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Les Religions africaines

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Message  Arlitto Dim 16 Oct 2016, 13:20

Les Religions africaines


Les religions traditionnelles africaines sont l'ensemble des religions traditionnelles des différents peuples de l'Afrique subsaharienne. Leurs origines remontent à une époque très ancienne.

   La zone verte indique l'Afrique subsaharienne, et par extension l'ère d'influence des religions traditionnelles Africaines.

   En Afrique, deuxième continent de la planète par sa taille, les adeptes de religions africaines son réparties en 43 pays, et se chiffrent à plus de 100 millions, ce qui reprèsente 70% des adeptes des religions traditionnelles dans le monde ; ils ne représentent cependant, dans toute l'Afrique, que 12% de la population, 45% des Africains étant chrétiens et 40% environ musulmans, ce qui n'empêche pas que ces deux religions soient parfois très nettement influencées dans leur pratique par la religion traditionnelle originelle, interprétées quelquefois de manière particulière, à la lumière des coutumes africaines (on note une grande influence des anciennes religions traditionnelles, notamment au sein des Eglises africaines indépendantes.

   C'est la conquête de l'Afrique du Nord et de l'Afrique de l'Est par les Arabes, aux VIIe et VIIIe siècles, qui fit passer ces régions sous l'hégémonie de l'islam, religion dominante jusqu'au XIXe siècle ; la colonisation européenne, à partir du XVe siècle, fut tout aussi déterminante, en ce qui concerne l'œuvre de christianisation, qui ne devint efficace qu'à partir du XIXe siècle, quand Français, Anglais, Portugais, Allemands et Italiens se partagèrent une grand partie du continent.

   Le cadre religieux du continent africain, si l'on tient compte des différentes structures économiques et sociales et de la complexité des dynamiques historiques (déplacement des populations, modifications des formes de production, etc.), est aujourd'hui d'une grande richesse qui correspond à la variété ethnique de la population. En effet, si chaque population négro-africaine a hérité de la religion originelle, dans la vallée du Nil, qui fait partie intégrante de son héritage culturel, par la suite s'est opérée une diversification dans la pratique, dans les noms donnés à chaque élément de la religion, suivant les langues, le milieu, etc. Mais toutes les religions africaines traditionnelles gardent le modèle d'origine, une base commune surtout centrée sur le culte des ancêtres, la croyance en la réincarnation, le coté initiatique et ceci chez la majorités des peuples ou ethnies en Afrique subsaharienne, la place particulière que tient la femme. Le prosélytisme n'est pas répandu parmi les peuples négro-africains, car la religion africaine est partout semblable, seuls les noms donnés au éléments religieux changent selon les peuples. De plus en Afrique religion et tradition se confondent, ne font qu'un.

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Message  Arlitto Dim 16 Oct 2016, 13:20

Religion yoruba

La religion yoruba est pratiquée par les Yoruba, groupe ethnique d’Afrique de l’Ouest, dont le territoire s’étend de la partie sud-occidentale du Nigeria à la partie orientale du Bénin. D’autres groupes d’ascendance yoruba sont connus au Ghana et au Togo. Avec la traite négrière, les croyances religieuses yoruba se sont disséminées dans les colonies américaines, contribuant, de façon fondamentale, à la création de nouvelles pratiques religieuses « afro-américaines » (candomblé, santería, batuque…), issues de la rencontre des cultures africaines et européennes dans un contexte de domination politique et symbolique.

La religion yoruba se structure autour du culte des orişa (appelés orixás au Brésil et orichas à Cuba), les divinités médiatrices entre un être suprême inaccessible, Olodumare (ou Olorun), à qui on n’adresse aucun culte particulier, et les hommes. Pour cela, les orişa sont censés concentrer des aspects différents du pouvoir d’Olodumare, son aşe, régnant ainsi sur des domaines spécifiques de la nature (les eaux, les vents, les plantes…) ou des activités humaines (la justice, la guerre…). Les divinités yoruba peuvent être pensées comme des « ancêtres mythiques », leur culte se déroulant en pays yoruba sur une base lignagère. Lors de l’arrivée des esclaves yoruba au Brésil ou à Cuba, les orişa se sont transformés en protecteurs individuels, « pères » et « mères » du futur initié.

D’autres entités très vénérées parmi les Yoruba sont les Egun ou Egungun (les ancêtres divinisés) et les Iyami (les mères ancestrales) qui incarnent le pouvoir féminin. Elles sont associées parfois aux ajés, les « sorcières », leur pouvoir pouvant être utilisé pour le bien ou pour le mal. En effet, dans la religion yoruba, la notion judéo-chrétienne de bien et de mal est inexistante. 

Elle a été introduite lors du contact avec les missionnaires chrétiens à la fin du XIXe siècle. 

Les Yoruba croient aussi en une réincarnation partielle, puisque, au moment de la mort, l’orí (la tête, dans laquelle est fixé le destin personnel) retourne à l’orun (le monde spirituel). Quand un enfant est conçu, avant de descendre sur la terre, il doit choisir un orí qui l’accompagnera dans son existence. Les plus chanceux choisiront des têtes porteuses d’une bonne destinée, qui pourra être améliorée grâce aux sacrifices (ebó) et aux rituels appropriés.

La divination joue un rôle central dans cette religion, et notamment le système d’Ifá avec ses ese (vers) et ses itan (histoires) qui orientent l’ensemble des activités sociales et religieuses. Devenue aujourd’hui une religion minoritaire dans son pays d’origine, la religion yoruba jouit d’une plus grande visibilité dans ce qui est appelé la « diaspora africaine » aux Amériques. Cette religion, « globale » ante litteram, vu l’interpénétration de ses pratiques et de ses croyances avec d’autres religions africaines (fon, ewe, nupe, akan…), a connu une nouvelle phase de globalisation depuis le début des années 1980, avec l’essor des Congrès mondiaux yoruba ou COMTOC (Congrès mondiaux sur la tradition et la culture des orisha). Dans ces forums internationaux, on essaie d’unifier les pratiques religieuses issues de la religion yoruba, en les « purifiant » des influences exogènes, notamment chrétiennes, dans un désir d’« orthodoxisation » et de standardisation difficilement réalisable. Le rôle joué dans ces congrès – et autres activités associées – par les babalawo (les spécialistes de la divination par Ifá) s’avère extrêmement important, facilitant la réintroduction de pratiques tombées dans l’oubli dans la « diaspora », telles que la divination par les odús (les configurations divinatoires) au Brésil.

La diffusion, sur trois continents (Afrique, Amérique et Europe) des pratiques religieuses issues de la religion yoruba, a considérablement accru le nombre de pratiquants de la « religion des orisha ». De plus, l’importance grandissante accordée au corpus de connaissance d’Ifá permet d’intégrer la religion yoruba aux « religions du livre », lui accordant une nouvelle légitimité en tant que « religion universelle » (World religion).

Bibliographie :

Abimbola, Wande 
1997 Ifá Will Mend Our Broken World : Thoughts on Yoruba Religion and Culture in Africa and the Diaspora, Roxbury, MA : Aim Books.

Apter, Andrew
1992 Black Critics and Kings : The Hermeneutics of Power in Yoruba Society, Chicago : University of Chicago Press.

Barnes, Sandra T. (ed.)
1997[1989] Africa’s Ogun : Old World and New, Bloomington, Indianapolis : Indiana University Press.

Drewal, Margaret Thompson 
1992 Yoruba Ritual : Performers, Play, Agency, Bloomington, Indianapolis : Indiana University Press.

Ellis, A. B.
1894 The Yoruba-Speaking Peoples of the Slave Coast of the West Africa : their religion, manners, customs, laws, language, etc., London : Chapman and Hall.

Epega, D. Onadele
1931 The Mystery of Yoruba Gods, Ode Remo, Nigeria : Imole Oluwa Institute.

Johnson, Samuel
1921 The History of Yorubas, Lagos : CSS Bookshop.

Idowu, E. Bolaji
1962 Olodumare : God in Yoruba Belief, London : Longmans.

Matory, J. Lorand 
1994 Sex and the Empire That is No More : Gender and the Politics of Metaphor in Oyo Yoruba Religion, Minneapolis : University of Minnesota Press.
2005 Black Atlantic Religion : Tradition, Transnationalism, and Matriarchy in the Afro-Brazilian Candomblé, Princeton, Princeton University Press.

Peel, J. D. Y. 
2000 Religious Encounters and the making of the Yoruba, Bloomington, Indianapolis : Indiana University Press.

Verger, Pierre
1957 "Notes sur le culte des Orisa et Vodun : à Bahia, la Baie de tous les Saints, au Brésil et à l’ancienne côte des Esclaves en Afrique", Mémoires de l’Institut français d’Afrique noire (IFAN), n° 51.

Yorùbá Bàtá: A Living Drum and Dance Tradition from Nigeria 



Introduction to Yorùbá Bàtá Performance as practiced in Èrìn-Òsun, Nigeria. Featuring Làmídì Àyánkúnlé, master bàtá drummer from Èrìn-Òsun

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Message  Arlitto Dim 16 Oct 2016, 13:21

Les racines africaines des syncrétismes 

La religion Yoruba racines de la santéria, Candomblé, Umbanda et d'autres


Longtemps bercés par les sirènes de la république nous avons partagé avec l’Afrique nos ancêtres communs les gaulois. Loin de toute arrière-pensée, nous étions tout compte fait heureux de prêter à ces pauvres noirs un peu de ces racines qui semblaient tant leur manquer. Pour des générations élevées au grain du colonialisme, l’africain était un type bizarrement fringué, planté devant sa case à surveiller ses trois maigrichonnes chèvres, croyant à balivernes dignes d’un moyen-âge que nous, nous avions relégué au rang des antiquités superstitieuses.Aujourd’hui nous savons enfin que l’Afrique avait ses grands royaumes, ses cultes riches de mythologie et de symboles, et un art sacré dont la splendeur éclate dans nos plus grands musées. Sortis d’une longue période d’occultation réapparaissent ça et là, parfois sur leur terre natale, souvent dans des exils lointains, les témoins de ces archaïsmes culturels et cultuels. Rafraichissantes pour nos concepts religieux, ces apparitions sont de plus des occasions exceptionnelles nous permettant d'oberver le résultat de l’évolution en divers milieux.

A ce jeu le peuple Yoruba est sans conteste l'échantillon témoin parfait. Envahi par le christianisme et l’islam dans son pays de naissance, c’est dans sa déportation que le culte va exprimer toute sa vigueur en donnant naissance ou en influençant la plupart des syncrétismes afro-américains.
Si nous retrouvons les yorubas dans les rivages des Caraïbes, c’est vers le Nil qu’il nous faut en rechercher les origines. Selon Olumide Lucas (The Religion of Yoruba) l’ethnie yoruba serait originaire d’Egypte. Similitudes de croyances et de noms semblent donner corps à cette probabilité. Quoiqu’il en soit le peuple Yoruba est difficile à suivre. D’abord parce que sa mythologie se mélange parfois avec son histoire, mais surtout parce que l’attribution du terme yoruba à un ensemble de population résulte d’adaptations faites par les envahisseurs. En premier les Houssa des voisins du nord et en suite les colons européens. En fait l’origine pure et dure du peuple yoruba est la ville d’Ile-Ife (actuel Nigéria). Le terme Yoruba est accordé à un ensemble de peuplades qui « parlaient le Yoruba » et s’identifiaient à la communauté, les Ifé, les Isa, et d’autres qui ne s’identifient pas, comme les Sabe et les Idaisa, même si tous ces groupes partagaient une même mythologie et une même culture.

Le nom Yoruba viendrait de « YO-RU-EBO » qui voudrait dire « ceux qui font des offrandes aux Orishas ». Le mythe de la création des Yoruba fait de la ville d’Ile-Ife l’origine de toute chose. Cette ville aurait été créée par l’Orisha Oduduwa, qui plutôt qu’un dieu aurait été véritablement un roi dont les parentés auraient créés de nombreuses villes dont Oyo et Benin. Les villes ou royaumes étaient dirigées par un roi (oni) mais la ville d’Ile-Ife conservait la primauté religieuse apparaissant comme la Mecque du culte Yoruba. C’est avec l’arrivée des Fulani venus du califat de Sokoto que l’Islam fut introduit au Yorubaland. Guerres avec le Dahomey, luttes intestines affaiblirent l’ensemble du peuple Yoruba permettant la capture d’esclaves et leur déportation vers les Amériques.

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Message  Arlitto Dim 16 Oct 2016, 13:21

La cosmogonie


Nous venons de situer les Yorubas dans leur contexte, mais ce qui nous intéresse ici c’est leur religion, aussi devons nous aborder en premier leur cosmogonie dans sa version originale, c'est-à-dire non encore influencée par ses apports américains. Avant tout chose il nous faut préciser qu’à l’image de nombreux animismes africains le religion des yorubas ne propose aucun concept métaphysique ou philosophique, ni de paradis ni d’enfer, mais une démarche destinée à relier le monde matériel des vivants au monde spirituel ce que nous pourrions appeler l’ici-bas à l’au-delà.

Toute la création est une sphère constituée de deux moitiés, l’une représentant le royaume de tous les êtres vivants (humains, animaux, plantes) appelé Ayé et l’autre contenant les pouvoirs spirituels (Orun-réré) , où se situent les Irunmoles, le Orishas, les Ara Orun (ancêtres) et les ajoguns (esprits malveillants). Notons ici que le terme Irunmole est souvent synonyme d’Orisha, pourtant certaines versions distinguent les deux noms. Irunmole serait en fait les esprits supérieurs situés dans l’Orun (ciel) mais qui ne viendraient jamais dans l’Ayé, alors que les Orishas sont chargés d’établir les liens entre ces deux règnes et circulent donc entre les deux.

La religion Yoruba comme les autres animismes ayant participé à la formation des syncrétismes afro-américains, est un monothéisme. Oloddumare en est le Dieu unique, absolu, créateur et source de toutes choses. Son nom signifie « Seigneur de notre éternel destin ». Il n’est pas en contact avec les hommes autrement que sous sa seconde et troisième manifestation, de façon directe par Olorun est indirecte par Olofin. Oloddumare ne possède aucun autel, ni statues, ne fait pas l’objet de culte ni d’offrande et ne possède pas de collier.

Tous les êtres humains possèdent un Ayanmo ou destin manifeste qui doit amener la conscience spirituelle que possède la personne dans le monde physique (Ori-Inu), à s’élever pour rejoindre le monde spirituel d’Ori-Orun, autrement dit à se convertir en pur esprit avec Oloddumare. Pour parvenir à ce but on pourra se faire aider par les Orishas et les Ara Orun. Les Orishas sont les divinités chargées par Oloddumare de veiller à maintenir son ordre dans le monde matériel c’est à dire à assister les hommes dans leur destinée mais aussi parfois les contraindre à suivre cette destinée s’il s’en écartent trop. Pour comprendre la nature des autres entités intervenant dans le processus nous devons maintenant en venir au cycle de vie et de mort.

Selon les croyances yorubas l’être humain est constitué de trois éléments. Le premier est [ltr]Ara[/ltr] notre corps physique qui la mort devient un oku ou cadavre. Nous trouvons en suite Eminotre esprit, le siège de la conscience qui stocke l’ensemble de l’expérience acquise dans notre actuelle incarnation. Pour finir vient Ori, notre âme, qui conserve en mémoire les acquis de nos anciennes incarnations mais dont le souvenir ne nous est pas accessible avant notre mort. A la mort justement Ori et Emi désolidarisés d’Ara ne forment plus qu’une seule entité qui restera en attente de son retour en Ayé au travers de la réincarnation (atunwa) ou alors parvenue au terme de son évolution sera admise au royaume d’Orun pour devenir pur esprits compagnon des orishas. 

Lorsque le retour vers l’ayé s’avèrera nécessaire, le couple Emi-ori deviendra un Egun (Mort). Si la vie terrestre de l’egun a été respectable il devient alors Omaluabi un esprit ancestral bienveillant pouvant être vénéré par sa lignée. En revanche si l’egun a eu une vie dissolue il devient Ajogun un esprit obscur et malveillant porteur de tous les maux qui affligent l’homme au cours de son incarnation, la mort, la maladie, la haine, l’isolement, l’égoïsme, la malédiction, la perte et l’abandon. Comme on le voit les maux qui frappent l’homme durant son incarnation ne sont pas uniquement de son fait mais résident dans la présence d’entités nuisibles qui vont s’acharner à lui rendre la vie impossible. Cette croyance est en Afrique la source de la toute puissance que la sorcellerie étend sur la société et l’individu en permettant à chacun de se dédouaner des responsabilités pour rejeter les conséquences de ses actes sur autrui passant ainsi du statut de coupable à celui de victime.

Oloddumare est le grand propriétaire de l’ Ashé que l’on put assimiler au souffle créateur ou à l’énergie vitale ou encore à l’âme dont la force va se répandre dans toute création et se retrouver non seulement chez les orishas ou les ancêtres mais dans chaque éléments matériel comme les sources, les rivières, les forêts etc…Olorun deuxième manifestation d’Oloddumare est le propriétaire du ciel autrement dit du monde spirituel, et il est en contact direct avec les hommes. Il est le propriétaire de la vie et donne l’énergie aux créations terrestres, il possède les couleurs la lumière l’air la force et l’effort. Il n’est en revanche pas reçu comme un Orisha.
Olofin, la troisième manifestation d’Oloddumare est le propriétaire du palais dont les courtisans sont les Orishas qui servent d’intermédiaires entre lui et les hommes. Rien ne peut réussir sans son intervention, mais il vit retiré et ne descend que très rarement dans le monde matériel. C’est lui qui répartit l’Ashé entre les Orishas et c’est encore lui qui a autorisé Orunmila à descendre sur terre pour être prophète. Orunmila est l’Orisha de la divination et l’oracle suprême. C’est le bienfaiteur de l’humanité et son principal conseiller. C’est un grand guérisseur dont il ne faut jamais ignorer les avis, auquel cas Eshu le grand donneur de leçon nous rappellera à l’ordre. C’est par la divination de l’Ifa qu’Orunmila communique avec les prêtres spécialisés les babalawos. C’est encore Orunmila qui est présent auprès de l’egun prêt à se réincarner afin de l’aider dans le choix du destin qu’il se fixe pour sa future existence en Ayé. 

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Message  Arlitto Dim 16 Oct 2016, 13:22

Le culte Ifa, la divination


La divination relève d’une technique extrêmement sophistiquée, et pour la comprendre il nous faut aborder la mythologie Yoruba. Olodumare a créé l’univers en acceptant un seul témoin ’ Orunmila qui a créé le monde des hommes. Olodumare donna à Orunmila la méthode parfaite pour que par son intermédiaire puisse être établi le lien entre les Orishas et l’être suprême, en prenant comme intermédiaire l’Orisha Ifa .Cette recette secrète permettant de pénétrer le mystère repose sur le symbolisme du nombre « seize ». Le monde des hommes est lui-même sorti d’un palmier à seize branches situé au centre de la ville d’Ile-Ife, ses branches formant en quatre points cardinaux les seize quartiers de la ville. Oluda, le premier roi (Oni) d’Ife eut seize fils qui fondèrent les seize royaumes yorubas. Orunmila apprit l’art de la divination aux seize fils qui la transmirent à leurs successeurs les Babalawos (les devins ou prêtres d'Ifa).

Le seize représente les seize possibilités de vie humaine. Ces seize principes appelés Odu ou Oladu eurent à leur tour seize fils chacun représentant ainsi 256 possibilités. Chaque possibilité (odu) possède seize poèmes (ese) qui transmettent des indices pour les séances de divination, ce qui donne finalement 4096 scénarii possibles. En d’autres termes lorsqu’une question est posée à un babalawo (devin) il existe 4096 réponses possibles, soit autant de poèmes qui devront être interprétés par le devin pour donner une réponse. Ce système s’apparente aux hexagrammes du Yi-King qui d’ailleurs donnent en multipliant 64 par lui-même le résultat de 4096. 
Ici le tirage ne se fait pas au moyens de baguettes ou de pièces de monnaie, mais en utilisant les 18 noix sacrées ou le chapelet divinatoire donnant 16 signes en 16 maisons soit 256. L’utilisation des noix s’appelle le Grand jeu et le chapelet le Petit jeu. Les Babalawo héritiers du savoir transmis par Orunmila sont les témoins de la destinée les « parents des secrets » qu’ils révèlent par l’utilisation de la planche Ifa , Ifa étant devenu le nom du rituel divinatoire.Le plus grand babalawo est celui de la ville sacrée Ile-Ife le Vatican Yoruba.

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Message  Arlitto Dim 16 Oct 2016, 13:23

Les Egungun, le culte des morts


Le culte des ancêtres est comme dans la plupart des religions africaines un point majeur de la croyance. Entre les vivants et les morts existe un lien indélébile dont il faut tout au long de la vie manifester la vigueur. Parfois invité à participer à des actes du quotidien le mort fait aussi l’objet de manifestations spéciales qui chez les yoruba passent par les mascarades consacrées à l’esprit des disparus.L’Egungun est cette incarnation de l’esprit du mort revenu chez les vivants pour visiter ses enfants. C’est un officiant qui revêt le masque d’Egungun, et qui s’enveloppe des pieds à la tête de tissus afin de cacher toutes les parties de son corps faute de quoi celui qui la verrait, mourrait. Le masque porté par le figurant représente souvent un animal, serpent, léopard, ou un étranger (européen). Une fois la ville purifiée par les médecines et l’eau bénite, la mascarade peut commencer. A cette occasion les morts communiquent avec les vivants au moyen de la transe des danseurs, et font part de leurs avis afin d’améliorer le sort de la communauté. Le culte des ancêtres est généralement destiné à la préservation de l’ensemble social vécu comme un corps à lui tout seul, l’individualité devant être mise au service de ce corps. 

Cette préférence sociale n’empêche en aucun cas que la société yoruba soit fondée sur le clan ou la famille. Mais pour les Yoruba la notion de famille ne se limite pas aux enfants et parents, mais inclut oncles, tantes, petits enfants, familles unies par un mariage commun. En fait la famille est le clan. Le chef de la famille la plus nombreuse est le chef du clan, le Bale. Il établit la justice et doit adopter tout enfant du clan qui se retrouverait orphelin. Lorsque plusieurs clans cohabitent dans un même village il finissent par se considérer comme de même famille. Lorsque naît l’union de communautés de villages, la tribu, les Bale choisissent un chef commun, un Oba, qui sera responsable de la justice et des affaires économiques et sociales jusqu’à sa mort. 

Les Yoruba croient à la réincarnation et a un jugement post-mortem prononcé par Olorun. De ce jugement porté sur la vie écoulée dépendra les conditions de la vie future. Ni plus ni moins que la notion de Karma. En principe l’âme du mort devra se réincarner dans deux générations chez les descendants de son ancienne famille. Cette prédilection familiale affirme l’importance du culte des ancêtres et de la nécessité de conserver avec eux de bonnes relations.

Comme n’importe quel groupe social ou individu les yoruba cherchent à se préserver des mauvais sorts et des maladies. La particularité chez eux est que ces évènements sont toujours le résultat d’une action maléfique entreprise par une sorcière. Jamais un yoruba ne peut être responsable de son sort. Le pouvoir de la sorcière ne peut atteindre qu’un individu. Catastrophes ou épidémies sont du seul pouvoir de Shango le dieu du tonnerre ou de Shopona le dieu de la vérole. Pour défaire le pouvoir d’une sorcière il faut consulter le babalawo, prêtre d’Ifa dont les services ne sont pas donnés.

S’il ne peut se payer le babalawo, il ne reste à la victime qu'à s’assurer une vie irréprochable ou de rentrer dans une communauté de culte qui par la connaissance de la magie noire possède tous les antidotes. La société la plus puissante est celle des [ltr]Ogboni[/ltr]. Cette société dont les pouvoir s’exerçaient même dans le monde politique pouvait décider l’élimination de tout adepte ayant perdu ses faveurs. Le chef des Ogboni envoyait une tasse de poison chez le banni et ce dernier devait en boire le contenu.

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Message  Arlitto Dim 16 Oct 2016, 13:23

Les Ibeji, le culte des jumeaux

Les Religions africaines Ibeji 

Avant d’en venir aux Orishas il nous faut aborder un aspect particulier de la vie Yoruba, le culte des Jumeaux ou « Ibeji » (appelé Hoho chez les Fon). Ce culte repose d’abord sur un fait génétique avéré. Nous avons constaté qu’aux USA survenait la naissance de 8 jumeaux pour mille naissances. Chez les yoruba ce rapport est de quarante pour mille, ou encore, dans le monde il nait un jumeau toutes les 80 naissances alors que chez les Yoruba il en nait un toutes les vingt naissances. Une autre façon de se faire une idée est de comparer le taux mondial de naissance gémellaires de 8/1000 avec le taux de la ville nigériane d’ Igboora qui est de 150/1000.

Durant longtemps l’arrivée de jumeaux dans une famille était considérée comme un malheur. Un tel accident ne pouvait s’expliquer que par l’infidélité de la mère. En pareil cas les enfants, et la mère étaient tués. Les conséquences sur la démographie furent telles que les Yoruba durent changer leur façon de voir. Dans ce cas rien de tel qu’un oracle pour dire de faire autrement et vers le milieu du XIXème siècle les jumeaux devinrent des signes positifs revêtus de pouvoir surnaturels. Des fêtes sont organisées à leur naissance et le babalawo les consacre à l’Orisha IBEJI. (IBI= né et UJI=eux). 

La tradition Yoruba veut que les jumeaux ne possèdent qu’une seule âme. Ainsi quand l’un d’eux meurt celui qui reste est déséquilibré et se retrouve en danger. De plus la colère du jumeau mort devient une menace pour celui qui reste et sa famille. Pour parer à ces conséquences néfastes la famille consulte le babalawo et fait fabriquer une petite statue en bois qui contiendra l’âme du défunt après que le babalawo ait pratiqué le rituel nécessaire. Devenu le gardien de l’âme du jumeau mort, l’Ibeji recevra de sa mère toutes les attentions qu’il aurait eu de son vivant. Il est lavé, nettoyé et même convié à la tété. Parfois les copeaux des statuettes sont utilisés pour concocter des médecines ce qui explique les abrasions constatées sur ces statuettes. Si les deux jumeaux meurent il n’est en principe pas utile de leur sculpter des Ibeji. Mais comme ces jumeaux sont pourvus de pouvoir surnaturels supérieurs à ceux des ancêtres « normaux » des figurines seront sculptées pour recevoir les offrandes destinées à s’assurer de la protection des disparus.

Il est coutumier que le premier né soit appelé Taiyewo ou de façon abrégée Taiwo, Taiye ou Taye, nom qui signifie «le premier à goûter le monde». Le deuxième né s’appelle Kehinde ou «celui qui arrive après». On dit que Kehinde envoi Taiyewo en éclaireur pour voir comment va la vie dans le monde. Taiyewo communique alors par des cris avec Kehinde pour l’informer si la vie est bonne ou non et ainsi selon les intonations de ces cris Kehinde pourra choisir de venir au monde vivant ou mort. De fait si Kehinde nait en dernier il est considéré comme l’ainé puisque c’est lui qui a exercé son autorité sur Taiyewo en l’envoyant en mission de reconnaissance. L’attribution d’un nom en fonction de l’ordre des naissances ne s’arrête pas aux seuls jumeaux. Le premier enfant qui naitra à la suite des jumeaux sera appelé quel que soit le sexe, Idowu ou Esu lehin Ibeji ce qui signifie "le polisson qui vient après les jumeaux" parce que les Idowu sont souvent des enfants difficiles. S’il vient d’autres enfants ils seront appelés successivement Alaba, puis Oni, Ola ou Idogbe.

On peut souvent observer les figurines transportées par la mère et débordant de sa tunique. Si dans les premières années c’est la mère qui soigne les Ibeji et place les statuettes près de son lit, plus tard ces Ibeji sont déposés dans le sanctuaire familial. Quand la mère meurt, si les deux jumeaux sont aussi décédés, plus personne ne s’occupera des figurines. En revanche s’il reste un jumeau vivant, c’est lui qui prendra en charge la statuette jusqu’à sa propre disparition. Les Ibeji représentent toujours un adulte, et le sexe est celui du jumeau mort. Ils portent des anneaux autour des poignets et des chevilles ainsi que des colliers des chaines et des boucles d’oreille. Dans une forme de syncrétisme il arrive que des amulettes islamiques soient gravées sur le dos des statuettes. Au Brésil le culte des jumeaux est syncrétisé avec celui des saints Côme et Damien.

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Message  Arlitto Dim 16 Oct 2016, 13:23

Les Orishas en V.O.


Il est temps maintenant d’en venir au point central du culte yoruba, les Orishas.L’univers a été créé par Olodumare et il a chargé des forces spirituelles les « Irunmole » ou Orishas de maintenir les choses en place. Les sources divergent quant au nombre des Orisha, mais les plus fréquentes donnent un chiffre de 800. 400 demeurent dans le monde des esprits, le non manifesté, et 400 autres divisés en 200 forces positives et 200 négatives se promènent entre Orun (les esprits) et Aye le royaume de la terre. Chaque Orisha a sa personnalité, et sa conscience influence la nature et les hommes. C’est par l’Ifa, le rituel de divination que l’adepte prend contact avec les Orisha. Si chaque Orisha a sa personnalité, il est comme tout a chacun susceptible de plaire ou déplaire. Ainsi certains Orisha se voient plus ou moins honoré en fonction des localités ou des régions concernées. 

Nous allons donner une courte liste des principaux Orishas. 

Nous avons essayé d’en rester aux caractéristiques originales des Orishas telles qu’elles existaient avant qu’elles aient subi les diverses transformations dues à leur émigration vers les Amériques. Isoler ces caractères originaux avec certitude nécessiterait un véritable travail d’historien qui dépasse le cadre de cette courte étude. Les données transmises ici ne tiennent donc pas compte de l’évolution des typologies Orishas dans les divers cultes qui les ont accueillis tel que la Santéria le Candomblé ou l ’Umbanda. De même nous avons pour la plupart des dieux, ignoré leur correspondance chrétienne du fait que celle-ci fait aussi partie de l’évolution. Les divers noms cités eux-mêmes concernent pour la majorité les traductions espagnoles ou portugaises des noms Yoruba.

De toute façon nous avons bien compris que les Orishas sont les personnifications de concepts, de forces, qui ont contribués et contribuent au maintient et à l’évolution de la vie tant matérielle que spirituelle. Ce qui est original et touchant ici, est que contrairement à nos religions du plus que parfait qui veulent faire que l’homme une lessive à l’ âme plus blanche que blanc, les Orishas sont les miroirs de nos faiblesses de nos doutes et de nos forces. Bien loin d’établir une arrogante domination sur l’homme, ils n’hésitent pas à mouiller la chemise s’il le faut, en assumant des patronages aussi peu enviables que celui de la variole, celui des marécages, de la boue , et même de ce truc bizarre, le cordon ombilical. Les Orisha oxygènent nos esprits, soulage nos âmes. Nous sommes loin de ces grands dieux donneurs de leçon qui à l’abri de la souffrance et de la mort dans leurs Edens dorés oublient qu’ils nous ont donné si peu de moyens pour tant d’exigence.

Quelques Orishas

Olorun
Aussi appelé Olodumare, Olofin-Orun, Ogus, Oba-Ajiki 
Il est le père du ciel et créateur de l’univers, parfois androgyne ou femelle. Dieu de la paix et de l’harmonie il contrôle tous ce qui est blanc. (nuages, les os..) Olorun signifierait « propriétaire de l’utérus arc-en-ciel », ce sui devrait être compris symboliquement comme le dépositaire de la somme des couleurs possibles, le blanc, qui sous l’action du prisme donne l’infinie multitude des couleurs. Olorun est le père d’Obatala lui-même père des Orishas, et de Odudua (Oduduwa) que nous avons déjà rencontré et qui serait l’ancêtre des rois yoruba.

Aganju
Aganju est le dieu des volcans et des déserts (Saint Christophe).Il serait le troisième Orisha apparu sur la terre il est associé avec Shango dont il serait ou le père ou le frère. Il est en relation avec l’épaule. Les autres attributions relèvent d’avantage du culte Lucumi en particulier la présence de l’Orisha dans le processus de germination, la production de richesse.

Babalu Aye
Connu sous le nom de Omulu, Shonponno, Obaluaye, Saktapa, il est le dieu de la maladie Il est le fils de Yemaja et Orungan. Il est aussi le dieu de la guérison et l’eau fraiche l’apaise. Dans la santéria il est syncrétisé par Saint-Lazare. Dans la mythologie du Dahomey il est le dieu de la variole. Aujourd’hui il est invoqué pour guérir le Sida. Ses couleurs sont le Bleu, le brun, le blanc, et ses offrandes sont faites de riz, de blé, de maïs, d’ognon d’ail, du poisson fumé

Yemaja
Yemaja, Ymoja, lemanja nan Borocom, lemanja Bomi, lemanja Boci en Afrique, Yemanja, lemanja ou Janaina au Brésil, la Sirène à Haïti, Yemalla, ou Yemana aux dans le voodoo de la Nouvelle Orléans, cette déesse est la mère des déesses, patronne des femmes enceintes. Son nom signifierait en yoruba « mère dont les enfants sont comme des poissions ». Elle est représentée comme une vieille femme habillée de noir et mauve liée à la boue, les marécages et la terre.

Eshu
Aussi appelé Elegua ou Elegba il est un des plus important Orisha. Il est le protecteur des voyageurs, dieu des routes et particulièrement des carrefours. Il est le maître du hasard apportant fortune ou infortune. Il personnifie la mort en temps que passeur d’âme. Toute cérémonie doit commencer par une offrande à Eshu au risque de la rendre improductive. Eshu est un maître sévère mais juste.

Shango
Sango Xango Shango Chango Jakuta.Un des Orishas les plus populaire. Dieu du tonnerre et de l’éclair il aurait été le troisième ou quatrième roi du royaume d’Oyo déifié à sa mort.

Ogun
Dans la mythologie yoruba Ogun était à l’origine un chasseur appelé Tobe Ode. Il aurait été le premier Orisha à descendre dans le royaume terrestre pour y trouver une habitation convenable pour abriter la vie humaine. Pour cette action il fut appelé Oriki « premier des Orishas à être venu sur terre » Il a été l’objet des premiers cultes yoruba dans une lieu nommé Ekiti, et aurait été enseveli dans un endroit nommé Ire-Ekiti (mais sans mourir). Il peut être agressif, peut aussi diriger la tête des femmes et des hommes efféminé dont il est amateur. Il est aussi lié au sang et est consulté lors de maladie du sang. Il apparaît sous de nombreux noms Ogun Alara, Ogun Elemona …

Ochosi
Oxossi, ochossi Oshossi Osawsi.Dieu de la forêt, il est chasseur et chaman. Il est aussi le dieu de ceux qui travaillent avec les animaux.

Obatala
Oxala, Orixala, Orisainla.Dieu créateur il fit le corps humain auquel son père Olorun insuffla la vie. Olorun créa l’univers, Obatala le monde et Oduduwa l’humanité. Il est le propriétaire de toutes les têtes. Il a créé les handicapés et en est devenu le patron. Les personnes nées avec une déficience sont appelées « eni orisa » littéralement, peuple d’Obatala. Il est le dieu du nord et est habillé en blanc.

Oya
Oia, Lansa est la déesse du Niger. Elle est la déesse du l’éclair, la fertilité la magie, des ouragans des tornades et garde le monde souterrain. Son nom complet est Oya-Yansan

D’autres Orishas

Nana Buluku-Nana déesse de la création, mère du vieux ciel et de l’esprit des marécages elle est associée à la lune.
Olokun-Gardien des profondeurs océanes, des abîmes il est le patron de la diaspora africaine 
Ochumare- Serpent arc-en-ciel,dieu du mouvement et de l’activité, gardien des enfants et du cordon ombilical 
Oshun- Déesse des rivières, de l’amour, de la beauté de la fertilité, amoureuse de Shango et bien aimée d’Ogun.
Ibeji- Orisha des jumeaux sacrés
Ozain- Orisha de la foret il possède le saint liquide fait de diverses herbes. Il est le gardien des herbes et des médecines naturelles. 
Erinle- Orisha de la médecine, de la guérison et de la moisson.

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Message  Arlitto Dim 16 Oct 2016, 13:23

Le peuple Fon et les voduns

Le peuple Fon installé au Dahomey, actuel Bénin, a payé un lourd tribut à l’esclavage, et a de ce fait largement contribué à la diffusion des cultes africains dans le nouveau monde. De leur mythologie Dahomey va émerger le candomblé vodun au Brésil, le vaudou à la Nouvelle-Orléans et en Haïti. C’est bien entendu là aussi sous ses formes afro-américaines que le culte est le plus connu, mais celles-ci font l’objet d’autres pages et ce qui nous intéresse ici est de retrouver les caractères d’origine issus principalement de l’ethnie Fon au Bénin.

Dans la mythologie Fon, le Dieu suprême est Nana Buluku. Il est un Dieu au sens gnostique, une entité non manifestée, incommensurable à laquelle il ne peut y avoir accès, il est l’équivalent yoruba d’ Olodumare. Nana Buluku est hermaphrodite, il s’auto engendre là encore un peu comme le Dieu des gnostiques qui se pense lui-même d’un pensée féminine l’Ennoia. D’ailleurs son premier enfant est féminin, Mawu, maîtresse de la lune et de la maternité. Son deuxième est Lisa, le garçon, maître du soleil qui va donner aux hommes les outils pour déboiser, travailler la terre, faire la guerre. 

Ce sont Mawu et Lisa ou leur entité réunie en Mawu-Lisa, qui ont créé le monde en quatre jours. Le premier jour ils ont créé l’univers et l’humanité. Le deuxième jour ils ont veillé à rendre la terre accueillante pour les humains. Le troisième jour ils ont donné aux hommes l’intellect, les sens, et le langage, et le quatrième jour l’humanité a reçu la technologie. Mawu-Lisa ont eu sept enfants, don Dan, le dieu serpent arc-en-ciel qui sera le père des voduns, les équivalents des Orishas chez les Yoruba.

Les voduns sont les intermédiaires désignés entre Dieu et les hommes. Ils sont aussi des esprits liés à des forces et des manifestations naturelles. Le culte des voduns est animiste, mais loin d’attribuer à cette définition un sens péjoratif il s’agit tout au contraire de situer l’homme dans une conception globale d’une création qu’il ne dirige pas, mais à laquelle il participe comme un élément à valeur égale. Là où les Grecs avaient créé leur Zeus, Hadès, et consorts avec leur statues anthropomorphes, les animistes vont à un essentiel que nous nions ou parfois même méprisons, l’âme des choses. Mieux encore là où notre pensée rationnelle reste victime de l’intellect et a besoin de dieux à notre image, les cultes premiers confient à la transcendance le soin de rencontrer leurs divinités. Dans le monde vodun tout est partie du Dieu unique dont les voduns, l’homme, l’animal, le minéral ne sont qu’émanation. 

Là encore, alors que nous établissons une rupture entre le sacré et le profane, les religions africaines considèrent que le monde manifesté n’est qu’un des aspects non méprisable du divin. De ce fait la qualité de vodun ne se limite pas aux représentants divinisés des forces naturelles, mais peut habiter des personnages historiques ou mythiques puisqu’après tout les qualités dont ils ont fait preuve ne sont jamais que l’expression sublimée de ces forces primordiales. Alors aux voduns de la terre, du ciel, de la mer et de tous les archétypes vont s’ajouter les voduns ethniques fondateurs d’une nation ou d’un royaume, comme Agasu (ancêtre fondateur du royaume d’Abomey) et les Toxwyo, les voduns représentant les ancêtres d’une famille (l’équivalent des pénates romains) . Une quatrième catégorie va clore la distinction, la catégorie dite des voduns modernes, particulièrement développée au Ghana et qui est celle des entités protégeant des sorciers, ou celle des Koku au pouvoirs occultes terrifiants.

Cet attachement à la famille et aux ancêtres se retrouve dans la hiérarchie du panthéon vodun. Mawu-Lisa va/vont donner naissance à sept enfants qui à leur tour vont donner naissance à des familles spécialisées dans leur domaine d’activité, déclinant en quelque sorte la force familiale dans toutes ses manifestations possibles, négatives comme positives. Le premier enfant Sakpata est un vodun de la terre ou(Ayi vodun) Il est craint car il diffuse la variole, ou plus généralement les maladies contagieuses. Ses fils son nombreux. Ada Tangni est le vodun de la lèpre, et Sinji Aglosumato le vodun des blessures mortelles En suite Xevioso un vodun du ciel (Jivodun) Il se manifeste sous la forme de l’éclair et du tonnerre, il est le dieu de la justice et punit les menteurs les voleurs les blasphémateurs. Xevosio (Hevioso) exerce sa répression sur les être animés et les grands arbres, son fils Sogbo est le dieu de la foudre de terre qui se manifeste sans tonnerre ni éclair. Agbe est un vodun de la mer (Tovodun) Il est représenté par un serpent et domine tout ce qui transmet la vie. Gu est un vodun de la guerre et du fer. Il exècre le mal et peut en tuer les auteurs. Agê le cinquième des fils, est le dieu de l’agriculture et des forêts, il règne sur les oiseaux et les animaux. Jo est un dieu invisible qui règne sur l’air. Lêgba est le plus jeune de tous. Il n’a pas d’attribut et il est jaloux. 

Parmi les voduns, les guèdes ont une place particulière. Ils proviennent en effet d’une tribu conquise par les Fons, les Guede- vi. Cette ethnie représentait une caste de fossoyeurs et de ce fait ils ont été incorporés comme génies responsables des cimetières et de la mort. Ils sont l’exemple type de l’imbrication entre histoire et mythologie.

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Message  Arlitto Dim 16 Oct 2016, 13:24

Cosmogonie sorcellerie et magie chez les bakongo.


Lorsque l’on utilise le mot [ltr]Kongo[/ltr]on se réfère aux populations bantoues aussi appelées Bakongo (peuple du kongo) originaires de l’ancien royaume du Kongo qui comprenait les deux Congo (ex Belge et Français) ainsi que l’Angola et l’actuel Cabinda. Ainsi les cultes syncrétiques afro-américains qui seront issus de cette culture verront leur définition suivie des noms d’Angola, Congo, ou même Cabinda, Mayombe, ou toute autre région de l’ex royaume, dès lors qu’il sera utile d’en différencier les origines. C’est le cas dans le candomblé où l’ajout d Angola sert à distinguer les origines bantous des origines yoruba [ltr](candomblé Kétu ou nago)[/ltr] ou autres. ([ltr]jéjé[/ltr][ltr]cabocle[/ltr]). Mais dans un premier temps ce sont les croyances originales qui nous intéressent.

La cosmogonie Kongo comme ses proches parents yorubas et voduns repose sur la croyance d’un Dieu unique (Nzambi mpongo) créateur du ciel des étoiles de la lune du soleil et de la terre. Il créa aussi la nature et ses forces et enfin les animaux, l’homme et la femme. Il enseigna à ces derniers le secret des minkisi (pluriel de[ltr]knisi[/ltr]) des makutos (amulettes) et du nganga. Il s’est alors retiré partageant le ciel avec son pendant négatif Lugombé facilement identifié comme étant le diable mais qui serait plutôt à considérer comme une polarité opposée et équilibrante.

Comme dans les cosmogonies voisines, le Dieu unique à laissé à des entités intermédiaires le soin de veiller à la création. Ici ces équivalents des Orishas yorubas sont les[ltr]« Kimpungulu »[/ltr](pluriel de mpongo). Cependant la relation aux kimpungulu n’est pas installée dans un rituel central comme pour les cultes voisins. Chez les bakongos le pilier central du phénomène religieux se construit sur une relation fortement imprégnée de magie reposant sur les ancêtres (lignage) et les lieux spécifiques environnants (rivière, cascade, source etc..) habités par des génies ou des esprits qui vont être tout comme les ancêtres, mis au service de la communauté selon une méthode bien codifiée.

Nous devons bien comprendre que la religion bantoue comme celle des [ltr]Yorubas[/ltr]et des [ltr]Voduns[/ltr] n’a pas grand-chose à voir avec notre concept du religieux. En tout premier les religions sont ici un ensemble de pratiques, rituels et croyances permettant au-delà de la mort de perpétuer le lien avec les ancêtres jusqu’à en assurer parfois l’élévation au rang de divinité. Dans ce même état d’esprit l’ancêtre comme les divinités et les esprits sont des guides destinés à aider et à conseiller l’individu dans sa traversée du monde des vivants. A la grande éthique de nos [ltr]sotériologies[/ltr] les croyances africaines choisissent l’assistance concrète et pragmatique limitée à ce monde dans le souci du respect et de la préservation de la famille et du clan. Cependant si les forces peuvent être mises au service du bien, elles peuvent tout autant être utilisées pour le mal, quoiqu’en la matière le mal des uns fait le bien des autres. C’est toute la circulation de ces énergies positives et négatives que le culte Kongo permet de mettre en action ou au contraire d’en contrecarrer l’effet, donnant en quelque sorte la priorité du magique sur le religieux

Comme nous l’avons déjà annoncé, la mise en œuvre des opérations de magie blanche comme noire répond à une répartition très précise des rôles entre les initiateurs , intermédiaires, destinaires. Le fondement du système s’appuie sur une spécialisation des tâches selon que l’on veuille agir dans le domaine collectif ou privé. Ces domaines eux-mêmes font à leur tour l’objet d’une sélection selon cette fois qu’il s’agisse pour jeter un sort (le mal) ou de se protéger d’un sort ou simplement obtenir une faveur, réaliser un souhait positif (le bien).

Cette spécialisation des fonctions s’étend jusqu’à l’utilisation d’intermédiaires spirituels distincts (forces, esprits, fantômes etc..). Ainsi toute action de magie/sorcellerie fera intervenir un sacerdote, (ancien,prêtre, sorcier, ou magicien) une entité intermédiaire (ancêtre, esprits local bénéfique ou malveillant, fantôme…) et un destinataire,la collectivité ou l'individu.

Commençons par le domaine public. L’envoi d’un sort négatif sur le clan ou le groupe social est entre les mains du chef de village ou des anciens. Pour obtenir satisfaction ils utiliseront le concours des ancêtres. Généralement l’envoi d’un mauvais sort sur la communauté répond à l’intention de donner une leçon et non de porter préjudice et donc revêt un aspect positif (en principe du moins). Dès qu’il s’agira d’agir de façon positive sur le groupe, comme favoriser une récolte, ce sera au prêtre d’agir. Pour cela il s’adjoindra les services des [ltr]bisimbi[/ltr] (pluriel de simbi) qui sont des esprits locaux bienveillants attachés à des lieux particuliers.
Quittons les actions collectives pour entrer dans la relation privée. Là aussi les acteurs sont spécialisés. Pour jeter un mauvais sort et pratiquer la magie noire, le sorcier ou « ndoki » va mettre à son service un fantôme (nkuyu) qui généralement est l’âme errante d’un ancien sorcier ou d’un membre d’une tribu n’ayant pas eu une vie respectable ou qui se serait suicidé. A l’opposé le magicien ou « nganga » va lui intervenir soit pour créer les conditions nécessaires à réaliser le souhait d’un de ses clients, soit pour opposer un contre pouvoir à l’action présumée d’un ndoki (sorcier). En l’occurrence le nganga va utiliser le knisi pour construire et transmettre sa magie. Le thème du knisi déjà largement développé dans notre page dico[ltr](voir définition knisi)[/ltr] peut être résumé ainsi. Le Knisi est un contenant ou une statuette anthropomorphe ou zoomorphe chargée par le magicien de matières minérales qui lui transmettent les esprits et de matières végétales et animales qui lui communiquent la force d’agir. Cette charge est appelée « bilongo ».

Dans la société Kongo certains évènements comme la mort d’un enfant par exemple, n’est pas dans l’ordre naturel et procède très certainement de l’action négative d’un ancêtre d’un esprit ou d’un sorcier. Le sorcier est doté d’un organe spécial, le kundu, qui a sa vie propre et qui mange l’âme (dia) de ses semblables. Un individu peut être habité du kundu sans le savoir, autrement dit être sorcier malgré lui. Tous les nganga ne sont pas aptes à détecter les individus malfaisants, ce rôle est dévolu à un voyant ou devin le nganga ngombo. Dès lors que celui-ci soupçonne quelqu’un il le soumet à une sorte de jugement de dieu en lui faisant ingurgiter du poison. Selon la réaction le suspect sera acquitté ou condamné éventuellement à mort s’il est coupable. 

Comme nous le voyons à chacun son travail. Or, lors de leur exil vers les terres américaines les populations Kongo ont rompu d’une part le lien avec les ancêtres avec la disparition des lignages et d’autre part le lien avec les esprits liés à leur environnement africain. Autrement dit il y a eu rupture totale des liens magiques communautaires. Dans leur déportation n’a pu subsister que la relation magie/sorcellerie, qui elle se limite à la sphère privée. Il en est résulté deux conséquences principales. Dans certains cas l’apport de la culture bantoue à du pour survivre se mélanger avec d’autres croyances africaines qui dépendant principalement d’un culte de divinités majeures (orishas, voduns) restaient moins vulnérables à la mouvance. En effet les kimpungulu bantous équivalents des orishas ou voduns ne font pas l’objet de vénérations similaires. Cette absence de culte «transportable» et la perte des repères collectifs ont également débouché dans certains cas sur des pratiques de sorcellerie ayant perdu définitivement tout aspect religieux. ([ltr]Obeah-man et Myal-man[/ltr]des Antilles britanniques ou encore le[ltr]hoodoo[/ltr]d’Amérique du nord) Les magiciens ou sorciers sont ainsi consultés pour régler les petits et grands litiges du quotidien, les affaires de cœur, d’argent, de jalousie et d’amour. C’est également cette vulnérabilité qui à rendu le candomblé Angola (donc Kongo) le plus disponible à recevoir l’apport des esprits amérindiens en donnant naissance au candomblé cabocle.

Le [ltr]Palo[/ltr] cubain reste la forme la moins altérée du syncrétisme de source kongo en amérique latine. Cependant il ne put éviter la perte des références ancestrales du lignage et de l’espace africain. Ainsi le Palo aura-t-il lui aussi tendance à se replier sur la sphère privée, axant sont intervention sur les pratiques de magiques. Le nganga ou magicien africain devient à Cuba le récipient contenant les matières constitutives de la magie (aussi appelé prenda) auxquelles sont ajoutés des petits bâtons ou palo qui donnent le nom au culte.

Le terme gnanga attribué au magicien fait place au terme Mayombe lorsqu’il s’agira de sorcellerie appelé aussi nganga juive, et Quimbice ou nganga chrétienne lorsqu’il s’agira de magie blanche. Pour certains le Mayombero ne croit pas en Nzambi alors que le Quimbicero y croit. La magie blanche ou noire peut être accomplie par un même officiant, mais tous les paleros n’acceptent pas de pratiquer la magie noire.
A Cuba le terme knisi souvent traduit par le mot Inquice (ou inkice) est utilisé non plus pour définir le récipient ou le fétiche mais par assimilation du terme knisi (récipeint) bilongo (charge magique qui retient les esprits) ce mot de knisi a fini par désigner les esprits et entités elles-mêmes à savoir les kimpungulu autrement dit le contenant à fini par désigner le contenu

Les principaux syncrétismes issus de la culture Kongo sont donc le Palo Mayombe de Cuba, le candomblé Angola du Brésil ainsi que le [ltr]candomblé cabocle[/ltr] qui reçoit l’apport des esprits amérindiens, le culte[ltr]Obeah[/ltr]des Antilles britanniques, le [ltr]Hoodoo ou Conjure[/ltr] des USA, le [ltr]Kumina[/ltr]jamaïcain. 

La liste des principaux kimpungulu et de leurs attributs est reportée sur notre page relative au culte[ltr]du Palo à Cuba[/ltr]


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Message  Arlitto Dim 16 Oct 2016, 13:31

Histoire des tambours batá à Cuba 


 La période coloniale - les cabildos lucumí.

1. La nación lucumí.

    Yo son carabalí, negro de nación (Arsenio Rodríguez, Bruca Manigua).
    Le mot nación a été utilisé dans toute l'Amérique espagnole, comme synonyme de « nationalité », « ethnie » ou « race », pour identifier les lieux de provenance des esclaves arrivés d'Afrique (par opposition à ceux nés sur le sol cubain). D'où le terme de cabildos de nación, qui sous-entend « cabildos de nationalité africaine ». Les cabildos sont des institutions espagnoles d'état, l'équivalent des conseils municipaux français. On a donc permis aux esclaves de constituer des institutions sur le modèle espagnol, avec des locaux donnés, au départ réservés aux esclaves importés d'Afrique, mais séparés et répartis par nación. D'une même culture et pratiquant la même langue africaine, ceux-ci ont pu, le dimanche et les jours fériés, s'y réunir et décider eux-mêmes qui, parmi eux, en seraient les dirigeants. Les cabildos devaient être recensés et inscrits légalement dans les registres officiels de chaque ville. On pense, sans doute avec raison, que ces institutions ont été décisives pour la survivance des traditions africaines, qu'elles soient religieuses, musicales, linguistiques ou même culinaires.
    Les Yoruba n'ont pas été connus sous ce nom à Cuba avant la seconde moitié du XXe siècle. Avant cela, on utilisait pour les désigner le terme de Lucumí, dont l'origine est incertaine. Même si l'on retrouve sur les cartes anciennes et dans les récits des marchands d'esclaves les termes Ulcuim ou Ulkami, pour désigner le royaume d'Oyó, on ne peut à coup sûr les associer au terme Lucumí. Tout comme les termes : Arará, Carabalí, Mina, Mandinga, ou comme des dizaines d'autres, les noms utilisés pour différencier les différentes « nations » esclaves entre elles ont la plupart du temps été inventés par les trafiquants d'esclaves eux-mêmes : ils sont donc plus ou moins obsolètes en Afrique pour désigner des ethnies. Une autre hypothèse traduit une expression en langue yoruba, Oluku mi par « mon ami ». Mais il est impossible de vérifier ce terme, dans aucun dictionnaire, même dans les plus anciens, qui remontent à la seconde moitié du XIXe siècle (voir bibliographie). Le terme Yoruba ne devrait être utilisé que pour désigner les Oyó, qui, selon l'expression anglaise, sont les Yoruba proper. Mais, par extension, tous les royaumes ayant été sous la domination d'Oyó ont fini par être improprement désignés par le nom de yoruba.
    À Cuba, on ne distinguait pas les différentes « nations » lucumí entre elles à l'exception, curieusement, des Iyesá qui ont eu une place à part : en revanche, on ne trouve que très peu de traces des « nations » Nagó, Ijebu, Ifé, Oyó, Egbado, Ondo, etc…

    Comme l'a écrit Lydia Cabrera, et de manière assez singulière également, il semble que les esclaves lucumí n'aient été importés que dans quatre provinces de l'ouest de Cuba : celles de La Havane, de Matanzas, de Cienfuegos et de Villa Clara - du moins c'est presque uniquement là que l'on trouve la trace de leurs traditions. Il existait cependant un cabildo lucumí à Santiago de Cuba, et un autre à Las Tunas, seuls cabildos de cette « nation » en Oriente.
2. Une présence lucumí minoritaire.
    La présence des Lucumí à Cuba remonterait à la création du tout premier cabildo de nación de l'histoire de l'île, qui aurait été le cabildo Changó, fondé en 1568 à La Havane, soit 48 ans après l'arrivée des premiers esclaves à Cuba, en 1520. Cependant, ce fait pourrait être mis en doute, car il contredit l'histoire générale des Lucumí à Cuba.
    On a le sentiment que la prédominance de la culture yoruba et de la religion dite santería est due au fait qu'ils aient été les plus nombreux à Cuba : c'est en fait une idée reçue. Les esclaves dits Congos (ou Kongo) y ont été, comme en Haïti, d'assez loin majoritaires. Cependant, ils provenaient d'une aire géographique quinze à vingt fois plus vaste que celle des Yoruba, d'où une relative absence d'unité culturelle. On sait que les Portugais ont eu le monopole du trafic d'esclaves au XVIe siècle, qu'ils avaient des comptoirs importants à El Mina au Ghana, des contacts avec le Royaume de Bénin (historiquement affilié aux Yoruba). Ils se sont également installés de manière durable au royaume de Kongo qu'ils ont soumis à partir des années 1550, et christianisé vers 1590, ce qui explique que les esclaves importés aux XVIe et XVIIe siècles étaient majoritairement Kongos. Mais rien n'explique pourquoi un cabildo Changó – selon toute probabilité de nation oyó – a pu être créé à La Havane au milieu du XVIe siècle.
    Dans La División de La Habana, Miguel W. Ramos explique que :
    « Dans les années 1760, la proportion d'esclaves lucumí ne dépassait pas 8,22% de la population esclave de Cuba : (354 esclaves sur 4 307 recensés). Entre 1800 et 1820, cette proportion est restée presque la même – 8,38% (453 sur 5.245). Vers 1850, vingt ans après la chute de l'empire d'Oyó, la proportion passa à 35% ».

    Il faut quand même noter que si ces proportions citées par Ramos (exprimées en pourcentages) sont sans doute exactes, les chiffres qu'il donne sont faux : en effet, le premier recensement de 1774 dénombrait 44 333 esclaves noirs à Cuba, et que celui de 1841 en dénombrait 436 495. 
Les Religions africaines Image002
Carte politique actuelle du Nigeria.

    Grâce à l'histoire de la santería racontée par ses dignitaires, perpétuant une tradition orale de l'histoire des cultes, on sait que les Egbado auraient été majoritaires à Cuba parmi les nations lucumí pendant la première moitié du XIXe siècle. Plus tard, les Oyó finiront pas imposer leur forme de religion et leurs tambours batá, nous verrons plus loin de quelle manière. Les Egbado sont originaires de la région côtière du sud-est du Nigeria, autour d'Ado et d'Ilaro (partie Orientale de l'Ogún State). Ils ont aujourd'hui changé le nom de leur ethnie pour adopter celui de Yewa, qui est une rivière nigériane, ou plus exactement une lagune, et un oricha connu à Cuba.
    Si la santería est devenue la principale religion à Cuba, du moins au départ à La Havane et dans les provinces occidentales, c'est grâce à sa renommée, à son concept philosophique même et aux personnalités religieuses désormais célèbres qui l'ont professée, et non parce que les esclaves yoruba étaient majoritaires dans le pays. 
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Message  Arlitto Dim 16 Oct 2016, 13:35

La création de la santería moderne à La Havane et à Matanzas.
Les maîtresses-femmes de la religion lucumí du XIXe siècle


    Les premières décennies de la religion yoruba de Cuba furent dominées par des femmes, qu'elles soient iyalochas, Oba et/ou oriaté. Cette prédominance féminine dura au moins pendant un demi-siècle. Aujourd'hui les titres d'Oba et d'oriaté paraissent exceptionnels pour des femmes, mais les temps ont changé. Trois prêtresses iyalochas furent déterminantes dans la fondation de la santería moderne à La Havane et Matanzas :

          - Ma Monserrate Apóto González (Oba Tero), oni Changó.
          - ÑáRosalía Gramosa Abreú (Efunché Warikondó)

          -et Timotea Albear (Ajayí Lewú)oni Yemayá, plus connue sous le nom de Latuán.
    Chacune de ces trois femmes lutta pour le maintien et la suprématie de sa tradition, différente de celle des deux autres. Elles furent également responsables de l'expansion de la santería moderne depuis La Havane vers Matanzas. D'une part, Timotea Latuán luttait pour une tradition religieuse de cour (tradition oyó), devenue prédominante à La Havane, et de l'autre Ma Monserrate Oba Tero et Rosalia Abreú Efunché pour une tradition plus provinciale (tradition egbado) dans la banlieue havanaise. Entre Oba Tero et Latuán commença une lutte qui déboucha sur une prédominance de la tradition d'Oyó dans toute La Havane, puis de plus en plus en direction de Matanzas, et sur la réconciliation des traditions lucumí et arará à Matanzas.

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    Oba Tero, Ma Monserrate Apóto González était la plus âgée des trois femmes, bien qu'il soit impossible de savoir exactement quand elle est née. Elle serait morte plus que centenaire en 1907. Originaire de la région egbado au Nigeria (région d'Adó, près de la côte atlantique), son nom de famille yoruba était Apóto. Oba Tero (le Roi au grand calme) était le nom qu'elle reçut en tant qu'initiée à Changó en Afrique. Elle serait arrivée à Cuba comme esclave dans les années 1840. Elle dirigea un cabildo lucumí à Guanabacoa, puis s'exila à Matanzas, comme nous le verrons plus loin.
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Ferminita Gómez.

    Sa disciple principale, qui perpétuera sa tradition religieuse egbado à Matanzas jusque dans les années 1950, fut Ferminita Gómez Torriente Pastrana (Ochabí), autre célèbre iyalocha.
    Si Yemayá est une divinité centrale dans la tradition egbado, Oba Tero perpétua essentiellement les cultes des orichas Olókun, Odudduá et Yewá. Si ceux-ci sont communs à beaucoup d'autres royaumes yoruba, à Cuba ils sont connus comme orichas d'origine egbado. Dans la maison de Ferminita Gómez Ochabí, à Matanzas (#57 calle Salamanca) se trouvent toujours de nombreux artefacts, légués par Oba Tero à sa mort, qui témoignent de son origine egbado. Parmi ceux-ci figure l'unique jeu de tambours egbado qui reste à Cuba, fabriqué pour Oba Tero par Filomeno García Atandá. Initialement construits pour le cabildo de Guanabacoa qu'elle dirigeait, ils auraient été emportés par Oba Tero elle-même à Matanzas. Généralement connus comme tambores de Olókun, ils sont considérés par certains, à tort, comme des tambours geledé. Le jeu se compose de quatre tambours-gobelets à chevilles. Il est possible que ces instruments, avec les tambours arará, aient également influencé la forme des tambours dits de bembé utilisés à Matanzas, qui sont, comme nous l'avons vu, différents des tambours bèmbé nigérians originaux, bimembranophones, plus proches dans leur forme des tambours iyesá. La culture egbado fut ramenée d'Afrique à La Havane essentiellement à Regla, où, dans les temps anciens, chaque 6 janvier (ou Día de los Santos Reyes - Épiphanie), on organisait des cérémonies pour Olókun, comme l'a noté Ortiz. Le Día de Reyes (jour des rois mages) était un jour férié spécial pour les esclaves, où les cabildos avaient le droit, comme les congrégations catholiques, d'organiser des processions qui défilaient dans le centre des villes, rythmées par leurs musiques et leurs danses. À La Havane, les nombreux cabildos de toutes nations se présentaient un par un dans la cour du palais du gouverneur (palacio de la capitanía general), situé plaza de armas, où ils recevaient l'aguinaldo (les étrennes) sous forme de pièces de monnaie, de bonbons, de cigares, qu'on leur lançait depuis les balcons. L'argent ainsi récolté alimentait la trésorerie des cabildos. Ces derniers étaient mis en concurrence sur des critères tels que la beauté de leurs costumes, de leurs chants et de leur musique. Ils portaient également dans leurs processions des effigies de saints catholiques associés à leurs divinités africaines.

    Dans Los Bailes y el Teatro de los Negros en el Folkore de Cuba, Ortiz spécifia que les tambours egbado disparurent de La Havane, une fois décédés les derniers musiciens qui savaient en jouer. Les batá d'Oyó les remplaçèrent peu à peu.
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Les tambours d'Olókun de Ferminita Gómez dans la maison d'Eugenio Lamar. Photo John Mason, 1986. 


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Copies des mêmes tambours, dans la salle du museo de la ruta del esclavo, au Castillo San Severino de Matanzas.

    À la mort de Ferminita Gómez Ochabí, les tambours d'Oba Tero furent transmis à son fils ainé, Victor Torrientes. Après plusieurs générations, ils passèrent dans les mains de Eugenio Lamar « Pucho » (Echú Dina), qui les emporta dans sa propre maison, pour les sauvegarder et les restaurer. Quand Eugenio Lamar décéda à son tour, en 1998, ils furent ramenés dans la maison d'Ochabí, calle Salamanca, dans laquelle réside actuellement Antonio Pérez « El Chino »

    Ma Monserrate Oba Tero obtint sa liberté à la fin des années 1860, et s'en fut vivre à Guanabacoa, où elle dirigea un cabildo avec son mari Ño Julio. C'est à cette époque qu'ils commandèrent à Añabí et  Atandá un jeu de tambours egbado, et un jeu de tambours batá. Ce dernier jeu aurait été, selon la tradition orale, le troisième tambor de fundamento havanais de l'histoire. Quand ils partirent pour Matanzas, Oba Tero et son mari emportèrent leurs tambours egbado, mais leur batá disparurent. Dans le dernier trimestre de 1899, ils vécurent dans le barrio Simpson à Matanzas, calle Dahoiz. Beaucoup de santeros considèrent ce quartier comme le coeur de la culture africaine matancera.

    La disparition de ce jeu de tambours batá constitue en soi une polémique, certains niant même le fait que ces tambours aient pu être emportés à Matanzas. La réalité est que le 4 décembre 1873, on a bien joué des tambours batá dans le cabildo Santa Bárbara de Matanzas, puisqu'il a été consigné dans les archives de la ville de Matanzas que :

    « Un inspecteur de San Francisco a fait un rapport au gouverneur civil de la ville de Matanzas à propos d'un incident significatif survenu dans le cabildo lucumí Santa Bárbara, situé dans la calle de Manzaneda, au coin de la calle de Velarde. Ño Remigio Herrera (Addéchina) y joua trois tambours étranges qu'il a appellé batá, lors des célébrations du 4 décembre (jour de Santa Bárbara ou Sainte Barbe) ».
    Addéchina, babalawo et tamborero, fut certainement le contact qui permit à Oba Tero d'aller vivre à Matanzas. Nous l'avons déjà dit, il fut l'un des premiers babalawos arrivés à Cuba, vers 1830. Dans la plantation sucrière Herrera, où il était esclave, des Lucumí libres le reconnurent en tant qu'important prêtre d'Ifá, et réunirent suffisament d'argent pour racheter sa liberté. Addéchina s'en alla vivre en ville, à Matanzas, dans le barrio Simpson. C'est lui qui organisa le cabildo Santa Bárbara, au #175 de la calle Dahoiz, au coin de la calle Manzaneda, où il commença à pratiquer la divination. Nous l'avons dit également, vers 1866 il partit vivre à La Havane, à Regla, où il organisa cette fois le cabildo Yemayá. En 1872, il vivait au #23 de la calle San Ciprián à Regla, puis déménagea vers 1881 au #31 de la même rue. Il vivait là avec sa femme Francisca Buzlet, son ahijada Eugenia Lausevio, et ses deux enfants Teodoro et Norma Josefa “Pepa” (Echú Bí). Cette dernière reprendra la direction du cabildo Yemayá à la mort de son père. Elle fut la première personne à être ordonnée prêtresse d'Eleguá à Cuba.

    Addéchina faisait vraisemblablement de fréquents voyages entre La Havane et Matanzas, puisqu'en 1873 il joua à l'occasion du 4 décembre au cabildo Santa Bárbara. C'est sans doute en accompagnant Oba Tero à Matanzas qu'Addéchina y aurait amené des tambours batá pour la première fois, en 1873, car ces tambours y étaient inconnus auparavant : ces deux faits ont été confirmés par Julio Suárez Oña (Ewi Moyó), prêtre d'Agayú et olubatá (M. W. Ramos, La Divisón de La Habana). La relation intime d'amitié entre Addéchina et Oba Tero est confirmée par le fait que c'est cette dernière qui initia la fille d'Addéchina, Pepa Echubí. Oba Tero reprendra la direction du cabildo Santa Bárbara de Matanzas.

    Les cabildos lucumí de La Havane étaient dirigés par des iyalochas, qui régissaient la religion, tout comme c'était l'usage dans le palais de l'Alaafin à Oyó. Le départ d'Oba Tero pour Matanzas fut motivé par la rivalité née entre elle et Timotea Albear Latuán. Cette dernière, prêtresse de Changó à Oyó, arriva à Cuba en 1863. Avec son mari Evaristo Albear, un esclave kongo, elle travailla dans la maison du colonel espagnol Francisco Albear y Lara, où elle fut instruite, apprit à lire et à écrire. Le prestige de Latuán en tant qu'Oba et oriaté était considérable, et certains Lucumís venaient depuis Santiago de Cuba pour s'initier avec elle.

    Latuán connaissait une multitude de légendes, de rezos et autres chants yoruba, qu'elle enseignait à ses proches et à ses ahijados de religion. Elle officiait dans le cabildo lucumí havanais connu sous le nom de cabildo San José 80 (cabildo Changó Teddún). On présume que c'est dans ce cabildo que Latuán a connu EfunchéÑa Rosalia Abreú

    Efunché était une esclave egbado, comme Oba Tero, et son statut royal de princesse africaine faisait que ses disciples ne permettaient pas qu'elle marche à pied dans la rue : on la transportait sur une silla sedán (une chaise à porteurs). Elle avait le titre de Reina du cabildo San Jose 80, que Lydia Cabrera appellera même cabildo Efunché dans Anagó. Stérile, elle n'aurait pas eu de descendance. Aucun membre de sa famille ne peut donc témoigner aujourd'hui, et les informations sur sa vie sont rares et confuses. On ne lui connaît qu'une fille, peut-être adoptive, Calixta Moralés (Odedeí), mentionnée dans les registres officiels parmi les membres du cabildo Changó Teddún entre 1868 et 1870. Calixta Moralés Odedeí est connue également sous le nom de Atikeké (le petit cadeau). Ce surnom africain suggère que Calixta ne serait pas un enfant adoptif, mais qu'Efunche, sa mère, aurait demandé aux orichas, à l'aide de prières (rogaciones) et d'offrandes (ebbó) de l'aider à enfanter. Les orichas seraient alors intervenus pour lui offrir une grossesse inespérée, bien qu'elle soit supposée stérile, exauçant ainsi ses prières. Calixta Odedeí, elle, n'a pas eu de descendants.

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Calixta Moralés Odedei et José Calazán Bangoche, dans El Monte de Lydia Cabrera.

    Calixta Moralés apparaît plusieurs fois dans El Monte de Lydia Cabrera. L'une des principales informatrices de Cabrera était Teresa ‘M' Omi-Tomi, qui était « couturière dans les maisons bourgeoises de La Havane, comme dans le cabildo Changó Teddún, ou encore dans la maison de saint des Ibeyi, les jumeaux dePalenque, ou enfin dans la maison de saint de Pocito ». Omi-Tomi était en fait la couturière de la grand-mère et de la mère de Lydia Cabrera. 

    « C'est Omi-Tomi qui m'emmena pour la première fois à une fête d'initiation, avec sa grande amie, l'inoubliable Odedeí, Calixta Morales. De pur lignage lucumí, elle était une aristocrate. Sa mère, Ña Rosalia Efunché, l'était aussi, et jouissait des honneurs d'une reine dans le cabildo de Santa Bárbara. Odedeí fut la dernière grande akpwonla »

    Akpwonla est le féminin de akpwón, et signifie « chanteuse de rituels yoruba ».
    Cette dernière remarque est étayée par Lázaro Pedroso (Ogún Tola), qui parle de la disparition progressive des akpwonla, les hommes s'étant accaparé cette activité « par désir de commander, et par intérêt économique ». Un akpwón, en effet, perçoit en général un meilleur salaire qu'un joueur de tambour pour officier dans une cérémonie.

    José Calazán Herrera Bangoche « El Moro » était également un des principaux informateurs de Lydia Cabrera. Il était le fils de Ta' Román de Calazán Herrera. Il était omo Changó, et un grand danseur. Il travailla à la fois comme cordonnier, comme ouvrier dans des manufactures de tabac et dans des sucreries, et comme docker. Nous reparlerons de lui un peu plus loin.
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Lydia Cabrera en 1952.
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