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Histoire Islamique

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Histoire Islamique - Page 9 Empty Histoire Islamique

Message  Arlitto Lun 02 Mai 2016, 17:54

Rappel du premier message :

Histoire Islamique

L’occupation de Tripoli par les croisés par Ibn abi Tayyî, dans  » Ibn al-Furât » :


Histoire Islamique - Page 9 Icon_reimg_zoom_inHistoire Islamique - Page 9 Premierecroisade4

Scène de bataille lors de la première croisade source : BNF

« Il y avait à Tripoli un palais de la Science qui n’avait en aucun pays son pareil en richesse, beauté ou valeur. Mon père m’a raconté qu’un shaykh de Tripoli lui avait dit avoir été avec Frakhr al-Mulk b. ‘Ammar lorsque celui- ci se trouvait à Shayzar, et que venait de lui parvenir la nouvelle de la prise de Tripoli. Il s’évanouit, puis revint à lui en pleurant à chaudes larmes. « Rien ne m’afflige, dit-il, comme la perte du palais de la science. Il y avait là trois millions (?) de livres, tous de théologie, de science coranique, de hadîth, d’adab et, entre autre, cinquante mille Corans et vingt mille commentaires du Livre de Dieu Tout-Puissant ». Mon père ajoutait que ce palais de la Science était une des merveilles du monde. Les Banu ‘Ammâr y avaient consacré d’énormes richesses; il s’y trouvaient cent quatre-vingts copistes appointés dont trente y demeuraient nuit et jour. Les Banu ‘Ammâr avaient dans tous les pays des agents qui leur achetaient des livres de choix. A vrai dire, de leur temps, Tripoli entière était palais de la Science, les grands esprits de tous pays s’y rendaient, toutes les sciences étaient cultivées auprès de ces princes, et c’est pourquoi l’on y venait, en particulier les adeptes de la science immamienne, qu’ils aimaient et dont ils étaient les adhérents. Lorsque les Francs entrèrent à Tripoli et conquièrent la ville, ils brûlèrent le palais de la Science, parce qu’un de leurs prêtres maudits, ayant vu ces livres, en avait été terrifié. Il s’était trouvé tomber sur le Trésor des Corans, il étendit la main vers un volume, c’était un Coran, vers un autre, encore un Coran, vers un troisième, encore de même, et il en vit vingt à la suite. «  Il n’y a que des Corans des musulmans dans cette maison ». dit-il, et ils la brûlèrent. On arracha cependant quelques livres, qui passèrent en pays des musulmans.

Ils détruisirent aussi toutes les mosquées, et furent sur le point de massacrer tous les habitants musulmans. Mais un chrétien leur dit : « Ce n’est pas sage, c’est une grande ville: où prendrez-vous les gens pour l’habiter ? Ce qu’il faut, c’est leur imposer une capitation, après avoir confisqué leurs biens, et les obliger à habiter à la ville, sans leur permettre d’en sortir, de façon qu’ils soient comme prisonniers et que leur séjour vous soit profitable ». Ils (…) après en avoir massacré vingt mille.

Quant au gouverneur et à quelques troupes, ils se réfugièrent au palais de l’émirat, et s’y défendirent quelques jours; puis ils demandèrent l’aman et l’obtinrent; ils furent expulsés de la ville, et allèrent à Damas. Puis les Francs prirent les notables et les chrétiens qui avaient avoué être riches, et les frappèrent et les torturèrent jusqu’à ce qu’ils livrassent leur fortune; beaucoup moururent sous la torture. La ville fut partagée entre les Francs en trois parts, l’une pour les Génois, les deux autres pour Baudouin, roi des Francs à Jérusalem, et pour Saint-Gilles le maudit.

Histoire Islamique - Page 9 Combat_premiere_croisade
combat lors dela 1ere croisades : sources BNF

La prise de Tripoli, et les épreuves de sa population consternèrent tout le monde. On s’assembla dans les mosquées pour le deuil des morts; tout le monde prit peur et se persuada de l’avantage d’une émigration; et un grand nombre de musulmans partirent pour l’Iraq et la Djéziré. Dieu sait mieux (…). L’on apprit que la flotte égyptienne était arrivée à Tyr huit jours après la chute de Tripoli, par l’arrêt du sort. Jamais une flotte semblable n’était sortie d’Egypte, et elle contenait des renforts, des vivres, de l’argent, de quoi ravitailler Tripoli pour un an. Lorsque le commandant de la flotte eut apprit la chute de Tripoli, il répartit les provisions et l’argent apporté entre Tyr, Saïda, Beyrouth et les autres places fortes musulmanes, et ramena la flotte en Egypte.

Fakir al-Mulk b.’Ammâr, le seigneur de Tripoli, lors de la prise de la ville, se trouvait chez l’émir Ibn Munqidh, qui lui offrait l’hospitalité. Il se rendit à Djabala et s’y fixa après y avoir fait apporter des provisions et des armes. Tancrède vint l’attaquer et lui livra de durs combats. Le cadi Fakhr al-Mulk appela au secours les princes des environs, leur faisant craindre la perfidie des Francs, et que , s’ils occupaient cette place, ils en gagnassent une autre, et que leur puissance s’accrût peut-être assez pour leur permettre de s’emparer de toute la Syrie et en expulser les musulmans. La lettre était longue, elle fit saigner les coeurs et pleurer les yeux, mais nul ne lui répondit (…). »

L’occupation de Tripoli par les Francs (Ibn abi Tayyî, dans Ibn al-Furât). Orient et Occident au temps des Croisades » de Claude Gahen, « Collection historique » dirigée par Maurice Agulhon et Paul Lemerle, éditions Aubier Montaigne, Paris, 1992, rubrique Documents, pages 219 à 223
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Histoire Islamique - Page 9 Empty Re: Histoire Islamique

Message  Arlitto Mar 03 Mai 2016, 17:32

Abd-er-Rahman, fils de Moawiah, fils de Hicham, fils d’Abd-el-Melik, fils de Merwan, était parti pour l’Espagne en 139.
Il y régna trente-trois ans et quatre mois ; puis il mourut et laissa le trône à son fils Hicham, fils d’Abd-er-Rahman, qui l’occupa pendant sept ans. Son fils el-Hakem, fils de Hicham, lui succéda et tint les rênes du gouvernement pendant environ vingt ans.
L’un de ses descendants, Abd-er-Rahman, fils de Mohammed, règne aujourd’hui, ainsi que nous l’avons dit plus haut.
L’héritier présomptif de la couronne est son fils el-Hakem, le plus sage et le plus équitable de tous les hommes.
Ce même Abd-er-Rahman, qui règne en Espagne, fit de nos jours, en 327, une expédition contre les infidèles. A la tête d’une armée de plus de cent mille soldats, il alla mettre le siège devant Zamora, capitale de la Galice.

Histoire Islamique - Page 9 Schc3a9ma-idc3a9al-dune-ville-musulmane
Schéma idéal d’une ville musulmane

Cette place est entourée de sept murailles d’une construction remarquable, et que les anciens rois ont cherché à rendre inaccessibles, en établissant entre chacune d’elles des talus et de vastes fossés remplis d’eau.
Abd-er-Rahman se rendit d’abord maître des deux premières enceintes ; mais les habitants firent ensuite une sortie contre les musulmans, et leur firent subir une perte que les états officiels portent à quarante mille, et suivant d’autres, à cinquante mille hommes.
Les Galiciens et les Basques prirent alors l’offensive et arrachèrent aux musulmans les villes situées sur la frontière de l’Espagne du côté des Francs, telles qu’Arbouna (Narbonne), qu’ils perdirent en 33o avec d’autres places et châteaux qu’ils avaient eus en leur possession.
De nos jours, en 332, la frontière des musulmans, à l’est de l’Espagne, passe à Tortosa, sur la côte de la Méditerranée, puis dans la même direction, en tirant vers te nord, à Afragah (Fraga), bâtie sur une grande rivière, et enfin à Lérida.
C’est à partir de ce point, où l’Espagne est le plus resserrée, que commencent, ainsi que je l’ai appris, les terres appartenant aux Francs.

Histoire Islamique - Page 9 Les-attaques-des-vikings-obligent-abd-al-rahman-ii-c3a0-construire-un-ensemble-de-tours-et-de-forteresses-opc3a9rationnelles-un-sic3a8cle-aprc3a8s-sa-mort
Les attaques des Vikings obligent Abd Al-Rahman II le calife Omeyyade d’al-Andalus et d’Occident à construire un ensemble de tours et de forteresses

Antérieurement à l’an 300, des vaisseaux portant des milliers d’hommes ayant abordé en Espagne, où ils commirent beaucoup de ravages sur les côtes, les habitants prétendirent que ces ennemis étaient des Mages qui venaient les attaquer tous les deux cents ans et pénétraient dans la Méditerranée par un autre canal que celui sur lequel sont bâtis les phares d’airain.
Quant à moi, je pense (Dieu seul sait la vérité) qu’ils arrivaient par un canal communiquant avec les mers Mayotis et Nitas, et que c’étaient des Russes dont nous avons parlé dans cet ouvrage ; car ces peuples étaient les seuls qui naviguassent sur ces mers que certains détroits relient à l’Océan.
On a déjà trouvé dans la Méditerranée, du côté de l’île de Crète, des planches de bois de tek, percées de trous et reliées ensemble par des attaches faites de filaments de cocotier ; elles provenaient de vaisseaux naufragés qui avaient été le jouet des vagues-Or ce genre de structure n’est en usage que sur les côtes de la mer d’Abyssinie.
Les vaisseaux qui naviguent dans la Méditerranée et ceux des Arabes sont tous pourvus de clous ; tandis que dans la mer d’Abyssinie les clous de fer n’offrent aucune solidité, parce que l’eau les ronge, les fait fendre et les rend cassants, ce qui force les constructeurs à les remplacer, pour joindre les planches, par des filaments enduits de graisse et de goudron.
Il faut donc conclure de tout cela que les mers communiquent entre elles, et que, du côté de la Chine et du pays de Sila, les eaux, tournant autour des régions occupées par les Turcs, coulent vers le Maghreb par l’un des canaux qui viennent de l’Océan.
On a trouvé aussi sur les côtes de Syrie de l’ambre rejeté par la mer, et cependant la présence de cette substance dans la Méditerranée est inexplicable, puisqu’on ne l’y a jamais rencontrée depuis les temps les plus reculés ; elle n’a donc pu y arriver que par la même voie qu’ont suivie les planches des vaisseaux dont nous parlions tout à l’heure. Au surplus, Dieu seul sait comment tout cela s’est passé.
Du reste, l’ambre est abondant sur la côte (occidentale) de l’Espagne, et on l’expédie en Egypte et dans d’autres pays ; on l’apporte à Cordoue des deux ports de Santarem et de Sidonia ; il est d’une qualité inférieure.
L’ocque de Bagdad se vend en Espagne trois mitkals d’or, et en Egypte dix dinars. Il est possible que l’ambre qu’on a trouvé dans la Méditerranée y ait été porté de la mer d’Espagne par la communication qui existe entre elles.
L’Espagne possède des mines considérables d’argent et de vif-argent ; les produits, qui sont de qualité inférieure, sont expédiés dans tous les-pays musulmans et infidèles. On en exporte aussi le safran et la racine de gingembre.
Les cinq parfums principaux, le musc, le camphre, l’aloès, l’ambre et le safran, viennent de l’Inde et des contrées limitrophes, sauf le safran et l’ambre qui se trouvent aussi dans le pays de Zendj, dans fech-Chihr et l’Espagne.
Quant aux aromates, on en compte vingt-cinq espèces principales : la jacinthe, le girofle, le bois de sandal, la muscade, la rosé, la casse, le salix aegyptiaca, la cannelle, le karnoua, le cardamome, le cubèbe, le cardamome vulgaire, la graine de menchem, la racine du nymphœa, le mehleb, le wars (safran du Yémen), le costus, l’azfar, le bernedj (drogue médicinale), la gomme de lentisque, le ladanum ou ciste, le styrax, la graine du satonicum, le jonc odorant et la civette.
Nous avons déjà donné une description des mines d’argent, d’or et de vif-argent, ainsi que de toutes les espèces de parfums, dans nos Annales historiques, ce qui nous dispense de nous étendre sur le même sujet dans cet ouvrage.

Histoire Islamique - Page 9 Idrissides22
Carte du Maghreb al-Aqsa au temps des idrissides, lors du califat Abbassides de Baghdad et du califat Omeyyad de Cordoue

La mer du Maghreb, dans le voisinage des côtes du Soudan et de l’extrême Occident, offre beaucoup de particularités remarquables.
Un savant qui s’est adonné à l’étude de la géographie prétend qu’il ne faut pas moins de sept ans de marche pour parcourir l’Abyssinie et tout le Soudan ; que l’Egypte n’est que la soixantième partie du Soudan, qui n’est lui-même que la soixantième partie de la terre ; enfin qu’on ne peut mettre moins de cinq cents ans pour parcourir la terre, dont un tiers est cultivé, un tiers désert et sans habitations, et un tiers couvert par les eaux.
Les confins du pays des nègres qui vont nus touchent au royaume d’Idris, fils d’Abd-Allah, fils de Haçan, fils de Hoçein, fils d’Ali, fils d’Abou Taïeb, dans le Maghreb, savoir : les territoires de Tlemsan, de Tahart et d’el-Fas.
Ensuite vient le pays de Sous-el-Adna, qui est distant de Kaïrowan d’environ deux mille trois cents milles, et d’environ vingt journées de marche de Sous-el-Ahsa, sur un parcours constamment fertile et cultivé ; mais au-delà de ce dernier point on arrive au Wadi-er-Remel, puis au château Noir et aux déserts de sable dans lesquels se trouve la ville connue sous le nom de Medinet-en-Nouhas (la ville de cuivre) et les coupoles de plomb.

Histoire Islamique - Page 9 East-hem_900ad
Le monde Islamique en l’an 900, les états musulmans sont souligné en couleurs

C’est à cet endroit que se rendit Mouça, fils de Nossaïr, du temps d’Abd-el-Melik, fils de Merwan, et qu’il y vit toutes les merveilles dont il a donné la description dans un livre que tout le monde connaît.
D’autres disent que cette ville se trouvait dans les déserts qui avoisinent l’Espagne et que l’on appelle la grande terre.
Meimoun, fils d’Abd-el-Wahhab, fils d’Abd er-Rahman, fils de Rustem le Persan, qui était Ibadite et avait propagé dans ce pays la secte des Kharedjites, qu’on dit être des restes des Echban, avait le premier rendu ce pays florissant, bien qu’il eût eu plusieurs guerres à soutenir contre les Talébites (Idrissides).
Nous parlerons plus bas, dans cet ouvrage, des opinions différentes qui règnent sur les Echban, que quelques personnes soutiennent être des Persans venus d’Ispahan.

Histoire Islamique - Page 9 Africa-ifriqiya
La dynastie Persane kharijite des rustumide de Tahert et Nafusa

Dans cette partie du Maghreb vivent beaucoup de khawarij  Sofarides (Sufrites) hérétiques, qui y possèdent des villes très populeuses, comme celle de Torguiah, où il y a une riche mine d’argent.
Cette ville est située vers le midi, sur les confins de l’Abyssinie, avec laquelle elle est continuellement en guerre.
Nous avons déjà donné des renseignements, dans nos Annales historiques, sur tout ce qui concerne le Maghreb, ses villes, ses habitants hérétiques, tels que les Ibadites et les Sufrides, ainsi que les Mutazalites, avec lesquels ils vivent en rapports d’hostilité.

Histoire Islamique - Page 9 Al-aghlabide
Timbre tunisien d’Ibrahim al-Aghlab al-Tamimi général Arabe Khurassani Abbasside d’Afrique du Nord

Nous y avons parlé aussi d’Ibn el-Aglab-et-Temimi, qui, placé par le calife Abbasside  el-Mansour comme gouverneur du Maghreb, se fixa dans l’Ifriqiya ; nous avons dit comment, à la suite des événements qui eurent lieu du temps d’Haroun ar-Rechid, ses descendants se sont transmis la possession de l’Ifriqiya et d’autres parties du Maghreb, jusqu’au moment où Abou-Nasr-Ziadet-Allah, fils d’Abd-Allah, fils d’Ibrahim, fils d’Ahmed, fils d’el-Aglab, fils d’Ibrahim, fils de Mohammed, fils d’el-Aglab, fils d’Ibrahim, fils de Salim, fils de Sowadeh al-Temimi, chef des missionnaires des Abbassides, prit les rênes du gouvernement.
Il fut dépossédé en 297, du temps d’el-Moktadir-Billah, lorsqu’il se rendait à er-Rafikah, par l’inspecteur des poids et mesures, Abd-Allah es-Soufi, missionnaire du chef des Mehdites (fatimides), qui commença ses prédications à Ketameh et parmi les autres tribus berbères.
Ce dernier était originaire de Ram-Hormuz, ville du district d’el-Ahwaz.
Revenons aux différents rois de la terre et à l’énumération des royaumes qui nous restent à décrire sur le littoral de la mer d’Abyssinie.
Le roi de Zendj s’appelle Flimi ; celui des Alains, Kerkendadj ; celui de Hirah, de la famille des Beni-Nasr, Noman et Mondir ; celui des montagnes du Tabaristan, Karen ; une de ces montagnes est nommée encore Karen ou Ben-Karen.
Celui de l’Inde s’appelle Balhara ; celui de Kanoudj, dans le Sind, Baourah, et c’est là le nom que portent tous les princes de ce pays ; on y trouve aussi la ville de Baoura qui, aujourd’hui, est dans le giron de l’islamisme et est dans les dépendances du Moultan.
C’est d’elle que sort un des fleuves dont la réunion forme le Mehran du Sind, dérivé du Nil, suivant el-Djahiz, et du Djeïhoun du Khoraçan, suivant d’autres écrivains.
Le roi de Kanoudj Baourah est l’adversaire du Balhara, roi de l’Inde.
Le roi de Kandahar, l’un des rois du Sind et de ses montagnes, porte toujours et généralement le nom de Hahadj ; c’est de son territoire que coule le Raid, l’un des cinq fleuves dont la réunion forme le Mehran. Kandahar est connu sous le nom de pays des Rahpout.

Histoire Islamique - Page 9 767px-Ruins_of_old_Kandahar_Citadel_in_1881
Ruines de la Citadelle de Kandahar en 1881. Kandahār ou Qandahār (ville d’Alexandre) est une ville du sud de l’Afghanistan
 
Un troisième fleuve sur les cinq sort de la montagne appelée Behatil, dans le Sind, et traverse le territoire des Rahpout ou le Kandahar.
Le quatrième fleuve prend son origine dans les montagnes de Kaboul, sur la frontière du Sind, dans la direction de Bost et de Gaznin, de Deroua, de Rokhedj et du pays de Dawer, du côté du Sedjestan.
Le cinquième prend naissance dans le Kachmir, dont le roi porte généralement le nom de Raï.
Kachmir fait aussi partie du Sind ; c’est un pays montagneux, formant un grand royaume, qui ne renferme pas moins de soixante ou soixante et dix mille villes ou villages.
Il est inaccessible, excepté d’un côté, et l’on n’y peut pénétrer que par une seule porte. En effet, il est renfermé entre des montagnes escarpées et inabordables, que personne ne saurait gravir, puisque les bêtes fauves même n’en atteignent point le sommet, et que les oiseaux seuls peuvent y parvenir.
Là où les montagnes cessent, il y a des vallées impraticables, d’épaisses forêts, des jungles et des fleuves dont le cours impétueux est infranchissable. Ce que nous disons ici de l’impossibilité de gravir ces remparts naturels du Kachmir est connu de tout le monde dans le Khoraçan et ailleurs, ce qui fait de ce royaume une des merveilles de la terre.
Le royaume du Baourah, roi de Kanoudj, a une étendue de près de cent vingt parasanges carrées, en parasanges du Sind mesurant chacune huit milles de ce pays. Ce roi, dont nous avons déjà parlé, a quatre armées, selon les quatre directions des vents ; chacune d’elles compte sept cent mille ou même neuf cent mille hommes.

Histoire Islamique - Page 9 Al_masudis_map_of_the_world
Carte du monde d’al-Masudi avec écris : “Ard Majhoola” qui ce réfère aux Amériques (orienté avec le sud en haut)
 
L’armée du nord est destinée à faire la guerre au prince du Moultan et aux musulmans, ses sujets, qui sont établis sur cette frontière ; l’année du sud opère contre le Balhara, roi de Mankir ; quant aux deux autres armées, elles se portent partout où un ennemi vient à se présenter.
On dit que son royaume, dans l’étendue que nous avons indiquée plus haut, comprend un chiffre officiel de dix-huit cent mille villes, villages ou bourgs, situés au milieu d’un pays boisé, bien arrosé, montagneux et riche en prairies.
Ce prince ne possède que peu d’éléphants en comparaison des autres rois ; il en a deux mille dressés pour le combat.
Un éléphant agile, attentif, courageux, monté par on bon cavalier, la trompe armée d’une espèce de sabre appelé kartal, et recouverte d’une cotte de mailles, le corps garni d’une armure de corne et de fer, flanqué de cinq cents hommes qui le défendent et le protègent par derrière, peut lutter contre six mille cavaliers ; il n’en est point qui, avec une semblable escorte, ne puisse en attaquer au moins cinq mille, pénétrer dans leurs rangs, en ressortir et les harceler de toutes paris, exactement comme pourrait le faire un homme maniant un cheval ; c’est ainsi que ces peuples font manœuvrer les éléphants dans toutes leurs guerres.

Histoire Islamique - Page 9 Ruines-de-mansurah-hibbaride-omeyyade-abbasside
Ruines d’al-Mansurah au Sindh( Pakistan) fondé par les Abbassides 17 ans après la fondation de Baghdad , Mansura ( arabe : منصورہ) a)rès al destruction de Multan

Quant à la royauté du Moultan, nous avons déjà dit qu’elle appartenait aux descendants de Ossama, fils de Lowaï, fils de Galeb, qui commandent à une puissante armée.
Moultan est, pour les musulmans, une place frontière, autour de laquelle on compte officiellement cent vingt mille bourgs et villages. Nous avons aussi parlé de l’idole qu’elle renferme dans ses murs et qui est connue sous le nom de Moultan.
On y vient des parties les plus reculées du Sind et de l’Inde, pour déposer à ses pieds de riches ex-voto, en argent, en pierres précieuses, en bois d’aloès et en toute espèce de parfums ; des milliers de personnes font ce pèlerinage.
Le roi du Moultan tire la plus grande partie de son revenu de l’aloès par de Komar, le premier de tous en qualité, qu’on apporte à cette idole, dont un man vaut deux cents dinars, et qui reçoit l’empreinte du cachet, comme la cire, sans compter les autres merveilles dont on lui fait présent.
Toutes les fois que les rois infidèles marchent contre Moultan, et que les musulmans se voient hors d’état de leur résister, ils les menacent de briser l’idole ou de la mutiler, ce qui suffit pour décider les ennemis à la retraite.
Lors de mon arrivée dans cette ville après l’an 300, le prince régnant s’appelait Aboul-Lehab el-Munebbih, fils d’Açad le Koraïchite, descendant de Oçama.
C’était à la même époque que je visitai le territoire de Mansourah. Aboul-Moundir-Omar, fils d’Abd-Allah, y régnait alors ; j’y vis son vizir Bilah ainsi que ses deux fils Mohammed et Ali.
J’y connus encore un seid arabe, d’un très haut rang, appelé Hamzah.
Un grand nombre des descendants d’Ali, fils d’Abou-Taleb, par Omar et Mohammed, y avaient fixé leur résidence.
Entre les rois de Mansourah et la famille du kadi Abou-ech-Chewarib il y a une parenté étroite et une origine commune ; en effet, les princes qui occupent aujourd’hui le trône de ce pays descendent de Habbar, fils d’el-Aswad, et ils sont connus sous le nom de fils d’Omar, fils d’Abdou’l-Aziz, le Koraïchite, qu’il ne faut pas confondre avec Omar, fils d’Abdou’l-Aziz, fils de Merwan, l’Omeyade.

Histoire Islamique - Page 9 A-structure-restante-du-brahmanabad-de-lc3a8re-vc3a9dique-qui-a-c3a9tc3a9-rebaptisc3a9-c3a0-mansura-aprc3a8s-la-victoire-arabe-sur-sind-en-711
La seule structure restante du Brahmanabad (Multan) de l’ère védique qui a été rebaptisé à Mansura après la victoire arabe sur Sind en 711

Lorsque les cinq fleuves que nous avons nommés ont dépassé la porte de la maison d’Or, ou Moultan, ils se réunissent à trois journées de cette ville, entre elle et Mansourah, dans on endroit appelé Douchab.
Arrivé ensuite à l’ouest de la ville de Rour, qui est une dépendance de Mansourah, le fleuve prend le nom de Mehran.
Plus tard il se divise en deux branches, et les deux branches du grand fleuve, appelé Mehran du Sind, se jettent dans la mer de l’Inde à la ville de Chakirah, dépendance de Mansourah, à deux journées de distance de la ville de Deïboul.
De Moultan à Mansourah il y a soixante et quinze parasanges indiennes, c’est-à-dire des parasanges de huit milles.
Le territoire de Mansourah comprend trois cent mille fermes ou villages, situés dans un pays fertile, bien planté et bien cultivé.
Ce royaume est en guerre continuelle avec un peuple appelé El-Meid, originaire du Sind, et avec d’autres races.
Il est situé sur la frontière du Sind, comme Moultan et ses dépendances.
Son nom de Mansourah lui vient de Mansour, fils de Djemhour, que les Omeyades y avaient placé comme gouverneur.
Le roi possède quatre-vingts éléphants de guerre.
Il est d’usage que chaque éléphant soit entouré de cinq cents fantassins, et qu’il combatte ainsi des milliers de cavaliers, comme nous l’avons déjà expliqué.
J’ai vu chez ce prince deux éléphants d’une taille colossale, et qui étaient renommés chez tous les rois du Sind et de l’Inde pour leur force, leur courage et leur intrépidité dans le combat.
L’un s’appelait Manfaraklas et l’autre Haïdarah.
On raconte du premier des traits remarquables et dont tous les habitants de ces contrées et des pays environnants ont entendu parier.
Une fois qu’il avait perdu un de ses cornacs, il resta plusieurs jours sans vouloir prendre aucune nourriture ; il s’abandonnait à sa douleur et poussait des gémissements comme un homme profondément affligé ; les larmes coulaient continuellement de ses yeux.

Histoire Islamique - Page 9 Sindh_divisions
*Le sindh sous la domination arabe Abbasside et Habbaride

Une autre fois, Manfaraklas, suivi de Haïdarah et du reste des quatre-vingts éléphants, sortit de la daïrah ou écurie. Arrivé à une rue étroite de Mansourah, il se trouva subitement face à face avec une femme, qui était loin de s’attendre à une pareille rencontre.
Frappée de terreur à sa vue, cette malheureuse perdit ta tête, et tomba à la renverse au milieu de la rue, en découvrant les parties les plus secrètes de son corps. Aussitôt Manfaraklas s’arrêta, et, se posant en travers de la rue, il présenta son côté droit aux éléphants qui le suivaient, pour les empêcher d’avancer.
Puis, agitant sa trompe comme pour faire signe à la femme de se relever, il ramena sur elle ses vêtements et l’en recouvrit. Ce ne fut qu’après qu’elle se fut soulevée pour lui faire place, et qu’elle eut repris ses sens, qu’il poursuivit son chemin avec tous ses compagnons.
Il y aurait encore bien d’autres choses extraordinaires à raconter, non seulement sur les éléphants de guerre, mais encore sur les éléphants employés aux travaux, tels que tirer les voitures, porter des fardeaux, battre le riz et d’autres grains encore, comme font les bœufs qui travaillent dans l’aire.
Plus bas dans ce livre, lorsqu’il sera question du pays de Zendj, nous parlerons de l’éléphant et de sa manière de vivre dans cette contrée, où il est plus multiplié qu’en tout autre endroit, et où il vit à l’état sauvage.
Pour le moment, nous nous bornons à des notions sommaires sur les rois du Sind et de l’Inde.
La langue du Sind est différente de celle de l’Inde.
Le Sind est le pays qui avoisine les contrées musulmanes ; l’Inde est située plus à l’orient.

Histoire Islamique - Page 9 Muhammad-bin-qasim-mosque
La mosquée de Aror au Pakistan (713)  fut construite par le général Omeyyade Muhammad al-Qassim ath-Thaqafy lorsqu’il conquis le Sindh (Pakistan) l’age de 17ans, il fut envoyé comme Musa ibn Nusayr al-Lakhmi par al-Hajjaj ibn Yussuf ath-Thaqafy, ils sont originaire de Ta’if,  Aror est le nom médiéval de la cité de Sukkur, dans l’ancienne Sindh, le Pakistan actuel. 

Les habitants de Mankir, capitale du royaume du Balhara, parlent le kiriah, langue ainsi appelée du pays de Karah, où elle est en usage.
Sur le littoral, comme à Saïmour, à Soubarah, à Tanah, etc. on parle le lari ; ces provinces empruntent leur nom à la mer Larewi, sur les côtes de laquelle elles sont situées, et dont nous avons parlé plus haut ; elles sont arrosées par de grands fleuves qui, par une anomalie remarquable, viennent du midi : il est à remarquer, en effet, que de tous les fleuves aucun ne coule du midi au nord, excepté le Nil de l’Egypte, le Mehran du Sind et quelques autres encore ; le reste se dirige du nord au midi.
Dans nos Annales historiques nous avons expliqué les causes de ce phénomène, et nous avons rapporté les différents systèmes qu’ont imaginés les géographes pour en donner la raison ; nous y avons aussi parlé de la dépression ou de l’élévation des divers plateaux du globe.
Parmi les rois du Sind et de l’Inde, aucun ne traite les musulmans avec plus de distinction que le Balhara.
Dans son royaume l’islam est honoré et protégé ; de toutes parts s’élèvent des chapelles et des mosquées splendides où l’on peut faire les cinq prières du jour.

Histoire Islamique - Page 9 Puzhakara-pally-founded-by-malik-dinar-in-ad-7th-century-hijra-22 
La mosquée Chaliyam dans l’état de Kerala en Inde fut construite par le compagnon Malik ibn Dinar radi Allah anhu ver 644 Cet ancien monument islamique a été reconstruit à plusieurs reprises et fut  à l’origine une des partie des dix mosquées établies par Malik-Ibn-Dinar  radi Allah anhu dans diverses régions du Kerala en Inde dont Thalangara / Kasaragod, Cheraman Pally / Kodungallur et Thazhathangady Jumath Pally / Kottayam.

Les souverains de ce pays règnent jusqu’à quarante, cinquante ans et plus ; leurs sujets attribuent cette longévité aux sentiments de justice qui les animent et aux honneurs qu’ils rendent aux musulmans.
Le roi entretient les troupes à ses frais, comme le font les princes musulmans.
Leur monnaie consiste en drachmes appelées tahiriyeh, pesant chacune une drachme et demie des nôtres ; elles portent la date de l’avènement du prince régnant. Le Balhara possède un nombre considérable d’éléphants de guerre. Son royaume porte aussi le nom de pays de Kemker ; une partie de ses frontières est exposée aux attaques du roi de Djozr (Guzerat).
Ce dernier est riche en chevaux, en chameaux, et commande à une nombreuse armée ; on prétend qu’à part le roi de Babel, qui règne sur le quatrième climat, aucun roi de la terre ne lui est comparable en puissance.
Il se montre plein d’orgueil et de violence dans ses rapports avec les autres princes, et nourrit contre les musulmans une haine implacable.
Il a beaucoup d’éléphants. Son royaume, situé sur une langue de terre, renferme des mines d’or et d’argent, dont le produit sert dans les transactions commerciales.
Ensuite vient le roi de Tafen, qui vit en paix avec tous ses voisins, honore les musulmans et n’entretient pas d’armée comme celles des autres princes.
Les femmes de ce pays sont les plus gracieuses, les plus belles et les plus blanches de l’Inde ; elles sont recherchées dans les harems, et ii en est question dans tous les livres érotiques ; aussi les marins, qui savent tout ce que valent ces femmes qu’on nomme Tafiniyat, tiennent-ils beaucoup à s’en procurer à quelque prix que ce soit.
Près de ce royaume est celui du Rahma, titre qui est généralement donné aux princes de ce pays. Ceux-ci sont en guerre avec le Guzerat, dont le territoire les touche, et avec le Balhara, qui est leur voisin d’un côté.
Le Rahma possède plus d’hommes, d’éléphants et de chevaux que le Balhara, le prince de Guzerat et celui de Tafen. Lorsqu’il part pour une expédition, il est entouré de cinquante mille éléphants ; au surplus il n’entreprend jamais rien que pendant la saison d’hiver, parce que ces animaux ne supportent pas la soif et ne peuvent endurer de longues haltes.
On n’a pas craint d’exagérer le nombre de ses troupes, au point de prétendre que dans son armée il n’y avait pas moins de dix à quinze mille foulons et blanchisseurs.

Histoire Islamique - Page 9 Mosquc3a9e-malik-ibn-dinar-de-korome-mosquc3a9e-wayanad-inde
La mosquée de Malik Ibn Dinar radi Allah anhu a Korome , district de Wayanad, Inde construite ver 644

Les rois que nous venons de nommer disposent leurs troupes en carrés de vingt mille hommes, chaque côté présentant, de front, cinq mille combattants.
Les transactions commerciales se font avec des cauris, qui sont la monnaie du pays. On y trouve l’aloès, l’or et l’argent ; on y fabrique des étoffes d’une finesse et d’une délicatesse supérieures. On en exporte le crin nommé ed-Domar, dont on fait des émouchoirs à manches d’ivoire et d’argent, que les domestiques tiennent sur la tête des rois pendant leurs audiences.
C’est dans ces contrées que se rencontre l’animal appelé en-nichan (marqué), nommé vulgairement el-kerkeden (rhinocéros) ; il porte une corne sur le front.
Plus petit de taille que l’éléphant, il est plus grand que le buffle ; sa couleur tire sur le noir, et il rumine comme les bœufs et les autres ruminants.
L’éléphant fuit devant lui, à ce qu’il parait, comme devant le plus fort de tous les animaux.
La plupart de ses os sont comme soudés ensemble, sans articulation dans les jambes, de sorte qu’il ne peut ni s’accroupir ni se livrer au sommeil à moins de s’appuyer contre les arbres au milieu des jungles.
Les Indiens et les musulmans qui habitent ces pays mangent sa chair, parce que c’est une espèce de buffle de l’Inde et du Sind. Cet animal se trouve dans la plupart des lieux boisés de l’Inde, mais nulle part en aussi grande quantité que dans l’étendue du royaume du Rahma, où sa corne est d’une beauté et d’un poli remarquables.
La corne du rhinocéros est blanche, avec une figure noire au milieu, qui représente l’image d’un homme, ou d’un paon avec les lignes et la forme de sa queue, ou d’un poisson, on du rhinocéros lui-même, ou enfin celle d’un autre animal de ces régions.
On achète ces cornes et, à l’aide de courroies, on en fait des ceintures sur le modèle des ornements d’or et d’argent ; les rois et les grands de la Chine estiment cette parure par-dessus tout, au point qu’ils la payent quelquefois jusqu’à deux et même quatre mille dinars.
Les agrafes sont d’or, et le tout est d’une beauté et d’une solidité extraordinaires ; souvent on y enfonce différentes sortes de pierres précieuses avec de longs clous d’or.
Les images dont nous avons parlé sont ordinairement tracées en noir sur la partie blanche de la corne ; quelquefois elles se détachent en blanc sur un fond noir ; du reste, la corne du rhinocéros ne présente pas ces signes dans tous les pays.
El-Djahiz prétend que la femelle porte pendant sept ans, durant lesquels le petit sort la tête du ventre de sa mère pour paître, et l’y rentre ensuite ; il a consigné ce fait, comme une particularité remarquable, dans son Traité des animaux. Désirant m’éclairer à cet égard, j’ai interrogé les habitants de Siraf et d’Oman qui fréquentaient ces contrées, ainsi que les négociants que j’ai connus dans l’Inde : tous se sont montrés également surpris de la question que je leur faisais.
Ils m’ont affirmé que le rhinocéros porte et met bas exactement comme la vache et le buffle ; et j’ignore d’où el-Djahiz a puisé ce conte, et s’il est le résultat de ses lectures ou de ses informations.
Le royaume du Rahma s’étend à la fois sur le continent et sur la mer.
Il est limitrophe d’un autre État situé dans les terres, et qui s’appelle royaume de Kamen. Les habitants sont blancs et ont les oreilles fendues ; ils possèdent des éléphants, des chameaux et des chevaux. Les individus des deux sexes y sont généralement beaux.
Vient ensuite le royaume de Firendj, dont la puissance est à la fois continentale et maritime.

Histoire Islamique - Page 9 Mosquc3a9e-jonakappuram-valiya-palli-kollam-inde-malik-ibn-dinar
La mosquée de Malik Ibn Dinar radi Allah anhu a JONAKAPPURAM , Valiya PALLI district de KOLLAM, Inde ver 644

Il est situé sur une langue de terre qui s’avance dans la mer d’où il sort une grande quantité d’ambre. Le pays produit du poivre en petite quantité ; mais on y trouve beaucoup d’éléphants.
Le roi est brave, superbe et orgueilleux ; mais, à dire vrai, il a plus de fierté que de force, et plus d’orgueil encore que de bravoure.
Ensuite vient le royaume de Moudjah, dont les habitants sont blancs, généralement beaux, et n’ont pas les oreilles fendues. Ils possèdent beaucoup de chevaux et une arméeconsidérable.
Le pays est très riche en musc, que fournissent les gazelles et les chèvres dont nous avons parié plus haut dans cet ouvrage. Le costume de ce peuple ressemble à celui des Chinois.
Le royaume est défendu par des montagnes escarpées et couvertes de neige, dont la chaîne est plus longue et plus inaccessible que toutes celles du Sind et de l’Inde. Le musc est estimé et porte le nom du pays ; les marins, qui font métier de l’exporter, le connaissent bien et l’appellent musc de Moudjah.
Le royaume limitrophe est celui de Mand, qui renferme des villes nombreuses, de vastes plaines bien cultivées, et qui possède une nombreuse armée. Les rois confient volontiers à des eunuques l’exploitation des mines, la perception des impôts et en général le soin de l’administration, comme le font les rois de la Chine dont nous avons déjà parlé.
Le pays de Mand est voisin de cet empire, dont il est séparé par une haute chaîne de montagnes d’un accès difficile ; les deux souverains s’envoient réciproquement des ambassadeurs avec des présents.
Les habitants de Mand joignent une grande force à beaucoup de courage et d’audace ; aussi, lorsque leurs envoyés viennent en Chine, on leur donne un surveillant, et on ne leur permet pas de se promener librement dans le pays, de peur qu’ils ne fassent des observations sur les routes et les parties faibles du royaume ; tant est grande l’idée que les Chinois se font de la puissance de leurs voisins.
Tous ces peuples nommés plus haut, soit de l’Inde, soit de la Chine, soit d’autres pays, ont des usages et des coutumes à eux concernant les repas, les mariages, les vêtements, le traitement des maladies et l’emploi des remèdes, tels que la cautérisation, etc.
Plusieurs de leurs rois, dit-on, ne pensent pas qu’on doive garder les vents dans le corps, parce qu’ils regardent cette contrainte comme pouvant occasionner une maladie dangereuse ; aussi ne s’imposent-ils aucune gène à cet égard, dans quelque circonstance que ce soit.
Tel est aussi l’avis de leurs médecins, qui soutiennent que cette violence faite à la nature est nuisible à la santé, que rien n’est plus salutaire que de se soulager en pareil cas, et que ceux qui souffrent de coliques dans la constipation, ou sont affligés de maladies de la rate, en éprouvent du bien-être.
C’est pour cela qu’il n’est point incivil, chez eux, de lâcher un vent quand on est en compagnie.
Il est du reste à remarquer que les Indiens se sont appliqués de bonne heure à la médecine, et qu’ils l’ont cultivée avec beaucoup d’art et d’intelligence. Le même auteur qui nous a donné ces renseignements sur l’Inde ajoute : Chez ces peuples il est plus incivil de tousser que de lâcher un vent ; l’éructation peut s’assimiler à l’émission de ces vents qui s’échappent sans bruit ; le son qui accompagne un vent bruyant n’est autre chose que le retentissementde l’air chassé au dehors par un travail intérieur.
L’auteur prouve la vérité de ce qu’il rapporte sur les Indiens, par des témoignages aussi nombreux que répandus, et qui se retrouvent dans les récits, les contes, les anecdotes et les poésies.
C’est ainsi qu’Aban, fils d’Abdoul-Hamid, dans une Kacideh connue sous le nom de Choses licites, a dit :
Un Indien, instruit et sage, a dit une parole que j’approuve complètement :
N’emprisonne pas un vent lorsqu’il se présente ; laisse-le libre et ouvre-lui l’issue qu’il recherche.
Le retenir est le plus grand des maux ; le chasser, c’est se donner repos et tranquillité,
Il est incivil de tousser et de se moucher ; éternuer est de mauvais augure, mais non pas lâcher un vent.
L’éructation n’est qu’une émission de l’air vers le haut du corps ; mais l’odeur en est plus fétide que celle du vent qui s’échappe sans bruit par le bas.
Les vents qui sont dans le corps n’ont qu’une seule et même nature, mais leurs noms diffèrent suivant les issues par lesquelles ils s’échappent ; ceux qui sont chassés par en haut sont nommés djechâ, ceux qui s’échappent par en bas sont appelés feçâ.
Il en est de même pour les coups ; on se sert du mot latmah pour ceux qui sont portés sur la figure, et du mot safâh pour ceux qui sont appliqués sur la nuque ; l’espèce est la même, mais le nom varie suivant les parties du corps qui sont lésées.
De tous les animaux l’homme est le plus exposé à de nombreuses maladies et à des affections qui se suivent et s’enchaînent, pour ainsi dire, sans interruption, telles que les coliques, les douleurs d’estomac et autres incommodités accidentelles ; cela vient de ce qu’il emprisonne, en quelque sorte, le mal dans son corps, et qu’il néglige de l’expulser au moment où il se présente, et où la nature lutte vigoureusement pour le rejeter au dehors. Les autres animaux, privés de raison, ne sont pas exposés à toutes ces incommodités, parce que, bien loin de retenir dans leur corps les maladies qui y ont fait irruption, ils les laissent sortir promptement.

Histoire Islamique - Page 9 Aristotle-with-arab-scientists
Aristote et les savants arabes, dans un manuscrit Abbasside.

Les anciens philosophes et les sages de la Grèce, comme Démocrite, Pythagore, Socrate, Diogène, ainsi que les sages des autres nations, n’étaient pas d’avis qu’il fallût retenir aucun gaz dans le corps, parce qu’ils savaient combien de souffrances et d’accidents pouvaient résulter de cette contrainte ; ils pensaient que tout être doué de sensations était à même de vérifier sur sa personne ce fait, dont la nature autant que le raisonnement démontrent la réalité.
Les hommes qui ont des lois et des livres révélés ont seuls regardé ces choses comme indécentes, parce que les lois les ont interdites, que la coutume les a prohibées et qu’elles n’ont pas passé dans les mœurs.
Nous avons déjà parié des peuples de l’Inde et donné des renseignements sur leur caractère, leurs usages singuliers et leurs coutumes, dans nos Annales historiques et notre Histoire moyenne.
Nous y avons aussi parié du Maharadja, roi des îles, ainsi que des parfums et des plantes aromatiques, et des autres princes de l’Inde, tels que le roi de Kandjab et plusieurs d’entre les rois des montagnes de la Chine qui font face aux îles de Zabedj et autres ; enfin nous y avons exposé l’histoire des rois de Chine et de ceux de Serendib, et de leurs relations avec le roi de Mandourafin.
Ce pays est situé vis-à-vis de Serendib, comme le pays de Komar l’est des îles du Maharadja, telles que Zabedj et les autres.
Les rois de Mandourafin s’appellent tous el-Kaïda.
Plus bas, dans cet ouvrage, nous donnons encore un résumé de l’histoire des rois de l’est, de l’ouest, du midi et du nord, tels que les rois du Yémen, de la Perse, de Roum, des Grecs, du Maghreb, des races abyssiniennes, du Soudan, des descendants de Japhet, ainsi que d’autres notions sur le monde et ses merveilles.

 
Fin du tome 1
Notice bio auteur : Al-Mas’ûdî (arabe : علی بن حسین مسعودی Abū al-Ḥasan ‘Alī ibn al-Ḥusayn ibn ‘Alī al-Mas’ūdī), né à Baghdad à la fin du ixe siècle, mort à Fostat en septembre 956, est un encyclopédiste et polygraphe arabe parfois appelé le Hérodote des Arabes., à l’apogée de l’islam classique sous le califat Abbasside. Ses Murūj adh-dhahab wa-ma’ādin al-jawhar ou Prairies d’Or et Mines de Pierres Précieuses resteront jusqu’au milieu du xve siècle le manuel de référence des géographes et des historiens de langue arabe ou persane.
Histoire Islamique - Page 9 Masudi1
Il descend du sahabi Abdūllah ibn Mas’ūd, radi Allah anhu, ont le disait chiite mais il serrai plus tôt classé  Mutazila comme certains auteurs l’ont dit car la doctrine Mutazila était très présent en ce temps. Il entreprit dès sa jeunesse de grands voyages : en Iran, puis en Inde vers 915 ; ensuite, sur les rives de l’Océan Indien, à Ceylan, dans le sud de l’Arabie, sur la côte orientale de l’Afrique jusqu’à Zanzibar ; également autour de la Mer Caspienne, en Palestine (il se trouvait à Tibériade en 926), en Syrie du nord (il séjourna à Antioche). En 943, il était à Bassora. En 945, il séjournait à Damas. En 955, il se trouvait à Fostat où il rédigeait le Livre de l’Avertissement. Selon l’historien Ibn Taghribirdi, il y mourut l’année suivante à un âge peu avancé. On ignore le motif précis de tous ses voyages et la manière dont ils furent financés.
En rapprochant la préface des Prairies d’Or et certains passages du Livre de l’Avertissement, on peut retrouver les titres de vingt-trois ouvrages qu’il composa. Le principal était une Histoire universelle (Akhbār az-zamān), qu’il entreprit en 943, sorte de vaste encyclopédie historico-géographique en trente livres. Ensuite il écrivit un Livre moyen (Kitāb al-awsat), complément du précédent, qui était un récit chronologique des événements de l’histoire humaine depuis la création du monde. Les Prairies d’Or sont un abrégé en cent trente-deux chapitres de la matière contenue dans les deux compositions précédentes. Le Livre de l’Avertissement et de la Révision, son dernier ouvrage, en est un autre résumé bien plus mince (un cinquième environ), mais avec des compléments et perfectionnements sur certains points. Ces abrègements étaient destinés à faciliter la diffusion du contenu des deux premiers ouvrages.
Parmi les autres titres qu’il donne, on peut relever : le Livre de l’exposition des principes de la religion, le Discours sur les bases des croyances, le Livre du secret de la vie, l’Arrangement des preuves touchant les principes de la religion, le Livre des réflexions sur la qualité d’imam, le Livre de la sincérité, le Livre des diverses sortes de connaissance, le Mémorial. Il mentionne aussi plusieurs traités sur les sciences (physique, astronomie…) ou disciplines occultes (divination), et des écrits sur la politique et l’organisation des États. Tout cela est perdu.
Ce qui subsiste principalement, ce sont les Prairies d’Or et Mines de Pierres Précieuses (Murūj adh-dhahab wa-ma’ādin al-jawhar), ouvrage très répandu dans les siècles suivants, conservé dans de nombreux manuscrits, et le Livre de l’Avertissement et de la Révision (Kitāb at-tanbīh wa-l-ashrāf).
Les Prairies d’Or ont été publiées en version bilingue arabe-français, en neuf volumes, sous l’égide de la Société asiatique, entre 1861 et 1877 (publication de l’Imprimerie nationale). Les auteurs de cette édition étaient Charles Barbier de Meynard et Abel Pavet de Courteille. Plus récemment, Charles Pellat a révisé cette édition pour une nouvelle publication en sept volumes par la Librairie Orientale de Beyrouth (1966-1979).
Quant au Livre de l’Avertissement, le texte arabe a été édité par Michael Jan de Goeje dans sa Bibliotheca Geographorum Arabicorum (vol. 7-8, Leyde, E. J. Brill, 1894). D’autre part, la Société asiatique en a confié une traduction française à Bernard Carra de Vaux(Paris, Imprimerie nationale, 1896).
Bibliographie

  • Tarif Khalidi, Islamic Historiography : The Histories of Mas’udi, Albany, State University of New York Press, 1975.
  • Ahmad Shboul, Al Mas’udi and His World : A Muslim Humanist and His Interest in Non-Muslims, Londres, Ithaca Press, 1979.

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