Forum Religion Catholique
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Forum Religion Catholique
Rappel du premier message :
Religion des chrétiens qui reconnaissent le pape comme chef spirituel.
Le catholicisme, également appelé l’Église catholique, est la branche du
[ltr]christianisme[/ltr]
qui reconnaît l'autorité spirituelle et juridictionnelle du
[ltr]pape[/ltr]
. « Totalité et universalité » : tel est le sens en grec ancien du terme katholikos, par lequel est désignée, dès le iie s. de notre ère, l'Église qui a été fondée par Jésus, puis celle qui est restée attachée à ce titre ancien après les divisions apparues au sein du monde chrétien.
Le catholicisme fonde son unité sur une communauté de foi, de sacrements et de vie religieuse (un seul Christ, une seule foi). Une, la foi catholique repose sur un triple fondement : l'Écriture, qui est parole de Dieu ; la Tradition, qui est continuité de l'action divine ; l'Église, dépositaire et seule interprète autorisée de la vérité.
L'Église catholique au sein du christianisme
Lippo Memmi, saint Pierre
Selon l'Évangile, Jésus a lui-même désigné parmi ses apôtres un homme, Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » Le martyre de Pierre à Rome a ensuite désigné le siège épiscopal de la ville comme celui autour duquel doit s'affirmer l'unité de l'Église et de la foi. C'est ainsi que dans l'Église primitive est établie, vers le ier s., la primauté de l'évêque de Rome, successeur de Pierre.
Les enseignements du Christ ont d'abord été transmis par voie orale. Aux premiers écrits chrétiens, notamment les lettres adressées par Paul aux communautés qu'il a fondées, vont succéder les Évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean. Face à la nécessité de légiférer pour authentifier, parmi les multiples écrits qui sont alors rédigés, ceux qui sont fidèles à l'enseignement du Christ, un corpus est rassemblé sous le nom de « Nouveau Testament », en même temps que les écrits juifs antérieurs sont rebaptisés « Ancien Testament ». De même, face à la multiplication des communautés chrétiennes qui naissent dans tout le Bassin méditerranéen à partir du ier s., sont structurées les formes de cette Église (assemblée), qui est appelée à préserver le message du Christ en le protégeant des interprétations erronées.
Le schisme avec les chrétiens d’Orient
Constantin Ier le Grand
Persécuté du ier au ive s., puis toléré et enfin reconnu comme religion officielle par l'empereur Constantin, au début du ive s., le christianisme parvient à s'établir dans l'Empire romain, tout en maintenant son unité ecclésiale et doctrinale jusqu'au xe s. Cependant se développent au sein de l'Église de nombreux débats théologiques, tranchés lors de grands conciles où sont élaborés et fixés des éléments essentiels de la doctrine chrétienne, comme l'universalité du christianisme (Jérusalem, en 49), la Trinité de Dieu (Nicée, en 325 ; Constantinople, en 381), la nature de Jésus-Christ, à la fois humaine et divine (Chalcédoine, en 451). Après l'éclatement de l'Empire romain à la fin du ve s., les divergences entre Orientaux et Occidentaux se font de plus en plus sentir.
Alors que l'Église orientale reste sous la tutelle de l'empereur de Constantinople, l'Église latine doit, pour sa part, suppléer le pouvoir politique, qui s'est effondré avec la chute de l'Empire romain d’Occident. Rome y gagne en autorité non plus seulement spirituelle, mais également temporelle. L'Église d'Orient, déjà opposée à l'Église latine sur la formulation du dogme de la Trinité, lui reproche son autorité centralisatrice. En 1054, la rupture est consommée. L'Église latine garde le nom ancien de « catholique » et celle d'Orient prend celui d'« Église orthodoxe ». Certaines Églises feront néanmoins retour à la communion catholique, notamment au xviiie s., tout en gardant leurs rites de tradition orientale.
La Réforme protestante
Martin Luther
Face au pouvoir temporel de plus en plus hégémonique de l'Église catholique en Europe, les critiques se lèvent pour dénoncer les pesanteurs et les compromissions de l'appareil clérical. Les thèses de Martin Luther (1517) marquent le début de la Réforme, qui donne naissance aux Églises protestantes. Ce mouvement de contestation aspire à une simplification et à une personnalisation de la religion, en préconisant notamment la lecture directe de la
[ltr]Bible[/ltr]
par le croyant. Grâce au développement de l'imprimerie, il parvient en effet à retirer aux clercs et à l'Église le monopole de la pratique des Saintes Écritures. Dans le protestantisme, il n'y a pas d'épiscopat sacramentel, mais un sacerdoce commun à tous. Le baptême et la Cène (partage du pain et du vin) sont les seuls sacrements retenus, et toute pratique de dévotion ou toute démarche visant à s'assurer du salut sont rejetées : le salut ne s'achète pas, il est obtenu par la grâce de Dieu et non par les œuvres.
L'Église catholique tente de répondre à ces vives attaques par la Contre-Réforme, ou Réforme catholique, en réaffirmant notamment l'autorité du pape ainsi que son attachement à la Tradition, à son magistère, aux sacrements et au salut par les œuvres.
La foi catholique
Introduction
La foi catholique consiste en l'adhésion aux enseignements de l'Église portant sur les vérités que Dieu a révélées par son Fils. Elle se caractérise précisément par la définition des voies d'accès à ces vérités et au salut qu'elles portent en elles : la Révélation, l'Église et la Tradition, qui forment un tout indivisible.
La Révélation
Lorenzo Lotto, la Reconnaissance de la nature divine de l'Enfant Jésus
Selon le christianisme, Dieu s'est révélé aux hommes à travers l'histoire du peuple juif, auquel il a proposé son alliance, avant de se révéler pleinement à travers son Fils – Jésus-Christ mort et ressuscité –, en lequel il s'est incarné.
Le Dieu révélé par le Christ est un Dieu unique mais en trois hypostases : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Il est créateur de toute chose et de toute vie. Empli de bonté envers sa création, il renouvelle, à travers le sacrifice de son Fils sur la croix, son alliance avec le peuple juif puis avec tous les hommes. Les chrétiens, en effet, croient non seulement à la résurrection du Christ, mais aussi à la résurrection des morts et à la vie éternelle : le salut.
L'enseignement du Christ peut se résumer par cette phrase de l'Évangile de Luc (Luc X, 27) : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces, et de tout ton esprit. Et tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Le mot « alliance » traduit un lien de réciprocité entre Dieu et l'homme, et il exprime la « solidarité » de Dieu avec tout homme. Aussi toute adhésion de foi comporte des exigences d'engagement de solidarité humaine et sociale.
La Révélation est tout entière contenue dans la vie, la mort et la résurrection du Christ. Les textes bibliques conservés par la Tradition transmettent les récits qui en ont été faits par les premiers chrétiens.
L'Église
Dépositaire et interprète autorisée des vérités chrétiennes, l'Église veille au maintien de l'unité de la foi. Dans le catholicisme, c'est à elle, à l'assemblée des fidèles, que sont transmises les Écritures, et non à chacun de ses membres d'une manière individuelle.
L'Église catholique ne peut admettre sans difficulté l'existence de plusieurs Églises chrétiennes. Selon elle, la volonté du Christ, réaffirmée dans le credo de Nicée, est que son Église soit « une, sainte, catholique et apostolique », et ce non seulement d'un point de vue théologique – comme le soutiennent orthodoxes et protestants –, mais également dans sa réalisation concrète.
La conviction avec laquelle l'Église catholique revendique comme légitime le droit de rassembler tous les chrétiens repose sur trois éléments fondamentaux :
Évêque célébrant la messe
– La succession apostolique. Les évêques continuent avec le pape la mission confiée par Jésus aux apôtres. Leur ordination dans l'Église (par imposition des mains et sacrement de l'ordre) les investit des pouvoirs de gouverner, d'enseigner et de donner les sacrements au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
– La prédication de la Parole. De même que les premiers disciples ont reçu de Jésus l'Esprit saint, le collège des évêques et le pape sont assistés par l'Esprit lorsqu'ils doivent énoncer les vérités de foi.
Baptême d'un enfant
– Les sacrements. La présence du Christ dans l'Église se manifeste par l'Église elle-même et par les sacrements – signes sacrés porteurs de grâces et institués par le Christ –, à travers lesquels l'Esprit opère le don de Dieu. L'Église catholique dispense sept sacrements : le baptême et l'eucharistie (communs à toutes les Églises chrétiennes), la confirmation, le mariage, l'ordre, la réconciliation (pardon) et l'onction des malades (extrême-onction) pratiqués également dans les Églises orthodoxes. Par le sacrement de l'ordre (ordination), les clercs – diacres, prêtres, évêques – reçoivent le pouvoir de transmettre la grâce de Dieu par les sacrements.
La Tradition
L'Église assure la présence du Christ à travers les âges, en tant que dépositaire des Écritures, mais aussi de la Tradition. Dans le catholicisme, la Tradition englobe l'ensemble des enseignements, des dogmes et des pratiques cultuelles que l'Église a adoptés tout au long de son histoire. Loin de penser que son épaisseur risque de rendre opaque la vérité du Christ, l'Église catholique considère que la Tradition garantit la transmission fidèle et intégrale de la Révélation.
Par son action théologique, dogmatique, liturgique et même sociale, l'Église s'efforce sans cesse d'approfondir le mystère chrétien. Les nouveaux dogmes qu'elle élabore ne sont pas censés apporter de nouvelles vérités, mais éclairer un aspect de la vérité déjà révélée dans sa plénitude par le Christ. Ainsi, la vérité discernée à un moment donné par l'Église des fidèles n'est pas désavouée par les générations suivantes, mais elle est conservée dans la Tradition, tout en étant réinterprétée.
Il existe une manière moderne d'adopter des dogmes qui tend à s'éloigner d'une conception « doctrinaire » de la Tradition et qui prend en compte la dimension historique de la parole doctrinale de l'Église. En témoignent les paroles du pape Jean XXIII au concile Vatican II (1962) : « Autre chose est le dépôt même ou les vérités de la foi, autre chose est la façon selon laquelle les vérités sont exprimées, à condition toutefois d'en sauvegarder le sens et la signification. »
À toutes les époques et dans les divers contextes culturels, l'Église catholique a toujours professé sa foi dans l'assistance par l'Esprit saint pour interpréter et actualiser le message évangélique, en le préservant des interprétations subjectives et en lui conservant son authenticité et son unité.
La liturgie
Ensemble des célébrations officielles du culte rendu à Dieu, la liturgie s'organise ordinairement au niveau de la communauté paroissiale. Ces célébrations publiques, qui ont lieu habituellement le dimanche ou le samedi soir, rassemblent à l'église les catholiques établis à proximité. Un calendrier liturgique répartit sur une année la célébration des grandes étapes de la vie du Christ (sa naissance est fêtée à Noël, sa résurrection à Pâques, etc.).
Messe à Notre-Dame de la Trappe
La principale liturgie est la messe, qui comprend deux grandes parties, la première étant consacrée à la lecture et aux commentaires de la Parole (sermon ou homélie), la seconde à l'eucharistie et à l'action de grâce. Comme le Christ l'a enseigné aux apôtres à la veille de sa mort, les catholiques partagent le pain et le vin dans l'eucharistie, un sacrement qui, plus qu'un acte dédié à la mémoire du Christ, est, dans la théologie catholique, sa transsubstantiation. Par la communion, les croyants participent à la vie du Christ, reçoivent son corps et son sang comme une nourriture spirituelle qui les sanctifie.
Les catholiques, de même que les orthodoxes, prient la Vierge Marie et les saints, intercesseurs auprès de Dieu.
L'institution catholique
Introduction
L'Église catholique possède une structure à la tête de laquelle se trouve le pape, suivi – dans l'ordre hiérarchique – par les évêques, les prêtres, les diacres et les laïcs (ou simples fidèles).
Avec ses deux mille ans d'histoire et ses nombreux fidèles répartis dans le monde, l'Église catholique se révèle être une institution dont le gouvernement est fort complexe.
Rome
Le support territorial de l'Église catholique est l'État de la cité du Vatican, dont le statut a été établi par les accords du Latran, en 1929. Ce vestige des États pontificaux, institués au viiie s. pour garantir au pape une indépendance vis-à-vis des pouvoirs politiques, couvre un territoire de 44 ha enclavé dans la ville de Rome. La cité du Vatican jouit d'un statut de neutralité et d'inviolabilité. Cet État singulier est doté d'un gouvernement propre. Sa population s'élève à quelques centaines de personnes, principalement occupées dans la curie romaine.
Le gouvernement de l'Église
Premier concile du Vatican
Au sommet de la hiérarchie catholique, le pape est le garant de la continuité apostolique. Occupant le siège épiscopal de l'apôtre Pierre, il est évêque de Rome. Il nomme les évêques. Élu par le Sacré Collège des cardinaux et choisi parmi eux, il est aussi le signe visible de l'unité de l'Église. À ce titre, il représente l'autorité suprême, arbitrant toutes les décisions concernant la vie de l'Église, l'expression de la foi et les grandes questions posées par les évolutions de société. Toutes ses décisions et déclarations n'engagent pas la foi catholique au même degré : une encyclique papale n'a pas la valeur d'un dogme, qui est l'énonciation d'un article de foi. Aux périodes défensives de son histoire, l'Église catholique s'est recentrée autour de l'autorité du pape, notamment après le grand schisme d'Orient (au moment même où l'Église orthodoxe a conservé des traditions plus pluralistes en son sein), mais aussi lors de la Réforme protestante, puis au début de la modernité issue des Lumières et de la Révolution française. En 1870, au concile Vatican I, l'Église s'est attachée à redéfinir la primauté et l'infaillibilité de son chef. Près d'un siècle plus tard, le concile Vatican II a rééquilibré l'autorité papale en réhabilitant dans ses fonctions primitives la collégialité des évêques.
La collégialité épiscopale confère une responsabilité à tous les évêques, qui exercent leurs pouvoirs sous l'autorité du pape. C'est au chef suprême de l'Église qu'incombe, en effet, le droit de les réunir tous en concile œcuménique ou en synode (c'est-à-dire en assemblée régionale ou locale, par exemple, les évêques africains). Cependant, depuis le concile Vatican II, des conférences épiscopales nationales ou locales (par exemple, la Celam, la Conférence des évêques d'Amérique latine) se tiennent régulièrement à leur propre initiative.
Assemblée des cardinaux – évêques élevés à ce rang par le pape –, le Sacré Collège joue un rôle de conseil particulier auprès du chef suprême de l'Église. Le rôle de cette assemblée consiste essentiellement à élire le nouveau pape. Mais, selon la règle édictée par Paul VI en 1970, ne participent au vote que les cardinaux âgé de moins de 80 ans. Le Sacré Collège, qui comptait 70 cardinaux de Sixte Quint à Jean XXIII, en rassemble près de 200 à la fin des années 2000.
L'Église locale
Circonscrite par un territoire – le diocèse – plus ou moins vaste selon les régions du monde, l'Église diocésaine constitue l'unité de base de l'Église, dans laquelle la continuité apostolique est assurée par l'évêque.
Nommé par le pape, l’évêque est choisi parmi les prêtres et ordonné par des évêques. La plupart d'entre eux sont à la tête d'un diocèse, qui est organisé en paroisses que l'évêque confie à des prêtres. L'évêque, qui a pouvoir de juridiction, est responsable en particulier de la pastorale (enseignement et mission) et des prêtres de son diocèse.
Ordonnés par l'évêque, les prêtres sont au service de l'Église diocésaine. Ce sont exclusivement des hommes ayant fait vœu de célibat (à l'exception des Églises catholiques de rite oriental, où des hommes mariés peuvent être ordonnés). Ils reçoivent de l'évêque le pouvoir de dispenser tous les sacrements sauf l'ordination des nouveaux prêtres (réservée aux évêques). Ils président les célébrations liturgiques, organisent les nombreuses activités de catéchisme, d'entraide, de réflexion au niveau paroissial et diocésain.
Les diacres constituent, au sein de l'Église, le premier degré de la hiérarchie et du sacrement de l'ordre. Tirant son origine d'une tradition ancienne, le diaconat a été remis en honneur par le concile Vatican II comme service spécifique de la communauté croyante ouvert aux hommes mariés. On parle alors de diacres permanents.
Les laïcs sont les membres les plus nombreux de l'Église. Ils voient leur participation à la mission évangélique de l'Église mieux reconnue dans les sociétés laïcisées du IIIe millénaire.
Les ordres religieux
En dehors des activités organisées autour des paroisses et, plus généralement, dans le cadre de la structure ecclésiastique, il existe d'autres formes de vie religieuse, plus dépouillées, plus disciplinées et souvent plus communautaires. Les ordres et les missions représentent ainsi des formes très différentes d'engagement au nom de la foi catholique.
Giotto, Innocent III approuve la règle de saint François
À l'instar des plus connus d'entre eux – bénédictins et bénédictines de saint Benoît (vie s.), franciscains de saint François d'Assise (xiiie s.), clarisses de sainte Claire (xiiie s.), dominicains de saint Dominique (xiiie s.) ou jésuites d'Ignace de Loyola (xvie s.) –, tous les ordres religieux suivent des règles de vie qui répondent aux trois appels évangéliques : la pauvreté, la chasteté et l'obéissance. Ils se différencient néanmoins par leur principale activité qui peut être la prédication, l'action missionnaire et sociale ou encore la prière (notamment dans les ordres contemplatifs vivant dans des monastères).
Contrairement à la prêtrise, les ordres admettent hommes et femmes, mais dans des communautés séparées. Le statut de religieux n'est pas incompatible avec la prêtrise, tant et si bien que beaucoup de religieux sont également prêtres. Par ailleurs, certains ordres (comme les dominicains et les franciscains) ont institué un « tiers ordre », dans lequel sont regroupés des laïcs, mariés ou non, qui, tout en continuant à vivre dans le monde, s'engagent à suivre certains préceptes de la règle adoptée par l'ordre auquel ils appartiennent.
Les ordres religieux ont, pour la plupart, essaimé sur tous les continents. Les responsables des communautés dépendent, selon les cas, de l'évêque du lieu ou d'une autorité centrale rattachée directement au Saint-Siège.
Les mouvements catholiques
Les mouvements catholiques rassemblent des croyants désireux d'agir au nom de la foi, de la justice et de la charité chrétiennes, dans le cadre d'un des nombreux organismes existants, associations ou institutions. Alors que certains d'entre eux ont une dimension locale, d'autres (comme Caritas International, dont fait partie le Secours catholique français) sont internationaux.
Ces mouvements allient à des degrés divers l'étude ou la formation religieuse, l'approfondissement spirituel et l'action caritative ou sociale. Une tension existe cependant entre ceux qui seraient tentés d'oublier le « monde » et ceux qui, au contraire, s'engagent « dans le monde » sans mettre en avant leur identité de membres de l'Église.
Léon XIII
À travers ces nombreux engagements, le catholicisme continue d'être actif dans les domaines de l'enseignement et de l'assistance hospitalière ou caritative, qu'il a longtemps eus en charge. Avec la révolution industrielle du xixe s., il s'est investi sur le terrain social pour dénoncer la « misère imméritée des ouvriers » (encyclique Rerum novarum de Léon XIII, en 1891) et pour y chercher remède. Connu sous le nom de catholicisme social, ce mouvement a débouché sur l'action politique, conduite par les partis de la démocratie chrétienne, et préparé l'éclosion de l'apostolat des laïcs, notamment l'Action catholique en France.
La présence de plus en plus nombreuse de missionnaires dans les pays du tiers-monde a permis aux catholiques de participer à la lutte pour le développement des pays du Sud et de porter assistance aux plus défavorisés.
L'évolution actuelle du catholicisme
Introduction
Ouverture sur le monde séculier, volonté de rejoindre les préoccupations des fidèles, telle est la tendance qui l'emporte aujourd'hui au sein de l'Église catholique, qui cherche à refréner la poussée des traditionalistes refusant toute modernisation liturgique et toute forme d'œcuménisme.
Le concile Vatican II
La seconde moitié du xxe s. est marquée par le concile Vatican II. Convoqué par Jean XXIII, qui l'ouvre le 11 octobre 1962, il est clos le 8 décembre 1965 par Paul VI. Au terme de cette grande assemblée qui a réuni les évêques du monde entier et de nombreux experts théologiens, le catholicisme sort transformé, en particulier plus ouvert au dialogue :
– avec les autres confessions chrétiennes dans le cadre du dialogue œcuménique, qui se traduit, dès le 7 décembre 1965, par la levée réciproque des excommunications entre Rome et Constantinople ;
– avec tous les hommes s'interrogeant au sein de l'Église sur les problèmes de société, dans le respect de leur liberté ;
– avec tous les catholiques, clercs et laïcs, qui ont reçu la même mission de témoigner du Christ et qui méritent ainsi une plus grande reconnaissance, due également au pluralisme culturel des Églises particulières et locales, dont il convient de respecter l'autonomie légitime (par exemple, par l'utilisation de la langue vernaculaire comme langue liturgique) ;
– avec les autres religions, sur la base d'une reconnaissance plus ample du caractère impénétrable des voies de Dieu.
Le concile Vatican II a été l'aboutissement et le point de départ d'un vaste travail théologique qui continue à susciter un intérêt général, de la part tant des clercs que des laïcs.
La tentation intégriste
L'intégrisme catholique est né d'une réaction aux évolutions des sociétés modernes. Désignant initialement un parti politique espagnol, né vers 1890, à la suite de la condamnation papale du modernisme (Syllabus, 1864), le terme a pris un sens plus large. Aujourd'hui il s'applique aux catholiques intransigeants, qui refusent toute concession avec l'ordre social et politique des sociétés modernes, laïques et pluralistes.
Au début du xxe s., sous le pontificat de Pie X, l'intégrisme a pris la forme d'une organisation secrète, la Sapinière, dont l'activité principale était de constituer des dossiers sur les catholiques jugés trop « compromis » avec la société moderne. Elle a mis fin à ses activités en 1921.
Après Vatican II, l'intégrisme est devenu le creuset des tendances catholiques fondamentalement hostiles à l'aggiornamento (adaptation de l'Église à la modernité) engagé par le concile. Le 30 juin 1988, le schisme conduit par le chef des intégristes – l'évêque français Marcel Lefebvre – a été consommé avec l'Église de Rome.
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Forum Religion Catholique
Catholicisme
Religion des chrétiens qui reconnaissent le pape comme chef spirituel.
Le catholicisme, également appelé l’Église catholique, est la branche du
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qui reconnaît l'autorité spirituelle et juridictionnelle du
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. « Totalité et universalité » : tel est le sens en grec ancien du terme katholikos, par lequel est désignée, dès le iie s. de notre ère, l'Église qui a été fondée par Jésus, puis celle qui est restée attachée à ce titre ancien après les divisions apparues au sein du monde chrétien.
Le catholicisme fonde son unité sur une communauté de foi, de sacrements et de vie religieuse (un seul Christ, une seule foi). Une, la foi catholique repose sur un triple fondement : l'Écriture, qui est parole de Dieu ; la Tradition, qui est continuité de l'action divine ; l'Église, dépositaire et seule interprète autorisée de la vérité.
L'Église catholique au sein du christianisme
Lippo Memmi, saint Pierre
Selon l'Évangile, Jésus a lui-même désigné parmi ses apôtres un homme, Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » Le martyre de Pierre à Rome a ensuite désigné le siège épiscopal de la ville comme celui autour duquel doit s'affirmer l'unité de l'Église et de la foi. C'est ainsi que dans l'Église primitive est établie, vers le ier s., la primauté de l'évêque de Rome, successeur de Pierre.
Les enseignements du Christ ont d'abord été transmis par voie orale. Aux premiers écrits chrétiens, notamment les lettres adressées par Paul aux communautés qu'il a fondées, vont succéder les Évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean. Face à la nécessité de légiférer pour authentifier, parmi les multiples écrits qui sont alors rédigés, ceux qui sont fidèles à l'enseignement du Christ, un corpus est rassemblé sous le nom de « Nouveau Testament », en même temps que les écrits juifs antérieurs sont rebaptisés « Ancien Testament ». De même, face à la multiplication des communautés chrétiennes qui naissent dans tout le Bassin méditerranéen à partir du ier s., sont structurées les formes de cette Église (assemblée), qui est appelée à préserver le message du Christ en le protégeant des interprétations erronées.
Le schisme avec les chrétiens d’Orient
Constantin Ier le Grand
Persécuté du ier au ive s., puis toléré et enfin reconnu comme religion officielle par l'empereur Constantin, au début du ive s., le christianisme parvient à s'établir dans l'Empire romain, tout en maintenant son unité ecclésiale et doctrinale jusqu'au xe s. Cependant se développent au sein de l'Église de nombreux débats théologiques, tranchés lors de grands conciles où sont élaborés et fixés des éléments essentiels de la doctrine chrétienne, comme l'universalité du christianisme (Jérusalem, en 49), la Trinité de Dieu (Nicée, en 325 ; Constantinople, en 381), la nature de Jésus-Christ, à la fois humaine et divine (Chalcédoine, en 451). Après l'éclatement de l'Empire romain à la fin du ve s., les divergences entre Orientaux et Occidentaux se font de plus en plus sentir.
Alors que l'Église orientale reste sous la tutelle de l'empereur de Constantinople, l'Église latine doit, pour sa part, suppléer le pouvoir politique, qui s'est effondré avec la chute de l'Empire romain d’Occident. Rome y gagne en autorité non plus seulement spirituelle, mais également temporelle. L'Église d'Orient, déjà opposée à l'Église latine sur la formulation du dogme de la Trinité, lui reproche son autorité centralisatrice. En 1054, la rupture est consommée. L'Église latine garde le nom ancien de « catholique » et celle d'Orient prend celui d'« Église orthodoxe ». Certaines Églises feront néanmoins retour à la communion catholique, notamment au xviiie s., tout en gardant leurs rites de tradition orientale.
La Réforme protestante
Martin Luther
Face au pouvoir temporel de plus en plus hégémonique de l'Église catholique en Europe, les critiques se lèvent pour dénoncer les pesanteurs et les compromissions de l'appareil clérical. Les thèses de Martin Luther (1517) marquent le début de la Réforme, qui donne naissance aux Églises protestantes. Ce mouvement de contestation aspire à une simplification et à une personnalisation de la religion, en préconisant notamment la lecture directe de la
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par le croyant. Grâce au développement de l'imprimerie, il parvient en effet à retirer aux clercs et à l'Église le monopole de la pratique des Saintes Écritures. Dans le protestantisme, il n'y a pas d'épiscopat sacramentel, mais un sacerdoce commun à tous. Le baptême et la Cène (partage du pain et du vin) sont les seuls sacrements retenus, et toute pratique de dévotion ou toute démarche visant à s'assurer du salut sont rejetées : le salut ne s'achète pas, il est obtenu par la grâce de Dieu et non par les œuvres.
L'Église catholique tente de répondre à ces vives attaques par la Contre-Réforme, ou Réforme catholique, en réaffirmant notamment l'autorité du pape ainsi que son attachement à la Tradition, à son magistère, aux sacrements et au salut par les œuvres.
La foi catholique
Introduction
La foi catholique consiste en l'adhésion aux enseignements de l'Église portant sur les vérités que Dieu a révélées par son Fils. Elle se caractérise précisément par la définition des voies d'accès à ces vérités et au salut qu'elles portent en elles : la Révélation, l'Église et la Tradition, qui forment un tout indivisible.
La Révélation
Lorenzo Lotto, la Reconnaissance de la nature divine de l'Enfant Jésus
Selon le christianisme, Dieu s'est révélé aux hommes à travers l'histoire du peuple juif, auquel il a proposé son alliance, avant de se révéler pleinement à travers son Fils – Jésus-Christ mort et ressuscité –, en lequel il s'est incarné.
Le Dieu révélé par le Christ est un Dieu unique mais en trois hypostases : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Il est créateur de toute chose et de toute vie. Empli de bonté envers sa création, il renouvelle, à travers le sacrifice de son Fils sur la croix, son alliance avec le peuple juif puis avec tous les hommes. Les chrétiens, en effet, croient non seulement à la résurrection du Christ, mais aussi à la résurrection des morts et à la vie éternelle : le salut.
L'enseignement du Christ peut se résumer par cette phrase de l'Évangile de Luc (Luc X, 27) : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces, et de tout ton esprit. Et tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Le mot « alliance » traduit un lien de réciprocité entre Dieu et l'homme, et il exprime la « solidarité » de Dieu avec tout homme. Aussi toute adhésion de foi comporte des exigences d'engagement de solidarité humaine et sociale.
La Révélation est tout entière contenue dans la vie, la mort et la résurrection du Christ. Les textes bibliques conservés par la Tradition transmettent les récits qui en ont été faits par les premiers chrétiens.
L'Église
Dépositaire et interprète autorisée des vérités chrétiennes, l'Église veille au maintien de l'unité de la foi. Dans le catholicisme, c'est à elle, à l'assemblée des fidèles, que sont transmises les Écritures, et non à chacun de ses membres d'une manière individuelle.
L'Église catholique ne peut admettre sans difficulté l'existence de plusieurs Églises chrétiennes. Selon elle, la volonté du Christ, réaffirmée dans le credo de Nicée, est que son Église soit « une, sainte, catholique et apostolique », et ce non seulement d'un point de vue théologique – comme le soutiennent orthodoxes et protestants –, mais également dans sa réalisation concrète.
La conviction avec laquelle l'Église catholique revendique comme légitime le droit de rassembler tous les chrétiens repose sur trois éléments fondamentaux :
Évêque célébrant la messe
– La succession apostolique. Les évêques continuent avec le pape la mission confiée par Jésus aux apôtres. Leur ordination dans l'Église (par imposition des mains et sacrement de l'ordre) les investit des pouvoirs de gouverner, d'enseigner et de donner les sacrements au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
– La prédication de la Parole. De même que les premiers disciples ont reçu de Jésus l'Esprit saint, le collège des évêques et le pape sont assistés par l'Esprit lorsqu'ils doivent énoncer les vérités de foi.
Baptême d'un enfant
– Les sacrements. La présence du Christ dans l'Église se manifeste par l'Église elle-même et par les sacrements – signes sacrés porteurs de grâces et institués par le Christ –, à travers lesquels l'Esprit opère le don de Dieu. L'Église catholique dispense sept sacrements : le baptême et l'eucharistie (communs à toutes les Églises chrétiennes), la confirmation, le mariage, l'ordre, la réconciliation (pardon) et l'onction des malades (extrême-onction) pratiqués également dans les Églises orthodoxes. Par le sacrement de l'ordre (ordination), les clercs – diacres, prêtres, évêques – reçoivent le pouvoir de transmettre la grâce de Dieu par les sacrements.
La Tradition
L'Église assure la présence du Christ à travers les âges, en tant que dépositaire des Écritures, mais aussi de la Tradition. Dans le catholicisme, la Tradition englobe l'ensemble des enseignements, des dogmes et des pratiques cultuelles que l'Église a adoptés tout au long de son histoire. Loin de penser que son épaisseur risque de rendre opaque la vérité du Christ, l'Église catholique considère que la Tradition garantit la transmission fidèle et intégrale de la Révélation.
Par son action théologique, dogmatique, liturgique et même sociale, l'Église s'efforce sans cesse d'approfondir le mystère chrétien. Les nouveaux dogmes qu'elle élabore ne sont pas censés apporter de nouvelles vérités, mais éclairer un aspect de la vérité déjà révélée dans sa plénitude par le Christ. Ainsi, la vérité discernée à un moment donné par l'Église des fidèles n'est pas désavouée par les générations suivantes, mais elle est conservée dans la Tradition, tout en étant réinterprétée.
Il existe une manière moderne d'adopter des dogmes qui tend à s'éloigner d'une conception « doctrinaire » de la Tradition et qui prend en compte la dimension historique de la parole doctrinale de l'Église. En témoignent les paroles du pape Jean XXIII au concile Vatican II (1962) : « Autre chose est le dépôt même ou les vérités de la foi, autre chose est la façon selon laquelle les vérités sont exprimées, à condition toutefois d'en sauvegarder le sens et la signification. »
À toutes les époques et dans les divers contextes culturels, l'Église catholique a toujours professé sa foi dans l'assistance par l'Esprit saint pour interpréter et actualiser le message évangélique, en le préservant des interprétations subjectives et en lui conservant son authenticité et son unité.
La liturgie
Ensemble des célébrations officielles du culte rendu à Dieu, la liturgie s'organise ordinairement au niveau de la communauté paroissiale. Ces célébrations publiques, qui ont lieu habituellement le dimanche ou le samedi soir, rassemblent à l'église les catholiques établis à proximité. Un calendrier liturgique répartit sur une année la célébration des grandes étapes de la vie du Christ (sa naissance est fêtée à Noël, sa résurrection à Pâques, etc.).
Messe à Notre-Dame de la Trappe
La principale liturgie est la messe, qui comprend deux grandes parties, la première étant consacrée à la lecture et aux commentaires de la Parole (sermon ou homélie), la seconde à l'eucharistie et à l'action de grâce. Comme le Christ l'a enseigné aux apôtres à la veille de sa mort, les catholiques partagent le pain et le vin dans l'eucharistie, un sacrement qui, plus qu'un acte dédié à la mémoire du Christ, est, dans la théologie catholique, sa transsubstantiation. Par la communion, les croyants participent à la vie du Christ, reçoivent son corps et son sang comme une nourriture spirituelle qui les sanctifie.
Les catholiques, de même que les orthodoxes, prient la Vierge Marie et les saints, intercesseurs auprès de Dieu.
L'institution catholique
Introduction
L'Église catholique possède une structure à la tête de laquelle se trouve le pape, suivi – dans l'ordre hiérarchique – par les évêques, les prêtres, les diacres et les laïcs (ou simples fidèles).
Avec ses deux mille ans d'histoire et ses nombreux fidèles répartis dans le monde, l'Église catholique se révèle être une institution dont le gouvernement est fort complexe.
Rome
Le support territorial de l'Église catholique est l'État de la cité du Vatican, dont le statut a été établi par les accords du Latran, en 1929. Ce vestige des États pontificaux, institués au viiie s. pour garantir au pape une indépendance vis-à-vis des pouvoirs politiques, couvre un territoire de 44 ha enclavé dans la ville de Rome. La cité du Vatican jouit d'un statut de neutralité et d'inviolabilité. Cet État singulier est doté d'un gouvernement propre. Sa population s'élève à quelques centaines de personnes, principalement occupées dans la curie romaine.
Le gouvernement de l'Église
Premier concile du Vatican
Au sommet de la hiérarchie catholique, le pape est le garant de la continuité apostolique. Occupant le siège épiscopal de l'apôtre Pierre, il est évêque de Rome. Il nomme les évêques. Élu par le Sacré Collège des cardinaux et choisi parmi eux, il est aussi le signe visible de l'unité de l'Église. À ce titre, il représente l'autorité suprême, arbitrant toutes les décisions concernant la vie de l'Église, l'expression de la foi et les grandes questions posées par les évolutions de société. Toutes ses décisions et déclarations n'engagent pas la foi catholique au même degré : une encyclique papale n'a pas la valeur d'un dogme, qui est l'énonciation d'un article de foi. Aux périodes défensives de son histoire, l'Église catholique s'est recentrée autour de l'autorité du pape, notamment après le grand schisme d'Orient (au moment même où l'Église orthodoxe a conservé des traditions plus pluralistes en son sein), mais aussi lors de la Réforme protestante, puis au début de la modernité issue des Lumières et de la Révolution française. En 1870, au concile Vatican I, l'Église s'est attachée à redéfinir la primauté et l'infaillibilité de son chef. Près d'un siècle plus tard, le concile Vatican II a rééquilibré l'autorité papale en réhabilitant dans ses fonctions primitives la collégialité des évêques.
La collégialité épiscopale confère une responsabilité à tous les évêques, qui exercent leurs pouvoirs sous l'autorité du pape. C'est au chef suprême de l'Église qu'incombe, en effet, le droit de les réunir tous en concile œcuménique ou en synode (c'est-à-dire en assemblée régionale ou locale, par exemple, les évêques africains). Cependant, depuis le concile Vatican II, des conférences épiscopales nationales ou locales (par exemple, la Celam, la Conférence des évêques d'Amérique latine) se tiennent régulièrement à leur propre initiative.
Assemblée des cardinaux – évêques élevés à ce rang par le pape –, le Sacré Collège joue un rôle de conseil particulier auprès du chef suprême de l'Église. Le rôle de cette assemblée consiste essentiellement à élire le nouveau pape. Mais, selon la règle édictée par Paul VI en 1970, ne participent au vote que les cardinaux âgé de moins de 80 ans. Le Sacré Collège, qui comptait 70 cardinaux de Sixte Quint à Jean XXIII, en rassemble près de 200 à la fin des années 2000.
L'Église locale
Circonscrite par un territoire – le diocèse – plus ou moins vaste selon les régions du monde, l'Église diocésaine constitue l'unité de base de l'Église, dans laquelle la continuité apostolique est assurée par l'évêque.
Nommé par le pape, l’évêque est choisi parmi les prêtres et ordonné par des évêques. La plupart d'entre eux sont à la tête d'un diocèse, qui est organisé en paroisses que l'évêque confie à des prêtres. L'évêque, qui a pouvoir de juridiction, est responsable en particulier de la pastorale (enseignement et mission) et des prêtres de son diocèse.
Ordonnés par l'évêque, les prêtres sont au service de l'Église diocésaine. Ce sont exclusivement des hommes ayant fait vœu de célibat (à l'exception des Églises catholiques de rite oriental, où des hommes mariés peuvent être ordonnés). Ils reçoivent de l'évêque le pouvoir de dispenser tous les sacrements sauf l'ordination des nouveaux prêtres (réservée aux évêques). Ils président les célébrations liturgiques, organisent les nombreuses activités de catéchisme, d'entraide, de réflexion au niveau paroissial et diocésain.
Les diacres constituent, au sein de l'Église, le premier degré de la hiérarchie et du sacrement de l'ordre. Tirant son origine d'une tradition ancienne, le diaconat a été remis en honneur par le concile Vatican II comme service spécifique de la communauté croyante ouvert aux hommes mariés. On parle alors de diacres permanents.
Les laïcs sont les membres les plus nombreux de l'Église. Ils voient leur participation à la mission évangélique de l'Église mieux reconnue dans les sociétés laïcisées du IIIe millénaire.
Les ordres religieux
En dehors des activités organisées autour des paroisses et, plus généralement, dans le cadre de la structure ecclésiastique, il existe d'autres formes de vie religieuse, plus dépouillées, plus disciplinées et souvent plus communautaires. Les ordres et les missions représentent ainsi des formes très différentes d'engagement au nom de la foi catholique.
Giotto, Innocent III approuve la règle de saint François
À l'instar des plus connus d'entre eux – bénédictins et bénédictines de saint Benoît (vie s.), franciscains de saint François d'Assise (xiiie s.), clarisses de sainte Claire (xiiie s.), dominicains de saint Dominique (xiiie s.) ou jésuites d'Ignace de Loyola (xvie s.) –, tous les ordres religieux suivent des règles de vie qui répondent aux trois appels évangéliques : la pauvreté, la chasteté et l'obéissance. Ils se différencient néanmoins par leur principale activité qui peut être la prédication, l'action missionnaire et sociale ou encore la prière (notamment dans les ordres contemplatifs vivant dans des monastères).
Contrairement à la prêtrise, les ordres admettent hommes et femmes, mais dans des communautés séparées. Le statut de religieux n'est pas incompatible avec la prêtrise, tant et si bien que beaucoup de religieux sont également prêtres. Par ailleurs, certains ordres (comme les dominicains et les franciscains) ont institué un « tiers ordre », dans lequel sont regroupés des laïcs, mariés ou non, qui, tout en continuant à vivre dans le monde, s'engagent à suivre certains préceptes de la règle adoptée par l'ordre auquel ils appartiennent.
Les ordres religieux ont, pour la plupart, essaimé sur tous les continents. Les responsables des communautés dépendent, selon les cas, de l'évêque du lieu ou d'une autorité centrale rattachée directement au Saint-Siège.
Les mouvements catholiques
Les mouvements catholiques rassemblent des croyants désireux d'agir au nom de la foi, de la justice et de la charité chrétiennes, dans le cadre d'un des nombreux organismes existants, associations ou institutions. Alors que certains d'entre eux ont une dimension locale, d'autres (comme Caritas International, dont fait partie le Secours catholique français) sont internationaux.
Ces mouvements allient à des degrés divers l'étude ou la formation religieuse, l'approfondissement spirituel et l'action caritative ou sociale. Une tension existe cependant entre ceux qui seraient tentés d'oublier le « monde » et ceux qui, au contraire, s'engagent « dans le monde » sans mettre en avant leur identité de membres de l'Église.
Léon XIII
À travers ces nombreux engagements, le catholicisme continue d'être actif dans les domaines de l'enseignement et de l'assistance hospitalière ou caritative, qu'il a longtemps eus en charge. Avec la révolution industrielle du xixe s., il s'est investi sur le terrain social pour dénoncer la « misère imméritée des ouvriers » (encyclique Rerum novarum de Léon XIII, en 1891) et pour y chercher remède. Connu sous le nom de catholicisme social, ce mouvement a débouché sur l'action politique, conduite par les partis de la démocratie chrétienne, et préparé l'éclosion de l'apostolat des laïcs, notamment l'Action catholique en France.
La présence de plus en plus nombreuse de missionnaires dans les pays du tiers-monde a permis aux catholiques de participer à la lutte pour le développement des pays du Sud et de porter assistance aux plus défavorisés.
L'évolution actuelle du catholicisme
Introduction
Ouverture sur le monde séculier, volonté de rejoindre les préoccupations des fidèles, telle est la tendance qui l'emporte aujourd'hui au sein de l'Église catholique, qui cherche à refréner la poussée des traditionalistes refusant toute modernisation liturgique et toute forme d'œcuménisme.
Le concile Vatican II
La seconde moitié du xxe s. est marquée par le concile Vatican II. Convoqué par Jean XXIII, qui l'ouvre le 11 octobre 1962, il est clos le 8 décembre 1965 par Paul VI. Au terme de cette grande assemblée qui a réuni les évêques du monde entier et de nombreux experts théologiens, le catholicisme sort transformé, en particulier plus ouvert au dialogue :
– avec les autres confessions chrétiennes dans le cadre du dialogue œcuménique, qui se traduit, dès le 7 décembre 1965, par la levée réciproque des excommunications entre Rome et Constantinople ;
– avec tous les hommes s'interrogeant au sein de l'Église sur les problèmes de société, dans le respect de leur liberté ;
– avec tous les catholiques, clercs et laïcs, qui ont reçu la même mission de témoigner du Christ et qui méritent ainsi une plus grande reconnaissance, due également au pluralisme culturel des Églises particulières et locales, dont il convient de respecter l'autonomie légitime (par exemple, par l'utilisation de la langue vernaculaire comme langue liturgique) ;
– avec les autres religions, sur la base d'une reconnaissance plus ample du caractère impénétrable des voies de Dieu.
Le concile Vatican II a été l'aboutissement et le point de départ d'un vaste travail théologique qui continue à susciter un intérêt général, de la part tant des clercs que des laïcs.
La tentation intégriste
L'intégrisme catholique est né d'une réaction aux évolutions des sociétés modernes. Désignant initialement un parti politique espagnol, né vers 1890, à la suite de la condamnation papale du modernisme (Syllabus, 1864), le terme a pris un sens plus large. Aujourd'hui il s'applique aux catholiques intransigeants, qui refusent toute concession avec l'ordre social et politique des sociétés modernes, laïques et pluralistes.
Au début du xxe s., sous le pontificat de Pie X, l'intégrisme a pris la forme d'une organisation secrète, la Sapinière, dont l'activité principale était de constituer des dossiers sur les catholiques jugés trop « compromis » avec la société moderne. Elle a mis fin à ses activités en 1921.
Après Vatican II, l'intégrisme est devenu le creuset des tendances catholiques fondamentalement hostiles à l'aggiornamento (adaptation de l'Église à la modernité) engagé par le concile. Le 30 juin 1988, le schisme conduit par le chef des intégristes – l'évêque français Marcel Lefebvre – a été consommé avec l'Église de Rome.
Documents associés
Médias
Baptême d'un enfantConstantin Ier le GrandÉvêque célébrant la messeGiotto, Innocent III approuve la règle de saint FrançoisLéon XIIILippo Memmi, saint PierreLorenzo Lotto, la Reconnaissance de la nature divine de l'Enfant JésusMartin LutherMesse à Notre-Dame de la TrappePremier concile du VaticanRome
Re: Forum Religion Catholique
Lettre des frères de l’ « Église de Bourg du Four » à leurs pasteurs
À MM. Guers, Lhuillier, Empaytaz.
Chers frères et pasteurs bien-aimés,
Nous désirons vous assurer, en répondant à l’exposé de principes que vous avez eu la complaisance de nous donner, que nous recevons avec actions de grâces envers notre Dieu et Père, et comme venant de sa bonté, tous les dons qu’il vous a départis. Nous le prions instamment que, selon sa sagesse et cette bonté envers ses enfants sur laquelle nous nous reposons, il fasse croître ces dons de jour en jour. La seule chose que nous ayons à dire à ce sujet, c’est de vous prier de vaquer davantage à l’exercice de ces dons, comme il est dit en Actes 6:4 : « Persévérer dans la prière et dans le service de la Parole ».
Nous croyons que le fardeau de toutes les affaires de l’Église qui pèse entièrement sur vous, vous a entravés à cet égard. Et de plus, chers pasteurs, tout en ayant l’assurance entière que vos intentions et désirs ont été bons, et que peut-être une coupable négligence de notre part y a contribué, nous croyons que la libre action du Saint Esprit a été gênée dans l’Église. Nous ne cherchons point, ce serait entraver notre propre bonheur, Dieu nous en garde, à mettre des entraves à la libre action du Saint Esprit dans nos pasteurs et par nos pasteurs au milieu de l’Église. Mais nous désirons aussi que sa libre action dans l’Église ne soit ni empêchée, ni réprimée, ni gênée, mais qu’en tant qu’il s’y manifestera il règne librement, agissant, soit dans les pasteurs, soit en d’autres frères, selon sa sainte puissance et la sûre parole de notre Dieu.
Que l’Église, y compris les pasteurs avec toutes leurs lumières et leurs expériences, agisse dans toutes les affaires qui sont nécessaires à son bien-être, selon leurs dons respectifs. Nous croyons que cela a été empêché, et c’est ce que nous réclamons, et c’est sur ce principe que nous désirons agir dorénavant, et que mots désirons que vous agissiez, afin que l’amour et la confiance, en un mot l’Esprit de notre Dieu, règne et agisse librement au milieu de nous, ses pauvres enfants. Nous ne pensons point nous fier à nous-mêmes ni à l’homme, quel qu’il soit. Nous n’avons de confiance que dans la libre action du Saint Esprit, et, ayant consulté la sainte Parole, nous croyons que ce que nous disons est selon cette Parole. Donnons donc pleine liberté à l’action du saint Esprit dans l’Église, et tout ira bien ; et si la chair agit en qui que ce soit, qu’il soit jugé comme ayant agi dans la chair.
Voilà ce que nous sentons et répondons à votre exposition de principes. Il y a plusieurs questions sur lesquelles nous avons désiré des enseignements scripturaires plus larges et plus suivis, et sur lesquels nous désirons en conséquence approfondir encore plus cette Parole. C’est dans ce but que nous avons continué nos réunions, afin que, si ces questions devaient être discutées dans l’Église, nous soyons plus capables de juger et prononcer sur elles selon la Parole de Dieu. Pour le présent, nous désirons seulement vous communiquer nos désirs sur des choses qui nous semblent tenir à la paix et au bonheur de l’Église.
Genève, automne 1837.
Conclusion de :
Coup d’œil sur divers principes ecclésiastiques et
Examen des fondements sur lesquels on veut asseoir les institutions de l’Église de Dieu sur la terre —
Réponse à divers écrits, par J.N. Darby, Genève, 1848, 155 p.
Vous chrétiens, qui prenez la Parole pour guide, pour conseil, qui trouvez en elle un don précieux que Dieu nous fait et une lumière parfaite dans tous les cas, ne vous découragez pas. Si vous rencontrez de l’opposition et si le nombre des personnes qui veulent suivre cette voie est petit, n’en soyez pas étonnés. « La foi n’est pas de tous » (2 Thess. 3:2).
Et là où il y de la foi, que de choses, hélas, tendent à obscurcir la vie spirituelle, à empêcher que l’œil ne soit net, à nous faire dire : « Permets-moi d’aller premièrement, etc. ! » (Luc 9:59).
Mais, la foi est toujours bénie. L’œil net jouit toujours de la douce et précieuse lumière de Dieu. La Parole suffit à rendre tout homme accompli ; elle suffit non seulement à le sauver, elle suffit encore à le rendre sage à salut, et, de plus, à le rendre accompli et prêt à toute bonne œuvre.
Qui que vous soyez, chers et bien-aimés frères, confiez-vous à cette Parole. Souvenez-vous seulement que, pour en profiter, il vous faut le secours et l’instruction du Dieu vivant. Vous ne sauriez ni y apprendre la grâce et la vérité, ni vous en servir, à moins que l’Esprit de Dieu ne vous instruise. Tout le langage, toutes les idées de la foi, de la vie chrétienne, s’y trouvent ; mais vous avez les soins d’un Maître vivant et divin. Elle est, cette Parole, l’épée de l’Esprit.
Quelles que soient par ailleurs les formes et les allures de la piété qui se trouvent en eux, et le zèle qui les pousse, vous trouverez que ceux qui s’opposent à une marche qui réclame la Parole de Dieu comme autorité en toutes choses, laissent de côté, ou repoussent et ne comprennent pas les vérités suivantes :
Premièrement, la doctrine de l’Église, corps de Christ, une sur la terre, Épouse de l’Agneau.
Secondement, la présence et la puissance de l’Esprit de Dieu, agissant dans les enfants de Dieu et les dirigeant ; spécialement, la présence du Saint Esprit dans le corps, l’Église ici-bas, y agissant et le dirigeant, ainsi que tous ses membres, au nom de Celui qui en est le Chef.
Troisièmement, l’autorité et la suffisance de la parole de Dieu.
Ces chrétiens échappent, d’un côté ou de l’autre, à l’autorité de la Parole de Dieu. Ils l’admettent comme protestants, pour s’y soustraire comme croyants, comme membres de l’Église, comme disciples ; et ce qu’ils organisent n’en découle nullement, ainsi que la Constitution de l’Église libre du canton de Vaud en a fourni la preuve.
Vous verrez aussi qu’en général, chez les chrétiens dont nous parlons, le clergé remplace le culte. Il y a, à la vérité, quelque changement et quelque progrès sous ce dernier rapport. L’Esprit de Dieu produit des besoins ; mais il n’y aura jamais une réponse vraie et bénie à ces besoins, à moins d’admettre avec foi les principes rappelés plus haut.
Pour vous, frères qui avez compris ces choses, j’ajouterai un avertissement.
On peut avoir ces précieuses connaissances pour marcher avec intelligence devant Dieu (Éph. 5:15) ; mais on peut les avoir, s’en vanter, les proclamer, et avec tout cela repousser les âmes modestes désireuses de marcher, et les jeter aux mains de ceux qui ne veulent pas qu’elles marchent suivant ces connaissances. Il faut que nous marchions nous-mêmes dans le sérieux, dans la modestie, dans l’amour que produit la présence de Dieu. Cela suppose la foi et la vie dans l’âme. Où cela se trouve, la bénédiction ne manque pas à ceux qui marchent. Sans que cela justifie l’incrédulité ou l’opposition des autres, si vous présentez la vérité de manière à ne pas glorifier Dieu, vous leur donnez de la force et de l’influence contre elle. Des principes ne suffisent pas : il faut Dieu. Sans cela, des principes puissants ne sont qu’une épée dans la main d’un enfant ou d’un homme ivre : mieux vaudrait la lui ôter, ou que, du moins, il n’en fît pas usage jusqu’à ce qu il fût sobre. Montrons les fruits de nos principes. Soyons fermes dans la vérité. Il faut être fermes. Plus les uns s’opposent à la vérité, plus les autres professent vouloir la posséder et s’accommodent, sans que leur conscience s’y soumette franchement aux besoins qu’elle a produits en d’autres personnes (et ces deux cas-là se présentent), plus nous avons nous-mêmes à nous tenir dans le chemin étroit que cette vérité a jalonné pour nos âmes, selon la grâce et la puissance du Saint Esprit qui nous a sanctifiés pour obéir à Christ . Que nos cœurs soient larges et nos pieds dans le chemin étroit. Souvent, lorsqu’on parle de charité, les cœurs sont étroits et les pieds suivent le chemin qui leur convient. C’est ce qui rend le cœur étroit, parce que la conscience n’y est pas à son aise, et l’on n’aime pas ceux qui mettent cela en évidence. La présence de Dieu, et c’est ce dont nous parlons, donne la fermeté, la soumission pratique à la parole, la confiance dans les voies de Dieu, une confiance en Dieu lui-même qui tranquillise l’âme dans les peines du chemin, qui fait qu’on ne cherche pas à faire prévaloir les principes par des voies détournées et par des moyens humains ; elle donne, enfin, de l’humilité et de la droiture. Dieu saura faire prévaloir ces principes, là où il agit dans sa grâce. Seulement, que nous en manifestions la puissance ; il fera le reste.
Oui, chers frères, la vie, la présence de Dieu, voilà ce qui, par l’opération du Saint Esprit en nous et dans les autres, donne de la force aux vérités qui nous sont confiées, quelles qu’elles soient. Mieux vaudrait-il que ces vérités ne fissent pas de chemin que de sortir nous-mêmes de la présence de Dieu pour les faire valoir.
Le besoin de l’unité et de l’action spirituelle se fait sentir. Vous verrez surgir des efforts humains destinés à produire des choses qui répondent à ce besoin. Ne vous y fiez pas : l’Église, l’Esprit, la Parole, l’attente pratique de Jésus, voilà les choses dont vous avez à réaliser présentement la vérité et la puissance.
En attendant la venue de Jésus, comme objet immédiat des affections spirituelles du cœur, voila ce dont nous avons à nous préoccuper.
Il y a des systèmes de toute espèce : le national, le libre, celui de l’Alliance évangélique, et d’autres. Lorsqu’on retient fermement la vérité, tout cela est jugé dans l’âme sans violence et sans bruit. Rien de tout cela ne peut s’accorder avec les choses dont j’ai parlé. Seulement, soyons certains que Dieu honorera la foi personnelle partout où il la trouvera. Ayons ainsi le cœur large, prêt à reconnaître Dieu partout où il agit ; mais ne nous laissons pas tromper par les apparences. Ni les uns ni les autres de ces systèmes ne peuvent être l’Épouse de Christ, ni la demeure de l’Esprit dont parle la Parole ; ils ne peuvent non plus agir purement selon la parole.
Or, chers frères, Dieu ébranle tout hormis le royaume qui ne saurait être ébranlé. Il ôtera tout, sauf cela. Pourquoi bâtir ce que sa venue détruira ? Tenons-nous fermement dans la parole de sa patience. Christ ne possédait pas, il ne possède pas encore le fruit du travail de son âme. Tout ce qui n’est pas cela périra ; attachons-nous à ce qui ne doit pas périr. Toute autre chose nous distrairait. Impossible que je jouisse pleinement de la venue de Jésus comme d’une promesse, si je cherche à bâtir des choses que sa venue détruira. Son Église sera ravie vers lui. Son Esprit en sera à jamais la puissance. Sa Parole demeure à toujours. Tenons-nous-y. Nous ne perdrons ni notre peine (1 Cor. 15:30-32), ni le travail de la foi, quoique cette Parole soit sans doute la parole de sa patience.
Que d’événements, depuis que ces pages ont été écrites (*), sont venus donner de la force et de la réalité aux vérités révélées sur l’Église, l’Esprit, la Parole et l’attente pratique de Jésus ! Qu’on est heureux d’avoir reçu en paix, par la foi, ce dont les événements donnent la démonstration, et ce qui devient doublement précieux au milieu de tout ce qui se déroule devant nos yeux ! Et quel affermissement pour la foi que de voir les événements confirmer par des actes de la Providence ce que, par l’enseignement de l’Esprit, nous avons reçu et cru comme des vérités !
(*) Allusion aux révolutions de cette année 1848 (Ed.).
Et, en présence de ces événements, combien les chrétiens doivent chérir et réaliser, plus que jamais, la venue du Seigneur Jésus ! Elle sera la joie journalière de nos âmes, et un puissant moyen aussi de nous affermir dans la paix et dans une marche sûre et chrétienne. Sachons en appliquer la puissance à toute notre marche. Souvenons-nous qu’un héritage incorruptible, qui ne se souille pas, est réservé dans les cieux pour nous qui sommes gardés par la puissance de Dieu par la foi, pour le salut prêt à être révélé (1 Pierre 1:4, 5). Et en attendant, souvenons-nous que Christ a dit : « Mon royaume n’est pas de ce monde » et que nous-mêmes nous ne sommes pas de ce monde, comme Christ n’était pas de ce monde. Nous sommes morts et ressuscité avec lui. Appliquons ces témoignages de la Parole à toute notre marche, nous souvenant que notre bourgeoisie est dans les cieux, d’où nous attendons comme Sauveur le Seigneur Jésus qui transformera nos corps vils à la ressemblance de son corps Glorieux. En marchant tranquillement avec Jésus, le Dieu de paix demeurera avec nous. Rien ne nous sépare de son amour. Il peut nous laisser châtier s’il en est besoin, mais il n’abandonne jamais le gouvernement de toutes choses. Jamais un passereau ne tombe à terre sans notre Père. Le Seigneur Jésus marche sur la mer agitée comme sur la mer calme. Nous ne saurions, sans lui, marcher ni sur l’une ni sur l’autre.
Gardés dans la communion du Seigneur, bien loin de diminuer dans nos cœurs le prix des vérités élémentaires de l’Évangile, les principes dont j’ai parlé les rendent infiniment plus précieuses, et en même temps beaucoup plus claires. On les annoncera avec plus de force et de simplicité.
Ainsi, la venue de Jésus ranimera notre zèle à appeler les siens. à s’adresser aux pécheurs, à avertir le monde du jugement qui l’attend, et qui l’attend tel qu’il est ici-bas. Elle nous poussera, selon notre mesure, à une sainte activité dans l’Église, afin que l’Église se réveille et se prépare, comme aussi à une sainte activité envers le monde.
Que Dieu nous tienne près de lui et nous garde, vous et moi, mes frères, qui que vous soyez qui aimez le Seigneur Jésus, dans l’attente fidèle et patiente de Jésus qui nous a dit : « Voici, je viens bientôt ». Amen.
J. N. Darby
À propos de la formation des Églises libres
… L’œuvre de la Réformation est une œuvre de l’Esprit de Dieu et de la puissance de la vérité, et son histoire me donne une preuve de cette puissance, un effet de cette vérité ; mais elle ne m’en donne pas la mesure… La Réformation n’a jamais été le christianisme lui-même… elle a été un fruit très précieux que le Saint Esprit a produit sur cet arbre déjà planté… Ne pas apprécier la Réformation, ce serait mépriser l’œuvre de Dieu. Et, d’un autre côté prendre historiquement la Réformation comme mesure de vérité, comme le christianisme intégralement rétabli, c’est faire un profond mécompte, et porter atteinte à l’autorité de la Parole dans sa nature, et aux droits qu’elle a d’être seule écoutée.
… Voulons-nous servir Dieu dans notre génération, prenons la Bible elle-même, non pour mettre en question des vérités déjà acquises (de nouvelles vérités ne peuvent mettre de côté les anciennes), mais prenons-la comme la vérité elle-même.
C’est à cela que je m’attache, et non à une œuvre dans l’homme, quoiqu’elle soit une œuvre de l’Esprit de Dieu. À l’époque de la Réformation, Dieu tout sage a mis en relief les vérités nécessaires à son Église. Et en les recevant je n’en conclus pas que Dieu n’a rien à me faire connaître de sa Parole qui soit nécessaire aux temps où nous vivons. Autre chose de trouver dans la Réformation la liberté de la pensée de l’homme, c’est-à-dire le principe intellectuel du péché, et voilà à quoi se bornent les rationalistes de tout genre ; autre chose d’y trouver la communication de la vérité dont nous avons à nous servir aujourd’hui, en l’adaptant aux circonstances nouvelles de l’Église, et voilà l’horizon où se renferment les frères des Églises libres de diverses nuances (*) ; autre chose, enfin, de reconnaître l’œuvre de Dieu et les vérités puissantes mises au grand jour par la puissance de son Esprit, et de prendre la Bible, comme serviteur de Dieu tenu à cette seule règle, sans oser ni reconnaître aucun autre moyen de trouver Sa volonté, ni se soustraire à rien de ce qui s’y trouve…
(*) L’auteur fait allusion en particulier aux chrétiens qui fondaient à cette époque l’Église libre de Paris, et qui avaient envoyé une Adresse circulaire où on lisait entre autres : « Ainsi naissent les professions vivantes et populaires de l’Église, qui sont aussi celles de tous ses membres, qui répondent aux attaques actuelles de l’incrédulité, et qui résolvent les difficultés du moment ». « Nous nous replaçons sur le terrain des Églises réformées de France. Nous relevons de nos faibles mains le vieux drapeau qui traîne dans la poussière. Il vaut la peine de le ramasser, ce noble étendard de nos pères, qui est l’étendard de Christ, de Christ hautement et clairement confessé ».
… Dans la perfection de la Parole, il y a, je n’en doute nullement, des vérité, et des lumières nécessaires pour les circonstances critiques, pour les jours difficiles où nous nous trouvons, que Dieu n’a pas données à ses serviteurs à l’époque de la Réforme ; vérités dont, au moins, ils n’ont pas fait usage, entraînés par les circonstances où ils étaient, et dont, au contraire, nous ne pourrions peut-être pas nous passer si nous voulons assurer la bénédiction de l’Église en ce moment…
J.N. Darby
(Considérations sur le caractère du mouvement religieux du jour et sur les vérités par lesquelles le Saint Esprit agit pour le bien de l’Église. Genève, 1849).
Fragment de lettre de G.V.Wigram
… Le témoignage de notre temps est l’expression de la fidélité de la grâce de Dieu — malgré la chute et la ruine de tout sur la terre — par le moyen de ceux qui sentent la ruine et en sont humiliés. Dans cette position les frères étaient bénis de Dieu. Ils ont trop pensé à leur position, à leur témoignage, ils en sont fiers ; et de deux choses l’une : ou ils seront mis de côté et le témoignage sera donné à d’autres ; ou ils seront humiliés afin de pouvoir retenir le témoignage.
L’humiliation peut avoir lieu à la suite de l’action de Dieu sur leurs cœurs par la Parole. Que Dieu leur accorde la grâce qui leur est nécessaire ; mais s’ils ne s’humilient pas, ils seront humiliés par la main puissante de Dieu.
… Le Seigneur sera fidèle ; que les frères en soient bien persuadés. Qu’il nous accorde la grâce de nous juger nous-mêmes, afin que nous ne le soyons pas par Lui. Puis Celui qui vient sera bientôt arrivé et nous serons avec Lui. Qu’il nous trouve à son retour à la fois remplis de sa grâce et fidèles à toute sa vérité.
15 mai 1854
Quelques lettres de la fin de J.N.D.
Londres, 2 septembre 1881
J’ai été au plus bas, en sorte que je ne savais pas si je me relèverais… Je n’ai pas senti la mort, car Dieu (et si nous ne nous sommes pas jugés, Satan) travaille spécialement dans ce moment-là ; mais très incertain si je me relèverais, je me suis trouvé en vue de ma fin, et j’ai été étonné du peu de différence que cela me faisait : Christ, le précieux Sauveur, avec moi pour le chemin : puis, moi avec lui par grâce, pour toujours : cela n’avait pas changé… Christ est tout, mon cher ; tout le reste disparaîtra ; mais Lui (son nom soit béni) jamais. Celui qui n’a pas honte de nous appeler ses frères est néanmoins assis sur le trône du Père. C’est une merveilleuse rédemption, et celui qui l’a accomplie est infiniment précieux…
Tenons-nous près du Seigneur, car il nous veut là, et connaissons notre néant. L’état vraiment chrétien, c’est qu’il n’y ait pas une pensée ni un sentiment dans notre cœur, dont il ne soit pas la source. C’est la réalisation de cette parole : « Vivre, c’est Christ », mais quelle grâce et quelle vigilance il faut, pour que nous en approchions…
J.N. Darby
Londres, 14 septembre 1881
À M. P.
Bien cher frère,
Je n’ai pas besoin de vous dire que je suis bien réjoui des nouvelles que vous me donnez d’Orthez, endroit où j’ai travaillé dans le temps, mais qui a été passablement délaissé depuis longtemps. C’était le champ de presque les premiers travaux et triomphes du cher Barbey, et c’est là qu’a été le commencement du réveil en France.
Quant à moi, cher frère, Dieu m’a conduit tout près des portes de la mort, assez près pour faire un peu l’expérience de ce qu’elle était, mais pas comme jugement. C’était la dissolution de mon être qui se faisait sentir ; mais l’expérience m’a été utile ; aucune nouvelle vérité ne m’était nécessaire, mais le salut, la grâce, Christ lui-même et son amour, l’amour du Père, tout cela devenait beaucoup plus sensible, beaucoup plus réel, un grand gain pour moi. Probablement, je n’aurai plus la force physique pour travailler comme je l’ai fait dans le temps ; mais quoique travailler soit un bonheur pour moi, j’accepte avec joie la volonté de Dieu. Au reste, déjà depuis quelque temps je sentais que je devais mener une vie plus recueillie à Londres ; puis j’ai pu être utile dans les exercices par lesquels les frères ont passé ces temps-ci, exercices solennels mais si profitables, qui ne sont pas finis mais qui tirent à leur fin. Je travaille dans mon cabinet comme de coutume, et même j’ai assisté à quelques réunions. Une attaque de paralysie, quoique très légère, m’a un peu arrêté, mais je ne m’en ressens que dans la joue droite. Quoique mes membres n’eussent rien perdu de leur force, j’avais de la peine à me maintenir en équilibre ; à présent cela va mieux, mais il faut que je fasse attention à mes pas. Dieu continue son œuvre ; en plus d’un endroit, il y a des conversions, et l’état des frères a beaucoup gagné de toute manière.
C’est la présence de Dieu, cher frère, qui donne la force et la joie et qui nous les donnera toujours. Quelle joie de voir Christ qui nous a tant aimés, le même qui a été sur cette terre, l’ami si accessible aux siens, de le voir réellement, et pour toujours. Le travail convient à ce monde, la joie à l’autre, quoique nous la goûtions comme des ruisseaux d’eau, avant d’être parvenus à la source.
Je vous remercie, cher frère, pour toute votre bonne affection. J’aurais aimé voir les frères de Pau, auxquels j’étais très attaché, ainsi qu’à ceux des environs, mais je ne crois pas que ce soit possible : nous nous rencontrerons ailleurs.
Que Dieu ranime les anciens autour de vous, et soutienne les jeunes convertis dans le bon chemin, en les tenant près de lui. Tout le reste périra et s’en ira.
Votre affectionné frère en Christ,
J.N. Darby
1881
Bien-aimé frère.
Je suis par la bonté de Dieu, beaucoup mieux.
… Il y a un changement en moi, à la suite de cette proximité de la mort, non pas en doctrine, non pas dans mes vues ; en tout cela rien n’est changé, tout est confirmé. C’est une douce pensée que tout ce que j’ai enseigné a été de Dieu : mais j’ai bien plus intimement la conscience d’appartenir à l’autre monde. Je l’avais bien déjà par la foi, mais j’ai le sentiment d’en être. Je ne sais quand il me prendra, et jusqu’à ce moment je fais, comme toujours, ce que mes forces me permettent. Veiller et prier est nécessaire comme par le passé, mais c’est davantage ce que le bien-aimé Sauveur a dit : « Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde » ; et d’où était-il ? À cet égard le changement est sensible, et je l’attends…
J. N. Darby
Bournemouth, 11 mars 1882
À Mr. P. S.
Bien cher frère,
J’ai souvent pensé à vous écrire ; mais j’en ai été empêché. Actuellement je dois employer la main d’un autre pour vous annoncer que je ne le puis pas ; je veux seulement vous rappeler la longue traversée que nous avons faite ensemble, et reconnaître l’affection fidèle que j’ai éprouvée en vous et dans la bienveillance de Mme S. Maintenant c’est la fidélité éternelle du Christ qui doit être mon appui, et qui me rend, grâces à Dieu, heureux, béni et soutenu de la part de Dieu.
Je vous souhaite la bienvenue dans l’autre monde.
Saluez affectueusement tous les frères.
Votre affectionné,
J. N. Darby
Bournemouth, 19 mars 1882
Mes bien-aimés frères,
Après des années de communion dans la faiblesse, je n’ai que la force corporelle d’écrire quelques lignes, d’affection plus que toute autre chose. Je rends témoignage de l’amour que j’ai trouvé non seulement dans le Seigneur toujours fidèle, mais dans mes bien-aimés frères, et de toute leur patience envers moi — Combien plus, alors, de la part de Dieu ! J’en rends sincèrement témoignage. Je puis dire encore que Christ a été mon unique objet — Dieu en soit béni, il a été ma justice aussi. Je ne crois pas avoir quoi que ce soit à retirer, et bien peu maintenant à ajouter. Attachez-vous fermement à Lui. Comptez sur la grâce abondante qui est en Lui, de façon à le reproduire, dans la puissance de l’amour du Père ; et veillez pour attendre Christ. Je n’ai rien à ajouter, sinon ma sincère et reconnaissante affection en Lui.
J’ajoute cependant encore : n’oubliez pas le ministère de Jean en insistant sur celui de Paul. L’un donne la dispensation dans laquelle la révélation est faite : l’autre, ce qui est révélé.
Bien-aimés frères,
Je suis convaincu que si nous reconnaissons pieusement que la main de Dieu est sur nous, et que nous ayons humblement confiance dans le propos du Père pour la gloire de son propre Fils, il y aura une abondante bénédiction, et une extension de l’œuvre par les portes que Lui-même ouvrira.
J. N. Darby (mort le 29 avril suivant)
N. B. — Les lettres de J. N. Darby publiées ci-dessus sont extraites des « Letters » (3 volumes, en anglais) et des nombreuses lettres (près de 500) parues dans le Messager Évangélique depuis 1881. Nous signalons l’intérêt exceptionnel de deux d’entre elles qui ont fait ensuite l’objet chacune d’une édition séparée : la « Lettre au Rédacteur du Français », 1874 (dans le M.E. 1902, p. 401), et la « Lettre au Professeur Tholuck » (ibid., 1913), p. 134, 148).
15 - Appendice — Bref regard sur la chrétienté actuelle
Le dernier chapitre de cet ouvrage, (points 12 et 13), dû pour l’essentiel à un cher serviteur de Dieu maintenant auprès du Seigneur, n’allait pas au-delà de la période d’entre les deux Guerres mondiales. Il ne visait qu’à donner une esquisse sommaire et forcément très incomplète de la chrétienté moderne, et non son histoire suivie. Il serait plus difficile encore de brosser un tableau de l’état présent des choses. Tout se précipite, dans la plus grande confusion. À peine peut-on indiquer quelques-unes des tendances qui s’affrontent.
Le mouvement œcuménique
Les plus marquées peut-être de ces tendances sont les efforts qui sont faits pour élaborer une unité visible des chrétiens. Les divisions de la chrétienté, douloureuses pour toutes les âmes sincères, mettent en péril son existence même. Malheureusement, au lieu de s’en tenir à l’unité du « seul corps », assurée par le « seul Esprit », on cherche une unité factice, en associant entre elles le plus grand nombre possible de ces Églises et dénominations qui précisément, de par leur existence même, sont la négation pratique de l’unité réelle. Le mouvement œcuménique, comme on l’appelle (de oikoumené, la terre habitée, toute la terre), fait remonter son origine à la première Conférence mondiale des missions, tenue à Édimbourg en 1910. Elle eut comme suites l’ « Alliance universelle pour l’amitié internationale par le moyen des Églises » (1914) formée sous l’impulsion de l’évêque C. H. Brent, de l’Église épiscopale américaine — et, parallèlement, tout un mouvement en vue du groupement des Églises, qui prit le nom de « Foi et Constitution » (Faith and Order). La Conférence de Lausanne, en 1927, consacra des progrès décisifs de ce mouvement, en réunissant des délégués de presque toutes les Églises chrétiennes, sauf Rome. En même temps se développait, grâce à l’archevêque luthérien Nathan Sœderblom, un Suédois, à l’évêque anglican G. K. Bell et au pasteur réformé français Wilfred Monod, le mouvement dit du christianisme pratique (ou : « Vie et action »), qui, « dans une atmosphère intense et pathétique », réunit la Conférence universelle de Stockholm en 1925. Les deux mouvements, aux aspirations voisines, convergèrent peu à peu. La fusion, préparée en 1938 (conférence d’Utrecht, suivie de celle de Saint-Germain-en-Laye en 1939), ne put être effective qu’après la guerre : elle se fit à Amsterdam, où eut lieu en 1948 la première assemblée mondiale, de laquelle sortit le « Conseil œcuménique des Églises » (C.O.E). Une seconde assemblée mondiale s’est réunie à Evanston (É.-U.) en 1954, une troisième à New-Delhi (Inde) en 1961. Plus de 200 Églises sont représentées dans le C.O.E., qui siège en permanence à Genève (associé au Conseil international des Missions), soit la presque totalité des Églises et dénominations protestantes (*), les Églises du Proche et Moyen-Orient, et l’Église orthodoxe russe. Toutefois des Églises qui, parmi ceux qu’on appelle couramment les Évangéliques, se réclament d’un attachement étroit à l’Écriture (fondamentalisme), n’y participent pas : elles ont fondé à part en 1948 le « Conseil international des Églises chrétiennes ».
(*) Parallèlement se poursuit un effort de groupement au sein des grands ensembles protestants. C’est ainsi qu’est née en 1938 la Fédération protestante de France, englobant, outre les Églises réformées, des Églises luthériennes et baptistes, mais non point toutes, et que s’est fondée en 1947 à Lund (Suède) la grande Fédération luthérienne mondiale. Mais, outre que de nombreuses dénominations ne se rallient pas à ces Fédérations, des minorités au sein des Églises fédérées n’acceptent pas davantage d’en faire partie, et constituent de nouvelles Églises, ou des unions restreintes, de sorte que la confusion s’en trouve aggravée ! Mais surtout, on garde toujours le même principe d’Églises particulières librement associées, organisées chacune selon son système propre : l’unité est tout extérieure et finalement illusoire. Comment en serait-il autrement puisque, en fait, l’autorité de la Parole de Dieu et l’action du seul Esprit sont méconnues ?
L’Église romaine
L’Église romaine, malgré tous les efforts du Conseil œcuménique pour nouer des relations officielles avec elle, et bien qu’elle ait un « secrétariat pour l’unité des chrétiens », reste en dehors. Elle ne pourrait faire autrement sans se renier. Elle persiste à se dire la seule Église, et elle ne peut concevoir d’unité que dans le ralliement des autres sous sa tutelle. Le pape Jean XXIII est allé très loin en appelant frères les chrétiens non catholiques — qualifiés tout au plus jusque-là de frères séparés, mais, a-t-il dit, « des frères qui ne participent pas encore complètement à l’unité souhaitée et établie par le Seigneur », entendant par là l’unité de l’Église de Rome, « l’Église mère », dans le giron de laquelle il faut retourner. Si elle traite avec une bienveillance sympathique le mouvement œcuménique, c’est pour l’utiliser en vue de ce ralliement.
Cette Église a perdu quelque terrain en Amérique du Sud, au Brésil entre autres, où des congrégations protestantes ont progressé, mais elle continue à en gagner aux États-Unis. En Afrique, bien que l’extension de l’islam y contrecarre fortement les missions chrétiennes de toute origine, les structures catholiques s’affermissent sous les évêques noirs. En Asie le Viet-nam compte deux millions de catholiques et il est difficile d’en dire le nombre en Chine. Rome exerce une véritable fascination sur bien des têtes de l’œcuménisme, tel le prieur de la communauté de Taizé (laquelle est proprement un monastère protestant) qui souhaite expressément voir le pape reconnu comme le pasteur universel des chrétiens.
Mais le catholicisme doit faire face à de graves problèmes intérieurs. Jamais il n’a connu une telle crise, pour ne pas parler de révolution. Les « intégristes » s’accrochent non pas tant à la doctrine fondamentale de l’Écriture qu’aux dogmes et aux rites traditionnels, à la hiérarchie et à la discipline dans l’obéissance absolue au pape, et ils regrettent l’ancienne domination séculière de l’Église ; — alors que les « modernistes » et « progressistes » de nuances diverses mettent tout cela en question, discutent le sacerdoce lui-même et s’efforcent d’accorder l’Église avec le monde intellectuel, social et politique : certains vont jusqu’à une combinaison du communisme athée avec un pseudo-christianisme à peu près détaché du sacré.
Au-dessus et en dépit de ces divergences, se poursuit une transformation des relations avec l’extérieur. Naguère l’Église, même dépossédée de tout pouvoir officiel, était le soutien des forces conservatrices de la société ; elle se porte maintenant plus volontiers vers ceux qui contestent l’autorité, relèvent ses abus et ses injustices, critiquent et sapent les institutions, bref mettent en question la structure des États. Elle veut être à même de mettre la main sur quelque forme de société et de gouvernement qui pourrait naître du bouleversement où va le monde actuel. N’est-ce pas depuis Constantin le même cléricalisme ayant affaire aux puissances du jour en vue de les régenter ? Comment le lecteur attentif de la prophétie ne penserait-il pas à ce moment proche où, selon les symboles d’Apocalypse 17, la « grande prostituée » régnera une heure avec la bête surgie de la mer des peuples (ch. 13) ? La politique pontificale, servie par ses incomparables agents secrets, dont avant tout les Jésuites, est plus que jamais attentive à gagner la faveur des forces qui s’annoncent, et à interposer avec beaucoup de doigté son ascendant moral dans les conflits des États. Mais de là aussi les efforts, très diversement approuvés par la hiérarchie, qui se font à des niveaux divers pour se rapprocher du peuple, par le moyen de groupements de laïques et surtout des prêtres ouvriers ; ce catholicisme social agit au nom de la charité chrétienne mais met à l’arrière-plan la vérité doctrinale. On comprend combien est éprouvante, au milieu de tant de tiraillements, la situation des vrais croyants que renferme Thyatire, et particulièrement de ceux qui, engagés dans la hiérarchie romaine, considèrent, ainsi que le dit l’un d’eux, que « le pasteur, comme le Christ, devrait être présent partout, osant dire uniquement l’Évangile et refusant d’être une puissance ».
L’Église romaine a tenté sa propre réforme avec le deuxième Concile du Vatican (1962-1965), où les multiples tendances se sont manifestées. On y a vu s’élever contre la souveraineté du pape l’autorité des évêques et de leurs assemblées (« conciles de l’épiscopat », a-t-on dit) ; cette souveraineté a résisté, mais les actions contestataires, aux Pays-Bas entre autres, donnent à réfléchir. La papauté a dû abandonner, d’autre part, de son intransigeance à l’égard des autres Églises : il faut souligner la réconciliation avec l’Église orthodoxe d’Orient (levée de l’excommunication en 1968) et la recherche d’un accord avec l’Église anglicane sur l’eucharistie. Enfin le Concile, rompant avec le passé de Rome, a affirmé le principe de la liberté religieuse.
Liberté religieuse et déchristianisation
Dans la grande majorité des États, l’autorité civile laisse encore une liberté très large à tous pour l’évangélisation et le culte. L’opposition d’un clergé est encore sensible en quelques pays, l’Espagne et la Grèce par exemple, mais elle est obligée de s’y relâcher comme elle l’a fait ailleurs où elle a dû céder devant la laïcisation de l’État. Les oppositions violentes, allant jusqu’à la persécution, sont devenues le fait des pays où l’incrédulité et l’athéisme officiels ont remplacé les religions d’État. Il en a été ainsi un moment en Allemagne quand l’hitlérisme a voulu plier tout un peuple à un idéal raciste antichrétien et mettre la main sur les Églises. Ainsi en est-il des États totalitaires, d’inspiration marxiste, l’Union soviétique et ses associés, et maintenant la Chine en voie de transformation rapide par un communisme plus déterminé encore à extirper toute notion religieuse (maoïsme). Il y a là une déchristianisation systématique. Les témoins de la vérité ont à y soutenir un combat intense et périlleux ; ils ont pour eux les promesses de Celui qui disait aux fidèles de Smyrne : « Sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de vie » (Apoc. 2:10).
Mais dans nos pays occidentaux se réclamant encore de la civilisation chrétienne, progresse sous le couvert de la liberté une déchristianisation de fait, insidieuse mais non moins redoutable, et ceux qui veulent garder le témoignage comme Philadelphie ont à lutter pour « tenir ferme ce qu’ils ont ». Des multitudes dont beaucoup se disent toujours chrétiennes sont presque entièrement détachées même de toute forme religieuse. Quantité d’enfants de nos pays grandissent sans avoir entendu parler de Jésus, de l’Évangile ni de la Bible, même de Dieu. Ces masses sont tantôt indifférentes tantôt inquiètes, révoltées devant les souffrances et les oppressions, happées par la poursuite du bien-être matériel et de la satisfaction des convoitises, fussent-elles les plus basses, et elles sont insensibilisées quant au péché. Corruption et violence triomphent comme aux jours de Noé ou de Lot. Le matérialisme est favorisé par la toute-puissance que l’essor des connaissances scientifiques semble donner à la technique. L’orgueil de l’homme s’en exalte. Il se croit libéré, alors qu’il se trouve plus que jamais asservi à ses passions et à ses convoitises, dont joue le prince de ce siècle. Les activités surexcitées détruisent l’équilibre physique et mental. Les loisirs posent plus de problèmes que le travail, et finalement les faux bonheurs laissent les âmes indifférentes au bien et au mal, mais anxieuses et agitées, sans Dieu et sans espérance. Une trop grande partie de la jeunesse, insatisfaite, sans boussole ni frein, rivalise de mépris pour tout ce qui l’a précédée, et d’engouement pour une effervescence stérile et les plaisirs les plus trompeurs.
Diffusion de la Bible et évangélisation
Ce tableau a sa contrepartie, consolante pour ceux qui sentent leur « peu de force » et regardent vers Celui dont le « trône est dans les cieux ». Son Esprit est à l’œuvre ici-bas, et son travail dépasse en profondeur comme en étendue ce qu’on peut en apercevoir, dans tous les milieux. La Bible, traduite dans toutes les langues ou presque, est répandue comme elle ne l’a jamais été. Des laïques et des ecclésiastiques, des catholiques et des non-catholiques, se rencontrent librement pour la lire et l’étudier. La foi chrétienne est l’objet d’études sincères en partant des Écritures. Sans doute, comme on peut le prévoir, Satan contrecarre cette diffusion de la Bible, en persuadant les gens que c’est assurément un livre prestigieux mais, après tout, un produit supérieur de l’esprit humain, rien de plus. Il en est qui la lisent sans aucun besoin, pour suivre une mode intellectuelle, et le plus grand nombre l’étudient sans avoir conscience de son autorité et encore moins de son inspiration divine. Quoi qu’il en soit, Dieu emploie certainement cette Parole pour le bien de quantité d’âmes (Ésaïe 55:11). Lui sait quels besoins profonds se cachent derrière bien des turbulences de jeunes déchaînés. Il sait comment germe le grain au sein de ces extraordinaires poussées religieuses comme on en voit présentement aux États-Unis, en Amérique du Sud où le catholicisme le plus formaliste et le plus superstitieux est entamé de divers côtés, et où le véritable Évangile est présenté parmi des manifestations parfois suspectes. Partout sont organisées des campagnes d’évangélisation, à grand renfort il est vrai de moyens publicitaires qui les mettent fâcheusement sur le même plan que d’autres propagandes ; mais on peut se réjouir de ce que, « de toute manière, Christ est annoncé » (Phil. 1:18), même s’il faut constater que trop souvent l’impression sur les auditeurs reste superficielle et sans suite durable. Parmi les évangélisateurs d’aujourd’hui le nom le plus connu est celui de l’Américain Billy Graham qui avec son équipe de soutien se consacre depuis 1950 à présenter l’Évangile du salut aux masses, surtout dans les pays anglo-saxons. On relève aussi, dans nos contrées, le travail opéré, principalement par le moyen de Pentecôtistes, parmi les Gitans (Tsiganes).
Mondanisation du christianisme
Quoi qu’il en soit, ce zèle à porter l’Évangile aux sans Dieu du monde industrialisé comme dans les pays attardés, de même que bien des protestations d’attachement à la vérité biblique, voisinent avec une mondanisation générale du christianisme, dans la tiédeur et la prétention spirituelle propres à Laodicée mettant Christ dehors au lieu de sortir vers Lui. Cette mondanisation du christianisme, qui n’est autre que la marche accélérée vers l’apostasie, revêt toutes les formes, agit dans tous les domaines, culturel, social, politique. La confusion actuelle est telle qu’on a pu parler d’un chaos religieux.
Combien de ceux qui parlent au nom de la doctrine chrétienne en font un simple outil à modeler la société humaine, pour des buts purement terrestres et pour l’exaltation de la personne humaine, sans se préoccuper aucunement des droits de Dieu ! On fait bon marché des points fondamentaux de la vérité dont l’Église a été constituée la colonne et le soutien, et qu’elle est responsable de maintenir. Que de prétendus témoignages chrétiens refusent d’admettre l’inspiration plénière des Écritures, la divinité de Jésus, sa résurrection, sa gloire cachée présente et sa gloire à venir ! Plus que jamais les mêmes mots, foi, Christ, résurrection des morts, salut, Parole de Dieu, et Dieu même, changent de signification selon qui les emploie ! Nous reconnaissons les efforts de théologiens sincères qui ont cru pouvoir enrayer le modernisme et ramener les esprits sous l’autorité de l’Écriture ; ainsi Kart Barth. Mais, impuissants à se dégager eux-mêmes d’une mentalité imbue des « éléments du monde » et qui refuse de recevoir la Bible comme la Parole même de Dieu, ils se sont heurtés à d’autres docteurs plus rationalistes, pour ne pas en dire davantage. Des ministres de culte sont formés, hélas, dans cette atmosphère, et ils prêchent une Parole désacralisée, quand ils la prêchent encore ! La « simplicité quant au Christ », dont Paul redoutait que les Corinthiens ne fussent détournés (2 Cor. 11:3), est tenue pour faiblesse d’esprit.
Les sectes
Le foisonnement des sectes, que nous avons vu être une caractéristique des temps fâcheux, est allé se renforçant. Certaines (Mormons, Témoins de Jéhovah dont sont sortis en 1916 les Amis de l’homme, et d’autres dérivés de l’adventisme), sont à ce point écartées du « sain enseignement » qu’il n’est guère possible de les dire chrétiennes. D’autres accompagnent le maintien des vérités scripturaires essentielles de manifestations et d’interprétations de plus en plus déroutantes (Pentecôtistes aux tendances multiples).
Les mouvements humanitaires, pacifistes, éminemment moraux et de caractère humainement élevé, mais faisant fond sur l’homme au lieu de le placer devant Dieu comme pécheur, tout en se référant au christianisme tournent le dos à Christ, qui « n’est pas du monde », et à la vocation de son Église (« vous n’êtes pas du monde »). Ainsi le Réarmement moral, issu du groupe d’Oxford fondé après la Première Guerre mondiale par Franck Buchman, et les diverses formes du Christianisme social, visant effectivement, selon un de ses promoteurs, à « christianiser l’ordre social… à l’harmoniser avec les convictions morales que nous identifions avec la personne de Christ » !
Science et foi
Quant aux nombreuses tentatives pour accorder, comme on dit, la science et la foi, elles s’attaquent à un faux problème, puisqu’il s’agit de deux domaines nettement séparés. Qui le fait n’échappe guère à l’erreur de les mettre sur un même plan et de vouloir assujettir la foi aux mêmes exigences que la recherche scientifique, et à ses limitations. Dans l’illusion de défendre la foi, on la mine. Telle est, entre autres, la situation d’un Teilhard de Chardin.
Il n’est pas question, et aussi bien ce serait une tâche impossible, de passer en revue tout ce qui, dans ces derniers jours de l’Église sur la terre, conspire, sous l’impulsion de l’Adversaire, à activer l’opération du mystère d’iniquité (2 Thess. 2:7) en se servant des acquisitions de la science pour tout à la fois enthousiasmer et angoisser les hommes. Signalons seulement cet élément important de l’évolution des esprits dans nos temps, que constitue la psychanalyse, mise en avant par S. Freud vers la fin du 19° siècle et bien développée après lui. On désigne par-là un ensemble de méthodes ayant pour objet l’étude des processus mentaux profonds de l’homme, en partant des névroses et des troubles psychiques en général. Quelle que puisse être la valeur propre de ces méthodes et leur portée thérapeutique, elles aboutissent, surtout entre les mains d’incroyants, à abolir la notion de responsabilité morale, et donc de péché, et elles n’ont pas peu concouru à détourner de la foi.
Conclusion
Le chemin du croyant peut paraître difficile à discerner, dans cette extrême confusion de ce qu’il faut bien appeler le monde chrétien. N’en soyons pas étonnés. L’aboutissement sera l’unification de tout ce qui porte ce nom de chrétien, dans l’apostasie générale qui suivra l’enlèvement de l’Église auprès de son Époux céleste. La forme ecclésiastique sera conservée, et tout incline à penser qu’elle sera, en apparence au moins, plus solide que jamais. Mais ce sera Babylone, la fausse Église des chapitres 16 (v. 19) à 18 de l’Apocalypse, dont la terrible fin sera saluée par les Alléluias du ciel (19:1-5). Quelle conclusion de l’histoire sur la terre de celle qui aura porté le nom d’Église de Christ !
Le chemin actuel n’est clair que si l’on a toujours devant soi les deux faces du sceau apposé sur le « solide fondement de Dieu », qui « demeure » (2 Timothée 2:19) : « Le Seigneur connaît ceux qui sont siens », et : « Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur ».
La porte est toujours ouverte pour que se rassemblent ceux qui « invoquent le Seigneur d’un cœur pur ». Seule leur séparation au sein d’une chrétienté en marche rapide vers l’apostasie finale, maintiendra un témoignage jusqu’au prochain retour du Seigneur. Dieu veuille affermir ceux qui ont été éclairés sur ces points et leur donner de s’y tenir avec plus de fidélité ; qu’Il veuille aussi éclairer beaucoup des siens qui ne les ont pas encore saisis. C’est un fait significatif qu’en des milieux religieux très différents, et au sein même de l’Église catholique, s’esquissent spontanément des communautés de croyants dans l’indépendance de toute hiérarchie. On est heureux d’y reconnaître une aspiration au rassemblement des saints dans la seule unité du corps de Christ, pour dire avec l’Esprit : « Viens, Seigneur Jésus ». Demandons qu’il en soit bien ainsi. N’est-ce pas ce qu’avaient compris et réalisé les humbles nais fidèles témoins suscités il y a un siècle et demi, de l’exemple et de l’enseignement desquels le Seigneur a donné à plusieurs de profiter ? L’affaire de ceux que la grâce de Dieu a appelés ainsi à « se retirer » pour « poursuivre » (2 Tim. 2:19:22), est de retenir simplement mais avec fermeté « ce qui est dès le commencement ». Les inconséquences parmi eux n’ont pas manqué, nous l’avons vu. Dieu a permis dans sa miséricorde que quelques-unes des brèches causées par des divisions inconsidérées soient réparées, au moins partiellement. Il leur faut redoubler de vigilance, car l’ennemi n’en sera que plus acharné à disperser. Ce n’est qu’avec Christ qu’on assemble. Il ne réunit pas autour de Lui des chrétiens supérieurs aux autres, mais humbles et obéissants. Il demande à tous de « retourner » à Lui comme au berger et au surveillant de nos âmes », et de nous serrer autour du Chef (1 Pierre 2:25 ; Colossiens 2:19). Peu importe l’appréciation des hommes pour qui a comme seul souci le « témoignage de notre Seigneur » (2 Tim. 1:8). Mais ne perdons pas de vue que Lui seul est le « témoin fidèle et véritable », et que « séparés de Lui nous ne pouvons rien faire ».
« Je viens bientôt ; tiens ferme ce que tu as ».
À MM. Guers, Lhuillier, Empaytaz.
Chers frères et pasteurs bien-aimés,
Nous désirons vous assurer, en répondant à l’exposé de principes que vous avez eu la complaisance de nous donner, que nous recevons avec actions de grâces envers notre Dieu et Père, et comme venant de sa bonté, tous les dons qu’il vous a départis. Nous le prions instamment que, selon sa sagesse et cette bonté envers ses enfants sur laquelle nous nous reposons, il fasse croître ces dons de jour en jour. La seule chose que nous ayons à dire à ce sujet, c’est de vous prier de vaquer davantage à l’exercice de ces dons, comme il est dit en Actes 6:4 : « Persévérer dans la prière et dans le service de la Parole ».
Nous croyons que le fardeau de toutes les affaires de l’Église qui pèse entièrement sur vous, vous a entravés à cet égard. Et de plus, chers pasteurs, tout en ayant l’assurance entière que vos intentions et désirs ont été bons, et que peut-être une coupable négligence de notre part y a contribué, nous croyons que la libre action du Saint Esprit a été gênée dans l’Église. Nous ne cherchons point, ce serait entraver notre propre bonheur, Dieu nous en garde, à mettre des entraves à la libre action du Saint Esprit dans nos pasteurs et par nos pasteurs au milieu de l’Église. Mais nous désirons aussi que sa libre action dans l’Église ne soit ni empêchée, ni réprimée, ni gênée, mais qu’en tant qu’il s’y manifestera il règne librement, agissant, soit dans les pasteurs, soit en d’autres frères, selon sa sainte puissance et la sûre parole de notre Dieu.
Que l’Église, y compris les pasteurs avec toutes leurs lumières et leurs expériences, agisse dans toutes les affaires qui sont nécessaires à son bien-être, selon leurs dons respectifs. Nous croyons que cela a été empêché, et c’est ce que nous réclamons, et c’est sur ce principe que nous désirons agir dorénavant, et que mots désirons que vous agissiez, afin que l’amour et la confiance, en un mot l’Esprit de notre Dieu, règne et agisse librement au milieu de nous, ses pauvres enfants. Nous ne pensons point nous fier à nous-mêmes ni à l’homme, quel qu’il soit. Nous n’avons de confiance que dans la libre action du Saint Esprit, et, ayant consulté la sainte Parole, nous croyons que ce que nous disons est selon cette Parole. Donnons donc pleine liberté à l’action du saint Esprit dans l’Église, et tout ira bien ; et si la chair agit en qui que ce soit, qu’il soit jugé comme ayant agi dans la chair.
Voilà ce que nous sentons et répondons à votre exposition de principes. Il y a plusieurs questions sur lesquelles nous avons désiré des enseignements scripturaires plus larges et plus suivis, et sur lesquels nous désirons en conséquence approfondir encore plus cette Parole. C’est dans ce but que nous avons continué nos réunions, afin que, si ces questions devaient être discutées dans l’Église, nous soyons plus capables de juger et prononcer sur elles selon la Parole de Dieu. Pour le présent, nous désirons seulement vous communiquer nos désirs sur des choses qui nous semblent tenir à la paix et au bonheur de l’Église.
Genève, automne 1837.
Conclusion de :
Coup d’œil sur divers principes ecclésiastiques et
Examen des fondements sur lesquels on veut asseoir les institutions de l’Église de Dieu sur la terre —
Réponse à divers écrits, par J.N. Darby, Genève, 1848, 155 p.
Vous chrétiens, qui prenez la Parole pour guide, pour conseil, qui trouvez en elle un don précieux que Dieu nous fait et une lumière parfaite dans tous les cas, ne vous découragez pas. Si vous rencontrez de l’opposition et si le nombre des personnes qui veulent suivre cette voie est petit, n’en soyez pas étonnés. « La foi n’est pas de tous » (2 Thess. 3:2).
Et là où il y de la foi, que de choses, hélas, tendent à obscurcir la vie spirituelle, à empêcher que l’œil ne soit net, à nous faire dire : « Permets-moi d’aller premièrement, etc. ! » (Luc 9:59).
Mais, la foi est toujours bénie. L’œil net jouit toujours de la douce et précieuse lumière de Dieu. La Parole suffit à rendre tout homme accompli ; elle suffit non seulement à le sauver, elle suffit encore à le rendre sage à salut, et, de plus, à le rendre accompli et prêt à toute bonne œuvre.
Qui que vous soyez, chers et bien-aimés frères, confiez-vous à cette Parole. Souvenez-vous seulement que, pour en profiter, il vous faut le secours et l’instruction du Dieu vivant. Vous ne sauriez ni y apprendre la grâce et la vérité, ni vous en servir, à moins que l’Esprit de Dieu ne vous instruise. Tout le langage, toutes les idées de la foi, de la vie chrétienne, s’y trouvent ; mais vous avez les soins d’un Maître vivant et divin. Elle est, cette Parole, l’épée de l’Esprit.
Quelles que soient par ailleurs les formes et les allures de la piété qui se trouvent en eux, et le zèle qui les pousse, vous trouverez que ceux qui s’opposent à une marche qui réclame la Parole de Dieu comme autorité en toutes choses, laissent de côté, ou repoussent et ne comprennent pas les vérités suivantes :
Premièrement, la doctrine de l’Église, corps de Christ, une sur la terre, Épouse de l’Agneau.
Secondement, la présence et la puissance de l’Esprit de Dieu, agissant dans les enfants de Dieu et les dirigeant ; spécialement, la présence du Saint Esprit dans le corps, l’Église ici-bas, y agissant et le dirigeant, ainsi que tous ses membres, au nom de Celui qui en est le Chef.
Troisièmement, l’autorité et la suffisance de la parole de Dieu.
Ces chrétiens échappent, d’un côté ou de l’autre, à l’autorité de la Parole de Dieu. Ils l’admettent comme protestants, pour s’y soustraire comme croyants, comme membres de l’Église, comme disciples ; et ce qu’ils organisent n’en découle nullement, ainsi que la Constitution de l’Église libre du canton de Vaud en a fourni la preuve.
Vous verrez aussi qu’en général, chez les chrétiens dont nous parlons, le clergé remplace le culte. Il y a, à la vérité, quelque changement et quelque progrès sous ce dernier rapport. L’Esprit de Dieu produit des besoins ; mais il n’y aura jamais une réponse vraie et bénie à ces besoins, à moins d’admettre avec foi les principes rappelés plus haut.
Pour vous, frères qui avez compris ces choses, j’ajouterai un avertissement.
On peut avoir ces précieuses connaissances pour marcher avec intelligence devant Dieu (Éph. 5:15) ; mais on peut les avoir, s’en vanter, les proclamer, et avec tout cela repousser les âmes modestes désireuses de marcher, et les jeter aux mains de ceux qui ne veulent pas qu’elles marchent suivant ces connaissances. Il faut que nous marchions nous-mêmes dans le sérieux, dans la modestie, dans l’amour que produit la présence de Dieu. Cela suppose la foi et la vie dans l’âme. Où cela se trouve, la bénédiction ne manque pas à ceux qui marchent. Sans que cela justifie l’incrédulité ou l’opposition des autres, si vous présentez la vérité de manière à ne pas glorifier Dieu, vous leur donnez de la force et de l’influence contre elle. Des principes ne suffisent pas : il faut Dieu. Sans cela, des principes puissants ne sont qu’une épée dans la main d’un enfant ou d’un homme ivre : mieux vaudrait la lui ôter, ou que, du moins, il n’en fît pas usage jusqu’à ce qu il fût sobre. Montrons les fruits de nos principes. Soyons fermes dans la vérité. Il faut être fermes. Plus les uns s’opposent à la vérité, plus les autres professent vouloir la posséder et s’accommodent, sans que leur conscience s’y soumette franchement aux besoins qu’elle a produits en d’autres personnes (et ces deux cas-là se présentent), plus nous avons nous-mêmes à nous tenir dans le chemin étroit que cette vérité a jalonné pour nos âmes, selon la grâce et la puissance du Saint Esprit qui nous a sanctifiés pour obéir à Christ . Que nos cœurs soient larges et nos pieds dans le chemin étroit. Souvent, lorsqu’on parle de charité, les cœurs sont étroits et les pieds suivent le chemin qui leur convient. C’est ce qui rend le cœur étroit, parce que la conscience n’y est pas à son aise, et l’on n’aime pas ceux qui mettent cela en évidence. La présence de Dieu, et c’est ce dont nous parlons, donne la fermeté, la soumission pratique à la parole, la confiance dans les voies de Dieu, une confiance en Dieu lui-même qui tranquillise l’âme dans les peines du chemin, qui fait qu’on ne cherche pas à faire prévaloir les principes par des voies détournées et par des moyens humains ; elle donne, enfin, de l’humilité et de la droiture. Dieu saura faire prévaloir ces principes, là où il agit dans sa grâce. Seulement, que nous en manifestions la puissance ; il fera le reste.
Oui, chers frères, la vie, la présence de Dieu, voilà ce qui, par l’opération du Saint Esprit en nous et dans les autres, donne de la force aux vérités qui nous sont confiées, quelles qu’elles soient. Mieux vaudrait-il que ces vérités ne fissent pas de chemin que de sortir nous-mêmes de la présence de Dieu pour les faire valoir.
Le besoin de l’unité et de l’action spirituelle se fait sentir. Vous verrez surgir des efforts humains destinés à produire des choses qui répondent à ce besoin. Ne vous y fiez pas : l’Église, l’Esprit, la Parole, l’attente pratique de Jésus, voilà les choses dont vous avez à réaliser présentement la vérité et la puissance.
En attendant la venue de Jésus, comme objet immédiat des affections spirituelles du cœur, voila ce dont nous avons à nous préoccuper.
Il y a des systèmes de toute espèce : le national, le libre, celui de l’Alliance évangélique, et d’autres. Lorsqu’on retient fermement la vérité, tout cela est jugé dans l’âme sans violence et sans bruit. Rien de tout cela ne peut s’accorder avec les choses dont j’ai parlé. Seulement, soyons certains que Dieu honorera la foi personnelle partout où il la trouvera. Ayons ainsi le cœur large, prêt à reconnaître Dieu partout où il agit ; mais ne nous laissons pas tromper par les apparences. Ni les uns ni les autres de ces systèmes ne peuvent être l’Épouse de Christ, ni la demeure de l’Esprit dont parle la Parole ; ils ne peuvent non plus agir purement selon la parole.
Or, chers frères, Dieu ébranle tout hormis le royaume qui ne saurait être ébranlé. Il ôtera tout, sauf cela. Pourquoi bâtir ce que sa venue détruira ? Tenons-nous fermement dans la parole de sa patience. Christ ne possédait pas, il ne possède pas encore le fruit du travail de son âme. Tout ce qui n’est pas cela périra ; attachons-nous à ce qui ne doit pas périr. Toute autre chose nous distrairait. Impossible que je jouisse pleinement de la venue de Jésus comme d’une promesse, si je cherche à bâtir des choses que sa venue détruira. Son Église sera ravie vers lui. Son Esprit en sera à jamais la puissance. Sa Parole demeure à toujours. Tenons-nous-y. Nous ne perdrons ni notre peine (1 Cor. 15:30-32), ni le travail de la foi, quoique cette Parole soit sans doute la parole de sa patience.
Que d’événements, depuis que ces pages ont été écrites (*), sont venus donner de la force et de la réalité aux vérités révélées sur l’Église, l’Esprit, la Parole et l’attente pratique de Jésus ! Qu’on est heureux d’avoir reçu en paix, par la foi, ce dont les événements donnent la démonstration, et ce qui devient doublement précieux au milieu de tout ce qui se déroule devant nos yeux ! Et quel affermissement pour la foi que de voir les événements confirmer par des actes de la Providence ce que, par l’enseignement de l’Esprit, nous avons reçu et cru comme des vérités !
(*) Allusion aux révolutions de cette année 1848 (Ed.).
Et, en présence de ces événements, combien les chrétiens doivent chérir et réaliser, plus que jamais, la venue du Seigneur Jésus ! Elle sera la joie journalière de nos âmes, et un puissant moyen aussi de nous affermir dans la paix et dans une marche sûre et chrétienne. Sachons en appliquer la puissance à toute notre marche. Souvenons-nous qu’un héritage incorruptible, qui ne se souille pas, est réservé dans les cieux pour nous qui sommes gardés par la puissance de Dieu par la foi, pour le salut prêt à être révélé (1 Pierre 1:4, 5). Et en attendant, souvenons-nous que Christ a dit : « Mon royaume n’est pas de ce monde » et que nous-mêmes nous ne sommes pas de ce monde, comme Christ n’était pas de ce monde. Nous sommes morts et ressuscité avec lui. Appliquons ces témoignages de la Parole à toute notre marche, nous souvenant que notre bourgeoisie est dans les cieux, d’où nous attendons comme Sauveur le Seigneur Jésus qui transformera nos corps vils à la ressemblance de son corps Glorieux. En marchant tranquillement avec Jésus, le Dieu de paix demeurera avec nous. Rien ne nous sépare de son amour. Il peut nous laisser châtier s’il en est besoin, mais il n’abandonne jamais le gouvernement de toutes choses. Jamais un passereau ne tombe à terre sans notre Père. Le Seigneur Jésus marche sur la mer agitée comme sur la mer calme. Nous ne saurions, sans lui, marcher ni sur l’une ni sur l’autre.
Gardés dans la communion du Seigneur, bien loin de diminuer dans nos cœurs le prix des vérités élémentaires de l’Évangile, les principes dont j’ai parlé les rendent infiniment plus précieuses, et en même temps beaucoup plus claires. On les annoncera avec plus de force et de simplicité.
Ainsi, la venue de Jésus ranimera notre zèle à appeler les siens. à s’adresser aux pécheurs, à avertir le monde du jugement qui l’attend, et qui l’attend tel qu’il est ici-bas. Elle nous poussera, selon notre mesure, à une sainte activité dans l’Église, afin que l’Église se réveille et se prépare, comme aussi à une sainte activité envers le monde.
Que Dieu nous tienne près de lui et nous garde, vous et moi, mes frères, qui que vous soyez qui aimez le Seigneur Jésus, dans l’attente fidèle et patiente de Jésus qui nous a dit : « Voici, je viens bientôt ». Amen.
J. N. Darby
À propos de la formation des Églises libres
… L’œuvre de la Réformation est une œuvre de l’Esprit de Dieu et de la puissance de la vérité, et son histoire me donne une preuve de cette puissance, un effet de cette vérité ; mais elle ne m’en donne pas la mesure… La Réformation n’a jamais été le christianisme lui-même… elle a été un fruit très précieux que le Saint Esprit a produit sur cet arbre déjà planté… Ne pas apprécier la Réformation, ce serait mépriser l’œuvre de Dieu. Et, d’un autre côté prendre historiquement la Réformation comme mesure de vérité, comme le christianisme intégralement rétabli, c’est faire un profond mécompte, et porter atteinte à l’autorité de la Parole dans sa nature, et aux droits qu’elle a d’être seule écoutée.
… Voulons-nous servir Dieu dans notre génération, prenons la Bible elle-même, non pour mettre en question des vérités déjà acquises (de nouvelles vérités ne peuvent mettre de côté les anciennes), mais prenons-la comme la vérité elle-même.
C’est à cela que je m’attache, et non à une œuvre dans l’homme, quoiqu’elle soit une œuvre de l’Esprit de Dieu. À l’époque de la Réformation, Dieu tout sage a mis en relief les vérités nécessaires à son Église. Et en les recevant je n’en conclus pas que Dieu n’a rien à me faire connaître de sa Parole qui soit nécessaire aux temps où nous vivons. Autre chose de trouver dans la Réformation la liberté de la pensée de l’homme, c’est-à-dire le principe intellectuel du péché, et voilà à quoi se bornent les rationalistes de tout genre ; autre chose d’y trouver la communication de la vérité dont nous avons à nous servir aujourd’hui, en l’adaptant aux circonstances nouvelles de l’Église, et voilà l’horizon où se renferment les frères des Églises libres de diverses nuances (*) ; autre chose, enfin, de reconnaître l’œuvre de Dieu et les vérités puissantes mises au grand jour par la puissance de son Esprit, et de prendre la Bible, comme serviteur de Dieu tenu à cette seule règle, sans oser ni reconnaître aucun autre moyen de trouver Sa volonté, ni se soustraire à rien de ce qui s’y trouve…
(*) L’auteur fait allusion en particulier aux chrétiens qui fondaient à cette époque l’Église libre de Paris, et qui avaient envoyé une Adresse circulaire où on lisait entre autres : « Ainsi naissent les professions vivantes et populaires de l’Église, qui sont aussi celles de tous ses membres, qui répondent aux attaques actuelles de l’incrédulité, et qui résolvent les difficultés du moment ». « Nous nous replaçons sur le terrain des Églises réformées de France. Nous relevons de nos faibles mains le vieux drapeau qui traîne dans la poussière. Il vaut la peine de le ramasser, ce noble étendard de nos pères, qui est l’étendard de Christ, de Christ hautement et clairement confessé ».
… Dans la perfection de la Parole, il y a, je n’en doute nullement, des vérité, et des lumières nécessaires pour les circonstances critiques, pour les jours difficiles où nous nous trouvons, que Dieu n’a pas données à ses serviteurs à l’époque de la Réforme ; vérités dont, au moins, ils n’ont pas fait usage, entraînés par les circonstances où ils étaient, et dont, au contraire, nous ne pourrions peut-être pas nous passer si nous voulons assurer la bénédiction de l’Église en ce moment…
J.N. Darby
(Considérations sur le caractère du mouvement religieux du jour et sur les vérités par lesquelles le Saint Esprit agit pour le bien de l’Église. Genève, 1849).
Fragment de lettre de G.V.Wigram
… Le témoignage de notre temps est l’expression de la fidélité de la grâce de Dieu — malgré la chute et la ruine de tout sur la terre — par le moyen de ceux qui sentent la ruine et en sont humiliés. Dans cette position les frères étaient bénis de Dieu. Ils ont trop pensé à leur position, à leur témoignage, ils en sont fiers ; et de deux choses l’une : ou ils seront mis de côté et le témoignage sera donné à d’autres ; ou ils seront humiliés afin de pouvoir retenir le témoignage.
L’humiliation peut avoir lieu à la suite de l’action de Dieu sur leurs cœurs par la Parole. Que Dieu leur accorde la grâce qui leur est nécessaire ; mais s’ils ne s’humilient pas, ils seront humiliés par la main puissante de Dieu.
… Le Seigneur sera fidèle ; que les frères en soient bien persuadés. Qu’il nous accorde la grâce de nous juger nous-mêmes, afin que nous ne le soyons pas par Lui. Puis Celui qui vient sera bientôt arrivé et nous serons avec Lui. Qu’il nous trouve à son retour à la fois remplis de sa grâce et fidèles à toute sa vérité.
15 mai 1854
Quelques lettres de la fin de J.N.D.
Londres, 2 septembre 1881
J’ai été au plus bas, en sorte que je ne savais pas si je me relèverais… Je n’ai pas senti la mort, car Dieu (et si nous ne nous sommes pas jugés, Satan) travaille spécialement dans ce moment-là ; mais très incertain si je me relèverais, je me suis trouvé en vue de ma fin, et j’ai été étonné du peu de différence que cela me faisait : Christ, le précieux Sauveur, avec moi pour le chemin : puis, moi avec lui par grâce, pour toujours : cela n’avait pas changé… Christ est tout, mon cher ; tout le reste disparaîtra ; mais Lui (son nom soit béni) jamais. Celui qui n’a pas honte de nous appeler ses frères est néanmoins assis sur le trône du Père. C’est une merveilleuse rédemption, et celui qui l’a accomplie est infiniment précieux…
Tenons-nous près du Seigneur, car il nous veut là, et connaissons notre néant. L’état vraiment chrétien, c’est qu’il n’y ait pas une pensée ni un sentiment dans notre cœur, dont il ne soit pas la source. C’est la réalisation de cette parole : « Vivre, c’est Christ », mais quelle grâce et quelle vigilance il faut, pour que nous en approchions…
J.N. Darby
Londres, 14 septembre 1881
À M. P.
Bien cher frère,
Je n’ai pas besoin de vous dire que je suis bien réjoui des nouvelles que vous me donnez d’Orthez, endroit où j’ai travaillé dans le temps, mais qui a été passablement délaissé depuis longtemps. C’était le champ de presque les premiers travaux et triomphes du cher Barbey, et c’est là qu’a été le commencement du réveil en France.
Quant à moi, cher frère, Dieu m’a conduit tout près des portes de la mort, assez près pour faire un peu l’expérience de ce qu’elle était, mais pas comme jugement. C’était la dissolution de mon être qui se faisait sentir ; mais l’expérience m’a été utile ; aucune nouvelle vérité ne m’était nécessaire, mais le salut, la grâce, Christ lui-même et son amour, l’amour du Père, tout cela devenait beaucoup plus sensible, beaucoup plus réel, un grand gain pour moi. Probablement, je n’aurai plus la force physique pour travailler comme je l’ai fait dans le temps ; mais quoique travailler soit un bonheur pour moi, j’accepte avec joie la volonté de Dieu. Au reste, déjà depuis quelque temps je sentais que je devais mener une vie plus recueillie à Londres ; puis j’ai pu être utile dans les exercices par lesquels les frères ont passé ces temps-ci, exercices solennels mais si profitables, qui ne sont pas finis mais qui tirent à leur fin. Je travaille dans mon cabinet comme de coutume, et même j’ai assisté à quelques réunions. Une attaque de paralysie, quoique très légère, m’a un peu arrêté, mais je ne m’en ressens que dans la joue droite. Quoique mes membres n’eussent rien perdu de leur force, j’avais de la peine à me maintenir en équilibre ; à présent cela va mieux, mais il faut que je fasse attention à mes pas. Dieu continue son œuvre ; en plus d’un endroit, il y a des conversions, et l’état des frères a beaucoup gagné de toute manière.
C’est la présence de Dieu, cher frère, qui donne la force et la joie et qui nous les donnera toujours. Quelle joie de voir Christ qui nous a tant aimés, le même qui a été sur cette terre, l’ami si accessible aux siens, de le voir réellement, et pour toujours. Le travail convient à ce monde, la joie à l’autre, quoique nous la goûtions comme des ruisseaux d’eau, avant d’être parvenus à la source.
Je vous remercie, cher frère, pour toute votre bonne affection. J’aurais aimé voir les frères de Pau, auxquels j’étais très attaché, ainsi qu’à ceux des environs, mais je ne crois pas que ce soit possible : nous nous rencontrerons ailleurs.
Que Dieu ranime les anciens autour de vous, et soutienne les jeunes convertis dans le bon chemin, en les tenant près de lui. Tout le reste périra et s’en ira.
Votre affectionné frère en Christ,
J.N. Darby
1881
Bien-aimé frère.
Je suis par la bonté de Dieu, beaucoup mieux.
… Il y a un changement en moi, à la suite de cette proximité de la mort, non pas en doctrine, non pas dans mes vues ; en tout cela rien n’est changé, tout est confirmé. C’est une douce pensée que tout ce que j’ai enseigné a été de Dieu : mais j’ai bien plus intimement la conscience d’appartenir à l’autre monde. Je l’avais bien déjà par la foi, mais j’ai le sentiment d’en être. Je ne sais quand il me prendra, et jusqu’à ce moment je fais, comme toujours, ce que mes forces me permettent. Veiller et prier est nécessaire comme par le passé, mais c’est davantage ce que le bien-aimé Sauveur a dit : « Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde » ; et d’où était-il ? À cet égard le changement est sensible, et je l’attends…
J. N. Darby
Bournemouth, 11 mars 1882
À Mr. P. S.
Bien cher frère,
J’ai souvent pensé à vous écrire ; mais j’en ai été empêché. Actuellement je dois employer la main d’un autre pour vous annoncer que je ne le puis pas ; je veux seulement vous rappeler la longue traversée que nous avons faite ensemble, et reconnaître l’affection fidèle que j’ai éprouvée en vous et dans la bienveillance de Mme S. Maintenant c’est la fidélité éternelle du Christ qui doit être mon appui, et qui me rend, grâces à Dieu, heureux, béni et soutenu de la part de Dieu.
Je vous souhaite la bienvenue dans l’autre monde.
Saluez affectueusement tous les frères.
Votre affectionné,
J. N. Darby
Bournemouth, 19 mars 1882
Mes bien-aimés frères,
Après des années de communion dans la faiblesse, je n’ai que la force corporelle d’écrire quelques lignes, d’affection plus que toute autre chose. Je rends témoignage de l’amour que j’ai trouvé non seulement dans le Seigneur toujours fidèle, mais dans mes bien-aimés frères, et de toute leur patience envers moi — Combien plus, alors, de la part de Dieu ! J’en rends sincèrement témoignage. Je puis dire encore que Christ a été mon unique objet — Dieu en soit béni, il a été ma justice aussi. Je ne crois pas avoir quoi que ce soit à retirer, et bien peu maintenant à ajouter. Attachez-vous fermement à Lui. Comptez sur la grâce abondante qui est en Lui, de façon à le reproduire, dans la puissance de l’amour du Père ; et veillez pour attendre Christ. Je n’ai rien à ajouter, sinon ma sincère et reconnaissante affection en Lui.
J’ajoute cependant encore : n’oubliez pas le ministère de Jean en insistant sur celui de Paul. L’un donne la dispensation dans laquelle la révélation est faite : l’autre, ce qui est révélé.
Bien-aimés frères,
Je suis convaincu que si nous reconnaissons pieusement que la main de Dieu est sur nous, et que nous ayons humblement confiance dans le propos du Père pour la gloire de son propre Fils, il y aura une abondante bénédiction, et une extension de l’œuvre par les portes que Lui-même ouvrira.
J. N. Darby (mort le 29 avril suivant)
N. B. — Les lettres de J. N. Darby publiées ci-dessus sont extraites des « Letters » (3 volumes, en anglais) et des nombreuses lettres (près de 500) parues dans le Messager Évangélique depuis 1881. Nous signalons l’intérêt exceptionnel de deux d’entre elles qui ont fait ensuite l’objet chacune d’une édition séparée : la « Lettre au Rédacteur du Français », 1874 (dans le M.E. 1902, p. 401), et la « Lettre au Professeur Tholuck » (ibid., 1913), p. 134, 148).
15 - Appendice — Bref regard sur la chrétienté actuelle
Le dernier chapitre de cet ouvrage, (points 12 et 13), dû pour l’essentiel à un cher serviteur de Dieu maintenant auprès du Seigneur, n’allait pas au-delà de la période d’entre les deux Guerres mondiales. Il ne visait qu’à donner une esquisse sommaire et forcément très incomplète de la chrétienté moderne, et non son histoire suivie. Il serait plus difficile encore de brosser un tableau de l’état présent des choses. Tout se précipite, dans la plus grande confusion. À peine peut-on indiquer quelques-unes des tendances qui s’affrontent.
Le mouvement œcuménique
Les plus marquées peut-être de ces tendances sont les efforts qui sont faits pour élaborer une unité visible des chrétiens. Les divisions de la chrétienté, douloureuses pour toutes les âmes sincères, mettent en péril son existence même. Malheureusement, au lieu de s’en tenir à l’unité du « seul corps », assurée par le « seul Esprit », on cherche une unité factice, en associant entre elles le plus grand nombre possible de ces Églises et dénominations qui précisément, de par leur existence même, sont la négation pratique de l’unité réelle. Le mouvement œcuménique, comme on l’appelle (de oikoumené, la terre habitée, toute la terre), fait remonter son origine à la première Conférence mondiale des missions, tenue à Édimbourg en 1910. Elle eut comme suites l’ « Alliance universelle pour l’amitié internationale par le moyen des Églises » (1914) formée sous l’impulsion de l’évêque C. H. Brent, de l’Église épiscopale américaine — et, parallèlement, tout un mouvement en vue du groupement des Églises, qui prit le nom de « Foi et Constitution » (Faith and Order). La Conférence de Lausanne, en 1927, consacra des progrès décisifs de ce mouvement, en réunissant des délégués de presque toutes les Églises chrétiennes, sauf Rome. En même temps se développait, grâce à l’archevêque luthérien Nathan Sœderblom, un Suédois, à l’évêque anglican G. K. Bell et au pasteur réformé français Wilfred Monod, le mouvement dit du christianisme pratique (ou : « Vie et action »), qui, « dans une atmosphère intense et pathétique », réunit la Conférence universelle de Stockholm en 1925. Les deux mouvements, aux aspirations voisines, convergèrent peu à peu. La fusion, préparée en 1938 (conférence d’Utrecht, suivie de celle de Saint-Germain-en-Laye en 1939), ne put être effective qu’après la guerre : elle se fit à Amsterdam, où eut lieu en 1948 la première assemblée mondiale, de laquelle sortit le « Conseil œcuménique des Églises » (C.O.E). Une seconde assemblée mondiale s’est réunie à Evanston (É.-U.) en 1954, une troisième à New-Delhi (Inde) en 1961. Plus de 200 Églises sont représentées dans le C.O.E., qui siège en permanence à Genève (associé au Conseil international des Missions), soit la presque totalité des Églises et dénominations protestantes (*), les Églises du Proche et Moyen-Orient, et l’Église orthodoxe russe. Toutefois des Églises qui, parmi ceux qu’on appelle couramment les Évangéliques, se réclament d’un attachement étroit à l’Écriture (fondamentalisme), n’y participent pas : elles ont fondé à part en 1948 le « Conseil international des Églises chrétiennes ».
(*) Parallèlement se poursuit un effort de groupement au sein des grands ensembles protestants. C’est ainsi qu’est née en 1938 la Fédération protestante de France, englobant, outre les Églises réformées, des Églises luthériennes et baptistes, mais non point toutes, et que s’est fondée en 1947 à Lund (Suède) la grande Fédération luthérienne mondiale. Mais, outre que de nombreuses dénominations ne se rallient pas à ces Fédérations, des minorités au sein des Églises fédérées n’acceptent pas davantage d’en faire partie, et constituent de nouvelles Églises, ou des unions restreintes, de sorte que la confusion s’en trouve aggravée ! Mais surtout, on garde toujours le même principe d’Églises particulières librement associées, organisées chacune selon son système propre : l’unité est tout extérieure et finalement illusoire. Comment en serait-il autrement puisque, en fait, l’autorité de la Parole de Dieu et l’action du seul Esprit sont méconnues ?
L’Église romaine
L’Église romaine, malgré tous les efforts du Conseil œcuménique pour nouer des relations officielles avec elle, et bien qu’elle ait un « secrétariat pour l’unité des chrétiens », reste en dehors. Elle ne pourrait faire autrement sans se renier. Elle persiste à se dire la seule Église, et elle ne peut concevoir d’unité que dans le ralliement des autres sous sa tutelle. Le pape Jean XXIII est allé très loin en appelant frères les chrétiens non catholiques — qualifiés tout au plus jusque-là de frères séparés, mais, a-t-il dit, « des frères qui ne participent pas encore complètement à l’unité souhaitée et établie par le Seigneur », entendant par là l’unité de l’Église de Rome, « l’Église mère », dans le giron de laquelle il faut retourner. Si elle traite avec une bienveillance sympathique le mouvement œcuménique, c’est pour l’utiliser en vue de ce ralliement.
Cette Église a perdu quelque terrain en Amérique du Sud, au Brésil entre autres, où des congrégations protestantes ont progressé, mais elle continue à en gagner aux États-Unis. En Afrique, bien que l’extension de l’islam y contrecarre fortement les missions chrétiennes de toute origine, les structures catholiques s’affermissent sous les évêques noirs. En Asie le Viet-nam compte deux millions de catholiques et il est difficile d’en dire le nombre en Chine. Rome exerce une véritable fascination sur bien des têtes de l’œcuménisme, tel le prieur de la communauté de Taizé (laquelle est proprement un monastère protestant) qui souhaite expressément voir le pape reconnu comme le pasteur universel des chrétiens.
Mais le catholicisme doit faire face à de graves problèmes intérieurs. Jamais il n’a connu une telle crise, pour ne pas parler de révolution. Les « intégristes » s’accrochent non pas tant à la doctrine fondamentale de l’Écriture qu’aux dogmes et aux rites traditionnels, à la hiérarchie et à la discipline dans l’obéissance absolue au pape, et ils regrettent l’ancienne domination séculière de l’Église ; — alors que les « modernistes » et « progressistes » de nuances diverses mettent tout cela en question, discutent le sacerdoce lui-même et s’efforcent d’accorder l’Église avec le monde intellectuel, social et politique : certains vont jusqu’à une combinaison du communisme athée avec un pseudo-christianisme à peu près détaché du sacré.
Au-dessus et en dépit de ces divergences, se poursuit une transformation des relations avec l’extérieur. Naguère l’Église, même dépossédée de tout pouvoir officiel, était le soutien des forces conservatrices de la société ; elle se porte maintenant plus volontiers vers ceux qui contestent l’autorité, relèvent ses abus et ses injustices, critiquent et sapent les institutions, bref mettent en question la structure des États. Elle veut être à même de mettre la main sur quelque forme de société et de gouvernement qui pourrait naître du bouleversement où va le monde actuel. N’est-ce pas depuis Constantin le même cléricalisme ayant affaire aux puissances du jour en vue de les régenter ? Comment le lecteur attentif de la prophétie ne penserait-il pas à ce moment proche où, selon les symboles d’Apocalypse 17, la « grande prostituée » régnera une heure avec la bête surgie de la mer des peuples (ch. 13) ? La politique pontificale, servie par ses incomparables agents secrets, dont avant tout les Jésuites, est plus que jamais attentive à gagner la faveur des forces qui s’annoncent, et à interposer avec beaucoup de doigté son ascendant moral dans les conflits des États. Mais de là aussi les efforts, très diversement approuvés par la hiérarchie, qui se font à des niveaux divers pour se rapprocher du peuple, par le moyen de groupements de laïques et surtout des prêtres ouvriers ; ce catholicisme social agit au nom de la charité chrétienne mais met à l’arrière-plan la vérité doctrinale. On comprend combien est éprouvante, au milieu de tant de tiraillements, la situation des vrais croyants que renferme Thyatire, et particulièrement de ceux qui, engagés dans la hiérarchie romaine, considèrent, ainsi que le dit l’un d’eux, que « le pasteur, comme le Christ, devrait être présent partout, osant dire uniquement l’Évangile et refusant d’être une puissance ».
L’Église romaine a tenté sa propre réforme avec le deuxième Concile du Vatican (1962-1965), où les multiples tendances se sont manifestées. On y a vu s’élever contre la souveraineté du pape l’autorité des évêques et de leurs assemblées (« conciles de l’épiscopat », a-t-on dit) ; cette souveraineté a résisté, mais les actions contestataires, aux Pays-Bas entre autres, donnent à réfléchir. La papauté a dû abandonner, d’autre part, de son intransigeance à l’égard des autres Églises : il faut souligner la réconciliation avec l’Église orthodoxe d’Orient (levée de l’excommunication en 1968) et la recherche d’un accord avec l’Église anglicane sur l’eucharistie. Enfin le Concile, rompant avec le passé de Rome, a affirmé le principe de la liberté religieuse.
Liberté religieuse et déchristianisation
Dans la grande majorité des États, l’autorité civile laisse encore une liberté très large à tous pour l’évangélisation et le culte. L’opposition d’un clergé est encore sensible en quelques pays, l’Espagne et la Grèce par exemple, mais elle est obligée de s’y relâcher comme elle l’a fait ailleurs où elle a dû céder devant la laïcisation de l’État. Les oppositions violentes, allant jusqu’à la persécution, sont devenues le fait des pays où l’incrédulité et l’athéisme officiels ont remplacé les religions d’État. Il en a été ainsi un moment en Allemagne quand l’hitlérisme a voulu plier tout un peuple à un idéal raciste antichrétien et mettre la main sur les Églises. Ainsi en est-il des États totalitaires, d’inspiration marxiste, l’Union soviétique et ses associés, et maintenant la Chine en voie de transformation rapide par un communisme plus déterminé encore à extirper toute notion religieuse (maoïsme). Il y a là une déchristianisation systématique. Les témoins de la vérité ont à y soutenir un combat intense et périlleux ; ils ont pour eux les promesses de Celui qui disait aux fidèles de Smyrne : « Sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de vie » (Apoc. 2:10).
Mais dans nos pays occidentaux se réclamant encore de la civilisation chrétienne, progresse sous le couvert de la liberté une déchristianisation de fait, insidieuse mais non moins redoutable, et ceux qui veulent garder le témoignage comme Philadelphie ont à lutter pour « tenir ferme ce qu’ils ont ». Des multitudes dont beaucoup se disent toujours chrétiennes sont presque entièrement détachées même de toute forme religieuse. Quantité d’enfants de nos pays grandissent sans avoir entendu parler de Jésus, de l’Évangile ni de la Bible, même de Dieu. Ces masses sont tantôt indifférentes tantôt inquiètes, révoltées devant les souffrances et les oppressions, happées par la poursuite du bien-être matériel et de la satisfaction des convoitises, fussent-elles les plus basses, et elles sont insensibilisées quant au péché. Corruption et violence triomphent comme aux jours de Noé ou de Lot. Le matérialisme est favorisé par la toute-puissance que l’essor des connaissances scientifiques semble donner à la technique. L’orgueil de l’homme s’en exalte. Il se croit libéré, alors qu’il se trouve plus que jamais asservi à ses passions et à ses convoitises, dont joue le prince de ce siècle. Les activités surexcitées détruisent l’équilibre physique et mental. Les loisirs posent plus de problèmes que le travail, et finalement les faux bonheurs laissent les âmes indifférentes au bien et au mal, mais anxieuses et agitées, sans Dieu et sans espérance. Une trop grande partie de la jeunesse, insatisfaite, sans boussole ni frein, rivalise de mépris pour tout ce qui l’a précédée, et d’engouement pour une effervescence stérile et les plaisirs les plus trompeurs.
Diffusion de la Bible et évangélisation
Ce tableau a sa contrepartie, consolante pour ceux qui sentent leur « peu de force » et regardent vers Celui dont le « trône est dans les cieux ». Son Esprit est à l’œuvre ici-bas, et son travail dépasse en profondeur comme en étendue ce qu’on peut en apercevoir, dans tous les milieux. La Bible, traduite dans toutes les langues ou presque, est répandue comme elle ne l’a jamais été. Des laïques et des ecclésiastiques, des catholiques et des non-catholiques, se rencontrent librement pour la lire et l’étudier. La foi chrétienne est l’objet d’études sincères en partant des Écritures. Sans doute, comme on peut le prévoir, Satan contrecarre cette diffusion de la Bible, en persuadant les gens que c’est assurément un livre prestigieux mais, après tout, un produit supérieur de l’esprit humain, rien de plus. Il en est qui la lisent sans aucun besoin, pour suivre une mode intellectuelle, et le plus grand nombre l’étudient sans avoir conscience de son autorité et encore moins de son inspiration divine. Quoi qu’il en soit, Dieu emploie certainement cette Parole pour le bien de quantité d’âmes (Ésaïe 55:11). Lui sait quels besoins profonds se cachent derrière bien des turbulences de jeunes déchaînés. Il sait comment germe le grain au sein de ces extraordinaires poussées religieuses comme on en voit présentement aux États-Unis, en Amérique du Sud où le catholicisme le plus formaliste et le plus superstitieux est entamé de divers côtés, et où le véritable Évangile est présenté parmi des manifestations parfois suspectes. Partout sont organisées des campagnes d’évangélisation, à grand renfort il est vrai de moyens publicitaires qui les mettent fâcheusement sur le même plan que d’autres propagandes ; mais on peut se réjouir de ce que, « de toute manière, Christ est annoncé » (Phil. 1:18), même s’il faut constater que trop souvent l’impression sur les auditeurs reste superficielle et sans suite durable. Parmi les évangélisateurs d’aujourd’hui le nom le plus connu est celui de l’Américain Billy Graham qui avec son équipe de soutien se consacre depuis 1950 à présenter l’Évangile du salut aux masses, surtout dans les pays anglo-saxons. On relève aussi, dans nos contrées, le travail opéré, principalement par le moyen de Pentecôtistes, parmi les Gitans (Tsiganes).
Mondanisation du christianisme
Quoi qu’il en soit, ce zèle à porter l’Évangile aux sans Dieu du monde industrialisé comme dans les pays attardés, de même que bien des protestations d’attachement à la vérité biblique, voisinent avec une mondanisation générale du christianisme, dans la tiédeur et la prétention spirituelle propres à Laodicée mettant Christ dehors au lieu de sortir vers Lui. Cette mondanisation du christianisme, qui n’est autre que la marche accélérée vers l’apostasie, revêt toutes les formes, agit dans tous les domaines, culturel, social, politique. La confusion actuelle est telle qu’on a pu parler d’un chaos religieux.
Combien de ceux qui parlent au nom de la doctrine chrétienne en font un simple outil à modeler la société humaine, pour des buts purement terrestres et pour l’exaltation de la personne humaine, sans se préoccuper aucunement des droits de Dieu ! On fait bon marché des points fondamentaux de la vérité dont l’Église a été constituée la colonne et le soutien, et qu’elle est responsable de maintenir. Que de prétendus témoignages chrétiens refusent d’admettre l’inspiration plénière des Écritures, la divinité de Jésus, sa résurrection, sa gloire cachée présente et sa gloire à venir ! Plus que jamais les mêmes mots, foi, Christ, résurrection des morts, salut, Parole de Dieu, et Dieu même, changent de signification selon qui les emploie ! Nous reconnaissons les efforts de théologiens sincères qui ont cru pouvoir enrayer le modernisme et ramener les esprits sous l’autorité de l’Écriture ; ainsi Kart Barth. Mais, impuissants à se dégager eux-mêmes d’une mentalité imbue des « éléments du monde » et qui refuse de recevoir la Bible comme la Parole même de Dieu, ils se sont heurtés à d’autres docteurs plus rationalistes, pour ne pas en dire davantage. Des ministres de culte sont formés, hélas, dans cette atmosphère, et ils prêchent une Parole désacralisée, quand ils la prêchent encore ! La « simplicité quant au Christ », dont Paul redoutait que les Corinthiens ne fussent détournés (2 Cor. 11:3), est tenue pour faiblesse d’esprit.
Les sectes
Le foisonnement des sectes, que nous avons vu être une caractéristique des temps fâcheux, est allé se renforçant. Certaines (Mormons, Témoins de Jéhovah dont sont sortis en 1916 les Amis de l’homme, et d’autres dérivés de l’adventisme), sont à ce point écartées du « sain enseignement » qu’il n’est guère possible de les dire chrétiennes. D’autres accompagnent le maintien des vérités scripturaires essentielles de manifestations et d’interprétations de plus en plus déroutantes (Pentecôtistes aux tendances multiples).
Les mouvements humanitaires, pacifistes, éminemment moraux et de caractère humainement élevé, mais faisant fond sur l’homme au lieu de le placer devant Dieu comme pécheur, tout en se référant au christianisme tournent le dos à Christ, qui « n’est pas du monde », et à la vocation de son Église (« vous n’êtes pas du monde »). Ainsi le Réarmement moral, issu du groupe d’Oxford fondé après la Première Guerre mondiale par Franck Buchman, et les diverses formes du Christianisme social, visant effectivement, selon un de ses promoteurs, à « christianiser l’ordre social… à l’harmoniser avec les convictions morales que nous identifions avec la personne de Christ » !
Science et foi
Quant aux nombreuses tentatives pour accorder, comme on dit, la science et la foi, elles s’attaquent à un faux problème, puisqu’il s’agit de deux domaines nettement séparés. Qui le fait n’échappe guère à l’erreur de les mettre sur un même plan et de vouloir assujettir la foi aux mêmes exigences que la recherche scientifique, et à ses limitations. Dans l’illusion de défendre la foi, on la mine. Telle est, entre autres, la situation d’un Teilhard de Chardin.
Il n’est pas question, et aussi bien ce serait une tâche impossible, de passer en revue tout ce qui, dans ces derniers jours de l’Église sur la terre, conspire, sous l’impulsion de l’Adversaire, à activer l’opération du mystère d’iniquité (2 Thess. 2:7) en se servant des acquisitions de la science pour tout à la fois enthousiasmer et angoisser les hommes. Signalons seulement cet élément important de l’évolution des esprits dans nos temps, que constitue la psychanalyse, mise en avant par S. Freud vers la fin du 19° siècle et bien développée après lui. On désigne par-là un ensemble de méthodes ayant pour objet l’étude des processus mentaux profonds de l’homme, en partant des névroses et des troubles psychiques en général. Quelle que puisse être la valeur propre de ces méthodes et leur portée thérapeutique, elles aboutissent, surtout entre les mains d’incroyants, à abolir la notion de responsabilité morale, et donc de péché, et elles n’ont pas peu concouru à détourner de la foi.
Conclusion
Le chemin du croyant peut paraître difficile à discerner, dans cette extrême confusion de ce qu’il faut bien appeler le monde chrétien. N’en soyons pas étonnés. L’aboutissement sera l’unification de tout ce qui porte ce nom de chrétien, dans l’apostasie générale qui suivra l’enlèvement de l’Église auprès de son Époux céleste. La forme ecclésiastique sera conservée, et tout incline à penser qu’elle sera, en apparence au moins, plus solide que jamais. Mais ce sera Babylone, la fausse Église des chapitres 16 (v. 19) à 18 de l’Apocalypse, dont la terrible fin sera saluée par les Alléluias du ciel (19:1-5). Quelle conclusion de l’histoire sur la terre de celle qui aura porté le nom d’Église de Christ !
Le chemin actuel n’est clair que si l’on a toujours devant soi les deux faces du sceau apposé sur le « solide fondement de Dieu », qui « demeure » (2 Timothée 2:19) : « Le Seigneur connaît ceux qui sont siens », et : « Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur ».
La porte est toujours ouverte pour que se rassemblent ceux qui « invoquent le Seigneur d’un cœur pur ». Seule leur séparation au sein d’une chrétienté en marche rapide vers l’apostasie finale, maintiendra un témoignage jusqu’au prochain retour du Seigneur. Dieu veuille affermir ceux qui ont été éclairés sur ces points et leur donner de s’y tenir avec plus de fidélité ; qu’Il veuille aussi éclairer beaucoup des siens qui ne les ont pas encore saisis. C’est un fait significatif qu’en des milieux religieux très différents, et au sein même de l’Église catholique, s’esquissent spontanément des communautés de croyants dans l’indépendance de toute hiérarchie. On est heureux d’y reconnaître une aspiration au rassemblement des saints dans la seule unité du corps de Christ, pour dire avec l’Esprit : « Viens, Seigneur Jésus ». Demandons qu’il en soit bien ainsi. N’est-ce pas ce qu’avaient compris et réalisé les humbles nais fidèles témoins suscités il y a un siècle et demi, de l’exemple et de l’enseignement desquels le Seigneur a donné à plusieurs de profiter ? L’affaire de ceux que la grâce de Dieu a appelés ainsi à « se retirer » pour « poursuivre » (2 Tim. 2:19:22), est de retenir simplement mais avec fermeté « ce qui est dès le commencement ». Les inconséquences parmi eux n’ont pas manqué, nous l’avons vu. Dieu a permis dans sa miséricorde que quelques-unes des brèches causées par des divisions inconsidérées soient réparées, au moins partiellement. Il leur faut redoubler de vigilance, car l’ennemi n’en sera que plus acharné à disperser. Ce n’est qu’avec Christ qu’on assemble. Il ne réunit pas autour de Lui des chrétiens supérieurs aux autres, mais humbles et obéissants. Il demande à tous de « retourner » à Lui comme au berger et au surveillant de nos âmes », et de nous serrer autour du Chef (1 Pierre 2:25 ; Colossiens 2:19). Peu importe l’appréciation des hommes pour qui a comme seul souci le « témoignage de notre Seigneur » (2 Tim. 1:8). Mais ne perdons pas de vue que Lui seul est le « témoin fidèle et véritable », et que « séparés de Lui nous ne pouvons rien faire ».
« Je viens bientôt ; tiens ferme ce que tu as ».
Re: Forum Religion Catholique
Arlitto a écrit:Quelle différence y a-t-il entre chrétien et catholique ?
Au cours de l'histoire, les chrétiens ont connu des conflits et des divisions. Les catholiques, orthodoxes et protestants sont chrétiens. Mais ils appartiennent à des églises différentes.
Être catholique
, c'est une façon d'être chrétien. Mais il y a d'autres façons d'être chrétien, d'autres traditions chrétiennes. S'il y a des différences, c'est parce que, au cours de l'histoire, la famille des chrétiens a connu des conflits et des divisions.
Le mot "catholique" signifie universel. Il est dans le "Je crois en Dieu". Les chrétiens des premiers siècles proclamaient tous que l'Église est catholique, c'est-à-dire répandue dans le monde entier, pour tous les hommes. Aujourd'hui ont gardé ce nom de "catholiques" les chrétiens qui reconnaissent l'autorité universelle du pape, successeur de Saint Pierre comme évêque de Rome.
On appelle
"orthodoxes" les chrétiens d'Orient
qui se sont séparés de l'Église de Rome en 1054. Les "anglicans" forment l'Église d'Angleterre qui a rompu avec le pape sous le roi Henri VIII, en 1534.
Au 16e siècle, il y a eu aussi des cassures plus graves, quand certains chrétiens ont voulu rajeunir l'Église, la réformer. Protestant contre les abus, ils ont voulu ne s'appuyer que sur la Bible.
À la suite d'hommes comme Luther ou Calvin sont nées alors les "Églises de la Réforme", appelées aussi "
protestantes"
. Ces églises sont aujourd'hui très nombreuses. On trouve des évangélistes, des pentecôtistes, des baptistes. Toutes se réfèrent à la Bible mais ne vivent pas leur foi de la même manière.
Aujourd'hui, les chrétiens des différentes Églises prient et réfléchissent ensemble pour parvenir un jour à l'unité. Cela s'appelle l
’œcuménisme.
Chaque fois que quelqu’un me dit qu’il est chrétien plutôt que catholique, je dis que je suis aussi chrétien.
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