"Religion et Pornographie"
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"Religion et Pornographie"
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Est-ce un péché que de regarder de la pornographie ?
La pornographie est définie par cnrtl.fr comme « la représentation (sous forme d'écrits, de dessins, de peintures, de photos, de spectacles, etc.) de choses obscènes, sans préoccupation artistique et avec l'intention délibérée de provoquer l'excitation sexuelle du public auquel elles sont destinées. » Qu’elles soient explicites ou « soft », ces représentations constituent un abus de la relation sexuelle que Dieu a créé uniquement pour les époux. Au lieu d’être un témoignage d'amour conjugal, le rapport sexuel est ainsi réduit à un acte de convoitise.
Le septième des Dix Commandements de Dieu concerne le comportement sexuel : « Tu ne commettras point d'adultère » (Exode 20:14). L'objet principal du septième commandement est la protection de l'union conjugale et, par extension, de la famille. C’est seulement dans le contexte du mariage entre un mari et sa femme que l'expression de l'amour sexuel est permise. Selon le Créateur de la sexualité, l'intimité sexuelle avant le mariage ou avec quelqu'un d'autre que son conjoint est un péché.
Jésus-Christ a révélé ce que Dieu pense de la convoitise sexuelle dans Matthieu 5:27-28 : « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras point d’adultère. Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur. »
Par conséquent, regarder de la pornographie est un péché. Mais pourquoi une telle proscription de la part de notre Créateur ?
Pourquoi le fait de regarder de la pornographie est-il un péché ?
Dieu ne défend pas les comportements qui sont bons pour nous ; Il interdit plutôt les actes qui sont nuisibles. Ayant conçu l'esprit humain, Il sait qu’une union conjugale réussie sous-entend la fidélité mentale, aussi bien que physique. La fidélité et l'infidélité prennent naissance dans notre esprit. Chaque action humaine, juste ou pécheresse, débute par une idée ; dans la pensée. Il n’est guère possible à une personne qui se permet d’être mentalement infidèle de demeurer pleinement engagée envers son conjoint et sa famille.
Autrement dit, regarder de la pornographie est certain d’affaiblir les liens du mariage et de la famille, et pour ceux qui ne sont pas mariés, d'amoindrir leur potentialité de profiter de relations durables et saines dans leur futur mariage et dans leur vie familiale ultérieure.
Plusieurs enquêtes confirment les effets néfastes de la pornographie
De nombreuses recherches ont été effectuées sur les effets de la pornographie. Selon les conclusions du Marriage and Religion Research Institute (un Institut de recherches sur le mariage et la religion), par exemple, « la pornographie est une représentation visuelle de la sexualité qui fausse la conception de la nature des relations conjugales. Elle modifie les attitudes et les comportements sexuels. C’est une menace majeure au mariage, à la famille, aux enfants et au bonheur individuel. Et sapant le mariage, elle est l'un des facteurs à saper la stabilité sociale. »
Voici ce qu'on a notamment constaté :
Encore une fois, le péché nuit toujours et la pornographie nuit aux mariages, aux familles et aux enfants en déformant l'esprit et les rapports personnels de ceux qui la regardent. Selon la Bible, la réaction que l’on devrait avoir quand on se rend compte d’avoir commis un péché est de se repentir, de demander pardon à Dieu, et de prendre l'engagement de ne plus répéter une telle faute (Actes 2:38-39 ; 2 Corinthiens 7:10-11). Par conséquent, toute personne désirant vivre chrétiennement doit faire tous ses efforts pour rejeter la pornographie et pour chercher le repentir et le pardon de Dieu.
Si vous avez d'autres questions qui ne sont pas traitées dans le cadre de nos Questions et réponses bibliques, n'hésitez pas à nous les envoyer à info@eddam.org. Nos ministres chargés de la correspondance se feront un plaisir d'y répondre de leur mieux.
La religion et la pornographie selon ....
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Est-ce un péché que de regarder de la pornographie ?
La pornographie est définie par cnrtl.fr comme « la représentation (sous forme d'écrits, de dessins, de peintures, de photos, de spectacles, etc.) de choses obscènes, sans préoccupation artistique et avec l'intention délibérée de provoquer l'excitation sexuelle du public auquel elles sont destinées. » Qu’elles soient explicites ou « soft », ces représentations constituent un abus de la relation sexuelle que Dieu a créé uniquement pour les époux. Au lieu d’être un témoignage d'amour conjugal, le rapport sexuel est ainsi réduit à un acte de convoitise.
Le septième des Dix Commandements de Dieu concerne le comportement sexuel : « Tu ne commettras point d'adultère » (Exode 20:14). L'objet principal du septième commandement est la protection de l'union conjugale et, par extension, de la famille. C’est seulement dans le contexte du mariage entre un mari et sa femme que l'expression de l'amour sexuel est permise. Selon le Créateur de la sexualité, l'intimité sexuelle avant le mariage ou avec quelqu'un d'autre que son conjoint est un péché.
Jésus-Christ a révélé ce que Dieu pense de la convoitise sexuelle dans Matthieu 5:27-28 : « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras point d’adultère. Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur. »
Par conséquent, regarder de la pornographie est un péché. Mais pourquoi une telle proscription de la part de notre Créateur ?
Pourquoi le fait de regarder de la pornographie est-il un péché ?
Dieu ne défend pas les comportements qui sont bons pour nous ; Il interdit plutôt les actes qui sont nuisibles. Ayant conçu l'esprit humain, Il sait qu’une union conjugale réussie sous-entend la fidélité mentale, aussi bien que physique. La fidélité et l'infidélité prennent naissance dans notre esprit. Chaque action humaine, juste ou pécheresse, débute par une idée ; dans la pensée. Il n’est guère possible à une personne qui se permet d’être mentalement infidèle de demeurer pleinement engagée envers son conjoint et sa famille.
Autrement dit, regarder de la pornographie est certain d’affaiblir les liens du mariage et de la famille, et pour ceux qui ne sont pas mariés, d'amoindrir leur potentialité de profiter de relations durables et saines dans leur futur mariage et dans leur vie familiale ultérieure.
Plusieurs enquêtes confirment les effets néfastes de la pornographie
De nombreuses recherches ont été effectuées sur les effets de la pornographie. Selon les conclusions du Marriage and Religion Research Institute (un Institut de recherches sur le mariage et la religion), par exemple, « la pornographie est une représentation visuelle de la sexualité qui fausse la conception de la nature des relations conjugales. Elle modifie les attitudes et les comportements sexuels. C’est une menace majeure au mariage, à la famille, aux enfants et au bonheur individuel. Et sapant le mariage, elle est l'un des facteurs à saper la stabilité sociale. »
Voici ce qu'on a notamment constaté :
- Les hommes mariés qui regardent de la pornographie se sentent moins satisfaits de leurs relations conjugales et moins attachés émotionnellement à leurs épouses. Leurs épouses le remarquent et sont choquées par cette différence.
- L’usage de la pornographie mène souvent à l'infidélité et au divorce, et il est fréquemment un facteur majeur dans l'éclatement des familles.
- Parmi les couples touchés par la dépendance à la pornographie d'un conjoint, les deux tiers ressentent une diminution du désir des rapports sexuels.
- Hommes et femmes perçoivent le fait de regarder de la pornographie comme une infidélité.
- Regarder de la pornographie diminue le désir que l'on a d’avoir de bonnes relations familiales.
Encore une fois, le péché nuit toujours et la pornographie nuit aux mariages, aux familles et aux enfants en déformant l'esprit et les rapports personnels de ceux qui la regardent. Selon la Bible, la réaction que l’on devrait avoir quand on se rend compte d’avoir commis un péché est de se repentir, de demander pardon à Dieu, et de prendre l'engagement de ne plus répéter une telle faute (Actes 2:38-39 ; 2 Corinthiens 7:10-11). Par conséquent, toute personne désirant vivre chrétiennement doit faire tous ses efforts pour rejeter la pornographie et pour chercher le repentir et le pardon de Dieu.
Si vous avez d'autres questions qui ne sont pas traitées dans le cadre de nos Questions et réponses bibliques, n'hésitez pas à nous les envoyer à info@eddam.org. Nos ministres chargés de la correspondance se feront un plaisir d'y répondre de leur mieux.
Re: "Religion et Pornographie"
Étudier la pornographie
Compte rendu de Dubois (François-Ronan), Introduction aux porn studies, Paris-Bruxelles, Les Impressions nouvelles, 2014, 120 p.
Denis Saint-Amand
Texte intégral
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1Lié au domaine transdisciplinaire des cultural studies, l’ouvrage de François-Ronan Dubois Introduction aux porn studies se présente comme un travail pionnier dans le monde francophone, assumant à la fois ce rôle de défricheur, avec modestie, et l’héritage anglo-saxon, parfaitement maîtrisé, auquel il se doit de référer. La pornographie, qu’il invite à étudier, incarne sans doute le comble des objets d’étude peu légitimes : contrairement à la bande dessinée, au sport, aux séries américaines ou à la musique électronique, elle n’est en effet pas seulement connotée péjorativement en raison du prétendu manque de « sérieux » auquel elle est liée dans l’imaginaire collectif, elle est encore, d’un point de vue dépassant largement le monde académique, considérée comme dangereuse et est condamnée sur le plan de la morale, sur la base de griefs l’érigeant en vecteur de domination masculine voire d’instrument du viol. Pour autant, si elle semble faire l’unanimité contre elle, la pornographie, comme le signale d’emblée François-Ronan Dubois, est de ces réalités sur lesquelles le discours social est presque toujours superficiel : « il en va ici de la pornographie comme du rapport fantasmé entre jeux vidéos et violence, véritable marronnier de l’information médiatique » (p. 7).
2Plus encore qu’un objet méprisé, elle est une réalité attaquée. Mais, là encore, de la même façon que les jeux vidéos sont dénoncés par des individus qui ne les pratiquent pas, la pornographie est généralement décriée par des politiques qui n’en possèdent qu’une connaissance de surface (ou, peut-être, qui feignent de ne la connaître que de cette façon — c’est un autre débat) et qui relaient à son sujet des représentations réductrices (celles-ci procédant, selon l’auteur, des pratiques hétérosexuelles conventionnelles popularisées par l’avènement de certaines « stars » — comme Rocco Siffredi ou Katsuni — ou d’une approche globale du sadomasochisme tenu pour répugnant). Au-delà de ce discours dominant sur la pornographie (consensuel, dénonciateur et simplificateur), il existe, précise Dubois, un contre-discours, émanant des agents participant du monde de la pornographie (réalisateurs, producteurs, acteurs et diffuseurs), mais aussi « des communautés dont les pratiques sexuelles sont marginales [pour lesquelles] la représentation de ces pratiques est déjà une forme de légitimation » (p. 13). Cette dernière précision, impliquant une dimension militante d’une certaine pornographie, provoque une difficulté, bien soulignée par l’auteur : s’il existe une forme de pornographie alternative, cela montre qu’une partie du discours pornographique est insatisfaisant1. Le discours de défense d’une certaine pornographie, dès lors, « porte en lui-même la condamnation de ce qu’il défend » (p.14). Conscient, tout au long de l’ouvrage, des différents écueils qui rendent difficile une approche scientifique de la pornographie, François-Ronan Dubois n’en est pas moins persuadé de son intérêt, et propose une introduction en triptyque à ce domaine d’étude, revenant successivement sur ses « formes » (chapitre 1) et sur les différentes disciplines qui se sont penchées sur la question (chapitre 2), avant de proposer une brève mais brillante réflexion sur « les conséquences d’un savoir pornographique » (chapitre 3).
3Le premier chapitre élabore une typologie — pensée de façon pédagogique et réfutant sa propre étanchéité (« même le classement peu discriminant que j’ai adopté pour ce chapitre échoue à rendre compte de la diversité des documents pornographiques », note Dubois, p. 53) —, et propose des réflexions systématiques sur les logiques et effets de chaque médium approché. Il s’ouvre sur un constat qui suscitera immanquablement l’intérêt du chercheur en littérature : de la même façon que la littérature échappe à une définition stricte, la pornographie est difficile à appréhender dans la mesure où le discours qui le concerne est imprécis et partial. François-Ronan Dubois relaie à ce sujet la savoureuse (et non moins édifiante) anecdote concernant le juge Potter Stewart qui, après s’être révélé incapable de définir rigoureusement la pornographie à l’occasion du procès Jacobellis vs Ohio de 1964, s’était fendu de la formule célèbre : « Je la reconnais quand j’en vois » (I know it when I see it). Au-delà du sourire qu’elle provoque, l’anecdote est révélatrice d’une impasse, dont Dubois prend acte et qu’il contourne en proposant un modèle temporaire qu’il qualifie lui-même d’« insatisfaisant », mais qui permet l’avancée de la réflexion : « est pornographique tout ce qui représente explicitement un acte sexuel » (p. 20)2.
4L’auteur effectue alors un parcours historique, succinct mais captivant, sur la question des discours pornographiques, passant avec une érudition remarquable du papyrus érotique de Turin (XIIe siècle ACN) à Sade et d’I Modi, gravures ayant valu l’emprisonnement de leur auteur par le pape Clément VII, à Playboy. Dubois propose alors une typologie des médiums du discours pornographique, étudiant les possibilités offertes par le texte (du récit fictif aux quatrièmes de couverture des DVD pornographiques), l’image fixe (où l’auteur livre notamment une passionnante histoire du hentaï), l’image mouvante (là encore, l’encyclopédie de Dubois est impressionnante et, au moment où il évoque la variété du matériau pornographique, son sens de la formule retient l’attention : « un axiome assez sûr en matière de pornographie serait : si c’est possible, ça existe » – p. 44) et, enfin, par « la pornographie en réseau », distinguée des précédentes parce que l’avènement du support Internet a engagé une nouvelle ère de la pornographie, désormais largement démocratisée. La réflexion sur ce support spécifique, bien que délibérément embryonnaire, est à la fois limpide et concluante, qui se nourrit notamment d’une efficace approche économique de la diffusion sur Internet, rendue bien plus lucrative par la vente d’espaces publicitaires que par les abonnements des clients à tel ou tel site payant (« Internet est […] à la fois le lieu de la pornographie la plus rentable jamais produite et de la pornographie la plus gratuite qui soit », p. 51).
5Polymorphe et complexe, la pornographie est tenue pour un domaine à part sur lequel différentes disciplines des sciences humaines et sociales ont cru posséder un savoir propre. Là encore, pour les besoins d’une introduction claire, l’auteur a à cœur de distinguer le droit, la psychopathologie et les études cinématographiques, tout en reconnaissant volontiers que la distinction a ses limites (« il existe des alliances, des cas indécidables, des nouveautés », p. 57). Il faut encore remarquer que l’auteur choisit d’écarter les études littéraires de son parcours, considérant qu’« elles se consacrent essentiellement à des objets historiques, par exemple la littérature érotique libertine, et n’interviennent que très peu dans les discussions contemporaines » (p. 57). Ces approches épistémologiques sont précédées d’un aperçu global de la polémique pornographique, revenant notamment sur le problème constitutionnel qui le sous-tend aux Etats-Unis : dans la Constitution, le premier des dix amendements définissant les droits des individus tient, comme on le sait, à la liberté d’expression(freedom of speech), sur laquelle se fondent les pornographes pour lutter contre la censure. Deux groupes, pour le moins antagonistes, vont systématiquement s’y opposer : les activistes de la droite chrétienne, qui accusent la pornographie de corruption morale, et les activistes féministes3, souvent de gauche, qui y voient un instrument de domination masculine. Les pages que Dubois consacre successivement aux domaines juridique, psychopathologique et cinématographique témoignent d’une excellente connaissance des polémiques inhérentes à ces espaces respectifs et permettent de donner un aperçu efficace au lecteur. La partie juridique, en particulier, est de haut vol. L’auteur revient sur la définition de l’« obscénité », fondée sur des critères peu stables et associant dans une même énumération actes sexuels et actes sexuels criminels4, en vigueur dans les lois pénales de l’État de New York, pour montrer les mécanismes fallacieux des stratégies anti-pornographiques5. C’est également un discours « anti » qui domine dans la perspective psychopathologique, au sein duquel Dubois montre que les approches concurrentes visant à établir le profil du pornographe (partant, à mesurer la façon dont sa consommation peut le conduire au viol) sont gangrénées par des failles méthodologiques (tests peu opérants parce que réalisés à partir d’échantillons artificiels, dans des conditions expérimentales trop distinctes des modes de consommation intime). En revanche, constate l’auteur, la perspective cinématographique se révèle principalement pro-pornographique et vise à démontrer l’existence d’un véritable discours, autre que purement excitant. Cette partie permet à François-Ronan Dubois de présenter globalement la perspective des porn studies, qui « quitt[ent] la seule analyse du contenu pour adopter un discours sexualiste [et] se présentent à la fois comme la preuve savante de l’impossibilité de réduire la pornographie à un non-discours ou même à un discours d’un genre inférieur, et comme une discipline susceptible de retravailler la morale sexuelle » (p. 80). L’auteur retrace également la genèse de cette discipline naissante, en partant de l’ouvrage fondateur de Linda Williams, Hard Core : Power, Pleasure and the Frenzy of the Visible, pour aboutir à la création, en 2012-2013, de la revue scientifique Porn Studies.
6La troisième partie de l’ouvrage, enfin, fait basculer le propos de l’introduction contextualisante à la prise de position. François-Ronan Dubois y développe les fondements et les enjeux d’une approche scientifique de la pornographie. L’auteur, héritier d’une tradition postmoderne souvent suspecte de syncrétisme outrancier, parvient à éviter cet écueil en articulant de façon probante les pensées de Nietzsche, Foucault et Butler. Il part de la Généalogie de la morale (1887) du philosophe allemand, et se fonde sur la démonstration selon laquelle les valeurs antagonistes du bien et du mal sont éminemment contingentes, qui sont érigées, de façon dissimulée, par les dominants et sont susceptibles d’évoluer avec les intérêts de ces derniers. Foucault, prolongeant la pensée nietzschéenne, a cherché à questionner la façon dont les discours en viennent à transformer des réalités arbitraires en impératifs moraux. Le triptyque de son Histoire de la sexualité (1976-1984) a posé la sexualité comme une manière de consensus mystificateur, ensemble de discours et de techniques visant à fédérer et canaliser des pratiques. Comme le rappelle Dubois, ce processus de naturalisation s’avance masqué6. Judith Butler, enfin, tirant parti des recherches foucaldiennes, s’est attachée à établir les moyens par lesquels les impératifs moraux dominants pouvaient être mis à mal : partant du principe que la société est depuis toujours structurée par des discours hétérosexistes (c’est-à-dire favorisant l’hétérosexualité, mais aussi la domination de l’homme sur la femme), Butler observe que cette reproduction axiologique n’est pas due à un seul ensemble de dominants (comme le postulait Nietzsche), mais à une véritable matrice. Celle-ci peut du reste être fragilisée par des forces centrifuges : il n’est pas impossible de perturber l’orthodoxie en intégrant dans la matrice des éléments imprévus, et de questionner de cette façon l’idée même de « naturel » (Butler prend l’exemple de la drag queen, déconstruisant l’opposition entre masculin et féminin). Faisant vaciller les évaluations morales dominantes, ces incursions hétérodoxes rendent envisageable la reconquête d’un pouvoir ouvert : « il y a donc, précise Dubois, un enjeu éthique, moral et politique majeur au sein des études pornographiques » (p. 95). L’auteur amorce enfin un questionnement de la sursexualisation de la société contemporaine, qui se manifeste, entre autres, par la large médiatisation de certaines pornstars ou par l’intégration de représentations sexuelles dans la publicité ou dans des séries comme Games of Thrones et True Blood. Selon Dubois, ce processus de normalisation engendre deux effets (p. 98) : d’une part, il rend habituel et courant la présence de représentations sexuelles dans l’espace public ; d’autre part, il contribue à classer, en rendant acceptables certaines pratiques. En cela, cette normalisation de la sexualité se révèle un leurre : « elle continue à dissimuler les pouvoirs classificateurs qui s’exercent, en offrant l’illusion d’une ouverture constante » (p. 100). Parce qu’elle peut permettre à certaines pratiques marginalisées de se révéler, qu’elle favorise la construction d’identités et qu’elle constitue un moyen d’opposition à une domination hétérosexiste, la pornographie, précise encore l’auteur, participe d’une éthique de la diversité : escortée par un discours de présentation visant à exposer ses enjeux, elle va jusqu’à devenir un « impératif moral » (p. 105) et « devrait être la préoccupation collective et informée de la communauté des citoyens » (p. 114).
7Cette dernière partie et la conclusion de l’ouvrage, par la dimension militante – annoncée en ouverture du volume7 – qu’elles revêtent, peuvent déconcerter : elles pourraient sembler impliquer que la pornographie ne doit être étudiée que par des individus voués à la cause de cet objet. C’est, me semble-t-il, l’un des problèmes que posent aujourd’hui les domaines très variés liés à la nébuleuse des cultural studies, qui sont généralement le fait d’acteurs impliqués directement dans les logiques de domination qu’ils analysent. J’ai toutefois la faiblesse de croire qu’il est envisageable d’étudier l’histoire des femmes sans être une femme, les modes de sociabilité homosexuels sans être homosexuel (j’ai déjà eu l’occasion de le faire) ou la littérature africaine sans être Africain. Il ne s’agit de rien d’autre, dans mon propos, que de la vieille opposition entre la critique des pairs et celle des experts : si le fait de participer directement à un système dominé permet de sentir différemment les logiques à l’œuvre au cœur de ce système, il n’empêche pas un certain aveuglement ni une confusion fréquente entre analyse objective et passion (le genre de dérive pointée précisément par François-Ronan Dubois quand il rapporte les propos délirants de Robin Morgan sur la pornographie), qu’une position d’observateur externe, censément plus neutre, permet d’éviter.
8Du reste, à adopter la position militante des porn studies, on court le risque de se concentrer sur des pratiques underground, dont Dubois parvient à convaincre de l’intérêt éthique, et, en cela, de se priver de questionner ce qui se joue dans le discours social et qui, sans doute, est plus conventionnel (comme l’auteur le rappelle à plusieurs reprises), mais qui n’en infléchit pas moins des pratiques (héritière de la génération X, la génération Y est peut-être celle de Youtube, mais elle est aussi partiellement celle de Youporn) et nourrit directement l’imaginaire d’une société, qu’il faut aussi continuer à étudier. En somme, si l’orientation des porn studies est essentiellement morale et que ses objets sont ciblés, une place doit sans doute aussi être laissée à l’approche des discours pornographiques « dépourvus d’originalité » (p. 114), où se mettent en place des récits, et se construisent ou se renforcent des clichés et des stéréotypes.
9J’ajoute aussi que, si, pour des raisons tout à fait compréhensibles, François-Ronan Dubois écarte les études littéraires de son panorama métapornographique, il pourrait être porteur, en marge des travaux engagés des porn studies, d’interroger les manières dont des fictions, de quelque type qu’elles soient, produisent un discours spécifique sur le milieu (dirait-on l’« institution » ?) pornographique (du Porno d’Irvine Welsh au Chien Galeux de Don DeLillo, en passant par l’axiologie d’un Barney Stinson, dans la série How I Met Your Mother, qui n’est pas loin d’ériger le porno hétérosexiste en religion). Autre piste éventuelle : lors d’une conférence sur Madame Bovary, j’avais, en m’inspirant des travaux de Richard Saint-Gelais, évoqué la descendance florissante de l’héroïne de Flaubert d’un point de vue transfictionnel, et avais notamment mentionné le film Die Nackte Bovary de John Scott (traduit par Les Chaudes nuits de la Bovary dans sa version française), suggérant qu’il serait intéressant d’interroger les réécritures parodico-pornographiques des classiques de la littérature. En matière de réinvention au second degré d’un patrimoine littéraire, mais aussi des codes que la pornographie peut être amenée à récupérer pour se doter d’une certaine forme de légitimité (ou, à tout le moins, s’imposer comme un discours), il me semble qu’il y a là des chantiers qui pourraient être ouverts.
10Ces remarques et propositions en marge d’une introduction méthodologique militante, ceci dit, sont secondaires. Il faut y insister : dans le cas présent, l’engagement de François-Ronan Dubois n’empiète jamais sur la mise en place d’un propos dont la minutie et la maîtrise sont perceptibles d’un bout à l’autre de l’ouvrage. La précision, l’honnêteté intellectuelle et l’extrême rigueur sont autant de qualités de ce livre programmatique. Cela n’étonnera pas ceux qui connaissent déjà les travaux de François-Ronan Dubois et qui suivent son carnet de recherches (http://hypotheses.org/author/contagions). Il n’est, du reste, pas inutile de rappeler que l’auteur, agrégé de Lettres Modernes, poursuit actuellement, sous la direction d’Yves Citton, un doctorat en littérature française à l’Université de Grenoble : le champ d’étude qu’il contribue ici à baliser n’est donc pas lié à son domaine d’activité premier, et la qualité de son propos n’en est que plus remarquable encore. Avec la double publication de ce livre et du premier numéro de la revue anglophone Porn Studies (http://www.tandfonline.com/toc/rprn20/1/1-2#.U0PXpqIbHg0), ce domaine des cultural studies trouve excellemment à s’illustrer dans l’actualité de la recherche et cela augure de bonnes choses.
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Notes
1 « L’exemple le plus parfait d’un semblable phénomène est celui de la pornographie lesbienne authentique, c’est-à-dire non pas la pornographie comportant des scènes de lesbianisme destinées à exciter l’imagination d’un homme hétérosexuel, mais la pornographie produite par et pour les lesbiennes, et conçue, entre autres choses, comme une étape importante dans la conquête d’une indépendance sexuelle au regard des normes de la société » (p. 13).
2 On sent directement – et l’auteur lui-même le souligne – ce que cette définition a de contingent : personne ne qualifierait les livres de Philip Roth, Jonathan Tropper ou John Irving de pornographiques, pourtant ces trois auteurs ont au moins en commun de manier avec assez d’adresse la description réaliste des rapports sexuels.
3 Dubois s’empresse toutefois de nuancer cette affirmation, en soulignant le développement, au tournant des années 1970-1980, d’un courant féministe pro-sexe, qui voit dans la pornographie un espace à conquérir plus nettement, mais où est au moins mis en scène une sexualité féminine.
4 « Tout matériel ou performance est “obscène” si a) l’individu moyen, à partir des critères contemporains communs, trouverait que le matériel, considéré dans son ensemble, fait principalement appel à un intérêt dévoyé pour le sexe, b) représente ou décrit, de manière ouvertement choquante, agis ou simulés, les actes suivants : relations sexuelles, actes sexuels criminels, bestialité, masturbation, sadisme, masochisme, excrétion ou exhibition lascive de parties génitales, et c) considéré dans son ensemble, est dépourvu de vraies qualités littéraires, artistiques, politiques ou scientifiques. La tonalité prédominante devra être déterminée en référence aux adultes ordinaires, à moins qu’il ne paraisse, soit par les propriétés du matériel, soit par les circonstances de sa diffusion, qu’il soit destiné aux enfants ou à d’autres publics particulièrement vulnérables. (Code pénal de l’État de New York, 235.01) » (p. 66-67, traduit par l’auteur).
5 La première accusation, visant à empêcher le freedom of speech, tend à démontrer que la pornographie n’est pas un discours, dans la mesure où elle se borne à favoriser l’excitation et est fondée exclusivement sur le sexe. Pareil argument se voit invalidé, comme le note Dubois en se fondant sur les travaux d’Alan McKee, quand on apprend, par exemple, que « la pornographie gay joue un rôle dans la construction des identités des jeunes homosexuels » (p. 69), quittant alors son statut de simple « excitant ». La seconde accusation est liée au danger représenté par la pornographie, au prix d’un raccourci illustré par la phrase de la féministe Robin Morgan : « la pornographie, c’est la théorie ; le viol, c’est la pratique ». Le problème, note Dubois, est que si on parvenait effectivement à démontrer l’influence de la pornographie sur un violeur, la responsabilité de ce dernier s’en trouverait allégée et sa culpabilité relative. L’auteur ne manque du reste pas d’égratigner à juste titre la fiabilité du propos de Robin Morgan, dans un article de laquelle « la pornographie […] est assimilée au viol, puis à la colonisation, puis à la destruction de la planète par l’activité industrielle » (p. 71).
6 « C’est parce que le pouvoir exercé par des institutions comme l’Église ou la Médecine s’est dissimulé qu’il a pu naturaliser des comportements (la pénétration vaginale hétérosexuelle) et en pervertir d’autres (à peu près tout le reste). » (p. 92)
7 « La pornographie peut être produite et diffusée comme un instrument de représentation sociale et de libération sexuelle. Faire, distribuer et consommer de la pornographie devient alors une entreprise morale et une exigence éthique : il s’agit de contribuer au progrès de la société, de faire reculer les culpabilités héritées mais dépourvues de justification et de participer à l’avènement d’une ère de tolérance. » (p. 14)
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Pour citer cet article
Référence électronique
Denis Saint-Amand, « Étudier la pornographie », COnTEXTES [En ligne], Notes de lecture, mis en ligne le 14 avril 2014, consulté le 05 juin 2016. URL : http://contextes.revues.org/5885
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Auteur
Denis Saint-Amand
FNRS – Freie Universität Berlin
Articles du même auteur
Compte rendu de Dubois (François-Ronan), Introduction aux porn studies, Paris-Bruxelles, Les Impressions nouvelles, 2014, 120 p.
Denis Saint-Amand
Texte intégral
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1Lié au domaine transdisciplinaire des cultural studies, l’ouvrage de François-Ronan Dubois Introduction aux porn studies se présente comme un travail pionnier dans le monde francophone, assumant à la fois ce rôle de défricheur, avec modestie, et l’héritage anglo-saxon, parfaitement maîtrisé, auquel il se doit de référer. La pornographie, qu’il invite à étudier, incarne sans doute le comble des objets d’étude peu légitimes : contrairement à la bande dessinée, au sport, aux séries américaines ou à la musique électronique, elle n’est en effet pas seulement connotée péjorativement en raison du prétendu manque de « sérieux » auquel elle est liée dans l’imaginaire collectif, elle est encore, d’un point de vue dépassant largement le monde académique, considérée comme dangereuse et est condamnée sur le plan de la morale, sur la base de griefs l’érigeant en vecteur de domination masculine voire d’instrument du viol. Pour autant, si elle semble faire l’unanimité contre elle, la pornographie, comme le signale d’emblée François-Ronan Dubois, est de ces réalités sur lesquelles le discours social est presque toujours superficiel : « il en va ici de la pornographie comme du rapport fantasmé entre jeux vidéos et violence, véritable marronnier de l’information médiatique » (p. 7).
- 1 « L’exemple le plus parfait d’un semblable phénomène est celui de la pornographie lesbienne authent (...)
2Plus encore qu’un objet méprisé, elle est une réalité attaquée. Mais, là encore, de la même façon que les jeux vidéos sont dénoncés par des individus qui ne les pratiquent pas, la pornographie est généralement décriée par des politiques qui n’en possèdent qu’une connaissance de surface (ou, peut-être, qui feignent de ne la connaître que de cette façon — c’est un autre débat) et qui relaient à son sujet des représentations réductrices (celles-ci procédant, selon l’auteur, des pratiques hétérosexuelles conventionnelles popularisées par l’avènement de certaines « stars » — comme Rocco Siffredi ou Katsuni — ou d’une approche globale du sadomasochisme tenu pour répugnant). Au-delà de ce discours dominant sur la pornographie (consensuel, dénonciateur et simplificateur), il existe, précise Dubois, un contre-discours, émanant des agents participant du monde de la pornographie (réalisateurs, producteurs, acteurs et diffuseurs), mais aussi « des communautés dont les pratiques sexuelles sont marginales [pour lesquelles] la représentation de ces pratiques est déjà une forme de légitimation » (p. 13). Cette dernière précision, impliquant une dimension militante d’une certaine pornographie, provoque une difficulté, bien soulignée par l’auteur : s’il existe une forme de pornographie alternative, cela montre qu’une partie du discours pornographique est insatisfaisant1. Le discours de défense d’une certaine pornographie, dès lors, « porte en lui-même la condamnation de ce qu’il défend » (p.14). Conscient, tout au long de l’ouvrage, des différents écueils qui rendent difficile une approche scientifique de la pornographie, François-Ronan Dubois n’en est pas moins persuadé de son intérêt, et propose une introduction en triptyque à ce domaine d’étude, revenant successivement sur ses « formes » (chapitre 1) et sur les différentes disciplines qui se sont penchées sur la question (chapitre 2), avant de proposer une brève mais brillante réflexion sur « les conséquences d’un savoir pornographique » (chapitre 3).
- 2 On sent directement – et l’auteur lui-même le souligne – ce que cette définition a de contingent : (...)
3Le premier chapitre élabore une typologie — pensée de façon pédagogique et réfutant sa propre étanchéité (« même le classement peu discriminant que j’ai adopté pour ce chapitre échoue à rendre compte de la diversité des documents pornographiques », note Dubois, p. 53) —, et propose des réflexions systématiques sur les logiques et effets de chaque médium approché. Il s’ouvre sur un constat qui suscitera immanquablement l’intérêt du chercheur en littérature : de la même façon que la littérature échappe à une définition stricte, la pornographie est difficile à appréhender dans la mesure où le discours qui le concerne est imprécis et partial. François-Ronan Dubois relaie à ce sujet la savoureuse (et non moins édifiante) anecdote concernant le juge Potter Stewart qui, après s’être révélé incapable de définir rigoureusement la pornographie à l’occasion du procès Jacobellis vs Ohio de 1964, s’était fendu de la formule célèbre : « Je la reconnais quand j’en vois » (I know it when I see it). Au-delà du sourire qu’elle provoque, l’anecdote est révélatrice d’une impasse, dont Dubois prend acte et qu’il contourne en proposant un modèle temporaire qu’il qualifie lui-même d’« insatisfaisant », mais qui permet l’avancée de la réflexion : « est pornographique tout ce qui représente explicitement un acte sexuel » (p. 20)2.
4L’auteur effectue alors un parcours historique, succinct mais captivant, sur la question des discours pornographiques, passant avec une érudition remarquable du papyrus érotique de Turin (XIIe siècle ACN) à Sade et d’I Modi, gravures ayant valu l’emprisonnement de leur auteur par le pape Clément VII, à Playboy. Dubois propose alors une typologie des médiums du discours pornographique, étudiant les possibilités offertes par le texte (du récit fictif aux quatrièmes de couverture des DVD pornographiques), l’image fixe (où l’auteur livre notamment une passionnante histoire du hentaï), l’image mouvante (là encore, l’encyclopédie de Dubois est impressionnante et, au moment où il évoque la variété du matériau pornographique, son sens de la formule retient l’attention : « un axiome assez sûr en matière de pornographie serait : si c’est possible, ça existe » – p. 44) et, enfin, par « la pornographie en réseau », distinguée des précédentes parce que l’avènement du support Internet a engagé une nouvelle ère de la pornographie, désormais largement démocratisée. La réflexion sur ce support spécifique, bien que délibérément embryonnaire, est à la fois limpide et concluante, qui se nourrit notamment d’une efficace approche économique de la diffusion sur Internet, rendue bien plus lucrative par la vente d’espaces publicitaires que par les abonnements des clients à tel ou tel site payant (« Internet est […] à la fois le lieu de la pornographie la plus rentable jamais produite et de la pornographie la plus gratuite qui soit », p. 51).
- 3 Dubois s’empresse toutefois de nuancer cette affirmation, en soulignant le développement, au tourna (...)
- 4 « Tout matériel ou performance est “obscène” si a) l’individu moyen, à partir des critères contempo (...)
- 5 La première accusation, visant à empêcher le freedom of speech, tend à démontrer que la pornographi (...)
5Polymorphe et complexe, la pornographie est tenue pour un domaine à part sur lequel différentes disciplines des sciences humaines et sociales ont cru posséder un savoir propre. Là encore, pour les besoins d’une introduction claire, l’auteur a à cœur de distinguer le droit, la psychopathologie et les études cinématographiques, tout en reconnaissant volontiers que la distinction a ses limites (« il existe des alliances, des cas indécidables, des nouveautés », p. 57). Il faut encore remarquer que l’auteur choisit d’écarter les études littéraires de son parcours, considérant qu’« elles se consacrent essentiellement à des objets historiques, par exemple la littérature érotique libertine, et n’interviennent que très peu dans les discussions contemporaines » (p. 57). Ces approches épistémologiques sont précédées d’un aperçu global de la polémique pornographique, revenant notamment sur le problème constitutionnel qui le sous-tend aux Etats-Unis : dans la Constitution, le premier des dix amendements définissant les droits des individus tient, comme on le sait, à la liberté d’expression(freedom of speech), sur laquelle se fondent les pornographes pour lutter contre la censure. Deux groupes, pour le moins antagonistes, vont systématiquement s’y opposer : les activistes de la droite chrétienne, qui accusent la pornographie de corruption morale, et les activistes féministes3, souvent de gauche, qui y voient un instrument de domination masculine. Les pages que Dubois consacre successivement aux domaines juridique, psychopathologique et cinématographique témoignent d’une excellente connaissance des polémiques inhérentes à ces espaces respectifs et permettent de donner un aperçu efficace au lecteur. La partie juridique, en particulier, est de haut vol. L’auteur revient sur la définition de l’« obscénité », fondée sur des critères peu stables et associant dans une même énumération actes sexuels et actes sexuels criminels4, en vigueur dans les lois pénales de l’État de New York, pour montrer les mécanismes fallacieux des stratégies anti-pornographiques5. C’est également un discours « anti » qui domine dans la perspective psychopathologique, au sein duquel Dubois montre que les approches concurrentes visant à établir le profil du pornographe (partant, à mesurer la façon dont sa consommation peut le conduire au viol) sont gangrénées par des failles méthodologiques (tests peu opérants parce que réalisés à partir d’échantillons artificiels, dans des conditions expérimentales trop distinctes des modes de consommation intime). En revanche, constate l’auteur, la perspective cinématographique se révèle principalement pro-pornographique et vise à démontrer l’existence d’un véritable discours, autre que purement excitant. Cette partie permet à François-Ronan Dubois de présenter globalement la perspective des porn studies, qui « quitt[ent] la seule analyse du contenu pour adopter un discours sexualiste [et] se présentent à la fois comme la preuve savante de l’impossibilité de réduire la pornographie à un non-discours ou même à un discours d’un genre inférieur, et comme une discipline susceptible de retravailler la morale sexuelle » (p. 80). L’auteur retrace également la genèse de cette discipline naissante, en partant de l’ouvrage fondateur de Linda Williams, Hard Core : Power, Pleasure and the Frenzy of the Visible, pour aboutir à la création, en 2012-2013, de la revue scientifique Porn Studies.
- 6 « C’est parce que le pouvoir exercé par des institutions comme l’Église ou la Médecine s’est dissim (...)
6La troisième partie de l’ouvrage, enfin, fait basculer le propos de l’introduction contextualisante à la prise de position. François-Ronan Dubois y développe les fondements et les enjeux d’une approche scientifique de la pornographie. L’auteur, héritier d’une tradition postmoderne souvent suspecte de syncrétisme outrancier, parvient à éviter cet écueil en articulant de façon probante les pensées de Nietzsche, Foucault et Butler. Il part de la Généalogie de la morale (1887) du philosophe allemand, et se fonde sur la démonstration selon laquelle les valeurs antagonistes du bien et du mal sont éminemment contingentes, qui sont érigées, de façon dissimulée, par les dominants et sont susceptibles d’évoluer avec les intérêts de ces derniers. Foucault, prolongeant la pensée nietzschéenne, a cherché à questionner la façon dont les discours en viennent à transformer des réalités arbitraires en impératifs moraux. Le triptyque de son Histoire de la sexualité (1976-1984) a posé la sexualité comme une manière de consensus mystificateur, ensemble de discours et de techniques visant à fédérer et canaliser des pratiques. Comme le rappelle Dubois, ce processus de naturalisation s’avance masqué6. Judith Butler, enfin, tirant parti des recherches foucaldiennes, s’est attachée à établir les moyens par lesquels les impératifs moraux dominants pouvaient être mis à mal : partant du principe que la société est depuis toujours structurée par des discours hétérosexistes (c’est-à-dire favorisant l’hétérosexualité, mais aussi la domination de l’homme sur la femme), Butler observe que cette reproduction axiologique n’est pas due à un seul ensemble de dominants (comme le postulait Nietzsche), mais à une véritable matrice. Celle-ci peut du reste être fragilisée par des forces centrifuges : il n’est pas impossible de perturber l’orthodoxie en intégrant dans la matrice des éléments imprévus, et de questionner de cette façon l’idée même de « naturel » (Butler prend l’exemple de la drag queen, déconstruisant l’opposition entre masculin et féminin). Faisant vaciller les évaluations morales dominantes, ces incursions hétérodoxes rendent envisageable la reconquête d’un pouvoir ouvert : « il y a donc, précise Dubois, un enjeu éthique, moral et politique majeur au sein des études pornographiques » (p. 95). L’auteur amorce enfin un questionnement de la sursexualisation de la société contemporaine, qui se manifeste, entre autres, par la large médiatisation de certaines pornstars ou par l’intégration de représentations sexuelles dans la publicité ou dans des séries comme Games of Thrones et True Blood. Selon Dubois, ce processus de normalisation engendre deux effets (p. 98) : d’une part, il rend habituel et courant la présence de représentations sexuelles dans l’espace public ; d’autre part, il contribue à classer, en rendant acceptables certaines pratiques. En cela, cette normalisation de la sexualité se révèle un leurre : « elle continue à dissimuler les pouvoirs classificateurs qui s’exercent, en offrant l’illusion d’une ouverture constante » (p. 100). Parce qu’elle peut permettre à certaines pratiques marginalisées de se révéler, qu’elle favorise la construction d’identités et qu’elle constitue un moyen d’opposition à une domination hétérosexiste, la pornographie, précise encore l’auteur, participe d’une éthique de la diversité : escortée par un discours de présentation visant à exposer ses enjeux, elle va jusqu’à devenir un « impératif moral » (p. 105) et « devrait être la préoccupation collective et informée de la communauté des citoyens » (p. 114).
- 7 « La pornographie peut être produite et diffusée comme un instrument de représentation sociale et d (...)
7Cette dernière partie et la conclusion de l’ouvrage, par la dimension militante – annoncée en ouverture du volume7 – qu’elles revêtent, peuvent déconcerter : elles pourraient sembler impliquer que la pornographie ne doit être étudiée que par des individus voués à la cause de cet objet. C’est, me semble-t-il, l’un des problèmes que posent aujourd’hui les domaines très variés liés à la nébuleuse des cultural studies, qui sont généralement le fait d’acteurs impliqués directement dans les logiques de domination qu’ils analysent. J’ai toutefois la faiblesse de croire qu’il est envisageable d’étudier l’histoire des femmes sans être une femme, les modes de sociabilité homosexuels sans être homosexuel (j’ai déjà eu l’occasion de le faire) ou la littérature africaine sans être Africain. Il ne s’agit de rien d’autre, dans mon propos, que de la vieille opposition entre la critique des pairs et celle des experts : si le fait de participer directement à un système dominé permet de sentir différemment les logiques à l’œuvre au cœur de ce système, il n’empêche pas un certain aveuglement ni une confusion fréquente entre analyse objective et passion (le genre de dérive pointée précisément par François-Ronan Dubois quand il rapporte les propos délirants de Robin Morgan sur la pornographie), qu’une position d’observateur externe, censément plus neutre, permet d’éviter.
8Du reste, à adopter la position militante des porn studies, on court le risque de se concentrer sur des pratiques underground, dont Dubois parvient à convaincre de l’intérêt éthique, et, en cela, de se priver de questionner ce qui se joue dans le discours social et qui, sans doute, est plus conventionnel (comme l’auteur le rappelle à plusieurs reprises), mais qui n’en infléchit pas moins des pratiques (héritière de la génération X, la génération Y est peut-être celle de Youtube, mais elle est aussi partiellement celle de Youporn) et nourrit directement l’imaginaire d’une société, qu’il faut aussi continuer à étudier. En somme, si l’orientation des porn studies est essentiellement morale et que ses objets sont ciblés, une place doit sans doute aussi être laissée à l’approche des discours pornographiques « dépourvus d’originalité » (p. 114), où se mettent en place des récits, et se construisent ou se renforcent des clichés et des stéréotypes.
9J’ajoute aussi que, si, pour des raisons tout à fait compréhensibles, François-Ronan Dubois écarte les études littéraires de son panorama métapornographique, il pourrait être porteur, en marge des travaux engagés des porn studies, d’interroger les manières dont des fictions, de quelque type qu’elles soient, produisent un discours spécifique sur le milieu (dirait-on l’« institution » ?) pornographique (du Porno d’Irvine Welsh au Chien Galeux de Don DeLillo, en passant par l’axiologie d’un Barney Stinson, dans la série How I Met Your Mother, qui n’est pas loin d’ériger le porno hétérosexiste en religion). Autre piste éventuelle : lors d’une conférence sur Madame Bovary, j’avais, en m’inspirant des travaux de Richard Saint-Gelais, évoqué la descendance florissante de l’héroïne de Flaubert d’un point de vue transfictionnel, et avais notamment mentionné le film Die Nackte Bovary de John Scott (traduit par Les Chaudes nuits de la Bovary dans sa version française), suggérant qu’il serait intéressant d’interroger les réécritures parodico-pornographiques des classiques de la littérature. En matière de réinvention au second degré d’un patrimoine littéraire, mais aussi des codes que la pornographie peut être amenée à récupérer pour se doter d’une certaine forme de légitimité (ou, à tout le moins, s’imposer comme un discours), il me semble qu’il y a là des chantiers qui pourraient être ouverts.
10Ces remarques et propositions en marge d’une introduction méthodologique militante, ceci dit, sont secondaires. Il faut y insister : dans le cas présent, l’engagement de François-Ronan Dubois n’empiète jamais sur la mise en place d’un propos dont la minutie et la maîtrise sont perceptibles d’un bout à l’autre de l’ouvrage. La précision, l’honnêteté intellectuelle et l’extrême rigueur sont autant de qualités de ce livre programmatique. Cela n’étonnera pas ceux qui connaissent déjà les travaux de François-Ronan Dubois et qui suivent son carnet de recherches (http://hypotheses.org/author/contagions). Il n’est, du reste, pas inutile de rappeler que l’auteur, agrégé de Lettres Modernes, poursuit actuellement, sous la direction d’Yves Citton, un doctorat en littérature française à l’Université de Grenoble : le champ d’étude qu’il contribue ici à baliser n’est donc pas lié à son domaine d’activité premier, et la qualité de son propos n’en est que plus remarquable encore. Avec la double publication de ce livre et du premier numéro de la revue anglophone Porn Studies (http://www.tandfonline.com/toc/rprn20/1/1-2#.U0PXpqIbHg0), ce domaine des cultural studies trouve excellemment à s’illustrer dans l’actualité de la recherche et cela augure de bonnes choses.
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Notes
1 « L’exemple le plus parfait d’un semblable phénomène est celui de la pornographie lesbienne authentique, c’est-à-dire non pas la pornographie comportant des scènes de lesbianisme destinées à exciter l’imagination d’un homme hétérosexuel, mais la pornographie produite par et pour les lesbiennes, et conçue, entre autres choses, comme une étape importante dans la conquête d’une indépendance sexuelle au regard des normes de la société » (p. 13).
2 On sent directement – et l’auteur lui-même le souligne – ce que cette définition a de contingent : personne ne qualifierait les livres de Philip Roth, Jonathan Tropper ou John Irving de pornographiques, pourtant ces trois auteurs ont au moins en commun de manier avec assez d’adresse la description réaliste des rapports sexuels.
3 Dubois s’empresse toutefois de nuancer cette affirmation, en soulignant le développement, au tournant des années 1970-1980, d’un courant féministe pro-sexe, qui voit dans la pornographie un espace à conquérir plus nettement, mais où est au moins mis en scène une sexualité féminine.
4 « Tout matériel ou performance est “obscène” si a) l’individu moyen, à partir des critères contemporains communs, trouverait que le matériel, considéré dans son ensemble, fait principalement appel à un intérêt dévoyé pour le sexe, b) représente ou décrit, de manière ouvertement choquante, agis ou simulés, les actes suivants : relations sexuelles, actes sexuels criminels, bestialité, masturbation, sadisme, masochisme, excrétion ou exhibition lascive de parties génitales, et c) considéré dans son ensemble, est dépourvu de vraies qualités littéraires, artistiques, politiques ou scientifiques. La tonalité prédominante devra être déterminée en référence aux adultes ordinaires, à moins qu’il ne paraisse, soit par les propriétés du matériel, soit par les circonstances de sa diffusion, qu’il soit destiné aux enfants ou à d’autres publics particulièrement vulnérables. (Code pénal de l’État de New York, 235.01) » (p. 66-67, traduit par l’auteur).
5 La première accusation, visant à empêcher le freedom of speech, tend à démontrer que la pornographie n’est pas un discours, dans la mesure où elle se borne à favoriser l’excitation et est fondée exclusivement sur le sexe. Pareil argument se voit invalidé, comme le note Dubois en se fondant sur les travaux d’Alan McKee, quand on apprend, par exemple, que « la pornographie gay joue un rôle dans la construction des identités des jeunes homosexuels » (p. 69), quittant alors son statut de simple « excitant ». La seconde accusation est liée au danger représenté par la pornographie, au prix d’un raccourci illustré par la phrase de la féministe Robin Morgan : « la pornographie, c’est la théorie ; le viol, c’est la pratique ». Le problème, note Dubois, est que si on parvenait effectivement à démontrer l’influence de la pornographie sur un violeur, la responsabilité de ce dernier s’en trouverait allégée et sa culpabilité relative. L’auteur ne manque du reste pas d’égratigner à juste titre la fiabilité du propos de Robin Morgan, dans un article de laquelle « la pornographie […] est assimilée au viol, puis à la colonisation, puis à la destruction de la planète par l’activité industrielle » (p. 71).
6 « C’est parce que le pouvoir exercé par des institutions comme l’Église ou la Médecine s’est dissimulé qu’il a pu naturaliser des comportements (la pénétration vaginale hétérosexuelle) et en pervertir d’autres (à peu près tout le reste). » (p. 92)
7 « La pornographie peut être produite et diffusée comme un instrument de représentation sociale et de libération sexuelle. Faire, distribuer et consommer de la pornographie devient alors une entreprise morale et une exigence éthique : il s’agit de contribuer au progrès de la société, de faire reculer les culpabilités héritées mais dépourvues de justification et de participer à l’avènement d’une ère de tolérance. » (p. 14)
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Pour citer cet article
Référence électronique
Denis Saint-Amand, « Étudier la pornographie », COnTEXTES [En ligne], Notes de lecture, mis en ligne le 14 avril 2014, consulté le 05 juin 2016. URL : http://contextes.revues.org/5885
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Auteur
Denis Saint-Amand
FNRS – Freie Universität Berlin
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Re: "Religion et Pornographie"
Conséquences de la consommation de pornographie
La consommation d’images pornographiques en elle-même n’est pas nuisible. Elle peut toutefois avoir des répercussions négatives sur le développement sexuel, surtout chez les enfants. En effet, les représentations pornographiques donnent une image faussée et unilatérale de la sexualité et des pratiques sexuelles, risquant d’influencer la conception et le comportement sexuel des consommateurs.
Fantasmes et réalité: les représentations pornographiques alimentent souvent les fantasmes. Contrairement à tes propres fantasmes – qui sont souvent plus riches et donc plus précieux pour ton développement – elles sont toutefois préfabriquées et unilatérales. Quoi qu’il en soit, fantasmes ou représentations pornographiques et réalité sont deux choses différentes: il est possible de trouver excitant quelque chose qu’on ne pourrait ou voudrait vivre dans la vie de tous les jours.
Rôle masculin/rôle féminin: dans l’ensemble, les films pornos caricaturent les rôles et le comportement des hommes et des femmes dans les relations sexuelles (clichés). Les hommes y sont montrés comme des machos qui ne pensent qu’au sexe et sont guidés par leur queue. Ce sont eux qui dirigent les opérations. Ils n’ont pas de besoins propres sauf celui d’éjaculer. Les femmes sont souvent rabaissées et soumises. Elles sont montrées comme un objet du désir masculin qui ne sert qu’à satisfaire l’homme dans toutes les positions imaginables. Elles non plus n’ont pas de besoins ou souhaits propres, sauf celui de se faire prendre.
Relation sexuelle réelle: si tu entreprends une relation réelle avec ces images en tête, il se peut que tu te sentes désécurisé-e. En effet, personne ne se comporte comme dans un film porno, car cela ne serait ni plaisant, ni excitant dans la réalité. Chaque être humain a des souhaits et des besoins qui lui sont propres. C’est le fait de les explorer en commun qui embellit la sexualité (cf. chapitre «Corps, désir et sentiments»).
Représentations violentes: certaines images et certains films sont tellement violents qu’ils dégoûtent le spectateur. C’est par exemple le cas des scènes d’humiliation et/ou de torture physique ou psychique. De telles représentations sont interdites (cf. chapitre «Interdiction de la pornographie dure»).
Pratiques sexuelles: les pratiques sexuelles sont vécues différemment d’une personne à l’autre. Ce que certaines personnes trouvent bizarre voire pervers est une banalité pour d’autres – «normal» signifiant que tou-te-s les participant-e-s le souhaitent ainsi et que la loi ne l’interdit pas (en raison de différences d’âge, de violence, etc.). En expérimentant ce qui te plaît, tu ne dois d’aucune façon manquer de respect à ton/ta partenaire. Par ailleurs, le consentement mutuel est essentiel. Il n’est pas nécessaire que les participant-e-s disent expressément «Oui, je suis d’accord»; un «non» timide ou un «Je ne sais pas» doit être accepté sans condition. Il est toutefois légitime de discuter des pratiques sexuelles, de la même manière que l’on parle d’autres sujets dans une relation. En outre, il faut absolument penser à se protéger contre les maladies sexuellement transmissibles et contre une grossesse non désirée (cf. chapitre «Corps, désir et sentiments»).
Corps et parties génitales: en raison des organes surdimensionnés et marqués des protagonistes, les films pornos peuvent te faire douter de ton corps. Tu te demanderas peut-être si tu es bien normal-e.
Les femmes, par exemple, ont souvent des seins énormes et bien formés, qui ne montrent aucun signe de vieillissement. Souvent, ils ne sont toutefois pas naturels, mais agrandis par chirurgie esthétique et reformés. Il est important de savoir que dans la réalité, les femmes ont souvent des seins plus petits et moins réguliers. Les lèvres du vagin sont elles aussi différentes d’une femme à l’autre. Si tu es une fille, ne t’inquiète pas si tes seins ou ton vagin ne ressemblent pas à ceux d’une actrice porno. Et si tu es un garçon, n’attend pas de ta partenaire ce que tu vois dans un film porno.
Les hommes ont souvent des pénis particulièrement imposants. Il s’agit parfois aussi de prothèses. Ne t’inquiète donc pas si ton pénis est plus petit. Un pénis moyen mesure de 10 à 19 cm de longueur et 3 à 5 cm de largeur en érection. En tant que fille, tu ne risques donc pas de tomber sur un membre aussi disproportionné.
Monde virtuel et dépendance aux médias: certaines personnes sont si souvent plongées dans la pornographie qu’elles en oublient le contact avec la réalité et vivent dans un monde virtuel. Comme l’accès aux images pornographiques se fait fréquemment par Internet, une consommation illimitée de pornographie est souvent synonyme d’utilisation abusive d’Internet. Il existe là un danger de double dépendance: d’une part une dépendance aux images pornographiques, d’autre part une dépendance à Internet en tant que média de transmission. Tant que tu vis la majeure partie du temps dans le monde réel, que tu entretiens des contacts avec des personnes réelles, que tu assumes tes responsabilités (école, apprentissage) et que tu as des hobbies, tu n’es pas en danger. Si, par contre, tu passes de plus en plus souvent tes jours et tes nuits à regarder des films et des images dans des mondes virtuels, tu es peut-être en passe de devenir dépendant-e. Dans ce cas, il est important que tu demandes du soutien. Adresse-toi aux Conseils 147 de pro juventute par téléphone ou par SMS.
Tu trouveras de plus amples informations à ce propos sous les rubriques «Dépendances et drogues» et «Crises et aide».
La consommation d’images pornographiques en elle-même n’est pas nuisible. Elle peut toutefois avoir des répercussions négatives sur le développement sexuel, surtout chez les enfants. En effet, les représentations pornographiques donnent une image faussée et unilatérale de la sexualité et des pratiques sexuelles, risquant d’influencer la conception et le comportement sexuel des consommateurs.
Fantasmes et réalité: les représentations pornographiques alimentent souvent les fantasmes. Contrairement à tes propres fantasmes – qui sont souvent plus riches et donc plus précieux pour ton développement – elles sont toutefois préfabriquées et unilatérales. Quoi qu’il en soit, fantasmes ou représentations pornographiques et réalité sont deux choses différentes: il est possible de trouver excitant quelque chose qu’on ne pourrait ou voudrait vivre dans la vie de tous les jours.
Rôle masculin/rôle féminin: dans l’ensemble, les films pornos caricaturent les rôles et le comportement des hommes et des femmes dans les relations sexuelles (clichés). Les hommes y sont montrés comme des machos qui ne pensent qu’au sexe et sont guidés par leur queue. Ce sont eux qui dirigent les opérations. Ils n’ont pas de besoins propres sauf celui d’éjaculer. Les femmes sont souvent rabaissées et soumises. Elles sont montrées comme un objet du désir masculin qui ne sert qu’à satisfaire l’homme dans toutes les positions imaginables. Elles non plus n’ont pas de besoins ou souhaits propres, sauf celui de se faire prendre.
Relation sexuelle réelle: si tu entreprends une relation réelle avec ces images en tête, il se peut que tu te sentes désécurisé-e. En effet, personne ne se comporte comme dans un film porno, car cela ne serait ni plaisant, ni excitant dans la réalité. Chaque être humain a des souhaits et des besoins qui lui sont propres. C’est le fait de les explorer en commun qui embellit la sexualité (cf. chapitre «Corps, désir et sentiments»).
Représentations violentes: certaines images et certains films sont tellement violents qu’ils dégoûtent le spectateur. C’est par exemple le cas des scènes d’humiliation et/ou de torture physique ou psychique. De telles représentations sont interdites (cf. chapitre «Interdiction de la pornographie dure»).
Pratiques sexuelles: les pratiques sexuelles sont vécues différemment d’une personne à l’autre. Ce que certaines personnes trouvent bizarre voire pervers est une banalité pour d’autres – «normal» signifiant que tou-te-s les participant-e-s le souhaitent ainsi et que la loi ne l’interdit pas (en raison de différences d’âge, de violence, etc.). En expérimentant ce qui te plaît, tu ne dois d’aucune façon manquer de respect à ton/ta partenaire. Par ailleurs, le consentement mutuel est essentiel. Il n’est pas nécessaire que les participant-e-s disent expressément «Oui, je suis d’accord»; un «non» timide ou un «Je ne sais pas» doit être accepté sans condition. Il est toutefois légitime de discuter des pratiques sexuelles, de la même manière que l’on parle d’autres sujets dans une relation. En outre, il faut absolument penser à se protéger contre les maladies sexuellement transmissibles et contre une grossesse non désirée (cf. chapitre «Corps, désir et sentiments»).
Corps et parties génitales: en raison des organes surdimensionnés et marqués des protagonistes, les films pornos peuvent te faire douter de ton corps. Tu te demanderas peut-être si tu es bien normal-e.
Les femmes, par exemple, ont souvent des seins énormes et bien formés, qui ne montrent aucun signe de vieillissement. Souvent, ils ne sont toutefois pas naturels, mais agrandis par chirurgie esthétique et reformés. Il est important de savoir que dans la réalité, les femmes ont souvent des seins plus petits et moins réguliers. Les lèvres du vagin sont elles aussi différentes d’une femme à l’autre. Si tu es une fille, ne t’inquiète pas si tes seins ou ton vagin ne ressemblent pas à ceux d’une actrice porno. Et si tu es un garçon, n’attend pas de ta partenaire ce que tu vois dans un film porno.
Les hommes ont souvent des pénis particulièrement imposants. Il s’agit parfois aussi de prothèses. Ne t’inquiète donc pas si ton pénis est plus petit. Un pénis moyen mesure de 10 à 19 cm de longueur et 3 à 5 cm de largeur en érection. En tant que fille, tu ne risques donc pas de tomber sur un membre aussi disproportionné.
Monde virtuel et dépendance aux médias: certaines personnes sont si souvent plongées dans la pornographie qu’elles en oublient le contact avec la réalité et vivent dans un monde virtuel. Comme l’accès aux images pornographiques se fait fréquemment par Internet, une consommation illimitée de pornographie est souvent synonyme d’utilisation abusive d’Internet. Il existe là un danger de double dépendance: d’une part une dépendance aux images pornographiques, d’autre part une dépendance à Internet en tant que média de transmission. Tant que tu vis la majeure partie du temps dans le monde réel, que tu entretiens des contacts avec des personnes réelles, que tu assumes tes responsabilités (école, apprentissage) et que tu as des hobbies, tu n’es pas en danger. Si, par contre, tu passes de plus en plus souvent tes jours et tes nuits à regarder des films et des images dans des mondes virtuels, tu es peut-être en passe de devenir dépendant-e. Dans ce cas, il est important que tu demandes du soutien. Adresse-toi aux Conseils 147 de pro juventute par téléphone ou par SMS.
Tu trouveras de plus amples informations à ce propos sous les rubriques «Dépendances et drogues» et «Crises et aide».
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