Forum Religion Catholique
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Forum Religion Catholique
Rappel du premier message :
Religion des chrétiens qui reconnaissent le pape comme chef spirituel.
Le catholicisme, également appelé l’Église catholique, est la branche du
[ltr]christianisme[/ltr]
qui reconnaît l'autorité spirituelle et juridictionnelle du
[ltr]pape[/ltr]
. « Totalité et universalité » : tel est le sens en grec ancien du terme katholikos, par lequel est désignée, dès le iie s. de notre ère, l'Église qui a été fondée par Jésus, puis celle qui est restée attachée à ce titre ancien après les divisions apparues au sein du monde chrétien.
Le catholicisme fonde son unité sur une communauté de foi, de sacrements et de vie religieuse (un seul Christ, une seule foi). Une, la foi catholique repose sur un triple fondement : l'Écriture, qui est parole de Dieu ; la Tradition, qui est continuité de l'action divine ; l'Église, dépositaire et seule interprète autorisée de la vérité.
L'Église catholique au sein du christianisme
Lippo Memmi, saint Pierre
Selon l'Évangile, Jésus a lui-même désigné parmi ses apôtres un homme, Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » Le martyre de Pierre à Rome a ensuite désigné le siège épiscopal de la ville comme celui autour duquel doit s'affirmer l'unité de l'Église et de la foi. C'est ainsi que dans l'Église primitive est établie, vers le ier s., la primauté de l'évêque de Rome, successeur de Pierre.
Les enseignements du Christ ont d'abord été transmis par voie orale. Aux premiers écrits chrétiens, notamment les lettres adressées par Paul aux communautés qu'il a fondées, vont succéder les Évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean. Face à la nécessité de légiférer pour authentifier, parmi les multiples écrits qui sont alors rédigés, ceux qui sont fidèles à l'enseignement du Christ, un corpus est rassemblé sous le nom de « Nouveau Testament », en même temps que les écrits juifs antérieurs sont rebaptisés « Ancien Testament ». De même, face à la multiplication des communautés chrétiennes qui naissent dans tout le Bassin méditerranéen à partir du ier s., sont structurées les formes de cette Église (assemblée), qui est appelée à préserver le message du Christ en le protégeant des interprétations erronées.
Le schisme avec les chrétiens d’Orient
Constantin Ier le Grand
Persécuté du ier au ive s., puis toléré et enfin reconnu comme religion officielle par l'empereur Constantin, au début du ive s., le christianisme parvient à s'établir dans l'Empire romain, tout en maintenant son unité ecclésiale et doctrinale jusqu'au xe s. Cependant se développent au sein de l'Église de nombreux débats théologiques, tranchés lors de grands conciles où sont élaborés et fixés des éléments essentiels de la doctrine chrétienne, comme l'universalité du christianisme (Jérusalem, en 49), la Trinité de Dieu (Nicée, en 325 ; Constantinople, en 381), la nature de Jésus-Christ, à la fois humaine et divine (Chalcédoine, en 451). Après l'éclatement de l'Empire romain à la fin du ve s., les divergences entre Orientaux et Occidentaux se font de plus en plus sentir.
Alors que l'Église orientale reste sous la tutelle de l'empereur de Constantinople, l'Église latine doit, pour sa part, suppléer le pouvoir politique, qui s'est effondré avec la chute de l'Empire romain d’Occident. Rome y gagne en autorité non plus seulement spirituelle, mais également temporelle. L'Église d'Orient, déjà opposée à l'Église latine sur la formulation du dogme de la Trinité, lui reproche son autorité centralisatrice. En 1054, la rupture est consommée. L'Église latine garde le nom ancien de « catholique » et celle d'Orient prend celui d'« Église orthodoxe ». Certaines Églises feront néanmoins retour à la communion catholique, notamment au xviiie s., tout en gardant leurs rites de tradition orientale.
La Réforme protestante
Martin Luther
Face au pouvoir temporel de plus en plus hégémonique de l'Église catholique en Europe, les critiques se lèvent pour dénoncer les pesanteurs et les compromissions de l'appareil clérical. Les thèses de Martin Luther (1517) marquent le début de la Réforme, qui donne naissance aux Églises protestantes. Ce mouvement de contestation aspire à une simplification et à une personnalisation de la religion, en préconisant notamment la lecture directe de la
[ltr]Bible[/ltr]
par le croyant. Grâce au développement de l'imprimerie, il parvient en effet à retirer aux clercs et à l'Église le monopole de la pratique des Saintes Écritures. Dans le protestantisme, il n'y a pas d'épiscopat sacramentel, mais un sacerdoce commun à tous. Le baptême et la Cène (partage du pain et du vin) sont les seuls sacrements retenus, et toute pratique de dévotion ou toute démarche visant à s'assurer du salut sont rejetées : le salut ne s'achète pas, il est obtenu par la grâce de Dieu et non par les œuvres.
L'Église catholique tente de répondre à ces vives attaques par la Contre-Réforme, ou Réforme catholique, en réaffirmant notamment l'autorité du pape ainsi que son attachement à la Tradition, à son magistère, aux sacrements et au salut par les œuvres.
La foi catholique
Introduction
La foi catholique consiste en l'adhésion aux enseignements de l'Église portant sur les vérités que Dieu a révélées par son Fils. Elle se caractérise précisément par la définition des voies d'accès à ces vérités et au salut qu'elles portent en elles : la Révélation, l'Église et la Tradition, qui forment un tout indivisible.
La Révélation
Lorenzo Lotto, la Reconnaissance de la nature divine de l'Enfant Jésus
Selon le christianisme, Dieu s'est révélé aux hommes à travers l'histoire du peuple juif, auquel il a proposé son alliance, avant de se révéler pleinement à travers son Fils – Jésus-Christ mort et ressuscité –, en lequel il s'est incarné.
Le Dieu révélé par le Christ est un Dieu unique mais en trois hypostases : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Il est créateur de toute chose et de toute vie. Empli de bonté envers sa création, il renouvelle, à travers le sacrifice de son Fils sur la croix, son alliance avec le peuple juif puis avec tous les hommes. Les chrétiens, en effet, croient non seulement à la résurrection du Christ, mais aussi à la résurrection des morts et à la vie éternelle : le salut.
L'enseignement du Christ peut se résumer par cette phrase de l'Évangile de Luc (Luc X, 27) : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces, et de tout ton esprit. Et tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Le mot « alliance » traduit un lien de réciprocité entre Dieu et l'homme, et il exprime la « solidarité » de Dieu avec tout homme. Aussi toute adhésion de foi comporte des exigences d'engagement de solidarité humaine et sociale.
La Révélation est tout entière contenue dans la vie, la mort et la résurrection du Christ. Les textes bibliques conservés par la Tradition transmettent les récits qui en ont été faits par les premiers chrétiens.
L'Église
Dépositaire et interprète autorisée des vérités chrétiennes, l'Église veille au maintien de l'unité de la foi. Dans le catholicisme, c'est à elle, à l'assemblée des fidèles, que sont transmises les Écritures, et non à chacun de ses membres d'une manière individuelle.
L'Église catholique ne peut admettre sans difficulté l'existence de plusieurs Églises chrétiennes. Selon elle, la volonté du Christ, réaffirmée dans le credo de Nicée, est que son Église soit « une, sainte, catholique et apostolique », et ce non seulement d'un point de vue théologique – comme le soutiennent orthodoxes et protestants –, mais également dans sa réalisation concrète.
La conviction avec laquelle l'Église catholique revendique comme légitime le droit de rassembler tous les chrétiens repose sur trois éléments fondamentaux :
Évêque célébrant la messe
– La succession apostolique. Les évêques continuent avec le pape la mission confiée par Jésus aux apôtres. Leur ordination dans l'Église (par imposition des mains et sacrement de l'ordre) les investit des pouvoirs de gouverner, d'enseigner et de donner les sacrements au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
– La prédication de la Parole. De même que les premiers disciples ont reçu de Jésus l'Esprit saint, le collège des évêques et le pape sont assistés par l'Esprit lorsqu'ils doivent énoncer les vérités de foi.
Baptême d'un enfant
– Les sacrements. La présence du Christ dans l'Église se manifeste par l'Église elle-même et par les sacrements – signes sacrés porteurs de grâces et institués par le Christ –, à travers lesquels l'Esprit opère le don de Dieu. L'Église catholique dispense sept sacrements : le baptême et l'eucharistie (communs à toutes les Églises chrétiennes), la confirmation, le mariage, l'ordre, la réconciliation (pardon) et l'onction des malades (extrême-onction) pratiqués également dans les Églises orthodoxes. Par le sacrement de l'ordre (ordination), les clercs – diacres, prêtres, évêques – reçoivent le pouvoir de transmettre la grâce de Dieu par les sacrements.
La Tradition
L'Église assure la présence du Christ à travers les âges, en tant que dépositaire des Écritures, mais aussi de la Tradition. Dans le catholicisme, la Tradition englobe l'ensemble des enseignements, des dogmes et des pratiques cultuelles que l'Église a adoptés tout au long de son histoire. Loin de penser que son épaisseur risque de rendre opaque la vérité du Christ, l'Église catholique considère que la Tradition garantit la transmission fidèle et intégrale de la Révélation.
Par son action théologique, dogmatique, liturgique et même sociale, l'Église s'efforce sans cesse d'approfondir le mystère chrétien. Les nouveaux dogmes qu'elle élabore ne sont pas censés apporter de nouvelles vérités, mais éclairer un aspect de la vérité déjà révélée dans sa plénitude par le Christ. Ainsi, la vérité discernée à un moment donné par l'Église des fidèles n'est pas désavouée par les générations suivantes, mais elle est conservée dans la Tradition, tout en étant réinterprétée.
Il existe une manière moderne d'adopter des dogmes qui tend à s'éloigner d'une conception « doctrinaire » de la Tradition et qui prend en compte la dimension historique de la parole doctrinale de l'Église. En témoignent les paroles du pape Jean XXIII au concile Vatican II (1962) : « Autre chose est le dépôt même ou les vérités de la foi, autre chose est la façon selon laquelle les vérités sont exprimées, à condition toutefois d'en sauvegarder le sens et la signification. »
À toutes les époques et dans les divers contextes culturels, l'Église catholique a toujours professé sa foi dans l'assistance par l'Esprit saint pour interpréter et actualiser le message évangélique, en le préservant des interprétations subjectives et en lui conservant son authenticité et son unité.
La liturgie
Ensemble des célébrations officielles du culte rendu à Dieu, la liturgie s'organise ordinairement au niveau de la communauté paroissiale. Ces célébrations publiques, qui ont lieu habituellement le dimanche ou le samedi soir, rassemblent à l'église les catholiques établis à proximité. Un calendrier liturgique répartit sur une année la célébration des grandes étapes de la vie du Christ (sa naissance est fêtée à Noël, sa résurrection à Pâques, etc.).
Messe à Notre-Dame de la Trappe
La principale liturgie est la messe, qui comprend deux grandes parties, la première étant consacrée à la lecture et aux commentaires de la Parole (sermon ou homélie), la seconde à l'eucharistie et à l'action de grâce. Comme le Christ l'a enseigné aux apôtres à la veille de sa mort, les catholiques partagent le pain et le vin dans l'eucharistie, un sacrement qui, plus qu'un acte dédié à la mémoire du Christ, est, dans la théologie catholique, sa transsubstantiation. Par la communion, les croyants participent à la vie du Christ, reçoivent son corps et son sang comme une nourriture spirituelle qui les sanctifie.
Les catholiques, de même que les orthodoxes, prient la Vierge Marie et les saints, intercesseurs auprès de Dieu.
L'institution catholique
Introduction
L'Église catholique possède une structure à la tête de laquelle se trouve le pape, suivi – dans l'ordre hiérarchique – par les évêques, les prêtres, les diacres et les laïcs (ou simples fidèles).
Avec ses deux mille ans d'histoire et ses nombreux fidèles répartis dans le monde, l'Église catholique se révèle être une institution dont le gouvernement est fort complexe.
Rome
Le support territorial de l'Église catholique est l'État de la cité du Vatican, dont le statut a été établi par les accords du Latran, en 1929. Ce vestige des États pontificaux, institués au viiie s. pour garantir au pape une indépendance vis-à-vis des pouvoirs politiques, couvre un territoire de 44 ha enclavé dans la ville de Rome. La cité du Vatican jouit d'un statut de neutralité et d'inviolabilité. Cet État singulier est doté d'un gouvernement propre. Sa population s'élève à quelques centaines de personnes, principalement occupées dans la curie romaine.
Le gouvernement de l'Église
Premier concile du Vatican
Au sommet de la hiérarchie catholique, le pape est le garant de la continuité apostolique. Occupant le siège épiscopal de l'apôtre Pierre, il est évêque de Rome. Il nomme les évêques. Élu par le Sacré Collège des cardinaux et choisi parmi eux, il est aussi le signe visible de l'unité de l'Église. À ce titre, il représente l'autorité suprême, arbitrant toutes les décisions concernant la vie de l'Église, l'expression de la foi et les grandes questions posées par les évolutions de société. Toutes ses décisions et déclarations n'engagent pas la foi catholique au même degré : une encyclique papale n'a pas la valeur d'un dogme, qui est l'énonciation d'un article de foi. Aux périodes défensives de son histoire, l'Église catholique s'est recentrée autour de l'autorité du pape, notamment après le grand schisme d'Orient (au moment même où l'Église orthodoxe a conservé des traditions plus pluralistes en son sein), mais aussi lors de la Réforme protestante, puis au début de la modernité issue des Lumières et de la Révolution française. En 1870, au concile Vatican I, l'Église s'est attachée à redéfinir la primauté et l'infaillibilité de son chef. Près d'un siècle plus tard, le concile Vatican II a rééquilibré l'autorité papale en réhabilitant dans ses fonctions primitives la collégialité des évêques.
La collégialité épiscopale confère une responsabilité à tous les évêques, qui exercent leurs pouvoirs sous l'autorité du pape. C'est au chef suprême de l'Église qu'incombe, en effet, le droit de les réunir tous en concile œcuménique ou en synode (c'est-à-dire en assemblée régionale ou locale, par exemple, les évêques africains). Cependant, depuis le concile Vatican II, des conférences épiscopales nationales ou locales (par exemple, la Celam, la Conférence des évêques d'Amérique latine) se tiennent régulièrement à leur propre initiative.
Assemblée des cardinaux – évêques élevés à ce rang par le pape –, le Sacré Collège joue un rôle de conseil particulier auprès du chef suprême de l'Église. Le rôle de cette assemblée consiste essentiellement à élire le nouveau pape. Mais, selon la règle édictée par Paul VI en 1970, ne participent au vote que les cardinaux âgé de moins de 80 ans. Le Sacré Collège, qui comptait 70 cardinaux de Sixte Quint à Jean XXIII, en rassemble près de 200 à la fin des années 2000.
L'Église locale
Circonscrite par un territoire – le diocèse – plus ou moins vaste selon les régions du monde, l'Église diocésaine constitue l'unité de base de l'Église, dans laquelle la continuité apostolique est assurée par l'évêque.
Nommé par le pape, l’évêque est choisi parmi les prêtres et ordonné par des évêques. La plupart d'entre eux sont à la tête d'un diocèse, qui est organisé en paroisses que l'évêque confie à des prêtres. L'évêque, qui a pouvoir de juridiction, est responsable en particulier de la pastorale (enseignement et mission) et des prêtres de son diocèse.
Ordonnés par l'évêque, les prêtres sont au service de l'Église diocésaine. Ce sont exclusivement des hommes ayant fait vœu de célibat (à l'exception des Églises catholiques de rite oriental, où des hommes mariés peuvent être ordonnés). Ils reçoivent de l'évêque le pouvoir de dispenser tous les sacrements sauf l'ordination des nouveaux prêtres (réservée aux évêques). Ils président les célébrations liturgiques, organisent les nombreuses activités de catéchisme, d'entraide, de réflexion au niveau paroissial et diocésain.
Les diacres constituent, au sein de l'Église, le premier degré de la hiérarchie et du sacrement de l'ordre. Tirant son origine d'une tradition ancienne, le diaconat a été remis en honneur par le concile Vatican II comme service spécifique de la communauté croyante ouvert aux hommes mariés. On parle alors de diacres permanents.
Les laïcs sont les membres les plus nombreux de l'Église. Ils voient leur participation à la mission évangélique de l'Église mieux reconnue dans les sociétés laïcisées du IIIe millénaire.
Les ordres religieux
En dehors des activités organisées autour des paroisses et, plus généralement, dans le cadre de la structure ecclésiastique, il existe d'autres formes de vie religieuse, plus dépouillées, plus disciplinées et souvent plus communautaires. Les ordres et les missions représentent ainsi des formes très différentes d'engagement au nom de la foi catholique.
Giotto, Innocent III approuve la règle de saint François
À l'instar des plus connus d'entre eux – bénédictins et bénédictines de saint Benoît (vie s.), franciscains de saint François d'Assise (xiiie s.), clarisses de sainte Claire (xiiie s.), dominicains de saint Dominique (xiiie s.) ou jésuites d'Ignace de Loyola (xvie s.) –, tous les ordres religieux suivent des règles de vie qui répondent aux trois appels évangéliques : la pauvreté, la chasteté et l'obéissance. Ils se différencient néanmoins par leur principale activité qui peut être la prédication, l'action missionnaire et sociale ou encore la prière (notamment dans les ordres contemplatifs vivant dans des monastères).
Contrairement à la prêtrise, les ordres admettent hommes et femmes, mais dans des communautés séparées. Le statut de religieux n'est pas incompatible avec la prêtrise, tant et si bien que beaucoup de religieux sont également prêtres. Par ailleurs, certains ordres (comme les dominicains et les franciscains) ont institué un « tiers ordre », dans lequel sont regroupés des laïcs, mariés ou non, qui, tout en continuant à vivre dans le monde, s'engagent à suivre certains préceptes de la règle adoptée par l'ordre auquel ils appartiennent.
Les ordres religieux ont, pour la plupart, essaimé sur tous les continents. Les responsables des communautés dépendent, selon les cas, de l'évêque du lieu ou d'une autorité centrale rattachée directement au Saint-Siège.
Les mouvements catholiques
Les mouvements catholiques rassemblent des croyants désireux d'agir au nom de la foi, de la justice et de la charité chrétiennes, dans le cadre d'un des nombreux organismes existants, associations ou institutions. Alors que certains d'entre eux ont une dimension locale, d'autres (comme Caritas International, dont fait partie le Secours catholique français) sont internationaux.
Ces mouvements allient à des degrés divers l'étude ou la formation religieuse, l'approfondissement spirituel et l'action caritative ou sociale. Une tension existe cependant entre ceux qui seraient tentés d'oublier le « monde » et ceux qui, au contraire, s'engagent « dans le monde » sans mettre en avant leur identité de membres de l'Église.
Léon XIII
À travers ces nombreux engagements, le catholicisme continue d'être actif dans les domaines de l'enseignement et de l'assistance hospitalière ou caritative, qu'il a longtemps eus en charge. Avec la révolution industrielle du xixe s., il s'est investi sur le terrain social pour dénoncer la « misère imméritée des ouvriers » (encyclique Rerum novarum de Léon XIII, en 1891) et pour y chercher remède. Connu sous le nom de catholicisme social, ce mouvement a débouché sur l'action politique, conduite par les partis de la démocratie chrétienne, et préparé l'éclosion de l'apostolat des laïcs, notamment l'Action catholique en France.
La présence de plus en plus nombreuse de missionnaires dans les pays du tiers-monde a permis aux catholiques de participer à la lutte pour le développement des pays du Sud et de porter assistance aux plus défavorisés.
L'évolution actuelle du catholicisme
Introduction
Ouverture sur le monde séculier, volonté de rejoindre les préoccupations des fidèles, telle est la tendance qui l'emporte aujourd'hui au sein de l'Église catholique, qui cherche à refréner la poussée des traditionalistes refusant toute modernisation liturgique et toute forme d'œcuménisme.
Le concile Vatican II
La seconde moitié du xxe s. est marquée par le concile Vatican II. Convoqué par Jean XXIII, qui l'ouvre le 11 octobre 1962, il est clos le 8 décembre 1965 par Paul VI. Au terme de cette grande assemblée qui a réuni les évêques du monde entier et de nombreux experts théologiens, le catholicisme sort transformé, en particulier plus ouvert au dialogue :
– avec les autres confessions chrétiennes dans le cadre du dialogue œcuménique, qui se traduit, dès le 7 décembre 1965, par la levée réciproque des excommunications entre Rome et Constantinople ;
– avec tous les hommes s'interrogeant au sein de l'Église sur les problèmes de société, dans le respect de leur liberté ;
– avec tous les catholiques, clercs et laïcs, qui ont reçu la même mission de témoigner du Christ et qui méritent ainsi une plus grande reconnaissance, due également au pluralisme culturel des Églises particulières et locales, dont il convient de respecter l'autonomie légitime (par exemple, par l'utilisation de la langue vernaculaire comme langue liturgique) ;
– avec les autres religions, sur la base d'une reconnaissance plus ample du caractère impénétrable des voies de Dieu.
Le concile Vatican II a été l'aboutissement et le point de départ d'un vaste travail théologique qui continue à susciter un intérêt général, de la part tant des clercs que des laïcs.
La tentation intégriste
L'intégrisme catholique est né d'une réaction aux évolutions des sociétés modernes. Désignant initialement un parti politique espagnol, né vers 1890, à la suite de la condamnation papale du modernisme (Syllabus, 1864), le terme a pris un sens plus large. Aujourd'hui il s'applique aux catholiques intransigeants, qui refusent toute concession avec l'ordre social et politique des sociétés modernes, laïques et pluralistes.
Au début du xxe s., sous le pontificat de Pie X, l'intégrisme a pris la forme d'une organisation secrète, la Sapinière, dont l'activité principale était de constituer des dossiers sur les catholiques jugés trop « compromis » avec la société moderne. Elle a mis fin à ses activités en 1921.
Après Vatican II, l'intégrisme est devenu le creuset des tendances catholiques fondamentalement hostiles à l'aggiornamento (adaptation de l'Église à la modernité) engagé par le concile. Le 30 juin 1988, le schisme conduit par le chef des intégristes – l'évêque français Marcel Lefebvre – a été consommé avec l'Église de Rome.
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Forum Religion Catholique
Catholicisme
Religion des chrétiens qui reconnaissent le pape comme chef spirituel.
Le catholicisme, également appelé l’Église catholique, est la branche du
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qui reconnaît l'autorité spirituelle et juridictionnelle du
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. « Totalité et universalité » : tel est le sens en grec ancien du terme katholikos, par lequel est désignée, dès le iie s. de notre ère, l'Église qui a été fondée par Jésus, puis celle qui est restée attachée à ce titre ancien après les divisions apparues au sein du monde chrétien.
Le catholicisme fonde son unité sur une communauté de foi, de sacrements et de vie religieuse (un seul Christ, une seule foi). Une, la foi catholique repose sur un triple fondement : l'Écriture, qui est parole de Dieu ; la Tradition, qui est continuité de l'action divine ; l'Église, dépositaire et seule interprète autorisée de la vérité.
L'Église catholique au sein du christianisme
Lippo Memmi, saint Pierre
Selon l'Évangile, Jésus a lui-même désigné parmi ses apôtres un homme, Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » Le martyre de Pierre à Rome a ensuite désigné le siège épiscopal de la ville comme celui autour duquel doit s'affirmer l'unité de l'Église et de la foi. C'est ainsi que dans l'Église primitive est établie, vers le ier s., la primauté de l'évêque de Rome, successeur de Pierre.
Les enseignements du Christ ont d'abord été transmis par voie orale. Aux premiers écrits chrétiens, notamment les lettres adressées par Paul aux communautés qu'il a fondées, vont succéder les Évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean. Face à la nécessité de légiférer pour authentifier, parmi les multiples écrits qui sont alors rédigés, ceux qui sont fidèles à l'enseignement du Christ, un corpus est rassemblé sous le nom de « Nouveau Testament », en même temps que les écrits juifs antérieurs sont rebaptisés « Ancien Testament ». De même, face à la multiplication des communautés chrétiennes qui naissent dans tout le Bassin méditerranéen à partir du ier s., sont structurées les formes de cette Église (assemblée), qui est appelée à préserver le message du Christ en le protégeant des interprétations erronées.
Le schisme avec les chrétiens d’Orient
Constantin Ier le Grand
Persécuté du ier au ive s., puis toléré et enfin reconnu comme religion officielle par l'empereur Constantin, au début du ive s., le christianisme parvient à s'établir dans l'Empire romain, tout en maintenant son unité ecclésiale et doctrinale jusqu'au xe s. Cependant se développent au sein de l'Église de nombreux débats théologiques, tranchés lors de grands conciles où sont élaborés et fixés des éléments essentiels de la doctrine chrétienne, comme l'universalité du christianisme (Jérusalem, en 49), la Trinité de Dieu (Nicée, en 325 ; Constantinople, en 381), la nature de Jésus-Christ, à la fois humaine et divine (Chalcédoine, en 451). Après l'éclatement de l'Empire romain à la fin du ve s., les divergences entre Orientaux et Occidentaux se font de plus en plus sentir.
Alors que l'Église orientale reste sous la tutelle de l'empereur de Constantinople, l'Église latine doit, pour sa part, suppléer le pouvoir politique, qui s'est effondré avec la chute de l'Empire romain d’Occident. Rome y gagne en autorité non plus seulement spirituelle, mais également temporelle. L'Église d'Orient, déjà opposée à l'Église latine sur la formulation du dogme de la Trinité, lui reproche son autorité centralisatrice. En 1054, la rupture est consommée. L'Église latine garde le nom ancien de « catholique » et celle d'Orient prend celui d'« Église orthodoxe ». Certaines Églises feront néanmoins retour à la communion catholique, notamment au xviiie s., tout en gardant leurs rites de tradition orientale.
La Réforme protestante
Martin Luther
Face au pouvoir temporel de plus en plus hégémonique de l'Église catholique en Europe, les critiques se lèvent pour dénoncer les pesanteurs et les compromissions de l'appareil clérical. Les thèses de Martin Luther (1517) marquent le début de la Réforme, qui donne naissance aux Églises protestantes. Ce mouvement de contestation aspire à une simplification et à une personnalisation de la religion, en préconisant notamment la lecture directe de la
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par le croyant. Grâce au développement de l'imprimerie, il parvient en effet à retirer aux clercs et à l'Église le monopole de la pratique des Saintes Écritures. Dans le protestantisme, il n'y a pas d'épiscopat sacramentel, mais un sacerdoce commun à tous. Le baptême et la Cène (partage du pain et du vin) sont les seuls sacrements retenus, et toute pratique de dévotion ou toute démarche visant à s'assurer du salut sont rejetées : le salut ne s'achète pas, il est obtenu par la grâce de Dieu et non par les œuvres.
L'Église catholique tente de répondre à ces vives attaques par la Contre-Réforme, ou Réforme catholique, en réaffirmant notamment l'autorité du pape ainsi que son attachement à la Tradition, à son magistère, aux sacrements et au salut par les œuvres.
La foi catholique
Introduction
La foi catholique consiste en l'adhésion aux enseignements de l'Église portant sur les vérités que Dieu a révélées par son Fils. Elle se caractérise précisément par la définition des voies d'accès à ces vérités et au salut qu'elles portent en elles : la Révélation, l'Église et la Tradition, qui forment un tout indivisible.
La Révélation
Lorenzo Lotto, la Reconnaissance de la nature divine de l'Enfant Jésus
Selon le christianisme, Dieu s'est révélé aux hommes à travers l'histoire du peuple juif, auquel il a proposé son alliance, avant de se révéler pleinement à travers son Fils – Jésus-Christ mort et ressuscité –, en lequel il s'est incarné.
Le Dieu révélé par le Christ est un Dieu unique mais en trois hypostases : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Il est créateur de toute chose et de toute vie. Empli de bonté envers sa création, il renouvelle, à travers le sacrifice de son Fils sur la croix, son alliance avec le peuple juif puis avec tous les hommes. Les chrétiens, en effet, croient non seulement à la résurrection du Christ, mais aussi à la résurrection des morts et à la vie éternelle : le salut.
L'enseignement du Christ peut se résumer par cette phrase de l'Évangile de Luc (Luc X, 27) : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces, et de tout ton esprit. Et tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Le mot « alliance » traduit un lien de réciprocité entre Dieu et l'homme, et il exprime la « solidarité » de Dieu avec tout homme. Aussi toute adhésion de foi comporte des exigences d'engagement de solidarité humaine et sociale.
La Révélation est tout entière contenue dans la vie, la mort et la résurrection du Christ. Les textes bibliques conservés par la Tradition transmettent les récits qui en ont été faits par les premiers chrétiens.
L'Église
Dépositaire et interprète autorisée des vérités chrétiennes, l'Église veille au maintien de l'unité de la foi. Dans le catholicisme, c'est à elle, à l'assemblée des fidèles, que sont transmises les Écritures, et non à chacun de ses membres d'une manière individuelle.
L'Église catholique ne peut admettre sans difficulté l'existence de plusieurs Églises chrétiennes. Selon elle, la volonté du Christ, réaffirmée dans le credo de Nicée, est que son Église soit « une, sainte, catholique et apostolique », et ce non seulement d'un point de vue théologique – comme le soutiennent orthodoxes et protestants –, mais également dans sa réalisation concrète.
La conviction avec laquelle l'Église catholique revendique comme légitime le droit de rassembler tous les chrétiens repose sur trois éléments fondamentaux :
Évêque célébrant la messe
– La succession apostolique. Les évêques continuent avec le pape la mission confiée par Jésus aux apôtres. Leur ordination dans l'Église (par imposition des mains et sacrement de l'ordre) les investit des pouvoirs de gouverner, d'enseigner et de donner les sacrements au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
– La prédication de la Parole. De même que les premiers disciples ont reçu de Jésus l'Esprit saint, le collège des évêques et le pape sont assistés par l'Esprit lorsqu'ils doivent énoncer les vérités de foi.
Baptême d'un enfant
– Les sacrements. La présence du Christ dans l'Église se manifeste par l'Église elle-même et par les sacrements – signes sacrés porteurs de grâces et institués par le Christ –, à travers lesquels l'Esprit opère le don de Dieu. L'Église catholique dispense sept sacrements : le baptême et l'eucharistie (communs à toutes les Églises chrétiennes), la confirmation, le mariage, l'ordre, la réconciliation (pardon) et l'onction des malades (extrême-onction) pratiqués également dans les Églises orthodoxes. Par le sacrement de l'ordre (ordination), les clercs – diacres, prêtres, évêques – reçoivent le pouvoir de transmettre la grâce de Dieu par les sacrements.
La Tradition
L'Église assure la présence du Christ à travers les âges, en tant que dépositaire des Écritures, mais aussi de la Tradition. Dans le catholicisme, la Tradition englobe l'ensemble des enseignements, des dogmes et des pratiques cultuelles que l'Église a adoptés tout au long de son histoire. Loin de penser que son épaisseur risque de rendre opaque la vérité du Christ, l'Église catholique considère que la Tradition garantit la transmission fidèle et intégrale de la Révélation.
Par son action théologique, dogmatique, liturgique et même sociale, l'Église s'efforce sans cesse d'approfondir le mystère chrétien. Les nouveaux dogmes qu'elle élabore ne sont pas censés apporter de nouvelles vérités, mais éclairer un aspect de la vérité déjà révélée dans sa plénitude par le Christ. Ainsi, la vérité discernée à un moment donné par l'Église des fidèles n'est pas désavouée par les générations suivantes, mais elle est conservée dans la Tradition, tout en étant réinterprétée.
Il existe une manière moderne d'adopter des dogmes qui tend à s'éloigner d'une conception « doctrinaire » de la Tradition et qui prend en compte la dimension historique de la parole doctrinale de l'Église. En témoignent les paroles du pape Jean XXIII au concile Vatican II (1962) : « Autre chose est le dépôt même ou les vérités de la foi, autre chose est la façon selon laquelle les vérités sont exprimées, à condition toutefois d'en sauvegarder le sens et la signification. »
À toutes les époques et dans les divers contextes culturels, l'Église catholique a toujours professé sa foi dans l'assistance par l'Esprit saint pour interpréter et actualiser le message évangélique, en le préservant des interprétations subjectives et en lui conservant son authenticité et son unité.
La liturgie
Ensemble des célébrations officielles du culte rendu à Dieu, la liturgie s'organise ordinairement au niveau de la communauté paroissiale. Ces célébrations publiques, qui ont lieu habituellement le dimanche ou le samedi soir, rassemblent à l'église les catholiques établis à proximité. Un calendrier liturgique répartit sur une année la célébration des grandes étapes de la vie du Christ (sa naissance est fêtée à Noël, sa résurrection à Pâques, etc.).
Messe à Notre-Dame de la Trappe
La principale liturgie est la messe, qui comprend deux grandes parties, la première étant consacrée à la lecture et aux commentaires de la Parole (sermon ou homélie), la seconde à l'eucharistie et à l'action de grâce. Comme le Christ l'a enseigné aux apôtres à la veille de sa mort, les catholiques partagent le pain et le vin dans l'eucharistie, un sacrement qui, plus qu'un acte dédié à la mémoire du Christ, est, dans la théologie catholique, sa transsubstantiation. Par la communion, les croyants participent à la vie du Christ, reçoivent son corps et son sang comme une nourriture spirituelle qui les sanctifie.
Les catholiques, de même que les orthodoxes, prient la Vierge Marie et les saints, intercesseurs auprès de Dieu.
L'institution catholique
Introduction
L'Église catholique possède une structure à la tête de laquelle se trouve le pape, suivi – dans l'ordre hiérarchique – par les évêques, les prêtres, les diacres et les laïcs (ou simples fidèles).
Avec ses deux mille ans d'histoire et ses nombreux fidèles répartis dans le monde, l'Église catholique se révèle être une institution dont le gouvernement est fort complexe.
Rome
Le support territorial de l'Église catholique est l'État de la cité du Vatican, dont le statut a été établi par les accords du Latran, en 1929. Ce vestige des États pontificaux, institués au viiie s. pour garantir au pape une indépendance vis-à-vis des pouvoirs politiques, couvre un territoire de 44 ha enclavé dans la ville de Rome. La cité du Vatican jouit d'un statut de neutralité et d'inviolabilité. Cet État singulier est doté d'un gouvernement propre. Sa population s'élève à quelques centaines de personnes, principalement occupées dans la curie romaine.
Le gouvernement de l'Église
Premier concile du Vatican
Au sommet de la hiérarchie catholique, le pape est le garant de la continuité apostolique. Occupant le siège épiscopal de l'apôtre Pierre, il est évêque de Rome. Il nomme les évêques. Élu par le Sacré Collège des cardinaux et choisi parmi eux, il est aussi le signe visible de l'unité de l'Église. À ce titre, il représente l'autorité suprême, arbitrant toutes les décisions concernant la vie de l'Église, l'expression de la foi et les grandes questions posées par les évolutions de société. Toutes ses décisions et déclarations n'engagent pas la foi catholique au même degré : une encyclique papale n'a pas la valeur d'un dogme, qui est l'énonciation d'un article de foi. Aux périodes défensives de son histoire, l'Église catholique s'est recentrée autour de l'autorité du pape, notamment après le grand schisme d'Orient (au moment même où l'Église orthodoxe a conservé des traditions plus pluralistes en son sein), mais aussi lors de la Réforme protestante, puis au début de la modernité issue des Lumières et de la Révolution française. En 1870, au concile Vatican I, l'Église s'est attachée à redéfinir la primauté et l'infaillibilité de son chef. Près d'un siècle plus tard, le concile Vatican II a rééquilibré l'autorité papale en réhabilitant dans ses fonctions primitives la collégialité des évêques.
La collégialité épiscopale confère une responsabilité à tous les évêques, qui exercent leurs pouvoirs sous l'autorité du pape. C'est au chef suprême de l'Église qu'incombe, en effet, le droit de les réunir tous en concile œcuménique ou en synode (c'est-à-dire en assemblée régionale ou locale, par exemple, les évêques africains). Cependant, depuis le concile Vatican II, des conférences épiscopales nationales ou locales (par exemple, la Celam, la Conférence des évêques d'Amérique latine) se tiennent régulièrement à leur propre initiative.
Assemblée des cardinaux – évêques élevés à ce rang par le pape –, le Sacré Collège joue un rôle de conseil particulier auprès du chef suprême de l'Église. Le rôle de cette assemblée consiste essentiellement à élire le nouveau pape. Mais, selon la règle édictée par Paul VI en 1970, ne participent au vote que les cardinaux âgé de moins de 80 ans. Le Sacré Collège, qui comptait 70 cardinaux de Sixte Quint à Jean XXIII, en rassemble près de 200 à la fin des années 2000.
L'Église locale
Circonscrite par un territoire – le diocèse – plus ou moins vaste selon les régions du monde, l'Église diocésaine constitue l'unité de base de l'Église, dans laquelle la continuité apostolique est assurée par l'évêque.
Nommé par le pape, l’évêque est choisi parmi les prêtres et ordonné par des évêques. La plupart d'entre eux sont à la tête d'un diocèse, qui est organisé en paroisses que l'évêque confie à des prêtres. L'évêque, qui a pouvoir de juridiction, est responsable en particulier de la pastorale (enseignement et mission) et des prêtres de son diocèse.
Ordonnés par l'évêque, les prêtres sont au service de l'Église diocésaine. Ce sont exclusivement des hommes ayant fait vœu de célibat (à l'exception des Églises catholiques de rite oriental, où des hommes mariés peuvent être ordonnés). Ils reçoivent de l'évêque le pouvoir de dispenser tous les sacrements sauf l'ordination des nouveaux prêtres (réservée aux évêques). Ils président les célébrations liturgiques, organisent les nombreuses activités de catéchisme, d'entraide, de réflexion au niveau paroissial et diocésain.
Les diacres constituent, au sein de l'Église, le premier degré de la hiérarchie et du sacrement de l'ordre. Tirant son origine d'une tradition ancienne, le diaconat a été remis en honneur par le concile Vatican II comme service spécifique de la communauté croyante ouvert aux hommes mariés. On parle alors de diacres permanents.
Les laïcs sont les membres les plus nombreux de l'Église. Ils voient leur participation à la mission évangélique de l'Église mieux reconnue dans les sociétés laïcisées du IIIe millénaire.
Les ordres religieux
En dehors des activités organisées autour des paroisses et, plus généralement, dans le cadre de la structure ecclésiastique, il existe d'autres formes de vie religieuse, plus dépouillées, plus disciplinées et souvent plus communautaires. Les ordres et les missions représentent ainsi des formes très différentes d'engagement au nom de la foi catholique.
Giotto, Innocent III approuve la règle de saint François
À l'instar des plus connus d'entre eux – bénédictins et bénédictines de saint Benoît (vie s.), franciscains de saint François d'Assise (xiiie s.), clarisses de sainte Claire (xiiie s.), dominicains de saint Dominique (xiiie s.) ou jésuites d'Ignace de Loyola (xvie s.) –, tous les ordres religieux suivent des règles de vie qui répondent aux trois appels évangéliques : la pauvreté, la chasteté et l'obéissance. Ils se différencient néanmoins par leur principale activité qui peut être la prédication, l'action missionnaire et sociale ou encore la prière (notamment dans les ordres contemplatifs vivant dans des monastères).
Contrairement à la prêtrise, les ordres admettent hommes et femmes, mais dans des communautés séparées. Le statut de religieux n'est pas incompatible avec la prêtrise, tant et si bien que beaucoup de religieux sont également prêtres. Par ailleurs, certains ordres (comme les dominicains et les franciscains) ont institué un « tiers ordre », dans lequel sont regroupés des laïcs, mariés ou non, qui, tout en continuant à vivre dans le monde, s'engagent à suivre certains préceptes de la règle adoptée par l'ordre auquel ils appartiennent.
Les ordres religieux ont, pour la plupart, essaimé sur tous les continents. Les responsables des communautés dépendent, selon les cas, de l'évêque du lieu ou d'une autorité centrale rattachée directement au Saint-Siège.
Les mouvements catholiques
Les mouvements catholiques rassemblent des croyants désireux d'agir au nom de la foi, de la justice et de la charité chrétiennes, dans le cadre d'un des nombreux organismes existants, associations ou institutions. Alors que certains d'entre eux ont une dimension locale, d'autres (comme Caritas International, dont fait partie le Secours catholique français) sont internationaux.
Ces mouvements allient à des degrés divers l'étude ou la formation religieuse, l'approfondissement spirituel et l'action caritative ou sociale. Une tension existe cependant entre ceux qui seraient tentés d'oublier le « monde » et ceux qui, au contraire, s'engagent « dans le monde » sans mettre en avant leur identité de membres de l'Église.
Léon XIII
À travers ces nombreux engagements, le catholicisme continue d'être actif dans les domaines de l'enseignement et de l'assistance hospitalière ou caritative, qu'il a longtemps eus en charge. Avec la révolution industrielle du xixe s., il s'est investi sur le terrain social pour dénoncer la « misère imméritée des ouvriers » (encyclique Rerum novarum de Léon XIII, en 1891) et pour y chercher remède. Connu sous le nom de catholicisme social, ce mouvement a débouché sur l'action politique, conduite par les partis de la démocratie chrétienne, et préparé l'éclosion de l'apostolat des laïcs, notamment l'Action catholique en France.
La présence de plus en plus nombreuse de missionnaires dans les pays du tiers-monde a permis aux catholiques de participer à la lutte pour le développement des pays du Sud et de porter assistance aux plus défavorisés.
L'évolution actuelle du catholicisme
Introduction
Ouverture sur le monde séculier, volonté de rejoindre les préoccupations des fidèles, telle est la tendance qui l'emporte aujourd'hui au sein de l'Église catholique, qui cherche à refréner la poussée des traditionalistes refusant toute modernisation liturgique et toute forme d'œcuménisme.
Le concile Vatican II
La seconde moitié du xxe s. est marquée par le concile Vatican II. Convoqué par Jean XXIII, qui l'ouvre le 11 octobre 1962, il est clos le 8 décembre 1965 par Paul VI. Au terme de cette grande assemblée qui a réuni les évêques du monde entier et de nombreux experts théologiens, le catholicisme sort transformé, en particulier plus ouvert au dialogue :
– avec les autres confessions chrétiennes dans le cadre du dialogue œcuménique, qui se traduit, dès le 7 décembre 1965, par la levée réciproque des excommunications entre Rome et Constantinople ;
– avec tous les hommes s'interrogeant au sein de l'Église sur les problèmes de société, dans le respect de leur liberté ;
– avec tous les catholiques, clercs et laïcs, qui ont reçu la même mission de témoigner du Christ et qui méritent ainsi une plus grande reconnaissance, due également au pluralisme culturel des Églises particulières et locales, dont il convient de respecter l'autonomie légitime (par exemple, par l'utilisation de la langue vernaculaire comme langue liturgique) ;
– avec les autres religions, sur la base d'une reconnaissance plus ample du caractère impénétrable des voies de Dieu.
Le concile Vatican II a été l'aboutissement et le point de départ d'un vaste travail théologique qui continue à susciter un intérêt général, de la part tant des clercs que des laïcs.
La tentation intégriste
L'intégrisme catholique est né d'une réaction aux évolutions des sociétés modernes. Désignant initialement un parti politique espagnol, né vers 1890, à la suite de la condamnation papale du modernisme (Syllabus, 1864), le terme a pris un sens plus large. Aujourd'hui il s'applique aux catholiques intransigeants, qui refusent toute concession avec l'ordre social et politique des sociétés modernes, laïques et pluralistes.
Au début du xxe s., sous le pontificat de Pie X, l'intégrisme a pris la forme d'une organisation secrète, la Sapinière, dont l'activité principale était de constituer des dossiers sur les catholiques jugés trop « compromis » avec la société moderne. Elle a mis fin à ses activités en 1921.
Après Vatican II, l'intégrisme est devenu le creuset des tendances catholiques fondamentalement hostiles à l'aggiornamento (adaptation de l'Église à la modernité) engagé par le concile. Le 30 juin 1988, le schisme conduit par le chef des intégristes – l'évêque français Marcel Lefebvre – a été consommé avec l'Église de Rome.
Documents associés
Médias
Baptême d'un enfantConstantin Ier le GrandÉvêque célébrant la messeGiotto, Innocent III approuve la règle de saint FrançoisLéon XIIILippo Memmi, saint PierreLorenzo Lotto, la Reconnaissance de la nature divine de l'Enfant JésusMartin LutherMesse à Notre-Dame de la TrappePremier concile du VaticanRome
Re: Forum Religion Catholique
Second et troisième voyage missionnaires de Paul
L’évangile porté en Europe
Après avoir séjourné quelque temps à Antioche, Paul, constamment occupé du Seigneur et de son œuvre, dit à Barnabas : « Retournons maintenant visiter les frères par toutes les villes où nous avons annoncé la parole du Seigneur, pour voir comment ils vont ». Toujours ce fidèle serviteur de Jésus eut a cœur le bien des assemblées. Il ne se contentait pas d’avoir annoncé l’Évangile et amené des âmes à Christ, mais son ardent désir et l’objet de ses prières étaient que les saints fussent instruits et fortifiés, afin de marcher d’une manière digne du Seigneur.
Barnabas était disposé à se rendre à l’invitation de Paul, mais il voulait que son neveu Jean, surnommé Marc, les accompagnât. Nous nous rappelons que Marc était parti avec les deux apôtres lors de leur premier voyage, mais que, découragé dès le début, il était retourné à Jérusalem. Il avait mis la main à la charrue et avait regardé en arrière, et Paul pensait qu’il n’était pas propre à affronter de nouveau des difficultés devant lesquelles il avait reculé une première fois.
Il y eut donc un dissentiment entre les deux apôtres, et même de l’irritation, ce qui n’aurait pas dû être, car l’irritation dans le cœur est un fruit de la chair et non de l’Esprit. Le résultat fut qu’ils se séparèrent. Barnabas prit Marc avec lui et partit pour l’île de Chypre, sa patrie. Barnabas, sans doute, continua à être employé dans l’œuvre du Seigneur ; Marc aussi fut formé par la grâce pour le service, comme Paul nous le fait comprendre dans une de ses épîtres (2 Timothée 4:11), mais l’Esprit Saint ne nous parle plus d’eux dans l’histoire qu’il trace de l’établissement de l’Église. Paul, abandonné par son ancien compagnon, choisit pour aller avec lui, Silas dont il avait apprécié le dévouement pour le Seigneur et qui, dès lors, ne le quitta plus. Ils partirent, recommandés, comme la première fois, à la grâce de Dieu par les frères. Cela ne nous est pas dit au sujet de Barnabas, et nous pouvons en conclure que l’assemblée d’Antioche approuvait Paul dans sa décision à l’égard de Marc.
Au lieu de suivre le même chemin que dans son premier voyage avec Barnabas, et pour ne pas aller où celui-ci travaillait déjà, Paul se rendit par terre aux dernières villes qu’il avait évangélisées, c’est-à-dire à Derbe et à Lystre. Pour cela, il eut à traverser une partie de la Syrie et de la Cilicie. Partout il rencontrait des assemblées que la grâce de Dieu avait formées. Combien le cœur de l’apôtre devait être réjoui ! Il n’avait pas à prêcher devant des Juifs ou des païens aveuglés, mais à fortifier par ses exhortations et ses enseignements des âmes qui connaissaient Jésus. Il pouvait déployer devant elles toutes les richesses de l’amour de Christ, le Chef de l’Assemblée, afin de les fonder et de les enraciner dans cet amour.
Arrivé à Derbe et à Lystre, il s’adjoignit un autre compagnon de travail, Timothée, dont nous avons déjà parlé. Il avait, sans doute, été converti lors du premier passage de Paul, qui l’appelle son véritable enfant dans la foi et son enfant bien-aimé (1 Timothée 1:2 ; 2 Timothée 1:2), Depuis, ce jeune chrétien avait marché fidèlement ; les frères de Lystre et d’Iconium lui rendaient un bon témoignage. Rien n’est beau comme de voir de jeunes hommes, des jeunes filles, au milieu d’un monde rempli de convoitises et de péché, être dévoués au Seigneur et avoir un bon témoignage. Puisse-t-il y avoir beaucoup de jeunes Timothées.
Par la bouche d’un prophète, Timothée avait été désigné de Dieu pour l’œuvre ; le témoignage de tous l’avait reconnu, et les anciens l’avaient approuvé par l’imposition des mains ; puis Paul lui avait conféré, par l’imposition de ses mains, le don de grâce qui distinguait Timothée pour l’œuvre qu’il devait accomplir (1 Timothée 4:14 ; 2 Timothée 1:6).
Mais Timothée était fils d’une femme juive croyante et d’un père grec. Un tel mariage n’était pas conforme à la loi juive. Pour les Juifs, ç’aurait été un scandale que Paul menât Timothée avec lui pour annoncer l’Évangile. À cause donc des Juifs, et dans un esprit de condescendance et de grâce, Paul assujettit Timothée à la circoncision. Paul ne regardait pas cela comme une condition de salut pour Timothée, ainsi que le pensaient ceux qui avaient voulu obliger les chrétiens à se soumettre à la loi juive, mais il ne voulait pas qu’il y eût un prétexte pour les Juifs de rejeter sa prédication.
Paul, avec ses deux compagnons, continua son voyage. Comme ils passaient dans les villes où il y avait des assemblées chrétiennes, ils remettaient à celles-ci des ordonnances établies par les apôtres et les anciens de Jérusalem, afin qu’elles fussent gardées, et qu’ainsi le lien entre toutes les assemblées fût affirmé et maintenu. En même temps, ces ordonnances étaient une barrière opposée aux chrétiens d’entre les Juifs qui auraient voulu assujettir les gentils à la loi de Moïse. Les assemblées que visitaient les envoyés de Christ étaient ainsi affermies dans la foi et croissaient en nombre de jour en jour. L’Église, l’Assemblée, qui est la maison de Dieu sur la terre, s’édifiait par les travaux des ouvriers du Seigneur et l’action du Saint Esprit.
Mais Dieu allait diriger son serviteur dans un autre champ. Paul avait passé par la Phrygie et la grande province de Galatie, annonçant l’Évangile. L’Esprit Saint avait agi avec puissance parmi les Galates ; un grand nombre avaient été convertis et plusieurs assemblées s’étaient formées. Les chrétiens de Galatie avaient témoigné une grande affection à l’apôtre qui s’était aussi beaucoup attaché à eux. Mais des docteurs juifs se glissèrent plus tard parmi eux, et, malgré les ordonnances des apôtres, réussirent à leur persuader qu’ils devaient s’astreindre à l’observation de la loi de Moïse. En même temps, ils cherchaient à mettre en doute l’apostolat de Paul. Celui-ci dut leur écrire une lettre très sévère, parce que vouloir joindre la loi à l’Évangile, c’est renverser celui-ci.
Paul et ses compagnons, partis de la Galatie, voulaient annoncer la Parole dans cette partie de l’Asie mineure appelée plus spécialement l’Asie, mais l’Esprit Saint, qui les dirigeait, les en empêcha ; ils désirèrent alors aller plus au nord, en Bithynie, mais leur saint directeur, l’Esprit de Jésus, ne le leur permit pas non plus. Qu’ils étaient heureux de marcher ainsi sous la direction de Dieu ! Mais c’est ce qui arrive toujours lorsqu’on s’attend à Lui. Ils se dirigèrent donc vers la Troade, contrée située au bord de cette partie de la mer Méditerranée appelée aujourd’hui l’Archipel, et en face de la Macédoine, province au nord de la Grèce, célèbre dans l’histoire ancienne et qui appartint longtemps à l’empire turc (on sait qu’elle fait partie maintenant de la Grèce actuelle).
Là Paul, toujours occupé de l’œuvre du Seigneur, annonça l’Évangile, et nous verrons plus tard qu’une assemblée s’y était formée, dans laquelle Paul se trouva une autre fois. Mais là aussi, les serviteurs du Seigneur apprirent pourquoi Dieu les avait dirigés de ce côté. Nous ne connaissons pas toujours d’abord les desseins de Dieu à notre égard, et pourquoi il nous conduit dans une tout autre direction que celle que nous pensions devoir suivre. Mais pour le cœur qui Lui est soumis tout s’éclaircit.
Une nuit, Paul eut une vision, sans nul doute envoyée de Dieu. Il vit un homme macédonien qu’il reconnut pour tel à son costume et à son langage. Cet homme se tenant devant l’apôtre, lui dit : « Passe en Macédoine, et aide-nous ». Paul, rempli des pensées de Dieu, et sachant qu’il avait pour mission d’évangéliser les nations, comprit immédiatement avec ses compagnons que le Seigneur les appelait à porter le nom de Jésus dans ces nouvelles contrées, et que l’Assemblée devait s’étendre aussi là et encore plus loin.
Ils quittèrent donc la Troade, passèrent la nuit dans l’île de Samothrace, et étant partis le lendemain, ils se dirigèrent vers la ville maritime de Néapolis où ils débarquèrent. Cette ville qui se nomme maintenant Kavala, a un port important, mais les messagers du Seigneur ne s’y arrêtèrent pas ; ils se dirigèrent vers la ville de Philippes où Dieu avait une œuvre merveilleuse à accomplir. Nous allons en parler ; mais nous avons à remarquer d’abord un fait intéressant. C’est que, dans la Troade, un nouveau et fidèle compagnon s’était joint à Paul. C’est Luc, que Paul appelle, dans une de ses épîtres, le médecin bien-aimé (Colossiens 4:14), qui écrivit l’évangile qui porte son nom et le merveilleux récit des Actes qui nous fait connaître l’établissement de l’Église chrétienne sur la terre. Luc demeura le dévoué compagnon d’œuvre de Paul, à travers les travaux, les peines et les dangers de celui-ci. Et la dernière fois qu’il est fait mention de lui, c’est quand Paul est en prison à Rome, abandonné de tous et sur le point de marcher au supplice. Alors le bienheureux apôtre écrit : « Luc seul est avec moi » (2 Timothée 4:11). Heureuse place pour Luc, témoignage honorable devant le Seigneur, transmis à travers les siècles, et que Dieu n’oubliera pas !
Re: Forum Religion Catholique
Travaux de Paul à Philippes — Histoire de Lydie
L’apôtre et ses compagnons étaient donc en Europe, et allaient y commencer l’œuvre du Seigneur. Combien ce fait doit avoir d’intérêt pour nous ! C’est dans cette contrée privilégiée que nous habitons, que l’Église devait prendre son plus grand développement. C’est aux extrémités de cette Europe que l’Évangile devait briller et brille de sa plus vive lumière. Nous pouvons nous rappeler à ce sujet l’ancienne bénédiction prophétique du patriarche Noé : « Que Dieu élargisse Japheth, et qu’il demeure dans les tentes de Sem » (Genèse 9:27). C’est de la postérité de Sem, habitante de l’Orient, que sortit Israël, le peuple élu, dont l’Éternel était le Dieu, et c’est dans ce peuple que naquit le Sauveur du monde. Mais la race de Japheth, de laquelle nous sommes, devait se répandre vers l’Occident, peupler l’Europe, et remplir la terre de ses nombreuses colonies : « demeurer dans les tentes de Sem ». En même temps, la connaissance du Dieu de Sem et du Sauveur promis, allait aussi éclairer ces énergiques et actifs enfants de Japheth. Et c’est à ce commencement de bénédiction pour eux que nous a amenés notre récit. Quelle grâce pour nous de vivre dans ces temps et ces pays où la parole de Dieu est répandue, et où l’Évangile est annoncé. Sachons profiter de ce privilège dont Dieu nous demandera compte.
Paul, sans s’arrêter à Néapolis, se rendit à Philippes, ville importante, peuplée en grande partie de colons romains. Vous chercheriez en vain maintenant son ancienne splendeur ; il n’en reste que des ruines près d’un pauvre village nommé Félibah. Mais les monuments de la grâce de Dieu, les âmes qui, par la parole du Seigneur, furent amenées à Lui, demeureront éternellement dans la gloire. Telle est la différence entre les œuvres de l’homme et celles de Dieu : les unes périssent, les autres subsistent à toujours.
Suivant son habitude, l’apôtre chercha d’abord les Juifs qui habitaient à Philippes. Ils y étaient peu nombreux, semble-t-il, car il n’y avait point de synagogue dans la ville. On se réunissait hors de la porte, près du fleuve Strymon. Dans ce lieu, choisi sans doute pour pouvoir y accomplir facilement les ablutions prescrites, les Juifs se rassemblaient pour la prière. C’est là que Paul et ses compagnons vinrent le jour du sabbat se joindre à la petite congrégation qui, au milieu des païens, adorait le vrai Dieu, sans connaître encore toutes les richesses de sa grâce, mais qui allait les entendre annoncer.
Il semble que ce jour-là, il n’y avait point d’hommes juifs dans la réunion ; au moins, le récit de Luc ne mentionne que des femmes qui étaient assemblées et auxquelles les serviteurs de Dieu s’adressèrent. Parmi elles, se trouvait une femme nommée Lydie. Elle était originaire de Thyatire, ville de l’Asie mineure, où se trouva plus tard une assemblée chrétienne à laquelle, dans l’Apocalypse, le Seigneur envoya un message par son serviteur Jean (Apocalypse 2:18). Lydie était marchande de pourpre, étoffe précieuse et très chère, de couleur violette ou rouge, que portaient seulement les empereurs, les rois et les très riches particuliers ; on en revêtait aussi les statues des dieux. La couleur pourpre se tirait d’une sorte d’escargot que l’on trouve sur les bords de la Méditerranée, et comme chaque animal n’en donne que quelques gouttes, on comprend pourquoi les étoffes ainsi teintes revenaient fort cher. Lydie avait sans doute acquis dans son commerce une certaine aisance, mais, ce qui était plus précieux, elle avait la crainte de Dieu dans son cœur et le désir de le connaître. Or l’Écriture dit que « la crainte de l’Éternel est le commencement de la sagesse » (Psaume 111:10) ; et Lydie devait bientôt apprendre à connaître Celui qui est « la sagesse de Dieu », Jésus, « qui nous a été fait sagesse de la part de Dieu » (1 Corinthiens 1:24, 30). Lydie n’était pas Juive de naissance ; mais elle avait appris à connaître le vrai Dieu qu’elle servait, et elle aimait à se réunir avec les Juifs pour le prier. C’est toujours ce qui prouve un besoin de l’âme, d’aimer à se trouver avec ceux qui adorent Dieu, et Dieu y répond par sa bénédiction.
Lydie éprouva bientôt cette bénédiction que Dieu accorde à ceux qui le recherchent. Elle écoutait ce que disaient les envoyés du Seigneur. Quelle perte pour l’âme, quand les paroles de Dieu viennent frapper les oreilles, sans que le cœur y prenne part, sans que l’on écoute ! Combien d’avertissements et d’exhortations à écouter ne trouvons-nous pas dans l’Écriture ! Avant Lydie, nous voyons une autre femme pieuse, Marie, aux pieds de Jésus, écoutant sa parole, et Jésus déclare qu’elle a choisi la bonne part. Et le Sauveur, dans un autre endroit, dit : « Bienheureux sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent » (Luc 11:28). Puissions-nous être de ce nombre !
Telle était Lydie. Elle ne se bornait pas à prêter une oreille distraite à ce qui se disait. Elle appliquait son intelligence à bien saisir les paroles des messagers de Dieu, et bientôt elle fut un de ces bienheureux dont le Seigneur parle en Luc 11:28. Mais tous les efforts de Lydie en écoutant, auraient été inutiles, si Dieu n’avait agi dans son cœur. Pour comprendre les choses de Dieu, il faut que Dieu lui-même nous les découvre, et c’est ce qu’il fait en appliquant sa Parole à notre âme par son Saint Esprit, de sorte que nous voyons ce que nous sommes — de pauvres pécheurs perdus — et ce que Dieu a fait pour nous dans sa grâce afin de nous sauver. Ce sont là les choses précieuses que Paul annonçait. Dieu ouvrit le cœur de Lydie pour qu’elle y fût attentive, et elle reçut dans ce cœur, jusqu’alors ignorant, les bonnes nouvelles du salut et de l’amour merveilleux de Christ et de Dieu.
Lydie avait cru au Seigneur. Elle fut introduite dans l’Assemblée chrétienne par le baptême, et avec elle toute sa maison. Tel fut le commencement de l’église de Philippes, la première en Europe — une simple femme et sa famille. Dieu se glorifie ainsi toujours dans sa faiblesse ; ce qu’il opère semble chétif aux yeux des hommes, mais c’est un commencement de grandes choses. Ainsi que le dit le Seigneur Jésus : « Le royaume de Dieu est semblable à un grain de moutarde, la plus petite de toutes les semences ; mais, après qu’il est semé, il monte et devient plus grand que toutes les herbes » (Marc 4:31, 32). De nos jours aussi, l’Évangile reçu dans un seul cœur devient souvent le commencement d’une grande bénédiction, « et qui a méprisé le jour des petites choses ? » dit la Parole. Puisse chacun de nous être ainsi un instrument béni dans la main du Seigneur ! « Celui qui croit en moi », a-t-il dit, « des fleuves d’eau vive couleront de son ventre » (Jean 7:38).
La parole de Dieu reçue dans le cœur, porte toujours des fruits dans la vie. Et ces fruits sont d’abord l’amour, se montrant premièrement envers les chers serviteurs de Dieu qui se dévouent pour l’œuvre de leur Maître. Lydie ne pouvait supporter la pensée que les apôtres et leurs compagnons fussent obligés de recourir à une hôtellerie, ou fussent logés chez ceux qui n’avaient pas cru. Elle était de la famille de Dieu, comme eux ; sa maison devenait la leur, et elle les contraint à y entrer et à y demeurer, comme preuve qu’ils l’estimaient fidèle au Seigneur ; l’amour qu’elle avait pour Lui dans son cœur avait son expression dans son amour pour ses envoyés. Si nous aimons les serviteurs de Dieu et, en général, les enfants de Dieu, c’est la preuve que nous aimons Dieu et que nous avons la vie divine, ainsi que le dit l’apôtre Jean : « Nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons les frères » ; « quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu ; celui qui n’aime pas, n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour » (1 Jean 3:14 ; 4:7, 8).
Nous nous sommes un peu étendus sur l’histoire de Lydie, parce que nous avons en elle le modèle d’une vraie conversion, caractérisée par ces trois choses : elle écoutait ; Dieu lui ouvrit le cœur, et, ayant reçu et cru sa parole, la vie de Dieu en elle se manifesta par des œuvres d’amour. Puisse-t-il en être ainsi de chacun de nous !
Re: Forum Religion Catholique
Travaux de Paul à Philippe — Conversion du geôlier
Nous avons vu le commencement paisible et heureux de l’assemblée de Philippes. Les apôtres continuèrent à se rendre au lieu où l’on se réunissait afin d’y poursuivre l’œuvre de Dieu, et, sans doute, bien d’autres personnes, comme Lydie, furent amenées au Seigneur. L’épître de Paul aux Philippiens en nomme plusieurs.
Mais l’ennemi ne peut voir des âmes sauvées sans chercher à s’opposer à la grâce du Seigneur. C’est ce qu’il fit bientôt à Philippes.
Il se trouvait dans cette ville une pauvre fille esclave qui avait un esprit de python. On disait cela des personnes qui prétendaient avoir le don de deviner ou prédire l’avenir, et ils étaient nombreux dans ce temps-là, comme, hélas ! ils le sont de nos jours, quoique portant d’autres noms. Mais ce sont de misérables instruments de Satan, de même que ceux qui les écoutent sont ses dupes. Le chrétien ne doit rien avoir à faire avec de telles pratiques.
La servante dont nous parlons était réellement possédée d’un mauvais esprit, et ses maîtres se servaient de ses prétendues divinations, pour se procurer un grand gain de la part de ceux qui venaient la consulter.
Un jour que les serviteurs de Dieu se rendaient au lieu de la prière, cette pauvre fille les rencontra. Aussitôt l’esprit qui était en elle, reconnaissant dans les apôtres la puissance divine, fut obligé de le confesser par sa bouche. Elle se mit à les suivre en criant : « Ces hommes sont les esclaves du Dieu Très Haut, qui vous annoncent la voie du salut ». Les démons, quand ils se trouvaient en présence de Jésus sur la terre, s’écriaient aussi : « Tu es le Fils de Dieu », mais Jésus ne voulait pas de leur témoignage et leur fermait la bouche en les chassant du corps des possédés. Paul ne pouvait pas davantage accepter pour son ministère le témoignage d’un mauvais esprit. C’est pourquoi, l’ayant supporté durant plusieurs jours, affligé dans son cœur, il commanda à l’esprit, non point en son nom, mais au nom de Jésus Christ, de sortir de cette fille. À l’instant même, l’esprit sortit et la pauvre servante fut délivrée. Telle est la puissance du nom de Jésus !
Pour les maîtres de l’esclave, tout espoir de gain était perdu. C’était une cruelle déception pour leur avarice. Satan, qui avait cherché à se faire l’auxiliaire des apôtres et qui voyait sa ruse déjouée, se servit des mauvais sentiments des maîtres de l’esclave, pour les exciter contre Paul et Silas. Irrités de la perte d’argent qu’ils faisaient et voulant se venger, ils traînèrent les deux serviteurs de Dieu devant les magistrats qui siégeaient sur la place publique. Ils ne pouvaient les accuser d’avoir fait du bien à leur esclave ; ils eurent alors recours à la calomnie et au mensonge. « Ces hommes-ci, qui sont Juifs », dirent-ils, « mettent tout en trouble dans notre ville et annoncent des coutumes qu’il ne nous est pas permis de recevoir ni de pratiquer, à nous qui sommes Romains ». C’était une grave accusation, car les lois romaines punissaient sévèrement ceux qui cherchaient à introduire des religions nouvelles, et en disant que Paul et Silas étaient Juifs, ils excitaient la haine que les païens avaient pour ce peuple méprisé.
Aussi toute la foule qui entendait ces accusations se souleva-t-elle contre les apôtres, et les magistrats, voulant à tout prix la calmer, au lieu d’examiner la cause avec justice, commandèrent que Paul et Silas fussent battus de verges et jetés en prison. Ils s’inquiétaient peu des deux Juifs étrangers. Ils firent arracher de dessus les apôtres leurs vêtements, et leur firent appliquer sur la chair nue un grand nombre de coups dont chacun laissait une trace sanglante. Puis, meurtris comme ils l’étaient, avec leurs habits déchirés, ils furent jetés en prison, et ordre fut donné au geôlier de les garder sûrement.
Dans la prison, un nouveau supplice les attendait. Le geôlier, ayant reçu un tel ordre, ne pouvait qu’obéir à ses supérieurs. Il enferma donc les apôtres dans la prison intérieure, sans doute un obscur cachot, et fixa sûrement leurs pieds dans le bois. C’était une sorte de poutre double avec des ouvertures pour y passer chaque jambe, de manière à interdire tout mouvement. Quelle position pour les serviteurs de Dieu ! Mais ce fut pour eux l’occasion de montrer comment triomphe la foi.
Satan et les hommes avaient fait tout ce qui était en leur pouvoir contre les serviteurs de Dieu ; mais ils ne peuvent toucher qu’au corps, et le Seigneur a dit : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui après cela ne peuvent rien faire de plus » (Luc 12:4). Paul et Silas le savaient. Dans ce sombre cachot où ils gisaient, une lumière céleste et divine remplissait leurs cœurs. Il pensaient à Celui qui les avait aimés et qui avait souffert bien plus qu’eux de la part des hommes, à Celui qui, sur la croix, avait subi, pour les sauver, le jugement et la mort, et ils s’estimaient heureux de souffrir quelque chose pour Lui. Ils élevaient leurs regards en haut, et comme Étienne, ils voyaient par la foi, dans la gloire, Jésus, le Fils de l’homme qui les aimait et les prendrait un jour avec Lui. Aussi, bien loin d’être accablés, de se répandre en plaintes, ils étaient remplis de l’amour et de la gloire de leur Sauveur, et goûtaient une paix profonde et un bonheur ineffable.
Ce qui occupait leur âme se manifestait au-dehors. Vers minuit, au sein des ténèbres extérieures, dans ce lieu où habituellement ne se faisaient entendre que des gémissements et des blasphèmes, ces deux bienheureux chantaient les louanges de Dieu. Quel triomphe sur l’adversaire qui avait cru leur fermer la bouche ! Leurs prières et leurs louanges devenaient un témoignage et une prédication : « Les prisonniers les écoutaient ». Quelle devait être leur surprise ! Ainsi, Dieu était glorifié dans une sombre prison.
La réponse à leurs prières et à leur confiance ne se fit pas attendre. Dieu, dans sa puissance, vint montrer ce qu’étaient pour son cœur ces deux pauvres prisonniers juifs. Soudain, il se fit un grand tremblement de terre. Les fondements de la prison, où l’on croyait les prisonniers bien en sûreté, furent ébranlés ; ces portes solides et bien fermées avec leurs barres et leurs serrures s’ouvrent ; les liens, les chaînes, les entraves, qui serraient les membres des prisonniers, sont brisés ; toute la puissance de l’homme est comme anéantie devant Dieu.
Mais cette puissance divine allait aussi arracher à Satan un captif d’un autre genre. Le geôlier, éveillé en sursaut, accourut pour voir si tout était en ordre. Quelle dut être sa stupeur en voyant les portes ouvertes ! Il ne douta pas un moment que tous les prisonniers ne se fussent enfuis, et, comme il répondait d’eux sur sa vie, dans son désespoir, il avait déjà tiré son épée pour se tuer. Mais Dieu n’avait pas ouvert les portes de la prison pour que les lois fussent violées. En déployant sa puissance, il avait d’autres desseins, des desseins de grâce. Lui-même avait retenu les prisonniers qui, voyant que Paul et Silas ne s’échappaient pas, les avaient sans doute imités.
Au moment où le pauvre geôlier allait mettre fin à sa vie et se précipiter ainsi au-devant du jugement de Dieu, la voix de la grâce qui veut sauver le pécheur et non le laisser périr, se fit entendre : « Ne te fais point de mal », lui cria Paul, « nous sommes tous ici ». Le geôlier, frappé de ces paroles si inattendues, demande de la lumière, s’élance dans le cachot où il avait jeté les serviteurs de Dieu, et tombe à leurs pieds, tout tremblant d’émotion et de crainte.
Combien tout est changé ! Dans quelle nouvelle lumière il les voit ! Ce cachot n’est pas la place de ceux pour qui Dieu intervient ainsi. Il les mène dehors. Mais il se voit aussi, lui-même, dans la lumière de Dieu. Il se sent coupable et perdu, et, de son cœur angoissé, s’échappe ce cri : « Seigneur, que faut il que je fasse pour être sauvé ? »
La réponse ne se fait pas attendre. Cette même parole de grâce qui l’a empêché de se faire du mal, va maintenant lui faire du bien et porter la paix dans son cœur. Les apôtres de l’Évangile lui répondent aussitôt : « Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta maison ». Pour le geôlier, comme pour tous, c’est l’unique voie de salut. Le nom de Jésus est le seul qui soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être sauvés.
La lumière et la grâce divines étaient ainsi entrées dans cette triste demeure, pour en faire une maison de joie. L’effort de Satan avait tourné contre lui. Il avait fait mettre les apôtres en prison pour les réduire au silence, mais là, des âmes avaient été sauvées. Quelles merveilles de la puissance et de l’amour de Dieu ! Les serviteurs du Seigneur, après leurs premières paroles de paix, continuèrent à annoncer la bonne nouvelle du salut au geôlier et à tous ceux qui étaient dans sa maison, que ces événements avaient sans doute attirés.
Le geôlier avait cru, et sa foi se montra aussitôt par l’amour, comme cela avait été le cas pour Lydie. Il les prit en cette même heure de la nuit, et lava leurs plaies. Après ce témoignage, lui et les siens furent baptisés.
Un autre fruit de la foi se manifesta en lui. Pensant aux besoins de ceux qui maintenant étaient pour lui des frères bien-aimés, il les fit monter chez lui et leur dressa une table, son cœur et ceux des siens étant remplis de joie d’avoir été amenés à la connaissance de l’amour merveilleux de Dieu pour leur salut. Quelle heureuse nuit pour eux tous ! Ils étaient passés des ténèbres à la lumière, et de la puissance de Satan à Dieu.
Le jour étant venu, les magistrats pensèrent que, le tumulte étant apaisé, ils pouvaient renvoyer ces hommes contre lesquels il n’y avait pas eu de jugement rendu. Ils envoyèrent donc au geôlier l’ordre de les relâcher, et le geôlier le transmit à Paul. Mais Paul qui, pour lui-même, avait souffert l’injustice, ne pouvait pas, pour la gloire de l’Évangile, accepter d’être renvoyé en cachette, comme un homme sans aveu. Il refusa donc de sortir de prison, et demanda que les magistrats eux-mêmes vinssent les mettre en liberté, eux qui étaient Romains et que l’on n’aurait pas dû frapper et mettre en prison sans forme de jugement.
Les magistrats furent effrayés en apprenant qu’ils avaient mis les mains sur des citoyens romains ; ils s’empressèrent d’apporter leurs excuses à Paul et à Silas et les firent sortir de prison, leur demandant en même temps, comme une faveur, de quitter leur ville. Les apôtres agirent en toute liberté ; ils rentrèrent chez Lydie où ils logeaient, y rassemblèrent les frères, et, les ayant exhortés et encouragés, partirent de Philippes pour continuer leur œuvre.
Ainsi fut établie la première assemblée chrétienne en Europe. Composée de quelques Juifs, de prosélytes et de païens, elle était dévouée au Seigneur et attachée à ses serviteurs, qui avaient souffert pour lui annoncer l’Évangile. Nous voyons aussi, par la lettre qu’il leur écrivit, combien Paul aimait ses chers Philippiens.
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Travaux de Paul à Thessalonique et Bérée
Paul et Silas, en quittant Philippes, y avaient laissé Timothée et Luc, sans doute pour instruire et affermir les saints. Pour eux, ils se dirigèrent vers Thessalonique, autre ville importante de la Macédoine et qui existe encore de nos jours. Là se trouvait la synagogue des Juifs. C’était comme un centre où les Juifs venaient de différentes villes voisines, et se rassemblaient les jours de sabbat.
Malgré tout ce qu’il avait souffert à Philippes, Paul, pour le service de son cher Maître, était rempli de courage et prêt à annoncer l’Évangile, coûte que coûte. Aussi entra-t-il avec hardiesse dans la synagogue, selon l’habitude qu’il avait de porter d’abord la bonne nouvelle à ceux de sa nation. Il trouva là, sans doute, un nombreux auditoire, puisqu’on s’y rassemblait de différents lieux — auditoire composé de Juifs et de Grecs prosélytes, c’est-à-dire qui avaient appris à connaître le vrai Dieu et suivaient le service divin qui se célébrait dans la synagogue. Ce service consistait en prières et en lectures de portions des Écritures, auxquelles s’ajoutaient quelques exhortations (*) que pouvaient adresser à l’auditoire ceux qui s’y sentaient appelés, ou que les chefs de synagogues invitaient à le faire.
(*) Voyez Luc 4:16-27, et Actes 13:14, 15.
L’apôtre Paul profita de cette liberté de parole pour exposer la vérité de Dieu touchant Jésus. C’était ce qui remplissait son cœur. Pendant trois sabbats, l’apôtre discourut, c’est-à-dire s’entretint avec les Juifs d’après les Écritures — celles de l’Ancien Testament bien entendu — que ceux-ci respectaient comme étant la parole de Dieu. Et que leur exposait-il en s’appuyant sur ces saints écrits ? Deux choses : la première, c’est qu’il fallait que le Christ, c’est-à-dire le Messie que les Juifs attendaient, souffrît et ressuscitât d’entre les morts. Il le fallait, puis que les Écritures l’annonçaient (*), et parce que c’était l’œuvre absolument nécessaire à notre salut. Mais les Juifs, remplis de leurs pensées terrestres, ne voulaient voir dans le Messie qu’un Roi glorieux qui les affranchirait du joug de leurs ennemis, et repoussaient la pensée que ce Messie dût d’abord souffrir, mourir et ressusciter, avant d’entrer dans sa gloire.
(*) Voyez entre autres Ésaïe 53 et Psaume 16.
La seconde chose que Paul exposait, c’est que Jésus de Nazareth, celui dont, sans doute, le nom était parvenu aux oreilles des Juifs, était bien le Christ, le Messie annoncé par les prophètes. L’apôtre pouvait montrer que, dans sa naissance, sa vie et sa mort, les Écritures étaient accomplies. Et quant à sa résurrection dont elles parlaient, n’y avait-il pas des témoins nombreux ? Lui-même, Paul, n’avait-il pas vu et entendu Christ dans la gloire divine, de sorte que, de blasphémateur et persécuteur, il était devenu croyant et apôtre ? Mais l’opprobre de la croix était aussi une chose que les Juifs ne pouvaient souffrir. Christ crucifié leur était un scandale.
Cependant la puissance de la grâce opéra dans les âmes de plusieurs personnes ; l’Esprit Saint appliqua la Parole à leur conscience et à leur cœur ; elles reçurent avec joie ce que Paul disait comme étant, non la parole des hommes, mais la parole de Dieu. Parmi ceux qui crurent et se joignirent à Paul et à Silas se trouvaient des Juifs, une grande multitude de Grecs prosélytes, des femmes de premier rang en assez grand nombre, et aussi des païens tournés des idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai et pour attendre des cieux Jésus, son Fils, qu’il a ressuscité d’entre les morts. Car ce retour de Jésus, pour prendre avec Lui ses bien-aimés, était aussi une vérité que Paul annonçait aux nouveaux convertis. L’apôtre exerça avec bonheur son ministère parmi ces chrétiens jeunes dans la foi, mais remplis d’amour et d’espérance. Il les soignait comme une nourrice ses propres enfants, travaillant jour et nuit de ses propres mains pour n’être à charge à aucun d’eux, leur donnant ainsi, avec ses instructions, l’exemple d’une vie de dévouement afin qu’ils apprissent à marcher d’une manière digne de Dieu (lisez 1 Thessaloniciens 1:2).
Mais tandis que l’œuvre de Dieu se poursuivait ainsi, l’ennemi veillait et bientôt la persécution éclata. Elle vint encore des Juifs incrédules. Pleins de jalousie de voir l’assemblée de Dieu se former au nom de Jésus, ils ameutèrent les méchants hommes de la populace, et, avec leur aide, assaillirent la maison où demeuraient Paul et Silas, pour les y chercher et les amener dehors à cette foule excitée, dans le but de leur faire un mauvais parti. Mais n’ayant pas trouvé les apôtres, ils saisirent Jason, le maître de la maison, qui était un des nouveaux chrétiens, et le traînèrent avec quelques frères devant les magistrats. De quoi pouvaient-ils les accuser ? D’avoir reçu ces gens qui, disaient-ils, avaient bouleversé toute la terre. Était-ce vrai ? Non, certes. C’était la paix qu’annonçaient les apôtres ; paix avec Dieu et entre les hommes. Ceux qui bouleversaient étaient Satan et ses instruments, les hommes qui ne voulaient pas recevoir Jésus, de peur d’être troublés dans leurs mauvaises œuvres. Mais une autre accusation était portée contre les chrétiens. C’était de désobéir aux lois de César, l’empereur romain, et de dire qu’il y avait un autre roi, Jésus. Était-ce vrai ? Non ; les apôtres exhortaient à être soumis aux autorités comme établies de Dieu, et Jésus avait dit : « Mon royaume n’est pas de ce monde » (Jean 18:36 ; Romains 13:1).
Les magistrats et la foule qui entendaient ces paroles d’accusation, furent troublés. Mais comme Jason et les autres frères étaient des personnes établies dans la ville et bien connues, les magistrats se bornèrent à exiger d’eux une caution comme garantie que, de leur part, l’ordre ne serait pas troublé ; et ils les renvoyèrent.
Aussitôt après, les frères firent partir de nuit Paul et Silas, pour les mettre à l’abri de la haine des Juifs qui eût pu plus facilement s’exercer envers des étrangers accusés d’être des séditieux.
Mais au milieu des persécutions, l’œuvre de Dieu s’étendait et l’Assemblée du Seigneur s’accroissait. Une église était formée à Thessalonique, et plus tard, Paul, lui écrivant, s’adressait à elle de la manière suivante : « Paul, et Silvain (ou Silas), et Timothée, à l’assemblée des Thessaloniciens en Dieu le Père et dans le Seigneur Jésus Christ : Grâce et paix à vous ! ». Nous voyons dans cette épître que la persécution ne s’était pas arrêtée après le départ des apôtres : « Vous aussi », dit Paul, « vous avez souffert de la part de vos propres compatriotes les mêmes choses que les assemblées de la Judée ont souffertes de la part des Juifs ». Mais au milieu de leurs tribulations, ils avaient tenu ferme, et le cœur de Paul en avait été rempli de consolation : « Quelle est notre espérance, ou notre joie, ou la couronne dont nous nous glorifions ? » dit-il. « N’est-ce pas bien vous devant notre Seigneur Jésus, à sa venue ? » (1 Thessaloniciens 1:1 ; 2:14, 19).
Ce qui réjouit et soutient le cœur d’un serviteur de Dieu, c’est d’abord la conversion des âmes, mais ensuite, c’est de voir ces âmes demeurer fermes et croître dans la connaissance et l’amour du Seigneur, en marchant d’une manière digne de Lui.
Les frères de Thessalonique envoyèrent Paul et Silas à Bérée, autre ville de Macédoine, au sud ouest de Thessalonique. Des chrétiens de cette dernière ville accompagnèrent Paul et restèrent avec lui. Deux d’entre eux sont nommés plus loin, ce sont Second et Aristarque (Actes 20:4). Timothée aussi rejoignit Paul à Bérée.
Quelle consolation pour l’apôtre de se trouver avec ces fidèles compagnons de travaux et de prières ! Aussi le voyons-nous plein de courage entrer avec Silas, à Bérée, dans la synagogue des Juifs, pour y annoncer l’Évangile. Le Seigneur accorda à ses serviteurs la parole de Dieu. Les Juifs n’y montrèrent pas d’opposition ; ils firent voir des sentiments plus nobles que ceux de Thessalonique en n’écoutant ni leur préjugés, ni leurs traditions. Paul leur annonçait les mêmes vérités qu’à Thessalonique et les appuyait sur les Écritures. Les Béréens, pleins de bonne volonté, se mirent à examiner chaque jour les Écritures, pour voir si l’enseignement de Paul s’accordait avec elles. C’est l’exemple que nous avons à suivre et c’est à quoi le Seigneur invitait les Juifs, quand il leur disait : « Sondez les Écritures… ce sont elles qui rendent témoignage de moi » (Jean 5:39). Quel que soit l’enseignement que nous entendons, ou l’homme qui l’apporte, nous avons à en référer à la seule autorité infaillible, la parole de Dieu.
Le résultat des prédications et des instructions des apôtres, ne tarda pas à se manifester dans ces cœurs bien préparés. La semence avait été jetée dans une bonne terre. La Parole avait été entendue et comprise, et elle avait porté du fruit. Plusieurs d’entre les Juifs béréens crurent, ainsi que des femmes grecques de qualité, et des hommes en assez grand nombre. Ces femmes et ces hommes étaient des prosélytes, c’est-à-dire, comme nous l’avons vu précédemment, des personnes nées dans le paganisme, mais amenées à la connaissance du vrai Dieu. D’après cet exemple et d’autres, nous voyons que c’était chez elles que l’Évangile trouvait le plus d’accès.
Une assemblée se trouva ainsi établie à Bérée. Mais les serviteurs de Dieu ne purent pas y continuer bien longtemps leurs paisibles travaux. Les Juifs incrédules de Thessalonique apprirent que Paul annonçait la parole de Dieu à Bérée. Aussitôt ils y vinrent, poussés par leur haine contre Paul et contre le nom de Jésus, et soulevèrent là aussi les foules, sans doute par les mêmes moyens que ceux qu’ils avaient employés à Thessalonique. C’était surtout à Paul qu’ils en voulaient ; ils auraient souhaité faire disparaître du monde ce fidèle témoin du Seigneur, dont la conversion était une preuve si frappante de la puissance de Christ. C’est pourquoi les frères de Bérée renvoyèrent aussitôt Paul, en prenant des précautions pour dérouter les Juifs qui auraient voulu le poursuivre. Ceux qui conduisaient l’apôtre le menèrent jusqu’à Athènes, à une grande distance de la Macédoine. Silas et Timothée restèrent à Bérée pour continuer à instruire les chrétiens ; mais Paul leur fit dire de venir bientôt le rejoindre.
Ainsi, le cher serviteur de Dieu persécuté dans une ville, allait dans une autre, mais c’était pour porter partout la bonne odeur de Christ.
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Paul à Athènes
Paul avait été conduit à Athènes où il attendait ses deux compagnons de voyage et de travaux, Silas et Timothée. Athènes, qui maintenant est la capitale de la Grèce, avait été une des cités les plus célèbres de l’antiquité. Au temps de Paul, elle était soumise aux Romains et bien déchue de son ancienne splendeur, mais elle était encore le rendez-vous d’une quantité d’étrangers et d’une foule de philosophes de différentes écoles. Ce qui distinguait ses habitants, c’était, avec une extrême politesse de langage, une grande frivolité qui les faisait courir après tous les diseurs de nouvelles, et un esprit très superstitieux. La ville était remplie de temples et d’autels dressés aux faux dieux de toute espèce.
Nous pouvons nous imaginer les sentiments qui devaient agiter le cœur du fidèle serviteur de Dieu et de Christ, en voyant tant d’âmes plongées dans les vanités du monde, dans les ténèbres de l’idolâtrie, égarées par les vains raisonnements des hommes, et ainsi tenues loin de Dieu. Son esprit était ému en lui-même, et comment aurait-il pu se taire, lui qui connaissait la vérité, la seule vérité qui sauve ? Il s’adressa donc d’abord dans la synagogue aux Juifs et aux prosélytes qui avaient déjà quelque connaissance du vrai Dieu, puis, tous les jours, sur la place publique, il parlait à ceux qui s’y rencontraient. Et quel était le sujet de ses entretiens ? Ce qui remplissait son cœur, savoir Jésus, la personne adorable du Sauveur, et la victoire qu’il a remportée sur la mort, afin de nous introduire dans la vie, affranchis du péché.
Parmi ceux qui l’entendaient, se trouvaient des philosophes, prétendus sages de ce monde, poursuivant la connaissance de la vérité sans jamais l’atteindre, parce que la vérité est en Dieu, et que le monde, par la sagesse, n’a pas connu Dieu (1 Corinthiens 1:21). D’entre ces philosophes, les uns étaient des épicuriens et les autres des stoïciens. Les premiers étaient des matérialistes qui cherchaient le bonheur dans les jouissances des sens, et se livraient aux plaisirs ; les stoïciens prétendaient arriver à la vertu par leur propre force et affectaient de mépriser la douleur : c’étaient des orgueilleux. Tous d’ailleurs étaient dans l’ignorance la plus entière de Dieu.
Les paroles de Paul leur paraissaient très étranges. Ils disaient : « Il semble annoncer des dieux étrangers », prenant pour des noms de divinités, Jésus et la résurrection. Les uns, plus frivoles, se moquaient de l’apôtre et le traitaient de bavard ; les autres voulurent au moins s’enquérir, peut-être par simple curiosité, de ces choses nouvelles que Paul disait. Ils le menèrent donc à l’Aréopage.
C’était une place élevée où siégeait un tribunal autrefois célèbre, mais où se rassemblaient aussi les savants et les hommes d’État pour s’entretenir entre eux. On était là loin du bruit de la place publique, et Paul pouvait plus facilement y exposer devant tous la vérité que Dieu lui avait confiée. C’est ainsi que le Seigneur conduisait son cher serviteur pour Lui rendre témoignage devant les grands et les petits, les savants et les ignorants.
Les philosophes demandèrent donc à Paul : « Pourrions-nous savoir quelle est cette nouvelle doctrine dont tu parles ? ». Alors Paul, se tenant debout au milieu d’eux, leur annonça la vérité touchant Dieu et le jugement, Jésus et la résurrection, selon que ces sages si renommés et pourtant si ignorants pouvaient la comprendre.
L’apôtre, en parcourant la ville, avait vu, au milieu de la multitude des objets de culte, un autel sur lequel était l’inscription : « Au dieu inconnu ». On raconte que, dans les temps passés, une maladie contagieuse ravageait la ville, et que les Athéniens, ne sachant de quelle divinité il fallait détourner la colère, avaient érigé des autels au Dieu inconnu. D’ailleurs, au fond de la conscience de tout homme, et dans toutes les religions du paganisme, il existe le sentiment d’un Dieu suprême, mais inconnu. Paul, conduit par la sagesse de l’Esprit de Dieu, s’empare de cette circonstance qu’il rappelle à ses auditeurs, et leur dit : « Celui donc que vous honorez sans le connaître, c’est celui que moi je vous annonce. Le Dieu qui a fait le monde et toutes les choses qui y sont, lui qui est le Seigneur du ciel et de la terre, n’habite pas dans des temples faits de main ; et il n’est pas servi par des mains d’hommes, comme s’il avait besoin de quelque chose, lui qui donne à tous la vie et la respiration et toutes choses ».
Ainsi, ces philosophes si orgueilleux de leur science, ont besoin que Paul leur apprenne ce qu’un enfant peut savoir dès son tout premier âge, c’est-à-dire qu’il y a un Dieu créateur de toutes choses et qui ne les laisse pas abandonnées à elles-mêmes après les avoir créées : il est le Seigneur, celui qui domine au ciel et sur la terre. De plus, il remplit tout de sa présence. Ces païens cultivés ignoraient ces grandes vérités, mais nous, « par la foi, nous comprenons que les mondes ont été formés par la parole de Dieu, de sorte que ce qui se voit n’a pas été fait de choses qui paraissent » (Hébreux 11:3), et nous savons que Dieu est partout.
Mais les philosophes pensaient que la divinité reste éloignée des hommes et ne s’occupe pas d’eux ; ils pensaient aussi que chaque nation avait une origine à part : les Grecs et les Romains estimaient les autres comme des barbares. C’est pourquoi Paul ajoute : « Il a fait d’un seul sang toutes les races des hommes pour habiter sur toute la face de la terre, ayant déterminé les temps ordonnés et les bornes de leur habitation ». Nous, nous n’ignorons pas que l’Africain, comme le Chinois, ou l’Hindou, de même que nous, nous descendons tous du même premier homme, Adam ; nous savons bien aussi que c’est Dieu qui conduit toutes choses dans son gouvernement souverain, puisque pas même un petit oiseau ne tombe en terre sans sa volonté (Matthieu 10:29). Mais les païens ignoraient tout cela.
Paul leur montre ensuite qu’ils auraient pu connaître Dieu s’ils l’avaient cherché, Lui qui avait donné les preuves de son existence et de sa puissance créatrice. « Il n’est pas loin de chacun de nous », dit-il, car en lui nous avons la vie, le mouvement et l’être.
Quelques-uns de leurs poètes avaient entrevu cette autre grande vérité, que l’homme n’est pas simplement un animal, comme de nos jours tant d’esprits faux voudraient le faire croire. Ces poètes anciens, plus sages que nos discoureurs modernes, avaient dit : « Car aussi nous sommes sa race », celle de Dieu qui, après avoir formé le corps de l’homme, a soufflé dans ses narines une respiration de vie. L’apôtre confirme cette parole, pour montrer la vanité des idoles : « Étant donc la race de Dieu, nous ne devons pas penser que la divinité soit semblable à de l’or, ou à de l’argent, ou à de la pierre, à une œuvre sculptée de l’art et de l’imagination de l’homme ».
Mais Paul avait autre chose à annoncer aux philosophes et aux païens auxquels il parlait. On peut reconnaître l’existence d’un Dieu suprême gouvernant toutes choses, la supériorité de la race humaine et la vanité des idoles ; mais il faut de plus que la conscience soit atteinte, que Dieu soit reconnu comme celui qui juge les secrets des cœurs par Jésus, l’homme ressuscité, et que la grâce soit proclamée. L’apôtre continue donc ainsi : « Dieu donc, ayant passé par-dessus les temps de l’ignorance, ordonne maintenant aux hommes que tous (philosophes ou illettrés, riches ou pauvres), en tous lieux (à Athènes, ou à Rome, ou chez les Barbares), ils se repentent ; parce qu’il a établi un jour auquel il doit juger en justice la terre habitée, par l’homme qu’il a destiné à cela, de quoi il a donné une preuve certaine à tous, l’ayant ressuscité d’entre les morts ».
C’est ainsi que Dieu fit briller sa lumière aux yeux de ce peuple savant d’Athènes ; la lumière de sa connaissance qui place la conscience devant Lui, et qui invite les hommes à se repentir, à se tourner vers Lui, en vue du jugement qu’il doit exécuter par Jésus, l’homme qu’il a ressuscité d’entre les morts. La résurrection de Christ était une preuve de sa victoire sur le mal et de son titre à être le Juge du monde.
L’apôtre aurait peut-être continué à parler de Jésus en le présentant, non seulement comme Juge, mais aussi comme Sauveur. Mais la foule savante avait assez de ses paroles. Tant qu’il avait parlé d’un Dieu créateur, on avait écouté, mais, en entendant parler de la résurrection des morts, cette chose incroyable pour l’esprit naturel, mais que Dieu révèle, les uns, dans leur frivolité incrédule, se moquent de la doctrine qui annonce une autre vie et gêne le cœur attaché au plaisir, les autres remettent à plus tard le moment de s’en occuper, comme si plus tard nous appartenait.
Paul sortit du milieu de ces sages du monde qui restèrent dans les ténèbres. N’y eut-il donc aucun fruit de sa prédication ? Oui ; Dieu bénit là aussi sa parole pour quelques âmes. Plusieurs personnes crurent ce que Paul prêchait, et se joignirent à lui. Sans doute les instruisit-il ensuite plus au long dans les saintes vérités de la foi. Parmi eux se trouvait Denys, membre du tribunal de l’Aréopage, et une femme nommée Damaris. Nous ne savons rien de plus sur ces deux personnes, mais le Seigneur les connaissait et a voulu que leurs noms nous fussent conservés. Qu’il est précieux pour les vrais croyants de savoir que s’ils sont inconnus du monde, le Seigneur les connaît par leurs noms !
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Paul à Corinthe
Plusieurs personnes avaient été converties au Seigneur et une assemblée avait été formée à Athènes. De cette ville, Paul se rendit à Corinthe. C’était aussi une des principales cités grecques, célèbre par son commerce, ses richesses et sa culture intellectuelle, mais surtout par le luxe de ses habitants, leur amour des plaisirs, et la dépravation de leurs mœurs entretenue par le culte de divinités impures. C’était vraiment une forteresse de Satan qui y tenait les âmes enchaînées par les convoitises charnelles et par les faux raisonnements de la sagesse humaine.
Paul se trouvait donc là dans un milieu qui avait bien besoin de l’Évangile, lequel est la puissance de Dieu pour le salut de ceux qui croient ; mais, en même temps, la tâche placée devant lui était particulièrement difficile. Mais le Seigneur est suffisant pour tout, et Paul en fit l’expérience.
Suivant sa coutume, l’apôtre rechercha d’abord ses compatriotes juifs. Parmi eux, il en trouva un, nommé Aquilas. Comme nous le trouvons plusieurs fois mentionné, ainsi que Priscilla, sa femme, dans les Actes et dans les épîtres de Paul, nous dirons d’eux quelques mots. Tandis que les hommes conservent dans leurs histoires les noms de leurs héros et de leurs conquérants fameux, Dieu enregistre dans son livre les noms de ses serviteurs, bien humbles et chétifs devant le monde, mais grands et précieux à ses yeux. Tels étaient Aquilas et Priscilla.
Aquilas était originaire de la province du Pont, en Asie mineure ; mais, ainsi que beaucoup d’autres Juifs, il habitait Rome, la grande ville impériale. Il était fabricant de tentes, objets nécessaires pour les armées en campagne et les voyageurs de ces temps. Des troubles ayant été suscités à Rome par les Juifs, l’empereur Claude expulsa de la ville tous les gens de cette nation, et c’est ainsi qu’Aquilas et Priscilla furent conduits à Corinthe où ils continuèrent à exercer leur profession. Nous avons déjà vu que Paul avait appris ce même métier. C’est en l’exerçant qu’il pourvoyait à ses besoins et même à ceux de ses compagnons, afin de n’être à charge à personne. Ayant fait la connaissance d’Aquilas et de Priscilla, il vint demeurer dans leur maison et travaillait avec eux.
La parole de Dieu ne nous dit pas quand et par quel moyen Aquilas et Priscilla furent convertis. Peut-être fut-ce par le ministère de Paul à Corinthe : en tout cas, nous ne pouvons douter que, dans la société de l’apôtre, ils n’aient fait des progrès dans la grâce et la connaissance du Seigneur, de manière à pouvoir instruire les autres, comme nous le verrons, et à être des « compagnons d’œuvre » de Paul. Ils devinrent ses amis dévoués jusqu’à la mort. L’apôtre, à la fin de son épître aux Romains, parle d’eux en ces termes : « Saluez Prisca (ou Priscilla) et Aquilas, mes compagnons d’œuvre pour le Christ Jésus (qui, pour ma vie, ont exposé leur propre cou ; auxquels je ne rends pas grâces moi seul, mais aussi toutes les assemblées des nations), et saluez l’assemblée qui se réunit dans leur maison ».
Nous voyons par là qu’ils étaient retournés à Rome peu d’années après en être sortis. En effet, après que Paul fut demeuré avec eux à Corinthe un an et demi, ils partirent ensemble et l’accompagnèrent à Éphèse où ils restèrent plus de deux ans et d’où, sans doute, ils se rendirent à Rome. Ce fut peut-être à Éphèse, où Paul courut un grand danger, dans le grand trouble survenu à l’occasion des disciples du Seigneur et dont nous parlerons, qu’Aquilas et Priscilla exposèrent leur vie pour lui. Remarquons encore un autre trait. Nous trouvons soit dans l’épître aux Romains, soit dans celle aux Corinthiens, que l’assemblée se réunissait à Rome et à Éphèse, dans la maison d’Aquilas et de Priscilla (Romains 16:5 ; 1 Corinthiens 16:19). On n’avait pas alors, pour se rassembler, des édifices plus ou moins vastes, plus ou moins splendidement ornés. Non ; c’était dans des chambres hautes (Actes 20:8 ), dans l’humble demeure d’un obscur artisan chrétien comme Aquilas, ou chez un Philémon, probablement plus riche (Philémon 2 ; voyez aussi Colossiens 4:15), que les saints des premiers temps se réunissaient pour s’édifier et rendre culte à Dieu. Quel privilège et quelle bénédiction pour ceux qui ouvraient ainsi leurs maisons à l’assemblée, peut-être au péril de leur vie ! Plus tard, ces deux fidèles serviteurs revinrent à Éphèse, comme nous le voyons dans la seconde épître de Paul à son cher fils Timothée (2 Timothée 4:19). Voilà tout ce que nous savons de Priscilla et d’Aquilas. Ils continuèrent leur humble course, travaillant pour le Seigneur. Comment se termina leur vie ici-bas, nous l’ignorons. Mais ils sont auprès de Jésus avec leur ami Paul, attendant comme lui la venue du Seigneur et la couronne de justice réservée à tous ceux qui aiment son apparition. Quelle heureuse vie et quelle heureuse fin que celles des serviteurs dévoués du Seigneur Jésus !
Reprenons maintenant l’histoire des travaux de Paul à Corinthe. Il s’occupait donc de ses mains à faire des tentes, et nous aurions pu voir ce grand apôtre, ce serviteur éminent du Seigneur, travaillant comme un obscur ouvrier dans l’atelier d’Aquilas. Il n’en avait pas honte, au contraire. Son Seigneur n’avait-il pas vécu dans la pauvreté ? N’avait-il pas été le fils du charpentier, charpentier lui-même, comme nous pouvons le lire dans les évangiles ? (Matthieu 13:55 ; Marc 6:3).
Mais quand le jour du sabbat arrivait, Paul, le faiseur de tentes, se rendait dans la synagogue et y parlait de l’Évangile, persuadant tant les Juifs que les Grecs. Bientôt arrivèrent ses deux fidèles compagnons de labeur, Silas et Timothée, qui jusqu’alors étaient restés en Macédoine. Paul fut tout encouragé par leur venue et les bonnes nouvelles que Timothée lui apporta de la foi et de la persévérance des chrétiens de Thessalonique au milieu des persécutions, et il se mit à annoncer l’Évangile avec plus de zèle encore. La puissance et la vérité de la Parole remplissaient son cœur ; il aurait voulu faire partager aux Juifs sa foi, et, appuyé sur les Écritures, il leur rendait témoignage que Jésus était le Christ. Mais, hélas ! là comme ailleurs, ces malheureux Juifs ne voulaient pas de l’heureux message qui leur annonçait l’accomplissement en Christ de ce que les prophètes avaient prédit, et refusaient les bénédictions célestes qu’il est venu apporter. Incrédules à la parole de Dieu et au témoignage de Paul, ils s’opposaient à lui et blasphémaient Christ.
Alors l’apôtre secoua ses vêtements et leur dit : « Que votre sang soit sur votre tête ! Moi, je suis net : désormais je m’en irai vers les nations ». Déclaration solennelle et terrible ! En secouant ses vêtements, l’apôtre montrait qu’il n’avait plus rien de commun avec eux, et en leur disant : « Que votre sang soit sur votre tête », il rejetait entièrement sur eux la responsabilité de leur ruine et de leur perdition à laquelle ils s’exposaient. Quelle chose sérieuse de ne pas recevoir la parole de Dieu ou de s’y opposer ! Aucun de ceux qui périssent par l’incrédulité ne peut accuser d’autre que lui-même de son sort.
Joignant l’action à la parole, Paul sortit de la synagogue et, pour montrer qu’il rompait avec la masse des Juifs incrédules, il se rendit chez un nommé Juste. Ce n’était pas un Juif, mais un prosélyte d’entre les nations, comme l’indique l’expression « qui servait Dieu ». La maison de Juste touchait à la synagogue, de sorte que si quelqu’un des Juifs qui s’y rendaient, avait le cœur touché et voulait suivre Paul, il n’avait qu’à entrer chez Juste. Il rendait ainsi témoignage ouvertement qu’il désapprouvait les autres Juifs. Mais il faut de la décision de cœur pour renoncer à la religion du monde et suivre Dieu.
Le travail de l’apôtre au milieu des Juifs ne fut cependant pas vain. Le chef de synagogue même, nommé Crispus, crut au Seigneur avec toute sa maison. D’autres Corinthiens qui avaient entendu Paul, crurent aussi. Les uns et les autres furent ainsi introduits dans l’Assemblée chrétienne. Outre celui de Crispus, les noms de plusieurs de ces chrétiens de Corinthe nous ont été conservés, entre autres Gaïus, chez qui l’assemblée, une fois formée, se réunissait, et Stéphanas que Paul lui-même avait baptisé avec toute sa maison, comme il l’avait fait aussi de Crispus et de Gaïus (Romains 16:23 ; 1 Corinthiens 1:14-16). L’apôtre écrivait aux Corinthiens à propos de Stéphanas : « Vous connaissez la maison de Stéphanas, qu’elle est les prémices de l’Achaïe, et qu’ils se sont voués au service des saints » (1 Corinthiens 16:15). Quel bel éloge ! Heureux ceux qui marchent sur les traces de Stéphanas et de sa maison ! Aussi Paul recommande-t-il à l’assemblée de reconnaître de tels hommes.
L’apôtre ne se contentait pas de ce fruit de ses travaux, bien que son cœur en fût réjoui. Il avait dit — et c’était sa mission — : « désormais je m’en irai vers les nations », et il prêchait aux Grecs. Mais là, s’il ne rencontrait pas l’incrédulité juive, il trouvait les raisonnements des faux sages de ce monde, l’éloquence séduisante et subtile des rhéteurs, et l’horrible corruption du paganisme. On comprend qu’il sentît sa faiblesse, lui, pauvre faiseur de tentes, d’une nation méprisée, lui, qui n’avait pas la parole facile et dont l’extérieur ne présentait rien d’attrayant. Que faire en présence de ces philosophes raisonneurs, de ces moqueurs élégants, de ces matérialistes plongés dans les plaisirs ? Il décrit dans son épître ce qu’il ressentait devant cette tâche difficile : « J’ai été parmi vous dans la faiblesse, et dans la crainte, et dans un grand tremblement », dit-il (1 Corinthiens 2:3, 4). Mais le Seigneur savait tout cela ; il connaissait le tremblement du cœur de Paul. Aussi vint-il lui-même encourager son serviteur. Il lui dit, la nuit, dans une vision : « Ne crains point, mais parle et ne le tais point, parce que je suis avec toi, et personne ne mettra les mains sur toi pour te faire du mal, parce que j’ai un grand peuple dans cette ville ». Paul éprouva alors ce qu’il dit lui-même : « Quand je suis faible, alors je suis fort », parce que le Seigneur le fortifiait.
Soutenu par la certitude divine que le Seigneur était avec lui, et que son travail serait abondamment béni pour manifester ceux qui appartenaient au Seigneur dans cette grande ville, Paul se mit à l’œuvre avec zèle, et, durant un an et demi, il y enseigna la parole de Dieu.
Quel était donc le sujet de sa prédication, et quels moyens employait-il ? Il nous l’apprend dans les lettres que, plus tard, il écrivit à l’assemblée de Dieu qui s’était formée à Corinthe, à ceux qu’il appelle les « sanctifiés dans le Christ Jésus ».
« Nous prêchons Christ crucifié », dit-il, « la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu ». « Je vous ai communiqué avant toutes choses », dit-il encore, « ce que j’ai aussi reçu, que Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures, et qu’il a été enseveli, et qu’il a été ressuscité le troisième jour, selon les Écritures » (1 Corinthiens 1:2, 23, 24 ; 15:3, 4). En même temps, l’Évangile que Paul annonçait aux Corinthiens était celui « de la gloire de Christ qui est l’image de Dieu » (2 Corinthiens 4:4 ). C’est-à-dire qu’après leur avoir fait connaître un Sauveur cloué à la croix et mort pour expier les péchés, puis ressuscité par la puissance de Dieu en preuve que Dieu avait accepté son sacrifice, il montrait ce Jésus comme Seigneur, dans la gloire où il est notre garant devant Dieu. Et c’est aussi l’Évangile qui nous est annoncé, le seul Évangile qui, reçu dans le cœur, sauve le pécheur. C’est, disait Paul, le seul fondement qui puisse être posé, savoir Christ.
Mais quels moyens l’apôtre employait-il pour convaincre les Juifs qui traitaient la croix de scandale, qui s’offensaient qu’on leur présentât comme le Messie un homme crucifié, et pour persuader les Grecs, pour qui cette même croix était une folie ? Était-il riche ? Non, il travaillait de ses mains. Avait-il une haute position ? Non, c’était un ouvrier faiseur de tentes. Était-il donc bien éloquent, avait-il un beau langage qui entraînait ses auditeurs ? Non, il dit : « Je ne suis pas allé auprès de vous… avec excellence de parole ou de sagesse… J’ai été parmi vous dans la faiblesse… Ma parole et ma prédication n’ont pas été en paroles persuasives de sagesse, mais en démonstration de l’Esprit et de puissance ». L’apôtre présentait simplement la parole de Dieu, et l’Esprit Saint qui l’animait donnait à cette parole une puissance qui pénétrait et convainquait les cœurs. Ce sont là aussi des moyens que Dieu emploie maintenant pour convertir les pécheurs.
Le résultat de la prédication de Paul à Corinthe fut grand. Il s’y forma une assemblée nombreuse ; mais ce ne fut pas parmi les sages et les grands du monde. L’apôtre leur écrivait : « Frères, il n’y a pas (parmi vous) beaucoup de sages selon la chair, pas beaucoup de puissants, pas beaucoup de nobles…. ». Non, aux yeux du monde, c’étaient des faibles, des petits, des méprisés, mais riches en Dieu. Ils avaient cru au Seigneur, et eux, autrefois de grands pécheurs, ils avaient été lavés de leurs péchés, sanctifiés, justifiés, au nom du Seigneur Jésus et par l’Esprit de Dieu. C’est là une richesse plus grande et un titre plus glorieux que tout ce que la terre peut donner. Christ leur avait été fait de la part de Dieu, « sagesse, et justice, et sainteté, et rédemption », et le Saint Esprit demeurait en eux. Quel plus précieux trésor y a-t-il que cela ? Paul leur écrivait aussi que « la grâce de Dieu leur avait été donnée dans le Christ Jésus, et en toutes choses ils étaient enrichis en lui en toute parole et connaissance » (1 Corinthiens 2:1-5 ; 1:26 ; 6:9-11 ; 1:30, 5). Tels étaient les saints de Corinthe ; le travail de Paul, pendant les dix-huit mois qu’il avait passés dans cette ville, avait porté un beau fruit. Le même Évangile est annoncé maintenant et porte les mêmes fruits là où il est reçu. Puisse chacun de nous avoir Christ pour sagesse, pour justice, pour sainteté et pour rédemption !
Mais tandis que Paul annonçait l’Évangile, que les âmes croyaient et étaient sauvées, et que l’Assemblée s’accroissait, l’ennemi veillait, et bientôt il s’efforça, là comme ailleurs, d’entraver l’œuvre du serviteur de Dieu. Les Juifs furent encore les instruments dont il se servit. Il y avait alors, comme gouverneur romain sur la province d’Achaïe, dont Corinthe était la ville principale, un proconsul du nom de Gallion. C’était un homme lettré, d’un caractère doux, et frère du célèbre philosophe Sénèque, dont les écrits de morale existent encore. Les Juifs incrédules, toujours remplis de haine contre le nom de Jésus et contre son fidèle serviteur Paul, se saisirent de ce dernier et le traînèrent devant le tribunal du proconsul.
Ils ne l’accusèrent pas, cette fois, en prétendant que Paul s’élevait contre l’autorité romaine, mais, comme leur religion était reconnue par les Romains, ils dirent au proconsul : « Cet homme persuade aux hommes de servir Dieu contrairement à la loi ». Les Romains avaient des lois très sévères contre ceux qui introduisaient de nouvelles religions, et les Juifs espéraient que Paul serait condamné à cause de cela. Mais ici leur haine les servit mal. Gallion était un incrédule, plus exactement un de ces hommes auxquels les choses de Dieu sont complètement indifférentes. Pour lui, c’étaient des questions de paroles et de noms. Il était établi, dit-il, pour rendre la justice quand il s’agissait de crimes et de délits, mais non pour trancher des questions religieuses. Et en cela il avait raison. Paul aurait voulu ouvrir la bouche, non pour se défendre, sans doute, mais afin de profiter de l’occasion pour annoncer l’Évangile ; mais le proconsul, après avoir déclaré qu’il ne voulait pas être juge de ces choses, les renvoya tous avec mépris.
Partout les Juifs étaient détestés des païens comme un peuple qui affectait de se tenir à part des autres. Les Juifs avaient raison de ne pas se mêler aux mauvaises pratiques du paganisme, mais tout en se séparant avec dédain des païens, leur vie morale témoignait contre eux, comme Paul le leur reproche dans son épître aux Romains. Ils se vantaient de connaître Dieu et de posséder sa loi, et ils transgressaient cette loi et déshonoraient Dieu de toute manière, en sorte qu’à cause d’eux, le nom de Dieu était blasphémé parmi les nations (Romains 2:17-24). Avec cela, ils persécutaient les serviteurs de Christ. Aussi l’apôtre prononce-t-il contre eux cette parole solennelle : « Ils ne plaisent pas à Dieu et sont opposés à tous les hommes » (1 Thessaloniciens 2:15). Et ils estimaient être religieux ! Rien n’est plus odieux à Dieu qu’une profession de religion, s’il n’y a pas la réalité dans le cœur et dans la conduite.
Quand la foule des païens qui entourait le tribunal et attendait la sentence, eut vu le mépris avec lequel Gallion avait chassé les Juifs, ils donnèrent cours à leur haine contre eux, saisirent Sosthène, le nouveau chef de la synagogue, celui qui, sans doute, avait porté la parole pour accuser Paul, et se mirent à l’accabler de coups. Et que fit Gallion sous les yeux duquel cela se passait ? Rien ; que lui importait qu’un misérable Juif fût battu. Il avait tort, car il devait la justice à tous, mais Dieu qui s’était servi de l’indifférence religieuse de Gallion pour délivrer Paul, permettait que, par son manque d’équité, la méchanceté des Juifs retombât sur leur tête.
Paul put donc continuer encore assez longtemps l’œuvre bénie de l’Évangile, l’annonçant aux pécheurs, instruisant et encourageant les saints. Puis, il prit congé des frères et se rendit, avec ses amis Aquilas et Priscilla, à Éphèse où nous le retrouverons.
Paul revint plus tard à Corinthe, mais nous n’avons aucun détail sur cette visite. Depuis Éphèse, il écrivit deux lettres à l’assemblée de Corinthe. Elles sont parmi les plus longues que nous ayons de lui, et traitent de sujets très importants. Elles complètent ce que la parole de Dieu nous dit des Corinthiens, aussi en dirons-nous quelques mots.
L’apôtre avait été informé par des frères venus de Corinthe, que beaucoup de mal s’était introduit dans l’assemblée. Au lieu d’être tous bien unis, il y avait parmi eux des partis. L’un se vantait d’être de Pierre (ou Céphas), l’autre de Paul, un troisième d’Apollos (*). Faute de vigilance, un de ceux qui faisaient partie de l’assemblée était tombé et vivait dans une immoralité révoltante, et on le tolérait. Sous prétexte de liberté, on s’associait aux fêtes païennes. Quelques-uns mettaient en doute l’apostolat de Paul. Le désordre s’était introduit dans les réunions de l’assemblée : les femmes prétendaient y parler, la cène était profanée, les dons de langues et la connaissance étaient un sujet de vanterie, il n’y avait plus d’édification, car chacun se hâtait de parler, même plusieurs à la fois, et, de plus, de subtiles erreurs relatives à la résurrection avaient cours dans l’assemblée.
(*) Nous dirons plus loin un mot sur ce serviteur de Dieu.
Quel triste tableau pour une assemblée de Dieu ! Que fera Paul ? Son cœur était profondément affligé, mais se confiant en Dieu qui avait appelé les Corinthiens à la communion de son Fils Jésus Christ et qui est fidèle, il leur écrivit pour réveiller leur conscience et les ramener dans le droit chemin et à une conduite propre à glorifier le Seigneur. Et c’est ainsi que, pour tous les temps, la sagesse et la bonté de Dieu ont pourvu, dans ces épîtres, à ce qu’il faut à l’Église pour la diriger dans sa marche ; car, nous dit-il, ce qu’il écrit est aussi pour « tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom du Seigneur Jésus Christ » (1 Corinthiens 1:2). Parcourons donc quelques-uns des enseignements que Paul donne aux Corinthiens, et qui s’adressent aussi à nous.
Il nous apprend d’abord ce qu’était l’assemblée des chrétiens dans un endroit. C’était l’Assemblée de Dieu, tout autant que l’Assemblée universelle composée de tous les croyants. C’était le temple de Dieu, car le Saint Esprit y habitait. Quelle sainteté ne fallait-il donc pas qu’il y eût dans une telle assemblée ! Aussi le méchant, l’homme qui se disait frère et vivait dans le péché, devait en être exclu. L’Assemblée était le corps de Christ, lui-même étant la Tête. Les croyants en étaient les membres, et étaient unis à Christ par le Saint Esprit. Chaque membre a donc sa fonction, son utilité, et tous ont à concourir au bien des autres, sans rivalité, sans jalousie.
La cène du Seigneur, mémorial de sa mort jusqu’à son retour, se célèbre dans l’Assemblée. C’est la communion de son sang, la portion de ceux qui sont rachetés par son sang précieux ; c’est la communion de son corps livré pour nous. Le seul pain partagé entre tous rappelle que ceux qui y participent sont membres du seul corps de Christ. Aux vrais croyants, et à eux seuls, appartient donc le privilège de rompre le pain, de prendre la cène.
Les dons de grâce, tels que l’enseignement, la prophétie, les langues, etc., s’exerçaient dans l’Assemblée, non par le moyen d’un ministère établi par les hommes ou par l’Église, mais l’Esprit opérait, distribuant comme il lui plaisait, donnant à l’un la parole de sagesse, à l’autre la parole de connaissance. Mais tout devait se faire en vue de l’utilité, pour l’édification et avec ordre. Et au-dessus de tout devait régner l’amour.
La marche individuelle est aussi le sujet des exhortations de l’apôtre. Il faut se séparer du mal et vivre dans la pureté, car le chrétien est membre de Christ, et son corps est le temple du Saint Esprit. Nous avons donc à glorifier Dieu dans notre corps. Le chrétien doit éviter les procès et souffrir plutôt qu’on lui fasse tort. Il faut fuir l’idolâtrie ; ne pas participer aux festins et aux fêtes des idolâtres, car c’est participer à la table des démons. Nous n’avons plus d’idolâtres autour de nous, comme il y en avait alors, mais un chrétien peut-il s’associer au monde, à ses fêtes et à ses plaisirs ? Non, car il ne doit toucher à rien d’impur, ni de souillé. En tout, le chrétien doit s’efforcer de n’être en scandale ni à l’Assemblée, ni au monde. Il doit être imitateur de Christ.
Enfin, quant à l’erreur de quelques-uns des Corinthiens qui prétendaient qu’il n’y avait pas de résurrection, l’apôtre établit d’abord le fait indubitable que Christ est ressuscité, ajoutant que, sans cela, nous serions encore dans nos péchés. Puis il montre que si Christ est ressuscité, il s’ensuit que les saints ressusciteront aussi. En Adam, tous meurent ; en Christ, tous seront rendus vivants. Nous avons porté l’image du terrestre, d’Adam, avec des corps corruptibles qui sont poussière ; nous porterons l’image du céleste, Christ, avec des corps incorruptibles. La chair et le sang, c’est-à-dire nos corps corruptibles, tels qu’il sont maintenant, ne peuvent aller dans le ciel, hériter du royaume de Dieu. Mais l’apôtre nous révèle un grand mystère caché jusqu’alors : « Nous ne nous endormirons (ou mourrons) pas tous », dit-il, « mais nous serons tous changés : en un instant, en un clin d’œil, à la dernière trompette, car la trompette sonnera et les morts seront ressuscités incorruptibles, et nous, nous serons changés. Car il faut que ce corruptible revête l’incorruptibilité, et que ce mortel revête l’immortalité ».
Voilà les précieux enseignements que Paul donna aux Corinthiens, et Dieu a voulu qu’ils nous fussent conservés, parce qu’ils s’appliquent aussi à nous. Ils nous conduisent jusqu’au glorieux avenir qui attend les chrétiens ; car il n’est question ici que des croyants. Quand ces choses auront-elles lieu ? Bientôt, quand le Seigneur viendra et appellera ses bien-aimés. Alors, étant « tous changés », rendus propres pour le ciel, il les y introduira.
Re: Forum Religion Catholique
Travaux de Paul à Éphèse
En quittant Corinthe, Paul se rendit en Asie, dans la grande ville d’Éphèse, sur l’emplacement de laquelle il n’y a plus aujourd’hui qu’un village, mais dont les ruines attestent l’ancienne splendeur. Elle était surtout célèbre depuis longtemps par un temple magnifique dédié à la fausse divinité Artémis (ou Diane), que l’on disait déesse de la chasse et des forêts et présidant aussi au cours de la lune. Plus de trois siècles avant l’époque où Paul prêchait l’Évangile, le temple de Diane avait été brûlé par un insensé qui voulait ainsi s’acquérir un nom illustre, mais on l’avait reconstruit avec une splendeur plus grande que la première. Les Éphésiens prétendaient que ce temple renfermait une image de la déesse, qui était tombée du ciel. La superstition s’était emparée de ce fait et, en bien des lieux, au près et au loin, on vénérait la grande Diane d’Éphèse. L’amour du gain y avait aussi trouvé son compte. Nombre d’ouvriers en argenterie fabriquaient des images en argent du temple de Diane et gagnaient beaucoup, en les vendant aux dévots qui y attachaient une idée superstitieuse.
Quelle folie ! dirons-nous. Hélas ! de nos jours, au sein de la chrétienté, nous trouvons des choses semblables dans une église qui prétend être la seule vraie, et dont les temples splendides renferment une foule d’idoles. Et ce qu’il y a de plus triste et de plus affreux en même temps, c’est que ces idoles sont honorées sous les noms de la vierge Marie ou des apôtres du Seigneur, et que souvent elles représentent de prétendus saints, ou même des hommes dont l’existence est douteuse. Que penser du fait qu’en plus d’une de ces églises on montre des images de la vierge que l’on prétend aussi être descendues du ciel ? Voilà ce qu’est devenue sur la terre la pure et sainte Assemblée de Dieu ! Et de nos jours, comme aux jours de Paul, combien d’artistes et d’artisans employés à la fabrication de crucifix richement ornés, d’images de saints, d’objets pieux, comme on les nomme ! Quel profit ne tirent pas de leur vente nombre de marchands ! C’est une idolâtrie plus horrible que celle des anciens temps, parce qu’elle se couvre du nom de Christ. Ah ! le cœur de l’homme est resté le même et l’exhortation du vieil apôtre Jean est toujours de saison : « Enfants, gardez-vous des idoles ! »
En même temps que le paganisme, il régnait à Éphèse une autre superstition, un autre mal qui se rattache au premier. On s’occupait beaucoup de magie, c’est-à-dire de pratiques par lesquelles on prétendait connaître les choses cachées de la nature et du monde invisible, deviner et prédire l’avenir. Cette science, faussement ainsi nommée, s’enseignait dans quantité de livres auxquels on attachait une grande valeur et dont certains, très célèbres, portaient le nom « d’écrits éphésiens ». Ne savons-nous pas combien il y a, de nos jours aussi, de ces astrologues, voyants, cartomanciennes et de spirites qui disent être en communion avec le monde invisible, avec les âmes des morts ? Toutes ces choses sont formellement condamnées par la parole de Dieu, et nous ne saurions en avoir une assez grande horreur.
Tel était l’état d’Éphèse, lorsque Paul y vint. Il n’y séjourna pas longtemps cette fois. II voulait se rendre à Jérusalem, mais il promit aux Juifs avec lesquels il avait discouru dans la synagogue, et qui voulaient le retenir, qu’il reviendrait vers eux. Il laissait cependant des disciples dans cette grande ville dans la personne d’Aquilas et Priscilla, et peut-être d’autres s’y trouvaient-ils déjà, sans que nous sachions par qui l’Évangile leur avait été apporté.
Durant l’absence de Paul, il se passa à Éphèse un fait intéressant. On y voit comment le Seigneur choisissait et préparait lui-même, en employant souvent d’humbles instruments, les ouvriers qu’il envoyait ensuite travailler à son œuvre.
Il vint à Éphèse un Juif originaire de la grande ville d’Alexandrie en Égypte, célèbre par ses écoles de philosophie, de sciences et de littérature. Ce Juif, nommé Apollos, avait peut-être fait des études dans sa ville natale, où se trouvaient des milliers de ses coreligionnaires. Quoi qu’il en soit, c’était un homme éloquent et puissant dans les Écritures, c’est-à-dire qu’il les connaissait bien et savait exposer et appliquer avec force ce qu’elles enseignent. Les Écritures, c’était l’Ancien Testament qui seul existait alors. Apollos avait une certaine connaissance du Seigneur Jésus, mais il n’était pas allé plus loin que ce que Jean le Baptiseur enseignait à ses disciples. Il reconnaissait donc Jésus comme le Messie, le Christ qui avait été annoncé par les prophètes, et avait sans doute appris sa mort et sa résurrection. Mais il ignorait les grands résultats de l’ascension du Seigneur et de l’envoi de l’Esprit Saint, les précieuses vérités qui s’y rattachent, et les glorieux privilèges qui en découlent pour le croyant. L’accomplissement des promesses de Dieu à son peuple dans la personne de Jésus, remplissait son cœur, de sorte qu’avec ferveur d’esprit, il parlait, enseignant diligemment les choses qui concernaient Jésus, selon les lumières qu’il avait.
Lorsqu’un homme est sincère devant Dieu et qu’il fait bon usage de ce qu’il a reçu, étant disposé à se laisser enseigner, Dieu ajoute à ce qu’il a déjà (Marc 4:25). C’est ce qui eut lieu pour Apollos. Comme il parlait avec hardiesse dans la synagogue, Aquilas et Priscilla l’entendirent et reconnurent bientôt ce qui lui manquait en fait de connaissance de la vérité divine. Ils le prirent chez eux et lui expliquèrent plus exactement « la voie de Dieu », c’est-à-dire ce que Dieu a opéré par Jésus pour le salut des pécheurs et pour les introduire auprès de Lui dans la jouissance de la vie éternelle. L’homme savant et éloquent ne regarda pas comme au-dessous de lui d’être le disciple des humbles faiseurs de tentes ; il profita à leur école, et Dieu bénit leurs enseignements. Apollos devint un zélé serviteur de Jésus.
Apollos s’étant senti appelé à aller à Corinthe, qui était dans la province d’Achaïe, les frères d’Éphèse écrivirent aux disciples de cette contrée et les exhortèrent à le recevoir. C’était une lettre de recommandation, telle que les assemblées du Seigneur la donnent encore aujourd’hui à un frère ou une sœur qui se rendent dans une assemblée où ils sont étrangers. Ainsi se montre et se maintient la communion des saints entre eux, car ils sont membres du même corps, le corps de Christ ; ainsi est manifesté le grand fait de l’union et de la solidarité des assemblées. Apollos étant arrivé en Achaïe, et étant allé à Corinthe, Dieu, dans sa grâce, se servit de lui pour faire avancer les croyants dans la connaissance de Jésus, les affermir dans la vérité, et les défendre contre les raisonnements des Juifs. Avec sa grande connaissance des Écritures, il réfutait publiquement ceux-ci avec une grande force, leur démontrant par les Écritures mêmes que Jésus était le Christ, le Messie promis et attendu.
Apollos avait beaucoup travaillé à Corinthe ; Dieu, par son moyen, y avait fait du bien aux âmes, puis Apollos était retourné à Éphèse. Mais l’ennemi, Satan, avait semé parmi les croyants corinthiens un esprit de parti, comme nous l’avons vu. Les uns se réclamaient de Paul, les autres de l’éloquent Apollos. Aussi quand Paul, revenu à Éphèse, le pria d’aller à Corinthe, sans doute pour être en aide aux Corinthiens dans les difficultés où se trouvait l’assemblée, Apollos refusa de s’y rendre, au moins pour le moment, craignant peut-être d’attiser l’esprit de parti par sa présence. Plus tard, nous retrouvons Apollos en Crète en compagnie de Zénas, docteur de la loi, que nous ne connaissons que par cette mention. Paul écrivant à Tite qu’il avait laissé en Crète, lui recommande d’avoir soin de ces deux serviteurs de Dieu, et de veiller à ce que rien ne leur manque (Tite 3:13). Là se termine dans la parole de Dieu, l’histoire de l’éloquent Apollos. Il a servi dans son temps aux desseins de Dieu, et aura sa récompense ; mais, malgré ses talents, il n’a pas, comme serviteur, la même place que Paul qui, extérieurement du moins, avait moins d’apparence.
Paul revint donc plus tard à Éphèse, après avoir traversé différentes provinces de l’Asie mineure, fortifiant tous les disciples par ses enseignements et ses exhortations. À son arrivée à Éphèse, il se passa un fait qui nous rappelle une vérité d’une très grande importance. L’apôtre y rencontra des disciples dont le langage, sans doute, le surprit comme trahissant une certaine ignorance du christianisme. Il leur dit donc : « Avez-vous reçu l’Esprit Saint après avoir cru ? ».
Il faut nous rappeler que le trait essentiel du christianisme, ce qui l’a inauguré, après la mort et la résurrection du Sauveur et son ascension glorieuse, c’est la descente de l’Esprit Saint qu’il a envoyé du ciel pour être à jamais avec les siens. Il forme l’Assemblée et y demeure, elle est ainsi l’habitation de Dieu, et il habite aussi dans chaque croyant dont le corps est le temple du Saint Esprit. Quiconque a entendu la parole de la vérité, l’Évangile du salut, et qui y a cru, est scellé du Saint Esprit de la promesse (*). C’est le caractère du chrétien : l’Esprit Saint habite en lui. La question de Paul revenait donc à ceci : « Êtes-vous vraiment des chrétiens ? ».
(*) Jean 14:16 ; Éphésiens 2:22 ; 1 Corinthiens 6:19 Éphésiens 1:13, 14.
Les disciples furent bien étonnés en l’entendant. Ils répondirent : « Nous n’avons pas même ouï dire si l’Esprit Saint est ». Ils ne mettaient pas en doute l’existence du Saint Esprit, car l’Ancien Testament en parle en maints endroits, et Jean le Baptiseur, dont ils étaient disciples, l’avait aussi mentionné. Mais ils ignoraient ce grand fait que, le jour de la Pentecôte, l’Esprit Saint était venu pour demeurer sur la terre dans l’Assemblée et en chaque croyant. Combien n’y a-t-il pas aujourd’hui de personnes qui professent être chrétiennes, et qui ignorent, ou ont oublié, ou ne tiennent pas compte de cette grande vérité ! C’est cet Esprit qui rend témoignage avec notre esprit que nous sommes enfants de Dieu, qui nous scelle pour le jour de la rédemption, qui nous fait jouir des choses divines, qui nous guide dans la vérité, et qui est notre force pour nous conduire sainement.
Paul dit alors à ses disciples : « De quel baptême donc avez-vous été baptisés ? ». Car s’ils avaient reçu le baptême chrétien, celui qui se donne en vue de Christ et de sa mort, ils auraient eu connaissance de la venue de l’Esprit Saint. Aussi répondirent-ils : « Du baptême de Jean ». Alors l’apôtre leur dit : « Jean a baptisé du baptême de la repentance, disant au peuple qu’ils crussent en celui qui venait après lui, c’est-à-dire en Jésus ». Jean le Baptiseur annonçait la venue de Christ, et prêchait la repentance, afin que l’on fût préparé à le recevoir. Ceux qui se repentaient étaient baptisés en vue de cela. Le baptême chrétien est la figure de la mort avec Christ, il est le signe de l’introduction de l’Assemblée chrétienne sur la terre ; il était donné aux croyants. Ces disciples encore ignorants mais sincères, furent sans doute heureux d’entendre la bonne nouvelle du salut par la foi en Christ ; ils la reçurent et furent baptisés pour le nom du Seigneur Jésus. Ensuite, Paul leur imposa les mains, et l’Esprit Saint vint sur eux. Sa présence se manifesta aussitôt, comme elle s’était montrée le jour de la Pentecôte dans les disciples, plus tard chez les Samaritains, et ensuite chez Corneille et les siens. Ils parlèrent des langues étrangères et prophétisèrent. Les dons miraculeux, signes extérieurs de la puissance du Saint Esprit, n’existent plus, c’est toujours le privilège de chaque chrétien de posséder le Saint Esprit, dont la puissance se fait sentir dans le cœur et agit dans la vie. « Si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, celui là n’est pas de lui », écrivait l’apôtre Paul aux Romains (Romains 8:9).
Après sa rencontre avec les disciples de Jean, auxquels il avait fait connaître plus exactement la vérité chrétienne, Paul se mit à enseigner dans la synagogue. Pendant trois mois, il parla avec hardiesse, persuadant ses auditeurs « des choses du royaume de Dieu ».
Qu’est-ce que le royaume de Dieu ? Ce n’est pas actuellement quelque chose de visible, comme les royaumes de la terre, mais c’est l’autorité de Dieu établie dans les cœurs de ceux qui croient à l’Évangile, à la bonne nouvelle du salut par notre Seigneur Jésus Christ, le Roi de ce royaume. C’est ainsi que l’apôtre rend « grâces au Père qui nous a rendus capables de participer au lot des saints dans la lumière ; qui nous a délivrés du pouvoir des ténèbres, et nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour, en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés » (Colossiens 1:12-13). Ceux qui font partie de ce royaume ne sont pas assujettis à l’observation de cérémonies et de règles extérieures, comme c’était le cas pour les juifs, car le royaume de Dieu… est justice, et paix, et joie dans l’Esprit Saint » (Romains 14:17). L’esprit de Dieu donne aux croyants de marcher dans une vraie justice, car ils ont « revêtu le nouvel homme, créé selon Dieu en justice et sainteté de la vérité », et il remplit leurs cœurs de la paix de Dieu et d’une joie pure. Ce sont les avant-goûts du ciel. Un homme pécheur, dans son état naturel, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Il lui faut être lavé de ses péchés par le sang du Seigneur Jésus, pour avoir une nature pure et sainte comme celle de Dieu. C’est pour cela que le Seigneur disait à Nicodème : « Si quelqu’un n’est né d’eau et de l’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu ».
Paul annonça donc sans entraves pendant trois mois, dans la synagogue, ce qui concerne le royaume de Dieu. Mais au bout de ce temps, l’inimitié du cœur naturel de l’homme contre Dieu se réveilla. L’apôtre rencontra de la part de plusieurs des Juifs l’opposition qu’ils avaient montrée partout. Le cœur naturel aime mieux les choses du monde que celles du royaume de Dieu, et il préfère une religion terrestre et de formes, à la vérité qui découvre à l’homme son état de péché, de ruine et d’impuissance, et ne lui laisse de ressources que dans la grâce de Dieu.
Ces Juifs qui avaient entendu la bonne nouvelle et n’avaient pas cru, s’endurcissaient et se rebellaient contre Dieu. C’est ce qui arrive toujours quand on résiste à la vérité. Et non seulement ils repoussaient le salut pour eux-mêmes, mais cherchaient à en détourner d’autres en disant du mal des chrétiens devant la multitude. Que devait faire Paul devant l’opposition méchante des Juifs ? Il ne pouvait rester avec eux, ni laisser les disciples parmi eux. La parole de Dieu enseigne qu’il faut se séparer du mal et des méchants. Paul se retira donc, laissant les Juifs rebelles à leur incrédulité, comme il avait dû le faire à Corinthe. Il sépara aussi d’avec eux les disciples, et, au lieu d’enseigner dans la synagogue, il continua son œuvre d’évangélisation dans l’école d’un homme nommé Tyrannus. Nous ne savons rien d’autre sur ce dernier. Peut-être était-il un disciple ; en tout cas, il n’était pas opposé aux chrétiens, et nul doute que ce fût pour lui une bénédiction d’avoir donné son école pour l’œuvre du Seigneur, car Dieu tient compte de tout ce qui est fait pour Lui.
De cette manière, l’assemblée à Éphèse fut nettement et ouvertement séparée de la synagogue et des Juifs. Et dans cette école de Tyrannus, l’apôtre, non plus seulement les jours de sabbat, mais tous les jours durant deux ans, annonça la parole de Dieu. Quelle grande et sainte activité, n’est-ce pas ? Ah ! c’est que Christ était tout pour Paul. Pour lui, vivre c’était Christ, le Fils de Dieu qui l’avait aimé et s’était livré lui-même pour le sauver. Aussi mettait-il tout son bonheur à travailler pour ce précieux Sauveur. Il ne se lassait pas, sa vie même ne lui était pas précieuse, pourvu qu’il accomplit son service pour Jésus, en proclamant l’Évangile de la grâce de Dieu. Puisse-t-il en être ainsi de nous ! Nous ne pouvons sans doute pas avoir le même champ de travail, mais si nous connaissons et goûtons l’amour de Jésus, s’il remplit notre cœur, nous pourrons, même dans la vie la plus humble, travailler pour le Seigneur.
Une grande bénédiction fut le résultat du travail de Paul. La parole du Seigneur se répandit non seulement à Éphèse, mais dans toute la province d’Asie ; et tous ceux qui y demeuraient l’entendirent, tant Juifs que Grecs. Et Dieu, pour confirmer la prédication de son serviteur, faisait des miracles extraordinaires par le moyen de Paul. On portait sur des infirmes des mouchoirs et des tabliers qui avaient touché son corps, et les malades étaient guéris et les esprits malins sortaient du corps des possédés.
Il se passa donc à Éphèse deux faits remarquables : l’un montrait que la puissance que Paul déployait contre les démons était bien celle de Dieu et de Jésus, et le second fait voir la puissance de la parole de Dieu sur le cœur et la conscience de ceux qui la recevaient.
Il y avait des Juifs qui faisaient métier de délivrer des esprits malins ceux qui en étaient possédés. Ils usaient pour cela de certaines pratiques et de paroles magiques. Réussissaient-ils, nous ne le savons pas. Le Seigneur Jésus parlait à ces gens-là, lorsque, accusé par les pharisiens de chasser les démons par le prince des démons, il répondit : « … vos fils, par qui les chassent-ils ? » (Matthieu 12:27). À Éphèse se trouvaient sept fils d’un nommé Scéva, principal sacrificateur juif, qui couraient çà et là pour exercer ce métier d’exorcistes, ou conjureurs. Ayant vu que l’apôtre chassait les esprits malins en invoquant le nom de Jésus, il essayèrent de faire comme lui, en disant aux possédés : « je vous adjure par Jésus que Paul prêche ». Deux d’entre eux étant entrés dans une maison où était un démoniaque, lui parlèrent ainsi. Mais on ne peut se servir du saint nom de Jésus comme d’une formule magique, ce serait le profaner. C’était par la foi en Jésus, en sa puissance, que Paul et les autres apôtres accomplissaient des miracles. Aussi l’esprit malin, par la bouche du possédé, répondit aux exorcistes : « Je connais Jésus et je sais qui est Paul ; mais vous, qui êtes-vous ? ». Le démon reconnaissait l’autorité du Seigneur et la puissance qu’il donnait à son fidèle serviteur, mais des incrédules n’avaient aucun pouvoir sur lui. Au contraire, c’est le démon qui se montre plus fort qu’eux. Avec cette vigueur qui, au temps de Jésus, faisait que nul ne pouvait dompter un démoniaque, même en le liant de chaînes (Marc 5:3, 4), l’homme possédé se jeta sur les deux exorcistes et les maltraita de telle sorte qu’ils s’enfuirent de la maison nus et blessés. Que peut l’homme pécheur contre la puissance satanique ? Jésus seul a pu vaincre le diable et délivrer ceux que le diable opprimait.
Ce fait vint à la connaissance de tous ceux qui demeuraient à Éphèse, Juifs et Grecs, et ils furent saisis de crainte. Il leur était évident que c’était bien la puissance de Dieu qui agissait par le moyen de Paul ; or l’homme, en présence de Dieu, craint toujours. Mais en même temps, le nom du Seigneur Jésus était glorifié.
Le second fait nous montre la puissance de la parole de Dieu sur la conscience de ceux qui avaient cru, et la réalité de leur foi. Plusieurs, saisis aussi par le sentiment de la présence de Dieu, n’eurent pas honte de venir confesser et déclarer quelle avait été leur vie passée, lorsqu’ils vivaient loin de Dieu, assujettis au pouvoir de Satan et esclaves de leurs convoitises. Ils glorifiaient ainsi le grand amour de Dieu et sa riche miséricorde qui était venue les chercher et les sauver par Christ. Plusieurs autres qui s’étaient adonnés aux coupables pratiques de la magie, voyant bien que ce n’étaient que des séductions de Satan, apportèrent leurs livres qui traitaient de ces choses, et les brûlèrent devant tous. Ils faisaient ainsi une confession publique de leur foi et de leur renoncement aux œuvres mauvaises. C’était une grande perte pour eux — une perte d’environ cinquante mille pièces d’argent, car ces livres avaient un grand prix. Mais, ayant compris que le chrétien ne peut s’associer à rien de ce qui est de Satan, ils firent joyeusement ce sacrifice.
Quelques lecteurs penseront qu’au lieu de brûler ces livres, on aurait pu les vendre et en consacrer le prix à de bonnes œuvres, par exemple à soulager les pauvres ? Mais ces livres n’auraient-ils pas fait du mal à ceux qui les auraient achetés ? Les vendre, c’était répandre le poison. Puisqu’ils étaient mauvais, le feu était tout ce qui leur convenait, et plût à Dieu que ce fût le sort de tous les mauvais livres. « C’est avec une telle puissance », dit l’écrivain du livre des Actes « que la parole du Seigneur croissait et montrait sa force ».
Puissent-elle aussi montrer sa force sanctifiante au milieu de nous ! Puissent tous ceux qui lisent ces lignes, et surtout les jeunes gens, faire une sérieuse attention à leurs lectures. Il y a de nos jours une magie, une séduction de Satan bien terrible. D’innombrables livres excitent et souillent l’imagination et le cœur ; poison subtil qui perd les âmes. Dieu veuille nous en garder ! Fuyons-les comme une peste.
Ici se terminent les travaux de Paul à Éphèse, où fut établie une assemblée nombreuse et marchant avec le Seigneur.
Re: Forum Religion Catholique
L’émeute populaire à Éphèse — La fraction du pain
Comme nous l’avons dit, Paul avait achevé ses travaux à Éphèse, et l’on peut dire qu’il avait terminé son ministère et son activité comme évangéliste et missionnaire. Paul ne cessa sans doute pas de travailler pour le Seigneur, et bien que nous ne sachions rien par les Écritures des dernières années de sa vie, ni rien de sa mort, nous pouvons être sûrs que, jusqu’à son dernier jour, libre ou dans les chaînes, il glorifia le Seigneur Jésus et rendit témoignage à son nom. Mais le livre des Actes ne nous le montre plus, comme précédemment, allant de lieu en lieu évangéliser les Juifs et les païens, là où le nom du Seigneur n’était pas connu. Lorsqu’on construit un bâtiment, on commence par établir des fondations solides. L’Assemblée de Dieu est comparée à un édifice, et Paul, partout où il avait été, en avait posé le fondement, le seul vrai et solide fondement, c’est-à-dire Jésus-Christ (1 Corinthiens 3:10-11). L’Église était fondée. En une quantité de lieux des assemblées locales furent établies, et maintenant le cher serviteur de Dieu allait être appelé à glorifier son Seigneur d’une autre manière.
Paul se proposait, en quittant Éphèse, de passer par la Macédoine et l’Achaïe, afin d’y visiter les assemblées. Ensuite, il voulait aller à Jérusalem pour la fête de la Pentecôte. Ne pensons pas qu’il s’agisse ici du jour que l’on nomme ainsi maintenant. Nulle part, dans le Nouveau Testament, nous ne voyons que l’Esprit Saint ait établi des fêtes pour les chrétiens. Celles que l’on célèbre dans la chrétienté sont des institutions purement humaines. La Pentecôte, pour laquelle Paul désirait être à Jérusalem, était l’une des trois grandes fêtes juives que l’Éternel lui-même avait instituées pour rassembler son peuple autour de Lui (Deutéronome 16:16). Aussi longtemps que le temple subsista, les Juifs célébrèrent ces fêtes et dans ces occasions, ils venaient en foule à Jérusalem. Paul, qui aimait sa nation, pensait sans doute pouvoir profiter de ce grand concours de monde pour annoncer l’Évangile à ses frères.
Il avait encore une autre pensée : « Après cela », disait-il en parlant de sa visite à Jérusalem, « il faut que je voie aussi Rome ». Il vit Rome, en effet, mais autrement qu’il ne l’avait pensé : il y alla comme prisonnier pour le Seigneur.
Un dernier fait qui se passa à Éphèse nous est encore raconté. Satan est comparé à un lion rugissant, cherchant qui il pourra dévorer (1 Pierre 5:8). Il déploie une activité incessante contre les saints et contre les ouvriers du Seigneur, et s’efforce, par tous les moyens possibles, d’entraver l’œuvre de ceux-ci et même de les faire périr, s’il le peut. C’est ce qu’il tenta à Éphèse avant le départ de Paul.
Dans la ville d’Éphèse, comme nous l’avons dit, se trouvait un magnifique temple dédié à la fausse divinité Artémis ou Diane. Nombre d’ouvriers étaient occupés à en faire des copies en argent qui se vendaient avec un grand profit. Un certain Démétrius, qui faisait le commerce de ces objets de superstition, voyant le nombre des chrétiens s’augmenter beaucoup, comprit que c’était la ruine de son industrie et de ses gains. Il assembla donc tous les artisans qui travaillaient à ces ouvrages et leur dit : « Ô hommes, vous savez que notre bien-être vient de ce travail ; et vous voyez et apprenez que non seulement à Éphèse, mais presque par toute l’Asie, ce Paul, usant de persuasion, a détourné une grande foule, disant que ceux-là ne sont pas des dieux, qui sont faits de main ». Quel beau témoignage ce païen rendait à l’activité de Paul et aux résultats de ses travaux ! Démétrius ajoutait : « Non seulement il y a du danger pour nous que cette partie (leur industrie) ne tombe en discrédit, mais aussi que le temple de la grande déesse Diane ne soit plus rien estimé ». On voit avec quelle habileté il faisait appel à l’amour du gain et à la superstition, ces grands mobiles du cœur de l’homme.
Son discours produisit son effet. La foule en colère se souleva, en criant : « Grande est la Diane des Éphésiens ! ». Tous se précipitèrent dans le théâtre, vaste enceinte découverte où se donnaient les jeux publics et où se tenaient les assemblées populaires. Ils entraînaient avec eux Gaïus et Aristarque, compagnons de voyage de Paul. Celui-ci voulait se présenter devant le peuple, espérant sans doute profiter de la circonstance pour annoncer l’Évangile, car, ainsi qu’il le disait, sa vie ne lui était point précieuse, pourvu qu’il servît son Seigneur. Mais les disciples, craignant pour lui, ne voulurent pas le laisser aller. Quelques-uns même des magistrats, hommes riches et influents qui étaient ses amis, le firent prier de ne pas s’aventurer dans ce tumulte. Paul céda à leurs prières.
Les Juifs, de leur côté, craignant d’être confondus avec les chrétiens, poussaient en avant un certain Alexandre, afin qu’il parlât au peuple. Mais celui-ci, ne faisant aucune distinction entre Juifs et chrétiens, dès qu’il eut reconnu la nationalité d’Alexandre, cria plus fortement : « Grande est la Diane des Éphésiens ! »
Durant près de deux heures, ces cris se firent entendre dans cette assemblée tumultueuse. C’est ainsi que se soulève l’orage des passions humaines, sous l’action du prince de ce monde qui conduit les hommes, dans leur aveuglement, pour les faire servir à ses fins. Un grand nombre de ceux qui étaient là ne savaient même pas pourquoi ils étaient assemblés.
Qui peut seul calmer ces flots agités, et empêcher ainsi le mal qui en serait résulté pour les disciples et sans doute pour Paul ? Dieu, qui commande aux vagues et dit à la mer : « Tu viendras jusqu’ici, et n’iras pas plus loin » (Job 38:11) ; Dieu, à qui tout obéit, et qui tient les cœurs comme les flots dans les mains de sa puissance. Il emploie pour cela différents moyens. Cette fois, ce fut le secrétaire de la ville, l’homme d’autorité et de bon sens, duquel Dieu se servit pour calmer, par des paroles de sagesse, la foule irritée. Tout s’apaisa ainsi et, sous l’action de Dieu qui veille sur les siens, le danger fut écarté et la tentative de Satan déjouée.
Le tumulte ayant cessé, Paul, accompagné de quelques amis, partit et se rendit en Macédoine, où il fortifia les disciples par ses exhortations, puis il vint en Grèce, où il séjourna trois mois. De là, il voulait s’embarquer pour aller en Syrie, mais les Juifs lui ayant dressé des embûches, il retourna par la Macédoine et s’embarqua là pour gagner la Troade, contrée de l’Asie où s’élevait autrefois la fameuse ville de Troie. On voit tout ce à quoi le cher serviteur du Seigneur était exposé. Ainsi qu’il le dit : « Dans les périls de la part de mes compatriotes, dans les périls de la part des nations » (2 Corinthiens 11:26), il poursuivait sa course, travaillant pour Jésus qu’il aimait.
Arrivés en Troade, Paul et ses compagnons y demeurèrent quelques jours. Le premier jour de la semaine était arrivé. Ce jour est celui que nous appelons le dimanche ou le jour du Seigneur. Il ne faut pas le confondre avec le jour du sabbat qui est le septième de la semaine, et avec lequel les chrétiens n’ont rien à faire. Le sabbat est le jour que le Seigneur, mis à mort par les méchants, passa dans le tombeau ; le dimanche est le jour glorieux où il ressuscita. C’est le jour des chrétiens. Pour eux, le sabbat n’est plus. En ce premier jour de la semaine donc, les disciples de la Troade étaient rassemblés le soir dans une chambre haute, et Paul et ses amis étaient avec eux. Quel était l’objet de cette réunion ? Était-ce pour être avec Paul et pour l’entendre ? Non ; c’était pour être tous ensemble, Paul comme les autres, avec le Seigneur, rassemblés autour de Lui et pour rompre le pain. Nous savons ce que cela signifie : c’est prendre ensemble la Cène ou souper du Seigneur, que lui-même a instituée avant sa mort ; c’est manger le pain qui rappelle son corps donné pour nous, et boire le vin qui nous fait souvenir de son sang versé sur la croix pour nous sauver. Et en faisant cela ensemble, les chrétiens affirment qu’ils sont rachetés par Jésus et membres de son corps, qui est l’Assemblée. En même temps, ils annoncent la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne. Le Seigneur Jésus a voulu ainsi que ses bien aimés rachetés se souviennent du grand amour dont il les a aimés, et se rappellent qu’ils ont à s’aimer aussi les uns les autres. Quel heureux rassemblement ! Quelle fête déjà sur la terre ! Elle fait penser à ce moment bienheureux où les saints dans le ciel seront autour de l’Agneau immolé et célébreront ses louanges.
Paul était parmi ces disciples. C’était sans doute une joie et un bonheur pour eux de le voir et de l’entendre, mais ce n’était pas pour cela qu’ils s’étaient rassemblés. Ils étaient là, nous le répétons, lui et eux, pour être avec le Seigneur et se souvenir de Lui. Et, de nos jours, quel doit être le but des chrétiens en se rassemblant le premier jour de la semaine ? N’est-ce pas comme autrefois d’être autour du Seigneur Jésus, à sa table, pour se souvenir de Lui, et pour adorer ensemble, par le Saint Esprit, le Père et son Fils bien-aimé ? C’est là le vrai culte. Puissions-nous le célébrer comme les chrétiens de la Troade !
2.16.9 - Les adieux de Paul à l’Assemblée d’Éphèse
Bien des traits intéressants de la vie de l’apôtre Paul nous sont encore rapportés dans le livre des Actes. Mais ce n’est pas son histoire que nous avons à suivre, c’est celle de l’Assemblée de Dieu que, comme évangéliste et missionnaire, il contribua si puissamment à établir, et dont il fut serviteur pour l’édifier. Nous ne parlerons donc de Paul qu’en ce qui concerne l’Assemblée que lui-même avait tant à cœur.
Après avoir quitté la Troade, l’apôtre et ses compagnons se rendirent à Milet, ville de l’Asie mineure, à quelque distance au sud d’Éphèse. Il fit venir là les anciens de l’assemblée de cette dernière ville pour leur faire ses adieux. Et nous pouvons bien dire que les paroles qu’il leur adressa comme derniers avertissements sont pour toute l’Assemblée de Dieu jusqu’à la fin. Combien le Seigneur est bon de les avoir donnés par son cher serviteur qui avait tellement à cœur la gloire de son Maître, le bien de l’Assemblée et le salut des pécheurs !
Paul avait le sentiment que son service comme évangéliste et missionnaire était à son terme. « Je m’en vais à Jérusalem », disait-il aux anciens d’Éphèse, « ignorant les choses qui m’y doivent arriver, sauf que l’Esprit Saint rend témoignage de ville en ville, me disant que des liens et de la tribulation m’attendent ». Et c’est ce qu’il trouva à Jérusalem. Mis en prison, par suite de la haine des Juifs, puis envoyé à Césarée au gouverneur romain, après plus de deux ans de captivité, il fut enfin conduit à Rome pour y paraître devant l’empereur. Il rendit ainsi témoignage à Christ devant les grands de la terre, mais c’était dans les liens. Des âmes furent sauvées par son ministère, tandis qu’il était en prison, témoin l’esclave Onésime ; mais ce n’était plus aller de lieu en lieu annoncer l’Évangile et établir des assemblées. L’Assemblée de Dieu était fondée sur la terre, en grande partie par son travail, et elle n’avait plus qu’à croître.
Ensuite Paul ajoutait : « Je sais que vous tous, parmi lesquels j’ai passé en prêchant le royaume de Dieu, vous ne verrez plus mon visage. « De cette captivité au-devant de laquelle il marchait, il ne devait plus revenir. Il avait dit précédemment : « Il faut aussi que je voie Rome », mais ce fut comme prisonnier qu’il alla dans cette grande ville. Mais il ne se mettait en peine de rien, il ne faisait aucun cas de sa vie, pourvu qu’il achevât avec joie et sa course et le ministère qu’il avait reçu du Seigneur Jésus. Il aimait Christ, le Fils de Dieu, qui s’était donné pour lui ; tout ce qu’il désirait, c’était de le servir jusqu’à la fin. Oh ! que nous fussions animés du même esprit que Paul.
Sachant donc qu’il ne les verrait plus, il avait à cœur de presser les anciens, surveillants du troupeau, établis pour cela par l’Esprit Saint, de prendre soin de l’Assemblée de Dieu. Combien elle est précieuse aux yeux de Dieu, cette Assemblée ! Paul le faisait ressortir en disant : « Laquelle il a acquise par le sang de son propre Fils ». Dieu voulait avoir sur la terre une Assemblée qui Lui appartînt en propre, tirée du monde, formée pour le ciel. Mais pour cela, il fallait que ceux qui la composent fussent lavés de leurs péchés. Et son propre Fils s’est offert pour accomplir cette œuvre, en souffrant et mourant sur la croix. « Il nous a lavés de nos péchés dans son sang ». « Christ a aimé l’Assemblée et s’est livré lui-même pour elle » (Apocalypse 1:5 ; Éphésiens 5:25). Comme cela est beau ! C’est cette Assemblée que Christ se présentera un jour à Lui-même, dans le ciel, glorieuse, sans tache ni ride, pour être avec Lui éternellement.
Mais en attendant elle chemine sur la terre, entourée d’ennemis et de dangers, comme quelqu’un qui traverse une sombre forêt où des brigands rôdent et où des bêtes féroces cherchent leur proie. L’apôtre avait soigneusement veillé sur l’Assemblée, mais il allait partir, être mis en prison, bientôt quitter ce monde, et il voyait les dangers que courrait cette Assemblée si chère à son cœur. « Je sais », dit-il aux anciens, « qu’après mon départ il entrera parmi vous des loups redoutables qui n’épargneront pas le troupeau ! et il se lèvera d’entre vous-mêmes des hommes qui annonceront des doctrines perverses pour attirer les disciples après eux ». Il y aurait des ennemis venant du dehors, et des ennemis surgis du dedans. Et c’est ce qui eut lieu. Il ne fallut pas longtemps après le départ de Paul, pour que s’introduisissent dans l’Église des faux docteurs qui la ruinèrent.
Qu’y avait-il à faire ? L’apôtre recommande aux surveillants de veiller comme lui-même n’avait cessé de le faire. Mais hélas ! ils s’endormirent ou furent gagnés par le mal, et la conséquence fut que les loups ravagèrent le troupeau et que les mauvaises doctrines prévalurent dans l’Assemblée. Elle fut ruinée. C’est ce que sa triste histoire nous apprend. Que restait-il donc ? L’apôtre le dit, et nous montre la ressource qui ne peut manquer et qui est pour tous les temps. C’est Dieu et sa Parole. « Je vous recommande », dit Paul, « à Dieu, et à la parole de sa grâce, qui a la puissance d’édifier et de vous donner un héritage avec tous les sanctifiés ». Et maintenant que l’Assemblée sur la terre est ruinée, divisée, déchirée, c’est ce qui nous reste : Dieu et sa Parole, suffisants pour nous rassembler, nous édifier, nous inspirer jusqu’au bout. Que Dieu est grand et bon ! Quand, par la faute de l’homme, tout manque, Lui se présente et dit : Me voici, comptez sur moi ! attachez-vous à moi seul ! Voici ma Parole, suivez-la !
Paul, après ces exhortations et bien d’autres que nous ne mentionnons pas, parce qu’elles ne se rapportent pas aussi directement à l’Assemblée, se mit à genoux et pria avec eux tous, les recommandant à son Dieu. On peut s’imaginer la douleur qui remplissait leur cœur. Tous versaient beaucoup de larmes à la pensée que c’était la dernière fois qu’ils voyaient l’apôtre bien-aimé, qui, à travers tant de peines, de travaux et de périls, leur avait apporté l’Évangile de la grâce de Dieu. C’est une chose agréable au Seigneur que nous aimions ses chers serviteurs ; Paul recommandait aux Thessaloniciens de « les estimer très haut en amour à cause de leur œuvre » (1 Thessaloniciens 5:12-13), et cette exhortation nous regarde aussi. Les amis de Paul étaient affligés surtout parce qu’ils n’avaient plus l’espérance de le revoir sur cette terre. Le Seigneur ne nous défend pas de pleurer lorsque nous quittons ceux que nous aimons, mais il ne faut jamais oublier qu’il y a un lieu de rendez-vous pour tous ceux qui aiment le Seigneur Jésus. C’est le ciel, la maison de son Père. Les anciens d’Éphèse et tous ceux qui ont été convertis par le moyen de Paul, ont été le rejoindre dans le paradis. Ils sont là, en attendant la résurrection glorieuse. Serons nous avec Paul et tous les saints, quand Jésus reviendra ?
Paul n’oublia pas ses chers amis d’Éphèse. Plus tard, à Césarée, prisonnier pour le Seigneur, il leur écrivit du fond de sa prison une lettre où se trouvent pour notre instruction les grandes et précieuses vérités relatives à l’Assemblée. Nous ne pouvons les présenter en détail, mais nous en dirons cependant quelques mots.
Comme il l’avait fait dans l’épître aux Corinthiens, il enseigne aux Éphésiens que l’Assemblée, composée de tous les vrais croyants, depuis la descente du Saint Esprit jusqu’à l’enlèvement des saints, est un corps dont Christ est la Tête. Cela veut dire que tous ceux qui croient au Seigneur Jésus et sont sauvés Lui sont unis et sont unis les uns aux autres, par le Saint Esprit, aussi étroitement que les membres d’un corps humain sont unis à la tête et les uns aux autres et forment ainsi un tout. N’est-ce pas une belle et précieuse vérité ? Par l’Esprit Saint, c’est la vie même de Christ qui coule en nous d’en haut, de même que la vie circule de notre tête dans tous nos membres (*).
(*) À tout instant sur la terre, l’ensemble des croyants est le corps dont Christ est la tête ; c’est le point de vue de 1 Corinthiens 12. Au premier chapitre des Éphésiens, c’est l’ensemble de tous les croyants dans la gloire.
Paul montre aussi que, dans l’Assemblée, il n’y a plus de distinction de nationalités. Les Juifs n’y sont plus un peuple privilégié. Ils sont sur un même pied que les nations, ayant besoin de la même grâce et du même Sauveur. Mais c’était un mystère que les prophètes et les saints de l’Ancien Testament n’avaient pas connu. Il a été révélé par Paul, auquel Dieu l’a fait connaître.
Ensuite, l’apôtre enseigne que l’Assemblée est l’habitation de Dieu sur la terre par le Saint Esprit. Avez-vous jamais pensé que Dieu eût une demeure ici-bas, non pas faite de pierres matérielles, mais composée de ceux qui appartiennent à Christ ? C’est une demeure plus belle aux yeux de Dieu que le temple de Salomon dans toute sa splendeur. Chacun des vrais croyants est une des pierres de ce merveilleux édifice.
Et puis, nous apprenons que cette Assemblée, Christ l’a aimée, s’est livré pour elle, et veut se la présenter pure, sans tache et glorieuse. Où sera-ce ? Dans le ciel, lorsque seront célébrées les noces de l’Agneau avec l’Assemblée, son épouse. Alors tous les habitants du ciel s’écrieront : Alléluia ! Réjouissons-nous et tressaillons de joie ! Bienheureux ceux qui auront part à cette fête glorieuse ! En attendant ce moment, Christ purifie l’Assemblée ; il la soigne, la nourrit et la chérit.
Enfin, l’apôtre exhorte les Éphésiens, et tous les croyants avec eux, à mener une vie sainte, comme imitateurs de Dieu et ses bien-aimés enfants, et comme scellés par l’Esprit Saint qui est en eux, et qu’il ne faut pas attrister. Puis il leur recommande de revêtir toute l’armure de Dieu pour résister au diable. Que Dieu nous donne, en lisant cette épître, de saisir les grandes et précieuses vérités qu’elle renferme, et de les réaliser dans notre cœur et notre vie.
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Paul, prisonnier, est envoyé à Rome
Nous dirons en quelques mots ce qui arriva au grand apôtre Paul, après qu’il eut fait ses adieux aux anciens de l’Assemblée d’Éphèse. Cela termine ce que l’Esprit de Dieu nous rapporte dans les Écritures, et de l’histoire de l’Assemblée sur la terre, et de l’histoire de celui qui fut le principal instrument pour la fonder.
Paul s’embarqua à Milet avec ses amis qui l’accompagnaient, et, après quelques jours de navigation, aborda à la ville de Tyr, autrefois si fameuse par son commerce, ses richesses et sa puissance maritime, et dont il est déjà parlé dans le livre de Josué (*). Il s’y trouvait une assemblée chrétienne, et Paul s’y arrêta sept jours. Les disciples avertissaient Paul, par l’Esprit, de ne pas aller à Jérusalem ; malgré cela, il continua sa route par mer et arriva à une ville nommée Ptolémaïs, où il resta un jour avec les frères qui y habitaient. De là, il poursuivit son voyage par terre jusqu’à Césarée.
(*) Josué 19:29. Voyez pour ce qui concerne Tyr : 2 Chroniques 2 ; Ésaïe 23 ; Jérémie 25:22 ; Ézéchiel 26-28.
On se rappelle que c’est dans cette ville que le centurion Corneille fut converti par le ministère de l’apôtre Pierre, et que fut établie la première assemblée tirée des nations. Nous ne savons pas si Corneille était encore à Césarée quand Paul y vint, mais l’apôtre y trouva un autre serviteur de Dieu dont nous avons parlé. C’est Philippe l’évangéliste. Quelle joie ce fut sans doute pour ces deux ouvriers du Seigneur qui travaillaient et combattaient dans le même champ, de se rencontrer ! Paul et ses compagnons allèrent demeurer dans cette maison chrétienne et y restèrent plusieurs jours. Le Seigneur donnait ainsi à son cher apôtre quelques moments de repos et de communion fraternelle avec les saints, avant les nouvelles luttes qui l’attendaient. Quel tendre soin le Seigneur prend des siens ! (voyez Marc 6:31)
Tandis que Paul était à Césarée, un prophète nommé Agabus y vint et, par l’Esprit Saint, annonça que les Juifs, à Jérusalem, s’empareraient de Paul et le livreraient aux nations. Entendant ces paroles, tous les disciples de Césarée et les compagnons de Paul se mirent à le supplier de ne pas aller à Jérusalem. Mais Paul leur dit : « Que faites-vous en pleurant et en brisant mon cœur ? Car pour moi, je suis prêt, non seulement à être lié, mais encore à mourir à Jérusalem pour le nom du Seigneur ». C’était vrai ; l’apôtre faisait volontiers le sacrifice de sa vie pour Christ, mais ayant été averti deux fois par l’Esprit Saint, devait-il courir au-devant de ce sort qui l’attendait ? Il semble bien qu’avec tout son dévouement de cœur, Paul suivait en cela sa propre pensée. Nous apprenons ainsi comment les plus éminents serviteurs de Dieu peuvent manquer, et cela avec des motifs qui leur paraissaient légitimes. Mais le Seigneur ne laisse pas pour cela ceux dont le cœur est réellement tout à Lui, quoiqu’ils puissent se tromper. Il veille sur eux et fait tourner à bien même leurs fautes.
Paul partit donc et arriva à Jérusalem. Il n’y était pas depuis longtemps, quand des Juifs d’Asie venus sans doute comme lui pour la fête, l’ayant vu dans le temple, se jetèrent sur lui, ameutèrent le peuple contre lui, sous prétexte qu’il avait profané le saint lieu en y amenant des païens, et ils l’auraient mis en pièces, si l’officier romain préposé pour maintenir l’ordre ne fût accouru avec des soldats et ne l’eût tiré de leurs mains. Mais en même temps, croyant avoir affaire à un malfaiteur, il donna l’ordre de le lier de deux chaînes. Ainsi s’accomplit ce que l’Esprit Saint avait annoncé par le prophète Agabus.
Paul fut conduit en prison, après avoir vainement essayé de convaincre les Juifs de la vérité de sa mission, en leur racontant sa conversion. Quelques jours plus tard, pour le soustraire aux embûches des Juifs qui voulaient le tuer, l’officier romain, nommé Claude Lysias, l’envoya sous bonne escorte à Césarée, au gouverneur romain Félix. Voilà Paul entre les mains des nations. Que deviendra-t-il ? Le Seigneur ne laisse jamais ses serviteurs. Avant que Paul fût conduit à Césarée, au moment où ses ennemis mortels complotaient contre lui, le Seigneur, durant la nuit, vint lui-même, se tint près de son disciple, et lui dit : « Aie bon courage ; car comme tu as rendu témoignage des choses qui me regardent, à Jérusalem, ainsi il faut que tu rendes aussi témoignage à Rome ». Le Seigneur avait ses desseins. Il voulait, suivant ce qu’il avait dit lors de la conversion de Paul, que celui-ci portât son nom devant les gouverneurs et les rois, et c’est ce qui arriva. C’est comme prisonnier que l’apôtre va rendre témoignage devant les grands de la terre !
Le gouverneur Félix avait épousé une femme juive, et, sans doute par elle, avait-il quelque connaissance de la voie — c’est ainsi qu’on désignait les disciples du Seigneur. Il voulut entendre Paul sur ce qui regarde la foi en Christ. Mais le serviteur de Dieu, qui avait à cœur le salut des âmes des pécheurs, ne voulait pas satisfaire une vaine curiosité. Il s’adressait à la conscience qui, une fois réveillée, conduit le pécheur à la voie du salut, si le pécheur lui-même ne s’endurcit pas. Il parla à l’orgueilleux gouverneur romain de la justice, de la tempérance et du jugement à venir qui attend les injustes et ceux qui satisfont les convoitises de la chair. Qu’était Félix ? Sans doute, comme le grand nombre de ses contemporains, injuste et corrompu. La parole sérieuse de l’apôtre l’atteignit ; la pensée d’un jugement à venir l’effraya ; mais au lieu de s’écrier : « Que faut-il que je fasse pour être sauvé ? » il renvoya Paul en lui disant : « Pour le présent, va-t’en ; quand je trouverai un moment convenable, je te ferai appeler ». Ce moment vint-il jamais ? Nous ne le voyons pas. Félix aimait l’argent et la faveur des hommes. En quittant son gouvernement, après deux ans écoulés, il laissa Paul en prison pour plaire aux Juifs ; preuve qu’il avait étouffé la voix de sa conscience. Il avait manqué volontairement le moment favorable, le jour du salut, et qu’est-il devenu ? Dieu le sait. « Aujourd’hui, si vous entendez la voix du Seigneur, n’endurcissez pas votre cœur », tel est l’avertissement divin nous invitant à ne pas remettre à demain de répondre à son appel.
Le successeur de Félix, nommé Porcius Festus, voulait aussi plaire aux Juifs. Ceux-ci vinrent auprès de lui accuser le prisonnier et réclamer son jugement. Festus proposa donc à Paul, sur leur demande, de le faire conduire à Jérusalem pour y être jugé. Mais Paul connaissait trop bien les dangers qu’il courrait là, au milieu de ses ennemis acharnés. Pour y échapper, il en appela, comme citoyen romain, au tribunal suprême de César, l’empereur romain. Il fut donc résolu par Festus et son conseil, qu’il serait envoyé à Rome. Le gouverneur était ainsi tiré d’un grand embarras.
Mais avant le départ de Paul, il se trouva que le roi juif Agrippa, avec sa femme Bérénice, vint à Césarée pour saluer Festus. Celui-ci leur parla de son étrange prisonnier. Agrippa exprima le désir d’entendre aussi cet homme qui, tout faible et chétif d’apparence, était cependant bien connu par l’œuvre que Dieu lui avait donné d’accomplir. « Demain », dit Festus au roi, « tu l’entendras ».
Et le lendemain, le roi et la reine étant venus en grande pompe, avec Festus, les principaux officiers et les grands de la ville, le pauvre prisonnier juif lié de chaînes fut amené devant ce brillant auditoire. Quel contraste aux yeux des hommes ! Mais de quel côté était la vraie grandeur ? Du côté de Paul, si humble parût-il, car le Seigneur était avec lui. De l’autre, c’était le monde et sa vaine pompe, avec son chef. Oui, rappelons-nous que la gloire du monde n’est rien, et que la vraie gloire, c’est d’être avec Dieu, fût-on le plus pauvre des hommes.
Agrippa ayant donné la parole à Paul, celui-ci raconta ce qu’il avait été dans sa jeunesse, la vision céleste qu’il avait eue, sa conversion et la mission qu’il avait reçue du Seigneur d’annoncer l’Évangile, afin d’ouvrir les yeux des pécheurs, « pour qu’ils se tournent des ténèbres à la lumière, et du pouvoir de Satan à Dieu ; pour qu’ils reçoivent la rémission des péchés et une part avec ceux qui sont sanctifiés, par la foi en Jésus ». « Ne disant rien d’autre », ajoute Paul, « que ce que les prophètes et Moïse ont annoncé devoir arriver, savoir qu’il fallait que le Christ fût soumis aux souffrances, et que, le premier par la résurrection des morts, il devait annoncer la lumière et au peuple et aux nations ».
L’incrédule païen Festus, entendant ces paroles de Paul, n’y voyait que folie. « Tu es hors de sens, Paul », s’écria-t-il. Mais Paul répondit : « Je ne suis point hors de sens, très excellent Festus… Le roi a la connaissance de ces choses, et je parle hardiment devant lui, car je suis persuadé qu’il n’ignore rien de ces choses ; car ceci n’a point été fait en secret ». Et se tournant vers le roi, il en appelle directement à lui, et s’écrie : « Ô roi Agrippa ! crois-tu aux prophètes ? Je sais que tu y crois ». Quel pressant appel ! Quelle ferveur de cœur ! Aussi le roi se sent-il ébranlé. L’interpellation directe et ardente de Paul lui arrache cet aveu « Tu me persuaderas bientôt d’être chrétien ». Hélas c’est peu, ce n’est rien que d’être à peu près persuadé. C’était la preuve qu’Agrippa résistait et ne voulait pas céder à la puissance de la vérité. Où sont maintenant ces grands de la terre ? Le pauvre prisonnier, lié de chaînes, avait un trésor et un bonheur qu’eux ne connaissaient pas, et il pouvait s’écrier devant eux : « Plût à Dieu que non seulement toi, mais aussi tous ceux qui m’entendent aujourd’hui, vous devinssiez de toutes manières tels que je suis, hormis ces liens ». Il n’enviait point leur sort, et il aurait voulu leur faire partager son bonheur, la connaissance de Christ, pour lequel il avait fait la perte de tout.
Où est Paul le prisonnier ? Avec Christ, attendant la résurrection de vie et de gloire. Où sont Festus l’incrédule et Agrippa le presque persuadé ? Ah ! qui peut le dire ? Avec qui, ô lecteur, voulez-vous avoir votre part ?
Paul dut donc partir pour Rome, où il devait aussi rendre témoignage devant César. Il fut remis, avec d’autres prisonniers, sous la garde d’un centurion nommé Jules. De fidèles amis continuèrent d’accompagner l’apôtre. Dieu inclina aussi le cœur du centurion envers son serviteur. Il le traita avec égards et avec bonté. Mais la navigation fut longue et périlleuse, et se termina par un naufrage près de l’île de Malte. Le navire fut perdu, mais tous les hommes furent sauvés : Dieu les avait donnés à Paul, et c’est à cause de lui qu’ils furent épargnés. Durant les jours pénibles de la tempête, l’apôtre, toujours calme et paisible, parce que le Seigneur était avec lui, avait encouragé et soutenu l’équipage. Au milieu de tous les orages et les dangers, l’enfant de Dieu peut être tranquille. Que craindrait-il ? Son Père veille sur lui. Est-ce votre cas ? Quand luit l’éclair et que gronde le tonnerre, pouvez-vous dire : « Dieu est notre refuge et notre force, un secours dans la détresse, toujours facile à trouver. C’est pourquoi nous ne craindrons point » ? (Psaume 46:1-2).
Les naufragés durent passer trois mois dans l’île de Malte, en attendant le départ d’un vaisseau qui allait à Rome. Les voyages ne se faisaient pas alors aussi rapidement que de nos jours. Mais ce temps ne fut pas perdu. Paul et ses amis avaient reçu l’hospitalité chez un des principaux de l’île, nommé Publius. Le père de ce Publius était gravement malade et souffrait beaucoup. Paul pria pour lui, lui imposa les mains et le guérit. Mais dès que le bruit de ce miracle se fut répandu, tous les malades de l’île vinrent, et Dieu, par le moyen de son serviteur, les guérit aussi. Et nous ne pouvons douter que l’apôtre, en accomplissant ces guérisons, n’annonçât aussi Jésus, au nom duquel il les faisait. Ainsi le naufrage de Paul devint une bénédiction pour les Maltais. L’Évangile leur fut annoncé. C’est ainsi qu’un chrétien fidèle, partout où il va, dans quelques circonstances que ce soit, répand « la bonne odeur de Christ », comme le disait l’apôtre de lui-même (2 Corinthiens 2:14-15).
Enfin, Paul et ses compagnons partirent pour Rome, la grande ville qui dominait sur les rois de la terre, la capitale du vaste empire romain, établie « sur des peuples et des foules et des nations et des langues » (Apocalypse 17:18, 15). Dieu y avait déjà fait porter l’Évangile et une assemblée s’y était formée. Quels avaient été les instruments dont il se servit, nous l’ignorons, mais dans sa lettre écrite aux Romains depuis Corinthe, assez longtemps auparavant, Paul mentionne un grand nombre de saints, et, parmi eux, Aquilas et Priscilla, chez lesquels se réunissait l’assemblée. Dans cette lettre adressée à tous les bien-aimés de Dieu qui sont à Rome, Paul leur disait : « Demandant toujours dans mes prières, si en quelque manière il me sera accordé par la volonté de Dieu d’aller vers vous. Car je désire ardemment de vous voir ». Maintenant, son désir allait être accompli, mais autrement qu’il ne l’avait pensé quand il écrivait sa lettre. Alors il était libre, il pensait pousser bien loin ses travaux dans l’Évangile et leur disait : « Je me rendrai en Espagne ». « Je vous verrai à mon passage ». Au lieu de cela, il venait comme prisonnier dans les liens pour Christ. C’est ainsi que Dieu dirige les choses autrement que nous ne le pensons, mais tout est pour sa gloire et notre bien. Paul avait dit aux chrétiens de Rome : « Je sais qu’en allant auprès de vous, j’irai dans la plénitude de la bénédiction de Christ », et ce ne sont pas les liens ni la prison, qui empêchent de jouir pleinement de la bénédiction de Christ et d’en faire jouir les autres.
Les chrétiens de Rome, avertis de l’arrivée de Paul et de ses compagnons, vinrent à leur rencontre assez loin de la ville. Beaucoup d’entre eux, la plupart sans doute, n’avaient jamais vu le cher serviteur de Dieu, mais ils savaient combien il avait travaillé et souffert pour Christ, et leurs cœurs lui étaient attachés. Qu’il est beau de voir des hommes qui ne se sont jamais vus, se reconnaître, s’aimer et s’accueillir ! C’est ce qui devrait toujours avoir lieu entre chrétiens, car ils sont de la même famille, enfants du même Dieu, ayant la même vie, la vie éternelle, unis au même Sauveur par le même Esprit. Les liens qui unissent les chrétiens sont des liens d’amour, et s’expriment en tout temps, en tout lieu. « À ceci », disait Jésus, « tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour entre vous » (Jean 13:35).
Paul voyant ces chers amis venus pour le recevoir, rendit grâces à Dieu et prit courage. Après tant de dangers, il était sain et sauf à Rome. Dans son constant amour pour sa nation, il fit venir auprès de lui les principaux des Juifs, afin de leur expliquer pourquoi il avait été forcé d’en appeler à César. Mais, ajouta-t-il, je n’ai à porter « aucune accusation contre ma nation ». Ensuite, les ayant convoqués un autre jour, il leur annonça l’Évangile, « rendant témoignage du royaume de Dieu, … cherchant à les persuader des choses concernant Jésus, et par la loi de Moïse, et par les prophètes ». Les uns reçurent ces paroles, les autres ne crurent pas. Paul déclare à ceux-ci : « Sachez donc que ce salut de Dieu a été envoyé aux nations, et eux écouteront ». Ces pauvres Juifs se privaient ainsi de la bénédiction. Prenons garde de ne pas faire comme eux.
Paul avait écrit dans sa lettre aux Romains : « Je suis tout prêt à vous annoncer l’Évangile, à vous aussi qui êtes à Rome », et c’est ce qu’il fit. Quoique prisonnier et devant comparaître devant César, il jouissait d’une certaine liberté. Il loua donc un logement où, durant deux ans entiers, sans empêchement, il annonça le royaume de Dieu et ce qui concerne le Seigneur Jésus à tous ceux qui venaient vers lui. Ainsi la parole de Dieu n’était pas liée, et le Seigneur accorda à son serviteur, étreint par son amour, la grâce de pouvoir, même prisonnier, presser des âmes de venir au Sauveur. Et certes, son travail ne fut pas vain. Nous connaissons au moins un des fruits de sa prédication, l’esclave fugitif Onésime, qu’il a « engendré dans les liens », qu’il appelle son enfant et qu’il renvoie à son maître Philémon (*). Dans sa captivité aussi, l’apôtre, inspiré par l’Esprit Saint, écrivit quelques-unes de ses épîtres si utiles en tout temps à l’Assemblée. Telles sont l’épître aux Éphésiens, écrite sans doute de Césarée, et celles aux Philippiens, aux Colossiens et à Philémon, écrites de Rome.
(*) Lire l’épître à Philémon et Colossiens 4:9.
Qu’arriva-t-il ensuite ? Nous l’ignorons. Nous savons que Paul fut mis à mort pour le nom de Jésus. « Pour moi », écrivait-il plus tard à Timothée, lors de sa seconde captivité, « je sers déjà de libation, et le temps de mon départ est arrivé ». Quand et comment Paul mourut-il ? La Parole ne nous le dit pas. C’est avec la fin du livre des Actes, que se termine ce que la parole de Dieu nous dit de l’histoire suivie de l’assemblée et de celui qui fut un si puissant instrument pour l’établir.
Mais l’Assemblée, l’Église, ainsi établie, a continué sa course sur la terre. Son histoire est bien triste, car elle a été défigurée par les fautes des hommes ; sa beauté a disparu, elle n’est plus qu’une ruine. Toutefois le Seigneur Jésus ne la laisse pas. Et le temps vient où, dans le ciel, débarrassée de toute souillure, il la présentera glorieuse et l’unira à Lui comme son Épouse chérie.
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La fin des apôtres Paul et Pierre
Avant de continuer l’histoire de l’Assemblée de Christ sur la terre, nous dirons encore quelques mots sur les apôtres que le Seigneur avait choisis et envoyés pour annoncer l’Évangile. Nous n’avons plus pour nous guider le récit que Dieu lui-même nous a donné par la plume de Luc dans les Actes, mais ce que nous rapportent des écrivains anciens qui, comme tous les hommes, ont pu parfois se tromper ou être mal renseignés.
L’apôtre Paul avait été conduit à Rome comme prisonnier pour être jugé par l’empereur auquel il en avait appelé. Il resta là durant deux ans, dans une captivité relativement douce. Il demeurait, gardé par un soldat, dans un logement qu’il avait loué, recevant tous ceux qui venaient vers lui, annonçant le royaume de Dieu et enseignant les choses qui regardent le Seigneur Jésus Christ, avec hardiesse et sans aucun empêchement, et son ministère porta des fruits. Il était entouré de plusieurs de ses amis et compagnons d’œuvre, tels que Luc, Épaphras, Marc, Démas, et d’autres ; il recevait des envoyés des assemblées lointaines, comme Épaphrodite, par exemple, venu de Philippes pour apporter à l’apôtre les dons de la part des Philippiens, qui avaient à cœur de pourvoir aux besoins de Paul, et il écrivait ses belles et précieuses épîtres aux Philippiens, aux Colossiens et à Philémon, lettres qui resteront pour l’instruction et l’édification de l’Église de Dieu jusqu’à la fin.
Ainsi, cette captivité de l’apôtre ne ralentissait pas son activité pour le service du Seigneur. Le cœur qui aime Jésus trouve toujours le moyen de s’employer pour Lui dans toutes les circonstances, que l’on soit en santé ou en maladie, libre ou captif, pauvre ou riche, jeune ou vieux. Comme Paul le disait : « Christ sera magnifié dans mon corps, soit par la vie, soit par la mort ; car pour moi, vivre c’est Christ » (Philippiens 1:20-21).
Après ces deux années, Paul fut mis en liberté. Sans doute que les accusations portées contre lui par les Juifs ne furent pas trouvées suffisantes par l’empereur pour motiver une condamnation. Déjà le gouverneur Festus et le roi Agrippa en avaient jugé ainsi. Que fit l’apôtre, une fois libre ? D’après plusieurs passages de ses épîtres, on peut voir qu’il visita les assemblées en Grèce et en Asie, et l’on pense qu’il alla aussi en Espagne, comme il en avait depuis longtemps le désir. C’est pendant cette courte période de liberté qu’il écrivit sa première épître à son cher fils Timothée et celle à Tite, pour leur donner des directions sur la manière « dont il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’Assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité » (1 Timothée 3:15).
Paul retourna à Rome. Dans quelle occasion et de quelle manière, nous l’ignorons, mais ce fut pour y retrouver la captivité. Mais cette fois, ce n’était pas comme citoyen romain, en ayant appelé à César, qu’il était en prison. C’était comme chrétien, c’est-à-dire comme faisant partie de cette secte haïe maintenant, non seulement des Juifs, mais des païens. Aussi sa captivité fut-elle autrement étroite et pénible que la première fois. C’est de là qu’il écrivit sa seconde lettre à Timothée, dans laquelle il lui dit : « J’endure des souffrances, jusqu’à être lié de chaînes comme un malfaiteur » (2 Timothée 2:9). Être chrétien était alors un crime digne de mort, et Paul ne pouvait échapper à la condamnation. Bien qu’après une première comparution devant César, il eût été comme il le dit, « délivré de la gueule du lion », il savait que le temps de son martyre approchait. « Pour moi », écrivait-il à Timothée, « je sers déjà de libation, et le temps de mon départ est arrivé ; j’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi ; désormais m’est réservée la couronne de justice, que le Seigneur juste juge me donnera dans ce jour-là, et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui aiment son apparition » (2 Timothée 4:6-8). C’est là tout ce que Paul attendait désormais. Il avait aimé et servi son Sauveur ; il allait jouir du bonheur d’être avec Lui ; cette couronne de justice ne lui manquerait pas. Et vous, lecteurs, êtes-vous de ceux qui aiment et servent Jésus et qui attendent sa venue ? N’aimerez-vous pas être avec Paul dans la gloire ?
Paul, comme citoyen romain, fut décapité vers l’an 66 ou 67. La date de son martyre n’est pas exactement connue, non plus que les circonstances dans lesquelles il eut lieu. Nous pouvons croire que ce fut avec joie qu’il livra sa tête au bourreau, car si pour lui, « vivre, c’était Christ » ; pour lui aussi, « mourir était un gain ». Il aimait mieux être « absent du corps et présent avec le Seigneur » (2 Corinthiens 5:8).
Et Pierre, que lui arriva-t-il ? Nous avons encore moins de détails sur lui que sur Paul. Après l’époque où Paul vint à Jérusalem pour que la question fût résolue si les nations devaient ou non garder la loi de Moïse (Actes 15), le livre des Actes ne parle plus de Pierre. Nous savons, par l’épître aux Galates, qu’il alla à Antioche (Galates 2:11). Plus tard, nous le trouvons à Babylone qui n’était plus la grande cité dont l’orgueilleux Nebucadnetsar vantait la splendeur, mais elle existait encore et renfermait une grande colonie de Juifs parmi lesquels le christianisme avait pénétré. C’est de là que Pierre écrivit sa première épître aux chrétiens d’entre les Juifs qui étaient dispersés dans les diverses provinces qui composent maintenant l’Asie mineure. C’était un temps de persécution et de grandes souffrances pour ces fidèles. « Bien-aimés », leur dit-il, « ne trouvez pas étrange le feu ardent qui est au milieu de vous… mais, en tant que vous avez part aux souffrances de Christ, réjouissez-vous, afin qu’aussi, à la révélation de sa gloire, vous vous réjouissiez avec transport ». « Si quelqu’un souffre comme chrétien, qu’il n’en ait pas honte, mais qu’il glorifie Dieu en ce nom » (1 Pierre 4:12, 16). L’apôtre encourage ses frères souffrants, en leur rappelant l’exemple de Jésus qui a souffert pour nous, Lui juste pour des injustes, et il les exhorte à marcher dans l’amour, l’humilité et la sainteté, en attendant la révélation de Jésus Christ, c’est-à-dire sa venue en gloire. Si nous n’avons pas à souffrir comme ces premiers chrétiens, le Seigneur nous épargnant ces épreuves, est-ce une raison pour l’aimer moins et Lui être moins fidèles ? Non, assurément. Écoutons ce que dit l’apôtre en parlant de Jésus : « Lequel, quoique vous ne l’ayez pas vu, vous aimez ; et, croyant en lui, quoique maintenant vous ne le voyiez pas, vous vous réjouissez d’une joie ineffable et glorieuse » (Chapitre 1:8). Demandons au Seigneur que cela soit vrai de nous, et alors nous serons pressés d’annoncer par notre vie et nos paroles, « les vertus de Celui qui nous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière » (Chapitre 2:9).
On ne sait pas d’où l’apôtre Pierre écrivit sa seconde épître, mais on voit par son contenu, que, de même que Paul, il s’attendait à être bientôt retiré de ce monde. Comme un berger fidèle à qui le Seigneur avait confié ses brebis (Jean 21:15-17), il avertit encore une fois les saints : « J’estime », dit-il, « qu’il est juste, tant que je suis dans cette tente, de vous réveiller en rappelant ces choses à votre mémoire, sachant que le moment de déposer ma tente s’approche rapidement, comme aussi notre Seigneur Jésus Christ me l’a montré ; mais je m’étudierai à ce qu’après mon départ vous puissiez aussi en tout temps vous rappeler ces choses » (2 Pierre 1:13-15). Et il les met en garde contre les faux docteurs, et contre les incrédules et les moqueurs. Et comme l’apôtre regardait en avant vers le jour de l’avènement de Christ, de même Pierre dirige les regards des chrétiens vers le jour de Dieu auquel la terre et les cieux passeront, où les impies tomberont sous le jugement, mais où les saints auront leur demeure sous des cieux nouveaux et sur une terre nouvelle où la justice habite. Quelle consolation pour les chrétiens persécutés ; quelle espérance pour les croyants en tout temps, mais quel solennel avertissement pour les incrédules !
Il paraît certain que pierre souffrit le martyre à Rome, dans les persécutions qui eurent lieu sous Néron et dont nous parlerons plus tard. Un ancien écrivain, Ambroise de Milan, raconte que les chrétiens de Rome avaient engagé Pierre à fuir de cette ville. L’apôtre se rendait à leur désir, mais comme il atteignait les portes de la ville, il rencontra le Seigneur. « Où vas-tu, Seigneur ? » lui demanda Pierre. « Je vais à Rome », répondit Jésus, « pour y être crucifié de nouveau ». Pierre vit dans ces paroles un reproche, et retourna sur ses pas. Cela peut avoir été une vision, ou n’être qu’une tradition. Quoi qu’il en soit, nous savons que le Seigneur avait dit à Pierre, après son relèvement : « Quand tu étais jeune, tu te ceignais, et tu allais où tu voulais ; mais quand tu seras devenu vieux, tu étendras les mains et un autre te ceindra, et te conduira où tu ne veux pas ». Et l’évangéliste ajoute : « Or Jésus dit cela pour indiquer de quelle mort Pierre glorifierait Dieu » (Jean 21:18-19). Il est généralement admis que Pierre fut crucifié. On raconte que, comme on le conduisait au supplice, il demanda comme une faveur d’être crucifié la tête en bas, ne s’estimant pas digne de souffrir de la même manière que son Seigneur. Sa requête lui fut accordée. La date exacte de sa mort, comme celle de Paul, n’est pas connue ; ce dut être aussi vers l’an 67 ou 68.
Nous dirons plus loin quelques mots sur d’autres apôtres. Nous avons maintenant à voir les premières souffrances qu’eurent à endurer d’une manière générale les chrétiens de la part des païens.
2.19 - La première persécution générale des chrétiens
Quand le Seigneur Jésus, le Fils de Dieu, plein de grâce et de vérité, vint sur la terre, il ne rencontra en général de la part des hommes, que mépris et haine. À la fin de sa vie sainte et pure, il disait avec douleur : « Ils ont, et vu, et haï et moi et mon Père… Ils m’ont haï sans cause » (Jean 15:24-25). Et cette haine ne fut assouvie que lorsqu’ils l’eurent cloué sur la croix.
Les disciples du Seigneur, ceux qui croyaient en son nom et s’attachaient à sa personne, devaient-ils être mieux traités que leur maître ? Non ; le Sauveur leur avait dit : « Parce que… je vous ai choisis du monde, à cause de cela le monde vous hait… L’esclave n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi… » (Jean 15:19-20). Et les disciples en firent bientôt l’expérience. Nous savons comment, dès le commencement de la prédication de l’Évangile, les apôtres furent jetés en prison et fouettés, comment Étienne fut mis à mort, et comment une grande persécution sévit contre les saints à Jérusalem et les dispersa. Nous nous souvenons de l’apôtre Paul qui, persécuteur d’abord, fut ensuite si ardemment poursuivi par la haine des Juifs, lorsqu’il fut devenu serviteur de Jésus Christ.
Mais ces persécutions avaient été jusqu’alors une chose locale. Le pouvoir civil, celui des Romains, ne s’en était pas mêlé. Au contraire, Paul, par exemple, avait pu en appeler à lui pour échapper aux Juifs. Mais les choses changèrent de face, et la puissance redoutable de l’empire qui s’étendait sur tant de peuples et de nations, s’éleva contre les chrétiens et les déclara partout ennemis de l’État. Durant de longues années, avec quelques courts intervalles de répit, les disciples du Seigneur réalisèrent cette parole de leur Maître : « Ils mettront les mains sur vous, et vous persécuteront… Vous serez menés devant les rois et les gouverneurs à cause de mon nom… Et vous serez aussi livrés par des parents et par des frères, et par des proches et par des amis, et on fera mourir quelques-uns d’entre vous » (Luc 21:12-17).
Qu’est-ce qui excitait ainsi les hommes contre les chrétiens ? Pourquoi le gouvernement, au lieu de les protéger, les persécutait-il ? La réponse est claire et simple. La vie pure et sainte des chrétiens était une condamnation perpétuelle des vices et des mauvaises mœurs des païens, des abominations auxquelles ils se livraient, même sous un prétexte religieux. Les disciples de Jésus mettaient en pratique l’exhortation de l’apôtre : « N’ayez rien de commun avec les œuvres infructueuses des ténèbres, mais plutôt reprenez-les » (Éphésiens 5:11), et les hommes s’irritaient contre eux, comme autrefois Caïn contre Abel. Caïn tua son frère, parce que ses œuvres à lui étaient mauvaises et celles de son frère justes. La raison des persécutions a toujours été l’inimitié du cœur contre Dieu, contre Christ qui révèle Dieu, et contre les chrétiens qui manifestent Christ.
Quant au gouvernement romain, il croyait avoir de bonnes raisons pour sévir contre les chrétiens ; en voici quelques-unes.
Rome, la grande ville, qui avait « la royauté sur les rois de la terre », avait ses dieux particuliers, auxquels elle pensait devoir sa grandeur et son pouvoir. Aucun autre Dieu n’était toléré, à moins d’être reconnu légalement. Un des grands écrivains romains dit : « Personne ne doit avoir de dieux particuliers, ni adorer des dieux nouveaux et étrangers, à moins qu’ils ne soient reconnus par les lois publiques ». Or pour les Romains, Jésus était un dieu étranger non reconnu. C’est ce que disaient déjà les philosophes athéniens, après avoir entendu Paul. « Il semble annoncer des divinités étrangères », se répétaient-ils, en l’entendant parler de Jésus et de la résurrection.
Il est vrai que les Romains avaient aussi pour principe de laisser à chaque nation qu’ils avaient soumise, ses coutumes particulières et sa religion. Quand Démétrius et les ouvriers qui étaient avec lui, criaient : « Grande est la Diane des Éphésiens ! » on ne leur en faisait pas un crime, mais bien de troubler l’ordre. Cela nous explique pourquoi les Juifs étaient tolérés et non les chrétiens. Les Juifs formaient un peuple distinct qui avait son Dieu. C’est ce qu’écrivait un philosophe grec du second siècle, grand ennemi des chrétiens : « Les Juifs sont une nation ; ils gardent les institutions sacrées de leur pays, quelles qu’elles puissent être, et, en le faisant, ils agissent comme les autres hommes. Il est juste pour chaque peuple de révérer ses anciennes lois ; mais les abandonner est un crime ». Or les chrétiens n’étaient pas une nation ; ils étaient tirés de toutes les nations et parmi eux se trouvaient même beaucoup de Romains ; en devenant disciples de Christ, ils abandonnaient les dieux particuliers de leur nation et ceux de Rome. Aux yeux de tous les gouvernements, c’était un crime.
L’État, chez les Romains, était pour ainsi dire fondé sur leur religion. Elle se trouvait mêlée à toutes les circonstances de la vie civile et politique. Ne pas reconnaître les dieux, parler contre eux, faire abandonner les temples et les sacrifices, c’était renverser les bases de l’empire. Les images de l’empereur, dressées en divers lieux, devaient être révérées. Refuser de brûler de l’encens en leur honneur, était un crime de lèse-majesté. Or un chrétien ne pouvait s’associer à de tels actes (*), qui étaient l’adoration d’un homme.
(*) Le temps viendra où, d’une manière encore plus formelle, un homme réclamera l’adoration de ceux qui lui seront assujettis (Apocalypse 13:12-17).
Une multitude de personnes, sans compter les prêtres, vivaient de la religion, d’une manière ou d’une autre, comme nous en avons vu un exemple à Éphèse dans l’histoire de Démétrius. À mesure que les chrétiens se multipliaient, la source des gains de ces personnes diminuait, et surtout celle des prêtres des innombrables temples et sanctuaires (*) ; de là une raison de plus pour détester les chrétiens.
(*) Rome seule comptait sept cents temples et des autels sans nombre.
Le culte des disciples du Seigneur formait aussi un contraste complet avec celui des fausses divinités. Aux jours de fêtes de celles-ci, de nombreuses et imposantes processions composées de vieillards vénérables, de jeunes gens dans la force de l’âge, de jeunes filles vêtues de blanc, d’enfants, se formaient et traversaient la ville pour se rendre aux temples des dieux. Là étaient offerts en grande pompe des sacrifices, et l’encens brûlé sur le feu des autels, remplissait les airs de doux parfums. Les chrétiens n’avaient ni temple, ni sacrifices. Ils se réunissaient dans quelque chambre haute pour adorer Dieu en esprit et en vérité ; ils s’exhortaient à l’amour et aux bonnes œuvres, et rompaient le pain entre eux en souvenir de la mort de Christ. En se séparant, ils se donnaient le b..... de paix. Comme ils se rassemblaient d’une manière privée, leurs ennemis en vinrent à prétendre que, dans leurs réunions, ils s’adonnaient à des pratiques abominables, et c’était un nouveau sujet de haine contre eux. Mais un de ceux qui les persécutaient, Pline le jeune, écrivain romain distingué et gouverneur d’une province, est forcé, dans une lettre qu’il écrivait à l’empereur Trajan, de rendre témoignage à la pureté de leurs mœurs.
En même temps que les chrétiens s’abstenaient de participer aux fêtes religieuses païennes, ils évitaient aussi les jeux et les représentations théâtrales qui les accompagnaient d’habitude. À cet égard encore, ils étaient la condamnation vivante de ce qui se pratiquait autour d’eux et qui n’était que manifestation de ce que l’apôtre Jean nomme « la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie » (1 Jean 2:16). Quel effet produisait cette séparation si entière ? D’abord, on prit les chrétiens en pitié, puis on les méprisa, et enfin on en vint à les haïr comme des gens qui troublaient les autres dans leurs jouissances.
Ce qui les faisait encore considérer comme ennemis de l’État, c’est que plusieurs répugnaient à être soldats. À ce propos, un de leurs adversaires écrivait : « L’empereur ne vous punit-il pas avec justice ? En effet, si tous étaient comme vous, qui resterait pour le défendre ? Les barbares se rendraient maîtres du monde, et toute trace, et de votre propre religion même, et de la vraie sagesse, disparaîtrait du milieu des hommes ; car ne croyez pas que votre Dieu suprême descendrait du ciel et combattrait pour vous ».
Une dernière chose qui excitait les esprits contre les chrétiens, c’est que ceux-ci ne pouvaient garder secrètes les saintes vérités qu’ils avaient appris à connaître et qui remplissaient leurs cœurs de paix et de joie. « Allez dans tout le monde, et prêchez l’évangile à toute la création » (Marc 16:15), leur avait dit le Seigneur. « Nous ne pouvons pas ne pas parler des choses que nous avons vues et entendues » (Actes 4:20), disaient les apôtres. « L’amour de Christ nous étreint », disait Paul ; « nous sommes donc ambassadeurs pour Christ » (2 Corinthiens 5:14, 20). Ainsi, ils rendaient témoignage à Dieu et à son amour au milieu d’un monde perdu, et annonçaient « les vertus de celui qui nous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière ». Mais « les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises » (Jean 3:19), et ont de tout temps, d’une manière ou d’une autre, cherché à se débarrasser de ceux qui faisaient briller cette lumière importune.
Je viens de dire les motifs qui agissaient sur les cœurs des hommes pour les porter à persécuter les témoins de Christ, et ces mêmes motifs sont souvent allégués aussi de nos jours pour jeter le blâme sur eux. Mais il ne faut pas oublier qu’il y avait quelqu’un qui poussait les persécuteurs contre les chrétiens. C’était Satan, l’adversaire, le grand ennemi de Dieu et des hommes. Il se servait de toutes les passions, de tous les mauvais sentiments, de tout ce qui se trouve dans le méchant cœur de l’homme, pour chercher, en détruisant les chrétiens, à anéantir la vérité qui sauve. Il est « l’esprit qui opère dans les fils de la désobéissance », le « lion rugissant cherchant qui il pourra dévorer ». Et il s’empara de l’esprit du méchant empereur Néron pour le pousser à persécuter les disciples de Christ (*). Nous allons voir quelle occasion il prit pour le faire.
(*) Dans les derniers et terribles temps qui suivront l’enlèvement des saints pour être avec le Seigneur, Satan chassé du ciel, donnera au chef de l’empire romain qui sera alors rétabli, « sa puissance, son trône et un grand pouvoir », et il fera « la guerre aux saints » (voyez Apocalypse 12:7-9 ; 13:1-7). Néron et ceux qui le suivirent en furent comme les précurseurs.
Une nuit du mois de juillet de l’an 64, éclata dans Rome un incendie terrible. Commencé près du cirque, il étendit bientôt ses ravages de toutes parts, et rien ne put l’arrêter. Excitées par un vent violent, les flammes s’élancèrent dans toutes les directions avec une rapidité inouïe, et bientôt la grande ville ne fut plus qu’une mer de feu. Durant six jours et sept nuits, l’incendie sévit avec fureur. Temples, palais, et maisons, furent réduits en cendres ; une multitude de personnes perdirent la vie, quantité d’autres restèrent sans asile après avoir perdu leurs biens. Des quatorze quartiers que comprenait Rome, quatre seulement restèrent intacts ; trois furent absolument détruits ; les sept autres ne présentaient qu’un amas de ruines. Le feu ne s’arrêta que faute d’aliments, après que l’on fut parvenu à abattre toute une rangée de maisons pour former un vide que les flammes ne purent franchir.
La première stupeur passée, on se demanda quel pouvait être l’auteur ou les auteurs d’un si terrible désastre. Les soupçons du peuple se portèrent sur Néron devenu odieux par ses vices abominables et sa cruauté, lui, meurtrier de sa mère, de son frère et de sa femme. On prétendait l’avoir vu contemplant, du haut d’une tour élevée, l’incendie, en chantant sur sa lyre les vers d’Homère qui décrivent la conflagration de Troie. On alla jusqu’à dire que le feu avait été mis par son ordre, afin qu’il pût jouir de cette vue, et afin d’avoir la gloire de rebâtir la ville sur un nouveau plan et d’y ériger pour lui-même un magnifique palais.
Afin de détourner de lui l’indignation publique, Néron, connaissant la haine du peuple contre les chrétiens, accusa ceux-ci du crime qu’on lui imputait, et les condamna aux plus affreux supplices. L’historien romain Tacite qui, à cette époque, était un enfant, nous en parle. « Néron » dit-il, « chercha des coupables et fit souffrir les plus cruelles tortures à des malheureux que le peuple nommait chrétiens, nom qui leur venait de Christ, condamné à mort sous Tibère, par Ponce Pilate… On commença par saisir ceux qui s’avouaient chrétiens, puis, sur leur déposition, une multitude d’autres. À leur supplice, on ajoutait la dérision ; on les enveloppait de peaux de bêtes et on les faisait déchirer et dévorer par des chiens ; d’autres étaient crucifiés ; d’autres encore, attachés à des pieux, les vêtements et le corps enduits de résine, servaient comme de flambeaux pour éclairer la nuit. Néron avait donné ses propres jardins pour ce spectacle ». L’excès de ces supplices fit que le peuple « se sentit ému de compassion pour ces victimes qui semblaient moins être mises à mort pour le bien public, que pour satisfaire la cruauté d’un homme ».
Comment ces martyrs supportèrent-ils ces cruels tourments ? Aucun récit ne le rapporte, non plus que leurs noms que Dieu seul connaît ; mais nous pouvons être sûrs que Celui pour le nom duquel ils souffraient, les soutint par sa grâce, afin qu’ils fussent « fidèles jusqu’à la mort ». Ils auraient pu racheter leur vie et éviter ces souffrances en reniant Christ, mais ils le confessèrent, préférant souffrir pour Lui pendant un peu de temps et régner bientôt avec Lui. Il n’y avait pas longtemps que Paul avait quitté Rome, et ils avaient la lettre qu’autrefois il leur avait adressée. Ils pouvaient se rappeler, dans leurs tourments, et les exhortations, et ces paroles du bienheureux apôtre : « J’estime que les souffrances du temps présent ne sont pas dignes d’être comparées avec la gloire à venir qui doit nous être révélée » ; ils étaient ainsi soutenus et élevés au-dessus de tout ce que la rage des hommes inventait, et pouvaient s’écrier en triomphe : « Qui est-ce qui nous séparera de l’amour du Christ ? Tribulation, ou détresse, ou persécution, ou famine, ou nudité, ou péril, ou épée ? Selon qu’il est écrit : « Pour l’amour de toi, nous sommes mis à mort tout le jour ; nous avons été estimés comme des brebis de tuerie ». Au contraire, dans toutes ces choses, nous sommes plus que vainqueurs par Celui qui nous a aimés. Car je suis assuré que … aucune créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu, qui est dans le Christ Jésus, notre Seigneur » (Romains 8:18, 35-39).
Cette première persécution dura, avec plus ou moins de violence, jusqu’à la mort de Néron, qui se fit tuer par un esclave en l’an 68, haï de tous, poursuivi par ses soldats et le sénat révoltés. C’est de lui que Paul parle en disant : « J’ai été délivré de la gueule du lion ». Il avait donc entendu l’Évangile, mais il ne le reçut pas et mourut misérablement et accablé de terreurs. C’est dans la persécution suscitée par lui que Paul, revenu à Rome, et Pierre subirent le martyre et allèrent vers le Seigneur. Quel contraste !
Telle fut la première persécution générale ordonnée par la puissance impériale contre les chrétiens. Nous vivons dans des temps paisibles. Nous pouvons bénir Dieu de ce qu’il retient la méchanceté de Satan, et nous permet de rendre notre culte sans empêchement. Mais rappelons-nous que quand le diable n’use pas de violence, il se sert de la ruse et cherche à endormir les âmes dans une fausse sécurité, en faisant croire à plusieurs qu’ils sont chrétiens, alors qu’ils ne font pas reposer leur espérance sur Christ. On voit des foules remplir chapelles, temples, et lieux de réunions, mais si des soldats étaient postés aux portes pour traîner en prison ceux qui sortent, les auditeurs seraient-ils aussi nombreux ? Dieu veuille que nos cœurs soient attachés à Christ, de telle sorte que rien ne puisse nous séparer de Lui.
Re: Forum Religion Catholique
La destruction de Jérusalem
Ce grand événement et la dispersion finale des Juifs qui en est la conséquence, ne fait pas partie, à proprement parler, de l’histoire de l’Église. Cependant, comme il s’y rattache d’une manière très intime, nous en parlerons maintenant, parce qu’il suivit de très près la première persécution des chrétiens.
Le siège et la prise de Jérusalem, avec toutes les souffrances inouïes qu’y endurèrent les malheureux Juifs, furent la consommation des jugements dont Dieu frappa, après sa longue patience, le peuple qu’il avait choisi pour le bénir, mais qui s’était toujours montré ingrat et rebelle. Le Seigneur Jésus retrace la conduite des Juifs, dans la parabole des vignerons. Après les fréquents avertissements des prophètes, qu’ils n’avaient pas voulu écouter, Dieu avait dit : « J’enverrai mon Fils bien-aimé ; peut-être que, quand ils le verront, ils le respecteront ». Mais qu’arriva-t-il ? Le Seigneur Jésus nous le dit : « Ils ont, et vu, et haï et moi et mon Père ». Bien loin de le respecter, les chefs de la nation se dirent : « Celui-ci est l’héritier ; venez, tuons-le, afin que l’héritage soit à nous », et c’est ce qu’ils firent. Que restait-il, sinon le jugement que d’ailleurs ils avaient prononcé eux-mêmes : « Le maître de la vigne fera périr misérablement ces méchants ? » (*).
(*) Matthieu 21:37-38 ; Jean 15:24. Nos lecteurs sont instamment priés de lire avec soin toutes les citations des Écritures. Le récit que nous leur présentons éclaircira pour eux les paroles prophétiques du Seigneur.
Bien des fois le Seigneur avait averti les Juifs du sort qui les attendait, s’ils le rejetaient. Mais ils ne voulurent pas venir à Lui pour avoir la vie. Ils refusèrent la grâce qu’il leur offrait. Le Sauveur voyait avec une profonde douleur leur endurcissement et les châtiments terribles qui en seraient la conséquence et qui allaient fondre sur le peuple et la cité qu’il aimait. Écoutons ses accents si tendres : « Jérusalem, Jérusalem », disait-il, « la ville qui tue les prophètes et qui lapide ceux qui lui sont envoyés, que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ». Que devait-il résulter de ce refus de venir à Christ ? Le Seigneur le dit : « Voici, votre maison vous est laissée déserte ». Quelle était cette maison ? Le temple qui allait cesser d’être la maison de Dieu et n’être plus que la maison d’un peuple rejeté de Dieu, maison vide de la présence de Celui qui en faisait la gloire. En effet, aussitôt après ces paroles, Jésus, qui était le Seigneur du temple, « sortit et s’en alla du temple » pour n’y plus rentrer (Matthieu 23:37-38 ; 24:1). C’en était fait ; le jugement était prononcé, et ne tarderait pas à être exécuté.
Les disciples du Seigneur n’avaient pas compris ses paroles. Ils étaient toujours remplis des pensées de gloire et de grandeur terrestres pour leur nation. Ils s’attendaient à ce que Jésus monterait sur son trône comme Fils de David et établirait son royaume. En sortant du temple, ils voulaient lui en faire admirer les magnifiques constructions et leur solidité. Mais le Seigneur leur répond : « Ne voyez vous pas toutes ces choses ? En vérité, je vous dis : il ne sera point laissé ici pierre sur pierre qui ne soit jetée à bas » (Matthieu 24:2).
Les malheureux Juifs consommèrent leur crime inouï. Ils firent crucifier Celui qui était venu leur apporter le salut. Le jugement de Dieu ne tomba pas sur eux immédiatement, car tandis qu’eux avaient crié contre Jésus : « Ôte, ôte ! Crucifie-le ! » Jésus, pendant qu’on le crucifiait, avait prié pour eux et dit : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » (Jean 19:15 ; Luc 23:34). Et à la prière de son Fils bien-aimé, Dieu avait prolongé le temps de sa patience.
Quarante années furent encore laissées à ce pauvre peuple pour se repentir. Le Seigneur leur envoya des messagers pour leur dire : « Tout est prêt ; venez aux noces » (Matthieu 22:4). C’étaient les apôtres et les évangélistes comme Étienne, qui à Jérusalem même, annoncèrent cette bonne nouvelle du pardon que Dieu voulait bien leur accorder pour l’amour de son Fils. « Je sais », leur disait Pierre, « que vous l’avez fait par ignorance, de même que vos chefs aussi ; mais Dieu a ainsi accompli ce qu’il avait prédit par la bouche de tous les prophètes, savoir que son Christ devait souffrir. Repentez-vous donc et vous convertissez, pour que vos péchés soient effacés » (Actes 3:17-19). Que firent-ils devant ces appels si pressants ? Quelques-uns crurent et furent sauvés, il est vrai, mais quant à la masse de la nation, ses chefs en tête, le Seigneur nous dit, dans la parabole des noces, comment ils accueillirent son invitation : « Eux, n’en ayant pas tenu compte, s’en allèrent, l’un à son champ, et un autre à son trafic ; et les autres, s’étant saisis de ses esclaves, les outragèrent et les tuèrent » (Matthieu 22:5-6). Nous avons vu, en nous occupant des premiers temps de l’Assemblée, comment ces paroles se réalisèrent. Les apôtres battus et jetés en prison, Étienne lapidé, Jacques décapité, Paul persécuté avec acharnement, montrent l’incrédulité des Juifs et leur haine contre le nom de Jésus. « La colère de Dieu était venue sur eux au dernier terme » (1 Thessaloniciens 2:16), et la sentence allait être exécutée : « Le roi fut irrité, et ayant envoyé ses troupes, il fit périr ces meurtriers-là et brûla leur ville » (Matthieu 22:7). Jésus, étant proche de la ville, et la voyant, avait pleuré sur elle, disant : « Si tu eusses connu, toi aussi, au moins en cette tienne journée, les choses qui appartiennent à ta paix ! mais maintenant elles sont cachées devant tes yeux. Car des jours viendront sur toi, où tes ennemis t’entoureront de tranchées, et t’environneront, et te serreront de tous côtés, et te renverseront par terre, toi et tes enfants au-dedans de toi ; et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n’as point connu le temps de ta visitation » (Luc 19:42-44). Tout cela s’accomplit avec la plus minutieuse exactitude. Car la parole de Dieu est ferme, elle « demeure à toujours » ; et le Seigneur Jésus a dit : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point » (Luc 21:33).
Nous allons voir comment le jugement de Dieu sur les Juifs s’exécuta. Des historiens romains, et en particulier Tacite, nous ont laissé quelques détails sur la guerre de Judée, mais celui qui nous rapporte le plus complètement les événements de cette période de douleurs et de calamités sans égales, est l’historien juif Josèphe qui en fut le témoin oculaire. Nommé gouverneur de la Galilée par les Juifs révoltés contre les Romains, il avait soutenu un long siège dans la ville de Jotopata, avait été fait prisonnier et se trouvait avec le général romain qui assiégeait Jérusalem, lui servant d’intermédiaire et d’interprète auprès de ses malheureux compatriotes.
Les Juifs avaient toujours supporté avec impatience la domination des Romains. Ils ne voulaient pas comprendre qu’ils leur étaient assujettis à cause de leurs péchés, dont ils auraient dû s’humilier, et ne rêvaient qu’un Messie guerrier et conquérant. C’est ce qui les fit mépriser et rejeter un Sauveur humble et débonnaire qui leur prêchait la repentance, et écouter des imposteurs qui les conduisirent à la ruine.
Bien des fois il y avait eu des révoltes partielles (Actes 5:36-37 ; 21:38). De faux messies s’étaient élevés et avaient entraîné après eux des partisans. Les Romains avaient étouffé dans le sang ces tentatives d’insurrection. Voici ce qui amena la révolte générale et finale, pour l’exécution du jugement de Dieu et l’accomplissement des paroles du Seigneur.
Des troubles et des rixes sanglantes avaient eu lieu à Césarée entre les Grecs et les Juifs. Ces derniers en avaient appelé à Gessius Florus, procurateur de Judée, et lui avaient envoyé une somme de huit talents, afin de se le rendre favorable. Florus garda l’argent, mais ne fit rien pour les Juifs. Au contraire, il traita avec le plus grand mépris et fit jeter en prison plusieurs des principaux Juifs de Césarée, venus auprès de lui pour revendiquer leurs droits. En même temps, il exigeait des habitants de Jérusalem une somme considérable, sous prétexte que l’empereur en avait besoin.
Ses demandes furent repoussées avec dédain par les Juifs de Jérusalem qui avaient appris le traitement dont avaient été victimes ceux de Césarée. Le nom de Florus fut couvert d’insultes. Irrité, il marcha contre la ville avec des troupes, et le peuple effrayé se soumit aussitôt. Mais Florus semblait décidé à pousser à bout les Juifs et à les forcer à la révolte. Il donna ordre à ses soldats de piller la ville et de tuer quiconque résisterait. Plusieurs Juifs, même d’entre ceux qui ne firent point de résistance, furent ainsi mis à mort. Alors l’avide procurateur, ayant fait entrer dans Jérusalem un plus grand nombre de troupes, se mit en devoir de piller le trésor du temple. Pour empêcher cette profanation et arrêter les soldats dans leur tentative, le peuple, soulevé, fit pleuvoir sur eux, des fenêtres et du haut des maisons, une grêle de pierres. Florus, devant cette résistance, abandonna son entreprise et se retira avec le butin qu’il avait fait.
Les chefs du peuple juif se trouvant ainsi accablés sous la tyrannie de cet homme dur et injuste, en appelèrent au gouverneur de Syrie, Cestius Gallus, sous les ordres duquel se trouvait Florus. Mais sur ces entrefaites, un événement eut lieu qui alluma définitivement la guerre entre les Romains et les Juifs. Nous lisons au chapitre 5 des Actes, que Gamaliel, prenant la défense des apôtres devant le sanhédrin, parla d’un certain Judas le Galiléen, qui avait entraîné à la révolte un grand peuple. Ce Judas prêchait la guerre contre les Romains et déclarait qu’on ne devait plus leur payer d’impôts. Il fut tué dans un combat, mais son parti, dispersé pour un temps, releva la tête sous les ordres de son fils et poussa le peuple à résister aux Romains par les armes. Il y avait bien aussi un parti qui aurait voulu la paix, mais le parti de la guerre prévalut et commença les hostilités par un acte de trahison insigne. Florus, en quittant Jérusalem, y avait laissé une garnison. Attaqués par les Juifs, les soldats romains, après une vigoureuse résistance, furent forcés de se rendre. Ils le firent, sous la promesse solennelle de la part des Juifs qu’ayant déposé leurs armes, ils pourraient quitter Jérusalem. Mais à peine désarmés, au mépris de la foi jurée, les Juifs se jetèrent sur eux et les tuèrent tous, sauf un seul qui demanda grâce. Cette perfidie détruisit toute espérance de paix. En même temps, les païens à Césarée se ruèrent sur les Juifs et en tuèrent vingt mille. De toutes parts, on prit les armes et la révolte devint générale. Pour la réprimer, Cestius Gallus s’avança avec une armée.
Nous voyons ainsi l’aveuglement terrible auquel Dieu abandonnait ce malheureux peuple et qui le précipitait vers sa ruine, en appelant sur lui les coups de ces redoutables Romains, maîtres alors du monde. Sans le savoir, ceux-ci étaient les armées du grand Roi qui allait venger l’insulte faite à son Fils bien-aimé (Matthieu 21:38-39 ; 22:7).
Cestius Gallus, après s’être emparé de plusieurs villes révoltées de la Palestine, marcha enfin contre Jérusalem. L’attaque commença, et les Romains se rendirent bientôt maîtres d’une partie de la ville. Ils se mettaient en devoir d’abattre la seconde muraille, et les assiégés pressés de si près, étaient dans la plus grande consternation, lorsque sans raison apparente Cestius Gallus fit retirer ses troupes. Cette retraite devint pour les Romains un véritable désastre. Les Juifs enhardis se précipitèrent hors de la ville à leur poursuite. Les Romains, obligés de passer dans le défilé étroit de Beth-Horon, y furent écrasés sous une grêle de pierres par les Juifs qui occupaient les hauteurs. Près de 6000 hommes périrent, et Cestius lui-même n’échappa qu’à grand-peine. Les Juifs rentrèrent à Jérusalem en triomphe et chargés de butin.
Comment expliquer ce fait ? Nous avons là encore l’accomplissement d’une parole du Sauveur. Il avait dit à ses disciples : « Quand vous verrez Jérusalem environnée d’armées, sachez alors que sa désolation est proche. Alors, que ceux qui sont en Judée s’enfuient dans les montagnes ; et que ceux qui sont au milieu de Jérusalem s’en retirent ; et que ceux qui sont dans les campagnes n’entrent pas en elle. Car ce sont là des jours de vengeance ; afin que toutes les choses qui sont écrites soient accomplies » (Luc 21:20-22). Obéissant à ces paroles, les chrétiens, grâce au répit que leur donna la retraite de Cestius, sortirent de Jérusalem et se retirèrent à Pella, de l’autre côté du Jourdain. Rien ne restait donc à Jérusalem qui pût arrêter le jugement de Dieu suspendu depuis si longtemps sur un peuple coupable.
Les Romains ne pouvaient laisser les Juifs se glorifier de leur victoire ; leur révolte devait être réprimée. L’empereur Néron envoya contre eux une armée de 60000 hommes, commandée par Vespasien, le plus habile de ses généraux. Les Juifs, dans l’intervalle, s’étaient fortifiés, avaient amassé des provisions, forgé des armes, et se préparaient à une résistance désespérée. Mais nous nous rappelons la prophétie du Seigneur : « Si tu eusses connu », disait-il en pleurant sur Jérusalem, « toi aussi, au moins en cette tienne journée, les choses qui appartiennent à ta paix ! mais maintenant elles sont cachées devant tes yeux. Car des jours viendront sur toi, où tes ennemis t’entoureront de tranchées, et t’environneront, et te serreront de tous côtés, et te renverseront par terre, toi et tes enfants au-dedans de toi ; et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n’as point connu le temps de ta visitation » (Luc 19:42 44).
Ces jours dont Jésus parle, étaient arrivés. Mais avant d’en venir au siège de Jérusalem, écoutons encore une autre partie des paroles prophétiques du Seigneur relatives à ces grands événements. Il disait aux apôtres : « Nation s’élèvera contre nation, et royaume contre royaume ; il y aura de grands tremblements de terre en divers lieux, et des famines et des pestes, et il y aura des sujets d’épouvantement et de grands signes du ciel » (Luc 21:10-11). Il avait dit aussi : « Avant toutes ces choses, ils mettront les mains sur vous, et vous persécuteront… et vous serez haïs de tous à cause de mon nom » (Luc 21:12-17). Nous avons vu précédemment qu’en effet, soit par les Juifs d’abord, puis à la fin du règne de Néron, les chrétiens furent horriblement persécutés.
Quant aux autres parties de la prophétie, les historiens anciens rapportent qu’à cette époque, des guerres civiles et étrangères sévirent partout. En moins de deux ans, quatre empereurs se succédèrent. Néron se tua ; son successeur Galba fut mis à mort par les légions révoltées ; Othon, qui suivit, se donna la mort, et Vitellius fut déchiré par la populace de Rome. Ces changements n’avaient pas lieu sans des luttes sanglantes. En même temps, les armées romaines combattaient les peuples de la Germanie. En Italie, en Crète et en Asie mineure, de violents tremblements de terre renversèrent des villes. Des famines sévirent en divers lieux sous l’empereur Claude (voir Actes 11:28). Des pestes désolèrent plusieurs contrées et particulièrement la Judée. Nous savons que du moment que le Seigneur l’avait dit, la chose devait avoir lieu, car « le ciel et la terre passeront, dit-il, mais mes paroles ne passeront point » (Luc 21:33). Mais il est frappant de voir ces historiens anciens, ennemis des chrétiens et ne connaissant rien de ce que Christ avait annoncé, rendre ainsi hommage à ses paroles.
Il en est de même pour ces « sujets d’épouvantement et les grands signes du ciel ». L’historien Josèphe rapporte qu’une étoile ou comète, avec une longue queue en forme de glaive, resta durant une année au-dessus de la cité. On vit dans le ciel, dit-il encore, des chariots et des troupes de soldats qui s’entrechoquaient et des armes étincelantes. Dans une autre occasion, l’autel parut durant une demi heure enveloppé d’une grande lumière qui ensuite s’éteignit. Les portes d’airain de la cour intérieure du temple, si pesantes qu’il fallait vingt hommes pour les mouvoir, s’ouvrirent d’elles-mêmes, ce que l’on regarda comme un signe que le temple ne serait plus protégé contre l’ennemi.
Tacite, l’historien romain, confirme ces faits. Il dit qu’un embrasement subit de nuages couvrit tout le temple de feux, et ajoute qu’une voix surnaturelle se fit entendre quand les portes s’ouvrirent et prononça ces paroles : « Les dieux s’en vont ». Un païen pouvait parler des dieux, mais, en effet, le peuple juif avait comblé la mesure de ses crimes, et Dieu l’avait abandonné. L’apôtre disait des Juifs : « Ils ont mis à mort et le Seigneur Jésus et les prophètes, ils nous ont chassés par la persécution… nous empêchant de parler aux nations, afin qu’elles soient sauvées, pour combler toujours la mesure de leurs péchés ; mais la colère est venue sur eux au dernier terme » (1 Thessaloniciens 2:15-16).
Dieu donnait ainsi par des signes manifestes, des avertissements à ce pauvre peuple. Il y en eut un surtout qui fit une profonde impression. Un homme nommé Jésus, fils d’Ananus, se mit à parcourir les rues de Jérusalem en criant : « Voix de l’orient, voix de l’occident, voix des quatre vents, voix contre Jérusalem et la sainte maison, voix contre tout ce peuple ! Malheur, malheur à Jérusalem ! » On se saisit de lui et on le battit pour le faire taire ; mais il ne cessa de crier : « Malheur, malheur à Jérusalem ! » Il fut amené devant le gouverneur romain qui lui demanda qui il était, d’où il venait, et pourquoi il proférait ces paroles ; mais on n’obtint de lui aucune autre réponse que ces mots : « Malheur, malheur à Jérusalem ! » Il fut cruellement frappé de verges sans que l’on pût tirer rien d’autre de lui. Enfin on le relâcha, le regardant comme un fou. Il avait commencé avant la révolte, alors que tout était en paix, et continua pendant quatre années. Pendant le siège, il ne cessa de faire entendre son cri, faisant le tour des murailles, insensible au danger, lorsqu’à un certain moment, après avoir dit : « Malheur à Jérusalem » il s’écria : « Malheur, malheur à moi ! » et il tomba mort, frappé d’une pierre lancée par les assiégeants. Mais tous les avertissements furent vains. S’il y avait dans Jérusalem des habitants qui auraient préféré se soumettre aux Romains, ceux qui voulaient la guerre à outrance les firent taire et précipitèrent le peuple dans la ruine prédite.
Vespasien et son fils Titus, après avoir pris et détruit les villes les plus importantes de la Judée, et passé au fil de l’épée ou vendu comme esclaves les habitants, se dirigèrent vers Jérusalem.
Trois partis se divisaient la ville. Ils se haïssaient d’une haine mortelle, et, avant l’arrivée des Romains, avaient rempli Jérusalem de sang. Les plus cruels, nommés les Zélotes, qui avaient pour chef Jean de Giscala, avaient fait périr 12000 des plus riches habitants de la ville, et, pour s’emparer du temple, avaient égorgé la garde qui occupait l’édifice sacré. Sans les Romains, la cité aurait péri des mains de ses enfants qui se dévoraient entre eux comme des bêtes féroces. Mais à l’approche des Romains, ils se réunirent contre l’ennemi commun.
Vespasien, ayant été nommé empereur, laissa le commandement à Titus qui commença le siège de la ville, dans le mois d’avril de l’an 70.
Les Romains s’occupaient à établir leurs retranchements, lorsque tout à coup les Juifs firent une sortie et les attaquèrent avec fureur. Les Romains surpris, furent mis en désordre ; plusieurs furent tués et Titus lui-même échappa à grand-peine. Il rallia cependant ses soldats, et, après un combat d’une journée, repoussa les Juifs dans la ville.
Titus continua les travaux de siège et résolut d’attaquer la partie septentrionale de la ville, nommée Bézétha, comme étant la moins fortifiée. Mais avant de raconter quelques particularités de ce siège mémorable, nous devons dire un mot des moyens qu’employaient les Romains pour s’emparer des villes, et comment les assiégés repoussaient leurs attaques.
Pour ébranler et renverser les murs, les Romains faisaient usage de machines nommées béliers. Elles se composaient d’une énorme poutre terminée à un bout par une puissante pièce en fer de la forme d’une tête de bélier. Cette poutre était suspendue par des cordes à une sorte d’échafaudage assez semblable à un portique de gymnastique, de manière à pouvoir être mise en mouvement. On la retirait en arrière au moyen de cordages, puis on la laissait aller, et elle frappait de tout son poids, augmenté de la vitesse de sa course, contre les murs que l’on voulait renverser. Les hommes qui faisaient mouvoir le bélier étaient abrités par une construction en planches, semblable à un hangar.
Indépendamment de ces machines de guerre, les Romains en avaient d’autres destinées à lancer contre les assiégés de grosses pierres et d’énormes flèches. Ils construisaient aussi des tours en bois recouvertes de fer ou de peau, et qui s’élevaient à une hauteur supérieure à celles des murailles. Ces tours étaient mobiles sur des roues, de sorte qu’on pouvait les faire avancer ou reculer et les porter du côté que l’on voulait. Des archers et des frondeurs en occupaient la plate-forme supérieure et de là, avec leurs traits, cherchaient à chasser les défenseurs des murailles et à protéger ceux des leurs qui manœuvraient les machines de guerre. La partie inférieure renfermait souvent un bélier, et des autres étages on pouvait lancer des ponts volants pour descendre sur les murs de la ville assiégée.
Nous voyons que si l’on ne connaissait pas les puissants et meurtriers engins de guerre que l’on emploie maintenant, le génie inventif de l’homme s’était déjà déployé dans ce champ terrible des luttes sanglantes qui ne prouvent que trop que le monde est sous la puissance de celui qui est meurtrier dès le commencement (Jean 8:44).
Les Juifs à leur tour ne manquaient pas de moyens de défense. Du haut des murailles, ils lançaient aussi des traits et des pierres pour écarter les assiégeants. Mais leur grand effort tendait à détruire les redoutables machines de guerre de leurs ennemis. Pour cela, tantôt ils creusaient des mines qui allaient jusqu’au-dessous du sol où reposaient les machines ; ils soutenaient la voûte de ces galeries souterraines avec des étais en bois, auxquels, avant de se retirer, ils mettaient le feu. Le sol s’effondrait quand les supports étaient consumés et entraînait les machines. D’autres fois, par des portes cachées, ils faisaient une sortie avec des torches allumées et des matières inflammables, et cherchaient à incendier les machines et les tours. Alors Titus lançait sur eux sa cavalerie et les refoulait dans leurs murs.
Titus attaqua donc d’abord la partie de la ville nommée Bézétha. Il mit en action trois béliers pour battre la muraille. En même temps, il fit avancer des tours, du haut desquelles des archers et des frondeurs accablaient de traits les défenseurs de la ville qui s’efforçaient d’entraver ses manœuvres. Sous les coups incessants des béliers, les murailles, bien que formées de pierres de onze mètres de longueur sur cinq et demi d’épaisseur, commencèrent à chanceler.
Enfin une brèche fut faite. Les Romains entrèrent, mais ne trouvèrent personne. Les Juifs s’étaient retirés derrière l’enceinte fortifiée qui fermait la seconde partie de la ville, ou ville basse.
Les machines de guerre furent amenées, et, en peu de jours, une brèche ayant été pratiquée, les Romains entrèrent dans cette seconde partie de la ville. Titus ne voulut pas d’abord en détruire les maisons, espérant toujours que les Juifs renonceraient à se défendre. Mais cette clémence faillit coûter cher à ses troupes. Les Romains, ayant pénétré dans les rues étroites et tortueuses de la ville, se virent assaillis par les juifs qui en connaissaient tous les détours. Titus prit des mesures pour empêcher le retour de semblables attaques et refoula les Juifs dans la troisième partie de la ville, ou ville haute.
C’est là que se trouvait le temple. En contemplant sa magnificence, Titus aurait voulu l’épargner ainsi que le reste de la cité. Il tenta d’engager les Juifs à se rendre, mais ses offres furent rejetées avec mépris. Il dut poursuivre le siège.
Tout ce qui restait des habitants de la ville se trouvait renfermé dans la ville haute. Bientôt la famine commença à se faire sentir. Des personnes riches donnaient tout ce qu’elles possédaient pour un peu de nourriture, et plusieurs moururent de faim. À cela vinrent s’ajouter les violences des brigands qui occupaient le temple et ses alentours. Ils s’étaient pourvus de vivres, mais quand ils virent leurs ressources leur manquer, ils se répandirent dans la ville pour enlever de force tout ce qu’ils pouvaient trouver. Quelqu’un était-il soupçonné de cacher des provisions, ils le mettaient à la torture jusqu’à ce qu’il les leur eût découvertes.
Toutes les affections naturelles disparaissaient dans cette misère horrible. Les parents arrachaient la nourriture à leurs enfants, et les enfants à leurs parents ; les maris l’enlevaient à leurs femmes, et les femmes à leurs maris. Une bande d’hommes armés qui parcouraient les rues de la ville, en quête d’aliments, furent attirés par l’odeur d’un mets que l’on faisait cuire. C’était dans la demeure d’une dame riche, de haute naissance, Marie, femme d’Éléazar. Ils entrent et exigent qu’on leur apporte cette nourriture qu’ils ont sentie. Marie s’avance vers eux, la tenant dans ses mains, mais ces hommes endurcis au mal défaillent en voyant les restes de son propre enfant dont elle avait mangé elle-même une partie. « Mangez », s’écria-t-elle, « puisque moi j’ai mangé ; ne soyez pas plus délicats qu’une mère. Mais si vous êtes trop religieux pour toucher un tel mets, laissez-m’en le reste ». Saisis d’horreur, ils s’enfuirent.
Quel accomplissement terrible de ce que la parole de Dieu avait prononcé contre Israël, s’il était rebelle ! Écoutons ce que disait Moïse, plus de quinze cents ans auparavant : « L’Éternel amènera contre toi, de loin, du bout de la terre, une nation semblable à l’aigle qui vole, une nation dont tu n’entends pas la langue, une nation au visage dur… ». Et elle t’assiégera dans toutes tes portes, jusqu’à ce que s’écroulent, dans tout ton pays, les hautes et fortes murailles en lesquelles tu te confiais ; et elle t’assiégera dans toutes tes portes, dans tout ton pays que l’Éternel ton Dieu t’a donné ». Combien tous les traits de cette prophétie sont frappants, quand on les compare avec ce qui se passait alors. Comme les Romains sont bien décrits, cette nation venue « de loin », dont la langue n’était pas « entendue » des Juifs, et dont « la dureté » envers leurs ennemis était bien connue. Mais écoutons la suite : « Et dans le siège et dans la détresse dont ton ennemi t’enserrera tu mangeras… la chair de tes fils et de tes filles… L’homme tendre et très délicat au milieu de toi regardera d’un œil méchant son frère et la femme de son cœur, et le reste de ses fils qu’il a conservés, pour ne donner à aucun d’eux de la chair de ses fils qu’il mangera… La femme tendre et délicate au milieu de toi, qui, par délicatesse et par mollesse, n’aurait pas tenté de poser la plante de son pied sur la terre,… les mangera en secret » (Deutéronome 28:49-57). Alors aussi se trouvaient justifiées les paroles que Jésus, marchant à la croix, disait avec douleur aux femmes qui le suivaient : « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ; mais pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants ; car voici, des jours viennent, dans lesquels on dira : Bienheureuses celles qui n’ont point eu d’enfants ! » (Luc 23:28-29). Peut-être y avait-il dans Jérusalem des femmes qui avaient entendu ces paroles et qui pouvaient s’en souvenir. « C’est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant ! » (Hébreux 10:31).
Plusieurs des malheureux habitants de Jérusalem tentaient-ils de sortir de la ville pour chercher quelque nourriture, saisis par les soldats de Titus, ils étaient crucifiés en vue des murs pour frapper de terreur les assiégés et les amener à capituler. Plus de cinq cents de ces misérables furent crucifiés en un seul jour. Si grand fut le nombre de ceux qui, poussés par la famine, bravaient le danger et furent pris, que le bois vint à manquer pour cette œuvre de mort. Mais loin d’amener les Juifs à se rendre, ces rigueurs ne faisaient que les exaspérer davantage, et s’il y en avait qui faiblissaient, on les traînait sur les murs et on leur montrait ce qu’il fallait attendre de la miséricorde romaine.
Titus était donc arrivé à la troisième enceinte, à un angle de laquelle s’élevait la tour Antonia qui défendait le temple. Il fit avancer ses machines de guerre et les plaça en quatre points différents. Tout était prêt pour une vigoureuse attaque, qu’on espérait être la dernière. Les soldats n’attendaient que le signal du général, lorsque tout à coup le sol s’ébranla comme sous l’effet d’un tremblement de terre, puis s’enfonça en entraînant les machines de guerre. Le terrain avait été miné par les Juifs qui, voyant tomber les tours et les béliers, se précipitèrent en masse hors des portes avec des torches allumées pour brûler tout ce qu’ils pourraient. Ils attaquèrent les Romains avec une telle furie, que ceux-ci commencèrent à lâcher pied. Titus accourut, rallia ses troupes et repoussa les Juifs dans la ville. Mais les Romains furent très découragés par cet échec.
Le général romain convoqua un conseil de guerre dans lequel on résolut de réduire les Juifs par la famine. Toute l’armée se mit à l’œuvre, et, en trois jours, un mur de circonvallation de six kilomètres et demi, avec treize tours, fut élevé. « Des jours viendront sur toi, où tes ennemis t’entoureront de tranchées, et t’environneront, et te serreront de tous côtés », avait dit le Seigneur Jésus (Luc 19:43).
Aussitôt après ce grand travail, le général romain fit construire de nouvelles machines. Les Juifs ayant encore tenté de les détruire par des travaux souterrains, une partie du mur de la ville que ces travaux avaient ébranlée, s’écroula, ouvrant une large brèche par laquelle les Romains se précipitèrent. Ils se trouvèrent en face d’une autre muraille, mais ayant été construite à la hâte, elle céda bientôt, et, de cette manière, les Romains se rendirent maîtres de la tour Antonia.
Titus voulait conserver le temple. Il fit demander aux Juifs de l’évacuer, promettant solennellement que ses troupes ne le souilleraient pas. Mais les chefs avaient déjà mis à mort les sacrificateurs, bu le vin consacré et consommé les aliments que renfermait l’édifice sacré dont ils ne se souciaient pas. Titus et Josèphe firent un dernier appel aux Juifs ; tous, sauf ceux-ci, désiraient épargner le temple. Titus s’écria : « J’en prends à témoin vos dieux, toute mon armée, les Juifs qui sont avec moi et vous-mêmes, que je ne vous oblige pas à ce crime ». Tout fut inutile. Et comment en aurait-il été autrement ? La parole du Seigneur devait s’accomplir : « Il ne restera pierre sur pierre qui ne soit jetée à bas » (Luc 21:6).
Les cours et les portiques du temple furent attaqués et brûlés ; mais Titus était décidé à épargner le temple même. Le 10 août était arrivé, anniversaire du jour où, environ 650 ans auparavant, le premier temple avait été détruit par le roi de Babylone. Titus avait établi son quartier général dans la tour Antonia et prenait quelque repos, remettant le dernier assaut au lendemain, lorsqu’un cri se fait entendre : un soldat se précipite dans la chambre du général et lui annonce que le temple est en feu. Après le départ de Titus, quelques soldats avaient attaqué des Juifs qui se défendaient encore dans les parvis, et l’un d’eux, monté sur les épaules d’un camarade, avait atteint une des fenêtres du temple et avait jeté dans l’intérieur une torche allumée. Bientôt l’édifice entier fut en flammes.
Titus se hâta d’accourir. Il commanda à ses soldats d’éteindre l’incendie, mais, ou ils ne l’entendirent pas au milieu du bruit et de la confusion, ou ils refusèrent de l’écouter. Un grand nombre de Juifs s’étaient réfugiés dans le temple comme dans une retraite sacrée. Tous furent égorgés. Des ruisseaux de sang coulaient dans l’édifice saint. Titus y pénétra et fut ébloui par la magnificence de l’intérieur. L’or dont étaient faits les ustensiles et qui couvrait les murs, reflétait les flammes et ajoutait à la grandeur et à l’horreur du spectacle. Le lieu saint était encore intact. Titus fit un dernier effort pour le sauver, mais en vain. Les soldats n’écoutèrent pas sa voix. Un plus grand que Titus, Dieu lui-même, devait être obéi. Le lieu saint fut aussi la proie des flammes. Les saints ustensiles, la table des pains de proposition, le chandelier à sept branches, en furent emportés. On les voit, portés par les soldats, dans les bas-reliefs qui ornent l’arc de triomphe élevé à Rome en l’honneur de Titus, et qui représentent son entrée dans la ville au retour de sa victorieuse expédition. Après tant de siècles, ce monument, resté debout, rappelle non seulement la gloire du général romain, mais, par-dessus tout, la fermeté des jugements de Dieu.
Il restait cependant encore une partie des bâtiments qui attenaient au temple. Environ 6000 Juifs s’y étaient amassés, séduits par un faux prophète qui leur avait assuré qu’au dernier moment Dieu interviendrait. Mais Christ, le vrai prophète, que la nation avait rejeté (*), avait annoncé que tout serait renversé. Sa parole fut accomplie, ainsi que celle de Moïse. Tous périrent. Sur les ruines du temple, l’armée romaine offrit des sacrifices à ses dieux et salua Titus empereur, c’est-à-dire général victorieux.
(*) Comparer Deutéronome 18:18-19, et Actes 3:22-23.
La ville haute, protégée par une enceinte munie de trois tours très fortes, restait au pouvoir des Juifs, commandés par Jean et Simon. Ce ne fut que le 7 septembre, près d’un mois après la destruction du temple, que cette dernière partie de Jérusalem tomba entre les mains des Romains. Les deux chefs des Juifs s’enfuirent par des passages souterrains, dans l’espoir de sauver leurs vies ; les autres, découragés et mourant de faim, n’offrirent qu’une faible résistance. Les vainqueurs tuèrent d’abord tous ceux qu’ils trouvèrent, jusqu’à ce que leurs bras fussent lassés du carnage ; ensuite, ils ne mirent à mort que les infirmes et épargnèrent les autres. La ville fut rasée, à l’exception de trois fortes tours qu’on laissa debout comme monuments des difficultés du siège et de la valeur des assiégeants.
Ceux des Juifs qui restaient en vie, furent triés comme du bétail. Les principaux furent mis à mort ; les plus beaux hommes furent réservés pour orner le triomphe de Titus, quand il entrerait à Rome ; plusieurs furent destinés aux travaux des mines, d’autres à combattre dans les provinces comme gladiateurs contre les bêtes féroces, pour l’amusement du peuple. En l’honneur de la fête de l’empereur Domitien, deux mille cinq cents périrent ainsi. Enfin, un grand nombre furent vendus comme esclaves ; mais on les haïssait et on les méprisait tellement, que beaucoup d’entre eux ne trouvèrent pas d’acquéreurs. Un million cent mille Juifs perdirent la vie dans le siège de Jérusalem, par les armes, la famine et les maladies. Ce nombre considérable vient de ce que beaucoup de gens des campagnes s’étaient réfugiés dans la ville, qui, d’un autre côté, était remplie de ceux que la fête de Pâque y avait amenés et qui ne purent retourner chez eux. On estime que, durant cette effroyable guerre — guerre sans merci — treize cent mille Juifs périrent. Quatre-vingt-dix-sept mille furent faits captifs et traités comme nous l’avons dit.
Ainsi périt, au milieu de calamités sans exemple dans l’histoire, la cité chérie, la ville du grand Roi, vouée à la destruction à cause de ses péchés et pour n’avoir pas connu le temps de sa visitation, quand son Messie, le Christ, vint chez elle. Les Juifs le rejetèrent et le mirent à mort. Et maintenant, ce qu’il avait dit s’était accompli : « Ils tomberont sous le tranchant de l’épée, et seront menés captifs parmi toutes les nations » (Luc 21:24). Moïse aussi, quinze siècles auparavant, avait annoncé leur triste sort. Lisez avec attention ses paroles : « Vous resterez un petit nombre d’hommes, au lieu que vous étiez comme les étoiles des cieux en multitude ; parce que tu n’as pas écouté la voix de l’Éternel, ton Dieu… Vous serez arrachés de dessus la terre où tu vas entrer pour la posséder. Et l’Éternel te dispersera parmi tous les peuples, d’un bout de la terre jusqu’à l’autre bout de la terre… Et parmi ces nations tu n’auras pas de tranquillité » (Deutéronome 28:62-65). Avec quelle merveilleuse exactitude toutes les paroles de Dieu ne se sont-elles pas accomplies, et ne s’accomplissent-elles pas encore aujourd’hui !
Mais les paroles mêmes du Seigneur laissent une porte ouverte à l’espérance. « Jérusalem », avait-il dit, « sera foulée aux pieds par les nations, jusqu’à ce que les temps des nations soient accomplis ». C’est ce qui a lieu maintenant. Mais le jour viendra où Dieu se retournera en faveur de son peuple qu’il ne saurait oublier. Les temps où les nations ont l’empire auront fini leur cours, et la prophétie de Jérémie s’accomplira : « L’Éternel m’est apparu de loin : Je t’ai aimée d’un amour éternel ; c’est pourquoi je t’attire avec bonté. Je te bâtirai encore, et tu seras bâtie, vierge d’Israël… Car il y a un jour auquel les gardes crieront sur la montagne d’Éphraïm : Levez-vous, et nous monterons à Sion, vers l’Éternel, notre Dieu… Faites éclater la louange, et dites : Éternel, sauve ton peuple, le reste d’Israël. Voici, je les fais venir du pays du nord, et je les rassemble des extrémités de la terre… tous ensemble,— une grande congrégation : ils retourneront ici. Ils viendront avec des larmes, et je les conduirai avec des supplications ; je les ferai marcher vers des torrents d’eaux par un chemin droit ; ils n’y trébucheront pas… Nations, écoutez la parole de l’Éternel, et annoncez-la aux îles éloignées, et dites : Celui qui a dispersé Israël le rassemblera et le gardera comme un berger son troupeau… Et ils viendront et exulteront avec chant de triomphe sur les hauteurs de Sion, et ils afflueront vers les biens de l’Éternel, au blé, et au moût, et à l’huile, et au fruit du menu et du gros bétail… Mon peuple sera rassasié de mes biens » (Jérémie 31:3-14). Telles sont les merveilleuses promesses que Dieu a en réserve pour son peuple. « Il y a espoir pour ta fin », dit-il (vers. 17).
Sur quelle base l’Éternel répandra-t-il ces bénédictions ? Ce sera en vertu du sang de Christ, que les pauvres Juifs aveuglés ont versé. C’est « le sang de la nouvelle alliance » (Matthieu 26:28). Et voici quelle sera cette nouvelle alliance que Dieu traitera avec son peuple : « Voici, des jours viennent, dit l’Éternel, et j’établirai avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda une nouvelle alliance, non selon l’alliance que je fis avec leurs pères, au jour où je les pris par la main pour les faire sortir du pays d’Égypte, mon alliance qu’ils ont rompue… Car c’est ici l’alliance que j’établirai avec la maison d’Israël, après ces jours-là, dit l’Éternel : je mettrai ma loi au-dedans d’eux, et je l’écrirai sur leur cœur, et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple ; et ils n’enseigneront plus chacun son prochain, et chacun son frère, disant : Connaissez l’Éternel ; car ils me connaîtront tous, depuis le petit d’entre eux jusqu’au grand, dit l’Éternel ; car je pardonnerai leur iniquité, et je ne me souviendrai plus de leur péché » (Jérémie 31:31-34).
Voilà ce que l’Éternel réserve à son peuple d’Israël qu’il n’a pas rejeté pour toujours (Romains 11:1 2). « Les fils d’Israël retourneront et rechercheront l’Éternel, leur Dieu, et David, leur roi, et se tourneront avec crainte vers l’Éternel et vers sa bonté, à la fin des jours » (Osée 3:5). Nous comprenons sans peine de qui parle le prophète, en disant David, leur Roi. C’est de Jésus, de Celui qu’ils ont percé, ainsi que Dieu le dit par Zacharie : « Je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit de grâce et de supplications ; et ils regarderont vers moi, Celui qu’ils auront percé » (Zacharie 12:10).
En ce temps-là, « la ville sera bâtie à l’Éternel… elle ne sera plus arrachée ni renversée, à jamais ». « Tu appelleras tes murs Salut, et tes portes Louange ». Et le nom de la ville, dès ce jour-là sera « L’Éternel est là » (Jérémie 31:38, 40 ; Ésaïe 60:18 ; Ézéchiel 48:35).
Ces choses n’ont pas encore été accomplies, les Juifs sont encore dispersés, et Jérusalem est toujours foulée aux pieds par les nations. Mais toutes les paroles de Dieu auront leur réalisation : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas » a dit le Seigneur.
Re: Forum Religion Catholique
L’apôtre Jacques
L’Assemblée, l’Église, avait commencé à Jérusalem. Elle se composait d’abord uniquement de Juifs convertis au Seigneur Jésus. Ces croyants d’entre les Juifs étaient restés attachés au temple et aux cérémonies de la loi (Actes 21:20). Ils n’avaient pas compris que Christ étant venu, cet ancien ordre des choses devait disparaître, comme n’étant que l’ombre de tout ce que Christ apportait (Hébreux 10:1). La destruction de Jérusalem et du temple vint briser ces liens qui les retenaient encore attachés au judaïsme, mais auparavant, dans sa tendre bonté, le Seigneur leur avait adressé, très probablement par le moyen de l’apôtre Paul, une lettre, l’épître aux Hébreux, où il leur montrait Christ dans le ciel, le Fils de Dieu, remplaçant d’une manière infiniment excellente tout ce que la loi donnait. Nous apprenons, dans cette belle épître, qu’Il est la victime parfaite offerte une fois pour toutes pour ôter nos péchés ; Il est le grand souverain sacrificateur paraissant pour nous dans le ciel devant Dieu et intercédant pour nous ; il nous ouvre, par son sang, l’accès du sanctuaire céleste où Il est entré comme notre précurseur ; le ciel est ainsi la patrie vers laquelle nous marchons, les yeux fixés vers Jésus, le grand capitaine de notre salut, qui a vaincu nos ennemis et nous a montré le chemin. Tout cela ne vaut-il pas mieux qu’un temple, un culte et des cérémonies terrestres ? Tandis que tout ce qui est terrestre passe et prend fin, « Jésus Christ est le même, hier, et aujourd’hui, et éternellement ». Aussi l’apôtre termine-t-il en exhortant les croyants hébreux, et nous aussi, à sortir « vers Jésus hors du camp, portant son opprobre ; car nous n’avons pas ici de cité permanente, mais nous recherchons celle qui est à venir » (Hébreux 13:8, 13, 14). Les croyants hébreux ayant ainsi reçu ces divines assurances et ces précieuses consolations, pouvaient abandonner sans regret ce qui n’était que passager et allait être détruit, et saisir un royaume qui ne peut être ébranlé. Ils avaient une espérance céleste de biens éternels. Aussi, après la destruction de Jérusalem, les assemblées composées de chrétiens juifs, perdirent leur caractère mélangé, et il n’y eut plus extérieurement « ni Juifs, ni Grecs ».
Mais si, par la grâce de Dieu, les chrétiens avaient trouvé une abondante consolation dans la certitude des bénédictions célestes, les malheureux Juifs n’en avaient aucune. Ils ne pouvaient renoncer à une ville et à une terre qui leur étaient si chères. Attendant toujours un Messie libérateur et conquérant, ils se rallièrent encore une fois et tentèrent de rebâtir Jérusalem. Pour les empêcher de reconstituer leur nationalité, l’empereur Adrien voulut élever dans cette ville un temple à Jupiter. Alors éclata une terrible insurrection des Juifs, sous la conduite du faux prophète Barcochébas, qui prétendait être l’étoile annoncée par Balaam (Nombres 24:17). La révolte fut étouffée dans le sang. Près de 600000 Juifs périrent. Adrien établit à Jérusalem une colonie romaine et donna à la ville le nom d’Aelia Capitolina. Il fut défendu aux Juifs, sous peine de mort, d’y entrer, et même de la contempler de loin. Ce fut la fin de la nation juive dans sa terre pour de longs siècles. Ils subsistent toujours, un peuple à part, la plupart encore dispersés.
Plus tard, un empereur romain, nommé Julien l’Apostat, parce qu’il avait été chrétien au moins de nom, et qu’il avait renoncé au christianisme pour embrasser le paganisme, plein de haine contre Christ et les chrétiens, voulut faire mentir les prophéties et les paroles de Dieu en rétablissant Jérusalem et le temple. Il adressa un appel aux Juifs, les invitant à venir concourir à cette œuvre. Dieu arrêta cette entreprise impie. Rien ne peut annuler la parole de Dieu.
Avant de continuer l’histoire de l’Assemblée, nous dirons quelques mots sur les apôtres Jacques et Jean. Nous avons déjà parlé de Pierre et de Paul, et ce que nous savons des autres apôtres, en dehors de ce que dit l’Écriture, est trop incertain pour être mentionné.
L’apôtre Jacques dont nous parlons ici, n’est pas le frère de Jean. Celui-ci avait été mis à mort par le roi Hérode (Actes 12). Mais l’autre Jacques, fils d’Alphée, était aussi au nombre des apôtres choisis par le Seigneur. Nous le trouvons mentionné aux chapitres 15 et 21 des Actes et dans l’épître de Paul aux Galates (chapitre 2). Dans ces différents endroits, nous le voyons occuper une place éminente dans l’assemblée de Jérusalem. Avec Pierre et Jean, il était considéré comme une colonne, c’est-à-dire le soutien de l’assemblée (Galates 2:9). Comme les autres, il était resté attaché aux cérémonies de la loi judaïque ; mais il avait un cœur large et, dirigé par l’Esprit Saint, c’est lui qui le premier donna l’avis de ne pas obliger les chrétiens d’entre les nations à observer la loi. C’était un homme humble ; nous le voyons dans la salutation qui est au commencement de l’épître qu’il écrivit aux douze tribus d’Israël dans la dispersion. Bien qu’il fût frère du Seigneur selon la chair (Galates 1:19) et apôtre, il prend seulement le titre « d’esclave de Dieu et du Seigneur Jésus Christ ». Il savait que si « Dieu résiste aux orgueilleux, il donne la grâce aux humbles » (Jacques 1:1 et 4:6). En même temps, il était d’une piété très grande et marchait dans la sainteté et la justice devant Dieu, de sorte qu’on l’avait surnommé le Juste. On voit dans son épître comment il exhorte les chrétiens à montrer la réalité de leur foi par leurs œuvres, en étant patients dans la souffrance, en ne faisant pas acception de personnes, en veillant sur leurs paroles, en ayant une vraie sagesse, pure, paisible, pleine de miséricorde et de bons fruits, en fuyant les convoitises du monde et en vivant dans la dépendance de Dieu et dans la prière persévérante, en attendant la venue du Seigneur.
Ce qu’il disait, il le pratiquait. Aussi tous, chrétiens et Juifs, avaient pour lui un profond respect, et bien des âmes étaient gagnées à Christ par ses exhortations appuyées par la sainteté de sa vie. Cela excita au plus haut point la jalousie et la haine des scribes et des pharisiens, comme ç’avait été le cas pour son Maître, le Seigneur Jésus. Voyant qu’un si grand nombre de personnes étaient amenées par lui à reconnaître Jésus comme Seigneur et Christ, ils résolurent de le faire périr. Voici la tradition raconte à ce sujet.
Pour accomplir leur dessein, ils vinrent le trouver et lui dirent : « Nous te prions d’arrêter le peuple, car tous vont après Jésus, comme s’il était le Christ. Parle-lui, afin qu’il ne s’égare pas. Dis à tous ceux qui viennent à la fête de Pâque ce qui concerne Jésus ». Jacques consentit à leur désir, et ils le conduisirent sur le faîte du temple, afin que tous pussent l’entendre. Alors ils lui dirent « Ô juste, aux paroles duquel nous devons prêter l’oreille, dis-nous quelle est la doctrine de Jésus ». Il répondit. « Pourquoi me demandez-vous ce qui concerne le Fils de l’homme ? Il est assis dans le ciel et à la droite de la puissance, et doit en revenir sur les nuées ». Plusieurs dans la foule furent convaincus et glorifièrent Dieu en s’écriant : « Hosanna au fils de David ! » Mais les ennemis de Jacques, remplis de fureur, précipitèrent le serviteur de Dieu du haut du temple, et, comme il vivait encore, ils le lapidèrent, tandis que, suivant l’exemple de son divin Maître, il priait pour eux. C’était vers l’an 66. L’historien Josèphe regarde la destruction de Jérusalem comme un châtiment infligé aux Juifs à cause du meurtre de celui que même parmi eux on appelait le Juste.
2.22 - Jean, le disciple Bien-aimé
Jean, « le disciple que Jésus aimait », survécut à tous les autres apôtres. Le Seigneur aime tous ceux qui sont à Lui (Jean 13:1), mais il honorait Jean d’une affection spéciale qui était pour ce dernier son plus beau titre de gloire et pour son cœur le bien le plus précieux. Aussi, dans son évangile, aime-t-il à se désigner ainsi. Jésus lui donna de son amour un gage bien touchant. C’est à lui que, sur la croix et devant ensuite quitter la terre, il confia sa mère. Marie était au pied de la croix, l’âme saisie de douleur en voyant les souffrances de son Fils rejeté par Israël (*) ; à côté d’elle se tenait « le disciple que Jésus aimait », que son amour pour son divin Maître avait ramené sur cette scène de douleur. Et Jésus dit à sa mère : « Femme, voilà ton fils », et au disciple : « Voilà ta mère ». Héritage précieux pour Jean ! Et quelle délicatesse d’affection envers sa mère ! Le Seigneur savait que ce qui la consolerait mieux, serait d’être avec celui qu’il aimait. « Et dès cette heure-là, le disciple la prit chez lui ». On ignore combien de temps Marie vécut encore sur la terre, entourée des soins de Jean. Elle est nommée pour la dernière fois dans le premier chapitre du livre des Actes.
Quant à Jean, Paul le mentionne comme étant encore à Jérusalem vers l’an 50 (Galates 2:9). Selon Irénée, auteur chrétien du 2° siècle et qui, dans sa jeunesse, avait connu des personnes qui avaient vécu avec Jean, l’apôtre se fixa plus tard à Éphèse d’où il visitait les assemblées voisines.
(*) « Et même une épée transpercera ta propre âme », avait dit Siméon à Marie, lorsqu’il tenait le petit enfant entre ses bras.
Jean parvint à un âge très avancé ; il mourut dans sa centième année. Cette longue vie faisait penser à ses amis qu’il ne verrait pas la mort, mais resterait jusqu’au jour de Jésus, se fondant sur les paroles du Seigneur à Pierre : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? ». L’apôtre ajoute : « Cette parole donc se répandit parmi les frères, que ce disciple-là ne mourrait pas », mais il corrige cette pensée en disant : « Jésus ne lui avait pas dit qu’il ne mourrait pas » (Jean 21:22-23). Il mourut en effet à Éphèse, mais durant sa longue carrière il put veiller sur les assemblées, les édifier par ses enseignements et combattre les erreurs que les faux docteurs introduisaient dans l’Église. Il put aussi voir se former le recueil des saints écrits du Nouveau Testament, auxquels plus tard, furent ajoutés les siens — son évangile, ses épîtres et l’Apocalypse. Il écrivit ces livres dans les dernières années de sa vie, vers l’an 95 et 96, près de trente ans après que Jude eut écrit son épître, et il fut ainsi le dernier des écrivains sacrés.
Nous dirons un mot des écrits du disciple que Jésus aimait. Il est important d’avoir la connaissance des « saintes lettres », qui peuvent rendre sage à salut, et pour les comprendre rien n’est utile comme d’avoir un sommaire de ce que chaque livre des Écritures renferme (*).
(*) Lire 2 Timothée 1:13-14
Jean, dans son évangile, nous présente la même divine et adorable personne dont nous parlent Matthieu, Marc et Luc, c’est-à-dire le Seigneur Jésus Christ, mais c’est dans son caractère de Fils unique et éternel de Dieu, Dieu lui-même, devenu un homme ici-bas pour nous révéler, dans sa Personne, ses actes et ses paroles, Dieu son Père, qui est aussi le nôtre (*). L’évangile de Jean nous parle beaucoup de la vie éternelle, manifestée dans le Fils de Dieu qui est la vie. Cette vie est donnée à ceux qui croient en Lui. Ceux-là sont nés de Dieu ; ils sont enfants de Dieu, et ont la vie éternelle. Aussi Jean, à la fin de son évangile, nous dit-il le but qu’il s’est proposé en l’écrivant : « Ces choses sont écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie par son nom ». Dans cet évangile nous trouvons aussi la promesse du Seigneur d’envoyer à ses disciples le Saint Esprit, pour demeurer éternellement avec eux, les conduire dans toute la vérité et les faire jouir des choses célestes en Christ (**).
(*) Lire Jean 1:1, 14, 18 ; 14:7-11 ; 20:17
(**) Jean 1:4-5 ; 11:25 ; 14:6 ; 3:15, 16, 36 ; 5:24 ; 6:40 ; 1:12, 13 ; 14:16, 17, 26 ; 16:13.
Combien il est beau et précieux de contempler ainsi le Fils de Dieu, manifestant sur la terre la vie et le caractère de Dieu, en amour et en sainteté, car la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ. Puissent nos cœurs s’attacher à cette personne divine qui s’est abaissée jusqu’à nous ! Écoutons les enseignements qu’il donne à Nicodème venu à Lui de nuit, et à qui il montre la nécessité d’une nouvelle nature pour connaître les choses de Dieu, et dont en même temps il dirige les regards, comme aussi les nôtres, vers Lui-même élevé sur la croix, Lui, le Fils unique donné de Dieu, pour qu’en croyant en Lui, nous ayons la vie éternelle. Contemplons-le assis au bord du puits de Sichar, fatigué du chemin, mais, dans son amour, oubliant la fatigue et ses besoins pour parler à une pauvre pécheresse de l’eau qui jaillit en vie éternelle. Oui, lisons cet évangile avec soin, demandant au Seigneur que l’Esprit de vérité nous le fasse comprendre et révèle toujours plus à nos cœurs l’amour du Sauveur.
La première épître de Jean est adressée à tous les chrétiens. Chacun de nous doit la prendre pour lui-même. Elle nous rappelle que Christ est la vie éternelle en même temps que le vrai Dieu, que cette vie qui était auprès du Père a été manifestée sur la terre dans la personne du Seigneur, et que les apôtres l’ont vue, entendue et touchée. Mais cette vie est aussi dans le chrétien, et maintenant que Christ est dans le ciel, c’est le chrétien qui manifeste ici-bas, la vie de Dieu en marchant comme Christ a marché, dans l’amour, la sainteté, la justice, le dévouement et la séparation d’avec le monde qui gît dans le mal. Quel grand et précieux privilège pour l’enfant de Dieu ! Ne désirerons-nous pas en jouir ? Cette belle épître nous fait connaître les deux caractères essentiels de Dieu — Il est lumière et Il est amour. Le chrétien a le privilège de marcher dans la lumière, et en ceci il a connu l’amour de Dieu, c’est que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde afin que nous vivions par Lui, et afin qu’il fût la propitiation pour nos péchés. Et maintenant, « celui qui demeure dans l’amour, demeure en Dieu et Dieu en lui ». Jean écrivit aux chrétiens pour les introduire dans la communion du Père et du Fils, afin qu’ainsi leur joie fût parfaite. Et à la fin, il dit : « Je vous ai écrit, afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu ».
Après cette épître, Dieu a voulu que nous en eussions deux autres très courtes du même apôtre. L’une est adressée à une dame chrétienne pour la mettre en garde contre les séducteurs qui n’apportent pas la doctrine de Christ ; l’autre est écrite à un chrétien nommé Gaïus, pour l’encourager à marcher dans la vérité et à recevoir les ouvriers du Seigneur. Jean y blâme aussi Diotrèphe qui usurpait dans l’assemblée une place d’autorité. En quelques lignes, l’Esprit de Dieu nous donne ainsi des enseignements et des directives bien simples, mais bien nécessaires, pour marcher selon le Seigneur. Puissions-nous écouter et mettre en pratique l’avertissement de l’apôtre : « Bien-aimé, n’imite pas le mal, mais le bien. Celui qui fait le bien est de Dieu ; celui qui fait le mal n’a pas vu Dieu ».
Sous l’empereur Domitien, persécuteur des chrétiens, Jean fut exilé à Patmos, petite île sauvage de l’Archipel. Là il reçut du Seigneur le livre prophétique de l’Apocalypse ou Révélation. Il nous l’apprend lui-même dans le premier chapitre : « Moi, Jean, qui suis votre frère et qui ai part avec vous à la tribulation et au royaume et à la patience en Jésus, j’étais dans l’île appelée Patmos, pour la Parole de Dieu et pour le témoignage de Jésus Christ. Je fus en Esprit, dans la journée dominicale ». Un jour de dimanche, le Saint Esprit fit passer devant ses yeux de magnifiques visions et le Seigneur lui donna l’ordre de faire connaître aux chrétiens ce qui lui avait été révélé : « Ce que tu vois, écris-le dans un livre, et envoie-le aux sept assemblées ». La première chose que voit Jean, c’est le Seigneur dans tout l’éclat de sa gloire comme Fils de l’homme à qui « Dieu a donné l’autorité de juger » (Jean 5:27). Car l’Apocalypse est surtout un livre de jugement.
Ensuite, le Seigneur fait écrire par Jean aux sept assemblées d’Asie qui représentent l’Assemblée de Dieu sur la terre dans ses différents états successifs, jusqu’à ce que, à cause de son infidélité, elle soit rejetée du Seigneur. Après cela, Jean a les visions des choses qui viennent après que l’église professante a été rejetée et que les saints ont été ravis dans le ciel. Ce sont les jugements terribles qui fondront sur un monde idolâtre et incrédule, et qui amèneront l’établissement du royaume de Christ. Durant mille ans, le diable étant lié, Christ et les siens régneront sur une terre heureuse et bénie. Mais après les mille ans, Satan est délié, il séduit les hommes et les entraîne à une dernière révolte contre Dieu, qui les détruit et précipite Satan dans l’étang de feu et de soufre. Alors le ciel et la terre actuels disparaissent, le grand trône blanc du jugement final est dressé, et ceux qui y comparaissent, les méchants, ont pour partage l’étang de feu et de soufre. Un ciel nouveau et une terre nouvelle surgissent ; Dieu fait toutes choses nouvelles ; c’est le bonheur éternel pour tous les rachetés : « Dieu lui-même sera avec eux, leur Dieu ». Ce saint livre, donné par Jésus lui-même à Jean pour que celui-ci le communique à l’Église, renferme, sans doute, des choses difficiles à comprendre, mais il en contient beaucoup d’autres propres à élever l’âme vers Dieu, Jésus et le ciel. Souvenons-nous que le Saint Esprit a dit : « Bienheureux celui qui lit, et ceux qui entendent les paroles de la prophétie, et qui gardent les choses qui y sont écrites car le temps est proche ».
L’amour que Jean connaissait et qu’il avait puisé dans le cœur de son divin Maître, se manifesta jusqu’à la fin de sa vie. On raconte que trop âgé et trop faible pour se rendre dans les assemblées, il s’y faisait porter, et, incapable de prononcer un long discours, il se bornait à répéter « Mes petits enfants, aimez-vous les uns les autres ».
— Pourquoi, lui demandaient les frères, redis-tu toujours la même parole ?
— Parce que c’est le commandement du Seigneur, répondait l’apôtre, et que, s’il est accompli, tout est accompli. En effet, « l’amour est de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu ».
Comme nous l’avons dit, sa longue vie faisait penser qu’il ne mourrait pas, mais demeurerait jusqu’au retour du Seigneur. Il passa cependant par la mort, mais dans ses écrits, il nous fait connaître les voies de Dieu jusqu’à la fin. Il s’endormit à Éphèse et son esprit bienheureux s’en alla auprès du Seigneur qu’il avait tant aimé. Avec les autres saints endormis en Jésus, il attend le moment dont Jésus parlait en disant : « Je reviendrai et vous prendrai auprès de moi ». C’est le moment de la résurrection de vie pour ceux qui sont délogés et du changement des « vivants qui demeurent jusqu’à la venue du Seigneur ». Alors tous ensemble rendus semblables au Sauveur glorifié, nous serons conduits par Lui dans la maison de son Père. Glorieuse et bienheureuse espérance !
La mort de Jean eut lieu, pense-t-on, vers l’an 100, sous le règne de l’empereur Trajan.
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