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La Sainte Bible

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Message  Arlitto Dim 6 Mar 2016 - 17:25

La Sainte Bible

Les premières traductions de la Bible

La Sainte Bible Dzno


Au fur et à mesure que l'Évangile se répand, la Bible est traduite et recopiée à la main par les missionnaires chrétiens dans la langue courante de chaque peuple.

Au Proche-Orient

Le syriaque est un dialecte de l'araméen oriental parlé à l'origine dans la région d'Edesse, en Mésopotamie, dès le Ier siècle de notre ère. Devenu la langue des chrétiens de Syrie et de Mésopotamie, il se répartit en syriaque oriental, parlé par les nestoriens des Empires sassanide, omeyyade et abbasside, et en syriaque occidental, langue des jacobites - disciples de Jacob Baradée, évêque d'Antioche au VIe siècle - de l'Empire byzantin.

La vieille version syriaque de l'Ancien Testament paraît avoir été traduite directement de l'hébreu au Ier siècle de notre ère. Mais ce texte ancien a été révisé au cours des âges à l'aide de la Septante pour aboutir à ce que l'on appelle la Peshitta ou Peshitto, la version « simple » ou « courante ».

L'Arménie fut la première nation à adopter le christianisme comme religion officielle, en 301, lorsque le roi Tiridate III fut baptisé par Grégoire l'Illuminateur. Au début du Ve siècle, le prêtre et moine Mesrob Machtotz mit au point l'écriture arménienne, permettant ainsi à l'arménien de devenir une langue écrite, le grabar. La Bible fut le premier texte à être traduit en grabar par Mesrob Machtotz lui-même.

La Géorgie fut christianisée après l'Arménie. La traduction de la Bible y fut entreprise à partir du Ve siècle et ne fut achevée que tardivement. Ainsi les livres des Maccabées ne furent traduits qu'au XVIIIe siècle, à partir de la version slave. La version géorgienne est traduite non à partir de la Septante, mais de la version arménienne. Dès le VIIe siècle, elle a fait l'objet de révisions successives effectuées d'après le texte grec de la Septante.

La plus ancienne version arabe de la Bible, traduite à partir de la Septante, était celle de Hunayn ibn Ishaq (808-873). Rien, malheureusement, n'en a été conservé. La plus ancienne version connue est celle de Saadiah Gaon (882-942), un juif égyptien, chef (gaon) de l'école rabbinique de Babylone. Elle a été effectuée à partir de l'hébreu.

En Occident

C'est essentiellement en latin que l'Occident a d'abord traduit la Bible. La traduction « vieille version latine » (vetus latina ou itala) en usage à partir du IIIe siècle finira par être supplantée par la nouvelle traduction latine de Jérôme (347-419 ou 420), la Vulgate (ce nom apparaît seulement au XIIIe siècle), qui nourrira la foi chrétienne de l'Occident pendant plus de mille ans.

Au Moyen Age, la plupart des chrétiens étaient analphabètes. Les sculptures, les peintures et les vitraux des cathédrales - ces « Bibles de pierre » - ont cherché à rendre le message biblique accessible à tous.

En Europe orientale

Vers 350, Ulfila, évêque des Goths de Mésie (région recouvrant la Yougoslavie et la Bulgarie d'aujourd'hui) et disciple d'Arius (qui niait la divinité de Jésus), traduit la Bible à partir du grec. Cette version gothique demeure le plus ancien témoignage littéraire daté dans une langue germanique.

Cyrille (mort en 869), évangélisateur de la Moravie, et son frère Méthode (mort en 885) créent l'écriture cyrillique pour fixer leur traduction de la Bible en vieux slavon effectuée à partir de la Septante. Le slavon, langue littéraire issue d'un dialecte oriental, devient la langue liturgique de la chrétienté slave. Au temps de la Russie kiévienne, elle est encore très proche de la langue parlée. La version en vieux slavon reste la Bible officielle des Eglises orthodoxes de langue slave.

En Afrique

En Égypte, dans les années 150-200, la langue copte, dérivée de l'ancien égyptien, a conservé malgré l'expansion du grec une position suffisamment importante parmi les populations paysannes pour mériter des traductions de la Bible. On peut distinguer au moins six versions dialectales : les versions sahidique (de Haute-Égypte), achmimîque (dans la région de Thèbes), subachmimique (Lycopolîs en Moyenne-Egypte), oxyrhynchique (Moyenne-Égypte), fayoumique et bohairique (dans le Delta). Effectuées à partir de la Septante, pour l'Ancien Testament, elles se réfèrent cependant à des états différents du texte grec.

Le christianisme fut introduit en Éthiopie vers 320-330, à la suite de la conversion du roi d'Axoum. A la fin du Ve siècle, des moines syriens introduisirent le monachisme et la doctrine monophysite (dans la personne du Christ, le divin et l'humain ne formeraient qu'une seule nature). La traduction de la Bible fut entreprise à partir des années 500 et fut réalisée en langue guèze ou éthiopien classique, langue parlée dans le royaume d'Axoum. Au cours des siècles suivants cette version a subi des révisions à partir de l'hébreu ou de l'arabe. Assez vite le guèze est devenu langue morte réservée à l'usage liturgique. Ce n'est qu'à une date récente que la Bible fut traduite en amharique. La version guèze est restée la version officielle de l'Église d'Ethiopie. L'Ancien Testament de cette traduction est également utilisée par les Juifs d'Ethiopie, les Falashas.

En Extrême-Orient

Pour la première fois, l'Évangile est proclamé en Chine par des missionnaires membres de l'Église nestorienne (fondée par Nestorius, patriarche de Constantinople de 428 à 431). La Bible a été partiellement traduite en chinois dès le VIIe siècle. On a ainsi retrouvé un hymne à la Trinité dans une des célèbres grottes de Dunhuang (Monastère bouddhique, N.O. de la province du Gansu).
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Message  Arlitto Dim 6 Mar 2016 - 17:25

La Bible en français du XVe au milieu du XXe siècle.

Il faut bien le reconnaître, la Bible n’a jamais eu, dans le paysage littéraire français, une place aussi centrale qu’elle en a eu en Allemagne ou en Angleterre. La Bible de Luther ou la King James Version ont imprimé profondément leur marque dans la culture qui les a portées. Une multitude de citations, d’allusions ou d’imitations stylistiques dans de très nombreuses œuvres littéraires classiques ou contemporaines témoignent d’une profonde influence de ces versions prestigieuses de la Bible. Rien de tel pour ce qui concerne la culture française. Blaise Pascal ou Paul Claudel lisent encore la version latine de la Bible pour que se produise en eux cette émotion profonde qui féconde le génie littéraire. La Vulgate affleure dans leur œuvre, plus que toute traduction française.

La Sainte Bible 7rcc

La Sainte Bible Enex
Frontispice de la Bible d'Olivétan, 4 juin 1535, fonds Société biblique Française.

Les traductions françaises étaient-elles donc de si mauvaise qualité ? 

Il faut remonter au XVIe siècle et à l’apparition de la Réforme pour comprendre que l’absence de référence majeure en matière de traduction biblique en français tient plus à la sociologie religieuse qu’à l’absence de talent des traducteurs. 

En Allemagne et en Angleterre, le mouvement réformiste conduisit à rejeter l’Église catholique mais à conserver la Bible. En France, souvent avec l’appui du pouvoir politique, l’Église catholique conserva son influence prédominante, mais c’est la Bible qui fut bâillonnée. 


À partir de là, la France s’est singularisée dans son rapport à la Bible. Alors que dans la culture allemande, russe ou anglo-américaine on apprend à lire avec la Bible, et même très souvent dans la Bible, l’enfant français apprend à lire une langue rationalisée, épurée de toute référence biblique.

La Bible n’a pas modelé la langue et la culture françaises, autant qu’elle a pu le faire dans d’autres cultures européennes. Pour qu’une telle fécondation puisse avoir lieu, il faut la rencontre d’une traduction de qualité avec une majorité de la population ou en tout cas avec une large part de la classe intellectuelle. 

L’histoire de la traduction de la Bible en langue française montre bien que la Bible est restée confinée soit parmi les seuls esprits éclairés du catholicisme français, soit parmi les protestants, trop minoritaires pour influencer profondément la culture de leur pays.




I. La Bible au XIVe et XVe siècle. Premières traductions en langue courante

La Sainte Bible 5qc5

Le premier livre imprimé selon la technique des caractères mobiles mise au point par Gutenberg en 1443 est une Bible latine qui a été tirée à 150 exemplaires. À cette époque dans le monde occidental, lorsqu’on parle d’Écriture sainte, on comprend ce corpus de textes traduits en langue latine et attribués à saint Jérôme. Le contenu du livre est encore sujet à variations : quelques flottements subsistent sur la liste des livres de la version grecque qui ont été exclus du canon hébreu au Ier siècle de notre ère par le judaïsme rabbinique.

Entre 1453 et 1500, on recense 80 éditions de la Bible latine dans toute l’Europe, mais encore aucune édition dans une langue populaire. C’est que l’Église officielle n’encourage pas l’usage des traductions : elle y voit un risque d’hérésie, si chacun se met à interpréter la Bible à sa manière en se coupant de la tradition développée depuis les Pères de l’Église. Pourtant, certains mouvements qui aspiraient à une prédication plus fidèle aux Écritures ont tenté au cours des siècles précédents de diffuser de façon plus ou moins clandestine des traductions de la Bible. On peut citer pour mémoire les disciples de Pierre Valdo qui traduisent des passages des évangiles en langue romane (XIIe siècle), et Wyclif et les lollards qui le font en langue anglaise (XIVe siècle).

En français, la première traduction date seulement du début du XIVe siècle. Il s’agit d’une Bible historiale, c'est à dire que l’épopée biblique est réécrite sous la forme d’une histoire sainte qui reprend de façon linéaire les principaux événements décrits dans la Bible, depuis la création du monde, jusqu’à la venue du Christ et la naissance de l’Église. L’auteur est un certain Guyard des Moulins. À la même époque, se diffusent des petits livrets manuscrits ou xylographiés contenant un résumé de quelques passages bibliques, assortis de conseils de piété, d’où le nom de « Bibles moralisées » que l’on a donné à ces livrets.

Il faut attendre 1498 pour que soit imprimée la première Bible en français, mais c’est encore une Bible historiale, révisée par Jean de Rély, confesseur du roi Charles VIII, et abondamment illustrée de gravures sur bois. 

La Sainte Bible 308n


II. Le XVIe siècle. Une renaissance pour la Bible

Le XVIe siècle marque un tournant décisif dans l’histoire de la Bible. Depuis la chute de Constantinople en 1453, sont arrivés en Europe des manuscrits, jusque-là inconnus, des chefs-d’œuvre de l’Antiquité grecque. Les universitaires se penchent sur ces textes anciens et acquièrent de nouvelles méthodes de traduction et d’édition, mettant à profit la technologie de l’imprimerie.

La Sainte Bible Kou1 Hans Holbein, Érasme écrivant, 1523, Huile sur panneau, 
42 × 32 cm, Musée du Louvre, Paris.

Certains de ces spécialistes en « humanités » (étude des textes anciens) vont tout naturellement étendre à la Bible leur savoir-faire et renouveler l’approche du texte en s’affranchissant du monopole exercé par les théologiens patentés de l’Église catholique. Jacques Lefèvre d’Étaples (1460-1536) est un prêtre catholique, bibliothécaire de l’abbaye de Saint Germain-des-Près, à Paris. Il publie en 1512 un commentaire des épîtres de Paul dans lequel il place côte à côte la version latine de Saint Jérôme et sa propre traduction latine réalisée à partir des manuscrits grecs

Érasme (1469-1536)

« Je souhaite que toutes les femmes lisent l’Évangile, qu’elles lisent les épîtres de Paul et que ces textes soient traduits dans toutes les langues des hommes »

Érasme réside à Rotterdam, mais voyage fréquemment à travers toute l’Europe. Il publie à Bâle, en 1516, un Nouveau Testament avec le texte grec et une nouvelle traduction latine de son cru. Cette édition servira de base à toutes les traductions en langue vernaculaire en Europe. Un dominicain italien, Sanctes Panignus (1470-1536) se livre à un travail analogue sur l’Ancien Testament en retraduisant en latin le texte hébreu. Son ouvrage paraît en 1528 à Lyon.
Tous font preuve d’une réelle préoccupation pour rendre la Bible compréhensible pour des personnes non spécialistes. « Je souhaite que toutes les femmes lisent l’Évangile, qu’elles lisent les épîtres de Paul et que ces textes soient traduits dans toutes les langues des hommes » dit Érasme dans l’introduction de son Nouveau Testament.

La Sainte Bible Cuem
Bible de Lefèvre d'Étaples, 1534 Anvers, Fonds Société biblique française.

Lefèvre d’Etaples (1530)

C’est pour aider les prédicateurs dans son diocèse de Meaux que Lefèvre d’Étaples traduit le Nouveau Testament en français, à partir de la Vulgate mais avec quelques modifications effectuées d’après le grec. Il y ajoute des canevas de prédication pour les 52 dimanches de l’année et publie l’ouvrage en 1525. Son audace théologique n’est pas du goût de la Faculté de Paris qui exerce alors le pouvoir intellectuel.

En 1526, le Parlement de Paris interdit toute traduction de l’Écriture en français. Néanmoins Lefèvre d’Étaples se remet à la traduction de l’Ancien Testament et en 1530, il publie à Anvers la première traduction complète de la Bible en français. Ce sont les docteurs de l’Université de Louvain qui donnent leur approbation et cette Bible est publiée avec le privilège de l’empereur Charles Quint.

Olivétan (1535)

La Sainte Bible Frontispice_olivetan
Frontispice de la Bible d'Olivétan, 4 juin 1535, fonds SBF

Après le développement de la Réforme en France et en Suisse, les protestants souhaitent disposer eux-aussi d’une traduction de la Bible, mais traduite à partir des langues originales. En 1532, un synode des Églises vaudoises vote l’adhésion à la réforme et prend la décision de traduire la Bible. Ce projet sera mené en commun avec les protestants de Suisse. Il reste à trouver un traducteur compétent et les regards se tournent vers Robert Olivétan, un cousin éloigné du réformateur Jean Calvin. Par humilité, Olivétan commence par refuser plusieurs fois ce travail avant de l’accepter en 1533. S’il parvient à achever le travail, seul, dans un délai de deux années, c’est qu’il avait déjà traduit un certain nombre de passages de l’Ancien Testament et qu’il lui a suffi de compléter les textes manquants. Pour la traduction des livres canoniques de l’Ancien Testament, Olivétan utilise une abondante documentation et produit une œuvre originale. Sa traduction des livres apocryphes et du Nouveau Testament reste assez dépendante de celle de Lefèvre d’Étaples. On notera que, comme dans la traduction réalisée par Martin Luther (1534), la version d’Olivétan comporte les livres tardifs du judaïsme présents dans la version grecque de l’Ancien Testament, mais qui n’appartiennent pas au canon de la Bible hébraïque. Ces livres sont placés à la fin de l’Ancien Testament canonique et précédés d’un avertissement pour prévenir le lecteur de leur statut particulier.
Olivétan a réalisé un travail de précurseur en se confrontant, pour la première fois en français, aux textes originaux mais sa traduction comporte encore certaines maladresses. Elle sera de plus desservie par le choix du caractère gothique dans la première édition de 1535 qui, sans accentuation et avec une ponctuation sommaire, rend la lecture malaisée.

Bible de Genève (1546) – Bible de Louvain (1550)

La Sainte Bible Epee
Bible de Genève, 1540, l'épéede la page de titre, fonds SBF

La version d’Olivétan a rapidement été révisée à Genève, et notamment par Jean Calvin qui ajoute à la Bible publiée en 1546 une préface maintes fois reprise dans la suite de l’édition biblique. La version de Lefèvre d’Étaples, quant à elle, a été révisée par les docteurs de l’Université de Louvain qui en publient une nouvelle version dès 1550, puis à nouveau en 1578 dans une révision qui connaît un succès durable.

Castellion (1555)

Sébastien Castellion (1515-1563), un érudit qui évolue dans l’entourage de Rabelais, Ronsard et du Bellay souhaite mettre la Bible à la portée des gens sans culture classique. Ce fin connaisseur des langues bibliques, réalise une traduction de la Bible très compréhensible en faisant preuve d’une certaine audace. Il invente des néologismes pour rendre certaines expressions idiomatiques des langues originales dans le français de son temps. Cette traduction que l’on peut qualifier de populaire, et qui se démarque donc des précédentes, est publiée pour la première fois en 1555.

Benoist (1566)

Il faut attendre le règne de Charles IX, en 1566 pour que paraisse la première Bible en français imprimée à Paris. Elle est l’œuvre de René Benoist (1521-1608), le régent de la Faculté de Paris qui répond à une sollicitation des imprimeurs désireux de ne pas rester à l’écart du marché de la Bible qui prend une certaine ampleur. Benoist ne réalise pas une traduction entièrement nouvelle, mais se contente de corriger ici et là quelques expressions dans la Bible de Genève qui sonnent un peu trop calvinistes. Conscient de la témérité de sa démarche, Benoist estime que l’hérésie protestante ne peut être combattue que par le contrepoison d’une véritable « Bible catholique ».
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Message  Arlitto Dim 6 Mar 2016 - 17:25

III. La Bible au XVIIe siècle. Place à la belle langue


Jusqu’au début du règne de Louis XIV (1661), la traduction de la Bible en français n’a pas connu de grande nouveauté. Des catholiques comme François Véron ou Michel de Marolles proposent des traductions du Nouveau Testament réalisée à partir du texte grec d’Érasme, car tous deux insistent sur la nécessité de lire la Bible en langue « vulgaire » et non pas dans les langues savantes. Leur démarche novatrice suscite de fortes réactions de la part de l’autorité ecclésiastique, ce qui limite la portée de leurs travaux.
Les protestants, quant à eux, continuent à utiliser la Bible de Genève dans sa version de 1588.

Nouveau Testament de Denis Amelotte (1666-1670)

En 1655, une assemblée générale du clergé exprime le désir d’une nouvelle traduction de l’Écriture sainte capable de répondre aux besoins de l’Église catholique. C’est à Denis Amelotte (1609-1678), un oratorien féru de grec et de latin, qu’est confiée cette tâche. Amelotte travaille avec la version latine comme texte de base, mais il la corrige ici ou là lorsque les différences avec le grec sont flagrantes. Le t. I (évangiles et Actes) est publié en 1666, le t. II (épîtres de Paul) en 1667 et le t. III en 1670. Il semble qu’Amelotte ait eu connaissance du manuscrit du Nouveau Testament de Port Royal publié en 1667 car, bien qu’il ait combattu la doctrine des jansénistes dans plusieurs de ses écrits, son travail est largement inspiré de cette traduction. Le Nouveau Testament d’Amelotte a connu une très grande diffusion, car les catholiques le considèrent comme leur traduction officielle et Louis XIV en fait distribuer 150000 exemplaires aux protestants qui rejoignent l’Église catholique après la révocation de l’édit de Nantes (1685).

Nouveau Testament de Mons (1667)

La Sainte Bible Desacy
Isaac Lemaître de Sacy, 1667, page de titre, Imprimé à Amsterdam par Daniel Elzevier, fonds Société biblique française.

Autour de l’abbaye de Port-Royal se cristallise un profond intérêt pour la Bible de la part de catholiques réformistes, fortement marqués par la pensée d’Augustin. Le rôle primordial de la Bible se manifeste autant dans la spiritualité de ces hommes et de ces femmes que dans leur volonté d’apporter à tous les humains cette Écriture « qui n’a que Jésus-Christ pour objet » (Blaise Pascal). Dans le cercle de Port Royal, on pratique non seulement le latin, mais aussi le grec et les langues orientales. La lecture des Pères de l’Église n’exclut pas celle des commentaires contemporains, y compris les travaux entrepris dans les milieux calvinistes.
En 1653, Antoine le Maître, un des Solitaires de Port Royal, achève de traduire à partir de la Vulgate les quatre évangiles et l’Apocalypse. Un petit cercle d’érudits parmi lesquels Blaise Pascal et le frère d’Antoine le Maître, Isaac Lemaître de Sacy, se met au travail en 1657 pour reprendre cette traduction et la confronter au texte grec et pour la compléter. Après la mort de son frère Antoine en 1658, Sacy coordonne le travail de l’équipe, il rédige et corrige la traduction. Mais en raison des menaces qui pèsent sur Port-Royal, le manuscrit reste au placard. Prenant conscience que des copies commencent à circuler sans contrôle, Sacy décide de publier l’ouvrage. La chancellerie royale refuse d’accorder le privilège permettant l’édition, il faut donc se tourner une fois de plus vers l’étranger pour que le texte soit publié. L’ouvrage paraît en 1667, sous le titre Nouveau Testament de nostre Seigneur Jesus Christ, Traduit en François Selon l’édition Vulgate, sans nom d’auteur, et avec un éditeur fictif : Gaspard Migeot à Mons.
Ce Nouveau Testament dit « de Mons » connaît un succès exceptionnel pour l’époque : près de cinq mille exemplaires sont vendus en six mois. En 1668, il est encore réimprimé quatre fois. Dans sa préface de la première édition, Sacy argumente ainsi la nécessité pour les chrétiens d’être nourris par les Écritures saintes : « Nous sommes les enfants et les disciples de Jésus-Christ. Si nous aimons donc véritablement ces deux admirables qualités et que nous les regardons comme faisant toute notre dignité et notre gloire, combien ce Livre sacré nous doit-il être précieux, puisqu’il est tout ensemble le recueil des divins enseignements de notre Maître et le Testament qui nous assure l’héritage de Notre Père. »

La Bible de Sacy-Port Royal (1672-1693)

Pour contrer l’autorité du Nouveau Testament de Mons, plusieurs évêques en interdisent la lecture dans leur diocèse, et même le pape Clément IX menace d’excommunication celui qui en ferait usage. Malgré tout, Sacy s’attaque à la traduction de l’Ancien Testament avec le même désir de produire un texte facilitant l’accès aux Écritures sans rien céder à la rigueur de la traduction. Incarcéré en 1666, en raison de ses liens avec le mouvement janséniste et l’abbaye de Port-Royal, il poursuit son travail même pendant les deux ans qu’il passe à la Bastille. Sa Bible est publiée en livres séparés entre 1672 et 1693. Beaucoup apprécient cette exceptionnelle traduction des Écritures qui ne se fige pas dans le littéralisme, mais ne tombe pas pour autant dans le travers d’une littérature précieuse. À cause de cet équilibre intelligent, la Bible de Sacy s’inscrit parmi les chefs-d’œuvre littéraires classiques. Réimprimée à maintes reprises, et pour la première fois à Paris en 1701, elle est encore disponible aujourd’hui dans les éditions d’œuvres classiques du patrimoine littéraire français.


IV. Le XVIIIe siècle. Un travail biblique hors de France


Le siècle des Lumières voit se creuser le fossé entre d’une part ceux qui s’ouvrent à la dimension de la raison et de l’importance de l’individu et d’autre part ceux qui combattent cette nouvelle vision du monde au nom de la persistance des valeurs chrétiennes. L’Église catholique reste très liée au pouvoir royal qui utilise toutes les ressources juridiques et militaires pour faire disparaître l’hérésie protestante. Plusieurs initiatives catholiques cherchent cependant à élargir au peuple la connaissance du Nouveau Testament reconnu comme l’enseignement même du Christ. La Bible de Sacy publiée sous le nom de son auteur ou assortie de commentaires additionnels reste la référence durant tout le siècle.
Les protestants, privés de toute liberté, et notamment celle de publier la Bible, doivent se contenter des Bibles de famille pieusement conservées depuis le XVIe et XVIIe siècle ou d’attendre de l’étranger des bibles qui entrent clandestinement et au compte-gouttes. Pendant cette période, c’est encore la Bible de Genève qui reste la plus utilisée dans le protestantisme français. Les nouvelles traductions réalisées dans les pays où les huguenots ont trouvé refuge n’ont eu qu’une assez faible diffusion en France.

La Sainte Bible Nt_simon
Nouveau Testament en quatre volumes, traduit et annoté par Richard Simon et publié à Trévoux en 1702. Bossuet a déployé
beaucoup d’énergie pour que ce Nouveau Testament ne soit pas diffusé à Paris. Page de titre, fonds SBF.

Le Nouveau Testament de Richard Simon (1702)

L’oratorien Richard Simon (1638-1712) a consacré sa vie à de nombreux travaux d’exégèse et de recherche critique sur le texte de la Bible. Ses études s’appuyaient sur une solide connaissance de manuscrits et de versions du texte biblique. Il pratiquait le grec, l’hébreu, l’araméen, connaissait les méthodes d’exégèse traditionnelle du judaïsme. Un siècle après la renaissance humaniste, Simon n’est plus aussi convaincu que l’étude des langues anciennes suffise à retourner aux sources des Écritures. Pour lui, les massorètes qui affirmaient n’avoir suivi que la tradition de leurs pères ont pu se tromper: « On n’est pas obligé d’ajouter foi au texte hébreu d’aujourd’hui, comme à un premier et véritable original. On le considèrera donc comme un excellent exemplaire. » Simon s’attache à analyser et à comparer toutes les traditions à travers lesquelles le texte biblique nous est parvenu, afin d’en dégager la richesse. Pour cette raison, il n’est pas satisfait par les récentes traductions catholiques, y compris celle de Port-Royal, car il estime qu’elles manquent de base critique. Il entreprend donc une nouvelle traduction du Nouveau Testament, mais sachant que ses travaux font déjà l’objet d’une grande suspicion de la part des autorités catholiques, il fait le choix de conserver la Vulgate latine comme texte de base. Néanmoins, il donne en marge de sa traduction les variantes du texte grec et il s’attache à traduire de l’hébreu toutes les citations de l’Ancien Testament. Simon a ainsi le sentiment de mettre entre les mains de chrétiens une copie des Écritures fidèle aux originaux. Son Nouveau Testament est publié à Trévoux, dans les Dombes, c'est à dire loin de Paris. Bossuet reproche à cette traduction de Richard Simon de ne pas reproduire le vocabulaire consacré par la liturgie de l’Église et il obtient du cardinal de Paris l’interdiction de lire cette traduction sous peine d’excommunication.

La Bible de David Martin (1707)

Obligé de quitter la France après la révocation de l’édit de Nantes, le pasteur David Martin (1639-1721) trouve refuge dans les Provinces-Unies (actuels Pays-Bas). Le synode des Églises wallonnes lui demande de mettre au point une bible francophone. Avec beaucoup de sérieux, Martin serre le texte hébreu et grec au plus près, mais il reste malgré tout assez dépendant de la version de Genève. En note, Martin explique certaines difficultés du texte et donne quelques commentaires dans la ligne doctrinale des Églises calvinistes. Le Nouveau Testament paraît d’abord en 1696, puis la Bible complète en 1707 à Amsterdam. Plus que la nouveauté intrinsèque de ce travail, c’est surtout l’approbation officielle par le synode des Églises wallonnes qui a conféré à la Bible de David Martin un succès durable. En plein XIXe siècle, Victor Hugo avouera préférer la version de David Martin à toute autre.

La Bible de Charles de cène (1741)

Charles de cène (1647-1703) est lui aussi un pasteur réfugié dans les Provinces-Unies. Ce passionné de théologie, estime que les traductions en vigueur « tordent l’Écriture » et « la détournent de son véritable sens ». Comment, dans ces conditions, amener les athées et les libertins à reconnaître et à adorer la majesté de Dieu si on laisse subsister dans la Bible des contradictions qui ébranlent les principes de la logique et de la raison ? Il entreprend donc une nouvelle traduction de la Bible avec l’objectif avoué de mieux communiquer avec son époque. Il s’éloigne radicalement des anciennes traductions tout en essayant de rester fidèle à l’hébreu ou au grec. Dans le célèbre prologue de l’évangile de Jean, un des piliers de la doctrine de la divinité du Christ, de cène traduit : « L’Oracle était dès le commencement, et cet Oracle se rapportait à Dieu. L’Oracle même était Dieu. » Dans sa traduction actualisante, les docteurs de la loi deviennent des « docteurs en droit », les scribes deviennent des « notaires ». Son projet suscite de vives réactions : Charles de cène est démis de ses fonctions pastorales au motif qu’il met en doute par sa traduction certains dogmes chrétiens jugés essentiels. Ce qui met le feu au poudre, c’est le fait que sa Bible signale au lecteur les difficultés textuelles par des passages en italique. De cène signale en note que des textes comme le récit de la femme adultère (Jn 7.53-8.11) ou encore la finale de l’évangile de Marc (16.9-20) ne sont pas attestés dans les manuscrits les plus anciens. Ces indications qui font partie aujourd’hui de toutes les éditions sérieuses de la Bible, créent un véritable scandale à l’époque. On soupçonne de cène de vouloir porter atteinte à l’autorité des Saintes Écritures. Son projet, sans doute trop novateur, est condamné par le synode des Églises wallonnes. Sa Bible est interdite de publication par le pouvoir civil dans deux des Provinces-Unies, et en France, Louis XV refuse aussi de donner son autorisation.
En 1741, soit trente-huit ans après la mort de Charles de cène, son fils parvient a faire publier l’œuvre de son père à Amsterdam, mais cette Bible ne connaît qu’une très faible audience, tant en raison de son contenu jugé trop libéral que de son prix assez élevé. Elle marque en tout cas le premier essai d’une lecture plus rationaliste de la Bible clairement animée par un souci de mieux communiquer dans les catégories intellectuelles d’une époque.

La Bible d’Ostervald (1744)

La Sainte Bible Ostervald
Version David Martin, assortie des arguments d’Ostervald, 1742, page de titre, fonds SBF

Pasteur de l’Église protestante de Neuchâtel en Suisse, Jean-Frédéric Ostervald s’efforce de rendre le culte plus profitable pour l’ensemble des fidèles. Il commence par rédiger un argument pour introduire chacun des livres bibliques, puis pour chaque chapitre un sommaire qui en présente les thèmes principaux et enfin une conclusion qui rappelle au lecteur l’essentiel des vérités exprimées dans le chapitre.
L’archevêque de Cantorbéry obtient d’Ostervald l’autorisation de traduire en anglais le texte de ses Argumens et Reflexions sur l’Ecriture Sainte. L’Ancien Testament paraît en 1716 et le Nouveau Testament en 1718 alors que le texte français n’a pas encore été publié. Devant la menace de voir utiliser une improbable traduction d’anglais vers français, Ostervald accepte que son texte soit publié en 1720 à Neuchâtel. En 1724, paraît une édition de la version David Martin à peine révisée, assortie des Argumens d’Ostervald.
Même s’il a passé toute sa vie à méditer les Écritures, c’est seulement en 1742 qu’il entreprend une révision complète de la Bible de David Martin. Il travaille rapidement, en deux ans, et sans abandonner pour autant ses activités pastorales. Alors qu’il a quatre-vingt-un ans, il fait paraître à Neuchâtel en 1744 une nouvelle édition revue, corrigée et augmentée. Ostervald précise dans son introduction que sa logique de révision a été « de faire les corrections qui paraissaient nécessaires, de changer des expressions et des manières de parler qui ne sont plus en usage et pourraient causer de l’obscurité ».
Cette édition propose en outre de nombreuses notes pour faciliter la lecture des Écritures à ceux qui sont peu familiers du monde antique ou pour expliquer telle ou telle traduction littérale qui pourrait décontenancer le lecteur.
La Bible Ostervald a connu une audience exceptionnelle dans le monde protestant jusqu’à la fin du XIXe siècle, ce que son auteur était loin d’imaginer. On l’a rééditée plus de quarante fois entre 1744 et 1899. Elle présente l’avantage de s’inscrire totalement dans la tradition réformée en corrigeant de façon assez minime la version David Martin qui elle-même reprenait la Bible de Genève. Mais la prédominance de cette version jusqu’au XIXe siècle révèle plutôt la faiblesse endémique du protestantisme francophone, très affaibli par l’opposition à laquelle il a dû faire face de la révocation de l’édit de Nantes en 1685 jusqu’à l’édit de Tolérance en 1797.
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Message  Arlitto Dim 6 Mar 2016 - 17:26

V. La Bible au XIXe siècle. Renouveau et compétition


Le XIXe siècle marque un renouveau dans le travail de traduction de la Bible en direction du public français. Les catholiques produisent quatre traductions nouvelles des évangiles et huit traductions nouvelles pour la Bible complète. Durant une cinquantaine d’années, les protestants qui ont créé en 1818 la Société biblique protestante de Paris pour faciliter la diffusion des Écritures se contentent de réviser la version Ostervald, mais dans la seconde moitié du siècle, ils produisent huit traductions partielles et quatre nouvelles traductions complètes. Mais seules les traductions réalisées par Louis Segond chez les protestants et par Auguste Crampon chez les catholiques connaîtront une notoriété durable.
Au cours du XIXe siècle, les sciences bibliques progressent considérablement avec les premières fouilles archéologiques dans les pays bibliques, la découverte de nouveaux manuscrits anciens et l’avènement d’une lecture critique des textes dans les milieux universitaires protestants. Dans une encyclique de 1893, le pape Léon XIII autorise les exégètes catholiques à utiliser les méthodes de la science biblique moderne, à condition qu’ils le fassent dans le respect de la tradition de leur Église. C’est ce document qui ouvre à Auguste Crampon la possibilité de publier les travaux qu’il mène déjà depuis déjà plusieurs années.
La découverte de nouveaux manuscrits de la Bible fait naître un débat au sein du protestantisme. A partir de quel texte faut-il traduire? Les tenants d’une lecture critique de la Bible donnent leur faveur aux manuscrits les plus anciens découverts tout récemment, le courant « piétiste » préfère conserver le Textus receptus, c'est à dire la version du Nouveau Testament grec publiée à Amsterdam en 1633 et utilisée par les grands traducteurs de la Bible jusqu’au XVIIIe siècle.

1. Les traductions catholiques au XIXe siècle.

La Bible de Genoud (1821-1824)

Antoine-Eugène Genoud (1792-1849) formé au grand séminaire a longtemps exercé le métier de journaliste aux côtés de Chateaubriand ou de Joseph de Mestre. Il participe à la réaction catholique qui cherche au lendemain de la Révolution française à lutter contre l’incrédulité héritée du Siècle des lumières. Sa traduction de la Bible traduit un effort certain pour rejoindre les Français et leur proposer un renouveau spirituel, dans ligne du romantisme naissant. Mais cette traduction n’est pas toujours très précise. Chateaubriand lui-même regrette que la langue manque bien souvent de naïveté et d’énergie. L’abbé Glaire, auteur d’une traduction d’après la Vulgate accuse la version de Genoud de ne pas suivre scrupuleusement le texte latin et « de reproduire avec une fidélité scrupuleuse la paraphrase de Sacy ». La Bible de Genoud est publiée pour le première fois en vingt-trois volumes de 1821 à 1824.

La Sainte Bible de Bourassé et Janvier (1843)

Jean-Jacques Bourassé et Pierre-Désiré Janvier sont deux chanoines de l’Église de Tours. Passionnés d’archéologie et d’études bibliques, ils réalisent ensemble une traduction de la Bible à partir de la Vulgate. La lecture de leur texte est facile et agréable. Cette version aurait pu devenir beaucoup plus populaire qu’elle ne l’a été si les éditeurs en avaient proposé une déclinaison en petit format. Ils ont fait le choix d’une édition luxueuse en deux volumes, illustrés par H. Giacomelli et G. Doré qui reste une référence dans l’édition de la Bible.

La Sainte Bible de Glaire (1871-1873)

Professeur d’hébreu à la Sorbonne, Jean-Baptiste Glaire (1798-1879) est un fin connaisseur des langues anciennes. De nombreux évêques, et le pape Pie IX lui-même, réclament une traduction actualisée du Nouveau Testament. Glaire s’attaque donc à la traduction du Nouveau Testament dans le strict respect des directives pontificales. Prenant comme texte source la version de la Vulgate approuvée en 1856, il s’inspire largement de la version de Sacy, et la modifie quand cela est nécessaire. Glaire refuse toute élégance de style, il s’en tient à une stricte littéralité qui confère à sa traduction une rigueur louable, mais la prive aussi de cette vivacité qui fait l’originalité d’une œuvre. Le Nouveau Testament publié pour la première fois en 1861 reçoit en 1865 l’approbation du pape lui-même. La Bible complète est publiée en trois volumes entre 1871 et 1873. Elle demeure pendant une trentaine d’année la version de référence dans le catholicisme français. Elle a été rééditée en 2002 pour les lecteurs encore attachés à la version latine.

La Sainte Bible d’Antoine Arnaud (1881)

Prêtre du diocèse du Var, Antoine Arnaud (1827-1920) poursuit en parallèle avec son activité paroissiale divers travaux de recherche sur la Bible. Auteur d’un commentaire des épîtres de Paul et d’une concordance des Évangiles, il publie en 1881 la Sainte Bible, une traduction réalisée à partir de la Vulgate avec commentaires de bas de page. Arnaud ne fait pas un travail critique ou scientifique, il vise seulement un public éclairé qui cherche à mieux comprendre la Bible. Souvent utilisée par les séminaristes jusqu’à la fin du siècle, sa version a néanmoins souffert de l’insertion provinciale de son auteur pour connaître une large diffusion.

La Sainte Bible de Fillion (1888-1904)

Prêtre de la paroisse de Saint-Sulpice à Paris, Louis-Claude Fillon est un disciple du grand théologien catholique F. Vigouroux. Cet érudit est nommé professeur d’exégèse à l’Institut catholique de Paris et devient l’un des premiers consulteurs de la commission biblique pontificale. Sur les conseils de son maître F. Vigouroux, L.-Cl. Fillion commence par commenter et traduire les évangiles, puis se lance dans le reste de la Bible. Sa Sainte Bible est publiée en huit volumes entre 1888 et 1904. Fillion vise nommément, dans le sous-titre qu’il donne à son édition, un public de séminaristes et de prêtres, ce qui n’empêche pas d’autres utilisateurs de tirer profit de ce travail. Sa traduction suit de très près la Vulgate et reste influencée par la version de Sacy et par les diverses éditions du XIXe siècle. Tournant le dos à la critique historique qui s’est développée dans les milieux protestants, notamment en Allemagne, Fillion s’en tient à une lecture traditionnelle des textes bibliques. Il utilise un langage précis et sans ostentation, ce qui constitue un avantage certain.

La Sainte Bible de Crampon (1894-1904)

La Sainte Bible Crampon
La Bible du chanoine Auguste Crampon, publiée entre 1894 et1904, est la première traduction 
catholique de la Bible réalisée à partir des textes originaux en hébreu et grec. Page de titre, fonds SBF

Avec la traduction du chanoine Augustin Crampon (1826-1894), le catholicisme français dispose enfin d’une traduction réalisée à partir des textes hébreux, araméen et grec qui devient une traduction classique jusqu’au milieu du XXe siècle. Crampon a été l’élève du célèbre exégète catholique Arthur Le Hir avant d’enseigner au séminaire de Saint-Riquier et de devenir ensuite chanoine d’Amiens. Sur les conseils de son maître, il entreprend un important travail sur la Bible, car Crampon est navré de voir que les fidèles de l’Église délaissent l’Évangile. Crampon, qui fait preuve d’une bonne connaissance des langues anciennes, prépare une traduction annotée des évangiles qui est publiée en 1864. Dans un vrai souci linguistique, il traduit à partir du seul texte grec, mais s’attache en plus à préserver le style propre de chaque auteur biblique et non pas de lisser l’ensemble comme jusque-là les traducteurs se sont ingéniés à le faire. Il essaye de préserver « une exactitude savante et minutieuse qui reproduise jusqu’aux nuances », mais en ayant le souci d’une certaine beauté littéraire en français. Le résultat est une traduction concise, souvent assez alerte. On peut regretter un certain manque d’audace de sa part lorsqu’il conserve l’appellation « Jéhovah » pour traduire le nom divin (ce mot provient de la prononciation des consonnes hébraïques du nom divin, YHWH, avec les voyelles du mot ’Adônai, le Seigneur, que les Juifs prononcent lorsqu’ils rencontrent ce mot dans la Bible hébraïque) ou lorsqu’il ne renonce pas au vouvoiement en ce qui concerne Dieu. Les notes bien documentées rédigées par Crampon, donnent au lecteur des renseignements historiques, géographiques ou des conseils spirituels. Elles ne traduisent pas la moindre polémique à l’égard des protestants, ce qui tranche par rapport à d’autres éditions du XIXe siècle. Crampon meurt en 1894 alors que paraît le premier volume de sa Bible qui en comptera sept, publiés entre 1894 et 1904.

2. Les traductions protestantes de la Bible au XIXe siècle

L’Ancien Testament de H.-A. Perret-Gentil (1866)

Depuis sa création en 1818, la Société biblique protestante de Paris n’a publié que des révisions de la Bible d’Ostervald. En 1866, elle publie une traduction de l’Ancien Testament réalisée par H.-A. Perret-Gentil, professeur à la Faculté de Neuchâtel. Perret-Gentil qui suit de très près le texte hébreu, innove dans sa traduction en conservant la forme poétique de certains textes, notamment les Psaumes. En fait, Perret-Gentil s’inspire beaucoup d’un travail réalisé par Guillaume de Wette, un théologien allemand qui a publié une Bible en six volumes entre 1809 et 1812. Si la traduction de Perret-Gentil a une indéniable valeur scientifique, elle porte la trace de certaines lourdeurs ou de formules maladroites qui proviennent d’une traduction trop littérale de l’allemand.

La Bible de Lausanne (1839, 1854-1872)

C’est animé par la conviction que l’Écriture sainte communique la pensée même de Dieu qu’un groupe de protestants piétistes se met au travail sous la direction de Louis Gaussen puis Louis Burnier. Le principe de la traduction est celle d’une cohérence poussée à l’extrême : chaque fois qu’on le peut, le même mot grec est rendu par le même mot français. Certains passages peu compréhensibles ne sont pas artificiellement éclairés par une traduction qui viserait à gommer les aspérités du texte original. Certains mots usés par leur passage à travers le latin sont évités : on ne parle plus d’« Évangile » mais de « bonne nouvelle », d’« Église » mais d’« assemblée », d’« apôtre » mais d’« envoyé ». Le vocabulaire s’enrichit ainsi de plusieurs centaines de mots nouveaux. L’équipe corrige d’elle-même certains passages où le littéralisme avait été poussé trop loin. Le Nouveau Testament paraît d’abord en 1839, puis les Psaumes en 1854 et le reste de l’Ancien Testament entre 1861 et 1872. Cette Bible de Lausanne a connu une très large audience parmi les spécialistes. Elle a profondément influencé les travaux de Louis Segond.

Le Nouveau Testament d’Oltramare (1872)

C’est la Compagnie des pasteurs de Genève qui prend l’initiative de lancer une nouvelle traduction de la Bible, d’après les textes originaux. Elle confie à Hugues Oltramare (né en 1813) le soin de traduire le Nouveau Testament et elle confiera plus tard à Louis Segond la traduction de l’Ancien Testament. Oltramare n’utilise plus le texte reçu comme texte source mais celui résultant des travaux de son contemporain Tischendorf, découvreur du manuscrit Sinaïticus (daté de la fin du IVe siècle). Sa traduction manifeste une grande liberté de style, ce qui la rend agréable à lire, mais elle pèche quelquefois par un esthétisme qui lui fait perdre la rugosité de l’original.

La Bible de Louis Segond (1880)

La Sainte Bible Segond
Après avoir traduit l’Ancien Testament, publié pour la première fois en 1874, Louis Segond traduit le Nouveau Testament qui paraît en
1880.. Page de titre, fonds SBF.

Alors qu’il est professeur de théologie à la Faculté de Genève, Louis Segond (1810-1885), signe un contrat en 1865 avec la Compagnie des pasteurs de Genève pour achever en six ans une traduction de l’Ancien Testament. Segond tient ses engagements puisque près d’un mois et demi avant le terme prévu, il remet le manuscrit de sa traduction.
Segond reconnaît qu’il doit beaucoup à la version de Perret-Gentil ainsi qu’à la Bible de Lausanne, mais il produit une traduction assez originale, notamment pour ce qui concerne les livres prophétiques. Segond ne tombe pas dans le littéralisme, il s’attache plutôt à produire une traduction précise, dans un français toujours très correct. C’est cette grande clarté dans l’expression qui explique le succès du travail de Louis Segond. L’Ancien Testament est publié en entier en 1874, après quoi Segond, selon les mêmes principes, s’atèle à la traduction du Nouveau Testament qu’il publie en 1880. La Bible complète contenant l’Ancien et le Nouveau Testament traduits par Louis Segond paraît pour la première fois à Oxford en 1880. Peu de traductions de la Bible ont connu un succès aussi fulgurant que celui de la version Segond : éditée simultanément à Oxford, Paris, Lausanne, Neuchâtel et Genève, trois cent mille exemplaires sont produits entre 1880 et 1910. Depuis cette époque et jusqu’à aujourd’hui, la version Segond reste, et de loin, la version française de la Bible la plus répandue et la plus demandée.

La Bible de Reuss (1874-1881)

La deuxième moitié du XIXe siècle connaît un renouveau des sciences bibliques en Allemagne. Un professeur à la Faculté de théologie de Strasbourg, Edouard-Guillaume Reuss, entreprend une nouvelle traduction assortie d’introductions abondantes et de notes à caractère scientifique qui reprennent largement les travaux des écoles allemandes. La traduction, très précise, manque cependant d’élégance, elle porte la trace de germanismes qui en alourdissent le style. Publié de 1874 à 1881, ce travail de Reuss est salué par la communauté scientifique, mais ne connaît pas une diffusion très populaire.

La Sainte Bible de Darby (1885)

John Nelson Darby est le fondateur d’une nouvelle forme d’Églises chrétiennes, les Églises de Frères, appelées aussi quelquefois « darbystes ». Très attaché à l’Écriture qu’il connaît remarquablement, Darby commence par traduire le Nouveau Testament avec un grand souci de littéralité par rapport au texte original. Dans la première édition de 1859, il se réfère quelquefois au texte reçu, mais au fil des rééditions, il se libère, dit-il lui-même, « de ce texte appelé sans aucune raison valable : Texte reçu ». Darby traduit l’Ancien Testament depuis l’hébreu avec la même méthode que le Nouveau, c'est à dire avec le souci de rendre la langue originale aussi littéralement que le commande « la clarté nécessaire à l’intelligence du texte ».
C’est en 1885 que la Bible complète traduite par John Darby est publiée pour la première fois. Elle est encore éditée aujourd’hui après avoir bénéficié de menues révisions de vocabulaire. Une révision complète du Nouveau Testament d’après l’original est parue en 2005.

3. Traductions non chrétiennes de la Bible au XIXe siècle.

La Bible de Ledrain (1886-1889)

Eugène Ledrain entreprend une traduction de la Bible « en dehors de toute théorie, qui ne vise qu’à reproduire dans leur vive précision, les phrases et les mots bibliques ». Bien averti des problèmes historiques et exégétiques, il rassemble sa contribution au débat sur l’histoire de la composition de l’Ancien Testament dans un volume séparé, conscient de la grande versatilité des théories dans ce domaine. Pour rendre le nom divin, Ledrain utilise le mot « Yahvéh », c'est à dire la contraction des consonnes hébraïques du tétragramme et des voyelles du mot hašŸm (le Nom). Son choix sera repris au XXe siècle par la Bible de Jérusalem.

La Bible du rabbinat français (1831-1839 et 1899-1906)

Une première traduction de la Bible dans le cadre du judaïsme français paraît entre 1831 et 1839. Elle est l’œuvre de Samuel Cahen (1796-1862), directeur de l’école du Consistoire juif à Paris. Si cette traduction ne manque ni de saveur, ni de vigueur, son style n’est pas toujours très élégant, elle porte la trace d’une influence de l’allemand. Assez critique sur le travail de Cahen, Lazare Wogue (1817-1897), grand spécialiste de la Bible hébraïque, publie une traduction du Pentateuque entre 1860 et 1869. Il faut attendre la fin du siècle pour que le Grand Rabbin Zadok Kahn se soucie de produire « une Bible française vraiment populaire, d’un format commode, d’un prix modique et agréable à lire ». Avec plusieurs membres du rabbinat français, il entreprend donc une nouvelle traduction, sans prétention scientifique, mais avec le souci de reproduire aussi fidèlement que possible le texte original reçu de la tradition juive. Cette traduction reste la seule officiellement en usage dans les milieux juifs. Elle ne sera révisée qu’une fois, en 1966.
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Message  Arlitto Dim 6 Mar 2016 - 17:26

VI. Les traductions de la Bible dans la première moitié du XXe siècle. La Bible à la base de l’œcuménisme.


Le fait marquant du XXe siècle est la remarquable évolution de l’Église catholique en ce qui concerne son rapport aux Écritures. Le concile Vatican I (1870) tenait la Bible pour un livre surnaturel dans lequel Dieu « se révèle lui-même au genre humain, ainsi que les décrets éternels de sa volonté » et il rappelait avec force que seul le magistère de l’Église catholique a reçu de Dieu la charge d’interpréter correctement l’Écriture : « Il donne cette interprétation dans des dogmes dont le sens est présenté une fois pour toutes ». Vatican II voit plutôt l’Écriture comme un événement, le lieu d’une rencontre avec Dieu. La Constitution Dei Verbum (1965) s’ouvre sur un passage de la première épître de Jean « ce que nous avons vu et entendu nous vous l’annonçons afin que vous soyez en communion avec nous et que notre communion soit avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ » (1 Jn 1.2-3). D’un point de vue œcuménique, ce nouveau point de départ est capital : non seulement l’Église catholique abandonne toute attitude polémique par rapport aux Églises de la Réforme, mais elle intègre l’expérience de la Parole, si chère à Luther.
Cette humilité nouvelle face à l’Écriture, que catholiques et protestants redécouvrent en même temps, a été l’élément moteur d’un rapprochement œcuménique autour de la Bible durant le XXe siècle. Pour la première fois, des traductions de la Bible sont réalisées en commun, avec l’objectif avoué de favoriser la rencontre de tous les chrétiens avec le Dieu de Jésus-Christ. Ce regain d’intérêt pour la Bible se vérifie dans l’explosion du nombre de traductions nouvelles et dans l’amélioration qualitative indéniable.

1. Les traductions catholiques dans la première moitié du XXe siècle

La Bible de Maredsous (1950)

En 1943, le pape Pie XII encourage les chrétiens « à la connaissance et à la méditation des Écritures ». Une équipe de moines de l’abbaye de Maredsous en Belgique met en chantier une nouvelle traduction pour rendre le texte plus accessible à l’ensemble des catholiques francophones. Le Nouveau Testament est publié en 1948, la Bible en 1950. L’équipe des traducteurs, dirigée par dom Paul-Georges Passelecq, utilise une langue très claire et veille à ce que les textes puissent être lus à haute voix et restent toujours intelligibles pour les auditeurs. L’ensemble du texte est révisé en 1968, avec notamment l’utilisation de la deuxième personne du singulier pour les adresses à Dieu, puis en 1997. Editeur : Brepols. En savoir plus
 

2. Les traductions protestantes au XXe siècle

La version synodale (1910)

Plusieurs synodes officieux des Églises réformées en France ont réclamé une révision de la Bible Ostervald. À partir de 1844, une centaine de pasteurs et de professeurs appartenant aux diverses Églises francophones issues de la Réforme participent à cet effort qui aboutit en 1910 à une traduction nouvelle pour le sens des textes comme pour le style. Pourtant beaucoup de passages ne modifient que très légèrement des versets consacrés par l’usage. Chaque réédition verra le texte s’améliorer, mais l’instabilité du texte a pénalisé la diffusion de cette version. La huitième et dernière édition révisée date de 1956.

La Bible du Centenaire (1916-1947)

La Sainte Bible Centenaire
La Bible du Centenaire, n’a jamais fait l’objet d’une publication en un seul volume. D’où le peu de succès de cette traduction pourtant intéressante. Page de titre, fonds SBF.

La Société biblique protestante de Paris décide en 1911 de publier une nouvelle traduction de la Bible pour le centenaire de la Société, fondée en 1818. De 1911 à 1947, les biblistes les plus qualifiés des Églises de la Réforme apportent leur contribution à la Bible du Centenaire qui paraît en fascicules à partir de 1916. Adolphe Lods dirige les travaux sur l’Ancien Testament et Henri Monnier ceux sur le Nouveau Testament. Avec une attention toute spéciale aux manuscrits utilisés, la Bible du Centenaire tente de traduire en français le style propre de chaque auteur biblique. Des introductions et des notes très développées fournissent tous les éclaircissements sur le texte que la science biblique de l’époque permettait. Cette Bible encyclopédique n’a jamais été éditée intégralement. Sa diffusion est restée confidentielle, mais toutes les Bibles annotées publiées après la Bible du Centenaire ont bénéficié de cette entreprise exceptionnelle.


C.B.

Bibliographie :
J.-R. Armogathe (sous dir.), Le grand siècle de la Bible, 1989
J.-M. Auwers et al., La Bible en français (guide des traductions courantes), Connaître la Bible n° 11/ 12, 1999, rééd. 2002
J.-M. Babut, Lire la Bible en traduction, 1997
Y. Belaval et D. Bourel, Le Siècle des Lumières et la Bible, 1985
M. de Certeau, L’idée de traduction de la Bible au XVIIe siècle, RSR, t. LXVI, 1978
F. Delforge, La Bible en France et dans la francophonie, SBF, 1991
A. Kuen, Une Bible et tant de versions, 1996
D. Lortsch, mise à jour par J.-M. Nicole, Histoire de la Bible française, 1997
C. Savat et J.-N. Aletti (sous dir.), Le monde contemporain et la Bible, 1985
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Message  Arlitto Dim 6 Mar 2016 - 17:26

Canon de Muratori

Pourquoi Canon ? À l’origine, le roseau (héb. : qanèh) servait de règle ou d’instrument de mesure (Éz 40:3-8; 41:8 ; 42:16-19). L’apôtre Paul appliqua le mot kanôn au " territoire " mesuré qui lui était attribué, ainsi qu’à la " règle de conduite " au moyen de laquelle les chrétiens devaient mesurer leurs manières d’agir (2Co 10:13-16 ; Ga 6:16). Le "canon de la Bible" en vint à désigner le catalogue des livres divinement inspirés dignes de servir de règle en matière de foi, de doctrine et de conduite.

Un article sur le Canon de Muratori :

Une confirmation ancienne du canon biblique

CHAQUE ligne semble avoir été écrite tout spécialement pour stimuler la curiosité de qui porte un certain intérêt à l’histoire du christianisme primitif. ” Voilà ce qui a été dit au sujet d’un document de l’Antiquité. Savez-vous lequel ?

Il s’agit du Canon de Muratori. Que vous en ayez entendu parler ou non, vous vous demandez peut-être ce que ce document a de particulier. 

C’est, à ce jour, le plus vieux canon, c’est-à-dire la plus vieille liste faisant autorité, des livres des Écritures grecques chrétiennes.

Si l’appartenance de certains livres à la Bible est pour vous une évidence, vous serez alors surpris d’apprendre qu’il fut un temps où des doutes existaient quant à leur canonicité. 

Le Canon de Muratori dresse la liste des écrits considérés comme inspirés. Le contenu exact de la Bible est d’une importance primordiale, vous en conviendrez. Que révélait donc le Canon de Muratori concernant les livres qui constituent aujourd’hui les Écritures grecques chrétiennes ? Intéressons-nous tout d’abord aux origines de ce document.
Sa découverte


Le Canon de Muratori fait partie d’un codex de 76 feuilles de parchemin, mesurant chacune 17 centimètres sur 27. Il doit son nom à Ludovico Antonio Muratori (1672-1750), célèbre historien italien, qui l’a découvert à la Bibliothèque ambrosienne de Milan (Italie) et l’a publié en 1740. 

Il semble que le codex ait été rédigé au VIIIe siècle, dans l’ancien monastère de Bobbio, près de Piacenza, dans le nord de l’Italie. Il a été transféré à la Bibliothèque ambrosienne au début du XVIIe siècle.

Le Canon de Muratori se compose de 85 lignes de texte qui se situent sur les feuilles 10 et 11 du codex. Le texte, en latin, a été de toute évidence copié par un scribe peu méticuleux. Mais on a identifié certaines de ses erreurs en comparant le document avec quatre manuscrits du XIe et du XIIe siècle contenant le même passage.

Quand a-t-il été écrit ?

Vous vous demandez peut-être à quand remonte la rédaction originelle des informations contenues dans le Canon de Muratori. Apparemment, le texte original a été écrit en grec plusieurs siècles avant le Canon, qui est de fait sa traduction en latin. Un indice permet de déterminer plus précisément la date de rédaction. Le Canon de Muratori mentionne un livre non biblique, le Pasteur, et déclare qu’un homme du nom d’Hermas l’a écrit “ bien plus récemment, en nos temps, [...] à Rome ”. Or, les historiens situent la version finale du Pasteur d’Hermas entre 140 et 155 de notre ère. Voilà pourquoi on estime que le texte grec original, repris en latin dans le Canon de Muratori, a été rédigé entre 170 et 200 de notre ère.

Les allusions directes et indirectes à Rome donnent à penser que le texte a été écrit dans cette ville. En revanche, l’identité de l’auteur ne fait pas l’unanimité. On a évoqué Clément d’Alexandrie, Méliton de Sardes et Polycrate d’Éphèse. Mais la plupart des historiens optent pour Hippolyte, un auteur prolifique qui écrivait en grec et qui vivait à Rome au moment de la rédaction supposée du manuscrit original. Quoiqu’il en soit, vous voudrez sans doute en savoir plus sur le précieux contenu du Canon de Muratori.

Les renseignements qu’il contient

Le texte ne se limite pas à une liste des livres des Écritures grecques chrétiennes. Il fait quelques remarques sur ces livres et sur leurs auteurs respectifs. En lisant le manuscrit, on constate que les premières lignes manquent et qu’il se termine de façon abrupte. 

Il commence par mentionner l’Évangile de Luc et ajoute que l’auteur de ce livre de la Bible était médecin (Colossiens 4:14). Étant donné qu’il précise qu’il s’agit du troisième Évangile, on en déduit que la partie initiale manquante faisait allusion à ceux de Matthieu et de Marc. Une conclusion qu’atteste la suite du document, selon laquelle le quatrième Évangile est celui de Jean.

Le Canon de Muratori confirme que le livre des Actes d’apôtres a été écrit par Luc pour le “ très excellent Théophile ”. (Luc 1:3 ; Actes 1:1.) 

Puis il énumère les lettres de l’apôtre Paul aux Corinthiens (deux), aux Éphésiens, aux Philippiens, aux Colossiens, aux Galates, aux Thessaloniciens (deux), aux Romains, à Philémon, à Tite et à Timothée (deux). La lettre de Jude et deux lettres de Jean sont également mentionnées comme des livres inspirés. 

La première lettre de l’apôtre Jean est citée plus haut, en même temps que son Évangile. L’Apocalypse, ou Révélation, clôt cette liste des livres considérés comme inspirés.

Autre détail intéressant : le Canon parle d’une Apocalypse de Pierre, mais il ajoute que, selon certains, les chrétiens ne devraient pas la lire. L’écrivain met en garde le lecteur contre de faux écrits qui circulaient déjà à son époque. 

Le Canon de Muratori explique qu’il ne faut pas les accepter, car “ le fiel [...] ne doit pas être mélangé avec le miel ”. 

Il fait aussi allusion à d’autres textes qui ne faisaient pas partie des écrits sacrés parce que leur rédaction était soit postérieure aux temps apostoliques, comme le Pasteur d’Hermas, soit destinée à soutenir des hérésies.

Vous vous êtes sans doute aperçu que la lettre aux Hébreux, les deux lettres de Pierre et celle de Jacques ne figurent pas dans ce catalogue des livres authentiques de la Bible. Toutefois, après s’être exprimé sur les compétences du scribe qui a copié le manuscrit, le professeur Geoffrey Mark Hahneman fait observer qu’il est “ raisonnable de penser que le Canon faisait allusion à d’autres références aujourd’hui perdues, et que parmi elles figuraient Jacques et Hébreux (et 1 Pierre) ”. — Le codex de Muratori et le canon biblique (angl.).

Le canon de Muratori confirme donc que la plupart des livres qui appartiennent aujourd’hui aux Écritures grecques chrétiennes étaient déjà considérés comme canoniques au IIe siècle de notre ère. 
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Message  Arlitto Dim 6 Mar 2016 - 17:27

Traduction de M.J. Lagrange

"Histoire ancienne du Nouveau Testament "

Paris - 1933

Marc s’est conformé aux prédications de Pierre, à celles du moins auxquelles il fut présent, et a rédigé d’après cela.
Troisièmement, le livre de l’Évangile selon Luc. Ce Luc était médecin. Après l’ascension du Christ, Paul l’ayant pris pour second à cause de sa connaissance du droit, il écrivit avec son assentiment ce qu’il jugeait bon.

Cependant lui non plus ne vit pas le Seigneur dans la chair. Et par conséquent selon ce dont il avait pu s’informer il commença à le dire à partir de la nativité de Jean.
Le quatrième Évangile est de Jean, l’un des disciples. Comme ces condisciples et ses évêques l’exhortaient, il leur dit: Jeûnez avec moi à partir d’aujourd’hui durant trois jours et nous nous raconterons les uns les autres ce qui nous aura été révélé.

La même nuit il fut révélé à André, que Jean devait tout écrire en son nom propre avec le visa de tous.
Et par conséquent, quoique chaque livre des Évangiles enseigne autrement les premiers faits, la foi des croyants n’y fait aucune différence, puisque c’est un même esprit souverain qui expose toute chose dans chacun d’eux, sur la nativité, la passion, la résurrection, la conversation avec ses disciples et son double avènement, méprisé qu’il fut au premier dans un état de bassesse, revêtu de la puissance royale au second, glorieux, encore attendu.

Qu’y a-t-il donc d’étonnant à ce que Jean affirme si fermement chaque chose aussi dans ses épîtres, disant en parlant de lui : "Ce que nous avons vu de nos yeux et entendus de nos oreilles, et que nos mains ont touché, voilà ce que nous vous avons écrit "? Car de cette façon il se donne non seulement comme ayant vu et aussi entendu mais encore ayant écrit tous les actes admirables du Seigneur selon leur ordre.

Mais les actes de tous les apôtres ont été écrit en un seul livre. Luc fait entendre à l’excellent Théophile que toutes choses s’étaient passées de son temps et il le montre évidemment en laissant de côté la passion de Pierre et aussi le départ de Paul quittant la ville pour l’Espagne.

Quant aux épîtres de Paul, quelles elles sont, de quel lieu ou pourquoi elles ont été adressées, elles-mêmes le font connaître à ceux qui veulent bien l’entendre.
Tout d’abord aux Corinthiens pour leur interdire le schisme de l’hérésie et en suite aux Galates la circoncision. Il a écrit plus longuement aux Romains pour leur inculquer quel est le rang des Écritures, et comment le Christ en est le principe.

De chacune de ces épîtres nous avons à discuter, puisque le bienheureux apôtre Paul lui-même, suivant la manière de son prédécesseur Jean n’a écrit sous leur nom propre qu’à sept Eglises, selon cet ordre: la première aux Corinthiens, la seconde aux Éphésiens, la troisième aux Philippiens, la quatrième aux Colossiens, la cinquième aux Galates, la sixième aux Thessaloniciens, la septième aux Romains, quoiqu’il ait récidivé avec les Corinthiens et les Thessaloniciens par manière de retouche;
on sait pourtant qu’il n’y a qu’une seule Église, répandue sur tout le cercle de la terre, car Jean lui-même tout en écrivant l’Apocalypse à sept Églises, s’adresse cependant à toutes. Que s’il existe une (épître) à Philémon et une à Tite et deux à Timothée, par attachement et affection, cependant parce qu’elles tendaient à l’honneur de l’Église catholique par le bon ordre de la discipline ecclésiastique, elles ont été composées avec un caractère sacré.

Il circule aussi une (épître) aux Laodiciens et une autre aux Alexandrins qui prennent faussement le nom de Paul pour soutenir l’hérésie de Marcion et beaucoup d’autres pièces qui ne peuvent être reçues dans l’Église catholique, car il ne convient pas de mêler le fiel au miel.
Assurément l’épître de Jude et deux inscrites au nom de (Pierre) sont dans l’Église catholique (et une de Jacques). [Et la sagesse de Salomon écrite par Philon en l’honneur de ladite Sagesse.]
Nous recevons aussi une Apocalypse de Jean et une de Pierre seulement, que quelques-uns des nôtres ne veulent pas qu’on lise dans l’Église.

Mais quant au Pasteur, Hermas l’a écrit récemment de notre temps dans la ville de Rome, pendant que l’évêque Pie, son frère, était assis sur la chaire de la Ville de Rome
Et la Sagesse de Salomon (a été) écrite par Philon en l’honneur de ladite Sagesse. Et par conséquent il faut bien [la] lire, mais on ne peut la présenter officiellement dans l’Église au peuple, ni parmi les prophètes dont le nombre est complet, ni parmi les Apôtres dans la fin des temps ".

Dernière page du canon de Muratori

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Message  Arlitto Dim 6 Mar 2016 - 17:27

Son histoire


La Bible

Le grec « ta biblia » veut dire « les livres ». On appelait « Biblia hagia » (=l es livres saints) le recueil des écrits qu'on lisait pendant la liturgie.

Les termes Bible ou Sainte Bible, désignent un vaste ensemble qui réunit :

les livres hébreux, appelés par les Juifs « la lecture » ou désignés par le mot Tanak (contraction de Torah, Nebiim, Ketoubim : la Loi, les Prophètes et les Ecrits) ;

les livres grecs d'origine juive, reçus comme « deutérocanoniques » par l'Église catholique ;

les livres chrétiens formant le Nouveau Testament (du latin « testamentum », choisi au début de l'ère chrétienne pour traduire le mot grec : « diathèkè » signifiant : disposition, contrat, alliance).

C'est cette bibliothèque que vous êtes maintenant invités à découvrir.

La Bible : un pays...

Zone de passage et de commerce entre les empires mésopotamiens et hittites au nord, et l'Égypte au sud, Canaan, le pays biblique, est une bande de terre de 50 à 100 km entre la mer Méditerranée et le Jourdain à l'est duquel on rencontre rapidement le désert d'Arabie ; du Nord au Sud le pays s'étend sur environ 400 km entre la mer de Galilée et l'oasis de Qadech

La Sainte Bible Carte1
Le pays biblique, est une bande de terre de 50 à 100 km entre la mer Méditerranée et le Jourdain.

Bien que faisant partie du « Croissant fertile », la contrée est assez aride : mises à part les plaines côtières, la vallée du Jourdain et quelques oasis on n'y trouve que des collines caillouteuses où la végétation est très rare.

Au cours du second millénaire avant Jésus-Christ, les Phéniciens, les Hébreux, les Philistins, les Hittites et quelques autres peuples s'installent dans la région ; ils vont bénéficier des échanges commerciaux et culturels entre les grands empires du nord et du sud, mais ils vont surtout subir les différentes campagnes militaires que les « super-grands » de l'époque se livrent pour étendre leur territoire.

LA BIBLE :

un des plus anciens livres de l'humanité, qui continue aujourd'hui à être le plus traduit, le plus diffusé et le plus lu dans le monde.

La Sainte Bible Carte2
D'où vient ce succès ? Et si la Bible contenait quelques réponses aux " Pourquoi ? " que se pose l'humanité... 

LA BIBLE, un livre unique

La Bible fut longtemps le seul recueil littéraire bien identifié de la culture du Proche - Orient ancien. Elle est un témoin éminent de ces civilisations. La création de l'État d'Israël en 1948, les découvertes archéologiques de ces 50 dernières années, ainsi que les travaux des spécialistes ont totalement renouvelé l'intérêt de ces textes anciens. Aujourd'hui, nous pouvons beaucoup mieux situer les écrits bibliques dans le contexte historique, culturel et religieux qui les a vus naître.

La Bible : plus qu'un livre, c'est une histoire 
On trouve dans la Bible de très nombreuses allusions aux différents peuples avec lesquels Israël était en relation. La Bible est l'une de nos premières sources d'information sur ces civilisations anciennes. L'archéologie est venue plus tard élargir et compléter ces connaissances.

La Bible : plus qu'un livre, c'est des textes 
Dès l'origine, les hommes ont toujours communiqué les uns avec les autres. D'abord par le geste, puis par la parole, la musique et enfin par l'écriture. Ce sont les Phéniciens qui inventèrent le premier alphabet, ce peuple était voisin d'Israël. La Bible contient des textes qui font partie des plus anciens écrits de l'histoire du monde. Elle appartient au patrimoine culturel de l'humanité.

La Bible : plus qu'un livre, c'est une parole 
La Bible affirme qu'elle a un message pour les hommes. " Tu aimeras le seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. Et voici le second commandement : tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n'y a pas de commandement plus grand que ces deux-là ". (Deutéronome 6.4-5, Lévitique 19.18, Marc 12.30-31)

Rédaction de la Bible : de Moïse à Saint Jean

La tradition biblique rapporte que Moïse, le libérateur d'Israël a conduit son peuple hors d'Égypte. Elle lui attribue également un rôle important dans la transmission de l'histoire des patriarches et des lois religieuses et sociales qui régissent la vie d'Israël. D'autres chroniqueurs ont retracé la vie d'Israël jusqu'à la fin de la période des rois : époque de conquêtes, d'hégémonie, puis de décadence qui se termine par la déportation à Babylone en 586 avant J.C. De leur côté, les prophètes ne cessent de rappeler à l'ordre une nation qui oublie son Dieu. Textes puissants et vibrants d'hommes souvent persécutés : Isaïe, Jérémie, Ézéchiel… Groupés sous le nom d'Écrits, se trouvent des textes qui comprennent des récits (Ruth), des prières (Psaumes), ou de la littérature sapientiale (Cantique des Cantiques, Proverbes…). C'est la Bible juive connue par les chrétiens sous le nom d'Ancien Testament.

L'appellation de Nouveau Testament s'applique au recueil des écrits qui expriment la foi des premiers chrétiens. Les quatre évangiles relatent la vie et l'influence de Jésus de Nazareth. S'y ajoutent, dans les Actes des Apôtres, le récit des débuts de l'Église et des progrès de la foi nouvelle. Les lettres des apôtres adressées le plus souvent à de jeunes Églises développent les fondements de la doctrine chrétienne.

LES VERSIONS MODERNES

Le souci des traducteurs est avant tout la fidélité au texte écrit dans les langues originalesCependant la fidélité peut se comprendre de deux manières différentes : 

Fidélité aux mots hébreux ou grecs qui sont traduits par leur équivalent formel en français, c'est le cas de la version Darby ou de la version de Lausanne. 

Fidélité au sens du texte qui est traduit par une expression équivalente en français même si elle s'éloigne de la traduction littérale, c'est le cas de la Bible en Français courant. Certaines traductions enfin se situent à mi-chemin, offrant ainsi un compromis pratique pour le lecteur moyen : c'est le cas de la Bible de Jérusalem, de la Traduction Œcuménique de la Bible (TOB) ou de la version Colombe.

TRANSMISSION DE LA BIBLE :

Les manuscrits hébreux et grecs.

Les gardiens du texte hébreu ont d'abord été les scribes. Leur rôle était de recopier scrupuleusement les textes et d'en assurer l'interprétation. Au Moyen-Age, ce sont les Massorètes, des docteurs juifs, qui prennent le relais et qui fixent la vocalisation du texte. C'est à cette école et à ses successeurs que se rattache un des plus anciens manuscrits complets hébraïques : le manuscrit de Léningrad (1008 après J.C.) Au fur et à mesure que l'Évangile (la Bonne Nouvelle) se répand, la Bible est traduite et recopiée à la main par les missionnaires chrétiens dans la langue courante de chaque peuple. Le texte grec du Nouveau Testament nous est transmis par les moines copistes dont la vocation est précisément la conservation de ces textes. La découverte à l'époque moderne de plusieurs codex (livres) des 4ème et 5ème siècles, ainsi que de nombreux fragments de papyrus, a permis de fortifier notre confiance dans la qualité du texte transmis.

La Sainte Bible Carte3
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Message  Arlitto Dim 6 Mar 2016 - 17:27

Témoignage du passé 

La Sainte Bible Isaie-457de02

Un manuscrit du Qumran découvert en 1947. Il mesure 734 cm de long, comporte l'intégralité du livre d'Isaïe et il est daté de 125 avant notre ère.

Le Grand Livre d'Isaïe

La Sainte Bible Viewer-Isaiah

Le Grand Livre d'Isaïe (1QIsa un ) est l'un des sept premiers mer Morte découverts à Qumrân en 1947. Il est le plus grand (734 cm) et le mieux conservé de tous les parchemins bibliques, et le seul qui est presque terminée. Les 54 colonnes contiennent les 66 chapitres de la version en hébreu du livre biblique d'Isaïe. Datant de ca. 125 BCE, il est aussi l'un des plus anciens de la mer Morte, un millier ans de plus que les manuscrits de la Bible hébraïque les plus anciennes connues à nous avant la découverte des rouleaux.

La version du texte est généralement en accord avec le Masoretic ou version traditionnelle codifiée en manuscrits du Moyen Âge, comme le codex d'Alep, mais il contient de nombreuses lectures de variantes, les variantes orthographiques, des erreurs de scribes, et des corrections. Contrairement à la plupart des manuscrits bibliques de Qumran, il présente une orthographe très complète (d'orthographe), révélant comment l'hébreu a été prononcée dans la période du Second Temple. Une vingtaine de copies supplémentaires du Livre d'Isaïe ont également été trouvés à Qumran (un exemplaire de plus a été découvert plus au sud à Wadi Muraba'at), ainsi que six pesharim (commentaires) basé sur le livre; Isaiah est également fréquemment cité dans d'autres parchemins (un phénomène littéraire et religieuse, est également présent dans les écrits du Nouveau Testament). Le statut d'autorité et scripturaire du Livre d'Isaïe est compatible avec les croyances messianiques de la communauté vivant à Qumran, depuis Isaïe est connu pour ses prophéties de jugement et de consolation, et ses visions de la fin des temps et la venue du Royaume de Dieu.

L'érudition moderne considère le Livre d'Isaïe à être une anthologie, les deux compositions principales qui sont le livre d'Isaïe appropriés (chapitres 1-39, à quelques exceptions près), contenant les paroles du prophète Isaïe lui-même, datant de l'époque de la Premier Temple, autour de 700 avant notre ère, et le Second Isaïe (Deutéro-Isaïe, chapitres 40-66), comprenant les paroles d'un prophète anonyme, qui a vécu quelques 150 années plus tard, à l'époque de l'exil babylonien et la restauration de Temple de la période perse. Au moment de notre Livre d'Isaïe a été copié (le dernier tiers de la deuxième siècle avant notre ère), le livre a déjà été considéré comme une composition unique.

Plusieurs prophéties apparaissant dans le livre d'Isaïe sont devenus les pierres angulaires de la civilisation judéo-chrétienne. Peut-être le plus célèbre d'entre eux est la vision d'Isaïe de la paix universelle à la fin des temps: «Ils briseront leurs épées en socs de charrue et de leurs lances des serpes: Nation ne doit pas prendre plus l'épée contre une autre nation; ils ne connaîtra plus jamais la guerre" (2: 4).

Versions et traductions du Livre d'Isaïe

Comme vous utilisez l'outil de traducteur dans la visionneuse de défilement, nous aimerions attirer votre attention sur la complexité de traduire les paroles du prophète Isaïe, il ya environ 2800 années, comme en témoignent les différentes variantes hébraïques et des traductions en anglais ultérieures. La mission du musée est ici de vous fournir l'information de base nécessaire pour atteindre votre propre point de vue objectif lors de la lecture de cette traduction en anglais du texte biblique.

Concepts De Base:

Masoretic version de la Bible hébraïque
La preuve émergeant des rouleaux de Qumran est qu'il y avait plusieurs versions concurrentes du texte biblique, si l'un - maintenant appelés proto-rabbinique ou proto-massorétique - jouissait d'un statut spécial de la période gréco-romaine (3e siècle avant notre ère - 1er siècle de notre ère). Cela est devenu apparemment le texte faisant autorité pour intégrer le judaïsme vers la fin du Second Temple, comme en témoignent les anciens fragments de parchemin de plusieurs livres bibliques (première-deuxième siècle de notre ère) découverts dans d'autres parties du désert de Judée (Masada, Wadi Murabba'at, Nahal Hever, et Nahal Tzéélim).

Grâce à l'activité de générations de sages (connus sous le nom "Massorètes"), qui ont fidèlement préservé et transmis les paroles sacrées à travers des siècles, une version autorité ou massorétique de la Bible hébraïque a progressivement évolué, contenant son texte définitif correcte, la vocalisation correcte, et les marques d'accentuation . Le codex d'Alep, transcrit par le scribe Salomon, fils de Buya'a et annoté par le savant Aaron ben Asher dans le 10e siècle de notre ère dans la ville galiléenne de Tibériade, est considéré comme le meilleur exemple existant de cette version.

Depuis lors, la version massorétique est devenue le texte de référence standard de la Bible hébraïque, à partir de laquelle les traductions modernes ont été et sont encore en cours. Bien qu'il existe de nombreuses traductions en ligne en anglais de ce texte traditionnelle, la version que vous voyez ici est la version officielle de la livre biblique d'Isaïe, comme rendu par la Jewish Publication Society en 1917 et publiée par l'American Israeli Cooperative Enterprise.

Great Isaiah Scroll Version
Le texte de la Grande Isaiah Scroll est généralement conforme à la version traditionnelle ou Masoretic codifié dans manuscrits du Moyen Âge (les 66 chapitres de la version hébraïque, dans le même ordre conventionnel). Dans le même temps, cependant, le vieux rouleau de deux mille ans contient orthographes, des erreurs de scribes, des corrections et plus fondamentalement, de nombreuses lectures de variantes. Strictement parlant, le nombre de variantes textuelles est bien plus de 2600, allant d'une seule lettre, parfois un ou plusieurs mots, pour terminer ou les versets variante.

Par exemple, la deuxième moitié du verset 9 et tous verset 10 dans la présente version massorétique du chapitre 2 sont absents de la Grande Isaiah Scroll en pleine manuscrit du Musée d'Israël que vous voyez ici en ligne. Les mêmes versets, cependant, ont été inclus dans les autres versions du Livre d'Isaïe dans les rouleaux trouvés près de la Mer Morte (4QIsaa, 4QIsab), et le texte en hébreu à partir de laquelle l'ancienne version grecque ou Septante (troisième au premier siècle avant notre ère) a été traduit. Cela confirme que ces versets, bien assez tôt, étaient un ajout tardif à l'ancienne et plus version originale reflétée dans le Grand Livre d'Isaïe.
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Message  Arlitto Dim 6 Mar 2016 - 17:28

Le Codex de Leningrad


Le Codex de Léningrad (Codex Leningradensis), daté de 1008, est la plus ancienne copie du texte massorétique de la Bible hébraïque subsistant dans son entièreté. Il a, selon son colophon, été écrit sur base du codex d'Alep, rédigé quelques décennies plus tôt, mais dont certaines pièces sont manquantes depuis 1947.

Le codex de Léningrad a servi de base à la Biblia hebraica en 1937 et à la Biblia Hebraica Stuttgartensia en 1977, qui en sont une transcription presque exacte. Il sert également de source primaire pour les chercheurs tentant de reconstituer les détails de la partie manquante du Codex d'Aleppo.

Le texte biblique, tel qu'écrit dans le codex, comprend le texte hébraïque avec les diacritiques de vocalisation (nikkoud) et de cantillation d'après la Massore tibérienne. Il comporte en outre des notes massorétiques en marge. Divers suppléments techniques traitant de détails textuels et linguistiques figurent, pour la plupart sous forme géométrique élaborée. Le codex est rédigé sur parchemin et relié en cuir.

L'ordre des Livres du codex de Léningrad suit la tradition textuelle tibérienne, et diffère de celui des manuscrits bibliques sépharades (sur lesquels sont basées les éditions courantes) dans sa section Ketouvim. Dans le codex de Léningrad, l'ordre des Ketouvim est : Chroniques, Psaumes, Job, Proverbes, Ruth, Cantique des Cantiques, Ecclésiaste, Lamentations, Esther, Daniel, Ezra-Néhémie, alors que dans les éditions courantes, les Chroniques ne précèdent pas les Psaumes et Job suit les Proverbes.

Le manuscrit, demeuré extraordinairement bien conservé après un millénaire, comporte également des exemples d'art juif médiéval. Seize pages contiennent des dessins géométriques décoratifs qui éclairent des passages du texte.

Histoire
La Sainte Bible 220px-LeningradCodex_text
Un échantillon du codex de Léningrad
D'après son colophon, le codex aurait été copié en 1008 EC au Caire1 à partir de manuscrits d'Aharon ben Moshe ben Asher et vendu à la communauté karaïte de Damas en 1489 EC. Bien qu'il ait été affirmé qu'il avait été réalisé dans le scriptorium de Ben Asher lui-même, il n'y a aucune preuve que ce dernier l'ait jamais eu sous les yeux. Fait exceptionnel pour un codex massorétique, c'est le même copiste, Samuel ben Jacob, qui écrit les consonnes, les voyelles et les notes massorétiques.

Le codex de Léningrad serait le manuscrit le plus fidèle à la tradition de Ben Asher, à l'exception du codex d'Alep, écrit de la main de Ben Asher lui-même. Le manuscrit portant de nombreuses altérations et effacements, Moshe Goshen-Gottstein a suggéré que le codex de Léningrad fut d'abord écrit indépendamment des règles de Ben Asher, puis lourdement amendé pour s'y conformer.

Il est actuellement conservé à la Bibliothèque nationale russe, sous le nom de catalogue Firkovitch B 19 A. Son précédent propriétaire, le collectionneur karaïme Abraham Firkovitch, n'avait laissé dans ses papiers aucune indication sur la façon dont il avait acquis le codex, lequel fut transféré à Odessa en 1838 et porté plus tard à la Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg.
source WIKIPEDIA.

Il est à noter que ce codex vient de la communauté karaïte [ltr]http://religionsdulivre.clicforum.com/t278-Pr-sentation-du-Kara-sme.htm[/ltr]
[ltr]http://religionsdulivre.clicforum.com/t278-Pr-sentation-du-Kara-sme.htm[/ltr]
[ltr]http://religionsdulivre.clicforum.com/t278-Pr-sentation-du-Kara-sme.htm[/ltr] ce texte est le premier à présenter une vocalisation du Nom divin en plaçant des points voyelles permettant la lecture du Tétragramme par Yehwah, Yèhwih, Yehwih et Yehowah
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Message  Arlitto Dim 6 Mar 2016 - 17:28

Les rouleaux d'argent

Le témoignage le plus ancien sur la Bible :

Une amulette étonnante

La Sainte Bible Arc_081010a

Les quatre côtés de l’amulette (avant son déroulement)

En 1979, des archéologues découvrirent à Jérusalem, dans une tombe israélite des VIIe ou VIe siècle avant J.-C., un très curieux petit rouleau d’argent [1], qui ne faisait à peine que 3 cm de hauteur! Comme on peut se l’imaginer, la corrosion avait rendu l’objet très friable; on avait bien des raisons de croire que le rouleau avait dû servir un but tout-à-fait particulier, mais lequel? Pour répondre à cette question, encore fallait-il pouvoir dérouler ce petit « tuyau », sans le briser! Et comment?

La Sainte Bible Arc_081010b

La deuxième amulette de Ketef Hinnom (à gauche), 
sa transcription et sa reconstitution (à droite). 
Le texte ressemble à la Bénédiction sacerdotale de Nombres 6.

    Des techniciens du Musée d’Israël à Jérusalem finirent par y réussir, mais au terme de trois années de travail minutieux. Un bain de sel mêlé d’acide formique a permis de retirer toute la corrosion de la surface du métal, encore enroulé. Ce premier procédé ne présentait aucune difficulté ni risque. La suite était plus délicate. On procéda à recouvrir la partie visible du rouleau d’une mince couche d’acrylique qui, une fois séchée, reste transparente tout en gardant une bonne élasticité. Avec grande précaution, on déroula donc cette première section du rouleau; puis on répéta le même stratagème pour toutes les surfaces subséquentes. Une fois que la lamelle d’argent fut bien étendue, on la scella entre deux plaques de verre, assurant ainsi sa survie pour les siècles à venir! La longueur totale du rouleau qui a été conservé ne fait que 9,5 cm!

Le nom de Yahvé

Les quatre lettres du nom de Yahvé, gravées sur l'un des rouleaux

    À quoi servait donc ce petit rouleau de métal précieux? On peut affirmer sans trop de chance d’erreur qu’il s’agit-là d’une sorte d’amulette pour les deux raisons suivantes. Tout d’abord, il est important de noter que le petit rouleau fut découvert parmi un nombre impressionnant de bijoux qui avaient déjà orné les personnes ensevelies dans cette tombe commune; il avait donc pu être porté par un des occupants, suspendu au cou par une ficelle ou une chaînette. Sur la surface très mince de la lamelle, on peut facilement voir que des lettres hébraïques ont été « grafignées » avec un instrument pointu; s’il est très difficile de lire tous les caractères, et il faut ajouter aussi que certains d’entre eux sont disparus totalement, quelle n’a pas été la surprise des archéologues de constater que le nom de Yahvé, nom propre du Dieu d’Israël, est parfaitement conservé et ne présente aucune difficulté de lecture. Il devait donc faire partie d’une formule brève demandant à Dieu protection contre tout danger; c’est pourquoi on pense aussitôt que ce petit objet a pu servir d’amulette, dont la fonction est justement d’attirer sur son porteur des bénédictions spéciales. Nous sommes donc en présence du plus vieux témoin connu jusqu’à maintenant de l’usage d’une sorte de « médaille » dont l’inscription révèle la foi en la valeur protectrice du nom divin. On sait que la tradition postérieure rendra le nom si sacré, qu’on n’osera même plus le prononcer! Cette valeur sacrale commence donc à se manifester déjà avant l’exil.

[1] N.D.L.R. Les rapports de recherche publiés dans le Bulletin of American Schools of Oriental Research parlent de deux rouleaux et chacun porte le nom gravé de Yahvé.

La Sainte Bible Guy_Couturier

Source : Parabole viii/3 (1985).
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Message  Arlitto Dim 6 Mar 2016 - 17:29

L'apport spécifique des Manuscrits de Qumrân dans la traduction de la Bible 

La Sainte Bible Dubs
par Jean-Claude DUBS, Bibliste, chercheur associé au CNRS, 
auteur avec Jean-Pierre Bagot de l'ouvrage « Pour lire la Bible »


Les manuscrits de Qumrân

Le mot-clef « Qumrân » n'apparaît pas moins de 288 fois dans le volume de la Nouvelle Bible Segond. Cette proportion sans exemple dans le passé, souligne à elle seule le crédit que l'on apporte aujourd'hui à cette source ancienne. Rappelons que cette dernière n'est pas sans mérite puisqu'elle permet de se rapprocher d'au moins 1000 ans des origines de la Bible. 

Avec la bibliothèque de Qumrân on a pu plonger en plein dans l'effervescence biblique de cette période où les persécutions des Séleucides, puis la férule des Romains, développaient le réflexe identitaire, et conduisaient les croyants à récapituler leurs connaissances, à engranger du matériau spirituel pour faire face à la crise.

Descendant spirituels au moins, des pieux Hassidîm, les qumrâniens cherchent à assurer la pérennité de leur foi en remettant en honneur les vieux textes . Le Pentateuque Samaritain qui daterait des années 125 av. J.-C. et que l'occident n'a redécouvert qu'en 1615 seulement ; le Vieux Grec, ou les sources anciennes de la Septante qui remontent au III° s. avant J.-C., mais dont les éditions selon les livres sont très variées

Ces traductions grecques rendraient même parfois compte, aux yeux de certains chercheurs, d'un texte hébraïque plus ancien que ceux dont nous disposons. On peut dire que pour chaque livre biblique, que ce soit en hébreu, ou en grec, le dossier qumrânien est particulier. Mais une constante demeure au dessus de toutes ces quêtes particulières : et c'est le très peu de divergence, le très peu de différence qui distinguent nos Bibles modernes de ces collections de textes anciens, jamais reliés entre eux, sauf les douze petits prophètes, qui aussi loin qu'on remonte, habitent toujours un même rouleau.

La Sainte Bible Qumrangrotte
La grotte de Qumrân en Israël

Certes le texte-source dont se servent les traducteurs du monde entier, à savoir la Bible Hébraïque établie à Stuttgart par la Société biblique allemande ( BHS), rendait déjà compte, en 1967, dans son apparat critique, des trouvailles de la Grotte 1, c'est à dire les deux rouleaux (fort différents) d'Esaïe, l'Apocryphe de la Genèse, le Rouleau de la Guerre et quelques Psaumes de la Grotte 4 (Ps 91---118). 

Il est évident que par rapport aux données actuelles, on est loin de compte, puisque ce ne sont plus quelques rouleaux se comptant sur les doigts de la main qui ont été inventoriés, mais quelques 900 références, malheureusement réparties en 25000 fragments, ce qui explique pour une part, le temps que l'on a mis à reconstituer les puzzles, et donc aussi qu'il ait fallu attendre un demi siècle avant d'assister à leur publication. Celle-ci est maintenant réalisée à 90 %.

Parmi ces rouleaux de la mer Morte, 250 au moins concernent la Bible, soit parce qu'ils apportent des copies anciennes de livres bibliques proprement dit, ou bien des paraphrases continues, comme c'est le cas du Pentateuque retravaillé ; ou encore parce qu'ils sont riches en citations expresses des textes bibliques, qu'ils commentent ou exploitent à des fins polémiques.

Tel est le cas en particulier du fameux « Manifeste » (4QMMT) de la Grotte 4, une lettre polémique qui circulait à Paris sous le manteau depuis 1980, et qui a bénéficié en 1994 de la levée générale de l'embargo, au moment où deux savants américains ont mis le feu aux poudres en publiant une édition pirate de tous les textes et de toutes les photos que les chercheurs officiels protégeaient jalousement des regards.


La Sainte Bible Qumranextrai Ce manifeste qumrânien, appelé en français « La lettre Halachique » a aussitôt été attribué au Maître de Justice, donc au fondateur du mouvement de Qumrân. Il s'agit d'une dissertation à l'adresse d'un éminent correspondant qui ne serait autre que le grand-prêtre du Temple de Jérusalem. Cette lettre lui prodigue explications et opinions, sur la manière convenable d'appliquer certaines règles cultuelles du Lévitique et du Deutéronome. Ces derniers sont expressément citées avec la formule consacrée " car il est écrit ". Manière de dire : il y a une Bible, et une autorité biblique. En l'occurrence il s'agissait le la Torah, ce qui n'était pas nouveau. Mais l'intérêt spécifique de ce document va plus loin. Il affirme en effet qu'au delà de la Loi de Moïse il existe un recueil, une collection, un corpus d'écrits particuliers, qui font autorité pour la foi et qui ne sont autres que les Écritures bibliques.

Ce document recoupe ce que l'on savait déjà par le Prologue du Siracide, en prenant à son compte un ordre canonique des livres bibliques de Moïse, les Prophètes, David (C.10, 17, 22)

Or la même formule on le sait, se trouve sous la plume de Luc, lorsque à trois reprises (24.27, 32, 45) il rapporte comment, auprès des disciples d'Emmaüs, Jésus insiste sur l'importance du témoignage des Écritures : Torah de Moïse, témoignage des Prophètes et des Psaumes.

Les Qumrâniens sont tout imprégnés de BibleTous les livres canoniques de l'Ancien Testament, sauf Néhémie et Esther, ont été retrouvé dans leur bibliothèque. Encore l'absence de ces deux derniers peut-elle être fortuite : car on a bien conscience que ce qui subsiste, après 2000 ans, de cette bibliothèque enfouie, ne représente qu'une portion de ce qu'elle devait contenir à l'époque.

Ceci posé, et à considérer ce que pouvait être pour la Communauté essénienne , ce que nous appelons volontiers « la Bible dans la Bible » pour désigner les passages les plus aimés, on constate un fait surprenant et significatif. Car les livres préférés des qumrâniens sont les mêmes que ceux des auteurs du Nouveau Testament. 

En tête du palmarès des Écrits bibliques retrouvés dans les grottes à manuscrits, figurent en effet tout d'abord 37 fois le recueil des Psaumes, puis 30 fois le livre du Deutéronome, et le livre d'Ésaïe 21 fois . Si la démonstration de la proximité de tous ces courants juifs, qui fleurissent au tournant de notre ère restait à faire, nous en aurions ici un élément. Il est évident que le christianisme du premier siècle est un de ces courants.

Reste la question des rouleaux non-bibliques. Ils constituent, on l'a dit, les deux tiers des rouleaux de l'ancienne bibliothèque de Qumrân. Que faut-il en penser ? Nous aurions tort de les mépriser car ils ouvrent en effet toute grande la fenêtre vers les rêves théologiques du judaïsme tardif. 

De ce judaïsme d'où Jésus, Paul et les autres sont issus. On sait , par exemple, que le livre d'Hénoch, très présent à Qumrân, l'était aussi dans le canon biblique de l'église chrétienne éthiopienne, et que l'épître de Jude le cite comme Écriture.

La liste de ces ouvrages para-bibliques n'est pas à énumérer ici. Simplement nous pouvons signaler que si 200 notes de bas de pages de la Nouvelle Bible Segond font référence à Qumran : 88 autres occasions de pénétrer le milieu de la mer Morte et d'en tirer profit, sont offertes dans les notices développées que l'on a placées en annexe, dans l'index général. Elles aideront, nous en sommes sûrs, à mieux situer ce bouillonnant univers de réflexion d'où nous est venue la Bible, et en particulier le Nouveau Testament.

Jean-Claude Dubs
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