Forum Religion Catholique
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Forum Religion Catholique
Rappel du premier message :
Religion des chrétiens qui reconnaissent le pape comme chef spirituel.
Le catholicisme, également appelé l’Église catholique, est la branche du
[ltr]christianisme[/ltr]
qui reconnaît l'autorité spirituelle et juridictionnelle du
[ltr]pape[/ltr]
. « Totalité et universalité » : tel est le sens en grec ancien du terme katholikos, par lequel est désignée, dès le iie s. de notre ère, l'Église qui a été fondée par Jésus, puis celle qui est restée attachée à ce titre ancien après les divisions apparues au sein du monde chrétien.
Le catholicisme fonde son unité sur une communauté de foi, de sacrements et de vie religieuse (un seul Christ, une seule foi). Une, la foi catholique repose sur un triple fondement : l'Écriture, qui est parole de Dieu ; la Tradition, qui est continuité de l'action divine ; l'Église, dépositaire et seule interprète autorisée de la vérité.
L'Église catholique au sein du christianisme
Lippo Memmi, saint Pierre
Selon l'Évangile, Jésus a lui-même désigné parmi ses apôtres un homme, Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » Le martyre de Pierre à Rome a ensuite désigné le siège épiscopal de la ville comme celui autour duquel doit s'affirmer l'unité de l'Église et de la foi. C'est ainsi que dans l'Église primitive est établie, vers le ier s., la primauté de l'évêque de Rome, successeur de Pierre.
Les enseignements du Christ ont d'abord été transmis par voie orale. Aux premiers écrits chrétiens, notamment les lettres adressées par Paul aux communautés qu'il a fondées, vont succéder les Évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean. Face à la nécessité de légiférer pour authentifier, parmi les multiples écrits qui sont alors rédigés, ceux qui sont fidèles à l'enseignement du Christ, un corpus est rassemblé sous le nom de « Nouveau Testament », en même temps que les écrits juifs antérieurs sont rebaptisés « Ancien Testament ». De même, face à la multiplication des communautés chrétiennes qui naissent dans tout le Bassin méditerranéen à partir du ier s., sont structurées les formes de cette Église (assemblée), qui est appelée à préserver le message du Christ en le protégeant des interprétations erronées.
Le schisme avec les chrétiens d’Orient
Constantin Ier le Grand
Persécuté du ier au ive s., puis toléré et enfin reconnu comme religion officielle par l'empereur Constantin, au début du ive s., le christianisme parvient à s'établir dans l'Empire romain, tout en maintenant son unité ecclésiale et doctrinale jusqu'au xe s. Cependant se développent au sein de l'Église de nombreux débats théologiques, tranchés lors de grands conciles où sont élaborés et fixés des éléments essentiels de la doctrine chrétienne, comme l'universalité du christianisme (Jérusalem, en 49), la Trinité de Dieu (Nicée, en 325 ; Constantinople, en 381), la nature de Jésus-Christ, à la fois humaine et divine (Chalcédoine, en 451). Après l'éclatement de l'Empire romain à la fin du ve s., les divergences entre Orientaux et Occidentaux se font de plus en plus sentir.
Alors que l'Église orientale reste sous la tutelle de l'empereur de Constantinople, l'Église latine doit, pour sa part, suppléer le pouvoir politique, qui s'est effondré avec la chute de l'Empire romain d’Occident. Rome y gagne en autorité non plus seulement spirituelle, mais également temporelle. L'Église d'Orient, déjà opposée à l'Église latine sur la formulation du dogme de la Trinité, lui reproche son autorité centralisatrice. En 1054, la rupture est consommée. L'Église latine garde le nom ancien de « catholique » et celle d'Orient prend celui d'« Église orthodoxe ». Certaines Églises feront néanmoins retour à la communion catholique, notamment au xviiie s., tout en gardant leurs rites de tradition orientale.
La Réforme protestante
Martin Luther
Face au pouvoir temporel de plus en plus hégémonique de l'Église catholique en Europe, les critiques se lèvent pour dénoncer les pesanteurs et les compromissions de l'appareil clérical. Les thèses de Martin Luther (1517) marquent le début de la Réforme, qui donne naissance aux Églises protestantes. Ce mouvement de contestation aspire à une simplification et à une personnalisation de la religion, en préconisant notamment la lecture directe de la
[ltr]Bible[/ltr]
par le croyant. Grâce au développement de l'imprimerie, il parvient en effet à retirer aux clercs et à l'Église le monopole de la pratique des Saintes Écritures. Dans le protestantisme, il n'y a pas d'épiscopat sacramentel, mais un sacerdoce commun à tous. Le baptême et la Cène (partage du pain et du vin) sont les seuls sacrements retenus, et toute pratique de dévotion ou toute démarche visant à s'assurer du salut sont rejetées : le salut ne s'achète pas, il est obtenu par la grâce de Dieu et non par les œuvres.
L'Église catholique tente de répondre à ces vives attaques par la Contre-Réforme, ou Réforme catholique, en réaffirmant notamment l'autorité du pape ainsi que son attachement à la Tradition, à son magistère, aux sacrements et au salut par les œuvres.
La foi catholique
Introduction
La foi catholique consiste en l'adhésion aux enseignements de l'Église portant sur les vérités que Dieu a révélées par son Fils. Elle se caractérise précisément par la définition des voies d'accès à ces vérités et au salut qu'elles portent en elles : la Révélation, l'Église et la Tradition, qui forment un tout indivisible.
La Révélation
Lorenzo Lotto, la Reconnaissance de la nature divine de l'Enfant Jésus
Selon le christianisme, Dieu s'est révélé aux hommes à travers l'histoire du peuple juif, auquel il a proposé son alliance, avant de se révéler pleinement à travers son Fils – Jésus-Christ mort et ressuscité –, en lequel il s'est incarné.
Le Dieu révélé par le Christ est un Dieu unique mais en trois hypostases : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Il est créateur de toute chose et de toute vie. Empli de bonté envers sa création, il renouvelle, à travers le sacrifice de son Fils sur la croix, son alliance avec le peuple juif puis avec tous les hommes. Les chrétiens, en effet, croient non seulement à la résurrection du Christ, mais aussi à la résurrection des morts et à la vie éternelle : le salut.
L'enseignement du Christ peut se résumer par cette phrase de l'Évangile de Luc (Luc X, 27) : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces, et de tout ton esprit. Et tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Le mot « alliance » traduit un lien de réciprocité entre Dieu et l'homme, et il exprime la « solidarité » de Dieu avec tout homme. Aussi toute adhésion de foi comporte des exigences d'engagement de solidarité humaine et sociale.
La Révélation est tout entière contenue dans la vie, la mort et la résurrection du Christ. Les textes bibliques conservés par la Tradition transmettent les récits qui en ont été faits par les premiers chrétiens.
L'Église
Dépositaire et interprète autorisée des vérités chrétiennes, l'Église veille au maintien de l'unité de la foi. Dans le catholicisme, c'est à elle, à l'assemblée des fidèles, que sont transmises les Écritures, et non à chacun de ses membres d'une manière individuelle.
L'Église catholique ne peut admettre sans difficulté l'existence de plusieurs Églises chrétiennes. Selon elle, la volonté du Christ, réaffirmée dans le credo de Nicée, est que son Église soit « une, sainte, catholique et apostolique », et ce non seulement d'un point de vue théologique – comme le soutiennent orthodoxes et protestants –, mais également dans sa réalisation concrète.
La conviction avec laquelle l'Église catholique revendique comme légitime le droit de rassembler tous les chrétiens repose sur trois éléments fondamentaux :
Évêque célébrant la messe
– La succession apostolique. Les évêques continuent avec le pape la mission confiée par Jésus aux apôtres. Leur ordination dans l'Église (par imposition des mains et sacrement de l'ordre) les investit des pouvoirs de gouverner, d'enseigner et de donner les sacrements au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
– La prédication de la Parole. De même que les premiers disciples ont reçu de Jésus l'Esprit saint, le collège des évêques et le pape sont assistés par l'Esprit lorsqu'ils doivent énoncer les vérités de foi.
Baptême d'un enfant
– Les sacrements. La présence du Christ dans l'Église se manifeste par l'Église elle-même et par les sacrements – signes sacrés porteurs de grâces et institués par le Christ –, à travers lesquels l'Esprit opère le don de Dieu. L'Église catholique dispense sept sacrements : le baptême et l'eucharistie (communs à toutes les Églises chrétiennes), la confirmation, le mariage, l'ordre, la réconciliation (pardon) et l'onction des malades (extrême-onction) pratiqués également dans les Églises orthodoxes. Par le sacrement de l'ordre (ordination), les clercs – diacres, prêtres, évêques – reçoivent le pouvoir de transmettre la grâce de Dieu par les sacrements.
La Tradition
L'Église assure la présence du Christ à travers les âges, en tant que dépositaire des Écritures, mais aussi de la Tradition. Dans le catholicisme, la Tradition englobe l'ensemble des enseignements, des dogmes et des pratiques cultuelles que l'Église a adoptés tout au long de son histoire. Loin de penser que son épaisseur risque de rendre opaque la vérité du Christ, l'Église catholique considère que la Tradition garantit la transmission fidèle et intégrale de la Révélation.
Par son action théologique, dogmatique, liturgique et même sociale, l'Église s'efforce sans cesse d'approfondir le mystère chrétien. Les nouveaux dogmes qu'elle élabore ne sont pas censés apporter de nouvelles vérités, mais éclairer un aspect de la vérité déjà révélée dans sa plénitude par le Christ. Ainsi, la vérité discernée à un moment donné par l'Église des fidèles n'est pas désavouée par les générations suivantes, mais elle est conservée dans la Tradition, tout en étant réinterprétée.
Il existe une manière moderne d'adopter des dogmes qui tend à s'éloigner d'une conception « doctrinaire » de la Tradition et qui prend en compte la dimension historique de la parole doctrinale de l'Église. En témoignent les paroles du pape Jean XXIII au concile Vatican II (1962) : « Autre chose est le dépôt même ou les vérités de la foi, autre chose est la façon selon laquelle les vérités sont exprimées, à condition toutefois d'en sauvegarder le sens et la signification. »
À toutes les époques et dans les divers contextes culturels, l'Église catholique a toujours professé sa foi dans l'assistance par l'Esprit saint pour interpréter et actualiser le message évangélique, en le préservant des interprétations subjectives et en lui conservant son authenticité et son unité.
La liturgie
Ensemble des célébrations officielles du culte rendu à Dieu, la liturgie s'organise ordinairement au niveau de la communauté paroissiale. Ces célébrations publiques, qui ont lieu habituellement le dimanche ou le samedi soir, rassemblent à l'église les catholiques établis à proximité. Un calendrier liturgique répartit sur une année la célébration des grandes étapes de la vie du Christ (sa naissance est fêtée à Noël, sa résurrection à Pâques, etc.).
Messe à Notre-Dame de la Trappe
La principale liturgie est la messe, qui comprend deux grandes parties, la première étant consacrée à la lecture et aux commentaires de la Parole (sermon ou homélie), la seconde à l'eucharistie et à l'action de grâce. Comme le Christ l'a enseigné aux apôtres à la veille de sa mort, les catholiques partagent le pain et le vin dans l'eucharistie, un sacrement qui, plus qu'un acte dédié à la mémoire du Christ, est, dans la théologie catholique, sa transsubstantiation. Par la communion, les croyants participent à la vie du Christ, reçoivent son corps et son sang comme une nourriture spirituelle qui les sanctifie.
Les catholiques, de même que les orthodoxes, prient la Vierge Marie et les saints, intercesseurs auprès de Dieu.
L'institution catholique
Introduction
L'Église catholique possède une structure à la tête de laquelle se trouve le pape, suivi – dans l'ordre hiérarchique – par les évêques, les prêtres, les diacres et les laïcs (ou simples fidèles).
Avec ses deux mille ans d'histoire et ses nombreux fidèles répartis dans le monde, l'Église catholique se révèle être une institution dont le gouvernement est fort complexe.
Rome
Le support territorial de l'Église catholique est l'État de la cité du Vatican, dont le statut a été établi par les accords du Latran, en 1929. Ce vestige des États pontificaux, institués au viiie s. pour garantir au pape une indépendance vis-à-vis des pouvoirs politiques, couvre un territoire de 44 ha enclavé dans la ville de Rome. La cité du Vatican jouit d'un statut de neutralité et d'inviolabilité. Cet État singulier est doté d'un gouvernement propre. Sa population s'élève à quelques centaines de personnes, principalement occupées dans la curie romaine.
Le gouvernement de l'Église
Premier concile du Vatican
Au sommet de la hiérarchie catholique, le pape est le garant de la continuité apostolique. Occupant le siège épiscopal de l'apôtre Pierre, il est évêque de Rome. Il nomme les évêques. Élu par le Sacré Collège des cardinaux et choisi parmi eux, il est aussi le signe visible de l'unité de l'Église. À ce titre, il représente l'autorité suprême, arbitrant toutes les décisions concernant la vie de l'Église, l'expression de la foi et les grandes questions posées par les évolutions de société. Toutes ses décisions et déclarations n'engagent pas la foi catholique au même degré : une encyclique papale n'a pas la valeur d'un dogme, qui est l'énonciation d'un article de foi. Aux périodes défensives de son histoire, l'Église catholique s'est recentrée autour de l'autorité du pape, notamment après le grand schisme d'Orient (au moment même où l'Église orthodoxe a conservé des traditions plus pluralistes en son sein), mais aussi lors de la Réforme protestante, puis au début de la modernité issue des Lumières et de la Révolution française. En 1870, au concile Vatican I, l'Église s'est attachée à redéfinir la primauté et l'infaillibilité de son chef. Près d'un siècle plus tard, le concile Vatican II a rééquilibré l'autorité papale en réhabilitant dans ses fonctions primitives la collégialité des évêques.
La collégialité épiscopale confère une responsabilité à tous les évêques, qui exercent leurs pouvoirs sous l'autorité du pape. C'est au chef suprême de l'Église qu'incombe, en effet, le droit de les réunir tous en concile œcuménique ou en synode (c'est-à-dire en assemblée régionale ou locale, par exemple, les évêques africains). Cependant, depuis le concile Vatican II, des conférences épiscopales nationales ou locales (par exemple, la Celam, la Conférence des évêques d'Amérique latine) se tiennent régulièrement à leur propre initiative.
Assemblée des cardinaux – évêques élevés à ce rang par le pape –, le Sacré Collège joue un rôle de conseil particulier auprès du chef suprême de l'Église. Le rôle de cette assemblée consiste essentiellement à élire le nouveau pape. Mais, selon la règle édictée par Paul VI en 1970, ne participent au vote que les cardinaux âgé de moins de 80 ans. Le Sacré Collège, qui comptait 70 cardinaux de Sixte Quint à Jean XXIII, en rassemble près de 200 à la fin des années 2000.
L'Église locale
Circonscrite par un territoire – le diocèse – plus ou moins vaste selon les régions du monde, l'Église diocésaine constitue l'unité de base de l'Église, dans laquelle la continuité apostolique est assurée par l'évêque.
Nommé par le pape, l’évêque est choisi parmi les prêtres et ordonné par des évêques. La plupart d'entre eux sont à la tête d'un diocèse, qui est organisé en paroisses que l'évêque confie à des prêtres. L'évêque, qui a pouvoir de juridiction, est responsable en particulier de la pastorale (enseignement et mission) et des prêtres de son diocèse.
Ordonnés par l'évêque, les prêtres sont au service de l'Église diocésaine. Ce sont exclusivement des hommes ayant fait vœu de célibat (à l'exception des Églises catholiques de rite oriental, où des hommes mariés peuvent être ordonnés). Ils reçoivent de l'évêque le pouvoir de dispenser tous les sacrements sauf l'ordination des nouveaux prêtres (réservée aux évêques). Ils président les célébrations liturgiques, organisent les nombreuses activités de catéchisme, d'entraide, de réflexion au niveau paroissial et diocésain.
Les diacres constituent, au sein de l'Église, le premier degré de la hiérarchie et du sacrement de l'ordre. Tirant son origine d'une tradition ancienne, le diaconat a été remis en honneur par le concile Vatican II comme service spécifique de la communauté croyante ouvert aux hommes mariés. On parle alors de diacres permanents.
Les laïcs sont les membres les plus nombreux de l'Église. Ils voient leur participation à la mission évangélique de l'Église mieux reconnue dans les sociétés laïcisées du IIIe millénaire.
Les ordres religieux
En dehors des activités organisées autour des paroisses et, plus généralement, dans le cadre de la structure ecclésiastique, il existe d'autres formes de vie religieuse, plus dépouillées, plus disciplinées et souvent plus communautaires. Les ordres et les missions représentent ainsi des formes très différentes d'engagement au nom de la foi catholique.
Giotto, Innocent III approuve la règle de saint François
À l'instar des plus connus d'entre eux – bénédictins et bénédictines de saint Benoît (vie s.), franciscains de saint François d'Assise (xiiie s.), clarisses de sainte Claire (xiiie s.), dominicains de saint Dominique (xiiie s.) ou jésuites d'Ignace de Loyola (xvie s.) –, tous les ordres religieux suivent des règles de vie qui répondent aux trois appels évangéliques : la pauvreté, la chasteté et l'obéissance. Ils se différencient néanmoins par leur principale activité qui peut être la prédication, l'action missionnaire et sociale ou encore la prière (notamment dans les ordres contemplatifs vivant dans des monastères).
Contrairement à la prêtrise, les ordres admettent hommes et femmes, mais dans des communautés séparées. Le statut de religieux n'est pas incompatible avec la prêtrise, tant et si bien que beaucoup de religieux sont également prêtres. Par ailleurs, certains ordres (comme les dominicains et les franciscains) ont institué un « tiers ordre », dans lequel sont regroupés des laïcs, mariés ou non, qui, tout en continuant à vivre dans le monde, s'engagent à suivre certains préceptes de la règle adoptée par l'ordre auquel ils appartiennent.
Les ordres religieux ont, pour la plupart, essaimé sur tous les continents. Les responsables des communautés dépendent, selon les cas, de l'évêque du lieu ou d'une autorité centrale rattachée directement au Saint-Siège.
Les mouvements catholiques
Les mouvements catholiques rassemblent des croyants désireux d'agir au nom de la foi, de la justice et de la charité chrétiennes, dans le cadre d'un des nombreux organismes existants, associations ou institutions. Alors que certains d'entre eux ont une dimension locale, d'autres (comme Caritas International, dont fait partie le Secours catholique français) sont internationaux.
Ces mouvements allient à des degrés divers l'étude ou la formation religieuse, l'approfondissement spirituel et l'action caritative ou sociale. Une tension existe cependant entre ceux qui seraient tentés d'oublier le « monde » et ceux qui, au contraire, s'engagent « dans le monde » sans mettre en avant leur identité de membres de l'Église.
Léon XIII
À travers ces nombreux engagements, le catholicisme continue d'être actif dans les domaines de l'enseignement et de l'assistance hospitalière ou caritative, qu'il a longtemps eus en charge. Avec la révolution industrielle du xixe s., il s'est investi sur le terrain social pour dénoncer la « misère imméritée des ouvriers » (encyclique Rerum novarum de Léon XIII, en 1891) et pour y chercher remède. Connu sous le nom de catholicisme social, ce mouvement a débouché sur l'action politique, conduite par les partis de la démocratie chrétienne, et préparé l'éclosion de l'apostolat des laïcs, notamment l'Action catholique en France.
La présence de plus en plus nombreuse de missionnaires dans les pays du tiers-monde a permis aux catholiques de participer à la lutte pour le développement des pays du Sud et de porter assistance aux plus défavorisés.
L'évolution actuelle du catholicisme
Introduction
Ouverture sur le monde séculier, volonté de rejoindre les préoccupations des fidèles, telle est la tendance qui l'emporte aujourd'hui au sein de l'Église catholique, qui cherche à refréner la poussée des traditionalistes refusant toute modernisation liturgique et toute forme d'œcuménisme.
Le concile Vatican II
La seconde moitié du xxe s. est marquée par le concile Vatican II. Convoqué par Jean XXIII, qui l'ouvre le 11 octobre 1962, il est clos le 8 décembre 1965 par Paul VI. Au terme de cette grande assemblée qui a réuni les évêques du monde entier et de nombreux experts théologiens, le catholicisme sort transformé, en particulier plus ouvert au dialogue :
– avec les autres confessions chrétiennes dans le cadre du dialogue œcuménique, qui se traduit, dès le 7 décembre 1965, par la levée réciproque des excommunications entre Rome et Constantinople ;
– avec tous les hommes s'interrogeant au sein de l'Église sur les problèmes de société, dans le respect de leur liberté ;
– avec tous les catholiques, clercs et laïcs, qui ont reçu la même mission de témoigner du Christ et qui méritent ainsi une plus grande reconnaissance, due également au pluralisme culturel des Églises particulières et locales, dont il convient de respecter l'autonomie légitime (par exemple, par l'utilisation de la langue vernaculaire comme langue liturgique) ;
– avec les autres religions, sur la base d'une reconnaissance plus ample du caractère impénétrable des voies de Dieu.
Le concile Vatican II a été l'aboutissement et le point de départ d'un vaste travail théologique qui continue à susciter un intérêt général, de la part tant des clercs que des laïcs.
La tentation intégriste
L'intégrisme catholique est né d'une réaction aux évolutions des sociétés modernes. Désignant initialement un parti politique espagnol, né vers 1890, à la suite de la condamnation papale du modernisme (Syllabus, 1864), le terme a pris un sens plus large. Aujourd'hui il s'applique aux catholiques intransigeants, qui refusent toute concession avec l'ordre social et politique des sociétés modernes, laïques et pluralistes.
Au début du xxe s., sous le pontificat de Pie X, l'intégrisme a pris la forme d'une organisation secrète, la Sapinière, dont l'activité principale était de constituer des dossiers sur les catholiques jugés trop « compromis » avec la société moderne. Elle a mis fin à ses activités en 1921.
Après Vatican II, l'intégrisme est devenu le creuset des tendances catholiques fondamentalement hostiles à l'aggiornamento (adaptation de l'Église à la modernité) engagé par le concile. Le 30 juin 1988, le schisme conduit par le chef des intégristes – l'évêque français Marcel Lefebvre – a été consommé avec l'Église de Rome.
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Forum Religion Catholique
Catholicisme
Religion des chrétiens qui reconnaissent le pape comme chef spirituel.
Le catholicisme, également appelé l’Église catholique, est la branche du
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qui reconnaît l'autorité spirituelle et juridictionnelle du
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. « Totalité et universalité » : tel est le sens en grec ancien du terme katholikos, par lequel est désignée, dès le iie s. de notre ère, l'Église qui a été fondée par Jésus, puis celle qui est restée attachée à ce titre ancien après les divisions apparues au sein du monde chrétien.
Le catholicisme fonde son unité sur une communauté de foi, de sacrements et de vie religieuse (un seul Christ, une seule foi). Une, la foi catholique repose sur un triple fondement : l'Écriture, qui est parole de Dieu ; la Tradition, qui est continuité de l'action divine ; l'Église, dépositaire et seule interprète autorisée de la vérité.
L'Église catholique au sein du christianisme
Lippo Memmi, saint Pierre
Selon l'Évangile, Jésus a lui-même désigné parmi ses apôtres un homme, Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » Le martyre de Pierre à Rome a ensuite désigné le siège épiscopal de la ville comme celui autour duquel doit s'affirmer l'unité de l'Église et de la foi. C'est ainsi que dans l'Église primitive est établie, vers le ier s., la primauté de l'évêque de Rome, successeur de Pierre.
Les enseignements du Christ ont d'abord été transmis par voie orale. Aux premiers écrits chrétiens, notamment les lettres adressées par Paul aux communautés qu'il a fondées, vont succéder les Évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean. Face à la nécessité de légiférer pour authentifier, parmi les multiples écrits qui sont alors rédigés, ceux qui sont fidèles à l'enseignement du Christ, un corpus est rassemblé sous le nom de « Nouveau Testament », en même temps que les écrits juifs antérieurs sont rebaptisés « Ancien Testament ». De même, face à la multiplication des communautés chrétiennes qui naissent dans tout le Bassin méditerranéen à partir du ier s., sont structurées les formes de cette Église (assemblée), qui est appelée à préserver le message du Christ en le protégeant des interprétations erronées.
Le schisme avec les chrétiens d’Orient
Constantin Ier le Grand
Persécuté du ier au ive s., puis toléré et enfin reconnu comme religion officielle par l'empereur Constantin, au début du ive s., le christianisme parvient à s'établir dans l'Empire romain, tout en maintenant son unité ecclésiale et doctrinale jusqu'au xe s. Cependant se développent au sein de l'Église de nombreux débats théologiques, tranchés lors de grands conciles où sont élaborés et fixés des éléments essentiels de la doctrine chrétienne, comme l'universalité du christianisme (Jérusalem, en 49), la Trinité de Dieu (Nicée, en 325 ; Constantinople, en 381), la nature de Jésus-Christ, à la fois humaine et divine (Chalcédoine, en 451). Après l'éclatement de l'Empire romain à la fin du ve s., les divergences entre Orientaux et Occidentaux se font de plus en plus sentir.
Alors que l'Église orientale reste sous la tutelle de l'empereur de Constantinople, l'Église latine doit, pour sa part, suppléer le pouvoir politique, qui s'est effondré avec la chute de l'Empire romain d’Occident. Rome y gagne en autorité non plus seulement spirituelle, mais également temporelle. L'Église d'Orient, déjà opposée à l'Église latine sur la formulation du dogme de la Trinité, lui reproche son autorité centralisatrice. En 1054, la rupture est consommée. L'Église latine garde le nom ancien de « catholique » et celle d'Orient prend celui d'« Église orthodoxe ». Certaines Églises feront néanmoins retour à la communion catholique, notamment au xviiie s., tout en gardant leurs rites de tradition orientale.
La Réforme protestante
Martin Luther
Face au pouvoir temporel de plus en plus hégémonique de l'Église catholique en Europe, les critiques se lèvent pour dénoncer les pesanteurs et les compromissions de l'appareil clérical. Les thèses de Martin Luther (1517) marquent le début de la Réforme, qui donne naissance aux Églises protestantes. Ce mouvement de contestation aspire à une simplification et à une personnalisation de la religion, en préconisant notamment la lecture directe de la
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par le croyant. Grâce au développement de l'imprimerie, il parvient en effet à retirer aux clercs et à l'Église le monopole de la pratique des Saintes Écritures. Dans le protestantisme, il n'y a pas d'épiscopat sacramentel, mais un sacerdoce commun à tous. Le baptême et la Cène (partage du pain et du vin) sont les seuls sacrements retenus, et toute pratique de dévotion ou toute démarche visant à s'assurer du salut sont rejetées : le salut ne s'achète pas, il est obtenu par la grâce de Dieu et non par les œuvres.
L'Église catholique tente de répondre à ces vives attaques par la Contre-Réforme, ou Réforme catholique, en réaffirmant notamment l'autorité du pape ainsi que son attachement à la Tradition, à son magistère, aux sacrements et au salut par les œuvres.
La foi catholique
Introduction
La foi catholique consiste en l'adhésion aux enseignements de l'Église portant sur les vérités que Dieu a révélées par son Fils. Elle se caractérise précisément par la définition des voies d'accès à ces vérités et au salut qu'elles portent en elles : la Révélation, l'Église et la Tradition, qui forment un tout indivisible.
La Révélation
Lorenzo Lotto, la Reconnaissance de la nature divine de l'Enfant Jésus
Selon le christianisme, Dieu s'est révélé aux hommes à travers l'histoire du peuple juif, auquel il a proposé son alliance, avant de se révéler pleinement à travers son Fils – Jésus-Christ mort et ressuscité –, en lequel il s'est incarné.
Le Dieu révélé par le Christ est un Dieu unique mais en trois hypostases : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Il est créateur de toute chose et de toute vie. Empli de bonté envers sa création, il renouvelle, à travers le sacrifice de son Fils sur la croix, son alliance avec le peuple juif puis avec tous les hommes. Les chrétiens, en effet, croient non seulement à la résurrection du Christ, mais aussi à la résurrection des morts et à la vie éternelle : le salut.
L'enseignement du Christ peut se résumer par cette phrase de l'Évangile de Luc (Luc X, 27) : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces, et de tout ton esprit. Et tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Le mot « alliance » traduit un lien de réciprocité entre Dieu et l'homme, et il exprime la « solidarité » de Dieu avec tout homme. Aussi toute adhésion de foi comporte des exigences d'engagement de solidarité humaine et sociale.
La Révélation est tout entière contenue dans la vie, la mort et la résurrection du Christ. Les textes bibliques conservés par la Tradition transmettent les récits qui en ont été faits par les premiers chrétiens.
L'Église
Dépositaire et interprète autorisée des vérités chrétiennes, l'Église veille au maintien de l'unité de la foi. Dans le catholicisme, c'est à elle, à l'assemblée des fidèles, que sont transmises les Écritures, et non à chacun de ses membres d'une manière individuelle.
L'Église catholique ne peut admettre sans difficulté l'existence de plusieurs Églises chrétiennes. Selon elle, la volonté du Christ, réaffirmée dans le credo de Nicée, est que son Église soit « une, sainte, catholique et apostolique », et ce non seulement d'un point de vue théologique – comme le soutiennent orthodoxes et protestants –, mais également dans sa réalisation concrète.
La conviction avec laquelle l'Église catholique revendique comme légitime le droit de rassembler tous les chrétiens repose sur trois éléments fondamentaux :
Évêque célébrant la messe
– La succession apostolique. Les évêques continuent avec le pape la mission confiée par Jésus aux apôtres. Leur ordination dans l'Église (par imposition des mains et sacrement de l'ordre) les investit des pouvoirs de gouverner, d'enseigner et de donner les sacrements au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
– La prédication de la Parole. De même que les premiers disciples ont reçu de Jésus l'Esprit saint, le collège des évêques et le pape sont assistés par l'Esprit lorsqu'ils doivent énoncer les vérités de foi.
Baptême d'un enfant
– Les sacrements. La présence du Christ dans l'Église se manifeste par l'Église elle-même et par les sacrements – signes sacrés porteurs de grâces et institués par le Christ –, à travers lesquels l'Esprit opère le don de Dieu. L'Église catholique dispense sept sacrements : le baptême et l'eucharistie (communs à toutes les Églises chrétiennes), la confirmation, le mariage, l'ordre, la réconciliation (pardon) et l'onction des malades (extrême-onction) pratiqués également dans les Églises orthodoxes. Par le sacrement de l'ordre (ordination), les clercs – diacres, prêtres, évêques – reçoivent le pouvoir de transmettre la grâce de Dieu par les sacrements.
La Tradition
L'Église assure la présence du Christ à travers les âges, en tant que dépositaire des Écritures, mais aussi de la Tradition. Dans le catholicisme, la Tradition englobe l'ensemble des enseignements, des dogmes et des pratiques cultuelles que l'Église a adoptés tout au long de son histoire. Loin de penser que son épaisseur risque de rendre opaque la vérité du Christ, l'Église catholique considère que la Tradition garantit la transmission fidèle et intégrale de la Révélation.
Par son action théologique, dogmatique, liturgique et même sociale, l'Église s'efforce sans cesse d'approfondir le mystère chrétien. Les nouveaux dogmes qu'elle élabore ne sont pas censés apporter de nouvelles vérités, mais éclairer un aspect de la vérité déjà révélée dans sa plénitude par le Christ. Ainsi, la vérité discernée à un moment donné par l'Église des fidèles n'est pas désavouée par les générations suivantes, mais elle est conservée dans la Tradition, tout en étant réinterprétée.
Il existe une manière moderne d'adopter des dogmes qui tend à s'éloigner d'une conception « doctrinaire » de la Tradition et qui prend en compte la dimension historique de la parole doctrinale de l'Église. En témoignent les paroles du pape Jean XXIII au concile Vatican II (1962) : « Autre chose est le dépôt même ou les vérités de la foi, autre chose est la façon selon laquelle les vérités sont exprimées, à condition toutefois d'en sauvegarder le sens et la signification. »
À toutes les époques et dans les divers contextes culturels, l'Église catholique a toujours professé sa foi dans l'assistance par l'Esprit saint pour interpréter et actualiser le message évangélique, en le préservant des interprétations subjectives et en lui conservant son authenticité et son unité.
La liturgie
Ensemble des célébrations officielles du culte rendu à Dieu, la liturgie s'organise ordinairement au niveau de la communauté paroissiale. Ces célébrations publiques, qui ont lieu habituellement le dimanche ou le samedi soir, rassemblent à l'église les catholiques établis à proximité. Un calendrier liturgique répartit sur une année la célébration des grandes étapes de la vie du Christ (sa naissance est fêtée à Noël, sa résurrection à Pâques, etc.).
Messe à Notre-Dame de la Trappe
La principale liturgie est la messe, qui comprend deux grandes parties, la première étant consacrée à la lecture et aux commentaires de la Parole (sermon ou homélie), la seconde à l'eucharistie et à l'action de grâce. Comme le Christ l'a enseigné aux apôtres à la veille de sa mort, les catholiques partagent le pain et le vin dans l'eucharistie, un sacrement qui, plus qu'un acte dédié à la mémoire du Christ, est, dans la théologie catholique, sa transsubstantiation. Par la communion, les croyants participent à la vie du Christ, reçoivent son corps et son sang comme une nourriture spirituelle qui les sanctifie.
Les catholiques, de même que les orthodoxes, prient la Vierge Marie et les saints, intercesseurs auprès de Dieu.
L'institution catholique
Introduction
L'Église catholique possède une structure à la tête de laquelle se trouve le pape, suivi – dans l'ordre hiérarchique – par les évêques, les prêtres, les diacres et les laïcs (ou simples fidèles).
Avec ses deux mille ans d'histoire et ses nombreux fidèles répartis dans le monde, l'Église catholique se révèle être une institution dont le gouvernement est fort complexe.
Rome
Le support territorial de l'Église catholique est l'État de la cité du Vatican, dont le statut a été établi par les accords du Latran, en 1929. Ce vestige des États pontificaux, institués au viiie s. pour garantir au pape une indépendance vis-à-vis des pouvoirs politiques, couvre un territoire de 44 ha enclavé dans la ville de Rome. La cité du Vatican jouit d'un statut de neutralité et d'inviolabilité. Cet État singulier est doté d'un gouvernement propre. Sa population s'élève à quelques centaines de personnes, principalement occupées dans la curie romaine.
Le gouvernement de l'Église
Premier concile du Vatican
Au sommet de la hiérarchie catholique, le pape est le garant de la continuité apostolique. Occupant le siège épiscopal de l'apôtre Pierre, il est évêque de Rome. Il nomme les évêques. Élu par le Sacré Collège des cardinaux et choisi parmi eux, il est aussi le signe visible de l'unité de l'Église. À ce titre, il représente l'autorité suprême, arbitrant toutes les décisions concernant la vie de l'Église, l'expression de la foi et les grandes questions posées par les évolutions de société. Toutes ses décisions et déclarations n'engagent pas la foi catholique au même degré : une encyclique papale n'a pas la valeur d'un dogme, qui est l'énonciation d'un article de foi. Aux périodes défensives de son histoire, l'Église catholique s'est recentrée autour de l'autorité du pape, notamment après le grand schisme d'Orient (au moment même où l'Église orthodoxe a conservé des traditions plus pluralistes en son sein), mais aussi lors de la Réforme protestante, puis au début de la modernité issue des Lumières et de la Révolution française. En 1870, au concile Vatican I, l'Église s'est attachée à redéfinir la primauté et l'infaillibilité de son chef. Près d'un siècle plus tard, le concile Vatican II a rééquilibré l'autorité papale en réhabilitant dans ses fonctions primitives la collégialité des évêques.
La collégialité épiscopale confère une responsabilité à tous les évêques, qui exercent leurs pouvoirs sous l'autorité du pape. C'est au chef suprême de l'Église qu'incombe, en effet, le droit de les réunir tous en concile œcuménique ou en synode (c'est-à-dire en assemblée régionale ou locale, par exemple, les évêques africains). Cependant, depuis le concile Vatican II, des conférences épiscopales nationales ou locales (par exemple, la Celam, la Conférence des évêques d'Amérique latine) se tiennent régulièrement à leur propre initiative.
Assemblée des cardinaux – évêques élevés à ce rang par le pape –, le Sacré Collège joue un rôle de conseil particulier auprès du chef suprême de l'Église. Le rôle de cette assemblée consiste essentiellement à élire le nouveau pape. Mais, selon la règle édictée par Paul VI en 1970, ne participent au vote que les cardinaux âgé de moins de 80 ans. Le Sacré Collège, qui comptait 70 cardinaux de Sixte Quint à Jean XXIII, en rassemble près de 200 à la fin des années 2000.
L'Église locale
Circonscrite par un territoire – le diocèse – plus ou moins vaste selon les régions du monde, l'Église diocésaine constitue l'unité de base de l'Église, dans laquelle la continuité apostolique est assurée par l'évêque.
Nommé par le pape, l’évêque est choisi parmi les prêtres et ordonné par des évêques. La plupart d'entre eux sont à la tête d'un diocèse, qui est organisé en paroisses que l'évêque confie à des prêtres. L'évêque, qui a pouvoir de juridiction, est responsable en particulier de la pastorale (enseignement et mission) et des prêtres de son diocèse.
Ordonnés par l'évêque, les prêtres sont au service de l'Église diocésaine. Ce sont exclusivement des hommes ayant fait vœu de célibat (à l'exception des Églises catholiques de rite oriental, où des hommes mariés peuvent être ordonnés). Ils reçoivent de l'évêque le pouvoir de dispenser tous les sacrements sauf l'ordination des nouveaux prêtres (réservée aux évêques). Ils président les célébrations liturgiques, organisent les nombreuses activités de catéchisme, d'entraide, de réflexion au niveau paroissial et diocésain.
Les diacres constituent, au sein de l'Église, le premier degré de la hiérarchie et du sacrement de l'ordre. Tirant son origine d'une tradition ancienne, le diaconat a été remis en honneur par le concile Vatican II comme service spécifique de la communauté croyante ouvert aux hommes mariés. On parle alors de diacres permanents.
Les laïcs sont les membres les plus nombreux de l'Église. Ils voient leur participation à la mission évangélique de l'Église mieux reconnue dans les sociétés laïcisées du IIIe millénaire.
Les ordres religieux
En dehors des activités organisées autour des paroisses et, plus généralement, dans le cadre de la structure ecclésiastique, il existe d'autres formes de vie religieuse, plus dépouillées, plus disciplinées et souvent plus communautaires. Les ordres et les missions représentent ainsi des formes très différentes d'engagement au nom de la foi catholique.
Giotto, Innocent III approuve la règle de saint François
À l'instar des plus connus d'entre eux – bénédictins et bénédictines de saint Benoît (vie s.), franciscains de saint François d'Assise (xiiie s.), clarisses de sainte Claire (xiiie s.), dominicains de saint Dominique (xiiie s.) ou jésuites d'Ignace de Loyola (xvie s.) –, tous les ordres religieux suivent des règles de vie qui répondent aux trois appels évangéliques : la pauvreté, la chasteté et l'obéissance. Ils se différencient néanmoins par leur principale activité qui peut être la prédication, l'action missionnaire et sociale ou encore la prière (notamment dans les ordres contemplatifs vivant dans des monastères).
Contrairement à la prêtrise, les ordres admettent hommes et femmes, mais dans des communautés séparées. Le statut de religieux n'est pas incompatible avec la prêtrise, tant et si bien que beaucoup de religieux sont également prêtres. Par ailleurs, certains ordres (comme les dominicains et les franciscains) ont institué un « tiers ordre », dans lequel sont regroupés des laïcs, mariés ou non, qui, tout en continuant à vivre dans le monde, s'engagent à suivre certains préceptes de la règle adoptée par l'ordre auquel ils appartiennent.
Les ordres religieux ont, pour la plupart, essaimé sur tous les continents. Les responsables des communautés dépendent, selon les cas, de l'évêque du lieu ou d'une autorité centrale rattachée directement au Saint-Siège.
Les mouvements catholiques
Les mouvements catholiques rassemblent des croyants désireux d'agir au nom de la foi, de la justice et de la charité chrétiennes, dans le cadre d'un des nombreux organismes existants, associations ou institutions. Alors que certains d'entre eux ont une dimension locale, d'autres (comme Caritas International, dont fait partie le Secours catholique français) sont internationaux.
Ces mouvements allient à des degrés divers l'étude ou la formation religieuse, l'approfondissement spirituel et l'action caritative ou sociale. Une tension existe cependant entre ceux qui seraient tentés d'oublier le « monde » et ceux qui, au contraire, s'engagent « dans le monde » sans mettre en avant leur identité de membres de l'Église.
Léon XIII
À travers ces nombreux engagements, le catholicisme continue d'être actif dans les domaines de l'enseignement et de l'assistance hospitalière ou caritative, qu'il a longtemps eus en charge. Avec la révolution industrielle du xixe s., il s'est investi sur le terrain social pour dénoncer la « misère imméritée des ouvriers » (encyclique Rerum novarum de Léon XIII, en 1891) et pour y chercher remède. Connu sous le nom de catholicisme social, ce mouvement a débouché sur l'action politique, conduite par les partis de la démocratie chrétienne, et préparé l'éclosion de l'apostolat des laïcs, notamment l'Action catholique en France.
La présence de plus en plus nombreuse de missionnaires dans les pays du tiers-monde a permis aux catholiques de participer à la lutte pour le développement des pays du Sud et de porter assistance aux plus défavorisés.
L'évolution actuelle du catholicisme
Introduction
Ouverture sur le monde séculier, volonté de rejoindre les préoccupations des fidèles, telle est la tendance qui l'emporte aujourd'hui au sein de l'Église catholique, qui cherche à refréner la poussée des traditionalistes refusant toute modernisation liturgique et toute forme d'œcuménisme.
Le concile Vatican II
La seconde moitié du xxe s. est marquée par le concile Vatican II. Convoqué par Jean XXIII, qui l'ouvre le 11 octobre 1962, il est clos le 8 décembre 1965 par Paul VI. Au terme de cette grande assemblée qui a réuni les évêques du monde entier et de nombreux experts théologiens, le catholicisme sort transformé, en particulier plus ouvert au dialogue :
– avec les autres confessions chrétiennes dans le cadre du dialogue œcuménique, qui se traduit, dès le 7 décembre 1965, par la levée réciproque des excommunications entre Rome et Constantinople ;
– avec tous les hommes s'interrogeant au sein de l'Église sur les problèmes de société, dans le respect de leur liberté ;
– avec tous les catholiques, clercs et laïcs, qui ont reçu la même mission de témoigner du Christ et qui méritent ainsi une plus grande reconnaissance, due également au pluralisme culturel des Églises particulières et locales, dont il convient de respecter l'autonomie légitime (par exemple, par l'utilisation de la langue vernaculaire comme langue liturgique) ;
– avec les autres religions, sur la base d'une reconnaissance plus ample du caractère impénétrable des voies de Dieu.
Le concile Vatican II a été l'aboutissement et le point de départ d'un vaste travail théologique qui continue à susciter un intérêt général, de la part tant des clercs que des laïcs.
La tentation intégriste
L'intégrisme catholique est né d'une réaction aux évolutions des sociétés modernes. Désignant initialement un parti politique espagnol, né vers 1890, à la suite de la condamnation papale du modernisme (Syllabus, 1864), le terme a pris un sens plus large. Aujourd'hui il s'applique aux catholiques intransigeants, qui refusent toute concession avec l'ordre social et politique des sociétés modernes, laïques et pluralistes.
Au début du xxe s., sous le pontificat de Pie X, l'intégrisme a pris la forme d'une organisation secrète, la Sapinière, dont l'activité principale était de constituer des dossiers sur les catholiques jugés trop « compromis » avec la société moderne. Elle a mis fin à ses activités en 1921.
Après Vatican II, l'intégrisme est devenu le creuset des tendances catholiques fondamentalement hostiles à l'aggiornamento (adaptation de l'Église à la modernité) engagé par le concile. Le 30 juin 1988, le schisme conduit par le chef des intégristes – l'évêque français Marcel Lefebvre – a été consommé avec l'Église de Rome.
Documents associés
Médias
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Re: Forum Religion Catholique
La mission d’Augustin en Angleterre et ses suites
L’envoyé que Grégoire choisit pour aller évangéliser les païens d’Angleterre, était un de ses amis nommé Augustin, abbé d’un monastère. C’était un homme d’un grand zèle et d’une ardente piété, sur qui Grégoire pouvait compter. Mais à ces qualités, Augustin joignait beaucoup d’orgueil spirituel, et au désir de sauver les âmes, il joignait avant tout celui de rattacher les convertis à l’Église de Rome et de les soumettre à l’autorité du pape. Il partit en l’an 596 avec quarante missionnaires. Mais arrivés en Provence, ils furent effrayés à la pensée des difficultés de leur mission auprès de peuples barbares dont ils ignoraient la langue, et Augustin retourna à Rome pour demander au pape la permission d’abandonner l’entreprise (*). Mais Grégoire n’était pas homme à laisser une œuvre qui lui tenait à cœur, et à laquelle il avait beaucoup réfléchi. Il exhorta et encouragea Augustin à persévérer, plaçant devant lui et ses compagnons les récompenses divines qui seraient leur partage, et il donna à Augustin des lettres de recommandation pour les évêques des endroits où ils passeraient, ainsi que pour les rois francs Théodoric et Théodebert.
(*) Quand Paul et Barnabas furent envoyés par l’Esprit Saint, et non par un homme ou des hommes, ils ne reculèrent pas devant leur tâche.
Les missionnaires prirent courage, et, après un long et pénible voyage, ils débarquèrent en Angleterre, sur l’île de Thanet, dans le Kent. Le roi de ce pays était alors Ethelbert, le plus puissant des monarques anglo-saxons. Il avait épousé une princesse chrétienne, Berthe, fille de Charibet, roi de Paris. Augustin envoya à Ethelbert des messagers pour lui annoncer l’arrivée d’hommes qui apportaient la bonne nouvelle du chemin à suivre pour obtenir le bonheur éternel, la gloire du ciel, avec la paix et la bénédiction du vrai Dieu.
Ethelbert consentit à les recevoir, mais en plein air, de peur que ces étrangers n’usassent des artifices de la magie. Les prêtres païens pouvaient lui avoir suggéré cette pensée. Pour frapper ce peuple grossier et produire sur le roi une certaine impression, Augustin et ses moines se rangèrent en procession, firent porter devant eux une grande croix en argent avec l’image du Christ, et s’avancèrent, en chantant des cantiques latins, vers l’endroit où les attendaient le roi et sa cour. Augustin s’acquitta de son message, annonçant aux païens étonnés la bonne nouvelle des bénédictions éternelles du ciel. Le roi, bien que favorablement disposé, lui dit cependant qu’ils ne pouvaient, lui et son peuple, changer de religion sans de sérieuses considérations. Il promit aux missionnaires de les protéger, et leur dit que ceux de son peuple qui le voudraient, pourraient se joindre à eux. Puis il leur assigna pour célébrer leur culte une vieille chapelle ruinée située près de Cantorbéry, sa résidence, et qui avait servi autrefois aux chrétiens bretons.
La vie pieuse et dévouée d’Augustin et de ses compagnons et les miracles que, dit-on, ils opérèrent, gagnèrent la confiance du peuple, et bientôt le roi et nombre de ses sujets acceptèrent le christianisme tel qu’Augustin le leur apportait, c’est-à-dire quelques doctrines chrétiennes, mais en même temps les erreurs, les cérémonies et la suprématie de Rome. C’est ainsi que l’Église romaine s’implanta en Angleterre.
Augustin envoya à Rome la nouvelle de ses succès. Le pape le nomma archevêque de Cantorbéry et l’établit à la tête de douze évêques sur tous les chrétiens (*), non seulement sur les Saxons nouvellement convertis, mais aussi sur les Bretons descendants des premiers chrétiens. Ceux-ci, par suite des invasions des Pictes, des Scots, puis des Saxons, avaient cherché un refuge dans le pays de Galles. Là s’était fondé un grand monastère nommé Bangor, comme celui qui existait en Irlande. Près de trois mille hommes s’y trouvaient réunis, travaillant, étudiant et priant. Plusieurs missionnaires étaient sortis du milieu d’eux. Augustin voulut les amener à accepter les coutumes et la suprématie de l’Église de Rome et à le reconnaître comme évêque établi sur eux. Pour cela, il convoqua un synode des évêques saxons et bretons. Un petit nombre seulement de ceux-ci s’y rendirent. Dionoth, qui présidait la grande église de Bangor, répliqua à Augustin : « Nous voulons aimer tous les hommes, et ce que nous faisons pour toi, nous le ferons aussi pour celui que vous nommez le pape. Mais il ne doit pas s’appeler Père des pères, et la seule soumission que nous puissions lui accorder est celle qu’en tout temps nous devons à tous les chrétiens » (**) . Une seconde assemblée eut lieu, mais les évêques bretons tinrent ferme, et l’un d’eux déclara qu’ils ne pouvaient admettre ni l’orgueil des Romains, ni la tyrannie des Saxons. Augustin exhorta, supplia, censura, et même, dit-on, eut recours aux miracles, mais sans plus de succès.
(*) Il faut toujours entendre par là les chrétiens de profession.
(**) Lire Éphésiens 5:21.
Espérant toujours vaincre la résistance des évêques bretons, Augustin les convoqua une troisième fois. Que faire ? se demandaient ces pauvres évêques, intimidés et quelque peu ébranlés par le grand nom de Rome qui avait conservé un certain prestige sur les esprits des peuples éloignés. Il y avait un ermite pieux et sage, qui s’était acquis un grand renom de sainteté. Quelques-uns des Bretons allèrent le consulter. — Devons-nous abandonner nos coutumes et suivre Augustin ? lui dirent-ils. — S’il est un homme de Dieu, suivez-le, fut sa réponse. — Et à quoi le reconnaîtrons-nous ? — Le Seigneur a dit : « Prenez mon joug sur vous et apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de cœur ». Si Augustin est débonnaire et humble de cœur, il porte le joug de Christ et vous offre de porter le même joug ; mais s’il est violent et superbe, il n’est pas de Dieu et vous n’avez pas à faire attention à ce qu’il dit. — Comment connaîtrons-nous son humilité ? dirent-ils encore. — Faites en sorte que lui et les siens arrivent les premiers au lieu du rendez-vous. S’il se lève quand vous entrerez, obéissez-lui.
Telles furent les paroles de l’ermite ; mais les évêques bretons n’eussent-ils pas mieux fait de consulter la parole de Dieu et de se tenir à ses enseignements ? Ils y auraient vu que Christ est le seul vrai conducteur, et que Pierre recommandait aux anciens de ne pas paître le troupeau de Dieu comme dominant sur des héritages, mais en étant des modèles du troupeau (*).
(*) Matthieu 23:7-12 ; 1 Pierre 5:2, 3.
Qu’arriva-t-il ? Quand les évêques bretons entrèrent, Augustin, assis dans toute sa dignité et voulant leur montrer sa supériorité, ne se leva pas pour les saluer. Frappés à cette vue, les évêques bretons, pour la troisième fois, refusent de se soumettre au pape de Rome et ne veulent connaître d’autre maître que Christ. Augustin alors s’écrie : « Puisque vous ne voulez pas recevoir des frères qui vous apportent la paix, vous subirez des ennemis qui vous apporteront la guerre. Vous ne voulez pas vous unir à nous pour annoncer aux Saxons le chemin de la vie, eh bien, vous recevrez d’eux le coup de la mort ». Et il se retira.
Était-ce là l’esprit et la douceur de Christ ? Non, certainement ; mais on y voit l’orgueil et l’esprit de domination qui caractérisèrent de plus en plus l’Église de Rome aspirant à la suprématie universelle et l’établissant sur les autres églises.
Augustin n’avait donc pu amener les évêques bretons à se soumettre à l’autorité de Rome. Il eut plus de succès dans ses efforts pour convertir les païens. Outre ceux du Kent, il réussit auprès de Sébert, roi d’Essex, qui embrassa le christianisme avec tout son peuple, et il gagna aussi Redwald, roi de l’Est-Anglie (*). On ne peut que reconnaître le zèle et le dévouement d’Augustin, et, sans nul doute, le christianisme qu’il apporta en Angleterre, tout mélangé d’erreurs qu’il était, valait infiniment mieux que le paganisme cruel des Saxons ; mais combien il est regrettable qu’au lieu de prêcher le pur et simple Évangile qui annonce le salut à quiconque croit au Seigneur Jésus, il ait introduit une religion de formes et de cérémonies sous l’autorité d’un clergé soumis au pape de Rome. Ce n’est pas ainsi qu’agissaient les apôtres, et cela laissait les cœurs vides de Dieu. Trop souvent les païens ne faisaient que changer une forme de culte pour une autre, et, à la place de leurs dieux, mettaient des saints ou soi-disant tels.
(*) Nos lecteurs doivent se rappeler que les Saxons, peuple païen du nord-ouest de l’Allemagne, avaient envahi l’Angleterre dans le 5° et le 6° siècle, et y avaient formé sept royaumes : le Kent, le Sussex, le Wessex, l’Essex, le Northumberland, l’Est-Anglie et la Mercie. La Déirie faisait partie du Northumberland.
Grégoire en effet, pour ne pas heurter les populations païennes dans leurs habitudes, avait conseillé à Augustin de transformer les temples païens en églises, en les consacrant à tel ou tel saint. Les fêtes chrétiennes furent célébrées aux mêmes jours que l’avaient été les fêtes païennes. Dans ces fêtes, on élevait des baraques, on égorgeait des animaux, et le peuple s’en nourrissait, le tout sous l’invocation d’un saint. Les coutumes païennes étaient ainsi conservées sous une autre forme ; la nouvelle religion s’accommodait à l’ancienne. Était-ce vraiment le christianisme, celui de Paul qui écrivait : « Soyez séparés,… et ne touchez pas à ce qui est impur » ? (2 Corinthiens 6:17) (*). On pensait gagner ainsi plus aisément les populations, et ce n’est pas le seul fait de ce genre que présentent les missions catholiques romaines.
(*) Des coutumes païennes s’étaient ainsi glissées et conservées dès les premiers temps dans l’Église, aux fêtes dédiées aux saints. Augustin et Ambroise s’étaient fortement élevés contre elles, mais en vain. Au commencement du 5° siècle, on voit qu’en Italie, à Naples, elles existaient et Paulin de Nole, appelé saint par l’Église de Rome, les approuvait.
Augustin mourut vers l’an 605. On se rappelle sa cruelle menace contre les chrétiens bretons qui n’avaient pas voulu se soumettre au joug de Rome. Peu avant ou peu après sa mort, elle eut son accomplissement. Ethelfrid, roi du Northumberland, qui était païen, s’avança avec une nombreuse armée contre Bangor, le foyer du christianisme breton. Les moines effrayés s’enfuirent. Douze cent cinquante d’entre eux s’étaient réunis dans un endroit écarté pour implorer le secours du Seigneur. Ils furent découverts par leurs cruels ennemis. Ethelfrid, voyant ces hommes désarmés à genoux, demande ce qu’ils font. L’ayant appris, il s’écrie : « Ils combattent donc contre nous ! » et il ordonne à ses soldats de fondre sur ces hommes en prières. Douze cents furent égorgés, le reste réussit à s’échapper. Les Saxons marchèrent ensuite sur Bangor qu’ils détruisirent. Les prêtres virent dans ce fait la réalisation du présage du saint pontife Augustin, comme ils le nommaient ; mais dans le pays, que ce massacre remplit de douleur, on accusa Augustin d’avoir été l’instigateur de l’invasion d’Ethelfrid. Ce fut un coup fatal porté à l’église bretonne, bien qu’elle eût encore un moment d’éclat, comme nous le verrons.
Augustin eut pour successeur Laurent, un des missionnaires venus avec lui en Bretagne. Mais l’œuvre qu’ils avaient accomplie sembla à son tour sur le point d’être anéantie. Un grand nombre de ces soi-disant chrétiens, si facilement convertis, retournèrent au paganisme. Eadbold lui-même, roi de Kent, fils et successeur d’Ethelbert qui le premier avait accueilli les missionnaires, fut du nombre des apostats. Les évêques romains s’enfuirent dans les Gaules, et Laurent se prépara à les suivre. Il avait voulu passer une dernière nuit en prières dans l’église ; le matin venu, il vint, les vêtements en désordre, se présenter devant le roi, et, ôtant son manteau, lui montra son corps couvert de plaies. Le roi surpris lui demanda qui avait osé le maltraiter ainsi. « Saint Pierre, répondit Laurent, lui était apparu la nuit, et, lui reprochant d’abandonner son troupeau, l’avait châtié à coups de fouet. De là venaient ses meurtrissures ». Eadhold était superstitieux ; saisi de crainte, il se soumit de nouveau à la puissance du pape, successeur d’un apôtre qui traitait si rigoureusement les désobéissants. Laurent était-il de bonne foi ? On peut croire qu’agité par la pensée de laisser une œuvre à laquelle il s’était attaché et en ayant du remords, il ait eu un rêve, et qu’ensuite il se soit meurtri lui-même, afin d’essayer par ce moyen d’agir sur l’esprit du roi.
Edwin, qui fut roi du Northumberland après le cruel Ethelfrid, fut aussi converti, dit-on, par une intervention miraculeuse. Il vaut mieux penser qu’Edwin, dont la femme était chrétienne, fut amené par elle à embrasser le christianisme. Un grand nombre de ses sujets suivirent son exemple et furent baptisés. Mais Edwin ayant été tué dans un combat contre le païen Penda, roi de Mercie, presque tous les Northumbriens retournèrent au paganisme. On peut voir par là le peu de réalité de ces conversions. On embrassait un certain ensemble de pratiques religieuses, mais le cœur et la conscience n’avaient point été atteints, parce que Christ n’avait pas été vraiment prêché, et qu’il n’y avait pas eu une action de l’Esprit Saint. Quelle différence entre ces conversions et celles des Thessaloniciens, par exemple ! Eux avaient été vraiment « tournés (ou convertis) des idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils Jésus » (1 Thessaloniciens 1:9-10). Ils avaient reçu l’Évangile, la parole de Dieu, dans la puissance de l’Esprit Saint et avec joie, bien qu’accompagné de tribulations, et ils étaient restés fidèles. Ils étaient vraiment chrétiens.
Un rayon de lumière vint encore briller un moment dans les ténèbres. Oswald, fils du cruel Ethelfrid, avait dû chercher un refuge en Écosse, avec son frère Oswy et quelques jeunes nobles. Il avait appris la langue du pays, avait entendu l’Évangile et avait été vraiment converti. Il fut baptisé ainsi que son frère. Les églises d’Écosse, comme nous le savons, et en particulier Iona, avaient conservé plus purement les vérités de la parole de Dieu. Oswald, dont le cœur avait été réellement saisi par la grâce du Seigneur, aimait à écouter les anciens de ces églises et désirait vivement marcher sur les traces de Jésus qui allait de lieu en lieu, faisant du bien. Il se montrait plein de compassion pour les pauvres, se dépouillant même de ses vêtements pour les couvrir. Il pensait aussi à ses compatriotes du Northumberland, près desquels il aurait voulu aller comme missionnaire, afin de les ramener au christianisme. Mais il crut qu’il y parviendrait mieux s’il était établi sur le trône. À la tête d’une petite armée, et se confiant en Dieu, il livra bataille à un ennemi beaucoup plus puissant que lui et remporta une grande victoire.
Devenu roi, Oswald s’occupa du bien spirituel de son peuple, et demanda aux églises d’Écosse un missionnaire. On lui envoya un moine nommé Corman, pieux, mais d’un caractère rude et austère, qui ne sut pas présenter la grâce aux populations barbares auxquelles il s’adressait. Il retourna découragé à Iona et dit aux anciens : « Les gens vers qui vous m’avez envoyé sont si obstinés qu’il faut renoncer à changer leur cœur ». Pauvre Corman ! Il semble avoir ignoré que c’est la puissante grâce de Dieu qui seule, par l’action de l’Esprit Saint, peut opérer ce changement. En entendant Corman, Aïdan, un des anciens d’Irlande, avait le cœur ému et se disait en lui-même : « Si ton amour, ô Sauveur, eût été présenté à ce peuple, les cœurs auraient été touchés ». Puis s’adressant à Corman : « Mon frère », lui dit-il, « tu as été trop sévère pour des auditeurs si peu en état de comprendre. Il fallait leur donner du lait à boire, avant de leur présenter des aliments plus solides ». Les anciens, à l’ouïe de ces paroles, s’écrièrent : « Aïdan est digne d’être évêque » (*), et ils lui imposèrent les mains.
(*) C’était le titre donné à un ancien que l’on envoyait comme missionnaire.
Aïdan partit et fut reçu avec joie par Oswald. Comme il ignorait la langue des Saxons, le roi l’accompagnait partout et interprétait lui-même ses paroles. D’autres missionnaires se joignirent à eux, et bientôt les populations vinrent en foule se presser autour du roi et des serviteurs du Seigneur, écoutant avec joie « la parole de Dieu », dit Bède, un ancien historien ecclésiastique. Bien que Bède fût attaché à l’Église de Rome et déplorât que ces missionnaires ignorassent les décrets des conciles (ce qui ne leur nuisait pas), il leur rend un beau témoignage : « Ils pratiquaient uniquement et diligemment », dit-il, « les préceptes de piété et de pureté qu’ils avaient appris des prophètes, des évangiles et des écrits des apôtres », c’est-à-dire qu’ils s’attachaient aux Écritures. Bède loue encore « leur zèle, leur générosité, leur humilité et leur simplicité, leur application sérieuse à l’étude des Écritures, leur franchise vis-à-vis des grands, leur douceur et leur charité envers les pauvres, dégagés qu’ils étaient de tout égoïsme et d’avarice, et enfin leur vie austère et dévouée ». C’est un bel éloge ! Ne voudrions-nous pas être comme eux ? C’est à l’école de Jésus que l’on apprend à être doux et humble de cœur ; c’est à ses pieds, comme Marie, que l’on comprend et goûte sa parole (Matthieu 11:29 ; Luc 10:39). Ces serviteurs de Dieu ne faisaient pas de la piété une source de gain ; ils ne bornaient pas leur ministère à célébrer les cérémonies d’un culte dans des murs consacrés ; mais, comme les apôtres, ils prêchaient et exhortaient de village en village, et de maison en maison. Qui peut dire tous les résultats bénis de leur activité ?
Oswald ne se bornait pas à aider les missionnaires dans leurs travaux. Il montrait aussi sa piété par ses œuvres. Il avait conservé son amour pour les pauvres qu’il aimait à soulager. On raconte qu’un jour de Pâques, comme il allait se mettre à table, il apprit qu’une troupe de pauvres pressés par la faim était devant sa porte. Aussitôt il ordonna de prendre les mets de sa table et de les leur porter. Puis il fit briser les vases et les plats d’argent qui étaient sur sa table et leur en distribua les morceaux. Étant allé dans le Wessex, pour épouser la fille du roi de ce pays, il y apporta la connaissance de l’Évangile.
Oswald ne régna que neuf ans. Les habitants idolâtres du royaume de Mercie, conduits par leur roi Penda, avaient envahi le Northumberland. Oswald, ayant marché contre eux pour les repousser, fut tué dans la bataille. On rapporte qu’en tombant il s’écria : « Seigneur ! aie pitié des âmes de mon peuple ! »
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Rome triomphe en Angleterre
La mort d’Oswald n’arrêta pas les travaux des missionnaires. Ils allaient, prêchant de lieu en lieu, et dès que, dans quelque endroit, on en voyait paraître un, la population accourait près de lui et le priait de leur faire entendre la parole de vie. Ainsi la doctrine chrétienne plus pure se répandait chez les Saxons du nord, tandis que ceux du sud reconnaissaient la suprématie de Rome, et suivaient les formes et les cérémonies de son culte. Les prêtres attachés à Rome désiraient ardemment amener les chrétiens Bretons à se soumettre à cette Église qui prétendait à la domination universelle ; l’occasion de le faire se présenta bientôt.
Oswy avait succédé à son frère Oswald, mais était bien différent de lui. Très ambitieux, il voulut agrandir ses États et marcha contre Oswin, son parent, roi de Déirie. Celui-ci, ne voulant point combattre, s’était enfui chez un noble qu’il croyait son ami. Il fut trahi, et Oswy le fit mettre à mort. Aïdan, en apprenant ce crime, mourut de douleur. Oswy s’empara de la Déirie et plus tard du royaume de Mercie. Il devint ainsi le plus puissant des rois saxons. En était-il plus heureux ? Non ; sa conscience ne le laissait pas tranquille.
La reine Earfeld était attachée à l’Église de Rome, et aurait voulu qu’Oswy s’y soumît aussi. Elle était soutenue par deux prêtres, l’un nommé Romain et l’autre Wilfrid, ce dernier, homme doué de grands talents, mais très ambitieux d’honneurs et de richesses. Il espérait, en amenait le roi et ses sujets sous l’autorité de l’Église de Rome, obtenir une place éminente dans le clergé et pouvoir ainsi satisfaire son avarice. Ce n’était donc pas l’amour de Christ et des âmes qui l’animait. Les tristes mobiles qui le faisaient agir, l’amour de la domination et de l’argent, existaient, hélas ! chez bien d’autres dans la chrétienté et s’y montrèrent de plus en plus. Oswy, troublé par le souvenir du meurtre d’Oswin et d’autres fautes, aurait voulu apaiser Dieu et se procurer une entrée au ciel. Où aurait-il dû chercher la paix de son âme ? Christ seul pouvait la lui donner, mais les prêtres romains lui faisaient croire que c’était dans leur église qu’il trouverait ce que son cœur désirait. Pour le décider, ils proposèrent qu’il y eût une conférence publique entre eux et les évêques bretons. Oswy y consentit, et l’on se réunit à Whitby.
Après la mort d’Aïdan, les anciens d’Iona avaient envoyé pour le remplacer un évêque nommé Colman, homme simple, mais énergique. Il vint à cette réunion avec les autres évêques bretons. Le roi commença ainsi : « Puisque nous sommes serviteurs d’un même Dieu, et que nous espérons un même héritage, nous devrions avoir ici-bas une même règle de vie, et il nous faut rechercher quelle est la vraie ». C’était bien, n’est-ce pas ? Mais où fallait-il chercher ? Dans l’Écriture, n’est-il pas vrai ? Et c’est ce que ne firent ni les uns, ni les autres. Colman répondit : « Nous suivons la doctrine de Colomba qui est celle de Jean, le disciple bien-aimé du Seigneur, et celle des églises qu’il présidait. Gardons-nous de la mépriser ! » Wilfrid, avec une grande habileté, et sachant comment frapper l’esprit du roi par l’aspect de la grandeur et du pouvoir, répliqua : « Nous, notre coutume est celle de Rome où ont enseigné les saints apôtres Pierre et Paul. Elle est répandue parmi toutes les nations. Les Pictes et les Bretons seuls, jetés aux bouts de la terre, veulent-ils lutter contre le monde universel ? Voulez-vous opposer, Colomba, si saint qu’il ait été, à Pierre, le prince des apôtres, auquel Christ a dit : Tu es Pierre, et je te donnerai les clefs du royaume des cieux ? ». Wilfrid omettait à dessein Jean, pour ne parler que de Colomba ; mais au lieu que les uns et les autres se tournassent vers les Écritures seules, on se réclamait de traditions, de coutumes, de règles soi-disant données par tel ou tel apôtre que l’on opposait l’un à l’autre. C’était comme chez les Corinthiens où l’on disait : « Moi, je suis de Paul ; et moi d’Apollos ; et moi de Céphas » (1 Corinthiens 1:12). Et puis, nous voyons s’affirmer cette prétention exorbitante, nullement justifiée par l’Écriture, que Pierre étant le prince des apôtres et le pape son successeur, celui-ci était le chef de l’Église universelle. Paul, inspiré par l’Esprit de Dieu, dit : « J’estime que je n’ai été en rien moindre que les plus excellents apôtres, quoique je ne sois rien » (2 Corinthiens 11:5 ; 12:11) ; il n’était rien en lui-même, ni par lui-même, mais ce qu’il était venait de la grâce du Seigneur. Paul n’étant en rien moindre que les plus excellents apôtres, où est la suprématie de Pierre ? Mais on pensera peut-être : Le Seigneur n’a-t-il pas donné à Pierre les clefs du royaume des cieux ? (Matthieu 16:19). Oui, sans doute, et Pierre s’en est servi. Il a ouvert les portes du royaume des cieux aux Juifs, le jour de la Pentecôte (Actes 2:37-41), et il les a ouvertes aux nations, d’après l’ordre du Seigneur, quand il alla annoncer Christ et la rémission des péchés par son nom, à Corneille et à sa maison et ses amis (lire Actes 10, et surtout versets 9-16, 28, 43, 44 ; et 11:1-18). Peut-être entendra-t-on dire : « Oui, mais le Seigneur a donné à Pierre l’autorité de lier et de délier sur la terre, et ce devait être ratifié dans le ciel » (selon Matthieu 16:19). C’est vrai, mais cela a été donné aussi à l’Assemblée (Matthieu 18:18), et aux disciples individuellement (Jean 20:23). Lier et délier, c’est déclarer le pardon à quiconque croit au Seigneur et la condamnation à quiconque refuse Christ (Jean 3:36), et c’est ce que Pierre a fait dans les deux occasions que nous avons citées. Une autre objection que font les partisans de Rome est celle-ci : « Le Seigneur n’a-t-il pas dit : Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Église » ? (Matthieu 16:18). Et par cette Église, ils entendent celle de Rome. Mais les paroles du Seigneur ne signifiaient pas que ce soit sur Pierre que l’Église est fondée. Ce serait une contradiction avec d’autres passages où nous lisons que Christ est le fondement unique (1 Corinthiens 3:11). Il est bien dit que les saints sont « édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes » (Éphésiens 2:20), car ce sont eux qui ont proclamé le salut et révélé les pensées de Dieu, mais ce n’est pas plus Pierre que les autres, et Jésus Christ demeure seul la maîtresse pierre du coin, sans laquelle rien ne tient. Ce n’est pas sur Pierre que l’Église est fondée, mais sur la belle confession de Pierre : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Matthieu 16:16). Pierre était une pierre, une simple pierre dans l’édifice que devait construire Christ. Et quant à la prétention qui fait du pape le chef de l’Église sur la terre, rappelons nous que c’est Christ seul qui est le Chef ou la Tête de l’Assemblée (ou l’Église) qui est son corps, et que ce divin et unique Chef est dans le ciel (Éphésiens 1:22-23). Il est bon de se souvenir de ces choses, parce que dans les jours mauvais où nous sommes, on est exposé aux pièges de l’ennemi qui cherche, même en se servant des Écritures, à faire sortir les âmes du chemin de la vérité. Pauvre Oswy, s’il avait connu la parole de Dieu, il aurait pu résister à la subtilité des partisans de Rome ; pauvres évêques bretons aussi, qui ne surent pas se servir de cette arme puissante, l’épée de l’Esprit, qui est la parole de Dieu ! (Éphésiens 6:17).
Après avoir entendu Wilfrid, le roi, se tournant vers Colman, lui dit : « Est-il vrai que le Seigneur ait adressé ces paroles à Pierre ? — Cela est vrai, ô roi ! répondit Colman. — Et pouvez-vous prouver qu’une aussi grande puissance ait été donnée à Colomba ? — Nous ne le pouvons ». Colman n’aurait-il pas dû laisser Colomba de côté, et dire au roi ce que l’Écriture enseigne ? Mais déjà, même à Iona, la connaissance de la parole de Dieu s’était affaiblie, et l’on s’attachait plus à des coutumes qu’à ce que Dieu a dit.
Oswy, heureux de pouvoir faire cesser une lutte qui se renouvelait sans cesse dans sa propre maison, heureux aussi, dans sa propre ignorance, d’avoir quelqu’un qui lui ouvrît le ciel, s’écria : « Pierre est le portier ; je veux lui obéir et à son successeur, de peur que, quand je me présenterai à la porte, il n’y ait personne qui m’ouvre ». Pauvre Oswy ! Il ne savait pas que Christ seul est la porte du salut, et qu’il ouvre et nul ne ferme (Jean 10:7, 9 ; Apocalypse 3:7). Ainsi l’Église de Rome triompha. Elle veut être assise comme reine comme dira Babylone (Apocalypse 18:7). Hors de la soumission à ses enseignements et à ses rites, et à celui qui ose se dire le vicaire de Christ ici-bas, il n’y a pas de salut, dit-elle. Mais que dit la parole de Dieu ? Il n’y a de salut en aucun autre que Christ, aucun autre nom qui soit donné par lequel nous puissions être sauvés (Actes 4:12). Et quant à l’Église, bien loin qu’elle ait à dominer, il nous est dit que la vraie Église est soumise au Christ (Éphésiens 5:24). Elle n’enseigne donc pas, mais est enseignée par la Parole (Versets 26, 29). C’est la fausse prophétesse Jésabel qui enseigne et domine (Apocalypse 2:20), et elle représente Rome et ses prétentions.
Colman, accablé de douleur, retourna en Écosse avec ceux des évêques que Wilfrid n’avait pu persuader. Oswy, espérant ainsi racheter son âme, déploya la plus grande activité pour amener ses sujets à l’obéissance de l’Église de Rome. Wilfrid l’y aida de tout son pouvoir. Il devint évêque d’un vaste diocèse, s’enrichit des biens qui avaient appartenu à plusieurs monastères, s’entoura d’une suite nombreuse, et n’était servi que dans de la vaisselle d’or et d’argent. Quelle différence avec les humbles évêques d’Iona ! Mais c’est cet orgueil, ce luxe, cette avidité, cet amour de la domination, des richesses et des jouissances de la chair, que l’on vit se répandre de plus en plus chez les hauts dignitaires du clergé romain et chez les papes, durant les siècles ténébreux du Moyen Âge, tandis que le bas clergé et le peuple demeuraient dans la plus triste ignorance et livrés à la superstition.
Mais le triomphe de Rome ne se borna pas là. Bientôt l’Écosse et Iona même succombèrent sous les efforts des prêtres romains. Ils s’adressèrent à Naïtam, roi des Pictes. On lui fit comprendre combien il serait plus digne d’un roi d’appartenir à une église puissante, à la tête de laquelle était un pontife universel, successeur direct de Pierre, plutôt que de se soumettre à des congrégations conduites par de chétifs anciens. On lui montra combien la pompe du culte romain convenait mieux à la pompe royale. Naïtam, séduit par la pensée de marcher à l’égal des illustres rois des Francs, céda et fit venir des architectes pour lui construire des églises en pierre, au lieu des humbles édifices en bois où Christ avait été annoncé. Puis il ordonna que tous les ecclésiastiques de son royaume reçussent la tonsure romaine (*), en signe de soumission à cette Église. Et il fut fait ainsi. Où était en tout cela la parole de Dieu et l’intérêt pour le salut des âmes ?
(*) Les moines et les ecclésiastiques, dès le 6° siècle, en Orient et en Occident, étaient tonsurés, c’est-à-dire qu’une partie de la tête était rasée. C’était la marque distinctive de leur consécration. En Orient, la tonsure se faisait en long, par devant, d’une oreille à l’autre, en forme de croissant. En Occident, elle se faisait en rond, sur le sommet de la tête. C’étaient toujours des ordonnances et non l’Écriture.
Les anciens de Iona résistaient encore à l’envahissement des coutumes romaines. Un jour, un moine, nommé Ecgbert, très enthousiaste pour Rome et d’un caractère très doux, vint les trouver. Il fut reçu avec une grande hospitalité, et sut bientôt s’insinuer dans les esprits. Par ses discours et par les riches dons qu’il répandait et qu’on lui avait confiés dans ce but, il commença à les ébranler. Mais ce fut surtout en se présentant comme ayant reçu de Dieu une mission auprès d’eux qu’il acheva de les gagner. « Une nuit », leur raconta-t-il, « un des bienheureux apparut à un frère du couvent et lui dit : « Dis à Ecgbert ces paroles : Va vers les monastères de Colomba, car leurs charrues ne cheminent pas droitement ; il faut que tu les remettes dans le droit sillon. Je ne voulais pas obéir, et je m’embarquai pour aller porter l’Évangile aux Germains. Mais une tempête jeta le navire sur le sable. Je vis que c’était à cause de moi, et je résolus d’obéir. Maintenant », ajouta-t-il, « soumettez-vous à la voix du ciel ».
Dieu peut parler aux hommes par des rêves (Job 33:14-15), mais Il ne parlera pas en faveur de ce qui est contraire aux Écritures, qui sont sa Parole. Les anciens de Iona, au lieu de rejeter ce rêve comme le produit de l’imagination d’un homme et de s’en tenir à la parole de Dieu, se laissèrent persuader par Ecgbert et crurent obéir à Dieu. Ils reçurent la tonsure qui les rangeait sous l’autorité du pape. Rome avait vaincu partout. Cependant, un petit nombre en Écosse, ne voulurent pas courber la tête sous son joug. « On les voyait », dit Bède, « clocher dans leurs sentiers, refuser de prendre part aux fêtes romaines et de se laisser tonsurer ». C’est au commencement du huitième siècle que Rome étendit ainsi son pouvoir sur toutes les îles Britanniques, mais Dieu se gardait un résidu ; au milieu des siècles de ténèbres, quelques faibles lumières éparses brillaient çà et là, en attendant qu’une pleine lumière se levât.
Cette Église d’Angleterre servit grandement la papauté par son zèle missionnaire. Des moines anglo-saxons, de l’ordre des Bénédictins (fondé par saint Benoît en 529), plus d’un siècle après Colomban, entreprirent de pousser plus loin que lui en Germanie, et de convertir les farouches païens d’entre Rhin et Elbe. Willibrod (mort en 739) parmi les Frisons, puis Winfrid, qui changea ensuite son nom en Boniface, parmi les Saxons, en furent les plus remarquables ouvriers. La célèbre abbaye de Fulda fut fondée en 744 par Sturm. Boniface que l’Église révère comme « l’apôtre des Germains », mourut en martyr, massacré dans la Frise en 755 avec quelques compagnons. Mais le rattachement au christianisme des Frisons, Saxons et Thuringiens ne fut effectif qu’un peu plus tard, quand Charlemagne conquit leur pays et contraignit sous peine de mort les païens à se faire baptiser. Ces régions ouvertes de façon aussi peu évangélique à la profession chrétienne sous l’autorité de Rome en devaient devenir à leur tour des foyers de propagation vers l’Est, chez les Slaves de l’Elbe, les Polonais, les Tchèques, les Hongrois, et se heurter aux populations évangélisées par des orthodoxes (Cyrille et Méthode) et relevant du patriarche de Constantinople.
Quoiqu’il en soit, lorsque, au début du 10° siècle les Normands et les Scandinaves eurent embrassé à leur tour la religion chrétienne, toute l’Europe occidentale et la majeure partie de l’Europe centrale furent catholiques et la puissance papale ne cessa de s’y renforcer pendant plusieurs siècles.
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Nestorius et les Nestoriens
Après nous être occupés de ce qui se passait dans l’Église aux extrémités de l’Europe occidentale, en Irlande, en Écosse et dans la Grande Bretagne, nous reviendrons en Orient. En Occident, la puissance de l’Église romaine allait toujours croissant, sous la main de papes habiles et énergiques ; en Orient, ce que l’on voit tristement dominer, ce sont les discussions religieuses sans fin, attisées par les ambitions et les rivalités des évêques des grandes villes de Constantinople, d’Antioche et d’Alexandrie, produisant des hérésies et des divisions, et amenant souvent des conflits sanglants, parce qu’au lieu de l’épée de l’Esprit, la parole de Dieu, on se servait d’armes charnelles, en cherchant un appui auprès des empereurs.
Ces discussions et ces hérésies portaient le plus souvent sur la Personne adorable du Seigneur. Satan est l’ennemi de Christ qui est venu détruire sa puissance, et tous ses efforts et ses ruses tendent à attaquer et détruire ce que la parole de Dieu nous enseigne touchant Jésus, le Fils de Dieu. Il sait bien qu’avec Christ tout tombe, et qu’en s’attaquant au Rédempteur, on diminue ou l’on annule la rédemption. Pour arriver à ses fins, Satan induit les hommes à raisonner sur la Personne du Seigneur, qui, nous le savons par les Écritures, est à la fois vrai Dieu et vrai homme : Dieu sur toutes choses béni éternellement, et manifesté en chair. « La Parole devint chair », nous dit Jean, et « la Parole était Dieu » (Romains 9:5 ; 1 Timothée 3:16 ; Jean 1:1, 14). Qui peut expliquer cela ? Personne ; c’est un mystère insondable, car, nous dit Jésus lui-même : « Personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père » (Matthieu 11:27).
Lorsque des difficultés touchant la doctrine surgissaient, on convoquait, il est vrai, des conciles, ou assemblées d’évêques, mais ils étaient ordinairement sous la main des empereurs et influencés par lui ou par ceux qui exerçaient le pouvoir ; souvent aussi, ils étaient le théâtre de violences et de jugements iniques, comme nous l’avons vu dans le cas de Chrysostôme. Quelques conciles cependant maintinrent la vérité, comme, par exemple, celui de Nicée qui affirma la divinité de Christ conformément aux Écritures. Mais lorsqu’on a la parole de Dieu et qu’on la reçoit avec simplicité, qu’est-il besoin de conciles ? On ne peut admettre d’eux que ce qui est conforme aux Écritures. Or celles-ci nous montrent clairement d’une part que Jésus était réellement un homme. Il fut petit enfant, né de Marie ; il grandit, croissant en stature ainsi qu’en sagesse, et il devint un homme fait. Il mangeait et buvait, il était fatigué et se reposait, il dormait ; il se réjouissait et s’affligeait, il souffrait dans son corps et dans son âme. Et ce qui est si précieux pour nous, il avait toutes les affections et les sentiments d’un homme, mais d’un homme parfait, sans péché. Mais en même temps, il était réellement Dieu, ressuscitant les morts par une parole, calmant les vents et les flots en disant : « Taisez-vous », et opérant par lui-même bien d’autres miracles que la simple puissance de l’homme ne pouvait accomplir. Les prophètes et les apôtres en ont fait, mais c’était au nom de l’Éternel ou au nom de Lui, Jésus de Nazareth, tandis que Lui les faisait par sa propre divine puissance. La voix de Dieu le proclame son Fils bien-aimé ; par Lui les mondes ont été créés et subsistent par Lui ; les anges de Dieu l’adorent ; il est le Vivant, Celui qui vit aux siècles des siècles. À Lui appartient toute gloire. Voilà ce que la parole de Dieu nous enseigne, et ce qu’il nous faut retenir.
Une grande controverse surgit en Orient au sujet de la Personne du Seigneur. Vingt et un ans après la mort de Chrysostôme, le siège épiscopal de Constantinople vint à vaquer. L’empereur Théodose II appela, pour occuper cette place importante, un prêtre de l’église d’Antioche, nommé Nestorius, qu’on lui disait être aussi distingué par ses talents que par sa piété. Mais avec des qualités réelles, Nestorius était hautain et intolérant. Dès qu’il fut établi évêque de Constantinople, il se mit à persécuter violemment tous ceux qui était en dehors de la communion de l’Église, tels que les Ariens et d’autres, même ceux qui n’étaient séparés que sur un point insignifiant, par exemple l’époque de la célébration de la fête de Pâques. Dans un discours à l’empereur, Nestorius avait été jusqu’à dire : « Empereur, donne-moi une terre purgée d’hérétiques et je te donnerai le ciel ; combats avec moi les hérétiques et je t’aiderai à vaincre les Perses ». Paroles bien étranges et orgueilleuses, n’est-ce pas, dans la bouche d’un faible mortel et d’un conducteur d’âmes ? Pauvre Nestorius ! il ne se doutait guère qu’il allait bientôt être lui-même accusé d’hérésie et condamné.
Déjà alors on commençait à entourer Marie, la mère du Sauveur, d’une sorte de vénération superstitieuse. On lui consacrait des églises, on l’invoquait en lui donnant le nom de « mère de Dieu ». On prétendait qu’elle était morte à Éphèse, on y montrait son tombeau qui attirait une foule de pèlerins, et c’était pour les Éphésiens une source d’abondants revenus. Elle était ainsi regardée, non seulement comme la patronne, mais comme la nourricière d’Éphèse. C’était elle, disait-on, qui faisait pleuvoir sur la ville et sur l’Asie entière toute sorte de prospérités. Aussi avait-on érigé une riche basilique sous son nom. Cela ne nous rappelle-t-il pas l’histoire rapportée au chapitre 19 des Actes ? C’était environ 400 ans auparavant que, dans cette même ville d’Éphèse, s’élevait le temple magnifique de la grande déesse Diane que l’Asie entière révérait, à laquelle la ville des Éphésiens était consacrée, et qui était aussi une source de richesses pour les habitants. Paul, le serviteur de Dieu, avait annoncé Christ, et le culte de Diane et l’idolâtrie étaient tombés, et maintenant une nouvelle idolâtrie, bien pire que la première, avait remplacé celle-ci. Ce n’était pas seulement la mère de Jésus dont on faisait une sorte de divinité, une reine du ciel, mais on regarda bientôt les saints, — les apôtres, les martyrs — comme des sortes de médiateurs entre Dieu et les hommes, on éleva des églises placées sous leur invocation, on leur adressa des prières et on vénéra leurs reliques auxquelles on attribua même le pouvoir de faire des miracles. Et ce mal terrible continua d’envahir de plus en plus l’Église. Oh ! quelle puissance d’aveuglement Satan exerce sur le cœur de l’homme !
Mais revenons à Nestorius. C’était donc un usage commun, déjà dans le 4° siècle, de donner à Marie le nom de « mère de Dieu », expression qui ne se trouve nulle part dans l’Écriture, bien que nous sachions que de Marie « est né Jésus, qui est appelé Christ » (Matthieu 1:16), et que « le Christ est sur toutes choses Dieu béni éternellement » (Romains 9:5). Or dans un discours prononcé à Constantinople, Anastase, prêtre que Nestorius avait amené d’Antioche, s’éleva contre le titre de « mère de Dieu » attribué à Marie, et Nestorius l’approuva. Cela causa un grand tumulte dans l’église de Constantinople où l’on vénérait Marie non moins qu’à Éphèse ; on regarda ces paroles comme un outrage fait à la mère du Seigneur. Nestorius voulut expliquer dans un discours pourquoi il ne pouvait admettre que le titre de « mère de Dieu » convînt à Marie. Mais il le fit de telle manière que l’on pouvait conclure de ses paroles qu’il enseignait que, de même qu’il y a en Christ deux natures, la divine et l’humaine, il y avait aussi deux personnes, l’homme, fils de Marie, et le Fils de Dieu. Il divisait ainsi la Personne adorable du Seigneur que nous voyons toujours une — un seul Christ. Plusieurs expressions dont il se servit montrent bien que telle était sa pensée, et il alla jusqu’à l’exprimer d’une manière tout à fait irrespectueuse, disant : « Je n’admettrai jamais un Dieu de deux mois, un Dieu de trois mois ; jamais je n’adorerai comme tel un enfant qui a su.. le lait de sa mère, et qui s’est enfui en Égypte pour sauver sa vie ». C’était un vrai blasphème, et cela nous montre jusqu’où l’on peut être entraîné lorsqu’on veut raisonner sur ce qui est infini, hors de notre portée, et connu de Dieu seul. Le petit enfant dans la crèche, celui que les anges exaltaient, que les bergers et les mages adoraient, que Siméon prenait dans ses bras, et qui, en effet, fut conduit avec sa mère par Joseph en Égypte, était bien le Fils de Dieu, Dieu lui-même qui, par un mystère insondable, le mystère de l’amour, s’est ainsi abaissé jusqu’à nous.
L’évêque d’Alexandrie, Cyrille, attaqua vivement Nestorius et ses doctrines, mais en le faisant il tomba lui-même dans des erreurs capitales, qui furent signalées par Jean, évêque d’Antioche. Jean cependant, bien qu’ami de Nestorius, n’admettait point ce que l’on condamnait chez celui-ci, et lui avait même écrit pour lui faire sentir qu’il avait tort. D’un autre côté, Cyrille avait su gagner à sa cause l’évêque de Rome, Célestin. Pour mettre un terme à ces disputes, l’empereur convoqua un concile général à Éphèse, en l’an 431. On aurait dû attendre que tous les évêques convoqués fussent réunis, mais Cyrille, par ses intrigues, sut si bien faire que le concile s’ouvrit avant l’arrivée de Jean et des évêques qui étaient avec lui, et que Cyrille lui-même, bien qu’accusé, le présida. La conséquence en fut la condamnation et la déposition de Nestorius. Mais alors arrivèrent Jean et les évêques syriens qui se constituèrent aussi en concile, déclarèrent que l’assemblée réunie par Cyrille était un faux concile, et l’excommunièrent. On voit quelle étrange confusion régnait parmi ceux qui s’intitulaient les conducteurs de l’Église. Mais la lutte n’était pas finie. On porta la chose devant l’empereur que Cyrille réussit à convaincre de la justice de sa cause et de l’intégrité du concile d’Éphèse qu’il avait présidé. Le faible empereur finit par l’approuver, et ainsi la déposition de Nestorius fut confirmée. Ses plus fidèles amis à la cour l’avaient abandonné, et Jean d’Antioche lui-même demanda son éloignement.
Nestorius s’était d’abord retiré dans le monastère où il avait passé sa jeunesse, situé à peu de distance d’Antioche. Mais là, il ne sut pas rester tranquille. Il y publia quelques livres et, par ses prédications éloquentes, il attirait beaucoup de personnes distinguées de la ville d’Antioche. Ses ennemis s’en émurent. Poussé par eux, le pape Célestin demanda à l’empereur que l’ennemi de la Vierge et de son Fils fût retranché de la société des hommes qu’il s’obstinait à perdre, et il pressa les évêques de se joindre à sa demande ! L’empereur l’exila à Pétra, en Arabie, et proscrivit également ses amis et ses partisans. Les ennemis de Nestorius trouvèrent que le lieu de son exil n’était pas encore assez éloigné, et il fut envoyé en Égypte, dans l’oasis d’Ibis, où l’on déportait les grands criminels d’État. C’était un endroit entouré d’un vaste océan de sables et d’où l’on ne pouvait s’échapper sans risquer sa vie. Là Nestorius se mit à écrire sa biographie, ouvrage qui ne nous est point parvenu. Fait prisonnier par une troupe d’Arabes nomades qui s’étaient jetés sur l’oasis pour la piller, il fut laissé par eux et put gagner Panopolis, petite ville de la province de Thèbes. Le gouverneur de Thèbes ne permit pas que l’infortuné Nestorius restât là. Il donna l’ordre de le transférer à Éléphantine sur la frontière d’Éthiopie. Mais accablé par l’âge et la fatigue, il tomba de cheval et se blessa grièvement. Ramené à Panopolis, il y mourut en l’an 440.
Un certain nombre d’évêques n’avaient pu accepter les décisions du concile d’Éphèse concernant la déposition de Nestorius. On les y força de la part de l’empereur, en ne leur laissant d’autre alternative que de souscrire ou d’être déclarés Nestoriens, et comme tels, poursuivis, déposés, exilés ou envoyés aux mines. Tel était le résultat de l’association de l’Église avec l’État ; celle-là se servant de l’épée du prince pour persécuter ceux qui ne se soumettaient pas à elle ! La plupart des évêques cédèrent, mais quelques-uns restèrent fermes. L’un d’eux, nommé Alexandre, évêque d’Hiérapolis, d’un âge très avancé, montra une fermeté inébranlable. À des amis, qui le sollicitaient de signer comme d’autres, il répondit : « Tenez-vous en repos. Je ne me soucie point de ce que font les autres, mais quand tous les morts ressusciteraient et nommeraient piété l’abomination d’Égypte (il voulait dire la conduite de Cyrille d’Alexandrie), je ne les croirais pas dignes de foi ». Il rompit avec ses amis, et sommé par le gouverneur de souscrire ou de quitter la ville, il sortit. Mais aussitôt toute la ville ferma ses églises. Le gouvernement fit enfoncer les portes et célébrer le culte sous la protection des soldats ! Quant au vieil évêque, il fut condamné au travail des mines en Égypte et y mourut. Voilà comment de soi-disant chrétiens agissaient envers ceux qui se réclamaient du nom du même Seigneur.
Fomentée par Cyrille, la persécution contre les Nestoriens sévit de toutes parts. Qu’arriva-t-il ? Ce fut un moyen dont Dieu se servit pour propager, non les fausses doctrines attribuées à Nestorius, mais le christianisme même. Ceux que l’on appela Nestoriens, parce qu’ils n’avaient pas voulu souscrire aux lois d’un concile qu’ils ne pouvaient reconnaître, et qui pour cela étaient violemment persécutés, se retirèrent en Perse. Ils y furent bien accueillis et protégés par les rois de cette contrée, par haine de l’empire grec. Ils y fondèrent une église indépendante de celle de Constantinople, et à laquelle un nommé Barsumas, évêque de Nisibe en Mésopotamie, donna une constitution.
Les Nestoriens se répandirent dans les contrées traversées par l’Euphrate, et animés d’un grand zèle missionnaire, ils évangélisèrent en Arabie, en Perse, dans l’Inde et jusqu’en Chine, où existaient encore quelques-unes de leurs églises dans le 13° siècle ; mais dans le 16° siècle, il n’en restait plus trace. Les descendants des Nestoriens fixés en Perse, subsistent encore. Nous en dirons quelques mots.
Au nord de la Perse, à la base de hautes montagnes couvertes de neige, est une vaste plaine d’une grande beauté. C’est la province d’Urmiah ou Oroomiah, et c’est là que demeurent les chrétiens nestoriens. Cette plaine, bornée par des montagnes escarpées, est couverte de villages entourés d’arbres verdoyants et de champs de blé. Au-delà se trouve le lac Urmiah tout parsemé d’îles. En différents points de la plaine se voient des espèces de buttes formées de cendres, recouvertes d’une mince couche de terre. On suppose que ce sont les endroits où brûlait sans cesse le feu sacré et où les prêtres Parsis se prosternaient devant le soleil levant (*).
(*) Les Parsis, descendants des anciens Perses et disciples de Zoroastre, étaient des adorateurs du feu, dont le soleil est pour eux le type le plus pur, en même temps qu’il est l’image de la divinité. Les Mahométans les nomment aussi Guèbres ou infidèles. Il en reste un petit nombre dans la province de Bombay.
Les Nestoriens sont un peuple intéressant à bien des égards. Leur langue, le syriaque, se rapproche beaucoup de l’hébreu, et était parlée plusieurs siècles avant la naissance du Sauveur. Elle est presque la même que celle qui était généralement employée en Palestine aux jours du Seigneur, et dont il se servait pour converser avec ses disciples et instruire le peuple. C’est dans cette même langue que, sur la croix, il s’écria : « Éloï ! Éloï ! lama sabachthani ? Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
Les Nestoriens étaient nombreux et poursuivaient en paix leurs occupations comme agriculteurs et commerçants, ainsi que leurs travaux missionnaires, lorsque eut lieu l’invasion islamique en Perse, vers le milieu du septième siècle. Non seulement le culte du feu disparut de la Perse, mais les Nestoriens furent violemment persécutés par les vainqueurs. Ils n’avaient d’autre alternative — comme les malheureux Arméniens de naguère — que le Koran ou la mort. Leur nombre fondit comme la neige au printemps, et actuellement on n’en compte plus qu’environ 400000. En même temps, ils tombèrent peu à peu dans l’ignorance, la démoralisation et la superstition. Cependant, malgré la profonde déchéance de leur église, les Nestoriens sont restés, quant à la doctrine, plus rapprochés de la Bible que les catholiques romains, les Grecs et les Arméniens. « Je n’ai jamais rencontré », dit un missionnaire, « un Nestorien qui niât la suprême autorité de la parole de Dieu ». Ils abhorrent le culte des images, et n’admettent point la confession auriculaire et l’absolution donnée par le prêtre. Ils ne connaissent ni la messe, ni l’adoration de l’hostie. Ils rejettent, comme mauvaises et antiscripturaires, les doctrines de la régénération baptismale (*1), de la pénitence (*2), du purgatoire (*3). Ils croient en Christ comme en une seule Personne, à la fois vrai Dieu et vrai homme. Ils reçoivent avec joie ceux qui viennent à eux, au nom du Christ Jésus. Les missionnaires américains, venus parmi eux, ont été bien reçus et ont travaillé à répandre les vérités scripturaires, en les exhortant, en même temps, à mener une vie humble et sainte.
(*1) Doctrine qui prétend que le baptême d’eau opère dans l’âme la nouvelle naissance ou la régénération.
(*2) La pénitence, ce sont des actes imposés par le prêtre comme réparation ou châtiment des fautes commises.
(*3) Le purgatoire est, selon les catholiques romains, un lieu intermédiaire entre le ciel et l’enfer, où le feu achève de purifier l’âme qui ne l’a pas été complètement ici-bas.
Le premier missionnaire qui vint au milieu d’eux, trouva cette ancienne église en ruines et comme renversée dans la poussière. Le peuple était plongé dans la plus grossière ignorance. Il n’y avait point d’écoles, et à peine dans un village une demi-douzaine d’habitants savaient-ils lire. Ils n’avaient d’ailleurs pour livres que de rares manuscrits, dont le prix était très élevé. Le vol, parmi eux, était général et mentir une habitude invétérée. « Nous mentons tous », disaient-ils ; « comment pourrions-nous faire nos affaires, si nous ne mentions pas ? ». Ils buvaient du vin comme de l’eau, et quant à la religion, tout en conservant une certaine orthodoxie, elle n’était pour eux qu’une affaire de forme et d’apparence.
Maintenant il y a des écoles dans un grand nombre de villages, et l’on a fondé des établissements pour élever et former des jeunes gens des deux sexes capables d’instruire le peuple, et ainsi de réparer des maux accumulés durant tant de générations. Les Saintes Écritures ont été imprimées dans leur entier, tant dans l’ancienne langue des Nestoriens que dans celle qu’ils parlent actuellement.
« L’influence des Saintes Écritures sur nos élèves et dans les collèges », dit un missionnaire, « puis sur les centaines de Nestoriens adultes qui apprennent à lire dans les écoles du dimanche, cette influence s’exerçant dans leurs humbles demeures, et, par tous ces lecteurs, sur la masse du peuple, est incalculable ». Plusieurs sont comme des gens qui se réveillent d’un profond sommeil, et se demandent : « Comment se fait-il que nous ayons été gardés si longtemps dans l’ignorance ? ». Et les prêtres répondent : « Nous-mêmes, nous sommes restés jusqu’à ce jour, comme morts dans nos fautes et dans nos péchés, et notre péché est plus grand que le vôtre pour vous avoir caché si longtemps la lumière ». Les missionnaires américains ont à lutter contre des missionnaires catholiques romains qui voudraient rattacher à Rome l’église nestorienne. D’un autre côté, il semble qu’un certain nombre de Nestoriens se tournent du côté de l’Église grecque, afin d’être protégés contre les musulmans de Perse (*).
(*) Aujourd’hui, après avoir été fortement et même tragiquement éprouvés par les répercussions des deux guerres mondiales, les communautés nestoriennes ne subsistent qu’en très petits groupes dispersés en Iran, Irak, Turquie, Syrie, Liban, Inde, Arménie et aux États-Unis. Elles ne comptent pas 80000 personnes.
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Eutychès et les Arméniens
Eutychès
Peu après la mort de Nestorius, l’Église d’Orient fut de nouveau troublée à l’occasion de doctrines tenues par un moine nommé Eutychès, archimandrite ou supérieur d’un couvent de trois cents moines, près de Constantinople. Eutychès s’était fortement opposé à Nestorius quand celui-ci fut condamné, mais lui-même tomba dans d’autres erreurs touchant la Personne adorable du Seigneur. Il disait bien que Christ, né de la vierge Marie, était vrai Dieu et vrai homme, mais que le corps de Jésus n’était pas de la même substance que le nôtre, contrairement à l’Écriture qui nous dit que Christ a participé au sang et à la chair (Hébreux 2:14). De plus, il enseignait que les deux natures divine et humaine du Seigneur n’en formaient qu’une, la nature humaine étant absorbée par la nature divine ou confondue avec elle. Nous pouvons voir par là combien l’on s’égare quand on veut raisonner sur ce qui est au dessus de notre conception, et expliquer ce que Dieu ne nous explique pas. Combien la parole de Dieu est plus simple ! Si nous nous tenons comme de petits enfants à ce qu’elle dit, nous ne courrons pas risque de faire fausse route.
Eutychès avait pour ami un nommé Eusèbe, évêque de Dorylée en Phrygie qui, avant d’occuper cette charge, s’était fortement prononcé contre Nestorius. Devenu évêque, il eut à venir à Constantinople pour les affaires de son église, et alla voir Eutychès. En s’entretenant avec lui, sa surprise fut grande d’entendre quelles doctrines il professait. Eusèbe eut beau les combattre, Eutychès ne voulut rien céder. Or la même année, Flavien, patriarche de Constantinople, réunit un synode pour régler certaines questions. Eusèbe s’y trouva et y accusa Eutychès de soutenir des doctrines contraires à la vraie foi. Le synode envoya à Eutychès des messagers pour le sommer de venir se défendre et exposer ses vues. Deux fois il refusa ; à la troisième sommation, il promit de venir. Il arriva en effet accompagné d’une troupe de moines, et escorté par des soldats ; en même temps se présentait aussi un envoyé de l’empereur avec une lettre demandant qu’il assistât aux séances.
Après une longue discussion où Eutychès chercha, par un semblant d’humilité et par des subtilités, à échapper à ceux qui le pressaient d’exposer sa foi, il fut à la fin obligé de confesser son erreur tout en la maintenant. Or cette erreur qui consiste à dire que Christ n’a pas été réellement un homme comme nous, à part le péché, c’est anéantir la rédemption. Eutychès fut condamné comme ayant blasphémé Christ, et fut exclu de la prêtrise, de la communion, et déposé de sa place d’archimandrite de son monastère. Trente évêques et vingt-trois archimandrites signèrent sa condamnation.
Eutychès sortit du synode en disant qu’il en appellerait à l’évêque de Rome, ce qu’il fit, en effet. Flavien fit répandre partout le décret qui condamnait Eutychès, demandant que chacun s’y soumît. Mais un grand nombre, surtout des moines, partisans d’Eutychès, refusèrent, et un grand trouble s’ensuivit dans l’Église.
Eutychès avait pour ami, à la cour impériale, le chef des eunuques Chrysaphius, dont il avait été le parrain à son baptême, et qui avait une grande influence sur l’empereur, le faible Théodose II. Chrysaphius, qui était avare et cherchait par toutes sortes de moyens à accroître ses richesses, détestait Flavien, parce que celui-ci n’avait pas voulu prêter les mains à une spoliation des biens de l’Église, et de plus avait refusé son concours à un complot tramé par Chrysaphius pour faire entrer dans un couvent Pulchérie, la sœur de l’empereur, dont il redoutait l’influence. C’est à cet ennemi de Flavien qu’Eutychès s’adressa et il réussit à faire convoquer par l’empereur un concile où il porterait sa cause. L’empereur était d’ailleurs gagné à ses vues.
Le concile se réunit à Éphèse en 449. Il comptait cent vingt-huit évêques présents, et le pape de Rome, Léon Ier, y avait envoyé, pour l’y représenter, trois légats porteurs d’une lettre où il exposait la foi de l’Église romaine touchant le mystère de l’incarnation du Fils de Dieu. Cette lettre était dirigée contre l’hérésie d’Eutychès. En résumé, elle établit qu’en Christ il y a deux natures, la divine et l’humaine, unies sans confusion, sans changement et sans séparation dans un seul et même Christ. Et Léon ajoute que l’erreur touchant la nature du corps du Seigneur anéantit sa passion et l’efficacité de son sacrifice. Il cite à ce propos le passage de 1 Jean 4:2-3: « Tout esprit qui confesse Jésus Christ venu en chair est de Dieu, et tout esprit qui ne confesse pas Jésus Christ venu en chair n’est pas de Dieu ». On est heureux de voir maintenir, dans ces temps où tant d’erreurs s’étaient glissées dans l’Église, la vérité quant à la Personne du Fils de Dieu.
L’empereur avait désigné Dioscore, patriarche d’Alexandrie, pour présider le concile. Comme les autres patriarches, il devait amener avec lui dix métropolitains et dix autres évêques. Il les choisit selon ses vues qui étaient celles d’Eutychès. Dioscore était un homme qui, pour la violence et la rapacité, marchait sur les traces de son prédécesseur Théophile que nous avons vu dans l’histoire de Chrysostôme ; ses mœurs étaient à l’avenant. Mais il était soutenu par Chrysaphius et ne redoutait rien. Tout fut disposé d’avance pour disculper Eutychès et faire condamner Flavien. Théodose ordonna que les évêques qui avaient figuré comme juges au synode de Constantinople seraient exclus de la discussion et du vote. Eusèbe de Dorylée reçut la défense de quitter le territoire de son église, à moins que le concile ne l’appelât. Ainsi sur 128 évêques, 42 étaient privés du droit de parler et de voter. À ceux-là Dioscore en joignit quinze autres des opinions desquels il n’était pas sûr. Deux officiers de l’empereur avaient droit de prendre part aux discussions. De plus Théodose donna le droit de voter à un archimandrite syrien, nommé Barsumas, moine grossier qui, à la tête de mille moines aussi sauvages et barbares que lui et armés d’énormes bâtons, donnait la chasse aux Nestoriens, ou a ceux qui lui paraissaient tels, saccageait les églises, brûlait les monastères, tuait ou chassait les évêques qu’il ne croyait pas orthodoxes.
Telle était la composition du concile, et tels les auxiliaires de Dioscore, sans compter les parabolans (*) qu’il avait amenés d’Égypte, et qui, au besoin, étaient prêts à agir de leurs bras pour soutenir leur évêque.
(*) Hommes de peine et infirmiers placés sous les ordres immédiats de l’évêque.
Le concile s’ouvrit. Le premier légat du pape prit d’abord la parole pour demander qu’avant tout on lût la lettre de Léon. Mais comme on savait bien quelles étaient les pensées du pape touchant les doctrines d’Eutychès, on trouva moyen, malgré les instances réitérées des légats, de la laisser de côté. Alors Eutychès fut introduit, et il se présenta, non plus avec cette apparence d’humilité qu’il avait apportée au synode de Constantinople, mais la tête haute, comme sûr de son triomphe. Il portait à la main un rouleau dont il demanda la lecture et qui commençait par la transcription du symbole de Nicée. Il y déclarait qu’il vivrait et mourrait dans ces sentiments, et qu’il anathématisait tous les hérétiques. Puis il porta, contre Eusèbe de Dorylée et Flavien, une accusation fondée sur la manière dont il avait été traité et condamné dans le synode.
Après cette lecture, Flavien se leva et dit : « Il faudrait maintenant entendre Eusèbe ». Mais l’officier de l’empereur dit : « Ce n’est pas nécessaire ; l’empereur l’a exclu. Vous êtes réunis pour voir s’il faut casser ou confirmer le jugement rendu, et non pour recommencer le procès ».
Dioscore proposa alors qu’on lût les actes du synode de Constantinople. Tous les évêques l’approuvèrent, sauf les légats du pape qui insistèrent encore pour que d’abord sa lettre fût lue. Eutychès, craignant qu’on ne le leur accordât, se hâta de récuser les légats, parce que, disait-il, ils logeaient chez Flavien et avaient reçu de lui des services. Cependant Dioscore dit que, pour l’ordre, on devait d’abord lire les actes du synode, et qu’ensuite on lirait la lettre du pape, ce qui n’eut pas lieu.
Dans le synode de Constantinople, Eusèbe, l’accusateur d’Eutychès, avait pressé celui-ci de confesser la vérité touchant la Personne de Christ ; mais quand, dans la lecture des actes, on en vint à l’endroit où cela était rapporté (*), un grand nombre d’évêques gagnés à la cause d’Eutychès, s’écrièrent : « Qu’on chasse, qu’on brûle Eusèbe ! Qu’Eusèbe soit brûlé vif ; qu’il soit coupé en morceaux ! » Tel était l’esprit qui animait ceux qui se disaient les serviteurs de Christ, de Celui qui était doux et humble de cœur et ne voulait pas faire descendre le feu du ciel sur ses ennemis ! Dioscore mit alors aux voix cette proposition : « Approuvez-vous la profession de foi d’Eutychès ou celle d’Eusèbe ? ». Au milieu des clameurs, la doctrine d’Eutychès fut acceptée, et lui-même rétabli dans son rang et rendu à son monastère. Les légats du pape s’abstinrent, mais Eutychès avait gain de cause et se retira triomphant.
(*) Dans les synodes ou conciles, il y avait toujours plusieurs écrivains nommés notaires qui prenaient note de ce qui était dit ou fait. Les séances terminées, ils comparaient leurs notes et rédigeaient les actes du conciles ou du synode que l’on conservait soigneusement.
Les moines du monastère d’Eutychès que Flavien avait exclus de la communion, parce qu’ils avaient soutenu leur supérieur après sa condamnation, envoyèrent une députation au concile. Ils lui adressaient une requête contre Flavien qu’ils accusaient, non seulement d’avoir abusé de son pouvoir à leur égard, mais d’avoir mis à son profit le séquestre sur les biens de la communauté : accusation tout à fait fausse. Les moines déclarèrent aussi que, quant à leur foi, elle était la même que celle de leur supérieur. Dioscore, ni personne dans le concile, ne s’enquirent si les accusations contre Flavien étaient justifiées, mais, passant outre, ils rétablirent les moines dans leurs fonctions. C’était un nouveau triomphe sur Flavien ; mais ce n’était pas tout : il fallait le perdre et Dioscore en trouva le moyen.
Dans un précédent concile tenu à Éphèse, celui où Nestorius avait été condamné, on avait interdit toute composition ou publication de symboles (ou professions de foi) changeant quelque chose à celui de Nicée. Cela ne voulait pas dire qu’on ne pût expliquer les vérités que contenaient le symbole de Nicée. Or Flavien, dans le synode de Constantinople, avait fait brièvement une confession de foi où il reconnaissait Jésus, fils de Marie, comme vrai Dieu et vrai homme en une Personne. Dioscore prétendit qu’en faisant cela, Flavien avait contrevenu au décret du concile d’Éphèse, et avait mérité, ainsi qu’Eusèbe, d’être déposé et privé de toute dignité épiscopale et sacerdotale. Et il demanda que les évêques approuvassent par leur signature cette sentence. Alors Flavien se levant, dit : « J’en appelle », et il remit à l’un des légats son recours au pape et aux évêques d’Occident. Puis un autre légat, au nom de l’Église romaine, prononça son opposition à la sentence rendue par Dioscore. À ce moment quatre évêques vinrent se jeter aux genoux de celui-ci, et le supplièrent de réfléchir à ce qu’il faisait, Flavien, disaient-ils, n’ayant pas mérité la déposition. Mais Dioscore les repoussa en disant qu’il avait fait son devoir. Puis comme les évêques insistaient et que d’autres accouraient pour savoir ce qui se passait, il se leva irrité, et fit appel aux officiers de l’empereur. Ceux-ci croyant Dioscore en danger, firent entrer les soldats qui, les uns l’épée nue, les autres portant des chaînes comme s’il s’agissait de lier des malfaiteurs, se précipitèrent dans l’église et écartèrent brutalement les évêques qui continuaient à supplier Dioscore.
Le tumulte fut alors à son comble. Des gens du peuple, les parabolans de Dioscore, les moines de Barsumas avec leurs massues, s’étaient aussi répandus dans l’église, poussant des cris féroces : « Il faut chasser, il faut tuer ceux qui n’obéissent pas à Dioscore ». Quelle scène dans un lieu consacré au culte divin, et parmi des serviteurs du Dieu de paix !
Les évêques effrayés fuyaient dans tous les coins, mais on avait fermé les portes afin de recueillir les voix. Les évêques d’Égypte, joints aux moines et aux parabolans, menaçaient de la déposition et battaient ceux qui faisaient mine de réclamer. Dioscore, debout sur son estrade, annonça qu’on allait recueillir les opinions. « Et si quelqu’un refuse d’opiner », dit-il, « c’est à moi qu’il aura affaire, et l’empereur le saura ». Quelle arrogance chez un homme qui se disait ministre de Christ ! Ils opinèrent donc.
Mais il fallait encore signer la sentence, et, dans le tumulte, les notaires n’avaient pu rédiger le procès verbal de la séance. Il fut résolu par Dioscore qu’on signerait en blanc avec ces mots : « J’ai jugé et j’ai souscrit ». Et alors Dioscore, accompagné de deux hommes à l’air menaçant, alla de banc en banc recueillir les signatures. Saisis de terreur, les évêques signèrent, ceux qui essayaient de protester étant menacés et battus.
La dernière et plus affreuse scène de ce procès inique reste à dire. Flavien s’était retiré dans un coin de la nef, attendant le moment de sortir. Dioscore l’aperçut et courut vers lui en l’insultant ; puis il le frappa du poing au visage, et deux de ses diacres, saisissant le malheureux évêque par le milieu du corps, le jetèrent par terre. Dioscore le foula aux pieds, lui frappant du talon les côtes et la poitrine, tandis que les moines de Barsumas, excités par leur maître qui criait : « Tue, tue ! », frappaient Flavien de leurs bâtons et le piétinaient sous leurs sandales.
Flavien traîné dehors par les soldats, fut jeté demi-mort dans un cachot. On devait le conduire en exil, mais il mourut en route trois jours après sa condamnation, par suite des mauvais traitements qu’il avait essuyés. Tel fut le triomphe d’Eutychès et de Dioscore. Celui-ci se hâta de se rendre à Constantinople pour y installer un nouveau patriarche. En s’y rendant, il s’arrêta à Nicée, et formant un synode des évêques égyptiens qui l’accompagnaient, il excommunia le pape Léon comme hérétique. Les légats de celui-ci avaient réussi à s’enfuir et avaient porté à Rome le recours de Flavien.
Mais ce qui s’était passé remplit d’horreur la chrétienté ; on flétrit ce concile sous le nom de Brigandage d’Éphèse, et il ne fut pas inscrit au nombre des conciles reconnus. Cependant Chrysaphius fit approuver par l’empereur les actes de ce concile de brigands, et une loi de Théodose vint ordonner la persécution contre ceux qui ne les accepteraient pas. Mais bientôt les choses changèrent de face. Un an après la mort de Flavien, l’empereur Théodose mourut des suites d’une chute de cheval. Sa sœur Pulchérie qui avait soutenu Flavien, lui succéda à l’empire et y associa Marcien, qu’elle épousa. C’était un vieux soldat, franc, juste et ferme, qui défendit l’empire contre les Barbares et y rétablit l’ordre. Il partageait les vues de Pulchérie à l’égard d’Eutychès, qu’elle condamnait. Il suspendit les persécutions, abrogea l’obligation de reconnaître les actes du faux concile ; les évêques exilés furent rappelés, ceux qui avaient été déposés furent rétablis, et Eutychès fut chassé de son monastère. Chrysaphius fut mis à mort.
Léon de Rome avait d’abord demandé qu’un nouveau concile général fût convoqué à Rome, mais l’empereur refusa, et il fut ensuite convenu qu’il se réunirait à Nicée sous la présidence des légats du pape. Dioscore ne devait pas y siéger comme évêque. Avant qu’il fût réuni, les restes de Flavien furent transportés solennellement à Constantinople, et il fut enseveli auprès de Chrysostôme, mort comme lui victime de l’inimitié des évêques.
L’empereur transféra ensuite le concile à Chalcédoine, afin qu’il fût plus près de Constantinople, et que lui pût y assister plus facilement. Ce concile fut le plus nombreux qu’il y eût encore eu. Plus de cinq cents évêques ou autres prélats y siégèrent. D’un côté se rangèrent les évêques d’Égypte et ceux qui soutenaient Dioscore ; de l’autre, les évêques d’Orient, du Pont, de l’Asie et de la Cappadoce. Les légats du pape déclarèrent qu’ils ne pouvaient siéger avec Dioscore, et Eusèbe de Dorylée se porta son accusateur. Mais bientôt des scènes violentes se produisirent à l’entrée de Théodoret de Cyr (Kars) qui avait été exclu du faux concile d’Éphèse sans autre raison que son opposition à Eutychès. En le voyant paraître, les partisans de Dioscore se mirent à pousser des clameurs : « Hors d’ici, l’ennemi de Dieu », disaient-ils. Les évêques d’Orient répondaient : « Hors d’ici, les hérétiques, les meurtriers de Flavien ». Le tumulte augmentant, le chef des magistrats représentant l’empereur se leva et dit : « Ces cris sont indignes d’une réunion d’évêques ; faites silence, et ne troublez plus l’ordre du concile ».
Dioscore accusé voulait rejeter la responsabilité de tout ce qui s’était passé sur les quatre assesseurs que l’empereur lui avait adjoints, et ensuite sur l’assemblée elle-même qui avait tout approuvé ; mais alors les évêques d’Orient lui donnèrent un démenti violent, disant : « Nous avons été forcés, nous avons été frappés, nous avons cédé aux menaces et aux violences ». Et alors suivirent les détails sur la manière dont Dioscore arrachait les votes et les signatures, et empêchait les notaires d’écrire, leur enlevant de force leurs tablettes. On en vint à la profession de foi d’Eutychès. Un évêque, Basile de Séleucie, dit que, dans le concile d’Éphèse, il avait pressé Eutychès de reconnaître qu’il y a deux natures en Christ, mais qu’Eutychès s’y était refusé. « Pourquoi donc », dirent les magistrats à Basile, « avez-vous souscrit à l’absolution d’Eutychès et à la déposition de Flavien ? ». « Parce que j’ai été forcé d’obéir », répondit Basile. « J’ai failli » ajouta-t-il. Et tous les Orientaux qui, de même que lui, avaient cédé à la force, s’écrièrent : « Nous avons tous failli ; tous nous demandons pardon ».
On lut ensuite la profession de foi de Flavien au synode de Constantinople, et le concile, sauf quelques partisans de Dioscore, déclara orthodoxe la doctrine du martyr Flavien. À ce moment, Juvénal, évêque de Jérusalem, qui jusqu’alors avait soutenu Dioscore, et avec lui les évêques de la Palestine, dirent : « Nous croyons tous la même chose », et, se levant, ils passèrent du côté des évêques d’Orient. Leur exemple fut suivi par les évêques de Grèce, de Crète et de Macédoine ; quatre évêques égyptiens même les imitèrent. Dioscore restait presque seul.
Puis vint la constatation des violences exercées par Dioscore au concile d’Éphèse, et, pendant que le concile était rassemblé, quatre Égyptiens, dont un prêtre et deux diacres, lésés tous quatre par Dioscore, apportèrent contre lui les accusations les plus graves concernant son caractère, sa conduite et ses mœurs. Avant la présentation de leur requête, Eusèbe de Dorylée avait demandé que Dioscore fût condamné et puni pour avoir soutenu la doctrine d’Eutychès, que celle-ci fût anathématisée, et que l’assemblée d’Éphèse fût rayée de la liste des conciles. Il insista pour que l’accusé comparût, afin de se défendre. Mais malgré trois sommations, Dioscore refusa, bien que dans la dernière on lui eût dit les accusations dont il était l’objet de la part des quatre Égyptiens, et que, pour l’honneur de l’Église, il devait y répondre.
Les légats du pape ayant alors résumé ce qui était à sa charge, le concile prononça sa condamnation, le dépouillant de sa charge et dignité d’évêque et de tout ministère sacerdotal. La condamnation fut signifiée au condamné, et la sentence rendue publique. Mais Dioscore ayant déclaré qu’il se souciait peu du concile, et se vantant de rependre bientôt sa place d’évêque, l’empereur l’exila à Gangres, en Paphlagonie. Le concile avait aussi décidé, et l’empereur avait confirmé, la question de doctrine. Ce dernier avait déclaré aussi qu’il agirait contre ceux qui n’obéiraient pas aux décrets du concile. Nous voyons par là et par tout ce qui précède, combien l’Église s’était asservie au pouvoir séculier. Elle habitait dans le monde, où Satan a son trône (Apocalypse 2:13), bien qu’elle retînt encore la vérité touchant la Personne du Fils de Dieu.
Mais ni la déclaration du concile qui, pour la doctrine, adhéra à la lettre de Léon, ni la condamnation d’Eutychès et de Dioscore, ne mirent fin aux luttes entre les orthodoxes et les partisans d’Eutychès. Elles durèrent pendant plus de cent ans. Les adhérents à la doctrine d’Euthychès, nommés monophysites, ce qui veut dire une seule nature, finirent par rompre avec l’Église grecque, et formèrent plusieurs églises distinctes : celles d’Abyssinie, d’Égypte (l’Église copte), des Jacobites en Syrie, et enfin d’Arménie, ayant chacune leur patriarche particulier.
C’est de la dernière de ces églises que nous dirons quelques mots. Si nous avons parlé un peu longuement des deux conciles, c’était pour montrer dans quel triste état se trouvait l’Église, et l’impossibilité pour l’homme de réparer ses ruines. Au milieu du désordre, on est heureux de voir cependant quelques étincelles de la vérité.
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Arméniens
Le nom d’Arménien n’est inconnu à aucun de nous. Les souffrances de ce peuple, voué par les Turcs à l’extermination, sont venues à la connaissance de tout le monde. L’Arménie est une contrée montagneuse située entre la mer Noire et la mer Caspienne, et s’étend du mont Caucase aux monts Taurus et aux plaines de la Mésopotamie. À l’est se trouve l’Iran, à l’ouest elle confine aux provinces de l’Asie mineure. C’est en Arménie que se trouve le mont Ararat où l’Arche de Noé s’arrêta (Genèse 8:4), et c’est aussi dans cette contrée que prennent leur source l’Euphrate et le Tigre, le premier fleuve souvent nommé dans la Bible, et le second mentionné sous le nom de Hiddékel (Genèse 2:14 ; Daniel 10:4).
Les chrétiens arméniens habitant l’Arménie turque comptaient environ 800000 âmes, mais les affreux massacres ordonnés par le sultan, et la mort causée par les souffrances endurées par ceux qui avaient survécu, ont bien réduit ce nombre. Outre ceux-là, beaucoup d’Arméniens sont dispersés dans diverses contrées où ils s’occupent surtout de commerce.
Le christianisme existait déjà en Arménie dans le second siècle, mais c’est au quatrième qu’il s’y établit définitivement. Un prêtre païen, fils d’un prince parthe, ayant été converti, déploya une très grande activité pour l’évangélisation de l’Arménie, et fut l’instrument de la conversion du roi et de tout son peuple. Ce zélé évangéliste se nommait Grégoire et fut surnommé l’Illuminateur, celui qui éclaire. Les Arméniens avaient une langue à eux, une des plus anciennes qui existent, et vers l’an 400, un nommé Mesrob, avec un autre du nom de Sahak, traduisirent la Bible du syriaque en langue arménienne. De nos jours, les missionnaires américains venus dans ce pays, y ont largement répandu la parole de Dieu.
Eutychès et ses partisans avaient été condamnés par le concile de Chalcédoine, en 451. Mais les églises arméniennes, très nombreuses, puisqu’elles comptaient plus de six cents évêques, repoussèrent les décisions de ce concile et se séparèrent de l’Église d’Orient, tout en conservant le même culte et les mêmes erreurs touchant la transsubstantiation, les sept sacrements, le culte de la Vierge et des saints. Un certain nombre se sont rattachés à l’Église romaine. Nous dirons quelques mots de ce que Dieu a opéré de nos jours parmi eux.
La vie religieuse était bien déchue chez les chrétiens arméniens ; ils ne s’attachaient plus qu’aux formes extérieures, mais retenaient cependant toujours le nom de Jésus Christ, le Fils de Dieu, le Sauveur, lorsqu’en 1832, Dieu mit au cœur de missionnaires américains de venir les évangéliser. Ces serviteurs de Dieu avaient pour but de réveiller les âmes par le moyen de la parole de Dieu, et de répandre l’instruction parmi les Arméniens qui étaient plongés dans une grande ignorance.
La première chose à effectuer était de faire imprimer la Bible dans la langue arménienne actuelle. C’est en 1842 que fut terminée l’impression du Nouveau Testament dans cette langue, et aussitôt on en répandit un grand nombre d’exemplaires. L’œuvre fut manifestement bénie de Dieu. Voici ce qu’écrivait un des missionnaires : « Il n’a probablement pas une ville dans le pays où les Écritures n’aient été portées. Nous pourrions en mentionner vingt où l’on trouverait des Arméniens qui sondent journellement la parole de Dieu, et qui désirent conformer leur vie à ses enseignements. En plusieurs endroits, le saint volume, imprimé dans l’arménien moderne, est regardé comme un nouveau message du ciel. Dans ces villes, il y a, tous les dimanches, des réunions dont le but spécial est l’étude des Écritures, et cela a lieu même dans des endroits où n’a jamais été aucun missionnaire étranger. C’est l’œuvre de la Bible seule. La Bible, dans leur ancienne langue, a toujours été pour les Arméniens un objet de vénération. Placée sur l’autel, elle est journellement présentée, après les prières, au peuple qui la baise dévotement. C’était presque un acte de superstition, mais cela a servi, sans doute, à leur faire recevoir avec respect ses enseignements, lorsqu’ils ont pu la lire dans une langue qu’ils comprennent. La lecture des Écritures a guéri plusieurs Arméniens de leur scepticisme. Ils ont été convaincus que, quelques manquements qu’ils aient vus chez les chrétiens de profession qui les entourent, la Bible renferme la vérité pure et vivante ». Un banquier arménien disait : « Notre nation a contracté une grande dette de reconnaissance envers ceux qui nous ont fait connaître la Bible et l’ont répandue dans une langue que nous comprenons. Ils ont sauvé de l’incrédulité, non seulement moi, mais plusieurs autres, car nous avons trouvé que le christianisme repose sur des fondements plus solides et plus profonds que nous ne le supposions, et qu’il y a dans la parole de Dieu quelque chose pour établir notre foi ».
Un jeune homme vint un jour pour acheter plusieurs exemplaires des Écritures en langue arménienne. « On m’a écrit », dit-il, « de ma ville natale, afin de me demander de l’argent pour la construction d’une église. Mais comme je désire plutôt bâtir une église de pierres vivantes, j’enverrai ma contribution sous la forme d’exemplaires de la parole de Dieu ». Dans un village, près de Nicomédie, une congrégation s’est formée, adoptant les Écritures comme unique règle de foi. Nul missionnaire n’avait été parmi eux, sauf le grand Missionnaire, la Bible. On raconte la même chose d’Alep, où plus de deux cents personnes se sont ainsi réunies, et il s’y en ajoutait journellement d’autres. Là aussi, c’est la lecture seule des Écritures qui a opéré dans les âmes sans l’action d’aucun missionnaire. Ainsi s’est répandue la parole de Dieu chez les Arméniens, jusqu’en des districts fort reculés et parfois par des moyens merveilleux. Ainsi, un certain nombre d’exemplaires des Écritures étaient tombés entre les mains d’une bande de Kurdes nomades, au nord de la Syrie. Ne sachant que faire de ces livres, ils les distribuèrent à la population arménienne qui demeurait près de leur campement, et qui les reçut avec joie.
C’est de cette manière que la parole de Dieu, en se répandant, se montrait ce qu’elle est, l’épée de l’Esprit, pour atteindre les cœurs et les consciences, la lumière pour éclairer l’intelligence et faire connaître les choses de Dieu et la puissance pour transformer la vie. Mais là où Dieu opère, Satan s’oppose. Les lecteurs de la Bible, que l’on nomma protestants, furent persécutés par les évêques qui accusaient les missionnaires de troubler et de diviser leur église nationale. Cela conduisit ceux qui avaient reçu l’Évangile à se constituer en Église séparée. Cependant les missionnaires avaient fondé des collèges, des séminaires, des écoles supérieures et primaires, de sorte qu’en même temps que la parole de Dieu, se propageait aussi l’instruction.
Nous n’avons pas à entrer ici dans le détail des persécutions sanglantes, des massacres en masse et en détail des malheureux Arméniens depuis 1890, et surtout en 1895-1896 ; massacres qui n’ont pas entièrement cessé, et qui ont amené la désolation et la misère dans ce pays (*). Les œuvres dont nous avons parlé en ont été plus ou moins entravées ; mais un fruit en a été porté et restera. Et Dieu connaît ceux qui, souvent peu éclairés, ont cependant préféré la mort au reniement du nom de Jésus.
(*) Depuis que ces lignes ont été écrites, il y a eu les terribles massacres de 1915, pendant la Première Guerre mondiale, et l’émigration d’un grand nombre d’Arméniens en Europe, en particulier en France. L’Église arménienne doit compter au total environ 3 millions et demi de fidèles dans le monde.
5.13 - Diverses formes religieuses
En parlant des Arméniens, nous avons été conduit à nommer les Turcs, leurs dominateurs. Cela nous amène naturellement à parler de Mahomet et de la religion qu’il a établie, qui porte son nom et que professent les Turcs.
L’apôtre Paul mentionne trois systèmes religieux dans lesquels se rangeaient de son temps tous les hommes. Il y avait les Juifs, les Grecs qui étaient idolâtres, et l’Assemblée de Dieu, c’est-à-dire les chrétiens (1 Corinthiens 10:32). C’est comme nous dirions maintenant, le paganisme, le judaïsme et le christianisme. À ces trois formes religieuses, qui existent encore de nos jours, il faut en joindre à présent une quatrième, l’islam (ou islamisme).
Les idolâtres ou païens formaient du temps de Paul comme aujourd’hui, la classe la plus nombreuse. Ce sont ceux qui adorent une multitude de divinités appelées idoles, nom donné surtout à leurs représentations en or, en argent, en pierre ou en bois (*1). Ces divinités étaient, ou les astres (*2), auxquels on attribuait plus qu’une existence matérielle, ou des êtres imaginaires dont on peuplait le ciel, la terre et les mers, attribuant à chacun une fonction et une puissance particulières, ou bien des animaux, même des reptiles et des plantes (*3). L’homme sent en lui-même le besoin d’une religion, c’est-à-dire de se rattacher à une puissance supérieure, à laquelle il puisse s’adresser pour être aidé ; mais le péché l’a éloigné de Dieu dont il n’a pas gardé la connaissance (*4), et Satan l’a conduit à l’idolâtrie, de sorte que, derrière les idoles, se trouvent en réalité les démons (*5). Mais ces dieux, loin de donner la paix à l’âme, la remplissent de terreur. Il faut toujours chercher à les apaiser, à gagner leur faveur. Qu’ils sont encore nombreux de nos jours les pauvres idolâtres ! À quelles superstitions impures et souvent sanglantes ne sont-ils pas adonnés ! Quelle dégradation n’y a-t-il pas chez un grand nombre ! Ils sont vraiment dans les ténèbres de l’ombre de la mort (*6). Depuis le commencement du christianisme, des messagers de bonnes nouvelles ont travaillé et travaillent encore parmi eux pour les amener à la connaissance du vrai Dieu et de Jésus Christ, son Fils, qu’il a envoyé dans ce monde pour sauver les pécheurs et les conduire dans le chemin de la paix et à la jouissance de la vie éternelle et bienheureuse. Que Dieu soutienne dans cette œuvre ceux qui s’y occupent. Prions pour eux.
(*1) Psaume 115:4 ; Jérémie 2:27 ; Actes 17:29.
(*2) 2 Rois 21:3 ; Sophonie 1:5.
(*3) Romains 1:22-23.
(*4) Romains 1:19-21.
(*5) 1 Corinthiens 10:20-21.
(*6) Ésaïe 9:2 ; Luc 1:79 ; Matthieu 4:16. 3.
L’idolâtrie a pris naissance très peu de temps après le déluge, car Josué dit au peuple d’Israël que leurs pères, avant Abraham, avaient servi d’autres dieux (*1). Elle se répandit bien vite sur la terre. Alors Dieu résolut de se choisir un peuple (*2) à qui il se ferait connaître, au sein duquel sa connaissance, comme seul vrai Dieu, serait gardée, son culte conservé (*3), et à qui il confierait ses oracles (*4) renfermant le grand dessein de ses pensées éternelles, l’envoi d’un Libérateur qui naîtrait au sein de ce peuple. Le peuple choisi devait avoir en horreur l’idolâtrie et rester absolument séparé des nations païennes (*6). Pour accomplir ce qu’il s’était proposé, Dieu se révéla à Abraham (*7), le fidèle croyant, dont les descendants, par Isaac et Jacob, devaient constituer le peuple choisi. Ce sont les Juifs, avec qui Dieu avait fait alliance, à qui il avait donné une loi, prescrit un culte, ordonné une sacrificature et qui avaient reçu de magnifiques promesses. Mais ce peuple comblé de tant de grâces, s’est montré ingrat, constamment rebelle, s’adonnant à l’idolâtrie, et perdant ainsi son caractère glorieux de témoin de Dieu, et cela malgré les avertissements, les menaces et les châtiments que Dieu multiplia, jusqu’à ce qu’il n’y eût plus de remède. Ils furent emmenés en captivité et assujettis à des rois étrangers et idolâtres. Dieu en ramena un certain nombre dans leur pays, afin que s’accomplît parmi eux la promesse du Libérateur, du Messie prédit par les prophètes (*8), et le Fils de Dieu lui-même, devenu un homme, a paru au milieu d’eux. Il était né de femme, descendant d’Abraham, de la race de David, selon les promesses (*9). Il venait les sauver de leurs péchés et établir le royaume de Dieu (*10). Mais les Juifs, sauf un très petit nombre, le rejetèrent et le firent mourir. Alors Dieu ne les reconnut plus pour un temps comme son peuple, et les plus terribles jugements tombèrent sur eux. Ils furent dispersés partout, n’ayant plus de pays, de ville sainte, de temple, de sacrifices. Nous les voyons dans cet état, et ils y resteront jusqu’à ce qu’ils se repentent et reconnaissent pour leur Messie et leur Roi, Celui qu’ils ont rejeté (*11).
(*1) Josué 24:2
(*2) Deutéronome 7:7 ; 10:15.
(*3) Deutéronome 7:9 ; 6:4 ; 10:12, etc. ; 12:10-14.
(*4) Romains 3:2.
(*5) Galates 4:4.
(*6) Deutéronome 5:6-10 ; 6:14 ; 7:3-6, 25, 26 ; 11:16.
(*7) Actes 7:2.
(*8) Michée 5:2 ; Ésaïe 7:14 ; 9:6-7 ; 11:1-10 ; Daniel 9:24-26.
(*9) Galates 4:4 ; Luc 2:7 ; Matthieu 1:1.
(*10) Matthieu 1:21 ; Marc 1:15.
(*11) Osée 3:4-5 ; Zacharie 12:10 ; 13:1.
En attendant, Dieu s’est tourné vers les pauvres païens plongés dans les ténèbres de leur ignorance, et a fait lever sur eux la lumière (*1). Il leur a fait annoncer l’Évangile, la bonne nouvelle du salut pour quiconque croit en Jésus mort, ressuscité et glorifié dans le ciel (*2) ; et il a envoyé l’Esprit Saint pour rendre témoignage à la gloire de Christ, pour demeurer en chaque croyant, et pour former l’Assemblée chrétienne en rassemblant les croyants autour du Seigneur (*3). Bien que les juifs, comme nation, aient été mis de côté, quiconque d’entre eux croit au Seigneur Jésus, est sauvé et fait partie de l’Assemblée ; mais il n’est plus Juif, il est chrétien, car dans l’Assemblée, il n’y a ni Juif, ni Grec, mais Christ est tout (*4). Quels précieux privilèges nous avons comme chrétiens ! Le grand, le merveilleux avantage que nous possédons, c’est d’avoir la révélation de tout ce qu’est Dieu, que « le Fils unique, qui est dans le sein du Père, nous a fait connaître » (*5).
(*1) Actes 13:46-47 ; 28:28.
(*2) Actes 13:38-39 ; 10:43.
(*3) Jean 14:16-17 ; 16:14 ; 1 Corinthiens 12:13.
(*4) Colossiens 3:11.
(*5) Jean 1:18.
Comme nous l’avons vu, Satan a réussi à faire entrer le mal dans l’assemblée chrétienne. Peu à peu elle a déchu de la pureté et de la simplicité primitives. Les grandes vérités du salut par la grâce ont été obscurcies, et l’on y a substitué le salut par les œuvres ; la vie a été remplacée par des formes extérieures ; à la place du culte en esprit et en vérité, on a établi un culte de cérémonies empruntées au judaïsme et au paganisme. L’Église s’est d’abord assujettie à l’État, pour avoir sa protection au lieu de celle de Dieu ; puis, enflée d’orgueil, elle a voulu le dominer à son tour. La mondanité s’est introduite chez elle, ensuite elle a glissé dans une idolâtrie pire que celle du paganisme, rendant un culte aux saints et à la Vierge et se prosternant devant des images. Des disputes incessantes l’ont déchirée ; d’un autre côté s’est élevée la puissance du pape de Rome, se prétendant vicaire de Jésus Christ sur la terre, et revendiquant l’autorité suprême sur toute l’Église, tandis que les évêques et les prêtres qui lui étaient soumis, exerçaient leur autorité sur les troupeaux. À cela il faut joindre une ignorance profonde.
Tel était l’état des choses dans la chrétienté, quand Mahomet parut et fonda sa nouvelle religion qui répudiait le paganisme, mais n’acceptait ni le judaïsme, ni le christianisme. L’islam, ou religion musulmane, fut un fléau terrible pour la chrétienté, surtout en Orient, et on peut dire pour tout le monde. Est-ce une religion vraie, ou qui a quelque chose de vrai ? Non. Malgré ses prétentions, elle est entièrement fausse. Mahomet est un faux prophète, et le Dieu qu’il veut qu’on adore, n’est pas le vrai Dieu. Souvenons-nous toujours qu’il n’y a qu’une seule et unique révélation de Dieu : celle qu’il a donnée par les prophètes, par son Fils et ses apôtres, et qui est contenue dans la Bible, laquelle tout entière est la parole de Dieu.
Ainsi, maintenant, sur la terre, il y a quatre grandes formes religieuses : le paganisme qui se subdivise en une multitude de formes diverses, depuis le bouddhisme jusqu’au fétichisme ou culte d’objets inanimés, et où Satan retient encore dans ses chaînes des multitudes d’esclaves. Ensuite l’islam qui prétend venir de Dieu, mais qui n’est qu’une illusion, une déception et un piège, encore plus funestes, de l’ennemi qui tient ainsi des millions d’hommes sous sa domination et dans les liens d’une erreur mortelle. En troisième lieu, le judaïsme, qui a bien le vrai Dieu, qui possède dans l’Ancien Testament une partie de la révélation de Dieu. Mais les Juifs sont désobéissants au vrai Dieu, en ne recevant pas le Christ, le Messie que l’Ancien Testament avait annoncé. Enfin, le christianisme qui a la pleine et complète révélation de Dieu dans l’Ancien et le Nouveau Testament. Les chrétiens ont le vrai Dieu, Père, Fils, et Saint Esprit. Le christianisme, dans sa forme extérieure, est la chrétienté avec ses nombreuses sectes. Mais quel que soit le déclin de l’Église ou l’Assemblée, c’est dans le christianisme seul que se trouve la vérité qui sauve. C’est là qu’est proclamé le nom de Jésus, le seul qui ait été donné parmi les hommes, et par lequel il nous faille être sauvés (*).
(*) Actes 4:12
L’Église a été désobéissante et est déchue. Le temps vient pour elle où elle sera vomie de la bouche du Seigneur (*1). Mais dans tous les temps Dieu a eu un résidu de témoins fidèles (*2). Et à certaines époques, il a suscité des hommes qui ont remis en lumière des vérités oubliées. C’est ainsi qu’au temps de la réformation, en combattant les erreurs de Rome, Luther, Calvin, Farel et d’autres ont remis en lumière la Bible, parole de Dieu, seule autorité infaillible, et la justification du pécheur par la foi en Jésus. Actuellement, ce qui a été rappelé aux chrétiens, c’est la vraie notion de ce qu’est l’Église et la grande vérité du retour prochain du Seigneur pour prendre les siens avec Lui. Nous sommes aux derniers temps, temps bien sérieux, et la parole du Seigneur à ceux — en petit nombre — qui ont reçu ces vérités, c’est : « Voici, je viens bientôt ; tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne » (*3).
(*1) Apocalypse 3:16.
(*2) Apocalypse 2:13, 24 ; 3:4.
(*3) Apocalypse 3:11.
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Mahomet et sa religion
Mahomet naquit en l’an 570 à la Mecque, en Arabie, où l’idolâtrie subsistait presque partout. Ayant perdu son père de très bonne heure, il fut élevé par son oncle Abou Taleb, qui le mit dans le commerce. Il eut ainsi l’occasion de faire de fréquents voyages en Syrie, et là, ayant été en contact avec des chrétiens et avec des Juifs, il apprit à connaître l’Ancien et le Nouveau Testament. Mais là il fut aussi témoin des divisions, des pratiques superstitieuses et de la mondanité qui s’étaient glissées dans l’Église et qui déshonoraient le nom de Christ. Mahomet voyait donc d’un côté la folie de l’idolâtrie, et d’un autre ne voulait ni du judaïsme, ni du christianisme défiguré qu’il avait eu sous les yeux. Il pensa alors établir une religion plus pure, en prenant dans les livres saints des Juifs et des chrétiens ce qui lui convenait, et il y mêla ses propres pensées. Pour faire recevoir cette religion, il prétendit avoir eu des révélations de Dieu.
En lisant les Écritures, Mahomet n’avait pas appris à connaître le Dieu vivant et vrai qu’elles révèlent, ni Jésus Christ, son Fils, le Sauveur, qu’elles nous présentent. D’où lui venait donc la pensée d’établir une nouvelle forme religieuse ? Ce n’était pas de Dieu assurément, mais de celui qui autrefois avait poussé les hommes à l’idolâtrie, de Satan, le père du mensonge, menteur et meurtrier dès le commencement (Jean 8:44), car, en effet, l’islam est basé sur un mensonge, et est une religion de sang. Et c’était une séduction d’autant plus dangereuse qu’elle se voilait sous une belle apparence, celle de proclamer un Dieu unique. Dans les terribles temps à venir, Satan réussira encore à susciter un faux prophète plus dangereux que Mahomet même, qui séduira les hommes et leur fera croire au mensonge (lire Apocalypse 12:9 ; 13:14 ; 19:20 ; 2 Thessaloniciens 2:8-11).
Ce ne fut qu’à l’âge de quarante ans que Mahomet commença à se donner comme prophète, envoyé de Dieu. Il avait épousé à 25 ans, une riche veuve plus âgée que lui, et pendant les quinze années qui suivirent son mariage, il se retirait fréquemment dans une caverne du mont Hira, près de la Mecque. Un jour, en revenant de sa retraite, il déclara à sa femme qu’il avait reçu la visite de l’ange Gabriel qui lui avait annoncé sa mission d’envoyé de Dieu. Dès lors il commença à enseigner sa doctrine, mais seulement dans sa maison et à un petit cercle d’amis et de connaissances. Sa femme fut son premier disciple ; puis il gagna plusieurs membres de sa famille et quelques personnages notables de la ville. Il leur enseignait qu’il fallait croire en un seul Dieu, et le reconnaître, lui, Mahomet, pour son prophète ; ensuite croire à des récompenses et des châtiments à venir, et comme formes religieuses, il imposait des ablutions et des prières. Ce n’était pas, disait-il, une nouvelle religion, mais celle de leur ancêtre Abraham (*), restaurée dans sa pureté. Il appuyait ses doctrines sur de prétendues révélations que lui apportait, disait-il, l’ange Gabriel. Ces révélations recueillies et réunies dans la suite, formèrent le Coran, ou livre sacré des mahométans.
(*) Les Arabes, issus en partie d’Ismaël, sont de fait descendants d’Abraham.
Après trois ans, le nombre de ses adhérents ne montait encore qu’à quarante. Il n’avait jusqu’alors fait connaître sa doctrine qu’à un nombre restreint de personnes, mais enfin il se décida à l’annoncer publiquement et à attaquer avec force l’idolâtrie de ses compatriotes. Ceux-ci irrités, l’auraient tué sans l’intervention de son oncle. L’opposition ne découragea pas Mahomet, il continua à prêcher et vit le nombre de ses partisans s’accroître. Mais en l’an 622, ses adversaires excitèrent le peuple contre lui, et il se vit obligé de s’enfuir à Yatreb, ville qui depuis fut nommée Médine (Médinet al Nabi, c’est-à-dire ville du prophète). C’est de cette année que date l’ère mahométane (*) nommée hégire, ou fuite. Mahomet avait à Médine un certain nombre de partisans qui avaient gagné les habitants à sa cause. Ils vinrent à la rencontre du prophète méprisé, et le saluèrent comme roi et prophète.
(*) C’est-à-dire que c’est à partir de cette époque que les mahométans comptent leurs années, comme nous les comptons à partir de la naissance du Seigneur.
Ce fut le commencement de ses succès. Ses révélations lui ordonnèrent d’employer le glaive contre les idolâtres et ceux qui ne se soumettraient pas à lui. Une grande armée de ses ennemis, à laquelle s’étaient joints les Juifs, vint investir Médine ; mais Mahomet réussit à semer la division parmi les principaux chefs qui, l’un après l’autre, abandonnèrent le siège. Une trêve de dix ans fut conclue, d’où les Juifs étaient exclus. Mahomet assiégea et prit plusieurs de leurs villes, s’empara de leurs biens, fit prisonniers leurs femmes et leurs enfants, et tua la plupart des hommes.
Les habitants de la Mecque ayant violé la trêve, Mahomet, à la tête de dix mille guerriers, les attaqua et s’empara de la ville. Les habitants se soumirent à lui et il pardonna à tous ceux qui embrassèrent sa foi. Ensuite il détruisit les 360 idoles qu’ils adoraient, fit disparaître tout vestige d’idolâtrie, orna leur temple et le consacra au culte du seul Dieu. Puis il fit ses prières et ses dévotions dans le sanctuaire appelé Kaaba, petit édifice qui se trouve au milieu du temple et que l’on dit avoir été érigé par Abraham. Là se trouve une pierre noire, objet de la vénération des fidèles, et qui passe pour avoir été autrefois un autel consacré au vrai Dieu (*).
(*) Chaque année des milliers de mahométans de tous pays viennent en pèlerinage à la Mecque, la ville sainte. Tout mahométan doit faire ce pèlerinage au moins une fois en sa vie. Il en rapporte le titre de « hadji », c’est-à-dire pèlerin.
Mahomet devint ainsi chef suprême, à la fois religieux et temporel, de toute l’Arabie. Il projetait d’attaquer l’empire romain d’Orient qui subsistait encore, mais la mort mit un terme à ses desseins. En l’an 632, il fit encore un pèlerinage à la Mecque, et là, après avoir fait ses dévotions, s’adressant à la foule qui l’entourait, il dit : « Écoutez mes paroles et qu’elles descendent dans vos cœurs. Je vous ai laissé une loi. Si vous vous y attachez, elle vous préservera toujours de l’erreur. C’est une loi claire et positive, un livre dicté d’en haut. Ô mon Dieu ! ai-je accompli ma mission ? ». Et mille voix répondirent : « Oui, tu l’as accomplie ! » Le prophète ajouta : « Ô mon Dieu ! entends ce témoignage ». On voit comment jusqu’au bout, il séduisait les autres, étant séduit lui-même (2 Timothée 3:13). L’esprit de mensonge, sous de beaux semblants, parlait par sa bouche.
Mahomet retourna chez lui et mourut peu après. La nouvelle de sa mort jeta une grande consternation chez tous ses sectateurs, qui avaient pensé qu’un prophète tel que lui ne pouvait pas mourir. Mais quelqu’un de la foule s’écria : « Musulmans, sachez que Mahomet est mort, mais Dieu est vivant et ne peut mourir. Oubliez-vous ce passage du Coran : « Mahomet n’est pas plus qu’un apôtre ; d’autres apôtres sont morts avant lui ». Et cet autre passage : « Tu mourras certainement, ô Mahomet ! et eux aussi mourront » ?
Cette citation du Coran apaisa les esprits : il était clairement révélé que le prophète devait mourir. Alors se posa la question importante de savoir qui lui succéderait. Abou Bekr, dont Mahomet avait épousé la fille, fut élu, et devint ainsi le premier « calife », c’est-à-dire le vicaire ou remplaçant de Mahomet.
* * *
Le caractère personnel de Mahomet n’apparaît pas sous un jour bien élevé. Avait-il besoin d’une sanction sur un de ses actes, si injuste ou déloyal ou immoral fût-il, il apportait aussitôt une révélation qu’il disait tenir de Dieu. Plus d’une fois il se justifia ainsi d’avoir tué ses ennemis, violé ses serments et épousé l’une après l’autre plusieurs femmes. Nous avons déjà dit un mot de sa doctrine. Il reconnaissait les Écritures saintes, auxquelles il avait emprunté plusieurs choses, comme étant des livres divins, mais il prétendait que les Juifs et les chrétiens les avaient altérées, et que lui avait été envoyé pour rétablir la vérité. Il tenait pour des prophètes suscités pour instruire les hommes, Noé, Abraham, Moïse et d’autres, nommés dans l’Ancien Testament. Mais à l’égard du Seigneur Jésus, notre adorable Sauveur, son langage est tout à fait blasphématoire. Il dit bien : « Le plus grand de tous les prophètes est Jésus, le Fils de Marie », mais il niait qu’il fût le Fils de Dieu. « Le Messie Jésus », dit-il, « le fils de Marie, n’est qu’un apôtre de Dieu… Dieu est un seul Dieu ; c’est porter atteinte à sa gloire de dire qu’il a un Fils. Ce sont des infidèles ceux qui disent que le Messie, fils de Marie, est Dieu. Dieu est un, Dieu est éternel ; il n’engendre point et n’a pas été engendré. Il n’y a personne qui lui soit semblable ». Tout cela est formellement opposé à ce que nous dit la parole de Dieu (lire avec soin Jean 1:1, 14, 18 ; Romains 1:3-4 ; 9:5 ; Philippiens 2:6 ; Colossiens 1:14-17 ; Hébreux 1:1-3 ; 1 Jean 1:1 ; 4:15). Que nous dit encore l’apôtre Jean : « Quiconque nie le Fils n’a pas non plus le Père » (1 Jean 2:23), c’est-à-dire qu’il ne connaît pas vraiment Dieu, et ne peut être son enfant. Jean dit aussi : « Celui qui a le Fils a la vie, celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie » (1 Jean 5:12). Et cette vie est la vie éternelle. On n’a donc la vie éternelle, on ne peut donc être sauvé qu’en reconnaissant Jésus comme étant le Fils de Dieu, et en croyant en Lui (Jean 3:16, 18, 36). Nous voyons ainsi dans quelle erreur mortelle l’islam retient les âmes.
Mahomet insistait sur l’unité de Dieu. Il semble beau et grand de dire : « Il n’y a qu’un seul Dieu ; Dieu est éternel, etc ». Cela est certain du vrai Dieu, mais le Dieu de Mahomet est-il le vrai Dieu, Celui que l’Écriture nous révèle ? Non. Dieu est lumière, et le Coran n’est que ténèbres, car il ne révèle pas Dieu dans sa nature comme Père, Fils et Saint Esprit, ni dans son caractère moral, et il ne fait pas connaître le moyen, pour l’homme pécheur, d’être sauvé et d’approcher d’un Dieu juste et saint. Dieu est amour, et le Coran ne respire que haine, vengeance et meurtre. Dieu est saint et pur, et le Coran sanctionne toutes les convoitises et va jusqu’à promettre à ses sectateurs un paradis de jouissances sensuelles. C’est un des moyens par lesquels il retient les hommes dans ses liens, en flattant la chair et ses passions, tandis que l’apôtre Paul nous dit que « ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair avec les passions et les convoitises » (Galates 5:24).
L’islam est donc tout l’opposé du vrai christianisme ; il est une œuvre du diable, une affreuse séduction de l’ennemi, qui a ainsi entraîné des millions d’âmes et en retient des millions dans une erreur mortelle, loin du vrai Dieu et du salut. Les conquêtes des successeurs de Mahomet furent rapides et s’étendirent au loin, et, de nos jours, deux cents millions d’hommes sont courbés sous ce joug. On pourrait penser que la religion de Mahomet est un progrès sur le paganisme, en ce qu’elle tourne les pensées de l’homme vers un Dieu unique, invisible et éternel. Mais ce Dieu n’est pas plus le vrai Dieu que ne le sont les idoles, puisque comme elles, il laisse l’homme se livrer à ses passions, et qu’il n’ouvre pas, au pécheur perdu, la voie du salut, de la vie et de la paix. « C’est ici la vie éternelle », dit le Seigneur, « qu’ils te connaissent seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ » (Jean 17:3). Voilà la voie royale, celle du salut, de la vie et du ciel, car Jésus a dit : « Je suis le chemin, et la vérité, et la vie ; nul ne vient au Père que par moi » (Jean 14:6). Quel contraste avec l’islam qui proclame : « Il y a un seul Dieu, et Mahomet est son prophète », qui tolère le péché et verse le sang ! L’islam, précisément parce qu’il a une certaine apparence de vérité supérieure au paganisme, tient d’autant plus loin de Christ ses sectateurs. C’est une chose très rare de voir un mahométan devenir chrétien, tandis que des millions de païens croient en Christ pour le salut. Quel accord peut-il y avoir entre un mahométan et un vrai chrétien, si ce n’est que celui-ci priera pour l’autre, afin que Dieu l’éclaire ? Rendons grâces à Dieu qui s’est fait connaître à nous par son Fils, en qui sont venues « la grâce et la vérité », et prions pour les mahométans, aussi bien que pour les païens, et pour les ouvriers du Seigneur qui travaillent chez les uns et chez les autres.
Re: Forum Religion Catholique
L’Église Romaine et sa Domination
La Papauté et le Papisme
Tandis que l’islam, la religion du faux prophète, envahissait de vastes contrées, principalement en Orient, et en faisait presque disparaître le nom chrétien, que devenait l’Église ? Laissant de côté, si importante que serait leur histoire, ce que l’on nomme l’Église grecque et les diverses églises et sectes chrétiennes de l’Orient, nous nous bornerons presque exclusivement à l’Église occidentale. Elle subsiste encore maintenant, bien qu’amoindrie, et prend le nom d’Église catholique, apostolique et romaine. Nous en avons déjà dit quelques mots.
Cette Église constitue un vaste système qui s’est formé peu à peu sur les ruines de l’Église primitive à laquelle elle prétend se rattacher, mais dont elle n’est que la corruption, et qui s’est développé surtout au Moyen Âge, son apogée se plaçant du 11° au 14° siècle. Elle se pare du titre de catholique ou universelle, mais à tort, car nombre de ceux qui professent le christianisme, comme les adhérents aux Églises d’Orient et aux diverses dénominations protestantes, se sont séparés d’elle : elle groupe à peu près la moitié des hommes qui se disent chrétiens. Elle prend le nom d’apostolique, parce qu’elle se dit fondée par des apôtres, ce qui est inexact, et parce qu’elle prétend suivre leurs enseignements, dont, au contraire, elle s’est largement écartée, ainsi que son histoire et ses doctrines le montrent. Enfin, elle ajoute à ces titres celui de romaine, et à bon droit, parce que le pape, qui dans l’origine, était simplement l’évêque de Rome, en est le chef suprême. De là vient le nom de Romanisme que l’on donne à l’ensemble de son organisation, de son culte et de ses doctrines. On emploie aussi les termes de Papauté et de Papisme, le premier de ces mots s’appliquant à la suite des papes et à leur pouvoir, le second au système religieux dont le pape est le chef.
La Papauté
L’Église romaine dit être la seule vraie Église, et ses docteurs prétendent que hors d’elle il n’y a point de salut. C’est ainsi que, par la crainte d’être perdues, elle retient dans son sein quantité d’âmes ignorantes. Cette prétention est-elle vraie ? Ceux qui ne possèdent pas la Bible, la parole de Dieu, peuvent le croire sur la foi des prêtres et des catéchismes qui les instruisent, mais que dit l’Écriture sainte ? C’est que la vraie Église — l’Église de Dieu — est formée de tous les vrais croyants au Seigneur Jésus, qui sont lavés de leurs péchés dans le sang de l’Agneau et scellés de l’Esprit Saint, qu’ils appartiennent ou non à l’Église romaine. Ils ne sont pas sauvés parce qu’ils font partie d’une Église ou d’une forme religieuse quelconque, mais ils sont sauvés parce qu’ils croient au Seigneur Jésus, et alors ils appartiennent à l’Église ou l’Assemblée de Dieu. L’Écriture dit : « Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé », et non : crois à l’Église ; et encore : « Il n’y a de salut en aucun autre (que Jésus) ; car aussi il n’y point d’autre nom sous le ciel, qui soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être sauvés » (Actes 16:31 ; 4:12) ; mais elle ne dit pas « hors de l’Église romaine ou d’une autre, il n’y a point de salut ».
L’Église romaine, comme celle d’Orient et d’autres systèmes religieux dans la chrétienté, se compose de deux classes de personnes, le clergé et le peuple ou les laïques : distinction que nous ne trouvons pas dans la parole de Dieu. Le Seigneur disait à ses disciples : « Vous êtes tous frères » (Matthieu 23:8). Il est vrai que, dans sa grâce, il a donné des apôtres et prophètes, des évangélistes, des pasteurs et docteurs, pour fonder et former l’Église ou l’Assemblée, puis pour l’édifier, la nourrir, l’exhorter et l’instruire (Éphésiens 4:11-13) ; mais ils ne constituent pas une caste à part ; ils sont des serviteurs de Christ et de l’Église (Colossiens 1:23-25), et des membres du corps de Christ, sans plus de prérogative ou d’autorité que le plus faible chrétien (1 Corinthiens 12:13, 18-23, 28).
Le clergé, dans l’Église romaine, comprend tous les prêtres, évêques, archevêques, cardinaux, et enfin à la tête de tous, le pape, qui s’intitule chef de l’Église et vicaire de Jésus Christ, c’est-à-dire son représentant ou son substitut sur la terre. On peut aisément voir combien cette prétention est contraire à la parole de Dieu. Celle-ci nous dit que Christ, dans le ciel, est le Chef ou la Tête de l’Église ou l’Assemblée qui est son corps (Éphésiens 1:22-23 ; Colossiens 1:18), et nulle part, elle ne nous parle d’un chef sur la terre. Sur quoi donc les papes de Rome s’appuient-ils pour s’arroger une telle position ? Ils disent que c’est comme successeurs de l’apôtre Pierre, qui, d’après eux, était le chef des apôtres, et qui a été le premier évêque ou pape de Rome, selon leur dire. Ils citent comme preuve les passages où il est dit : « Tu es Pierre (*) ; et sur cette pierre (**) je bâtirai mon assemblée (ou Église), et les portes du hadès (***) ne prévaudront pas contre elle ». Et encore : « Je te donnerai les clefs du royaume des cieux ; et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux ; et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux » (Matthieu 16:18-19). Mais ni ces passages, ni aucun autre dans l’Écriture, ne disent que Pierre eût une autorité quelconque sur les autres apôtres. En premier lieu, le roc sur lequel l’Église est bâtie, n’est pas Pierre, mais la vérité contenue dans la confession qu’il fit que Jésus était « le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Verset 16). Pierre n’était qu’une pierre dans l’édifice de l’Église qui devait s’élever après la mort, la résurrection et l’ascension du Seigneur. Il est vrai que les apôtres et prophètes sont le fondement de l’Église, mais Pierre ne l’est pas plus qu’un autre (Éph. 2:20 ; Apoc. 21:14), et la maîtresse pierre du coin n’est pas Pierre, mais Jésus Christ, comme Pierre lui-même le dit (1 Pierre 2:4-6). Ainsi les prétentions des papes n’ont aucun fondement de vérité et ravissent au Seigneur Jésus sa gloire.
(*) Littéralement « une pierre ».
(**) Littéralement « ce roc ».
(***) Le hadès, le lieu invisible, où les âmes des hommes vont après la mort. Ce mot a été traduit improprement par enfer.
Les docteurs de l’Église romaine prétendent aussi que les paroles du Seigneur à Pierre : « Pais mes brebis » et « pais mes agneaux » (Jean 21:15-17), sont une preuve que Pierre et ses successeurs étaient établis sur les prêtres en général, désignés par les brebis, et sur les laïques, représentés par les agneaux. Mais la triple exhortation du Seigneur avait pour but de réintégrer Pierre après sa chute, et de lui confier les agneaux et les brebis de la circoncision, c’est-à-dire les Juifs qui se convertiraient. Pierre était essentiellement l’apôtre de la circoncision, c’est-à-dire l’envoyé du Seigneur auprès des Juifs, comme Paul était l’apôtre de l’incirconcision, c’est-à-dire l’envoyé du Seigneur auprès des nations, des païens (Galates 2:7-10), bien qu’à l’occasion, Pierre ait prêché l’Évangile aux nations, et Paul aux Juifs. À qui s’adresse la première épître de Pierre ? C’est aux Juifs convertis dispersés parmi les nations. Et d’où l’écrivait-il ? De Babylone, loin de Rome, au milieu des nombreux Juifs qui s’y trouvaient (1 Pierre 1:1 ; 5:13). Qu’il ait jamais été à Rome, est une chose douteuse ; qu’il en ait été le premier pape, n’a point de fondement solide.
Enfin, quant aux clefs du royaume des cieux confiées à Pierre, en tout cas ce ne sont pas celles du ciel. Il ouvrit le royaume des cieux aux Juifs le jour de la Pentecôte, en leur annonçant l’Évangile, et il l’ouvrit à Corneille et aux gentils, en leur prêchant Christ (Actes 2:36-41 ; 10:43-48). Les Juifs y étaient reçus, bien qu’ils eussent rejeté Christ, s’ils se repentaient et croyaient en Lui ; et les gentils, bien que n’y ayant aucun droit, y étaient aussi reçus en croyant au Seigneur, et ainsi des deux peuples, Christ n’en faisait qu’un (Éphésiens 2:13-15). C’est ainsi que Pierre fit usage des clefs qui lui étaient confiées par le Seigneur. Il lia et délia, en annonçant aux uns et aux autres que leurs péchés étaient pardonnés s’ils croyaient au Seigneur Jésus ; mais que, s’ils étaient incrédules, ils périraient. Mais lier et délier n’appartenait pas seulement à Pierre. Le Seigneur dit que c’est le privilège des deux ou trois assemblés en son nom, c’est-à-dire de toute assemblée ou Église de Dieu, si peu nombreuse soit-elle ; et il étend le même privilège de remettre ou retenir les péchés à tous les disciples individuellement (Matthieu 18:18-20 ; Jean 20:23). Sans doute que le Seigneur accorda un grand honneur à Pierre ; mais a-t-il eu des successeurs ? Nulle part, dans la parole de Dieu, il n’est question de succession apostolique, ni de succession d’aucun genre à des charges ecclésiastiques. Paul, avant son départ, dit aux anciens d’Éphèse : « Je vous recommande à Dieu, et à la parole de sa grâce » (Actes 20:32), et non aux prêtres, aux évêques, ni au pape, ni à l’Église.
À proprement parler, le clergé, et le pape à sa tête, est ce qui constitue l’Église romaine. Ils forment une caste à part, et sont les intermédiaires entre Dieu et les hommes. Les laïques ne sont rien, et n’ont qu’à recevoir et croire les yeux fermés ce que l’Église dit ; car l’Église n’a pas erré, et ne peut errer, disent les docteurs romains. Elle est infaillible dans ses enseignements, et son chef, le pape, est infaillible lorsqu’il parle ex cathedra (du haut de la chaire) pour définir une doctrine de l’Église universelle. Aux laïques il appartient d’obéir, et ceux qui, laïques on non, ne se soumettent pas en tout aux enseignements de l’Église ou s’en écartent, sont des hérétiques, que l’Église rejette de son sein, et même, quand elle en a eu le pouvoir, elle les a livrés au bras séculier pour être punis. C’est ainsi qu’au Moyen Âge surtout, ont sévi de cruelles persécutions contre les saints qui s’attachaient à la parole de Dieu et dont l’Église romaine a fait verser le sang (Apocalypse 17:6).
L’Écriture, qui parle d’anciens et de serviteurs de Dieu dans l’Assemblée ou l’Église, ne forme d’eux nullement une caste à part. Ils sont appelés à être les modèles du troupeau, et ne doivent pas dominer sur lui (1 Pierre 5:2-4). Ils sont établis de Dieu, et non par l’homme, ni en vertu d’une succession (Actes 20:28). Et quant à l’Église, elle n’enseigne pas, mais elle doit être la colonne et le soutien de la vérité (1 Timothée 3:15), et cette vérité est la parole de Dieu, que les serviteurs de Dieu annoncent, expliquent et appliquent, et que l’Église a la responsabilité de maintenir. Or l’Église romaine, loin d’être la colonne de la vérité, s’en prétend la source et, en fait, enseigne et soutient l’erreur mêlée à la vérité.
L’Église romaine se vante aussi de son unité. Elle est une en effet extérieurement, en ce sens que tous ceux qui professent la reconnaître sont soumis à son joug. La vraie Église de Christ, l’Assemblée qui est son corps, est seule réellement une, selon ce que dit l’apôtre : « Il y a un seul corps », dont Christ est la Tête, et dont tous les vrais croyants sont les membres (Éphésiens 1:23 ; 4:4 ; 1 Corinthiens 12:12, 13). Mais l’Église a sa manifestation extérieure, et aurait dû en cela montrer l’unité. Malheureusement Satan a réussi à y semer la division ; l’Église a manqué, et l’on ne voit, dans ce qui se nomme la chrétienté, que divisions et sectes.
On aurait peine à s’imaginer, si l’histoire ne l’attestait, jusqu’où l’ambition a pu conduire certains papes de Rome. Non contents de dominer sur le clergé entier et par le clergé sur le peuple, ils prétendirent être au-dessus des princes, des rois et des empereurs. Tous leurs efforts, durant des siècles, ont tendu à établir ce pouvoir universel, au temporel aussi bien qu’au spirituel. Sans entrer dans des détails, ni présenter l’histoire des usurpations successives des papes dans ces deux domaines, je citerai quelques exemples.
Le pape Grégoire VII (*), homme énergique, qui voulait réformer l’Église et la purifier de la corruption profonde dans laquelle le clergé était tombé, disait, non sans orgueil : « Le pontife romain est évêque universel ; son nom n’a point son pareil dans le monde entier. À lui seul appartient de déposer les évêques, comme aussi de les réintégrer. Tous les princes sont tenus de lui b..... les pieds. Il a le droit de déposer les empereurs, et de délier les sujets de leurs devoirs envers eux… Tous les royaumes doivent être regardés comme des fiefs (comme dépendants) du siège de saint Pierre. L’Église ne doit pas être la servante des princes, mais leur maîtresse. Ayant reçu le pouvoir de lier et délier dans le ciel, à plus forte raison l’a-t-elle dans les choses terrestres ». Ces paroles audacieuses rappellent ce que nous dit l’Esprit Saint, au 17° chapitre de l’Apocalypse, où la fausse Église de l’avenir, Babylone, est représentée comme une femme assise sur la bête qui figure la puissance impériale (Versets 3 à 6).
(*) Il occupa le siège pontifical de 1073 à 1085.
C’est ce même pape qui exigea que tous les ecclésiastiques fussent voués au célibat, afin d’avoir toute une armée d’hommes dégagés des liens de famille et dévoués à l’Église romaine, et qui n’attendissent que de Rome leur mot d’ordre. Auparavant les prêtres pouvaient être mariés ou non ; les moines seuls ne devaient pas l’être. Grégoire voulut que les prêtres qui étaient mariés se séparassent de leurs femmes, et comme un grand nombre se révoltaient contre cette mesure, il leur dit : « Peut-il espérer d’avoir le pardon de ses péchés, celui qui méprise l’homme qui ouvre et ferme à sa volonté la porte du ciel (*) ? Ceux-là attirent sur leurs têtes la colère divine et la malédiction apostolique ». Ce célibat forcé n’est-il pas en opposition avec ce que nous apprend Paul, quand il dit : « Il faut que le surveillant (ou évêque) soit irrépréhensible, mari d’une seule femme » (1 Timothée 3:2), et qu’à Tite il dit que l’ancien (ou prêtre) soit « mari d’une seule femme » ? (Tite 1:6). Et n’est-ce pas la réalisation des paroles prophétiques de Paul : « Défendant de se marier » ? (1 Timothée 4:3).
(*) Nous voyons par ces paroles quelle autorité Grégoire VII attribuait aux papes. Qui peut ouvrir ou fermer, si ce n’est Christ ? (Apocalypse 3:7).
Innocent III, l’un des successeurs de Grégoire (*), et grand persécuteur des fidèles de son temps, disait : « Le serviteur que le Seigneur a établi sur son peuple, est le vicaire de Christ, le successeur de saint Pierre. Il est l’oint du Seigneur : entre Dieu et les hommes : au-dessous de Dieu, au-dessus des hommes ; moindre que Dieu, plus que l’homme. Il juge tout et n’est jugé par personne ». Quel langage audacieux et blasphématoire, qui rappelle ce que l’apôtre dit de l’homme de péché ! (2 Thessaloniciens 2:3-4). Ce n’est pas que les papes soient l’homme de péché : celui-ci paraîtra quand les saints auront été ravis auprès du Seigneur, mais ils portent le même caractère d’orgueil. Quelle différence avec Pierre, dont ils se disent les successeurs ! Le saint apôtre écrivait : « J’exhorte les anciens qui sont parmi vous, moi qui suis ancien avec eux » (**), et non au-dessus d’eux.
(*) Il fut pape de 1198 à 1216.
(**) 1 Pierre 5:1.
Quels sombres temps que ceux que l’on nomme le Moyen Âge ! Pour tenir les princes et leurs sujets sous leur domination et celle du clergé, les papes se servirent d’une arme redoutable, surtout dans ces temps d’ignorance et de superstition. C’est l’interdit. Plus tard, ils établirent le terrible tribunal de l’inquisition, dont nous parlerons.
L’interdit était une sentence par laquelle étaient défendus l’administration des sacrements, le culte public et les funérailles ecclésiastiques, c’est-à-dire accomplies avec les cérémonies de l’Église. L’interdit pouvait être prononcé contre une personne ; elle était ainsi excommuniée, privée de tout culte, ne pouvant entrer dans une église, et considérée comme un lépreux avec qui on ne devait avoir aucune communication. Elle était séparée de la communion chrétienne et bannie du royaume céleste, disait Rome. Les papes, au temps de leur puissance, osèrent frapper d’interdit des rois et des empereurs, comme l’histoire nous l’apprend, et causèrent ainsi de grands troubles et des guerres. Quelquefois l’interdit frappait une ville, un territoire ou un pays, et alors tous les habitants étaient comme excommuniés. Les enfants restaient sans baptême, on ne sonnait plus les cloches pour appeler les fidèles aux églises, on ne célébrait aucun culte, ni cérémonie religieuse, le clergé ne portait plus aux malades et aux mourants les consolations de la religion, et les morts étaient portés en terre sans qu’un prêtre les accompagnât. La terreur était ainsi jetée dans les âmes simples et superstitieuses de cette époque. Tel est encore un trait de la puissance que les papes s’étaient arrogée sur les âmes pour les soumettre.
On comprend que les princes et les peuples aient porté impatiemment ce joug et lutté pour s’y soustraire. Depuis les temps de la Réformation, l’Église romaine a dû renoncer à faire valoir ses prétentions de domination sur les princes et leurs sujets, et à se servir de l’interdit. Mais au fond, elle n’a pas changé. Ne pouvant dominer ouvertement, elle cherche à s’assujettir les consciences, et a bien des moyens pour y parvenir, étant d’une habileté consommée pour arriver à ses fins. C’est une puissance en apparence très déchue et amoindrie, mais qui subsiste toujours et a une grande vitalité. Nous vivons au milieu d’elle, et elle est industrieuse pour attirer à elle et séduire les âmes par ses cérémonies, son culte pompeux qui parle aux sens, et parce qu’elle sait revêtir un beau semblant de piété et de vérité, de manière à répondre aux besoins religieux de certaines âmes. Et c’est parce qu’on peut aisément se laisser enlacer par les séductions (Apocalypse 2:20) de cette Église qui se dit la seule vraie, qu’il est bon qu’elle soit présentée sous ses véritables traits, en présence de la parole de Dieu.
Mais avant de parler de ses enseignements erronés, il faut nous rappeler qu’elle confesse et conserve les grandes vérités fondamentales que nous enseigne la parole de Dieu. Ainsi, elle maintient qu’il n’y a qu’un seul Dieu en trois Personnes, le Père, le Fils, et le Saint Esprit (Matthieu 28:19). Elle confesse aussi que Jésus Christ, le Fils unique et éternel de Dieu, une Personne divine, est devenu un homme sur la terre, pour accomplir sur la croix la rédemption des pécheurs (Jean 1:1-18). Elle reconnaît qu’il y a un ciel pour les sauvés, et un enfer pour les incrédules. Il peut donc y avoir, et il y a eu dans son sein de vrais enfants de Dieu, des âmes qui, croyant simplement au nom, à l’amour et au sacrifice du Seigneur Jésus, sont sauvés, car « celui qui croit au Fils a la vie éternelle » (Jean 3:36). Mais l’Église romaine a enfoui ces saintes vérités et d’autres qui s’y rapportent, sous un amas d’ordonnances, de cérémonies et de pratiques extérieures, et y a joint quantité d’erreurs, de sorte que ce sont ces choses-là qui prédominent, et qu’elle présente comme nécessaires au salut, au lieu de la foi simple au Seigneur Jésus. De cette manière, les âmes sont retenues loin de Dieu et du Sauveur, et ainsi elles sont privées de la paix ; et de plus, elles sont livrées, comme nous le verrons, à une idolâtrie pire que celle du paganisme. Le christianisme par elle est entièrement défiguré, et quantité d’âmes sont conduites à la perdition.
On demandera peut-être : « Cette Église ne reconnaît-elle donc pas la Bible, les Écritures, comme la parole de Dieu, puisqu’elle s’écarte tellement de son enseignement ? ». Oui, certainement elle les reconnaît comme telle, et c’est même un fait digne de remarque que c’est elle qui a conservé ce dépôt des Écritures qui la condamnent, de même qu’autrefois les Juifs conservaient l’Ancien Testament (Romains 3:2). C’est dans les couvents de l’Église romaine que des moines copiaient les manuscrits de la Bible et les gardaient soigneusement. Mais comme les Juifs l’avaient fait aussi — sans parler des livres apocryphes (*), qu’elle a joints au saint volume — elle a mis à côté de l’Écriture la tradition qu’elle nomme la parole de Dieu non écrite, et dont elle prétend avoir le dépôt. C’est sur la tradition qu’elle appuie ses erreurs et ses pratiques religieuses, et ainsi, comme autrefois le Seigneur le reprochait aux Juifs, elle annule l’Écriture par ses traditions (Matthieu 15:3-6).
(*) Les livres apocryphes (ou cachés) sont des compositions qui n’ont jamais été reçues comme inspirées, par les Juifs, auxquels les oracles de Dieu ont été confiés (Romains 3:2) ; néanmoins le concile de Trente (dans le seizième siècle) les a déclarés divins.
Mais il y a plus. Une autre chose empêche les âmes soumises au joug de l’Église romaine de venir s’éclairer à la pure lumière de la parole de Dieu. Elle a longtemps défendu aux laïques la lecture des saintes Écritures. Seule l’Église peut les interpréter, et ceux qui s’écartent du sens qu’elle leur donne sont condamnés. Il était même défendu autrefois de les traduire en langue vulgaire, et si le fait se produisait, on brûlait les exemplaires que l’on pouvait saisir. Telle était la loi de l’Église au Moyen Âge. Nous en avons la preuve dans un décret du concile de Toulouse tenu en 1229, qui le premier défendit d’une manière formelle la lecture de la Bible : « Nous défendons aussi au commun peuple, de posséder aucun des livres de l’Ancien ou du Nouveau Testament, sauf peut-être le Psautier, ou le Bréviaire, ou les Heures de la Sainte Vierge, que quelques-uns par dévotion désireraient posséder, mais avoir un seul même de ces livres en langue vulgaire est strictement défendu ». Or l’on sait que les Heures de la Vierge, livre de dévotions adressées à la Vierge, ne font pas du tout partie des Écritures, non plus que le Bréviaire qui, à côté de portions de la Bible, renferme beaucoup de choses qui lui sont contraires. Mais le clergé ne voulait pas que le peuple illettré et aveuglé s’aperçût de cette distinction. C’était en effet un temps de grande ignorance où un bien petit nombre de personnes savaient lire. Le clergé en profitait pour exercer une autorité d’autant plus absolue sur le peuple. Il usait aussi de son influence pour engager le pouvoir civil à défendre la lecture de la Bible. Ainsi, en 1394, un arrêt de la Chambre des Lords en Angleterre l’interdisait. Les prêtres disaient à propos de la traduction de la Bible en langue vulgaire : « Hélas ! la perle de l’Évangile est maintenant jetée aux pourceaux et foulée par eux. L’Évangile que Christ avait donné au clergé pour qu’il le garde, devient maintenant le partage des laïques ».
On dira peut-être : « C’est dans le Moyen Âge seulement que les choses se passaient ainsi ». Ce serait une erreur de le penser. En l’an 1526, ce que l’on nomme le Moyen Âge était passé, et l’Anglais Tyndall, un serviteur de Dieu, avait traduit dans sa langue maternelle et fait imprimer le Nouveau Testament. L’évêque de Londres ayant appris que ces livres étaient destinés à être répandus en Angleterre, acheta toute l’édition et la fit brûler à Londres. En 1530, le même fait se renouvela. On ne se contentait même pas de brûler les saintes Écritures ; maintes fois le même sort atteignait ceux qui les possédaient et les lisaient. Ainsi, en 1519, une pauvre veuve, mère de plusieurs enfants, fut brûlée vive, parce qu’on avait trouvé sur elle l’oraison dominicale, les dix commandements et le symbole des apôtres en anglais. Telle était la frayeur qu’inspirait au clergé la parole de Dieu. Pourquoi ? Parce que la Bible condamne les erreurs et les pratiques de l’Église de Rome. Le clergé, en voyant l’usage que de prétendus hérétiques faisaient des Écritures, pour dévoiler et combattre les abus et les fausses doctrines de cette Église, ne trouvait rien de mieux que d’en défendre la lecture, de peur que les âmes ne vinssent à la lumière. Il inculquait au peuple la pensée — et il cherche encore à le faire — que les laïques ne peuvent comprendre la Bible et que, par sa lecture, ils risquent le salut de leur âme. Un évêque anglais qui vivait à la même époque que la veuve dont j’ai parlé, disait du haut de la chaire : « Ôtez ces traductions nouvelles (celles de la Bible), sans cela une ruine totale menace la religion de Jésus Christ ». Il voulait dire par là l’Église romaine. Et il suppliait le roi de fermer à ce livre l’entrée du royaume.
Mais de nos jours, dira-t-on, il n’en est pas ainsi. L’Église romaine ne change pas. De nos jours, il est vrai, les prêtres catholiques ont traduit en langage vulgaire les saintes Écritures et l’Église autorise les traductions faites par des laïques, mais un laïque soumis à l’Église n’osera pas les lire sans l’approbation du prêtre, et il faudra qu’il accepte l’interprétation que l’Église donne. Encore, en 1883, à Barcelone, par ordre du gouvernement, un certain nombre d’exemplaires des Évangiles furent livrés aux flammes. Et un journal non seulement approuvait ce fait, mais exprimait le désir que les hérétiques qui cherchaient à répandre ce livre partageassent le même sort. Si l’Église romaine ne peut plus, comme au Moyen Âge, faire dresser des bûchers et y faire périr ceux qui ne se soumettent pas à elle, son esprit est resté le même. La parole de Dieu parle de « la femme enivrée du sang des saints, et du sang des témoins de Jésus » (Apocalypse 17:6). Nous verrons, dans la suite de ces pages, combien, hélas ! cela, bien qu’encore futur, a pu déjà s’appliquer à elle.
La défense de lire les Écritures est totalement opposée au témoignage qu’elles rendent. Même un jeune enfant, je veux dire Timothée, avait dès son jeune âge la connaissance des saintes lettres qui rendent sage à salut (2 Timothée 3:15). Paul adjurait les saints que ses lettres fussent lues à tous les saints frères (1 Thessaloniciens 5:27), et qu’elles passassent d’une assemblée à une autre (Colossiens 4:16). L’Esprit Saint louait les Béréens de ce qu’ils contrôlaient par les Écritures les paroles même d’un apôtre (Actes 17:11). Souvenons-nous aussi des paroles de notre Seigneur et Sauveur : « Sondez les Écritures, car vous, vous estimez avoir en elles la vie éternelle, et ce sont elles qui rendent témoignage de moi » (Jean 5:39). Tenons donc ferme à la sainte Parole par laquelle nous pouvons juger de toutes choses.
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Le Papisme
Les sacrements dans ‘Église Romaine
Après les quelques pages que nous avons consacrées à la papauté, et passant sous silence la triste histoire de la succession des papes, chefs de l’Église romaine, nous passerons à l’examen du culte, des pratiques et des doctrines de cette Église, ce que l’on nomme spécialement le papisme.
Dans le Nouveau Testament, le Seigneur a établi seulement deux ordonnances. D’abord le baptêmes (*1), qui est le signe de l’introduction dans l’Église, la maison de Dieu sur la terre, fondée sur la mort et la résurrection du Seigneur. Mais le baptême ne sauve pas, ne régénère pas, comme l’enseigne l’Église romaine qui affirme que le baptême lave de ce qu’elle appelle le péché originel. L’apôtre Pierre le dit expressément (*2). Par conséquent, quand le Seigneur Jésus dit à Nicodème : « Si quelqu’un n’est né d’eau et de l’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu » (*3), l’eau ne désigne pas le baptême, mais la parole de Dieu, comme Jacques le dit en parlant des chrétiens : « De sa propre volonté », Dieu, le Père des lumières, « nous a engendrés (ou fait naître) par la parole de la vérité » (*4). C’est pourquoi l’apôtre Paul dit : « Dieu… nous sauva… selon sa propre miséricorde, par le lavage de la régénération et le renouvellement de l’Esprit Saint » (*5). Et Pierre dit aussi : « Vous êtes régénérés (ou nés de nouveau)… par la vivante et permanente parole de Dieu » (*6). Ce n’est donc pas le baptême d’eau qui produit la nouvelle naissance, sans laquelle on ne peut entrer dans le royaume de Dieu, mais c’est la parole de Dieu reçue dans le cœur et appliquée à l’âme par la puissance de l’Esprit Saint. C’est l’Esprit Saint qui, par le moyen de la Parole, produit en nous une nature et une vie nouvelles. Le Seigneur dit : « Celui qui entend ma parole, et qui croit celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle » (*7). Ainsi il ne suffit pas d’avoir été baptisé et de porter le nom de chrétien. Pour posséder la vie éternelle, il faut croire du cœur au nom du Fils de Dieu.
(*1) Matthieu 28:19.
(*2) « Or cet antitype (l’antitype de l’arche) vous sauve aussi maintenant, c’est-à-dire le baptême, non le dépouillement de la saleté de la chair, mais la demande à Dieu d’une bonne conscience, par la résurrection de Jésus Christ » (1 Pierre 3:21).
(*3) Jean 3:5
(*4) Jacques 1:18.
(*5) Tite 3:5.
(*6) 1 Pierre 1:23
(*7) Jean 5:24
L’Église romaine, au contraire, présente le baptême comme nécessaire au salut, de sorte qu’un petit enfant n’irait pas au ciel, s’il venait à mourir non baptisé (*), et qu’un adulte qui croirait au Seigneur, mais qui mourrait sans baptême alors qu’il aurait eu la possibilité d’être baptisé, ne serait pas sauvé. L’Écriture nous dit quant aux petits enfants que Jésus est venu les sauver (Matthieu 18:11, 14), et quant à ceux qui sont en âge de raison, elle déclare simplement que celui « qui croit au Fils a la vie éternelle » (Jean 3:36), sans qu’il soit question de baptême. Les apôtres du Seigneur furent-ils baptisés du baptême chrétien ? Non. Le brigand converti sur la croix fut-il baptisé ? Non, et cependant il alla le même jour au Paradis. Toutefois, bien que le baptême d’eau ne sauve pas, cette figure de la mort de Christ, plaçant des « disciples » sous Son autorité, est d’une grande et précieuse signification (Matt. 28:29).
(*) Il va, selon la théologie catholique, dans les limbes, séjour mal défini où les âmes vivent d’une vie inférieure.
L’Église romaine a aussi ajouté plusieurs choses à l’ordonnance du Seigneur. D’abord elle veut que l’eau du baptême soit consacrée par le prêtre — c’est l’eau bénite, à laquelle on attribue bien des vertus, entre autres celle de chasser le démon loin des baptisés. Ensuite, sauf des cas extrêmes, le prêtre seul a le droit d’administrer le baptême. Nous ne voyons rien de semblable dans l’Écriture. C’est d’eau pure et simple que l’on se servait pour baptiser ; c’est Ananias, un simple disciple, qui baptise Paul ; c’est Philippe, qui n’était que diacre ou serviteur, qui baptise l’officier éthiopien ; ce sont les frères de Joppé, venus avec Pierre, qui administrent le baptême à Corneille et aux autres convertis (Actes 8:38 ; 9:18 ; 22:16 ; 10: 47-48).
La seconde ordonnance est la Cène ou souper du Seigneur. Jésus l’a instituée avant sa mort, lorsqu’il était pour la dernière fois à table avec ses bien-aimés disciples et qu’il avait mangé avec eux la Pâque (*1). Mais après être monté dans la gloire, il a rappelé à l’apôtre Paul ce qu’il avait établi la nuit qu’il fut livré, pour que tous les vrais croyants y participent (*2). Nous voyons par là combien notre précieux Sauveur tient à ce que la Cène soit célébrée, de même qu’autrefois l’Éternel tenait à ce que les enfants d’Israël ne négligeassent pas de garder l’ordonnance de la Pâque, qui leur rappelait leur délivrance du pays d’Égypte (*3). C’est que la Cène rappelle aussi aux chrétiens la délivrance bien plus grande dont ils sont les objets. Elle remet en mémoire aux croyants que Christ, dans son amour, a souffert et est mort pour eux. C’est pourquoi Il est appelé « notre Pâque ». « Notre pâque, Christ », dit Paul, « a été sacrifiée » pour nous (*4). La Cène du Seigneur se célèbre très simplement, quand on suit la parole de Dieu. Le pain que l’on rompt et qui est partagé entre tous, représente et rappelle le corps du Seigneur qui a été livré pour nous et offert en sacrifice sur la croix. Le vin contenu dans la coupe, à laquelle tous participent, parce que le Seigneur a dit : « Buvez-en tous » (*5), est le mémorial du sang précieux de Christ, l’Agneau sans défaut et sans tache, qui a été versé pour la rémission des péchés afin de nous racheter et de nous purifier du péché (*6). Et le Seigneur a dit en instituant la Cène, soit en rompant le pain, soit en distribuant la coupe : « Faites ceci en mémoire de moi ». Quelle chose douce et précieuse pour le cœur du chrétien de se rappeler d’une manière spéciale, chaque premier jour de la semaine, le grand et ineffable amour du Sauveur envers lui ! Et il le fait en communion d’amour avec les autres croyants, qui sont, comme lui, membres du corps de Christ (*7).
(*1) Luc 22:19-20.
(*2) 1 Corinthiens 11:23-26
(*3) Deutéronome 16:1-2 ; Exode 12:21-27 ; 34:18 ; Lévitique 23:5 ; Nombres 28:16-17.
(*4) 1 Corinthiens 5:7.
(*5) Matthieu 26:27.
(*6) 1 Pierre 1:18-19 ; 1 Jean 1:7 ; Apocalypse 1:5.
(*7) 1 Corinthiens 12:13 ; 10:17 ; Éphésiens 5:30.
L’apôtre Paul rappelle encore une chose relativement à ce saint repas. Il dit : « Toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez la coupe, vous annoncez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne » (*). Ainsi, dans la Cène, nous sommes mis en présence de l’amour infini du Seigneur mort pour nous, nous annonçons cette mort au monde coupable, puis nos pensées sont portées en avant vers ce bienheureux jour où Christ reviendra pour consommer sa victoire en transformant nos corps et en nous introduisant dans la gloire avec Lui. Tout nous parle là de son amour. Quel bonheur d’avoir sa place à la table du Seigneur !
(*) 1 Corinthiens 11:26.
Ces ordonnances du Seigneur sont appelées par quelques-uns, et surtout par l’Église romaine, des sacrements. À ce mot se rattache l’idée qu’elles confèrent une certaine grâce spirituelle à celui qui y a part. Nous avons vu qu’aucune grâce n’est conférée par le baptême. C’est un privilège, sans doute, d’être introduit par le baptême dans la maison de Dieu sur la terre ; mais le baptême n’est qu’un signe. Il n’apporte aucun changement dans l’âme de celui qui le reçoit. C’est un très grand privilège de participer à la Cène du Seigneur ; mais on le fait et on en jouit, parce que l’on est déjà sauvé par la mort du Christ, que l’on est membre de son corps, et béni en Lui de toute bénédiction spirituelle (*1). On est heureux de rappeler son amour, on Lui rend grâces et on rend grâces au Père qui nous a introduits dans le royaume du Fils de son amour, et nous a donné une part avec les saints dans la lumière (*2). On adore le Père et le Fils par l’Esprit Saint qui nous a été donné ; mais on a déjà tout reçu en fait de grâces. Seulement dans la Cène, le croyant jouissant de tout ce qu’il a reçu en bénit son Seigneur et son Dieu, et c’est une grâce de pouvoir le faire. Nous verrons plus loin, en parlant de la messe, ce que l’Église romaine a fait de cette ordonnance de la Cène.
(*1) Éphésiens 1:3.
(*2) Colossiens 1:12-14.
La Confirmation et la Pénitence
Non contente des deux ordonnances établies par le Seigneur, l’Église de Rome a, de son chef, ajouté cinq sacrements au baptême et à la Cène. Le fameux concile de Trente, tenu au 16° siècle (1545-1563), et qui a fixé la doctrine romaine, énumère ainsi les sacrements : le baptême, la confirmation, l’eucharistie (*) ou cène, la pénitence, l’extrême onction, l’ordre (le caractère ecclésiastique des prêtres), et le mariage. À part le baptême et la Cène, les autres sacrements sont des inventions humaines dont nous ne trouvons aucune trace dans l’Écriture. Nous avons parlé du baptême ; disons quelques mots des autres sacrements.
(*) Ce mot signifie actions de grâces. Il désignait d’abord les prières qui accompagnaient la communion ou Cène, et a fini par s’appliquer à la Cène même.
La confirmation, dans l’Église romaine, est une cérémonie qui a pour but de confirmer les grâces du baptême. En général, elle a lieu pour les enfants de 11 à 12 ans avant de les admettre à ce que l’on appelle la première communion, la première participation à la Cène. On prétend les rendre ainsi « parfaits chrétiens, en leur communiquant l’abondance des grâces et des dons de l’Esprit Saint ». C’est à l’évêque qu’il appartient de confirmer. Il le fait par l’imposition des mains, le signe de la croix et l’onction avec l’huile consacrée. Il y ajoute un léger soufflet sur la joue, avec ces mots : « La paix soit avec vous ». Pouvons-nous penser que de semblables actes rendent chrétiens, sinon parfaits chrétiens, ou communiquent l’Esprit Saint ? Est-il question de cela dans l’Écriture ? Nullement. Ces pauvres enfants que l’on confirme ne sont peut-être pas même sauvés. Car c’est par la foi au Seigneur Jésus que nous avons la rédemption, la rémission des péchés par son sang, et ayant cru en Lui, nous recevons l’Esprit Saint. Lisons ce que l’apôtre Paul dit en Éphésiens 1:13: « Ayant entendu la parole de la vérité, l’évangile de votre salut, auquel aussi ayant cru, vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse ». Là il n’est question ni d’évêque, ni d’imposition des mains, ni d’onction. L’homme et ses cérémonies n’y sont pour rien. Tout est de Dieu pour celui qui croit. On entend l’Évangile, on y croit, et Dieu nous donne l’Esprit Saint. Quelle simplicité, quelle grâce !
La pénitence est pour l’Église romaine, le sacrement par lequel sont pardonnés les péchés commis après le baptême. Il requiert du pécheur certaines dispositions qui sont la contrition, la confession, la satisfaction (c’est-à-dire la réparation de l’injure faire à Dieu, par certains actes de piété ou dons, et du tort causé au prochain), et le ferme propos de ne plus commettre une telle faute. Ce sacrement est dispensé uniquement par les évêques ou les prêtres, par la sentence de l’absolution « Je t’absous de tes péchés au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit ». Où trouvons-nous cela dans l’Écriture ? Où voyons-nous qu’un homme ait le pouvoir de donner l’absolution des péchés ? Où est-il dit que l’on ait à confesser à un tel homme, dans le secret, les fautes que l’on a commises, et qu’il ait l’autorité d’infliger une peine pour les expier ? Nulle part. Sans doute que, si un chrétien est tombé dans quelque faute, il doit la juger, s’en repentir et en avoir horreur. Mais à qui la confessera-t-il ? La parole de Dieu le dit : « Si nous confessons nos péchés, il (c’est-à-dire Dieu) est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité » (*1). À qui David confessa-t-il ses transgressions ? Il le dit : « J’ai dit : Je confesserai mes transgressions à l’Éternel ; et toi, tu as pardonné l’iniquité de mon péché » (*2). Il est vrai qu’en Jacques 5:16, il est écrit : « Confessez donc vos fautes l’un à l’autre, et priez l’un pour l’autre » ; mais cela ne veut pas dire : Confessez vos fautes à un prêtre, mais si vous avez manqué envers un autre, confessez-le lui. C’est une chose que nul ne doit négliger. Les enfants et les jeunes gens ont à confesser à leurs parents et à leurs supérieurs les fautes qu’ils ont commises à leur égard, si cachées qu’elles aient pu être. On n’est jamais heureux quand il reste sur la conscience le poids d’une faute commise (*3). Ont-ils manqué envers un camarade, envers un ami, envers leurs frères ou sœurs, envers leurs parents ou leurs maîtres, envers qui, que ce soit, il faut le confesser simplement, sans restriction et sans excuse et le cœur sera allégé. Et il en est ainsi pour chacun. Mais par-dessus tout, confessez tout à Dieu, qui pardonne, comme il le dit dans sa Parole. Quant à l’absolution donnée par un homme, qui peut pardonner les péchés que Dieu seul ? C’est ce que toute l’Écriture enseigne. Il est bien dit : « À quiconque vous remettrez les péchés, ils sont remis ; et à quiconque vous les retiendrez, ils sont retenus » (*4). Mais il ne s’agit pas ici de l’absolution donnée après une confession secrète à l’oreille d’un prêtre. Le Seigneur, par ces paroles, confie aux disciples la mission d’annoncer au monde la rémission des péchés à ceux qui croient, et au contraire le jugement à ceux qui ne croient pas (*5).
(*1) 1 Jean 1:9.
(*2) Psaume 32:5.
(*3) Voyez Psaume 32:3.
(*4) Jean 20:23.
(*5) Voyez ce que Pierre dit aux Juifs : Actes 2:38 ; 3:19 ; 5:31 ; voyez aussi ce que dit Paul : 13:38-41 ; 16:31 ; 28:23-28.
Dans les premiers temps de l’Église, on demandait que ceux qui avaient commis un grand péché en fissent une confession publique avant d’être de nouveau reçus dans la communion chrétienne. Le grand empereur Théodose fut obligé de s’humilier ainsi devant tout son peuple, à Milan. Peu à peu on en vint à se confesser aux prêtres, et en l’an 1215, le pape Innocent III établit la confession auriculaire comme obligatoire, et l’on dut se confesser pour pouvoir communier, pour être marié et pour recevoir les derniers sacrements avant de mourir. Les consciences étaient ainsi liées par la crainte que l’on avait d’être perdu, si l’on mourait sans absolution, car c’est ce que Rome enseigne, et le pouvoir des prêtres et par conséquent de Rome était fermement établi sur les âmes. Cette pratique d’invention humaine a donné lieu, on l’imagine sans peine, à toutes sortes d’abus et de désordres moraux.
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L’Eucharistie (la Cène), la Messe, le saint sacrement, la transubstantiation
Après le sacrement de pénitence, le concile de Trente place l’Eucharistie ou la Cène. Mais combien dans l’Église romaine, elle diffère du simple repas institué par le Seigneur en mémoire de sa mort ! La Cène est devenue la Messe (*). C’est le grand acte de culte de l’Église de Rome. Ce fut le pape Grégoire I, dit le Grand, qui établit le service de la messe dans ses traits principaux. Le concile de Trente lui donna la forme définitive qu’elle a maintenant dans toutes les Églises romaines. La Messe se divise en deux parties principales — la première, appelée autrefois messe des catéchumènes parce qu’à l’origine ceux-ci n’étaient admis qu’à cette première partie, est composée de prières, lectures de la Bible, cantiques, prédication, qui constituent une préparation ou introduction à la Messe — La deuxième partie, appelée autrefois la messe des fidèles, constitue le sacrifice proprement dit, et comprend l’offertoire, l’offrande à Dieu du pain (**) et du vin destinés à être consacrés de la Cène, la consécration où par les paroles de l’institution de la Cène prononcées par le prêtre s’accomplit, selon l’Église romaine, le mystère de la transsubstantiation dont nous parlerons plus loin, la communion prise par le prêtre avec le pain et la coupe, et avec le pain seulement, par les assistants qui l’ont demandée. La messe se termine par l’action de grâces, et l’assemblée est congédiée par ces mots : « Ite, missa est ».
(*) En rapport avec les mots qui terminent l’essentiel de la cérémonie : « Ite, missa est ecclesia », c’est-à-dire : « Allez, l’assemblée est congédiée ». De missa, on a fait messe.
(**) Le pain de la communion est une sorte d’oublie faite de farine et d’eau, sans levain, et sur laquelle est l’empreinte d’une croix. On lui donne le nom d’hostie ou sacrifice, nous verrons pourquoi. On la conserve dans l’ostensoir, vase plus ou moins richement orné, dans lequel on l’expose ou on la transporte. Il n’y a rien de semblable dans la parole de Dieu. Le pain que rompit le Seigneur Jésus, était celui dont on se servait à table.
Sans parler de tout ce qui accompagne la célébration de la messe, les ornements de l’autel, les cierges et l’encens, les vêtements des prêtres et de ceux qui l’assistent, choses qui rappellent les formes du judaïsme et même du paganisme, on voit aisément combien l’Église romaine s’est écartée du culte « en esprit et en vérité » dont parle le Seigneur (*), et l’a remplacé par des cérémonies arrêtées d’avance et des choses qui agissent sur les sens. C’est un culte charnel, inventé par l’homme, où rien n’est laissé à la libre action de l’Esprit Saint. De plus, le prêtre est là, ayant seul le droit d’officier, faisant partie d’une classe à part, tandis que, selon la parole de Dieu, tous les croyants sont une « sainte sacrificature » (**), chacun de ceux qui la composent ayant le privilège de rendre l’action de grâces à la table du Seigneur, sous la direction de l’Esprit Saint.
(*) Jean 4:23-24.
(**) 1 Pierre 2:5-9.
Mais il y a des choses pires encore ; les erreurs les plus graves se mêlent à ce culte de l’Église de Rome. La table de communion est devenue un autel. Le concile de Trente enseigne en effet que, dans la Cène ou la Messe, est offert un véritable sacrifice, non sanglant, il est vrai, mais un sacrifice vraiment propitiatoire, efficace pour les péchés non expiés des vivants et des morts. C’est Christ qui est offert, dit le concile, c’est la même victime que celle qui autrefois s’est offerte elle-même sur la croix, et qui est offerte maintenant par le ministère des prêtres. Par ce sacrifice propitiatoire renouvelé chaque jour dans l’Eucharistie, Dieu, selon l’Église de Rome, est apaisé et nous est rendu propice. On peut aisément voir que cet enseignement est contraire à l’Écriture. L’Esprit Saint, dans l’épître aux Hébreux, déclare que « l’offrande du corps de Jésus Christ » a été faite « une fois pour toutes » ; que Christ a offert « un seul sacrifice pour les péchés », et que, « par une seule offrande, il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés », de sorte que Dieu ne se souviendra « plus jamais de leurs péchés ni de leurs iniquités » et que « là où il y a rémission de ces choses, il n’y a plus d’offrande pour le péché ». De plus, il nous est dit que Christ ne peut s’offrir plusieurs fois, parce qu’alors il devrait souffrir plusieurs fois, et enfin que, « sans effusion de sang, il n’y a point de rémission de péchés » (*). Un sacrifice non sanglant n’en est donc pas un, et Christ glorifié ne peut souffrir, ce qui est nécessaire pour un vrai sacrifice. Partout, dans ces chapitres 9 et 10 de l’épître aux Hébreux, il est insisté sur le fait d’un seul, unique sacrifice de Christ, pleinement suffisant pour ôter les péchés. Ainsi le sacrifice de la messe n’en est pas un, et les âmes qui s’appuient sur ce faux enseignement, sont trompées, et ne peuvent jamais jouir de la paix qui résulte de ce qu’en vertu du seul et unique sacrifice de Christ, Dieu ne se souvient plus jamais de nos péchés et de nos iniquités. Or, dit l’apôtre, « là où il y a rémission de ces choses, il n’y a plus d’offrande pour le péché » (**).
(*) Hébreux 10:10, 12, 14, 17, 18 ; 9:25-26, 22.
(**) Hébreux 10:17, 18.
Remarquez qu’il est dit que la messe est un sacrifice pour les vivants et pour les morts. L’Écriture ne nous enseigne nulle part que les péchés de ceux qui sont morts puissent être expiés. Elle nous dit simplement. « Après la mort, le jugement » (*), pour ceux qui n’ont pas cru ici-bas au Seigneur Jésus et à son unique sacrifice expiatoire. L’idée d’un sacrifice pour les morts se rattache à une autre erreur enseignée par l’Église romaine, celle du purgatoire. C’est un lieu qui n’est ni le ciel, ni l’enfer, mais où les âmes souffrent pour les péchés qui n’ont pas été expiés sur la terre, jusqu’à ce qu’elles en soient purifiées. L’Église romaine prétend que les messes dites pour ces âmes abrègent leurs tourments ! La parole de Dieu ne dit pas un mot de cela.
(*) Hébreux 9:27.
À cette erreur d’un sacrifice de Christ journalier et non sanglant, s’en joint une autre plus grave encore, celle de la transsubstantiation ou changement de substance. Suivant cette doctrine, quand le prêtre prononce les paroles de la consécration, le pain et le vin, tout en conservant leur apparence, sont réellement changés dans le corps et le sang du Seigneur Jésus Christ. Cette doctrine fut inventée au neuvième siècle (le plus ténébreux du Moyen Âge) par le moine Paschase Radbert. S’appuyant sur ces paroles : « Ceci est mon corps » (*), il disait : « Le pain et le vin, après avoir été consacrés, ne sont pas autre chose que la chair du Christ et son sang, la même chair qui est née de Marie et qui a souffert sur la croix ». Après une longue et vive opposition, le quatrième concile de Latran, en 1215, consacra cette doctrine en ces termes : « Le corps et le sang du Seigneur sont véritablement contenus dans le sacrement de l’autel sous la figure du pain et du vin, lorsque par la puissance de Dieu et par le moyen du prêtre officiant, le pain est changé dans le corps, et le vin dans le sang de Christ. Le changement opéré de cette manière est si réel et si complet, que les éléments (le pain et le vin) contiennent Christ tout entier — divinité, humanité, âme, corps et sang, avec toutes leurs parties constituantes ». Et le concile de Trente, dans le 16° siècle, a confirmé cette doctrine, et tout membre de l’Église de Rome doit la croire, sous peine d’anathème ! Le prêtre, à un certain moment élève l’hostie, et en vertu des paroles qu’il a prononcées, cette hostie est Dieu Lui-même. Il se prosterne en l’adorant, et tout le peuple suit son exemple. Un homme, et parfois un homme méchant, crée son Créateur ! expression blasphématoire et pourtant usitée, car l’hostie, dit l’Église de Rome, n’est plus du pain, mais Christ Lui-même. Ceux qui possèdent la parole de Dieu, savent, d’après elle, que Christ est maintenant dans la gloire, dans un corps glorifié ; il ne peut donc être en même temps ici-bas, âme, corps et sang, dans l’hostie. Son sang a été versé une fois pour toutes pour l’expiation des péchés, et ne peut être dans la coupe. Il faudrait donc qu’il y eût deux Christs. Dans la Cène, selon l’Écriture, on annonce la mort du Seigneur, on se souvient de la mort du Seigneur, mais supposer que l’on puisse mettre à mort un Christ glorifié est une chose horrible et contraire à toute vérité. C’est là une des plus fatales erreurs de l’Église de Rome, c’est une monstrueuse idolâtrie. On trompe le pauvre peuple en lui faisant croire qu’un morceau de pain est devenu Dieu et qu’il faut l’adorer.
(*) Ce qui veut dire, ceci représente mon corps, de même que, dans l’institution de la Pâque, l’agneau est appelé la Pâque de l’Éternel (Exode 12:11).
L’Église romaine a institué une fête que l’on nomme Fête-Dieu, ou du Saint Sacrement. Ce jour-là, dans une procession solennelle, on porte l’hostie consacrée dans un magnifique ostensoir. Tout le monde doit s’agenouiller sur son passage en signe d’adoration, car c’est Dieu qui est là, disent les prêtres. En certains pays, comme l’Espagne, le prêtre qui porte l’hostie à un mourant, est accompagné d’un homme qui durant tout le trajet sonne une clochette. Dès qu’elle se fait entendre, tous ceux à qui le son parvient doivent tomber à genoux et y rester jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus le percevoir. Le prêtre fait croire au peuple et dit au mourant que c’est le Dieu vivant qui est dans le ciboire (*) et que l’on transporte ainsi. Quelle triste aberration !
(*) Vase dans lequel on garde l’hostie.
Nous avons vu aussi que les simples fidèles communient avec le pain seulement. La coupe est réservée aux prêtres seuls. C’est encore une invention humaine dont la parole de Dieu ne dit rien. Au contraire, le Seigneur dit à ses disciples : « Buvez-en tous » ; et l’apôtre, s’adressant à toute l’assemblée à Corinthe, recommande que chacun « mange du pain et boive de la coupe » (*). Ce retranchement de la coupe, aux laïques se fait sous prétexte qu’il pourrait s’attacher à la barbe quelques gouttes du vin consacré ou que les malades pourraient en répandre, et que d’ailleurs l’hostie renferme la chair du Seigneur aussi bien que le sang. On dit aussi que le sang étant dans l’hostie, il n’est pas nécessaire que les laïques boivent la coupe. Mais alors pourquoi les prêtres la boivent-ils ? On voit clairement que cette coutume n’a été établie que pour marquer plus distinctement la supériorité des prêtres.
(*) Matthieu 26:27 ; 1 Corinthiens 11:28.
Nous nous sommes étendu un peu longuement sur ce sujet, parce que c’est un des points qui caractérisent le plus fortement l’Église de Rome ; la messe constitue le centre même de la religion catholique. Aller à la messe est ce qui distingue le vrai catholique romain ; mais rien ne fait mieux voir que la messe combien cette Église s’est écartée de la vérité.
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L’Extrême-Onction, l’Ordre et le Mariage
Il nous reste à voir les trois derniers sacrements de l’Église de Rome.
L’extrême-onction
Le premier est ce que l’on nomme l’extrême-onction. On ne l’administre qu’aux malades que l’on estime être à la dernière extrémité, et comme après ce sacrement, il n’y en a plus d’autres, on lui donne ce nom d’extrême-onction. L’Église romaine enseigne qu’il a pour effet de laver les derniers restes du péché, afin que le malade en mourant aille droit au ciel, et aussi de le fortifier contre les angoisses de la mort. Si quelqu’un meurt en état de péché mortel sans avoir reçu ce sacrement, à défaut du sacrement de pénitence, il va en enfer.
Nous voyons encore par là quel empire l’Église romaine assume sur les âmes, car le prêtre seul peut administrer ce sacrement. Et remarquons aussi comme tout est calculé pour retenir les cœurs dans la crainte, et par conséquent quel Dieu terrible et sans compassion on leur présente. Voici en quoi consiste l’extrême-onction. Le prêtre, revêtu d’une étole violette, arrive auprès du mourant et lui présente le crucifix qu’il doit b..... avec respect. Après une série de prières et d’aspersions avec de l’eau bénite, et si possible après avoir entendu la confession du malade et lui avoir donné l’eucharistie (*), le prêtre procède à l’onction. Pour cela, avec son pouce trempé dans l’huile sainte, c’est-à-dire consacrée, il touche, en faisant le signe de la croix, les différentes parties du corps qui ont pu être les instruments de péché. Il commence par les yeux, en disant : « Que le Seigneur, en vertu de son onction sainte et par sa grande miséricorde, te pardonne tous les péchés que tu as commis par tes yeux ». Et il continue de même pour les autres organes des sens, les oreilles, le nez, la bouche et les mains, puis enfin la poitrine et les pieds. Suivent encore des prières et des signes de croix, et ensuite on brûle le linge ou les boules de coton qui ont servi à essuyer le pouce du prêtre. Le mourant peut alors s’en aller en toute sécurité ; le ciel lui est ouvert.
(*) On donne à l’eucharistie administrée aux derniers moments le nom de viatique. Ce mot vient du latin via, chemin, et se dit en général des provisions de route. Dans le langage de l’Église romaine, c’est la provision pour le dernier grand voyage, ce qui doit fortifier celui qui va le faire.
C’est dans le 12° siècle seulement que cette cérémonie, dernier acte de la vie d’un bon catholique romain, a été introduite. Les docteurs romains citent à l’appui de l’extrême-onction les passages suivants : « Et ils chassèrent beaucoup de démons, et oignirent d’huile beaucoup d’infirmes et les guérirent » (Marc 6:13) ; puis : « Quelqu’un d’entre vous est-il malade, qu’il appelle les anciens de l’assemblée, et qu’ils prient pour lui en l’oignant d’huile au nom du Seigneur ; et la prière de la foi sauvera le malade … et s’il a commis des péchés, il lui sera pardonné » (Jacques 5:14-15). Qui ne voit que ces passages n’ont aucun rapport avec l’extrême onction ? Celle-ci a pour objet le salut de l’âme, et nullement la guérison du corps, puisqu’on ne la donne qu’aux mourants pour leur ouvrir le ciel. Tandis que dans ces deux passages, il s’agit de la guérison du corps, soit par voie miraculeuse, ou en réponse à la prière de la foi, sans laquelle l’onction même n’aurait aucun effet. Et pour aller droit au ciel, un mourant a-t-il besoin d’autre chose que de croire au Seigneur Jésus ? L’Écriture nous dit : « Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé », et : celui « qui croit au Fils a la vie éternelle ». « Vous êtes sauvés par la grâce, par la foi » (Actes 16:31 ; Jean 3:36 ; Éphésiens 2:8). Où est-il question du ministère obligé d’un prêtre et de son action ? Nulle part dans la parole de Dieu. Celui qui croit en Jésus est lavé de tous ses péchés et propre pour paraître en la présence de Dieu. Il peut s’en aller en paix, car « absent du corps », il est « présent avec le Seigneur » (2 Corinthiens 5:8). Le brigand sur la croix eut-il besoin de l’extrême-onction pour être ce jour même « dans le paradis » avec Jésus ? Étienne, le premier martyr, qui remettait à Jésus son esprit, ne l’a pas reçue ; lui et tant d’autres qui sont morts dans la foi, ne seraient donc pas sauvés, tandis que des hommes qui jamais n’ont été convertis et dont les péchés n’ont pas été effacés, iraient au ciel en vertu de cette onction faite par un homme ! Ces ordonnances inventées par des hommes, d’une part ne sont propres qu’à jeter les âmes dans une crainte superstitieuse et sans fondement, et d’une autre donnent une sécurité illusoire à des personnes qui, toute leur vie, ne se sont pas souciées de Dieu.
L’ordre, l’ordination
Après le sacrement de l’extrême-onction vient celui de l’ordre (*) conféré par la cérémonie de l’ordination : il confère au prêtre le caractère sacerdotal, c’est-à-dire le pouvoir de célébrer la messe et d’administrer tous les sacrements (sauf la confirmation et l’ordre réservés à l’évêque). Pour ordonner un prêtre, l’évêque lui impose les mains, l’oint de l’huile sainte et lui fait toucher les objets sacrés (calice et patère) lui permettant d’offrir le sacrifice de la messe. Le prêtre ainsi consacré a désormais la puissance de consacrer le vrai corps du Seigneur dans la Cène, c’est-à-dire, comme on l’a vu, d’opérer ce prétendu miracle qui transforme le pain et le vin dans le corps et le sang de Christ. Le caractère conféré par l’ordination est indélébile, c’est-à-dire ne peut être effacé, de sorte que celui qui abandonne la prêtrise est regardé comme un apostat. À cela l’Église romaine ajoute le célibat obligatoire pour les prêtres ; il leur est interdit de se marier.
(*) Ce sacrement est ainsi appelé parce qu’il établit un ordre dans la société chrétienne en séparant les clercs des laïques, et parce qu’il divise les clercs en plusieurs degrés formant une hiérarchie, un ordre (diaconat, prêtrise, épiscopat …)
Toutes ces choses n’ont aucun fondement dans l’Écriture et même y sont entièrement opposées. D’abord nulle part nous n’y voyons qu’il y ait une classe de sacrificateurs à part des autres chrétiens. Chez les Juifs, cela existait. Mais maintenant tous les vrais croyants sont sacrificateurs pour offrir à Dieu, non le corps de Jésus Christ qui a été offert une fois pour toutes sur la croix, mais des sacrifices de louanges et d’actions de grâces (1 Pierre 2:5 ; Hébreux 13:15 ; Apocalypse 1:6). Ensuite, nous ne voyons pas que ni les anciens ou surveillants (*) ni les diacres ou serviteurs, fussent oints. Les apôtres ou quelque envoyé d’un apôtre leur imposaient les mains et en même temps on priait le Seigneur (Actes 6:6 ; 14:23). Quant au célibat des prêtres, nous lisons que Pierre était marié, que Paul revendique pour lui et Barnabas le droit de l’être, et que Paul recommande que les surveillants ou anciens, ainsi que les serviteurs, soient maris d’une seule femme. De plus, le même apôtre, par le Saint Esprit, dit « qu’aux derniers temps quelques-uns apostasieront de la foi, s’attachant à des esprits séducteurs et à des enseignements de démons, disant des mensonges par hypocrisie, … défendant de se marier » (1 Corinthiens 9:5 ; 1 Timothée 3:2, 12 ; 4:1-3).
1. Les mots ancien et surveillant équivalent à ceux de prêtre et d’évêque. Prêtre vient d’un mot grec qui veut dire ancien, et évêque d’un mot qui signifie surveillant. La charge d’ancien ou de surveillant consistait à paître l’assemblée de Dieu, le troupeau du Seigneur (Actes 20:17, 28 ; 1 Pierre 5:2). Il y avait plusieurs anciens ou surveillants dans une assemblée. L’Écriture parle pas de diocèses, sur chacun desquels serait établi un évêque ou un archevêque ; elle ne mentionne pas des cardinaux. La parole de Dieu ne nous montre que deux charges dans l’Église ; les anciens ou surveillants, et les serviteurs on diacres (Philippiens 1:1 ; 1 Timothée 3:1-7 ; ce dernier passage donne le caractère que devaient posséder les surveillants et les serviteurs). Quant à toutes les autres charges, d’exorciste, de lecteur, de sous-diacre, etc., qui se trouvent dans l’Église romaine, l’Écriture n’en parle pas. Remarquons encore que Pierre, le premier pape, selon l’Église de Rome, se range lui-même simplement au nombre des anciens (1 Pierre 5:1).
Nous ne dirons rien du mariage, que Dieu a établi dès le commencement, sinon que la parole de Dieu ne le présente jamais comme un sacrement, bien qu’elle donne beaucoup de précieux enseignements aux maris et aux femmes.
De quels liens étroits l’Église de Rome enlace ceux qui sont placés ou se placent sous son influence ! Partout et en tout, elle mêle le prêtre à la vie des laïques, et par les sacrements, elle tend un piège sous les pas de chacun de ses membres. Car s’ils manquent d’y satisfaire, les voilà accusés de mépriser l’Église, d’être des hérétiques, et il fut un temps où, comme nous le verrons, une semblable accusation avait de terribles conséquences.
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Le culte de la Vierge
Après ce qui se rapporte aux sacrements, nous avons à voir d’autres doctrines funestes et contraires à l’Écriture que l’Église romaine impose aux âmes placées sous son joug. La première est le culte rendu à la Vierge Marie, aux saints et aux anges, chose complètement étrangère à la parole de Dieu. Ainsi s’est trouvée introduite une idolâtrie pire que celle du paganisme, dont elle est une imitation sous bien des rapports.
C’est vers le milieu du quatrième siècle, à une époque où la vraie piété avait beaucoup décliné pour faire place à nombre de pratiques superstitieuses, que l’on commença à vénérer la Vierge Marie d’une manière spéciale, comme le modèle des vierges, c’est-à-dire de ceux ou celles qui avaient fait vœu de célibat. Bientôt après, il devint habituel de lui donner le nom de mère de Dieu, ce qui donna naissance aux luttes du nestorianisme. Malgré la forte opposition qu’il rencontra d’abord, le culte de Marie s’établit et s’étendit peu à peu. Déjà au cinquième siècle, on pouvait voir dans toutes les Églises nombre de représentations de la Vierge tenant dans ses bras l’enfant Jésus. Le peuple ignorant, sorti des ténèbres du paganisme, peu et mal instruit des pures et saintes vérités des Écritures, amené à un christianisme de formes et de cérémonies, ayant un culte célébré avec une pompe empruntée au judaïsme et au paganisme, n’eut pas de peine à remplacer l’une ou l’autre des déesses qu’il adorait, par la Vierge Marie qu’on lui présentait toujours plus comme occupant une place élevée auprès de Dieu dans le ciel. Dans l’office ordinaire de la Vierge, se trouve une hymne commençant ainsi : « Salut, étoile de la mer, Mère auguste de Dieu et toujours Vierge, porte fortunée du ciel… affermissez-nous dans la paix, méritant ainsi mieux qu’Ève le nom de mère des vivants ». Ensuite : « Montrez que vous êtes notre mère, obtenez-nous le pardon de nos crimes ». On en vint, à la fin du sixième siècle, à adopter la légende de son Assomption, d’après laquelle, au moment de sa mort, Marie aurait été portée au ciel par des anges, ce qui a été récemment érigé en dogme (1954). L’Église romaine a consacré cette prétendue ascension ; dans l’office de la fête instituée pour la célébrer, on dit ces paroles : « Réjouissons-nous dans le Seigneur en célébrant le jour de fête en l’honneur de la bienheureuse Vierge Marie, de l’Assomption de laquelle les anges se réjouissent et louent le Fils de Dieu ». Et plus loin : « Marie est montée au ciel ; l’armée des anges se réjouit ». En même temps, l’Église romaine prenant des passages des Psaumes et des prophètes qui ont rapport à Israël et à Jérusalem, les applique à la Vierge qui n’est plus l’humble Marie que l’Écriture nous présente, mais qui est devenue une déesse que l’on honore comme « la reine du ciel », car tel est un des noms que lui donne l’Église romaine. Cela ne nous rappelle-t-il pas le culte que les Israélites, abandonnant le vrai Dieu, rendaient à la déesse Astarté, la reine des cieux ? L’Éternel le dit à Jérémie : « Ne vois-tu pas ce qu’ils font dans les villes de Juda, et dans les rues de Jérusalem ? Les fils ramassent le bois, et les pères allument le feu, et les femmes pétrissent la pâte pour faire des gâteaux à la reine des cieux ». Et ces malheureux Juifs, descendus en Égypte, persistant dans leur idolâtrie, disent au prophète : « Nous ne t’écouterons pas ; mais nous ferons certainement toute parole qui est sortie de notre bouche, en brûlant de l’encens à la reine des cieux » (Jérémie 7:17-20 ; 44:15-19). Et voilà une semblable idolâtrie transportée dans le christianisme, avec cette aggravation terrible du mal, qu’on l’associe aux saints noms du Père, du Fils et du Saint Esprit !
Marie devint toujours plus un objet direct de culte, sinon d’adoration (*), et le pape Urbain II, au concile de Clermont, en l’an 1095, confirma le service journalier établi pour honorer la Vierge, ainsi que les jours et les fêtes qui lui étaient spécialement réservés. Des églises lui furent dédiées sous le nom de « Notre Dame », et dans toutes les églises se trouve une chapelle qui lui est consacrée (**). À la doctrine de l’Assomption de la Vierge, on ajouta peu à peu celle de son « Immaculée conception », par où l’on entend qu’elle naquit sans péché, elle à qui l’ange dit : « Tu as trouvé grâce auprès de Dieu », et qui dit elle-même : « Mon esprit s’est réjoui en Dieu mon Sauveur » (Luc 1:30, 47). Si elle était sans péché, avait-elle besoin de trouver grâce et d’avoir en Dieu son Sauveur ? La doctrine de l’immaculée conception se trouve déjà en germe dès le huitième siècle, et se répandit bientôt dans l’Église, toutefois non sans lutte. Elle fut enfin définitivement confirmée par le pape Pie IX, en 1854, mais la fête en était depuis longtemps célébrée. Et c’est dans l’office de cette fête que sont appliquées à la Vierge les paroles d’Ésaïe 61:10, et celle de Proverbes 8:22-35, qui se rapportent au Seigneur Jésus Christ ! N’y a-t-il pas là quelque chose de blasphématoire ? C’est aussi dans le même office qu’on lit ces paroles : « Tu es toute belle, ô Marie, la tache originelle n’est pas en toi ». Et plus loin : « Aujourd’hui est sortie une branche des racines d’Isaï, aujourd’hui Marie a été conçue sans aucune tache de péché ». Vous remarquerez que les premières paroles se trouvent dans la prophétie d’Ésaïe relative au Seigneur Jésus, lorsqu’il vient régner pendant le millenium (Ésaïe 11:1). Et l’Église romaine les applique à la Vierge ! Puis elle dit encore : « Aujourd’hui est écrasée par elle la tête du serpent ancien », paroles qui se trouvent en Genèse 3:15, et se rapportent à Celui qui est la semence ou la postérité de la femme, c’est-à-dire Jésus, et non Marie. Combien il est coupable de se servir ainsi de la parole de Dieu, de la tordre pour établir une idolâtrie réelle !
(*) L’Église catholique se défend en effet d’adorer positivement la Vierge ou les saints, celles-ci ou celles-là étant des créatures. Elle distingue le culte de latrie (adoration) réservé à Dieu seul, du culte de dulie (hommage) rendu aux saints et aux anges. Mais l’équivoque est complète, et la contradiction devient évidente lorsque Marie est déclarée Reine du ciel et appelée « Mère de Dieu », une créature ne pouvant être la mère du Dieu créateur.
(**) Sur l’entrée d’une église à Lisbonne se trouvait gravée cette inscription « À la déesse Vierge de Lorette, des Italiens dévoués à sa divinité ont consacré cette Église ».
Que voit-on, en effet ? Dans toutes les églises du culte romain, dans les chapelles, comme aussi dans les maisons, se trouvent des représentations en statues, en tableaux, en gravures, de la Vierge et de l’enfant Jésus, devant lesquelles on se prosterne, on prie et l’on adore. Où trouve-t-on, dans les Écritures, une seule ligne pour justifier une telle chose ? Voici ce qu’elle dit : « Tu ne te feras point d’image taillée, ni aucune ressemblance de ce qui est dans les cieux en haut, et de ce qui est sur la terre en bas, et de ce qui est dans les eaux au-dessous de la terre. Tu ne t’inclineras point devant elles, et tu ne les serviras point » (Exode 20:4-5). Et l’apôtre Jean, à la fin de sa première épître, adresse aux chrétiens cette solennelle injonction : « Enfants, gardez-vous des idoles ». Chose frappante : dans l’ancienne Babylone, on adorait une mère déesse et son fils représenté dans des tableaux ou des statues, comme un petit enfant dans les bras de sa mère. C’est de là que le culte de la mère et de l’enfant se répandit partout, et est venu s’implanter dans l’Église catholique. Au Thibet et en Chine, les missionnaires jésuites furent surpris de trouver le pendant de la Madone romaine et de son enfant aussi dévotement adorés que dans la Rome papale. Shing Moo, la sainte mère, en Chine, était représentée avec un enfant dans ses bras et la tête entourée d’un nimbe ou auréole, absolument comme si c’eût été l’œuvre d’un artiste catholique romain. N’est-il pas profondément douloureux de voir que Satan, l’ennemi de Christ, a réussi à faire passer dans la chrétienté le culte rendu autrefois à Babylone à de fausses divinités ?
* * *
La place donnée à la Vierge Marie par l’Église romaine a amené d’autres erreurs d’une extrême gravité, car elles ne tendent à rien moins qu’à dépouiller le Seigneur d’une partie de ses glorieuses prérogatives. La parole de Dieu nous apprend qu’il n’y a qu’un « seul Médiateur entre Dieu et les hommes, l’homme Christ Jésus » (1 Timothée 2:5). Pour être ce Médiateur, le Fils éternel de Dieu est devenu un homme (Jean 1:14), et comme tel, il a été tenté comme nous en toutes choses, à part le péché (Hébreux 4:15 ; 2:18). Il a pris connaissance de nos douleurs, de nos langueurs, de nos peines, de nos infirmités, et y est entré dans un profond amour, une tendre compassion, une vraie sympathie ; un amour, une compassion, une sympathie divines en même temps qu’humaines (Matthieu 8:17). C’est ce que nous prouve toute sa vie sur la terre. Et maintenant qu’il est monté au ciel, il est le même ; son cœur n’a pas changé. Il sympathise avec nous dans nos infirmités ; il intercède sans cesse pour nous ; il est notre Avocat auprès du Père (Hébreux 4:15 ; 7:25 ; Romains 8:34 ; 1 Jean 2:1). Il nous invite à nous adresser nous-mêmes au Père, et le Père, en son nom, nous exauce (Jean 14: 13 ; 16:24, 26). Ainsi nous pouvons nous approcher de Dieu par Lui, entrer dans le sanctuaire même de Dieu, en vertu de son sacrifice, et venir directement avec confiance au trône de la grâce (Hébreux 7:25 ; 10:9 ; 4:16). Quel parfait et précieux Médiateur nous avons en Celui qui nous a aimés jusqu’à donner sa vie pour nous, qui nous aime et nous aimera toujours du même amour ! Quel besoin aurions-nous d’un autre, et qui saura mieux que Lui connaître tous nos besoins et pourra mieux y répondre ! Il est venu sur la terre pour cela. Il est notre salut, notre vie, notre paix.
Eh bien, l’Église romaine, dans son enseignement, n’a nullement tenu compte de ce que dit la parole de Dieu à cet égard. Non contente d’avoir donné à Marie la place que nous avons vue, elle en a fait une Médiatrice toute-puissante, et un Avocat dans le ciel ! Elle lui a assigné un titre et une fonction que l’Écriture n’attribue qu’à Christ. Elle a prétendu que Dieu était trop grand, et Jésus trop élevé, pour que nous approchions directement, soit du Père, soit du Fils, mais que Marie, par sa bonté, par sa douceur et sa tendresse, et à cause de l’amour que lui porte son Fils, est tout à fait propre à être Médiatrice et Avocat auprès de Lui. Le Fils, dit l’Église romaine, ne peut rien refuser à sa mère. Et elle oublie les paroles du Seigneur à Marie : « Qu’y a-t-il entre moi et toi, femme ? » (Jean 2:4). Un grand docteur de cette Église au 12° siècle, et qui sans nul doute a été un homme vraiment pieux, Saint Bernard, écrit : « Tu craignais de t’approcher du Père ; comme Adam, tu te cachais à sa voix ; il t’a donné Jésus pour Médiateur auprès de Lui. Mais peut-être es-tu effrayé de la majesté de ce Jésus, qui, bien qu’il se soit fait homme, est toujours Dieu. Il te faut auprès de Lui un avocat : recours à Marie ». Le pape Pie IX, en 1849, dans une encyclique (lettre circulaire adressée aux évêques), dit : « Vous savez bien, vénérables frères, que toute notre confiance est placée dans la très sainte Vierge, puisque Dieu a placé en Marie la plénitude de tout bien. S’il y a quelque espoir pour nous, quelque grâce, quelque salut, cela nous vient de Lui par elle ». N’est-il pas blasphématoire d’attribuer à une créature ce qui n’appartient qu’à Dieu et à son Fils ? (*)
(*) Plus encore, elle est maintenant expressément la co-rédemptrice : elle l’associe à l’œuvre du Rédempteur.
Écoutez encore ce qui est dit dans une des antiennes à la Vierge : « Salut, ô Reine, mère de miséricorde, douceur et espérance de notre vie, salut ! Nous crions à toi, nous fils d’Ève exilés, vers toi nous soupirons, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes. Toi, notre Avocat, tourne vers nous tes regards de miséricorde ». S’adresserait-on autrement à Dieu ou au Seigneur ? Sans aller plus loin, vous voyez dans quelle idolâtrie monstrueuse l’Église romaine entraîne ceux qui l’écoutent. Elle assimile la Vierge à la Sagesse éternelle de Proverbes 8, à l’Épouse du Cantique de Salomon. Elle lui dit : « Brisez les fers des coupables, donnez la lumière aux aveugles (*) … montrez que vous êtes notre mère ». Dans les litanies à la Vierge, elle la nomme « la porte du ciel », « le refuge des pécheurs », « l’étoile du matin » ; et que devient Christ, notre unique et précieux Sauveur, à qui seul l’Écriture attribue ces titres ? (**) Ces mêmes litanies s’adressent à la Vierge comme à la « Mère divine de la grâce », « la Mère du Créateur », « la source de notre joie », « l’arche de l’alliance », « la Reine de tous les saints », et en l’invoquant et demandant son intercession, elles l’associent au Père, au Fils, au Saint Esprit ! Croirait-on qu’un de leurs docteurs a été jusqu’à dire : « Toutes choses sont soumises à la Vierge, Dieu Lui-même », parce que, dit-il, « la mère a la prééminence sur le fils ». N’est-ce pas un blasphème horrible ? Combien sont à plaindre ceux que l’on conduit dans de telles voies ; on ne peut que désirer que Dieu les éclaire par sa parole, et que par elle, son Esprit les ramène et les garde dans la vérité, loin de ceux qui, « par de douces paroles et un beau langage, … séduisent les cœurs des simples » (Romains 16:18).
(*) Paroles analogues à celles que le Seigneur Jésus s’applique à Lui-même en Luc 4:19, où il dit : « L’Esprit du Seigneur est sur moi… Il m’a envoyé pour publier aux captifs la délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue ».
(**) Jean 10:9 ; Matthieu 11:28 ; Apocalypse 22:16.
Nous voyons la place prise par le culte de la Vierge dans l’Église romaine. C’est elle que l’on invoque, que l’on prie, à qui l’on s’attend, en qui l’on met toute confiance. Nous dirons encore quelques mots à ce sujet. Le Bréviaire est un livre de dévotion à l’usage des prêtres, qui, chaque jour, doivent en lire une partie, en public comme en particulier, quand l’heure en est venue. Il renferme des Psaumes pour les différentes heures du jour, des fragments des Écritures, des prières adaptées aux fêtes des saints, l’office de Marie, etc. Certainement il leur vaudrait mieux de lire journellement et uniquement toutes les Écritures inspirées de Dieu, propres pour enseigner, convaincre, corriger, instruire dans la justice, et rendre l’homme de Dieu accompli pour toute bonne œuvre ? (2 Timothée 3:16-17). C’est ce que faisait Timothée, qui n’avait pas besoin de Bréviaire, et ne savait rien du culte de Marie, qu’il eût sans doute rejeté avec horreur comme une idolâtrie des plus coupables.
Or, voici une des exhortations que renferme le Bréviaire : « Quand se lève la tempête des épreuves et que tu es jeté contre les rochers des afflictions, regarde en haut vers l’étoile, invoque Marie. Quand tu es ballotté çà et là, sur les vagues de l’orgueil, de l’ambition, de la passion et de l’envie, regarde vers l’étoile, invoque Marie. Quand la colère, ou la cupidité, ou les désirs de la chair, troublent ton âme, regarde vers Marie. Si tu es tourmenté en voyant la grandeur de tes péchés, et plein d’effroi à la pensée du jugement, si tu commences à t’enfoncer dans l’océan de la tristesse et l’abîme du doute, pense à Marie. Dans les dangers, les difficultés, les doutes, pense à Marie, invoque Marie ! » Que devient Christ, le divin et souverain Intercesseur, le grand Souverain sacrificateur de la vraie profession chrétienne, Celui qui sympathise à nos infirmités, qui nous appelle ses amis, qui est avec nous au milieu des tribulations que nous rencontrons dans le monde ? L’Église romaine le met pratiquement de côté et le remplace par une créature, bienheureuse et sans doute « bénie entre les femmes », mais dont la parole de Dieu ne parle que pour nous la montrer, sauvée par grâce, ignorante et faillible comme nous (*). Remarquons qu’après le premier chapitre des Actes, où elle est mentionnée comme se trouvant avec les disciples, Marie n’est plus jamais nommée dans la suite du Nouveau Testament. Il y a un seul Médiateur, Jésus, notre Avocat auprès du Père, notre Intercesseur tout puissant auprès de Dieu, et dont l’amour est immense et immuable. Il nous suffit. Dans les épreuves, les tentations, les difficultés et les dangers, c’est vers Lui, la vraie Étoile du matin, le vrai et seul refuge, qu’il faut regarder, Lui qu’il faut invoquer. Marie n’a rien fait pour nous, Lui a donné sa vie pour nous sauver.
(*) Qu’on lise les paroles de la Sainte Écriture : « Une femme éleva sa voix du milieu de la foule, et dit à Jésus : Bienheureux est le ventre qui t’a porté, et les mamelles que tu as tétées ! Et il dit : Mais plutôt, bienheureux sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent » (Luc 11:27-28). C’est ce que l’Église de Rome n’a point fait. Elle adore la Vierge et méconnait la parole de Dieu.
Une des formes superstitieuses qui se rattache au culte de Marie, est le Rosaire. On nomme ainsi un cordon terminé par une croix, et dans lequel sont enfilés des grains ou perles de deux différentes grosseurs. Il y a quinze dizaines des plus petits grains, et, devant chaque dizaine, se trouve un plus gros grain. Ces grains, que l’on fait passer entre les doigts, servent à compter le nombre de prières que l’on a récitées. Aux gros grains, on récite un Pater (la prière que le Seigneur enseigna à ses disciples), aux petits grains on récite un Ave Maria, qui est la salutation de l’ange à Marie. Les catholiques la rendent ainsi : « Je vous salue, Marie, pleine de grâces ; le Seigneur est avec vous ; vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni ». Si l’on compare ces paroles avec Luc 1:28 et 30, on voit tout de suite la différence entre la parole inspirée de Dieu et la version qu’en donne l’Église romaine. À cette première partie de l’Ave Maria, elle ajoute : « Sainte Marie, mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant, et à l’heure de la mort ». Or d’après l’Écriture, nous avons en Christ l’unique Sauveur des pécheurs ; en croyant en Lui nous possédons la vie éternelle, et ainsi nous sommes sauvés maintenant, et pour l’heure de notre mort, et pour l’éternité. Quelle différence entre la doctrine de Christ qui nous assure d’un salut parfait, actuel et éternel, et la doctrine de Rome qui laisse toujours dans le doute si l’on est sauvé. Elle veut que l’on ait recours à l’intercession d’une créature qui devait trouver grâce pour elle-même, et qui maintenant ne peut assurément rien pour nous, car, selon l’Écriture, Dieu ne lui a conféré aucune autorité, aucune puissance ! C’est le Seigneur Jésus à qui toute autorité a été donnée dans le ciel et sur la terre (Matthieu 28:18). C’est Lui qui tient les clefs de la mort et du hadès (*) (Apocalypse 1:18). C’est Lui qui ouvre et nul ne fermera, qui ferme et nul n’ouvrira (Apocalypse 3:7).
(*) Le hadès, c’est-à-dire le lieu où vont les âmes séparées du corps.
Le chapelet est un abrégé du Rosaire. Il ne contient que cinq dizaines d’Ave Maria séparées par un Pater. À quoi servent le Rosaire et le chapelet ? À compter le nombre de prières que l’on a récitées à la suite l’une de l’autre. Répéter ainsi, avec ou sans attention, 150 Ave et 15 Pater, ou 50 Ave et 5 Pater ; dire ou répéter plusieurs fois le Rosaire et le chapelet, constitue un acte méritoire aux yeux de Dieu, selon l’Église romaine. Le prêtre l’impose comme pénitence, pour expier des fautes. On récite le Rosaire ou le chapelet, pour abréger la durée des peines du purgatoire pour soi ou pour les autres. Nous ne trouvons rien de semblable dans l’Écriture ; ce sont des pratiques superstitieuses inventées par les hommes. Que dit le Seigneur ? « Quand vous priez, n’usez pas de vaines redites, comme ceux des nations, car ils s’imaginent qu’ils seront exaucés en parlant beaucoup. Ne leur ressemblez donc pas » (Matthieu 6:7-8). « Comme ceux des nations », dit Jésus. Cela ne rappelle-t-il pas les prêtres de Baal, qui, depuis le matin jusqu’à midi, répétaient « Ô Baal, réponds-nous ! » (1 Rois 18:26). Et l’on sait que de nos jours, les Bouddhistes ont eux aussi leurs chapelets et même leurs moulins à prières ! Les prêtres romains imposent ces répétitions de prières pour expier des fautes, et la parole de Dieu nous dit simplement : « Si nous confessons nos péchés, il (Dieu) est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité » (1 Jean 1:9). Et là il n’est question d’aucun rosaire, ni de répéter des prières. Nous venons à Dieu, nous Lui confessons (et non au prêtre) humblement nos péchés, et en vertu de l’œuvre parfaite de Christ, Dieu nous pardonne, et nous purifie. Quelle grâce précieuse !
Le Rosaire, comme nous le voyons, est consacré à la Vierge. L’Église romaine a institué une fête du très Saint Rosaire, comme elle dit, et c’est toujours la Vierge qui y est glorifiée. Dans le service de cette fête, voici ce que nous lisons : « Réjouissons-nous tous dans le Seigneur, nous qui célébrons ce jour de fête en l’honneur de la bienheureuse Vierge Marie », et ensuite : « Ô Dieu ! faites, nous vous en prions, qu’honorant dans ces mystères le Saint Rosaire de la bienheureuse Vierge Marie, nous imitions ce qu’ils renferment, et nous obtenions ce qu’ils promettent ». Honorer un chapelet de grains, y voir des mystères à imiter (et quels sont ces mystères !), associer les noms de Dieu et du Seigneur à l’idolâtrie envers une créature, n’est-ce pas une profanation ?
Il est bon de savoir ce qu’enseigne cette église dite apostolique qui prétend être la seule vraie, afin d’être en garde contre ses séductions. « Enfants, gardez-vous des idoles », disait l’apôtre Jean en terminant sa première épître (1 Jean 5:21). Déjà le mal commençait ; l’Église se détournait de Jésus Christ, le Dieu véritable et la vie éternelle (1 Jean 5:20), et l’Esprit Saint avertissait solennellement les chrétiens à l’égard de ce qui allait s’introduire dans l’Église et corrompre la vérité.
Re: Forum Religion Catholique
L’Invocation des saints
L’Église romaine ne s’est pas contentée d’établir Marie comme Reine du ciel, des anges, des patriarches, des prophètes et des saints, comme Avocat et Médiatrice souveraine auprès du Père et du Fils, elle a rempli le ciel d’une foule d’autres médiateurs. Ce sont des hommes qu’elle nomme les saints, qu’elle invoque et qu’elle prie, afin qu’ils intercèdent auprès de Dieu pour les hommes ; et elle a fait des anges mêmes, et particulièrement de l’archange Michel, des intercesseurs et des objets de culte.
L’invocation des saints a son origine dans la vénération dont, au commencement, on entourait la mémoire de ceux qui avaient rendu un fidèle témoignage pour Christ et qui avaient souffert pour son nom. Mais à mesure que l’ignorance des Écritures et des vérités qu’elles renferment, s’accentuait, et que la superstition prenait le dessus, de la vénération on passa à l’idée que ces saints qui, sur la terre, avaient eu par leurs prières une grande puissance auprès de Dieu (*), devaient l’avoir conservée après leur mort. On en fit donc des intercesseurs dans le ciel. On pensa qu’ayant été des êtres humains comme nous sur la terre, ils comprendraient mieux nos luttes, nos combats et nos peines, que l’on éprouverait moins de craintes et plus de hardiesse à s’approcher d’eux, et que d’ailleurs, à cause de leurs mérites, le Seigneur se laisserait plus aisément fléchir par eux.
(*) Cela est vrai ; la prière fervente du juste peut beaucoup ; mais c’est sur la terre (Jacques 5:15).
À la tête de ces saints se trouvent naturellement les apôtres, spécialement Pierre et Paul, mais surtout Pierre, que l’Église romaine considère comme le premier pape ; puis Jean Baptiste comme précurseur du Seigneur. Dans l’office de la fête de Jean Baptiste, l’Église romaine applique à ce saint les paroles d’Ésaïe qui annonce la venue du Sauveur (Ésaïe 49:1-6) (*), tordant ainsi les Écritures. Ensuite vient Joseph, l’époux de Marie, que l’on vénère comme le patron de l’église universelle, et auquel on applique les bénédictions appelées par le patriarche Jacob sur la tête de son fils Joseph (Genèse 49:22 26) (**), jouant ainsi sur la similitude des noms et induisant les âmes doublement en erreur. Après ceux-là viennent les martyrs, les Pères, les ermites comme saint Antoine par exemple, et ensuite une multitude de saints que nomment des légendes plus ou moins authentiques, quelques-uns n’ayant peut être jamais existé. Ces légendes sont remplies de soi-disant miracles opérés par les saints dont elles parlent. À cela, il faut ajouter les hommes et les femmes d’une époque plus récente, qui, ayant mené une vie pieuse et opéré, affirme-t-on, des miracles, ont été d’abord béatifiés, puis canonisés, c’est-à-dire déclarés saints par le pape, et placés dans le ciel comme des intercesseurs auxquels on peut s’adresser et que l’on peut prendre pour patrons.
(*) « Le Seigneur m’a appelé avant ma naissance ; il s’est souvenu de mon nom lorsque j’étais encore dans le sein de ma mère, etc ». Je cite d’après la version catholique.
(**) Entre autres celles-ci : « Ceux qui portaient des dards l’ont irrité, l’ont insulté, lui ont porté envie… Le Tout puissant te comblera de bénédictions… que ces bénédictions se répandent sur la tête de Joseph ». Sur la façade d’églises catholiques dédiées à saint Joseph, on lit : « Allez à Joseph », paroles que le Pharaon adressait aux Égyptiens, et que l’on détourne de leur vrai sens pour les appliquer à l’époux de Marie.
De bonne heure on plaça des édifices religieux, églises et chapelles, sous l’invocation de tel ou tel saint. On prétendit que des reliques de celui dont l’édifice portait le nom, se trouvaient là, souvent que son corps était sous le maître-autel, et que des miracles s’y opéraient, et cela amenait, dans ces lieux vénérés, une multitude de pèlerins qui s’y rendaient, soit pour être guéris, soit pour obtenir de l’intercession du saint quelque bénédiction, soit pour acquérir, en vertu de ces pèlerinages fatigants et coûteux, des mérites auprès de Dieu. Nécessairement ces pèlerinages étaient pour ceux qui desservaient les lieux de culte et pour les habitants des endroits où ils se trouvaient, une source de gains d’autant plus considérable que la réputation du saint était grande et les pèlerinages plus nombreux. De là des trafics honteux, et une rivalité entre les lieux de pèlerinage, une sorte de concurrence à qui aurait le plus de pèlerins. Ne croyons pas que, dans nos temps plus éclairés, ces superstitions aient cessé. Qui ne connaît les pèlerinages à Lourdes, provoqués par de prétendues apparitions de la Vierge à une jeune fille en 1858 ; à Einsiedeln, en Suisse, où l’on affirme avoir une image miraculeuse de la Vierge ; à Notre Dame de Lorette, en Italie, où l’on montre la maison de la Vierge et la chambre qu’elle occupait quand l’ange vint lui annoncer la naissance du Sauveur, le tout transporté par les anges à Lorette, petite ville des environs d’Ancône (*) ; à Saint-Jacques de Compostelle, en Espagne, le plus célèbre des lieux de pèlerinage après Rome et Jérusalem : on prétend que l’apôtre Jacques y fut enterré ! Que de choses l’ennemi du Seigneur et des âmes a mises au cœur des hommes pour les détourner de Christ, de son œuvre, et du culte en esprit et en vérité !
(*) Plus récemment, la Vierge, dite du Rosaire, serait apparue à de jeunes enfants à Fatima (Portugal), en 1917, d’où un autre pèlerinage de grand renom !
Les saints ne sont pas seulement des intercesseurs généraux, pour ainsi dire. Bien que chacun puisse s’adresser à eux, chaque bourg, chaque ville, chaque contrée, chaque royaume a son patron spécial, là où domine l’Église romaine. Bien plus, tout vrai catholique veut avoir pour patron le saint dont il porte le nom et l’on choisit souvent pour un des prénoms, celui dont la fête tombe sur le jour de naissance de la personne.
Les saints sont en si grand nombre qu’afin de n’en oublier aucun et afin d’obtenir de tous, connus ou inconnus, la faveur de leur intercession, l’Église romaine a institué une fête de tous les saints (le 1er novembre).
Au culte rendu aux saints, il faut ajouter l’invocation des anges. Les litanies des saints disent entre autres : saint Michel, saint Gabriel, saint Raphaël, saints anges et archanges, priez pour nous. De plus chaque personne (*) a son « bon ange », au dire de l’Église romaine. Ainsi, dans une prière que les fidèles sont invités à répéter, il est dit : « Ange du ciel, mon fidèle et véritable guide, obtenez-moi d’être si fidèle à vos instructions et de régler si bien tous mes pas, que je ne m’écarte en rien des commandements de mon Dieu ». Et quant au saint patron, voici la prière qu’on lui adresse : « Grand saint dont j’ai l’honneur de porter le nom, protégez-moi, priez pour moi, afin que je puisse servir Dieu comme vous sur la terre, et le glorifier éternellement avec vous dans le ciel ». La confession des péchés ne s’adresse pas à Dieu seulement, mais « à la bienheureuse Marie toujours Vierge, à saint Michel archange, à saint Jean Baptiste, aux apôtres saint Pierre et saint Paul, et à tous les saints », et on les supplie d’intercéder auprès du Seigneur Dieu pour le pardon des péchés.
(*) Les théologiens catholiques enseignent également qu’il y a un ange gardien non seulement pour tout individu, juste ou pécheur, mais encore pour chaque nation, chaque ville, chaque diocèse, chaque communauté. Saint Michel est l’ange gardien de toute l’Église, mais chaque église a aussi son ange gardien spécial.
Nous ne trouvons dans l’Écriture sainte aucun passage qui justifie ce culte rendu à des créatures. Le Seigneur nous dit bien, pour montrer l’intérêt que le Père prend aux petits enfants et les soins qu’il a pour eux, que leurs anges voient sans cesse sa face dans les cieux (Matthieu 18:10). Mais cela signifie-t-il qu’il faut invoquer ces anges ? Nullement. Les anges sont « des esprits administrateurs, envoyés pour servir en faveur de ceux qui vont hériter du salut » (Hébreux 1:14). Cela veut-il dire que nous devions nous adresser à eux ? Pas du tout ; au contraire, l’apôtre Paul dit, en parlant de certains docteurs, qui, déjà de son temps, induisaient les fidèles en erreur : « Que personne ne vous frustre du prix du combat, faisant sa volonté propre dans l’humilité et dans le culte des anges, s’ingérant dans les choses qu’il n’a pas vues » (Colossiens 2:18). C’était une fausse humilité qui prétendait n’oser pas s’approcher de Dieu, et s’adressait aux anges. Mais l’apôtre dit au contraire à ces hommes qu’ils sont enflés d’un vain orgueil et suivent leurs propres pensées, et qu’ils ne tiennent pas ferme le Chef, c’est-à-dire Christ (Colossiens 2:19). Nous avons tout en Christ, Christ suffit pleinement. Il nous a sauvés, par Lui nous nous approchons de Dieu ; nous n’avons besoin d’aucun autre. La Vierge Marie et les saints, les vrais saints qui sont délogés, sont dans le repos près de Lui, en attendant la résurrection. Ils n’ont et ne peuvent avoir cette toute-connaissance qui serait nécessaire pour entendre tous ceux qui les invoquent, et qui n’appartient qu’à Dieu, et par conséquent ils n’entendent aucune prière. Celles qu’on leur adresse ne sont qu’un vain son. Les anges sont occupés de leur service, comme nous le voyons dans l’Apocalypse, et quand Jean se prosterne et veut adorer l’ange qui lui avait montré les merveilleuses choses de Dieu, l’ange repousse cet hommage et lui dit : « Garde-toi de le faire ; je suis ton compagnon d’esclavage … rends hommage à Dieu » (Apocalypse 19:10 ; 22:8-9).
Et s’il s’agit des saints, rappelons-nous que, quand Corneille vient recevoir Pierre, et qu’il se jette à ses pieds pour lui rendre hommage, l’apôtre le relève en lui disant : « Lève-toi ; et moi aussi je suis un homme » (Actes 10:25-26). Cela ne suffit-il pas pour juger et condamner l’invocation des saints et des anges ? Assurément. À Dieu seul, et au Seigneur Jésus Christ, appartiennent la gloire, et l’honneur, et la force, et toute adoration.
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