Les évangélistes et Israël : un ‘’amour’’ à double tranchant
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Les évangélistes et Israël : un ‘’amour’’ à double tranchant
L’activisme évangéliste existe en Israël depuis la création du pays mais ne se serait vraiment développé que dans les années 80, après que le Premier ministre de l’époque, Menahem Begin, ait rencontré à plusieurs reprises, le pasteur texan John Hagee de San Antonio, à la tête d’un important mouvement protestant américain sioniste.
Alors qu’au début des années 1980, le parlement israélien déclare Jérusalem réunifiée capitale éternelle de l’Etat juif, cette proclamation déclenche immédiatement une vague internationale d’indignation dans tout l’éventail du monde politique. En réplique, les ambassades étrangères situées à Jérusalem quittent la ville et s’installent à Tel Aviv. C’est dans ce contexte qu’un petit groupe de croyants organisent dans la capitale israélienne la ‘’marche de Soukot des chrétiens’’ qui rassemble plus de mille initiés du monde entier, supporters d’Israël. Pendant que la communauté internationale continue de s’indigner de plus en plus contre la décision de l’Etat hébreu, ce petit groupe de chrétiens choisit d’exprimer sa solidarité avec Israël. Il s’active à construire l’Ambassade Chrétienne Internationale de Jérusalem (ICEJ), une institution représentant les fidèles désirant se tenir à la droite du peuple juif. L’ancien maire de la ville, Teddy Kolek, et le Premier ministre de l’époque, Menahem Begin, approuve son ouverture et y voient dans ces heures de solitude internationale, un signe d’amitié profonde et de bonne volonté.
Convaincus que l'établissement d'un Etat juif en Palestine est l'accomplissement de la prophétie biblique, les 40 millions de chrétiens évangéliques, essentiellement américains, qui constituent la base électorale la plus solide du Parti républicain, sont pour la plupart de fervents sionistes. Ils voient en nous le « peuple élu » et attribuent un rôle décisif aux Juifs et à l´Etat d´Israël dans le projet divin pour la fin des temps. Leur finalité hautement stratégique est tissée autour du Grand Israël dont l’objectif principal est d’amener les Juifs du monde entier à revenir sur la terre de leurs ancêtres... et de se convertir. Ce qui annoncerait, selon leurs Ecritures, la nouvelle venue de leur messie.
C’est pourquoi ils soutiennent financièrement et politiquement l’Etat hébreu et se présentent comme les meilleurs amis et soutien du peuple juif. Certains de ces fidèles revendiquent même le souhait de pouvoir être né juif.
Selon le politologue français Frédéric Encel, ce sionisme chrétien vise à aider des Juifs à s’installer en Israël et/ou à y rester. Ainsi entre 1994 et 2002, l’un des plus puissants
mouvements sionistes chrétiens américains, la Fraternité internationale des Chrétiens
et des Juifs (International Fellowship of Christians and Jews, fondée en 1983), a récolté presque 65 millions de dollars au profit de l’immigration juive en Israël, tandis qu’une autre congrégation très active baptisée Christians for Israel/USA a financé depuis 1991 l’émigration vers Israël de 65.000 juifs d’ex-Union soviétique. D’autres groupes, comme l’Ambassade chrétienne à Jérusalem – qui compte de fortes ramifications en Europe, y compris en France – ou le First Pentecostal Tabernacle, mènent des actions plus portées sur le social et la communication afin de renforcer sur place le peuple qui, une fois son unité retrouvée, reconnaîtra, selon leur croyance, Jésus comme le Messie, sauvant par là même les chrétiens incrédules.
Les évangélistes s’inscrivent donc, dans le mouvement fondamentaliste protestant né à la fin du XIXe siècle qui croit dans le combat entre la lumière et les ténèbres. Politiquement, ils soutiennent le maintien de la réunification de Jérusalem et milite contre une éventuelle division de la capitale. Ils revendiquent également Israël comme pays juif. Les évangélistes sont plutôt contre la solution de deux Etats qu’ils voient comme irréaliste.
Pour leur part, les Premiers ministres israéliens successifs ont accueilli très favorablement ce soutien politique. Chaque année, par exemple, se tient à Jérusalem une réunion mondiale de l’Ambassade chrétienne éponyme, reconnue officiellement et dont les leaders font l’objet d’une grande attention de la part des dirigeants israéliens comme en son temps l’ancien Premier ministre Ariel Sharon ou l’actuel, Benjamin Netanyahu et leur conseiller Dore Gold ou encore Gidon Saar, l’actuel Ministre de l’Education.
Un tourisme engagé et idéologique
Chaque année, le tourisme de près de 400.000 visiteurs américains évangélistes apportent une manne considérable en Israël. A Jérusalem, le défilé annuel des chrétiens à Soukot est devenu un des plus grands événements touristiques populaires du pays.
En 2006, le célèbre télévangéliste américain Pat Robertson s'est rendu en Israël durant la seconde guerre du Liban. Il a, peu après, participé à une publicité pour attirer les chrétiens des Etats-Unis en Israël, alors déserté par les touristes.
En 2008, pour le 60e anniversaire de l’indépendance de l’Etat hébreu, 3000 évangélistes américains se sont réunis à Jérusalem. Ils ont visité le pays pour mieux le connaitre et « aimer les Juifs ».
En 2009, lors de son séjour en Israël, Mike Haekbi, ancien prétendant au poste de sénateur de l’Arkansas, a déclaré « les évangélistes soutiennent beaucoup plus Israël que la communauté juive américaine ».
Une manne financière controversée
En 2000, un des fonds chrétiens américains le plus important d’Israël, Ha Keren le Yedidout, présidé par le rabbin controversé Yehiel Eckstein de Chicago, est créé. En 3 ans, il a versé près de 20 millions de dollars. Rien qu’en 2003, il a attribué plus d’un demi-million de shekels à la mairie de Beer-Shev’a et 300.000 shekels à celle de Migdal Haemek ainsi qu’à l’organisme Eshel s’occupant des personnes âgées. La mairie d’Acre aurait perçu le double.
En 2006, les différents groupes évangélistes qui agissaient jusque là séparément ont décidé de s’unir à l’instar des organisations juives. Cette nébuleuse de tendances protestantes ramasse chaque année des millions de dollars pour Israël, notamment pour les constructions de logements, l’immigration, les besoins matériels en temps de guerre, etc. Ainsi, l’association Les Amis Chrétiens d’Israël distribue chaque année de tonnes de vêtements et des milliers de paires de lunettes ainsi que des bons alimentaires et des fournitures pour nouveau né.
Fin 2007, l’Agence Juive a, pour la 1e fois de son histoire, intégré dans sa direction des représentants chrétiens contre des subventions de 180 millions de shekels sur 3 ans. Cette décision a soulevé une grande colère auprès de certains rabbins et hauts responsables de l’Agence Juive.
L’année dernière, la décision du Ministre de l’Education, Gidon Saar, d’élargir le projet pédagogique intitulé « pour un renforcement des valeurs sionistes » visant à envoyer 20.000 élèves israéliens sur les traces du judaïsme, initié par le mouvement « Mibéréshit » présidé par le rav Mordéhai Elon a été en fait financé par un millionnaire évangéliste canadien. Ce dernier a déjà versé 14 millions de dollars pour
que les « élèves israéliens connaissent mieux la bible ».
Lorsque Nir Barka a remporté les élections municipales de Jérusalem, il a décidé de rétablir les relations interrompues par l’ancien maire de la ville, Ouri Loupoliansky, avec le fonds évangéliste « Keren Leyedidout », ce qui a provoqué la colère des orthodoxes.
Attention danger ?
En Israël certaines voix s’élèvent contre ces dons principalement américains. Des personnalités condamnent cette sorte d’ingérence qui confond volontiers influence politique et solidarité.
Lors de la grande vague d’immigration russe, les évangélistes ont cherché à convertir les non juifs afin qu’ils constituent la base de leur futur projet d’évangélisation de tous les Juifs. Mais plusieurs associations ont dénoncé cette entreprise. Les missionnaires ont alors changé de tactique, pas d’objectif. Cependant, l’association Yad La Ahim reste en alerte et de nombreux rabbins refusent les fonds de l’organisme évangéliste Ha Keren le Yedidout. Cependant les importantes sommes versées aux divers publics en Israël ont rendu certaines communautés comme les orthodoxes ou les sionistes religieux dépendants financièrement des évangélistes, ce qui n’est pas sans poser problème.
Plus insidieux, l’ICEJ édite des brochures en hébreux, expliquant son soutien à Israël et au peuple juif, détaillant ses activités bénévoles sociales comme l’aide par l’écoute aux rescapés de la Shoah, le soutien aux personnes âgées, aux handicapés et aux orphelinats, la distribution alimentaire, l’assistance aux soldats sans famille. Son département social s’occupe de prodiguer des colis aux nouveaux immigrants afin d’aider leur installation en Israël. Il dispense également des aides sociales aux populations en difficulté, des soins dentaires, des appareils auditifs. Ces dépliants utilisent nombre de citations de la Bible et des Prophètes pour brouiller leur message. Ils sont illustrés de photos représentant d’importantes personnalités politiques israéliennes (Shimon Peres, Ehud Olmet, Haim Herzog, Ytshak Shamir), même religieuses comme les rabbins Michael Melchior ou Shlomo Goren sonnant du shofar devant le Kotel.
En février dernier, devant l’ampleur des actions évangélistes remontant jusqu’ au niveau institutionnel, un groupe de personnalités publiques et religieuses s’est mobilisé pour réfléchir à comment contrer l’influence grandissante de cette église en Israël.
En fait, selon l’écrivain israélo-américain Gershom Gorenberg, les évangélistes "n'aiment pas les Juifs. La doctrine évangélique du salut est une pièce en cinq actes où les Juifs disparaissent au cinquième". Car sous couvert de discours amoureux envers Israël et son peuple, les sionistes chrétiens cachent certaines idées hostiles du genre : « Dieu n’entend pas les prières des Juifs. » « Les Juifs ont tout, sauf une vie religieuse ». L’antisémitisme aurait pour cause la «rébellion des Juifs contre Dieu » et que celui-ci allait attirer les « nations antisémites en Israël pour y soumettre les Juifs afin qu’ils confessent que Jésus est le Seigneur ».
Le soutien des évangéliques à Israël n’est donc pas inconditionnel mais justifié par une vision théologique. Ainsi, les nouveaux missionnaires chrétiens tentent inlassablement de convertir les Juifs, si ce n’est par le feu, c’est par « l’amour » cette fois
Alors qu’au début des années 1980, le parlement israélien déclare Jérusalem réunifiée capitale éternelle de l’Etat juif, cette proclamation déclenche immédiatement une vague internationale d’indignation dans tout l’éventail du monde politique. En réplique, les ambassades étrangères situées à Jérusalem quittent la ville et s’installent à Tel Aviv. C’est dans ce contexte qu’un petit groupe de croyants organisent dans la capitale israélienne la ‘’marche de Soukot des chrétiens’’ qui rassemble plus de mille initiés du monde entier, supporters d’Israël. Pendant que la communauté internationale continue de s’indigner de plus en plus contre la décision de l’Etat hébreu, ce petit groupe de chrétiens choisit d’exprimer sa solidarité avec Israël. Il s’active à construire l’Ambassade Chrétienne Internationale de Jérusalem (ICEJ), une institution représentant les fidèles désirant se tenir à la droite du peuple juif. L’ancien maire de la ville, Teddy Kolek, et le Premier ministre de l’époque, Menahem Begin, approuve son ouverture et y voient dans ces heures de solitude internationale, un signe d’amitié profonde et de bonne volonté.
Convaincus que l'établissement d'un Etat juif en Palestine est l'accomplissement de la prophétie biblique, les 40 millions de chrétiens évangéliques, essentiellement américains, qui constituent la base électorale la plus solide du Parti républicain, sont pour la plupart de fervents sionistes. Ils voient en nous le « peuple élu » et attribuent un rôle décisif aux Juifs et à l´Etat d´Israël dans le projet divin pour la fin des temps. Leur finalité hautement stratégique est tissée autour du Grand Israël dont l’objectif principal est d’amener les Juifs du monde entier à revenir sur la terre de leurs ancêtres... et de se convertir. Ce qui annoncerait, selon leurs Ecritures, la nouvelle venue de leur messie.
C’est pourquoi ils soutiennent financièrement et politiquement l’Etat hébreu et se présentent comme les meilleurs amis et soutien du peuple juif. Certains de ces fidèles revendiquent même le souhait de pouvoir être né juif.
Selon le politologue français Frédéric Encel, ce sionisme chrétien vise à aider des Juifs à s’installer en Israël et/ou à y rester. Ainsi entre 1994 et 2002, l’un des plus puissants
mouvements sionistes chrétiens américains, la Fraternité internationale des Chrétiens
et des Juifs (International Fellowship of Christians and Jews, fondée en 1983), a récolté presque 65 millions de dollars au profit de l’immigration juive en Israël, tandis qu’une autre congrégation très active baptisée Christians for Israel/USA a financé depuis 1991 l’émigration vers Israël de 65.000 juifs d’ex-Union soviétique. D’autres groupes, comme l’Ambassade chrétienne à Jérusalem – qui compte de fortes ramifications en Europe, y compris en France – ou le First Pentecostal Tabernacle, mènent des actions plus portées sur le social et la communication afin de renforcer sur place le peuple qui, une fois son unité retrouvée, reconnaîtra, selon leur croyance, Jésus comme le Messie, sauvant par là même les chrétiens incrédules.
Les évangélistes s’inscrivent donc, dans le mouvement fondamentaliste protestant né à la fin du XIXe siècle qui croit dans le combat entre la lumière et les ténèbres. Politiquement, ils soutiennent le maintien de la réunification de Jérusalem et milite contre une éventuelle division de la capitale. Ils revendiquent également Israël comme pays juif. Les évangélistes sont plutôt contre la solution de deux Etats qu’ils voient comme irréaliste.
Pour leur part, les Premiers ministres israéliens successifs ont accueilli très favorablement ce soutien politique. Chaque année, par exemple, se tient à Jérusalem une réunion mondiale de l’Ambassade chrétienne éponyme, reconnue officiellement et dont les leaders font l’objet d’une grande attention de la part des dirigeants israéliens comme en son temps l’ancien Premier ministre Ariel Sharon ou l’actuel, Benjamin Netanyahu et leur conseiller Dore Gold ou encore Gidon Saar, l’actuel Ministre de l’Education.
Un tourisme engagé et idéologique
Chaque année, le tourisme de près de 400.000 visiteurs américains évangélistes apportent une manne considérable en Israël. A Jérusalem, le défilé annuel des chrétiens à Soukot est devenu un des plus grands événements touristiques populaires du pays.
En 2006, le célèbre télévangéliste américain Pat Robertson s'est rendu en Israël durant la seconde guerre du Liban. Il a, peu après, participé à une publicité pour attirer les chrétiens des Etats-Unis en Israël, alors déserté par les touristes.
En 2008, pour le 60e anniversaire de l’indépendance de l’Etat hébreu, 3000 évangélistes américains se sont réunis à Jérusalem. Ils ont visité le pays pour mieux le connaitre et « aimer les Juifs ».
En 2009, lors de son séjour en Israël, Mike Haekbi, ancien prétendant au poste de sénateur de l’Arkansas, a déclaré « les évangélistes soutiennent beaucoup plus Israël que la communauté juive américaine ».
Une manne financière controversée
En 2000, un des fonds chrétiens américains le plus important d’Israël, Ha Keren le Yedidout, présidé par le rabbin controversé Yehiel Eckstein de Chicago, est créé. En 3 ans, il a versé près de 20 millions de dollars. Rien qu’en 2003, il a attribué plus d’un demi-million de shekels à la mairie de Beer-Shev’a et 300.000 shekels à celle de Migdal Haemek ainsi qu’à l’organisme Eshel s’occupant des personnes âgées. La mairie d’Acre aurait perçu le double.
En 2006, les différents groupes évangélistes qui agissaient jusque là séparément ont décidé de s’unir à l’instar des organisations juives. Cette nébuleuse de tendances protestantes ramasse chaque année des millions de dollars pour Israël, notamment pour les constructions de logements, l’immigration, les besoins matériels en temps de guerre, etc. Ainsi, l’association Les Amis Chrétiens d’Israël distribue chaque année de tonnes de vêtements et des milliers de paires de lunettes ainsi que des bons alimentaires et des fournitures pour nouveau né.
Fin 2007, l’Agence Juive a, pour la 1e fois de son histoire, intégré dans sa direction des représentants chrétiens contre des subventions de 180 millions de shekels sur 3 ans. Cette décision a soulevé une grande colère auprès de certains rabbins et hauts responsables de l’Agence Juive.
L’année dernière, la décision du Ministre de l’Education, Gidon Saar, d’élargir le projet pédagogique intitulé « pour un renforcement des valeurs sionistes » visant à envoyer 20.000 élèves israéliens sur les traces du judaïsme, initié par le mouvement « Mibéréshit » présidé par le rav Mordéhai Elon a été en fait financé par un millionnaire évangéliste canadien. Ce dernier a déjà versé 14 millions de dollars pour
que les « élèves israéliens connaissent mieux la bible ».
Lorsque Nir Barka a remporté les élections municipales de Jérusalem, il a décidé de rétablir les relations interrompues par l’ancien maire de la ville, Ouri Loupoliansky, avec le fonds évangéliste « Keren Leyedidout », ce qui a provoqué la colère des orthodoxes.
Attention danger ?
En Israël certaines voix s’élèvent contre ces dons principalement américains. Des personnalités condamnent cette sorte d’ingérence qui confond volontiers influence politique et solidarité.
Lors de la grande vague d’immigration russe, les évangélistes ont cherché à convertir les non juifs afin qu’ils constituent la base de leur futur projet d’évangélisation de tous les Juifs. Mais plusieurs associations ont dénoncé cette entreprise. Les missionnaires ont alors changé de tactique, pas d’objectif. Cependant, l’association Yad La Ahim reste en alerte et de nombreux rabbins refusent les fonds de l’organisme évangéliste Ha Keren le Yedidout. Cependant les importantes sommes versées aux divers publics en Israël ont rendu certaines communautés comme les orthodoxes ou les sionistes religieux dépendants financièrement des évangélistes, ce qui n’est pas sans poser problème.
Plus insidieux, l’ICEJ édite des brochures en hébreux, expliquant son soutien à Israël et au peuple juif, détaillant ses activités bénévoles sociales comme l’aide par l’écoute aux rescapés de la Shoah, le soutien aux personnes âgées, aux handicapés et aux orphelinats, la distribution alimentaire, l’assistance aux soldats sans famille. Son département social s’occupe de prodiguer des colis aux nouveaux immigrants afin d’aider leur installation en Israël. Il dispense également des aides sociales aux populations en difficulté, des soins dentaires, des appareils auditifs. Ces dépliants utilisent nombre de citations de la Bible et des Prophètes pour brouiller leur message. Ils sont illustrés de photos représentant d’importantes personnalités politiques israéliennes (Shimon Peres, Ehud Olmet, Haim Herzog, Ytshak Shamir), même religieuses comme les rabbins Michael Melchior ou Shlomo Goren sonnant du shofar devant le Kotel.
En février dernier, devant l’ampleur des actions évangélistes remontant jusqu’ au niveau institutionnel, un groupe de personnalités publiques et religieuses s’est mobilisé pour réfléchir à comment contrer l’influence grandissante de cette église en Israël.
En fait, selon l’écrivain israélo-américain Gershom Gorenberg, les évangélistes "n'aiment pas les Juifs. La doctrine évangélique du salut est une pièce en cinq actes où les Juifs disparaissent au cinquième". Car sous couvert de discours amoureux envers Israël et son peuple, les sionistes chrétiens cachent certaines idées hostiles du genre : « Dieu n’entend pas les prières des Juifs. » « Les Juifs ont tout, sauf une vie religieuse ». L’antisémitisme aurait pour cause la «rébellion des Juifs contre Dieu » et que celui-ci allait attirer les « nations antisémites en Israël pour y soumettre les Juifs afin qu’ils confessent que Jésus est le Seigneur ».
Le soutien des évangéliques à Israël n’est donc pas inconditionnel mais justifié par une vision théologique. Ainsi, les nouveaux missionnaires chrétiens tentent inlassablement de convertir les Juifs, si ce n’est par le feu, c’est par « l’amour » cette fois
Manouche- Messages : 734
Re: Les évangélistes et Israël : un ‘’amour’’ à double tranchant
Aux États-Unis, le soutien des évangéliques à Israël ne faiblit pas malgré la guerre
Analyse Depuis les années 1970, les réseaux évangéliques américains, blancs et conservateurs, soutiennent activement l’État hébreu. L’attaque du 7 octobre 2023 n’a fait que renforcer cet appui, et l’extrême violence de la réplique israélienne ne semble pas provoquer d’atténuation dans leur discours.
Matthieu Lasserre et Alexis Buisson (correspondant à New York), le 21/01/2024 à 09:31
réservé aux abonnés
Lecture en 5 min.
Aux États-Unis, le soutien des évangéliques à Israël ne faiblit pas malgré la guerre
L’organisation évangélique Christians United for Israel organise régulièrement des rassemblements en soutien à Israël, comme ici le 17 juillet 2023, à Arlington (Virginie).
JACQUELYN MARTIN / AP
Il y a eu, en novembre dernier, la campagne de communication « Ne détournez pas le regard », avec des images d’otages israéliens détenus par le Hamas. Elle a, peu après, cédé sa place sur l’un des écrans géants de Times Square, à New York, à « Israël, tu n’es pas seule ». Dans ce spot de quelques secondes, on aperçoit pêle-mêle des bougies formant une étoile de David, un enfant brandissant une pancarte « Arrêtez le Hamas maintenant » et des manifestants tenant des drapeaux américains et israéliens.
Le montage est signé Christians United for Israel (CUFI), une organisation évangélique qui, du haut de ses dix millions de membres, s’autoproclame le groupe pro-Israël le plus important du pays. Fondé en 2006, il est dirigé par John Hagee, un pasteur et télévangéliste texan de 83 ans, connu pour ses propos controversés – en 2008, il avait notamment suggéré que Dieu avait « créé Hitler pour aider les juifs à atteindre la Terre promise ».
À lire aussiGuerre à Gaza : les antagonismes entre Israël et les États-Unis s’accentuent
Depuis l’attaque du 7 octobre dernier, sa mobilisation va bien au-delà des vidéos qui tournent en boucle à Times Square. Son groupe a levé 3 millions de dollars pour apporter une aide médicale aux rescapés et à leurs proches. Le pasteur a aussi participé à un grand rassemblement en soutien à Israël depuis Washington, en présence de 700 étudiants chrétiens et d’élus. « Les sionistes chrétiens montent la garde sur les murs de Jérusalem », avait-il averti. Il n’est pas le seul à se retrousser les manches. La mobilisation des leaders évangéliques prend des formes diverses : lettre de soutien de la puissante Conférence baptiste du Sud, envoi de volontaires sur place, levées de fonds et donation d’équipements – Franklin Graham, le fils du célèbre pasteur Billy Graham, a promis 21 ambulances, par exemple, lors de la visite d’un kibboutz frappé par le Hamas…
Théologie du dispensationalisme
Cette mobilisation en dit long sur l’importance de l’État hébreu aux yeux de cette communauté influente – les évangéliques représentaient 24 % de la population américaine en 2021. D’après Daniel Hummel, auteur d’un ouvrage sur les relations entre celle-ci et Israël (1), ce soutien s’explique par des facteurs théologiques. « Les chrétiens sionistes pensent que Dieu, à travers la Bible, a promis la terre d’Israël au peuple juif. D’autres croient qu’Israël et les juifs sont au centre d’un scénario de la fin des temps, point culminant des plans de Dieu pour la rédemption du monde, raconte l’historien. Certains affirment encore que l’État israélien et les États-Unis partagent des intérêts et un système de valeurs communs : ce sont tous les deux des démocraties et des piliers de la civilisation judéo-chrétienne… qui s’opposent à la menace islamiste iranienne. »
Ces facteurs expliquent pourquoi certains responsables évangéliques ont applaudi la décision de Donald Trump de déménager l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem en 2017. Et plébiscitent l’ancien président qui souhaite revenir à la Maison-Blanche. D’un point de vue religieux, ce soutien massif des évangéliques blancs américains à l’État d’Israël prend racine dans une théologie ayant connu son véritable essor au cours du XIXe siècle, notamment sous l’impulsion du prédicateur John Nelson Darby. « La théologie du dispensationalisme est le moteur de cette pensée évangélique, analyse Sébastien Fath, chercheur au CNRS et spécialiste du protestantisme évangélique. Les dispensations opèrent un certain nombre de distinctions dans la Bible, notamment entre Israël et l’Église. »
Cette interprétation de plusieurs prophéties de l’Ancien Testament, mais également de passages bibliques dans l’Épître aux Romains ou dans le Livre de l’Apocalypse, soutient ainsi que le retour des juifs en Israël « précède de peu le retour glorieux de Jésus » sur Terre, la parousie, poursuit Sébastien Fath. « À partir du moment où le retour du peuple juif entre dans le plan de Dieu, s’y opposer c’est s’opposer à la volonté de Dieu. » D’où un soutien sans faille de toute une frange évangélique conservatrice à l’État israélien.
« Si le schéma eschatologique est une motivation puissante, elle n’est pas la seule », nuance Philippe Gonzalez, sociologue et professeur à l’université de Lausanne. Pour le spécialiste du protestantisme, ce sionisme chrétien est indissociable du nationalisme évangélique américain, convaincu que leur pays est béni. « La bénédiction des États-Unis serait le résultat d’une alliance passée avec Dieu, précise le chercheur. Dans différents pays dans lesquels il y a des leaders évangéliques soucieux de la prospérité nationale, il y a un fort soutien à l’État d’Israël car c’est une manière de rentrer dans le plan de Dieu. »
Un sionisme chrétien vieillissant
C’est pourquoi, depuis les années 1970, l’État israélien renforce ses liens avec la droite évangélique des États-Unis. À tel point que ses responsables ont pu être invités à prier dans l’enceinte de la Knesset, le parlement israélien. Un symbole fort. Pour perpétuer leur alliance, les sionistes chrétiens sont même prêts à abandonner l’un des piliers de leur croyance. « Les évangéliques ne font pas de prosélytisme en Israël, ce qui est pourtant leur raison d’être », relève Philippe Gonzalez. Une démarche dans laquelle s’inscrivent depuis plusieurs décennies des organisations comme CUFI ou encore l’International Christian Embassy in Jerusalem, qui œuvrent financièrement et matériellement pour l’établissement de colonies en Palestine.
Et après le choc de l’attaque perpétrée par le Hamas, la violence de la réplique de l’armée israélienne n’a pas fait changer les mentalités. « Les positions étaient déjà tranchées avant, estime Mokhtar Ben Barka, professeur d’histoire et de civilisation des États-Unis. Les prêches de certains pasteurs s’inscrivent dans le soutien à une logique d’éradication de l’ennemi, c’est-à-dire du Hamas. L’extrémisme du Likoud (parti du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, NDLR) résonne dans les milieux évangéliques nationalistes. »
De son côté, s’il juge l’ampleur de la mobilisation actuelle « inédite », à l’image de l’horreur du 7 octobre, Daniel Hummel précise que CUFI et les groupes similaires ne représentent pas l’ensemble de la communauté. « Comme dans le reste de la population, les évangéliques de moins de 40 ans sont moins susceptibles de soutenir Israël, remarque-t-il. C’est un point important pour le mouvement chrétien sioniste aux États-Unis. Il est vieillissant. Difficile de dire à quoi il ressemblera dans vingt ans. »
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Analyse Depuis les années 1970, les réseaux évangéliques américains, blancs et conservateurs, soutiennent activement l’État hébreu. L’attaque du 7 octobre 2023 n’a fait que renforcer cet appui, et l’extrême violence de la réplique israélienne ne semble pas provoquer d’atténuation dans leur discours.
Matthieu Lasserre et Alexis Buisson (correspondant à New York), le 21/01/2024 à 09:31
réservé aux abonnés
Lecture en 5 min.
Aux États-Unis, le soutien des évangéliques à Israël ne faiblit pas malgré la guerre
L’organisation évangélique Christians United for Israel organise régulièrement des rassemblements en soutien à Israël, comme ici le 17 juillet 2023, à Arlington (Virginie).
JACQUELYN MARTIN / AP
Il y a eu, en novembre dernier, la campagne de communication « Ne détournez pas le regard », avec des images d’otages israéliens détenus par le Hamas. Elle a, peu après, cédé sa place sur l’un des écrans géants de Times Square, à New York, à « Israël, tu n’es pas seule ». Dans ce spot de quelques secondes, on aperçoit pêle-mêle des bougies formant une étoile de David, un enfant brandissant une pancarte « Arrêtez le Hamas maintenant » et des manifestants tenant des drapeaux américains et israéliens.
Le montage est signé Christians United for Israel (CUFI), une organisation évangélique qui, du haut de ses dix millions de membres, s’autoproclame le groupe pro-Israël le plus important du pays. Fondé en 2006, il est dirigé par John Hagee, un pasteur et télévangéliste texan de 83 ans, connu pour ses propos controversés – en 2008, il avait notamment suggéré que Dieu avait « créé Hitler pour aider les juifs à atteindre la Terre promise ».
À lire aussiGuerre à Gaza : les antagonismes entre Israël et les États-Unis s’accentuent
Depuis l’attaque du 7 octobre dernier, sa mobilisation va bien au-delà des vidéos qui tournent en boucle à Times Square. Son groupe a levé 3 millions de dollars pour apporter une aide médicale aux rescapés et à leurs proches. Le pasteur a aussi participé à un grand rassemblement en soutien à Israël depuis Washington, en présence de 700 étudiants chrétiens et d’élus. « Les sionistes chrétiens montent la garde sur les murs de Jérusalem », avait-il averti. Il n’est pas le seul à se retrousser les manches. La mobilisation des leaders évangéliques prend des formes diverses : lettre de soutien de la puissante Conférence baptiste du Sud, envoi de volontaires sur place, levées de fonds et donation d’équipements – Franklin Graham, le fils du célèbre pasteur Billy Graham, a promis 21 ambulances, par exemple, lors de la visite d’un kibboutz frappé par le Hamas…
Théologie du dispensationalisme
Cette mobilisation en dit long sur l’importance de l’État hébreu aux yeux de cette communauté influente – les évangéliques représentaient 24 % de la population américaine en 2021. D’après Daniel Hummel, auteur d’un ouvrage sur les relations entre celle-ci et Israël (1), ce soutien s’explique par des facteurs théologiques. « Les chrétiens sionistes pensent que Dieu, à travers la Bible, a promis la terre d’Israël au peuple juif. D’autres croient qu’Israël et les juifs sont au centre d’un scénario de la fin des temps, point culminant des plans de Dieu pour la rédemption du monde, raconte l’historien. Certains affirment encore que l’État israélien et les États-Unis partagent des intérêts et un système de valeurs communs : ce sont tous les deux des démocraties et des piliers de la civilisation judéo-chrétienne… qui s’opposent à la menace islamiste iranienne. »
Ces facteurs expliquent pourquoi certains responsables évangéliques ont applaudi la décision de Donald Trump de déménager l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem en 2017. Et plébiscitent l’ancien président qui souhaite revenir à la Maison-Blanche. D’un point de vue religieux, ce soutien massif des évangéliques blancs américains à l’État d’Israël prend racine dans une théologie ayant connu son véritable essor au cours du XIXe siècle, notamment sous l’impulsion du prédicateur John Nelson Darby. « La théologie du dispensationalisme est le moteur de cette pensée évangélique, analyse Sébastien Fath, chercheur au CNRS et spécialiste du protestantisme évangélique. Les dispensations opèrent un certain nombre de distinctions dans la Bible, notamment entre Israël et l’Église. »
Cette interprétation de plusieurs prophéties de l’Ancien Testament, mais également de passages bibliques dans l’Épître aux Romains ou dans le Livre de l’Apocalypse, soutient ainsi que le retour des juifs en Israël « précède de peu le retour glorieux de Jésus » sur Terre, la parousie, poursuit Sébastien Fath. « À partir du moment où le retour du peuple juif entre dans le plan de Dieu, s’y opposer c’est s’opposer à la volonté de Dieu. » D’où un soutien sans faille de toute une frange évangélique conservatrice à l’État israélien.
« Si le schéma eschatologique est une motivation puissante, elle n’est pas la seule », nuance Philippe Gonzalez, sociologue et professeur à l’université de Lausanne. Pour le spécialiste du protestantisme, ce sionisme chrétien est indissociable du nationalisme évangélique américain, convaincu que leur pays est béni. « La bénédiction des États-Unis serait le résultat d’une alliance passée avec Dieu, précise le chercheur. Dans différents pays dans lesquels il y a des leaders évangéliques soucieux de la prospérité nationale, il y a un fort soutien à l’État d’Israël car c’est une manière de rentrer dans le plan de Dieu. »
Un sionisme chrétien vieillissant
C’est pourquoi, depuis les années 1970, l’État israélien renforce ses liens avec la droite évangélique des États-Unis. À tel point que ses responsables ont pu être invités à prier dans l’enceinte de la Knesset, le parlement israélien. Un symbole fort. Pour perpétuer leur alliance, les sionistes chrétiens sont même prêts à abandonner l’un des piliers de leur croyance. « Les évangéliques ne font pas de prosélytisme en Israël, ce qui est pourtant leur raison d’être », relève Philippe Gonzalez. Une démarche dans laquelle s’inscrivent depuis plusieurs décennies des organisations comme CUFI ou encore l’International Christian Embassy in Jerusalem, qui œuvrent financièrement et matériellement pour l’établissement de colonies en Palestine.
Et après le choc de l’attaque perpétrée par le Hamas, la violence de la réplique de l’armée israélienne n’a pas fait changer les mentalités. « Les positions étaient déjà tranchées avant, estime Mokhtar Ben Barka, professeur d’histoire et de civilisation des États-Unis. Les prêches de certains pasteurs s’inscrivent dans le soutien à une logique d’éradication de l’ennemi, c’est-à-dire du Hamas. L’extrémisme du Likoud (parti du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, NDLR) résonne dans les milieux évangéliques nationalistes. »
De son côté, s’il juge l’ampleur de la mobilisation actuelle « inédite », à l’image de l’horreur du 7 octobre, Daniel Hummel précise que CUFI et les groupes similaires ne représentent pas l’ensemble de la communauté. « Comme dans le reste de la population, les évangéliques de moins de 40 ans sont moins susceptibles de soutenir Israël, remarque-t-il. C’est un point important pour le mouvement chrétien sioniste aux États-Unis. Il est vieillissant. Difficile de dire à quoi il ressemblera dans vingt ans. »
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(Romains 7:21) 21 Je trouve donc cette loi dans mon cas : quand je veux faire ce qui est juste, ce qui est mauvais est présent chez moi.
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