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Histoire Islamique

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Message  Arlitto Lun 02 Mai 2016, 17:54

Rappel du premier message :

Histoire Islamique

L’occupation de Tripoli par les croisés par Ibn abi Tayyî, dans  » Ibn al-Furât » :


Histoire Islamique - Page 6 Icon_reimg_zoom_inHistoire Islamique - Page 6 Premierecroisade4

Scène de bataille lors de la première croisade source : BNF

« Il y avait à Tripoli un palais de la Science qui n’avait en aucun pays son pareil en richesse, beauté ou valeur. Mon père m’a raconté qu’un shaykh de Tripoli lui avait dit avoir été avec Frakhr al-Mulk b. ‘Ammar lorsque celui- ci se trouvait à Shayzar, et que venait de lui parvenir la nouvelle de la prise de Tripoli. Il s’évanouit, puis revint à lui en pleurant à chaudes larmes. « Rien ne m’afflige, dit-il, comme la perte du palais de la science. Il y avait là trois millions (?) de livres, tous de théologie, de science coranique, de hadîth, d’adab et, entre autre, cinquante mille Corans et vingt mille commentaires du Livre de Dieu Tout-Puissant ». Mon père ajoutait que ce palais de la Science était une des merveilles du monde. Les Banu ‘Ammâr y avaient consacré d’énormes richesses; il s’y trouvaient cent quatre-vingts copistes appointés dont trente y demeuraient nuit et jour. Les Banu ‘Ammâr avaient dans tous les pays des agents qui leur achetaient des livres de choix. A vrai dire, de leur temps, Tripoli entière était palais de la Science, les grands esprits de tous pays s’y rendaient, toutes les sciences étaient cultivées auprès de ces princes, et c’est pourquoi l’on y venait, en particulier les adeptes de la science immamienne, qu’ils aimaient et dont ils étaient les adhérents. Lorsque les Francs entrèrent à Tripoli et conquièrent la ville, ils brûlèrent le palais de la Science, parce qu’un de leurs prêtres maudits, ayant vu ces livres, en avait été terrifié. Il s’était trouvé tomber sur le Trésor des Corans, il étendit la main vers un volume, c’était un Coran, vers un autre, encore un Coran, vers un troisième, encore de même, et il en vit vingt à la suite. «  Il n’y a que des Corans des musulmans dans cette maison ». dit-il, et ils la brûlèrent. On arracha cependant quelques livres, qui passèrent en pays des musulmans.

Ils détruisirent aussi toutes les mosquées, et furent sur le point de massacrer tous les habitants musulmans. Mais un chrétien leur dit : « Ce n’est pas sage, c’est une grande ville: où prendrez-vous les gens pour l’habiter ? Ce qu’il faut, c’est leur imposer une capitation, après avoir confisqué leurs biens, et les obliger à habiter à la ville, sans leur permettre d’en sortir, de façon qu’ils soient comme prisonniers et que leur séjour vous soit profitable ». Ils (…) après en avoir massacré vingt mille.

Quant au gouverneur et à quelques troupes, ils se réfugièrent au palais de l’émirat, et s’y défendirent quelques jours; puis ils demandèrent l’aman et l’obtinrent; ils furent expulsés de la ville, et allèrent à Damas. Puis les Francs prirent les notables et les chrétiens qui avaient avoué être riches, et les frappèrent et les torturèrent jusqu’à ce qu’ils livrassent leur fortune; beaucoup moururent sous la torture. La ville fut partagée entre les Francs en trois parts, l’une pour les Génois, les deux autres pour Baudouin, roi des Francs à Jérusalem, et pour Saint-Gilles le maudit.

Histoire Islamique - Page 6 Combat_premiere_croisade
combat lors dela 1ere croisades : sources BNF

La prise de Tripoli, et les épreuves de sa population consternèrent tout le monde. On s’assembla dans les mosquées pour le deuil des morts; tout le monde prit peur et se persuada de l’avantage d’une émigration; et un grand nombre de musulmans partirent pour l’Iraq et la Djéziré. Dieu sait mieux (…). L’on apprit que la flotte égyptienne était arrivée à Tyr huit jours après la chute de Tripoli, par l’arrêt du sort. Jamais une flotte semblable n’était sortie d’Egypte, et elle contenait des renforts, des vivres, de l’argent, de quoi ravitailler Tripoli pour un an. Lorsque le commandant de la flotte eut apprit la chute de Tripoli, il répartit les provisions et l’argent apporté entre Tyr, Saïda, Beyrouth et les autres places fortes musulmanes, et ramena la flotte en Egypte.

Fakir al-Mulk b.’Ammâr, le seigneur de Tripoli, lors de la prise de la ville, se trouvait chez l’émir Ibn Munqidh, qui lui offrait l’hospitalité. Il se rendit à Djabala et s’y fixa après y avoir fait apporter des provisions et des armes. Tancrède vint l’attaquer et lui livra de durs combats. Le cadi Fakhr al-Mulk appela au secours les princes des environs, leur faisant craindre la perfidie des Francs, et que , s’ils occupaient cette place, ils en gagnassent une autre, et que leur puissance s’accrût peut-être assez pour leur permettre de s’emparer de toute la Syrie et en expulser les musulmans. La lettre était longue, elle fit saigner les coeurs et pleurer les yeux, mais nul ne lui répondit (…). »

L’occupation de Tripoli par les Francs (Ibn abi Tayyî, dans Ibn al-Furât). Orient et Occident au temps des Croisades » de Claude Gahen, « Collection historique » dirigée par Maurice Agulhon et Paul Lemerle, éditions Aubier Montaigne, Paris, 1992, rubrique Documents, pages 219 à 223
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Histoire Islamique - Page 6 Empty Re: Histoire Islamique

Message  Arlitto Mar 03 Mai 2016, 12:58

Guerre d’Abu Yaqub al-Mansur l’Almohade contre les Francs en Andalousie, Ravages d’Ali l’Almoravide en Ifrîkiyya, Mort de d’Abu Yaqub al Mansur l’Almohade et avènement de son fils Mohammed al-Nasir 1199 , par Ibn al-Athir

Histoire Islamique - Page 6 Reconquista
Bataille pendent la Reconquista croisées, 13eme siècle 

Guerre d’Aboû Yoûsof Ya’koûb l’Almohade contre les Francs d’Espagne[105] al Andalus :
Cet événement est de cha’bân 591 (10 juil. 1195).
En effet le roi franc d’Espagne Alphonse [IX de Castille], ainsi que la reine de Tolède[106] écrivirent à Ya’koûb une lettre ainsi conçue[107] :
« En ton nom, ô Dieu très grand, créateur des cieux et de la terre ! Pour en venir au fait, ô émir, nul être doué d’une saine raison ou d’une intelligence nette n’ignore que tu es le chef de la religion hanîfienne[108] tout comme je le suis de la religion chrétienne. D’autre part, tu n’ignores pas jusqu’à quel point les chefs d’Espagne poussent le laisser-aller, l’abandon, l’insouciance du soin de leurs sujets, ainsi que les plaisirs auxquels ils s’adonnent. Aussi je leur impose la loi du plus fort, je vide leurs demeures, je réduis leurs enfants en captivité, je promène ignominieusement les hommes mûrs et je massacre les jeunes. Tu ne peux te soustraire à l’obligation de les protéger, car la force est entre tes mains et vous croyez que Dieu vous impose le devoir de nous combattre un contre dix. Mais maintenant Dieu, connaissant votre faiblesse, ne vous impose plus que de nous combattre un contre deux. C’est nous à l’heure présente qui allons vous combattre un contre plusieurs, sans que vous puissiez nous repousser ni que vous soyez capables de nous résister. On m’a rapporté aussi que tu as commencé à faire des levées et que tu penses à combattre, mais que tu diffères d’année en année, que tu n’avances un pied que pour reculer l’autre, et j’ignore si c’est la pusillanimité qui t’arrête ou le manque de foi en ta révélation. On m’a dit encore que tu ne trouves pas de moyen de faire la guerre. C’est peut-être que tu n’oses t’y exposer ? Eh bien ! je te déclare, à l’effet de te tranquilliser, que je te tiens pour excusé et que je regarde comme respectés tous les traités, conventions et serments si tu amènes ici toutes tes forces dans tes bateaux et les galères. Je marcherai contre toi avec toutes mes troupes pour l’attaquer dans l’endroit que tu préféreras. Si tu l’emportes, c’est un butin immense qui tombera entre tes mains et que tu pousseras devant toi ; mais si je reste vainqueur, c’est mon pouvoir qui l’emportera sur le tien, c’est mon autorité qui s’étendra sur les deux religions, c’est ma prééminence qui s’imposera aux deux peuples. C’est Dieu qui exauce les désirs, et qui par sa bonté accorde la félicité ; il est le seul maître et il n’y a de bien qu’en lui ! «

Histoire Islamique - Page 6 Bataille-dalarcos-almohade-al-andalus
Après avoir pris lecture de ce message, Ya’k’oûb écrivit ce verset (Coran, XXVII, 37) au haut de la lettre :

« Retourne vers ceux qui t’envoient. Nous irons les attaquer avec une armée à laquelle ils ne sauraient résister ; nous les chasserons de leur pays avilis et humiliés », et la renvoya au prince chrétien.
Puis il réunit une formidable armée et s’embarqua pour l’Espagne.
D’après une autre version, un parti franc, mécontent, nous l’avons dit, de la paix conclue en 586 (7 fév. 1190), parvint à réunir, à l’époque dont nous parlons, des troupes qui envahirent le territoire musulman, où elles massacrèrent et pillèrent tout et commirent d’épouvantables ravages.

Ce serait la nouvelle de ces événements qui aurait déterminé le passage de Ya’k’oûb en Espagne avec des troupes innombrables.
De leur côté, les Francs, sachant ce qui se préparait, réunirent des guerriers recrutés jusque dans les régions les plus éloignées d’Europe, et s’avancèrent avec ardeur et une confiance dans le succès qui reposait sur leur nombre.
Une bataille des plus acharnées fut livrée le 9 cha’bân 591 (19 juillet 1195) au nord de Cordoue, à K’al’at Ribâh’ (Calatrava) dans un endroit connu sous le nom de Merdj el-H’adîd[109] ; la fortune, d’abord contraire aux musulmans, tourna ensuite contre les chrétiens, qui furent honteusement battus  grâce à la faveur divine :
« Dieu a abaissé la parole des infidèles et élevé la sienne. Il est puissant et sage » (Coran, IX, 40).
146.000 chrétiens furent massacrés, 13.000 furent faits prisonniers, et un butin immense échut aux musulmans :
143.000 tentes, 46.000 chevaux, 100.000 mulets et 100.000 ânes.
Une proclamation de Ya’koûb avait annoncé que chacun resterait maître de son butin personnel, à l’exception des armes, et ce qui fut déposé entre ses mains dépassait, après compte fait, 70.000 armures complètes.
Du côté des musulmans, la perte fut de 20.000 tués.

Ya’koûb, poursuivant les fuyards, trouva que Calatrava, que les chrétiens avaient d’abord occupée, avait été évacuée par eux, tant leur terreur était grande ; il y installa un gouverneur et un corps de milice, puis regagna Séville.
Après sa défaite, Alphonse se rasa la tête, retourna son crucifix, prit un âne pour monture en jurant de ne plus se servir de cheval ni de mulet avant de voir les chrétiens victorieux, et recruta de nouvelles troupes.
Ya’koûb, qui en fut informé, envoya à Merrâkech et ailleurs l’ordre d’enrôler des soldats, mais sans exercer aucune contrainte, et de nombreux volontaires et soldés répondirent à son appel.
En rebî’ I 592 (comm. le 2 févr. 1196), eut lieu une nouvelle bataille où les Francs furent encore honteusement battus, et à la suite de laquelle leurs richesses, armes, montures, etc., devinrent la proie des vainqueurs.
Ya’koûb alla assiéger Tolède, qu’il attaqua vigoureusement ; il abattit les arbres des environs, y lança diverses expéditions qui s’emparèrent de plusieurs places fortes où l’on massacra les hommes et où l’on réduisit les femmes en captivité, tandis qu’on en ruinait les habitations et qu’on démantelait les murailles. Aussi les chrétiens étaient-ils réduits à l’extrémité, tandis que l’autorité de l’islâm s’accroissait.
Ya’koûb retourna séjourner à Séville, et quand l’année 593 (23 nov. 1196) commença, il s’avança de nouveau sur le territoire des chrétiens, qui alors s’humilièrent et dont les rois demandèrent la paix d’un commun accord.
Ya’koûb voulait d’abord poursuivre ses conquêtes et en finir avec eux ; il se décida cependant à leur accorder une trêve de cinq ans, par suite des nouvelles qu’on lui apporta des terribles ravages exercés par le Mayorcain ‘Ali ben Ish’âk’ en Ifrîkiyya, et il regagna Merrâkech à la fin de 593 (vers novembre 1197).

Histoire Islamique - Page 6 Casbah-hammadidte-11eme-sic3a8cle-de-bejaia
La Casbah Hammadite du 11eme siècle de Bejaia, Algerie

Ravages d’Ali l’Almoravide en Ifrîkiyya[110]
Pendant les trois années que passa Ya’koûb en Espagne à combattre le bon combat,  on ne reçut pas en Ifrîkiyya de nouvelles de lui : les ambitions d’Ali ben Ish’âk, l’Almoravide de Mayorque, qui tenait la campagne avec les Arabes hilaliens, se réveillèrent alors, et il recommença ses attaques contre l’Ifrîkiyya.

Ses troupes se répandirent partout, semant le pillage et la dévastation ; les traces mêmes des villes furent effacées, les habitants disparurent et ces régions « restèrent désertes et toutes bouleversées » (Coran, II, 261 ; XVIII, 40 ; XXII, 44).
Il voulait aller assiéger Bougie pour profiter de ce que Ya’koûb était occupé à combattre les infidèles, et ne cacha pas son intention de marcher, dès qu’il aurait pris Bougie, contre le Maghreb.
Mais quand Ya’koûb sut ce qui se passait, il traita avec les chrétiens pour réduire le rebelle et le chasser, comme il avait fait déjà en 581.

Histoire Islamique - Page 6 Muwahid
Les Muwahidun (Almohades), par Angus, McBride Osrey

1) Prince Emir Almohade/Muwahhid au 13eme siècle, Muhammad al-Nasir
2) Fantassin Andalous au 12eme siècle 
3) Garde Almohade/Muwahhid au 12eme siècle 

Mort de Ya’koûb ben Yoûsof l’Almohade et avènement de son fils Mohammed al-Nasir 1199
Ya’koûb mourut le 18 rebî’ II (16 févr. 1199) ou, selon d’autres, de djomâda I, 595 (16 mars 1199), à Salé, où il était venu de Merrâkech, afin de voir la ville nommée Mehdiyya, qu’il avait fait édifier vis-à-vis Salé, dans la région la plus belle et la plus plaisante.[111]
Ce prince, qui avait régné quinze ans, était plein d’ardeur pour la guerre sainte et la religion, et sage administrateur.
Il abandonna le rite malékite et professa le rite zâhirite.
Les juristes Z’àhirites, qui furent alors nombreux au Maghreb, jouirent de beaucoup d’autorité sous son règne ; on les appelait aussi H’azmiyya,  du nom de leur chef Aboû Mohammed [‘Ali ben Ahmed] ben H’azm, mais les partisans de ce système s’étaient fondus avec les Malékites.[112]
Ils reparurent et se développèrent beaucoup sous son règne ; mais, vers la fin, la sympathie de ce prince alla aux Châfe’ites, et dans certains endroits il les appela aux fonctions de kâdis.

Histoire Islamique - Page 6 Grande-mosquc3a9e-fatimide-de-mahdia
La Grande mosquée Fatimide de Mahdia Tunisie.(10eme siècle)

Mehdiyya, insurgée contre Ya’k’oûb al-Mansur l’Almohade , se soumet à son fils Mohammed al-Nassir.
Lors de son départ d’Ifrîkiyya en 581 (3 avril 1185), Ya’k’oûb’ donna à Aboû Sa’îd ‘Othmân le gouvernement de Tunis et à Aboû ‘Ali Yoûnos celui de Mehdiyya : ils étaient frères et comptaient parmi les grands de la cour, de même que leur père ‘Omar Inti.
Il nomma commandant de la garnison de Mehdiyya Mohammed ben ‘Abd el-Kerîm, guerrier brave, renommé et très dur pour les Arabes, dont il n’épargna que ceux qu’il intimidait.
Ce chef, ayant appris qu’une portion des arabes ‘Awf étaient campés à un certain endroit, marcha contre eux, mais par des chemins détournés, de sorte qu’après les avoir dépassés il fit volte-face ; mais ils avaient eu connaissance de sa marche, si bien qu’ils s’enfuirent devant lui sans combattre et en abandonnant leurs biens et leurs femmes.
Mohammed fit main basse sur le tout et rentra à Mehdiyya, où il remit ces dernières au gouverneur ; mais du butin proprement dit il s’appropria ce qui lui convint et ne laissa que le reste au gouverneur et à la milice.
Alors les Benoû’ Awf se rendirent auprès d’Aboû Sa’îd ben ‘Omar pour embrasser l’Unitéisme (Almohade/Muwahidun), et sollicitèrent son intervention à l’effet de se faire restituer leurs biens et leurs femmes.
Aboû Sa’îd fit appeler Mohammed ben ‘Abd el-Kerîm et lui donna l’ordre de restituer les dépouilles dont il s’était emparé ; mais comme le général répondait ne pouvoir le faire, puisque la milice les avait, le gouverneur l’interpella rudement et voulut employer la force.

Alors Mohammed Je pria d’attendre jusqu’à ce que, rentré à Mehdiyya, il pût reprendre ce qui était encore entre les mains de la milice, s’engageant à parfaire de sa poche le manquant.
Il obtint ce délai et retourna à Mehdiyya ; mais il n’était pas tranquille, et après avoir réuni ses compagnons il leur raconta ce qui venait de lui arriver avec Aboû Sa’îd, et s’engagea par serment à ne pas les abandonner.
Ils lui en jurèrent autant, et alors il arrêta Aboû ‘Ali Yoùnos et s’empara de Mehdiyya. Aboû Sa’îd obtint cependant l’élargissement de son frère Yoùnos moyennant une rançon de 12.000 dinars, somme que Mohammed distribua à la milice.
À la suite des armements faits par Aboû Sa’îd en vue du siège de Mehdiyya, Mohammed députa à ‘Ali ben Ish’âk’ l’Almoravide, et celui-ci s’engagea par serment à le soutenir.
Alors Aboû Sa’îd ne donna pas suite à son projet ; mais la mort de Ya’k’oûb ayant fait monter sur le trône son fils Mohammed, celui-ci envoya par mer une armée commandée par son oncle, et par terre une autre armée que commandait son cousin El-H’asan ben Aboû H’afç ben ‘Abd el-Mou’min.
La première était parvenue à Bougie et la seconde à Constantine, quand l’Almoravide et les Arabes qui le soutenaient s’enfuirent d’Ifrîkiyya pour s’enfoncer dans le désert.
Lorsque la flotte se présenta devant Mehdiyya, Mohammed ben ‘Abd el-Kerîm se plaignit des procédés d’Aboû Sa’îd, déclarant qu’il reconnaissait l’autorité du Prince des croyants Mohammed et livrerait la ville non à Aboû Sa’îd, mais à ceux-là seulement qu’enverrait ce souverain.

La prise.de possession fut opérée en effet par des envoyés de ce dernier, et tout rentra dans l’ordre.
En djomâda II 603 (2 janvier 1207), mourut à l’hôpital de Baghdâd Aboû’l-Fad’l ‘Abd el-Mon’im ben ‘Abd el-’Azîz ’Iskenderâni dit Ibn en-Natroûni.
Il avait été en Ifrîkiyya porter un message au Mayorcain [Ali ben Ishâk’ l’Almoravide], de qui il avait reçu un cadeau de 10.000 dinars maghrébins, qu’il distribua entièrement dans sa ville à ses amis et connaissances.
C’était un homme de mérite, vertueux et tout à fait distingué ; Dieu ait pitié de son âme !
Il était très versé dans la littérature et est auteur de belles poésies.
Il fit à Mossoul un séjour de quelque durée pour étudier sous la direction du cheikh Aboû‘l-H’aram, chez qui je le fréquentai beaucoup.  »
 
 
Notes du Traducteur :
[105] Ce chapitre figure dans les Histoire. arabe. des Croisades. (ii, 1ère p., 78).
[106] Ces six derniers mots, par suite d’une leçon différente adoptée par Defrémery (Histoire., etc.) y sont rendus par « dont la capitale était Tolède ».
[107] On retrouve dans la biographie de Ya’koûb par Ibn Khallikan (iv, 338) un texte quelque peu différent de cette lettre, dont la rédaction y est attribuée à Ibn el-Fakhkhâr.
[108] C’est-à-dire de la religion orthodoxe qui remonte à Abraham et qui a été restaurée par Mahomet
[109] Tornberg a imprimé à deux reprises K’al’at Riyâh’, mais a rectifié cette orthographe dans son Index. Il s’agit de la célèbre bataille d’Alarcos, sur laquelle on peut voir l’Hist. des Berbères (ii. 213) ; Merrâkechi (trad., p. 245) ; Ibn Khallikan (iv, 340) ; le Kartâs (texte, p. 151 ; trad. Tornberg, p. 199). Au lieu de « Merdj el-H’adid », Merrâkechi lit « Fah’e el-Djedid ». C’est le 18 juillet 1195 qu’Alphonse IX perdit cette bataille.
[110] Ce chapitre se retrouve dans les H. ar. des cr. (ii, 1ère partie, p. 83).
[111] La Mehdiyya du Maroc fut fondée par ‘Abd el-Mou’min (voir la. note de la p. 308, trad. fr. de Merrâkechi), et Rabat par Ya’koûb (Ibn Khallikan, iv, 341). Il semble donc que notre auteur a commis une confusion. La mort de Ya’koûb n’est pas racontée de la même manière par tout le monde, et certains prétendent qu’il disparut mystérieusement (Zerkechi, tr. fr., p. 20 ; Ibn Khallikan, iv, 341).
[112] Le texte édité par Tornberg est corrompu ; il faut certainement lire …A-t-il ainsi que l’a d’ailleurs fait aussi Goldziher (Die Zahiriten, p. 174, où le renvoi, dans la note 3, doit se lire « Kâmil,XII, 95-96 ». Comparez aussi Quatremère, Mamlouks, I, B, 269, et les Prolégomènes, iii, 5.

Traduction française de ibn al-Athir du kitab  «Al-Kamil fi al-Tarikh  »
Abu al-Hasan Ali ‘izz al-Din ibn al-Athir historien arabe sunnite (né en 1160 à Cizre, mort en 1233 à Mossoul). Son œuvre principale est Al-Kamil fi al-Tarikh (La Perfection des histoires. 1231), considérée comme l’un des plus importants livres d’histoire du monde musulman. Il est également l’un des principaux chroniqueurs arabo-musulmans des croisades dont il fut un témoin oculaire, ayant participé à la guerre sainte (djihad) contre la troisième croisade 
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Message  Arlitto Mar 03 Mai 2016, 12:59

Arrivée des forces Ayyoubide en Ifriqiya (1172), mort de l’Almohade Abu Yaqub Yusuf (1184), et guerre contre les Francs en Andalousie par ibn al-Athir :

Histoire Islamique - Page 6 Exercisedevantsaladin
Exercices des Ghulam et Mamelouks Ayyoubide devant le sultan Salahudin al-Ayyoubi en Egypte.

Arrivée des  Turc (Mamelouk des Ayyoubides) en Ifrîkiyya, où ils conquièrent Tripoli et d’autres villes[84] en 1172
En 568 (22 août 1172) une troupe de Turcs ayant à sa tête K’arak’oûch [85] mamlouk de Tak’i ed-Dîn ‘Omar, neveu de Salâh’ ed-Dîn Yoûsof ben Ayyoûb (Saladin al-Ayyoubi l’Ayyubide), dans une rédaction qui attribue à ‘Omar, frère du Prince des croyants (abbassides) , le commandement des troupes envoyées par Ya’koûb [lisez Aboû Ya’koûb Yoûsof], sortit d’Egypte[86] et se rendit dans les montagnes de Nefoûsa, où elle opéra sa jonction avec Mas’oûd ben Zemmâm, connu sous le nom de Mas’oûd el-Ballât.[87]

Ce chef, l’un des principaux de la région, avait pu autrefois se soustraire à l’autorité des Almohades d’’Abd el-Mou’min.[88]
La réunion des partisans de ces deux chefs constitua une force considérable, et ils mirent le siège devant Tripoli, qu’ils bloquèrent et serrèrent de très près.
Cette ville fut prise, K’arâk’oûch s’y empara du gouvernement, installa sa famille dans le palais et poursuivit ses conquêtes en Ifrîkiyya, sans qu’il pût cependant se rendre maître de Mehdiyya, de Sfax, de Gafça, de Tunis et des territoires et bourgades dépendant de ces villes.

De nombreux soldats constituèrent une armée de plus en plus forte à K’arâkoûch, dont l’autorité dans ces pays trouvait chez les Arabes une aide fondée sur leurs dispositions innées à détruire, à piller, à couper les arbres, les palmiers, etc.
Il réunit ainsi des richesses considérables qu’il mit en sûreté à Gabès, et, l’orgueil lui montant au cerveau, il se flatta de conquérir l’Ifrîkiyya tout entière, grâce à l’éloignement du maître de ce pays, Aboû Ya’koûb Yoûsof.
Nous verrons plus tard comment les choses se passèrent.

Histoire Islamique - Page 6 Farys
al-Faris Cavalier Arabe avec son arc

Campagne de Yoûsof ben ‘Abd el-Mou’min contre les Francs en Espagne[89] la bravoure des chevaliers arabes (hilalliens du jund)
En la même année, Yoûsof partit de Séville à la tête de ses troupes pour faire campagne contre les Francs et alla assiéger Huete, ville qui est située à l’est et non loin de Tolède.
De nombreux : Francs vinrent se ranger sous les drapeaux d’Alphonse roi de Tolède [Alphonse IX de Castille], mais ne livrèrent pas de bataille rangée aux musulmans.
Or ceux-ci vinrent, à cause de leur grand nombre, à manquer de vivres et furent ainsi forcés de quitter le territoire franc pour retourner à Séville.
Jusqu’à 571 (21 juillet 1175), Yoûsof y séjourna, organisant ses troupes et faisant faire d’incessantes incursions [P. 257] en territoire franc.
Il y eut de nombreux combats et razzias où les Arabes déployèrent une bravoure indescriptible : en vain le champion arabe s’avançait entre les deux armées pour provoquer en combat singulier les chevaliers francs les plus réputés, nul n’osait relever son défi.

Aboû Ya’koûb Yoûsof regagna alors Merrâkech.[90]
 Histoire Islamique - Page 6 Saladin-as-depicted-on-a-dirham-coin-circa-1190

La flotte sicilienne se présente devant Alexandrie et est mise en déroute
En moharrem 570 (août 1174), les Alexandrins et l’armée Ayyoubide d’Egypte remportèrent une victoire sur la flotte des Francs de Sicile.
Nous avons dit en effet que les Égyptiens avaient député au roi des Francs sur le littoral de Syrie ainsi qu’au prince de Sicile pour leur demander d’attaquer l’Egypte, de manière à leur permettre à eux-mêmes de se soulever et de chasser Salâh ed-Dîn (Saladin) al-Ayyoubi.
 
Le prince de Sicile équipa en conséquence une flotte considérable, etc.[91]
Histoire Islamique - Page 6 Abc5ab-yae28098qc5abb-yc5absuf-1135-e28093-14-october-11841-was-the-second-almohad-amir-or-caliph

 Révolte du prince de Gafça et conquête de cette ville par Yoûsof[92]
En 576 (27 mai 1180), Yoûsof s’avança en Ifrîkiyya et fit la conquête de Gafça. Le prince de cette ville, ‘Ali ben el-Mo’izz ben el-Mo’tazz, ayant vu que les Turcs étaient entrés en Ifrîkiyya, en avaient conquis une partie et avaient obtenu la soumission des Arabes, fut pris aussi de l’envie de se rendre indépendant et de secouer la suzeraineté de Yoûsof.

Il se révolta ouvertement et, soutenu par les habitants de Gafça, il massacra la garnison almohade de cette ville en chawwâl 572 (1er avril 1177).
Le gouverneur de Bougie informa Yoûsof de l’état de trouble où se trouvait le pays, de la reconnaissance faite par de nombreux Arabes du Turc K’arâk’oùch qui était entré en Ifrîkiyya, et du massacre de la garnison almohade de Gafça par Ali d’accord avec les habitants de cette ville.

Yoûsof commença par assurer les frontières qui pouvaient donner lieu à quelque crainte, et ce ne fut qu’après avoir pris ce soin qu’il passa en Ifrîkiyya avec ses troupes en 575 (7 juin 1179). Pendant trois mois il assiégea Gafça, qui était bien fortifiée et dont les habitants étaient braves, et coupa les arbres des environs.

La situation devenant pénible, ‘Ali sortit à l’insu de la population et de l’armée et arriva jusqu’à la tente de Yoûsof, où il se fit connaître au chambellan du prince.
Ce dernier, très surpris qu’Ali eût pu, sans sauf-conduit, arriver jusqu’à sa tente, le laissa néanmoins pénétrer jusqu’à lui, et ‘Ali, après lui avoir baisé la main, essaya de se justifier et le pria d’agir avec une générosité digne de lui-même en faisant grâce aussi bien à lui ‘Ali qu’aux habitants.

C’est ce que fît Yoûsof, qui pénétra dans la ville au commencement de l’année 576 (27 mai 1180) et envoya ‘Ali au Maghreb, où il le traita avec honneur et lui assigna un fief considérable.[93] Il réinstalla une garnison almohade à Gafça, et pardonna également à Mas’oûd ben Zemmâm, émir des Arabes, qui vint se présenter à lui, et qui fut aussi envoyé à Merrâkech.
Yoûsof se rendit ensuite à Mehdiyya, où il reçut un messager du roi de Sicile, qui venait solliciter la paix, et qui obtint une trêve [P. 310] de dix ans. Mais l’Ifrîkiyya, ravagée par la famine, ne pouvait nourrir ni les hommes ni les chevaux, et il regagna précipitamment le Maghreb.

Histoire Islamique - Page 6 1181mosquc3a9e-al-hassan-photo-le-sultan-almohade-abc3bb-yc3bbsuf-yaqc3bbb-al-mansc3bbr-r-1184-1199
La mosquée Almohade Hassan de Rabat au Maroc, fut construite par le sultan almohade Abû Yûsuf Ya’qûb al-Mansûr (r. 1184-1199)

 Mort de Yusuf l’Almohade et avènement de son fils Yaqub al-Mansur [94]
En 580 (13 avril 1184), Yoûsof passa du Maghreb en Espagne avec des troupes nombreuses, tant cavaliers que fantassins, et alla à l’ouest de ce pays assiéger Santarem, qui appartenait aux Francs. Au bout d’un mois, il tomba malade et mourut en rebi’ I (11 juin 1184) ; on le transporta en cercueil à Séville.[95]

Il avait régné vingt-deux ans et un mois.[96] Comme de son vivant il n’avait désigné aucun de ses fils pour le remplacer, les chefs almohades, d’accord avec la famille d’Abd el-Mou’min, choisirent le fils du défunt Aboû Yoûsof Ya’koûb, et l’installèrent sitôt que son père fut mort, car le voisinage de l’ennemi rendait l’entente urgente.
Le nouveau prince tint très dignement sa place, maintint haut l’étendard de la guerre sainte et gouverna sagement ; plein de piété, il appliquait les peines légales aux grands aussi bien qu’aux petits ; sa main ferme contint tout son vaste empire dans une obéissance parfaite.

Après avoir réorganisé les places frontières d’Espagne et y avoir installé de nombreuses garnisons, il répartit aussi des troupes dans le reste du pays et mit tout en ordre, puis retourna à Merrâkech.
Son père Yoûsof avait gouverné sagement et avec plus de douceur qu’Abd el-Mou’min ; il aimait  et favorisait les savants, avait recours à leurs lumières, leur confiait des fonctions et les attirait à sa cour ; les populations lui obéissaient volontiers, et des territoires qui avaient résisté à son prédécesseur lui firent leur soumission ; il ne changea rien au prélèvement des impôts tel que l’avait fixé son père.
Son autorité resta toujours incontestée, grâce à la manière dont il gouverna et dont il ne se départit pas jusqu’à la fin de sa vie.

Histoire Islamique - Page 6 Citadelle-casbah-au-dessus-du-port-de-bc3a9jac3afa-dc3a9poque-hammadide
Citadelle (casbah) au-dessus du port de Béjaïa d’époque Hammadide  (11eme siècle), Algérie. 

 Bougie est conquise par les Almoravides puis reconquise par les Almohades.[97]
En cha’bân 580 (6 nov. 1184), ‘Ali ben Ish’âk’, connu sous le nom d’Ibn Ghâniya, qui était l’un des principaux officiers des Almoravides, les anciens maîtres du Maghreb, partit de Mayorque, où il régnait, et alla conquérir Bougie.
En effet, à la nouvelle de la mort de Yoûsof ben ‘Abd el-Mou’min, il équipa les vingt bâtiments qui constituaient sa flotte, alla jeter l’ancre sur le littoral de Bougie, et après avoir débarqué les deux cents cavaliers almoravides et les quatre mille fantassins dont il était accompagné, il occupa cette ville sans coup férir.

Ce succès tint à l’absence du gouverneur qui, peu de jours auparavant, était parti pour Merrâkech sans laisser ni troupes ni défenseurs à Bougie, qu’aucun ennemi ne semblait alors menacer et que l’on croyait à l’abri d’un pareil coup d’audace d’Ibn Ghâniya.

Celui-ci fut rejoint par les survivants des Benoû H’ammûd, et cet accroissement de forces augmenta sa confiance.
En apprenant cet événement, le gouverneur de Bougie, interrompant son voyage, revint sur ses pas à la tête de trois cents cavaliers almohades, auxquels il en joignit environ un millier d’autres recrutés parmi les Arabes et les tribus de ces régions.
Dès que l’Almoravide fut informé qu’il approchait, il marcha à sa rencontre avec mille cavaliers et engagea l’action, mais elle fut de courte durée, car tous les auxiliaires du gouverneur se retournèrent contre lui, de sorte qu’il dut fuir avec ses Almohades et se retirer vers Merrâkech.

L’Almoravide regagna Bougie, et conquit ensuite tous les cantons qui en dépendent ; mais Constantine résista, et il dut en faire le siège jusqu’en çafar 581 (3 mai 1185). À cette date, une armée almohade partie de Merrâkech vint assiéger Bougie par terre et par mer, et les deux frères d’Ali ben Ish’âk’, c’est-à-dire Yah’ya et ‘Abd Allah, durent s’enfuir de là et rejoindre ‘Ali, qui leva le siège de Constantine et s’avança dans l’Ifrîkiyya.
L’armée almohade venue de Merrâkech et qui reconquit Bougie comptait, comme troupes de terre, vingt mille cavaliers envoyés par Ya’k’oûb, qui avait été mis au courant des événements par le gouverneur de Bougie et à qui celui-ci avait représenté les dangers que risquait de provoquer toute négligence.

Histoire Islamique - Page 6 Ayyubid_ghulams_by_emirhamam-d3b2cgsL
es Ghulam et Mamelouks de l’armée Ayyoubide. Les Ayyoubides, les Almoravides reconnaissais Baghdad et les Abbassides comme calife légitime tout comme les arabes d’Ifriqiya et ne voulais pas de la secte Asharite Almohade.
.
L’Ifrîkiyya, d’abord conquise par les Almoravides et les Arabes, rentre sous l’autorité des Almohades.[98]
Sous l’année 580, nous avons dit que Bougie, d’abord conquise par l’Almoravide ‘Ali ben Ish’âk’, fut reprise par l’armée almohade de Ya’k’oûb ben Yoûsof, et qu’ ‘Ali s’enfonça en Ifrîkiyya.
Les Banu Soleym, les Banu Riyâh’ et les autres Arabes de ces régions se joignirent à lui, aussi bien que les Turcs que nous avons dit être venus d’Egypte Ayyoubide dans ce pays sous la conduite de Cheref ed-Dîn K’arâk’oûch ; là aussi se trouvait parmi les Turcs d’Egypte, Bouzâba, mamlouk de Tak’i ed-Dîn, le neveu de Saladin.[99]

Réunis ainsi, ils formaient une troupe nombreuse et puissante, et tous ces alliés étaient hostiles au pouvoir almohade.
Ils reconnurent pour chef ‘Ali ben Ish’âk’, parce qu’il appartenait aune famille qui exerçait le pouvoir depuis longtemps, et lui donnèrent le titre d’Émir des musulmans.
Ils conquirent l’Ifrîkiyya tout entière de l’est à l’ouest, moins les deux villes de Tunis et de Mehdiyya, que les Almohades occupaient et où, se maintenant malgré tout, ils résistèrent à l’intimidation, au blocus et à la force.
Tous les fauteurs de troubles dans ce pays se joignirent à l’Almoravide insurgé, [P. 343] aussi bien que tous ceux qui ne cherchaient qu’à piller et à faire le mal ; ils ravagèrent les villes, les places fortes et les villages, violèrent les femmes et abattirent les arbres. ‘Abd el-Wâh’id ben ‘Abd Allah Hintâti, alors gouverneur almohade d’Ifrîkiyya, résidait à Tunis, d’où il écrivit à Merrâkech à Ya’k’oûb, prince Almohade du Maghreb, ce qui se passait.
L’Almoravide se dirigea vers la presqu’île de Bâchoû, qui est voisine de Tunis et renfermait de nombreux villages.[100]

Il en entreprit le blocus, puis il accorda l’amân aux habitants, qui le demandèrent ; mais ses soldats y ayant pénétré, y pillèrent toutes les richesses, les bêtes de somme et les vivres, dépouillèrent les hommes de leurs derniers vêtements, s’emparèrent des femmes et des enfants et laissèrent toute la population exténuée et sans ressources.

Ces malheureux se dirigèrent ensuite sur Tunis ; là, ceux qui avaient assez de vigueur pour cela travaillèrent pour se procurer de quoi se sustenter, tandis que les plus faibles vivaient de la charité publique.
Mais l’hiver étant survenu, ils furent fort éprouvés par le froid, et en outre la peste les accabla : on compta 12.000 morts dans une seule localité, ce qui peut faire juger du l’esté.
L’Almoravide, une fois maître de l’Ifrîkiyya, fit remplacer dans la khotba le nom des fils d’ ‘Abd el-Mou’min par celui du khalife Abbasside En-Nâçir lidîn-illâh, à qui il fit demander (l’investiture sous forme de) robes d’honneur et d’insignes noirs.
En 582 (23 mars 1186), il alla mettre le siège devant Gafça, dont les habitants, après avoir expulsé la garnison almohade, reconnurent son autorité ; il y organisa une milice formée d’Almoravides et de Turcs, et non content de la solidité des fortifications, il y laissa une garnison.

Au reçu de ces nouvelles, Ya’koûb ben Yoûsof forma une armée choisie de 20.000 cavaliers seulement, à cause du peu de vivres que l’on pouvait trouver dans ces régions et de l’état de ruine et de dévastation où elles se trouvaient, et se mit en marche vers Tunis en çafar 583 (Il avril 1187).

Il fit marcher contre ‘Ali ben Ish’àk’, qui était alors à Gafça, un corps de 6.000 cavaliers commandés par son neveu fils de son frère ; mais quand on en vint aux mains, une troupe de Turcs qui accompagnait le corps Almohade fit défection, ce qui amena la défaite de ce dernier et la mort de plusieurs des officiers qui le commandaient, en rebî’ I 583 (10 mai 1187).

Ya’koûb, après avoir reçu cette nouvelle, continua de résider à Tunis jusqu’à la mi-redjeb (20 septembre) de cette année, et mena alors ses troupes contre l’Almoravide et les Turcs : la rencontre eut lieu proche  de Gabès[101] et aboutit à la défaite d’Ibn Ghâniya et des siens, dont il fut fait une extermination presque complète ; le faible nombre qui échappa se jeta dans l’intérieur.
Le même jour, Ya’koûb se dirigea contre Gabès, et quand il l’eut conquise, il en tira les femmes et les enfants de K’arâk’oûch pour les expédier au Maghreb.
Il marcha ensuite sur Gafça, qu’il assiégea pendant trois mois, et au cours de cette période, il ravagea les environs et en abattit les arbres.
Les Turcs alors lui firent demander quartier pour eux-mêmes et pour les habitants, ce qui leur fut accordé.

Les Turcs sortirent sains et saufs, et le prince, qui avait remarqué leur bravoure et leur férocité, les envoya en garnison dans les places frontières ; mais les Almoravides qui étaient dans la ville furent mis à mort, les murs en furent démantelés et il n’y laissa plus subsister qu’une simple bourgade. Ainsi se réalisa la prédiction, rappelée plus haut, du Mahdi Ibn Toûmert, que ses murs seraient détruits et ses arbres coupés.[102]
La ruine de Gafça opérée et l’Ifrîkiyya remise en ordre, Ya’k’oûb rentra à Merrâkech en 584 (1er févr. 1188).

Histoire Islamique - Page 6 Remparts-de-la-forteresse-omeyade-de-silves-al-gharb-al-andalus-portugal
Remparts de la forteresse Omeyyade de Silves al-Gharb al-Andalus Portugal  du 8eme siècle, à l’époque musulmane, la principale ville de la région (Gharb al-Ândalus, الغرب الأندلس en arabe) est Silves. Au début du xie siècle, le califat Omeyyade de Cordoue éclate en plusieurs petits royaumes ou taïfas. L’Algarve est partagée entre le taïfa d’Algarve et celui de Silves. Ces deux royaumes sont conquis par le taïfa de Séville en 1051 et 1063, respectivement.

Après la chute des Almoravides en 1147, le taïfa de Silves retrouve brièvement son indépendance avant de tomber sous le joug des Almohades en 1151.
 Silves al-Gharb al-Andalus est prise par les Francs, puis reprise par les musulmans.[103]
En 586 (7 févr. 1190) le roi franc Ibn er-Renk’[104] conquit Silves, dans l’ouest de l’Espagne, l’une des principales villes musulmanes de ce pays.
Au reçu de cette nouvelle, Aboû Yoûsof Ya’k’oûb, émir d’Espagne et du Maghreb, équipa une armée nombreuse et, franchissant le détroit qui le séparait de l’Espagne, il fit aussi passer par mer un important corps de troupes.
Il mit le siège devant celle ville et la combattit si vigoureusement que ses défenseurs durent demander grâce, ce qui leur fut accordé, et ils se retirèrent dans leur pays.
Il fit prendre également par une armée Almohade, à laquelle étaient adjoints de nombreux Arabes, quatre villes conquises par les Francs depuis quarante ans.
Les audacieuses attaques de ces guerriers furent cause que le roi franc de Tolède [Alphonse IX de Castille, 1158-1214 de J.-C] intimidé fit demander la paix, qui lui fut consentie pour une période de cinq ans ; après quoi Aboû Yoûsof retourna à Merrâkech.

Mais il y avait chez les Francs un parti hostile à cette trêve ; seulement, comme il ne pouvait manifester son opposition, il attendit pour relever la tête que commençât l’année 591 (15 déc. 1194), où il arriva ce que nous dirons.
 
Notes du Traducteur :
[84] Ce chapitre figure dans les Histoire. arabe. des croisades., i, 590.
[85] Deux mamlouks du nom de Karakouch ont joué un rôle à cette époque : le premier et le plus célèbre est l’eunuque Behâ ed-Dîn Karakouch ben ‘Abd Allah Asadi Nâciri Çaklabi (aussi appelé Aboû Sa’îd par Defrémery, Hist. ar. des cr. ii, 1, p. 19), qui tint une place importante parmi les conseillers du Saladin, qui mourut en 597 (11 oct. 1200), et à qui une intéressante monographie a été consacrée par M. Casanova (Mém. de la mission arch. du Caire, vi, p. 447 ; à la p. 483, l. 20 et 28, lire 561 au lieu de 661) ; le second est Cheref ed-Dîn Karakouch Armeni Moz’afferi Nâçiri, mamlouk de Moz’affer Taki ed-Dîn, qui fut crucifié à Weddân en 609 (2 juin 1212), qui eut au moins deux fils et dont le rôle dans l’histoire du Maghreb est exposé notamment par Tidjâni (Journ. As., 1852, ii, 152 et s.), dont Ibn Khaldoun a suivi le récit (H. des Berb.. ii, 91). Cheref ed-Dîn, dont il est ici question, arriva au Maghreb, selon le dire formel de notre texte, en 568, mais des dates postérieures sont aussi indiquées (Tidjâni, pp. 159-160, et 163 : Merrâkechi, tr. fr., p. 221 et 250 ; H. des Berb., ii, 91 ; cf. i, 71 ; Zerkechi, tr. fr., p. 18). Les deux Karakouch ont été confondus et regardés comme n’étant qu’un, par exemple dans l’index d’ibn el Athîr, p. 498 ; dans le t. III des H. ar. des cr., p. 90, ainsi que par l’auteur de l’index de ce tome : ils avaient cependant, avec raison, été distingués dans l’index du t. I de cette collection, ainsi que l’avait fait Defrémery (Jas., 1869, i, 524), et comme le fait aussi M. H. Derenbourg, Vie d’Ousâma, p. 432 et 450). Cf. L’Afrique sept, au XIIe s. de notre ère, p. 4, n. 2.

[86] C’est à la fin de 574 que Merrâkechi (p. 221 ; cf. 250) place la première arrivée des Turcs au Maghreb ; voir la note précédente.
[87] Dans Ibn Khaldoun, Mas’oûd ben Zemâm el-Bolt, chef des Benoû Riyâh (H. des Berb., i, 56, 71, 138 ; ii, 92).
[88] « Et de ses enfants », ajoute le texte des H. ar. des cr., ce qui est contredit par le récit d’Ibn Khaldoun.
[89] Ce chapitre figure dans les Hist. ar. des cr., I, 591.
[90] Comparez le récit de Merrâkechi (ibid.) et de VII. des Berb. (ii, 200). Au lieu de « Huete », Tornberg a mal restitué un mot écrit d’une manière imparfaite et en a fait « Honda ».
[91] Ce chapitre figure en entier dans la Biblioteca (i, 495) et dans les H. ar. des cr. (i, 611).
[92] De courts fragments de ce chapitre se retrouvent dans l’Hist. des Berb., ii, 593, et le dernier alinéa, dans la Biblioteca, i, 499 ; il figure en entier dans les Hist. ar. des cr., i, 645.
[93] Sur ‘Ali (Ibn er-Rend), comparez les récits d’Ibn Khaldoun (ii, 34 et 203), de Zerkechi (p. 15-16) et de Merrâkechi (p. 218).
[94] Le premier alinéa de ce chapitre se retrouve dans les Hist. ar. des cr. (i, 665).
[95] Voyez Recherches, de Dozy, 3e éd., ii, p. 443 ; H. des Berbères, ii, 205.
[96] Deux mss lisent « et quelques mois ».
[97] 3) On retrouve ce chapitre dans les H. ar., etc. (i, 667). Sur les faits dont il y est question, cf. Zerkechi, p. 18 ; Hist. des Berbères, ii, 208, et Merrâkechi, trad. fr., p. 233.
[98] Ce chapitre se retrouve presque tout entier dans les H. ar. des cr., i, 669.
[99] Sous l’année 582 (t. xi, 345 : H. ar. des cr., i, 672), notre auteur explique les événements auxquels il est fait ici allusion. En cette année, Saladin rappela en Syrie Tak’i ed-Dîn qui gouvernait en Egypte, et refusa de le recevoir. Alors Tak’i ed-Dîn réunit des milices et des troupes pour se rendre au Maghreb, où l’appelait son mamlouk K’arâk’oûch, qui s’était rendu maître des montagnes de Nefoûsa, de Barka, etc. Saladin, à cette nouvelle, rappela son neveu à la cour et lui attribua divers fiefs. Mais Taki ed-Dîn avait déjà fait partir son avant-garde sous le commandement de son mamlouk Bouzâba, lequel avait rejoint K’arak’oùch. — Behâ ed-Dîn (H. ar. etc., iii. 90) fait également allusion à ces incidents. Tidjâni les raconte d’une manière un peu différente et donne plus de détails sur les débuts de K’arâk’oûch en Ifrîkiyya (J. As., 1852, ii, 158 ; H. des Berb., ii, 91 ; cf. L’Afr. sept. au XIIe s. de notre ère, p. 5). — Sur l’orthographe du nom Bouzâba, cf. H. Derenbourg, Vie d’Ousâma, p. 450.
[100] Il s’agit là d’une région bien connue (Edrisi, 138 et 118 ; Bekri, 109 et ! 10, etc.), et non d’une île, ainsi que le dit la traduction des H. ar. des cr.
[101] À El-Hamma (Berbères, ii, 211 ; L’Afr. sept. au XIIe s., p. 4, n. 1).
[102] Tidjâni raconte comment Karakouch, ayant fini par se brouiller avec les Benoû Ghâniya, fut crucifié à Waddân en 609 (Journ. as., 1852, ii, 154),
[103] Ce chapitre se retrouve dans les Histoires. arabes. des croisades (ii, 1ère partie, p. 35).

Traduction française de ibn al-Athir du kitab «Al-Kamil fi al-Tarikh »
Abu al-Hasan Ali ‘izz al-Din ibn al-Athir historien arabe sunnite (né en 1160 à Cizre, mort en 1233 à Mossoul). Son œuvre principale est Al-Kamil fi al-Tarikh (La Perfection des histoires. 1231), considérée comme l’un des plus importants livres d’histoire du monde musulman. Il est également l’un des principaux chroniqueurs arabo-musulmans des croisades dont il fut un témoin oculaire, ayant participé à la guerre sainte (djihad) contre la troisième croisade
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Message  Arlitto Mar 03 Mai 2016, 12:59

Mort en 1163 d’Abd al-Mumin premier calife-imam de la dynastie Almohade et mort en 1171 de l’émir Ibn Mardanish de Murcie par ibn al-Athir :


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Cette mosquée fut construite par Abd al-Mu’min Ibn ‘Ali premier « calife » Almohade ( en 524–58 de l’Hégire 1130–63 JC ) à 100 km au Sud de Marrakesh, à Tinmel, Haut-Atlas, Maroc.




Ibn Merdenîch conquiert Grenade sur ‘Abd el-Mou’min l’Almohade, puis en est chassé[72]
En 557 (20 déc. 1161), les Grenadins, qui reconnaissaient alors l’autorité d’Abd el-Mou’min, députèrent à Ibrahim ben Hemochk pour lui demander de venir prendre possession de leur ville.
Ce chef, qui était le beau-père d’Ibn Merdenîch, avait d’abord embrassé l’Unitéisme (Muwahidun, Almohade), était devenu partisan d’Abd el-Mou’min et l’avait excité à attaquer son beau-père, mais il avait ensuite abandonné le parti des Almohades et s’était réconcilié avec Ibn Merdenîch.[73] Ibn Hemochk, agréant cette offre, se rendit à Grenade avec les députés,  mais il y trouva un groupe d’Almohades qui se retrancha dans le fort.
Quand Aboû Sa’id ‘Othmân ben ‘Abd el-Mou’min, alors à Malaga, eut vent de cette affaire, il réunit ses troupes pour marcher au secours de ses partisans de Grenade, et de son côté Ibrâhîm ben Hemochk adressa une demande de secours à Ibn Merdenîch, chef de l’Espagne orientale, qui lui envoya deux mille cavaliers musulmans et francs.

Cette troupe livra dans les environs de Grenade un combat aux Almohades qui se trouvaient dans cette ville, avant qu’Aboû Sa’îd pût arriver.
Les Almohades se battirent courageusement, mais furent mis en fuite ; puis Aboû Sa’îd livra à son arrivée un nouveau combat où beaucoup des siens tombèrent ; lui-même cependant tint ferme avec une troupe de chefs et de braves cavaliers et fantassins, qui se firent tuer jusqu’au dernier, et Aboû Sa’îd dut alors s’enfuir à Malaga.

‘Abd el-Mou’min apprit ces nouvelles pendant qu’il était déjà en marche vers Salé, et il expédia aussitôt son fils Aboû Ya’koûb Yoûsof avec 20.000 combattants et plusieurs des cheikhs almohades qui s’avancèrent à marches forcées.
À cette nouvelle, Ibn Merdenîch se dirigea avec son armée vers Grenade pour soutenir Ibn Hemochk ; et ces deux contingents réunis formaient une nombreuse armée.
Le premier de ces chefs était campé en dehors de la ville, à Ech-Cherî’a[74] ; les deux mille cavaliers qui avaient formé la première armée d’Ibn Hemochk campèrent en dehors du Fort rouge,[75] et ce chef avec les siens dans ce fort même.
Les troupes almohades parurent sur une montagne proche de Grenade, auprès de laquelle elles séjournèrent quelques jours ; puis elles firent tenter par quatre mille cavaliers une attaque nocturne contre les troupes campées en dehors du Fort rouge, tandis qu’elles les enceignaient de toutes parts.

Ces soldats ne purent pas même monter à cheval et furent massacrés jusqu’au dernier.
L’armée almohade tout entière s’avança ensuite et s’installa dans les environs immédiats de Grenade.[76] Ibn Merdenîch et Ibn Hemochk, comprenant qu’ils ne pouvaient résister, s’enfuirent la nuit suivante et se retirèrent dans leurs Etats.
Les Almohades conquirent Grenade au cours de la même année. Quant à ‘Abd el-Mou’min, il repartit de Salé pour rentrer à Merrâkech.

Histoire Islamique - Page 6 Moroccomarrakech_koutoubia_mosquefromgarden1-almohade
La Koutoubia , qui a été fondé par  l’Almohade Abd al-Mumin en 1147 à Marrakech  au Maroc

Mort d’’Abd el-Mou’min et avènement de son fils Yoûsof [77]
Le 20 djomâda II 558 (25 mai 1163), ce prince, qui régnait sur le Maghreb, l’Ifrîkiyya et l’Espagne, mourut à Salé, où il s’était rendu en venant de Merrâkech. [P. 192]
Quand il se vit malade et près de sa fin, il convoqua les cheikhs almohades qui l’accompagnaient et leur dit que, après avoir mis à l’épreuve son fils Mohammed,[78] il ne le jugeait pas en état d’exercer le pouvoir, et que, croyant son autre fils Yoûsof plus apte à supporter ce fardeau, il leur conseillait de le prendre pour leur chef. Ce fut donc, d’après ses dernières recommandations, à Yoûsof qu’on prêta serment en le saluant du litre de Prince des croyants.
Mais la mort d’Abd el-Mou’min fut tenue secrète, et on transporta son corps en litière, comme s’il était seulement malade, jusqu’à Merrâkech. Aboû H’afç, autre fils du défunt, était alors chambellan, et il continua de remplir les mêmes fonctions auprès de son frère et de porter au peuple les ordres du Prince des croyants.[79]
Yoûsof exerça le pouvoir aux lieu et place de son père jusqu’à ce que son autorité fût reconnue dans toutes les provinces, et ce fut alors seulement qu’il annonça la mort d’Abd el-Mou’min.
Ce dernier prince, qui avait régné trente-trois ans et quelques mois, était intelligent, décidé, avait le jugement droit, était bon administrateur, se montrait généreux ; mais il versait facilement le sang des musulmans coupables d’une faute légère.
Il respectait hautement la religion et sut la consolider ; dans tous ses Etats il fit respecter l’obligation de la prière, et la mort frappait celui qu’il surprenait à ne pas prier quand le moment était venu.
Dans tout le Maghreb il établit le rite malékite en ce qui concerne les applications de la loi, et la doctrine d’Aboû’l-H’asan Ach’ari en ce qui a trait aux principes religieux. Aux réunions qu’il tenait figuraient principalement les gens de science et de religion ; il recourait à eux, recherchait leur conversation et leur permettait de lui parler.

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Les tribus djebala d’après « Jbala. Histoire et société. Etudes sur le Maroc du Nord-Ouest » CNRS, Paris Casablanca, 1991. . Vignet-Zunz, « Djebala », in Encyclopédie berbère, 16 | Djalut – Dougga 

 Insurrection des Ghomâra au Maghreb
Quand, en 559 (29 nov. 1163), la mort d’Abd el-Mou’min fut divulguée, toutes les tribus des Ghomâra, qui forment un peuple nombreux, se soulevèrent sous la conduite d’un grand chef nommé Miflàh’ ben ‘Ami’ et se cantonnèrent dans leurs montagnes, qui forment des citadelles presque inaccessibles.
Aboû Ya’koûb Yoûsof, successeur d’Abd el-Mou’min, marcha contre eux avec ses deux frères, ‘Amr[80] et ‘Othmân, à la tête d’une forte armée d’Almohades et d’Arabes.
Les combats livrés par eux en 561 (6 nov. 1165) mirent les Ghomâra en déroule ;  ceux-ci perdirent de nombreux guerriers, parmi lesquels Miftâh’ ben ‘Amr et d’autres chefs, et leur pays fut conquis de vive force.
De nombreuses tribus de ces régions étaient toutes disposées à la révolte, mais attendaient l’issue de la lutte pour se prononcer ; le massacre des Ghomâra rabattit leur audace et les décida à la soumission, de sorte qu’il ne resta plus aucun fauteur de troubles et que le calme régna dans tout le Maghreb.[81]

Histoire Islamique - Page 6 Ibn-mardanish-le-roi-loup-source-le-musc3a9e-dart-islamique-c3a0-las-claras-de-murcie
Muhammad ibn abd Allab ibn Sad ibn Mardanis (Peñíscola 1124 (518 de l’Hégire) – Murcie mars 1172), connu par les chrétiens sous le surnom du Roi Loup, d’origine mozarabe, réussit à être roi de toute la zone orientale de Al-Andalus. source Le Musée d’art islamique à Las Claras de Murcie

 Combats livrés à Ibn Merdenîch par les troupes Almohade du fils d’Abd el-Mou’min
Mohammed ben Sa’d ben Merdenîch régnait dans l’Espagne orientale et vivait en bonne intelligence avec les Francs.
Il refusa de reconnaître ‘Abd el-Mou’min aussi bien que son successeur ; sa puissance s’accrut surtout du temps de ce dernier.
Mais en 565 (24 sept. 1169), Yoûsof ben ’Abd el-Mou’min fit marcher contre lui une armée qui parcourut et ravagea le territoire, s’empara de deux villes et jeta la terreur dans le cœur de ses troupes et de ses milices. Elle y séjourna assez pour le parcourir et en emporter les dépouilles.[82]
Histoire Islamique - Page 6 548-taifas-murcia-muhammad-ben-sad-dinar-1000-dinar-taifa-de-murcie-ben-muhammad-ibn-sad-mardanich-c2abthe-wolf-king

Mort d’Ibn Merdenîch, dont les Etats passent aux mains de Yoûsof ben ‘Abd el-Mou’min
En 567 (3 sept. 1171), mourut l’émir Mohammed ben Sa’d ben Merdenîch, qui régnait dans l’Espagne orientale, c’est-à-dire à Murcie, Valence, etc.
La dernière recommandation qu’il adressa à ses enfants fut d’aller, dès qu’il serait mort, trouver Aboû Ya’koûb Yoûsof, qui venait de débarquer à la tête de 100.000 combattants. Ils suivirent ce conseil, et leur démarche remplit de joie le cœur de Yoûsof, qui prit possession de ce territoire ; il épousa la sœur des princes ralliés, les traita honorablement, leur assigna un rang élevé et les installa à la cour après leur avoir distribué des sommes considérables.[83]
Notes du Traducteur:
 
[72] Ce chapitre figure dans les Hist. ar. des cr. : (i, 523). Il faut voir le récit des faits tel qu’il est exposé par Dozy, (Recherches etc. 3e éd., i, 372). Ce savant parle (p. 364) du récit d’Ibn el-Athir comme n’étant pas traduit ; il n’a pas songé à consulter le recueil cité, où en effet, il n’y avait pas de raison d’insérer ce chapitre, non plus du reste que plusieurs de ceux dont nous avons donné l’indication.
[73] Ces derniers mots ont été ajoutés d’après le texte publié dans les H. ar., et énoncent un fait conforme à ce que nous avons vu p. 571. Tornberg n’a pas relevé cette variante, non plus d’ailleurs que quelques autres.
[74] Cheri’a (abreuvoir) désigne un quartier ou un faubourg dans diverses villes du Maghreb (Dozy, Recherches, i, 383).
[75] Ce que l’on appelle aujourd’hui l’Alhambra est de construction postérieure et remonte à l’époque des Naçrides ou Benoû Ahmar. Notre Fort rouge doit être ce qu’on nomme l’Alcazaba de l’Alhambra, dont des restes subsistent encore (Dozy, Recherches, I, 385).
[76] Cette bataille fut livrée le 28 redjeb ou 13 juillet 1162, d’après Ibn Çâhib eç-çalât (Dozy, t. I., où l’on trouve, à la p. 380, la traduction d’un fragment de notre auteur).
[77] On retrouve ce chapitre dans les Hist. ar. des cr., (i, 529).
[78] On a vu plus haut (p. 118) les moyens employés par ‘Abd el-Mou’min pour faire reconnaître Mohammed en qualité d’héritier ; voyez aussi ce que disent Ibn Khaldoun (ii, 195), Merràkechi (p. 202). Zerkechi (p. 15), Ibn Khallikan (iv, 470) et !e Kartâs (texte, p. 132).
[79] Aboû Hafç ‘Omar, selon Merrâkechi (p. 203), s’effaça volontairement devant son frère.
[80] Il faut, si je ne me trompe, lire ‘Omar.
[81] Comparez Merrâkechi (trad., p. 217, avec la note).
[82] Voir ibid., p. 214 ; Berbères, ii, 197 ; Kartâs, p. 137 ; trad. latine, 184. Ce chapitre figure dans les H. ar. des cr.. i, 573, dans une rédaction qui attribue à ‘Omar, frère du Prince des croyants,le commandement des troupes envoyées par Ya’koûb [lisez Aboû Ya’koûb Yoûsof].
[83] Merrâkechi (trad. fr., p. 210) fait un récit analogue ; voir également Hist. des Berb., ii, 199 et 200 ; Ibn Khallikan.. iv, 471. On retrouve ce chapitre dans les H. ar. des cr., i, 585.
Traduction française de ibn al-Athir du kitab «Al-Kamil fi al-Tarikh »
Abu al-Hasan Ali ‘izz al-Din ibn al-Athir historien arabe sunnite (né en 1160 à Cizre, mort en 1233 à Mossoul). Son œuvre principale est Al-Kamil fi al-Tarikh (La Perfection des histoires. 1231), considérée comme l’un des plus importants livres d’histoire du monde musulman. Il est également l’un des principaux chroniqueurs arabo-musulmans des croisades dont il fut un témoin oculaire, ayant participé à la guerre sainte (djihad) contre la troisième croisade
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Message  Arlitto Mar 03 Mai 2016, 13:00

Abd al-Mumin l’Almohade conquiert Mahdia sur les Francs et devient maître de toute l’Ifriqiya (1159) par Ibn al-Athir :

Histoire Islamique - Page 6 Crusades-2
Les croisades

Abd el-Mou’min l’Almohade conquiert Mehdiyya sur les Francs et devient maître de toute l’Ifrîkiyya [56]
Sous l’année 543 nous avons dit que la conquête par les Francs de Mehdiyya sur le Ziride El-H’asan [ben ‘Ali ben Yah’ya] ben Temîm ben El-Mo’izz ben Bâdîs Çanhâdji, et sous l’année 551, comment les Francs avaient massacré et pillé les Musulmans de Zawîla, proche de Mehdiyya.

Quelques-uns de ces derniers s’enfuirent auprès d’Abd el-Mou’min pour se mettre sous sa protection.
Ce prince, qui était à Merrâkech, les accueillit honorablement et reçut de leur bouche le récit de leurs souffrances en même temps que l’expression de leur conviction qu’il était le seul prince musulman à qui ils pussent recourir pour obtenir satisfaction.
Des larmes lui jaillirent des yeux et il baissa la tête, puis, la relevant, il leur dit d’avoir confiance, qu’il leur prêterait aide, au moins au bout de quelque temps.
Il fit alors installer ses visiteurs et leur distribua deux mille dinars.

Par ses ordres on prépara des sacs à provision, des outres et tout ce qu’il faut à une armée en marche ; il écrivit à ses lieutenants dans le Maghreb, —dont il était le maître jusqu’auprès de Tunis — de conserver et emmagasiner sur place toutes les récoltes en laissant le grain dans l’épi, et de creuser des puits sur toutes les routes.

Conformément à ces ordres, le produit de trois récoltes successives fut amassé, transporté aux lieux de halle et recouvert de terre,[57] de manière à former de véritables collines.
En çafar 554 (21 fév. 1159), ce prince, qui entreprenait le plus souvent ses voyages dans ce mois, partit de Merrâkech pour l’Ifrîkiyya, avec 100.000 combattants et un nombre égal de suivants et de goujats.
Grâce aux précautions qu’il avait prises, ce flot d’hommes traversa des campagnes cultivées sans toucher à un épi et, en arrivant au lieu de campement, faisait la prière avec un tel ensemble qu’un seul imâm suffisait et que le cri d’Allah akbar sortait simultanément de toutes les bouches sans que personne fût en retard.

Devant ’Abd el-Mou’min s’avançait El-H’asan ben ‘Ali Çanhâdji, l’ancien prince de Mehdiyya et d’Ifrîkiyya, dont nous avons dit l’arrivée auprès du prince almohade.
Une marche ininterrompue mena l’armée le 24 djomâda II (12 juillet) jusqu’à Tunis, occupée par Ahmed ben Khorâsân, prince de cette ville.[58]
La flotte arriva également ; elle comptait soixante-dix galères, transports et chalands.[59]

Quand la ville fut investie, on somma les habitants de se rendre et, sur leur refus, on commença le lendemain l’attaque avec une vigueur extrême.
Il ne restait plus [semblait-il] qu’à prendre la ville et à y laisser entrer la flotte, quand un veut violent s’éleva et força les Almohades à se retirer et à remettre leur conquête au lendemain. Or, quand la nuit fut tombée, dix-sept des principaux habitants de la ville vinrent demander à ‘Abd el-Mou’min quartier pour leurs concitoyens.

Le prince, pour récompenser leur empressement à se soumettre, promit de respecter la vie, la famille et les biens des messagers, [P. 160] mais exigea que les autres habitants, pour sauver leurs tôles et celles des leurs, lui abandonnassent la moitié de leurs biens meubles et immeubles et renvoyassent Ahmed ben Khorâsân et sa famille Khorassanide.

Ces conditions ayant été acceptées, il prit possession de la ville, posta des gardes pour empêcher les soldats d’y pénétrer et fit procéder par des commissaires au partage des biens. Les juifs et les chrétiens qui habitaient la ville eurent à choisir entre la conversion à l’Islamisme et la mort ; les autres habitants eurent à payer un loyer prélevé sur la moitié de la valeur de leurs habitations.

Au bout de trois jours, ‘Abd el-Mou’min se dirigea sur Mehdiyya, accompagné par sa flotte, qui suivait la côte de conserve avec lui, et y arriva le 18 redjeb.[60] Il y avait alors dans cette ville plusieurs fils de rois francs et des chevaliers d’une bravoure exceptionnelle ; ils avaient évacué Zawîla, située à une portée de flèche de Mehdiyya, et ce l’ut de ce côté qu’arriva ‘Abd el-Mou’min.
Ce lieu fut bientôt rempli de soldats et de goujats, et en une heure de temps la population se trouva ainsi reconstituée ; la portion de l’armée qui n’y trouva pas de place s’installa en dehors, et fut bientôt rejointe par une foule innombrable de Çanhâdja, d’Arabes et de gens du pays.

Des attaques réitérées furent dirigées contre la ville, mais elles restèrent infructueuses à cause de la force naturelle de sa position, de la solidité de ses murailles et du peu de prise qu’elle présentait aux assaillants, car elle a la forme d’une main en saillie sur la mer et rattachée à la terre par le poignet seulement.

Histoire Islamique - Page 6 Dirham-almohades-du-11eme-sic3a8cle-anonyme

Les Francs lançaient sur les flancs de l’armée musulmane leurs plus braves guerriers, qui la harcelaient et se retiraient au plus vile, ce qui fut cause qu’Abd el-Mou’min éleva une muraille à l’ouest de la ville, afin d’empêcher ces sorties ; d’autre part, la flotte assiégea Mehdiyya par mer.

‘Abd el-Mou’min, s’étant embarqué sur une galère avec El-H’asan ben ‘Ali, qui y avait régné, en fit le tour, et, frappé de la solidité de l’emplacement de cette ville, il dut reconnaître qu’on ne pouvait s’en emparer de vive force ni par terre ni par mer, qu’il fallait nécessairement recourir au blocus.

El-H’asan, à qui il demanda comment il avait pu abandonner une pareille forteresse, lui répondit que c’était par suite du petit nombre d’hommes sûrs dont il pouvait disposer, du manque de vivres et de la décision du destin, raisons dont le prince Almohade reconnut la valeur.

Il se fit débarquer, et donna l’ordre de réunir du blé et des vivres sans plus combattre. Bientôt on vit s’élever dans le camp deux montagnes l’une de blé et l’autre d’orge, dont la vue frappait de loin les arrivants, qui restaient tout surpris d’apprendre de quoi elles étaient composées.

Pendant que le siège se prolongeait, Sfax fit sa soumission, de même que Tripoli, les montagnes de Nefoûsa, les K’çoûr de l’Ifrîkiyya et leurs dépendances ; Gabès fut conquis de vive force. ‘Abd el-Mou’min fit en outre conquérir diverses localités par son fils Aboû Mohammed ‘Abd Allah.[61]

Les habitants de Gafça, voyant les progrès du pouvoir Almohade,  furent unanimement d’avis de le reconnaître au plus tôt et de faire remise de leur ville, et ce fut leur prince Yah’ya ben Ternira ben el-Mo’izz qui alla, avec plusieurs des principaux, trouver ‘Abd el-Mou’min. Celui-ci répondit d’abord à son chambellan qui lui annonçait leur arrivée : « Tu te trompes ; ce ne sont pas les gens de Gafça ».

Mais comme le chambellan maintenait son dire : « Comment donc, dit-il, cela est-il possible ?
Le Mahdi annonce que les nôtres doivent couper les arbres et abattre les murailles de cette ville. Acceptons cependant leur offre et épargnons-les, afin que Dieu accomplisse l’œuvre décrétée dans ses destins. » [Coran, VIII, 43 et 46] Et il leur envoya quelques-uns des siens pour les recevoir. Un poète qui figurait dans la députation adressa à ‘Abd el-Mou’min un poème qui débute ainsi :

[Basît’] Nul ne tressaille de joie, quand il se trouve au milieu des épées et des lances, comme le khalife ‘Abd el-Mou’min ben ‘Ali.[62]
Un cadeau de mille dinars fut sa récompense.

Le 22 cha’bân de la même année (7 septembre) parut la flotte sicilienne composée de cent cinquante galères, sans compter les transports. Elle arrivait de l’île d’Iviça, qui dépend de l’Espagne, d’où elle amenait tous les habitants qu’elle avait réduits en captivité et d’où un ordre du roi franc l’avait envoyée à Mehdiyya.

En arrivant, elle cargua ses voiles pour pénétrer dans le port, mais laflotte d’Abd el-Mou’min s’avança contre elle, tandis que toute l’armée se rangea sur le littoral.
Devant ce déploiement de forces, les Francs restèrent saisis de frayeur. Mais alors l’action s’engagea, et ‘Abd el-Mou’min, le front prosterné contre terre, restait à pleurer et à invoquer la faveur céleste pour les siens ; la flotte chrétienne battue dut rehisser ses voiles pour s’enfuir, poursuivie par les musulmans qui s’emparèrent de sept galères et auraient pris la plupart des vaisseaux ennemis s’ils avaient eu des bâtiments de la même espèce.[63]
Ce fut un fait d’armes remarquable et « une prompte victoire » (Coran, XLVIII, 18 et 27). Les marins victorieux reçurent à leur retour les largesses d’Abd el-Mou’min.
Les assiégés, bien qu’ayant perdu l’espoir d’être secourus, résistèrent encore six mois, jusqu’à la fin de dhoû’l-hiddja,[64] où dix chevaliers francs vinrent demander quartier pour les habitants et solliciter la permission de se retirer dans leur pays en emportant tous leurs biens. À ce moment, les vivres faisaient complètement défaut et ils étaient réduits à manger leurs chevaux.

Ils rejetèrent cependant la proposition que leur fit ‘Abd el-Mou’min d’embrasser l’islamisme, mais pendant plusieurs jours ils recommencèrent d’humbles démarches, et le prince finit par acquiescer à leur demande.
Il leur fournit des vaisseaux pour s’embarquer, [P. 162] mais comme on était dans la saison d’hiver, la plupart de ces bâtiments sombrèrent, et un petit nombre seulement revit la Sicile.
Le prince de cette île avait menacé, au cas où ‘Abd el-Mou’min aurait tué les chrétiens de Mehdiyya, de massacrer les musulmans de Sicile, de réduire leurs femmes en captivité et de s’emparer de leurs biens. Mais ce fut Dieu qui se chargea d’engloutir les Francs.

Le vainqueur fit son entrée dans Mehdiyya, où la domination franque avait duré douze ans, le matin du jour d’achourâ, 10 moharrem 555 (20 janvier 1160) ; cette année fut appelée par lui année des quints.[65]
Il y passa vingt jours à rétablir l’ordre, à en relever les fortifications et à l’approvisionner en vivres, en soldats et en munitions. Il y installa comme gouverneur l’un des siens,[66]à qui il laissa, pour lui servir de conseiller, El-H’asan ben ‘Ali, ancien chef de cette ville.

Il y concéda à celui-ci ; de même qu’à ses enfants, des fiefs et des demeures magnifiques. Tout cela terminé, il reprit la route du Maghreb le 1er çafar de la même année (10 février 1160).
 
 
Notes du Traducteur :
[56] Ce chapitre figure dans l’Histoire. des Berbères. (II, 589), ainsi que dans la Biblioteca (I, 484) et dans les H. ar. des Cr. : (I, 508).
[57] Ce que Reinaud (Historiens, etc. I, 509) traduit par « les transportèrent dans des bâtiments sur lesquels ils apposèrent leur cachet. »
[58] Comparez les récits, qui présentent dus différences, de Merrâkechi, p. 195 de la trad. française ; de Zerkechi, trad., p. 12, et de Tidjâni, Journ. as., 1853, i, 393.
[59] En arabe, chinit’arida et chelendi.
[60] Ou le 4 août 1159. M. de Slane, Reinaud et Amari ont tous lu « le 12 redjeb », date que donnent aussi Zerkechi (p. 12 de la trad. fr.) et Tidjâni (p. 397).
[61] Ibn Khaldoun énumère les conquêtes que fit ‘Abd Allâh (Berbères, ii, 193 ; et cf. Kartâs, p. 129).
[62] Ce vers est mis dans la bouche d’Aboû ‘Abd Allah Mohammed ben Aboû’ l-’Abbâs ‘Dinar Teyfâchi par Ibn Khallikan, ii, 183, et Zerkechi, trad. fr. p. 14 : cf. Kayrawâni, dont le texte (p. 113) devient, dans la version française de Pellissier et Rémusat (p. 198) : « Aucun de ceux qui agitent les épaules soit parmi les blancs soit parmi les noirs, n’a un courage égal au vôtre ».
[63] D’après une autre leçon « si leurs voiles avaient été hissées ».
[64] Commencement de janvier 1160. La soumission de la ville ayant eu lieu tout au commencement de 555 à la suite de pourparlers engagée en 554, on s’explique facilement que nos sources indiquent soit l’une soit l’autre de ces deux années. Il faut cependant remarquer que, d’après le Kartâs, le vainqueur fut de retour à Tanger en dhoû’l-hiddja 555.
[65] Ce qu’Amari a traduit par « année des cinq » (l’anno dei cinque), comme avait fait Reinaud (Hïstor. etc., i, 514). Cf. la trad. de Zerkechi, p. 14. La même expression se retrouve dans la chronique moderne El-Kholâçat en-nakiyya de Mohammed Bâdji Mas’oûdi, p. 56.
[66] Mohammed ben Faradj Koûmi, d’après Zerkechi (p. 12).

Traduction française de ibn al-Athir du kitab «Al-Kamil fi al-Tarikh »
Abu al-Hasan Ali ‘izz al-Din ibn al-Athir historien arabe sunnite (né en 1160 à Cizre, mort en 1233 à Mossoul). Son œuvre principale est Al-Kamil fi al-Tarikh (La Perfection des histoires. 1231), considérée comme l’un des plus importants livres d’histoire du monde musulman. Il est également l’un des principaux chroniqueurs arabo-musulmans des croisades dont il fut un témoin oculaire, ayant participé à la guerre sainte (djihad) contre la troisième croisade
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Message  Arlitto Mar 03 Mai 2016, 13:00

Fin des Almoravides en Andalousie par les troupes Almohades 1157, par ibn al-Athir :

Histoire Islamique - Page 6 Porte-de-la-casbah-almohade-des-oudayas-c3a0-rabat
Porte de la casbah Almohade des Oudayas à Rabat au Maroc

Mohammed ben ‘Abd el-Mou’min est reconnu en qualité d’héritier présomptif.
En 551 (24 fév. 1156) ’Abd el-Mou’min fit reconnaître son fils Mohammed comme son héritier présomptif.

Or il avait été entendu entre lui et ‘Omar [H’intâti] que ce dernier remplacerait ‘Abd el-Mou’min ; mais celui-ci une fois arrivé au pouvoir et devenu père de nombreux enfants, désira les voir lui succéder.
Il convoqua en conséquence les émirs arabes de Hilâl’, de Zighha, d’Adi, etc., leur fit des cadeaux et les poussa par l’intermédiaire de ses émissaires à déclarer qu’ils demandaient comme héritier présomptif l’un des fils du prince régnant.
Mais il feignit de ne pas consentir à leur demande par considération pour Aboû H’afç ‘Omar Inti et à cause du haut rang que celui-ci tenait chez les Almohades, et il répondit que cette qualité appartenait à ‘Omar.
Mais quand ce dernier vit ce qui se passait, il fut pris de peur et alla déclarer à ‘Abd el-Mou’min qu’il renonçait à se prévaloir de son litre.

On prêta alors serment à Mohammed, ce qui fut pour ‘Abd el-Mou’min l’occasion de nombreuses largesses ; la nouvelle fut proclamée par tout l’empire, et le nom de l’héritier présomptif fut (désormais) prononcé au prône.

Histoire Islamique - Page 6 Pc3a8ce-almoahde-qusantc3aena-constantine-algeria-mint-name-in-style-of-the-hafsid-period
Abd el-Mou’min confie à ses fils l’administration de diverses provinces[53]

En la même année, ce prince nomma son fils Aboû Mohammed ‘Abd Allah, gouverneur de Bougie et de son territoire,[54] son fils Aboû‘l-H’asan ‘Ali, gouverneur de Fez et de son territoire, son fils Aboû Sa’îd, gouverneur de Ceuta, Algésiras et Malaga, et ainsi de suite pour les autres.

Sa façon de procéder fut d’ailleurs remarquable, car il s’y prit de la manière que voici. Comme il lui était difficile de révoquer les cheikhs almohades, qui étaient connus, qui avaient été des compagnons du Mahdi Mohammed ben Toûmert, et à qui il avait confié le gouvernement de diverses provinces, il garda leurs enfants auprès de lui pour les faire instruire ; puis, quand ceux-ci en surent assez pour servir de modèles, il dit à leurs pères :
« Je désire vous avoir auprès de moi pour appuyer mes plans de vos conseils ; vos enfants, qui sont maintenant savants et bons juristes, pourront gouverner à votre place ». Ils consentirent, fort aises de voir leurs enfants placés. Alors le prince leur fit insinuer par un homme de confiance, stylé à cet effet : « Je crois que, dans une affaire d’importance, vous vous êtes montrés inconséquents et peu convenables.

— Et comment cela ?
— Vos enfants ont des places de gouverneurs, tandis que ceux du Prince des croyants, bien que savants et bons administrateurs, n’en ont aucune. Il y a lieu de craindre que vous ne perdiez l’estime du Prince si son attention se porte sur ce point ».

Frappés de la justesse de cette remarque, ils se rendirent auprès de leur maître pour lui demander de donner des gouvernements à ses fils ; mais il (feignit de) s’y refuser, et ce ne fut que vaincu par leurs insistances qu’il accéda à leur demande.

Histoire Islamique - Page 6 Edbgeasd-797x1024almohad-elite-warrior
Guerrier élite berbère Almohade


Conquête d’Almeria par les musulmans ; fin du pouvoir Almoravide en Andalousie [55] par les Almohades : 

En 552 (12 févr. 1157), Almeria fut conquise sur les Francs par les troupes Almohade  d’Abd el-Mou’min, et le pouvoir des Almoravides prit fin en Espagne.
‘Abd el-Mou’min ayant nommé gouverneur de Malaga et d’Algésiras son fils Aboû Sa’îd, celui-ci aborda à Malaga, où il s’installa et où il reçut une lettre de Meymoûn ben Bedr le Lamloûni, qui se disait prêta reconnaître l’Unitéisme et à livrer la ville de Grenade, où il commandait.

Aboû Sa’îd accepta cette offre, et Meymoûn se rendit à Malaga avec ses femmes et ses enfants ; il y fut reçu très honorablement par Aboû Sa’îd, qui l’envoya à Merrâkech, où ‘Abd el-Mou’min lui-même se porta au devant de lui.
Ainsi finit la dynastie Almoravide, à qui il ne resta que l’île de Mayorque avec H’ammoû ben Ghâniya.

Après être devenu maître de Grenade, Aboû Sa’îd marcha avec ses troupes contre Almeria, dont, les Francs étaient restés possesseurs depuis la conquête qu’ils en avaient faite sur les musulmans en 542 (1er juin 1147).
Il en avait commencé le siège quand il fut rejoint par la flotte de Ceuta, que montait un grand nombre d’hommes, et les opérations se poursuivirent tant par mer que par terre.

Les Francs occupaient le fort de la ville ; il les assiégea, tandis que son armée alla camper sur la montagne qui domine Almeria, et où l’on éleva par son ordre des fortifications qui descendaient jusqu’à la mer et qui étaient précédées d’un fossé.
De la sorte le fort et la ville même étaient enserrés dans cette enceinte, et nul secours ne pouvait y parvenir.

Le roi franc d’Espagne Alphonse, connu sous le nom de petit roi, se mit à la tête de 12.000 cavaliers francs et de 6.000 cavaliers musulmans sous les ordres de Mohammed ben Sa’d ben Merdenîch, et tenta de secourir la ville ; mais il ne put rien contre les fidèles, et tous les deux, trompés dans leur espoir, durent battre en retraite. Le petit roi mourut en route, avant même d’être rentré à Tolède.

Trois mois de siège avaient épuisé les vivres de la ville, dont les habitants demandèrent quartier moyennant remise du fort. Ces conditions furent acceptées par Aboû Sa’îd, et les Francs s’éloignèrent par mer, après être restés pendant dix ans maîtres d’Almeria.

Notes du traducteur :
[53] On retrouve ce chapitre ; dans les Histoire. arabe. des croisades., i, 502.
[54] Le texte d’Ibn el Athir (in l. l.) ajoute la nomination d’Aboû Hafç ‘Omar à Tlemcen ; le Kartâs (p. 127 et cf. 129) et Ibn Khaldoun (ii, 190), confirment en effet qu’Aboû Hafç l’ut nommé gouverneur de cette ville. Cette attribution de divers gouvernements aux fils d’’Abd el-Mou’min remonte à 549, d’après le Kartâs, à 547 ou environ, d’après Ibn Khaldoun.
[55] Ce chapitre figure dans les Histoire. arabe. des Croisades., i, 506.

Traduction française de ibn al-Athir du kitab «Al-Kamil fi al-Tarikh »
Abu al-Hasan Ali ‘izz al-Din ibn al-Athir historien arabe sunnite (né en 1160 à Cizre, mort en 1233 à Mossoul). Son œuvre principale est Al-Kamil fi al-Tarikh (La Perfection des histoires. 1231), considérée comme l’un des plus importants livres d’histoire du monde musulman. Il est également l’un des principaux chroniqueurs arabo-musulmans des croisades dont il fut un témoin oculaire, ayant participé à la guerre sainte (djihad) contre la troisième croisade
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Message  Arlitto Mar 03 Mai 2016, 13:00

Prise de Bône (Annaba) en Ifriqiya par les Francs ; mort de Roger II et insurrection de toute l’Ifriqiya contre la domination Franque croisée (1153-1156) par ibn al-Athir

Histoire Islamique - Page 6 La-citadelle-de-la-qasbah-aghlabide-abbasside-de-annaba
La citadelle de la Qasbah Aghlabide Abbasside de Annaba en Algerie 

Prise de Bône (Annaba) en Ifriqiya par les Francs ; mort de Roger II et avènement de son fils Guillaume[45]
En 548 (28 mars 1153) la flotte de Roger, roi franc de Sicile, sous le commandement de son page Philippe de Mehdiyya, alla mettre le siège devant Bône. Secondé par les Arabes, cet officier s’empara de la ville au mois de redjeb (sept.-oct.) ; il réduisit les habitants en captivité et s’empara de ce qu’elle contenait, mais en permettant [P. 124] à un certain nombre de savants et de gens de bien d’aller, avec leurs familles et leurs biens, se réfugier dans les localités voisines.
Après y avoir séjourné dix jours, il regagna Mehdiyya en emmenant une partie des prisonniers, et de là rentra en Sicile.

Roger le fit emprisonner à cause de l’indulgence qu’il avait montrée à l’égard des musulmans de Bône ; on disait d’ailleurs que Philippe et les autres pages, musulmans au fond du cœur, cachaient leurs croyances, et des témoins déposèrent qu’il ne jeûnait pas en même temps que le roi et qu’il était musulman.

Roger le fit juger par un tribunal composé d’évêques, de prêtres et de chevaliers, qui le condamna à être brûlé, et cette sentence fut exécutée en ramadan de cette année (nov.-déc.).
Ce mauvais traitement fut le premier qui fut (à cette époque) infligé aux musulmans de Sicile, mais Dieu ne tarda que peu à frapper Roger II, qui mourut d’une angine dans la première décade de dhoû‘l-hiddja de la même année (fin février 1154) : il avait près de quatre-vingts ans et en avait régné vingt environ.[46]

Son fils Guillaume , qui lui succéda, eut une administration injuste et conçut des projets sinistres ; il prit pour vizir Mayo Barâni [Majone de Bari], dont le mauvais gouvernement provoqua le soulèvement de plusieurs places fortes de Sicile et de Calabre, et ce mouvement s’étendit jusqu’en Ifrîkiyya, ainsi que nous le dirons.

[P. 125] En 548 (25 mars 1153) des vaisseaux de Sicile que montaient un grand nombre de Francs arrivèrent en Egypte et y mirent au pillage la ville de Tennis.[47]


Histoire Islamique - Page 6 Guillaume-ier-de-sicile-de-la-maison-de-hauteville-dit-guillaume-le-mauvais
 Insurrection des îles et de toute  l’Ifrîkiyya contre la domination franque[48] ! 

Sous l’année 548, nous avons dit qu’à la suite de la mort de Roger, roi de Sicile, son fils Guillaume l’avait remplacé sur le trône, et que la mauvaise administration de celui-ci lui avait fait perdre plusieurs places fortes de cette île.
En 551 (24 févr. 1156), le désir de s’affranchir augmenta chez ses sujets, et les îles de Djerba et de Kerkenna aussi bien que les populations de l’Ifrîkiyya se soulevèrent contre lui.
Celui qui donna le signal de la révolte fut ‘Omar ben Aboû‘l-H’asan H’oseyn Forriyâni,[49] à Sfax.


Roger, à la suite de la conquête de cette ville, en avait d’abord nommé gouverneur le père d’’Omar, c’est-à-dire Aboû ‘l-H’oseyh, qui était un homme savant et vertueux ; mais celui-ci, alléguant sa faiblesse et son âge, pria le roi de nommer ‘Omar gouverneur.


Histoire Islamique - Page 6 Sicile

La sicile Islamique sous les Normands 12eme siècle par Angus Mc Bride Osprey
1) Noble Italo-Normand
2) Garde siculo-normand
3) Percepteur d’impôt musulman sicilien 
 
Roger y consentit, mais emmena comme otage le vieillard en Sicile.


En partant pour sa destination, celui-ci dit à son fils :
« Je suis vieux et j’approche du terme de ma vie. Profite de la première occasion favorable pour te révolter et ne garder aucun ménagement à l’égard de nos ennemis ; ne songe pas que ma vie est en jeu et agis comme si j’étais déjà mort ».
Dès que l’occasion se présenta, ‘Omar appela les habitants à la révolte, ordonnant aux uns de monter sur les remparts, aux autres d’envahir les demeures des Francs et autres chrétiens et de les massacrer tous. Comme on lui fit observer qu’il y avait lieu de craindre pour la vie de son père prisonnier : «C’est, dit-il, d’après ses ordres que j’agis ; et si nous tuons quelques milliers d’ennemis, ne sera-t-il pas bien vengé ? »


Le soleil n’était pas levé que tous les Francs étaient égorgés jusqu’au dernier ; cela se passait au commencement de 551 (24 févr. 1156).
L’exemple d’Omar fut imité à Tripoli par Yah’ya[50] ben Mat’roûh’, puis par Mohammed ben Rechîd à Gabès ; d’autre part, l’armée almohade d’Abd el-Mou’min s’empara de Bône, de sorte que dans toute l’Ifrîkiyya les Francs ne conservèrent que Mehdiyya et Sousse.


Histoire Islamique - Page 6 Mahdia

Vue aérienne de la cité Fatimide de Mahdia en Tunisie
 
Les habitants de Zawila, ville qui n’est séparée de Mehdiyya que par une espèce d’hippodrome,[51] suivirent les conseils que leur fit parvenir ‘Omar de massacrer les chrétiens ; puis les Arabes du dehors vinrent aider les habitants de Zawîla contre les Francs de Mehdiyya, dont ils interceptèrent les approvisionnements.


Au reçu de ces nouvelles, Guillaume de Sicile fit venir Aboû’l-H’oseyn, le mit au courant de ce qui se passait et lui ordonna d’écrire à son fils pour le faire rentrer dans le devoir et le menacer des conséquences qu’entraîneraient ses actes :
« Une simple lettre, dit le vieillard, pourra-t-elle agir sur celui qui a fait un pareil coup ? «


Un messager que le prince envoya à ‘Omar pour le menacer et le sommer de renoncer à ses entreprises, ne put obtenir d’entrer dans la ville le jour même de son arrivée.
Le lendemain, il vit tous les habitants sortir de la ville pour accompagner un convoi funèbre et procéder à une inhumation ; puis, quand ils furent rentrés, ‘Omar lui fit dire :
« C’est mon père que je viens d’enterrer, et c’est à cause de sa mort que j’ai reçu les condoléances du peuple ; faites maintenant de lui ce que vous voudrez ! »
Le messager reporta le récit de ce qui s’était passé à Guillaume, qui fit crucifier Aboû’l-H’oseyn ; celui-ci ne cessa jusqu’à son dernier soupir d’invoquer le nom de Dieu très haut.
Les gens de Zawîla, renforcés par les Arabes, les habitants de Sfax, etc., assiégèrent Mehdiyya d’assez près pour que les vivres y devinssent rares.
Mais le roi de Sicile y expédia vingt galères chargées de guerriers, d’armes et de vivres.


Ces renforts pénétrèrent dans la ville, et l’on envoya alors de l’argent aux Arabes pour acheter leur défection.
 
Dans une sortie qui eut lieu le lendemain, les Arabes s’enfuirent ; alors les gens de Sfax, qui combattaient en dehors de la ville avec ceux de Zawîla, furent entourés par les Francs, et, prenant la fuite à leur tour,[52] ils s’embarquèrent et laissèrent les habitants de Zawîla livrés à leurs propres forces.


Ceux-ci, à la suite d’une charge des Francs, durent fuir vers leur ville, dont ils trouvèrent les portes fermées ; ils résistèrent vaillamment au pied même des murailles, mais la plupart furent tués, et le petit nombre des survivants se dispersa ; quelques-uns se réfugièrent auprès d’‘Abd el-Mou’min l’Almohade.


Les femmes, les enfants et les vieillards de la ville se sauvèrent par terre comme ils purent sans pouvoir rien emporter ; les Francs y pénétrèrent, massacrèrent les femmes et les enfants qui n’avaient pu fuir et mirent tout au pillage.
Ils restèrent maîtres de Mehdiyya jusqu’à la conquête qu’en fit ’Abd el-Mou’min l’Almohade.
 
Notes du Traducteur :
[45] Ce chapitre figure dans l’H. des Berbères, n, 586 ; dans la Biblioteca, i, 479 ; dans les H. ar. des Cr., i, 489.
[46] Au lieu de vingt, les H. ar., M. de Slane et Amari lisent soixante, bien que Tornberg ne signale aucune variante. Notre auteur paraît d’ailleurs confondre les deux Roger ; Roger II, né en 1093 et mort en 1154, n’avait que huit ans quand il monta sur le trône.
[47] On trouve cet alinéa dans la Biblioteca, i, 4S0, et dans les H. ar. des Cr., i, 491.
[48] Ce chapitre figure dans l’Histoire. des Berbères, ii, 587, dans la Biblioteca, i, 480, et dans les H. ar. des Cr., i, 498.
[49] Ce mot a été ainsi imprimé et vocalisé par l’éditeur d’Ibn el Athîr, et sa lecture a été adoptée par Aman (voir le Merâcid et le Lobb el-lobâb ; cf. Storia dei Mus. di Sic., iii, 468, ’. M. de Slane a lu Gharyani (L L), ethnique que du reste on retrouve ailleurs et qui sert à désigner entre autres un glossateur de la Modawwana. J’ai lu « ben Aboû‘l-Hasan « avec Amari, Bibl., i, 482 ; ii, 719, etc.
[50] Un ms. lit Mohammed.
[51] Ou, d’après une autre leçon, « par une longueur de deux milles ».
[52] J’ai ici rétabli, d’après Amari et les H. ar., quelques mots omis par Tornberg.


Traduction française de ibn al-Athir du kitab «Al-Kamil fi al-Tarikh »

Abu al-Hasan Ali ‘izz al-Din ibn al-Athir historien arabe sunnite (né en 1160 à Cizre, mort en 1233 à Mossoul). Son œuvre principale est Al-Kamil fi al-Tarikh (La Perfection des histoires. 1231), considérée comme l’un des plus importants livres d’histoire du monde musulman. Il est également l’un des principaux chroniqueurs arabo-musulmans des croisades dont il fut un témoin oculaire, ayant participé à la guerre sainte (djihad) contre la troisième croisade
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Message  Arlitto Mar 03 Mai 2016, 13:01

Bataille entre les musulmans et les francs en Ifriqiya (Gabès) et à al-Andalus (Almeria) en 1147 par ibn al-Athir :

Histoire Islamique - Page 6 Bataille-croiaes-a-cheval-arabes-francs
Combat entre Francs et Musulmans lors des croisades.

Gabès, après s’être soumis aux Francs, est conquis par les musulmans 

Avant 542 (1er juin 1147), Gabès avait pour chef un certain Rechîd. Après sa mort, Yoûsof, un de ses affranchis, projeta d’élever au pouvoir Mohammed, le fils cadet du défunt, et expulsa le fils aîné, Ma’mar.
Yoûsof, qui dominait entièrement Mohammed, grâce à la jeunesse de celui-ci, dirigeait le gouvernement, et, entre autres choses que l’on raconte de lui, s’en serait même pris aux femmes de son maître.
L’une de celles-ci, qui était des arabes Benoû K’orra, écrivit à ses frères pour se plaindre de la situation qui lui était faite.
Ces derniers voulurent la reprendre avec eux, mais Yoûsof se refusa à la leur livrer, alléguant qu’elle était la femme de son maître.
Alors les Benoû K’orra et Ma’mar ben Rechîd allèrent exposer leurs plaintes à El-H’asan, prince d’Ifrîkiyya, qui écrivit à Yoûsof à ce propos et ne reçut pas satisfaction :
« Si El-H’asan ne me laisse pas tranquille, dit Yoûsof, je livrerai Gabès au roi de Sicile ».

Et en effet ; sitôt qu’il apprit qu’El-H’asan préparait une expédition contre lui, il députa à Roger, lui offrant de se soumettre à lui moyennant l’envoi d’une robe d’honneur et d’un diplôme constatant qu’il gouvernait Gabès en qualité de lieutenant du roi de Sicile, au même titre que les Benoû Mat’roûh’ à Tripoli.
Roger lui expédia l’une et l’autre choses : Yoûsof endossa la robe et il fut donné lecture du diplôme au peuple assemblé.
Alors El-H’asan s’empressa de terminer ses préparatifs d’expédition, et son armée vint mettre le siège devant Gabès, dont la population se souleva contre Yoûsof à cause de sa soumission aux chrétiens, et livra la ville aux assiégeants. Yoûsof, retiré dans le fort de la ville, tenta de se défendre, mais fut assiégé et fait prisonnier.
Ma’mar ben Rechîd et les Benoû K’orra se chargèrent de le punir comme il le méritait : on lui coupa d’abord la verge, qu’on lui mit dans la bouche, et on le fit périr dans des supplices de toute sorte.
Ma’mar ben Rechîd remplaça son frère comme gouverneur de la ville, et les Benoû K’orra emmenèrent leur sœur.
Quant à Isa, frère de Yoûsof, et au fils même de Yoûsof, ils s’enfuirent auprès de Roger, de qui ils réclamèrent la protection et à qui ils racontèrent comment les avait traités El-H’asan, ce qui excita la colère du roi de Sicile.
Ce fut là la cause de la prise de Mehdiyya en 543 (21 mai 1148), ce que nous raconterons.

Histoire Islamique - Page 6 Vue-sur-gabc3a8s
Vue sur un quartier de la ville Tunisienne de Gabès

Un exemple qu’un homme sage doit se garder d’imiter [20]
Un messager envoyé par Yoûsof, prince de Gabès, à la cour de Roger, s’y rencontra avec H’oseyn, messager du prince de Mehdiyya, et, au cours d’une discussion qu’il eut avec lui, parla  d’Al-Hassan ibn Ziri, prince Ziride d’Ifrîkiyya  et de la conduite de celui-ci à son égard en termes peu flatteurs.

Les deux envoyés repartirent en même temps, chacun sur un bâtiment différent ; mais le messager d’El-H’asan envoya à son maître, par un pigeon messager, le récit de ce qui s’était passé.
Ce prince fit embarquer une petite troupe, qui se saisit du messager de Yoûsof et l’amena à El-R’asan, qui lui adressa de vifs reproches : « C’est donc toi, dit-il, qui, après avoir livré des territoires musulmans aux Francs, oses encore me blâmer ! »
Puis il lui mit des clochettes sur la tête et le fit promener dans la ville à dos de chameau, tandis qu’un héraut proclamait :
«Voilà la récompense de quiconque s’efforce de livrer des territoires musulmans aux Francs ! »
Quand enfin il fut arrivé au centre de Mehdiyya, la populace s’ameuta et le lapida.

Histoire Islamique - Page 6 Remparts-de-la-ville-dalmeria
Les remparts Omeyyade de la ville andalouse d’Almeria

Conquête par les Francs d’Almeria et d’autres villes d’Espagne
En djomâda I 542 (27 sept. 1147), les Francs, après avoir commencé par investir Almeria par terre et par mer, s’en emparèrent de vive force et y livrèrent tout au massacre et au pillage.
Ils prirent également la ville de Baeza[21] et la province de Jaén.
Mais les musulmans, comme on le verra, en refirent ensuite la conquête.

La famine en Ifrikiya :
 
En 542, la famine sévit en Ifrîkiyya ; elle durait [P. 82] depuis 537 (26 juil. 1142) et s’aggrava à un tel point qu’on se livra à l’anthropophagie ; la faim chassait les gens de la campagne dans les villes, mais celles-ci fermèrent leurs portes pour ne pas les laisser pénétrer.
La famine fut suivie d’une peste qui entraîna une mortalité considérable et laissa le pays désert.
Pas un chérif n’y resta, et beaucoup d’entre eux gagnèrent la Sicile pour y trouver de quoi manger ; les souffrances furent terribles.[22]  »
 
Notes du Traducteur:
[19] On retrouve ce chapitre dans l’Histoire. des Berbères., ii, 580, dans la Biblioteca, i, 466, et dans les Histoire. arabe. des Croisades. i, 459.
[20] On retrouve la traduction de ce chapitre dans la Biblioteca, i, 468, et dans les Histoire. arabe. des Croisades., i, 460.
[21] Le texte porte Châsa, nom d’ailleurs inconnu, que j’ai corrigé; cette dernière lecture se retrouve du reste dans les Histoire. arabe. des Croisades., i, 461, où figure le présent alinéa.
[22] Ce paragraphe figure également dans la Biblioteca, i, 469, et l’Histoire. des Berbères., ii, 581.
 
Traduction française de ibn al-Athir du kitab  «Al-Kamil fi al-Tarikh  »
Abu al-Hasan Ali ‘izz al-Din ibn al-Athir historien arabe sunnite (né en 1160 à Cizre, mort en 1233 à Mossoul). Son œuvre principale est Al-Kamil fi al-Tarikh (La Perfection des histoires. 1231), considérée comme l’un des plus importants livres d’histoire du monde musulman. Il est également l’un des principaux chroniqueurs arabo-musulmans des croisades dont il fut un témoin oculaire, ayant participé à la guerre sainte (djihad) contre la troisième croisade 
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Message  Arlitto Mar 03 Mai 2016, 13:01

Bataille entre les berbères louwata et les fatimides, siège Hammadite de Mahdia et guerre entre les Francs et les musulmans en Ifriqiya et en Andalousie (1123-1134) par ibn al-Athir

Histoire Islamique - Page 6 Fatimid-wooden-plank-with-mounted-hunter-with-lance-11th-century
Panneau gravé en ivoire, avec des chasseurs fatimides avec lance sur cheval 11 ou 12eme siècle

 Bataille entre les Maghrébins berbères louwata et l’armée Fatimide égyptienne en Egypte
En 517 (2 mars 1123), une forte armée de Lawâta partit du Maghreb et pénétra en Egypte,  où elle sema la dévastation et commit des actes honteux.
El-Ma’moûn ben El-Bet’â’ih’i, qui était devenu vizir d’Egypte Fatimide  après El-Afd’al, marcha contre eux à la tête des troupes d’Egypte, les battit, leur fit des prisonniers et en tua beaucoup.
Il leur imposa le paiement d’un tribut annuel, après quoi ils rentrèrent sur leur territoire, de même qu’El-Ma’moûn regagna la capitale.

Histoire Islamique - Page 6 Siglo-xi
Combat entre un arabo-andalous et un croisé au 11eme siècle lors de la première période de taifa après la fin du califat Omeyyade

[P. 444] Combats entre les Francs et les musulmans en Andalousie Espagne
En 520 (26 janv. 1126), les affaires du Franc Rodmîr prirent en Espagne une brillante allure, et il fit sentir aux musulmans tout le poids de sa puissance.
À la tête d’une forte armée, il entreprit des incursions sur leur territoire et pénétra jusque près de Cordoue, en semant sur son passage le pillage et le massacre.
Les fidèles, de leur côté, réunirent des forces si imposantes qu’il ne put leur résister et qu’il dut se retrancher dans une de ses forteresses, du nom [P. 445] d’Arnîsoûl.[1]
Mais une nuit il fondit soudain sur les assiégeants, dont il fit un grand massacre, après quoi il rentra sur son territoire.


Histoire Islamique - Page 6 Restitution-de-laspect-de-la-ville-c3a0-lc3a9poque-fatimide
Restitution de la ville de Mahdia à l’époque quant elle étais la capitale fatimide ‘après les récits des géographes et historiens arabes (Ifriqiya central Tunisie)

[Tome XI, p. 19] L’armée Hammadite de Yah’ya assiège Mehdiyya [2] en Ifriqiya 
En 529 (21 oct. 1134), Yah’ya ben El-’Azîz ben H’ammâd, prince de Bougie, envoya des troupes assiéger Mehdiyya, où se trouvait alors El-H’asan ben ‘Ali ben Temîm ben El-Mo’izz ben Bâdîs, prince de cette ville.
En effet, El-H’asan s’était pris d’amitié pour Meymoûn ben Ziyâda,[3] chef d’un fort parti d’Arabes, et le comblait de bienfaits, ce qui excita la jalousie d’autres Arabes, qui conduisirent à titre d’otages leurs enfants auprès de Yah’ya ben El-’Azîz, en lui demandant de les faire soutenir par ses troupes pour conquérir Mehdiyya.
Il leur avait d’abord fait une réponse dilatoire ; mais à la suite de lettres que lui écrivit un des cheikhs de Mehdiyya, qui lui faisait la même proposition, il prit confiance et envoya une forte armée, sous le commandement d’un de ses grands officiers, le juriste Mot’arrif ben H’amdoûn.[4]

D’ailleurs, Yah’ya ben El-’Azîz et ses prédécesseurs avaient toujours été en rivalité avec El-Mo’izz ben Bâdîs et ses successeurs.[5]
Ces troupes, composées de cavalerie et d’infanterie, auxquelles s’étaient joints de nombreux Arabes, mirent le siège devant Mehdiyya, tant par terre que par mer.
Or Mot’arrif, dont les dehors sordides annonçaient l’ascétisme, répugnait à verser le sang et disait n’être venu que pour prendre livraison de la ville sans combattre ; mais comme son espoir fut déçu, au bout de quelques jours il dut se décider à attaquer.

L’avantage resta très sensiblement aux assiégés, et il continua d’en être de même dans les combats qui suivirent, où la plupart des assaillants trouvèrent la mort.
Quand Mot’arrif désespéra de la reddition de la ville, il tenta un vigoureux assaut général, tant par mer que par terre, et les galères, qui s’étaient approchées de la côte, [P. 20] touchaient presque les fortifications.
La lutte était vive, et El-H’asan, faisant ouvrir la porte de la ville, chargea en tête de ses hommes en criant : « C’est moi qui suis El-H’asan ! « À ce cri, ses adversaires le saluèrent et s’écartèrent par respect, et au même moment les galères qu’il avait dans le port en sortirent, conformément à son ordre ; mais quatre furent prises et les autres durent fuir.
Bientôt, le roi franc de Sicile, Roger, envoya à son secours une flotte de vingt bâtiments, qui serra de près les galères du prince de Bougie, mais qui, sur la demande d’El-H’asan, les laissa se retirer.
Puis ce fut Meymoûn ben Ziyûda qui amena de nombreux Arabes au secours d’El-H’asan.

L’aide que ce prince recevait par les deux voies fit comprendre à Mot’arrif l’inanité de sa tentative, et il s’éloigna de Mehdiyya sans en être venu à bout.
Le Franc Roger renouvela à El-H’asan ses déclarations de paix et d’alliance, mais continua néanmoins de construire des galères et de les bien approvisionner et armer.

Histoire Islamique - Page 6 Djerba_guettayas_jiliji_boughrara
L’île de Djerbah en Tunisie

Conquête de l’île de Djerba par les Francs[6] en Ifriqiya
Cette île, qui fait partie de l’Ifrîkiyya, était aussi florissante par l’industrie humaine que par ses produits naturels ; mais la turbulence des habitants ne leur laissait reconnaître l’autorité d’aucun prince, et ils étaient réputés pour les ravages et les brigandages qu’ils commettaient.
C’est pourquoi une flotte équipée par les Francs de Sicile et portant de nombreuses troupes, où figuraient quelques-uns des chevaliers les plus réputés, y alla débarquer, et les bâtiments entourèrent l’île de tous côtés.
Les insulaires se réunirent et opposèrent une vive résistance ; ils livrèrent plusieurs combats sanglants où beaucoup d’entre eux se firent tuer, mais ils succombèrent, et leur île tomba au pouvoir des Francs, qui la livrèrent au pillage et réduisirent en esclavage les femmes et les enfants.
La plupart des hommes avaient péri, mais les survivants revinrent demander quartier au roi de Sicile et purent racheter ceux des leurs qui étaient prisonniers. Dieu sait ce qu’il en est.

Histoire Islamique - Page 6 Rota_-_torre_del_convento_de_la_merced
Rota, la tour minaret de la Merced , al-Andalus, Espagne, Andalousie, Cadix.

Prise par les Francs de Rota à al-Andalus Espagne [7]
En 529 (21 oct. 1134), El-Mustansir billâh ben Hoûd[8] le huddide conclut avec le petit roi franc de Tolède[9] une trêve dont la durée fut fixée à dix ans.[10]
En effet, le petit roi ne cessait pas ses expéditions sur le territoire d’El-Mostançer, dont les troupes peu nombreuses étaient hors d’état de tenir tête aux fortes armées franques, et qui, par suite, crut devoir conclure une paix de quelque durée pour se préparer à reprendre la lutte.
Les pourparlers qui s’engagèrent aboutirent à la reddition, par les musulmans, [P. 21] de la forteresse presque inexpugnable de Rota,[11] moyennant quoi la paix fut conclue. Cet acte d’El-Mostançer était sans précédent.
 
Notes du Traducteur:
[1] Aujourd’hui Anzul, près de Lucena. Ce nom ne se retrouve pas dans la géographie d’Edrisi ; mais Dozy en parle, dans sa relation de cette campagne d’Alphonse le Batailleur (Recherches, 3e éd., i, 357 ; Mus. d’Esp., iv, 257 ; cf. Bayân, trad. fr. (i, 465).
[2] Ce chapitre a été traduit dans la Biblioteca, i, 459, et dans les H. ar. des crois., i, 410.
[3] Amari orthographie « Meymoûn ben Ziyâd ».
[4] D’après le Bayân (trad., i, 466), Mot’arrif ben ‘Ali ben Khazroun (lis. Hamdoûn) Zenâti prit Tunis en 522, et en 530 ‘Ali ben Hammoûd, général de [Yah’ya ben] el-’Azîz ben el-Mançoûr, prince de Bougie, assiégea Mehdiyya pendant soixante-dix jours. Cf. Berbères, ix, 27, 30 et 57 : Mot’arrif y est toujours nommé « ben ‘Ali ben H’amdoûn ».
[5] J’ai suivi la leçon du texte Amari, seule admissible.
[6] Ce chapitre figure dans la Biblioteca, i, 461, et dans les Histoire. arabe. des Croisades., i, 412 ; il est résumé dans l’Hist. des Berbères, ii, 578. Le Bayân (trad., i, 469) fixe à 530 la date de la conquête de Djerba par Roger.
[7] Ce chapitre et le suivant figurent dans les H. ar. des Cr., 1, 412 et s.
[8] Le Zafadola des chroniques espagnoles al-Sayf al-Dawla prince arabe issue des Banu Hud  dit des Huddides de Sarragosse.
[9] En arabe, es-solaytin, c.-à-d. Alphonse VIII de Castille, fils de Raymond de Bourgogne et d’Urraque. On lit dans Dozy (Recherches, 3e éd., i, 105, n. 6) : « Alphonse, septième du nom ; » il
Traduction française de ibn al-Athir du kitab  «Al-Kamil fi al-Tarikh  »
Abu al-Hasan Ali ‘izz al-Din ibn al-Athir historien arabe sunnite (né en 1160 à Cizre, mort en 1233 à Mossoul). Son œuvre principale est Al-Kamil fi al-Tarikh (La Perfection des histoires2, ca. 1231), considérée comme l’un des plus importants livres d’histoire du monde musulman. Il est également l’un des principaux chroniqueurs arabo-musulmans des croisades dont il fut un témoin oculaire, ayant participé à la guerre sainte (djihad) contre la troisième croisade 
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Message  Arlitto Mar 03 Mai 2016, 13:03

Kitab al-Itibar [Le livre de l’enseignement par l’exemple] Usama Ibn Munqidh (1095-1188) UN ÉMIR SYRIEN AU Ier SIÈCLE DES CROISADES Partie 3

Histoire Islamique - Page 6 Prisonniers-chrc3a9tiens-se-faisant-dc3a9capiter-par-les-sarrasins-les-livres-du-graunt-caam-xive-sic3a8cle
Prisonniers chrétiens se faisant décapiter par les arabes appelés Sarrasins (Les Livres du Graunt Caam, XIVe siècle
Kitab al-Itibar [Le livre de l’enseignement par l’exemple] Usama Ibn Munqidh (1095-1188) C’EST AINSI QU’ON DÉSIGNE MOU’AYYAD AD-DAULA ABOU ‘L-MOUTHAFFAR OUSÂMA, FILS DE MOURSCHID, DE LA TRIBU ARABE DE KINÂNA, DE LA VILLE DE SCHAIZAR, DE LA RACE DES MOUNKIDHITES.

UN ÉMIR SYRIEN AU Ier SIÈCLE DES CROISADES Partie 3 : 

« Je m’informai de cet homme, et j’appris que sa mère avait été mariée à un Franc et qu’elle avait tué son mari. Son fils usait de ruse contre les pèlerins francs, et se servait d’elle pour l’aider à les assassiner. Les Francs l’avaient finalement soupçonné de pareils méfaits et lui avaient appliqué la coutume franque.
On avait installé une grande barrique, et on l’avait remplie d’eau, puis on avait placé en travers une planchette de bois. Alors, l’homme qui était l’objet des suspicions fut garrotté, suspendu par ses omoplates à une corde et précipité dans la barrique. S’il était innocent, il enfoncerait dans l’eau, et on l’en retirerait au moyen de cette corde, sans qu’il fût exposé à y mourir. Avait-il au contraire commis quelque faute, impossible pour lui de plonger dans l’eau. Le malheureux, lorsqu’on le jeta dans la barrique, fit des efforts pour aller jusqu’au fond, mais il n’y réussit pas, et dut se soumettre aux rigueurs de leur jugement (qu’Allah les maudisse !). On lui passa sur les yeux le poinçon d’argent rougi au feu, et on l’aveugla.
Puis, ce même homme se rendit a Damas, où l’émir Mou’în ad-Dîn[161] (qu’Allah l’ait en pitié !) subvint à tous ses besoins et dit un jour à l’un de ses serviteurs : « Tu le conduiras chez Bourhân ad-Dîn de Balkh (qu’Allah l’ait en pitié !), auquel tu enjoindras en mon nom de lui donner un professeur qui lui enseigne le Coran, avec quelques notions de jurisprudence. » — L’aveugle s’écria : « Aussi vrai que le secours et la victoire émanent d’Allah, telle n’était pas mon ambition. » — « Qu’espérais-tu de moi ? » reprit Mou’în ad-Dîn. — L’aveugle répondit : « Que tu me donnerais un cheval, une mule et des armes, que tu ferais de moi un cavalier. » Mou’în ad-Dîn dit’ alors : « Je ne me serais pas imaginé qu’un aveugle pût être rangé parmi les cavaliers. »

Entre les Francs, nous en voyons qui sont venus se fixer au milieu de nous et qui ont fréquenté la société des musulmans. Ils sont bien supérieurs à ceux qui, plus récemment, les ont rejoints dans les régions qu’ils occupent. Ils constituent, en effet, une exception qu’il ne faut point ériger en règle.
C’est ainsi que j’envoyai un de mes compatriotes à Antioche pour régler une affaire. A ce moment, le chef de la municipalité (ar-raïs) y était Theodoros Sophianos (Ta’odoros ibn Assafî). Nous avions l’un avec l’autre des liens d’amitié. Son autorité prévalait à Antioche. Il dit un jour à mon compatriote : « Je suis invité par un Franc de mes amis, tu viendras avec moi, afin que tu voies leurs usages. »
Voici ce que m’a raconté mon compatriote- : « J’allai avec lui, et nous entrâmes dans la maison d’un chevalier parmi les chevaliers de vieille roche, qui étaient arrivés avec la première expédition des Francs. Il avait été rayé des rôles pour l’impôt et dispensé de tout service militaire, et de plus avait été doté à Antioche d’un fief, d’où il tirait sa subsistance. Sur son ordre, on apporta une table magnifique, dressée avec des mets d’une pureté excessive et d’une perfection absolue. Cependant, mon hôte s’aperçut que je m’abstenais de manger.

« Mange, me dit-il, tu t’en trouveras bien. Car moi non plus, je ne mange pas de la nourriture des Francs, mais j’ai des cuisinières égyptiennes, et je ne me nourris que de leur cuisine. De plus, il n’entre jamais dans ma maison aucune viande de porc. » Je me décidai à manger, mais avec circonspection. Ensuite nous prîmes congé de notre hôte. Quelques jours après, je passais sur la place du marché, lorsqu’une femme franque s’attacha à moi, proférant des cris barbares dans leur langue, et je ne comprenais pas un mot de ce qu’elle me disait. Un rassemblement se forma autour de moi. C’étaient des Francs, et j’eus la conviction que ma mort était proche. Mais voici que ce même chevalier s’était avancé. Il me vit, s’approcha et dit à la femme : « Qu’as-tu donc à faire avec ce musulman ? » — « Il est, répondit-elle, le meurtrier de mon frère Hurso (‘Ours). » Or, Hurso était un chevalier d’Apamée, qui avait été tué par un soldat de l’armée de Hama. Le chevalier chrétien fit des reproches à la femme, et lui dit : « Tu as devant toi un bourgeois (bourdjâsî), c’est-à-dire un commerçant, qui ne combat pas, qui n’assiste même pas aux combats. » Il réprimanda ensuite la foule assemblée, qui se dispersa. Puis il me prit par la main et m’accompagna. Ce fut grâce à ce repas que j’échappai à une mort certaine. »

La nature humaine présente cette singularité que le même homme s’enfonce dans les abîmes, affronte les dangers, sans éprouver aucun effroi, et s’effraye de ce dont ne s’effrayent ni les jeunes gens ni les femmes.
J’ai constaté cela chez mon oncle paternel ‘Izz ad-Dîn Abou ‘l-‘Asâkir Soultân (qu’Allah l’ait en pitié !), l’un des hommes les plus braves de sa race. Il avait à son actif des campagnes illustres et des coups de lance réputés. Apercevait-il une souris, les traits de son visage en étaient altérés, il était pris d’une sorte de frisson à son aspect et il s’éloignait de l’endroit où il la voyait.
Au nombre de ses serviteurs, il y avait un brave, connu pour son courage et pour sa hardiesse, nommé Sandoûk. Il avait peur des serpents au point d’en perdre la tête. Un jour, mon père (qu’Allah l’ait en pitié !) lui dit en présence de mon oncle paternel : « O Sandoûk, tu es un homme remarquable, d’une bravoure reconnue. Ne rougis-tu pas de la peur que te font éprouver les serpents ? » — Il répondit : « O mon maître, qu’y a-t-il là de surprenant ? A Homs, il y avait un homme courageux, un héros d’entre les héros, qui s’effrayait des souris et qui en mourait. » Il faisait allusion à son maître, mon oncle paternel (qu’Allah l’ait en pitié !), qui lui dit : « Qu’Allah te flétrisse, ô Sandoûk ! »

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Ancienne map des état croisés a Liban et en Syrie (blad al-Sham, levant)

J’ai vu un esclave (mamlouk) de mon père (qu’Allah l’ait en pitié !), nommé Lou’lou’. C’était un brave, plein d’audace. J’étais sorti une nuit de Schaïzar, avec nombre de mulets et de bêtes de somme, voulant aller dans la montagne pour en rapporter des charges de bois, que j’y couperais afin d’en fabriquer une noria {nâ’oûra). Nous avions quitté les alentours de Schaïzar, nous imaginant que l’aurore était proche, et nous étions arrivés à un village nommé Doubais, la moitié de la nuit n’étant pas encore écoulée. Je dis : « Descendez de vos montures, car nous n’entrerons pas avant le jour dans la montagne. » Lorsque nous fûmes descendus et installés, nous entendîmes le hennissement d’un cheval et nous dîmes : « Ce sont les Francs. » Nous montions aussitôt à cheval dans les ténèbres, tandis que je me promettais de donner un coup de lance à l’un d’eux et de lui prendre son cheval, résigné que j’étais à leur laisser enlever nos bêtes de somme et leurs valets. Je chargeai Lou’lou’ et trois serviteurs de nous devancer et de nous renseigner sur ce hennissement. Ils partirent en avant au galop, rencontrèrent ceux que nous avions entendus en troupes et en masses nombreuses. Lou’lou’ les aborda en disant : « Parlez ; sinon, je vous tuerai jusqu’au dernier. » Il était un archer très habile, ses interlocuteurs le reconnurent et lui dirent : « N’es-tu pas le gardien (hâdjib) Lou’lou’ ?» — « En effet, » répondit-il. Or c’était l’armée de Hama, commandée par l’émir Saïf ad-Dîn Souwâr (qu’Allah l’ait en pitié !), qui revenait d’une incursion sur le territoire des Francs.[162] La bravoure de Souwâr assurait son autorité sur ces troupes si nombreuses ; mais, lorsqu’il voyait dans sa maison un serpent, il sortait en fuyant et disait à sa femme : « A toi de t’en tirer avec le serpent ! » Elle se levait pour attaquer et elle tuait le serpent.

Le combattant, fût-il le lion, peut être anéanti et réduit à l’impuissance par le plus infime obstacle, comme il m’arriva devant Homs. Dans une sortie, mon cheval fut tué et je fus frappé par cinquante épées. Tout cela par un effet de la volonté divine, puis par la négligence de mon écuyer dans l’adaptation des rênes du mors, qu’il avait attachées aux anneaux, au lieu de les faire passer à travers. Lorsque je tirai les rênes pour me sauver, elles se détachèrent du lien qui les unissait aux anneaux, et il m’arriva ce qui m’arriva.
 
Un jour, le crieur public s’était fait entendre à Schaïzar du côté de la kibla (du sud). Nous fûmes bientôt équipés, prêts à partir. Mon père et mon oncle paternel (qu’Allah les ait tous deux en pitié !) se mirent en mouvement et je me tins derrière eux. Le crieur public se montra alors au nord, du côté des Francs. Je montai sur mon cheval pour me diriger vers le crieur public. Je vis nos hommes traverser le gué, les uns sur les talons des autres ; je le traversai à mon tour et je leur dis : « Ne craignez rien, je suis là pour vous défendre. » Puis je gravis au galop la colline des Karmates (râbiyat Al-Karâmita),[163] et de là j’aperçus des cavaliers qui s’avançaient en masses considérables, ayant à leur tête un cavalier recouvert par une cotte de mailles et par un casque. Celui-ci s’était approché de moi. Je me dirigeai vers lui, voulant profiter de l’occasion contre lui d’abord, contre ses compagnons ensuite. Il vint à ma rencontre. Au moment où je poussais mon cheval vers lui, mon étrier se détacha. Je me trouvai forcément face à face avec lui et je m’élançai à sa rencontre sans étrier. Lorsque notre contact fut immédiat et qu’il ne me resta plus qu’à pointer de ma lance, mon adversaire me salua et m’offrit ses services. Or c’était le général (as-sallâr) ‘Omar, l’oncle maternel du général (as-sallâr) Zain ad-Dîn Ismâ’îl ibn ‘Omar ibn Bakhtyâr, qui était monté avec l’armée de Hama vers la place de Kafartâb. Les Francs avaient fait une sortie contre les assaillants qui, mis en déroute, s’en retournaient vers Schaïzar où ils avaient été précédés par l’émir Souwâr (qu’Allah l’ait en pitié !).
Le guerrier est exposé fréquemment à perdre l’équipement de son cheval. Or, la moindre chose, la plus légère, cause du dommage, parfois la mort, sans compter ce qu’amènent les décrets et les décisions d’Allah.

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Fauconnier et guépard apprivoisé (dét.), al-Sindh, Mughal, Moghol d’inde du Nord c. 1610-1615, Londres, Victoria and Albert Museum, IS.48:37/B-195

J’ai pris part à la lutte contre les lions dans des campagnes innombrables et j’en ai tué plus que personne au monde, sans qu’ils m’aient fait éprouver aucun mal.
Je sortis un jour à la chasse avec mon père (qu’Allah l’ait en pitié !) sur une montagne voisine de Schaïzar, où nous lancions les faucons sur les perdrix. Nous étions sur la montagne, mon père et nous avec lui, ainsi que les fauconniers. Au pied de la montagne se tenaient quelques écuyers et des fauconniers pour recueillir les faucons et assurer leur repos dans les touffes de jusquiame. Une lionne nous apparut. J’entrai dans une caverne qui renfermait un repaire où elle s’était réfugiée. Je criai pour appeler un de mes écuyers, nommé Yousouf. Celui-ci se déshabilla, saisit un couteau et pénétra dans le repaire. Quant à moi, une lance à la main, je me tins en face de l’endroit. Lorsqu’elle sortirait, je lui donnerais un coup de lance. Mon écuyer cria : « Sur vos gardes ! »Elle est sortie. » Je lui donnai un coup de lance, mais je la manquai, parce qu’elle avait le corps mince. L’écuyer cria : « Il y avait auprès de moi une autre lionne, qui est sortie sur les traces de la première. » Je me levai, je me tins près de la porte de la caverne, porte étroite, haute d’environ deux tailles d’homme, pour voir ce que nos compagnons, qui étaient dans la plaine, feraient à l’égard des lions qui étaient descendus vers eux.
Une troisième lionne sortit, alors que j’étais absorbé par l’attention que je prêtais aux deux premières. Elle me renversa, me jeta de la porte de la caverne vers les bas-fonds qui étaient au-dessous. Elle faillit me déchirer. Je fus endommagé par une lionne, moi qui n’avait pas été endommagé par les lions. Gloire à Celui qui rend les décrets, qui cause les causes ! J’ai assisté à des manifestations de faiblesse d’âme et de lâcheté chez certains hommes, que je n’aurais pas soupçonnées possibles, même chez les femmes. J’étais un jour sur la porte de la maison de mon père (qu’Allah l’ait en pitié !). Je n’avais pas encore dix ans. Voici qu’un écuyer de mon père, nommé Mohammad Al-‘Adjamî, souffleta un tout jeune serviteur de la maison. Celui-ci prit la fuite devant son agresseur et vint se suspendre à mon vêtement. Il fut bientôt rejoint par l’autre, tandis qu’il ne lâchait pas ma robe, et reçut un second soufflet. Je frappai Mohammad avec un bâton que je tenais à la main. Mohammad me repoussa. Je tirai alors un couteau que j’avais sur moi, je l’en frappai ; la lame pénétra dans son sein gauche et il tomba. Un vieil écuyer de mon père, nommé le kaïd Asad, nous rejoignit, s’arrêta près du blessé, examina sa plaie. Lorsque celui-ci revint à lui, les flots de sang en jaillissaient, semblables aux bulles qui se forment à la surface de l’eau. Le patient devint jaune, eut des frissons et perdit connaissance. On le porta dans sa maison. Il habitait avec nous dans la forteresse. Il ne put jamais se remettre de son étourdissement jusqu’à son dernier jour. Enfin, il mourut et fut enterré. »

Un fait de même nature est le suivant. Nous recevions à Schaïzar la visite d’un Alépin, homme distingué, lettré qui jouait aux échecs, soit devant une table, soit à distance. On l’appelait Abou ‘l-Mardja’ Salim ibn Kânit (qu’Allah l’ait en pitié !). Il passait chez nous chaque année un temps plus ou moins long. Plusieurs fois il tomba malade. Le médecin lui conseillait alors la saignée. Mais, lorsque l’opérateur se présentait devant lui, son teint s’altérait et il était saisi de frayeur. Après la saignée, il perdait connaissance et restait évanoui jusqu’à ce que l’ouverture fût bandée. Alors il se remettait.
Le contraire de cela était que nous avions parmi nos compagnons, parmi les Banoû Kinâna, un nègre nommé ‘Ali ibn Faradj, sur le pied duquel avait poussé un furoncle. Les doigts du pied se gâtèrent et tombèrent malades ; le pied lui-même sentit mauvais. Le chirurgien dit au malade : « Il n’y a rien à faire pour ton pied, sinon de le couper. Autrement tu es perdu. » Le chirurgien se procura une scie et se mit à lui scier la jambe, au point que, terrassé par l’effusion de son sang, il perdit connaissance. Lorsqu’il fut remis, le chirurgien recommença son opération, jusqu’à ce qu’il eût enlevé le pied depuis le milieu de la jambe qui, bien soignée, guérit.
‘Ali ibn Faradj (qu’Allah l’ait en pitié !) était un des hommes les plus robustes et les plus vigoureux. Il chevauchait sur sa selle avec un seul étrier ; de l’autre côté, il y avait une courroie dans laquelle était son genou. Il assistait au combat, luttait de la lance avec les Francs, malgré cet état d’infériorité. Je le voyais (qu’Allah l’ait en pitié !), défiant tout homme de le vaincre, soit par la ruse, soit par la contrainte. Il était d’humeur douce, en dépit de sa force et de sa bravoure.
Lui et les Banoû Kinâna, ils habitaient notre forteresse, la Forteresse du pont (housn al-djisr). Un certain jour, il envoya dès le matin vers des hommes parmi les notables des Kinânites pour leur faire dire : « Aujourd’hui, il tombe une petite pluie. Or, j’ai chez moi un restant de boisson fermentée et de victuailles. Faites-moi l’honneur de venir chez moi, que nous buvions. » On se réunit chez lui. Il s’assit devant la porte de la maison et dit : « Y en a-t-il un parmi vous qui pourrait sortir par cette porte, si je m’y opposais ? » Il faisait allusion à sa force. — « Non, répondirent les assistants, par Allah. » — Il reprit : « Aujourd’hui, il tombe une petite pluie. Il n’y a rien ce matin dans ma maison, ni farine, ni pain, ni boisson fermentée. Or, aucun de vous n’est dépourvu dans sa maison de ce dont il a besoin pour sa journée. Envoyez quérir dans vos maisons votre nourriture et votre boisson fermentée. Quant à moi, je fournirai la maison et nous nous réunirons aujourd’hui pour boire et pour converser. » — « D’accord, ô Abou ‘l-Hasan, » répondirent-ils unanimement. Ils envoyèrent alors quérir ce que leurs maisons renfermaient à manger et à boire et achevèrent leur journée chez ‘AU ibn Faradj, qu’ils vénéraient. Que soit exalté celui qui a créé ses créatures de plusieurs catégories ! Où retrouver pareille énergie, pareille force d’âme en présence de la lâcheté et de la faiblesse d’esprit de ces autres ?

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Saif de Syrie (Sham), avec finition en Or

Je rapprocherai de cela ce que m’a raconté un Kinânite dans la Forteresse du pont (housn al-djisr). Un de ceux qui l’habitaient devint hydropique. Il se fendit le ventre, guérit et reprit son ancien état de santé. Je dis : « J’aimerais le voir et l’interroger. » Or, mon information émanait d’un Kinânite, nommé Ahmad ibn Ma’bad ibn Ahmad, qui manda cet homme auprès de moi. Je l’interrogeai sur son état et sur la manière dont il s’était traité lui-même. Il répondit : « Je suis un mendiant dans la solitude. Mon ventre s’est gonflé par l’hydropisie au point que j’étais incapable de me mouvoir et que je me suis dégoûté de la vie. Alors j’ai pris un rasoir, j’ai asséné plusieurs coups sur les orifices de mon nombril, dans la largeur de mon ventre, que j’ai fendu. Il en est sorti deux marmites pleines d’eau (il voulait dire : deux mesures). A peine l’eau en avait-elle suinté sans arrêt que mon ventre s’est aminci. J’ai recousu le trou et soigné la blessure qui a guéri. Mon mal a complètement cessé. » J’examinai l’endroit où il avait pratiqué la fente de son ventre sur une longueur d’un empan. Sans aucun doute, cet homme avait eu sur la terre une faveur exceptionnelle.
Dans d’autres circonstances, j’ai vu un hydropique, dont le ventre avait été ouvert par le médecin. Il en sortit de l’eau, comme du ventre de celui qui se l’était fendu lui-même. Seulement il mourut de cette opération. Mais la destinée est une forteresse imprenable.
La victoire dans la guerre vient d’Allah (qu’il soit béni et exalté !), non pas des dispositions prises, de l’organisation, du nombre des fuyards et des vainqueurs. Toutes les fois que mon oncle paternel (qu’Allah l’ait en pitié !) m’envoyait pour combattre les ennemis, Turcs ou Francs, je lui disais : « O mon maître, ordonne-moi les dispositions à prendre, lorsque je rencontrerai l’ennemi. » — Il répondait : « O mon cher fils, la guerre se dirige elle-même. » Et il disait vrai.
Mon oncle paternel m’avait prescrit de me charger de sa-femme et de ses enfants, celle-là une princesse (khatoun), fille de Tadj ad-Daula Toutousch, avec une escorte de troupes, et de partir pour les conduire à la forteresse de Masyâth, qui lui appartenait alors. Dans sa sollicitude pour eux, il voulait les soustraire aux chaleurs excessives de Schaïzar.

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alahudin al ayyoubi

Je montai à cheval. Mon père et mon oncle paternel (qu’Allah les ait tous deux en pitié !) montèrent à cheval avec nous, afin de nous conduire à une certaine distance. Puis, ils s’en retournèrent, accompagnés seulement de quelques jeunes mamlouks qui traînaient les montures de rechange et portaient les armes. Toutes les troupes étaient avec moi. En approchant de la ville, ils entendirent tous deux remuer le tablier[164] du pont, et dirent : « Il s’est passé quelque chose sur le pont. » Ils stimulèrent leurs chevaux, s’avancèrent avec précaution, et trottèrent dans cette direction. Une trêve avait été conclue entre nous et les Francs (qu’Allah les maudisse !), et pourtant ceux-ci s’étaient fait précéder par un homme qui leur révéla le secret d’un gué, d’où ils passeraient vers la Ville du pont (madînat al-djisr), située dans une île, à laquelle on ne pouvait accéder que par un pont voûté, construit de pierre et de chaux, protégé contre l’entrée des Francs. Cet espion leur indiqua la place du gué. Ils vinrent en masse d’Apamée sur leurs chevaux, et, dès l’aurore, ils arrivèrent au passage, qui leur avait été montré, traversèrent le fleuve, s’emparèrent de la ville, pillèrent, firent des prisonniers, tuèrent, envoyèrent une partie des captifs et du butin à Apamée, et s’installèrent dans les maisons. Chacun d’eux plaça comme marque distinctive sa croix sur une maison, ficha en terre devant la porte son étendard.
Lorsque mon père et mon oncle paternel (qu’Allah les ait tous deux en pitié !) remontèrent à la citadelle, les habitants les implorèrent et se lamentèrent bruyamment. Or, il advint qu’Allah (gloire à lui !) répandit sur les Francs la terreur et l’impuissance. Les Francs ne reconnurent pas l’endroit où ils avaient franchi le fleuve. Ils lancèrent leurs chevaux, qu’ils montaient couverts de leurs cottes de mailles, sur un autre point que celui où était le gué de l’Oronte. Le nombre des noyés fut considérable, chaque cavalier plongeant dans l’eau, tombant de sa selle, et s’enfonçant dans l’abîme, tandis que le cheval remontait à la surface. Ceux qui ne périrent pas s’enfuirent en désordre, sans se préoccuper les uns des autres. Voilà ce qu’était devenue une armée considérable, tandis que mon père et mon oncle avaient en tout une escorte de dix mamlouks adolescents.

« Mon oncle resta dans la Ville du pont (al-djisr), et mon père retourna à Schaïzar. Quant à moi, j’avais conduit les enfants de mon oncle paternel à Masyâth. Le lendemain, je revins vers le soir, je fus informé des événements, je me présentai chez mon père (qu’Allah l’ait en pitié !) et je le consultai pour savoir si je devais me rendre incontinent auprès de mon oncle à la Forteresse du pont (housn al-djisr). « Tu arriveras de nuit, me répondit-il, lorsqu’ils seront endormis. Vas-y plutôt demain matin. » Dès l’aurore, je me mis en route, je me présentai chez mon oncle et nous montâmes à cheval, afin de visiter l’endroit où les Francs s’étaient noyés. Quantité de nageurs lui offrirent leurs services et retirèrent de l’eau de nombreux cadavres de cavaliers Francs. Je dis à mon oncle : « O mon maître ! ne trancherons-nous pas leurs têtes, pour les envoyer à Schaïzar ? » — « Fais-le, si tu veux », me répondit-il. Il nous suffit de trancher vingt têtes environ. Le sang en découlait, comme si la mort les avait atteints à ce moment même, et cependant elle remontait à un jour et une nuit. J’imagine que l’eau avait conservé leur sang dans cet état. Nos hommes s’approprièrent des armes de tout genre en grand nombre, cottes de mailles, épées, bois de lances, casques, chausses de mailles.
Et j’ai vu un des laboureurs (fallâh) de la Ville du pont (al-djisr), qui s’était présenté devant mon oncle paternel, sa main cachée sous ses vêtements. Mon oncle lui dit, en plaisantant avec lui : « Que m’as-tu donc réservé comme ma part du butin ? » — Il répondit : « Je t’ai réservé un cheval avec son équipement, une cotte de mailles, un bouclier et une épée. » L’homme partit et apporta le tout. Mon oncle accepta l’équipement, mais rendit le cheval, et reprit : « Qu’as-tu dans la main ? ». — L’autre répondit : « Nous nous sommes empoignés, moi et le Franc. Je ne possédais ni équipement, ni épée. Je renversai le Franc, et je lui donnai un si violent coup de poing à la figure, que recouvrait le bas d’un heaume en mailles, que je l’étourdis et que je saisis son épée avec laquelle je le tuai. La peau des articulations de mes doigts fut réduite en charpie, et ma main enfla au point que je ne pouvais pas m’en servir. » Il nous montra sa main. Elle ressemblait à sa description et laissait voir à découvert les os de ses doigts.

Il y avait dans l’armée de la Ville du pont {al-djisr) un Kurde, nommé Abou ‘l-Habasch, dont la fille Rafoûl avait été faite prisonnière par les Francs. Abou ‘l-Habasch soupirait sur la captivité de sa fille, disant à quiconque le rencontrait pendant une journée entière : « Rafoûl a été faite prisonnière ». Nous sortîmes le lendemain pour nous avancer le long du fleuve et nous vîmes sur la rive une masse noire. Aussitôt l’un des écuyers reçut l’ordre de nager, d’examiner cette masse noire. Il s’y rendit. Or, voici que c’était Rafoûl revêtue d’un vêtement bleuâtre. Elle s’était jetée de sur le cheval du Franc qui l’avait conquise et s’était noyée, son vêtement restant suspendu à un saule. Le gémissement de son père Abou ‘l-Habasch finit par s’apaiser.
Le cri de détresse qui avait retenti au milieu des Francs, leur déroute et leur mort furent dus à une grâce d’Allah et non à une supériorité de forces ou à une armée. Béni soit Allah qui décrète ce qu’il veut !
La crainte que l’on inspire est quelquefois profitable à la guerre. C’est ainsi que l’atabek parvint en Syrie, et je l’accompagnais, en l’année 529.[165] Damas était son objectif. Nous avions fait halte à Al-Koutayyifa. Salah ad-Dîn[166] me dit : « Monte à cheval, et devance-nous jusqu’à Al-Foustouka. Ne t’écarte pas de la route, afin qu’aucun de nos soldats ne puisse fuir dans la direction de Damas. » Je pris les devants et, après une heure d’attente, voici que Salah ad-Dîn était venu me rejoindre à la tête d’un petit nombre de ses compagnons.
Un nuage de fumée s’élevait sous nos yeux à ‘Adhrâ. Salah ad-Dîn envoya des cavaliers examiner d’où provenait cette fumée. C’étaient des hommes de l’armée de Damas, qui faisaient brûler de la paille en abondance dans ‘Adhrâ. Ils s’enfuirent. Salah ad-Dîn les poursuivit, et nous l’escortions, trente ou quarante cavaliers tout au plus. Arrivés à Al-Kousair, nous y trouvâmes l’armée de Damas toute entière, barrant l’accès du pont. Nous nous tenions dans le voisinage du caravansérail. Ce fut notre cachette. Nous en faisions sortir cinq ou six cavaliers à la fois, pour que l’armée de Damas les aperçût. Ils revenaient ensuite se mettre à l’abri dans le caravansérail, nos ennemis étant convaincus que nous y avions établi une embuscade.

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Salahudin al-Ayyoubi peint par Cristofano DelAltissimo
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Message  Arlitto Mar 03 Mai 2016, 13:03

Salah ad-Dîn fit partir un cavalier vers l’atabek pour lui faire connaître notre situation critique. Tout à coup, nous vîmes environ dix cavaliers se diriger vers nous en toute hâte et derrière eux s’avançait l’armée en rangs serrés. Ils parvinrent jusqu’à nous. A ce moment même, l’atabek venait d’arriver. Son armée le suivait. Zengui adressa des reproches à Salah ad-Dîn sur ce qu’il avait fait, et lui dit : « Tu t’es lancé précipitamment jusqu’à la porte de Damas avec trente cavaliers pour te faire tailler en pièces, ô Mohammad.[167] » Et il le réprimanda. Tous deux s’exprimaient en turc, et je ne savais pas le sens de leurs paroles.
Lorsque les avant-gardes de notre armée nous eurent rejoints, je dis à Salah ad-Dîn : « Ordonne seulement, je prendrai avec moi ceux qui sont arrivés jusqu’à présent, je fondrai sur les cavaliers de Damas, qui sont postés en face de nous, et je les délogerai. » — « N’en fais rien », me répondit-il. Pour donner un tel conseil, quand on est au service de Zengui, il faut n’avoir pas entendu la manière dont il m’a traité. » N’était la faveur d’Allah le Très Haut, n’était cette crainte et cette terreur qui leur fut inspirée, nos ennemis nous auraient délogés.

Il m’arriva pareille chose. J’avais accompagné mon oncle paternel (qu’Allah l’ait en pitié !), se rendant de Schaïzar à Kafartâb. Avec nous il y avait pas mal de laboureurs (fallâh) et de vagabonds, avides de piller dans la banlieue de Kafartâb des récoltes et du coton. Ces hommes se dispersèrent pour piller, tandis que les cavaliers de Kafartâb étaient montés à cheval pour se poster devant leur ville. Nous étions entre eux et la populace disséminée au milieu des champs et des plants de coton. Voici qu’un de nos compagnons, un cavalier d’entre les éclaireurs, arriva vers nous au galop en disant : « La cavalerie d’Apamée est arrivée. » Mon oncle paternel me dit : « Tu resteras en face des cavaliers de Kafartâb, tandis que j’emmènerai les troupes pour aller à la rencontre des cavaliers d’Apamée. » Je me tins à la tête de dix cavaliers dissimulés par les oliviers. De temps en temps, trois ou quatre d’entre eux nous quittaient pour faire illusion aux Francs et pour retourner ensuite vers les oliviers, tandis que les Francs s’imaginaient que nous étions en nombre. Eux étaient concentrés, criaient, poussaient leurs chevaux jusque dans notre voisinage, tandis que nous ne bougions pas, afin de les voir rebrousser chemin. Cette situation se prolongea jusqu’au retour de mon oncle paternel et jusqu’à la déroute des Francs venus d’Apamée.
Un des écuyers de mon oncle lui dit : « O mon maître, tu vois ce qu’il a fait (c’était de moi qu’il parlait). Il est resté en arrière et n’a pas pris part à la bataille que tu as livrée aux cavaliers d’Apamée. » — Mon oncle lui répondit : « Si Ousâma n’avait pas, à la tête de dix cavaliers, retenu la cavalerie et l’infanterie de Kafartâb, ils auraient pris possession de cette contrée entière. » Inspirer la crainte et la terreur aux Francs avait, à cette époque, plus d’avantages que leur livrer bataille. Car nous étions peu nombreux, tandis qu’ils disposaient d’armées considérables.

Il m’arriva encore pareille aventure à Damas. J’étais un jour avec l’émir Mou’în ad-Dîn[168] (qu’Allah l’ait en pitié), lorsqu’un cavalier vint lui dire : « Les brigands ont fait main basse sur une caravane, qui passait sur la colline, emportant des étoffes de coton écru. » Mou’în ad-Dîn me dit : « Tu vas chevaucher dans leur direction. » — Je répondis : « A toi d’ordonner ; dis aux officiers de ta garde de faire monter à cheval tes troupes pour t’accompagner. » — Il reprit : « Qu’avons-nous besoin des troupes ? » — J’insistai : « En quoi, dis-je, leur concours peut-il nous nuire ? » — Il répéta : « Nous n’avons pas besoin d’elles. »

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Les croisades

Mou’în ad-Dîn était un cavalier intrépide ; mais, dans certaines circonstances, l’audace est un excès et une calamité. Nous partîmes, vingt cavaliers au plus. Le lendemain matin, Mou’în ad-Dîn lança deux cavaliers par ci, deux autres par là, encore un sur une autre piste pour explorer les chemins. Nous deux également, nous nous avancions à la tête de quelques hommes. Lorsqu’il fut temps de faire notre prière de l’après-midi, Mou’în ad-Dîn dit à un de mes écuyers : « O Sawindj, monte examiner vers l’ouest, dans quel sens nous devons nous tourner pour prier. » Celui-ci nous avait à peine salués qu’il revenait au galop, disant : « Ces hommes sont dans la vallée ; ils portent sur leurs têtes des pièces d’étoffes écrues. » Mou’în ad-Dîn (qu’Allah l’ait en pitié !) ordonna de monter à cheval. Je lui dis : « Laisse-nous quelque répit pour revêtir nos casaques rembourrées. Puis, lorsque nous les approcherons, nous saisirons les têtes de leurs chevaux et nous les frapperons de nos lances, sans qu’ils sachent si nous sommes plus ou moins nombreux. » — « Non, répondit-il, c’est lorsque nous les aurons rejoints que nous revêtirons nos casaques. »
Il monta à cheval et se dirigea avec nous vers les brigands. Nous les atteignîmes dans la vallée de Halboûn, vallée étroite, où la distance entre les deux montagnes est à peine de cinq coudées et aux deux côtés de laquelle les montagnes sont escarpées, très élevées. Le défilé ne livre passage qu’à un cavalier après l’autre.

Les brigands formaient une troupe de soixante-dix fantassins, munis d’arcs et de flèches en bois. Nous étions arrivés jusqu’à eux, mais nos écuyers étaient en arrière avec nos armes, fort à distance de nous. Nos adversaires étaient, les uns dans la vallée, les autres au pied de la montagne. Je m’imaginai que les premiers étaient de nos compagnons, et je les pris pour des laboureurs de la campagne, que la frayeur aurait entraînés jusque-là ; à mes yeux, les seconds seuls étaient les brigands.
Je brandis mon épée, et je m’élançai contre ceux-ci. Mon cheval, en grimpant sur le roc escarpé, faillit rendre le dernier soupir. Lorsque je fus arrivé, et que mon cheval s’arrêta, incapable de se mouvoir, l’un d’eux agita sa flèche en bois dans sa main pour me frapper. Je poussai un cri retentissant, et je l’intimidai. Il retira sa main de sur moi, et je fis aussitôt redescendre mon cheval. J’avais peine à croire que je leur échapperais.
L’émir Mou’în ad-Dîn gravit le sommet de la montagne, espérant y trouver des laboureurs (fallâh), qu’il comptait exciter au combat. Il me cria d’en haut : « Ne lâche pas nos ennemis jusqu’à ce que je revienne », et demeura caché à nos regards. Je revins vers ceux qui étaient dans la vallée ; j’avais enfin reconnu que c’étaient les brigands. Je fis une charge contre eux, à moi seul, tant l’endroit était resserré ! Ils s’enfuirent en laissant tomber les étoffes de coton écru qu’ils portaient, et je leur enlevai deux mulets qu’ils emmenaient et qui portaient également des étoffes de coton écru. Ils montèrent jusqu’à une caverne située sur la pente de la montagne. Nous les voyions sans pouvoir nous frayer un chemin jusqu’à eux.
L’émir Mou’în ad-Dîn revint vers le soir, mais il n’avait pas fait de nouvelles recrues. Si l’armée avait été avec nous, pas un de ces brigands n’aurait eu la vie sauve, et nous aurions recouvré toute leur capture.
Une aventure analogue m’arriva une autre fois, et la cause en fut, d’abord l’accomplissement de la volonté divine, puis le manque d’expérience guerrière. Nous étions partis avec l’émir Kotb ad-Dîn Khosrou ibn Talîl de Hama pour nous rendre à Damas au service d’Al-Malik Al-’Adil Nour ad-Dîn (qu’Allah l’ait en pitié !), et nous étions parvenus à Homs. Lorsque Khosrou se disposa au départ sur la route de Balbek, je lui dis : « J’irai en avant pour visiter l’église de Balbek ‘, en attendant que tu me rejoignes. » — « Fais, » répondit-il. Je montai à cheval et je m’en allai.

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Nur ad-Din Mahmûd el Mâlik al Adil (vers 1117/8 – 15 mai 1174) 

J’étais dans l’église, lorsqu’un cavalier vint me dire de la part de Khosrou : « Une bande de voleurs a marché contre une caravane, dont ils se sont emparés. Monte à cheval, reviens vers moi dans la direction de la montagne. » Je montai à cheval, je le rencontrai et, ayant gravi la montagne, nous aperçûmes les voleurs, au-dessous de nous dans la vallée, que cette montagne, sur laquelle nous étions, entoure de tous les côtés. Un compagnon de Khosrou lui dit : « Tu vas descendre vers eux. » — J’intervins : « Ne le fais pas. Nous contournerons le sommet, gardant notre position au-dessus de leurs têtes, nous leur barrerons la route vers l’ouest et nous les ferons captifs. » Ces voleurs venaient des régions franques. Un autre compagnon[169] dit : « A quoi bon contourner le sommet ? Nous sommes arrivés jusqu’à eux, c’est comme s’ils étaient déjà nos prisonniers. » On résolut de descendre. Lorsque les voleurs nous virent, ils montèrent sur la montagne. Khosrou me dit : « Monte, rattrape-les. » Je fis des efforts pour gravir la pente, mais sans y réussir.

Il était resté sur la montagne quelques-uns de nos cavaliers, six ou sept, qui mirent pied à terre pour se mesurer avec les brigands et marchèrent, menant en laisse leurs chevaux. Les brigands, qui étaient nombreux, se précipitèrent sur nos compagnons, tuèrent deux de leurs cavaliers et s’emparèrent de leurs deux chevaux, ainsi que d’un troisième cheval dont le possesseur put s’échapper. Quant aux brigands, ils descendirent par l’autre versant de la montagne, emportant leur butin.
Nous nous en retournâmes, après que deux de nos cavaliers eurent été tués et qu’on nous eut pris trois chevaux, ainsi que la caravane. Un tel aveuglement avait eu pour origine le manque d’expérience guerrière.
Lorsqu’on se jette aveuglément dans les périls, ce n’est pas que l’on fasse fi de l’existence. La seule cause de cette témérité, c’est que l’homme, connu pour son courage et appelé un héros, lorsqu’il assiste au combat, subit l’obsession de son ambition qui l’oblige à faire ce dont il a la réputation et ce qui le distingue des autres hommes. Et pourtant son âme, qui redoute la mort et le danger, le dominerait presque et le détournerait de ses projets, s’il ne la contraignait pas et s’il ne l’entraînait pas à ce qu’elle déteste. Il éprouve au début de la stupeur et il pâlit ; mais, une fois lancé dans la mêlée, son effroi disparaît et son trouble s’apaise.
J’ai assisté au siège de la forteresse d’As-Saur,[170] avec le roi des émirs, l’atabek Zengui (qu’Allah l’ait en pitié !), dont j’ai déjà rapporté plusieurs exploits. La forteresse appartenait à l’émir Fakhr ad-Dîn Kara Arslan, fils de Dâwoud, fils de Sokmân, l’Ortokide (qu’Allah l’ait en pitié !), et elle était garnie d’arbalétriers. L’atabek Zengui s’était auparavant épuisé en vains efforts contre Amid.
Aussitôt que les tentes furent dressées, l’atabek envoya l’un de ses compagnons crier au-dessous de la citadelle : « O troupe d’arbalétriers, l’atabek me charge de vous dire : Par la grâce du sultan, si un seul de mes compagnons tombe victime de vos flèches, je vous couperai les mains. » L’atabek mit en position contre As-Saur les machines de guerre qui abattirent un côté de la place. A peine ce côté était-il abattu que les troupes y montèrent. Un garde du corps de l’atabek, un Alépin, nommé Ibn Al-‘Ouraik, monta par cette brèche, attaqua de son épée les arbalétriers qui lui infligèrent plusieurs blessures et le jetèrent du haut de la forteresse dans le fossé. Nombre de nos combattants passèrent ensuite par cette brèche et conquirent la forteresse. Les lieutenants de l’atabek y arrivèrent et en prirent les clefs qu’ils firent parvenir à Housâm ad-Dîn Timourtasch, fils d’Ilgazi, l’Ortokide, auquel l’atabek la céda.
Il advint qu’une flèche d’arbalète atteignit au genou un homme de la troupe du Khorasan et lui fendit la partie arrondie qui est à l’intersection du genou. Cet homme mourut. Au premier moment, après que l’atabek se fut emparé de la forteresse, il fit mander les arbalétriers, neuf en tout, qui vinrent avec leurs arcs bandés sur les épaules. Il ordonna de détacher à chacun d’eux les pouces des poignets ; leurs mains se desséchèrent et dépérirent.
Quant à Ibn Al-‘Ouraik, il soigna ses blessures et guérit, après avoir frôlé la mort. Il était courageux, affrontant les dangers.

J’ai été témoin d’un fait du même genre. L’atabek Zengui avait campé devant la forteresse d’Al-Bâri’a, qui est entourée de blocs de rochers sur lesquels on ne peut pas dresser les tentes. L’atabek descendit dans la plaine et délégua dans le commandement les émirs à tour de rôle. Un jour, l’atabek se dirigea à cheval vers ses troupes. Le roulement avait amené à leur tête Abou Bakr Ad-Doubaisî, qui était mal outillé pour le combat. L’atabek s’arrêta et dit à Abou Bakr : « Va de l’avant, combats les ennemis. » Abou Bakr entraîna ses compagnons, bien qu’ils n’eussent pas d’équipement. Les défenseurs de la citadelle firent une sortie contre les assaillants.
Un compagnon d’Abou Bakr, nommé Mazyad, qui ne s’était encore fait connaître, ni par son ardeur batailleuse, ni par son courage, prit les devants, se battit avec acharnement, donna des coups d’épée dans les rangs ennemis, dispersa leurs masses et reçut plusieurs blessures. Je le vis lorsqu’on le transporta vers notre armée. Il semblait rendre le dernier soupir. Puis il guérit. Abou Bakr Ad-Doubaisî en fit un officier, lui donna un manteau d’honneur et se l’attacha comme garde du corps.
L’atabek disait : « J’ai trois serviteurs dont l’un craint Allah le Très Haut et ne me craint pas. » Il désignait ainsi Zain ad-Dîn ‘Ali Koûdschek (qu’Allah l’ait en pitié !). « Le deuxième me craint et ne craint pas Allah le Très Haut. »
Il désignait ainsi Nasir ad-Dîn Sonkor (qu’Allah l’ait en pitié !). « Le troisième ne craint ni Allah ni moi. » Il désignait ainsi Salah ad-Dîn Mohammad, fils d’Ayyoub, Al-Yâguîsiyânî (qu’Allah l’ait en pitié !).

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Richard Cœur de Lion et Salahudin

J’ai constaté chez Salah ad-Dîn (puisse Allah se détourner de lui !) ce qui justifie la parole de l’atabek à son sujet. Un jour nous avions assailli Homs où, la nuit précédente, le sol avait été détrempé par une pluie si abondante que les chevaux ne pouvaient pas se mouvoir dans l’épaisseur de ce bourbier, tandis que les fantassins luttaient. corps à corps. Salah ad-Dîn s’était arrêté, m’ayant avec lui. Nous voyions les fantassins devant nous. L’un d’eux se rendit de grand matin vers les fantassins de Homs et se mêla à eux, sous les yeux de Salah ad-Dîn. Celui-ci dit à l’un de ses compagnons : « Amène cet homme qui était à côté du déserteur. » On partit et on l’amena. Salah ad-Dîn lui dit : « Quel était ce fantassin qui s’est enfui d’auprès de toi et qui est entré dans Homs ? » — Il répondit : « Par Allah, ô mon maître, je ne le connais pas. » — « Tranchez-le par le milieu », s’écria Salah ad-Dîn. — Je dis : « O mon maître, emprisonne-le, et fais une enquête sur le déserteur. S’il le connaissait ou s’il était uni avec lui par quelque parenté, tu lui couperas le cou. Sinon, tu aviseras. » Salah ad-Dîn parut incliner à mes idées. Mais un de ses écuyers, placé derrière lui, dit : « L’un s’enfuit, on met la main sur son voisin. Qu’on lui coupe le cou ou qu’on le tranche par le milieu ! » Sa parole mit en fureur Salah ad-Dîn qui dit : « Tranchez-le par le milieu. » On lui lia le pied selon l’usage et on le trancha par le milieu. Cet homme n’avait commis aucune faute, sinon d’avoir persisté dans son attitude et d’avoir trop peu craint Allah le Très Haut.

J’ai vu dans une autre circonstance Salah ad-Dîn, à notre retour de la bataille de Bagdad, alors que l’atabek voulait faire montre de persévérance et d’énergie, alors qu’il avait ordonné à Salah ad-Dîn de se diriger vers l’émir Kafdjâk pour l’assiéger. Notre voyage au départ de Mossoul dura six jours, avec des privations extrêmes, pour arriver à l’endroit où était l’émir et où nous le trouvâmes comme suspendu dans les montagnes du Kouhistân. Nous établîmes notre camp devant une forteresse nommé Mâsourra, où notre arrivée eut lieu au lever du soleil. Une femme se montra sur le rebord de la citadelle et dit : « Avez-vous apporté du coton écru ? » — Notre réponse fut : « Le moment nous semble peu propice à la vente et à l’achat. » — Elle reprit : « Nous voudrions du coton écru pour vos linceuls ; car, d’ici cinq jours, vous mourrez tous. » Elle entendait par là que cet endroit était insalubre.
Salah ad-Dîn s’établit et prit ses mesures pour attaquer la citadelle dès le lendemain matin. Il ordonna aux sapeurs de pénétrer sous une des tours, la citadelle étant toute entière construite en argile et les hommes qui s’y trouvaient appartenant tous à la classe des laboureurs (fallâh). L’attaque eut lieu, nous gravîmes la colline qui portait la citadelle, les troupes du Khorasan minèrent une tour qui tomba avec deux hommes, dont l’un mourut et dont l’autre fut fait captif par nos compagnons. On l’amena à Salah ad-Dîn qui dit : « Tranchez-le par le milieu. » — Je dis : « O mon maître, nous sommes au mois de ramadan, c’est un musulman, ne nous chargeons, pas d’un péché par son meurtre. » — Il reprit : « Tranchez-le par le milieu, afin que la citadelle capitule. » — Je répliquai : « O mon maître, la citadelle, tu la posséderas dans un instant. » Il répéta : « Tranchez-le par le milieu », et s’entêta dans cette résolution. On trancha l’homme par le milieu et aussitôt après nous prîmes possession de la citadelle.

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Salahudin al-Ayyoubi et ces émirs

On vit bientôt Salah ad-Dîn s’avancer vers la porte, dans l’intention de redescendre de la citadelle, avec ses troupes victorieuses. Il confia la garde de la citadelle à quelques-uns de ses compagnons et partit pour s’installer un moment dans sa tente, tant que durerait la dispersion de son armée. Ensuite il monta à cheval et me dit : « Monte aussi. » Nous chevauchâmes pour aller vers les hauteurs de la citadelle. Il s’assit, fit venir le gardien de la citadelle, qui devait le renseigner sur ce qu’elle renfermait et qui introduisit devant lui des femmes et des jeunes gens, des chrétiens et des juifs.
Il se présenta une vieille, une Kurde, qui dit à ce gardien : « As-tu vu mon fils, un tel ? ».— Le gardien répondit : « Il a été tué ; une flèche en bois l’a atteint. » — Elle reprit : « Et mon fils, un tel ? » —Le gardien répondit : « L’émir l’a tranché par le milieu. » Elle cria, se découvrit la tête, montra sa chevelure semblable à du coton cardé. Le gardien lui dit : « Tais-toi à cause de l’émir. » — « Mais, répondit-elle, que reste-t-il à l’émir qu’il puisse faire contre moi ? J’avais deux fils qu’il a tués. » On la renvoya.

Le gardien fit comparaître ensuite un vieillard (schaïkh) très âgé, avec des cheveux blancs magnifiques, qui marchait sur deux bâtons. Il salua Salah ad-Dîn, qui dit : « Qu’est-ce que ce vieillard ? » — Le gardien répondit : « C’est l’imâm de la forteresse. » — « Avance, 6 vieillard, s’écria Salah ad-Dîn, avance ! » Il le fit asseoir devant lui, étendit la main, le saisit par la barbe, sortit un couteau serré dans la ceinture de sa robe et coupa cette barbe à partir du menton. Elle lui resta dans la main en fils comme des articulations de doigts. Le vieillard dit à Salah ad-Dîn : « O mon maître, comment ai-je mérité ta manière d’agir envers moi ? » — L’émir répondit : « Par ta rébellion contre le sultan. » — « Par Allah, reprit le vieillard, je n’ai rien su de ton arrivée avant qu’à l’instant le gardien soit venu m’en instruire et me faire comparaître. »
Puis nous allâmes camper devant une autre citadelle, appelée Al-Karkhînî, dont le seigneur était aussi l’émir Kafdjâk, et dont nous prîmes possession. On y trouva un magasin rempli de vêtements cousus en coton écru, aumône destinée aux pauvres de La Mecque. Salah ad-Dîn s’empara de ce que possédaient les habitants de la citadelle, chrétiens et juifs coalisés, et on les dépouilla de leurs biens, à la manière dont le pillage est pratiqué par les Grecs (Ar-Roum). Puisse Allah (gloire à lui !) se détourner de Salah ad-Dîn !

C’est à ce point du chapitre que je m’arrêterai pour lui appliquer ce vers dont je suis l’auteur :
Renonce à mentionner avec complaisance les assassins car ce qu’on raconte d’eux ferait blanchir parmi nous les cheveux des nouveau-nés.
Je reviens à rapporter quelques détails sur ce qui nous advint, à nous et aux Ismaéliens, dans la forteresse de Schaïzar.
Pendant cette journée,[171] un de mes cousins, nommé Abou Abd Allah ibn Hâschim (qu’Allah l’ait en pitié !), vit en passant un Bathénien dans une tour du palais de mon oncle paternel. Ce Bathénien avait avec lui son épée et son bouclier. La porte était ouverte. Au dehors stationnait une foule nombreuse de nos compagnons. Pas un n’osait se diriger vers le Bathénien. Mon cousin ‘dit à l’un de ceux qui se tenaient là : « Entre vers lui. » Cet homme entra. Sans tarder, le Bathénien lui asséna un coup et le blessa. Il sortit blessé. Mon cousin dit à un autre : « Entre vers lui. » Cet autre entra, fut frappé, blessé, et sortit comme était sorti son prédécesseur. Alors mon cousin dit : « O chef (ra’îs) Djawâd, entre vers lui. » Le Bathénien’ s’adressa au chef Djawâd en ces termes : « O artisan de souffrances que tu es ! Que n’entres-tu pas ? Tu fais entrer vers moi les autres hommes, tandis que tu demeures immobile. Entre, ô artisan de souffrances, pour voir de tes yeux. » Le chef Djawâd entra vers le Bathénien qu’il tua. Ce Djawâd était un arbitre dans les luttes, un homme d’une grande bravoure.

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Combat entre Francs et Musulmans lors des croisades.

Peu d’années se passèrent jusqu’à l’époque où je le revis à Damas.[172] Il était devenu marchand de fourrages, vendeur d’orge et de paille, et avait vieilli, au point d’être devenu semblable à l’outre usée, de ne plus pouvoir chasser les rats de sa marchandise.
Qu’est-ce donc que la vie des hommes ? Je m’étonnais des commencements de Djawâd pour aboutir à ce dénouement et des changements que sa longévité avait apportés à son état. J’ai longtemps ignoré que la maladie de la vieillesse est générale, s’attaquant à tous ceux que la mort a oubliés. Mais, maintenant que j’ai gravi le sommet des quatre-vingt-dix ans, que le passage des jours et des années m’a épuisé, je suis devenu comme Djawâd le marchand de fourrages et non pas comme le prodigue (al-djawâd), le dissipateur. La faiblesse m’a figé au sol, la vieillesse a fait rentrer une partie de mon corps dans l’autre, au point que je ne me suis plus reconnu moi-même, que j’ai soupiré sur ce que j’étais hier et que j’ai dit en décrivant mon état :

Lorsque j’atteins de la vie un terme que je désirais, je souhaite le trépas.
La longueur de mon existence ne m’a pas laissé d’énergie pour combattre les vicissitudes du temps, quand elles m’attaquent en ennemies.
Mes forces sont affaiblies et j’ai été trahi par les deux alliés en qui j’avais mis ma confiance, ma vue et mon ouïe, alors que je suis monté jusqu’à cette limite.
Car, lorsque je me lève, je m’imagine soulever une montagne ; si je marche, je crois marcher attaché avec des chaînes.
Je rampe, le bâton dans cette main que j’ai connue portant pour les combats une lance fauve et une épée en acier de l’Inde.
Je passe la nuit sur la couche la plus moelleuse dans l’insomnie et dans l’agitation, comme si j’étais étendu sur des rochers.
L’homme est renversé de haut en bas dans la vie. C’est au moment même où il arrive à la perfection et à la plénitude qu’il retourne à ses commencements.
Et c’est moi pourtant qui disais autrefois à Misr pour condamner le bien-être et le laisser-aller de l’existence (comme elle a rapidement et promptement marché vers son dénouement !) :
Regarde les vicissitudes de ma vie, comme elle m’a accoutumé, après que mes cheveux sont devenus blancs, à de nouvelles habitudes !
Et dans cette transformation qu’a apportée le revirement du temps il y a un enseignement par l’exemple. Quel est l’état que les jours écoulés n’aient point modifié ?
J’avais été un brandon de guerre ; toutes les fois que la guerre s’éteignait, je la rallumais en frottant comme des briquets les épées blanches sur les gardes des sabres.
Mon seul souci était de lutter avec mes rivaux que je considérais comme des proies que je déchirerais ; car ils tremblaient devant moi ;
Qui faisais pénétrer plus de terreur qu’une nuit, qui m’élançais plus impétueux qu’un torrent, plus entreprenant sur le champ de bataille que la mort.
Or, je suis devenu comme la jeune fille flexible, langoureuse, qui repose sur les coussins rembourrés, derrière le voile et les rideaux.
J’ai failli tomber en poussière par la durée de ma halte, comme l’épée indienne est rouillée par une trop longue attente dans les fourreaux.
Après les cottes de mailles de la guerre, je suis enveloppé dans des manteaux en étoffes de Dabîk ; malheureux que je suis, malheureux manteaux !
L’aisance n’est ni ce que je recherche ni ce que je poursuis ; la jouissance n’est ni mon affaire, ni ma préoccupation.
Et je n’aimerais atteindre ni la gloire dans une vie d’abondance, ni la célébrité sans briser les épées blanches et les fers des lances.
Et je m’imaginais alors que le favori du temps n’est jamais usé, que son héros n’est jamais affaissé, et que, lorsque je retournerais en Syrie, j’y retrouverais mes jours comme je les avais connus, sans que le temps y eût rien changé pendant mon absence. Mais, lorsque je revins, les promesses de mes désirs me prouvèrent le mensonge de mes illusions, et cette imagination s’évanouit comme l’éclat du mirage. 0 Allah, pardonne-moi cette phrase incidente qui m’a échappé par l’effet d’un chagrin qui s’est abattu sur moi et qui s’est ensuite dissipé. Je reviens au sujet qui m’occupe et je me dégage de l’oppression de la nuit ténébreuse.
Si les cœurs étaient purifiés de la souillure des péchés, s’ils s’en remettaient à Celui qui connaît les mystères, ils sauraient que s’exposer aux dangers des guerres n’abrège pas l’éloignement du terme inscrit d’avance. Car j’ai vu, au jour où nous nous combattions, nous et les Ismaéliens, dans la forteresse de Schaïzar, un enseignement par l’exemple, qui démontre à l’homme courageux et intelligent, et même à l’homme lâche et stupide, que la durée de l’existence est fixée, marquée par le destin, sans que le terme en puisse être avancé ni retardé.

Lorsque, dans cette journée, nous eûmes fini de combattre, un homme cria sur le côté de la forteresse : « Les ennemis ! » J’avais auprès de moi quelques-uns de mes compagnons avec leurs armes. Nous courûmes en hâte vers celui qui avait crié. Nous lui dîmes : « Qu’as-tu ? » — Il répondit : « Je flaire ici les ennemis. » Nous nous rendîmes vers une étable vide, obscure, et nous y entrâmes. Il s’y trouvait deux hommes armés qui furent tués par nous. Nos recherches nous firent ensuite rencontrer un de nos compagnons qui avait été assassiné. Son corps reposait sur quelque chose. Lorsqu’il eut été soulevé, il recouvrait un Bathénien qui s’était enveloppé d’un linceul et avait placé le corps sur sa poitrine. Après avoir emporté notre compagnon, nous tuâmes celui qui était au-dessous de lui et, par nos soins, il fut déposé, lui, dans la mosquée voisine de cet endroit, criblé de blessures graves. Nous ne mettions pas en doute qu’il fût mort, puisqu’il ne se mouvait pas et qu’il ne respirait plus. Et moi, par Allah, je remuais avec mon pied sa tête sur les dalles de la mosquée, et nous cloutions de moins en moins qu’il fût mort. Le malheureux avait passé devant cette étable, avait entendu un bruit léger et avait avancé sa tête pour vérifier ce qu’il entendait. Un des Bathéniens l’ayant tiré en avant, on lui avait donné des coups de poignard jusqu’à ce qu’il passât pour mort. Mais Allah (gloire à lui !) décida que ces blessures au cou et sur tout le corps fussent recousues, qu’il guérît et qu’il revînt à son ancien état de santé. Béni soit Celui qui rend les décrets, qui fixe les trépas et les vies !

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J’ai assisté à quelque chose de semblable. Les Francs (qu’Allah les maudisse !) avaient fait une incursion contre nous dans le dernier tiers de la nuit. Nous montâmes à cheval dans l’intention de les poursuivre. Mon oncle Izz ad-Dîn[173] (qu’Allah l’ait en pitié !) nous retint et nous dit : « C’est une embuscade et l’attaque aura lieu de nuit. » A notre insu, des fantassins avaient quitté Schaïzar pour se lancer à la poursuite des Francs qui tombèrent sur une compagnie d’entre eux à sa rentrée et la décimèrent. Les autres échappèrent au massacre.
Le lendemain matin, je me tenais à Bandar Kanîn, village dans la banlieue de Schaïzar, lorsque je vis s’avancer trois individus, deux ressemblant à des hommes, celui du milieu avec une face différente de ce que sont les faces humaines.
Ils approchèrent de nous. Celui du milieu avait été frappé par un Franc d’un coup d’épée en plein nez et son visage avait été fendu jusqu’aux oreilles. La moitié de son visage, devenu pendant, était retombée sur sa poitrine, et ‘entre les deux moitiés de sa face était une ouverture presque large d’un empan. Il marchait entre deux compagnons. Ce fut ainsi qu’il rentra à Schaïzar. Le chirurgien lui recousit le visage et le soigna. Cette blessure fut de nouveau recouverte de chair. Il guérit et revint à son ancien état jusqu’à ce qu’il mourût sur sa couche. Il vendait des bêtes de sommes et était appelé Ibn Gazi le Balafré (Ibn Gazi al-maschtoûb). Son surnom de Balafré était dû à ce coup d’épée.
Qu’on n’aille pas s’imaginer que la mort peut être avancée par la témérité à affronter le danger, ni retardée par l’excès de la prudence. En effet, ma vie prolongée fournit l’instruction la plus frappante par l’exemple. Car que d’effrois j’ai bravés, combien de fois me suis-je précipité dans les lieux redoutables et au milieu des dangers ! Combien ai-je combattu de cavaliers, tué de lions ! Que de coups j’ai portés avec les épées, d’atteintes avec les lances ! Que de blessures j’ai faites avec les flèches et avec les arbalètes ! Je n’en suis pas moins par rapport au trépas dans une forteresse inaccessible, au point que j’ai accompli mes quatre-vingt-dix ans et que j’ai considéré mon état de santé et de vie comme conforme à la parole du Prophète : « La santé me suffit comme maladie. » En effet, ma délivrance de ces dangers a eu comme conséquence ce qui est plus pénible que la mort violente et que le combat. Et mourir à la tête d’un détachement de l’armée m’eût été plus doux que les difficultés de l’existence. Parce que ma vie a duré trop longtemps, les jours écoulés m’ont repris tous les plaisirs qui en faisaient le charme, et la souillure de la privation a troublé la limpidité de mon existence prospère.
C’est de moi-même que j’ai dit :

Avec mes quatre-vingts années, le temps a flétri ma peau, et j’ai enduré la faiblesse de mon pied, le tremblement de ma main ;
Lorsque j’écris, alors je semble tracer des caractères avec la pointe de l’épée d’un homme effrayé ; on les dirait l’œuvre d’un vieillard aux paumes vacillantes, saisi d’épouvante.
Aussi étonne-toi d’une main incapable de manier le kalam, après qu’elle a brisé les lances dans le poitrail du lion.
Si je marche, soutenu par mon bâton, il n’y a pas terrain si dur que mon pied alourdi n’y enfonce, comme dans la vase.
Dis à celui qui souhaite une longue existence : Regarde les conséquences de la longévité et de la sénilité !
Mon énergie s’est affaiblie et a été ruinée, le bien-être de ma vie a disparu et a pris fin, j’ai été renversé par la trop longue durée de mon séjour parmi les humains, mon feu allumé dans les ténèbres tend à s’éteindre, et je suis devenu conforme à ce que j’avais dit :
Les destins paraissent m’avoir oublié, au point que je me sens harassé comme une chamelle exténuée d’avoir longtemps voyagé dans le désert.
Et mes quatre-vingts ans ne m’ont laissé aucune force ; si je veux me lever la nuit pour prier, je suis comme brisé en morceaux.
J’accomplis ma prière en restant assis ; et me prosterner, lorsque je désire me mettre à genoux, m’est un supplice.
Cet état m’a averti que le temps du voyage suprême est proche, et que l’heure du départ est arrivée.
Affaibli par les années, j’étais devenu impuissant à servir les sultans ; je cessai de vivre sur le seuil de leurs palais, je séparai mes destinées de leurs destinées, je demandai à être relevé de mes fonctions, et je leur rendis les biens dont ils m’avaient gratifié. Je ne savais que trop combien l’abaissement produit par la caducité fait perdre les forces nécessaires pour remplir de lourdes tâches, et combien le vieillard (schaïkh) âgé est pour l’émir une marchandise hors de vente. Je me confinai dans ma maison, je fis de l’obscurité mon trait distinctif, je finis par trouver une vraie satisfaction dans mon isolement à l’étranger et dans ma retraite, loin de ma patrie et du sol natal. Ma répugnance finit par s’apaiser au point que je n’éprouvai plus aucune amertume. Je pris patience, comme le captif s’habitue à ses chaînes, comme le voyageur altéré supporte la violence de la soif, tant qu’il ne trouve pas à l’étancher.

Histoire Islamique - Page 6 Salahudi-al-ayyoubiL
e Sultan Salahudin al-Ayyoubi

Enfin, je fus mandé par une lettre missive de notre maître Al-Malik An-Nasir Salah ad-Dîn,[174] le sultan de l’islam et des musulmans, celui qui sert de trait d’union pour l’affirmation de la foi, qui frappe les adorateurs des croix, qui élève le drapeau de la justice et des bonnes œuvres, qui ressuscite l’autorité de l’émir des croyants,[175] Abou ‘l-Mouthaffar Yousouf, fils d’Ayyoub. Puisse Allah embellir l’islam et les musulmans en lui accordant longue vie, les fortifier par les épées et les conceptions acérées de notre maître, leur concéder la faveur de s’abriter à son ombre étendue, comme il leur a concédé la faveur de remplacer les sources impures par les abreuvoirs de sa générosité ! Puisse Allah faire pénétrer jusqu’aux extrémités de la terre sa haute puissance d’ordonner et de défendre, établir ses sabres tranchants comme des arbitres sur les cous de ses ennemis ! Car sa clémence a creusé des mines pour m’atteindre dans les contrées, alors que j’y vivais, séparé de lui par les montagnes et les plaines, dans un coin perdu de la terre, n’ayant plus ni fortune ni famille.
Tout à coup, il m’arracha à la morsure des malheurs, grâce à sa belle initiative, me transporta à sa noble cour par un effet de sa bienveillance large et abondante, répara ce que le temps avait brisé de ma personne, et, dans sa grandeur d’âme, remit en vogue le vieillard qui, hors lui, n’aurait pas trouvé preneur. Il répandit sur moi les faveurs les plus étonnantes, m’autorisa, dans sa générosité, à m’emparer, comme d’un butin, de ses dons les plus parfaits, au point que, grâce à sa libéralité débordante, il me récompensa de mes services antérieurs auprès d’autres princes. Il m’en tenait compte et y avait égard avec tant de sollicitude qu’il paraissait y avoir assisté, en avoir été témoin. Ses cadeaux prenaient le chemin de ma maison pendant mon sommeil, et affluaient vers moi, alors que j’étais accroupi, que je restais assis.
 
Maintenant, grâce à sa munificence, je suis de plus en plus comblé chaque jour de biens et d’honneurs ; grâce à la noblesse de ses intentions, il m’a mis, moi, le plus humble des serviteurs d’Allah, à l’abri des chances d’accidents. Sa grâce m’a rendu ce que m’avait arraché le temps par des chocs terribles ; il a versé sur moi ses largesses, après que sa règle et sa tradition m’eurent tant alloué que les cous les plus solides ne sauraient porter le plus léger de ses bienfaits ; et sa générosité n’a laissé subsister aucun de mes désirs, dont j’aie à souhaiter la satisfaction, que j’emploie mon temps à lui réclamer jour et nuit.
Sa miséricorde s’est étendue à tous les serviteurs d’Allah, ses bénédictions ont fait revivre les contrées. Il est le sultan qui a restauré la tradition des khalifes bien dirigés, qui a relevé la colonne de la dynastie et de la foi, la mer dont l’eau ne s’épuise point par le grand nombre de ceux qui s’y désaltèrent, le donateur prodigue, dont la libéralité ne s’arrête pas, malgré les rangs serrés des visiteurs. La nation n’a pas cessé de se sentir, par ses épées comme dans une forteresse imprenable, par sa générosité comme dans un printemps aux pluies bienfaisantes, par sa justice comme dans des rayons de lumière, qui dissipent les ténèbres des vexations et qui éloignent la main étendue de l’ennemi violent, par son autorité puissante comme sous des ombrages touffus, dans un bonheur ininterrompu, le bonheur nouveau suivant la trace du bonheur passé, tant que se succéderont la nuit et le jour, tant que tournera le globe céleste.  »
notes :
[161] Mou in ad-Din Anar.
[162] En 1137.
[163] Lecture douteuse, peut-être râbiyat Al-Karâfita.
[164] Peut-être convient-il de traduire : Ils entendirent tous deux battre la timbale du pont.
[165] L’atabek Zengui. Du 22 octobre 1134 au 10 octobre 1135.
[166] Salah ad-Din Mohammad, fils d’Ayyoub, Al-Yâguisiyâni.
[167] Le texte porte : yâ moûsâ « ô Moïse ».
[168] Mou’in ad-Din Anar.
[169] Mot douteux.
[170] Vers 1133.
[171] Vers 1135.
[172] Du 28 août 1139 au 16 août 1140.
[173] ‘Izz ad-Dîn Abou ‘l-‘Asâkir Soultân.
[174] Le grand Saladin, en 1174. Le texte porte la formule plus complète : Salah ad-dounyâ wa-‘d-dîn.
[175] L’émir des croyants est le khalife ‘Abbaside de Bagdad, Al-Moustadi’.
Titre : Ousâma ibn Mounkidh, un émir syrien au premier siècle des croisades (1095-1188) / par Hartwig Derenbourg,…
Auteur : Usāmaẗ ibn Munqiḏ̲ (1095-1188)
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Message  Arlitto Mar 03 Mai 2016, 16:06

Le califat des Omeyyades ( Damas et Cordoue)

Quelques Amsar, Villes, Medinat créées entre 650 et 950

Villes, Medinat, Amsar de fondation musulmane
Il existait trois types de villes au début de l’expansion de l’Islam (Rashidun et Omeyyade):


  • les ʾamṣār ;
  • les villes hellénistiques, romaines, wisigoth  et sassanide transformées ou détruites et reconstruites en « Madina » ;
  • les villes nouvelles.

ʾAmṣār est le pluriel de miṣr, qui signifie « ville de conquête ». Ces centres urbains, au nombre desquels on compte Fostat, Bassorah, Koufa et Kairouan, sont créés comme quartiers d’hiver et lieux de repli pour l’armée des conquérants musulmans. Ils suivent un schéma simple : la grande mosquée et dār al-ʾimārah, le palais, occupent le centre, et sont entourés de quartiers d’habitations.

Le Sham (Palestine, Syrie, Liban et Jordanie), l’Egypte et l’Afrique (Est-algérien, Tunisie (sans le sud), et Ouest-Libyen), était sous la domination de l’Empire byzantin jusqu’à la conquête, une région comme le Sham est déjà fortement urbanisé. C’est pourquoi moins de cités sont construites dans celle-ci, les nouveaux arrivants arabo-musulmans s’installant dans les villes déjà bâties, comme Damas, Alep, Homs, Lattaquié, Apamée ou encore Jérusalem. Une grande mosquée y est édifiée, soit à la place de l’église, comme à Damas et Jérusalem, soit sur un lieu laissé vide, comme à Alep. L’église peut aussi parfois être coupée en deux, une partie étant réservée au culte chrétien, l’autre au culte musulman. Il en est de même pour les terres de l’ancien empire Sassanide, hormis l’Irak.

D’autres villes sont créées, sans être pour autant des ʾamṣār, mais juste de nouveaux centres urbains. C’est par exemple le cas à Wasit, en Irak ou à Chiraz, en Iran, où il est impossible de distinguer actuellement des éléments omeyyades. Celle de Ramla ou Anjar, (Palestine et Liban) en ruines toutes deux.

Sous les Abbassides, deux villes sont mises en avant : Baghdad et Samarra, en Irak, et aussi des plus petites villes des provinces à travers l’empire.





Histoire Islamique - Page 6 Basra-rashidun
8) La Mosquée de Basra, en Iraq (638 JC) date du début des conquêtes islamique, et la ville fut un des premier camp Militaire arabe fondé en 638 par le général et compagnon du califat Rashidun Utbah ibn Ghazwan radi Allah anhu sur ordre du calife Rashidun Omar ibn al-Khattab (radiALLAH anhu).

Iraq, Basra 638 (Califat rashidun)
Bassora (ou Bassorah ou Basra, en arabe : al-Baṣra, البصرة) est la seconde ville d’Irak, après Bagdad, la capitale, avec une population estimée en 2008 à environ 2 300 000 habitants. C’est la capitale de la province d’Al-Basra. Principal port du pays, la ville est située sur le Chatt-el-Arab, estuaire commun des fleuves Tigre et Euphrate, à 55 km en amont du golfe Persique et à 550 km de Bagdad.

Bassora est, avec Koufa (située plus au nord), un ancien « misr » ( au pluriel « amsar » : ville-camp ), bâtie en 638 par Omar ibn Al-Khattab radi Allah anhu, le deuxième calife bien-guidé, lors de l’expansion musulmane .
Pole majeur de migration arabe en Mésopotamie.

Récit de la fondation de la ville de Basra par l’Imam at-Tabari : 
« Du temps du calife Omar Baçra n était pas une ville.  C’était une plaine pierreuse au bord du Tigre et une contrée couverte de pierres blanches telles qu il y en avait là est appelée par les Arabes :  Baçra.
A l’endroit où s’étend aujourd’hui la ville de ce nom il y avait au bord d’une petite rivière près d’Obolla sept villages gouvernés par un dihqàn dont l’autorité était reconnue par les habitants de Baçra d’Obolla et des riverains de l’Euphrate.
Toutes ces populations étaient soumises au roi de l’Omàn contrée qui d’après les Arabes fait partie de l’Indostan.

Or après la bataille de Qàdesiyya et la destruction de l’armée perse Omar craignant que le roi de Perse ne demandât du secours au roi d’Omàn et au roi de l’Indostan et que ceux ci ne le lui accordassent jugea à propos de faire occuper la contrée des embouchures du Tigre par un corps de troupes et d y faire construire une ville peuplée d Arabes afin d empêcher les Perses d’amener par cette voie des auxiliaires.

En conséquence il fit venir Otba fils de Ghazwân le Mâzinite qui était seigneur des Beni Màzin et qui avait été compagnon du Prophète et lui parla ainsi  : « Dieu a fait triompher l’islam par ma main et il a brisé les Perses.  Maintenant je veux faire garder la route entre l’Indostan et l’Omàn afin qu’il n arrive pas aux Perses des secours de ce côté . Il faut donc que tu y conduises ton corps de troupes et que tu y construises une ville dans laquelle vous puissiez être à votre aise toi et les soldats musulmans.  »

Otba se mit en route avec cent seize hommes et en traversant le désert il en réunit encore trois cents autres autour du drapeau qu’Omar lui avait remis.

Arrivé au lieu de sa destination il fut averti qu’il y avait dans les bourgs de cette contrée une nombreuse population et plusieurs dihqàns,  Otba fit partir un messager pour inviter ces dihqàns à se présenter devant lui.
Le messager parla ainsi aux dihqàns :  » Un homme accompagné d’une nombreuse armée est arrivé de l’Arabie.  Il vous fait inviter à venir le trouver. »

En recevant ce message l’un de ces dihqàns qui était très puissant partit avec quatre mille cavaliers . Voyant le petit nombre de musulmans qui étaient avec Otba il manifesta son étonnement et son mépris pour ce petit corps de troupes et dit  :  » Quel mal peut faire cette poignée d’hommes ?  Et qui est donc celui qui les commande pour oser m’appeler devant lui. ‘  Ensuite il chargea un corps de deux cents soldats d’aborder les musulmans de les enchaîner et de les lui amener Otba les voyant approcher leva son camp et les attaqua.

Le combat s étant engagé les musulmans tuèrent la plupart des ennemis puis ils s avancèrent jusqu à l’endroit où se trouvait le dihqân tombèrent à l’improviste sur son armée et tuèrent un nombre considérable d’hommes. Le dihqân fut fait prisonnier et amené devant Otba.

Il y avait en cet endroit une population d’Arabes de l’Omàn qui avait construit au bord de la rivière des habitations faites de paille et d’herbes sèches à la manière arabe. Invités par Otba à accepter sa religion ces hommes dont le nombre était considérable embrassèrent tous l’islam Otba les interrogea ensuite pour savoir où était le meilleur climat dans cette contrée.  Ils lui indiquèrent l’endroit couvert de pierres celui là même où il avait établi son camp,  Otba ayant requis leur aide fonda alors la ville de Baçra.

Sa’d fils d Abou Waqqàç avait construit près du Tigre la ville de Koufa la ville de Madàïn se trouvait ainsi située entre Koufa et Baçra mais plus près de cette dernière Otba adressa à Omar une lettre conçue en ces termes :  » Je me suis rendu à l’endroit que tu m as désigné et j’y ai construit la ville de Baçra. Je me trouve plus rapproché des Perses que la garnison de Koufa. Je fais journellement des courses contre eux et je leur ai inspiré une grande terreur.  Si j’avais à ma disposition une armée je m’emparerais de Madàïn . »





Histoire Islamique - Page 6 26_bigle-premier-palais-dar-al-imara-a-c3a9tc3a9-construit-en-635-ac-et-reconstruit-soit-ziyad-en-644-mais-abandonnc3a9-784-et-tomba-en-ruines-omeyyade-de-kufa
Le dar al-Imara de Kufa fut construit à la base par Utba ibn Ghazwan mais ils fut reconstruit par le wali Omeyyade ubayd Allah ibn Ziyad..Ruines du Dar al Imara de Kufa (Rashidun et Omeyyade),  Kufa ville fondé par Sa’d ibn Waqqas  par Ordre d’Omar ibn al-Khatab  radi Allah anhum en 639

Iraq, Kufa 639 (Califat Rashidun)
Kûfa (الكوفة [al-kūfa]) est une ville d’Irak, environ 170 km au sud de Bagdad, et à 10 km au Nord-est de Nadjaf. Elle est située sur les rives du fleuve Euphrate. La population en 2003 était estimée à 110 000 habitants. C’est la deuxième ville de la province de Nadjaf.

Sur une décision du calife `Omar  ibn al-Khatab radi Allah anhu, Koufa a été construite pour être un pôle d’immigration arabe dans le sud de la Mésopotamie, et de devenir la capitale. Les Arabes recherchaient un endroit où ils ne souffriraient pas de maladies. À l’emplacement de Koufa, il y avait une ville Sassanide qui faisait partie d’une province perse.

Les quartiers arabes de la ville ont été construits en 638, à peu près au même moment qu’à Bassora, quand les armées arabes combattaient les Sassanides. La ville fut construite en briques cuites. On commença par construire la mosquée au centre de la ville à 1,5 km de l’Euphrate. On creusa un réservoir d’eau prévu pour 20 000 habitants. La population de Koufa était formée d’immigrants arabes venant soit de la région de La Mecque, soit du sud de l’Arabie, Yémen et Hadramaout, certains d’entre eux étaient chrétiens ou juifs.

En 655, les habitants de Koufa soutiennent `Alî contre le calife `Uthman (Radi Allah anhum).

Lorsque `Alî est devenu calife, il a déplacé son quartier général à Koufa pendant qu’il se préparait à la bataille avec Mu`âwîya qui menait une révolte à partir de la Syrie. `Alî fit creuser un puits dans la ville (656).
`Alî a été tué à Koufa (661), et enterré dans la ville voisine de Nadjaf. Après l’accession de Mu`âwîya au califat, Koufa est devenue la base des partisans (chiites) d’`Alî et des kharijites. Plus tard ses habitants abritèrent son fils Husayn.

Vers 670, une digue fut construite pour protéger la ville des crues du fleuve.
En 685, Koufa fut le théâtre de la révolte Kharijite de al-Mukhtâr.
C’est de Koufa que partit la révolution abbasside qui allait renverser les Omeyyades (750).

récit de la Fondation de Kufa  par l’Imam at-Tabari : 
 « Omar répondit qu’elle devait conserver son campement actuel.
 Or les soldats tombèrent tous malades.  Alors Omar écrivit à Sa’d une lettre en ces termes :
»Il faut aux Arabes l’air d ‘une contrée dans laquelle se trouvent des chameaux des moutons et des pàturages voilà l’air qui leur convient.  Maintenant cherche à savoir des habitants du Sawàd où il ya des prairies et des moutons et établis ton camp à cet endroit » . Sa’d ayant parcouru toute la contrée trouva le climat de Koufa le plus convenable car l’air de Koufa est aussi sain que celui du désert et le pays n’était cultivé qu’en partie.
 En conséquence Sa’d y établit son camp. La mosquée du vendredi que l’on voit encore aujourd hui à Koufa fut construite alors Sa d jeta aussi les fondements de la ville . » 





Histoire Islamique - Page 6 CairoFustatBrickWall
Ruines de la Fustat fondé par amr ibn Al-As radi Allah anhu en 641 lors de la pris de l’Egypte

Egypte, Fostat 641 (Califat Rashidun)
Fostat (arabe : الفسطاط), aussi appelée Fustat, Al Fustat, Misr al-Fustat ou Fustat-Misr, fut la première capitale arabe de l’Égypte. La ville fut fondée par le général Amru ben al-As à la suite de la conquête de l’Égypte par les Arabes en 641.
Fostat était aux temps des dynasties omeyyades (661-750) et abbassides (750-1050) un camp fortifié.

La ville connut son apogée au xiie siècle avec une population d’environ 200 000 habitants.
La ville était le centre du pouvoir administratif de l’Égypte jusqu’en 1168, lorsqu’elle fut incendiée par son propre vizir, Shawar, qui voulait empêcher les croisés de piller ses richesses.
Ce qui subsistait de la ville fut alors incorporé au Caire voisin.

Entre le xiiie et le xve siècle, les mamelouks firent de l’endroit une simple décharge, bien qu’une population de quelques milliers d’habitants continuât d’y vivre par le commerce de poteries.
Amr établit un camp quasi permanent au nord de la forteresse de Babylone d’Egypte. Puis ‘Amr y fonde à la suite de la chute d’Alexandrie en 642 la nouvelle capitale de l’Égypte : Fostat. Le nom aurait pour origine le mot grec fossaton (fossé). À proximité de l’ancienne la forteresse de Babylone, sur la rive orientale du Nil, le site de Fustât permet de contrôler le delta tout en étant situé au point de passage le plus commode pour traverser le fleuve, à la jonction entre la Haute et Basse-Égypte. La ville nouvelle, qui se construit autour de la forteresse de Babylone, occupe environ de 600 à 800 hectares en forme un conglomérat assez lâche augrès des concessions tribales (khitta) qui forment les premiers quartiers (hâra). ‘Amr construit une modeste mosquée en brique, un bain public et une forteresse au centre de la ville où un port prend forme et avec lui des quartiers commerçants. Un pont de bateaux est jeté en direction de Gîza. L’un des objectifs de la conquête égyptienne étant de fournir en céréales l’Arabie, ‘Amr commence la construction d’un canal entre le Nil et la mer Rouge qui commence à la limite nord de sa fondation. La construction de ce canal fut abandonné un siècle plus tard sous le califat d’Al-Mansûr l’Abbasside. En 644’Amr est rappelé par le nouveau calife ‘Uthmân. Il laisse derrière lui une capitale organisée qui compte déjà une dizaine de milliers de combattants arabes dans un pays soumis mais encore entièrement chrétien.

Durant son premier siècle au sein du califat, Fustât se transforme en véritable ville et profite du déclin d’Alexandrie. Tandis que la forteresse de Babylone conserve, au cœur de la ville nouvelle, son autonomie politique et ethnique (elle est peuplée par les indigènes coptes), Fustât reçoit l’apport de nombreuses populations arabes et non arabes (militaires, ruraux, serviteurs, artisans) qui s’installent au nord de la ville. Fustât devient une ville cosmopolite (mêlant des populations arabes, grecs, coptes, juives…) et devient, autour de son port et de son chantier naval, le centre politique et économique de la nouvelle province et le siège d’une cour provinciale qui rayonne sous l’autorité d’un préfet nommé par le calife. Il s’entoure de poètes et se fait construire une résidence somptueuse (La Maison dorée). La mosquée de ‘Amr est régulièrement agrandie et sa surface décuple jusqu’en 711. L’urbanisation, assez simple lors de la fondation, se densifie et s’étend principalement vers l’est et le sud. Les rues sont étroites, irrégulières, rarement pavées et forment un maillage complexe et anarchique (on a retrouvé un carrefour de sept rues près de la mosquée Abû al-Su’ûd). La population de la ville dépasse les 100 000 habitants.





Histoire Islamique - Page 6 Djeddah-en-1938djedah-en-arabie-fondc3a9-par-uthman-ibn-affan-26-ah-647-ad
Djeddah en 1938, en Arabie Saoudite ville qui étais un simple petit port de pèche qui ensuite fut transformé par le calife rashidun Uthman ibn Affan radi Allah anhu en l’an 26 de l’hégire 647 JC, en grand port pour accueillir les pèlerins pour le Hajj.

Arabie-Saoudite, Jeddah 647 (Califat Rashidun)
Ibn Battuta, le voyageur berbère du Moyen Âge, visita Djedda durant son périple à travers le monde. Il écrivit le nom de la ville dans son journal de bord « Juddah »
Les excavations de la vieille ville d’Al Balad suggèrent que la tribu Yéménite des Banu Quda’a (بني قضاعة) fonda un village de pêcheurs (522 avant JC) après avoir quitté le Yémen central pour se rendre à La Mecque après la rupture du barrage de Marib au Yémen

Le troisième Calife Rashidun,  ‘Othmân ibn ‘Affân (radiAllah anhu) changea en 647 apr. J.-C. le port petit de pécheur en port d’accueil des pèlerins pour le Hajj.
Depuis lors, Djedda s’est imposée comme la plus grande ville de la province historique du Hijaz.
Il existe au moins deux explications à l’origine du nom de “Djedda” :


  • La première viendrait du nom du chef du clan Quda’a : Jeddah Ibn Helwaan Al-Qudaa’iy.
  • La seconde thèse, la plus commune, est que ce nom est dérivé de “Jaddah” c’est-à-dire « grand-mère » en arabe, le tombeau d’Ève, est situé à Djedda  (Jayussi, Salma; Manṣūr Ibrāhīm Ḥāzimī; ʻIzzat ibn ʻAbd al-Majīd Khaṭṭāb Beyond the Dunes I B Tauris & Co Ltd, p. 295.)





Histoire Islamique - Page 6 Hqdefault
Arabie Saoudite, Hafar Al-Batin, 644-656 (Califat Rashidun)

Hafar Al-Batin (ar:حفر الباطن) est une ville du nord de la province orientale d’ach-Charqiya en Arabie saoudite, située à 90 km de la frontière du Koweït et à environ 70 de celle de l’Irak. La ville est située dans la vallée de l’oued Al-Batin, faisant partie du Wadi Al-Rummah (en), qui relie Médine au golfe Persique. Le mot batn qui se trouve en tête de plusieurs dénominations locales en Arabie signifie un creux et se dit particulièrement du ventre. Le mot batn indique un lieu moins profond que le terme wadi

Histoire Islamique - Page 6 Hafar_Al-Batin_in_Winter_002
Le nom de Hafar Al-Batin (arabe : حفر الباطن) est dérivé de ce qui veut dire «le trou de la vallée d’Al-Batin ».

Au premier siècle de l’hégire, en 638 Jc , Hafar Al-Batin était juste une route dans le désert, traversée par les pèlerins musulmans, sans aucun approvisionnement possible en eau. Durant le règne du calife Uthman ibn Affan (644 AD – 656 JC), les plaintes des pèlerins ont été entendues par Abou Moussa al-Asha’ari, un compagnon du prophète Muhammad (paix et bénédiction d’Allah sur lui) : on a creusé de nouveaux puits le long de cette route dans la vallée d’Al-Batin.




Histoire Islamique - Page 6 Ruines-de-la-citc3a9-musulmane-dayla-aqaba-en-jordanie-construite-en-650
Ruines de la cité musulmane d’Ayla (Aqaba en Jordanie), construite en 650 JC par le calife Rashidun Uthman ibn Affan radi Allah anhu
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Message  Arlitto Mar 03 Mai 2016, 16:07

Jordanie, Ayla 650 (Califat Rashidun)

Ayla (arabe : آيلة) est une ancienne cité musulmane qui fut établie sur le site de l’actuelle Aqaba en Jordanie. Elle fut l’une des premières ville islamique fondée en dehors de la péninsule d’Arabie. Ses ruines se trouvent au nord-ouest de l’actuel centre de la ville.

La cité fut initiée vers l’année 650 par le calife Othman Ben Afan. La ville a prospéré de 661 à 750 sous les Omeyyades puis au-delà sous les Abbassides (750-970) puis les Fatimides (970-1116). La ville a décliné vers la fin du xiie siècle suite à des tremblements de terre, et les attaques de Bédouins et de Croisés. Baudouin Ier de Jérusalem prend la ville en 1116 sans grande résistance.

Ayla profita de sa position-clef en tant qu’étape importante sur la route vers l’Inde et des épices arabes (encens, myrrhe), entre la mer Méditerranée et la péninsule Arabique. La ville est par ailleurs évoquée dans plusieurs récits des Mille et Une Nuits.




Histoire Islamique - Page 6 Kairouan
Vue aérienne de la ville et mosquée omeyyade de Kairouan fondé par le compagnon Okba ibn Nafi al-Fihri en 670

Tunisie, Kairouan 670 (Les Omeyyades)
C’est vers 670 que les Arabes musulmans, sous la conduite de Oqba Ibn Nafi Al Fihri, fondent la ville dans le but d’en faire un point d’appui dans leur campagne de conquête de l’Afrique du Nord.  Elle serrai situé a 12 km de la ville d’Al-Qarn fondé par Muawiya ibn Hudayj al-Kindi en 654-5 dont l’emplacement est pas vraiment localisé.  Pour résumer :

1) Al-Qarn daterait de l’an 665 J.-C, lorsque le dirigeant Mu’awiya ibn Hudaij (665-666) campe à al-Qarn situé 10 km au nord de l’actuelle Kairouan, le site est placé dans les montagnes d’al-Bâten.
2) La seconde tentative est attribuée à ‘Uqba (666-674), qui érigea en 670 Kairouan. Il bâtit, la mosquée, le palais de l’émir et les maisons.
-3) En 675 ‘Uqba est destitué, Abû al-Muhâjir Dinâr, est nommé. Il démolit Kairouan et s’installe à quatre milles au nord de la ville, peut-être dans la région actuelle de Drâa al-Tammâr. Il baptisa sa nouvelle cité : Tikrawân.
4) En 681, ‘Uqba ( 681-683) est reconduit dans ses fonctions, il réinstalle son camp de nouveau à Kairouan.

Al-Nuwayri reviens sur la fondation de al-Qarn :  » Muawiya Ibn Khodeidj  al-Kindi (665-666) campa au pied d’une colline située à dix parasanges à l’occident de Kamounia (al-Mâlikî relate l’existence d’une forteresse byzantine nommée Qamûniya à l’intérieur même de Kairouan) .Il y essuya un tel temps de pluie qu’il disait : Notre montagne est la bien arrosée ; et ce nom est resté à la montagne jusqu’à ce jour. Il dit ensuite : Marchons à ce pic de montagne (karn) ; et ce lieu fut appelé Karn dans la suite.  (..) « Chaque matin il livrait combat aux habitants, mais, aussitôt passé midi,[29] il se retirait dans son camp à Karn. »

Al-Nuwayri reviens sur la fondation de al-Qayrawan « Quand Okba et les musulmans se furent accordés sur la nécessité de fonder la ville de Kairewan, il les mena à l’emplacement qu’elle devait occuper, et qui était alors couvert d’un fourré impénétrable. »

Selon Ibn Khallikan, Kairouan fut ainsi nommé parce qu’une caravane, kirwân, avait fait halte sur le lieu où la ville fut bâtie plus tard.— Voyez l’édition fr d’Ibn Khallikan, t. I, p. 19 du texte arabe, et t. I, p. 35 de la traduction.
Al-Nuwayri reviens sur la fondation de Tikarwan par Abu Mhajir Dinar (674-681) « Ceci eut lieu en l’an 55 (675 de J. C). Le nouveau gouverneur se rendit à sa destination ; mais, ayant de la répugnance à se fixer dans la ville fondée par Okba, il alla camper à deux milles de là, et y traça les fondations d’une autre ville, afin de perpétuer le souvenir de son nom et de rendre inutile l’ouvrage de son prédécesseur. Cette nouvelle ville fut nommée par les Berbers Bi-Geirewan. Quand la construction en fut commencée, il ordonna qu’on détruisît la ville d’Okba, et celui-ci en fut tellement indigné, qu’il se rendit auprès du khalife Moawia, et lui adressa ces paroles : C’est pour toi que j’avais attaqué et subjugué cette province ; j’y ai bâti des mosquées, établi des lieux de halte (pour les voyageurs), et donné au peuple (musulman) des domiciles fixes ; et tu viens d’y envoyer un esclave des Ansars[38] qui m’a remplacé en m’insultant ! « Destruction de Tikarwan et retour a Kairouan par al-Nuwayri : « son arrivée (Okba ibn nafi) il mit Abou’l-Mohadjir aux fers, ordonna la destruction de la ville que celui-ci avait commencée, et ramena le peuple à Kairewan. »

L’emplacement choisi pour la fondation de Kairouan, à l’intérieur des terres, semble particulièrement inhospitalier mais se situe suffisamment loin de la côte pour éviter les assauts de la flotte byzantine contrôlant alors la mer Méditerranée. Il fait aussi face aux montagnes qui sont le refuge des Berbères. De plus, les conquérants de la première génération ne tiennent compte que des lieux propres à la nourriture de leurs montures. Kairouan possède alors une double fonction militaire et religieuse, assurant à la fois la guerre sainte et la défense des terres nouvellement conquises.

Selon Ibn al-Athir : « En 55 (5 décembre 674), toutes les constructions (de la ville de Kairouan) étaient achevées et habitées, sans que, pendant le cours de la construction, on cessât de faire des expéditions et de recueillir du butin. »
Selon Hicham Djait « Les rues (de Kairouan) convergeaient vers des places appelées Rahba, telles celles des Qurayshites et des Ansâr. Un peu partout, disséminés à l’intérieur de la ville, se trouvaient des marchés et des mosquées de quartier. Les sources nous citent le souk des Banû Hâshim, celui d’al-Ahad, le souk des Juifs, de Dâr al- Imâra et le souk al-dharb. Les mosquées de quartier sont soit des mosquées de clan, soit des mosquées privées prolongeant la demeure (dâr) de tel ou tel personnage. Les chroniqueurs en comptent sept de ce dernier type, datant du Ier siècle : mosquée des Ansâr, mosquée de la Zitûna fondée par Ismâ’il ibn {Obayd al-Ansârî surnommé le « commerçant de Dieu » pour ses actions pieuses (93 H.), mosquée de Abu Maysara, mosquée de Abu cAbd-ar-Rahmân al-Hablî dans le quartier de Azhar (100 H.), la mosquée de Hanash as-Saneânî (à Bâb al-Rîh ou porte du Vent) , celle de ‘ АИ ibn Riyâh al-Lakhmî, mosquée du Samedi. »
source: Djait Hichem. L’Afrique arabe au VIIIe siècle (86-184 H./705-800). In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 28e année, N. 3, 1973. pp. 601-621





Histoire Islamique - Page 6 The-friday-mosque-of-shiraz-also-known-as-the-masjid-i-atiq-was-first-built-in-875-during-the-reign-of-saffarid-ruler-amr-b-al-layth-878-900
La mosquée du vendredi de Shiraz en Iran, appelé aussi al-masjid i Atiq, fut construite en 875 par l’émir de la dynastie iranienne des Saffarides Yaqub ibn al-Layth (861-879) et fini lors du règne de Amr ibn al-Layth (879-901)

Iran, Shiraz, 684 (Les Omeyyades)

Shiraz ou Chiraz (en persan : شیراز) est une ville du sud-ouest de l’Iran. C’est la capitale de la province du Fars.
 La ville musulmane de Shiraz (Fars, Iran) fut fondée en 684 sous les Omeyyades sur le site d’une antique cité « Pishdadhide » ( dans région de Persepolis) conquise par les armées du califat Rashidun en 641, elle servie au arabes lors du siège d’Istakhr capitale sassanide de la province du Fars., elle est devenu capitale Omeyyade du Fars en  693 (Ian Richard Netton – 2013 Encyclopedia of Islamic Civilization and Religion p.597-9)
Description de Shiraz en Iran et sa fondation Omeyyade  par Abu al-Feda  :

« Shîràz dit Ibn Hauqal est une ville moderne qu’ont fondée les Musulmans. Elle a été construite ou plutôt rebâtie par Mohammad ibn al Qâsim ibn Abi Aqîl cousin de Haddjâdj ibn Yoûsof ath Thaqafï. Schîrâz continue t il a été ainsi nommée par comparaison avec le ventre du lion qui engloutit tout. En effet toutes les denrées des environs sont apportées à Schiràz et rien n’est exporté de cette ville en aucun autre endroit. C’est à Shîrâz que se trouve le tombeau du fameux grammairien Sîbawaïhi. Shîrâz dit l’auteur de l’Azizi est une grande et spacieuse ville où les maisons sont larges luxueuses et abondamment pourvues d’eau. Ses habitants boivent l’eau de sources dont les ruisseaux parcourent la ville et pénètrent dans les maisons. Il n’est guère de maison à Shîrâz qui n’ait un beau verger et des eaux courantes. Les marchés de Shirâz sont en bon état et importants » (p.97, Géographie d’Abulfeda)

Shiraz aurait été un simple campement musulman jusqu’à ce qu’un cousin, du célèbre Hajjaj ibn. Yusuf At-Taqafi l’aurai développé en une ville en 693 (Eṣṭaḵri, pp 124-25;. Ebn Hawqal, p 279;. Ḥodudal-Alam, éd Sotuda, p 130, tr Minorsky, p 126;…. Schwartz,l’Iran II, pp . 43-44;. Le Strange, Lands, pp 249-50)

Histoire Islamique - Page 6 800px-Sibuye1
Le tombeau de Sibawayhi (760-796) , plus vieux monument de Shiraz

Pendant 2 siècles, la ville fut la résidence des gouverneurs arabes du Fars. Le seul monument de cette période arabe est le tombeau du grammairien de langue arabe,  d’origine persane Abū Bishr ibn Amr ibn’Uthmān Qanbar Al-Basri  ( dit al-Sibawayhi; 760- 796) dans le quartier Bāheliya (IranicaEncyclopedia) .





Histoire Islamique - Page 6 Tunis01
Vue sur la médina de Tunis, ville fondé par le général Ghassanide Omeyyade Hassan ibn Numan al-Ghassani (puisse Allah lui faire miséricorde) lors de la chute de Carthage en 698

Tunisie, Tunis 698 (Les Omeyyades)
Fondée en 698 par les Omeyyades autour du noyau initial de la mosquée Zitouna, elle développe son tissu urbain tout au long du Moyen Âge, vers le nord et vers le sud, se divisant ainsi en une médina principale et en deux faubourgs au nord (Bab Souika) et au sud (Bab El Jazira).

Devenue capitale d’un puissant royaume à l’époque hafside, foyer religieux et intellectuel et grand centre économique ouvert sur le Proche-Orient, le Maghreb, l’Afrique et l’Europe, elle se dote de nombreux monuments où se mêlent les styles de l’Ifriqiya aux influences andalouses et orientales mais qui empruntent également certaines de leurs colonnes ou leurs chapiteaux aux monuments romains ou byzantins.





Histoire Islamique - Page 6 Rustam-Kavadh1
Ruines de Rustam-Gavadh (ville sassanide) détruite par les Arabes sur le site de Askar Makram

Iran, Askar Mukram, 690-700 (Les Omeyyades) 
Askar Mukram.(«le Camp de Mukram»), anciennement, ville bâtie sur le site d’un camp dressé par un chef arabe, nommé Mukram, qu’al-Ḥaj̲j̲āj̲ ibn Yusuf émir Omeyyade d’Irak (661-714) avait envoyé au Ḵh̲ūzistān pour y réprimer une révolte qui avait éclaté près d’al-Ahwāz.

Ce camp ou ce cantonnement se trouvait à côté des ruines de Rustam Ḳawād̲h̲ (déformé par les Arabes en Rustaḳubād̲h̲), ville sāsānide que les Arabes musulmans avaient détruite. ʿAskar Mukram était située sur les deux rives du canal Masruḳān (moderne Āb i-Gargar) Par contre  sa fondation est attribuée selon al-Baladhuri à Mohammad ibn Moṭarref (al-Bāhelī?)  ordonner par le général Moussab ibn Zobayr lors de la répression de la révolte d’Ibn Zubayr, vers 690, et selon Yakut elle le fut par Mohammad Haret al-ibn Muza, général d’Al-Hajjaj ibn Yussuf gouverneur d’Irak.
Enfin selon Ibn Khalikan, elle fut fondé par Mokram al-Bahili.

source : al-Baladhuri  al-Futuh Buldan,  p. 383. Streck, M.; Lockhart, L. »ʿAskar Mukram. » Encyclopédie de l’Islam. Brill Online, et Ibn Khallikan dictionnaire biographique p383





Histoire Islamique - Page 6 Lancienne-ville-de-wasit-fondc3a9-par-hajjal-ibn-yussuf-omeyyade
Ruines de la ville Omeyyade d’al-Wasit en Irak fondé par le général al-hajjaj ibn Yusuf al-Taqafy en 702

Iraq, al-Wasit, 702 (Les Omeyyades) 
La ville de Wâsit a été fondée  par le général Omeyyade Al-Hajjaj ibn Yusuf at-Taqafi en 702 pour être sa résidence lui permettant de contrôler la frontière avec la Perse.
Elle a été nommée Wasit par son fondateur Al-Hajjaj ibn Yusuf at-Taqafi car elle est à mi-chemin de Bassora et Bagdad sur la rive gauche du Tigre.

Elle était destinée à être un centre administratif pour l’Irak. La circonférence de la ville ancienne est de 16 km. Elle a été abandonnée au xviie siècle3 après un changement dans le tracé du lit du Tigre.
La plus grande partie des bâtiments de Wâsit sont en briques. Des fouilles ont été effectuées entre 1936 et 1942 et reprises seulement en 1985. La grande mosquée laisse entrevoir quatre couches successives de constructions du xive au viiie siècle4. On a retrouvé une partie du palais de l’émir contre la mosquée du côté de la qibla. Un bâtiment nommé le « minaret » a été dégagé avec un mausolée et une école datant d’avant le xive siècle.





Histoire Islamique - Page 6 Anjar_-_Cardo_vu_du_nord_2
La ville de Anjar fondé par le calife Omeyyade al-Walid Ibn Abd Al-Malik (705-715), Liban

Liban, al-Anjar 705-715  (Les Omeyyades)
`Anjar est l’unique site du Liban datant de l’époque omeyyade. `Anjar n’a été découverte par les archéologues qu’à la fin des années 1940.`Anjar diffère des autres sites archéologiques du Liban qui peuvent parfois se prévaloir d’une histoire ininterrompue depuis leur fondation à nos jours. `Anjar paraît n’avoir vécu que quelques décennies au début du VIIe siècle de notre ère. `Anjar conserve toutefois son mystère : est-elle construite sur l’emplacement de la ville antique Chalcis ?
De plan rectangulaire, sur le modèle de la ville ou du camp romain sur un rectangle de 370 m sur 310 m. La ville est entourée d’un mur de sept mètres de hauteur et de deux mètres d’épaisseur, cantonné de trente-six tours et de quatre tours d’angle circulaires. Cette enceinte est construite de pierres calcaires formant les parements intérieur et extérieur, comblés d’un remplissage de pierres brutes, de cailloux et de mortier.

Les deux voies principales, ornées de colonnades, se coupent sous un tétrapyle comme à Palmyre ou à Apamée. La ville a toutes les apparences d’une ville romaine et cela bien qu’elle soit l’œuvre du calife Omeyyade Al-Walid Ier. Le mystère de cette cité est qu’elle n’a vécu que quelques décennies. Les archéologues ont réussi à redonner vie à cette belle résidence dans les années 1950.
En 744, le calife Omeyyade Ibrahim, fils de Walid, fut défait et dès lors la ville partiellement détruite fut abandonnée.





Histoire Islamique - Page 6 Al_Yazirat_recreaci%C3%B3n_01
Reconstitution d’al-Jazira al-Khadra au 14eme siècle Espagne.

Espagne, Al-Jazira al-Khadra 711 (Les Omeyyades) 
Al-Jazira al-Khadra a été fondée par les Omeyyades en 711 sur les ruines de l’ancienne ville romaine de Iulia Traducta . Les Omeyyades après avoir atterri à Gibraltar et fini sur une petite île à l’ouest de la baie d’Algésiras, ils ont établi une base provisoire.

Ils ont du la quitté pour faire face aux troupes wisigothiques de roi Roderik, sur l’île il ne restais donc qu’ un petit détachement avec la femme de Tarik ibn Ziyad, Umm Hakim, Tarik nomma l’endroit Jazirat Umm Hakim, ou l’île de Umm Hakim. Après la bataille de Guadalete les troupes arabes ont poursuivi la conquête de la péninsule et la petite base temporaire sur l’île a déménagé ver la côte, là une vraie ville appelée Al-Jazira Al-Khadra (الجزيرة الخضراء) fut créé.
La médina est construite rapidement une mosquée et un palais; et un port qui a servi de tête de pont dans l’arrivée des nouvelles troupes omeyyades stationné en Ifriqiya et à Ceuta, il y avais un mur avec des tours qui encerclais le vieux bourg, qui a du être reconstruit entre 852 et 886 JC pour éviter les attaques des Vikings comme celle de 859 ou 62 navires au large de la ville, ont attaqué et détruit la mosquée fondé en 711 (donc aucun vestige).
Comme on le sait dans le Vieux Village, il y avait au moins deux mosquées, la Grande Mosquée et la Mosquée à au  bannières, une citadelle fortifiée et un chantier naval ou arsenal.

Selon les sources médiévales la mosquée Al-Jama d’Algésiras à été construit par Abd ar-Rahman I l’Omeyyade lors de son arrivée en Andalousie après la révolution Abbasside (756) et l’architecte étais Abd-Allah ibn Khalid.





Histoire Islamique - Page 6 Ramleh
Ramla, Palestine occupée par Israel

Palestine, Ramla 716 (Les Omeyyades) 
Selon le géographe arabe 9ème siècle Ya’qubi, ar-Ramleh (Ramla) a été fondée en 716 par le gouverneur du district Filastin (Jund Filastin), Sulayman ibn Abd al-Malik, le frère et successeur de calife Walid Ier. Son nom est dérivé du mot arabe Raml (رمل), ce qui signifie sable. Les premiers habitants sont venus de proximité Ludd (Lydda, Lod). Ramla a prospéré comme la capitale de Jund Filastin, qui était l’un des cinq districts de la province ash-Sham (Syrie) duomeyyade et abbasside empire.
Selon le géographe arabe du 9ème siècle al-Ya’qubi , ar-Ramleh (Ramla) a été fondée en 716 par le calife Omeyyade Sulayman ibn Abd al-Malik , et son nom est dérivé du mot arabe Raml (رمل) – ce qui signifie sable. Les premiers habitants sont venus proximité de Ludd (Lydda, Lod ). Ramla a prospéré comme capitale du Jund Filastin , qui était l’un des cinq districts de la province de bilad al-Sham (Syrie) des Empires Omeyyade et Abbasside . Au 8ème siècle, les Omeyyades ont construit la Mosquée blanche . Ramla étais la principale ville et capitale du district jusqu’à l’arrivée des Croisés au 11ème siècle. La Mosquée Blanche de Ramla a été salué comme la plus belle du pays, en dehors de Jérusalem. Les vestiges de cette mosquée, flanqué d’un minaret ajoutée à une date ultérieure, sont encore visibles aujourd’hui. Dans la cour sont des citernes d’eau souterraines de cette période.





Histoire Islamique - Page 6 Qala-ayyoub-al-andalus-du-9e-sic3a8cle-omeyyade-de-cordoue-a-catalyad-de-nos-jours
Al-Qalat Ayyoub de nos jours Calatayud  une commune espagnole de la province de Saragosse

Espagne, al-Qalat-Ayyoub, Calatayud , 716 (Les Omeyyades)
Le fondateur de Calatayud est Ayyŭb ibn Habib al-Lakhmi en 716 voici le récit de sa fondation :
« An 96 de l’hégire 715 de J C. Afin d’empêcher que la mort d’Abdel Aziz al-Lakhmi, n’entraînât l’Espagne dans l’anarchie les généraux et les autres principaux Musulmans élurent pour wali ou gouverneur Ayoub cousin germain de cet émir et fils d’une sœur de Mousa ibn Nusayr. Ayoub par ses talents supérieurs non moins que par sa naissance avait la plus grande influence dans les affaires. Il transféra le siège du gouvernement de Séville à Cordoue afin d’être plus au centre pour surveiller les provinces du Nord qu’il voulait visiter. Il vint en effet à Tolède puis à Saragosse écoutant les plaintes et redressant les torts. Il fit relever plusieurs villes et places fortes ruinées entre autres celle qui porte encore son nom Calatayud par corruption de Calât Ayoub forteresse d’Ayoub . Il visita les places frontières vers les Pyrénées Orientales et pourvut à leur sûreté. Il gouvernait l’Espagne depuis près de deux ans 3 avec autant de prudence que d’intégrité lors que Yezid ben Abon Moslema wali d’Afrique chargé en cas de vacance de pourvoir au gouvernement de l’Espagne à cause de la distance qui la séparait de Damas connaissant la haine du khalife contre les parents de Mousa ibn Nusayr et ayant découvert qu’Ayoub appartenait à cette famille annula son élection et le remplaça par Al Hurr Ibn Abd al-Rahman al-Taqhafy ( 716 et 719) » (source : « L’art de vérifier les dates.. ».éd. in-8°, t. n, p. 311 )

Al-Qalat Ayyoub s’étend au pied d’un dispositif défensif arabe Omeyyade datant du 8 et 9e siècle. Il s’y concentre les vestiges de cinq châteaux : celui de Ayyub à l’image (716 jc) , de la Torre Mocha, de la Reloj, de la Peña et celui de la Doña Martina. Les deux premiers sont les plus hauts.
Le dernier est le plus ancien. La muraille de quatre kilomètres qui unit l’ensemble est en partie conservée. Calatayud (en arabe,قلعة أيوب, qala`at ‘ayyûb : forteresse d’Ayyoub)





Histoire Islamique - Page 6 Exc2005_g53
Site archéologique de Madinat Ilbira

Espagne, Madinat Ilbira (718-60 jc) (Les Omeyyades) 
Madinat Ilbira (718 jc) en Espagne (al-andalus) aurait été construite en 718 par le tabi3i Hanas ibn Abd Allah al-San’ani mais ce fut Abd al-Rahman (756-788) qui lui donnera sa forme finale.
Selon « Studia Islamica », 109 (2014/1), pp. 62-116, et « Toponimia, Historia y Arqueología del Reino de Granada » de l’Université de Grenade, et les sources comme le géographe arabe al-Himyari ce fut «‘Abd al-Raḥmān ibn . Mu’āwiyya ad-Dakhil (756-788) qui  fonda Madīnat Ilbīra,  al-Ḥimyarī, signalât la construction de sa grande mosquée par Ad-Dakhil, elle périclita suite aux crises internes lors de la 1er fitna Omeyyade de  Cordoue  (vers la fin du 9e siècle) et son abandon en 1013 au profit de la construction de la ville de Gharnata (Grenade). De même, selon toujours l’université de Grenade : « certains aspects urbanistiques et concernant la composition ethnique et sociale de la ville sont retracés. A travers les statistiques élaborées à partir des données des savants, nous avons de même essayé rendre compte de la relation entre le nombre de savants et l’évolution de la ville. Compte tenu de ces données, Ilbīra aurait vécu ses années d’or entre 850 et 950. » 





Histoire Islamique - Page 6 CairoFustatLandscape
Il ne reste que des ruines, d’al-Askari

Egypte, Al-Askar, 750-1  (Les Abbassides)
La ville d’al-Askar  est une ville (résidence, camp militaire etc) qui a été fondée par Saleh ibn Ali émir des Abbassides en Egypte dans l’année (133 AH – 750 m) au nord de Fostat et elle fut fini en 135 h (752)
Salih ibn Ali ibn Abdallah ibn al-Abbas (711-769 CE) a été nommé comme le premier gouverneur abbasside de l’Egypte le 9 Août 750. Il a gardé le poste pendant moins d’un an, avant d’être nommé gouverneur du Jund Filastin (Palestine) en Mars 751. À ce titre, il a envoyé Sa’id ibn Abdallah dans la première expédition de pillage de l’ère abbasside contre l’anatolie byzantine.

En 136 de l’hégire, le calife Abbasside  Abu al-Abbàs as-Safah nommait son oncle Sàlih ibn ‘Alï gouverneur d’Egypte, de Palestine et d’Ifrîqiya et une armée était rassemblée à Fustàt pour envahir le Maghreb et y imposer l’étendard abbasside sur les Khawarij.

Le 8 Octobre 753 il a été nommé à nouveau en tant que gouverneur de l’Egypte, un poste qu’il a occupé jusqu’au 21 Février 755.  À la mort du calife al-Saffah – le neveu de Saleh – en 754, le frère de Salih du nom d’Abdallah a lancé une révolte en Syrie contre le nouveau calife al-Mansour, affirmant avoir été nommé par al-Saffah avant de mourir comme son successeur.  Il refusera de suivre son frère.
Malgré la rébellion d’Abdallah,  Salih et sa famille été établis comme des potentats abbassides avec en Syrie, une position de force qu’ils détenaient pour le prochain demi-siècle, comme les fils de Saleh  :al-Fadl, Ibrahim et Abd al-Malik chacun reçu les gouvernorats de Syrie et d’Egypte . 

. Son nom complet était مدينة العسكري Madinatu l-Askari « Ville de (Cantonnements) militaire» ou «Ville de (Sections) militaire »
Al-‘Askar devient le centre administratif et militaire de la province jusqu’à l’arrivée des Toulounides avec le préfet Ahmad ibn Tûlûn.
Celui-ci, nommé préfet en 868 profita des difficultés du califat abbasside pour créer un État autonome sous suzeraineté abbasside.
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