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LE CATHARISME

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Message  Arlitto Sam 05 Mar 2016, 19:35

Rappel du premier message :

LE CATHARISME

Il est probable que les sectes, successivement apparues, des pauliciens, des bogomiles et des cathares forment les anneaux d’une même chaîne : le paulicianisme engendre le bogomilisme qui donne, à son tour, naissance au mouvement cathare.

Les cathares (du grec "kataros" : pur) adhérent à un système dualiste manichéen qui prospère autour de la Méditerranée depuis des siècles.
Les dualistes croient en l'existence séparée et indépendante d'un dieu du Bien et d'un dieu du Mal.

Les cathares se signalent par leur ascétisme rigoureux et une théologie dualiste fondée sur le manichéisme, issu du gnosticisme et du zoroastrisme (mazdéisme réformé par Zarathoustra) : la croyance en l'affrontement du Bien et du Mal, reflet d'un univers composé d'un monde spirituel créé par Dieu opposé au monde matériel créé par Satan.

En Europe occidentale le mouvement cathare, diffusé par les réfugiés bogomiles, se répand, à partir de la fin du Xe siècle, en Italie, en Lombardie, en Rhénanie, aux Pays-Bas, en France (Champagne, Bourgogne, Carcassonne, Toulouse, Albi) et en Catalogne.
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Message  Arlitto Sam 05 Mar 2016, 19:39

Lucius ou Luce III 

Ubaldo Allucingoli naît à Lucques.
Il est prêtre-cardinal puis évêque-cardinal. Bien que peu lettré, il est chargé par Innocent II et Adrien IV de diverses missions diplomatiques, dont il s’acquitte avec succès.
Elu pape le 1-9-1181, il choisit le nom de "Lucius" ; il est intronisé le 6.
Malgré le soutien de Frédéric Barberousse, Lucius III ne peut mettre un terme à l’indépendance de la commune de Rome ; chassé deux fois de Rome par ses sujets révoltés, il réside le plus souvent à Vérone où il terminera son existence.
Lucius III peut être considéré comme le véritable créateur de l’inquisition : il ordonne aux évêques de rechercher, par eux-mêmes ou par leurs subordonnés, les personnes suspectes d’hérésie, et de les abandonner, après que l’Eglise leur aura infligé les peines spirituelles, au bras séculier, auquel incombe l’exercice des peines temporelles.

Prophétie de Malachie : Lux in ostio (La lumière en la porte).


1181. 1er septembre, élection du pape ; il est intronisé le 6. 

1182. Massacre des "Latins" de Constantinople par la foule excitée par les prêtres orthodoxes ; le légat pontifical, le cardinal Jean, est décapité et sa tête attachée à la queue d’un chien ; 3 000 tués ; 4 000 occidentaux sont vendus aux Turcs comme esclaves. Philippe Auguste qui, selon les Chroniques de Saint Denis, croit aux rumeurs qui accusent les juifs de meurtre rituel, fait prendre les juifs dans les synagogues et les bannit du royaume (ils se réfugient en Champagne et surtout à Rouen ; le roi reviendra sur sa décision en 1198 mais en les taxant).

1183. 18 juin, Saladin prend Alep et capture l’escadre franque qui tentait une expédition vers Médine, des croisés sont égorgés à La Mecque. 15 août, Le Puy-en-Velay, lors de la procession de l’Assomption, le charpentier Durand, qui aurait eu une vision de la Vierge, tient la vedette [en 1182, le bruit se répandit qu’un charpentier de la ville du Puy, nommé Durand, avait reçu de Dieu, dans une vision, l’ordre de prêcher l’oubli de toutes les haines et le rétablissement de la paix. L’évêque du Puy cautionna le visionnaire et la confrérie des Capuchonnés, Capuchons, Capuciés ou Chaperons Blancs se constitua dans le but de rétablir la paix dans une France dévastée par les bandes de routiers et les guerres privées des seigneurs. Les Capuciés portaient des capuchons de toile blanche et une plaque d’étain représentant la sainte Vierge portant l’Enfant. Le confrère s’engageait à ne pas fréquenter les tavernes, n’avoir pont de couteau, ne pas jurer... L’association fit de rapides progrès, notamment en Bourgogne et dans le Berry, et rassembla des milliers d’adhérents. En 1183, soutenue par un corps de chevaliers, elle massacra sans pitié un corps de sept mille Cottereaux près de Châteaudun. Malheureusement nombre de Capuciés, recrutés parmi les gens sans aveu, se mirent à commettre les actes de brigandage ; abandonnés par la noblesse et le haut clergé dont ils dénonçaient les abus et contre lesquels ils dressaient le peuple, ils furent exterminés en 1184 par les milices communales (entre autres celles de l’Auxerrois) aidées par les routiers. « Tous s’efforçaient de conquérir cette liberté qu’ils disaient tenir de leurs premiers parents dès le jour de la création, ignorant que la servitude a été la peine du péché » commenta l’évêque d’Auxerre]. En septembre, Andronic Ier Comnène se fait couronner empereur byzantin. En octobre, Alexis II Comnène, empereur Byzantin, est étranglé par son tuteur et cousin Andronic Ier Comnène.

1184-1199. En Espagne, apogée du califat almohade sous al-Mansur conseillé par Averroès.

1184. Les Almohades obligent les juifs à porter des insignes distinctifs. 4 novembre, le concile de Vérone condamne le néomanichéisme ; les vaudois sont condamnés comme hérétiques ; le concile crée l’inquisition épiscopale : il donne ordre aux évêques de rechercher eux-mêmes les hérétiques ; il fait appel aux princes et aux seigneurs pour lutter contre l’hérésie sous peine d’excommunication ; il crée une Constitution qui fait des évêques les premiers inquisiteurs et qui livre aux bras séculiers clercs et laïcs coupables d’hérésie ; la bulle pontificale ad abolendam condamne les diverses formes d'hérésie : cathares, vaudois (le prédicateur lyonnais Pierre Valdès est excommunié), patarins, arnaldistes (partisans de Arnauld de Brescia [exécuté en 1155] qui préconisait que la papauté et le clergé renonçassent au pouvoir temporel et à leurs richesses) et humiliés (umiliati) de Lombardie (ils obtiendront en 1201 l'approbation d'Innocent III).

1185. Au concile de Paris, Philippe Auguste ordonne à tous les prélats assemblés de faire le voyage de Jérusalem pour la défense de la foi. Philippe Auguste annexe les comtés d’Amiens et de Montdidier. 16 mars, mort de Baudouin IV, roi de Jérusalem (lèpre). Dissensions chez les croisés entre les "poulains" (métis chrétiens nés en Terre sainte de pères chrétiens et de mères musulmanes converties) et les occidentaux dont le chef Guy de Lusignan devient roi de Jérusalem. A Marrakech, mort d’Ibn Tufayl, philosophe et médecin arabe : il fut le médecin du sultan auquel il présenta Averroès, qui le remplaça dans cette fonction en 1182 ; il a écrit : Le Guide qui sauve de l’erreur, La Visée la plus haute sur les plus beaux noms de Dieu, Traité sur la Confession religieuse excellente, Politique ; sa philosophie est la recherche d’un accord entre la philosophie héritée des Grecs et une authentique vie mystique inspirée par la méditation du Coran. 25 novembre, mort du pape et élection de son successeur Urbain III.
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Message  Arlitto Sam 05 Mar 2016, 19:39

PETITE HISTOIRE DE L’INQUISITION

LE CATHARISME - Page 2 Inquisiteur
Le pape (Sixte IV) et l'inquisiteur (Torquemada) par Jean-Paul Laurens

CHRONOLOGIE HISTORIQUE

L'inquisition épiscopale

Le deuxième concile du Latran (1139) prescrit qu’il appartient aux évêques de rechercher les hérétiques, aux juges séculiers de les punir, aux rois et aux princes de prêter, sous peine de déchéance, leur concours à cette répression.
Le 4 novembre 1184, le concile de Vérone donne ordre aux évêques de rechercher eux-mêmes les hérétiques ; il fait appel aux princes et aux seigneurs pour lutter contre l’hérésie sous peine d’excommunication. Il crée une  "constitution" qui fait des évêques les premiers inquisiteurs (du latin "inquisitio" = enquête) chargés de livrer au bras séculier clercs et laïcs coupables d’hérésie : "Les hérétiques doivent être jugés par l'Église avant d'être remis au bras séculier". Inversement, l'Église oblige les autorités "laïques" à rechercher les hérétiques, sous peine d'excommunication ou de déposition ; la bulle ad abolendam de Lucius III crée une « Inquisition épiscopale », menée de manière décentralisée par les évêques, et condamne les diverses formes d'hérésie : cathares, vaudois (le prédicateur lyonnais Pierre Valdès est excommunié), patarins, arnaldistes (partisans d'Arnauld de Brescia, exécuté en 1155, qui préconisait que la papauté et le clergé renonçassent au pouvoir temporel et à leurs richesses) et humiliés (umiliati) de Lombardie (ils obtiendront en 1201 l'approbation d'Innocent III).
En 1198, une « Inquisition légatine » est confiée aux cisterciens par Innocent III.
Le 25 mars 1199, Innocent III publie une procédure inquisitoire contre les albigeois, exposée dans la bulle Vergentis in senium (l’hérésie est un crime de lèse-majesté divine ; l'apport du bras séculier dans la procédure inquisitoriale est confirmé) et envoie des prédicateurs dans la région d'Albi. Innocent III s’adresse au roi Émeric de Hongrie, en lui demandant de réagir contre la propagation de l’hérésie patarine (doctrine proche de celle des bogomiles de Bulgarie et de Byzance) en Bosnie.
Les premières commissions inquisitoriales composées de prêtres et de laïcs sont présentes au concile d’Avignon en 1200.
En 1207, le pape, dans une lettre aux évêques du Midi, expose pour la première fois les principes qui justifient l’extension de la croisade en pays chrétien : l’Église n’est plus obligée de recourir au bras séculier pour exterminer l’hérésie dans une région ; à défaut du suzerain, elle a le droit de prendre elle-même l’initiative de convoquer à cette œuvre tous les chrétiens, et même de disposer des territoires contaminés en les offrant, par-dessus le suzerain, comme butin aux conquérants. Cette pratique, appelée "terram exponere occupantibus" ou "terram exponere catholicis occupandam" (livrer la terre aux occupants, ou à l’occupation des catholiques), recevra aux XVIe et XVIIe siècles le nom de "exposition en proie".
Innocent III définit la nouvelle procédure dans la décrétale Licet Heli de 1213, complétée par la décrétale Per tuas litteras.
Le quatrième concile du Latran, réuni en 1215 par Innocent III, reprend toutes les dispositions antérieures au sujet de l’inquisition (du latin "inquisitio" = enquête) épiscopale, notamment la procédure inquisitoire.
En 1219, une bulle d'Honorius III débute par ces mots : « Que chacun de vous ceigne son épée et n’épargne ni son frère ni son plus proche parent. »
L’empereur Frédéric II en 1220 et 1224, le roi de France Louis VIII en 1226, la régente Blanche de Castille en 1229 et le comte de Toulouse lui-même (1229) publient des ordonnances contre les hérétiques.
Le 28 février 1227, le concile régional de Narbonne (canon 14) "enjoint aux évêques d'instituer dans toutes les paroisses des témoins synodaux ou inquisiteurs de l'hérésie et autres crimes manifestes". En été, le château de Labécède-en-Lauragais (Aude), commandé par Oliver de Termes, est pris par Humbert de Beaujeu au nom du roi : le diacre hérétique Gérard de la Mole et se compagnons sont brûlés vifs.
Réuni en automne 1229, le concile de Toulouse fixe la procédure de l’Inquisition : « Les évêques choisiront en chaque paroisse un prêtre et deux ou trois laïques de bonne réputation auxquels ils feront serment de rechercher exactement et fréquemment les hérétiques ... » ; les sentences seront prononcées par l’évêque : en cas d’hérésie sans repentir, ce sera le bûcher ; en cas de repentir, la prison à vie.

L'inquisition pontificale

En février 1231, Grégoire IX confirme les décisions du concile de Toulouse de 1229 qui a fixé la procédure de l’inquisition : la constitution Excommunicamus condamne l'hérésie, excommunie les hérétiques et officialise les ordonnances du pouvoir temporel : prison à vie pour les repentants, bûcher pour les hérétiques récalcitrants ; le traditionnel appel au pape est prohibé (cet appel était déjà traditionnellement dénié dans les cas d'hérésie) ; les premiers inquisiteurs sont désignés et missionnés par le Saint-Siège : ce sont des commissaires pontificaux, spécialement chargés de lutter contre l'hérésie et censés collaborer avec les évêques. La prison perpétuelle devient la pénitence salutaire infligée à l’hérétique repentant. L’hérétique obstiné doit recevoir le châtiment qu’il mérite (animadversio debita) avec l’abandon au juge séculier et la peine de mort par le feu. Ceux qui sont en rapport avec les différentes sectes sont frappés d’excommunication. Pour la première fois, un ensemble de mesures attribue à une juridiction d’exception le châtiment des ennemis de la foi : l’Inquisition est née.
Le 11 octobre 1231, le pape charge Conrad de Marburg, de l’ordre de Prémontré, de mettre en place, dans tout l’Empire, des instances du tribunal d’Inquisition ; Grégoire IX munit l’inquisiteur allemand, de pouvoirs très étendus pour poursuivre les hérétiques, et particulièrement la secte cathare des Stedinger de Frise qui s’adonne à des pratiques proches de la sorcellerie ; avec ses auxiliaires Dorso et Jean, Conrad agit avec un tel fanatisme qu’il soulève le mécontentement d’un grand nombre d’habitants et sera massacré, le 30 juillet 1233, par des chevaliers dans le voisinage de Marburg.
Le 8 février 1232, par la bulle IIIe humani generis,  Grégoire IX enlève aux évêques "trop timorés" la charge de veiller à l'orthodoxie des fidèles et met les inquisiteurs sous la juridiction spécifique de la papauté en instituant l'inquisition pontificale qu'il confie aux Frères prêcheurs ; le pape retire aux tribunaux ecclésiastiques la compétence contre les hérétiques lorsqu’un tribunal d'inquisition existe. Le 26 mai, lettre du pape à l’archevêque de Tarragone qu'il charge d’engager des inquisiteurs pour la Catalogne et pour l'Aragon. Grégoire IX, qui accuse de pratiques sacrilèges (sorcellerie, orgies, crucifixion des prêtres) les cathares du Nord, justifie une série de croisades contre les Stedinger du Bas-Weser : une première croisade, payée d’indulgences plénières, échoue.
Le 13 avril 1233, les premiers inquisiteurs sont nommés par la papauté en France parmi les Frères prêcheurs : Robert le Bougre est nommé en Bourgogne ; la juridiction nouvelle, bientôt connue sous le nom de "Inquisitio hereticae pravitatis", est étendue au royaume de France et aux régions voisines. 20 avril, le pape informe les archevêques qu'il choisit les Frères Prêcheurs pour combattre l'hérésie. 22 avril, le pape confie au provincial de Provence le soin de désigner plusieurs religieux pour remplir la mission de l'Inquisition, qui doit s'appliquer également aux provinces de Vienne, Arles, Aix et Embrun ; l'archevêque de Vienne, Jean de Bernin, mettra en place, avant la fin de l'année, des tribunaux à Avignon, Montpellier et Toulouse 8.  Peu après, les franciscains sont adjoints aux dominicains et leur juridiction s'étend à la chrétienté tout entière. Juin, une deuxième croisade contre les Stedinger pénètre sur le territoire oriental, resté cependant à l’écart des luttes, et se livre à un massacre général ; lors de l’attaque de la rive gauche, Oldenbourg, chef des croisés, est tué avec 200 de ses soldats. 13 juin, dans sa bulle Vox in Rama contre les sorcières, Grégoire IX décrit leur sabbat. Robert le Petit, dit Robert le Bougre, ancien adepte du catharisme [de là vient son surnom de "bougre" = bulgare], entré dans l’ordre des Frères prêcheurs, entreprend son action d’inquisiteur en Bourgogne et fait brûler ses premières victimes à La Charité-sur-Loire ; en 1239, il enverra au bûcher, à Mont-Wimer, 187 hérétiques et complices d’hérésie ; à la suite de plaintes du clergé et des autorités civiles, le pape ordonnera une enquête à l’issue de laquelle Robert sera condamné à la prison à vie. En juin, une deuxième croisade contre les Stedinger pénètre sur le territoire oriental, resté cependant à l’écart des luttes, et se livre à un massacre général (lors de l’attaque de la rive gauche, Oldenbourg, chef des croisés, est tué avec deux cents de ses soldats). La même année, l’évêque cathare Vigoureux de Baconia est brûlé vif : il est la première victime de l'Inquisition en France. L’action du frère prêcheur, Robert le Petit, dit le Bougre ("le Bulgare", parce ce qu’il a été cathare), est si brutale à La Charité-sur-Loire, cette-année-là, que le pape Grégoire suspend ses pouvoirs dès février 1234 (rentré en grâce en août 1235, Robert reprendra cependant son activité frénétique, jusqu’à sa condamnation à la prison à vie en 1239).



Le 27 mai 1234, à la bataille d’Altenesch, 6 000 Stedinger, hérétiques manichéens de Frise, sont mis à mort par une puissante armée levée pour une 3e croisade ; en 1236, Grégoire consentira à admettre les survivants dans le giron de l’Église, à la condition qu’ils offrent toutes les garanties d’une parfaite obéissance. Des tribunaux d'Inquisition, confiés aux Dominicains, sont installés à Toulouse et Carcassonne et provoquent des soulèvements populaires à Narbonne, Cordes, Albi et Toulouse (1234-1235). 210 cathares sont brûlés à Moissac par Pierre Seillan et Guillaume Arnaud. Le 14 octobre, Grégoire IX encourage la croisade contre les Bogomiles de Bosnie (fin en 1239).

En 1235, ayant voulu faire déterrer du cloître Saint-Salvy les restes de chanoines convaincus d'hérésie pour les incinérer, l'Inquisition suscite une révolte à Albi. En novembre, les dominicains sont expulsés de Toulouse.

En 1236, la béguine Aleydis est brûlée vive à Cambrai.

« Cette année-là (1239, ndlr), le vendredi de la semaine avant la Pentecôte (13 mai, ndlr), fut fait un immense holocauste agréable au Seigneur en brûlant des "bougres" (hérétiques cathares, ndlr) ; 183 furent brûlés (par Robert le Bougre, inquisiteur général du royaume de France, ndlr) en présence du Roi de Navarre et des barons de Champagne au Mont-Aimé » 4. Les excès de Robert le Bougre seront tels qu'il sera relevé de ses fonctions par le pape et condamné à la prison à perpétuité.

Dans la nuit du 28 au 29 mai 1242, veille de l’Ascension, dans le château d'Avignonet, des chevaliers cathares de Montségur, viennent tuer à coups de lance, d'épée et de hache les membres du tribunal de l'Inquisition de Toulouse : les dominicains Guillaume Arnaud, Bernard de Roquefort et Garcia d’Aure, les franciscains Étienne de Saint-Thibéry et Raymond Carbonier, le chanoine Raymond de Cortisan, surnommé Escriban, archidiacre de Lezat et son clerc Bernard, le notaire Pierre d’Arnaud, les clercs Fortanier et Aymar, et le curé d’Avignonet dont le nom reste ignoré.
Le dominicain Raimond de Pennafort (Aragon) rédige, la même année, le plus ancien manuel d’inquisition.

En 1243, le concile de Béziers décide d’en finir avec l’hérésie et les assassins de moines inquisiteurs.

Le 14 mars 1244, Montségur, dernier foyer de résistance cathare, tombe. Le 16, plus de 200 cathares, qui refusent d’abjurer, sont brûlés vifs.

Mai à juillet 1246 : condamnations de cathares à Toulouse.

Après Padern (1248) et Puilaurens (1250), les châteaux de Quéribus et de Niort-de-Sault se rendent en 1255.

Le 30 mai 1254, Innocent IV confie aux Frères mineurs la répression de l’hérésie dans toute l’Italie centrale et dans la partie orientale de la plaine du Pô ; les dominicains gardent juridiction sur la Lombardie et la Marche de Gênes.
Dans sa bulle du 11 juillet, Innocent IV ordonne que l'interrogatoire de l'accusé soit fait en présence de "boni viri" (prud’hommes qui forment un jury et donnent leur avis avant que soit prononcée la sentence), "parce que, dit-il, pour une accusation si grave, il fallait procéder avec les plus grandes précautions".
La présence dans les tribunaux de l'Inquisition de ces conseillers laïcs, habitués aux procédures, qui peuvent s'opposer aux juges ecclésiastiques si ceux-ci s'écartent trop du droit, assure la quasi-publicité du procès.
Avant que Boniface VIII (1294-1303) n’abroge cette disposition, les noms des accusateurs ou des témoins n'étaient pas communiqués aux accusés. Toutefois le juge devait communiquer le nom des dénonciateurs et des témoins à ses assistants qui devaient contrôler s'il y avait des abus, et au besoin pouvaient les dénoncer aux chefs religieux de l'Inquisiteur, aux évêques, voire même au pape.
En 1261, Urbain IV ordonne que les "boni viri" aient également ce pouvoir de contrôle. Les faux témoins lorsqu'ils sont démasqués sont traités avec une très grande sévérité. Ils font généralement de la prison à vie...

A la demande de Louis IX, Alexandre IV (1254-1261) établit des inquisiteurs en France.

Thomas d'Aquin écrit dans sa Summa theologica (Somme théologique, 1265-1273) :
"En ce qui concerne les hérétiques, il y a deux choses à considérer, une de leur côté, une autre du côté de l’Église. De leur côté il y a péché. Celui par lequel ils ont mérité non seulement d’être séparés de l’Église par l’excommunication, mais aussi d’être retranchés du monde par la mort. En effet, il est beaucoup plus grave de corrompre la foi qui assure la vie de l’âme que de falsifier la monnaie qui sert à la vie temporelle. Par conséquent, si les faux monnayeurs ou autres malfaiteurs sont immédiatement mis à mort en bonne justice par les princes séculiers, bien davantage les hérétiques, aussitôt qu’ils sont convaincus d’hérésie, peuvent-ils être non seulement excommuniés mais très justement mis à mort. Du côté de l’Église, au contraire, il y a une miséricorde en vue de la conversion des égarés. C’est pourquoi elle ne condamne pas tout de suite, mais " après un premier et un second avertissement ", comme l’enseigne l’Apôtre (Paul, ndlr). Après cela, en revanche, s’il se trouve que l’hérétique s’obstine encore, l’Église n’espérant plus qu’il se convertisse pourvoit au salut des autres en le séparant d’elle par une sentence d’excommunication ; et ultérieurement elle l’abandonne au jugement séculier pour qu’il soit retranché du monde par la mort." (Summa Theologica, Secunda Secundae Pars, Question 11, l'Hérésie, article 3)
"Or, si les hérétiques qui reviennent étaient toujours reçus de façon à demeurer en possession de la vie et des autres biens temporels, ce pourrait être au préjudice du salut des autres, parce que, s’ils retombaient, ils en gâteraient d’autres, et aussi parce que, s’ils échappaient sans châtiment, d’autres tomberaient dans l’hérésie, avec plus de sécurité. Il est dit en effet dans l’Ecclésiaste (8, 11) : " Parce que la sentence n’est pas vite portée contre le méchant, les enfants des hommes accomplissent le mal sans rien craindre. " C’est pourquoi ceux qui reviennent de l’hérésie pour la première fois, l’Église non seulement les admet à la pénitence mais aussi leur laisse la vie sauve ; et parfois, par indulgence, elle leur rend leurs dignités ecclésiastiques s’ils paraissent vraiment convertis. L’histoire nous apprend qu’elle l’a souvent fait pour le bien de la paix. Mais, quand ceux qu’on a accueillis retombent de nouveau, il semble que ce soit le signe de leur inconstance en matière de foi. C’est pourquoi, s’ils reviennent ultérieurement, ils sont bien admis à la pénitence, non pas cependant au point d’éviter la sentence de mort." (Summa Theologica, Secunda Secundae Pars, Question 11, l'Hérésie, article 4)

Lorsque l’Inquisition arrête, comme hérétique, Arnaud de Villeneuve (1235-1311), le plus célèbre des médecins de l’école de Montpellier, Boniface VIII (1294-1303) qu’il a guéri d’une lithiase rénale, intervient pour lui épargner le bûcher : néanmoins, ses traités de théologie seront, après sa mort, brûlés en place publique.

En 1270, un manuel d’Inquisition, la Summa de officio Inquisitionis, mentionne les "augures et idolâtres qui s’adonnent au culte du démon".

Le 26 mars 1276, Charles d'Anjou ordonne la libération de juifs convertis et relaps arrêtés par l’Inquisition en Provence.

Benoît XI (1303-1304), sage et modéré, restreint les pouvoirs de l’Inquisition.

En 1305, Clément V proclame une croisade contre les "apostolici" (apostoliques) en Valsesia.

En 1307, le Grand Maître Jacques de Molay et les chevaliers du Temple, accusés d’hérésie, d’idolâtrie, etc., comparaissent devant le tribunal de l’Inquisition à Paris.

Le château de Montcaillou est détruit en 1308 : les cathares qui s’y trouvaient sont arrêtés et conduits à Carcassonne devant le tribunal de l’Inquisition.

En 1310, à Toulouse, devant l'inquisiteur Bernard Gui, 18 personnes sont brûlées sur le bûcher, 65 sont emprisonnées à vie dont 3 avec des chaînes, tandis que 20 sont condamnées à des pèlerinages vers des terres lointaines.

Le concile de Vienne (16 octobre 1311 au 11 mai 1312) décrète :
"26. Le Siège apostolique a reçu de nombreuses plaintes disant que des inquisiteurs, envoyés par lui pour supprimer l'hérésie, avaient dépassé les limites du pouvoir qui leur avait été donné. Nous décrétons donc, pour la gloire de Dieu et la propagation de la foi que cette oeuvre doit être menée conjointement par les évêques locaux et par les inquisiteurs agréés par le Siège apostolique. Nous décrétons que l'évêque diocésain et l'inquisiteur peuvent agir indépendamment d'un de l'autre. Mais l'évêque sans l'inquisiteur ou l'inquisiteur sans l'évêque ne peuvent emprisonner, soumettre à la torture ou porter une condamnation, à moins qu'ils ne puissent se joindre en moins de huit jours. Nous décrétons également que dans les prisons où seront mis les hérétiques, il y ait deux gardes principaux, discrets, diligents et dignes de foi, l'un agréé et appointé par l'évêque, l'autre par l'inquisiteur. Chaque cellule de la prison aura deux clefs différentes, une gardée par chacun des gardes. Les gardes avant d'assurer leur service devront, en présence de l'évêque et de l'inquisiteur, prêter serment sur les saints évangiles en les touchant, qu'ils mettront toute leur diligence et leur attention dans leur devoir de garder ceux qui seront placés sous leur surveillance. Un garde ne dira rien en secret à un prisonnier que l'autre garde ne puisse entendre. Nous ordonnons aux évêques et aux inquisiteurs, en vertu de la sainte obéissance au risque de l'éternelle damnation, d'agir promptement et discrètement contre ceux qui sont suspectés d'hérésie et de ne pas imputer de façon maligne un crime si grave à des innocents.
27. Nous décrétons, avec l'approbation du saint Concile, qu'on ne peut confier l'office d'inquisiteur à une personne de moins de quarante ans. Nous enjoignons les commissaires des inquisiteurs ou des évêques de ne pas extorquer d'argent ou des dons illicites sous prétexte des travaux de l'inquisition, ou tenter de s'approprier les propriétés des églises, en garantie de la faute du clergé, même sur le trésor de l'église. Si quelqu'un apprend quelque chose de ce genre et peut le prouver, il doit honnêtement le rapporter au supérieur des inquisiteurs et des commissaires, et ceux-ci seront obligés d'enlever l'office à ceux qui seront trouvés coupables et de les punir de la façon convenable."

En 1320, meurt en détention le franciscain Bernard Délicieux (Deliciosi) qui défendit les albigeois contre l’Inquisition à Carcassonne et qu'on accusa également d’avoir empoisonné le pape  Benoît XI dont il avait annoncé la mort.

Par la décrétale Cum Matthaeus, Jean XXII restreint, en 1321, les pouvoirs des inquisiteurs.

À Carcassonne, en 1330, l’inquisiteur Henri de Chamay est obligé de renoncer à des procès posthumes.

En 1336, à Erfurt, le bégard Constantin est exécuté pour avoir soutenu qu’à l’égal du Christ il était le fils de Dieu, qu'Augustin, les docteurs de l’Église, le pape et les clercs trompaient les hommes, et que les sacrements n’étaient qu’une fiction entretenue par les prêtres pour satisfaire leur cupidité.

En 1337, Guillaume d’Occam (Dialogus), excommunié et menacé d’arrestation, doit quitter Paris et s’enfuir à Pise.
La même année, on brûle le "spirituel franciscain" Francesco de Pistoia à Venise.

En 1340, à Aurillac, Jean de Roquetaillade, en raison de ses sympathies pour les fraticelles (franciscains hérétiques), fait l’objet d’une première mise en garde de l’Inquisition. 
Arrêté à Avignon en 1349, il n’échappe au bûcher que grâce à une habile défense. Jeté en prison, il est libéré après une longue détention.
Auteur du traité De la quintessence, Jean de Roquetaillade, naquit en Catalogne et fit ses études à Toulouse où il s’initia aux travaux de l’alchimiste Arnaud de Villeneuve. Prédicateur et missionnaire franciscain spirituel, alchimiste, prophète, il parcourut l’Europe, prêchant jusqu’à Moscou. Hostile à la corruption de l’Église et à la politique du pape Jean XXII, il proclama que Rome serait dépouillée du superflu dont elle a abusé. 

1402-1403 : à Lübeck et à Wismar, l’inquisiteur Schoneveld envoie au bûcher, deux apostoliques (adeptes d’un mouvement prônant le retour à l’Eglise primitive) dont les propos mêlent dolcinisme et Libre-Esprit.

Le 20 décembre 1409, le pape Alexandre V demande à l’archevêque de Prague d’arrêter par tous les moyens l’hérésie en Bohême.

En 1411, à Carcassonne, les décisions prises par l’inquisiteur Pierre de Marvejols sont remises en cause par la papauté.

Jan Hus, réformateur tchèque, enseigna la théologie à Prague et critiqua les abus du clergé de son temps. Auteur de "De corpore Christi", de pure doctrine catholique, on le chassa pourtant de l'Université en 1410 puis on l'excommunia lorsqu'il s'éleva contre la décapitation de trois de ses partisans qu'il considérait et honorait comme martyrs. Jan Hus poursuivit son enseignement jusqu'en 1414 où il fut emprisonné et accusé d'hérésie.
Le concile de Constance condamne Jan Hus, son disciple Jérôme de Prague et John Wyclif (à titre posthume) comme hérétiques. Jan Hus est brûlé vif à Constance le 6 juillet 1415. En 1416, c'est le tour de Jérôme. Le cadavre de Wyclif est exhumé et brûlé en 1428 ; on jette ses cendres dans la Swift.

Le tribunal de l’Inquisition siégeant à Rouen entre le 9 janvier et le 30 mai 1431, juge Jeanne d’Arc sans qu'elle soit assistée d'un avocat et sans tenir compte de son appel au pape Eugène IV, la condamne comme relapse et la livre au bras séculier qui la fait brûler vive.

Le 7 juillet 1438, par la Pragmatique sanction de Bourges, Charles VII supprime l'inquisition en France.

En 1452, Jacques de la Marche publie son Dialogus contra fraticellos. Il réussit, avec l’aide de Jean de Capistran, à extirper l’hérésie (que Jean XXII appelait le "fléau pestilentiel du fraticellianisme") par une série de procès d’extermination.
Les inquisiteurs, qui sont l’objet de tentatives d’assassinat, ne viennent à bout des fraticelles de Maiolati (1449) que par une politique de terreur et de calomnies. Rééditant l’accusation de débauche adressée jadis aux vaudois, l’enquête leur attribue le rite particulier du "barilotto", où les enfants, nés des orgies collectives qui clôturaient leurs assemblées, étaient mis à mort et réduits en cendres que l’on mêlait à du vin.
Dénoncé, le franciscain Bernard Tremosii est arrêté à Lyon en 1458.
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Message  Arlitto Sam 05 Mar 2016, 19:40

L'inquisition espagnole

En 1478, Sixte IV, dans sa bulle Exigit sincerae devotionis, autorise officiellement l’Inquisition espagnole demandée par Ferdinand V et Isabelle : « Nous apprenons que dans différentes cités de vos royaumes d'Espagne, nombre de ceux qui, de leur propre gré, avaient été régénérés en Jésus-Christ par les eaux sacrées du baptême sont retournés secrètement à l'observation des lois et coutumes religieuses de la superstition juive... encourant les pénalités prononcées contre les fauteurs de l'hérésie, par les constitutions du pape Boniface VIII. En raison des crimes de ces hommes, et de la tolérance du Saint-Siège à leur égard, la guerre civile, l'homicide et des maux innombrables affligent vos royaumes... Nous désirons donc faire droit à votre pétition et appliquer les remèdes propres à soulager les maux que vous nous signalez. Nous vous autorisons à désigner trois, ou au moins deux évêques, ou hommes éprouvés, qui soient prêtres séculiers, religieux d'ordre mendiant ou non mendiant, âgés de quarante ans au moins, de haute conscience et de vie exemplaire, maîtres ou bacheliers en théologie, ou docteurs et licenciés en droit canon, soigneusement examinés et choisis, craignant Dieu, et que vous jugerez dignes d'être nommés pour le temps présent, dans chaque cité ou diocèse des dits royaumes, selon les besoins... En outre, nous accordons à ces hommes à l'égard de tous ceux accusés de crime contre la foi, et de ceux qui les aident et les favorisent, les droits particuliers et juridictions tels que la loi et la coutume les attribuent aux ordinaires et aux inquisiteurs de l’Hérésie ».
En 1480, Sixte IV permet à Ferdinand et à Isabelle d’Aragon de nommer des inquisiteurs ; la sainte Inquisition s’installe à Séville (expulsion ou conversion forcée des juifs et des Maures, condamnations pour hérésie).

La foi des "nouveaux chrétiens" étant suspecte, l’Inquisition exerce une surveillance rigoureuse sur les "morisques" (Maures convertis) et davantage encore sur les "marranes" (Juifs convertis suspects de "judaïser" en secret). Parmi eux se recrute la majeure partie de ceux qui comparaissent dans les autodafés organisés à partir de 1481. 
Au début de la cérémonie solennelle de l’autodafé ("acte de foi" : actus fidei), les assistants (et même le roi, s’il est présent) prêtent serment de fidélité au Saint-Office.
Les condamnés impénitents et les relaps sont remis au bras séculier, l’exécution par le feu ayant lieu ensuite en un autre endroit ; ceux qui adjurent leurs erreurs sont "réconciliés" et condamnés à des peines pouvant aller de la simple pénitence ecclésiastique et du port du "san benito" (casaque jaune croisée de rouge) à la prison perpétuelle.
Le 2 août 1483, Tomás de Torquemada (1420-1498), frère prêcheur et confesseur de la reine Isabelle de Castille et du roi Ferdinand d’Aragon, est nommé inquisiteur général en Castille, Léon et Aragon (17 octobre) par le pape (sa juridiction est étendue à la Catalogne en 1486). Torquemada entre en même temps dans le Conseil du roi. La même année, Ferdinand II, roi de Sicile et d'Aragon, institue le Conseil de l'Inquisition Suprême et Générale ou Conseil Royal de l'Inquisition ("la Suprema") dont le Grand Inquisiteur ou Inquisiteur Général, nommé par le roi, est président de droit ; bien que, sous l'autorité théorique des monarques espagnols, le Grand Inquisiteur, en tant que représentant du pape, ait la haute main sur l'ensemble des tribunaux inquisitoriaux et qu'il puisse nommer, avec l'approbation du roi, des inquisiteurs de son choix, responsables devant lui. Les tribunaux d'inquisition espagnols sont à la fois des tribunaux d'Eglise et des tribunaux royaux (séculiers). La fonction de Grand Inquisiteur est la seule fonction publique dont l'autorité s'étend à tous les royaumes composant l'Espagne, constituant ainsi un relais utile pour le pouvoir des souverains 1. Torquemada réorganise l’Inquisition, avec quatre tribunaux importants et une Cour d’appel, où il siège. Il se montre si impitoyable qu’il suscite la réprobation de Sixte IV.

Le 29 octobre 1484, avec l'accord des souverains, Tomas Torquemada fait paraître un Code spécial, à l’usage des tribunaux de l’Inquisition en Espagne, pour agir contre les juifs, les morisques, les hérétiques et les gens coupables de sorcellerie, de bigamie, d’usure, etc. Un nombre impressionnant de suspects sont poursuivis, parmi lesquels plus de 2 000 sont exécutés.
Torquemada est l’un de ceux qui conseillent à Ferdinand et à Isabelle d’expulser les morisques de leurs États, ce qui sera fait en 1492.
A la parution du décret du 30 mars 1492, les Juifs doivent choisir entre le baptême et l’exil. A partir de 1501, la même mesure est appliquée aux Maures.
En 1494, âgé et malade, Torquemada se retire à Ávila où il meurt.
Contre les illuminés (les "alumbrados" qui voient dans l’amour charnel la réalisation de l’amour divin) et les érasmiens, l’Inquisition engage, après 1525, des poursuites qui aboutissent généralement à des condamnations modérées.

Lorsque, au début du règne de Philippe II, sont découverts, à Séville et Valladolid, des noyaux protestants, la réaction est brutale : les autodafés organisés dans les deux villes en 1559 et 1560 font périr plusieurs dizaines de personnes, tandis que l’archevêque de Tolède est lui-même emprisonné comme suspect d’hérésie. Sainte Thérèse et saint Jean de la Croix, à cause de leur pensée trop mystique, sont inquiétés ; surtout Jean de la Croix qui est privé de toute charge et envoyé dans le lointain monastère de la Peñuela, en pleine montagne.
Ferdinand VII abolit l’inquisition le 9 mars 1820 (en Nouvelle-Espagne le 9 juin) ; mais elle ne le sera définitivement qu’en 1834 par le gouvernement de la régente Marie-Christine.


La chasse aux sorcières en Allemagne

Le 5 décembre 1484, Innocent VIII, par la bulle Summis desiderantes affectibus, étend les pouvoirs des deux inquisiteurs de Cologne, les dominicains Henri "Institoris" (Heinrich Kramer de Sélestat) et Jakob Sprenger, officiant dans la Germanie supérieure entre Cologne et Mayence, et en butte à la mauvaise volonté des autorités locales. 
La bulle ordonne de pourchasser les coupables de sorcellerie, jeteurs de sorts et magiciens, et énumère une longue liste de leurs crimes : « En certaines régions de la Germanie supérieure comme dans les provinces, cités et territoires de Mayence, Cologne, Trèves, Salzbourg et Brême, maintes personne de l'un et l'autre sexe, oublieuses de leur propre salut et déviant de la foi catholique, se sont livrées elles-mêmes au démons, succubes et incubes : par des incantations, des charmes, des conjurations, d'autres infamies superstitieuses et des sortilèges, par leurs excès, crimes et délits, elles font périr et détruisent les enfants des femmes, les petits des animaux, les moissons de la terre, les raisins des vignes, les vergers, les prairies, les pâturages, les blés, les grains, les légumes. Elles affligent et torturent les hommes, les femmes, les bêtes de somme, le gros et le petit bétail, tous les animaux par des douleurs et des tourments internes et externes. Elles empêchent les hommes de féconder, les femmes de concevoir, les époux de rendre à leurs épouses et les épouses de rendre à leurs époux les devoirs conjugaux. Et la foi elle-même, qu’elles ont reçue en recevant le saint baptême, elles la renient d’une bouche sacrilège. Elles ne craignent pas de commettre [...] d’autres crimes et excès infâmes, à l’instigation de l’Ennemi du genre humain, au péril de leurs âmes, en offense à la majesté Divine, en exemple pernicieux et au scandale de la plupart des gens. »
Les chasseurs de sorcières ont les pleins pouvoirs : celles qui ne meurent pas sous la torture, sont noyées lors du "jugement de Dieu" ou brûlées sur le bûcher.
En 1486, les dominicains Heinrich Kramer, de Sélestat, dit Institoris, et Jakob Spenger, publient à Strasbourg, avec l’approbation du pape, un traité de démonologie, le Malleus maleficarum (le Marteau des Sorcières ... pour les écraser).


Le 30 septembre 1486, le pape Innocent VIII ordonne à l'évêque de Brescia d'enjoindre aux tribunaux séculiers de Lombardie d'exécuter les jugements de l'inquisition "sans appel, et sans les revoir nullement, dans le terme de 6 jours après qu'ils en auront été légitimement requis, sous peine d'excommunication".

En 1487, Innocent VIII lance contre les vaudois (qui prêchent la pauvreté) une croisade en Dauphiné et en Savoie.

En 1494, le Repertorium inquisitorum reprend l’essentiel du Directorium d'Eymerich.

Le 19 mai 1498 s’ouvre le procès du dominicain Jérôme Savonarole qui prêchait contre une société dégénérée recherchant le profit, le luxe et la gloire, et qui dénonçait les dépravations dont souffrait l’Église (d’abord excommunié par Alexandre VI le 12 mai 1497 puis condamné au bannissement, il avait été arrêté à la suite d’un mouvement populaire suscité par l’aristocratie florentine). Le tribunal, composé de 18 membres, est présidé par le maître général des dominicains et un nonce apostolique. Torturé, Savonarole avoue tout ce qu’on voulait. Le 23 mai, Savonarole est déclaré hérétique et schismatique et condamné à mort avec deux disciples : on les pend sur-le-champ, leurs corps sont brûlés en public et leurs cendres jetées dans l’Arno.

En 1499, à Cordoue, 107 hérétiques sont livrés au bûcher en une seule fois

En 1509, le Grand Conseil du Parlement de Grenoble casse des sentences de l’Inquisition.

Le 1er juillet 1523, à Bruxelles, Henri Voes et Jean Van Essem, moines augustins partisans de Luther, condamnés à mort par l’Inquisition, sont brûlés vifs.
Un autre moine augustin, Jean Vallière, subit le même sort à Paris la même année.

Le 23 mai 1536, Jean III du Portugal crée une Inquisition d’État chargée de poursuivre les hérétiques.

Le 2 novembre 1540, le Saint-Office institue au Portugal la censure préventive qui est confiée à trois dominicains. 7

Le 21 juillet 1542, par la bulle Licet ab initio, Paul III (sous l’impulsion du cardinal Carafa) crée la Congrégation de la Sainte, Romaine et Universelle Inquisition ; six cardinaux dont l’impitoyable Carafa (futur Paul IV) furent nommés inquisiteurs généraux.

1547 :
- Paul III accorde un tribunal de l’Inquisition au roi du Portugal Jean III (en 1750, Carvalho e Melo, marquis de Pombal, premier ministre, interdira les autodafés et retirera tous droits à l’Inquisition).
- Pour que les charges ecclésiastiques et étatiques soient réservées à ceux qui sont descendants de chrétiens et non de Maures ou de "conversos" (juifs convertis), l’Archevêque de Tolède, Juan Martinez Siliceo, fait accepter un "Statut de Limpieza" (pureté raciale), apparu à la fin du XVe siècle, pour tous les ecclésiastiques de la cathédrale ; un certificat de "limpieza" est délivré par l’inquisition ; le mouvement s’étend rapidement ; la "limpieza" est exigée pour toutes les charges d’état, et même pour certaines professions traditionnellement exercées par les juifs ; "est réputé pur un sang où ne se mêle aucune hérédité juive" (on remonte en pratique jusqu’aux grands-parents) ; en 1835, le Statut de Limpieza sera aboli, mais, jusqu’en 1865, le certificat continuera à être présenté par les aspirants officiers de l’armée et par les candidats à certaines hautes charges de l’état.

En 1555, Paul IV, inquisiteur suprême, relance l’Inquisition.
En Janvier 1559, à la demande de l'Inquisition, il publie l’Index librorum prohibitorum qui recense les livres interdits ; l'Index est confirmé en 1564 et la Congrégation de l'Index est instituée en 1571.

Le 25 janvier 1569, le roi Philippe II d'Espagne établit l'Inquisition dans le Nouveau Monde afin de pourchasser les marranes, juifs convertis de force, qui y sont en exil ; le premier tribunal du Saint-Office est érigé à Lima au Pérou.

En 1570, Pie V décide de soustraire les Amérindiens à la juridiction de l'Inquisition.

Le 19 décembre 1579, l’Inquisition obtient le pouvoir de confiscation au Portugal. 6

En 1599, dans Six livres de discussions magiques, le jésuite Martin Del Rio affirme qu’en matière de sorcellerie, tous les témoignages sont acceptables pour soumettre un suspect à la torture.

A Rome, le 17 février 1600, Giordano Bruno, d’inspiration néo-platonicienne et panthéiste, qui soutient l’héliocentrisme de Copernic et pour lequel "l'infini recèle une pluralité de mondes", condamné à mort par le Tribunal de l’Inquisition, est brûlé vif après qu’on lui a arraché la langue pour les "affreuses paroles qu’il avait proférées". Ceux qui assistent à l’exécution bénéficient d’indulgences.

En 1631, un jésuite allemand, Friedrich Spee von Langenfeld (1591-1635) publie anonymement sa Cautio Criminalis dans laquelle il dénonce les procès en sorcellerie illégitimes et inhumains, la torture brutale et l’extermination systématique d’innocents : des malheureuses, qui n'ont de sorcières que le nom, sont arrêtées, emprisonnées, torturées et condamnées au bûcher que pour avoir été accusées par d'autres inculpés eux-mêmes soumis à d'effroyables tortures. Quand il publie en 1632 une seconde version plus critique que la première, il perd la protection de la Compagnie de Jésus qu’il doit quitter.
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Message  Arlitto Sam 05 Mar 2016, 19:40

L'affaire Galilée 

En février 1632, paraît le Dialogo sopra i due massimi sistemi del mondo, tolemaico e copernicano (Dialogue sur les deux grands systèmes du monde) de Galilée (Galileo Galilei), ouvrage dans lequel Urbain VIII croit se reconnaître sous les traits de Simplicio, l’aristotélicien trop soucieux de défendre la tradition. Urbain VIII confie à Niccolini, ambassadeur de Toscane au Vatican et protecteur de Galilée : « Je l’ai traité mieux qu’il ne m’a traité, car il m’a trompé ». Début août, l'ouvrage est soumis à une commission extraordinaire. En octobre, Galilée est convoqué devant la sainte Inquisition pour répondre de son livre sous l’accusation de "sérieuse suspicion d'hérésie". Cette charge repose sur un "monitum" (avertissement) selon lequel il a été ordonné personnellement à Galilée, en 1616, d'abandonner ses théories et de ne plus les exposer ni enseigner de quelque manière que ce soit. Le pape Urbain VIII, influencé par les dominicains, ces chiens de garde (Domini canes) comme ils se nomment eux-mêmes par jeu de mots, croit que Galilée se moque de lui et il s’emporte contre son ami le savant.
Le 13 février 1633, Galilée arrive à Rome où, invoquant la maladie et des empêchements, il parvient à retarder sa comparution devant l’Inquisition jusqu’au 12 avril.
Le 22 juin 1633, au terme de son procès commencé le 12 avril, Galilée est jugé pour avoir "transgressé le monitum de 1616" (avertissement par lequel il s’était engagé à abandonner entièrement l'opinion sur le soleil centre du monde et immobile, et, en ce qui concerne le mouvement de la Terre, de ne plus l'exposer, ni l'enseigner, ni le défendre en quelque manière que ce soit) "et obtenu l’imprimatur par tromperie" (Mgr Riccardi, chargé d’examiner le Dialogue des grands systèmes, n’a eu connaissance que de la préface et de la conclusion habilement rédigées). Galilée présente un certificat signé par feu le cardinal Bellarmin stipulant qu'il n'est plus soumis à aucune restriction autre que celle appliquée à tout catholique romain.
Galilée est condamné à la récitation des 7 psaumes de la pénitence quotidiennement pendant trois ans (les psaumes seront récités, à sa place, par sa fille religieuse carmélite), à l’abjuration du système héliocentrique de Copernic (il se rétracte à genoux et signe son abjuration) et à la détention pour une durée "limitée au gré du Saint-Office". Le pape l'assigne à résidence au palais de l'ambassadeur du duc de Toscane. Il l'autorise ensuite, le 30 juin, à se rendre à Sienne au palais de son ami l'archevêque Piccolomini, puis, il lui permet, en décembre, de demeurer jusqu’à la fin de sa vie dans sa villa d’Arcetri, près de Florence.

Le Dialogue est interdit et mis à l’index le 23 août 1634.

De 1634 à 1642, Galilée écrit beaucoup de lettres et un livre : Dialogues sur la science nouvelle. Il reçoit de nombreux savants dont le mathématicien Viviani qui édite ses oeuvres complètes. Son élève Torricelli vient s'installer près de chez lui.

Galilée meurt le 8 janvier 1642 ; l’Eglise interdit des funérailles publiques.

Le 31 octobre 1992, lors de son discours aux participants à la session plénière de l’Académie pontificale des sciences, le pape Jean-Paul II "réhabilite" moralement Galilée, qualifiant Galilée de "physicien de génie" et de "croyant sincère", évoquant "une tragique et réciproque incompréhension" et une "bonne foi" de tous les acteurs du procès " en l’absence de documents extraprocessuels contraires" ; le pape cite le cardinal Poupard, président de la commission d’étude du cas Galilée, qui a déclaré : « Il nous faut reconnaître loyalement les torts causés ». Mais Galilée n'est pas réhabilité juridiquement puisqu'il n'y a pas eu de révision de son procès.

En 2009, le Vatican s'associe à l’Année mondiale de l’astronomie à l’occasion du 4e centenaire de la première utilisation de la lunette astronomique de Galilée.


Du 27 mai 1674 au 22 août 1681, l’inquisition est suspendue au Portugal par le pape Clément X suite à l’intervention du jésuite Antonio Vieira.

Clément XIV (1769-1744), hostile à la philosophie des lumières, réactive l’Inquisition.

Le 16 avril 1791, le comte de Cagliostro (Joseph Balsamo), franc-maçon (fondateur du Rite de Misraïm en 1788), alchimiste, spirite, médium et hypnotiseur, est condamné par l’Inquisition romaine à la prison perpétuelle pour sacrilège, hérésie, démonisme et complot.

Il meurt le 28 août 1795 dans la forteresse Saint-Léon ; certains prétendent qu’il a été étranglé sur ordre du pape Pie VI.

1820 :
- Le 7 mars 1820, le soulèvement, lancé par le colonel Riego à Cadix le 1er janvier, contraint le roi d’Espagne, Ferdinand VII, à adopter un régime constitutionnel et à abolir l’Inquisition (elle ne sera définitivement abolie qu’en 1834 par sa veuve, la régente Marie-Christine).
- Le 9 juin, l'Inquisition est abolie en Nouvelle-Espagne.

En février 1821, le conseil du roi du Portugal, Jean VI, décrète la suppression du Tribunal de l’Inquisition.

En 1908, la Congrégation de la Sainte Inquisition devient la Congrégation du Saint-Office (Sanctum Officium).

En 1917, le Saint-Office interdit le spiritisme : « Le 24 avril 1917, en séance plénière, aux Eminentissimes et Révérendissimes Seigneurs Cardinaux, Inquisiteurs généraux de la Foi et des Mœurs, on a demandé : « S'il était permis, par médium, comme on les appelle, ou sans médium, en usant ou non d'hypnotisme, d'assister à quelque manifestation spirite que ce soit, même présentant un aspect d'honnêteté ou de piété, soit en interrogeant les âmes ou esprits, soit en écoutant les réponses, soit comme observateurs, même avec l'affirmation, tacite ou exprimée, de ne vouloir aucun commerce avec les esprits malins ». Les Eminentissimes et Révérendissimes Pères ont répondu NON, sur tous les points. Le 26 du même mois, S.S. Benoît XV a approuvé la résolution des Eminents Pères qui lui avait été soumise ».

Le 7 décembre 1965, la Congrégation du Saint-Office est rebaptisée Sacrée Congrégation pour la doctrine de la foi par Paul VI.

Le 11 septembre 2011, le P. Federico Lombardi, directeur du bureau de presse du Saint-Siège, déclare sur Radio-Vatican, à l’occasion du dixième anniversaire de l’attentat du 11 septembre à New York : "Si nous voulons construire la paix en notre humanité, nous devons réussir à tenir un discours où la dimension religieuse devient une force active en faveur de la paix. Il s’agit de parler de Dieu de façon à ne pas alimenter le fanatisme [...] D'où la relation souvent exprimée par Benoît XVI entre foi et raison. Notre engagement consiste à réussir à évoquer Dieu en termes de référence commune pour la famille humaine, de valeurs humaines partagées, de fondement à la paix, de respect et d’amour, et non comme un élément de fanatisme et de haine." 
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Message  Arlitto Sam 05 Mar 2016, 19:40

LA PROCÉDURE INQUISITORIALE

La procédure inquisitoriale se composait de six parties : le temps de grâce, l'appel et la déposition des témoins, l'interrogatoire des accusés, la sentence de réconciliation des hérétiques repentants et de condamnation des entêtés, et enfin l'exécution de la sentence.
Tout d'abord, lorsqu'une hérésie se déclarait dans une région l'inquisiteur s'y rendait avec le personnel de son tribunal. Ensuite, il visitait les autorités civiles pour s'assurer de leur protection et de leur concours (sous peine de sanction).

Puis, l'inquisiteur promulguait deux édits : l'édit de foi qui ordonnait sous peine d'excommunication de dénoncer les hérétiques et leurs complices, et l'édit de grâce qui donnait un délai de 15 à 30 jours aux hérétiques pour obtenir le pardon s'ils se dénonçaient eux-mêmes spontanément.

Parmi les gens recherchés, il y avait les hérétiques (les chefs des sectes), les croyants (les fidèles des assemblées hérétiques), les suspects (ceux qui avaient témoigné du zèle pour les hérétiques), les celatores (ceux qui s'étaient engagés à ne pas dénoncer les hérétiques), les receptores (ceux qui avaient au moins deux fois hébergé des hérétiques pour les protéger, eux ou leur réunion), les defensores (ceux qui avaient pris la défense des hérétiques en parole ou en acte contre l'Inquisition), les relaps (ceux qui après avoir abjuré retombaient dans l'erreur).
Le suspect, interrogé par l’inquisiteur ou un de ses collaborateurs, devait s’engager par serment à révéler tout ce qu’il savait sur l’hérésie. Un notaire, en présence de témoins, recueillait les éléments de l’interrogatoire, mais en retenant seulement la substance des réponses, ce qui paraissait exprimer le mieux la vérité. Toujours rédigé en latin, le texte, traduit en langue vulgaire, était ensuite lu à l’accusé qui devait s’en remettre à la volonté des inquisiteurs.

Pour faire avouer les récalcitrants, de nombreux moyens de contrainte pouvaient être employés, en dehors même de la torture, considérée comme licite après le milieu du XIIIe siècle : convocations nombreuses, incarcération plus ou moins confortable, recours à des délateurs. À défaut d’aveux, la preuve de l’hérésie était administrée par des témoins.
Les Inquisiteurs, choisis avec précaution, étaient, du fait de leur appartenance à des ordres religieux, sous la surveillance de leur supérieur et devaient avoir un minimum de 40 ans. De plus, les membres qui composaient les tribunaux se devaient les uns les autres la correction fraternelle, afin de limiter tout abus. Contre celui qui ne tenait pas compte des observations qui lui étaient faites, les membres des tribunaux pouvaient faire appel au pape.

Le dominicain Bernard Gui (inquisiteur de 1307 à 1323), dans son Manuel Practica Inquisitionis haereticae pravitatis (1324), nous montre le modèle de l'inquisiteur : « Parmi les difficultés et les incidents contraires, il doit rester calme, ne jamais céder à la colère et à l'indignation. Il doit être intrépide, braver le danger jusqu'à la mort ; mais, tout en ne reculant pas devant le péril, ne point le précipiter par une audace irréfléchie. Il doit être insensible aux prières et aux avances de ceux qui essaient de le gagner ; cependant, il ne doit pas endurcir son cœur au point de refuser des délais ou des adoucissements de peines, suivant les circonstances et les lieux... Dans les questions douteuses, il doit être circonspect, ne pas donner facilement créance à ce qui paraît probable et souvent n'est pas vrai ; car ce qui paraît improbable finit souvent par être la vérité. Il doit écouter, discuter et examiner avec tout son zèle, afin d'arriver patiemment à la lumière. Que l'amour de la vérité et la pitié, qui doivent toujours résider dans le cœur d'un juge, brillent dans ses regards afin que ses décisions ne puissent jamais paraître dictées par la convoitise et la cruauté ».

En 17 ans de carrière, Bernard Gui (ou Guidonis +1331) prononça 930 jugements dont 42 condamnations à mort et commua environ deux peines sur cinq.
On lit dans le manuel de Bernard Gui que les accusés étaient privés d'avocat. On trouve cependant des exemples de procès où des avocats ont pu plaider la cause de l'accusé. Contredisant Bernard Gui, Nicolas Eymeric écrivit, dans son Manuel de l'Inquisition, "qu’on ne doit pas enlever aux accusés les défenses de droit mais leur accorder un avocat".
"Une décrétale d'Innocent III (pape de 1198 à 1216), incorporée dans le droit canonique, avait interdit aux avocats et aux greffiers de prêter leur concours à des hérétiques [...] ainsi que de plaider pour eux devant les tribunaux. Cette interdiction qui, dans l'esprit du pape, ne concernait sans doute que les hérétiques endurcis et reconnus tels, fut bientôt étendue aux simples suspects qui luttaient pour établir leur innocence [...] on peut douter qu'un avocat quelconque soit jamais intervenu devant le tribunal inquisitorial. La terreur qu'il inspirait est clairement attestée [...]". 

Le dominicain Nicolau Eymerich, inquisiteur général de Catalogne pendant 40 ans, fit paraître, en 1376, à la cour papale d’Avignon où il exerçait les fonctions de chapelain de Grégoire XI, un Manuel des inquisiteurs (Directorium inquisitorum).

"[...] comme les défenses de l'accusé semblent être de droit naturel, on doit encore laisser au criminel la liberté d'employer celles qui sont légitimes et de droit. Les principales sont l'intervention d'un avocat que l'accusé puisse consulter ; la récusation des témoins, lorsqu'il parvient à deviner qui sont ceux qui ont déposé contre lui ; la récusation de l'inquisiteur et l'appel. On ne donne d'avocat à l'accusé que lorsqu'il nie les crimes dont on l'accuse, et cela après avoir été averti par trois fois de confesser la vérité. L'avocat doit être plein de probité, savant et zélateur de la foi. Il est nommé par l'inquisiteur [...]" 

Le Manuel des inquisiteurs (Directorium inquisitorum), réédité cinq fois par Rome entre 1578 et 1607, décrit soigneusement les procédures et les techniques d'interrogatoire : « Lorsque l'inquisiteur a affaire à un hérétique retors, audacieux, rusé, qui élude les questions et tergiverse, il doit lui rendre la pareille et user de ruse afin d'acculer l'hérétique à dévoiler ses erreurs [...] Et lorsque l'accusé sera face à l'accusateur et que celui-ci s'apercevra que l'accusé ne veut toujours pas avouer, l'inquisiteur lui parlera calmement. Il lui tiendra ce type de langage : "Tu vois, j'ai pitié de toi. On a abusé de ta simplicité, et tu vas perdre ton âme à cause de la bestialité d'un autre. Bien sûr, tu es un peu coupable! Mais ceux qui t'ont égaré le sont bien davantage !"[...] Si l'hérétique s'en tient à ses dénégations, l'inquisiteur feindra d'avoir à partir pour longtemps, et il dira à peu près : "Vois-tu, j'ai pitié de toi [...] Tu ne veux pas avouer, et voilà que tu m'obliges ainsi à te garder en prison jusqu'à mon retour... Ça me fait de la peine, tu sais, car je ne sais pas quand je reviendrai. »

Le défaut d'informations préalables, le secret de quelques interrogatoires et l'absence de défenseurs, relevés comme autant de vices de forme par quelques historiens, étaient autant de points réglés par les seize décrets du concile de Toulouse de 1229 et le code inquisitorial. Suivant une décrétale, en matière de foi, la procédure devait s'effectuer "d'une manière simplifiée et directe, sans vacarme d'avocats ni figure de jugement". Le secret de quelques interrogatoires n'était pas non plus un vice de forme, puisque, d'après le code inquisitorial, toute la procédure pouvait être secrète, et quant au défaut d'informations, les juges étaient dispensés d'informer toutes les fois qu'il y avait notoriété, cri public.
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Message  Arlitto Sam 05 Mar 2016, 19:41

LA TORTURE

Bernard Gui ne mentionne que très rapidement la torture dans son Manuel. Quant à Nicolas Eymeric, il estime que celle-ci est trompeuse et inefficace.
Les procès-verbaux du Midi de la France où l'Inquisition eut une grande activité ne la mentionnent que rarement. Il en est de même de l'Inquisition de Provence et du nord de la France.
La torture était utilisée dans une certaine mesure et dans certaines conditions.
Elle ne devait ni provoquer la perte d'un membre, ni entraîner la mort de l'accusé.
Les manuels d'Inquisition précisent que la "question" ne devait être infligée que dans des cas graves, lorsque les préventions de culpabilité étaient fort sérieuses et quand tous les autres moyens d'investigation étaient épuisés.

L'Inquisition n'a pas inventé la torture : elle existait déjà dans les procédures laïques.

L'Eglise exprima pendant longtemps son hostilité vis-à-vis de l'utilisation de la torture par les tribunaux laïcs.

Nicolas Ier (800-867) fit part de son désaccord en déclarant que ce moyen d'enquête "n'était admis ni par les lois humaines, ni par les lois divines ; car l’aveu doit être spontané".
Au XIIIe siècle, la justice séculaire rétablit cette pratique. L'Inquisition l'adopta aussi.

Le 15 mai 1252, Innocent IV l’autorisa pour provoquer des "aveux spontanés" (bulle Ad extirpenda).
Les papes Alexandre IV (+1261) et Urbain IV (+1264) firent de même.

Clément V, en 1312, au  concile de Vienne, promulgua, les constitutions Multorum querela et Nolentes qui exigeaient la collaboration des inquisiteurs et des évêques pour tous les actes importants de la procédure ainsi que pour la mise à la torture, la promulgation des sentences et la gestion des prisons.
En 1662, sous le pontificat d'Alexandre VII, une  Instructio du Vatican dénia force de preuve aux aveux arrachés sous la torture.



SENTENCES ET PEINES

Les débats étant terminés, la défense ayant dit son dernier mot, il n'y avait plus qu'à prononcer la sentence. Pour ce faire l'inquisiteur prenait avis de ses associés, ainsi que des "boni viri".
La sentence était proclamée lors d'une assemblée solennelle et publique que l'on appelait "sermo generalis" ou "auto da fe" (dans la péninsule ibérique). Là, on y réfutait l'hérésie, on prêchait sur la foi et sur le grave danger de l'erreur.

Les hérétiques qui avaient accompli leur pénitence ou en avaient obtenu remise étaient rendus à la liberté.
Ceux qui venaient d'être condamnés à ces mêmes pénitences les entendaient proclamer, puis ils abjuraient.
Les sentences qui comportaient des peines afflictives étaient lues avant que les hérétiques soient livrés à l'autorité civile, c'est-à-dire condamnés à payer des amendes, à faire de la prison ou à être mis à mort.

On alla jusqu’à condamner des hérétiques défunts : les cadavres étaient exhumés et jugés puis on les traînait dans les rues avant de les brûler.
La peine du feu n'est pas d'origine inquisitoriale. On entend souvent dire qu'elle était utilisée par superstition pour chasser l'hérésie, c'est faux : le bûcher servait déjà à la justice laïque.
L'Eglise interdisait formellement que le condamné subît des supplices accessoires comme la dislocation, l'application de fers rouges ou la mutilation d'un membre avant son arrivée sur le bûcher.

Comme le rôle de l'Inquisition était surtout de remettre les égarés dans le droit chemin, les inquisiteurs préféraient les peines canoniques aux peines civiles.
Ces peines canoniques étaient les seules infligées à ceux qui avaient comparu pendant le temps de grâce. On comptait parmi elles : l’assistance à la messe paroissiale, la fustigation au cours de la messe, les visites aux églises, les pèlerinages, les prières, les jours de jeûne, l’entretien d’un pauvre, le port d'un vêtement de pénitent ou le port de la croix d’infamie sur les vêtements, les dons en numéraire aux églises (pour l'achat d'un calice par exemple)…
Ceux qui s'étaient rendus coupables de fausses accusations étaient marqués par deux bandes d'étoffe rouge cousues sur l'extérieur de leur vêtement.
Les juges de l'Inquisition pouvaient accorder des dispenses aux prisonniers, commuer leurs peines ou les atténuer.



REPENTANCE DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE

L’Eglise catholique déclara en 1968 que Galilée n'aurait pas dû comparaître devant le tribunal de l’Inquisition.
Le 31 octobre 1992, Galilée et ses juges furent absous par Jean-Paul II.
Le 12 mars 2000, lors d’une cérémonie pénitentielle, Jean-Paul II demanda solennellement pardon pour les fautes commises par les croyants de l'Eglise (croisades, Inquisition, guerres de religion, persécutions, excommunications, mépris et actes d'hostilité et de silence envers les Juifs, esclavagisme, racisme, attitude envers les femmes, contre la justice sociale, etc.)
Le 15 juin 2004, Jean-Paul II autorisa la publication des actes d’un symposium de théologiens et d’historiens tenu sur l’Inquisition, un dossier de 783 pages dans lequel le pape manifestait le repentir de l’Eglise romaine.



CITATIONS

Votre Majesté n'a pas d'idée de la détestable inquisition qu'on exerce sur tous les ouvrages, et des mutilations intolérables qu'on fait essuyer à tous ceux qu'on croit capables de dire quelques vérités. (Jean le Rond d'Alembert, Lettre au roi de Prusse, 9 avril 1773)

Souvenez-vous, mes filles, que le mieux est l’ennemi du bien. Si l’on voulait trop exiger de certaines personnes, on gâterait tout. Jamais les outrances ne réussissent. (Sainte Julie Billiart +1816)

L'histoire de l'Inquisition est l'illustration du drame qui menace les hommes chaque fois qu'une liaison organique s'établit entre l'Etat et l'Eglise. (Bartolomé Bennassar, L'inquisition espagnole 15°-19° siècles, Pluriel, 2002)
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Message  Arlitto Sam 05 Mar 2016, 19:41

En 1205, de retour de Danemark, Diègo d'Acebes, évêque d'El Burgo de Osma (Espagne), et Dominique de Guzman vont à Rome et obtiennent du pape Innocent III la mission de parcourir, avec quelques compagnons, les régions atteintes par l'hérésie et d'y prêcher l'Evangile par la parole et par l'exemple.

Ils sont frappés par les abus du clergé et l'importance qu'a prise l'hérésie des albigeois.
Comme les "bons hommes", ils prennent la route à pied, dans le dénuement, emportant seulement les livres nécessaires à l'office, l'étude et la "dispute" (l’explication théologique qu'ils mènent avec les hérétiques).

En 1206, en accord avec son évêque, Dominique quitte le chapitre d'Osma et la communauté des chanoines de Saint-Augustin, pour devenir curé de paroisse à Fanjeaux (Aude), près de Carcassonne, en plein pays cathare. Pour concurrencer une institution cathare comparable, il fonde à Prouilhe (près de Fanjeaux) un monastère pour quelques "parfaites" converties chargées de prier pour la conversion des cathares.

En 1207, une dispute théologique est organisée sur plusieurs jours à Montréal, près de Carcassonne entre le futur saint Dominique et l’évêque cathare Guilhabert de Castres, mais la prédication échoue.


Dominique de Guzman 
(Saint Dominique) 

Domingo Núñez de Guzmán Garcés, troisième fils de Félix de Guzman, naît vers 1170 à Caleruega en Castille.

Soutenu par un oncle prêtre, il entre, à l'âge de 14 ans, à la célèbre école de Palencia où il étudie la théologie et la philosophie.
Connu pour sa générosité, il vend toutes ses livres pour aider les pauvres pendant une famine.

Ordonné prêtre, il est élu, en 1196, chanoine régulier de la cathédrale d'Osma en Castille et s'inscrit dans les réformes ecclésiastiques sur le plan local.

En 1203, Dominique accompagne son évêque, Diego d'Azevedo, chargé par Alphonse VIII de Castille d'une ambassade auprès du roi de Danemark afin d'obtenir une princesse en mariage pour l'infant.
En traversant le midi de la France, ils remarquent le succès des cathares auprès de la population, succès qui provient sans doute de leur instruction et de leur manière de vivre : ils vont deux par deux, dans la pauvreté volontaire, et s'efforcent de prêcher l'exemple.

En 1205, de retour de Danemark, après un deuxième voyage, Diego et Dominique vont à Rome et obtiennent du pape Innocent III la mission de parcourir, avec quelques compagnons, les régions atteintes par l'hérésie et d'y prêcher l'Evangile par la parole et par l'exemple.
Ils sont frappés par les abus du clergé et l'importance qu'a prise l'hérésie des albigeois.
Comme les "bons hommes", ils prennent la route à pied, dans le dénuement, emportant seulement les livres nécessaires à l'office, l'étude et la "dispute" (l’explication théologique qu'il mène avec les hérétiques).

Puis, en 1206, en accord avec son évêque 1, Dominique quitte le chapitre d'Osma et la communauté des chanoines de Saint Augustin, pour devenir curé de paroisse à Fanjeaux (Aude), près de Carcassonne, en plein pays cathare.
Pour concurrencer une institution cathare comparable, il fonde à Prouilhe (près de Fanjeaux) un monastère pour quelques "parfaites" converties chargées de prier pour la conversion des cathares.

En 1207, une dispute théologique est organisée sur plusieurs jours à Montréal, près de Carcassonne entre le futur saint Dominique et l’évêque cathare Guilhabert de Castres, mais la prédication échoue.

Le miracle du feu

Selon les versions, il se produit soit à Montréal soit à Fanjeaux.

En 1207, la joute oratoire qui oppose Dominique à Guilhabert de Castres, évêque cathare, aboutit à l'ordalie (jugement de Dieu) par le feu.
Après que les écrits des deux orateurs ont été jetés dans le feu, ceux de Guilhabert de Castres brûlent, alors que ceux de Dominique échappent aux flammes en s'élevant par trois fois au-dessus du foyer...

Le 10 mars 1208, après l'assassinat de Pierre de Castelnau, légat pontifical, par un familier du comte de Toulouse, le 15 janvier 1208, le pape Innocent III appelle à la croisade contre les albigeois.

Dominique ne collabore pas à la croisade comme d'autres clercs, évêques et moines : il ne fait que prêcher pendant que d'autres se battent.
Et, contrairement à la légende, si les dominicains y prennent part, il ne participe pas lui-même à l'inquisition.

En 1215, Dominique rassemble quelques frères à Toulouse et se place sous l'autorité de l'Evêque de Toulouse, Foulques, qui lui donne l'église Saint-Romain.
Au mois de novembre, Dominique et Foulques participent à Rome, au IVe concile du Latran : là, avec le pape Innocent III, ils projettent l'établissement d'un Ordre de Prêcheurs.

En 1216, Dominique fonde l'Ordre des Frères Prêcheurs doté par Innocent III (+ 16 juillet) d'une règle inspirée de celle de saint Augustin.

En janvier 1217, l'Ordre reçoit l'approbation ecclésiastique du nouveau pape Honorius III. Dès cette année, les dominicains commencent à se disperser à travers toute l'Europe et à y fonder des couvents.

En 1218, Honorius III crée pour Dominique la fonction de maître du Saint-Palais et de théologien personnel du pape.

En 1220, au chapitre de Bologne, Dominique donne ses premières structures à l’ordre des frères prêcheurs.
Il fonde pour les laïcs, la Militia Christi, l'Ordre chevaleresque de la Milice du Christ, pour "défendre les droits de l’Eglise et résister à la malice de l’hérésie".

Dominique meurt à Bologne le 6 août 1221, pendant une campagne missionnaire dans le nord de l'Italie.

Canonisé par le pape Grégoire IX le 3 juillet 1234, saint Dominique (Dominicus) est fêté le 8 août (anciennement le 4).
Il est représenté avec un chien, à cause du jeu de mots : "Dominicanus" (dominicain) et "Domini canis" (chien du Seigneur).

On lui attribue l’invention du chapelet. Ce qui est certain, c'est qu’il répandit cette façon de prier, et en fit un des caractères spéciaux de l'ordre qu'il fonda. Notre Dame du Rosaire est la patronne de l’Ordre Dominicain.

"Dominique avait une telle intégrité morale, il était emporté par un tel élan de ferveur qu'on découvrait en lui de façon évidente un chef-d'œuvre de noblesse et de grâce. Il régnait en lui une parfaite égalité d'esprit, sauf quand il était bouleversé de compassion et de miséricorde. Et puisque le cœur en joie se reflète dans la gaîté du visage, il manifestait au dehors l'équilibre paisible de sa vie intérieure par l'amabilité et la sérénité de ses traits. En toute circonstance, par ses paroles et sa conduite, il se montrait un homme évangélique. Pendant la journée, avec ses frères ou ses compagnons, personne n'était plus simple et plus joyeux. Pendant la nuit, personne n'était plus adonné à toutes sortes de veilles et de prières. Il ne parlait guère qu'avec Dieu, dans l'oraison, ou de Dieu, et il exhortait ses frères à en faire autant.

Il adressa fréquemment à Dieu cette demande particulière : qu'il daignât lui accorder une vraie charité, capable de rechercher et d'obtenir le salut des hommes ; il estimait qu'il serait véritablement un membre du Christ, s'il se dépensait avant tout, totalement et de toutes ses forces, à gagner des âmes, de même que le Seigneur Jésus, Sauveur de tous, s'est offert sans réserve pour notre salut. Et c'est pour cette œuvre que, selon le dessein prémédité par la Providence, il institua l'Ordre des Frère Prêcheurs. Il exhortait souvent les frères de cet Ordre, de vive voix et par lettres, à étudier sans cesse le Nouveau et l'Ancien Testament. Il portait toujours sur lui l'évangile de saint Matthieu et les lettres de saint Paul, et il les étudiait tellement qu'il les savait à peu près par cœur. Il fut désigné deux ou trois fois pour l'épiscopat et il refusa toujours, préférant vivre dans la pauvreté avec ses frères, plutôt que d'avoir un évêché. Il garda intacte jusqu'à la fin la délicatesse d'une chasteté absolue. Il désirait être flagellé, coupé en morceaux, et mourir pour la foi du Christ. Le pape Grégoire IX a dit de lui : Je l'ai connu comme un homme qui suivait parfaitement la règle des Apôtres, et je ne doute pas qu'il soit au ciel associé à leur gloire." 

En 2015, les frères prêcheurs sont 6 000 dans le monde, dont un millier en formation ; s'y ajoutent 3 000 moniales contemplatives vivant en cloîtres, 25 000 religieuses affiliées, enseignantes ou soignantes, ainsi que 150 000 fidèles laïques, engagés au côté de l'ordre.

Citations

Allons de l'avant dans la joie, en pensant à notre Sauveur. (Dominique)

Durant le jour, nul ne se mêlait plus que lui (Dominique, ndlr) à ses frères ou ses compagnons, nul n’était plus enjoué. Mais durant les heures de la nuit, nul n’était plus assidu à veiller et à supplier de toutes les manières. Il consacrait le jour au prochain et la nuit à Dieu (...) Il accueillait chaque homme dans le grand sein de la charité et, étant donné qu'il aimait chacun, tous l'aimaient. Il s'était fait pour règle personnelle de se réjouir avec les personnes heureuses et de pleurer avec ceux qui pleuraient. (Jourdain de Saxe +1237, successeur de Dominique)

Dominique enjoignit un jour à frère Bertrand (Bertrand de Garrigues, ndlr) de ne plus pleurer ses propres péchés, mais plutôt ceux des autres, car il avait remarqué que ce frère s’affligeait trop de ses propres péchés. Si grande fut la vertu de ces paroles, que, dès lors, frère Bertrand pleura tant sur les autres qu’il ne pouvait plus pleurer sur lui-même, même s’il l’avait voulu. (Monumenta Ordinis fratrum praedicatorum historica, 1896/1898)

Il (Dominique, ndlr) allait jusqu'à prétendre forcer la justice même du Père, en priant pour les damnés : "ad in infernos damnatos extendebat caritatem suam" (Bernanos + 1948)

LE CATHARISME - Page 2 Dominique
Dominique de Guzmán par Claudio Coello
Musée du Prado, Madrid 
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Message  Arlitto Sam 05 Mar 2016, 19:41

La croisade

En 1207, Innocent III, dans une lettre aux évêques du Midi, expose pour la première fois les principes qui justifient l’extension de la croisade en pays chrétien : l’Église n’est plus obligée de recourir au bras séculier pour exterminer l’hérésie dans une région ; à défaut du suzerain, elle a le droit de prendre elle-même l’initiative de convoquer à cette œuvre tous les chrétiens, et même de disposer des territoires contaminés en les offrant, par-dessus le suzerain, comme butin aux conquérants.

Cette pratique, appelée "terram exponere occupantibus" ou "terram exponere catholicis occupandam" (livrer la terre aux occupants, ou à l’occupation des catholiques), recevra aux XVIe et XVIIe siècles le nom d'"exposition en proie".

Le 15 janvier 1208, après une vaine entrevue avec Raimond VI à Saint-Gilles, le légat Pierre de Castelnau est assassiné près d’Arles par un personnage que l’on identifie comme un écuyer du comte, sans que cette identification et la responsabilité du comte soient prouvées. 
Le 10 mars, le pape appelle à la croisade (elle durera jusqu’en 1229 où la lutte de l’Église contre les hérétiques prendra alors la forme de l’Inquisition). 

Le 1er mai 1209, le roi de France, Philippe II Auguste, et le légat du pape, Arnaud Amaury (ou Amalric), abbé de Cîteaux, convoquent une assemblée des grands du royaume, près de Sens, pour préparer la croisade contre les Albigeois.
En juin, les Croisés se rassemblent à Lyon.

Le 22 juillet, les croisés de Simon de Montfort saccagent Béziers et massacrent 7 000 personnes (même celles réfugiées dans l'église), en présence du légat du pape, archevêque de Narbonne et abbé de Cîteaux, Arnaud Amaury (ou Amalric) auquel le moine allemand Césaire de Heisterbach attribuera (dans son recueil Dialogues des miracles écrit entre 1219 et 1223) la phrase : « Massacrez-les ! Car le seigneur connaît les siens. ». Césaire est le seul à faire cette citation qui n'est rapportée par aucune autre source locale et contemporaine. Jusqu’à sa mort, Arnaud Amaury niera avoir prononcé ces mots. Au début du siège de la ville, le légat a exigé que tous les catholiques sortissent de la ville afin qu'ils ne partageassent pas le sort des cathares.
En août, Carcassonne est conquise.

Le 12 septembre, le concile d’Avignon, tenu par Hugues Raymond, évêque de Riez, et rassemblant quatre archevêques et vingt évêques, prononce l'excommunication des consuls toulousains et une nouvelle excommunication de Raymond VI.

Le 22 juillet 1210, Minerve est prise par l'armée croisée de Simon IV de Montfort : les Cathares qui refusent d'abjurer sont brûlés vifs.

En 1211, se tient le concile de Tarnovo (Bulgarie) contre les bogomiles jugés comme hérétiques.
Le 3 mai, Lavaur est prise par les croisés qui brûlent 400 albigeois ; dame Guiraude ou Géralda de Laurac, après avoir été livrée aux soldats, est jetée vive au fond d'un puits et enfouie sous des pierres.

En 1213, la coalition occitano-aragonaise est battue par les Croisés à Muret.

En 1215, le 4e concile de Latran attribue à Simon de Montfort le pays conquis sur le vieux comte de Toulouse qu’il "déchoit de tout droit de souveraineté" et fait des dominicains les prédicateurs officiels de l'orthodoxie catholique. La même année, Dominique fonde l'ordre des Frères prêcheurs.

En 1219, une bulle d'Honorius III débute par ces mots : « Que chacun de vous ceigne son épée et n’épargne ni son frère ni son plus proche parent. »

L’empereur Frédéric II en 1220 et 1224, le roi de France Louis VIII en 1226, la régente Blanche de Castille et le comte de Toulouse lui-même en 1229, publient des ordonnances contre les hérétiques.

De Pâques 1224 à 1226, Antoine de Padoue, qui a acquis une expérience en ce domaine en Italie du Nord (Rimini, Bologne), prêche en terre cathare dans le midi de la France.

En 1225, les chefs cathares se réunissent en concile à Pieusse, près de Limoux.

Le 28 janvier 1226, le concile de Bourges excommunie Raimond VII de Toulouse.
Au printemps, Louis VIII part en croisade contre les albigeois ; il s’empare des terres des Trencavel et du Languedoc septentrional et oriental (sénéchaussées de Beaucaire et de Carcassonne) mais renonce à attaquer Toulouse. Louis négocie la cession au domaine royal des territoires annexés par Simon de Montfort et son fils.
Le 12 septembre, à la demande du pape, le roi prend Avignon où les catholiques ont été persécutés.

Au retour de cette croisade, Louis VIII meurt de la dysenterie (qui ravage son armée) à Montpensier en Auvergne le 8 novembre.

En été 1227, le château de Labécède-en-Lauragais (Aude), commandé par Oliver de Termes, est pris par Humbert de Beaujeu au nom du roi : le diacre hérétique Gérard de la Mole et se compagnons sont brûlés vifs.

Le 12 avril 1229, Jeudi saint, Paris, Raymond VII, comte de Toulouse, battu par Amaury de Montfort (fils de Simon) signe le traité de Paris, négocié à Meaux au printemps, avec la régente Blanche de Castille et se réconcilie avec l'Eglise (il reçoit l'absolution à l'autel, nu-pieds et en chemise ; le traité de Paris, lu publiquement devant le parvis de Notre-Dame, enlève à Raimond VII, au profit du roi de France, toute la façade méditerranéenne ; le reste, c’est-à-dire la région toulousaine, passe, à la mort du comte, à son gendre Alphonse de Poitiers, frère de Saint Louis, puis à Philippe III le Hardi en 1271 : dès lors, l’ancien comté sert de cadre au Languedoc royal.

En avril toujours, par l’ordonnance Cupientes adressée "aux citoyens de Nîmes et de Carcassonne et aux fidèles des deux diocèses contre les hérétiques et les excommuniés" : "Le roi ordonne la punition des hérétiques condamnés par leur évêque, défend de leur donner asile, enjoint aux barons et aux officiers royaux de les poursuivre, promet une prime à ceux qui les prendront, prescrit la saisie des biens meubles et immeubles de tout hérétique non réconcilié au bout d'un an, rétablit au profit des églises les dîmes usurpées, avec ordre aux barons, vassaux, et bonnes villes de jurer l'exécution de l'ordonnance entre les mains des baillis et à ceux-ci de prêter le même serment dans le mois de leur nomination".

Réuni en automne, le concile de Toulouse fixe la procédure de l’Inquisition : « Les évêques choisiront en chaque paroisse un prêtre et deux ou trois laïques de bonne réputation auxquels ils feront serment de rechercher exactement et fréquemment les hérétiques ... » ; les sentences seront prononcées par l’évêque : en cas d’hérésie sans repentir, c’est le bûcher ; en cas de repentir, c’est la prison à vie.
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Message  Arlitto Sam 05 Mar 2016, 19:42

Honorius III, pape 

Cencio Savelli naît vers 1160 à Rome.
Elu à l'unanimité le 18-7-1216, il choisit le nom d'"Honorius" ; il est intronisé le 24.
Honorius III soutient la croisade contre les albigeois et la croisade des Teutoniques contre les païens prussiens.
Il fait pression sur la France pour qu’elle renonce à l’invasion de l’Angleterre et aide Henri III, fils mineur de Jean Sans Terre, à obtenir la couronne anglaise qu’il portera de 1216 à 1272.
Il donne son aval à l’expérience des béguinages : le Liégeois Lambert Le Bègue (1131-1177) serait l'initiateur du mouvement béguinal.
Il interdit à l’Université de Paris d’enseigner le droit civil.

Prophétie de Malachie : Canonicus ex latere (le chanoine de Latran).

En 1670, parut le Grimoire du Pape Honorius, un Livre de conjurations.


1216. 18 juillet, élection du pape. 24 août, le fils de Raymond VI de Toulouse, le futur Raymond VII, prend Beaucaire aux Croisés. 19 octobre, mort de Jean sans Terre : son fils de 9 ans est couronné le 29 sous le nom de "Henri III".

1217. 21 janvier, bulle confirmant l’Ordre des Dominicains ou Frères prêcheurs et lui accordant un certain nombre de privilèges, dont le droit de prêcher et de confesser en tous lieux, sans solliciter l’autorisation des autorités locales. 19 mai, à Lincoln (Angleterre), Louis de France est battu par les partisans d'Henri III. Raymond VII de Toulouse reprend possession de la cité de son père.

1217-1221. Cinquième croisade. C'est une campagne militaire dont le but est d’envahir et de conquérir une partie du sultanat ayyoubide d’Égypte afin de pouvoir échanger les territoires conquis contre les anciens territoires du royaume de Jérusalem se trouvant sous contrôle ayyoubides. Malgré la prise de Damiette (5 novembre 1219), la croisade est un échec, à cause de l’intransigeance du légat Pélage et de sa méconnaissance de la politique locale qui le conduisent à refuser les négociations au bon moment.

1218. 25 juin, Simon de Montfort est tué par la chute d'une pierre devant les murs de Toulouse : le 25 juillet, son fis Amaury VI de Montfort lève le siège de Toulouse. Honorius crée pour Dominique de Guzman la fonction de maître du Saint-Palais et de théologien personnel du pape. Le cardinal Hugolin obtient d'Honorius III l'exemption, pour les Pauvres Dames (Clarisses), de la juridiction épiscopale. Valdo rompt avec la secte des humiliates (humiliés) d’Italie du Nord. 31 août, mort d'al-Adel : Malik al-Kamel devient sultan ayyubide d'Égypte et de Syrie.

1219. Une bulle papale débute par ces mots : « Que chacun de vous ceigne son épée et n’épargne ni son frère ni son plus proche parent ». 2 au 10 juin, Sac de Marmande (Lot et Garonne) par l’armée des barons du Nord : la population (5.000 âmes) est entièrement massacrée. 11 juin, la bulle Cum dilecti filii rassure les prélats des régions nord-alpines sur l'orthodoxie des frères mineurs. 15 juin, Bataille de Reval (actuellement Tallinn en Estonie), entre le roi danois Valdemar II et les Estoniens ; selon la légende, le drapeau du Danemark (Danebrog), dessiné par la foudre dans le ciel, donne du courage aux troupes du roi Valdemar II qui gagnent la bataille. Les Serbes obtiennent l’indépendance ecclésiastique. 5 novembre, les Croisés prennent Damiette, ville et port égyptien, assiégée depuis le 31 mai 1218 ; le légat Pélage compte sur l’arrivée de l’empereur Frédéric II et de son armée, mais ce dernier ne cesse de différer le départ (il n’arrivera en fait que huit ans plus tard). Pendant la période d’occupation de Damiette, et, malgré l'interdiction du légat, François d’Assise se rend auprès du sultan al-Kamil pour le convertir, mais, même s’il le reçoit cordialement et civilement, celui-ci refuse le baptême. 16 décembre, la bulle Super speculam interdit l'enseignement du droit romain à Paris.

1220. En mars, Gengis Khan prend Samarcande et massacre la population. François d’Assise fonde pour les laïcs le Tiers ordre séculier (Fraternité Séculière de Saint François). Dominique fonde, en Italie, pour les laïcs, la Militia Christi, l'Ordre chevaleresque de la Milice du Christ, pour "défendre les droits de l’Eglise et résister à la malice de l’hérésie". 29 mai, une lettre papale rassure les prélats de France sur l'orthodoxie des frères mineurs. En été, la flotte d'Al-Kamel écrase les vaisseaux Occidentaux au large de Chypre. 30 août, à Chinon, le roi d’Angleterre, Jean sans Terre, épouse la fille unique du comte d’Angoulême, Isabelle, qu’il a enlevée (elle était promise à Hugues X de Lusignan, comte de la Marche). 22 septembre, la bulle Cum secundum consilium impose à ceux qui veulent entrer chez les frères mineurs un noviciat d'une année et prévoit des sanctions contre ceux qui "vagabonderaient en dehors de l'obéissance". 22 novembre, à Rome, Frédéric II, roi de Sicile et de Germanie, est couronné empereur par le pape qui lui a fait jurer acte de vassalité envers l’Eglise et surtout fait promettre de partir d’ici peu de temps pour une croisade en Terre Sainte ; même si Frédéric II fait de l’hérésie un crime de lèse-majesté, passible du feu, son règne (1220-1250) ne sera qu'une longue lutte contre la papauté.

1221. En avril, Gengis Khan prend Gourandj et massacre la population. Par un bref, le pape relance la croisade contre les albigeois et prive Raimond VI de Toulouse de tous droits sur ses terres. Au chapitre général de l’ordre des frères mineurs, François d'Assise instaure la règle de l’ordre (Regula prima) qu'il a rédigée (elle sera approuvée par le pape en 1223). Le légat repousse les offres de traité faites par le sultan et marche sur le Caire mais doit battre en retraite et rendre Damiette.

1222. Concile d’Oxford.

1223. 2 mars, le pape autorise, au sein des ordres de Cîteaux et de Flore, le culte de Joachim de Flore à un rang équivalent à celui de bienheureux. Pierre Nolasque, ancien marchand, fonde l'Ordre de la Bienheureuse Vierge Marie de la Merci pour la rédemption des captifs, afin de racheter les prisonniers faits par les Musulmans (60.000 seront rachetés jusqu’en 1779) ; dans la cathédrale de Barcelone, en présence de l'évêque et du roi Jacques Ier d'Aragon, Raymond de Penyafort donne l'habit et le scapulaire aux premiers mercédaires (il rédigera la règle de ce nouvel ordre pour laquelle il obtiendra l'approbation du pape Grégoire IX en 1235). 14 juillet, à Mantes, mort de Philippe II Auguste (fièvre) : son fils Louis VIII, dit le Lion pacifique ou Cœur de Lion (à cause de son ardeur au combat) lui succède ; il sera sacré à Reims, avec la reine Blanche de Castille, le 6 août ; c’est le premier roi capétien à n’avoir pas été associé à la Couronne du vivant de son prédécesseur. 29 novembre, par sa bulle Solet annuere, le pape approuve la règle définitive de l’ordre des Franciscains qui font vœu de pauvreté absolue ; c'est la confirmation du texte qu'avait approuvé oralement Innocent III en 1209. A Noël, la première crèche vivante est réalisée par François d’Assise à Greccio, petit village des Abruzzes, pour la messe de minuit.

1224. 14 janvier, Paix de Carcassonne : Amaury de Monfort, fils de feu Simon de Monfort, conclut une paix avec le comte de Toulouse et le comte de Foix. A Pâques, Antoine de Padoue, qui a acquis de l’expérience en ce domaine en Italie du Nord (Rimini, Bologne), prêche en terre cathare dans le midi de la France (jusqu’à fin 1227). Louis VIII le Lion reprend le Poitou aux Anglais. Gengis Khan (+1227) est maître d’un empire qui s’étend de Mer Noire à l’Océan Pacifique. François d’Assise a une vision et reçoit les stigmates ; les stigmates sont des cicatrices apparaissant miraculeusement sur le corps et correspondant aux cinq plaies du Christ crucifié ; les stigmatisés ont habituellement des plaies sanguinolentes non infectées ; François d’Assise aurait été le premier stigmatisé ; Catherine Emmerich et Catherine de Sienne ainsi que d’autres grandes mystiques furent également stigmatisées.

1224-1226. Grande famine.

1225. Un édit de Louis VIII défend aux prostituées de porter des ceintures dorées.

1226. 3 janvier, au concile de Londres, la bulle ayant pour but de réserver au pape deux prébendes dans chaque cathédrale est rejetée (comme en France). 28 janvier, le concile de Bourges excommunie Raimond VII de Toulouse. 30 janvier, Louis VIII et les barons acceptent la croix des mains du nouveau légat, le cardinal Romain de Saint-Ange ; Amaury de Montfort est nommé connétable de France. Au printemps, Louis VIII part en croisade contre les albigeois ; il s’empare des terres des Trencavel et du Languedoc septentrional et oriental (sénéchaussées de Beaucaire et de Carcassonne) mais renonce à attaquer Toulouse ; Louis négocie la cession au domaine royal des territoires annexés par Simon de Montfort et son fils. Mars, le duc Conrad de Mazovie (duché chrétien en Prusse) demande l’aide des chevaliers teutoniques contre les Borusses ; le grand maître Hermann de Salza obtient de l’empereur Frédéric II l’attribution du pays de Kulm et tous les territoires conquis sur les Prussiens (Bulle d'or de Rimini). Le pape ratifie la règle des Carmes (écrite en 1209 par Albert de Vercelli, patriarche latin de Jérusalem). 12 septembre, à la demande du pape, Louis prend Avignon où les catholiques ont été persécutés ; le roi confie à Humbert de Beaujeu le gouvernement du pays qu'il a conquis ; au retour de cette croisade il meurt de la dysenterie (qui ravage son armée) à Montpensier en Auvergne le 8 novembre. Nuit du 3 au 4 octobre, mort de François d'Assise. 29 novembre, à Reims, Louis IX, qui n’a que 12 ans, est sacré roi ; Blanche de Castille, reine de France, mère de onze enfants, devient "régente" du royaume (titre inconnu à l’époque), conformément aux dernières volontés du roi défunt, qui avait su apprécier l’énergie et le dévouement de son épouse ; énergique et austère, elle s’appuie, malgré l’absence de soutien de Philippe de Boulogne, oncle du roi, sur une équipe de remarquables administrateurs réunis par Philippe Auguste, ainsi que sur le légat du pape, Romano Frangipani, cardinal de Saint-Ange, qui devient son conseiller le plus proche ; le chroniqueur Mathieu écrit d’elle : « Femme par le sexe, elle fut virile dans le conseil ».

1227. 5 janvier au 1er février, le pape réconcilie l'empereur Frédéric II avec les villes lombardes. 28 février, après le 4ème concile du Latran, le concile régional de Narbonne décrète, entre autres, que les Juifs doivent porter la rouelle pour être distingués des chrétiens, les dimanches et fêtes, qu'ils ne travaillent pas en public et ne peuvent pas sortir de chez eux pendant la semaine sainte sauf cas de nécessité, et que les évêques doivent les protéger des mauvais traitements ; le canon 14 "enjoint aux évêques d'instituer dans toutes les paroisses des témoins synodaux ou inquisiteurs de l'hérésie et autres crimes manifestes". 18 mars, mort du pape.
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Message  Arlitto Sam 05 Mar 2016, 19:42

Antoine de Padoue 

Fernando de Bulhões, fils de Martin de Bulhões (Bouillon) et de Maria Tavera, naît à Lisbonne le 15 août 1195, dans une famille noble aux traditions militaires.
A 10 ans, il étudie le latin, l'histoire ecclésiastique, la liturgie et le chant sacré à l'école de la cathédrale.
A 15 ans, il entre chez les Chanoines réguliers de Saint Augustin à Saint-Vincent de Fora.
Deux ans plus tard, il passe au monastère de Sainte-Croix de Coimbra où, durant 8 ans, il fait des études de philosophie, de théologie, d'Écriture Sainte et de patristique, avant d'être ordonné prêtre (1219/1220?) ; pour le jeune Fernando (25 ans), la norme ecclésiastique qui fixe à un minimum de 30 ans l'âge pour avoir accès au sacerdoce, n'est pas observée.

En septembre 1220, après que les restes des cinq premiers martyrs franciscains du Maroc sont ramenés au Portugal, il entre au couvent des Oliviers à Coimbra, chez les Frères mineurs qui l'admettent sous le nom de frère Antoine d'Olivarès.
Il obtient d'aller au Maroc en 1221 : mais, étant tombé gravement malade à peine débarqué, il doit rentrer en Europe.
Il se retrouve au chapitre de tout l'ordre tenu à Assise du 30 mai au 8 juin 1221.

Après 10 mois de retraite, au couvent de Montepaolo, Antoine accompagne, en septembre 1222, son supérieur Gratien, provincial de Romagne, à Forli, où quelques Franciscains et Dominicains doivent recevoir les saints ordres. Chacun se récusant pour adresser quelques mots aux ordinands, Antoine doit prendre la parole.
Il manifeste tant de science et d'éloquence que François d'Assise en est informé et décide de l'envoyer prêcher.
Il débute sa mission de prédicateur en Lombardie et en Romagne.
Antoine parcourt les villes et les campagnes pour y détruire le désordre et l'erreur, pour ranimer la foi et faire fleurir la vertu ; les nombreux et éclatants prodiges qui accompagnent sa prédication lui font décerner les titres d'Apôtre et de Thaumaturge.

Fin 1223, à Bologne, Antoine enseigne la théologie au clergé et aux laïcs. Il commence son enseignement, avec la bénédiction de François d'Assise, lequel lui envoie une brève lettre qui commence par ces paroles : « Il me plaît que tu enseignes la théologie aux frères ». Antoine pose les bases de la théologie franciscaine qui, cultivée par d'autres éminentes figures de penseurs, connaîtra son apogée avec Bonaventure de Bagnoregio et Duns Scot.

De Pâques 1224 à 1226, Antoine, qui a acquis une expérience en ce domaine en Italie du Nord (Rimini, Bologne), prêche en terre  cathare dans le midi de la France, notamment à Montpellier, Toulouse, Brive, Le Puy, Bourges, Châteauroux, Arles, Limoges.
A Montpellier, on constate un phénomène de bilocation, puis le silence imposé aux grenouilles d'un étang (le lac de Saint-Antoine).
La ville de Brive-la-Gaillarde conserve le souvenir des grottes où il se retire quelque temps dans la prière solitaire et du monastère qu'il fonde. C'est aussi dans cette ville qu'il retrouve miraculeusement un manuscrit dérobé (un novice, qui lui a dérobé son psautier, le lui rend après avoir été terrorisé par une apparition menaçante), gagnant ainsi sa spécialité posthume de faire retrouver les objets perdus.

A Bourges, il accomplit le "miracle de la mule" : soutenant un jour une dispute avec une hérétique sur la présente réelle de Jésus-Christ dans l'eucharistie, il obtient qu'une mule, privée de nourriture depuis trois jours, se prosterne à deux genoux devant l'hostie consacrée au lieu de manger l'avoine qu'on lui présente.
En septembre 1226, à Arles, Antoine assiste au chapitre de Provence qui le nomme custode de Limoges où il opère d'autres prodiges.

En 1227, à la nouvelle de la mort de François (3/10/1226), il repart pour l'Italie où, en 1229, il est élu ministre provincial du Nord de l'Italie.
En mai 1230, à l'occasion du chapitre général tenu durant le transfert de la dépouille de François vers la nouvelle basilique construite en son honneur, frère Antoine reçoit la nouvelle fonction de "prédicateur général" et est désigné, avec six autres confrères, pour représenter l'Ordre auprès du pape  Grégoire IX.
Après un prêche mémorable à Rome où des pèlerins de toutes langues et de toutes nations entendent ses paroles dans la langue de chacun d'eux, Antoine convoque, au bord de la mer, à Rimini, les hérétiques insensibles à ses exhortations et parle aux poissons.

Il prêche ensuite à Aquilée, Goritz, Udine, Gemona, Trévise, Venise, Vérone, Florence, Milan, Verceil ...

Au cours de la dernière période de sa vie, Antoine écrit deux cycles de  Sermons, intitulés respectivement Sermons du dimanche et Sermons sur les saints et destinés aux prêcheurs et aux enseignants des études théologiques de l'Ordre franciscain.

En 1231 il prêche le Carême à Padoue. Fin mai, épuisé, il se retire, avec deux compagnons, dans l'ermitage de Campo-San-Pietro. Mais, sentant ses forces l'abandonner, il demande à retourner à Padoue (cette ville qui le vénère et qui lui a donné son deuxième nom) ; il meurt à Arcella, près de Padoue, le vendredi 13 juin.
Avant d'expirer, il murmure : "Je vois mon Seigneur". Selon une autre source : il chante d'une voix affaiblie : "O Gloriosa Domina..." (O Dame Glorieuse)
Si le corps de saint Antoine est resté à Padoue, sa langue est vénérée à Lisbonne dans l’église qui a été construite à l’endroit où il est né.

Celui qui fut surnommé "le marteau des hérétiques", en raison de ses succès contre les cathares de Lombardie, est canonisé le 30 mai 1232 par Grégoire IX qui, émerveillé de sa connaissance profonde des Écritures, le qualifie de "Bibliothèque vivante des Écritures" et lui donne le titre de "Arche du Testament".

En 1946, Pie XII le proclame Docteur de l'Église universelle avec le titre de "Doctor evangelicus".

La piété populaire voit en lui un intercesseur efficace et un thaumaturge.
Fêté le 13 juin, saint Antoine de Padoue est le patron des marins, des naufragés, des prisonniers et des armées du Portugal et du Brésil.
Il est représenté avec la bure franciscaine, un livre, l'Enfant Jésus, une mule, des poissons, un cœur enflammé et un lys.


Paroles d'Antoine

Un ventre bien rassasié chante volontiers miserere.

Tendre à une seule fin : le salut des âmes.

Qui pourra briser les liens des richesses, des plaisirs, des honneurs, qui tiennent captifs les clercs et les mauvais religieux ?

La parole est vivante lorsque ce sont les actions qui parlent. Je vous en prie, que les paroles se taisent et que les actions parlent. Nous sommes pleins de paroles et vides d’actions. A cause de cela le Seigneur nous maudit comme il a maudit le figuier qui ne portait que des feuilles et pas de fruits.

Le buis qui ne monte pas en hauteur, ne porte pas de fruits comestibles. Mais il reste toujours vert et ressemble ainsi aux chrétiens qui gardent la foi comme perpétuelle verdure. En effet le mot vert s’applique à celui qui garde sa vertu.

LE CATHARISME - Page 2 AntoinePadoue


Litanies de St Antoine de Padoue 1

Seigneur, ayez pitié de nous Seigneur, ayez pitié de nous
O Christ, ayez pitié de nous O Christ, ayez pitié de nous
Seigneur, ayez pitié de nous Seigneur, ayez pitié de nous
Père du Ciel qui êtes Dieu, ayez pitié de nous
Fils, Rédempteur du monde qui êtes Dieu, ayez pitié de nous
Saint-Esprit qui êtes Dieu, ayez pitié de nous
Sainte Trinité qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous
Sainte Marie, priez pour nous
Sainte Mère de Dieu, priez pour nous
Sainte Vierge des vierges, priez pour nous
Saint Antoine de Padoue priez pour nous
Saint Antoine, homme apostolique, priez pour nous
Saint Antoine, rempli de l'esprit des prophètes priez pour nous
Saint Antoine, docteur sublime priez pour nous
Saint Antoine, lumière de l'Eglise priez pour nous
Saint Antoine, prédicateur de 1a grâce priez pour nous
Saint Antoine, trompette de l'Evangile priez pour nous
Saint Antoine, miroir de la discipline régulière priez pour nous
Saint Antoine, prodige d'austérité priez pour nous
Saint Antoine, vase resplendissant de pureté priez pour nous
Saint Antoine, modèle de pénitence priez pour nous
Saint Antoine, exemplaire d'obéissance priez pour nous
Saint Antoine, amateur insigne de la pauvreté priez pour nous
Saint Antoine, lys de chasteté priez pour nous
Saint Antoine, rose de patience priez pour nous
Saint Antoine, violette d’humilité priez pour nous
Saint Antoine, perle de sainteté priez pour nous
Saint Antoine, marteau des hérétiques priez pour nous
Saint Antoine, arche du Testament priez pour nous
Saint Antoine, zélateur embrasé du culte divin priez pour nous
Saint Antoine, haletant après le salut des âmes priez pour nous
Saint Antoine, dévoré du désir du martyre priez pour nous
Saint Antoine, ami et imitateur assidu de Jésus priez pour nous
Saint Antoine, serviteur dévoué de la Vierge-Mère priez pour nous
Saint Antoine, émule très saint du séraphique François priez pour nous
Saint Antoine, célèbre entre les thaumaturges priez pour nous
Saint Antoine, fidèle protecteur de tous ceux qui espèrent en vous priez pour nous
Saint Antoine, qui faites retrouver les choses perdues priez pour nous
Saint Antoine, qui nourrissez les pauvres priez pour nous
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde,
pardonnez-nous, Seigneur
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde,
exaucez-nous, Seigneur
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde,
ayez pitié de nous, Seigneur
Qu’il intervienne pour nous, ô Dieu tout-puissant, votre confesseur Antoine, lui que vous avez enrichi du don des miracles et des prodiges. Par Jésus-Christ, notre Seigneur.
- Amen.
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Message  Arlitto Sam 05 Mar 2016, 19:42

L’inquisition

En février 1231, Grégoire IX confirme les décisions du concile de Toulouse de 1229 fixant la procédure de l’inquisition.
La constitution Excommunicamus enlève aux évêques "trop timorés" la charge de veiller à l'orthodoxie des fidèles et met les inquisiteurs sous la juridiction spécifique de la papauté. Pour la première fois, un ensemble de mesures attribue à une juridiction d’exception (Inquisitio hereticae pravitatis) le châtiment des ennemis de la foi : l’Inquisition est née.
Grégoire IX munit l’inquisiteur allemand, Conrad de Marburg, de l’ordre de Prémontré, de pouvoirs très étendus pour poursuivre les hérétiques, et particulièrement la secte cathare extrémiste des lucifériens, qui s’adonne à des pratiques proches de la sorcellerie ; avec ses auxiliaires Dorso et Jean, Conrad agit avec un tel fanatisme qu’il soulève le mécontentement d’un grand nombre d’habitants et est massacré par des chevaliers dans le voisinage de Marburg.

En 1232, une bulle de Grégoire IX, qui accuse de pratiques sacrilèges (sorcellerie, orgies, crucifixion des prêtres) les cathares du Nord, justifie une série de croisades contre les Stedinger du Bas-Weser auxquels il est reproché de perpétuer la tradition des vieilles tribus germaniques.
Une première croisade, payée d’indulgences plénières, échoue ; elle est suivie en 1233 et 1234 de deux autres croisades qui font des milliers de morts.

En 1233, par la bulle Ille humani generis, Grégoire IX installe l’Inquisition en Languedoc et deux tribunaux fixes sont mis en place à Carcassonne et à Toulouse, malgré des soulèvements populaires à Toulouse, Narbonne et Albi (1234-1235).
Le 20 avril, Grégoire informe les archevêques et les autres prélats qu’il les soulage d’une partie de leur fardeau en choisissant, pour combattre l’hérésie, les Frères prêcheurs.
Le 22, le pape donne mandat au provincial des Frères Prêcheurs de Provence pour désigner des religieux chargés de la répression de l'hérésie. Peu de temps après, les franciscains sont adjoints aux dominicains et leur juridiction s'étend à la chrétienté tout entière.
En juin, une deuxième croisade contre les Stedinger pénètre sur le territoire oriental, resté cependant à l’écart des luttes, et se livre à un massacre général (lors de l’attaque de la rive gauche, Oldenbourg, chef des croisés, est tué avec deux cents de ses soldats).
La même année, l’évêque cathare Vigoureux de Baconia est brûlé vif : il est la première victime de l'Inquisition en France.
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Message  Arlitto Sam 05 Mar 2016, 19:43

Le 27 mai 1234, à la bataille d’Altenesch, 6 000 Stedinger sont mis à mort par une puissante armée levée pour une troisième croisade (en 1236, Grégoire IX consentira à admettre les survivants dans le giron de l’Église, à la condition qu’ils offrent toutes les garanties d’une parfaite obéissance).
Le 14 octobre, Grégoire IX encourage la croisade contre les Bogomiles de Bosnie (fin en 1239).

En 1235, 210 cathares sont brûlés à Moissac. Ayant voulu faire déterrer du cloître Saint-Salvy les restes de chanoines convaincus d'hérésie pour les incinérer, l'Inquisition suscite une révolte à Albi. En novembre, les dominicains sont expulsés de Toulouse.

"Cette année-là (1239, ndlr), le vendredi de la semaine avant la Pentecôte (13 mai, ndlr), fut fait un immense holocauste agréable au Seigneur en brûlant des Bougres (hérétiques cathares, ndlr) ; 183 furent brûlés en présence du Roi de Navarre et des barons de Champagne au Mont-Aimé". [Aubry du Monastère de Trois-Fontaine (Haute Marne)]

Dans la nuit du 28 au 29 mai 1242, veille de l’Ascension, dans le château d'Avignonet, des chevaliers cathares de Montségur, viennent tuer à coups de lance, d'épée et de hache les membres du tribunal de l'Inquisition de Toulouse : les dominicains Guillaume Arnaud, Bernard de Roquefort et Garcia d’Aure, les franciscains Étienne de Saint-Thibéry et Raymond Carbonier, le chanoine Raymond de Cortisan, surnommé Escriban, archidiacre de Lezat et son clerc Bernard, le notaire Pierre d’Arnaud, les clercs Fortanier et Aymar, et le prieur curé d’Avignonet dont on ignore le nom.

Le 30 octobre, à Lorris (Loiret), Raymond VII, comte de Toulouse, qui a repris la lutte, fait la paix avec le roi Louis IX : il renonce à Narbonne et Albi et promet de faire la chasse aux hérétiques cathares.

Le 14 mars 1244, Montségur, dernier foyer de résistance cathare, tombe. Le 16, plus de 200 cathares, qui refusent d’abjurer, sont brûlés vifs.

Mai à juillet 1246 : condamnations de cathares à Toulouse.

En 1247, Raimon VII fait brûler 80 cathares à Berlaigues près d'Agen.

Après Padern (1248) et Puilaurens (1250), les châteaux de Quéribus et de Niort-de-Sault se rendent en 1255.

Vers 1250-1280, dans l’Aude, le Nouveau Testament est traduit en provençal pour les cathares.

En 1273, Durand de Rouffiac avoue à l’inquisiteur Ranulphe de Plassac que "l’âme n’est rien d’autre que le sang dans le corps".

En 1277, 178 cathares sont brûlés par l’inquisition en Lombardie.

En 1282, est posée, à Albi, la première pierre de la cathédrale-forteresse Sainte-Cécile (le choeur ne sera consacré que le 23 avril 1480) ; le 1er août 2010, la cité épiscopale d'Albi sera inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO.

En 1295, l’Église crée, à Pamiers, un évêché et un tribunal d’inquisition. L’évêque Pierre fournier, inquisiteur plutôt "modéré", fait périr sur le bûcher 5 hérétiques albigeois de Montaillou d’où il extirpe l’hérésie ; il deviendra le pape Benoît XII en 1334.

1300 : soulèvement albigeois.

Vers 1300, en Ariège, Guillemette Benet d’Ornolac et Raimond d’Aire de Tignac soutiennent que l’âme humaine n’est rien d’autre que le sang.

En 1308, le château de Montaillou, dernier bastion cathare de Haute Ariège, est détruit ; les cathares qui s’y trouvent sont arrêtés et conduits à Carcassonne devant le tribunal de l’inquisition. Les derniers apôtres cathares, les "Bonshommes", vont se mettre sous la protection des seigneurs catalans.

1320 : mort en détention du franciscain Bernard Délicieux (Deliciosi) qui défendit les albigeois contre l’inquisition à Carcassonne.

Limosus Nigri écrit vers 1320-1325 : « Dieu créateur de toutes choses a d’abord créé les archanges, fils de Dieu. Il leur a accordé une telle puissance qu’ils ont à leur tour créé les anges, moindres qu’eux en valeur et en force. Tous ces êtres sont appelés anges et Vierge Marie. Ceux-ci ont fondé l’abstinence et la chasteté, qui sont supérieures au soleil et à la lune. Les mictions du soleil et de la lune ont, en s’agglutinant, formé la terre. De ce limon putride, Adam et Ève ont été créés par la force du soleil et de la lune, non par Dieu qui est au-dessus de tout péché. Ainsi le soleil, la lune et tous les êtres inférieurs sont faits de corruption... »

Le 24 août 1321, à Villerouge-Termenès, Guilhem Bélibaste, dernier parfait cathare, arrêté en Catalogne, est brûlé vif : « Je ne me soucie pas de ma chair car je n'ai rien en elle : elle appartient aux vers. Le Père céleste n'a rien à lui dans ma chair ... car elle appartient au Prince de ce monde qui l'a faite. »

En 1328, le Sénéchal fait emmurer, dans la grotte de Lombrives, 510 cathares qui s'y étaient réfugiés.

À Carcassonne, en 1330, l’inquisiteur Henri de Chamay est obligé de renoncer à des procès posthumes.

Un édit impérial de 1370 proscrit, en Chine, la "religion du Vénérable de la Lumière".

En 1412 est rendue en Italie la dernière sentence de condamnation au bûcher d'hérétiques dualistes.

En 1463, le Bosniaque patarin Radak livre la place forte de Yaiche à Mehmed II. La Bosnie est intégrée dans l’Empire ottoman ; les bogomiles se convertissent à l’islam.


La foi cathare

Les cathares croyaient que toute l'existence est déterminée par la lutte entre deux dieux : le dieu de la Lumière, de la Bonté et de l'Esprit, généralement associé à Jésus-Christ et au Dieu du Nouveau Testament, et le dieu du Mal, de l'Obscurité et de la Matière, associé à Satan et au Dieu de l'Ancien Testament.
La question de savoir si les deux divinités disposent d'un pouvoir égal ou si les forces du mal sont soumises aux forces du bien fut longuement débattue, mais toute entité matérielle (la richesse, la nourriture, le corps humain lui-même) était considérée par définition comme mauvaise et répugnante. 
L'âme avait été emprisonnée par Satan dans le corps humain ; le seul espoir d'obtenir le salut était de vivre dans le bien et la spiritualité. En vivant dans le bien, on pouvait se libérer après la mort. Mais si on ne pratiquait pas la vertu pendant sa vie, l'âme renaissait sous une autre forme humaine ou même animale (métempsycose).

"Dès l’origine, Dieu a sciemment créé ses anges dans une telle imperfection qu’ils n’ont pu, en aucune façon, éviter le mal (...) Le mal est imputable non à ce Dieu bon, saint, juste, mais à un principe mauvais. Il faut donc reconnaître deux dieux, l’un bon, l’autre pernicieux, caput et causa de tout mal." (Sacconi).

L'Interrogatio Iohannis (Questionnaire de Jean), apocryphe d'origine bogomile (fin du XIIème siècle), relate un entretien entre le Christ et Jean au cours duquel ce dernier lui pose diverses questions dont les réponses constituent une bonne part des croyances cathares : « Et ensuite moi, Jean, j'ai interrogé le Seigneur en disant : Seigneur, comment l'homme prend-il sa naissance de l'esprit dans le corps de chair ? Et le Seigneur me dit : Des esprits déchus des cieux entrent dans les corps de boue des femmes, et ils reçoivent la chair de la concupiscence de la chair et l'esprit naît de l'esprit, et la chair, de la chair ; et c'est ainsi que le règne de Sathanas s'accomplit en ce monde. Et j'ai interrogé le Seigneur en disant : Jusqu'à quand Sathanas régnera-t-il en ce monde sur l'existence humaine ? Et le Seigneur me dit : Mon Père lui permit de régner sept jours, à savoir sept siècles ».

Satan "assouvit sa concupiscence avec Ève en se servant de la queue du serpent". 

Les cathares condamnaient Abraham, Isaac, Jacob, Moïse, les Pères de la Bible ainsi que Jean le Baptiste, comme ennemis de Dieu et ministres du diable, lequel est l’auteur de l’Ancien Testament. Néanmoins, ils acceptaient Job, le Psautier, les Sapientiaux et les Prophètes.
Ils croyaient que Jésus, premier ange appelé fils de Dieu, ne s'était pas réellement incarné mais avait pris l'apparence d'un homme avec l'aide d'un autre ange : Marie. La Vierge était un ange dont la réalité était uniquement spirituelle.
La doctrine cathare, comme le docétisme, niait l’authenticité humaine du Christ qui n’avait subi aucune servitude corporelle, n’était ni mort, ni ressuscité.

Ce monde n’aura pas de fin et le Jugement futur, ayant déjà eu lieu, ne se renouvellera pas.
L’enfer est ici-bas, non ailleurs.

Les cathares soutenaient que l’Eglise chrétienne traditionnelle, avec son clergé corrompu et son abondante richesse matérielle, était l'agent de Satan et devait être ignorée.
Les saints étaient le produit de l'Eglise de Rome dont ils contestaient la légitimité. Ils ne voyaient pas l'intérêt de promouvoir le culte des reliques qui visaient à sacraliser des restes humains appartenant, pour eux, au monde du Malin.

Les adeptes de la doctrine albigeoise étaient divisés en simples croyants vivant dans le monde et "parfaits" (perfecti).
Ces "parfaits ou parfaites" se présentaient comme "bonshommes" ou "bonnes-Femmes, bons chrétiens ou bonnes chrétiennes".
Ils se vouaient à un ascétisme extrême.

Renonçant à tous leurs biens, ils vivaient de dons.

Il leur était interdit de prêter serment (ce qui suffisait à les rendre hérétiques puisqu’ils refusaient de jurer devant le tribunal de l’Inquisition), d'avoir des relations sexuelles et de manger de la viande, des œufs ou du fromage.

Seuls les "parfaits" pouvaient communiquer avec Dieu par la prière.
L'"aparelhament" était une sorte de confession périodique des parfaits.

Les simples croyants pouvaient espérer devenir "parfaits" après une longue période d'initiation suivie d'un rite appelé "consolamentum" ou baptême du Saint Esprit, opéré par l'imposition des mains, leur unique sacrement. Certains n’étaient soumis à ce rite qu'au moment de leur mort : afin d'assurer leur salut, ils devaient observer "l’endura" (jeûne prolongé). Réduit au pain et à l’eau, ils expiraient sans avoir failli à leur engagement. Il arrivait que l’entourage du moribond prît l’initiative et le privât de nourriture malgré lui...
Vers l'équinoxe d'automne, les albigeois célébraient la "Manisola", la fête du Consolateur. 

Une grande partie des idées issues du monde gnostico-manichéen survit jusque dans quelques mouvements modernes, comme la théosophie ou l'anthroposophie.


CITATIONS

Père Saint, Dieu des Bons esprits, toi qui jamais ne trompas, ni ne mentis, ni n'hésitas à subir la mort dans le monde du dieu étranger, donne-nous de connaître ce que tu connais et d'aimer ce que tu aimes ... (Pater cathare).

Tant que le principe manichéen a régné, la volonté de Dieu sur l'homme a été la fatalité. (Eugène Pelletan 1813-1884)

Toute action est manichéenne. (André Malraux, L’Espoir, 1937).
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