Forum Religion Catholique
2 participants
Forum Religion : Le Forum des Religions Pluriel :: ○ Enseignement :: Chrétienté :: L'Église Catholique
Page 6 sur 15
Page 6 sur 15 • 1 ... 5, 6, 7 ... 10 ... 15
Forum Religion Catholique
Rappel du premier message :
Religion des chrétiens qui reconnaissent le pape comme chef spirituel.
Le catholicisme, également appelé l’Église catholique, est la branche du
[ltr]christianisme[/ltr]
qui reconnaît l'autorité spirituelle et juridictionnelle du
[ltr]pape[/ltr]
. « Totalité et universalité » : tel est le sens en grec ancien du terme katholikos, par lequel est désignée, dès le iie s. de notre ère, l'Église qui a été fondée par Jésus, puis celle qui est restée attachée à ce titre ancien après les divisions apparues au sein du monde chrétien.
Le catholicisme fonde son unité sur une communauté de foi, de sacrements et de vie religieuse (un seul Christ, une seule foi). Une, la foi catholique repose sur un triple fondement : l'Écriture, qui est parole de Dieu ; la Tradition, qui est continuité de l'action divine ; l'Église, dépositaire et seule interprète autorisée de la vérité.
L'Église catholique au sein du christianisme
Lippo Memmi, saint Pierre
Selon l'Évangile, Jésus a lui-même désigné parmi ses apôtres un homme, Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » Le martyre de Pierre à Rome a ensuite désigné le siège épiscopal de la ville comme celui autour duquel doit s'affirmer l'unité de l'Église et de la foi. C'est ainsi que dans l'Église primitive est établie, vers le ier s., la primauté de l'évêque de Rome, successeur de Pierre.
Les enseignements du Christ ont d'abord été transmis par voie orale. Aux premiers écrits chrétiens, notamment les lettres adressées par Paul aux communautés qu'il a fondées, vont succéder les Évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean. Face à la nécessité de légiférer pour authentifier, parmi les multiples écrits qui sont alors rédigés, ceux qui sont fidèles à l'enseignement du Christ, un corpus est rassemblé sous le nom de « Nouveau Testament », en même temps que les écrits juifs antérieurs sont rebaptisés « Ancien Testament ». De même, face à la multiplication des communautés chrétiennes qui naissent dans tout le Bassin méditerranéen à partir du ier s., sont structurées les formes de cette Église (assemblée), qui est appelée à préserver le message du Christ en le protégeant des interprétations erronées.
Le schisme avec les chrétiens d’Orient
Constantin Ier le Grand
Persécuté du ier au ive s., puis toléré et enfin reconnu comme religion officielle par l'empereur Constantin, au début du ive s., le christianisme parvient à s'établir dans l'Empire romain, tout en maintenant son unité ecclésiale et doctrinale jusqu'au xe s. Cependant se développent au sein de l'Église de nombreux débats théologiques, tranchés lors de grands conciles où sont élaborés et fixés des éléments essentiels de la doctrine chrétienne, comme l'universalité du christianisme (Jérusalem, en 49), la Trinité de Dieu (Nicée, en 325 ; Constantinople, en 381), la nature de Jésus-Christ, à la fois humaine et divine (Chalcédoine, en 451). Après l'éclatement de l'Empire romain à la fin du ve s., les divergences entre Orientaux et Occidentaux se font de plus en plus sentir.
Alors que l'Église orientale reste sous la tutelle de l'empereur de Constantinople, l'Église latine doit, pour sa part, suppléer le pouvoir politique, qui s'est effondré avec la chute de l'Empire romain d’Occident. Rome y gagne en autorité non plus seulement spirituelle, mais également temporelle. L'Église d'Orient, déjà opposée à l'Église latine sur la formulation du dogme de la Trinité, lui reproche son autorité centralisatrice. En 1054, la rupture est consommée. L'Église latine garde le nom ancien de « catholique » et celle d'Orient prend celui d'« Église orthodoxe ». Certaines Églises feront néanmoins retour à la communion catholique, notamment au xviiie s., tout en gardant leurs rites de tradition orientale.
La Réforme protestante
Martin Luther
Face au pouvoir temporel de plus en plus hégémonique de l'Église catholique en Europe, les critiques se lèvent pour dénoncer les pesanteurs et les compromissions de l'appareil clérical. Les thèses de Martin Luther (1517) marquent le début de la Réforme, qui donne naissance aux Églises protestantes. Ce mouvement de contestation aspire à une simplification et à une personnalisation de la religion, en préconisant notamment la lecture directe de la
[ltr]Bible[/ltr]
par le croyant. Grâce au développement de l'imprimerie, il parvient en effet à retirer aux clercs et à l'Église le monopole de la pratique des Saintes Écritures. Dans le protestantisme, il n'y a pas d'épiscopat sacramentel, mais un sacerdoce commun à tous. Le baptême et la Cène (partage du pain et du vin) sont les seuls sacrements retenus, et toute pratique de dévotion ou toute démarche visant à s'assurer du salut sont rejetées : le salut ne s'achète pas, il est obtenu par la grâce de Dieu et non par les œuvres.
L'Église catholique tente de répondre à ces vives attaques par la Contre-Réforme, ou Réforme catholique, en réaffirmant notamment l'autorité du pape ainsi que son attachement à la Tradition, à son magistère, aux sacrements et au salut par les œuvres.
La foi catholique
Introduction
La foi catholique consiste en l'adhésion aux enseignements de l'Église portant sur les vérités que Dieu a révélées par son Fils. Elle se caractérise précisément par la définition des voies d'accès à ces vérités et au salut qu'elles portent en elles : la Révélation, l'Église et la Tradition, qui forment un tout indivisible.
La Révélation
Lorenzo Lotto, la Reconnaissance de la nature divine de l'Enfant Jésus
Selon le christianisme, Dieu s'est révélé aux hommes à travers l'histoire du peuple juif, auquel il a proposé son alliance, avant de se révéler pleinement à travers son Fils – Jésus-Christ mort et ressuscité –, en lequel il s'est incarné.
Le Dieu révélé par le Christ est un Dieu unique mais en trois hypostases : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Il est créateur de toute chose et de toute vie. Empli de bonté envers sa création, il renouvelle, à travers le sacrifice de son Fils sur la croix, son alliance avec le peuple juif puis avec tous les hommes. Les chrétiens, en effet, croient non seulement à la résurrection du Christ, mais aussi à la résurrection des morts et à la vie éternelle : le salut.
L'enseignement du Christ peut se résumer par cette phrase de l'Évangile de Luc (Luc X, 27) : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces, et de tout ton esprit. Et tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Le mot « alliance » traduit un lien de réciprocité entre Dieu et l'homme, et il exprime la « solidarité » de Dieu avec tout homme. Aussi toute adhésion de foi comporte des exigences d'engagement de solidarité humaine et sociale.
La Révélation est tout entière contenue dans la vie, la mort et la résurrection du Christ. Les textes bibliques conservés par la Tradition transmettent les récits qui en ont été faits par les premiers chrétiens.
L'Église
Dépositaire et interprète autorisée des vérités chrétiennes, l'Église veille au maintien de l'unité de la foi. Dans le catholicisme, c'est à elle, à l'assemblée des fidèles, que sont transmises les Écritures, et non à chacun de ses membres d'une manière individuelle.
L'Église catholique ne peut admettre sans difficulté l'existence de plusieurs Églises chrétiennes. Selon elle, la volonté du Christ, réaffirmée dans le credo de Nicée, est que son Église soit « une, sainte, catholique et apostolique », et ce non seulement d'un point de vue théologique – comme le soutiennent orthodoxes et protestants –, mais également dans sa réalisation concrète.
La conviction avec laquelle l'Église catholique revendique comme légitime le droit de rassembler tous les chrétiens repose sur trois éléments fondamentaux :
Évêque célébrant la messe
– La succession apostolique. Les évêques continuent avec le pape la mission confiée par Jésus aux apôtres. Leur ordination dans l'Église (par imposition des mains et sacrement de l'ordre) les investit des pouvoirs de gouverner, d'enseigner et de donner les sacrements au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
– La prédication de la Parole. De même que les premiers disciples ont reçu de Jésus l'Esprit saint, le collège des évêques et le pape sont assistés par l'Esprit lorsqu'ils doivent énoncer les vérités de foi.
Baptême d'un enfant
– Les sacrements. La présence du Christ dans l'Église se manifeste par l'Église elle-même et par les sacrements – signes sacrés porteurs de grâces et institués par le Christ –, à travers lesquels l'Esprit opère le don de Dieu. L'Église catholique dispense sept sacrements : le baptême et l'eucharistie (communs à toutes les Églises chrétiennes), la confirmation, le mariage, l'ordre, la réconciliation (pardon) et l'onction des malades (extrême-onction) pratiqués également dans les Églises orthodoxes. Par le sacrement de l'ordre (ordination), les clercs – diacres, prêtres, évêques – reçoivent le pouvoir de transmettre la grâce de Dieu par les sacrements.
La Tradition
L'Église assure la présence du Christ à travers les âges, en tant que dépositaire des Écritures, mais aussi de la Tradition. Dans le catholicisme, la Tradition englobe l'ensemble des enseignements, des dogmes et des pratiques cultuelles que l'Église a adoptés tout au long de son histoire. Loin de penser que son épaisseur risque de rendre opaque la vérité du Christ, l'Église catholique considère que la Tradition garantit la transmission fidèle et intégrale de la Révélation.
Par son action théologique, dogmatique, liturgique et même sociale, l'Église s'efforce sans cesse d'approfondir le mystère chrétien. Les nouveaux dogmes qu'elle élabore ne sont pas censés apporter de nouvelles vérités, mais éclairer un aspect de la vérité déjà révélée dans sa plénitude par le Christ. Ainsi, la vérité discernée à un moment donné par l'Église des fidèles n'est pas désavouée par les générations suivantes, mais elle est conservée dans la Tradition, tout en étant réinterprétée.
Il existe une manière moderne d'adopter des dogmes qui tend à s'éloigner d'une conception « doctrinaire » de la Tradition et qui prend en compte la dimension historique de la parole doctrinale de l'Église. En témoignent les paroles du pape Jean XXIII au concile Vatican II (1962) : « Autre chose est le dépôt même ou les vérités de la foi, autre chose est la façon selon laquelle les vérités sont exprimées, à condition toutefois d'en sauvegarder le sens et la signification. »
À toutes les époques et dans les divers contextes culturels, l'Église catholique a toujours professé sa foi dans l'assistance par l'Esprit saint pour interpréter et actualiser le message évangélique, en le préservant des interprétations subjectives et en lui conservant son authenticité et son unité.
La liturgie
Ensemble des célébrations officielles du culte rendu à Dieu, la liturgie s'organise ordinairement au niveau de la communauté paroissiale. Ces célébrations publiques, qui ont lieu habituellement le dimanche ou le samedi soir, rassemblent à l'église les catholiques établis à proximité. Un calendrier liturgique répartit sur une année la célébration des grandes étapes de la vie du Christ (sa naissance est fêtée à Noël, sa résurrection à Pâques, etc.).
Messe à Notre-Dame de la Trappe
La principale liturgie est la messe, qui comprend deux grandes parties, la première étant consacrée à la lecture et aux commentaires de la Parole (sermon ou homélie), la seconde à l'eucharistie et à l'action de grâce. Comme le Christ l'a enseigné aux apôtres à la veille de sa mort, les catholiques partagent le pain et le vin dans l'eucharistie, un sacrement qui, plus qu'un acte dédié à la mémoire du Christ, est, dans la théologie catholique, sa transsubstantiation. Par la communion, les croyants participent à la vie du Christ, reçoivent son corps et son sang comme une nourriture spirituelle qui les sanctifie.
Les catholiques, de même que les orthodoxes, prient la Vierge Marie et les saints, intercesseurs auprès de Dieu.
L'institution catholique
Introduction
L'Église catholique possède une structure à la tête de laquelle se trouve le pape, suivi – dans l'ordre hiérarchique – par les évêques, les prêtres, les diacres et les laïcs (ou simples fidèles).
Avec ses deux mille ans d'histoire et ses nombreux fidèles répartis dans le monde, l'Église catholique se révèle être une institution dont le gouvernement est fort complexe.
Rome
Le support territorial de l'Église catholique est l'État de la cité du Vatican, dont le statut a été établi par les accords du Latran, en 1929. Ce vestige des États pontificaux, institués au viiie s. pour garantir au pape une indépendance vis-à-vis des pouvoirs politiques, couvre un territoire de 44 ha enclavé dans la ville de Rome. La cité du Vatican jouit d'un statut de neutralité et d'inviolabilité. Cet État singulier est doté d'un gouvernement propre. Sa population s'élève à quelques centaines de personnes, principalement occupées dans la curie romaine.
Le gouvernement de l'Église
Premier concile du Vatican
Au sommet de la hiérarchie catholique, le pape est le garant de la continuité apostolique. Occupant le siège épiscopal de l'apôtre Pierre, il est évêque de Rome. Il nomme les évêques. Élu par le Sacré Collège des cardinaux et choisi parmi eux, il est aussi le signe visible de l'unité de l'Église. À ce titre, il représente l'autorité suprême, arbitrant toutes les décisions concernant la vie de l'Église, l'expression de la foi et les grandes questions posées par les évolutions de société. Toutes ses décisions et déclarations n'engagent pas la foi catholique au même degré : une encyclique papale n'a pas la valeur d'un dogme, qui est l'énonciation d'un article de foi. Aux périodes défensives de son histoire, l'Église catholique s'est recentrée autour de l'autorité du pape, notamment après le grand schisme d'Orient (au moment même où l'Église orthodoxe a conservé des traditions plus pluralistes en son sein), mais aussi lors de la Réforme protestante, puis au début de la modernité issue des Lumières et de la Révolution française. En 1870, au concile Vatican I, l'Église s'est attachée à redéfinir la primauté et l'infaillibilité de son chef. Près d'un siècle plus tard, le concile Vatican II a rééquilibré l'autorité papale en réhabilitant dans ses fonctions primitives la collégialité des évêques.
La collégialité épiscopale confère une responsabilité à tous les évêques, qui exercent leurs pouvoirs sous l'autorité du pape. C'est au chef suprême de l'Église qu'incombe, en effet, le droit de les réunir tous en concile œcuménique ou en synode (c'est-à-dire en assemblée régionale ou locale, par exemple, les évêques africains). Cependant, depuis le concile Vatican II, des conférences épiscopales nationales ou locales (par exemple, la Celam, la Conférence des évêques d'Amérique latine) se tiennent régulièrement à leur propre initiative.
Assemblée des cardinaux – évêques élevés à ce rang par le pape –, le Sacré Collège joue un rôle de conseil particulier auprès du chef suprême de l'Église. Le rôle de cette assemblée consiste essentiellement à élire le nouveau pape. Mais, selon la règle édictée par Paul VI en 1970, ne participent au vote que les cardinaux âgé de moins de 80 ans. Le Sacré Collège, qui comptait 70 cardinaux de Sixte Quint à Jean XXIII, en rassemble près de 200 à la fin des années 2000.
L'Église locale
Circonscrite par un territoire – le diocèse – plus ou moins vaste selon les régions du monde, l'Église diocésaine constitue l'unité de base de l'Église, dans laquelle la continuité apostolique est assurée par l'évêque.
Nommé par le pape, l’évêque est choisi parmi les prêtres et ordonné par des évêques. La plupart d'entre eux sont à la tête d'un diocèse, qui est organisé en paroisses que l'évêque confie à des prêtres. L'évêque, qui a pouvoir de juridiction, est responsable en particulier de la pastorale (enseignement et mission) et des prêtres de son diocèse.
Ordonnés par l'évêque, les prêtres sont au service de l'Église diocésaine. Ce sont exclusivement des hommes ayant fait vœu de célibat (à l'exception des Églises catholiques de rite oriental, où des hommes mariés peuvent être ordonnés). Ils reçoivent de l'évêque le pouvoir de dispenser tous les sacrements sauf l'ordination des nouveaux prêtres (réservée aux évêques). Ils président les célébrations liturgiques, organisent les nombreuses activités de catéchisme, d'entraide, de réflexion au niveau paroissial et diocésain.
Les diacres constituent, au sein de l'Église, le premier degré de la hiérarchie et du sacrement de l'ordre. Tirant son origine d'une tradition ancienne, le diaconat a été remis en honneur par le concile Vatican II comme service spécifique de la communauté croyante ouvert aux hommes mariés. On parle alors de diacres permanents.
Les laïcs sont les membres les plus nombreux de l'Église. Ils voient leur participation à la mission évangélique de l'Église mieux reconnue dans les sociétés laïcisées du IIIe millénaire.
Les ordres religieux
En dehors des activités organisées autour des paroisses et, plus généralement, dans le cadre de la structure ecclésiastique, il existe d'autres formes de vie religieuse, plus dépouillées, plus disciplinées et souvent plus communautaires. Les ordres et les missions représentent ainsi des formes très différentes d'engagement au nom de la foi catholique.
Giotto, Innocent III approuve la règle de saint François
À l'instar des plus connus d'entre eux – bénédictins et bénédictines de saint Benoît (vie s.), franciscains de saint François d'Assise (xiiie s.), clarisses de sainte Claire (xiiie s.), dominicains de saint Dominique (xiiie s.) ou jésuites d'Ignace de Loyola (xvie s.) –, tous les ordres religieux suivent des règles de vie qui répondent aux trois appels évangéliques : la pauvreté, la chasteté et l'obéissance. Ils se différencient néanmoins par leur principale activité qui peut être la prédication, l'action missionnaire et sociale ou encore la prière (notamment dans les ordres contemplatifs vivant dans des monastères).
Contrairement à la prêtrise, les ordres admettent hommes et femmes, mais dans des communautés séparées. Le statut de religieux n'est pas incompatible avec la prêtrise, tant et si bien que beaucoup de religieux sont également prêtres. Par ailleurs, certains ordres (comme les dominicains et les franciscains) ont institué un « tiers ordre », dans lequel sont regroupés des laïcs, mariés ou non, qui, tout en continuant à vivre dans le monde, s'engagent à suivre certains préceptes de la règle adoptée par l'ordre auquel ils appartiennent.
Les ordres religieux ont, pour la plupart, essaimé sur tous les continents. Les responsables des communautés dépendent, selon les cas, de l'évêque du lieu ou d'une autorité centrale rattachée directement au Saint-Siège.
Les mouvements catholiques
Les mouvements catholiques rassemblent des croyants désireux d'agir au nom de la foi, de la justice et de la charité chrétiennes, dans le cadre d'un des nombreux organismes existants, associations ou institutions. Alors que certains d'entre eux ont une dimension locale, d'autres (comme Caritas International, dont fait partie le Secours catholique français) sont internationaux.
Ces mouvements allient à des degrés divers l'étude ou la formation religieuse, l'approfondissement spirituel et l'action caritative ou sociale. Une tension existe cependant entre ceux qui seraient tentés d'oublier le « monde » et ceux qui, au contraire, s'engagent « dans le monde » sans mettre en avant leur identité de membres de l'Église.
Léon XIII
À travers ces nombreux engagements, le catholicisme continue d'être actif dans les domaines de l'enseignement et de l'assistance hospitalière ou caritative, qu'il a longtemps eus en charge. Avec la révolution industrielle du xixe s., il s'est investi sur le terrain social pour dénoncer la « misère imméritée des ouvriers » (encyclique Rerum novarum de Léon XIII, en 1891) et pour y chercher remède. Connu sous le nom de catholicisme social, ce mouvement a débouché sur l'action politique, conduite par les partis de la démocratie chrétienne, et préparé l'éclosion de l'apostolat des laïcs, notamment l'Action catholique en France.
La présence de plus en plus nombreuse de missionnaires dans les pays du tiers-monde a permis aux catholiques de participer à la lutte pour le développement des pays du Sud et de porter assistance aux plus défavorisés.
L'évolution actuelle du catholicisme
Introduction
Ouverture sur le monde séculier, volonté de rejoindre les préoccupations des fidèles, telle est la tendance qui l'emporte aujourd'hui au sein de l'Église catholique, qui cherche à refréner la poussée des traditionalistes refusant toute modernisation liturgique et toute forme d'œcuménisme.
Le concile Vatican II
La seconde moitié du xxe s. est marquée par le concile Vatican II. Convoqué par Jean XXIII, qui l'ouvre le 11 octobre 1962, il est clos le 8 décembre 1965 par Paul VI. Au terme de cette grande assemblée qui a réuni les évêques du monde entier et de nombreux experts théologiens, le catholicisme sort transformé, en particulier plus ouvert au dialogue :
– avec les autres confessions chrétiennes dans le cadre du dialogue œcuménique, qui se traduit, dès le 7 décembre 1965, par la levée réciproque des excommunications entre Rome et Constantinople ;
– avec tous les hommes s'interrogeant au sein de l'Église sur les problèmes de société, dans le respect de leur liberté ;
– avec tous les catholiques, clercs et laïcs, qui ont reçu la même mission de témoigner du Christ et qui méritent ainsi une plus grande reconnaissance, due également au pluralisme culturel des Églises particulières et locales, dont il convient de respecter l'autonomie légitime (par exemple, par l'utilisation de la langue vernaculaire comme langue liturgique) ;
– avec les autres religions, sur la base d'une reconnaissance plus ample du caractère impénétrable des voies de Dieu.
Le concile Vatican II a été l'aboutissement et le point de départ d'un vaste travail théologique qui continue à susciter un intérêt général, de la part tant des clercs que des laïcs.
La tentation intégriste
L'intégrisme catholique est né d'une réaction aux évolutions des sociétés modernes. Désignant initialement un parti politique espagnol, né vers 1890, à la suite de la condamnation papale du modernisme (Syllabus, 1864), le terme a pris un sens plus large. Aujourd'hui il s'applique aux catholiques intransigeants, qui refusent toute concession avec l'ordre social et politique des sociétés modernes, laïques et pluralistes.
Au début du xxe s., sous le pontificat de Pie X, l'intégrisme a pris la forme d'une organisation secrète, la Sapinière, dont l'activité principale était de constituer des dossiers sur les catholiques jugés trop « compromis » avec la société moderne. Elle a mis fin à ses activités en 1921.
Après Vatican II, l'intégrisme est devenu le creuset des tendances catholiques fondamentalement hostiles à l'aggiornamento (adaptation de l'Église à la modernité) engagé par le concile. Le 30 juin 1988, le schisme conduit par le chef des intégristes – l'évêque français Marcel Lefebvre – a été consommé avec l'Église de Rome.
Documents associés
Médias
Forum Religion Catholique
Catholicisme
Religion des chrétiens qui reconnaissent le pape comme chef spirituel.
Le catholicisme, également appelé l’Église catholique, est la branche du
[ltr]christianisme[/ltr]
qui reconnaît l'autorité spirituelle et juridictionnelle du
[ltr]pape[/ltr]
. « Totalité et universalité » : tel est le sens en grec ancien du terme katholikos, par lequel est désignée, dès le iie s. de notre ère, l'Église qui a été fondée par Jésus, puis celle qui est restée attachée à ce titre ancien après les divisions apparues au sein du monde chrétien.
Le catholicisme fonde son unité sur une communauté de foi, de sacrements et de vie religieuse (un seul Christ, une seule foi). Une, la foi catholique repose sur un triple fondement : l'Écriture, qui est parole de Dieu ; la Tradition, qui est continuité de l'action divine ; l'Église, dépositaire et seule interprète autorisée de la vérité.
L'Église catholique au sein du christianisme
Lippo Memmi, saint Pierre
Selon l'Évangile, Jésus a lui-même désigné parmi ses apôtres un homme, Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » Le martyre de Pierre à Rome a ensuite désigné le siège épiscopal de la ville comme celui autour duquel doit s'affirmer l'unité de l'Église et de la foi. C'est ainsi que dans l'Église primitive est établie, vers le ier s., la primauté de l'évêque de Rome, successeur de Pierre.
Les enseignements du Christ ont d'abord été transmis par voie orale. Aux premiers écrits chrétiens, notamment les lettres adressées par Paul aux communautés qu'il a fondées, vont succéder les Évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean. Face à la nécessité de légiférer pour authentifier, parmi les multiples écrits qui sont alors rédigés, ceux qui sont fidèles à l'enseignement du Christ, un corpus est rassemblé sous le nom de « Nouveau Testament », en même temps que les écrits juifs antérieurs sont rebaptisés « Ancien Testament ». De même, face à la multiplication des communautés chrétiennes qui naissent dans tout le Bassin méditerranéen à partir du ier s., sont structurées les formes de cette Église (assemblée), qui est appelée à préserver le message du Christ en le protégeant des interprétations erronées.
Le schisme avec les chrétiens d’Orient
Constantin Ier le Grand
Persécuté du ier au ive s., puis toléré et enfin reconnu comme religion officielle par l'empereur Constantin, au début du ive s., le christianisme parvient à s'établir dans l'Empire romain, tout en maintenant son unité ecclésiale et doctrinale jusqu'au xe s. Cependant se développent au sein de l'Église de nombreux débats théologiques, tranchés lors de grands conciles où sont élaborés et fixés des éléments essentiels de la doctrine chrétienne, comme l'universalité du christianisme (Jérusalem, en 49), la Trinité de Dieu (Nicée, en 325 ; Constantinople, en 381), la nature de Jésus-Christ, à la fois humaine et divine (Chalcédoine, en 451). Après l'éclatement de l'Empire romain à la fin du ve s., les divergences entre Orientaux et Occidentaux se font de plus en plus sentir.
Alors que l'Église orientale reste sous la tutelle de l'empereur de Constantinople, l'Église latine doit, pour sa part, suppléer le pouvoir politique, qui s'est effondré avec la chute de l'Empire romain d’Occident. Rome y gagne en autorité non plus seulement spirituelle, mais également temporelle. L'Église d'Orient, déjà opposée à l'Église latine sur la formulation du dogme de la Trinité, lui reproche son autorité centralisatrice. En 1054, la rupture est consommée. L'Église latine garde le nom ancien de « catholique » et celle d'Orient prend celui d'« Église orthodoxe ». Certaines Églises feront néanmoins retour à la communion catholique, notamment au xviiie s., tout en gardant leurs rites de tradition orientale.
La Réforme protestante
Martin Luther
Face au pouvoir temporel de plus en plus hégémonique de l'Église catholique en Europe, les critiques se lèvent pour dénoncer les pesanteurs et les compromissions de l'appareil clérical. Les thèses de Martin Luther (1517) marquent le début de la Réforme, qui donne naissance aux Églises protestantes. Ce mouvement de contestation aspire à une simplification et à une personnalisation de la religion, en préconisant notamment la lecture directe de la
[ltr]Bible[/ltr]
par le croyant. Grâce au développement de l'imprimerie, il parvient en effet à retirer aux clercs et à l'Église le monopole de la pratique des Saintes Écritures. Dans le protestantisme, il n'y a pas d'épiscopat sacramentel, mais un sacerdoce commun à tous. Le baptême et la Cène (partage du pain et du vin) sont les seuls sacrements retenus, et toute pratique de dévotion ou toute démarche visant à s'assurer du salut sont rejetées : le salut ne s'achète pas, il est obtenu par la grâce de Dieu et non par les œuvres.
L'Église catholique tente de répondre à ces vives attaques par la Contre-Réforme, ou Réforme catholique, en réaffirmant notamment l'autorité du pape ainsi que son attachement à la Tradition, à son magistère, aux sacrements et au salut par les œuvres.
La foi catholique
Introduction
La foi catholique consiste en l'adhésion aux enseignements de l'Église portant sur les vérités que Dieu a révélées par son Fils. Elle se caractérise précisément par la définition des voies d'accès à ces vérités et au salut qu'elles portent en elles : la Révélation, l'Église et la Tradition, qui forment un tout indivisible.
La Révélation
Lorenzo Lotto, la Reconnaissance de la nature divine de l'Enfant Jésus
Selon le christianisme, Dieu s'est révélé aux hommes à travers l'histoire du peuple juif, auquel il a proposé son alliance, avant de se révéler pleinement à travers son Fils – Jésus-Christ mort et ressuscité –, en lequel il s'est incarné.
Le Dieu révélé par le Christ est un Dieu unique mais en trois hypostases : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Il est créateur de toute chose et de toute vie. Empli de bonté envers sa création, il renouvelle, à travers le sacrifice de son Fils sur la croix, son alliance avec le peuple juif puis avec tous les hommes. Les chrétiens, en effet, croient non seulement à la résurrection du Christ, mais aussi à la résurrection des morts et à la vie éternelle : le salut.
L'enseignement du Christ peut se résumer par cette phrase de l'Évangile de Luc (Luc X, 27) : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces, et de tout ton esprit. Et tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Le mot « alliance » traduit un lien de réciprocité entre Dieu et l'homme, et il exprime la « solidarité » de Dieu avec tout homme. Aussi toute adhésion de foi comporte des exigences d'engagement de solidarité humaine et sociale.
La Révélation est tout entière contenue dans la vie, la mort et la résurrection du Christ. Les textes bibliques conservés par la Tradition transmettent les récits qui en ont été faits par les premiers chrétiens.
L'Église
Dépositaire et interprète autorisée des vérités chrétiennes, l'Église veille au maintien de l'unité de la foi. Dans le catholicisme, c'est à elle, à l'assemblée des fidèles, que sont transmises les Écritures, et non à chacun de ses membres d'une manière individuelle.
L'Église catholique ne peut admettre sans difficulté l'existence de plusieurs Églises chrétiennes. Selon elle, la volonté du Christ, réaffirmée dans le credo de Nicée, est que son Église soit « une, sainte, catholique et apostolique », et ce non seulement d'un point de vue théologique – comme le soutiennent orthodoxes et protestants –, mais également dans sa réalisation concrète.
La conviction avec laquelle l'Église catholique revendique comme légitime le droit de rassembler tous les chrétiens repose sur trois éléments fondamentaux :
Évêque célébrant la messe
– La succession apostolique. Les évêques continuent avec le pape la mission confiée par Jésus aux apôtres. Leur ordination dans l'Église (par imposition des mains et sacrement de l'ordre) les investit des pouvoirs de gouverner, d'enseigner et de donner les sacrements au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
– La prédication de la Parole. De même que les premiers disciples ont reçu de Jésus l'Esprit saint, le collège des évêques et le pape sont assistés par l'Esprit lorsqu'ils doivent énoncer les vérités de foi.
Baptême d'un enfant
– Les sacrements. La présence du Christ dans l'Église se manifeste par l'Église elle-même et par les sacrements – signes sacrés porteurs de grâces et institués par le Christ –, à travers lesquels l'Esprit opère le don de Dieu. L'Église catholique dispense sept sacrements : le baptême et l'eucharistie (communs à toutes les Églises chrétiennes), la confirmation, le mariage, l'ordre, la réconciliation (pardon) et l'onction des malades (extrême-onction) pratiqués également dans les Églises orthodoxes. Par le sacrement de l'ordre (ordination), les clercs – diacres, prêtres, évêques – reçoivent le pouvoir de transmettre la grâce de Dieu par les sacrements.
La Tradition
L'Église assure la présence du Christ à travers les âges, en tant que dépositaire des Écritures, mais aussi de la Tradition. Dans le catholicisme, la Tradition englobe l'ensemble des enseignements, des dogmes et des pratiques cultuelles que l'Église a adoptés tout au long de son histoire. Loin de penser que son épaisseur risque de rendre opaque la vérité du Christ, l'Église catholique considère que la Tradition garantit la transmission fidèle et intégrale de la Révélation.
Par son action théologique, dogmatique, liturgique et même sociale, l'Église s'efforce sans cesse d'approfondir le mystère chrétien. Les nouveaux dogmes qu'elle élabore ne sont pas censés apporter de nouvelles vérités, mais éclairer un aspect de la vérité déjà révélée dans sa plénitude par le Christ. Ainsi, la vérité discernée à un moment donné par l'Église des fidèles n'est pas désavouée par les générations suivantes, mais elle est conservée dans la Tradition, tout en étant réinterprétée.
Il existe une manière moderne d'adopter des dogmes qui tend à s'éloigner d'une conception « doctrinaire » de la Tradition et qui prend en compte la dimension historique de la parole doctrinale de l'Église. En témoignent les paroles du pape Jean XXIII au concile Vatican II (1962) : « Autre chose est le dépôt même ou les vérités de la foi, autre chose est la façon selon laquelle les vérités sont exprimées, à condition toutefois d'en sauvegarder le sens et la signification. »
À toutes les époques et dans les divers contextes culturels, l'Église catholique a toujours professé sa foi dans l'assistance par l'Esprit saint pour interpréter et actualiser le message évangélique, en le préservant des interprétations subjectives et en lui conservant son authenticité et son unité.
La liturgie
Ensemble des célébrations officielles du culte rendu à Dieu, la liturgie s'organise ordinairement au niveau de la communauté paroissiale. Ces célébrations publiques, qui ont lieu habituellement le dimanche ou le samedi soir, rassemblent à l'église les catholiques établis à proximité. Un calendrier liturgique répartit sur une année la célébration des grandes étapes de la vie du Christ (sa naissance est fêtée à Noël, sa résurrection à Pâques, etc.).
Messe à Notre-Dame de la Trappe
La principale liturgie est la messe, qui comprend deux grandes parties, la première étant consacrée à la lecture et aux commentaires de la Parole (sermon ou homélie), la seconde à l'eucharistie et à l'action de grâce. Comme le Christ l'a enseigné aux apôtres à la veille de sa mort, les catholiques partagent le pain et le vin dans l'eucharistie, un sacrement qui, plus qu'un acte dédié à la mémoire du Christ, est, dans la théologie catholique, sa transsubstantiation. Par la communion, les croyants participent à la vie du Christ, reçoivent son corps et son sang comme une nourriture spirituelle qui les sanctifie.
Les catholiques, de même que les orthodoxes, prient la Vierge Marie et les saints, intercesseurs auprès de Dieu.
L'institution catholique
Introduction
L'Église catholique possède une structure à la tête de laquelle se trouve le pape, suivi – dans l'ordre hiérarchique – par les évêques, les prêtres, les diacres et les laïcs (ou simples fidèles).
Avec ses deux mille ans d'histoire et ses nombreux fidèles répartis dans le monde, l'Église catholique se révèle être une institution dont le gouvernement est fort complexe.
Rome
Le support territorial de l'Église catholique est l'État de la cité du Vatican, dont le statut a été établi par les accords du Latran, en 1929. Ce vestige des États pontificaux, institués au viiie s. pour garantir au pape une indépendance vis-à-vis des pouvoirs politiques, couvre un territoire de 44 ha enclavé dans la ville de Rome. La cité du Vatican jouit d'un statut de neutralité et d'inviolabilité. Cet État singulier est doté d'un gouvernement propre. Sa population s'élève à quelques centaines de personnes, principalement occupées dans la curie romaine.
Le gouvernement de l'Église
Premier concile du Vatican
Au sommet de la hiérarchie catholique, le pape est le garant de la continuité apostolique. Occupant le siège épiscopal de l'apôtre Pierre, il est évêque de Rome. Il nomme les évêques. Élu par le Sacré Collège des cardinaux et choisi parmi eux, il est aussi le signe visible de l'unité de l'Église. À ce titre, il représente l'autorité suprême, arbitrant toutes les décisions concernant la vie de l'Église, l'expression de la foi et les grandes questions posées par les évolutions de société. Toutes ses décisions et déclarations n'engagent pas la foi catholique au même degré : une encyclique papale n'a pas la valeur d'un dogme, qui est l'énonciation d'un article de foi. Aux périodes défensives de son histoire, l'Église catholique s'est recentrée autour de l'autorité du pape, notamment après le grand schisme d'Orient (au moment même où l'Église orthodoxe a conservé des traditions plus pluralistes en son sein), mais aussi lors de la Réforme protestante, puis au début de la modernité issue des Lumières et de la Révolution française. En 1870, au concile Vatican I, l'Église s'est attachée à redéfinir la primauté et l'infaillibilité de son chef. Près d'un siècle plus tard, le concile Vatican II a rééquilibré l'autorité papale en réhabilitant dans ses fonctions primitives la collégialité des évêques.
La collégialité épiscopale confère une responsabilité à tous les évêques, qui exercent leurs pouvoirs sous l'autorité du pape. C'est au chef suprême de l'Église qu'incombe, en effet, le droit de les réunir tous en concile œcuménique ou en synode (c'est-à-dire en assemblée régionale ou locale, par exemple, les évêques africains). Cependant, depuis le concile Vatican II, des conférences épiscopales nationales ou locales (par exemple, la Celam, la Conférence des évêques d'Amérique latine) se tiennent régulièrement à leur propre initiative.
Assemblée des cardinaux – évêques élevés à ce rang par le pape –, le Sacré Collège joue un rôle de conseil particulier auprès du chef suprême de l'Église. Le rôle de cette assemblée consiste essentiellement à élire le nouveau pape. Mais, selon la règle édictée par Paul VI en 1970, ne participent au vote que les cardinaux âgé de moins de 80 ans. Le Sacré Collège, qui comptait 70 cardinaux de Sixte Quint à Jean XXIII, en rassemble près de 200 à la fin des années 2000.
L'Église locale
Circonscrite par un territoire – le diocèse – plus ou moins vaste selon les régions du monde, l'Église diocésaine constitue l'unité de base de l'Église, dans laquelle la continuité apostolique est assurée par l'évêque.
Nommé par le pape, l’évêque est choisi parmi les prêtres et ordonné par des évêques. La plupart d'entre eux sont à la tête d'un diocèse, qui est organisé en paroisses que l'évêque confie à des prêtres. L'évêque, qui a pouvoir de juridiction, est responsable en particulier de la pastorale (enseignement et mission) et des prêtres de son diocèse.
Ordonnés par l'évêque, les prêtres sont au service de l'Église diocésaine. Ce sont exclusivement des hommes ayant fait vœu de célibat (à l'exception des Églises catholiques de rite oriental, où des hommes mariés peuvent être ordonnés). Ils reçoivent de l'évêque le pouvoir de dispenser tous les sacrements sauf l'ordination des nouveaux prêtres (réservée aux évêques). Ils président les célébrations liturgiques, organisent les nombreuses activités de catéchisme, d'entraide, de réflexion au niveau paroissial et diocésain.
Les diacres constituent, au sein de l'Église, le premier degré de la hiérarchie et du sacrement de l'ordre. Tirant son origine d'une tradition ancienne, le diaconat a été remis en honneur par le concile Vatican II comme service spécifique de la communauté croyante ouvert aux hommes mariés. On parle alors de diacres permanents.
Les laïcs sont les membres les plus nombreux de l'Église. Ils voient leur participation à la mission évangélique de l'Église mieux reconnue dans les sociétés laïcisées du IIIe millénaire.
Les ordres religieux
En dehors des activités organisées autour des paroisses et, plus généralement, dans le cadre de la structure ecclésiastique, il existe d'autres formes de vie religieuse, plus dépouillées, plus disciplinées et souvent plus communautaires. Les ordres et les missions représentent ainsi des formes très différentes d'engagement au nom de la foi catholique.
Giotto, Innocent III approuve la règle de saint François
À l'instar des plus connus d'entre eux – bénédictins et bénédictines de saint Benoît (vie s.), franciscains de saint François d'Assise (xiiie s.), clarisses de sainte Claire (xiiie s.), dominicains de saint Dominique (xiiie s.) ou jésuites d'Ignace de Loyola (xvie s.) –, tous les ordres religieux suivent des règles de vie qui répondent aux trois appels évangéliques : la pauvreté, la chasteté et l'obéissance. Ils se différencient néanmoins par leur principale activité qui peut être la prédication, l'action missionnaire et sociale ou encore la prière (notamment dans les ordres contemplatifs vivant dans des monastères).
Contrairement à la prêtrise, les ordres admettent hommes et femmes, mais dans des communautés séparées. Le statut de religieux n'est pas incompatible avec la prêtrise, tant et si bien que beaucoup de religieux sont également prêtres. Par ailleurs, certains ordres (comme les dominicains et les franciscains) ont institué un « tiers ordre », dans lequel sont regroupés des laïcs, mariés ou non, qui, tout en continuant à vivre dans le monde, s'engagent à suivre certains préceptes de la règle adoptée par l'ordre auquel ils appartiennent.
Les ordres religieux ont, pour la plupart, essaimé sur tous les continents. Les responsables des communautés dépendent, selon les cas, de l'évêque du lieu ou d'une autorité centrale rattachée directement au Saint-Siège.
Les mouvements catholiques
Les mouvements catholiques rassemblent des croyants désireux d'agir au nom de la foi, de la justice et de la charité chrétiennes, dans le cadre d'un des nombreux organismes existants, associations ou institutions. Alors que certains d'entre eux ont une dimension locale, d'autres (comme Caritas International, dont fait partie le Secours catholique français) sont internationaux.
Ces mouvements allient à des degrés divers l'étude ou la formation religieuse, l'approfondissement spirituel et l'action caritative ou sociale. Une tension existe cependant entre ceux qui seraient tentés d'oublier le « monde » et ceux qui, au contraire, s'engagent « dans le monde » sans mettre en avant leur identité de membres de l'Église.
Léon XIII
À travers ces nombreux engagements, le catholicisme continue d'être actif dans les domaines de l'enseignement et de l'assistance hospitalière ou caritative, qu'il a longtemps eus en charge. Avec la révolution industrielle du xixe s., il s'est investi sur le terrain social pour dénoncer la « misère imméritée des ouvriers » (encyclique Rerum novarum de Léon XIII, en 1891) et pour y chercher remède. Connu sous le nom de catholicisme social, ce mouvement a débouché sur l'action politique, conduite par les partis de la démocratie chrétienne, et préparé l'éclosion de l'apostolat des laïcs, notamment l'Action catholique en France.
La présence de plus en plus nombreuse de missionnaires dans les pays du tiers-monde a permis aux catholiques de participer à la lutte pour le développement des pays du Sud et de porter assistance aux plus défavorisés.
L'évolution actuelle du catholicisme
Introduction
Ouverture sur le monde séculier, volonté de rejoindre les préoccupations des fidèles, telle est la tendance qui l'emporte aujourd'hui au sein de l'Église catholique, qui cherche à refréner la poussée des traditionalistes refusant toute modernisation liturgique et toute forme d'œcuménisme.
Le concile Vatican II
La seconde moitié du xxe s. est marquée par le concile Vatican II. Convoqué par Jean XXIII, qui l'ouvre le 11 octobre 1962, il est clos le 8 décembre 1965 par Paul VI. Au terme de cette grande assemblée qui a réuni les évêques du monde entier et de nombreux experts théologiens, le catholicisme sort transformé, en particulier plus ouvert au dialogue :
– avec les autres confessions chrétiennes dans le cadre du dialogue œcuménique, qui se traduit, dès le 7 décembre 1965, par la levée réciproque des excommunications entre Rome et Constantinople ;
– avec tous les hommes s'interrogeant au sein de l'Église sur les problèmes de société, dans le respect de leur liberté ;
– avec tous les catholiques, clercs et laïcs, qui ont reçu la même mission de témoigner du Christ et qui méritent ainsi une plus grande reconnaissance, due également au pluralisme culturel des Églises particulières et locales, dont il convient de respecter l'autonomie légitime (par exemple, par l'utilisation de la langue vernaculaire comme langue liturgique) ;
– avec les autres religions, sur la base d'une reconnaissance plus ample du caractère impénétrable des voies de Dieu.
Le concile Vatican II a été l'aboutissement et le point de départ d'un vaste travail théologique qui continue à susciter un intérêt général, de la part tant des clercs que des laïcs.
La tentation intégriste
L'intégrisme catholique est né d'une réaction aux évolutions des sociétés modernes. Désignant initialement un parti politique espagnol, né vers 1890, à la suite de la condamnation papale du modernisme (Syllabus, 1864), le terme a pris un sens plus large. Aujourd'hui il s'applique aux catholiques intransigeants, qui refusent toute concession avec l'ordre social et politique des sociétés modernes, laïques et pluralistes.
Au début du xxe s., sous le pontificat de Pie X, l'intégrisme a pris la forme d'une organisation secrète, la Sapinière, dont l'activité principale était de constituer des dossiers sur les catholiques jugés trop « compromis » avec la société moderne. Elle a mis fin à ses activités en 1921.
Après Vatican II, l'intégrisme est devenu le creuset des tendances catholiques fondamentalement hostiles à l'aggiornamento (adaptation de l'Église à la modernité) engagé par le concile. Le 30 juin 1988, le schisme conduit par le chef des intégristes – l'évêque français Marcel Lefebvre – a été consommé avec l'Église de Rome.
Documents associés
Médias
Baptême d'un enfantConstantin Ier le GrandÉvêque célébrant la messeGiotto, Innocent III approuve la règle de saint FrançoisLéon XIIILippo Memmi, saint PierreLorenzo Lotto, la Reconnaissance de la nature divine de l'Enfant JésusMartin LutherMesse à Notre-Dame de la TrappePremier concile du VaticanRome
Re: Forum Religion Catholique
Commencement de l’Église
Nous avons vu ce qu’est l’Église, si précieuse au Seigneur Jésus. Nous parlerons maintenant de sa naissance, c’est-à-dire de son commencement sur la terre.
Elle ne pouvait pas commencer avant que le Seigneur eût accompli son œuvre de grâce sur la croix, avant qu’il se fût livré pour elle, avant qu’elle eût été acquise par son précieux sang. Il fallait aussi que, par sa résurrection d’entre les morts, il eût été démontré qu’il était le Fils du Dieu vivant, la pierre vivante sur laquelle la maison de Dieu, l’Assemblée du Dieu vivant, devait être fondée. Et enfin, il était nécessaire, avant que l’Église pût commencer son existence, que le Seigneur Jésus fût monté au ciel auprès de son Père, pour envoyer de là le Saint Esprit promis.
Avant de souffrir, le Seigneur Jésus avait promis à ses bien-aimés disciples que le Père, après son départ, leur enverrait le Saint Esprit, le Consolateur, pour être avec eux éternellement (Jean 14:16-17, 26 ; 15:26 ; 16:7, 13). Nous savons aussi qu’après être sorti du tombeau, le Sauveur resta encore quarante jours sur la terre avec ceux qu’il aimait si tendrement, leur parlant des choses qui regardent le royaume de Dieu.
Mais le moment de remonter vers son Père était venu, et avant de quitter ceux qu’il laissait ici-bas, les ayant conduits hors de Jérusalem, il leur renouvela la promesse de leur envoyer le Saint Esprit, leur recommandant de ne pas quitter Jérusalem avant que cette promesse fût accomplie. Puis, comme il les bénissait, il fut élevé au ciel, une nuée le reçut et il disparut de devant leurs yeux. Il était allé dans la maison du Père ; il était allé s’asseoir à la droite de Dieu. C’est là qu’est maintenant notre précieux Sauveur ; c’est là qu’il s’occupe de nous avec amour, c’est là qu’il attend le moment de venir chercher ses bien-aimés pour les introduire dans ce lieu de repos et de bonheur qu’il leur a préparé.
Les apôtres retournèrent donc à Jérusalem dans la chambre haute où ils demeuraient. C’est là que se réunissaient avec eux les disciples, parmi lesquels se trouvaient les femmes qui avaient suivi Jésus sur la terre, qui l’avaient vu crucifier et mettre au tombeau, et qui, étant venues pour l’embaumer, l’avaient vu ressuscité. Avec eux il y avait aussi Marie, la mère de Jésus, et ses frères qui, durant sa vie, ne croyaient pas en Lui.
Quelle heureuse compagnie que celle qui se trouvait assemblée dans cette chambre haute ! Point de savants, ni de riches, ni de grands de ce monde : c’étaient de pauvres pécheurs, des péagers et d’humbles femmes, mais c’étaient des croyants sauvés, des bien-aimés de Christ, aimés du Père comme Jésus lui-même. Ils attendaient, comme Jésus le leur avait recommandé, et, en attendant, que faisaient-ils ? Ils persévéraient d’un commun accord dans la prière, demandant, sans nul doute, au nom de Jésus, que le Père accomplît sa promesse. Bien que Dieu ne perde jamais de vue ce qu’il nous promet, il aime que nous le lui demandions.
Ils n’eurent pas longtemps à attendre ; seulement dix jours. Une des grandes fêtes des Juifs était arrivée, celle de la Pentecôte. C’était un des trois jours solennels que Dieu avait lui-même établis dans l’année et dans lesquels il aimait à rassembler son peuple autour de Lui (Deutéronome 16:16). Les deux autres fêtes étaient celles de la Pâque et des Tabernacles ; la Pentecôte était entre les deux, environ cinquante jours après la Pâque. Une foule de Juifs de toutes nations étaient venus à cette occasion à Jérusalem ; des prosélytes, c’est-à-dire des étrangers désireux d’adopter la religion juive, les avaient accompagnés, et cette multitude remplissait la ville. Au milieu du bruit et du mouvement que produit toujours un grand concours de monde, il y avait une chambre retirée et paisible, cette chambre haute où se trouvaient réunies environ cent vingt personnes, celles dont nous avons parlé, dans une même pensée et dans une même attente. C’était une bien petite compagnie en comparaison de la multitude qui se pressait dans Jérusalem. Mais c’est sur ces quelques personnes assemblées, que les regards de Dieu étaient en ce moment arrêtés avec amour. Cela ne veut pas dire que Dieu n’aimât pas les autres et qu’il n’y eût pas dans cette grande foule venue pour la fête, des âmes pieuses, sincères, et qui étaient agréables à Dieu. Mais là, « tous ensemble dans un même lieu » étaient ceux qui avaient cru à Jésus, qui s’étaient attachés à Lui et l’avaient suivi, et le Père les aimait, car il aime ceux qui aiment son Fils, et il allait accomplir envers eux sa précieuse promesse.
Les disciples du Sauveur étaient donc rassemblés, occupés sans doute à prier, lorsque tout à coup se fit entendre du ciel un son, comme d’un souffle violent et impétueux, qui remplit toute la maison où ils se trouvaient. Et des langues, comme de feu, leur apparurent séparées les unes des autres et vinrent se poser sur chacun d’eux. Et ils furent tous remplis du Saint Esprit et se mirent à parler en d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer.
C’est ainsi que s’accomplit la promesse du Père. Jésus avait reçu en haut, de son Père, le Saint Esprit, et l’avait envoyé à ses disciples. L’Assemblée, l’Église, était commencée. Les croyants, déjà enfants de Dieu, étaient maintenant unis ensemble par ce lien du même Esprit que chacun avait reçu. Dieu avait sa maison sur la terre, son habitation où il était venu établir sa demeure par son Esprit. Ce n’était plus, comme le temple à Jérusalem, une maison de pierres ; celle-là était mise de côté : c’était une maison composée de pierres vivantes posées sur Christ, et de même que Dieu était venu autrefois dans le tabernacle et le temple au milieu de son peuple, mais dans une nuée, maintenant il venait dans un temple vivant pour y demeurer. Quelle grande et merveilleuse chose ! Et c’était alors aussi que le corps de Christ se formait de ses membres, c’est-à-dire de ceux qui croyaient en Lui, et qui étaient remplis du Saint Esprit. Alors encore l’Épouse de Christ qu’il chérit, mais qui ne sera manifestée que dans la gloire, commençait son existence sous l’action de l’Esprit Saint, et son voyage à travers le monde sous la conduite d’Éliézer. Ce n’était pas une nuée qui était venue comme au temps des Israélites, mais une puissance du ciel qui remplissait les croyants, une puissance, celle de la parole divine qui, de même qu’un feu, pénétrait les âmes et jugeait tout ce qui n’était pas de Dieu.
Que voulait dire ce fait que les disciples baptisés du Saint Esprit parlaient des langues étrangères ? C’était une marque de la puissance de l’Esprit de Dieu en eux, qui devait frapper, de la manière la plus forte, ceux qui en seraient les témoins, comme nous le verrons ; c’était aussi une manifestation de la grâce de Dieu qui s’élevait au-dessus des barrières que le péché avait élevées, et qui venait s’adresser à tous les peuples.
Autrefois les hommes voulurent ériger la tour de Babel pour n’être pas dispersés sur la terre. Leur orgueil insensé fit que l’Éternel confondit leur langage. Que de maux résultèrent de ce péché, maux tels que la séparation et la haine de nation à nation ! La grâce de Dieu s’adresse maintenant à tous les hommes, pour les unir dans la foi et l’amour d’un même Sauveur ; et c’est pour les y appeler qu’elle distribuait aux disciples, par le Saint Esprit, ces langues diverses afin de parler à chacun de quelque nation qu’il fût.
Re: Forum Religion Catholique
Les premières prédications
L’Église était fondée, Dieu avait maintenant sur la terre une habitation formée de pierres vivantes, un temple où il était présent. Mais l’Église ne devait pas se limiter à ces quelques personnes. Le Seigneur Jésus avait dit, en parlant du Saint Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en Lui : « Celui qui croit en moi… des fleuves d’eau vive couleront de son ventre » (Jean 7:38-39), c’est-à-dire qu’après avoir été bénis, eux-mêmes répandraient la bénédiction. Quel privilège de devenir comme des canaux qui communiquent la grâce de Dieu ! Chacun de ceux qui croient en Jésus, si jeune soit-il, peut jouir de ce privilège.
Le Seigneur voulait que les disciples fussent ces canaux de bénédiction, des ouvriers pour édifier l’Église. Aussi, avant de remonter au ciel, il leur avait commandé de prêcher la repentance et la rémission des péchés en son nom, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem (Luc 24:47 ; Actes 1:8). Il envoyait d’abord le message de la grâce à ce méchant peuple qui l’avait rejeté et crucifié ! Quel amour et quelle patience il y a dans son cœur !
Voici ce qui donna lieu à la première prédication. Le Saint Esprit descendu sur les disciples les avait remplis d’une puissance merveilleuse, leur donnant l’intelligence des choses de Dieu et la faculté de les exprimer en diverses langues. Le Seigneur avait dit à ses apôtres : « Le Saint Esprit venant sur vous… vous serez mes témoins à Jérusalem et dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’au bout de la terre ». Ils ne pouvaient donc cacher ce qu’ils avaient reçu, et le bruit de cet événement extraordinaire se répandit bientôt. Comme nous l’avons vu, une multitude de Juifs, hommes pieux, étaient venus de tous pays pour célébrer la fête de la Pentecôte. À l’ouïe de ce qui arrivait, ils s’assemblèrent, ainsi que ceux qui habitaient Jérusalem, pour entendre les apôtres et les disciples, et ils furent frappés de surprise en voyant ces hommes illettrés parler en diverses langues des choses magnifiques de Dieu.
L’effet produit ne fut pas le même chez tous. Les uns, ceux sans doute qui comprenaient les langues, s’étonnaient et se demandaient : Que veut dire ceci ? tandis que d’autres, peut-être les habitants de Jérusalem qui n’avaient pas cru Jésus, ne comprenant pas les apôtres et les disciples, se moquaient d’eux, et, remplis de cette malveillance qui leur avait fait dire autrefois de Jésus qu’il était possédé du démon, ils accusaient les serviteurs de Christ d’être ivres.
Alors Pierre, dans la puissance du Saint Esprit, s’adressa d’abord aux moqueurs. Il leur dit que ces merveilles dont ils étaient témoins, étaient l’accomplissement d’une prophétie de Joël concernant les derniers jours. Dieu avait dit par ce prophète : « Je répandrai de mon Esprit… avant que vienne la grande et éclatante journée du Seigneur ». Cette journée est celle du terrible jugement qui doit frapper la terre ; mais avant qu’elle vînt pour les Juifs incrédules, Dieu leur faisait entendre la parole de grâce par la bouche de Pierre : « Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé ».
Après cela, Pierre s’adressa à tous et leur annonça Jésus. La vie sainte et pure du Sauveur, remplie d’actes et de miracles d’amour, avait été bien connue parmi les Juifs comme étant approuvée de Dieu. Et cependant, leur dit Pierre avec hardiesse, « vous l’avez cloué à une croix et l’avez fait périr par la main d’hommes iniques ». Puis il leur déclare que Dieu l’avait fait sortir du tombeau et qu’eux, les apôtres, l’avaient vu ressuscité, comme les Écritures l’annonçaient du Messie. Ensuite, Dieu l’avait exalté dans le ciel et fait asseoir à sa droite, mettant ainsi sur Jésus le sceau de son approbation, et c’était du ciel que Jésus avait envoyé le Saint Esprit qui accomplissait les merveilles dont les Juifs étaient témoins. Pierre termine son discours en disant : « Que toute la maison d’Israël donc sache certainement que Dieu a fait et Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié ». Il place ainsi sur leur conscience le crime affreux dont ils s’étaient rendus coupables, en rejetant et mettant à mort Celui que Dieu avait envoyé vers eux dans son amour. Quel courage chez Pierre ! Quelle différence avec ce Pierre qui, peu de jours auparavant, avait trois fois renié son Maître ! C’était l’Esprit Saint qui lui donnait cette hardiesse et qui donne aussi à tout croyant la force de confesser Jésus.
Le même Esprit agit avec puissance dans les cœurs d’un grand nombre de ceux qui écoutaient. Ils virent toute la grandeur du péché qu’ils avaient commis en rejetant Jésus. Ils se sentirent perdus et, le cœur transpercé de douleur, ils s’écrièrent : « Que ferons-nous ? ». Dieu ne laisse jamais un pareil cri sans réponse. Le même Jésus qu’ils avaient crucifié, était Celui vers lequel ils devaient se tourner pour être sauvés, et Pierre leur dit : « Repentez-vous », c’est-à-dire convertissez-vous, tournez-vous vers Jésus, « et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ, en rémission des péchés ». Être baptisé au nom de Jésus, c’était déclarer que l’on croyait en Lui et que l’on s’attachait à sa Personne, et alors on recevait la rémission ou le pardon de ses péchés. Et il en est de même aujourd’hui : c’est par Jésus, en croyant en Lui, que l’on est pardonné.
Mais Pierre annonce quelque chose de plus à ceux qui croiraient. « Vous recevrez », dit-il, « le don du Saint Esprit ». Ainsi, lorsqu’on se repent de ses péchés, et que l’on croit au Seigneur Jésus, Dieu nous pardonne et, de plus, met son Esprit en nous ; on fait alors partie de l’Église de Christ, de l’Assemblée de Dieu. Pierre pressa ses auditeurs, les conjurant de croire en Jésus, et de se séparer aussi du peuple juif incrédule et pervers sur lequel le jugement allait tomber. Le résultat fut bien grand et bien beau. Trois mille personnes crurent et furent baptisées ; elles reçurent le Saint Esprit et furent ajoutées à l’Église. Il en est de même aujourd’hui. Quand quelqu’un croit en Jésus et reçoit le Saint Esprit, il est séparé du monde et ajouté à l’Église du Dieu vivant.
Ainsi Pierre ouvrit aux Juifs les portes du royaume des cieux (*). L’œuvre de la grâce continua à s’étendre par le moyen des apôtres qui accomplissaient beaucoup de miracles et de prodiges, et aussi par la vue de la vie sainte des premiers chrétiens. « Le Seigneur ajoutait tous les jours à l’assemblée ceux qui devaient être sauvés ».
(*) Le Seigneur avait dit à Pierre : « Je te donnerai les clefs du royaume des cieux » (Matthieu 16:19).
Bientôt Dieu, dans sa grâce, fit adresser un nouvel appel à la nation juive. Voici quelle en fut l’occasion. Les premiers chrétiens sortis du milieu des Juifs, suivaient encore toutes les ordonnances de la loi de Moïse et tout le culte juif. Ainsi ils étaient assidus à se rendre au temple, qu’ils regardaient toujours comme la maison de Dieu. Comme les apôtres Pierre et Jean y allaient un jour ensemble, à l’heure de la prière, ils guérirent, au nom du Seigneur Jésus, un homme qui était boiteux dès sa naissance. Tout le peuple le connaissait, car chaque jour on l’apportait à la principale porte du temple, où il demandait l’aumône à ceux qui entraient. Quelle surprise, quand on vit cet impotent tout à coup guéri, entrer avec les apôtres dans le temple, marchant, sautant, et louant Dieu ! La foule, remplie d’admiration, accourut et entoura Pierre et Jean. C’était dans ce même portique de Salomon que Jésus, durant sa vie sur la terre, avait parlé aux Juifs de ses brebis, de la vie éternelle qu’il donne, et de son Père avec lequel il est un. Les Juifs alors avaient voulu le lapider ( Jean 10:23-31) . Ils ne croyaient pas en Lui. Maintenant, en ce même lieu, la puissance du nom de Jésus venait de se manifester, et la foule étonnée entourait les apôtres. Mais les serviteurs de Dieu ne désirent pas que l’attention se porte sur eux, ils ont à cœur que les regards des pécheurs se tournent vers Celui qui seul peut sauver et à qui appartient toute gloire. Aussi Pierre se hâte-t-il de dire au peuple que ce n’étaient ni leur puissance, à lui et à Jean, ni leur piété, qui avaient guéri cet homme, mais la puissance du nom de Jésus auquel ils croyaient. Ce Jésus, dit-il aux Juifs, est le serviteur de Dieu, le Saint et le Juste que vous avez livré et renié ; c’est le Prince de la vie que vous avez mis à mort. Mais Dieu l’a ressuscité et placé dans la gloire, et c’est par la foi en Lui que cet homme a été guéri.
Nous voyons que c’est vers Jésus que Pierre cherche à tourner les cœurs de ceux qui l’écoutent. Aussi, après leur avoir montré leur crime, il les exhorte à se repentir et à se convertir, pour que leurs péchés soient effacés. Et il leur annonce qu’en le faisant, ils jouiraient des bénédictions promises à Abraham leur père, et renouvelées par tous les prophètes, mais que le jugement tomberait sur quiconque n’écouterait pas Jésus, que Dieu avait envoyé pour les « bénir, en détournant chacun d’eux de leurs méchancetés ».
L’effet produit par ces paroles fut merveilleux. Un grand nombre crurent et se tournèrent vers Jésus. Cinq mille personnes furent ajoutées à l’Assemblée. C’est ainsi que l’édifice grandissait. Puisse chacun de mes lecteurs, croire aussi en ce Jésus, venu du ciel pour nous « bénir et nous détourner de notre méchanceté », et ils auront le bonheur d’être ajoutés, comme des pierres vivantes, à ce temple saint qui s’élève dans le Seigneur.
Re: Forum Religion Catholique
Les premières persécutions
L’Église s’accroissait rapidement à Jérusalem. Des multitudes croyaient en Jésus et étaient sauvées. Mais c’était une chose que Satan, l’ennemi de Dieu et des hommes, ne pouvait souffrir ; et pour s’y opposer, il souleva contre les apôtres la haine des chefs du peuple juif. Le Seigneur Jésus, avant de quitter ses disciples, les avait avertis que, de même que Lui avait été haï et persécuté dans le monde, eux le seraient aussi à cause de son nom (Jean 15:18-20). C’est à quoi tout fidèle chrétien doit s’attendre.
Le commandant du temple, les sacrificateurs et les sadducéens survinrent pendant que Pierre et Jean parlaient au peuple, et les jetèrent en prison. Pour quelle raison ? Quel mal avaient-ils fait ? Aucun, mais les apôtres annonçaient la résurrection d’entre les morts par Jésus ; or les sadducéens, au contraire, disaient qu’il n’y avait pas de résurrection. C’étaient des gens comme il y en a tant de nos jours, qui affirment qu’avec cette vie tout est fini et qu’ainsi l’homme n’est pas plus que les bêtes qui périssent. Quelle triste chose de voir les sacrificateurs, les chefs religieux du peuple, s’associer à de telles gens ! C’est qu’ils haïssaient le nom de Jésus.
Dieu se servit de l’aveuglement même des chefs du peuple, pour que les apôtres pussent rendre solennellement témoignage à ce nom de Jésus devant eux. Après les avoir gardés toute la nuit en prison, les chefs, les anciens, les savants scribes, les principaux sacrificateurs, s’assemblèrent et se firent amener Pierre et Jean. Quelle assemblée imposante ! N’y avait-il pas de quoi être intimidé en paraissant devant elle ? Pierre et Jean, des pêcheurs, des hommes du commun et sans éducation, oseront-ils ouvrir la bouche ? Certainement. Ils ne craignent rien, car le Seigneur, pour qui ils souffrent, est avec eux par son Esprit. Pierre et Jean se rappelaient les paroles de leur cher Maître, lorsqu’il leur disait : « Quand ils vous mèneront devant les synagogues et les magistrats et les autorités, ne soyez pas en souci comment, ou quelle chose vous répondrez, ou de ce que vous direz ; car le Saint Esprit vous enseignera à l’heure même ce qu’il faudra dire… Je vous donnerai une bouche et une sagesse, à laquelle tous vos adversaires ne pourront répondre ou résister » (Luc 12:11-12 ; 21:15).
Pierre et Jean firent l’expérience de la fidélité du Seigneur. On leur demandait en quel nom ils avaient guéri l’impotent, et Pierre, rempli du Saint Esprit et de hardiesse, leur répond que c’est au nom de Jésus de Nazareth qu’eux, les chefs du peuple, avaient crucifié, mais que Dieu avait ressuscité d’entre les morts. Pierre insiste, comme on le voit, sur la résurrection de Jésus. C’est qu’elle est le gage de notre salut, et la reconnaissance solennelle de la part de Dieu que Jésus est son Fils. Aussi Pierre ajouta-t-il que c’est Jésus qui est le fondement du salut, et que son nom est le seul nom donné aux hommes par lequel il nous faille être sauvés.
La sainte hardiesse que montraient Pierre et Jean frappa beaucoup le sanhédrin, c’est-à-dire l’assemblée des chefs du peuple. Ils voyaient que c’étaient des hommes qui n’avaient point fait d’études ; comment donc pouvaient-ils répondre ainsi ? C’est que Pierre et Jean avaient été à l’école de la vraie sagesse, sous un Maître divin ; ils avaient été avec Jésus. Et c’est ce que le sanhédrin était forcé de reconnaître. Si nous voulons aussi devenir vraiment sages, écoutons Jésus qui nous dit : « Apprenez de moi ».
Ainsi les chefs du peuple étaient forcés de rendre hommage, malgré eux, à ce nom de Jésus qu’ils détestaient. D’ailleurs, l’homme guéri était là devant eux, de sorte qu’ils n’avaient rien à opposer. Mais rien ne touchait leur cœur endurci. Ils défendirent aux apôtres avec menaces de parler au nom de Jésus. Est-ce que Pierre et Jean pouvaient leur obéir ? L’autorité des hommes est-elle plus grande que celle de Dieu ? Évidemment non. Le Seigneur les avait envoyés prêcher en son nom, ils ne pouvaient qu’obéir au Seigneur. Aussi répondirent-ils : « Jugez s’il est juste devant Dieu de vous écouter plutôt que Dieu ». Puissions-nous être fidèles comme Pierre et Jean.
Ayant été relâchés, ils se rendirent vers leurs frères, les autres disciples, et leur racontèrent tout ce que le sanhédrin leur avait dit. Que firent alors ces humbles chrétiens ? Furent-ils remplis de crainte ? Résolurent-ils d’être plus prudents à l’avenir, et de ne plus parler aussi ouvertement ? Non ; ils savaient bien qu’en eux-mêmes il n’y avait aucune force, mais ils savaient que c’était l’œuvre de Dieu à laquelle ils travaillaient. C’est pourquoi, d’un commun accord, ils élèvent leur voix à Dieu et portent tout devant Lui. Ils Lui demandent de leur donner la hardiesse pour continuer à prêcher la parole et le prient de montrer, par des miracles, la puissance du nom de Jésus.
Dieu répond aux prières que nous lui adressons avec foi, et il fortifie toujours le cœur de ceux qui s’attendent à Lui. Après leur requête, ils furent tous remplis du Saint Esprit et annonçaient la parole de Dieu avec hardiesse ; beaucoup de miracles s’accomplissaient par le moyen des apôtres ; de toutes parts, on leur apportait des malades et des gens tourmentés des esprits malins, et ils étaient tous guéris. Mais ce qui était encore beaucoup plus précieux, un grand nombre de personnes croyaient à l’Évangile et étaient ajoutées à l’Église, de sorte que l’édifice de Dieu allait toujours grandissant. Ainsi l’effort de Satan pour arrêter la prédication de la bonne nouvelle, n’avait servi qu’à manifester d’autant plus la puissance de la grâce de Dieu.
Mais Satan ne se décourage pas, et lorsque des hommes ont refusé la grâce et le salut, leur haine contre le nom de Christ ne fait que s’accroître. Le souverain sacrificateur et les sadducéens furent extrêmement irrités de ce que leurs menaces n’avaient produit aucun effet et de ce que l’Évangile se répandait de plus en plus. Ils firent saisir et mettre en prison, non plus seulement Pierre et Jean, mais tous les apôtres. Ainsi se réalisait la parole du Seigneur : « S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi » (Jean 15:20). Mais Dieu veillait sur ses fidèles serviteurs ; il voulait leur donner un témoignage public qu’il était avec eux. Il envoya un ange qui, de nuit, ouvrit les portes de la prison et dit aux apôtres d’aller dans le temple annoncer la précieuse parole de Dieu qui produit la vie dans l’âme qui la reçoit. Les apôtres n’eurent pas peur de retourner parler en public, là où ils savaient que leurs ennemis les trouveraient aisément. Ils avaient Dieu avec eux, et ils se rappelaient que Jésus a dit : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui après cela ne peuvent rien faire de plus » (Luc 12:4). Aussi, dès le point du jour, ils s’empressent d’aller dans le temple pour annoncer l’Évangile. C’était la joie de leur cœur de faire connaître le Sauveur. Il n’y a pas de bonheur comparable à celui d’être avec Jésus, de vivre pour Lui, et d’annoncer ses vertus.
Pendant ce temps, leurs ennemis s’étaient rassemblés, et avaient envoyé chercher les apôtres à la prison. Mais représentons-nous quels durent être leur étonnement et leur perplexité, quand ceux qu’ils avaient envoyés vinrent leur dire qu’ils avaient trouvé les portes de la prison bien fermées et les gardes aux portes, mais que la prison était vide ! Quelle plus grande surprise encore, quand on vint leur dire que les apôtres enseignaient le peuple dans le temple ! N’auraient-ils pas dû être frappés dans leur conscience et reconnaître là le doigt de Dieu ? Mais comme le Pharaon d’autrefois, ils s’étaient endurcis ; rien ne les touchait, et ils firent comparaître devant eux les apôtres, auxquels ils reprochèrent leur prétendue désobéissance, en les accusant de vouloir faire venir sur eux le sang de cet homme qu’ils n’osent nommer, c’est-à-dire Jésus. On le voit, la crainte s’emparait du cœur de ces méchants hommes. Ils avaient crié quelque temps auparavant, en demandant que Jésus fût crucifié : « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants ». Maintenant, ils tremblent à la pensée que cela pourrait s’accomplir, et, en effet, quelques années plus tard, le sang de Jésus fut redemandé à cette nation rebelle.
Aux reproches qui leur étaient adressés, Pierre et les apôtres firent cette réponse si simple et si belle que nous devrions avoir aussi dans nos cœurs : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ». Mais Pierre, en même temps, rend encore une fois témoignage à la mort de Jésus que les Juifs avaient crucifié, et aussi à sa résurrection que Dieu avait opérée par sa puissance. Encore une fois, il leur présente Jésus comme établi de Dieu pour être Prince et Sauveur, et donner à Israël la rémission des péchés. Et il leur dit : « Nous lui sommes témoins de ces choses », et l’Esprit Saint qui avait été répandu et par qui étaient accomplis tant de miracles, en rendait aussi témoignage.
Les ennemis des apôtres n’avaient rien à répondre. Aussi, dans leur rage, ils auraient voulu les faire mourir. Mais le temps n’était pas encore venu pour eux de donner leur vie pour Jésus, et Dieu, qui tient tout dans sa main, se servit cette fois, pour les délivrer, de la sagesse humaine de l’un d’entre eux, Gamaliel, un savant docteur, que Paul mentionne aussi (Actes 22:3). Cet homme, honoré de tout le peuple, conseilla au sanhédrin de ne pas s’opposer aux apôtres, parce que, peut-être ce que ceux-ci disaient venait de Dieu, et qu’ainsi ils auraient fait la guerre à Dieu. C’était un conseil de prudence, et Dieu fit que le sanhédrin le suivît. Cependant, les ennemis des apôtres avaient trop de haine dans le cœur pour les laisser aller ainsi. L’homme sans Dieu est rempli d’injustice et, sans avoir rien trouvé de coupable chez les apôtres, il les firent battre avant de les renvoyer. Pourquoi ? Ils assouvissaient ainsi leur haine et pensaient, sans doute, les remplir de crainte et obtenir d’eux qu’ils cessassent de parler au nom de Jésus.
Leur attente fut bien trompée. Les apôtres se retirèrent pleins de joie d’avoir été jugés dignes de souffrir pour le nom de Jésus. Ils se rappelaient les paroles de leur divin Maître : « Vous êtes bienheureux quand on vous injuriera, et qu’on vous persécutera, et qu’on dira, en mentant, toute espèce de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous et tressaillez de joie, car votre récompense est grande dans les cieux ; car on a persécuté ainsi les prophètes qui ont été avant vous » (Matthieu 5:11-12). Aussi, bien loin d’être découragés, ils ne cessaient, avec un nouveau zèle, d’annoncer Jésus en public dans le temple, et en particulier dans les maisons.
Ainsi se terminèrent les premiers efforts de Satan et de ses instruments contre l’Assemblée. Ils s’étaient attaqués à ceux qui étaient à la tête, nous verrons plus loin d’autres combats que l’ennemi livra aux disciples du Seigneur. Jésus a dit : « Vous avez de la tribulation dans le monde ; mais ayez bon courage, moi j’ai vaincu le monde » (Jean 16:33). Puissions-nous être aussi de bons et fidèles soldats de Jésus Christ.
Re: Forum Religion Catholique
La vie des premiers chrétiens
Avant d’aller plus loin dans l’histoire de l’Assemblée, je voudrais dire un mot de la vie des premiers chrétiens. La puissance du Saint Esprit qui habitait en eux, ne se manifestait pas seulement par le don des langues et par des miracles ; elle agissait sur les cœurs et produisait dans les croyants une vie céleste, qui se montrait au-dehors par ses fruits excellents. C’était, pour le monde, un témoignage plus puissant que les miracles qu’opéraient les apôtres. De nos jours, il n’y a plus de miracles, mais les chrétiens, et même les enfants, sont appelés comme autrefois à manifester dans leur conduite les mêmes fruits, puisqu’ils possèdent aussi la vie de Christ par le Saint Esprit.
Quatre choses caractérisaient les premiers croyants. La première, c’est qu’ils s’en tenaient uniquement aux enseignements des apôtres. Ceux-ci avaient été envoyés par le Seigneur, pour annoncer ce qu’il avait fait et enseigné pendant son passage ici-bas ; le Saint Esprit le rappelait à leur cœur ; de plus, il leur révélait les vérités du salut — ce qui concerne le Seigneur Jésus et son œuvre de grâce ; ce que le Saint Esprit leur enseignait, les apôtres le communiquaient aux fidèles, et ceux-ci persévéraient dans cette doctrine, en laissant de côté les traditions et les enseignements des hommes. Les apôtres ne sont plus ici-bas ; mais Dieu a pris soin que leur doctrine nous fût conservée dans les écrits du Nouveau Testament, et nous avons à nous y attacher comme les premiers disciples le faisaient, en demandant au Seigneur de nous faire comprendre ces saintes vérités, et de les appliquer à nos cœurs par le Saint Esprit.
En second lieu, les premiers chrétiens persévéraient dans la communion des apôtres. On est en communion avec quelqu’un quand on a les mêmes pensées, les mêmes affections et les mêmes sentiments que cette personne. Alors aussi, on agit ensemble en tendant vers un même but. L’apôtre Jean écrivait aux chrétiens : « Notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ » (1 Jean 1:3). C’étaient donc les pensées et les sentiments du Père à l’égard de son Fils bien-aimé, et ceux de Jésus à l’égard de son Père, qui, par le Saint Esprit, remplissaient l’esprit et le cœur des apôtres ; et les disciples qui avaient appris d’eux à connaître le Père et le Fils, avaient les mêmes pensées et les mêmes sentiments qu’eux. C’étaient des pensées divines et des affections saintes qui remplissaient leurs âmes de joie.
Chacun de nous peut jouir de cette communion et du bonheur qui en résulte, si nous avons reçu Jésus comme Sauveur, car Dieu est alors notre Père.
Une troisième chose dans laquelle persévéraient les fidèles, et qui était un témoignage de leur communion mutuelle, c’était la fraction du pain, c’est-à-dire la célébration de la cène du Seigneur. Nous savons que le Seigneur Jésus, avant de monter au ciel et la nuit même où il fut livré, institua la cène comme un mémorial de ses souffrances et de sa mort pour la rédemption des siens. C’est le gage de son grand amour pour eux, amour plus fort que la mort. Les croyants à Jérusalem étaient ensemble à la table du Seigneur, comme rachetés par son précieux sang et membres d’une même famille, se souvenant d’un même cœur de Celui qui les avait aimés et sauvés. Les rachetés du Seigneur continuent à célébrer la cène et le feront jusqu’à son retour. Alors ils seront avec Lui, ils le verront Lui-même, il n’y aura plus besoin d’un mémorial. Quelle joie devrait remplir nos cœurs à la pensée d’être un jour dans le ciel et de contempler l’Agneau qui a été immolé !
Enfin, les premiers chrétiens persévéraient dans la prière. La prière suppose que nous connaissons notre faiblesse, notre impuissance et le besoin que nous avons de la grâce et du secours tout-puissant de notre Dieu. Elle suppose donc notre dépendance de Lui et la confiance en Lui la certitude qu’il nous écoute et veut nous exaucer. Dans la prière, on s’approche de Dieu tout simplement pour Lui exposer ses besoins ; on le prie, et en particulier, et dans la famille, et dans l’Assemblée. Il nous est recommandé de prier sans cesse, d’exposer nos requêtes à Dieu, et le Seigneur lui-même, qui, lorsqu’il était ici-bas, priait son Père, nous encourage à demander en son nom, nous promettant que tout ce que nous demanderons ainsi, il le fera (*). Tels étaient les traits caractéristiques de la vie intime des premiers chrétiens et le mobile secret de leur vie au-dehors. La puissance de Dieu manifestée par les miracles produisait de la crainte parmi le peuple, mais la vie sainte des disciples agissait sur les âmes pour les attirer à Christ.
(*) 1 Thessaloniciens 5:17 ; Philippiens 4:6 ; Jean 14:13.
Comme il n’y avait dans le cœur des disciples qu’un seul et même sentiment, une seule et même pensée, un seul et même amour, comme ils réalisaient le fait qu’ils étaient enfants du même Dieu et Père, et rachetés du même Sauveur, ils étaient heureux de se rencontrer ensemble, de se trouver réunis, de persévérer ensemble d’un commun accord dans le temple, montrant ainsi devant le monde qu’ils étaient un dans le Père et dans le Fils comme le Seigneur Jésus l’avait demandé à son Père (Jean 17:21). Cette vie d’union et d’amour était un puissant témoignage rendu afin que le monde crût que Dieu avait, en effet, envoyé son Fils ici-bas. Hélas ! cette manifestation visible de l’unité de la famille de Dieu sur la terre n’existe plus ; l’ennemi a réussi à la ruiner ; elle ne sera plus vue que dans la gloire, quand Jésus paraîtra avec ses rachetés et que le monde connaîtra qu’ils étaient aimés comme Jésus lui-même (Jean 17:23). Mais nous n’en avons pas moins le devoir d’aimer tous les enfants de Dieu. Car celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, comment peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas ? (1 Jean 4:20).
L’égoïsme avait disparu du cœur de ces premiers chrétiens ; ce qui était à l’un était aussi à l’autre L’attachement aux biens de la terre, si puissant chez les Juifs, n’existait plus. Les fidèles avaient des biens plus excellents, des biens célestes et permanents. Ils ne pouvaient supporter la pensée que quelqu’un des membres de la famille de Dieu pût souffrir dans le besoin, quand eux-mêmes étaient dans l’abondance, ils vendaient donc leurs possessions et leurs biens, et le produit en était distribué aux nécessiteux. L’apôtre Jean disait plus tard : « Celui qui a les biens de ce monde, et qui voit son frère dans le besoin, et qui lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeure-t-il en lui ? » (1 Jean 3:17). En ces premiers et heureux temps, l’amour de Dieu avait toute sa place dans le cœur des croyants ; il était en eux dans toute sa fraîcheur et sa puissance, et ils comprenaient la réalité de cette parole : « Celui qui aime Dieu, aime aussi son frère ». C’était le temps du premier amour. Demandons à Dieu de le connaître aussi.
Quel spectacle ce devait être pour les pharisiens avares, pour les sadducéens amis des plaisirs de ce monde, pour tous ces riches égoïstes, attachés aux biens et aux voluptés de la terre ! Ils voyaient là des gens qui avaient été comme eux amateurs du monde et qui maintenant renonçaient à tout pour venir en aide aux autres. Ils les voyaient n’être qu’un cœur et qu’une âme ; il n’y avait point de nécessiteux parmi eux : celui qui possédait pourvoyait aux besoins de celui qui n’avait pas. Et c’était la puissance du nom de Jésus qui accomplissait cette merveille de grâce, qui produisait ce réel amour. Quelle différence avec ce que l’on voit de nos jours dans la chrétienté !
Et tout se passait avec l’ordre qui convenait à la maison de Dieu. Ceux qui avaient vendu leurs biens n’en donnaient pas le produit à droite et à gauche selon leurs propres pensées. Ils venaient le confier aux apôtres, qui étaient alors seuls à la tête de la communauté chrétienne, et ceux-ci, selon la sagesse que Dieu leur avait donnée par le Saint Esprit, le faisaient distribuer à chacun de ceux qui avaient quelque besoin.
Dieu s’est plu à nous conserver dans sa parole les noms de quelques-uns de ceux qui ont servi fidèlement son Fils bien-aimé. Le Seigneur a dit : « Si quelqu’un me sert, le Père l’honorera » (Jean 12:26). Parmi ceux qui renonçaient à leurs richesses en faveur des pauvres, le Saint Esprit cite un Lévite de l’île de Chypre, Joseph, que les apôtres surnommèrent Barnabas, mot qui veut dire « fils de consolation ». Pourquoi fut-il nommé ainsi ? L’Écriture ne le dit pas, mais les apôtres, en lui donnant ce nom, avaient sans doute vu combien son exemple avait été un encouragement pour l’Assemblée. Nous retrouvons plus tard ce serviteur de Christ ; mais ne nous fait-il pas souvenir d’un autre Lévite qui, voyant un blessé demi-mort sur son chemin, passa outre sans le secourir ? C’était l’image de la loi impuissante pour sauver l’homme perdu par le péché. En Barnabas, nous voyons ce qu’opère la grâce. Il avait appris à connaître Jésus qui, étant riche de la gloire du ciel, avait renoncé à tout pour nous sauver, et comme son divin Maître, Barnabas vend tous ses biens pour secourir les pauvres. Puissions-nous apprendre à délaisser notre égoïsme naturel, et, sur les traces de Jésus et de ces premiers disciples, faire du bien aux autres selon nos forces !
Peut-être cette question surgira dans quelque esprit : « Les chrétiens de nos jours sont-ils aussi appelés à vendre leurs biens pour en distribuer le prix aux pauvres ? ». La parole de Dieu n’établit nulle part cela comme une règle à suivre. C’était spontanément que les premiers chrétiens le faisaient. Dieu a voulu montrer par là d’une manière palpable la puissance du Saint Esprit dans le cœur, et en même temps le principe qui, à toutes les époques, doit animer la vie des chrétiens. Le même esprit d’amour, de renoncement et de dévouement, devrait être dans nos cœurs, et se montrer dans nos sentiments et nos actes envers les autres. Ce que l’apôtre Jean écrivait est aussi pour nous : « Bien-aimés, aimons nous l’un l’autre. Enfants, n’aimons pas de parole ni de langue, mais en action et en vérité » (1 Jean 4:7 ; 3:18). L’apôtre Paul dit à son disciple Timothée, d’ordonner aux riches, non de vendre leurs biens, mais de n’être pas hautains, de ne pas mettre leur confiance dans les richesses instables, mais en Dieu qui les donne ; de faire du bien, d’être riches en bonnes œuvres, prompts à donner et libéraux (1 Timothée 6:17-19). Nous voyons aussi, en divers endroits de l’Écriture, que plus tard l’on faisait des collectes parmi les chrétiens pour venir en aide aux pauvres, de sorte que ce qui eut lieu à Jérusalem aux tout premiers temps de l’Assemblée, fut une manifestation unique et éclatante de l’effet produit par l’amour divin dans le cœur. Cette manifestation était tout particulièrement nécessaire au milieu d’un peuple charnel et attaché à la terre, comme l’étaient les Juifs. Il fallait leur montrer qu’à un Christ et un Seigneur céleste, se rattachait un peuple animé d’une vie céleste. La vie de ces premiers disciples était une preuve évidente que Jésus était en haut, et répandait dans les âmes la vie d’en haut. Tout cela était en opposition avec les espérances juives d’un Messie terrestre et des jouissances d’ici-bas. Demandons à Dieu que cette même vie céleste se montre en nous.
Telle était donc la vie des premiers chrétiens, ayant pour mobile l’amour pour Christ qui les avait sauvés. Il en résultait une joie et une simplicité de cœur qui se montraient dans tous les détails de leur vie journalière, mêmes dans leurs repas. Rien n’est indifférent dans la vie d’un chrétien. Il fait tout avec Dieu et pour Dieu. L’apôtre Paul le dit : « Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, ou quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu » (1 Corinthiens 10:31). Le chrétien rend grâces pour sa nourriture comme lui étant donnée de Dieu ; il la reçoit avec joie de la main de son bon Père céleste, sur lequel il compte pour le pain de chaque jour. Rien n’est doux comme de jouir de tout avec Dieu.
Un autre résultat de cette vie avec Dieu, était la louange qui débordait de leur cœur envers le Dieu de toutes grâces. Ils rendaient grâces en toutes choses, comme nous sommes aussi exhortés à le faire. Quel contraste avec leur vie d’autrefois, quand ils étaient accablés sous le lourd fardeau des ordonnances selon les traditions des hommes, et qu’ils ne jouissaient pas de la paix avec Dieu et ne le connaissaient pas comme leur Père ! Maintenant, ils étaient heureux ; tout le peuple le voyait et ne pouvait s’empêcher de les approuver. Leur vie sainte, dévouée et joyeuse, était une prédication dont le Seigneur se servait pour sauver de nouvelles âmes et les amener dans l’Assemblée. Puisse notre vie ressembler à la leur !
2.6 - La première introduction du mal
L’ennemi, Satan, avait attaqué l’Église par la violence en incitant les chefs du peuple contre les apôtres ; il cherche maintenant à y introduire le mal par le mensonge. Satan est menteur et meurtrier dès le commencement.
Nous avons vu le dévouement et l’amour des premiers chrétiens, qui, pour soulager leurs frères pauvres, vendaient leurs biens. Le nom de l’un d’eux nous a été conservé dans le livre de Dieu, c’est Barnabas. Mais l’Écriture mentionne aussi le nom de plusieurs hommes et femmes qui, par leurs péchés, ont attiré sur eux le jugement de Dieu. Car Dieu nous connaît tous, nom par nom ; il sonde les cœurs et les reins, et rend à chacun selon ses œuvres : nous le voyons dans l’histoire de l’Assemblée.
Un certain homme, nommé Ananias et Sapphira sa femme, étaient entrés dans l’Assemblée chrétienne. Ils avaient peut-être été entraînés dans ce grand mouvement de réveil qui avait lieu, et frappés par les effets merveilleux de la grâce du Seigneur, sans que leur conscience et leur cœur eussent été touchés. Rien ne les obligeait à vendre leurs biens, mais ils voulurent se donner les apparences d’être aussi bons, aussi dévoués et aussi généreux que les autres, et Ananias apporta de l’argent aux apôtres, comme si c’était le prix entier de la vente. Mais il en gardait une partie de concert avec sa femme. Ils faisaient sans doute cela dans la crainte de devenir pauvres, en donnant tout. Dans tous les cas, il y avait dans leur cœur et dans leurs actes, avarice, hypocrisie et mensonge.
Mais Ananias et Sapphira, qui pouvaient tromper les hommes par une belle apparence, avaient oublié une chose. C’était la présence de Dieu dans l’Assemblée, qui est l’habitation de Dieu par le Saint Esprit. Or, on ne peut tromper Dieu. L’Esprit de Dieu n’était pas présent seulement pour opérer des miracles et pour convertir les âmes, ni pour produire une vie sainte dans les fidèles, mais aussi pour découvrir le mal et le juger dans ceux qui professaient être chrétiens. Il était nécessaire que l’on vît que le Dieu saint était présent dans l’Assemblée, et que tromper les apôtres, c’était mentir au Saint Esprit et par conséquent à Dieu lui-même.
L’apôtre Pierre discerne par le Saint Esprit le mensonge et l’hypocrisie d’Ananias ; il les dévoile et montre ce qui avait entraîné ce malheureux homme à commettre ce grand péché. C’était Satan, le père du mensonge. « Pourquoi », dit Pierre, « Satan a-t-il rempli ton cœur, que tu aies menti à l’Esprit Saint… ? ». Quelle terrible révélation pour Ananias ! Son péché est mis à nu devant tous, comme autrefois celui d’Acan (Josué 7). La puissance de Dieu saisit le cœur d’Ananias, le jugement de Dieu le frappe, il tombe mort. Ah ! notre Dieu, le Dieu de grâce, est aussi le Dieu saint et un feu consumant. Trois heures après, Sapphira, ignorant le jugement de Dieu sur son mari, se présente à son tour dans l’assemblée. À la question directe de Pierre : « Avez-vous donné le champ pour tant ? » elle répond sans hésiter : « Oui », proférant ainsi délibérément un mensonge évident. Quel oubli ou quel mépris de la sainteté et de la présence de Dieu ! Nous voyons aussi là comment un péché en entraîne un autre plus grave. Mais le jugement ne se fait pas attendre. Pierre prononce la sentence et elle tombe morte à son tour !
Ainsi la présence du Dieu saint dans l’Assemblée était rendue manifeste. Le mal y était découvert et jugé, comme autrefois dans le camp d’Israël. Aussi une grande crainte s’empara de toute l’Assemblée et de tous ceux qui entendaient parler de ces choses.
L’Esprit Saint, comme nous l’avons vu, agissait avec une puissance de grâce dans les cœurs des fidèles et y produisait le dévouement, l’absence d’égoïsme et le renoncement. Ananias et Sapphira, avec hypocrisie et mensonge, avaient voulu faire croire qu’ils étaient animés de ces sentiments, alors que l’amour de l’argent les possédait. Dieu avait jugé ce mal et l’avait ôté de l’Assemblée. Mais Satan est toujours actif contre Christ et ce qui est cher à Christ. Il avait poussé Ananias et sa femme à mentir et les avait ainsi entraînés dans la mort. Cet effort de Satan contre l’Assemblée avait été détourné par la puissance de Dieu. On voyait que Dieu était au milieu des chrétiens, et l’Assemblée augmentait toujours en nombre. Alors l’ennemi, pour la troubler et la ruiner, s’il le pouvait, essaya d’un autre moyen. Il chercha à agir sur la mauvaise nature qui est en nous, et à faire naître dans les cœurs des fidèles des sentiments contraires à la grâce, la jalousie et l’envie, par exemple ; des plaintes et des murmures. Oh ! combien nous avons besoin d’être en garde contre les ruses de ce redoutable ennemi, de veiller et prier, car s’il trouve la moindre ouverture, il s’empresse d’en profiter.
La multitude des disciples se composait de Juifs hébreux, nés en Palestine et parlant la langue syriaque, et de Juifs hellénistes, c’est-à-dire des Juifs venus de pays étrangers et qui parlaient grec pour la plupart. Ces derniers se plaignirent de ce que les veuves qui se trouvaient parmi eux, étaient négligées dans les secours qui étaient distribués chaque jour ; et ils murmuraient contre les Juifs hébreux et sans doute contre les apôtres eux-mêmes. Quelle triste chose quand la jalousie s’empare du cœur ! Se plaindre de ses frères, murmurer contre eux, les accuser, n’est certes pas à l’honneur du nom de Jésus. Ce n’étaient pas des sentiments conformes aux siens, ce n’était pas la douceur qui n’insiste pas sur ses droits ; c’était un sentiment propre à notre nature pécheresse que la Parole appelle « la chair » — un sentiment charnel. Quel remède apporter à ce mal qui menaçait d’introduire des dissensions dans l’Assemblée, et d’en détruire cette belle harmonie ?
La sagesse de Dieu était là, aussi bien que sa puissance, pour déjouer les ruses de l’ennemi. Les apôtres ne pouvaient pas laisser le service de Dieu dans la prédication de l’Évangile, pour s’occuper des besoins matériels de ceux qui avaient cru. Ils avaient besoin de leur temps pour se livrer à la prière et au service de la Parole, ces deux choses intimement unies dans la vie de tout serviteur de Dieu, pour que son action soit bénie envers les âmes. L’Assemblée, sur le conseil des apôtres, choisit donc sept hommes remplis de l’Esprit Saint et de sagesse, pour veiller à la distribution des secours aux nécessiteux. Ces hommes furent présentés aux apôtres qui, après avoir prié, leur imposèrent les mains, les recommandant ainsi à Dieu et s’unissant à eux pour l’œuvre qu’ils auraient à accomplir. Nous voyons quelle place la prière occupait dans la vie des apôtres et des premiers chrétiens, comme aussi dans celle de notre adorable Sauveur. Puisse-t-elle occuper aussi une grande place dans notre vie !
L’Esprit saint nous a conservé les noms de ces sept hommes, que l’on nomme souvent les diacres, d’un mot grec qui signifie serviteur. Ces noms, qui sont grecs, nous apprennent qu’ils étaient tous des Hellénistes, ce qui montre l’esprit de grâce et de condescendance qui était dans l’Assemblée ; c’était aussi un fruit produit par l’Esprit Saint ; la ruse et l’effort de Satan étaient mis de nouveau à néant. Il allait bientôt montrer sa rage et livrer de nouveaux combats contre Christ et l’Assemblée. Mais n’oublions jamais qu’en regardant à Christ, nous sommes toujours plus que vainqueurs. Sa puissance, sa sagesse et son amour déjouent et annulent tous les efforts de l’ennemi.
Re: Forum Religion Catholique
Le premier martyr
Ce mot martyr, veut dire témoin. Le Seigneur Jésus est appelé le témoin fidèle et véritable (Apocalypse 3:14), parce qu’il a rendu témoignage à Dieu fidèlement et selon la vérité, quand il était sur la terre ; tous les chrétiens, jeunes ou vieux, sont appelés à être des témoins pour Christ, en confessant son nom et en le servant fidèlement ; mais le nom de martyr est réservé à ceux qui, par amour pour Christ et par fidélité à son nom, ont enduré des souffrances et même la mort. Et la liste en est nombreuse.
Satan, le grand ennemi de Dieu et de Christ et des hommes, est toujours actif pour faire le mal. Les deux moyens qu’il emploie dans ce but, c’est la ruse ou le mensonge, et la violence. Il est menteur et meurtrier dès le commencement (Jean 8:44), et il trouve le méchant cœur des hommes toujours prêt à accomplir ses desseins. Nous avons déjà vu que les apôtres avaient été mis en prison et battus pour le nom de Jésus, et comment Satan chercha à introduire le péché dans l’Assemblée, en séduisant Ananias et Sapphira. Maintenant, nous avons à voir ce que le Saint Esprit nous rapporte de celui qui, le premier, donna sa vie pour le Seigneur Jésus.
C’était Étienne, l’un des sept hommes choisis pour veiller à la distribution des aumônes aux pauvres de l’Assemblée. Il était plein de foi et de l’Esprit Saint, rempli de grâce et de puissance. Il ne se contentait pas de servir les pauvres aux tables, mais accomplissait parmi le peuple des prodiges et de grands miracles, et, le cœur rempli d’amour pour Jésus et pour les âmes des pécheurs, il annonçait l’Évangile. Ainsi la parole de Dieu était reçue et crue par bien des personnes, le nombre des disciples augmentait beaucoup, et même un grand nombre de sacrificateurs étaient convertis. Et c’est là ce qui excita la rage de Satan, qui se servit des Juifs incrédules pour chercher à faire mourir Étienne, comme autrefois ils avaient fait mourir le Seigneur Jésus.
Certains de ces Juifs se mirent à contredire Étienne qui cherchait à amener les âmes à Christ. Mais le fidèle témoin du Seigneur parlait avec une sagesse divine et non avec des raisonnements humains ; l’Esprit Saint dont il était rempli lui enseignait ce qu’il devait dire. Et qui peut résister à la sagesse et à l’Esprit de Dieu ? Personne ; aussi ses adversaires, confondus par ses paroles, se jetèrent sur lui, l’entraînèrent devant le sanhédrin, la grande assemblée des chefs du peuple, et là suscitèrent contre lui de faux témoins qui l’accusaient d’avoir blasphémé contre Dieu et contre Moïse. On avait fait ainsi pour Jésus, qui avait dit : « S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi », car tout disciple accompli sera comme son Maître (Luc 6:40).
Étienne était là, devant cette assemblée imposante qui avait les yeux arrêtés sur lui. Mais l’Esprit Saint remplissait son cœur de pensées célestes. L’éclat des choses divines se reflétait sur son visage, de telle sorte qu’il semblait à ses adversaires voir le visage d’un ange, et c’était bien, en effet, un ange que Dieu plaçait au milieu d’eux pour leur apporter un dernier message (*).
(*) Ange veut dire messager.
Le souverain sacrificateur l’interrogea, en lui demandant si les accusations portées contre lui étaient vraies. Mais le serviteur de Dieu ne pense pas à lui-même ; il pense à la gloire du Seigneur et au bien des âmes. Étienne n’essaya pas même de se défendre et de repousser les accusations de ses ennemis. Il rappela aux Juifs leur histoire depuis le moment où Dieu, le Dieu de gloire, choisit et appela Abraham, leur père. Il plaça devant eux la suite des grâces que Dieu leur avait faites et leurs rébellions constantes contre un Dieu si patient et si bon, et il termina en leur disant : « Vous êtes tels que vos pères ; vous résistez toujours à l’Esprit Saint. Vos pères ont persécuté et tué les prophètes qui avaient prédit la venue du Juste, et vous, vous l’avez livré et mis à mort. Dieu vous avait donné sa loi et vous ne l’avez pas gardée ».
Étienne allait peut-être ajouter à son discours quelques paroles pour les engager à se repentir, mais eux, au lieu d’être touchés de componction, comme ceux qui avaient entendu Pierre le jour de la Pentecôte, résistèrent encore une fois au Saint Esprit. En entendant les paroles du serviteur de Christ, ils frémissaient de rage, et grinçaient les dents contre lui. Quelle chose terrible, quand le cœur se révolte contre Dieu ! Triste tableau que cette fureur qui se peint sur des visages d’hommes, et quel contraste avec ce qui suit. Le Seigneur, dans sa grâce, voulut qu’un dernier et solennel témoignage fût rendu devant les chefs du peuple, et en même temps que son fidèle témoin fût puissamment soutenu dans sa lutte suprême contre ses adversaires. Étienne, rempli de l’Esprit Saint et des pensées du ciel où était son Sauveur bien-aimé, avait les yeux fixés en haut. Et tout d’un coup, Dieu lui ouvre le ciel. Il voit la gloire de Dieu, et, à la droite de Dieu, Jésus lui-même. Étienne ne peut retenir pour lui ce qui fait déborder son cœur ; il faut qu’il rende témoignage, non plus à ce qu’il croit, mais à ce qu’il voit, c’est-à-dire à la gloire de Christ. Il s’écrie : « Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu ». Ce qui a toujours soutenu les martyrs, tous ceux qui ont souffert pour Christ, ce qui seul soutient le chrétien, c’est la contemplation du Sauveur dans sa gloire.
C’était pour les Juifs le suprême appel. Jésus était debout, prêt à venir pour eux, s’ils avaient cru. Mais leurs cœurs s’endurcirent ; ils bouchèrent leurs oreilles pour ne point entendre la voix du serviteur de Dieu. Tous, d’un commun accord, se précipitèrent sur lui ; aucun n’éleva la voix en sa faveur, et ils le poussèrent hors de la ville. Là, ils le lapidèrent, c’est-à-dire l’accablèrent à coups de pierres jusqu’à la mort, pour faire disparaître ce témoin qui avait fait reluire devant eux la lumière divine. Ceux qui le lapidaient mirent leurs vêtements aux pieds d’un jeune homme nommé Saul. À quel terrible jugement ce pauvre peuple juif s’exposait ! C’est une chose effrayante de rejeter le Seigneur Jésus et de tomber ensuite entre les mains du Dieu vivant ! (Lire Hébreux 10:28-31).
Que faisait le premier martyr, tandis que les lourdes pierres venaient meurtrir ses membres ? Se plaignait-il, accusait-il ses bourreaux, demandait-il vengeance ? Non. Il venait de contempler Jésus, et il était transformé à son image. La pensée de Jésus remplissait tout son cœur, et il Lui remettait son esprit. Mais en pensant à Jésus et à ceux qui le lapidaient, il se rappelle ce qu’avait fait Jésus, quand on le clouait sur la croix. Cet adorable Sauveur avait dit : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font ». Et Étienne se soulève sous la grêle de pierres, et, malgré les douleurs que lui causent ses membres brisés, il se met à genoux, et, à l’exemple de son divin Maître, il crie à haute voix — tous entendant ce dernier témoignage d’amour : « Seigneur, ne leur impute point ce péché ». Ses dernières paroles sont des paroles de grâce. Oh ! comme il ressemblait à son Sauveur, quelle communion de pensées avec Jésus ! Demandons au Seigneur que nous puissions le connaître toujours mieux, vivre toujours plus près de Lui, et ainsi Lui ressembler toujours davantage en fidélité, en amour et en grâce.
Après ces paroles, le premier martyr s’endormit. Quel doux repos après ses souffrances ! Son esprit alla auprès de Jésus, et son corps, que des hommes pieux enlevèrent et ensevelirent, attend dans le sépulcre le moment où Jésus viendra, et où, à sa voix, les morts en Christ ressusciteront. Serons-nous tous du nombre des bienheureux témoins de Christ, qui iront à sa rencontre dans les nuées en l’air quand il viendra ? Nous n’aurons pas sans doute à mourir lapidés comme Étienne, mais tous nous sommes appelés à être les serviteurs du Seigneur. Si nous voulons régner avec Lui, il faut le servir et souffrir pour Lui.
Re: Forum Religion Catholique
La première persécution — L’Assemblée s’étend hors de Jérusalem
Jusqu’alors l’Assemblée ne se composait que des Juifs qui avaient cru à Jérusalem. Mais le Seigneur voulait qu’elle s’étendit au loin. Avant sa mort, il avait dit : « Et moi, si je suis élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi » (Jean 12:32). Les Juifs avaient rejeté le Sauveur et l’avaient mis à mort. Dieu avait usé de patience envers eux, en réponse à la prière de Jésus : « Père, pardonne-leur », et il leur avait envoyé des messages par ses apôtres et ses serviteurs qui, remplis du Saint Esprit, leur annonçaient le pardon et le salut s’ils se repentaient. Plusieurs reçurent la bonne nouvelle et crurent au Sauveur ; mais la nation même, conduite par ses chefs, les sacrificateurs et les anciens, résista au Saint Esprit et mit à mort le fidèle martyr Étienne, déclarant ainsi, d’une manière formelle, qu’ils ne voulaient pas que Jésus régnât sur eux (voir Luc 19:14). Alors ce fut fini pour les Juifs comme peuple ; ils n’eurent plus à attendre que le jugement qui tomba sur eux plusieurs années après, quand Jérusalem fut prise et qu’ils furent dispersés. Et ils demeurent sous ce jugement et y resteront jusqu’à ce qu’humiliés, ils reconnaissent Celui qu’ils ont rejeté, Jésus, comme Roi d’Israël. C’est quand le Sauveur apparaîtra des cieux.
Maintenant, le salut allait être annoncé aux Samaritains et aux nations, selon la parole du Seigneur : « Vous serez mes témoins à Jérusalem et dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’au bout de la terre » (Actes 1:8). La repentance et la rémission des péchés devaient être prêchées à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. Un Juif cessait d’avoir des privilèges particuliers. Il lui fallait croire en Jésus tout comme un Samaritain ou un païen, pour être sauvé, et alors les uns et les autres se trouvaient placés sur le même niveau devant Dieu. Ils recevaient le même Esprit, faisaient partie du même corps de Christ, l’Assemblée, et avaient ensemble accès auprès du Père par un même Esprit (Éphésiens 2:17-18). Il n’y avait plus de peuple terrestre, mais un peuple céleste.
Nous allons voir comment cela se réalisa. La méchanceté des chefs du peuple ne fut pas satisfaite par la mort d’Étienne. La persécution s’étendit à toute l’Assemblée à Jérusalem. À la tête des persécuteurs se trouvait ce jeune homme nommé Saul, aux pieds duquel ceux qui lapidaient Étienne avaient mis leurs vêtements. Il consentait donc à la mort du saint martyr, et non content de cela, transporté de fureur contre les chrétiens, il les entraînait, hommes et femmes, en prison, et s’efforçait de leur faire blasphémer le nom du Sauveur. Telle est l’inimitié du cœur de l’homme contre Dieu et son Fils, et ce cœur, c’est le nôtre.
C’est ainsi que Satan s’efforçait, par la violence, de détruire ou d’entraver l’œuvre de Dieu. Mais cela est-il possible ? Non ; Dieu fait servir les efforts mêmes de Satan contre Lui, pour accomplir ses desseins de grâce. Le résultat de la persécution fut de disperser les croyants, sauf les apôtres, dans la Judée et la Samarie et même plus loin, comme nous le verrons. Et que firent-ils ? Pouvaient-ils garder dans leurs cœurs, pour eux-mêmes, sans rien dire, le trésor de la connaissance du Sauveur et de leur espérance céleste ? Non, c’était impossible. De ce qui remplit le cœur, la bouche parle. Si vous aimez le Sauveur, on le verra bientôt à votre conduite, on l’entendra à vos discours. Ces chrétiens dispersés allaient çà et là, annonçant la parole divine. Chacun d’eux, là ou Dieu le conduisait, était comme un flambeau faisant briller autour de lui la lumière céleste. Ainsi se répandait la bonne nouvelle du salut, et Dieu faisait tourner à la gloire de son Fils et au bien des âmes, la méchanceté de Satan et des hommes.
Parmi ceux qui quittèrent Jérusalem se trouvait Philippe, l’un des sept choisis avec Étienne pour le service de l’Assemblée. On l’appelle Philippe l’évangéliste, parce que le Seigneur lui avait conféré d’une manière spéciale le don d’évangéliser, c’est-à-dire d’annoncer la bonne nouvelle du salut aux âmes inconverties. C’est le Seigneur Jésus qui, étant monté au ciel, donne des dons aux hommes et à l’Assemblée. Par son Saint Esprit, il qualifie les uns pour être apôtres et prophètes, et d’autres pour être pasteurs et docteurs ou évangélistes (Éphésiens 4:7-12). Il les appelle et les envoie pour exercer ces dons de grâce. Philippe ayant donc quitté Jérusalem, le Seigneur dirigea ses pas vers la Samarie. C’était le pays situé entre la Galilée au nord, où se trouvait Nazareth, et la Judée au sud, où était la grande ville de Jérusalem. Les Juifs détestaient les Samaritains, et les Samaritains ne pouvaient souffrir les Juifs. Mais nous savons que le Seigneur Jésus avait plus d’une fois traversé cette contrée et y avait montré sa grâce comme Sauveur du monde. Une fois, fatigué du chemin, il s’était assis au bord d’un puits dans la Samarie. Une pauvre femme, une grande pécheresse, était venue puiser de l’eau, et le Sauveur lui avait fait connaître l’eau vive et éternelle de la grâce. La femme ayant cru en Lui, courut vers les habitants de la ville pour leur parler de Jésus, qui resta avec eux deux jours et leur annonça le salut. Quelle grâce il y avait en Jésus ! Une autre fois, on n’avait pas voulu le recevoir dans un village samaritain. Ses disciples auraient voulu que le feu du ciel détruisît ces gens qui repoussaient leur Maître. Mais que dit Jésus ? « Je ne suis pas venu afin de juger le monde, mais afin de sauver le monde » (Luc 9, 52-56 ; Jean 12:47).
Maintenant, Jésus continue son œuvre de grâce envers les pauvres Samaritains méprisés des Juifs, en leur envoyant Philippe pour leur annoncer la bonne nouvelle du salut. Philippe, par la puissance du Seigneur, guérissait les malades et chassait les démons. Dieu rendait ainsi témoignage à sa parole. Les gens de la ville crurent les bonnes nouvelles touchant le royaume de Dieu et le nom de Jésus Christ ; ils furent baptisés et ainsi reçus dans l’Assemblée chrétienne. Leurs cœurs étaient remplis de joie ; et c’est là toujours ce qui arrive quand on croit en Jésus : on est rempli d’une joie ineffable et glorieuse.
Les apôtres, à Jérusalem, ayant appris l’œuvre merveilleuse que Dieu opérait en Samarie, y envoyèrent Pierre et Jean. Les Samaritains croyants n’avaient pas encore reçu le Saint Esprit, ce grand privilège des chrétiens. Le Seigneur, dans sa sagesse, ne voulait pas que les Samaritains, qui avaient de grandes prétentions, se crussent au-dessus des Juifs. Il avait dit autrefois à la femme de Sichar : « Le salut vient des Juifs ». Et c’est à la prière des apôtres et après l’imposition de leurs mains, que le Saint Esprit vint sur les Samaritains. Ils étaient maintenant unis à Christ et du même corps que les Juifs. Il n’y avait plus de distinction, plus de haine, un même amour remplissait leurs cœurs. La barrière qui les séparait était ôtée. Autrefois Jean, dans son ignorance, avait demandé que le feu du ciel détruisît les Samaritains ; maintenant, il prie pour eux. Telle est la différence entre le cœur naturel et le cœur transformé par la grâce. Les apôtres, après avoir annoncé la parole du Seigneur, retournent à Jérusalem et, en passant dans la Samarie, prêchent l’Évangile dans plusieurs villages. Comme ils devaient se rappeler le temps où, dans ces mêmes contrées, ils suivaient leur Maître, mais avec des cœurs charnels, sans comprendre son amour et son esprit de grâce envers les pauvres pécheurs, et où ils Lui demandaient de détruire ceux que maintenant ils étaient si heureux de voir sauvés !
Quant à Philippe, il avait achevé ce que le Seigneur voulait qu’il fît dans la Samarie, et le Seigneur l’envoie annoncer l’Évangile autre part. Mais ce n’est plus à des foules, à tout le peuple d’une ville. C’est à une seule personne. Le serviteur du Seigneur est soumis à son Maître ; il obéit, quels que soient ses ordres. Philippe, sans doute, se plaisait en Samarie, au milieu de tout ce peuple converti par son moyen, et qui, on peut en être sûr, avait pour lui une grande affection. Mais un ange du Seigneur lui apporte un message. « Va », lui dit-il, « sur le chemin qui descend de Jérusalem à Gaza, lequel est désert ». Quel ordre étrange ! Envoyer un évangéliste sur un chemin désert ! À qui prêchera-t-il ? Dieu le savait, et cela suffisait à Philippe. Aussi obéit-il sans questionner. C’est ainsi qu’ont fait de tout temps les vrais serviteurs de Dieu. Philippe apprit bientôt pourquoi le Seigneur l’appelait là. Il y avait quelqu’un sur ce chemin désert. C’était un homme, un grand seigneur, venu de très loin, d’Éthiopie, à Jérusalem, pour adorer Dieu. C’était, sans doute, un païen qui avait appris à connaître le vrai Dieu par les Saintes Écritures, que les Juifs répandus partout portaient avec eux. Il revenait de Jérusalem, et que faisait-il ? Pensait-il à ses richesses, à son pays, aux amis qu’il allait revoir ? Non, d’autres pensées remplissaient son âme. C’était un homme qui avait de profonds besoins que ses trésors et sa haute position n’avaient pu satisfaire. Il désirait connaître le Dieu qu’il était venu adorer, et pour cela il lisait sa Parole. Pouvait-il faire mieux ? Non, assurément. Mais quelque chose lui manquait. L’homme animal, c’est-à-dire ce que nous sommes par nature, ne peut comprendre les choses de Dieu (*), si la lumière céleste ne l’éclaire. Le grand seigneur éthiopien qui, certainement, était loin d’être un ignorant dans le monde, ne comprenait pas ce qu’il lisait. Mais Dieu répond toujours aux besoins de l’âme et aux désirs sincères du cœur. Il avait conduit l’Éthiopien à lire un chapitre qui parlait de Jésus, et maintenant, sur cette route solitaire qu’il parcourait avec sa suite, se trouvait un messager de Dieu pour lui faire comprendre ce qui était obscur à son esprit. C’était Philippe, à qui l’Esprit de Dieu dit de se rapprocher du char de l’Éthiopien. Philippe obéit et l’entendit lire à haute voix dans le prophète Ésaïe, le beau chapitre cinquante-troisième, qui parle des souffrances et de la gloire du Sauveur. Philippe comprenait bien ce chapitre ; les paroles qu’il entendait plaçaient devant les yeux de son cœur le Maître qu’il connaissait et aimait. Il voulait savoir si l’étranger jouissait du même bonheur que lui, et lui demanda s’il comprenait ce qu’il lisait. Le grand seigneur n’eut pas honte d’avouer son ignorance au pauvre évangéliste qui parcourait la route à pied. Il n’eut pas honte de le faire monter sur son char et de le faire asseoir à ses côtés. Et le voilà devenu écolier, et qui apprend de la bouche de Philippe que Celui qui a été mené à la boucherie comme une brebis, n’est autre que le Fils de Dieu, devenu un homme ici-bas, rejeté, méprisé par les siens, cloué sur une croix, et portant là le poids de nos péchés pour les expier. « Le châtiment de notre paix a été sur lui, et par ses meurtrissures nous sommes guéris… L’Éternel a fait tomber sur lui l’iniquité de nous tous ».
(*) 1 Corinthiens 2:14. L’homme animal est l’homme animé seulement par son âme, sans l’enseignement et la puissance de l’Esprit Saint.
Quelles paroles précieuses ! Voilà pourquoi Philippe avait dû quitter la Samarie et son peuple. Voilà pourquoi il était venu sur une route déserte. C’était pour annoncer l’Évangile à cet étranger. Et l’Évangile fut cru, la lumière jaillit dans le cœur du grand seigneur ; il comprit la Parole et la reçut avec joie. Il apprit que le Dieu qu’il était venu adorer était le Dieu qui l’aimait, le Père de Jésus Christ et son Père. Quelle joie remplit son cœur ! Il fit arrêter son char là où se trouvait de l’eau, et demanda à être baptisé, et fit ainsi profession, devant tous ceux qui l’accompagnaient, de sa foi au Seigneur Jésus. Par la foi, il avait part à la mort et à la résurrection de ce précieux Sauveur ; à sa mort, pour voir ses péchés ôtés, à sa résurrection, pour sa justification ; à sa mort, pour être enseveli quant à ce qui est du vieil homme, à sa résurrection, pour vivre en nouveauté de vie (Romains 4:25 ; 6:4, 6). Il était ajouté lui aussi à l’Assemblée, il était membre du corps de Christ et allait devenir, dans son pays lointain, une lumière pour faire connaître le nom du Sauveur. Dans ce pays, le nom de Jésus est encore connu et le christianisme professé, bien que mêlé hélas ! à une foule d’erreurs et de superstitions. Ainsi s’accroissait l’Assemblée. Elle allait s’étendre encore plus parmi les nations, comme nous le verrons. L’Esprit enleva Philippe pour le conduire vers de nouveaux endroits à évangéliser, et l’étranger continua seul son chemin, plein de joie, possédant dans son cœur un trésor devant lequel s’éclipsaient tous ceux dont il était l’intendant pour sa souveraine.
2.9 - Le grand persécuteur devenu l’apôtre des nations — Histoire de Saul de Tarse
Le Seigneur voulait que la bonne nouvelle du salut fût annoncée aux nations, jusqu’aux bouts de la terre, afin que ceux qui croiraient fussent sauvés et entrassent aussi dans son Assemblée. Les disciples, que la persécution avait chassés de Jérusalem, s’étaient répandus au loin et avaient annoncé la parole de Dieu. Quelques-uns même, étant venus à Antioche, ne s’étaient pas contentés de parler aux Juifs, mais avaient commencé à évangéliser les Grecs, et le Seigneur avait béni leur parole. Philippe aussi avait annoncé la bonne nouvelle à un Éthiopien, qui avait cru au Seigneur Jésus, et avait été baptisé.
C’était le commencement de la grande œuvre de l’évangélisation des nations. Jusqu’alors elles avaient été sans Dieu et sans espérance (Éphésiens 2:12) dans le monde, mais la lumière s’était levée pour elles aussi ; Christ étant mort sur la croix pour le salut de tous, voulait attirer tous les hommes à Lui.
Mais quand Dieu veut accomplir une grande œuvre, il se choisit un instrument qu’il prépare dans ce but. Ainsi Moïse fut choisi et préparé pour être le libérateur d’Israël ; dans un temps plus voisin de nous, Luther et d’autres furent, en différents pays, choisis et préparés de Dieu pour accomplir dans l’Église déchue, la grande œuvre de la Réformation. Pour l’évangélisation des nations, Dieu choisit aussi un homme qu’il prépara, auquel il donna les qualités nécessaires et qu’il appela par sa grâce et sa puissance quand le temps fut venu. Cet homme n’était pas un païen converti, mais un Juif ; et pour montrer sa gloire et sa grâce souveraine, Dieu choisit le Juif le plus attaché au judaïsme et le plus ennemi de Christ et de ses disciples.
C’était ce jeune homme nommé Saul, qui était témoin de la mort du fidèle martyr Étienne, et qui y consentait ; qui, ensuite, plein de fureur contre les chrétiens, les poursuivait jusque dans leurs maisons et les traînait en prison. C’est ce terrible persécuteur que Dieu avait choisi dès sa naissance pour faire de lui un de ses serviteurs les plus fidèles, afin qu’il annonçât la foi que d’abord il voulait détruire. Je désire retracer ici son histoire, histoire merveilleuse qui nous montre la puissance et l’étendue de la grâce de Dieu agissant dans un homme, histoire liée intimement à celle de l’Assemblée dans les premiers temps, tandis que, par ses écrits inspirés de Dieu, ce fidèle serviteur du Seigneur continue et continuera jusqu’à la fin à instruire et à édifier l’Assemblée de Dieu.
Saul était né à Tarse, ville de Cilicie dans le sud-est de la Turquie actuelle, qui subsiste encore. C’est maintenant une ville de peu d’importance, mais alors c’était une cité grande, populeuse, commerçante, riche, et renfermant des écoles célèbres. Bien que Juif, descendu de parents juifs et de la tribu de Benjamin, Saul, par sa naissance, était citoyen romain. Ce titre conférait de grands privilèges. La personne d’un citoyen romain était sacrée, pour ainsi dire. Il était interdit de le châtier ou de l’emprisonner sans jugement ; certaines peines, par exemple celles du fouet et de la crucifixion, ne pouvaient lui être infligées, et il avait toujours le droit, en dernier ressort, d’en appeler à l’empereur lui-même.
Nous ne savons rien des parents de Saul, sinon que son père était pharisien. Peut être ne restèrent-ils pas à Tarse, mais vinrent-ils à Jérusalem, car Saul fut, dit-il lui-même, élevé dans cette dernière ville (Actes 22:3). Il avait une sœur, dont le fils se retrouve à Jérusalem dans une circonstance importante de la vie de Saul, devenu l’apôtre Paul (Actes 23:16) : ce jeune homme ayant entendu parler d’un complot contre la vie de son oncle, le fit connaître à l’officier qui le gardait. Dieu se servit ainsi de ce jeune homme pour garantir la vie de son serviteur.
Quelques parents de Saul sont encore mentionnés par lui dans l’épître aux Romains. Deux d’entre eux, nommés Andronique et Junias, étaient des chrétiens éminents par leurs services dans l’Assemblée : « Distingués parmi les apôtres », dit Paul, en les faisant saluer. Ils avaient été convertis avant lui, et, comme lui, avaient été prisonniers pour le Seigneur. Un autre parent de Paul, qui se trouvait aussi dans l’assemblée à Rome, se nommait Hérodion, mais nous n’avons sur lui aucun détail (Romains 16:7, 11). Remarquez comme tout est simple dans les écrits divins ; le grand but de Dieu est de se faire connaître à nous ; de nous révéler le salut et le chemin du ciel ; il n’y a donc rien dans ces saints écrits pour satisfaire la curiosité.
Nous aimerions bien avoir, par exemple, quelques détails sur la personne de Saul ; savoir quel extérieur il avait. Mais cela n’importait pas à l’œuvre pour laquelle Dieu le préparait. Dieu se sert de ce qui n’a pas d’apparence, de ce qui est chétif et faible, comme il peut se servir de ce qui est grand et beau extérieurement. Il ne nous est rien dit de la taille, ni de la figure, ni des manières du Seigneur, ni d’aucun apôtre. Quant à Saul, il semblerait, d’après ce qu’il dit de lui-même, que son extérieur était plutôt chétif et méprisable, et que sa parole n’avait rien d’attrayant (*), mais la puissance du Seigneur, pour accomplir son œuvre par le moyen de cet instrument sans apparence, n’en ressort que plus admirablement.
(*) 2 Corinthiens 10:10 ; 12:7 ; 1 Corinthiens 2:3 ; Galates 4:14.
Mais si l’instrument que Dieu préparait pour annoncer l’Évangile au loin parmi les nations, n’avait pas un extérieur qui le recommandât, Dieu lui avait dispensé des dons naturels d’intelligence, auxquels s’ajoutaient des connaissances diverses, en attendant les connaissances et l’intelligence spirituelle sans lesquelles on ne peut pénétrer dans les choses de Dieu. Saul fut sans doute élevé comme les autres jeunes Juifs, apprenant dans les écoles à lire et à connaître la loi et le Talmud. Il acquit aussi une certaine connaissance des auteurs grecs, langue qui était parlée dans l’Orient et qui est celle dans laquelle le Nouveau Testament a été écrit. De plus, comme c’était la coutume chez les Juifs, même lorsqu’ils étaient riches et qu’ils avaient étudié pour être rabbis, ou docteurs de la loi, Saul avait appris un métier. Il était faiseur de tentes. Nous le voyons plus tard, tout en annonçant l’Évangile, exercer ce métier et pourvoir ainsi à ses besoins et même à ceux de ses compagnons de travaux (Actes 20:34).
Nous ne savons pas à quel âge il vint à Jérusalem, mais c’est là qu’il fut élevé et poursuivit ses études afin de devenir rabbi, aux pieds, c’est-à-dire sous les soins et l’autorité de Gamaliel. Celui-ci était un docteur célèbre, vénéré parmi les Juifs, et que nous avons vu prendre le parti de Pierre et de Jean dans le sanhédrin, quand les autres Juifs voulaient les faire mourir. Saul fut donc instruit par Gamaliel selon l’exactitude de la loi et devint zélé pour Dieu. Il se livrait avec application à l’étude et avançait dans le judaïsme plus que plusieurs de son âge, étant le plus ardent à s’attacher aux traditions que les docteurs de la loi avaient ajoutées à la parole de Dieu, sous prétexte de l’expliquer, et qui souvent l’annulaient, comme le disait le Seigneur Jésus aux pharisiens.
Ce n’est pas seulement par son intelligence et ses progrès dans les études, que le jeune Saul se distinguait ; il avait aussi à cœur de vivre selon les enseignements de la loi en toute bonne conscience, s’appliquant à faire tout ce que la loi et les traditions prescrivaient. Il était donc pharisien, comme ses ancêtres. Les pharisiens étaient, parmi les Juifs, la secte la plus exacte de leur culte, opposée aux sadducéens matérialistes et amateurs des biens de ce monde. Ils conservaient et gardaient avec soin les vérités importantes du jugement, de la résurrection, d’une vie éternelle après celle-ci, et de l’existence du monde invisible des esprits ; d’un autre côté, ils observaient avec un soin extrême toutes les ordonnances de la loi et ce que les traditions des anciens y avaient ajouté. Garder la loi était une bonne chose, mais pour le plus grand nombre, la piété n’était qu’une forme et un moyen de s’attirer de la considération parmi les hommes. C’est pourquoi le Seigneur les appelle des hypocrites.
Tel n’était pas Saul. Il était sérieux, sincèrement zélé pour Dieu, et quant à la justice selon la loi, sans reproche. Il était tout entier et de cœur pour ce judaïsme qu’il estimait la vraie religion, il rejetait loin de lui les vanités et les plaisirs du monde qui l’entourait et ne voulait que servir Dieu. C’était bon dans un sens, mais son zèle était aveugle, il ne se connaissait pas lui-même comme un pauvre pécheur perdu et voulait, pour être sauvé, établir sa propre justice devant Dieu.
Il était sans doute à Jérusalem quand Jésus avait été saisi, condamné injustement et crucifié. Saul avait donc entendu parler de ses miracles et de sa résurrection. Mais aveuglé par son propre cœur, et écoutant les enseignements de ses maîtres, les docteurs juifs, il avait peut-être, comme eux, attribué à Satan les miracles du Seigneur et ajouté foi à la fable que ses disciples avaient enlevé son corps pour faire croire à sa résurrection. Comme ses maîtres, il pensait aussi que Christ avait voulu détruire le temple et abolir la loi, et que les chrétiens seraient cause que les Romains anéantiraient la nation juive. Et Saul, sans examiner si ses maîtres disaient vrai, s’était mis à haïr le nom et la personne de Christ, ainsi que ses disciples. En cela, il ne faisait que suivre la pente naturelle de nos pauvres cœurs, ennemis de Dieu, tout en croyant souvent le servir. Il n’y avait donc rien que Saul ne crût devoir faire contre Christ et les siens. Il avait déjà montré sa haine par sa conduite à la mort d’Étienne qu’il approuvait. Et bien loin que les paroles d’amour du martyr mourant eussent touché son cœur, sa fureur contre les chrétiens n’avait fait que s’accroître. Tel est l’homme dans son état de péché, même l’homme religieux quand il n’a pas la vie de Dieu. Il se montre plus acharné même que le monde contre les enfants de Dieu. L’amour de Jésus n’avait rencontré que la haine chez les Juifs ; l’amour et la patience des disciples ne rencontraient que la haine chez Saul et les principaux chefs des Juifs.
Saul avait commencé à persécuter les chrétiens à Jérusalem. Il y mettait toute l’énergie de sa nature, entrant dans les maisons, traînant en prison les hommes et les femmes, donnant sa voix quand on les faisait mourir, les contraignant par la violence, dans les synagogues, à blasphémer le nom de Jésus, et les persécutant outre mesure. Non content d’exercer sa fureur à Jérusalem, il voulut poursuivre les chrétiens même dans les villes étrangères. Dans ce but, il demanda au souverain sacrificateur et aux anciens des lettres pour l’autoriser à saisir, dans les synagogues des autres villes, ceux qui confesseraient le nom de Christ, afin de les amener à Jérusalem pour qu’ils y fussent jugés. Tout cela il le faisait dans l’ignorance, croyant rendre service à Dieu ; mais cela ne l’excusait pas. L’ignorance n’excuse jamais le mal. Lui-même, Paul, reconnaît qu’il était un outrageux, un blasphémateur, le premier des pécheurs, et s’accuse avec douleur et humiliation d’avoir persécuté l’Église de Dieu (1 Timothée 1:13 ; 1 Corinthiens 15:9).
Avec toute sa religion et sa justice selon la loi, avec sa bonne conscience, Saul courait tête baissée dans le grand chemin de la perdition, quand le Seigneur, que lui haïssait, vint dans sa grâce, l’arrêter et le sauver. Comment ?
Re: Forum Religion Catholique
Conversion de Saul
À mesure que Saul poursuivait les chrétiens, sa haine contre eux s’accroissait, et, comme nous l’avons dit, dans son animosité contre le nom de Jésus et son désir de le faire disparaître de la terre, il résolut de poursuivre les disciples du Seigneur dans d’autres villes, où il pourrait s’en trouver.
Parmi ces villes, il y en avait une très grande et importante. C’était Damas, située à deux cent quarante kilomètres environ vers le nord de Jérusalem, ancienne cité plusieurs fois mentionnée dans l’Écriture même au temps d’Abraham (Genèse 14:15 et 15:2), et qui existe encore maintenant. Elle compte environ 380000 habitants, dont un dixième professent le christianisme. Là se trouvaient, au temps de Saul, un grand nombre de Juifs qui y avaient plusieurs synagogues, et parmi eux des disciples de Jésus. Comment y étaient-ils venus ? L’Écriture ne nous le dit pas, mais ils pouvaient avoir fait partie de ceux qui furent convertis le jour de la Pentecôte, ou bien être des Juifs chrétiens qui, après la mort d’Étienne, furent dispersés par la grande persécution qui s’était élevée.
Quoi qu’il en soit, Saul rempli de pensées de violence contre les disciples du Seigneur, et sachant qu’il en demeurait à Damas, demanda, comme nous l’avons vu, au souverain sacrificateur de lui donner, pour les synagogues de cette ville, des lettres qui l’autoriseraient à saisir les disciples de Jésus qui s’y trouveraient. Il voulait les amener liés, hommes et femmes, à Jérusalem, afin qu’ils y fussent punis. On peut penser si sa demande fut bien accueillie par ces chefs du peuple qui avaient haï le Seigneur et l’avaient fait mourir, et qui venaient de mettre à mort son fidèle témoin Étienne comme pour dire à Jésus : « Nous ne voulons décidément pas que tu règnes sur nous ».
Saul partit donc avec ses lettres. Représentons-nous cet homme, poursuivant son voyage en roulant des pensées de vengeance contre ces misérables Nazaréens qui, pensait-il, voulaient détruire la loi et s’opposaient à Dieu ; voyons-le blasphémant en lui-même contre Christ, qu’il regardait comme un imposteur, haïssant ainsi Dieu qu’il croyait servir. Mais n’avait-il pas eu le cœur touché en voyant la mort si glorieuse d’Étienne ? Non. N’avait-il pas compassion de ceux qu’il persécutait et qui souffraient avec tant de patience tous les outrages ? Non. Telle est la dureté, tel est l’aveuglement du cœur naturel. Saul, avec toute sa sincérité, sa droiture, sa moralité, sa religion, tout en croyant être agréable à Dieu courait tête baissée vers la perdition, puisqu’il rejetait Christ. Et il en est de même maintenant : avec la plus belle profession religieuse, si l’on n’a pas Christ, on est perdu.
Mais Dieu avait des pensées de grâce à l’égard de Saul, et Jésus, qu’il haïssait, le suivait du haut du ciel avec amour : le Seigneur voulait, non le perdre, mais le sauver.
Saul s’avançait sur la route de Damas avec son escorte ; peut-être étaient-ce des hommes que le souverain sacrificateur lui avait donnés pour l’aider à accomplir son dessein. Il approchait de la ville, lorsque, vers midi, tout à coup, avec la soudaineté d’un éclair, une lumière plus éclatante que la splendeur du soleil, brilla du ciel autour de lui et de ceux qui l’accompagnaient. Tous et Saul avec eux, saisis de crainte, tombèrent par terre, sous l’impression puissante de cette manifestation divine. Qu’était-ce donc ? Nous allons le voir. Du sein de cette gloire se fait entendre une voix. Quelqu’un se trouvait dans cette lumière céleste qui éclipsait celle du soleil. « Saul ! Saul ! » dit la voix, « pourquoi me persécutes-tu ? ». C’était quelqu’un qui connaissait Saul, quelqu’un qui voyait ce qui était dans le cœur de Saul, et qui suivait tous ses mouvements contre les disciples de Jésus. Saul savait que cette voix venait du ciel ; il savait aussi que l’Éternel habite dans la nuée, dans l’obscurité ; mais qui était celui qui habitait dans cette splendeur, dans cette gloire qui l’anéantissait, lui, Saul ? Il l’ignorait ; mais qu’il devait être grand et puissant ! Saul, abattu, prosterné contre terre, demanda : « Qui es-tu Seigneur ? ». Il reconnaissait que celui qui lui parlait était digne de ce nom de Seigneur. Et quelle dut être sa surprise, le saisissement de son âme, en entendant la voix lui dire : « Je suis Jésus que tu persécutes ! » Jésus ! Celui qui lui parlait du sein de la gloire divine, c’était le crucifié, le Nazaréen méprisé, celui que Saul pensait ne pouvoir assez haïr. Il n’était donc pas resté dans le sépulcre ; Dieu l’avait donc ressuscité d’entre les morts ; il était donc dans la gloire ; ce qu’Étienne avait dit avant de mourir était donc vrai ! Celui qui parlait était donc le Fils de Dieu, le resplendissement de sa gloire, et c’était Lui que Saul poursuivait de sa haine ! Quelle révolution dans le cœur et tout l’être du pharisien irréprochable gisant dans la poussière ! Tout ce dont il pouvait se glorifier devant les hommes, sa moralité, son zèle pour la loi, sa propre justice, tout était brisé, anéanti. Il était le premier des pécheurs, puisqu’il s’était opposé au Fils de Dieu, à Dieu lui-même. Et ces chrétiens, si misérables et si méprisables à ses yeux, étaient si précieux au Fils de Dieu dans la gloire, Lui étaient si étroitement unis, qu’ils ne faisaient qu’un avec Lui, et que les toucher seulement c’était porter atteinte au Christ ! Quelle révélation merveilleuse de ce qu’est Christ et de la place qu’occupent ceux qui Lui appartiennent ! Et ce sont des vérités précieuses pour nous aussi, que celles qu’apprenait Saul en ce moment solennel, et que plus tard il prêcha. Christ est le Sauveur dans la gloire, et les fidèles Lui sont unis comme membres de son corps.
Mais Jésus, qui a abattu l’orgueil de Saul et l’a convaincu de son état de péché, a autre chose à lui dire. Il a maintenant à lui parler de grâce, mais cela viendra plus tard, quand d’autres exercices de cœur et de conscience auront montré la réalité de l’œuvre accomplie dans l’âme du pharisien. Saul prosterné, humilié, reconnaissant les droits de Jésus sur lui, demande avec soumission : « Que dois-je faire, Seigneur ? ». Le Seigneur ne le lui dit pas, mais lui commande de se lever, et d’aller à Damas. Là, quelqu’un de ceux qu’il avait méprisés devait l’instruire, lui, le disciple de Gamaliel. Le Seigneur veut se servir maintenant d’un instrument pour parler à Saul. Celui-ci ne regimba pas contre les aiguillons, son cœur était soumis : il ne résista pas à la vision céleste. Il se leva, mais l’éclat de la gloire divine avait ôté à ses yeux, quoique ouverts, la faculté de voir les choses extérieures. Elles ne devaient pas le distraire de la contemplation des choses intérieures. Ceux qui étaient avec lui le conduisirent par la main. Le voilà dépendant, lui, l’homme indépendant qui ne suivait que ses propres pensées ; le voilà faible, lui, l’homme fougueux et impérieux ; il est brisé de toutes manières. Il est conduit à Damas, et là, durant trois jours, sans voir, ni manger, ni boire, en dehors du monde extérieur, il reste seul avec Dieu, repassant en lui-même la révélation merveilleuse qu’il avait eue, et, sous le poids de son péché, s’humiliant et priant. Quelle douleur, quelle repentance il devait éprouver ! Quelles angoisses dans son âme, en se voyant dépouillé de tout ce qu’il croyait être devant Dieu ! Il s’estimait juste, et sa justice n’était que des haillons souillés. Comment échapper ? Comment être sauvé ?
Dieu répond toujours à ces besoins d’une âme repentante, à ces prières d’un cœur brisé. Jésus s’était fait connaître à Saul dans sa gloire, afin de lui montrer son péché et son néant ; maintenant, il va se faire connaître à lui dans son amour, afin de gagner son cœur. Et c’est ainsi que Dieu fait toujours.
Il y avait à Damas un disciple nommé Ananias. Rien ne nous est dit de sa position sur la terre, rien ne nous est raconté de sa vie, avant ni après l’événement qui le met en rapport avec Saul de Tarse. Nous voyons seulement qu’il vivait dans l’intimité de Jésus qu’il connaissait. C’est le privilège de tout chrétien, de chacun de ceux qui ont saisi Jésus pour leur Sauveur. Le Seigneur s’adresse à Ananias, et celui-ci, sans éprouver nulle crainte, sans être jeté par terre comme Saul, en entendant cette voix divine, répond : « Me voici, Seigneur ». Qu’il est doux de connaître la voix de Jésus, et qu’il est bon d’être prêt à Lui obéir ! Et le Seigneur charge son fidèle disciple d’aller chercher le pécheur repentant, et, en lui rendant la vue, de lui annoncer le message de miséricorde. « Il prie », ajoute le Seigneur en parlant de Saul. Un homme qui prie et dont Dieu reconnaît la prière, est cher à son cœur. Quel privilège pour Ananias d’être choisi pour porter un tel message ! Mais il ne connaît Saul que comme le terrible persécuteur des saints, et il redoute d’aller le trouver. En toute simplicité, il expose ses craintes au Seigneur qui, plein de condescendance pour la faiblesse de son disciple, le rassure en lui disant : « Va car j’ai choisi cet homme pour porter mon nom devant les nations, et les rois, et les fils d’Israël, et je lui montrerai combien il doit souffrir pour mon nom ». Ananias obéit à son divin Maître, et va, messager de la grâce, annoncer au pécheur brisé la bonne nouvelle du pardon, de la part du même Seigneur qui lui était apparu dans sa gloire, et avait arrêté le persécuteur. « Saul, frère », lui dit-il, « le Seigneur, Jésus qui t’est apparu… m’a envoyé pour que tu recouvres la vue et que tu sois rempli de l’Esprit Saint ». Ananias lui impose les mains, et aussitôt Saul voit l’envoyé du Seigneur. Mais en même temps qu’il a la vue du corps, il a aussi la vue de l’âme qui lui fait discerner dans le Seigneur de gloire, le Sauveur crucifié pour ôter ses péchés — le Fils de Dieu qui l’a aimé et s’est livré pour lui. À l’avenir, il pourra dire et proclamer : « Cette parole est certaine et digne de toute acceptation, que le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs, dont moi je suis le premier » (1 Timothée 1:15). Saul est baptisé et entre dans cette Église de Dieu qu’il persécutait et voulait détruire, et dont il va être le serviteur zélé. Il reçoit le Saint Esprit, qui, tout en rendant témoignage avec son esprit qu’il est enfant de Dieu, le remplit de puissance pour le service qu’il aura à remplir. Il se joint aux disciples qui étaient à Damas et qu’il voulait jeter en prison, et prêche avec force dans les synagogues que Jésus est le Fils de Dieu.
Quel changement ! C’est le miracle de la grâce de Christ, pardonnant au plus grand pécheur, et gagnant le cœur le plus éloigné de Lui, pour en faire le disciple le plus fidèle, le serviteur le plus dévoué.
Nous ne sommes pas des Sauls, mais tous nous avons besoin de connaître le Fils de Dieu qui nous a aimés et s’est livré pour nous ; tous nous devons croire en Lui pour être sauvés ; tous nous pouvons jouir du privilège d’être ses disciples et ses serviteurs.
Je suis crucifié avec Christ ; et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi ; — et ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi (Galates 2:20).
Voilà la devise de Paul, puisse-t-elle être la vôtre !
2.11 - Pierre ouvre aux nations la porte du royaume des cieux — Histoire de Corneille
Saul, dont nous avons vu la merveilleuse conversion, avait bien été choisi de Dieu pour porter l’Évangile aux nations, mais c’est l’apôtre Pierre qui, sur l’ordre du Seigneur, leur ouvrit le premier, d’une manière publique, la porte du salut. Le Seigneur Jésus étant encore sur la terre, lui avait dit : « Je te donnerai les clefs du royaume des cieux ; et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux ; et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux ». Le jour de la Pentecôte, Pierre avait ouvert aux Juifs le royaume des cieux, en leur annonçant la rémission des péchés au nom de Jésus, et il allait aussi introduire les gentils, c’est-à-dire ceux qui n’étaient pas Juifs, dans la même bénédiction.
Mais, pour cela, Pierre avait besoin d’un ordre formel de la part de Dieu, car les Juifs n’avaient pas de communication avec les nations ; ils pensaient que les bénédictions divines leur appartenaient à eux seuls, et Pierre lui-même n’avait pas encore compris que le Seigneur voulait que la rémission des péchés fût prêchée en son nom à toutes les nations, ni ce que signifiait cette parole de Jésus : « Et moi, si je suis élevé de la terre (sur la croix), j’attirerai tous les hommes à moi », de quelque nation qu’ils fussent. C’est la croix qui a détruit la barrière entre les Juifs et les païens, en montrant que les uns, comme les autres, étaient des pécheurs et avaient également besoin d’un Sauveur.
C’est à Césarée, et non à Jérusalem, qu’eut lieu ce fait important de la réception des gentils dans l’Assemblée ou l’Église chrétienne, et nous allons voir ce que la parole de Dieu nous en dit.
La ville de Césarée était située au bord de la mer, vers le nord-ouest et à cent-vingt kilomètres de Jérusalem. Il n’en reste actuellement que des ruines, mais, au temps des apôtres, elle était grande et importante. C’était là que résidait le gouverneur romain et que se trouvait le siège de l’administration civile et militaire du pays. Bien qu’un certain nombre de Juifs s’y fussent établis, c’était donc une ville essentiellement païenne, mais qui convenait ainsi aux desseins du Seigneur.
Dans cette ville se trouvait un officier romain nommé Corneille. Il était pieux et craignant Dieu, sans être cependant un prosélyte juif. Nous ne savons pas d’où lui était venue la connaissance du vrai Dieu ; peut-être les Écritures de l’Ancien Testament lui étaient-elles tombées entre les mains. À cette époque, il y avait, parmi les païens, bien des âmes qui étaient dégoûtées du culte des idoles, et que Dieu préparait pour des choses meilleures. Par le moyen des Juifs dispersés, la connaissance d’un Dieu unique et Créateur se répandait, et ces âmes la recevaient avec empressement.
La piété de Corneille se manifestait dans sa vie. Toute sa maison craignait Dieu comme lui ; il avait même dans sa cohorte des soldats pieux : preuve de l’influence qu’il exerçait autour de lui. Il faisait beaucoup d’aumônes au peuple et priait Dieu continuellement. Ces deux choses, l’amour du prochain et la dépendance de Dieu démontraient bien la réalité de sa piété. De plus, toute la nation des Juifs lui rendait un bon témoignage. Il était loin de les mépriser ou de les persécuter, comme le faisaient volontiers les Romains. N’était-ce pas un beau caractère ? Il nous rappelle cet autre centurion romain qui vint demander au Seigneur la guérison de son serviteur malade, et qui donna à Jésus l’occasion d’annoncer d’avance l’introduction des nations dans le royaume des cieux.
Corneille était donc un homme dont le cœur était tourné vers Dieu ; mais cela n’est pas le salut : Corneille n’était pas sauvé par sa piété, ses aumônes et ses prières. Mais Dieu, qui avait commencé la bonne œuvre en lui, voulait aussi l’achever, et lui faire entendre la bonne nouvelle du salut par Christ.
Comme il était, un après-midi vers trois heures, en jeûne et en prière dans sa maison, il vit clairement en vision un homme couvert d’un vêtement éclatant et se tenant devant lui. C’était un saint ange de Dieu, un messager que Dieu lui envoyait en réponse à ses prières. Les anges, est-il dit, sont des esprits administrateurs, des serviteurs que Dieu emploie en faveur de ceux qui vont hériter du salut.
L’ange n’était pas chargé d’annoncer l’Évangile à Corneille, mais de lui faire connaître l’homme que Dieu avait choisi pour cela. C’était déjà un heureux message pour le centurion romain : « Corneille », lui dit l’ange. Corneille fut effrayé de cette apparition soudaine dans le lieu retiré où il priait. « Qu’est-ce, Seigneur ? » demanda-t-il, reconnaissant bien le caractère céleste de celui qui parlait. « Ta prière est exaucée et tes aumônes ont été rappelées en mémoire devant Dieu », dit le messager divin. Dieu répond toujours et partout à la prière sincère. Il a les yeux sur ceux qui sont droits de cœur et qui agissent fidèlement, selon la connaissance qu’ils ont de Lui. Ceux qui le craignent Lui sont agréables. Le craindre est le commencement de la sagesse.
Quelle était donc la prière de Corneille que Dieu avait exaucée ? La suite nous le montre. Corneille désirait mieux connaître Dieu ; il avait soif de salut, et Dieu allait répondre à ces besoins de son cœur. L’ange continua à lui parler, en lui disant : « Envoie des hommes à Joppé, et fais venir Simon qui est surnommé Pierre. Il est logé chez un certain Simon, corroyeur, qui a sa maison au bord de la mer ; lorsqu’il sera venu, il te parlera et te dira des choses par lesquelles tu seras sauvé, toi et toute ta maison ». Ainsi, être sauvé était ce que désirait Corneille. Est-ce là l’ardent désir de votre cœur ? Alors Dieu vous exaucera aussi.
Aussitôt que l’ange se fut retiré d’avec lui, Corneille, le cœur sans doute rempli d’émotion, de joie et de reconnaissance envers ce Dieu si bon qui avait exaucé sa prière, envoya à Joppé deux des gens de sa maison avec un soldat pieux, après leur avoir raconté tout ce qui lui était arrivé. Quelle touchante intimité existait entre ce maître et ses serviteurs ! C’est qu’eux aussi craignaient Dieu et avaient ainsi un intérêt bien grand dans la mission qu’ils avaient à accomplir.
Représentons-nous la sainte impatience qui remplissait le cœur de Corneille en attendant la venue du serviteur de Dieu qui devait lui annoncer le salut. Tandis que Corneille attend et que ses serviteurs sont en route vers Joppé, faisons un peu connaissance avec cette dernière ville et ce qui s’y passait.
Joppé ou Japho, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Césarée, était une ville très ancienne, située dans une plaine riche et fertile. Il en est déjà question dans le livre de Josué, comme appartenant à la tribu de Dan. C’était un port de mer fréquenté ; là, au temps de Salomon et d’Esdras, étaient amenés les bois de cèdre du Liban pour la construction du temple ; là, le prophète Jonas s’était embarqué pour fuir de devant l’Éternel auquel il ne voulait pas obéir. De nos jours, la ville et le port existent encore sous le nom de Jaffa et ont une assez grande importance. Beaucoup de navires y abordent pour le commerce et amènent des pèlerins et des voyageurs qui, de là, se rendent à Jérusalem (*). Voici comment l’apôtre Pierre avait été conduit à Joppé.
(*) Rappelons que tout ceci a été écrit vers la fin du 19° siècle. Depuis, la grande ville de Tel-Aviv est née et s’est développée aux portes de Jaffa ; elle est aujourd’hui la plus peuplée de l’État d’Israël, constitué en 1948. De son côté, Lydde, dont il va être question, est devenue une très importante localité.
Comme il visitait les assemblées de Judée, il arriva à Lydde, ville autrefois nommée Lod et située à une vingtaine de kilomètres de Joppé, sur la route de Jérusalem. C’est maintenant encore un village florissant comptant plusieurs milliers d’habitants, entouré de riches vergers d’oliviers, de grenadiers, de figuiers et d’autres arbres, au milieu d’une contrée très fertile. Là, Pierre guérit, au nom de Christ, un homme paralytique nommé Énée, malade depuis huit ans. Ce fut le moyen dont Dieu se servit pour attirer à l’Évangile un grand nombre de gens de Lydde et du Saron, la contrée environnante : ils se tournèrent vers le Seigneur. Ainsi s’accroissait l’Assemblée chrétienne. Mais Pierre devait aussi exercer son ministère à Joppé. Dieu voulait déployer aussi, dans cette ville, sa merveilleuse puissance et sa grâce, et voici de quelle circonstance il se servit pour y conduire l’apôtre. Il y avait, dans l’assemblée de Joppé, une pieuse femme nommée Dorcas. Sa vie était tout entière consacrée au Seigneur ; elle s’occupait des pauvres parmi lesquels elle répandait d’abondantes aumônes, et des veuves indigentes pour lesquelles elle travaillait, leur faisant des robes et d’autres vêtements. Elle tomba malade et mourut ; mais, comme nous le verrons, sa mort, grande épreuve pour les disciples, devait être pour la manifestation de la gloire de Dieu. Il en est toujours ainsi des épreuves que Dieu envoie à ses enfants. Les chrétiens de Joppé apprirent que Pierre était à Lydde, à peu de distance d’eux, et aussitôt ils le firent chercher, en lui disant le deuil dans lequel ils se trouvaient. Pierre, arrivé à Joppé, fut conduit dans la chambre haute où se trouvait le corps de Dorcas, entouré des veuves qui pleuraient leur amie délogée. L’apôtre, sans doute ému de compassion, comme autrefois son divin Maître, fit sortir tout le monde, et, seul avec son Seigneur, il le pria d’exercer sa puissance pour consoler ceux qui pleuraient, de même qu’autrefois il avait consolé la veuve de Naïn, et Marthe et Marie. Et Pierre savait que sa prière était exaucée, car le Seigneur avait dit : « Quoi que vous demandiez en mon nom, je le ferai ». Aussi, se tournant vers le corps, il dit : « Tabitha (ou Dorcas), lève-toi ». Et la morte revint à la vie. Tout Joppé eut connaissance de ce déploiement merveilleux de la puissance de Dieu par le moyen de l’apôtre, et là aussi, plusieurs crurent au Seigneur. Pierre resta dans cette ville quelques jours avec l’assemblée et les nouveaux convertis, et c’est là, chez Simon, le corroyeur, que les envoyés de Corneille devaient le trouver.
Au moment où les envoyés de Corneille approchaient de Joppé, Pierre, vers le milieu du jour, était monté pour prier sur le toit en terrasse de la maison. Il eut très faim, et, tandis qu’on lui apprêtait à manger, il vit, dans une extase ou ravissement d’esprit, le ciel ouvert et une sorte de récipient comme une grande toile tenue par les quatre coins, descendant sur lui et renfermant des quadrupèdes, des bêtes sauvages, des reptiles et des oiseaux, tous animaux impurs selon la loi, et dont un Juif ne devait pas manger la chair. En même temps, une voix se fit entendre du ciel disant à Pierre : « Tue et mange ». Pierre, en Juif fidèle, répondit : « Non point, Seigneur ; car jamais je n’ai rien mangé qui soit impur ou immonde ». Mais la voix céleste s’adressant de nouveau à lui, dit : « Ce que Dieu a purifié, toi, ne le tiens pas pour impur ». Trois fois la vision se répéta, afin de bien montrer à l’apôtre l’importance de ce que Dieu voulait ainsi lui enseigner. Mais il ne comprenait pas d’abord, et il était en perplexité pour savoir ce que signifiait cette vision.
Dieu allait le lui montrer. Les envoyés de Corneille arrivaient en cet instant devant la maison et demandaient si Simon, surnommé Pierre, demeurait là. En même temps, l’Esprit Saint lui dit : « Voilà, trois hommes te cherchent ; mais lève-toi, et descends et va avec eux sans hésiter, parce que c’est moi qui les ai envoyés ». C’est ainsi qu’en ces temps l’Esprit Saint qui demeurait en eux, guidait directement les serviteurs de Dieu dans leur ministère. C’était particulièrement nécessaire dans un cas tel que celui-ci, car les apôtres, Juifs fidèles, encore attachés aux traditions, n’auraient jamais voulu aller chez un païen sans un ordre exprès de Dieu. Aujourd’hui encore, les serviteurs de Dieu fidèles, qui s’attendent à Lui et le prient, peuvent bien compter que Dieu les dirigera dans ce qu’ils ont a faire pour lui.
Pierre descendit donc et écouta le message de Corneille. Il comprit alors la signification de la vision qu’il avait eue ; il vit que la barrière entre Juifs et nations était renversée, et que ces païens, estimés impurs et représentés par ces animaux dont il n’avait pas voulu manger, étaient purifiés par Dieu lui-même pour avoir aussi part à la grâce du salut.
Pierre n’hésita donc pas à loger les serviteurs de Corneille cette nuit-là, et, le lendemain, partit avec eux, accompagné de six frères de Joppé. De cette manière, il y avait plusieurs témoins de ce que Dieu, dans sa grande grâce, allait opérer en faveur de pauvres païens, plongés jusqu’alors dans les ténèbres et l’ombre de la mort, sans Dieu et sans espérance dans le monde.
Que se passait-il à Césarée ? Corneille n’avait pas voulu être seul à profiter du message que Dieu lui envoyait par Pierre. Il avait réuni ses parents et ses intimes amis. Lorsque nous avons vraiment à cœur le salut de notre âme, nous désirons que les autres entendent comme nous l’Évangile. Pierre étant entré dans la maison, Corneille alla au-devant de lui et se jeta à ses pieds pour l’adorer. Mais l’apôtre le releva, en lui rappelant qu’il n’était aussi qu’un homme. L’adoration n’est que pour Dieu seul. Pierre suivit Corneille dans le lieu où étaient réunis ceux qui désiraient entendre la bonne nouvelle. Il commença par leur rappeler que, comme Juif, il n’aurait pu venir auprès d’eux, mais que Dieu lui avait montré qu’il ne fallait appeler aucun homme impur ou souillé. Ensuite, il leur demanda pour quelle raison ils l’avaient fait venir. Corneille lui raconta la vision qu’il avait eue, l’ordre que l’ange lui avait donné, et termina en disant : « Tu as bien fait de venir. Maintenant donc, nous sommes tous présents devant Dieu, pour entendre tout ce qui t’a été ordonné de Dieu ». Quel sérieux, n’est-ce pas ? Quel sentiment de la présence de Dieu, et quel désir d’entendre sa parole ! Puissions-nous avoir ces dispositions quand un serviteur de Dieu, envoyé de sa part, vient nous parler, et être en présence de Dieu pour écouter sa parole !
Ce fut une réunion bénie, où l’Esprit Saint agit avec puissance par la parole de l’apôtre. Pierre commença par reconnaître avec admiration, devant ses auditeurs gentils, que « Dieu ne fait pas acception de personnes, mais qu’en toute nation, celui qui le craint et pratique la justice lui est agréable ». Puis il leur annonça l’Évangile, la bonne nouvelle touchant Jésus Christ, le Seigneur de tous, du gentil comme du Juif. Il leur dit comment Dieu avait envoyé aux fils d’Israël la bonne nouvelle de la paix par Jésus Christ, comment Jésus de Nazareth, oint du Saint Esprit et de puissance, allait de lieu en lieu faisant du bien, délivrant ceux que le diable opprimait ; comment les Juifs l’avaient fait mourir sur la croix, mais aussi, comment Dieu l’avait ressuscité et établi Juge des vivants et des morts. C’est donc Jésus, notre adorable Sauveur, dans sa vie sainte, dans sa mort sur la croix M......, dans sa résurrection et son exaltation glorieuses, que Pierre présente à ces gentils qui avaient soif de salut, de paix et de vie. Or Jésus répond seul à ces besoins de l’âme. Il a dit lui-même : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive » (Jean 7:37). Connaître vraiment Jésus dans son cœur, est ce qui rend heureux. Pierre termine son discours si simple par ces paroles : « Tous les prophètes lui rendent témoignage que, par son nom, quiconque croit en lui, reçoit la rémission des péchés ». Quiconque, ce n’est pas seulement les Juifs ; les gentils (gens des nations) sont aussi compris dans ce mot, et vous aussi, lecteur, qui êtes un pécheur, vous êtes un de ces « quiconque » qui a besoin de pardon ; et, si vous croyez en Jésus, vous recevrez la rémission de vos péchés, chose la plus nécessaire, la plus précieuse sans laquelle on est à jamais séparé de Dieu.
Quand Corneille et ses amis entendirent les dernières paroles de Pierre, qui proclamaient la grâce miséricordieuse de Dieu, sans doute ils les saisirent avec joie dans leur cœur et crurent, car Pierre parlait encore que le Saint Esprit tomba sur ceux qui l’écoutaient. On pouvait dire d’eux comme des Éphésiens : « Ayant entendu la parole de la vérité, l’évangile de votre salut ; auquel aussi ayant cru, vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse » (Éphésiens 1:13), C’est le grand privilège de tout croyant, de devenir un temple où le Saint Esprit vient faire sa demeure. Puissions-nous tous jouir de cette bénédiction !
Les Juifs venus de Joppé avec Pierre, s’étonnèrent de voir les gentils participer à la même grâce qu’eux ; mais ils n’en pouvaient douter ; la puissance de l’Esprit Saint se montrait dans ces nouveaux convertis en ce qu’ils parlaient des langues étrangères, et que leur bouche s’ouvrait pour magnifier Dieu. Étant scellés du Saint Esprit, ils faisaient donc partie de l’Assemblée chrétienne, tout comme les Juifs ; aussi Pierre ordonna-t-il qu’on les baptisât au nom du Seigneur, ce qui était le signe extérieur de la réception dans l’Assemblée.
Pierre avait accompli sa mission à l’égard des nations ; il leur avait ouvert la porte, et maintenant Dieu, par le ministère de Paul et d’autres, allait introduire dans l’Église une grande quantité de ces pauvres gentils, jusqu’alors dans l’ignorance de Dieu. C’est du fruit de ces travaux que nous jouissons actuellement.
2.12 - Pierre retourne à Jérusalem — Son emprisonnement et sa délivrance
Pierre resta quelques jours à Césarée avec les nouveaux convertis, sans doute pour les instruire et les affermir dans la foi. Il retourna ensuite à Jérusalem, où était déjà parvenue la nouvelle de la réception de la parole de Dieu par les païens.
Combien elle aurait dû remplir de joie les Juifs croyants ! Mais le misérable cœur de l’homme est toujours le même, égoïste jusque dans les choses de Dieu. Il est jaloux de ce que Dieu se montre bon, comme le Seigneur le disait dans la parabole des ouvriers loués à différentes heures du jour (Matthieu 20:15).
Des Juifs devenus chrétiens, mais attachés à leurs traditions, au lieu de demander à Pierre des explications sur ce qui s’était passé à Césarée, se mettent à l’accuser d’être entré chez des incirconcis et d’avoir mangé avec eux ! Hélas ! c’est de cette manière que nous aussi, nous agissons trop souvent, en étant prompts à juger et accuser les autres.
Que fera Pierre, lui, d’un caractère si ardent ? Par la grâce de Dieu, il reste calme et plein de douceur, et laisse à Dieu le soin de le justifier. Pour cela, il raconte simplement les faits.
Il était en prière ; il était auprès de Dieu, quand Dieu lui montre par une vision remarquable, venant du ciel et répétée trois fois, que la distinction entre Juifs et païens était abolie, et que l’Évangile était pour tous. Ensuite, le Saint Esprit, ce guide infaillible qui devait conduire les apôtres, lui dit d’aller, sans hésiter, avec les hommes envoyés par Corneille, et c’était Dieu qui, par son ange, avait dit à Corneille de faire chercher Pierre. Et quand Pierre a annoncé la bonne nouvelle à Corneille et à ses amis et qu’ils ont cru, voilà le Saint Esprit qui descend sur ces païens convertis, tout comme il était venu sur les Juifs croyants à la Pentecôte.
Tout était donc de Dieu dans cette œuvre, et que pouvait faire Pierre devant cette manifestation de la grâce de Dieu accordée aux païens ? Il avait été un serviteur obéissant. « Dieu », dit-il, « leur a fait le même don qu’à nous… Qui étais-je moi, pour l’interdire à Dieu ?».
« Une réponse douce détourne la fureur » (Proverbes 15:1). Le simple récit de Pierre, qui montrait l’œuvre merveilleuse de Dieu s’étendant sur ceux qui étaient loin, agit sur les cœurs des Juifs croyants comme une rosée rafraîchissante. Ils se turent et glorifièrent Dieu qui donnait aux païens même la repentance et la vie. Soyons heureux aussi de voir l’Évangile se répandre et des âmes être sauvées, car c’est pour la gloire du Seigneur Jésus.
Ce fut un jour de bonheur pour l’assemblée de Jérusalem, mais l’épreuve allait venir. L’ennemi, Satan, ne s’endort jamais. Déjà il avait suscité des persécutions contre les saints. Pierre et Jean avaient été mis en prison et battus, et Étienne avait été lapidé. De nouveau, Satan, voyant les progrès de l’Évangile, cherche à s’y opposer, et il tourne sa rage surtout contre Pierre. Satan est comme un lion rugissant, cherchant qui il pourra dévorer. S’il peut tuer le berger, il sait que les brebis seront plus aisément sa proie. Or le Seigneur Jésus avait établi Pierre pour être berger des brebis d’entre les Juifs, et lui avait dit : « Pais mes brebis, pais mes agneaux » (Jean 21:15-17).
Un méchant roi régnait alors en Judée. Il se nommait Hérode ; mais il ne faut pas le confondre avec le méchant Hérode qui fit mourir les petits enfants de Bethléem, ni avec le méchant Hérode qui fit couper la tête à Jean Baptiste et qui renvoya Jésus à Pilate, en se moquant de Lui. Ce second Hérode était fils du premier, et celui du temps de Pierre était son petit-fils. Par leur cruauté et leur méchanceté, ils se ressemblaient bien.
Ce roi Hérode voulait faire plaisir aux Juifs. Il savait que rien ne leur était plus agréable que de voir les chrétiens persécutés ; il fit donc emprisonner quelques chrétiens et mettre à mort Jacques, frère de Jean. Lorsqu’il vit combien cela plaisait aux Juifs, il fit aussi jeter Pierre en prison dans le but de le faire mourir.
C’était aux jours de la Pâque. Comme Pierre devait se rappeler cette autre Pâque qui avait eu lieu peu d’années auparavant et où il avait renié Jésus ! Mais Jésus lui avait pardonné, et maintenant il était heureux de souffrir pour le nom de son cher Maître, de son précieux Sauveur. Il devait mourir après la fête de la Pâque ; Hérode l’avait ainsi ordonné. Afin qu’il ne pût s’échapper, quatre bandes de quatre soldats chacune le gardaient jour et nuit en se relayant, et Pierre, même en dormant, était toujours attaché par des chaînes à deux de ces soldats. De plus, des gardes étaient placés aux portes, d’ailleurs solidement fermées. Que de précautions, n’est-ce pas ? Hérode se rappelait sans doute que précédemment les apôtres avaient été délivrés de la prison par une intervention surnaturelle, et il croyait que cette fois Pierre, lié aux soldats, ne pourrait sortir sans les éveiller.
Pierre ne tremblait-il pas ? N’était-il pas agité ? Non ; il était paisible ; la nuit qui précédait le jour de sa mort était arrivée, et il dormait tranquillement entre les deux soldats. N’était-il pas sous la garde du Dieu Tout-Puissant, qui pouvait le délivrer s’il Lui plaisait ? Et si les hommes faisaient mourir son corps, pouvaient-ils empêcher son esprit d’aller auprès de son cher Maître qu’il aimait ?
Humainement, Pierre ne pouvait échapper. Toute la prudence et la puissance des hommes s’étaient réunies pour le garder. Mais il y a une puissance qui se joue des chaînes, des gardes et des portes de fer. C’est celle de Dieu, à qui rien n’est impossible. Et qui fait agir cette puissance ? C’est la prière. Le Seigneur Jésus qui a dit : « Toutes choses sont possibles pour Dieu », a dit aussi : « Quoi que vous demandiez en mon nom, je le ferai » (*). Les saints de Jérusalem savaient cela, et l’assemblée adressait à Dieu d’instantes prières pour Pierre. La prière de la foi met en mouvement le cœur et le bras de Dieu maintenant comme autrefois. Nous allons le voir.
(*) Marc 10:27 ; 11:24 ; Jean 14:13-14
Les portes étaient fermées, les gardes faisaient leur office, Pierre dormait, et l’assemblée priait. Alors Dieu agit. Il envoie son ange. La prison était dans l’obscurité de la nuit, mais la lumière de Dieu y resplendit. Pierre dormait ; l’ange le réveille. Pierre était dans les liens ; les chaînes tombent de ses mains. « Ceins-toi », dit l’ange, « chausse tes sandales… jette ton vêtement sur toi, et suis-moi ». Et les soldats ? Dieu les maintient endormis. Et les gardes ? Dieu les frappe d’aveuglement. Et les portes ? Les portes de fer s’ouvrent devant la puissance divine. Qui peut lui résister ? Et c’est cette puissance qui nous garde, nous qui sommes au Seigneur ; oh ! quelle sécurité !
L’ange conduit ainsi Pierre jusqu’au bout d’une rue et se retire. Il avait accompli son service envers un de ceux qui héritent du salut. C’est actuellement le doux emploi des anges. Le temps vient où nous les verrons aussi exercer le jugement.
Et Pierre, que pensait-il ? Il avait cru jusqu’alors que tout ce qui lui arrivait était une vision. Mais, revenu complètement à lui, il reconnaît que le Seigneur, son cher Maître, Jésus, avait envoyé son ange pour le délivrer, et aussitôt il se rend là où il savait trouver des frères.
C’était chez une femme nommée Marie, mère de Marc, qui écrivit l’évangile nommé d’après lui. Chez cette pieuse femme, plusieurs, même dans la nuit, étaient réunis et priaient. Pierre heurtait pour se faire ouvrir. Alors une servante nommée Rhode qui, sans doute, se joignait aux prières, vint demander qui arrivait à cette heure de la nuit. Pierre se nomma, et Rhode qui connaissait et aimait l’apôtre, ayant reconnu sa voix, fut si remplie de joie, qu’elle oublia d’ouvrir la porte et rentra en courant pour annoncer aux autres la bonne nouvelle de son arrivée.
Combien les saints rassemblés chez Marie durent être heureux de voir leurs prières exaucées ! Mais nos pauvres cœurs sont si lents à croire que Dieu nous entend, si lents à se confier en sa bonté, que même ces saints doutent que Dieu les ait exaucés ! Ils disent à Rhode : « Tu es folle ». Elle savait ce qu’elle avait entendu, elle ne peut que leur affirmer qu’elle ne se trompe pas ; alors ils pensent que c’était l’ange de Pierre et non lui-même. Cependant, lorsqu’à la fin ils eurent ouvert, et que Pierre fut entré, ils ne purent plus douter. Ils étaient hors d’eux-mêmes de joie et d’étonnement et, sans doute, rendirent-ils grâces au Seigneur.
Pierre leur raconta comment Dieu l’avait délivré ; il leur dit de faire connaître ces choses aux frères, puis il les quitta.
Cela termine dans l’histoire que le Saint Esprit nous a donnée, ce qui se rapporte au ministère de Pierre, bien que nous le retrouvions encore une fois. Maintenant, un autre serviteur de Dieu, Paul, dont nous avons vu la conversion, va paraître sur la scène dans son activité à porter l’Évangile aux nations.
Re: Forum Religion Catholique
Les premiers missionnaires parmi les païens — Antioche
Tandis que Pierre introduisait à Césarée des gentils dans l’Assemblée de Dieu, le Seigneur, qui emploie les instruments qu’il veut, dirigeait d’humbles missionnaires, dont les noms nous sont inconnus, à annoncer l’Évangile aux païens dans la grande ville d’Antioche
Cette cité célèbre dans l’antiquité, la troisième ville de l’empire romain et surnommée la reine de l’Orient, était située dans un plaine fertile, sur les bords du fleuve Oronte, à 27 kilomètres de la mer. On dit qu’elle compta jusqu’à 500000 habitants, tous païens, sauf un certain nombre de Juifs qui s’y étaient établis. Aujourd’hui, bien que déchue de sa grandeur passée, il s’y trouve trente mille habitants, dont près du tiers professent le christianisme.
Tandis que les grandes cités tombent et que la gloire du monde s’évanouit, ce qui est de Dieu est permanent. Un souvenir impérissable s’attache à cette ville : c’est là que les disciples du Seigneur furent pour la première fois nommés chrétiens.
Nous avons vu qu’après la mort d’Étienne, une grande persécution avait sévi contre l’assemblée de Jérusalem, de sorte qu’un grand nombre de disciples quittèrent cette ville et se répandirent d’abord dans la Judée et la Samarie, et ensuite plus loin. Il y en eut qui, suivant les bords de la Méditerranée, passèrent en Phénicie et arrivèrent enfin à Antioche. Mais en quittant Jérusalem, ces disciples du Seigneur emportaient dans leur cœur un trésor que les hommes ne pouvaient leur ravir. C’était la connaissance de Jésus comme leur Sauveur, la vie de Dieu dans leurs âmes, la jouissance de l’amour de Dieu dans leur cœur et, par conséquent, la paix et la joie. Quand on a acquis ce trésor, on ne saurait le garder pour soi. On peut le partager sans s’appauvrir ; au contraire : et, pour la gloire de Christ, et par amour pour eux, on désire que ceux qui nous entourent en jouissent aussi.
Tels étaient les sentiments de ces disciples dispersés, fuyant la persécution. Leur vie et leurs paroles rendaient témoignage à Jésus. Partout où ils allaient, ils répandaient la bonne odeur de Christ ; ils annonçaient la Parole. Ils n’étaient pas des apôtres, mais de simples fidèles remplis de l’amour de Christ. Et vous qui appartenez au Seigneur, vous pouvez aussi être des missionnaires et des évangélistes autour de vous.
Cependant, retenus encore par leurs préjugés nationaux, la plupart des dispersés n’annonçaient Christ qu’aux seuls Juifs. Mais l’Esprit de Dieu qui avait conduit Pierre à Césarée, agit dans le cœur de quelques-uns de ceux qui étaient venus à Antioche, et, touchés de la triste condition des idolâtres, et pressés, sans doute, par l’amour du Sauveur mort pour tous, ils se mirent à parler aux païens et à leur annoncer le Seigneur Jésus. C’est tout l’Évangile. Connaître le Seigneur Jésus et croire en Lui, répond à tous les besoins de l’âme.
Le Seigneur montre que ces disciples, en annonçant son nom aux païens, étaient bien entrés dans les pensées de son cœur. Sa main, c’est-à-dire sa puissance était avec eux ; il agit par son Esprit dans les cœurs de ceux qui écoutaient la Parole, de sorte qu’un grand nombre crurent et se tournèrent vers le Seigneur laissant leurs misérables idoles et leur ancien train de vie. Quand la parole de Dieu est reçue dans le cœur, c’est toujours l’effet qu’elle produit ; elle détourne nos pensées et nos affections de nous-mêmes et du monde, et les tourne vers le Seigneur. C’est là la vraie conversion. Permettez-nous de vous demander à vous qui avez entendu si souvent l’Évangile et l’appel de Jésus, vous invitant à venir à Lui, vous êtes-vous tournés vers ce précieux Sauveur qui vous a tant aimés ? Êtes-vous convertis, comme ces heureux habitants d’Antioche ?
Ces bonnes nouvelles arrivèrent à Jérusalem ; l’assemblée les apprit, et nous pouvons être sûrs que, préparés comme ils l’étaient par la conversion de Corneille, cette manifestation nouvelle de la grâce de Dieu envers les païens réjouit grandement le cœur des fidèles. Ils y voyaient une preuve manifeste que Dieu avait aussi donné aux nations la repentance pour la vie. Les chrétiens sont toujours heureux d’apprendre que des âmes sont amenées au Sauveur, car c’est la gloire de Christ que des pécheurs soient arrachés à Satan.
Mais il était nécessaire que l’assemblée de Jérusalem où restaient les apôtres, montrât son intérêt à ces nouveaux convertis qui, maintenant, faisaient partie de l’Assemblée de Dieu. Le Seigneur veut nous apprendre ainsi que, bien qu’il y ait des assemblées en divers lieux, elles ne sont pas indépendantes les unes des autres. L’assemblée de Jérusalem envoya donc Barnabas à Antioche. Barnabas était ce Lévite de l’île de Chypre qui avait vendu ses propriétés dont il mit le prix aux pieds des apôtres pour être distribué aux pauvres de l’Assemblée. C’était un cœur désintéressé et tout au Seigneur. De plus, il savait discerner les âmes, les soutenir, et les encourager dans l’épreuve. C’est ce qu’indique son nom, qui veut dire « fils de consolation », et le fait suivant nous le montre. Quand Saul, après sa conversion, fut obligé de quitter Damas, parce que les Juifs voulaient le faire mourir, il vint à Jérusalem. Mais là, personne ne voulait le recevoir ; on le craignait ; on ne croyait pas qu’il fût un disciple. Alors Barnabas, ayant sans doute reconnu en lui l’œuvre de Dieu, l’accueillit et le mena aux apôtres auxquels il raconta comment le Seigneur avait converti le persécuteur. Vous voyez encore en cela un beau trait du caractère de Barnabas. Le Saint Esprit vient confirmer par son témoignage ce que ces actes nous font connaître de lui. « Il était homme de bien », dit la Parole, « et plein de l’Esprit Saint et de foi ». Il était homme de bien, bon et honnête dans son caractère comme homme, mais à cela s’ajoutait ce qui est plus excellent et sans quoi le plus beau caractère ne serait rien dans le service de Dieu ; c’est le don divin, le Saint Esprit qui remplissait Barnabas de la vie de Dieu, et la foi par laquelle il s’attendait à Dieu et mettait en Lui toute sa confiance. Ce sont là les caractères désirables et nécessaires pour un serviteur de Dieu ; mais nous pouvons tous en tirer une leçon ; c’est qu’il ne suffit pas d’avoir un caractère bon et aimable, de nobles et belles qualités ; avant tout, il faut la foi et l’Esprit Saint dans le cœur.
Cet homme de bien, qui aimait le Seigneur Jésus, fut réjoui en voyant la réalité et l’étendue de l’œuvre de la grâce de Dieu chez les convertis d’Antioche. Il les exhorta à rester attachés au Seigneur de tout leur cœur, comme chacun de nous est exhorté à le faire.
Le ministère de Barnabas à Antioche fut béni ; une grande foule de personnes furent ajoutées au Seigneur, c’est-à-dire converties et sauvées. Remarquez cette expression : ajoutées au Seigneur. Ceux qui sont convertis ne sont pas ajoutés à une dénomination humaine quelconque, mais au Seigneur, comme faisant partie de son peuple céleste, comme membres de son corps. Tout était pour la gloire du Seigneur seul.
L’œuvre de la grâce s’étendant ainsi, Barnabas sentit le besoin d’un collaborateur pour l’aider dans son service, et il pensa à Saul qui lui avait sans doute raconté que le Seigneur, lorsqu’il lui apparut, l’avait désigné pour prêcher l’Évangile aux nations. Saul avait bien rendu témoignage de sa foi au Seigneur Jésus dans les synagogues, parmi les Juifs, mais il attendait l’appel du Seigneur pour entrer dans son service auprès des païens.
Où était alors Saul ? Non plus à Jérusalem ; il y avait prêché Christ, et les Juifs, remplis de haine contre celui qui avait été un de leurs principaux appuis et qui s’était tourné vers le Seigneur, avaient voulu le faire mourir. Alors les frères avaient conduit Saul à Césarée, d’où il s’était rendu à Tarse, sa ville natale. C’est là que Barnabas alla le chercher. Saul vint donc avec lui à Antioche, et, pendant un an tout entier, ils se réunirent dans l’assemblée et enseignèrent une grande foule affermissant les nouveaux convertis et annonçant l’Évangile.
Ce mouvement remarquable, cette œuvre merveilleuse de l’Esprit de Dieu, qui faisait que les païens se tournaient des idoles vers le Dieu vivant et vrai, frappa les habitants d’Antioche. On voyait les nouveaux convertis parler de Christ, s’attacher à Christ, se réclamer de Christ, et on les nomma chrétiens, c’est-à-dire ceux qui sont de Christ. C’était, dans la bouche des païens, un terme de moquerie et une injure, mais quel beau nom ! Être de Christ, être à Christ ; il n’y a pas de nom plus glorieux. Aussi l’apôtre Pierre dit-il : « Si quelqu’un souffre comme chrétien, qu’il n’en ait pas honte, mais qu’il glorifie Dieu en ce nom ». En effet, il ne suffit pas de porter ce nom et de vivre comme le monde, mais il faut glorifier Dieu en vivant de la vie de Christ ; alors seulement on est vraiment chrétien.
Les chrétiens d’Antioche comprenaient bien ce que c’était que d’être de Christ. Ils sentaient qu’ils étaient unis aux autres disciples du Seigneur de quelque nation qu’ils fussent, et qu’ils avaient à le leur témoigner par leur amour. Des prophètes, c’est-à-dire des croyants ayant le don de prophétie, étant venus de Jérusalem à Antioche, l’un d’eux, nommé Agabus, annonça par l’Esprit qu’il y aurait une grande famine sur toute la terre habitée. Aussitôt les disciples, le cœur ému d’affection pour leurs frères de Judée appauvris par la persécution, leur envoyèrent par Barnabas et Saul le produit de ce que chacun avait donné selon ses ressources. Ainsi ces païens convertis montraient dans la pratique qu’ils étaient membres du corps de Christ et de la famille de Dieu, tout comme les convertis d’entre les Juifs.
Re: Forum Religion Catholique
Le premier voyage missionnaire de Paul
Le séjour de l’apôtre Paul à Chypre
Barnabas et Saul, ayant remis aux anciens de l’Assemblée de Jérusalem la collecte des chrétiens d’Antioche, revinrent dans cette dernière ville. Mais ils n’étaient pas seuls. Un jeune chrétien de Jérusalem les accompagnait ; c’était Jean, surnommé Mare, le fils de Marie chez qui Pierre s’était rendu en sortant de prison, et qui était aussi neveu de Barnabas.
L’assemblée d’Antioche, composée pour la plus grande partie de païens convertis, était riche en ouvriers du Seigneur. Il y avait là des prophètes et des docteurs ; les uns révélant les pensées de Dieu, les autres les exposant et les développant de manière à instruire les fidèles.
C’est Christ qui, étant monté au ciel, donne ainsi des hommes propres à accomplir son œuvre de grâce. Il a commencé par s’offrir Lui-même en sacrifice pour les pécheurs ; Il a remporté la victoire sur le diable, le péché, la mort et le monde, puis, étant ressuscité, Il est monté au ciel. Et maintenant, pour annoncer le salut aux pécheurs perdus, Il donne des évangélistes ; pour instruire et édifier ceux qui ont cru et font ainsi partie de son Assemblée, Il donne des pasteurs et des docteurs.
Un homme ne peut pas entrer de lui-même dans cette sainte carrière d’évangéliste, de pasteur, ou de docteur. Il faut que Christ l’ait donné pour cela. D’autres hommes ne peuvent l’y appeler. Tout doit venir de Christ seul, le Chef de l’Église, et c’est le Saint Esprit qui opère pour former, envoyer et diriger les serviteurs de Christ.
Parmi les prophètes et docteurs d’Antioche, se trouvaient Barnabas et Saul. Tandis que les uns et les autres, avec des cœurs consacrés au Seigneur, s’occupaient de son service, l’Esprit Saint dit : « Mettez-moi à part Barnabas et Saul, pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés ». Comment l’Esprit Saint parla-t-il ? Sans doute par la bouche de l’un des prophètes, mais remarquons-le bien, ce n’est pas d’eux-mêmes que Barnabas et Saul agissent, c’est le Saint Esprit, Dieu lui-même, qui les a appelés pour l’œuvre. Et quelle était cette œuvre ? C’était d’aller annoncer l’Évangile au milieu des nations idolâtres. Barnabas et Saul étaient des missionnaires appelés de Dieu.
Il devait leur coûter de laisser leurs frères d’Antioche et cette assemblée si florissante pour aller ils ne savaient encore où. En tout cas, c’était au milieu d’étrangers où ils rencontreraient l’opposition suscitée par Satan et par l’inimitié naturelle du cœur de l’homme. Ils devaient aller seuls, sans appui humain comme des brebis au milieu des loups. Mais le Seigneur les envoyait, ils allaient pour son nom, et ils pouvaient compter sur sa fidélité. Pour Lui d’ailleurs qui les avait aimés et sauvés, pour l’amour des âmes auxquelles ils allaient porter l’Évangile, ils étaient prêts à affronter tous les dangers, à supporter toutes les privations, à perdre même leur vie. C’est l’esprit qui a toujours animé les vrais serviteurs du Seigneur.
Avant leur départ, leurs frères qui restaient à Antioche s’unirent à eux dans le jeûne et la prière. Tous sentaient l’importance de cette mission et le besoin du secours du Seigneur, et pour montrer qu’ils s’associaient à ceux qui partaient, ils leur imposèrent les mains. Ce n’était pas pour les consacrer : Barnabas et Saul l’étaient déjà par l’appel du Seigneur, mais c’était comme pour leur dire : « Nous sommes avec vous de tout cœur dans cette œuvre ».
Ils partirent donc, envoyés non par l’homme, mais par l’Esprit Saint. Jean, surnommé Marc, les accompagnait comme serviteur, c’est-à-dire pour leur rendre des services qui faciliteraient leur tâche. Ils descendirent à Séleucie, port d’Antioche, et de là s’étant embarqués, ils firent voile vers l’île de Chypre.
Chypre est une grande île située dans l’angle nord-est de la mer Méditerranée, en face de la Syrie à l’est, et ayant l’Asie mineure au nord. Elle était renommée par sa fertilité et la beauté de son climat. Deux chaînes de montagnes la traversent de l’est à l’ouest, laissant entre elles une belle plaine nommée Massaria. Deux rivières alimentées par des ruisseaux descendant des montagnes l’arrosent ; l’une se dirigeant vers l’est, l’autre vers l’ouest. Les montagnes renfermaient de riches mines de cuivre.
L’île comptait plusieurs villes parmi lesquelles Salamine, port de mer à l’est, en face de la Syrie. C’est là que les apôtres abordèrent et que d’abord ils annoncèrent la parole de Dieu dans les synagogues des Juifs. Ils avaient à cœur ce pauvre peuple, auquel appartenaient les promesses de Dieu et du milieu duquel le Seigneur appelait encore des âmes au salut. Il ne nous est rien dit du résultat de la prédication de Barnabas et de Saul parmi les Juifs. Nous ne savons pas non plus s’ils s’adressèrent aussi aux païens ; toutefois cela est probable, et sans doute la parole de Dieu ne demeura point sans effet.
De Salamine, ils se rendirent à Paphos, autre port de mer à l’ouest, en face de l’Asie mineure. Pour y arriver, ils traversèrent toute l’île, en passant sans doute par la plaine de Massaria. Il ne nous est pas dit s’ils prêchaient l’Évangile durant ce trajet. Mais comment n’auraient-ils pas parlé de ce qui remplissait leur cœur ?
Paphos, qui n’est maintenant qu’une modeste localité nommée Baffo, était alors le siège du gouvernement romain, représenté par un proconsul. Là s’élevait un temple magnifique consacré à l’impure divinité Vénus. Combien n’était-il pas désirable que l’Évangile fût annoncé à ces pauvres païens que le diable avait amenés à offrir un culte dégradant à des idoles abominables !
Des Juifs s’étaient établis dans l’île de Chypre comme nous l’avons vu en parlant de Salamine. Parmi eux se trouvait à Paphos un homme nommé Bar-Jésus, du plus triste caractère. Ce n’était pas un vrai Juif, ayant la crainte de Dieu dans son cœur et soumis aux Écritures. Dans ce cas, il aurait pu faire du bien en éclairant les païens au sujet du vrai Dieu, et les préparer ainsi à recevoir l’Évangile. Mais c’était un magicien, comme il y en avait beaucoup en ce temps-là, c’est-à-dire un homme qui se livrait à certaines pratiques par lesquelles il prétendait avoir des relations avec le monde invisible, évoquer les morts, et chasser les démons. Or les Écritures de l’Ancien Testament condamnent formellement de telles gens. De plus, Bar-Jésus était faux prophète, prétendant faussement être envoyé de Dieu et parler en son nom.
Cet homme, par quel moyen, nous l’ignorons, se trouvait auprès du proconsul ou gouverneur romain, nommé Serge Paul. Le caractère de celui-ci nous est aussi tracé en un seul mot. Il était un homme intelligent. La vraie intelligence ne consiste pas seulement à comprendre vite et bien ce que l’on nous dit. Elle se montre, avant tout, dans la recherche de la vérité et de ce qui est bon selon Dieu. C’est en ce sens que le proconsul Serge Paul était intelligent.
Les superstitions païennes avaient sans doute dégoûté Serge Paul ; les raisonnements des philosophes n’avaient pas satisfait son intelligence, et les prétentions de Bar-Jésus à des dons surnaturels, n’avaient pas répondu aux besoins de son âme. Aussi, lorsqu’il eut entendu parler de Barnabas et de Saul, il voulut les entendre. Il les fit appeler, et ceux-ci exposèrent devant lui les saintes et salutaires vérités de la parole de Dieu. Nous ne pouvons douter qu’ils ne lui parlassent de l’amour de Dieu et du Seigneur Jésus qu’Il a envoyé pour sauver les pécheurs, tant Juifs que gentils, car c’est là le résumé de la parole de Dieu.
Bar-Jésus était là qui écoutait aussi les apôtres. Mais de même que les Juifs qui s’étaient opposés au Seigneur et l’avaient fait mourir, qui avaient tué Étienne et qui avaient persécuté l’Assemblée, Bar-Jésus aussi, au lieu de recevoir la vérité, résistait à la parole de Barnabas et de Saul, c’est-à-dire à Dieu Lui-même, et cherchait à détourner le proconsul de la foi, faisant ainsi l’œuvre du diable. Il ne voulait pas du salut pour lui-même, et il cherchait à empêcher les autres d’être sauvés. Quelle iniquité !
Alors Saul, non pas saisi d’une indignation charnelle, mais rempli de l’Esprit Saint, s’adressa à lui. C’était la voix de Dieu même prononçant le jugement sur ce misérable instrument de Satan. « Ô homme plein de toute fraude et de toute méchanceté », lui dit Saul, « fils du diable, ennemi de toute justice, ne cesseras-tu pas de pervertir les voies droites du Seigneur ? ». Quelles paroles sévères, n’est ce pas ? Mais elles étaient bien méritées, car tandis que le Seigneur, dans ses voies droites, conformes à son amour, voulait sauver Serge Paul, Bar-Jésus cherchait à l’entraîner à sa perte. Aussi Dieu ne se borne-t-il pas à ces paroles, mais il annonce au faux prophète, par la bouche de Saul, un châtiment qui l’atteint immédiatement : « La main du Seigneur est sur toi, et tu seras aveugle, sans voir le soleil pour un temps ». La main du Seigneur qui s’étend pour bénir ceux qui le craignent, frappe ceux qui Lui résistent. Pauvre Bar-Jésus ! Image de la nation juive qui a rejeté Jésus, il devient aussitôt aveugle ; l’obscurité et les ténèbres tombent sur celui qui avait la prétention d’être la bouche de Dieu ; celui qui voulait conduire les autres, cherche çà et là quelqu’un qui le conduise par la main. Comme je l’ai dit, il est bien l’image de la nation juive qui, ayant rejeté Jésus, est maintenant dispersée, errante, dans les ténèbres, comme le dit le prophète Ésaïe : « Il regardera en haut, et il fixera son regard sur la terre, et voici la détresse et les ténèbres, l’obscurité de l’angoisse ! et il est repoussé dans d’épaisses ténèbres » (Ésaïe 8:22).
Mais ce n’est, comme pour Bar-Jésus, que pour un temps. La miséricorde de Dieu envers ce pauvre peuple s’exercera plus tard. Ainsi que l’ajoute le prophète : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière ; ceux qui habitaient dans le pays de l’ombre de la mort… la lumière a resplendi sur eux » (Ésaïe 9:2). Quand sera-ce ? C’est quand le Seigneur reviendra et que le résidu juif le reconnaîtra pour son Messie et son Roi.
Et le proconsul, que dit-il devant cette manifestation de la puissance de Dieu ? Il crut, mais ce ne fut pas à cause du miracle, bien qu’il ne pût autrement qu’en être frappé ; il crut, étant saisi par la doctrine du Seigneur. Cette doctrine, l’Évangile du salut, répondait pleinement aux besoins de son âme. Elle seule peut aussi répondre aux nôtres.
Tel fut le premier fruit qui nous soit montré de la mission de Saul. Depuis ce moment, il quitte son nom juif et prend le nom grec et romain de Paul. Il ne nous est pas dit comment ni pour quelle raison, mais ce nom convenait bien, puisqu’il était surtout l’apôtre des nations. Cette histoire de Serge Paul et de Bar-Jésus nous présente ce qui partout caractérisera l’œuvre de Paul. On y voit l’apôtre apportant la vérité de Dieu touchant le Seigneur, les nations désireuses de l’entendre, et les Juifs s’y opposant. Ceux qui avaient été le peuple de Dieu deviennent ses plus grands adversaires. Combien cela est triste !
Re: Forum Religion Catholique
Prédication à Antioche de Pisidie
Après avoir accompli l’œuvre que le Seigneur leur avait donnée à faire dans l’île de Chypre, les apôtres avec Marc partirent de Paphos pour se rendre en Asie. Ils débarquèrent dans la province de Pamphylie, au nord-ouest de Chypre, et se rendirent à Perge, ville principale de cette province. Cette ville existe encore et porte le nom de Karahisar ou Château-Noir.
C’est là que Jean, surnommé Marc, quitta Paul et Barnabas pour retourner à Jérusalem. Le motif ne nous en est pas donné ici, mais nous pouvons bien penser, d’après ce qui est dit plus loin, qu’il fut effrayé et découragé en voyant de près les difficultés de l’œuvre. Sa foi et sa confiance au Seigneur ne furent pas assez fortes pour lui faire affronter les luttes et les combats pour l’Évangile. Mais il est doux de penser que ce ne fut que pour un temps. Le Seigneur, dans sa grâce, l’enseigna et le fortifia pour son service. Longtemps, après, il était auprès de Paul, alors en prison à Césarée, et l’apôtre, dans son épître aux Colossiens, leur recommande de le recevoir s’il venait vers eux. Il le comptait au nombre de ses compagnons d’œuvre, et écrivant à Timothée, il lui dit de le lui amener, parce qu’il lui était utile dans le service. L’apôtre Pierre, avec qui il était à Babylone, le nomme son fils (*), et enfin le Seigneur le choisit pour écrire l’évangile qui porte son nom, lui assurant ainsi un précieux service qui durera aussi longtemps que l’Église. Telle est la grâce et la puissance du Seigneur. Il ne brise pas le roseau froissé, mais se glorifie dans les faibles.
(*) Colossiens 4:10 ; 2 Timothée 4:11 ; 1 Pierre 5:13.
Paul et Barnabas s’en allèrent donc seuls dans une contrée inconnue d’eux, pour y annoncer l’Évangile. Ils rencontraient bien partout des synagogues juives, mais partout aussi les Juifs incrédules se montraient les adversaires acharnés des apôtres, de leur doctrine, et du nom de Jésus.
Nous ne savons pas si, en passant à Perge, ils y annoncèrent l’Évangile. Ils traversèrent le pays et arrivèrent à une ville nommée Antioche, comme celle d’où ils étaient partis, mais située dans la province de Pisidie au nord de la Pamphylie. Cette ville, dont il n’existe plus que des ruines magnifiques qui parlent de son ancienne grandeur, était située sur le flanc du mont Taurus, non loin d’un beau lac. Mais si la ville avec sa splendeur a disparu de la surface de la terre, il y aura dans le ciel des monuments impérissables formés au milieu d’elle, des âmes sauvées, fruit du travail des envoyés du Seigneur.
Paul et Barnabas, suivant leur coutume, se rendirent d’abord, le jour du sabbat, dans la synagogue où les Juifs s’assemblaient pour la prière et pour entendre la lecture de la loi et des prophètes. Comme ils étaient étrangers, leur présence fut bientôt remarquée, et les chefs de la synagogue, ceux qui présidaient les exercices religieux, les reconnaissant sans doute pour des Juifs lettrés, leur envoyèrent dire d’adresser, s’ils le désiraient, une parole d’exhortation au peuple. Les apôtres avaient, en effet, une parole, une précieuse parole pour ceux qui se trouvaient rassemblés dans la synagogue. C’était pour l’annoncer que Dieu les avait envoyés et qu’Il avait mis au cœur des chefs de la synagogue de les engager à parler. Quelle était donc cette parole ? Celle du salut par Christ, la parole de la réconciliation.
Ce fut Paul par qui l’Esprit de Dieu s’adressa aux Juifs d’Antioche en ce jour de sabbat. C’était un jour bien sérieux que celui où, pour la première fois, l’Évangile leur était annoncé. Il s’agissait, pour ceux qui l’entendaient, de croire et d’être sauvés, ou bien, en étant incrédules et en restant dans leurs péchés, de risquer de périr pour toujours.
Paul se leva donc pour prêcher Jésus. Avec quelle joie il le faisait ! Lui qui avait été un Juif persécuteur et blasphémateur, mais qui avait trouvé grâce et avait appris à connaître l’amour de Christ, combien ardemment il désirait que ceux de sa nation, le peuple que Dieu avait tant béni et à qui étaient les promesses (Romains 9:3-5), crussent en Celui en qui toutes les promesses avaient leur accomplissement. C’était là ce qui remplissait le cœur de Paul, comme nous le voyons par son discours.
Il n’y avait pas que des Juifs dans son auditoire, mais aussi des prosélytes qui craignaient Dieu. Paul s’adresse à tous : il rappelle d’abord les grâces dont Dieu avait comblé le peuple d’Israël en le choisissant, en le tirant d’Égypte et en l’introduisant en Canaan. Puis il arrive rapidement au choix que Dieu avait fait de David comme roi, en disant : « J’ai trouvé David, le fils de Jessé, un homme selon mon cœur, qui fera toute ma volonté ». Mais si Paul parle de David, c’est pour annoncer à ses auditeurs Celui que Dieu a fait naître dans la postérité de David pour être Sauveur à Israël, c’est-à-dire Jésus. « Hommes frères », dit-il, « fils de la race d’Abraham, à vous et à ceux qui parmi vous craignent Dieu, la parole de ce salut est envoyée ». Et il montre comment les habitants de Jérusalem, la cité privilégiée, et les chefs du peuple, n’ayant pas reconnu Jésus comme le Christ, ni compris les prophètes qui parlent de Lui et qu’ils lisaient cependant chaque jour de sabbat, avaient, sans le savoir, accompli leurs paroles en jugeant et en condamnant Jésus, et en demandant à Pilate de le faire mourir, bien qu’ils n’eussent trouvé en Lui aucun mal.
« Et après qu’ils eurent accompli toutes les choses qui sont écrites de Lui », continue Paul, — choses relatives à ses souffrances et à sa mort, et que nous pouvons lire spécialement dans le Psaume 22 et le chapitre 53 du prophète Ésaïe, — quand Jésus fut mort sur la croix, « ils le descendirent du bois et le mirent dans un sépulcre ».
Mais pouvait-il rester dans le sépulcre ? Non ; « Dieu l’a ressuscité d’entre les morts », dit Paul. Durant plusieurs jours, il a été vu de ses disciples, de ceux « qui sont maintenant ses témoins auprès du peuple » en Judée. Et, tandis que l’Évangile était prêché là où Jésus avait vécu, avait souffert, était mort et avait été ressuscité, Dieu le faisait proclamer aussi au loin. « Et nous », dit l’apôtre, « nous vous annonçons la bonne nouvelle quant à la promesse qui a été faite aux pères, que Dieu l’a accomplie envers nous, leurs enfants, ayant suscité Jésus ; comme aussi il est écrit dans le Psaume second : « Tu es mon Fils, moi je t’ai aujourd’hui engendré ». Ce Jésus, mis à mort sur une croix infâme, était le Fils de Dieu. Et comment cela a-t-il été démontré ? Par la résurrection. Paul ajoute, en citant encore les Écritures : « Or qu’il l’ait ressuscité d’entre les morts… il l’a dit ainsi :… Tu ne permettras pas que ton saint voie la corruption ». Ce sont les paroles de David, au Psaume 16. Mais David ne parlait pas de lui-même, car lui a vu la corruption, « mais Celui que Dieu a ressuscité n’a pas vu la corruption ».
Paul ayant ainsi parlé de la mort et de la résurrection de Jésus, montre à ses auditeurs le résultat glorieux de l’œuvre de Christ : « Sachez donc, hommes frères, que par lui vous est annoncée la rémission des péchés, et que de tout ce dont vous n’avez pu être justifiés par la loi de Moïse, quiconque croit est justifié par lui ».
C’est ainsi que, de même que Pierre l’avait annoncé à Corneille, Paul proclame aussi la rémission des péchés par Jésus, le Sauveur, pour quiconque croit. C’était la parole du salut, la bonne nouvelle de l’accomplissement des promesses de grâce.
Paul termine son discours par une solennelle exhortation à ne pas mépriser un si grand salut.
Tel fut l’Évangile annoncé en ce jour à Antioche de Pisidie ; tel est l’Évangile proclamé encore aujourd’hui. C’est Jésus, sa mort pour nos péchés, sa résurrection pour notre justification, la rémission des péchés accordée à cause de Lui à quiconque croit. Il n’y a pas d’autre voie de salut, et si quelqu’un la méprise, quel espoir y a-t-il pour lui ?
Quel fut le résultat de cette prédication puissante ? Elle avait certainement frappé tous les auditeurs, car on demanda aux apôtres d’exposer de nouveau ces vérités le sabbat suivant. Mais il y eut plus ; plusieurs des Juifs et des prosélytes qui servaient Dieu, furent saisis par la grâce du Seigneur et suivirent Paul et Barnabas qui les exhortèrent à persévérer. Car il ne suffit pas d’avoir écouté la Parole, ni même de l’avoir aussitôt reçue avec joie, il faut persévérer : « Ce qui est dans la bonne terre, ce sont ceux qui, ayant entendu la parole, la retiennent dans un cœur honnête et bon, et portent du fruit avec patience » (Luc 8:15).
Le sabbat suivant arriva ; le bruit de la prédication des apôtres s’était répandu, et presque toute la ville se rassembla pour entendre la parole de Dieu. Cela aurait dû remplir de joie les Juifs, s’ils avaient eu vraiment à cœur le bien des âmes et la gloire de Dieu ; au lieu de cela, ils furent remplis de jalousie en voyant que d’autres qu’eux-mêmes étaient écoutés des foules. Au lieu de chercher si c’était bien la vérité selon les Écritures que Paul et Barnabas annonçaient, ils se mirent à les contredire et à blasphémer le saint nom du Seigneur. Quelle triste condition ! Ils se fermaient à eux-mêmes la voie du salut, et non seulement cela, ils voulaient empêcher que les nations fussent sauvées. C’était l’œuvre de Satan.
Paul et Barnabas leur adressent alors des paroles sévères : « C’était à vous premièrement », leur disent-ils, « qu’il fallait annoncer la parole de Dieu ; mais puisque vous la rejetez, et que vous vous jugez vous-mêmes indignes de la vie éternelle, voici, nous nous tournons vers les nations ».
Quel terrible sort ! Se juger indignes de la vie éternelle ; en rejetant le Seigneur, être rejeté soi-même et périr ; voilà ce qui attend le pécheur impénitent.
Mais la grâce que les Juifs rejettent, se tourne vers les gentils, méprisés par eux. Paul et Barnabas rappellent aux Juifs les paroles d’Ésaïe : « Je te donnerai aussi pour être une lumière des nations, pour être mon salut jusqu’au bout de la terre » (Ésaïe 49:6). C’est Jésus rejeté par les Juifs, qui est cette lumière qui maintenant nous éclaire, c’est Lui qui est ce salut annoncé partout par les serviteurs du Seigneur.
La grâce rejetée par les Juifs se tourne vers les gentils qui se réjouirent d’apprendre qu’ils étaient les objets de l’amour de Dieu. Mais cela ne suffit pas, il faut croire, recevoir dans son cœur la parole de Dieu, pour posséder la vie éternelle. Il y eut plusieurs de ces gentils d’Antioche en qui la semence jetée porta son fruit, qui crurent et furent sauvés. Et la parole du Seigneur, présentée par ses serviteurs, ne borna pas son effet à Antioche ; elle se répandit dans tout le pays.
Mais l’ennemi ne dormait pas. Il se servit de la jalousie et de la méchanceté des Juifs qui excitèrent contre les apôtres les femmes de qualité qui étaient prosélytes, et auxquelles leur position donnait de l’influence. Ils leur représentèrent, sans doute, Paul et Barnabas comme des séducteurs religieux apportant des doctrines pernicieuses. Ils s’adressèrent aussi aux principaux de la ville près de qui, peut-être, ils firent passer les apôtres comme des perturbateurs de la tranquillité publique ; ils suscitèrent ainsi une persécution contre Paul et Barnabas qui furent chassés du territoire d’Antioche.
Mais cela anéantissait-il l’œuvre accomplie par la grâce de Dieu ? En aucune manière. Des âmes avaient été arrachées à la puissance de Satan, sauvées pour l’éternité, et ajoutées à l’Assemblée. « Les disciples », malgré la persécution, « étaient remplis de joie et de l’Esprit Saint », trésor précieux, que nul ne peut ravir a qui le possède.
Re: Forum Religion Catholique
Évangélisation à Iconium, Lystre et Derbe
Les apôtres, chassés d’Antioche, se rendirent à Iconium, capitale de la province de Lycaonie. C’était une ville célèbre et populeuse, à environ cent kilomètres au sud-est d’Antioche, et qui existe encore sous le nom de Konya. Arrivés là, Paul et Barnabas entrèrent ensemble dans la synagogue pour annoncer l’Évangile.
Nous voyons que ces fidèles serviteurs de Dieu ne se laissaient pas décourager par les persécutions. Ils aimaient Jésus, leur cher Maître qui les avait envoyés, et ne craignaient pas de souffrir pour son nom, et ils aimaient les pauvres pécheurs pour lesquels Jésus était mort. Ils étaient heureux d’annoncer le salut à tous, Juifs et Grecs, malgré tous les maux que cela leur attirait. C’est ainsi que Paul disait : « J’endure tout pour l’amour des élus, afin qu’eux aussi obtiennent le salut qui est dans le Christ Jésus ». Et si nous nous étonnons de ce que, malgré la méchanceté des Juifs, c’était toujours à eux, les premiers, que Paul et Barnabas s’adressaient, il faut nous rappeler que ces Juifs étaient le peuple choisi par Dieu, aimé de Lui à cause de leurs pères, Abraham, Isaac et Jacob, et qu’ainsi ils avaient droit les premiers à jouir de l’accomplissement des promesses de Dieu en Christ. Les apôtres comprenaient très bien cela et, Israélites eux-mêmes, ils étaient heureux de prêcher l’Évangile à leurs frères selon la chair, dans l’espoir qu’ils croiraient et seraient sauvés.
Ils entrèrent donc dans la synagogue d’Iconium, et, pleins de courage dans le Seigneur, ils parlèrent de telle sorte qu’un grand nombre de Juifs et de Grecs crurent. Nous voyons qu’il y avait toujours dans les synagogues des Grecs qui avaient acquis, par le moyen des Juifs, une certaine connaissance du vrai Dieu. Ils étaient ainsi préparés à recevoir l’Évangile, et cela nous donne une autre raison pour laquelle les apôtres commençaient toujours à prêcher dans les synagogues.
Ainsi le Saint Esprit donnait puissance à la parole des envoyés du Seigneur. Mais là aussi les Juifs incrédules ne pouvaient souffrir de voir l’Évangile annoncé et reçu dans les cœurs, et, dans leur méchanceté, ils cherchaient, non seulement à empêcher les païens de croire, mais ils les excitaient contre les frères. « Les frères », tel était le doux nom que les chrétiens se donnaient entre eux, comme membres de la famille de Dieu.
Mais les apôtres ne se laissèrent pas intimider. Ils demeurèrent là assez longtemps, parlant hardiment aux âmes. D’où venait donc leur courage ? Du Seigneur, sur lequel ils s’appuyaient ; du Seigneur à qui toute puissance appartient dans les cieux et sur la terre, et qui a promis à ses disciples d’être avec eux jusqu’à la fin. Le Seigneur était avec Paul et Barnabas, et confirmait la parole de sa grâce par les miracles qu’il leur donnait d’opérer. Remarquons cette expression : « la parole de sa grâce ». Ce que les apôtres annonçaient, c’était la grâce de Dieu qui apporte le salut, et qui est apparue à tous les hommes dans la personne de son Fils bien-aimé, afin qu’ils soient sauvés (Tite 2:11).
Mais Satan ne peut souffrir la prédication de la grâce souveraine qui arrache à sa puissance les pauvres pécheurs. Aussi suscita-t-il une opposition toujours plus grande contre les apôtres. La ville fut partagée en deux camps ; les uns étaient pour les apôtres, les autres pour les Juifs. Et comme les méchants ne craignent pas d’employer la violence, les chefs, soit des païens, soit des Juifs, résolurent de se défaire des apôtres en les lapidant. Paul et Barnabas, l’ayant appris, obéirent à la parole du Seigneur qui avait dit : « Quand on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre », et ils s’enfuirent d’Iconium. Ils avaient dû beaucoup endurer, car, longtemps après, Paul écrivait à Timothée : « Tu as pleinement compris… mes persécutions, mes souffrances, telles qu’elles me sont arrivées à Antioche, à Iconium et à Lystre », mais, ajoute-t-il avec un profond sentiment de reconnaissance, « le Seigneur m’a délivré de toutes » (2 Timothée 3:11).
Les apôtres ne s’étaient pas enfuis d’Iconium pour abandonner l’œuvre du Seigneur. Ils étaient heureux de souffrir pour le nom de Jésus. Ils étaient ambassadeurs pour Christ, et leur vie ne leur importait point, pourvu qu’ils portassent aux hommes le message dont ils étaient chargés, celui de la réconciliation avec Dieu par le sang de la croix. Ils allèrent donc plus loin, dans d’autres villes de la Lycaonie, à Lystre, à Derbe et dans les environs, annonçant partout la bonne nouvelle du salut.
Ils se trouvaient dans un pays entièrement païen où régnait la plus grossière idolâtrie. Comme Paul le dit dans l’épître aux Romains : « Les hommes ont changé la gloire du Dieu incorruptible en la ressemblance de l’image d’un homme corruptible ». Innombrables étaient les dieux et les déesses dont les hommes avaient peuplé les cieux, la terre et la mer, qu’ils représentaient sous la figure d’hommes et de femmes, et auxquels ils attribuaient toutes les plus dégradantes passions du cœur humain ; ils excusaient ainsi leurs propres vices. Au fond, comme le dit encore l’apôtre Paul, c’étaient des démons qu’ils adoraient sous ces noms de dieux et de déesses, et auxquels ils rendaient un culte abominable. La divinité en honneur à Lystre était Jupiter, que les païens s’imaginaient être le maître des dieux et celui qui, du haut du ciel, lançait la foudre. Une autre divinité était Mercure, dieu de l’éloquence. On racontait que dans les temps reculés, Jupiter, accompagné de Mercure qui portait la parole, était venu dans cette même contrée de Lycaonie pour punir les hommes méchants. Ce que nous venons de dire fera mieux comprendre la suite de notre récit.
Si les apôtres étaient heureux d’annoncer Jésus, le Messie promis, aux Juifs héritiers des promesses, combien ils devaient aussi se réjouir de pouvoir faire connaître le vrai Dieu aux misérables adorateurs des démons. C’est ce qui arrive encore de nos jours. Tandis que de fidèles serviteurs de Dieu prêchent le salut par la foi en Jésus à ceux qui, tout en portant le nom de chrétiens, n’ont pas la vie de Dieu, d’autres serviteurs du Seigneur vont annoncer l’Évangile aux païens encore si nombreux sur la surface du globe. Rappelons-nous bien que les chrétiens de nom, aussi bien que les païens, ont besoin de connaître Jésus et de croire en Lui comme leur Sauveur pour ne pas périr. Et nous, qui appartenons au Seigneur, souvenons-nous dans nos prières, et des serviteurs de Dieu qui annoncent l’Évangile au près et au loin, et de ceux à qui cette bonne nouvelle est présentée.
Paul prêchait donc aux habitants de Lystre. Parmi ses auditeurs se trouvait un homme impotent dès sa naissance, et qui n’avait jamais marché. Il écoutait l’apôtre parlant d’un Dieu puissant et miséricordieux, et son cœur recevait la parole, car « la foi est de ce qu’on entend, et ce qu’on entend par la parole de Dieu » (Romains 10:17). Paul le vit et discerna l’œuvre de Dieu dans le cœur de ce pauvre homme. L’impotent avait la foi pour être guéri dans son corps et sauvé dans son âme, et Paul lui dit à haute voix : « Lève-toi droit sur tes pieds ». Quelle étrange parole adressée à un homme infirme dès sa naissance ! Mais il croyait à la puissance de Dieu et n’hésita pas. Il se dressa d’un coup sur ses jambes et se mit à marcher. La guérison avait été aussi complète qu’instantanée.
Nous pouvons nous figurer quel effet dut produire sur cette foule d’idolâtres une telle manifestation de la puissance divine. Les fables d’autrefois, dont ils avaient été nourris dès leur enfance, leur revinrent à la mémoire, et ils s’écrièrent en langue lycaonienne, peut-être leur dialecte ancien dans lequel se transmettaient les traditions religieuses : « Les dieux, s’étant faits semblables aux hommes, sont descendus vers nous ». Et ils appelaient Barnabas, Jupiter, et Paul, Mercure, parce que c’était lui qui portait la parole. Un temple de Jupiter s’élevait près de la ville, et le prêtre de ce dieu arriva avec des taureaux ornés de couronnes et de bandelettes selon la coutume, pour les sacrifier à ceux que l’on prenait pour des dieux.
En voyant l’aveuglement de ces pauvres gens, les apôtres éprouvèrent une profonde douleur qu’ils manifestèrent en déchirant leurs vêtements. Comment auraient-ils pu accepter un hommage qui n’est dû qu’à Dieu seul ? Pour détromper la foule et proclamer la vérité, ils s’élancèrent au milieu de ceux qui voulaient les adorer, disant : « Hommes, pourquoi faites-vous ces choses ? Nous sommes nous aussi des hommes ». Puis, exposant leur message, ils exhortèrent ces païens à se détourner de leurs idoles mortes et vaines, sans puissance ni vérité, et de se tourner vers le « Dieu vivant », le Créateur de toutes choses, qui, dans sa providence, gouverne tout, prend soin de tous les hommes, et se plaît à leur faire du bien.
À grand-peine purent-ils empêcher les foules de sacrifier. Mais l’attention avait été éveillée, une preuve visible de la puissance du vrai Dieu avait été donnée, et les apôtres continuèrent, sans doute, à instruire les habitants de Lystre touchant le Dieu vivant, et à leur annoncer que, dans son amour, il a envoyé son Fils bien-aimé pour sauver les hommes perdus.
Le Saint Esprit opéra à Lystre en faisant pénétrer la parole de la grâce dans plusieurs cœurs. Là aussi des âmes furent sauvées et ajoutées à l’Assemblée. Parmi ceux qui crurent se trouvait un jeune homme dont le nom nous est bien connu, et que nous retrouverons plus tard. C’est Timothée, que Paul appelle son enfant bien-aimé.
Telle était l’œuvre du Seigneur à Lystre. Mais Satan, l’adversaire, veillait, et voyant les âmes arrachées au culte des idoles, c’est-à-dire des démons, il suscita là aussi une violente opposition, et ce fut encore par le moyen des Juifs, de ceux qui prétendaient être le peuple de Dieu. Ils avaient haï le Seigneur Jésus et l’avaient persécuté quand il était sur la terre, et maintenant, ils haïssaient et persécutaient ses disciples. Ils aimaient mieux laisser les pauvres païens adorer leurs fausses divinités que de les voir devenir chrétiens. Quelle méchanceté dans le cœur de l’homme !
Il ne semble pas qu’il y eût des Juifs séjournant à Lystre ; mais il en vint d’Antioche et d’Iconium, peut-être pour leurs affaires, et, reconnaissant les apôtres, voyant l’influence qu’ils avaient acquise et l’œuvre de la grâce de Dieu, leur inimitié contre l’Évangile se réveilla. Ils surent, sans doute par leurs mensonges et leurs calomnies contre Paul et Barnabas, détourner d’eux l’esprit des gens de Lystre, et les ayant mis de leur parti, ils purent sévir à leur aise contre les apôtres. Comme notre cœur naturel est changeant et prêt à subir toutes sortes d’influences ! Voilà ce peuple qui avait vu la puissance et la grâce de Dieu et avait voulu sacrifier aux apôtres comme à des dieux, et qui maintenant les abandonne à leurs ennemis !
La persécution alla bien loin. Les Juifs se sentant appuyés par les gens de Lystre, s’emparèrent de Paul le lapidèrent et, croyant l’avoir tué, le traînèrent hors de la ville. Ils espéraient ainsi s’être débarrassés de celui qui, après avoir persécuté l’Assemblée, était devenu un zélé prédicateur de la foi en Christ. Quelles devaient être les pensées de ce cher serviteur de Dieu quand les pierres lancées par ses cruels ennemis, venaient frapper son corps ? Autrefois, il avait assisté à la lapidation d’Étienne, le fidèle témoin de Christ, et avait consenti à sa mort. Le voilà maintenant qui souffre de la même manière et pour le même Maître. Comme il devait se rappeler cette scène ! Mais maintenant, Paul ne se mettait en peine de rien ; sa vie ne lui était point précieuse, il la donnait volontiers pour Jésus qui l’avait aimé et sauvé. Son regard se portait en haut, où Étienne avait vu le Fils de l’homme à la droite de Dieu, et d’où lui-même, Paul, sur le chemin de Damas, avait entendu la voix de Jésus, et en contemplant là son Sauveur, son âme était soutenue au milieu des souffrances.
Mais la vie de Paul était précieuse à son Seigneur, qui voulait encore se servir de lui pour annoncer l’Évangile. Les disciples, fruit du travail des apôtres à Lystre, avaient suivi les Juifs traînant hors de la ville le corps de celui qu’ils croyaient avoir tué. Les persécuteurs s’étant éloignés, ils se tenaient là autour de Paul et pleuraient sans doute le cher serviteur de Dieu qui leur avait annoncé le salut. Mais la puissance divine, puissance de vie, avait gardé Paul de la mort, sous les coups. Fortifié par elle, malgré ses blessures l’apôtre se lève, rentre dans la ville et le lendemain poursuit, avec Barnabas, son voyage d’évangélisation.
L’animosité des Juifs semble s’être portée surtout sur Paul, probablement à cause de sa plus grande activité. Son abandon du judaïsme, après le zèle ardent qu’il avait manifesté, le désignait aussi d’une manière spéciale à la haine de ceux de sa nation qui étaient ennemis de Jésus.
Les apôtres, après avoir quitté Lystre, allèrent à Derbe située à peu de distance. Là aussi, ils annoncèrent l’Évangile, et un grand nombre de personnes crurent et furent ajoutées à l’Assemblée. Ainsi, la persécution qui chassait les apôtres de ville en ville, devenait un moyen de répandre la bonne nouvelle. Le nom d’un de ceux qui crurent alors nous a été conservé ; c’est Gaïus qui, plus tard, devint l’un des compagnons de Paul et qui est, peut-être, le même à qui Jean adressa sa troisième épître (Actes 20:4).
Derbe fut le terme du voyage d’évangélisation des deux serviteurs de Dieu. Ils auraient pu de là se rendre à Tarse, lieu de naissance de Paul et pas très éloigné de Derbe, pour retourner en Syrie, mais ils sentirent le besoin de revoir ceux qui, par leur moyen, avaient été amenés au Seigneur. Ils repassèrent donc par ces lieux où ils avaient souffert pour Christ, par Lystre, Iconium et Antioche. Partout ils affermissaient les âmes des disciples par leurs enseignements ; ils les exhortaient à persévérer dans la foi, qui nous montre Christ, le Sauveur, dans la gloire et revenant pour prendre les siens avec Lui, et, de même que le Seigneur l’avait fait, ils avertissaient les croyants que le seul chemin pour arriver dans la gloire où est Christ, c’est la souffrance. Telles sont aussi les choses que nous avons besoin d’apprendre.
Mais dans ces diverses localités, les fidèles avaient formé des assemblées. C’est-à-dire que, sachant qu’ils étaient tous membres de la grande Assemblée qui est le corps de Christ et qui comprend tous les croyants, ceux de chaque localité se réunissaient et formaient là la représentation de l’Assemblée universelle de Dieu. Ils étaient à Derbe, Lystre, Iconium et ailleurs, les assemblées de Dieu locales, en contraste avec les Juifs d’une part, et les païens de l’autre. Et pour présider ces assemblées, veiller sur elles et les paître, les apôtres, en vertu de l’autorité qu’ils possédaient comme leur ayant été donnée directement par le Seigneur, établirent dans chacune d’elles des anciens. Puis, priant avec jeûne, les apôtres, avant de quitter ces chrétiens nouvellement convertis, les recommandèrent au Seigneur. Qu’auraient-ils pu faire de mieux ? Ils les plaçaient ainsi immédiatement sous la conduite et la protection de Celui qui seul a la puissance de nous garder.
Paul et Barnabas revinrent par la Pisidie et la Pamphylie à Perge, où ils annoncèrent aussi l’Évangile. De là, ils descendirent à Attalie, port de mer au sud-ouest de Perge, et qui se nomme maintenant Antalya ou Adalia. Là, ils s’embarquèrent et retournèrent à Antioche (de Syrie) d’où ils étaient partis.
Ils avaient entrepris leur voyage, choisis et envoyés par l’Esprit de Dieu, et l’assemblée les avait recommandés à Dieu et accompagnés de ses prières pour l’œuvre qu’ils avaient à entreprendre. La puissance et la grâce du Seigneur avaient été avec eux, ils avaient accompli leur tâche pour leur bien aimé Maître, et après leurs fatigues et leurs souffrances, Dieu les avait ramenés dans la chère assemblée qui de cœur avait été avec eux. Ils racontèrent à l’assemblée réunie ce que Dieu avait fait par leur moyen au milieu des pauvres païens. Quelle joie pour les chrétiens d’Antioche d’apprendre que la bénédiction du salut s’était répandue sur les nations ! Le cœur du chrétien se réjouit toujours quand il apprend que des âmes sont sauvées. Si nous avons à cœur la gloire du Sauveur, nous nous réjouirons en apprenant qu’auprès et au loin des âmes sont converties, et nous prierons, et pour les ambassadeurs de Christ, et pour ceux à qui ils portent l’heureux message.
Re: Forum Religion Catholique
Les croyants d’entre les nations ne sont pas astreints à observer la loi de Moïse
L’assemblée d’Antioche avait été bien réjouie en apprenant comment Dieu avait été avec Paul et Barnabas et, par leur moyen, avait ouvert aux nations la porte de la foi. La foi est ce qui nous introduit dans la connaissance de Dieu et du Seigneur Jésus, dans la jouissance du salut et dans l’espérance du ciel, quand Jésus viendra nous prendre pour être avec Lui. Voilà pourquoi elle est comparée à une porte. Béni soit Dieu, elle est toujours ouverte, et le Seigneur invite les âmes à y entrer.
L’Église s’accroissait donc ; les âmes étaient sauvées, le nom du Seigneur était glorifié. Alors l’ennemi, voyant les progrès de l’Évangile parmi les nations en dépit des persécutions qu’il avait suscitées contre les apôtres, se tourna d’un autre côté pour entraver l’œuvre de Dieu. Des Juifs de la secte des pharisiens qui avaient cru et étaient entrés dans l’Église chrétienne, y avaient apporté tous leurs préjugés juifs. Ils admettaient bien que les gentils pouvaient être sauvés — Dieu lui-même l’avait montré par la conversion de Corneille — mais ils voulaient imposer le joug de la loi aux convertis d’entre les nations. Étant venus à Antioche, ils enseignaient les frères, leur disant que s’ils n’étaient circoncis et s’ils ne gardaient pas la loi de Moïse, ils ne pouvaient pas être sauvés. Ce n’était pas le Saint Esprit qui les avait envoyés, ce n’était pas l’enseignement de Dieu, et les apôtres à Jérusalem ne leur avaient donné aucun ordre à ce sujet. Ils apportaient à Antioche leurs propres pensées et troublaient ainsi les âmes des fidèles.
De tout temps l’homme a voulu ajouter ses pensées à celles de Dieu qui sont parfaites, et ses œuvres pour le salut à l’œuvre unique et pleinement suffisante de Christ. S’il fallait, pour être sauvé, être circoncis et garder la loi de Moïse, alors l’œuvre du Seigneur Jésus sur la croix n’était pas suffisante : il n’avait pas tout accompli. Si, comme on le dit souvent de nos jours, il faut faire des œuvres pour être assuré du salut, notre foi et notre espérance ne reposent pas sur Christ seul, mais en partie sur nos œuvres et, par conséquent, sur nous-mêmes. Or tel n’est pas l’enseignement de Dieu : Jésus est le seul nom donné aux hommes, par lequel il nous faille être sauvés, et l’apôtre dit : « Vous êtes sauvés par la grâce, par la foi, et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu ; non pas sur le principe des œuvres » (Éphésiens 2:8).
Ceux qui voulaient imposer le joug de la loi aux frères d’Antioche, se trompaient donc grandement ; ils mettaient en question la perfection, la suffisance et la plénitude de l’œuvre de Christ. Sans s’en douter ils étaient des instruments de Satan qui a toujours cherché à rabaisser ou la Personne ou l’œuvre du Seigneur. Retenons cette précieuse vérité que Jésus, par l’offrande de Lui-même faite une fois pour toutes, sauve pleinement ceux qui croient en Lui.
Paul et Barnabas, qui étaient instruits par l’Esprit Saint et avaient à cœur la gloire du Seigneur Jésus, s’opposèrent à ces doctrines pernicieuses. Mais comme ces docteurs juifs venaient de Judée et prétendaient peut-être s’appuyer sur l’autorité des apôtres qui étaient à Jérusalem, l’assemblée d’Antioche résolut d’envoyer dans cette ville Paul et Barnabas avec quelques autres frères, afin de consulter les apôtres et les anciens sur cette question. Il était nécessaire qu’il y eût dans toute l’Église une même pensée. Les chrétiens de Jérusalem et ceux d’Antioche ne formaient pas deux assemblées indépendantes l’une de l’autre. Tous faisaient partie de l’Assemblée unique de Christ, laquelle est son corps, et comme il n’y a qu’un seul Esprit pour former et animer ce corps, il fallait conserver l’unité de l’Esprit. Nous comprendrons cela toujours mieux, si nous nous attachons à la parole de Dieu, et si nous demandons au Seigneur de nous ouvrir l’intelligence pour saisir ses enseignements. Un des efforts de Satan a été de faire oublier aux chrétiens qu’ils sont un seul corps, et il n’a que trop réussi à les diviser.
Paul, Barnabas et les autres frères, accompagnés de cœur par l’assemblée, se rendirent à Jérusalem. Sur leur chemin, dans toutes les assemblées de la Phénicie et de la Samarie, ils racontèrent la grâce merveilleuse de Dieu manifestée dans la conversion des nations. Les frères en éprouvèrent une grande joie. L’amour de Dieu, répandu dans leurs cœurs, les élargissait : ils comprenaient que c’était la gloire de Christ que les Juifs ne fussent pas seuls sauvés, mais que tous, nations et Juifs, eussent part aux bénédictions célestes que Jésus a acquises par sa mort.
Arrivés à Jérusalem, les envoyés d’Antioche furent reçus par l’assemblée, les apôtres et les anciens, et leur exposèrent ce qui s’était passé à Antioche. Une grande discussion s’éleva d’abord. Sans doute que les uns, moins éclairés, pensaient-ils que les docteurs pharisiens avaient raison, tandis que les autres, avec Paul et Barnabas, estimaient que Christ, par sa venue, sa mort et sa résurrection, avait mis de côté la loi ; qu’ainsi tout était remplacé par sa Personne et par son œuvre.
Mais le Saint Esprit, selon la promesse du Seigneur, était au milieu de l’assemblée pour la guider dans la vérité. Pierre, qui avait ouvert le royaume des cieux aux nations à Césarée, se leva et rappela que Dieu l’avait choisi directement pour cela, sans lui commander de leur imposer le joug de la loi. Les Juifs eux-mêmes, ni leurs pères, n’avaient pu le porter ; ils avaient toujours enfreint la loi et avaient besoin, tout comme les nations, pour être sauvés, de la grâce du Seigneur Jésus Christ. Il rappela aussi que, sans circoncision ni loi, le Saint Esprit était descendu pour habiter dans les croyants, dont le cœur avait été purifié par la foi. La loi n’était donc pas nécessaire pour le salut.
Quand Pierre eut cessé de parler, Paul et Barnabas pour appuyer ses paroles, se mirent à raconter ce que Dieu avait fait par leur moyen parmi les nations. Ils n’avaient pas prêché la loi, mais Christ, et les âmes avaient été sauvées. Jacques alors, une des colonnes de l’assemblée de Jérusalem, montra que les paroles des anciens prophètes s’accordaient avec ce qui venait d’être dit, que Dieu a toujours eu dans sa pensée d’étendre le salut à toutes les nations, et qu’il l’avait accomplie en envoyant Christ, le vrai fils de David. Son avis était donc de ne pas obliger les convertis d’entre les nations à se soumettre à la loi de Moïse, mais de leur rappeler de s’abstenir de manger des choses offertes aux idoles, parce que ç’aurait été participer à l’idolâtrie, de fuir les péchés d’impureté si communs parmi les nations païennes, et, enfin, de ne manger, ni des bêtes qu’on aurait étouffées pour les tuer et dont ainsi tout le sang était en elles, ni du sang lui-même. C’était une chose que Dieu avait défendue, non seulement dans la loi, mais aussitôt après le déluge (Genèse 9:4). Dieu nous en donne la raison dans ces paroles : « Car l’âme (ou la vie) de la chair est dans le sang ; et moi je vous l’ai donné sur l’autel, pour faire propitiation pour vos âmes » (Lévitique 17:10-12). Et nous savons que nous sommes rachetés par le précieux sang de Christ, comme d’un agneau sans défaut et sans tache.
Les apôtres, les anciens et toute l’assemblée, acceptèrent les paroles de Pierre et de Jacques. Ils choisirent deux des principaux frères de l’assemblée de Jérusalem, Judas, surnommé Barsabbas, et Silas, et les envoyèrent à Antioche avec Paul et Barnabas porter à l’assemblée une lettre qui répond bien à ce qui avait risqué de troubler l’assemblée d’Antioche et toutes les assemblées parmi les nations. La voici :
« Les apôtres et les anciens et les frères, aux frères d’entre les nations qui sont à Antioche et en Syrie et en Cilicie (partout où Paul et Barnabas avaient prêché) : Salut ! Comme nous avons entendu dire que quelques-uns qui sont sortis d’entre nous, vous ont troublés par des discours, bouleversant vos âmes, disant qu’il faut être circoncis et garder la loi (auxquels nous n’avons donné aucun ordre), il nous a semblé bon, étant tous d’accord, de choisir parmi nous des hommes et de les envoyer vers vous avec nos bien-aimés Barnabas et Paul, hommes qui ont exposé leurs vies pour le nom de notre Seigneur Jésus Christ. Nous avons donc envoyé Judas et Silas, qui vous annonceront de bouche les mêmes choses. Car il a semblé bon au Saint Esprit et à nous de ne mettre sur vous aucun autre fardeau que ces choses-ci qui sont nécessaires : qu’on s’abstienne des choses sacrifices aux idoles, et du sang, et de ce qui est étouffé, et de la fornication. Si vous vous gardez de ces choses, vous ferez bien. Portez-vous bien ».
Nous voyons par cette lettre que les chrétiens de Jérusalem, et avec eux tous les chrétiens d’entre les Juifs, reconnaissaient comme frères, comme enfants de Dieu au même titre qu’eux, les chrétiens d’entre les nations. Il n’y avait à cet égard ni Juifs, ni gentils, mais une seule famille. Tous étaient d’accord pour cela. Les apôtres, les anciens et les frères de Jérusalem, reconnaissaient Barnabas et Paul comme de vrais serviteurs de Christ dans l’œuvre de l’Évangile, et les entouraient de leur amour ; et enfin, les gentils convertis n’étaient en aucune manière tenus d’observer la loi de Moïse. Christ était suffisant pour eux, comme pour les Juifs ; Christ, l’espérance de la gloire. Et remarquons que c’était guidés par le Saint Esprit que les chrétiens de l’assemblée de Jérusalem proclamaient cette précieuse vérité qui affranchissait du joug de la loi. Comprenons bien cependant que si l’on est affranchi de la loi, c’est pour être tout à Christ qui est notre vie — une vie sainte et pure.
Les ruses de Satan pour jeter le trouble et la désunion dans l’Assemblée furent ainsi déjouées. Il en sera toujours de même, si l’on s’attend à Dieu et si on se laisse guider par sa Parole et son Esprit.
Paul, Barnabas, Silas et Judas, apportèrent à Antioche la lettre de Jérusalem ; elle fut lue à l’assemblée ; les dissensions furent apaisées, les cœurs furent consolés, le trouble cessa, et Judas et Silas, qui étaient aussi prophètes, fortifièrent les frères par leurs exhortations. Le lien qui unissait tous les chrétiens, Juifs ou gentils, de toutes les assemblées, fut ainsi affirmé et resserré, selon ce qui est écrit : En Christ « il n’y a pas Grec et Juif… Christ est tout et en tous » (Colossiens 3:11). Tous les chrétiens sont « baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps » (1 Corinthiens 12:13). De l’effort de Satan pour faire du mal à l’Assemblée, Dieu tira une bénédiction précieuse.
Silas et Judas, après avoir séjourné quelque temps à Antioche, furent renvoyés en paix vers ceux qui les avaient envoyés. Mais il semble que le premier resta à Antioche, car nous le retrouvons bientôt après comme compagnon de Paul.
Page 6 sur 15 • 1 ... 5, 6, 7 ... 10 ... 15
Sujets similaires
» Forum Religion Catholique :: Enseignements
» Forum Religion et Art
» Forum Guerre et religion
» Forum Religion et Meurtre
» Forum Religion et Sorcellerie
» Forum Religion et Art
» Forum Guerre et religion
» Forum Religion et Meurtre
» Forum Religion et Sorcellerie
Forum Religion : Le Forum des Religions Pluriel :: ○ Enseignement :: Chrétienté :: L'Église Catholique
Page 6 sur 15
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum