et de métaphysique.
2- Les cathares et la civilisation occitane :
Le catharisme était implanté dans de nombreux pays d'Europe, notamment en Italie du Nord, mais c'est dans le Languedoc, que sa manifestation a pris le plus d'importance, du fait de sa pénétration dans la bourgeoisie occitane.
Une des principales sources littéraires cathares provient néanmoins d'Italie du Nord. Il s'agit du Manuscrit de Florence, écrit par Jean de Lugio au XIIIème siècle. Celui-ci, originaire de Bergame, nous a laissé deux ouvrages importants pour qui veut réellement comprendre la vision cathare de l'époque : le Livre des deux Principes et le Rituel Cathare (tous deux réédités, avec commentaires aux Editions du Cerf, collection Sources Chrétiennes, respectivement 1973 et 1977).
La deuxième référence littéraire provient du Languedoc. Il s'agit d'un traité anonyme datant de 1220 environ. Ainsi, deux traités et trois rituels cathares sont aujourd'hui les seules sources directes qui nous permettent de comprendre le catharisme et ses particularités.
Un apocryphe d'origine bogomile, Interrogatio Iohannis (réédité et commenté par Edina Bozoky : «Le Livre Secret des Cathares», aux éditions Beauchesne, 1990), a été miraculeusement conservé grâce à l'Inquisition, à la suite de sa perquisition. Une version est aujourd'hui conservée dans les Archives de l'Inquisition de Carcassonne. Elle constitue, avec la rédaction de Vienne, la seule source véritable d'un enseignement ésotérique cathare.
Selon certains historiens, le catharisme préfigure le protestantisme qui se manifestera aux XVème et XVIème siècles contre Rome. Le résultat aura néanmoins des conséquences plus dramatiques, en particulier en ce qui concerne la civilisation occitane, dont le mode de vie disparaîtra peu à peu pour rejoindre l'unité française ...
3- L'aspect politique de la croisade contre les Albigeois :
Difficile de parler de cathares, de la croisade contre les Albigeois, sans parler de l'importance politique de ces événements dramatiques. Deux volets sont à distinguer dans cette approche. Tout d'abord, il y a la mobilité de la Maison de Toulouse, dont les comtes cherchaient manifestement à se retirer de la dépendance française en se rapprochant des rois d'Angleterre. Ensuite, il y avait véritablement un risque de «concurrence» pour l'église Romaine. En effet, celle-ci était déjà en difficulté du fait de l'instabilité du royaume de Jérusalem et des problèmes inhérents aux croisades qui recevaient de moins de participation et qui étaient souvent détournées à des fins militaires par les chevaliers croisés.
Quatre croisades en Terre Sainte avaient été réalisées avant que le pape invente et mette sur pied la seule et unique croisade en terre chrétienne. La forte pénétration du catharisme dans la bourgeoisie languedocienne a fortement contribué à l'agacement des prélats romains qui ne pouvaient ni se faire respecter par la population, ni compter sur les seigneurs occitans pour défendre leurs droits. De nombreux chevaliers finirent faidits, perdant ainsi leurs terres, en prenant résolument position contre les croisés venus du nord.
D'un point de vue strictement politique, il est clair que le traité de Paris (traité de Meaux) de 1229 fut un véritable couperet aux volontés d'indépendance du midi vis à vis du royaume de France. Le comté de Toulouse était, géographiquement et économiquement, presque aussi riche que le reste du royaume de France. Malheureusement, les positions mouvantes et indécises des seigneurs occitans, notamment de Raymond VI et Raymond VII lui furent fatales. Dans le camp des croisés pendant les premières opérations militaires, il n'en fallait pas plus pour créer une incompréhension dans la population locale : «défendue par un comte qui part en croisade sur ses propres terres, aidé de chevaliers du nord ?»
Les nombreuses dissensions entre les seigneurs locaux qui se manifesteront tout au long des événements seront un facteur supplémentaire de plus qui favorisera l'effondrement du Languedoc, Les interventions directes des rois de France en 1226 et 1255 achèveront le rattachement de l'ancien comté de Toulouse et de Provence à la France. La mort d'Alphonse de Poitiers, frère de Saint-Louis et de Jeanne, dernière représentante de la lignée de Toulouse en 1271 tournera définitivement une page de l'Histoire ...
L'histoire de la Croisade contre les Albigeois est admirablement documentée et présentée dans la série «L'Epopée Cathare» de Michel Roquebert (en 4 tomes, aux éditions Privat, Toulouse, 1989) et la suite «Les Cathares, de la chute de Montségur aux derniers bûchers : 1244-1329» (éditions Perrin, 1998). Pour une approche plus synthétique et très orientée sur les châteaux cathares, Citadelles du Vertige, du même auteur (aux éditions Privat, réédité en 1990 à partir d'articles publiés dans La Dépêche du Midi en Août 1964).
Parmi les sources nombreuses traitant du catharisme, notons la série des «Cahiers de Fanjeaux» (collection d'histoire religieuse du Languedoc au XIIIème et au début du XIVème siècle) et la revue «Heresis», publiée par le Centre d'Etudes Cathares de Carcassonne. Cette association possède aujourd'hui la plus importante banque de données sur le sujet.
Les sources inquisitoriales permettent aussi de se replonger dans les structures de pensée de l'époque. Ainsi, «Registre d'Inquisition de Jacques Fournier» (éditions Mouton / La Haye, 1978), «Bernard Délicieux et l'Inquisition Albigeoise, 1300-1320» (éditions Loubatières, Toulouse, 1992), ... sont des références incontournables.
Dans une approche plus abordable, Georges Bordonove, dans son livre La tragédie cathare (France Loisirs, 1992), nous permet de situer le contexte, les enjeux et les modes de vies de l'époque.
De nombreux romans ont été écrits sur le sujet des cathares. Signalons les plus significatifs : Bélibaste (éditions du Seuil, 1982), L'inquisiteur (éditions du Seuil, 1984), L'expédition (éditions du Seuil, 1991), tous trois d'Henry Gougaud, Le bûcher, de Georges Bordonove (France Loisirs, 1993) et L'illusion cathare de Jean-François Nahmias (France Loisirs, 1997).
4- Le symbolisme cathare :
- colombe de Minerve taillée dans la pierre, en mémoire des 150 cathares jetés dans les flammes du bûcher en 1210 - |
Conception du monde radicalement différente du christianisme, de par son dualisme intrinsèque, le catharisme a laissé rêver de nombreux poètes et romanciers. Certains ont considéré les seules architectures qui sont encore visibles de nos jours comme des témoins vivants d'un symbolisme ésotérique. Encore faut-il prendre en compte le fait que ce que nous pouvons voir aujourd'hui, n'a souvent rien à voir avec les ensembles qui existaient au moment de la Croisade ...
Jean Markale dans Montségur et l'énigme cathare (éditions Pygmalion, 1989), Suzanne Nelli dans «Montségur, mythe et histoire» (éditions du Rocher, 1996), Henri-Paul Eydoux dans Cités mortes et lieux maudits (librairie académique Perrin, 1969), ... Quéribus, temple solaire des cathares de Roland Schickler (éditions Bélisane, 1996), ... ne sont que quelques exemples d'ouvrages dont la lecture passionnante nous invite parfois à des extrapolations probablement sans réel relation avec le catharisme médiéval.
La position d'Anne Brenon est bien différente lorsqu'elle affirme, dans Le petit précis de catharisme (éditions Loubatières 1996) que le catharisme «... fut christianisme sans chapelle, sans statue, christianisme qui refusa toujours d'enfermer dans une parcelle de matière visible la moindre image du sacré» puis «c'est le cœur de l'homme qui est la vraie église de Dieu».
Bien que considéré comme une source fondamentale de la pensée cathare, l'Interrogatio Iohannis (réédité et commenté par Edina Bozoky : «Le Livre Secret des Cathares», aux éditions Beauchesne, 1990), constitue un autre point de vue sur la face cachée de cette religions.
Henri Gougaud, dans Les Cathares et l'éternité (éditions Bartillat, 1997) présente, outre une étude intéressante de leur vision du monde, une prière et un rituel cathare.
Une étude récente de René Nelli «Ecritures Cathares» (actualisée, augmenté et rééditée par Anne Brenon, aux éditions du Rocher, 1994) présente l'ensemble des sources, la Cène Secrète (Interrogatio Johannis), le Livre des Deux Principes, le Traité Cathare Anonyme et les Rituels Cathares.
« Faites attention aux faux prophètes
qui viennent à vous sous des dehors de brebis,
alors qu'au-dedans ce sont des loups rapaces.
C'est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. »
Matthieu 7, 15-16
qui viennent à vous sous des dehors de brebis,
alors qu'au-dedans ce sont des loups rapaces.
C'est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. »
Matthieu 7, 15-16
- représentation d'un hérétique au bûcher -
(figurant au bas d'un projet de bulle pontificale
sollicitée par Alphonse de Poitiers, frère de Saint-Louis vers 1250)
http://www.cathares.org/%5C/catharisme.html
______________________________________________________
Psaumes 33:13 Du haut des cieux YHWH regarde, il voit tous les enfants des hommes ; 14 du lieu de sa demeure, il observe tous les habitants de la terre, 15 lui qui forme leur coeur à tous, qui est attentif à toutes leurs actions.
Ne devez rien à personne, sinon de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime son semblable a accompli [la] loi. Romains 13:8
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum