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LE CATHARISME

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Message  Arlitto Sam 05 Mar 2016, 19:35

LE CATHARISME

Il est probable que les sectes, successivement apparues, des pauliciens, des bogomiles et des cathares forment les anneaux d’une même chaîne : le paulicianisme engendre le bogomilisme qui donne, à son tour, naissance au mouvement cathare.

Les cathares (du grec "kataros" : pur) adhérent à un système dualiste manichéen qui prospère autour de la Méditerranée depuis des siècles.
Les dualistes croient en l'existence séparée et indépendante d'un dieu du Bien et d'un dieu du Mal.

Les cathares se signalent par leur ascétisme rigoureux et une théologie dualiste fondée sur le manichéisme, issu du gnosticisme et du zoroastrisme (mazdéisme réformé par Zarathoustra) : la croyance en l'affrontement du Bien et du Mal, reflet d'un univers composé d'un monde spirituel créé par Dieu opposé au monde matériel créé par Satan.

En Europe occidentale le mouvement cathare, diffusé par les réfugiés bogomiles, se répand, à partir de la fin du Xe siècle, en Italie, en Lombardie, en Rhénanie, aux Pays-Bas, en France (Champagne, Bourgogne, Carcassonne, Toulouse, Albi) et en Catalogne.
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Message  Arlitto Sam 05 Mar 2016, 19:35

Satan, Lucifer, le Diable, le Démon, le Malin, le Serpent, le Dragon, Léonard

En face des anges fidèles, la Bible présente les anges rebelles ayant à leur tête Satan (de l’expression hébraïque "ha-satan" : le satan ; dans Zacharie et dans le Livre de Job, il s’agit d’un nom commun, « le satan » (d'un verbe hébreu signifiant : "accuser, s'opposer"), qui désigne un des anges serviteurs de Dieu, l’accusateur de l’homme, un espion rassemblant des renseignements sur les êtres humains lors de ses voyages terrestres ; ce n’est que dans les Chroniques qu’il devient un nom propre, celui de l'adversaire de Dieu) 16 ou Lucifer [celui qui « porte la lumière », c’est également le nom de Vénus (astre ou étoile du matin) et celui du roi de Babylone dans Isaïe (14,12)] ou le Diable (en grec "diabolos" : celui qui désunit) ou le Serpent ou le Dragon (Léviathan, Béhémoth) ou la Bête ou Bélial ou le Prince des ténèbres ou le Malin ou Moloch (auquel Moïse fait allusion) qui, depuis Adam, attire l’homme vers le mal, ou encore Azazel et Samaël.

Pour certains démonologues, Satan est un prince révolutionnaire dans l'empire de Belzébuth.

Dans la tradition juive tardive et donc dans la pensée chrétienne primitive, on commence à considérer Satan comme un adversaire non seulement des hommes mais aussi et surtout de Dieu. Ce développement est probablement le résultat de l’influence de la religion zoroastrienne, avec ses pouvoirs opposés du bien (Ahura Mazda) et du mal (Ahriman). Mais dans le judaïsme et dans le christianisme, le dualisme est toujours provisoire ou temporaire, le diable étant finalement soumis par Dieu. En France, au XIe siècle, le diable est appelé "Aversier" (Adversaire).
Dans les écrits de la secte de Qumran conservés dans les Manuscrits de la mer Morte, le diable est personnifié par Bélial, l’esprit de la méchanceté.
Le plus beau de tous les esprits purs, un séraphin ou un chérubin, prend la tête des anges rebelles : il veut être heureux en lui-même par ses propres forces. Tout au moins, il veut mériter strictement cette béatitude que Dieu lui donnerait alors comme un salaire. Il veut ne rien tenir du Créateur et, tout en étant maître des autres créatures, se soustraire à la règle imposée par le Supérieur de toutes choses : « C'est vouloir commander et ne pas obéir, et en cela consiste le péché d'orgueil ; aussi a-t-on raison de dire que le premier péché du démon fut l'orgueil » (Thomas d'Aquin).

Jésus déclare : « Il (le Diable, ndlr) a été homicide dès le commencement, et n'est point demeuré dans la vérité, parce qu'il n'y a point de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fonds, car il est menteur et père du mensonge » (Jean 8,44)

C'est au Moyen Âge que le diable connaît sa gloire, dans la tradition occidentale. On le représente sous les traits d'un serpent, mais aussi d'un crapaud, d'une chauve-souris, d'un léopard, d'un chat noir, d'un bouc ou d'un singe... Il est dragon, créature hybride, corps velu à tête de bouc, mais peut aussi se révéler, surtout auprès des dames, un homme très séduisant. On prétendait, au Moyen Âge, que les coquettes qui passaient trop de temps devant leur miroir finiraient par y voir le diable, et que leur visage deviendrait aussi laid que l'arrière-train qu'il leur montrait. Héritage celtique ? Comme le dieu gaulois Cernunnos qui porte sur son front de splendides cornes de cerf, le diable a des cornes. C'est aussi en se référant au dieu Moloch que l'on a façonné l'image du diable, empruntant à la cruelle idole ses cornes, sa fourche (sur certaines statues, le bras se terminait par un gril sur lequel était exposée la victime jusqu'à ce que son corps bascule dans un bassin d'airain disposé aux pieds de Baal-Moloch) et l’allusion au feu « infernal ». La figure médiévale traditionnelle de personnage cornu et barbu aux pieds de bouc est également due à l’influence du dieu Pan et des satyres antiques qui, au moment où l’empire romain se convertit au christianisme, devinrent les démons et les mauvais esprits de la nouvelle religion. Pan, fils de Zeus et de la nymphe Callisto, principalement adoré en Arcadie, présidait aux troupeaux et passait pour l'inventeur d'un instrument de musique qualifié de chalumeau. Muni de cornes, de pieds de chèvres et d'une petite queue, on lui donnait pour compagnons les égipans, les faunes et les satyres, et il passait pour un grand amateur de filles vierges et de jeunes éphèbes. Certaines nymphes, telles que Syrinx et Echo, avaient cependant repoussé ses avances. Est-ce de là que provenaient ses accès de méchanceté, la terreur que son apparition soudaine provoquait parmi les voyageurs et les populations superstitieuses des montagnes de la Grèce ? Considéré à la fin du monde antique comme le Grand Tout, la vie universelle, il fut rapidement assimilé à un démon, puis au Prince des incubes ayant Lilith pour parèdre. Pour les psychanalystes, Pan représente la libido. Il est le symbole de l'élan vital, de toutes les forces de la nature débordante.

Sous son apparence caprine, le diable prend le nom de "Léonard", le grand Bouc noir qui préside au sabbat des sorcières. Démon des premiers ordres, grand maître des sabbats, Léonard est le chef des démons subalternes et inspecteur général de la sorcellerie, de la magie noire et des sorciers. On l'appelle souvent "le Grand Nègre". Il préside au sabbat sous la figure d'un bouc de haute taille. Il a trois cornes sur la tête, deux oreilles de renard, les cheveux hérissés, les yeux ronds, enflammés et fort ouverts, une barbe de chèvre et un visage au derrière, des pieds en pattes d’oie. Les sorciers l'adorent en baisant son visage inférieur, une chandelle verte à la main. Quelquefois, il ressemble à un lévrier ou à un bœuf ou encore à un grand oiseau noir ou un tronc d'arbre surmonté d'un visage ténébreux. Léonard est taciturne et mélancolique, mais dans toutes les assemblées de sorciers et de diables où il est obligé de figurer, il se montre avantageux et déploie une gravité superbe.

Le Dragon, incarnation de Satan, donne sa puissance à la Bête (Apocalypse 13,1). L’ange qui tient la clef de l’abîme "se saisit du Dragon, l’antique Serpent, qui est le Diable et Satan" et l’enchaîne pour mille ans (Ap 20, 1-2).

Les aspects du démon sont incroyablement variés et c’est pourquoi la subtilité des théologiens prêta au diable une ambivalence seule capable d’expliquer qu’il puisse être à la fois terrifiant et séducteur. Car ce sont là, on le comprend fort aisément, des apparences inconciliables : comment séduire, tenter l’âme du pécheur si on commence par le terrifier ? Et comment le terrifier si on commence par le séduire ?

Le "Prince de ce siècle", comme l’appelle saint Paul, dispose donc d’un grand nombre de moyens d’action pour gagner à sa cause l’âme des hommes faibles ou luxurieux.
Tour à tour dragon horrible ou jeune fille séduisante, il attaquera l’homme selon des voies multiples, adaptées à chaque cas. C’est pourquoi on le voit apparaître, dans l’immensité des déserts d’Egypte, par exemple, où il va tenter des ascètes comme saint Antoine, sous les traits d’un serpent ou d’un monstre hideux, propre à glacer le sang de tout homme aux nerfs un peu fragiles ou sous ceux d’une très belle femme, propre à enflammer le plus aguerri des ermites. Ces manœuvres échouent pour la plupart mais les Vies des Pères du désert regorgent d’exemples analogues et révèlent déjà, chez le diable, une personnalité bien affirmée.

"Soyez sobres, veillez. Votre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera." (1 Pierre 5.8)
"(...) Satan lui-même se déguise en ange de lumière." (2 Corinthiens 11,14)
Satan, Lucifer, Samaël, Azazel, Bélial, Mastéma, Léviathan, Serpent, Dragon (terrassé par saint Michel et saint Georges), Léonard, tels sont donc quelques-uns des noms et aussi des aspects du Diable.
Cette fusion en un seul être, le Diable chrétien, chef de l'Enfer, de personnages autrefois distincts (serpent biblique séducteur d’Eve, astre du matin du nom de Lucifer, adversaire de Yahvé sous le nom de Satan) est sans doute à l’origine de ce pouvoir de métamorphose qu’on lui prête volontiers.

Les anges déchus

Le livre de l’Apocalypse évoque la lutte des anges rebelles contre les anges fidèles, et leur défaite face à l’archange Michel qui les chasse du ciel.

L’Eglise croit à leur influence mauvaise, et même à des cas de possession contre lesquels elle agit par exorcisme ; mais elle refuse le dualisme manichéen (2 principes égaux du Bien et du Mal) et affirme que, créés bons, les démons sont devenus mauvais par leur faute et que, s’ils peuvent tenter l’homme, ils restent soumis à la toute-puissance de Dieu.

Selon le Pseudo Denys l’Aréopagite, les démons sont des anges révoltés contre Dieu ; ils ont trahi leur nature, mais ne sont mauvais ni par leur origine, ni par leur nature. S’ils étaient naturellement mauvais, ils ne procéderaient pas du Bien, ils ne compteraient pas au rang des êtres, et d’ailleurs comment se seraient-ils séparés des bons anges si leur nature avait été mauvaise de toute éternité ? « La race des démons n’est donc pas mauvaise en tant qu’elle se conforme à sa nature mais bien en tant qu’elle ne s’y conforme pas ».

Honorius d’Autun, probablement moine irlandais auteur de l’Elucidarium (vers 1150) déformé plus tard en Lucidaire, ajoute aux données bibliques des éléments des légendes irlandaises de la Vision de Tungdal (diables hideux et cruels résidant en Enfer). Le Lucidaire inspira la Divine Comédie de Dante.

Au XVe siècle, Denys le Chartreux (Denys Leeuwis ou Van Leeuven, né à Ryckel dans le Limbourg belge, 1402 1471), répand les concepts de la Vision de Tungdal, ajoutant la notion biblique de "tentateur" (le Diable, cherchant à avoir de nombreuses victimes à tourmenter pour l’éternité, s’efforce de les faire tomber en enfer). Du XVe s. date l’expression de "Malin", signifiant "cruel et rusé".

Les démons, au sens chrétien du terme, c’est-à-dire les esprits mauvais composant la suite de Satan, sont tous des anges déchus, qui ont perdu leur habitat céleste, mais dont la nature est identique à celle des anges et qui furent, au même titre qu’eux, créés par Dieu.

Ceci les distingue radicalement des démons manichéens, par exemple, qui sont des créations de l’esprit des Ténèbres et foncièrement distincts des anges ou créatures célestes composant le cortège du dieu bon.

Cette différence est importante car elle implique que le Mal et ses prosélytes et instruments que sont les démons n’est pas pour le dogme chrétien une entité distincte du Bien, mais une perversion, une déchéance de ce dernier.

Pourquoi certains sont-ils devenus des démons et furent-ils chassés du ciel ?

Il existe deux réponses traditionnelles différentes :
- La première, d’origine évangélique, indique que certains anges, sous la conduite de Lucifer, se seraient révoltés lors de la création de l’homme et auraient voulu faire obstacle au plan divin.
- La seconde, d’origine biblique, indique que certains anges, ayant trouvé fort belles les filles des hommes, descendirent sur terre pour s’unir à elles, perdant ainsi leurs privilèges angéliques.
La première de ces traditions figure notamment dans l’Epître aux Ephésiens de Paul. Lucifer s’est révolté contre Dieu au moment où celui-ci créa Adam. L’archange saint Michel le chassa alors du ciel et le précipita dans l’abîme. D’autres anges (un tiers des anges selon la tradition), qui, prirent fait et cause pour Lucifer, furent précipités avec lui et relégués dans cet espace intermédiaire qui sépare la terre du ciel (le Graal aurait été taillé par les anges dans l’émeraude tombée du front de Lucifer pendant sa chute). Toujours présents, volant dans les airs, ils ne cessent de harceler les hommes qui doivent, dit saint Paul, « revêtir l’armure de Dieu pour pouvoir résister aux manœuvres du diable ». Et il ajoute : « Car ce n’est pas contre des adversaires de chair et de sang que nous avons à lutter mais contre les Puissances, contre les Principautés, contre les Régisseurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits du Mal qui habitent les espaces célestes. »

L’autre tradition est mentionnée dans la Genèse (6,1-4) en des termes qui déjouent depuis longtemps la sagacité des exégètes et des théologiens : « Alors que les hommes avaient commencé à se multiplier sur la surface du sol et que des filles leur étaient nées, les "elohim" (fils de Dieu) virent que les filles d’homme étaient belles et ils prirent pour femmes celles de leur choix. Le Seigneur dit : « Mon esprit ne dirigera pas toujours l’homme, étant donné ses erreurs ; il n’est que chair et ses jours seront de cent vingt ans. » En ces jours, les "Néphilim" (géants) étaient sur la terre et ils y étaient encore lorsque les fils de Dieu vinrent trouver des filles d’homme et eurent d’elles des enfants. Ce sont les héros d’autrefois, ces hommes de renom. » 
Hennins suppose que le terme hébreu "Néphilim", traduit ordinairement par "géants", signifie "nécromanciens", de "nephi" (cadavre) ; le plus souvent, en effet, il fallait un cadavre pour évoquer l'âme des morts.

La majorité des versions anciennes de la Bible, incluant la Septante, Théodotion, la Vulgate, les traductions de la Bible Samaritaine, le Targum Onkeloset le Targum Neofiti, interprètent le mot comme signifiant "géants". Symmaque l'Ébionite, au IIe siècle, le traduit par "les violents" et la traduction d'Aquila de Sinope, datant de la même période, signifie, soit "ceux qui sont tombés", soit "ceux qui tombent" (sous-entendu: "sur leurs ennemis"). Le dictionnaire Brown-Driver-Briggs définit les "nephilim" comme étant des "géants". Bon nombre d'interprétations parmi celles suggérées sont basées sur l'hypothèse que le mot est dérivé de la racine hébraïque "n-ph-l", signifiant "tomber". Selon Robert Baker Girdlestone, les "nephilim" seraient plutôt ceux qui "font tomber". Adam Clarke comprend le mot comme un passé : "tombés", "apostats". Ronald Hendel défend également l'idée qu'il s'agit d'une forme passive, "ceux qui sont tombés". 11
Ces géants eurent des descendants fameux : voir Nombres (13, 32-33), Deutéronome (1, 20-21 ; 3, 11 ; 9, 12), 1er livre de Samuel (17, 4-7), IIe livre de Samuel (21, 15-22), Livre de Baruch (3, 26-28). Selon l’Ancien Testament, Goliath mesurait environ 3 mètres, mais les manuscrits de Qumran, antérieurs, indiquent qu’il atteignait près de 2 mètres (ce qui en faisait un être très grand par rapport à la moyenne de l’époque qui était de 1 m 58). La découverte de squelettes de haute stature dans la région de Bashan prouve l’existence des Rephaïm (géants descendants de Rapha).

Les Pères de l'Église, Jean Chrysostome, Cyrille, Théodoret et Augustin, enseignent que les fils de Dieu sont les pieux descendants de Seth et que les filles des hommes appartiennent à la race perverse de Caïn.

Le Livre d’Enoch (patriarche enlevé vivant au ciel par Yahvé et censé avoir eu communication des mystères de la vie et de la mort), livre apocryphe de l’Ancien Testament, cité par saint Jude, raconte qu’au début de la lutte contre le créateur, le chef des esprits rebelles est Samiaxas (ou Semiazas). Il veut se faire homme pour s'unir aux filles des hommes ; 20 autres anges partagent sa résolution. Finalement, ils sont 200 en tout. Ils descendent sur Ardis, le sommet du mont Hermon. Tous ces anges ont quitté le ciel pour regarder les femmes afin de les choisir. Tous s'assemblent sur la montagne du serment et jurent de devenir des hommes, par amour pour les filles de la terre. Samiaxas et ses anges s'unissent aux femmes et engendrent les géants. Ces géants, issus du commerce des anges et des filles des hommes, sont les premiers anthropophages.

Dans la chute des anges, racontée au Livre d’Enoch, il n'est pas question d'une lutte contre Dieu. Hénoch attribue aux anges faits hommes la découverte de la magie et l'enseignement de la divination. Ils façonnent les joyaux et les pierreries. Les femmes sont initiées aux grands mystères, initiation regardée comme une profanation par les anciens cabalistes. Emus des douleurs de la terre, les quatre anges de l'harmonie demandent à Dieu la fin de ses maux. Dieu trouve le déluge nécessaire ; la famille de Noé mérite seule d'être sauvée. Azazel, le dernier des anges déchus, après s'être révolté contre Samiaxas, s'était élevé au rang de chef des rebelles. Dieu ordonne à Raphaël, l'ange de la vraie science, de jeter Azazel dans une caverne, au désert de Dodoel. Raphaël reçoit ensuite du Seigneur la mission de retourner du côté de la vérité les révélations magiques faites aux hommes par Azazel. Ainsi, d'après Hénoch, pour réparer le mal fait à l'humanité par les enseignements du diable ou de la fausse science, de la magie noire, un ange lui apprit à se servir des connaissances acquises pour arriver à la vraie lumière, à la pure magie. Le génie de la fausse science est enfermé, pour qu'il ne puisse plus nuire aux hommes. L'auteur du livre d’Enoch dit que les âmes hybrides des géants flottent dans l'atmosphère et forment des courants mauvais. « Certains anges virent que les filles des hommes étaient belles et ils s’unirent à elles. Leurs descendants furent ces Néphilim ou géants des premiers temps. Le chef des mauvais anges s’appelait Azazel et il apprit aux hommes à fabriquer des épées et des glaives, des boucliers et des cuirasses pour se protéger la poitrine et il leur montra les métaux et l’art de les travailler, l’art de peindre le tour des yeux à l’antimoine et d’embellir les paupières et l’art de travailler les pierres précieuses... » (Livre d’Enoch). Il semble donc que ces « fils de Dieu » sont des anges qui quittèrent leur habitat céleste et « churent » sur la terre.

Ce sont ces anges déchus que Dieu « a enchaînés dans les ténèbres pour se les réserver en vue du Jugement », dit la seconde Epître de Paul. L’Apocalypse en parle en des termes identiques.
Il existerait pour les démons chrétiens deux habitats distincts : l’air entourant la terre (tout particulièrement la zone d’ombre que projette la terre dans l’espace à l’opposé du soleil) et les ténèbres, c’est-à-dire les abîmes souterrains de la terre. Cette dernière conception devait, en tout cas, devenir plus populaire que la première car c’est elle qui prévalut, en fait, dans les visions ultérieures du monde démoniaque.

Au temps même de Paul les textes évangéliques laissent entendre que le Christ lui-même, pendant les 3 jours de sa mort, descend dans l’Hadès (Paul emploie ce mot grec pour désigner l’enfer) pour y « prêcher aux esprits en prison ».

Ces « esprits en prison » ont donné lieu à bien des commentaires et des interprétations : on les identifie tour à tour avec les anges déchus cités plus haut et enchaînés par Dieu dans les ténèbres, ou avec les esprits des défunts noyés au moment du Déluge, interprétation que donne Paul lui-même.
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Message  Arlitto Sam 05 Mar 2016, 19:35

Les albigeois et les publicains 

Les cathares du nord de la France sont qualifiés de "publicains", ceux du Sud-ouest d'"albigeois". Persécutés puis chassés du Nord, les prédicateurs cathares doivent se diriger vers le sud où ils sont mieux accueillis dans la province semi-indépendante du Languedoc et dans les régions environnantes.


Vers 1017 : le catharisme, apparu en Limousin, gagne l’Aquitaine.
Vers 1020 : le catharisme s’étend dans le comté de Toulouse et dans le midi.

Le 28 décembre 1022, à Orléans, condamnées au bûcher par un concile, 14 bogomiles (des clercs qui ont pratiqué l'imposition des mains "qui selon eux lavait les péchés, emplissait du don du Saint -Esprit et sauvait l'âme" et des nobles) sont brûlés devant le roi Robert II le Pieux et la reine (peu avant des hérésies similaires ont été punies par le feu en Espagne et en Italie).
En 1030, des cathares sont exécutés à Monteforte et Asti en Italie.

En 1114, on exécute des cathares, désignés sous le terme d'"apostoliques", à Cologne et dans la région de Soissons.
1118 : le grand prédicateur bogomile Vasili, condamné pour hérésie par l'empereur byzantin Alexis Ier Comnème, périt sur le bûcher.
1120 : le pape Calixte II dénonce l'hérésie cathare.

En 1135, les cathares découverts à Trêves et Utrecht sont brûlés sur ordre de l'empereur Lothaire.
En 1143, Eckbert von Schönau cite 10 préceptes hérétiques des cathares germaniques : « Ils rejettent le mariage, le baptême des enfants. Ils nient l'existence du purgatoire et la présence du corps et du sang du Christ dans l'Eucharistie ainsi que l'humanité du Sauveur. Ils considèrent comme inutiles les prières pour les âmes des défunts et condamnent la messe de la même manière. A leurs yeux, seul compte le baptême des adultes par l'Esprit-Saint et le feu. Ces hérétiques proclament que la procréation est l'œuvre du diable, que l'âme humaine, esprit rejeté du Royaume céleste et enfermé dans un corps d'homme, ne peut trouver le salut que par les bonnes œuvres. Enfin, les dualistes évitent de consommer toute nourriture carnée ».
En 1144, le chapitre de la cathédrale de Liège envoie au pape Lucius II une lettre décrivant "les blasphèmes de cette néfaste hérésie qui consistent à nier la rémission des péchés dans le baptême, à réputer vain le sacrement du corps et du sang du Christ, à condamner le mariage, à prétendre qu'il n'y a d'autre Eglise catholique que la leur, à considérer tout serment comme un crime".

En 1145, Bernard de Clairvaux accompagne le cardinal-légat Albéric et prêche à Poitiers, Bergerac, Périgueux, Sarlat, Cahors, Verfeil, Albi, etc.
En 1146, Geoffroy d’Auxerre signale que le "populus civitatis albigensis" (le pays albigeois) est infesté par l’hérésie.
En 1147, à Verfeil, Bernard de Clairvaux est conspué lors d’un prêche contre les cathares.

Des francigènes rencontrent à Constantinople des représentants de l’ordre (cathare) de Bulgarie, dont ils adoptent la doctrine modérée.
De retour en France, ils instituent un évêque de France.
Ils influencent au sud de la Loire les "provinciales" qui embrassent leurs idées et créent à leur tour quatre évêques, à Carcassonne, Albi, Toulouse et Agen.
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Message  Arlitto Sam 05 Mar 2016, 19:36

CALIXTE II 

Guy de Bourgogne, fils du comte de Bourgogne, Guillaume Tête Hardie, naît vers 1060 à Quingey (25).

Il est administrateur du diocèse de Besançon dont son frère Hugues est l’archevêque.

Archevêque de Vienne (Dauphiné) en 1088, il fonde l’abbaye de Bonnevaux en 1117.
Il résiste à l'empereur durant la querelle des Investitures et accueille même, à Vienne, le pape Gélase II chassé de Rome par l'antipape Bourdin (Grégoire VIII) à la solde de l'empire. Elu pape à Cluny, le 1er février 1119, par les six cardinaux qui partageaient l’exil de Gélase II, mort le 29 janvier, il choisit le nom de "Calixte" ; il est intronisé le 9 en la cathédrale de Vienne.
Calixte II appelle, dès 1120, à une nouvelle croisade pour secourir les "Latins" d’Orient menacés par les Turcs, mais sans succès.
En 1121, il capture l’antipape Grégoire VIII et le fait emprisonner.

Il s’attache à trouver un règlement à la querelle des investitures qui oppose la papauté à l’empereur d’Occident Henri V et signe le concordat de Worms (1122).
Il paie la rançon de Baudouin II, roi de Jérusalem (1124).
Il envoie des secours à Alphonse VI d’Espagne, en lutte avec les Maures.
Il fait de Saint-Jacques-de-Compostelle une ville sainte du même ordre que Jérusalem et Rome ; avec son frère, Raymond de Bourgogne, roi de León et de Galice, il y fait construire la cathédrale de Saint-Jacques. Le 26 février 1120, sous l'archevêque et légat Diego Gelmirez, Saint-Jacques-de-Compostelle devient un archevêché. Selon la Chronique d’Alphonse VII rédigée en 1157, Calixte proclame, en 1122, le "premier jubilé plein de l'année sainte" qui permet aux pèlerins de bénéficier de l'indulgence plénière (rémission totale des péchés) ; l’année jubilaire à Compostelle, dite "année jacquaire", a lieu lorsque le 25 juillet tombe un dimanche, jour de la découverte du tombeau de l’Apôtre.

Calixte fait la guerre à Roger de Sicile, qui tombe entre ses mains, et détruit les repaires de plusieurs petits tyrans féodaux, qui mettaient la contrée au pillage.
Il meurt à Rome le 12 (ou 13) décembre 1124.
Le bienheureux Calixte II est fêté le 12 décembre.

"Guy de Bourgogne était le fils du comte Guillaume de Bourgogne. Sa résidence était à Besançon. Mais il préféra la vie religieuse. Après ses études à l'école épiscopale de l'archevêque Hugues, il devint lui-même archevêque de Vienne en Dauphiné qui était alors dépendance de la Bourgogne et fief du Saint Empire. Il sut résister à l'empereur durant la querelle des Investitures et accueillit même le Pape Gélase à Vienne, chassé de Rome par un antipape à la solde de l'empire. Gélase mourut à Cluny en 1119 et c'est là que Callixte fut élu par tous les cardinaux présents, avec l'accord des fidèles romains et du vicaire pontifical que Gélase avait laissé à Rome. Il entra dans Rome quelque temps plus tard, soutenu par les fidèles tout au long de son chemin. Après quelques péripéties, il put s'entendre avec l'empereur qui renonçait à ses prétentions sur le gouvernement de l'Eglise. Il avait noué de nombreux échanges avec saint Norbert, saint Etienne de Cîteaux, l'abbé Suger. Aux yeux de ses contemporains, son pontificat de cinq années fut trop court pour mener à bien tant d'excellentes réformes." 2


1119. 1er février, Cluny, élection du pape. 1er mai, visite du pape à Brioude (43) ; il se rend en pèlerinage au Puy-en-Velay. 8 juillet, ouverture du concile de Toulouse présidé par Calixte II : le manichéisme y est condamné. Cîteaux, Étienne Harding promulgue la Charte de charité et les premières coutumes de l’ordre cistercien qui sont approuvées par le pape (le nombre des abbayes cisterciennes dépasse soixante-dix). Alep, les Francs prisonniers sont massacrés par la foule. 10 septembre, Calixte II consacre la cathédrale Saint-Étienne de Cahors, en l’honneur de la Sainte Coiffe qui aurait couvert la tête du Christ dans son tombeau : un linge de lin (suaire) que les Juifs plaçaient en forme de bonnet sur la tête de leurs morts ; la tradition locale voulait que Charlemagne offrît la Sainte Coiffe à l’évêque de Cahors, mais elle aurait été apportée par Géraud de Cardaillac, évêque de Cahors, à son retour d’un voyage en Terre sainte entre 1009 et 1113 ou par Adhémar de Monteil, évêque du Puy (mort en mer au retour en 1105) et confiée aux cisterciens de Cadouin en Dordogne en 1114 ; volée lors de la prise de la ville par les protestants en 1580, la relique fut providentiellement sauvée et rendue au chapitre ; pendant la Révolution, l’évêque constitutionnel Jean d’Anglars la sauva une nouvelle fois ; identifié en 1933 comme un tissu du XIe siècle comportant des inscriptions en arabe coufique, le culte est interrompu ; la Sainte Coiffe est aujourd’hui exposée dans le Musée d’Art religieux de la chapelle Sainte-Gausbert, près de la cathédrale Saint-Etienne de Cahors. 20 au 30 Octobre, Calixte II réunit un concile à Reims pour condamner l’investiture par l’autorité laïque (Louis VI de France y participe). 11 novembre, à Gisors, Calixte II rencontre le roi d'Angleterre, Henri Ier Beauclerc, qui refuse d'accepter le décret de Reims sur les Investitures.

Vers 1119. Naissance du chant cistercien : les modulations grégoriennes dans leur particularité cistercienne, avec les neumes qui prolongent la dernière syllabe, sont dites s’élancer d’un brasier intérieur : c’est une prière de feu (oratio ignata).

1120. 7 janvier, Calixte II quitte Cluny pour l'Italie ; il arrive à Rome le 3 juin. 26 février, sous l’évêque Diego Gelmires, Saint-Jacques-de-Compostelle devient un archevêché. Bulle Sicut Judaeis pour défendre les Juifs. Création des universités de Bologne et de Paris. Le pape dénonce l’hérésie cathare. Mai/juin, début du règne de Richard III d'Aversa, prince normand de Capoue. Le pape donne l’investiture de la Pouille et de la Calabre au normand Guillaume. Au concile de Beauvais, canonisation d’Arnoul de Soissons. Erection de l’abbaye de Prémontré, près de Laon, par Norbert de Xanten ; cet aristocrate rhénan abandonna la vie mondaine de chapelain à la cour d'Henri V pour se consacrer à la prédication itinérante, puis il érigea l’abbaye de Prémontré, sous la règle de saint Augustin complétée par des coutumes empruntées tant à Cîteaux qu’à Cluny et Hirsau ; après que Norbert eut été nommé archevêque de Magdebourg (1126), l’essaimage commença : la grande région d’expansion s’étendit du Bassin parisien aux Pays baltes où l’on dénombrait treize cents monastères d’hommes et quatre cents de femmes (les norbertines) ; Norbert dénonça les mœurs du clergé régulier et dut subir son hostilité. Raymond du Puy succède à Gérard à la tête des Hospitaliers et crée une milice privée. Laon, l’évêque maudit et excommunie mulots et chenilles qui envahissent les champs.

1121. Paris, devenu moine, Abélard publie un traité (Theologia summi boni) sur la Trinité qui est condamné aux flammes par le concile de Soissons, réuni la même année (mars/avril), parce que l’auteur en a laissé prendre des copies sans que le pape ou l’Église les aient approuvées. Avril, Calixte assiège l'antipape Grégoire VIII à Sutri, le capture, puis le fait enfermer dans un monastère où il mourra.

1122. 12 mars, Suger est élu abbé de Saint-Denis 1. 22 août, Pierre le Vénérable (1092-1156) devient abbé de Cluny ; il travaille pendant tout son abbatiat à restaurer les grandes traditions clunisiennes ; esprit cultivé, souvent adversaire de Bernard de Clairvaux, il encourage les lettres, est le premier à faire traduire le Coran en latin et en donne une Réfutation ; il lutte contre la doctrine de Pierre de Bruys qui, proclamant l’omniprésence de Dieu, en vient à profaner des lieux de culte (Contra petrobrusianos). 23 septembre, l’empereur Henri V et Calixte II signent le Concordat de Worms (Rhénanie) : le concordat met fin à la querelle des Investitures ; les évêques du Saint Empire romain germanique ne seront plus désignés par l’empereur mais recevront une double investiture, spirituelle et laïque ; le pape laisse à l’empereur l’investiture temporelle des biens constituant les ressources de chaque évêché mais le fait renoncer à l’investiture spirituelle des évêques et des abbés et respecter la liberté de l’élection pontificale ; Henri V se réserve le droit de faire faire les élections en sa présence et d’investir l’élu par le sceptre, pendant que le pape garde celui de l’investiture par la crosse et par l’anneau.

Vers 1123. Abélard présente dans Sic et Non (Pour ou contre) une importante thèse dialectique selon laquelle la vérité doit être obtenue en pesant soigneusement tous les aspects de chaque question.

1123. Mars à avril, premier concile du Latran. 30 mai, plus de 120 vaisseaux vénitiens détruisent la flotte égyptienne devant Ascalon. 27 juin, l'émir turc Balak, qui a épousé la fille de Ridwan, le sultan d'Alep, entreprend la conquête systématique des possessions franques aux alentours de la ville. La congrégation des ermites camaldules, sous la règle de saint Benoît, obtient sa pleine autonomie.

1124. Août, Henri V, l’empereur d’Allemagne, envahit la Champagne, attaque Reims mais est repoussé par Louis VI le Gros ; c’est à cette occasion qu'est arborée pour la première fois l’oriflamme rouge, bannière des abbés de Saint-Denis, puis des rois de France : soutenu par les grands vassaux, à la tête d’une immense armée, il impressionne l’empereur qui se retire sans combattre. 12 ou 13 décembre, mort du pape.
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Message  Arlitto Sam 05 Mar 2016, 19:36

Lucius ou Luce II 

Gherardo Caccianemici dal Orso naît à Bologne.
Prêtre de la congrégation des augustins, il est chanoine à Bologne.
Il est fait cardinal-prêtre de Sainte-Croix de Jérusalem par Honorius II en 1124, puis légat en Allemagne, vice-chancelier et bibliothécaire de l’Eglise romaine et enfin chancelier et camérier.
Il est élu et intronisé le 12-3-1144 sous le nom de "Lucius".
Lucius II fonde des monastères en Italie et en Allemagne ; il fait venir de France des bernardins de Cluny et leur donne le monastère de Saint-Sabas sur l'Aventin pour s’y établir le 19 janvier 1145. Il encourage les prémontrés.
A Rome, Giordano Pierleoni instaure un Sénat et un gouvernement. Les sénateurs élisent un patrice, Jourdain, et demandent aux papes de lui accorder les pouvoirs régaliens dont il jouit. Lucius résiste à l’emprise de la Commune de Rome mais les Romains, menés par Arnaud de Brescia, se révoltent, déclarent caduc le pouvoir temporel du pape et le chassent de la ville. Lucius demande des secours à Conrad III d’Allemagne, mais, impatient de soumettre les rebelles, il livre bataille sans attendre : blessé grièvement par des pierres en montant à l'assaut du Capitole, il meurt, au bout de quelques jours, le 15 février 1145.

Prophétie de Malachie : Inimicus expulsus (L’ennemi chassé).


1144. 12 mars, élection et consécration du pape. 13 mai, Raimond, archevêque de Tolède, étant à Rome, obtient la confirmation de la primatie sur toute l'Espagne donnée à cette église par Urbain II. 15 mai, lors d'un synode tenu à Rome, Lucius règle un différend entre le métropolitain de Tours et l'évêque de Dol au sujet de la juridiction sur les évêques de Bretagne : les évêques de Bretagne sont désormais "soumis à l'église de Tours comme à leur métropole". Début juin, à Ceperano, le pape rencontre le roi Roger de Sicile dans le but de parvenir à une entente avec lui quant à ses devoirs en tant que vassal du Siège apostolique, mais le roi en vient aux armes et Lucius est contraint de conclure une trêve à des conditions dictées par Roger. 11 juin, consécration de la basilique de Saint-Denis (naissance de l’architecture gothique) en présence de Louis VII et de l’abbé Suger (la première église abbatiale de Saint-Denis a été élevée par ste Geneviève au Ve siècle). La Diffamation du sang : les Juifs d’Angleterre sont accusés d’avoir mis à mort un enfant chrétien (Guillaume) et de l'avoir saigné pour leur célébration de la Pâque. Alphonse VII fait un raid sur Cordoue. 23 décembre, prise d'Edesse par Imad ed-Din Zengi atabeg d'Alep (origine de la 2e croisade).

1144/1145. Bulle du pape mettant sous la protection du Saint-Siège l'abbaye de Fontdouce en Saintonge.

1145. 15 février, mort du pape.
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Message  Arlitto Sam 05 Mar 2016, 19:37

Pierre de Bruys et Henri l'Ermite

En 1148, au concile de Reims, le pape Eugène III fulmine dans un canon une peine d'excommunication pour tous ceux qui viendraient en aide ou recevraient des hérétiques.
Le concile condamne Henri l'Ermite à la prison perpétuelle et anathématise ses doctrines.

Malgré les efforts tentés au XIIe siècle pour rétablir la discipline en France, les désordres du clergé sont extrêmes ; les clercs, les prêtres, les chanoines vivent publiquement avec des femmes ; dans beaucoup d'églises, tout se vend à prix d'argent : même les sacrements.

Telles sont les circonstances qui aident à la propagation des doctrines de Pierre de Bruys (prêtre et prédicateur français qui parcourut le Dauphiné, la Provence et le Languedoc et périt dans les flammes d'un bûcher qu'il avait allumé pour brûler des croix, vers 1131) et d'Henri l'Ermite ou Henri de Lausanne ou de Bruys (ancien moine qui suivit Pierre de Bruys et mourut en 1148).
Un grand nombre de manichéens se rallient à la nouvelle secte, qui, en peu d'années, fait des progrès immenses, surtout dans le midi de la France.

Les henriciens (partisans d'Henri l'Ermite) rejettent l'Ancien Testament, le culte extérieur tout entier, surtout le culte de la croix, condamnent l'usage des églises, des sacrements, des chants et des prières publiques. Ils repoussent la messe, nient l'efficacité des prières pour les morts. Ils admettent le baptême mais ne le confèrent qu'aux adultes comme dans la primitive Eglise.
Sous l'influence des prédications des novateurs, dans plusieurs contrées, le peuple entre en fureur contre le clergé.

Les sectaires se réunissent en troupes, maltraitant les prêtres, saccageant les églises, brûlant les croix, rebaptisant de gré ou de force les habitants des lieux qu'ils traversent.
Les contradictions les plus singulières se rencontrent dans les doctrines des henriciens : tandis qu'ils condamnent généralement le mariage, un certain nombre d'entre eux veulent contraindre les moines à prendre femme.

Les doctrines d'Henri l'Ermite lui survivront et se fondront dans l'hérésie des albigeois.
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Message  Arlitto Sam 05 Mar 2016, 19:37

Eugène III 

Bernardo Pignatelli ou Paganelli di Montemagno naît près de Pise.

Prieur de Saint Zénon, il rencontre Bernard de Clairvaux en 1138. Après avoir été moine à Clairvaux, il devient, en 1141, l'abbé du monastère cistercien des Saints Vincent et Anastase, à Tre Fontane, aux portes de Rome.

Elu pape (premier pape cistercien) à l'unanimité le 15-2-1145, il choisit le nom d'"Eugène" ; il est intronisé le 18. Bernard confie alors à ses correspondants ses appréhensions devant ce choix d’une personne "inexperte et faible". Mais l’un d’eux répond : « Le Seigneur daigna lui accorder sur le champ de telles grâces, qu’il l’emporta sur nombre de ses prédécesseurs en grandes actions et en réputation. »

Bernard écrit à Eugène : « Vous pouvez tout, mais rien ne convient mieux à la puissance que la règle ; vous êtes non pas le seigneur des évêques, mais l'un d'eux. On ferait un monstre du corps humain, si l'on attachait immédiatement à la tête tous ses membres ».
Le pontificat d'Eugène est troublé par des difficultés politiques chroniques, notamment avec le Sénat de Rome, ce qui l’oblige souvent à résider hors de Rome. Inquiet de la situation des lieux saints, il suscite la seconde croisade qu'il demande à Bernard de prêcher (6 mars 1146).
Eugène III poursuit la réforme de Grégoire VII ; il convoque des synodes à Paris, Trèves et Reims (1148) où sont adoptées des mesures destinées à rétablir la discipline dans le clergé et propager la foi, et où sont examinées les positions doctrinales de Gilbert de la Porrée et les visions d'Hildegarde de Bingen.
En décembre 1149, il retourne à Rome sous la protection de Roger II de Sicile, mais il doit en repartir, car l’hostilité du Sénat romain reste vive. Eugène commence alors à traiter avec Conrad III, puis avec son successeur, Frédéric Ier Barberousse.

Il meurt à Tivoli le 8 juillet 1153 ; Pie IX le béatifie en 1872 ; il est fêté le 8 juillet.

Prophétie de Malachie : Ex magnitudine montis (De la grandeur du mont).

"D'abord moine cistercien à Clairvaux, puis au monastère des Saints Vincent et Anastase, à Tre Fontane, aux portes de Rome, il fut élu pape à une époque de pleine évolution politique. Il resta fidèle à son père spirituel, saint Bernard à qui il demanda de prêcher une croisade, qui d'ailleurs échoua. Nous trouvons Eugène III à Paris en 1147, à Trèves, et dans bien d'autres régions. Il intervient en Angleterre, réglemente l'Eglise d'Irlande, met sur pied l'organisation ecclésiastique de la Suède et de la Norvège, assure sa primauté devant l'empereur Frédéric Barberousse. Il vécut pauvrement, plein de bienveillance et de justice. Théologien, il fit traduire les homélies de saint Jean Chrysostome. Trois des cardinaux qu'il avait nommés devinrent papes : Adrien IV, Alexandre III et Victor IV. Très tôt le petit peuple romain le considéra comme un saint en raison de sa manière de vivre et de concevoir le rôle de la Papauté. Saint Bernard écrivit pour lui le Traité De Consideratione, où sont évoqués les devoirs du pontife. Jean de Salisbury le décrit comme "une âme pleine de délicatesse et d’autorité, de grandeur et d’humilité" 1.


1145. 7 avril, la bulle Militia Dei confirme l’indépendance des Chevaliers du Temple vis à vis du clergé séculier en leur donnant le droit de prélever des dîmes ainsi que de bâtir leurs chapelles et d’enterrer leurs morts dans leurs cimetières. A Rome, le pape se heurte aux sénateurs romains qui souhaitent qu’il renonce à son pouvoir temporel et doit quitter la ville ; il négocie un traité avec les sénateurs établissant son autorité sur la commune de Rome et revient dans la capitale ; le réformateur Arnaud de Brescia, disciple d’Abélard, qui condamne avec virulence le luxe dans lequel vit le haut clergé, à la tête de la révolte, chasse une seconde fois le pape (qui va résider à Viterbe) et restaure la République. Les Almohades détruisent les principales communautés juives d’Andalousie : les Juifs sont contraints d’adopter l’Islam et ne peuvent pratiquer le judaïsme qu’en cachette (ils seront appelés Anoussim). Fondation des Chartreuses (moniales). Au Portugal, fondation de l’Ordre militaire d’Aviz pour lutter contre les Maures. Otton de Freising raconte au pape que l’évêque d’Antioche lui a parlé du Prêtre Jean qui règne en Asie, au-delà des royaumes de Perse et d’Arménie. Bernard de Clairvaux accompagne le cardinal-légat Albéric ; il prêche à Poitiers, Bergerac, Périgueux, Sarlat, Cahors, Verfeil, Albi, etc. ; l’hérésie cathare est très répandue dans le midi toulousain. 1er décembre, Edesse (en Terre Sainte) étant tombée aux mains des musulmans en 1144, Eugène III, par la bulle Quantum praedecessores, appelle à une nouvelle croisade.

1146. Geoffroy d’Auxerre signale que le "populus civitatis albigensis (pays albigeois, ndlr) est infesté par l’hérésie" (cathare). 1er mars, deuxième bulle de croisade. 6 mars, le pape, rendu en France, demande à Bernard de Clairvaux de prêcher la deuxième croisade (1147-1149) à Vézelay puis en Allemagne. 31 mars, à Vézelay, le roi de France Louis VII se croise en présence de Bernard, l’abbé de Clairvaux, et de nombreux fidèles l’imitent ; le roi va en pèlerinage au Puy-en-Velay. Décembre, Allemagne, Bernard convainc l'empereur germanique, Conrad III, de participer à la croisade.

1147. 17 janvier, en Espagne, les Almohades sous Abd al-Mumin débarquent au pays d'al-Andalûs et s'emparent de Séville ; au même moment, les chrétiens du comte Manrique de Lara prennent la forteresse de Calatrava pour le compte du roi Alphonse VII. 31 janvier, à Cordoue, le prêtre portugais Martin Manuel meurt emprisonné par les Sarrasins (Martyrologe). 15 mars, Alphonse Ier de Portugal reconquiert Santarém par surprise avec l'aide des Templiers et consolide son royaume. 23 mars, issus de l’Atlas, les Berbères almohades s’emparent de Marrakech et de l’Empire des Almoravides : les Almohades dominent le Maroc et al-Andalus. 13 avril, par son encyclique Divina dispensatione, le pape autorise la croisade allemande contre les Slaves (Wendes) et étend les privilèges de la croisade (indulgence) aux Espagnols qui luttent contre les Maures. 27 avril, à Paris, lors du chapitre général du Temple placé sous la présidence du pape Eugène III et du roi de France Louis VII, les prérogatives du maître, qui se bornent au maintien de l’observance et à la nomination des petits officiers de l’ordre, sont édictées et le pape octroie aux Templiers la croix latine pattée rouge qu’il leur demande de porter cousue sur l'épaule gauche, du côté du cœur. 28 mai, à Bamberg : départ pour la croisade de l'empereur germanique Conrad III, à la tête de 100.000 hommes. 12 juin, Louis VII de France et Aliénor se mettent en route, à la tête de trois cents chevaliers et d'une nombreuse armée de 80.000 croisés, grossie peu à peu par plusieurs dizaines de milliers de pèlerins, pour participer à la deuxième croisade ; le 29 juin, il passe le Rhin à Worms. 1er juillet au 25 octobre, siège et prise de Lisbonne par Alphonse Ier de Portugal aidé d'une flotte croisée anglo-flamande faisant route vers le Proche-Orient. 25 octobre, une partie de l'armée de Conrad III est massacrée par les Seldjoukides à Dorylée, l'autre regagne Constantinople.

1148. 22 mars, Concile de Reims : Henri l’Ermite est condamné à la prison perpétuelle, ses doctrines sont anathématisées mais elles survivent et se fondent dans l’hérésie des albigeois ; Eon de l'Étoile est condamné, arrêté et soumis à la question ; le pape fulmine dans un canon une peine d’excommunication pour tous ceux qui viendraient en aide ou recevraient des hérétiques ; Goswin l'abbé d’Anchin rencontre Eugène III qui le fait entrer dans son conseil. Eugène III revient en Italie, organise un synode à Crémone et excommunie Arnaud de Brescia. 24 juillet, Louis VII et Conrad III mettent le siège devant Damas (ville célèbre pour ses prunes), mais, dès le 27, les croisés doivent se replier vers Jérusalem : ils se sont battus "pour des prunes" ; le prunier qu'ils ramèneront en France est à l'origine du pruneau d'Agen.

1148-1152. Jean de Salisbury : Historia pontificalis.

1149. 29 juillet, Louis VII, à son retour de croisade, débarque en Calabre ; il rencontre Roger II de Sicile à Potenza dans le courant du mois d'août. 9-10 octobre, de retour d’Orient, Louis VII de France et Aliénor d'Aquitaine rencontrent, à Frascati, le pape Eugène III qui tente de les réconcilier. Louis VII apporte au Puy-en-Velay la Vierge Noire.

1150. Eugène III crée le Sacré Collège. Al Idrisi, géographe arabe, fait référence aux pâtes alimentaires dans ses écrits (on trouve les premières références aux pâtes sur des bas-reliefs étrusques datant du IVème siècle av. J.-C.).

1152. 4 mars, Frédéric Ier Barberousse est élu roi des Romains et couronné le 9 ; il sera couronné empereur germanique le 18 juin 1155. 9 mars, en Irlande, le cardinal-légat réunit à Kells-Mellifont un grand synode national qui promulgue les réformes nécessaires et instaure l’organisation diocésaine qui est encore celle de l’Irlande d’aujourd’hui avec les quatre archevêchés de Cashel, Tuam, Dublin et Armagh (siège du primat d’Irlande), et trente-six évêchés. 18 mars, à la demande du roi, le concile de Beaugency prononce la rupture du mariage entre Louis VII et Aliénor d’Aquitaine. 18 mai, à Poitiers, Aliénor d’Aquitaine épouse Henri Plantagenêt, duc de Normandie et comte d'Anjou, qui deviendra roi d'Angleterre sous le nom d'"Henri II" ; elle apporte, en dot, la province de Guyenne, l'actuelle Aquitaine. 16 août, une bulle du pape confirme le transfert de l'évêché d'Aleth à Saint-Malo. 16 octobre, Eugène III et Barberousse conviennent, le premier, "d’honorer le roi comme le très cher fils de saint Pierre et de le couronner à Rome, le second, de ne faire ni paix ni trêve avec les Romains [...] sans le libre consentement et la volonté de l’Église romaine et du seigneur pape". 

1153. 5 février, dans une bulle adressée à l’évêque d’Arras, le pape Eugène III s’inquiète des progrès de l’hérésie cathare dans le Nord de la France et en Flandre. 23 mars, le pape signe avec Frédéric Barberousse le concordat de Constance par lequel l’empereur s’engage à le soutenir contre les Romains en échange de droits étendus pour l'Empire. Gautier de Pontoise est canonisé par l’évêque de Rouen. 8 juillet, mort du pape à Tivoli.
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Message  Arlitto Sam 05 Mar 2016, 19:38

Progression de l’hérésie

Nicolas, évêque de Cambrai, enregistre la condamnation portée par les évêques de Cologne, Trèves, Liège, entre 1151-1152 et 1156, contre un clerc, Jonas, convaincu de l’hérésie des cathares. Dans ses sermons visant les hérétiques rhénans, Eckbert, abbé de Schönau, leur reproche d’avoir "eux-mêmes assumé cette appellation de purs".

Dans sa bulle du 5 février 1153, adressée à l'évêque d'Arras, le pape Eugène III s'inquiète des progrès de l'hérésie dans le Nord de la France et en Flandre.
En 1163, le concile de Tours évoque les "hérétiques albigeois" (haeretici albigenses).

En 1165, le concile de Lombers (Tarn) condamne des hérétiques.

En mai 1167, Papaniquintas (ou Niquinta ou Nicetas ou Nikitas), évêque bogomile ou pape des hérétiques de Constantinople, de l’ordre de Dragovitza, préside, en Lauragais, au château de Saint-Félix de Caraman, près de Toulouse, une assemblée de cathares albigeois et italiens. Six Églises sont représentées : celles des francigènes au nord de la Loire, d’Albi au sud, avec leurs évêques Robert d’Épernon et Sicard Cellerier, celle de Lombardie que dirigeait Marc, et les conseils des Églises de Toulouse, Carcassonne, Aran (Agen), qui réclament et élisent chacun leurs chefs respectifs. Niquinta confère à tous le "consolamentum" de son ordre. Il consacre ensuite et renouvelle dans leurs fonctions épiscopales Robert d’Épernon et Sicard Cellerier ; il titularise Marc, évêque de Lombardie, et consacre les trois dignitaires élus : Bernard-Raimond à Toulouse, Guiraud-Mercier à Carcassonne, Raimond de Casals à Agen.

En 1177, le comte de Toulouse, Raimond V, constate que "l'hérésie a pénétré partout. Elle a jeté la discorde dans toutes les familles ... des prêtres eux-mêmes cèdent à la tentation. Les églises sont désertes et tombent en ruine".

Le pape Alexandre III (1159-1181) envoie son légat Pierre, cardinal de Saint-Chrysogone, en mission auprès des cathares, sans résultat.
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Message  Arlitto Sam 05 Mar 2016, 19:38

Alexandre III, pape 

Rolando Bandinelli naît à Sienne vers 1105.

Il étudie le droit canonique avec le savant italien Gratien et enseigne à Bologne puis à Pise ; ses ouvrages sur le droit et la théologie, notamment la Stroma ou Summa Magistri Rolandi, l'un des premiers commentaires du Décret de Gratien, lui donnent une réputation de savant.
Eugène III le fait cardinal de Saints-Côme-et-Damien en 1150 puis cardinal-prêtre de Saint-Marc.
Chancelier de l’Eglise en 1153, il est envoyé la même année comme légat pour négocier le traité de Constance avec l’empereur du Saint-Empire, Frédéric Ier Barberousse.
Elu pape le 7-9-1159 malgré l’opposition de Frédéric Barberousse, il choisit le nom d'"Alexandre". Il est intronisé le 20.

Alexandre III consacre une grande partie de son pontificat à la politique et à la lutte contre l’empereur qui veut imposer sa primauté au Saint-Siège et dominer de façon permanente l’Italie du Nord.

Il recueille Thomas Becket, archevêque de Canterbury, aux prises avec Henry II, à Sens où il s’était exilé.
Il défend vigoureusement l’autorité papale dans l’Eglise.
Il meurt le 30-8-1181 (une comète aurait annoncé son trépas).

Prophétie de Malachie : Ex ansere custode (De l’oie gardienne).

« L'homme, peut-être, qui dans les temps grossiers, qu'on nomme du moyen Age, mérita le plus du genre humain, fut le pape Alexandre III. Ce fut lui qui dans un concile au douzième siècle abolit autant qu'il le put la servitude. C'est ce même pape qui triompha dans Venise, par la sagesse, de la violence de Frédéric Barberousse, & qui força Henri II roi d'Angleterre de demander pardon à Dieu & aux hommes du meurtre de Thomas Becquet. Il ressuscita les droits des peuples, & réprima le crime dans les rois. » (Voltaire, De la servitude)


1159. 7 septembre, une division au sein du Sacré Collège aboutit à une double élection après la mort d’Adrien IV : Rolando devient pape sous le nom d'"Alexandre III" et le cardinal Octavien, élu de la minorité progermanique, prend le nom de "Victor IV" ; Barberousse fait réunir un concile à Pavie, qui groupe des évêques allemands et italiens et soutient Victor : Alexandre, consacré le 20 septembre, se réfugie en France.

1160. En mars, Alexandre III, reconnu par la France, l’Angleterre, la Sicile, les royaumes ibériques, excommunie l’empereur. Barberousse écrase Crémone.

1162. Le roi accorde officiellement le titre comtal à l’évêque du Puy-en-Velay (le fief le plus puissant du Velay est celui des Polignac qui disputent à l’évêque le droit de monnayage). Mort d’Avenzoar, médecin, qui fut le maître d’Averroès. L’empereur envahit la ville de Milan et la fait raser.

1163. Alexandre III, réfugié en France, et Louis VII posent la première pierre de la cathédrale de Notre-Dame. Alexandre III excommunie Rainald de Dassel, chancelier de l’Empire, pour avoir, à la mort du pape Adrien IV, fait élire Victor IV contre Alexandre III. Le Saint-Siège accorde sa protection à l’Ordre des Templiers. Les Almohades sont maîtres du Maghreb. Angleterre, Thomas Becket, l’archevêque de Canterbury, qui a abandonné sa charge de chancelier, proteste contre les impôts illégaux prélevés par le roi sur les terres ecclésiastiques. Le concile de Tours proclame : "Ecclesia abhorret a sanguine" (L’Eglise abhorre le sang) : la dissection des cadavres est strictement interdite ; il y est aussi question des hérétiques albigeois (haeretici albigenses).

1164. 22 avril, après la mort de l'antipape Victor IV, sans même en référer à Frédéric Barberousse, Rainald (ou Reinald ou Renaud en français), chancelier de l’Empire et archevêque de Cologne, installe l'antipape Pascal III : ce dernier est consacré le 26 avril. Thomas Becket fait condamner par le pape les Constitutions de Clarendon publiées par Henri II et par lesquelles les clercs sont soumis aux tribunaux laïques. Rainald (Renaud) de Dassel, archevêque de Cologne et chancelier de l’Empire, ramène en grande pompe à Cologne les reliques des rois mages que lui a données Frédéric Ier après la chute de Milan, ainsi que les ossements de st Félix et de st Nabor.

1165. En mai, la Diète de Wurtzbourg décide que tous les évêques de l’Empire doivent obéissance à Pascal III. Le concile de Lombers (Tarn) condamne des hérétiques. Le pape Alexandre se rend au Puy-en-Velay. L'empereur de Byzance Manuel Ier Comnène transmet à Alexandre III une lettre du Prêtre Jean, Roi des rois (il s’agirait d’un faux dû à Christian évêque de Mayence) ; le pape fait réponse en 1177 et envoie aux Indes un messager qui ne reviendra jamais. 29 décembre, canonisation de Charlemagne par l’antipape Pascal III, à l’initiative de l’empereur Frédéric Barberousse : le pape légitime, Alexandre, ne formule pas d’objection.

1165 à 1170. Thomas Becket en France.

1166. A Rocamadour (Lot), découverte du corps momifié de st Amadour (ou Amateur) dans une grotte de la falaise 1. Mort d’al-Idrîsî, géographe.

1167. 7 avril, fondation au monastère de Pontida de la première Ligue lombarde par les cités de Lombardie (Milan, Pavie, Crémone, Venise, Modène, Padoue, Plaisance, Ferrare, Bergame, Brescia, Lodi, Bologne, Mantoue, Vérone, Vicence, Trévise…) pour défendre l'autonomie municipale menacée par Frédéric Barberousse. En mai, Papaniquintas (Niquinta, Nicetas ou Nikitas), évêque bogomile ou pape des hérétiques de Constantinople, de l’ordre de Dragovitza, préside, en Lauragais, au château de Saint-Félix de Caraman, près de Toulouse, une assemblée de cathares albigeois et italiens ; six Églises sont représentées : celles des francigènes au nord de la Loire, d’Albi au sud, avec leurs évêques Robert d’Épernon et Sicard Cellerier, celle de Lombardie que dirige Marc, et les conseils des Églises de Toulouse, Carcassonne, Aran (Agen), qui réclament et élisent chacun leurs chefs respectifs ; Niquinta confère à tous le consolamentum de son ordre ; il consacre ensuite et renouvelle dans leurs fonctions épiscopales Robert d’Épernon et Sicard Cellerier ; il titularise Marc, évêque de Lombardie, et consacre les trois dignitaires élus : Bernard-Raimond à Toulouse, Guiraud-Mercier à Carcassonne, Raimond de Casals à Agen. 24 au 31 juillet, Frédéric Ier s’empare de la ville de Rome. 21 septembre, Frédéric Barberousse met les villes rebelles de la Ligue lombarde au ban de l'empire à Pavie.

1168. Alexandre III prend la tête de la Ligue lombarde. 20 septembre, mort de l'antipape Pascal III à Rome.

1169. Egypte, le Kurde Salah al-Din al-Ayyubi (Saladin) est nommé vizir par le calife fatimide du Caire.

1170. Ferdinand II de León installe une confrérie de chevaliers, qui se placent sous le patronage de st Jacques (Santiago), pour défendre la ville de Cáceres (Estrémadure). Alliance du pape et de la Ligue lombarde. Les Byzantins attaquent le quartier génois de Constantinople. 6 juillet, décret papal réservant au seul pontife de Rome le droit d'autoriser la vénération d'un saint. 29 décembre, dans la Cathédrale de Canterbury, assassinat (suggéré, dit-on, par le roi Henri II : « N'y aura-t-il donc personne pour me débarrasser de ce clerc outrecuidant ? »), par 4 chevaliers, de l’archevêque Thomas Becket, défenseur des droits de l’Eglise contre le roi, et pillage du palais archiépiscopal ; le pape frappe Henri II d’interdit personnel et exige son repentir public ; le roi devra faire un pèlerinage humiliant au tombeau de Thomas Becket et se soumettre à la pénitence publique de la flagellation (21 mai 1172) 4.

1171. A Constantinople, les Vénitiens sont expulsés de la ville et de l’empire byzantin. 26 mai, à Blois, première attestation d’une condamnation à mort d’un juif pour crime rituel ; 31 personnes sont brûlées vives sur le bûcher (également à Pontoise, Joinville, Epernay). 10 septembre, au Caire, Saladin (Salah al-Din) abolit le califat fatimide, restaure le sunnisme et fonde sa propre dynastie, les Ayyubides.

1172. 21 mai, dans l'Eglise d’Arranches, devant les légats du pape, Henri II fait amende honorable du meurtre de Becket et se soumet à la pénitence publique de la flagellation.

1173. Saladin prend Aden. A Lyon, Pierre Valdo (ou Valdès, Vaudès) dit Pierre de Vaux, riche marchand, renonce à ses biens qu’il distribue aux pauvres, crée le groupe des Pauvres du Christ ou Pauvres de Lyon (vaudois), pratique le retour à la pauvreté évangélique et le mode de vie des premiers chrétiens, estime que la papauté et le clergé sont illégitimes et n’ont aucune raison d’exister (seule la dignité personnelle permet de donner les sacrements) et rejette la messe et le culte des saints ; il meurt vers 1220 on ne sait où ; le mouvement vaudois sera persécuté par l’Eglise dont il conteste les privilèges. 9 août, en Toscane, pose de la première pierre de la Tour de Pise.

1174. 25 novembre, Saladin entre dans Damas ; après avoir soumis la Mésopotamie ainsi que l’Egypte et la Syrie qu'il unit, il prend le titre de sultan.

1175. Henri II d’Angleterre se fait reconnaître par le pape la souveraineté (toute théorique) sur l’Irlande. Gui de Montpellier fonde le Grand Ordre hospitalier du Saint-Esprit.

1176. En janvier, Entrevue de Chiavenna : Henri le Lion refuse son concours à Frédéric Barberousse pour une expédition en Italie. 25 janvier, en Angleterre : Assise de Northampton ; l'Église d'Écosse maintient son indépendance vis-à-vis de l'archevêque d'York ; l'assise exige de tous les hommes libres un serment de fidélité au roi, ordonne la destruction des châteaux construits illégalement et menace les rebelles des châtiments les plus cruels. 29 mai, soutenue par le pape, la Ligue lombarde remporte la Victoire de Legnano contre les troupes de Frédéric Ier Barberousse. Papaniquintas (Niquinta ou Nicetas), évêque bogomile (pape des hérétiques) de Constantinople, préside en Lauragais, au château de Saint-Félix de Caraman près de Toulouse, une assemblée de cathares albigeois et italiens. 20 juin, mort de Michel Iourievitch ; début du règne de Vsésolod III Iouriévitch (la Grande Nichée), grand prince de Vladimir. 9 novembre, Jeanne, fille du roi Henri II d'Angleterre, et d'Aliénor d'Aquitaine, épouse à Palerme le roi Guillaume II de Sicile ; elle sera couronnée reine de Sicile le 13 février 1177.

1177. Le pape envoie son légat Pierre, cardinal de Saint-Chrysogone, en mission auprès des cathares, sans résultat. 27 juillet, la paix de Venise est imposée à Frédéric Barberousse qui reconnaît l’autorité du pape et lui baise le pied. Alexandre III offre un parasol au doge Ziani.

1178. 29 août, l'antipape Calixte III, qui a perdu le soutien de Frédéric Barberousse, se soumet à Alexandre III.

1178-1181. Précroisade contre les albigeois.

1179. 5 au 19 mars, troisième concile du Latran ; le pape autorise Vaudès (Valdo), venu avec une délégation, à persévérer dans son action apostolique, à condition de ne pas prendre la parole en public sans l'autorisation du clergé locale (mais les vaudois continueront à pratiquer la prédication itinérante). 10 juin, Bataille de Marj Ayoun : victoire de Saladin sur les croisés. 23 au 30 août, Saladin assiège et prend la Forteresse d'Ateret au Gué de Jacob sur le Jourdain ; les 700 chevaliers du Temple sont tués et les 800 autres résidents sont emmenés captifs ; Saladin ordonne de démolir les restes de la fortification 2. 1er novembre, Louis VII étant devenu hémiplégique, son fils, 14 ans, est sacré roi de France à Reims sous le nom de Philippe II (dit Philippe de Gonesse, Auguste, Dieudonné, le Magnanime, le Conquérant, le Fortuné) par son oncle Guillaume de Champagne, archevêque de Reims, dit Guillaume aux Blanches Mains.

1180. L’Ecosse est placée sous interdit par le pape à cause de la controverse sur la succession de l’évêché de Saint-Andrews. 28 avril, Philippe II épouse Isabelle de Hainaut qui lui apporte le comté d’Artois. En mai, conclusion d'une trêve de deux ans entre Baudouin IV de Jérusalem, le roi lépreux, et Saladin, garantissant la libre circulation des biens et des hommes dans la région, alors que la région est en proie à la famine liée à la sécheresse ; quelques mois plus tard, une caravane de riches commerçants arabes allant vers La Mecque sera attaquée dans le désert de Syrie par Renaud de Châtillon, qui s'en emparera ; Saladin s'en plaindra à Baudouin IV qui n'osera sévir contre son vassal. 29 mai, Philippe II est couronné une seconde fois à Saint-Denis. En juin, l'antipape Innocent III est déposé. 21 août, à Alzira, bien qu’enfants du calife musulman de Lérida en Catalogne, Ahmed (baptisé Bernard) et ses sœurs, Zaïda et Zoraïda (baptisées Marie et Grâce), tous convertis de l’islam au christianisme et qui refusent d’abjurer leur foi nouvelle, sont exécutés sur ordre de leur frère, Al Mansour, émir de Valence, qu’ils avaient essayé de convertir : Bernard est cloué à un mur, ses sœurs sont décapitées (selon le Martyrologe). 18 septembre, à Paris, mort de Louis VII ; son fils Philippe II Auguste lui succède (c’est durant le règne de Philippe Auguste que disparaîtra le dernier aurochs de France). 24 septembre, mort de l'empereur byzantin Manuel Ier Comnène : son fils, Alexis II Comnène, lui succède.

1180-1215. A Paris, création de l’université.

1181. Dans l'Empire ottoman, l’uniatisme se développe en prenant appui sur l’Église maronite, unie tout entière à Rome. En juillet, le légat du pape Henri de Marcy, cardinal d'Albano, assiège et prend Lavaur, défendue par Adélaïde de Toulouse, qui se soumet, ainsi que son époux Roger II Trencavel ; arrêtés, deux "parfaits"  sont emmenés devant le concile du Puy-en-Velay (15 septembre) où ils abjurent leur foi 3. 30 août, mort du pape Alexandre III.


Notes
1 Une tradition du Quercy voit en Amadour (ou Amateur) dont le corps momifié fut découvert en 1166 dans une grotte de la falaise de Rocamadour (Lot), Zachée, l’hôte du Christ, et nous apprend que st Martial, envoyé dans les Gaules par st Pierre lui-même, fut le consécrateur de l’autel élevé en l’honneur de la Vierge au milieu de ces rochers déserts. Zachée (selon A. Pradelle, le nom Amadour proviendrait de l’arabe Amad-Aour signifiant "le Juste", équivalent de l’hébreu Zaccaï), riche publicain, qui hébergea Jésus et donna sa fortune aux pauvres, était le mari de ste Véronique qui, selon la tradition chrétienne, essuya le visage du Christ lors de sa montée au calvaire et dont le voile garda l’image du Sauveur. Véronique et Zachée, porteurs d’une petite fiole renfermant la dernière goutte du lait de la Vierge et d’une statuette de la Vierge sculptée par Luc l’évangéliste lui-même, vinrent en France porter l’évangile : ils accostèrent à Soulac (Noviomagus), en Gironde, en l’an 50 ; Véronique finit ses jours près de Soulac où elle fut enterrée ; Zachée rechercha alors solitude et oubli et s’établit dans une grotte à Rocamadour. Des miracles se succédèrent à Rocamadour dont le site fut visité notamment par Henri Plantagenêt (roi d’Angleterre, miraculeusement guéri), Bernard de Clairvaux, Louis IX et Blanche de Castille sa mère, Philippe le bel, Louis XI, etc. Selon une autre légende, Amadour, porteur d’une statuette de la Vierge Marie que lui avait façonnée Zachée, débarqua en Gaule aux Saintes-Maries-de-la-Mer avec Lazare, Marthe et Marie.
[ltr]http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_d ... acob_(1179[/ltr])
[ltr]http://fr.wikipedia.org/wiki/1181[/ltr]
4 « N’est-ce pas dans la foi et la doctrine de Pierre que l’édifice de l’Eglise est fondé, jusqu’à ce que nous parvenions tous en Christ, jusqu’à l’état de l’homme parfait, dans l’unité de la foi et la vraie connaissance du Fils de Dieu ? » (Thomas Beckett à l’évêque Gilbert)
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Message  Arlitto Sam 05 Mar 2016, 19:38

Précroisade et commissions inquisitoriales

1178-1181 : précroisade contre les albigeois.

Les conciles de Latran III (1179) et de Latran IV (1215) condamnent les albigeois et les vaudois (bien que les théologiens les distinguent soigneusement et que les vaudois soient hostiles aux cathares).

En Juillet 1181, le légat du pape Henri de Marcy, cardinal d'Albano, assiège et prend Lavaur, défendue par Adélaïde de Toulouse, qui se soumet, ainsi que son époux Roger II Trencavel. Arrêtés, deux "parfaits" sont emmenés devant le concile du Puy-en-Velay (15 septembre) où ils abjurent leur foi.

En 1184, le concile de Vérone condamne le néomanichéisme (catharisme). Le pape Lucius III et Frédéric Barberousse définissent les châtiments corporels à infliger aux hérétiques. Le concile donne ordre aux évêques de rechercher eux-mêmes les hérétiques ; il fait appel aux princes et aux seigneurs pour lutter contre l’hérésie sous peine d’excommunication ; il crée une constitution qui fait des évêques les premiers inquisiteurs et qui livre aux bras séculiers clercs et laïcs coupables d’hérésie.

Le 25 mars 1199, la bulle Vergentis in senium d'Innocent III établit la procédure inquisitoriale contre les albigeois.
Innocent III s’adresse au roi Émeric de Hongrie, dans une décrétale, en lui demandant de réagir contre la propagation de l’hérésie patarine en Bosnie.

En 1200, les premières commissions inquisitoriales composées de prêtres et de laïcs sont présentes au concile d’Avignon.
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Message  Arlitto Sam 05 Mar 2016, 19:38

Troisième concile du Latran

Le troisième concile du Latran (Latran III), onzième concile œcuménique, réuni et présidé par le pape Alexandre III réconcilié avec l’empereur Frédéric, se déroule du 5 au 19 mars 1179.
Les 600 participants adoptent 27 canons.

Le concile décide que l’élection du pape se fera à la majorité des 2/3 des cardinaux 4 (canon 1).

Le concile déclare nulles les ordinations faites par les antipapes Octavien (Victor IV), Gui de Créma (Pascal III) et Jean de Struma (Calixte III), et veut que ceux qui ont reçu d’eux des dignités ecclésiastiques ou des bénéfices, en soient privés. (Canon 2)

Aucun ne sera élu évêque, qu’il n’ait trente ans accomplis, qu’il ne soit né en légitime mariage, et recommandable par ses mœurs et sa doctrine (canon 3).

Défense de rien exiger pour l’intronisation des évêques ou des abbés, pour l’installation des autres ecclésiastiques ou la prise de possession des curés, pour les sépultures, les mariages et les autres sacrements, en sorte qu’on les refuse à ceux qui n’ont pas de quoi donner (canon 7).

Sur les plaintes formées par les évêques que les nouveaux ordres militaires des templiers et des hospitaliers recevaient des églises de la main des laïques ; que dans les leurs ils instituaient et destituaient des prêtres à l’insu des évêques ; qu’ils admettaient aux sacrements les excommuniés et les interdits, et leur donnaient la sépulture ; qu’ils abusaient de la permission donnée à leurs frères envoyés pour quêter, de faire ouvrir, une fois l’an, les églises interdites, et d’y faire célébrer l’office divin, d’où plusieurs de ces quêteurs prenaient occasion d’aller eux-mêmes aux lieux interdits, et de s’associer des confrères en plusieurs de ces lieux, à qui ils communiquaient leurs privilèges ; le concile condamne tous ces abus, non seulement à l’égard des ordres militaires, mais de tous les autres religieux (canon 9).

Les clercs constitués dans les ordres sacrés, qui ont chez eux des femmes notées d’incontinence, les chasseront et vivront chastement, sous peine de privation de leur bénéfice ecclésiastique et de leur office. Même peine pour le clerc qui, sans une cause manifeste et nécessaire, fréquentera les monastères des filles, après la défense de l’évêque. Un laïque coupable d’un crime contre nature sera excommunié et chassé de l’assemblée des fidèles. Si c’est un clerc, il sera ou chassé du clergé, ou enfermé dans un monastère pour y faire pénitence. (Canon 11)

On défend, sous peine de privation de la sépulture ecclésiastique, les tournois ou foires, auxquels se trouvaient des soldats qui, pour montre de leur force et de leur bravoure, se battaient avec d’autres, au péril de leur âme et de leur corps. (Canon 20)

On ordonne d’observer la trêve de Dieu, qui consistait à n’attaquer personne depuis le coucher du soleil le mercredi jusqu’au lever du soleil le lundi, depuis l’Avent jusqu’à l’octave de l’Épiphanie, et depuis la Septuagésime jusqu’à l’octave de Pâques : le tout sous peine d’excommunication. (Canon 21)

On défend aux juifs et aux sarrasins d’avoir chez eux des esclaves chrétiens sous quelque prétexte que ce soit. On permet néanmoins de recevoir en témoignage les chrétiens contre les juifs, et les juifs contre les chrétiens. On ordonne de conserver les biens aux juifs convertis, avec défense, sous peine d’excommunication, aux seigneurs et aux magistrats de leur en rien ôter. (Canon 26)

Nous anathématisons les hérétiques nommés cathares, patarins, publicains, albigeois et autres qui enseignent publiquement leurs erreurs, et ceux qui leur donnent protection ou retraite, défendant, en cas qu’ils viennent à mourir dans leur péché, de faire des oblations pour eux, et de leur donner la sépulture entre les chrétiens. Le concile prend acte des missions cisterciennes concernant les hérétiques albigeois et élabore les premières procédures d’inquisition épiscopale pour lutter contre eux. 
Le concile ordonne de dénoncer excommuniés, dans les églises, les jours de dimanches et de fêtes, les brabançons, les cottereaux (ces cottereaux ou routiers étaient des mercenaires dont les seigneurs se servaient pour leurs guerres particulières, ndlr), etc., qui portaient la désolation partout. Il permet même de prendre les armes contre eux, et reçoit ceux qui les attaqueront sous la protection de l’Église, comme ceux qui visitent le saint sépulcre. (Canon 27).

Le pape autorise Vaudès (ou Valdo), venu avec une délégation, à persévérer dans son action apostolique, à condition de ne pas prendre la parole en public sans l'autorisation du clergé locale (mais les vaudois continueront à pratiquer la prédication itinérante).

Les pères se prononcent (canons 13 et 14) contre la pratique des dîmes inféodées (dîmes intégrées aux revenus de la seigneurie).

Le concile définit la suprématie spirituelle de la papauté et réserve au souverain pontife la canonisation des saints.
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Message  Arlitto Sam 05 Mar 2016, 19:39

Quatrième concile du Latran

Le quatrième concile du Latran (Latran IV), 12e concile œcuménique, convoqué par le pape Innocent III (bulle datée du 19 avril 1213), se déroule du 11 au 30 novembre 1215.
Il accueille le patriarche maronite Jérémie de Amchite (qui déclare que l’Eglise maronite est en communion avec l’Eglise de Rome), des représentants de nombreux princes laïcs et plus de 1 200 évêques et abbés.

70 décrets ou canons, préparés par le pape, sont ratifiés, notamment :

- profession de foi qui contient pour la première fois la définition de la transsubstantiation dans l’Eucharistie : « Il n’y a qu’une seule Église universelle des fidèles, hors de laquelle nul n’est absolument sauvé, et dans laquelle Jésus-Christ est le prêtre et la victime, dont le corps et le sang sont véritablement dans le sacrement de l’autel sous les espèces du pain et du vin ; le pain étant transsubstantié au corps de Jésus-Christ, et le vin en son sang, par la puissance divine… » (Canon 1) ;

- condamnation du livre de Joachim de Flore sur la Trinité (sa pensée n’a cependant jamais été censurée dans son ensemble) et de la doctrine d’Amaury jugée "encore plus insensée qu’hérétique" : « L’abbé Joachim prétendait qu’il suivait de cette doctrine, qu’il y avait une quaternité en Dieu, savoir les trois personnes de la Trinité et leur espèce commune ; et soutenait que l’union des personnes n’est pas propre et réelle, mais seulement similitudinaire, comme celle des croyants, dont il est dit aux Actes des apôtres, qu’ils n’avaient qu’un cœur et qu’une âme ; et comme dit Jésus-Christ dans saint Jean, en parlant des fidèles à son Père : « Je veux qu’ils soient un comme nous. « Pour nous, dit le pape, nous croyons, avec l’approbation du saint concile, et nous confessons qu’il y a une chose souveraine, qui est le Père, le Fils et le Saint-Esprit, sans qu’il y ait de quaternité en Dieu, parce que chacune de ces personnes est cette chose, c’est-à-dire la substance, l’essence ou la nature divine, qui seule est le principe de tout. Le concile déclare donc hérétiques tous ceux qui défendraient ou approuveraient la doctrine de l’abbé Joachim sur cet article. Il condamne aussi la doctrine d’Amaury qui soutenait que chaque chrétien est obligé, sous peine de privation du salut, de croire qu’il est membre vivant de Jésus-Christ » (Canon 2) ;

- anathématisation et condamnation des hérétiques cathares et des vaudois : « Le concile prononce anathème contre toutes les hérésies (...) et ordonne que les hérétiques, après avoir été condamnés, seront livrés aux puissances séculières. Il ajoute que l’on avertira ces puissances, et qu’on les contraindra, même par censures, de prêter serment en public, qu’elles chasseront de leurs terres tous les hérétiques notés par l’Église ; que, si les seigneurs temporels négligent de le faire, ils seront excommuniés par le métropolitain et les évêques de la province » (Canon 3) ;
- exhortation aux Grecs « à se réunir et à se conformer à l’Église romaine, afin qu’il n’y ait qu’un pasteur et qu’un troupeau ; et l’on défend aux Grecs, sous peine d’excommunication et de déposition, de laver les autels où les prêtres latins avaient célébré, et de rebaptiser ceux qu’ils avaient baptisés » (Canon 4) ;

- interdiction de fonder de nouveaux ordres religieux (Canon 13) ;
- mesures contre les clercs incontinents, ivrognes, cupides (Canons 14 à 17) ;
- « Défense aux clercs de dicter ou de prononcer une sentence de mort, ni de rien faire qui ait rapport au dernier supplice ; d’exercer aucune partie de la chirurgie où il faille employer le fer ou le feu ; de donner la bénédiction pour l’épreuve de l’eau chaude ou froide, ou du fer chaud » (Canon 18) ;

- obligation pour tous les fidèles de se confesser et de communier au moins une fois par an (Canon 21 : Omnis utriusque sexus) ;
- obligation du secret de la confession (la coutume du secret est rendue obligatoire, interdiction est faite au prêtre confesseur, mais aussi à l’interprète ou au passant ayant surpris par hasard une confession, d’en divulguer le contenu) : « Le confesseur doit aussi prendre garde de ne pas découvrir, par quelque parole ou par quelque signe, les péchés de ceux qui se confessent ; et celui qui se trouvera coupable en ce point sera déposé et enfermé dans un monastère, pour y faire pénitence le reste de ses jours » (Canon 21) ;
- interdiction aux « enfants des chanoines, surtout les bâtards », de « posséder des canonicats dans les mêmes églises où ces chanoines sont établis » (Canon 31) ;
- institution de la charge de "curé" affecté à une paroisse (cura animarum) ;
- interdiction du mariage clandestin, publication des bans dans les églises et présence du prêtre obligatoire, interdiction d’épouser un parent en deçà du 4e degré (Canon 51),
- affirmation "que la dîme est due de droit divin à l’Église ; qu’elle doit se prendre sur toute la récolte, avant qu’on en ait rien levé pour les cens et les tributs ; que les terres acquises aux moines de Cîteaux, ou à d’autres, depuis la tenue de ce concile, doivent payer la dîme, soit qu’ils cultivent ces terres par eux-mêmes ou par des étrangers" (Canons 54 et 55) ;
- défense aux Juifs de pratiquer des "usures excessives envers les chrétiens, et on leur ordonne de payer la dîme et les autres oblations pour les maisons ou les héritages qu’ils ont achetés des chrétiens" (Canon 67) ;

- port d’un signe distinctif par les juifs (canon 68) inspirée du code d'Omar II (717) 7 : "(...) nous décidons que les Juifs et les Sarrasins des deux sexes, dans toutes les terres chrétiennes, se distinguent eux-mêmes publiquement des autres peuples par leurs habits (...) ; concernant les Juifs, le concile décide qu'ils doivent porter sur eux une marque distinctive de leur différence : la rouelle, un disque d'étoffe jaune symbolisant les 30 deniers de Judas ; les autorités civiles imposeront : un chapeau rouge à bout pointu en Allemagne (choisi par les juifs eux-mêmes), la rouelle (jaune puis rouge et blanche) en France, et un signe en forme de Tables de la Loi en Angleterre" ;
- « Défense de donner des charges publiques aux juifs et aux païens » (Canon 69) ;
- renonciation aux rites anciens des juifs par les juifs convertis à la foi chrétienne et baptisés volontairement "afin de ne pas faire un mélange du christianisme avec le judaïsme, qui ne serait propre qu’à ternir la beauté de la religion chrétienne" (Canon 70) ;

- affirmation de l’existence des Anges ;
- attribution par l’Assemblée à Simon de Montfort du pays conquis sur le vieux comte de Toulouse qu’elle "déchoit de tout droit de souveraineté et auquel elle n’assigne que quatre cents marcs pour son entretien". L’épouse de ce dernier "peut librement jouir de son douaire, mais elle doit gouverner ses principautés selon l’ordre de l’Église, pour le maintien de la paix et de la foi". Ce qui n’est pas encore conquis doit "être placé sous l’administration de personnages capables, afin de doter le jeune comte, lorsqu’il aurait atteint sa majorité, soit de la totalité de ces biens, soit d’une partie, selon son mérite" ;

- reconnaissance que le pape a le monopole de la canonisation
- prédication dans toute la chrétienté d'une nouvelle croisade vers l’Egypte ; le bénéfice de l'indulgence plénière est étendu à ceux qui contribuent à la construction des navires croisés, dans les mêmes conditions que pour ceux qui vont combattre en Terre Sainte. Le décret conciliaire frappe d'un impôt du vingtième les revenus ecclésiastiques et du dixième les biens du pape et des cardinaux, pendant trois ans. L'excommunication est portée contre tous ceux qui commercent avec les infidèles.

Innocent III a cherché à convaincre le sultan d’Égypte de restituer Jérusalem aux chrétiens, mais la construction d’une forteresse musulmane sur le mont Thabor, qui bloque Acre, l'a décidé à prêcher la cinquième croisade (1217-1221). La bulle concernant la croisade est publiée le 14 décembre.

Le pape déclare aux Pères du concile : « L’instrument de mort que vous devez avoir entre les mains pour exterminer les impies, c’est l’autorité pontificale dont vous devez vous servir pour la destruction des méchants, à l’exemple du psalmiste : « Je mettais à mort dès le matin tous les pécheurs de la terre, afin de bannir de la ville du Seigneur tous ceux qui commettent l’iniquité. »
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