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Forum Religion Catholique

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Message  Arlitto Jeu 9 Juin 2016 - 19:25

Rappel du premier message :

Forum Religion Catholique





Catholicisme




Religion des chrétiens qui reconnaissent le pape comme chef spirituel.

Le catholicisme, également appelé l’Église catholique, est la branche du 
[ltr]christianisme[/ltr]
 qui reconnaît l'autorité spirituelle et juridictionnelle du 
[ltr]pape[/ltr]
. « Totalité et universalité » : tel est le sens en grec ancien du terme katholikos, par lequel est désignée, dès le iie s. de notre ère, l'Église qui a été fondée par Jésus, puis celle qui est restée attachée à ce titre ancien après les divisions apparues au sein du monde chrétien.

Le catholicisme fonde son unité sur une communauté de foi, de sacrements et de vie religieuse (un seul Christ, une seule foi). Une, la foi catholique repose sur un triple fondement : l'Écriture, qui est parole de Dieu ; la Tradition, qui est continuité de l'action divine ; l'Église, dépositaire et seule interprète autorisée de la vérité.



L'Église catholique au sein du christianisme

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Lippo Memmi, saint Pierre

Selon l'Évangile, Jésus a lui-même désigné parmi ses apôtres un homme, Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » Le martyre de Pierre à Rome a ensuite désigné le siège épiscopal de la ville comme celui autour duquel doit s'affirmer l'unité de l'Église et de la foi. C'est ainsi que dans l'Église primitive est établie, vers le ier s., la primauté de l'évêque de Rome, successeur de Pierre. 

Les enseignements du Christ ont d'abord été transmis par voie orale. Aux premiers écrits chrétiens, notamment les lettres adressées par Paul aux communautés qu'il a fondées, vont succéder les Évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean. Face à la nécessité de légiférer pour authentifier, parmi les multiples écrits qui sont alors rédigés, ceux qui sont fidèles à l'enseignement du Christ, un corpus est rassemblé sous le nom de « Nouveau Testament », en même temps que les écrits juifs antérieurs sont rebaptisés « Ancien Testament ». De même, face à la multiplication des communautés chrétiennes qui naissent dans tout le Bassin méditerranéen à partir du ier s., sont structurées les formes de cette Église (assemblée), qui est appelée à préserver le message du Christ en le protégeant des interprétations erronées. 



Le schisme avec les chrétiens d’Orient



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Constantin Ier le Grand

Persécuté du ier au ive s., puis toléré et enfin reconnu comme religion officielle par l'empereur Constantin, au début du ive s., le christianisme parvient à s'établir dans l'Empire romain, tout en maintenant son unité ecclésiale et doctrinale jusqu'au xe s. Cependant se développent au sein de l'Église de nombreux débats théologiques, tranchés lors de grands conciles où sont élaborés et fixés des éléments essentiels de la doctrine chrétienne, comme l'universalité du christianisme (Jérusalem, en 49), la Trinité de Dieu (Nicée, en 325 ; Constantinople, en 381), la nature de Jésus-Christ, à la fois humaine et divine (Chalcédoine, en 451). Après l'éclatement de l'Empire romain à la fin du ve s., les divergences entre Orientaux et Occidentaux se font de plus en plus sentir. 

Alors que l'Église orientale reste sous la tutelle de l'empereur de Constantinople, l'Église latine doit, pour sa part, suppléer le pouvoir politique, qui s'est effondré avec la chute de l'Empire romain d’Occident. Rome y gagne en autorité non plus seulement spirituelle, mais également temporelle. L'Église d'Orient, déjà opposée à l'Église latine sur la formulation du dogme de la Trinité, lui reproche son autorité centralisatrice. En 1054, la rupture est consommée. L'Église latine garde le nom ancien de « catholique » et celle d'Orient prend celui d'« Église orthodoxe ». Certaines Églises feront néanmoins retour à la communion catholique, notamment au xviiie s., tout en gardant leurs rites de tradition orientale. 



La Réforme protestante


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Martin Luther

Face au pouvoir temporel de plus en plus hégémonique de l'Église catholique en Europe, les critiques se lèvent pour dénoncer les pesanteurs et les compromissions de l'appareil clérical. Les thèses de Martin Luther (1517) marquent le début de la Réforme, qui donne naissance aux Églises protestantes. Ce mouvement de contestation aspire à une simplification et à une personnalisation de la religion, en préconisant notamment la lecture directe de la 
[ltr]Bible[/ltr]
 par le croyant. Grâce au développement de l'imprimerie, il parvient en effet à retirer aux clercs et à l'Église le monopole de la pratique des Saintes Écritures. Dans le protestantisme, il n'y a pas d'épiscopat sacramentel, mais un sacerdoce commun à tous. Le baptême et la Cène (partage du pain et du vin) sont les seuls sacrements retenus, et toute pratique de dévotion ou toute démarche visant à s'assurer du salut sont rejetées : le salut ne s'achète pas, il est obtenu par la grâce de Dieu et non par les œuvres. 

L'Église catholique tente de répondre à ces vives attaques par la Contre-Réforme, ou Réforme catholique, en réaffirmant notamment l'autorité du pape ainsi que son attachement à la Tradition, à son magistère, aux sacrements et au salut par les œuvres. 



La foi catholique

Introduction

La foi catholique consiste en l'adhésion aux enseignements de l'Église portant sur les vérités que Dieu a révélées par son Fils. Elle se caractérise précisément par la définition des voies d'accès à ces vérités et au salut qu'elles portent en elles : la Révélation, l'Église et la Tradition, qui forment un tout indivisible. 



La Révélation


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Lorenzo Lotto, la Reconnaissance de la nature divine de l'Enfant Jésus

Selon le christianisme, Dieu s'est révélé aux hommes à travers l'histoire du peuple juif, auquel il a proposé son alliance, avant de se révéler pleinement à travers son Fils – Jésus-Christ mort et ressuscité –, en lequel il s'est incarné. 

Le Dieu révélé par le Christ est un Dieu unique mais en trois hypostases : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Il est créateur de toute chose et de toute vie. Empli de bonté envers sa création, il renouvelle, à travers le sacrifice de son Fils sur la croix, son alliance avec le peuple juif puis avec tous les hommes. Les chrétiens, en effet, croient non seulement à la résurrection du Christ, mais aussi à la résurrection des morts et à la vie éternelle : le salut. 

L'enseignement du Christ peut se résumer par cette phrase de l'Évangile de Luc (Luc X, 27) : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces, et de tout ton esprit. Et tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Le mot « alliance » traduit un lien de réciprocité entre Dieu et l'homme, et il exprime la « solidarité » de Dieu avec tout homme. Aussi toute adhésion de foi comporte des exigences d'engagement de solidarité humaine et sociale. 

La Révélation est tout entière contenue dans la vie, la mort et la résurrection du Christ. Les textes bibliques conservés par la Tradition transmettent les récits qui en ont été faits par les premiers chrétiens. 



L'Église

Dépositaire et interprète autorisée des vérités chrétiennes, l'Église veille au maintien de l'unité de la foi. Dans le catholicisme, c'est à elle, à l'assemblée des fidèles, que sont transmises les Écritures, et non à chacun de ses membres d'une manière individuelle. 

L'Église catholique ne peut admettre sans difficulté l'existence de plusieurs Églises chrétiennes. Selon elle, la volonté du Christ, réaffirmée dans le credo de Nicée, est que son Église soit « une, sainte, catholique et apostolique », et ce non seulement d'un point de vue théologique – comme le soutiennent orthodoxes et protestants –, mais également dans sa réalisation concrète. 

La conviction avec laquelle l'Église catholique revendique comme légitime le droit de rassembler tous les chrétiens repose sur trois éléments fondamentaux : 


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Évêque célébrant la messe

– La succession apostolique. Les évêques continuent avec le pape la mission confiée par Jésus aux apôtres. Leur ordination dans l'Église (par imposition des mains et sacrement de l'ordre) les investit des pouvoirs de gouverner, d'enseigner et de donner les sacrements au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. 

– La prédication de la Parole. De même que les premiers disciples ont reçu de Jésus l'Esprit saint, le collège des évêques et le pape sont assistés par l'Esprit lorsqu'ils doivent énoncer les vérités de foi. 


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Baptême d'un enfant

– Les sacrements. La présence du Christ dans l'Église se manifeste par l'Église elle-même et par les sacrements – signes sacrés porteurs de grâces et institués par le Christ –, à travers lesquels l'Esprit opère le don de Dieu. L'Église catholique dispense sept sacrements : le baptême et l'eucharistie (communs à toutes les Églises chrétiennes), la confirmation, le mariage, l'ordre, la réconciliation (pardon) et l'onction des malades (extrême-onction) pratiqués également dans les Églises orthodoxes. Par le sacrement de l'ordre (ordination), les clercs – diacres, prêtres, évêques – reçoivent le pouvoir de transmettre la grâce de Dieu par les sacrements. 



La Tradition

L'Église assure la présence du Christ à travers les âges, en tant que dépositaire des Écritures, mais aussi de la Tradition. Dans le catholicisme, la Tradition englobe l'ensemble des enseignements, des dogmes et des pratiques cultuelles que l'Église a adoptés tout au long de son histoire. Loin de penser que son épaisseur risque de rendre opaque la vérité du Christ, l'Église catholique considère que la Tradition garantit la transmission fidèle et intégrale de la Révélation. 

Par son action théologique, dogmatique, liturgique et même sociale, l'Église s'efforce sans cesse d'approfondir le mystère chrétien. Les nouveaux dogmes qu'elle élabore ne sont pas censés apporter de nouvelles vérités, mais éclairer un aspect de la vérité déjà révélée dans sa plénitude par le Christ. Ainsi, la vérité discernée à un moment donné par l'Église des fidèles n'est pas désavouée par les générations suivantes, mais elle est conservée dans la Tradition, tout en étant réinterprétée. 

Il existe une manière moderne d'adopter des dogmes qui tend à s'éloigner d'une conception « doctrinaire » de la Tradition et qui prend en compte la dimension historique de la parole doctrinale de l'Église. En témoignent les paroles du pape Jean XXIII au concile Vatican II (1962) : « Autre chose est le dépôt même ou les vérités de la foi, autre chose est la façon selon laquelle les vérités sont exprimées, à condition toutefois d'en sauvegarder le sens et la signification. » 

À toutes les époques et dans les divers contextes culturels, l'Église catholique a toujours professé sa foi dans l'assistance par l'Esprit saint pour interpréter et actualiser le message évangélique, en le préservant des interprétations subjectives et en lui conservant son authenticité et son unité. 



La liturgie

Ensemble des célébrations officielles du culte rendu à Dieu, la liturgie s'organise ordinairement au niveau de la communauté paroissiale. Ces célébrations publiques, qui ont lieu habituellement le dimanche ou le samedi soir, rassemblent à l'église les catholiques établis à proximité. Un calendrier liturgique répartit sur une année la célébration des grandes étapes de la vie du Christ (sa naissance est fêtée à Noël, sa résurrection à Pâques, etc.). 


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Messe à Notre-Dame de la Trappe

La principale liturgie est la messe, qui comprend deux grandes parties, la première étant consacrée à la lecture et aux commentaires de la Parole (sermon ou homélie), la seconde à l'eucharistie et à l'action de grâce. Comme le Christ l'a enseigné aux apôtres à la veille de sa mort, les catholiques partagent le pain et le vin dans l'eucharistie, un sacrement qui, plus qu'un acte dédié à la mémoire du Christ, est, dans la théologie catholique, sa transsubstantiation. Par la communion, les croyants participent à la vie du Christ, reçoivent son corps et son sang comme une nourriture spirituelle qui les sanctifie. 

Les catholiques, de même que les orthodoxes, prient la Vierge Marie et les saints, intercesseurs auprès de Dieu. 



L'institution catholique

Introduction

L'Église catholique possède une structure à la tête de laquelle se trouve le pape, suivi – dans l'ordre hiérarchique – par les évêques, les prêtres, les diacres et les laïcs (ou simples fidèles). 

Avec ses deux mille ans d'histoire et ses nombreux fidèles répartis dans le monde, l'Église catholique se révèle être une institution dont le gouvernement est fort complexe. 



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Rome
Le support territorial de l'Église catholique est l'État de la cité du Vatican, dont le statut a été établi par les accords du Latran, en 1929. Ce vestige des États pontificaux, institués au viiie s. pour garantir au pape une indépendance vis-à-vis des pouvoirs politiques, couvre un territoire de 44 ha enclavé dans la ville de Rome. La cité du Vatican jouit d'un statut de neutralité et d'inviolabilité. Cet État singulier est doté d'un gouvernement propre. Sa population s'élève à quelques centaines de personnes, principalement occupées dans la curie romaine. 



Le gouvernement de l'Église


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Premier concile du Vatican

Au sommet de la hiérarchie catholique, le pape est le garant de la continuité apostolique. Occupant le siège épiscopal de l'apôtre Pierre, il est évêque de Rome. Il nomme les évêques. Élu par le Sacré Collège des cardinaux et choisi parmi eux, il est aussi le signe visible de l'unité de l'Église. À ce titre, il représente l'autorité suprême, arbitrant toutes les décisions concernant la vie de l'Église, l'expression de la foi et les grandes questions posées par les évolutions de société. Toutes ses décisions et déclarations n'engagent pas la foi catholique au même degré : une encyclique papale n'a pas la valeur d'un dogme, qui est l'énonciation d'un article de foi. Aux périodes défensives de son histoire, l'Église catholique s'est recentrée autour de l'autorité du pape, notamment après le grand schisme d'Orient (au moment même où l'Église orthodoxe a conservé des traditions plus pluralistes en son sein), mais aussi lors de la Réforme protestante, puis au début de la modernité issue des Lumières et de la Révolution française. En 1870, au concile Vatican I, l'Église s'est attachée à redéfinir la primauté et l'infaillibilité de son chef. Près d'un siècle plus tard, le concile Vatican II a rééquilibré l'autorité papale en réhabilitant dans ses fonctions primitives la collégialité des évêques. 

La collégialité épiscopale confère une responsabilité à tous les évêques, qui exercent leurs pouvoirs sous l'autorité du pape. C'est au chef suprême de l'Église qu'incombe, en effet, le droit de les réunir tous en concile œcuménique ou en synode (c'est-à-dire en assemblée régionale ou locale, par exemple, les évêques africains). Cependant, depuis le concile Vatican II, des conférences épiscopales nationales ou locales (par exemple, la Celam, la Conférence des évêques d'Amérique latine) se tiennent régulièrement à leur propre initiative. 

Assemblée des cardinaux – évêques élevés à ce rang par le pape –, le Sacré Collège joue un rôle de conseil particulier auprès du chef suprême de l'Église. Le rôle de cette assemblée consiste essentiellement à élire le nouveau pape. Mais, selon la règle édictée par Paul VI en 1970, ne participent au vote que les cardinaux âgé de moins de 80 ans. Le Sacré Collège, qui comptait 70 cardinaux de Sixte Quint à Jean XXIII, en rassemble près de 200 à la fin des années 2000. 



L'Église locale

Circonscrite par un territoire – le diocèse – plus ou moins vaste selon les régions du monde, l'Église diocésaine constitue l'unité de base de l'Église, dans laquelle la continuité apostolique est assurée par l'évêque. 

Nommé par le pape, l’évêque est choisi parmi les prêtres et ordonné par des évêques. La plupart d'entre eux sont à la tête d'un diocèse, qui est organisé en paroisses que l'évêque confie à des prêtres. L'évêque, qui a pouvoir de juridiction, est responsable en particulier de la pastorale (enseignement et mission) et des prêtres de son diocèse. 

Ordonnés par l'évêque, les prêtres sont au service de l'Église diocésaine. Ce sont exclusivement des hommes ayant fait vœu de célibat (à l'exception des Églises catholiques de rite oriental, où des hommes mariés peuvent être ordonnés). Ils reçoivent de l'évêque le pouvoir de dispenser tous les sacrements sauf l'ordination des nouveaux prêtres (réservée aux évêques). Ils président les célébrations liturgiques, organisent les nombreuses activités de catéchisme, d'entraide, de réflexion au niveau paroissial et diocésain. 

Les diacres constituent, au sein de l'Église, le premier degré de la hiérarchie et du sacrement de l'ordre. Tirant son origine d'une tradition ancienne, le diaconat a été remis en honneur par le concile Vatican II comme service spécifique de la communauté croyante ouvert aux hommes mariés. On parle alors de diacres permanents. 

Les laïcs sont les membres les plus nombreux de l'Église. Ils voient leur participation à la mission évangélique de l'Église mieux reconnue dans les sociétés laïcisées du IIIe millénaire. 



Les ordres religieux

En dehors des activités organisées autour des paroisses et, plus généralement, dans le cadre de la structure ecclésiastique, il existe d'autres formes de vie religieuse, plus dépouillées, plus disciplinées et souvent plus communautaires. Les ordres et les missions représentent ainsi des formes très différentes d'engagement au nom de la foi catholique. 


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Giotto, Innocent III approuve la règle de saint François

À l'instar des plus connus d'entre eux – bénédictins et bénédictines de saint Benoît (vie s.), franciscains de saint François d'Assise (xiiie s.), clarisses de sainte Claire (xiiie s.), dominicains de saint Dominique (xiiie s.) ou jésuites d'Ignace de Loyola (xvie s.) –, tous les ordres religieux suivent des règles de vie qui répondent aux trois appels évangéliques : la pauvreté, la chasteté et l'obéissance. Ils se différencient néanmoins par leur principale activité qui peut être la prédication, l'action missionnaire et sociale ou encore la prière (notamment dans les ordres contemplatifs vivant dans des monastères). 

Contrairement à la prêtrise, les ordres admettent hommes et femmes, mais dans des communautés séparées. Le statut de religieux n'est pas incompatible avec la prêtrise, tant et si bien que beaucoup de religieux sont également prêtres. Par ailleurs, certains ordres (comme les dominicains et les franciscains) ont institué un « tiers ordre », dans lequel sont regroupés des laïcs, mariés ou non, qui, tout en continuant à vivre dans le monde, s'engagent à suivre certains préceptes de la règle adoptée par l'ordre auquel ils appartiennent. 

Les ordres religieux ont, pour la plupart, essaimé sur tous les continents. Les responsables des communautés dépendent, selon les cas, de l'évêque du lieu ou d'une autorité centrale rattachée directement au Saint-Siège. 



Les mouvements catholiques

Les mouvements catholiques rassemblent des croyants désireux d'agir au nom de la foi, de la justice et de la charité chrétiennes, dans le cadre d'un des nombreux organismes existants, associations ou institutions. Alors que certains d'entre eux ont une dimension locale, d'autres (comme Caritas International, dont fait partie le Secours catholique français) sont internationaux. 

Ces mouvements allient à des degrés divers l'étude ou la formation religieuse, l'approfondissement spirituel et l'action caritative ou sociale. Une tension existe cependant entre ceux qui seraient tentés d'oublier le « monde » et ceux qui, au contraire, s'engagent « dans le monde » sans mettre en avant leur identité de membres de l'Église. 



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Léon XIII

À travers ces nombreux engagements, le catholicisme continue d'être actif dans les domaines de l'enseignement et de l'assistance hospitalière ou caritative, qu'il a longtemps eus en charge. Avec la révolution industrielle du xixe s., il s'est investi sur le terrain social pour dénoncer la « misère imméritée des ouvriers » (encyclique Rerum novarum de Léon XIII, en 1891) et pour y chercher remède. Connu sous le nom de catholicisme social, ce mouvement a débouché sur l'action politique, conduite par les partis de la démocratie chrétienne, et préparé l'éclosion de l'apostolat des laïcs, notamment l'Action catholique en France. 

La présence de plus en plus nombreuse de missionnaires dans les pays du tiers-monde a permis aux catholiques de participer à la lutte pour le développement des pays du Sud et de porter assistance aux plus défavorisés. 



L'évolution actuelle du catholicisme

Introduction

Ouverture sur le monde séculier, volonté de rejoindre les préoccupations des fidèles, telle est la tendance qui l'emporte aujourd'hui au sein de l'Église catholique, qui cherche à refréner la poussée des traditionalistes refusant toute modernisation liturgique et toute forme d'œcuménisme. 



Le concile Vatican II

La seconde moitié du xxe s. est marquée par le concile Vatican II. Convoqué par Jean XXIII, qui l'ouvre le 11 octobre 1962, il est clos le 8 décembre 1965 par Paul VI. Au terme de cette grande assemblée qui a réuni les évêques du monde entier et de nombreux experts théologiens, le catholicisme sort transformé, en particulier plus ouvert au dialogue : 
– avec les autres confessions chrétiennes dans le cadre du dialogue œcuménique, qui se traduit, dès le 7 décembre 1965, par la levée réciproque des excommunications entre Rome et Constantinople ; 
– avec tous les hommes s'interrogeant au sein de l'Église sur les problèmes de société, dans le respect de leur liberté ; 
– avec tous les catholiques, clercs et laïcs, qui ont reçu la même mission de témoigner du Christ et qui méritent ainsi une plus grande reconnaissance, due également au pluralisme culturel des Églises particulières et locales, dont il convient de respecter l'autonomie légitime (par exemple, par l'utilisation de la langue vernaculaire comme langue liturgique) ; 
– avec les autres religions, sur la base d'une reconnaissance plus ample du caractère impénétrable des voies de Dieu. 

Le concile Vatican II a été l'aboutissement et le point de départ d'un vaste travail théologique qui continue à susciter un intérêt général, de la part tant des clercs que des laïcs. 



La tentation intégriste

L'intégrisme catholique est né d'une réaction aux évolutions des sociétés modernes. Désignant initialement un parti politique espagnol, né vers 1890, à la suite de la condamnation papale du modernisme (Syllabus, 1864), le terme a pris un sens plus large. Aujourd'hui il s'applique aux catholiques intransigeants, qui refusent toute concession avec l'ordre social et politique des sociétés modernes, laïques et pluralistes. 

Au début du xxe s., sous le pontificat de Pie X, l'intégrisme a pris la forme d'une organisation secrète, la Sapinière, dont l'activité principale était de constituer des dossiers sur les catholiques jugés trop « compromis » avec la société moderne. Elle a mis fin à ses activités en 1921. 

Après Vatican II, l'intégrisme est devenu le creuset des tendances catholiques fondamentalement hostiles à l'aggiornamento (adaptation de l'Église à la modernité) engagé par le concile. Le 30 juin 1988, le schisme conduit par le chef des intégristes – l'évêque français Marcel Lefebvre – a été consommé avec l'Église de Rome. 


Documents associés

Médias


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Message  Arlitto Sam 11 Juin 2016 - 20:32

Les épîtres du Seigneur aux Sept Assemblées d’Asie


La personne du Seigneur

L’Apocalypse (ou : Révélation), que Jean écrivit à la fin de sa longue carrière, est en effet « la révélation de Jésus Christ que Dieu lui a donnée pour montrer à ses esclaves les choses qui doivent arriver bientôt ; et il l’a signifiée, en l’envoyant par son ange, à son esclave Jean ». Ces choses, qui doivent arriver bientôt, sont les jugements qui frapperont le monde pour amener l’établissement du règne du Seigneur Jésus Christ. Elles sont décrites à partir du chapitre 6. Mais auparavant, le Seigneur a quelque chose à dire à l’Église sur la terre. C’est ce que nous trouvons dans les chapitres 2 et 3 ; il est bon que nous le parcourions avant de continuer l’histoire de l’Église ou l’Assemblée après le délogement du saint apôtre, le disciple que Jésus aimait. Nous avons, en effet, dans ces lettres que le Seigneur adresse par son serviteur Jean à sept assemblées, une histoire prophétique de ce qui avait déjà eu lieu et de ce qui devait encore se passer dans l’Église jusqu’au retour du Seigneur pour les saints.

Le Seigneur apparaît d’abord à Jean dans l’éclat de sa gloire comme Fils de l’homme prêt à exercer le jugement. Mais Dieu commence « le jugement par sa propre maison » (1 Pierre 4:17). Aussi Jean voit-il le Seigneur « au milieu de sept lampes d’or » qui représentent sept assemblées. Et ces assemblées sont celles qui existaient alors à Éphèse, à Smyrne, à Pergame, à Thyatire, à Sardes, à Philadelphie et à Laodicée, toutes les sept dans la province d’Asie, pas très éloignée d’Éphèse, et peut-être celles que l’apôtre visitait plus particulièrement dans ses tournées pastorales.

Pourquoi, dira-t-on, le Seigneur choisit-il sept assemblées et celles-là plutôt que d’autres ? D’abord, il faut nous rappeler que le nombre sept représente toujours, dans l’Écriture, un ensemble complet (par exemple, les sept jours de la semaine) ; nous apprenons ainsi que le Seigneur a en vue l’Église dans son ensemble, bien que dans sept différentes périodes ou états jusqu’à la fin. Et ensuite, il choisit les assemblées désignées, parce que chacune présentait un trait spécial, propre à caractériser un état particulier de l’Église à un moment donné.

Pourquoi, demandera-t-on encore, les églises sont-elles représentées par des lampes d’or ? L’or est le métal précieux par excellence. Il représente ce qui convient à Dieu, à sa présence (*) ; il est l’emblème de la justice divine. Les lampes sont d’or pour montrer qu’elles sont de Dieu, établies par Lui, et fondées sur la justice divine. Et de même que les lampes sont destinées à porter et répandre la lumière, ainsi l’Église était établie pour être le vase destiné à faire briller devant le monde la lumière de la vérité touchant Dieu et son Fils bien-aimé. Ensuite, le Seigneur est représenté comme marchant au milieu des assemblées, pour nous montrer qu’il voit et juge tout dans l’Église.


(*) Dans l’intérieur du tabernacle, la demeure de Dieu, tout était en or. Voyez Exode 25:10-40 ; 26:29

Les traits sous lesquels le Seigneur se montre à Jean sont remarquables. L’apôtre le voit « semblable au Fils de l’homme » ; c’est le Seigneur dans son humanité, car le Père « lui a donné autorité de juger, … parce qu’il est Fils de l’homme » (Jean 5:27). Comme Fils de l’homme il a été méprisé, rejeté et cloué à la croix ; comme Fils de l’homme, Dieu l’a glorifié, et il viendra dans l’éclat de sa gloire pour juger (*). Il était « vêtu d’une robe qui allait jusqu’aux pieds, et ceint, à la poitrine, d’une ceinture d’or ». Cela indique la calme attitude d’un juge, et la ceinture d’or signifie qu’il jugera selon la justice de Dieu. Quand le précieux Sauveur veut faire connaître aux siens qu’il aime jusqu’à la fin, le service qu’il accomplit pour eux dans le ciel, afin qu’ils soient maintenus propres pour la présence et la communion de Dieu, il prend l’attitude de serviteur, et pour cela il ôte ses vêtements, se ceint d’un linge et leur lave les pieds qu’ensuite il essuie (**). Mais ici, il a le caractère de Juge. Jean remarque ensuite une autre chose dans la personne du Seigneur : « Sa tête et ses cheveux étaient blancs comme de la laine blanche, comme de la neige ». Pour comprendre la signification de ces traits, lisons quelques mots dans la merveilleuse vision de Daniel : « Je vis jusqu’à ce que les trônes furent placés, et que l’Ancien des jours s’assit. Son vêtement était blanc comme la neige, et les cheveux de sa tête, comme de la laine pure » (Daniel 7:9). C’est une séance du jugement que se tient. Mais qui est l’Ancien des jours ? Quel autre serait-ce que Dieu, le Dieu qui a précédé les temps, Celui qui « vit aux siècles des siècles » ? Ainsi, le Seigneur Jésus a ici le même caractère que l’Ancien des jours, et cela nous révèle sa divinité. Tout en étant Fils de l’homme, il est le vrai Dieu, Dieu béni éternellement (1 Jean 5:20 ; Romains 9:5).


(*) Voyez Luc 9:22, 26 ; Matthieu 25:31 ; Apocalypse 14:14-20.

(**) Jean 13:4- 5. Comparez avec 1 Jean 2:1.

Mais continuons à examiner les traits de la glorieuse personne du Seigneur. « Ses yeux sont comme une flamme de feu » ; ils sondent et pénètrent tout, même ce qu’il y a de plus caché dans les replis du cœur. N’est-ce pas là aussi un des attributs de Dieu, et un caractère essentiel à celui qui juge ? (Hébreux 4:13 ; Jérémie 17:10). Ensuite, Jean voit « ses pieds, semblables à de l’airain brillant, comme embrasés dans une fournaise ». Les pieds sont ce sur quoi l’homme repose ; l’airain est quelque chose de solide, en même temps il désigne la justice de Dieu s’exerçant en jugement contre le mal (*) ; le feu, est aussi un symbole ou une figure du jugement qui doit consumer les pécheurs (Marc 9:43-48). Ainsi ce que vit Jean indique la fermeté inflexible avec laquelle le Seigneur exercera le jugement. Combien cela est solennel ! « Sa voix », dit ensuite Jean, « était comme une voix de grandes eaux ». Ce n’est plus cette voix tendre et miséricordieuse qui disait : « Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos » (Matthieu 11:28) ; la voix si douce que les brebis entendent, et qu’elles suivent (Jean 10:27) ; non, c’est la voix majestueuse et redoutable qui annonce le jugement qui vient, de même qu’on entend de loin le grondement d’un fleuve débordant qui détruit tout sur son passage. Quel avertissement ! Les pieds du Seigneur qui, sur la terre, le portaient de lieu en lieu pour annoncer la paix et le salut, seront alors fermes pour exécuter le jugement, et sa voix qui prononçait des paroles de grâce, portera la terreur dans les cœurs (Actes 10:36-38 ; Matthieu 12:19).


(*) L’autel sur lequel les victimes étaient consumées, était d’airain (Exode 27:1-8).

« Il avait », dit encore Jean, « dans sa main droite sept étoiles ». Plus loin, nous apprenons que ces sept étoiles sont « les anges des sept assemblées ». Ce sont ceux qui, à cause de la position qu’ils occupent dans les assemblées, les représentent devant Dieu (*). Ils ont à y répandre la lumière que Dieu leur a donnée. Le Seigneur les tient dans sa main, car c’est à Lui, non à un homme, si excellent soit-il, qu’appartient l’autorité dans les assemblées. « De sa bouche sortait une épée aiguë à deux tranchants » (Hébreux 4:12 ; Éphésiens 6:17), c’est la parole du Seigneur qui est ainsi désignée ; sa parole qui atteint et pénètre jusqu’au fond de la conscience du pécheur ; sa parole qui combat et réduit à néant les ennemis de la vérité ; sa parole qui, dans le jugement des rebelles à la fin, les frappera de mort.


(*) Une étoile désigne quelqu’un qui occupe une position élevée, d’où il est responsable de répandre la lumière qu’il a reçue (Ésaïe 14:12-14 ; Daniel 12:3 ; Apocalypse 9:1-2).

« Et son visage [était] comme le soleil quand il luit dans sa force ». C’est le dernier trait. Il nous montre le Seigneur revêtu de l’autorité suprême dont le soleil est toujours l’emblème. C’est l’autorité dont il sera revêtu lorsque son royaume sera établi, qu’à son nom se ploiera « tout genou des êtres célestes, et terrestres, et infernaux, et que toute langue confessera que Jésus Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père » (Philippiens 2:10-11), et que l’éclat de sa gloire brillera aux yeux de tous. C’est ainsi que, sur la sainte montagne, Pierre, Jacques et Jean l’avaient déjà contemplé, tel qu’il sera dans son royaume, quand il fut transfiguré devant eux, que son visage resplendit comme le soleil, et que ses vêtements devinrent blancs comme la lumière (Matthieu 16:28 ; 17:2).

Tel apparut le Seigneur à Jean, le disciple bien-aimé, avant de lui donner les messages pour les sept assemblées. Quel effet cette vue glorieuse produisit-elle sur le disciple de Jésus ? Quel œil peut supporter l’éclat de la gloire dont Dieu a revêtu son Fils bien-aimé comme homme ressuscité et qu’il a établi pour être Juge ? Quelle oreille humaine peut entendre sans être frappée de terreur la voix de Celui qui va venir prononcer la sentence contre les méchants ? (Daniel 10:9). Aussi lorsque Jean vit le Seigneur dans cette gloire — Celui qu’il avait connu humble et débonnaire sur la terre — il tomba à ses pieds comme mort. Mais le Seigneur ne voulut pas laisser son cher disciple sous cette impression de crainte. Il mit sa main droite sur lui, cette main dont l’attouchement guérissait autrefois les malades, et prononça ces paroles bénies qui montraient qu’il était toujours le même Jésus, qui aime les siens d’un amour qui chasse la crainte : « Ne crains point » (*). Et il a le droit et le pouvoir de chasser la crainte du cœur de l’homme pécheur et de le vivifier, car, dit-il à Jean, « moi, je suis le premier et le dernier, et le vivant ». C’est-à-dire que c’est Lui qui est l’auteur de toutes choses et pour qui elles ont été faites ; le Vivant est Celui en qui réside la vie et duquel toute vie découle. Cela ne proclame-t-il pas qu’il est Dieu ? Oui, nous ne saurions trop le répéter et le mettre dans nos cœurs : Jésus est Dieu. Comme Jean le dit dans l’évangile : « La Parole était Dieu » (Jean 1:1, 14). Et c’est Lui, la Parole, qui est devenu chair ; il a été un homme qui a habité parmi nous et est mort pour nous. C’est ce que le Seigneur fait comprendre à Jean, car il ajoute : « Et j’ai été mort ; et voici, je suis vivant aux siècles des siècles ; et je tiens les clefs de la mort et du hadès ». Retenons bien cela : Celui qui est le Dieu vivant, qui possède la vie en Lui-même, le Créateur de toutes choses, est devenu un homme pour passer par la mort : « J’ai été mort », dit-il. Nous avons là l’humanité du Seigneur Jésus. Il rappelle sa mort, parce que si alors Satan semblait avoir vaincu, en réalité la mort de Jésus lui brisait la tête et annulait sa puissance. Mais comme homme aussi, Jésus est sorti des liens de la mort ; il l’a vaincue, étant ressuscité par la puissance de Dieu, et il est vivant à toujours comme Homme ressuscité et glorifié. Et à Lui appartient la puissance sur la mort et le hadès, c’est-à-dire le lieu invisible où vont les âmes de ceux qui délogent. Un jour, en vertu de cette puissance, il ressuscitera les morts, ceux qui se sont endormis en Lui, aussi bien que ceux qui seront morts sans Lui. Mais quelle différence ! Les uns pour la vie heureuse auprès de Dieu, les autres pour le jugement et la condamnation éternelle (Jean 5:28-29).


(*) C’est la parole qu’il dit à Pierre pour ôter le trouble de sa conscience réveillée par le sentiment de ses péchés (Luc 5:10) ; c’est aussi ce qu’il dit à Paul pour l’encourager dans son labeur et ses combats à Corinthe (Actes 18:9).

Voilà la Personne glorieuse que Jean contempla : le Fils de l’homme, mais le vrai Dieu en même temps ; Celui qui a été mort, mais qui vit à jamais, et qui dans son abaissement n’a jamais cessé d’être le Vivant.

Examinons maintenant les messages que Jésus donna à son serviteur pour les sept assemblées.
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Message  Arlitto Sam 11 Juin 2016 - 20:33

Éphèse, Smyrne et Pergame


Lorsque Jean qui, à la vue de la glorieuse personne du Christ, était tombé à ses pieds comme mort, eut été ranimé par l’attouchement de la main bénie et par les paroles de grâce du Seigneur, Jésus lui dit : « Écris les choses que tu as vues, et les choses qui sont, et les choses qui doivent arriver après celles-ci ».

Les choses que Jean avait vues, c’était Christ dans sa gloire comme Juge ; celles qui sont, c’est ce qui se rapporte à l’Église, et elles durent encore et dureront jusqu’au retour du Seigneur pour chercher les saints ; celles qui doivent arriver après celles-ci, sont des événements qui auront lieu ensuite sur la terre jusqu’à l’apparition en gloire du Seigneur Jésus Christ.

Après cela, le Seigneur fait écrire par Jean des lettres aux « anges », c’est-à-dire à ceux qui représentaient devant Lui les sept églises d’Asie. Rappelons-nous que ces églises, ou plutôt l’état dans lequel le Seigneur les voit, représentent divers états successifs de l’Assemblée universelle sur la terre.

À chacune de ces assemblées, le Seigneur se présente sous des traits particuliers, en rapport avec leur état. Il indique qu’il en a pris connaissance par ces mots expressifs : « Je connais tes œuvres », ou bien encore : « Je connais ta tribulation », ou : « Je sais où tu habites ». Quelle chose solennelle que d’avoir affaire à Celui auquel rien n’échappe, ni le bien, ni le mal !

Ensuite le Seigneur reconnaît et indique le bien qui se trouve en chacune des assemblées, mais il signale aussi le mal qu’il y voit, et d’après cela il distribue à chacun le blâme ou la répréhension, l’exhortation ou l’encouragement. Pour deux d’entre elles, il n’a point de paroles de reproche : c’est Smyrne dans la tribulation, et Philadelphie dans la faiblesse. Toutes deux ont été fidèles.

Puis Jésus exhorte celui qui a des oreilles à écouter ce que l’Esprit dit aux assemblées. Cela par conséquent concerne individuellement chacun de nous. Et enfin, à ceux qui auront vaincu, c’est-à-dire qui seront restés fidèles au milieu des difficultés, des pièges et des combats, le Seigneur donne les promesses les plus encourageantes (*).


(*) Dans les épîtres aux quatre dernières assemblées, l’exhortation à écouter suit la promesse au vainqueur. C’est que, dans les trois premières, l’exhortation est pour tous dans l’ensemble de l’Église, et dans les dernières, « celui qui écoute » est à part de l’ensemble.


Éphèse


La première assemblée à laquelle le Seigneur s’adresse, est celle d’Éphèse. Il se présente à elle comme ayant l’autorité suprême dans l’Église et y prenant connaissance de toutes choses. Il avait beaucoup de choses à louer en elle, de ces choses qui montrent la piété, la fidélité et le dévouement. « Je connais tes œuvres », dit-il, « et ton travail, et ta patience, et que tu ne peux supporter les méchants ; et tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres et ne le sont pas, et tu les as trouvés menteurs ; et tu as patience, et tu as supporté des afflictions pour mon nom, et tu ne t’es pas lassé ». À cela, le Seigneur ajoute plus loin : « Tu as ceci, que tu hais les œuvres des Nicolaïtes (ceux qui faisaient de la grâce un prétexte pour pécher), lesquelles moi aussi je hais ». Quel beau tableau de l’état d’une église ! Que manquait-il donc à ces chrétiens ? Ah ! l’œil scrutateur du Seigneur va bien au delà des œuvres qui se voient. Il sonde le cœur, ce qu’il veut c’est le cœur, les affections, et c’est le cœur qui faisait défaut à Éphèse. « J’ai contre toi », dit Jésus, « que tu as abandonné ton premier amour ». Voilà ce qui leur faisait défaut, et c’était bien grave. L’apôtre Paul écrivait aux Corinthiens : « Quand je distribuerais en aliments tous mes biens, et que je livrerais mon corps afin que je fusse brûlé, mais que je n’aie pas l’amour, cela ne me profite de rien » (1 Corinthiens 13:3). Eh bien, tel était l’état intérieur à Éphèse, et c’était le grand mal, le premier pas dans le déclin et vers la chute. « Christ a aimé l’Assemblée » (Éphésiens 5:25), et n’est-il pas juste de l’aimer en retour ? C’est ce que son cœur désire de nous, et, sans cela, les plus belles œuvres ne le satisfont pas. La gravité de cet état nous est montrée par l’exhortation du Seigneur : « Souviens-toi … d’où tu es déchu, et repens-toi, et fais les premières œuvres », c’est-à-dire les œuvres qui étaient le fruit de l’amour. À cela le Seigneur ajoute une menace bien propre à faire réfléchir : « Autrement, je viens à toi et j’ôterai ta lampe de son lieu, à moins que tu ne te repentes ». Cela veut dire que l’église cesserait d’être reconnue du Seigneur, qu’elle ne serait plus un témoignage pour Lui dans le monde.

Mais à quel moment de l’histoire de l’Église s’applique ce qui est dit à Éphèse ? C’est à l’époque qui avait déjà commencé quand Paul vivait encore, alors qu’il écrivait : « Tous cherchent leurs propres intérêts, non pas ceux de Jésus Christ » (Philippiens 2:21). Et à la fin de sa carrière : « Tous ceux qui sont en Asie… se sont détournés de moi » (2 Timothée 1:15). Le mal s’était accentué quand Jean eut ses visions, et le Seigneur dut donner à l’Église un sérieux avertissement. Et cet avertissement a toujours sa valeur pour nous. La racine de tout le mal qui a amené la ruine de l’Église, est l’abandon du premier amour, et la conséquence sera que, dans un temps peut-être bien rapproché de nous, la lampe sera ôtée, l’Église sera rejetée. Ainsi, la première période de l’histoire de l’Église est caractérisée par un état extérieur de piété, de fidélité et de zèle, que le Seigneur reconnaît, mais au fond il y a l’abandon du premier amour, de ce qui est le seul vrai ressort des œuvres selon Dieu.

Le Seigneur termine en s’adressant au vainqueur, c’est-à-dire à celui qui aura conservé dans son cœur « le premier amour », à celui pour qui le Seigneur Jésus n’aura pas cessé d’être le suprême et unique objet de ses affections. Il lui promet ce qu’il y a de plus précieux pour un cœur qui aime, c’est la jouissance de la présence et de l’amour de la personne aimée. « À celui qui vaincra », dit Jésus, « je lui donnerai de manger de l’arbre de vie qui est dans le paradis de Dieu ». Là il n’y aura plus de chute, ni de ruine, ni de déclin dans l’amour. Tout y sera parfait à toujours. Demandons d’être gardés dans l’amour de Jésus, et nous jouirons dans l’éternité de la vie et des délices du paradis de Dieu.


Smyrne


La seconde époque dans l’histoire de l’Église nous est montrée dans l’assemblée de Smyrne. C’est la période des persécutions que le Seigneur permet pour ramener les cœurs à Lui par l’affliction. Mais pour encourager ses saints dans la souffrance, il se présente d’abord à eux dans le caractère divin : « Voici ce que dit le premier et le dernier », c’était leur dire : « Le Seigneur en qui vous croyez et pour qui vous souffrez, est le Dieu Tout-Puissant d’éternité, ayez bon courage ». Puis il leur rappelle qu’il a été un homme sur la terre, et que comme tel, Lui aussi a souffert la tribulation et la mort, mais qu’il est maintenant vivant : « qui a été mort et a repris vie ». Quelle consolation pour les pauvres chrétiens dans l’épreuve ! « Car si nous souffrons, nous régnerons aussi avec lui ».

Et voici ce que dit le Seigneur à ces saints de Smyrne : « Je connais ta tribulation, et ta pauvreté (mais tu es riche), et l’outrage de ceux qui se disent être Juifs ; et ils ne le sont pas, mais ils sont la synagogue de Satan ». Nous voyons ce qu’ils avaient à endurer : la tribulation, c’est-à-dire la persécution, et nous avons déjà pu voir précédemment, combien terribles les souffrances de la persécution pouvaient être. Nous en aurons encore des exemples. Ensuite c’étaient les peines, les privations et le mépris qui s’attachent à la pauvreté. Et comme nous l’avons vu en particulier dans l’histoire de Paul, c’étaient les Juifs, ceux qui se vantaient d’être le peuple de Dieu, qui étaient les plus acharnés après les chrétiens (1 Thessaloniciens 2:14-16). Mais quelle consolation pour les persécutés ! Le Seigneur connaissait tout ce qu’ils souffraient ; son regard était sur eux, et son cœur sympathisait avec eux. Au milieu de leurs souffrances, de leurs privations et des outrages déversés sur eux, Jésus était avec eux pour les soutenir. Ils étaient ainsi riches d’une richesse que nul ne pouvait leur ravir, riches des richesses éternelles de Dieu (lire Romains 8:17-18, 35-37).

Déjà du temps de Jean, les chrétiens avaient souffert, mais leurs tribulations n’étaient pas finies ; le Seigneur leur en annonçait d’autres. « Ne crains en aucune manière », dit-il, « les choses que tu vas souffrir. Voici, le diable va jeter quelques-uns d’entre vous en prison, afin que vous soyez éprouvés : et vous aurez une tribulation de dix jours ». On voit ici quel est celui qui était derrière les persécuteurs et les faisait agir. C’était le diable, l’adversaire de Christ, celui qui est meurtrier dès le commencement. Il rôdait comme un lion rugissant pour dévorer les chrétiens (1 Pierre 5:8), mais de la part de Dieu qui permettait ces souffrances, c’était l’épreuve de leur foi et de leur amour pour Christ, et c’était destiné à rattacher leurs cœurs à ce précieux Sauveur (1 Pierre 1:6-9). Et d’un autre côté, le Seigneur, qui tient tout entre ses mains, leur annonce que leur épreuve sera limitée : « Vous aurez une tribulation de dix jours ». On a pensé que ces dix jours désignaient les dix grandes persécutions générales qui sévirent contre les chrétiens, jusqu’au règne de l’empereur Constantin. Nous en reparlerons, si le Seigneur le permet. Mais ce qui est précieux, c’est de voir que Jésus tient tout entre ses mains et que même les souffrances qu’endurent les siens sont pour leur bien.

On peut avoir à souffrir jusqu’à la mort, et combien de milliers et de milliers de saints l’ont endurée après des tortures sans nom ! Mais ce qui est devant le chrétien, ce qui soutenait les martyrs dans leurs souffrances et illuminait leur mort, c’était la perspective de la couronne de vie, d’une vie glorieuse et éternelle avec leur bien-aimé Sauveur. « Celui qui vaincra », dit Jésus, « n’aura point à souffrir de la seconde mort » (Voir Apocalypse 20:4-6).

Après avoir encouragé l’assemblée qui était à Smyrne et dont l’état figure la période des persécutions que traversa l’Église chrétienne, le Seigneur s’adresse à l’assemblée qui était à Pergame.


Pergame


« Et à l’ange de l’assemblée qui est à Pergame, écris : Voici ce que dit celui qui a l’épée aiguë à deux tranchants ». L’épée aiguë qui sort de la bouche du Seigneur est sa parole (Hébreux 4:12), soit qu’elle pénètre et juge le cœur et la conscience, soit qu’elle combatte les ennemis de la vérité, soit qu’elle frappe de mort les rebelles. Ici, le Seigneur se montre armé de cette épée, parce qu’à Pergame il y avait des personnes qui enseignaient des erreurs, et auxquelles il fallait s’opposer. Et l’arme du chrétien pour combattre l’erreur, c’est « l’épée de l’Esprit qui est la parole de Dieu » (Éphésiens 6:17).

Le Seigneur dit ensuite : « Je sais où tu habites, là où est le trône de Satan ». Non seulement le Seigneur connaît les œuvres que l’on fait, mais il sait où l’on habite, dans quel milieu on se trouve, avec quelle société on est mêlé. Et c’est une chose sérieuse. Habiter, ce n’est pas passer, c’est rester. Et l’Église habitait où était le trône de Satan ! C’est le milieu où elle restait. Satan a donc un trône, une autorité ; il gouverne donc. Et où est-il dressé, ce trône ? Dans le monde. Satan est « le chef de ce monde », a dit le Seigneur. Le monde a chassé Christ et l’a mis à mort, et depuis ce moment, Satan gouverne le monde (Jean 16:11 ; 14:30). Il le domine par le moyen des convoitises et des passions (1 Jean 2:16 ; Éphésiens 2:2-3). Or le chrétien n’est pas du monde (Jean 17:14 ; 15:19), comme Christ n’en est pas. Il doit traverser ce monde comme un étranger et non pas y habiter. C’était donc une position fâcheuse et une mauvaise chose pour l’église de Pergame, que d’habiter où était le trône de Satan ; elle se trouvait ainsi associée au monde.

Mais le Seigneur pouvait aussi reconnaître quelque chose de louable à Pergame : « Et tu tiens ferme mon nom, et tu n’as pas renié ma foi, même dans les jours dans lesquels Antipas était mon fidèle témoin, qui a été mis à mort parmi vous, là où Satan habite ». Le nom du Seigneur exprime tout ce qu’il est dans sa Personne adorable — vrai Dieu et véritablement homme ; le Fils unique et éternel de Dieu, et le Sauveur. Tenir ferme son nom, c’est garder dans son cœur et confesser de bouche tout ce qu’il est. Ne pas renier la foi, c’est demeurer fidèle aux enseignements de la Parole. C’est ce que l’église de Pergame avait fait, même dans la persécution où Antipas avait donné sa vie en témoignage pour le Seigneur. Qui était Antipas ? Nous ne savons rien de plus sur son compte, mais quel glorieux titre Jésus lui donne : « Mon fidèle témoin ! » Le Seigneur le connaissait, c’était assez. Il fut mis à mort pour Christ, et Christ lui a donné « la couronne de vie ». Puissions-nous aussi, dans notre faible mesure, être un fidèle témoin du Seigneur !

Mais remarquons que le Seigneur répète : « parmi vous, là où Satan habite ». Il veut appeler l’attention de l’Église sur sa dangereuse position. L’Église habitait là où Satan habitait aussi. C’était parmi eux. Quel danger que ce contact !

Aussi le Seigneur trouve-t-il des choses très répréhensibles à Pergame. « J’ai quelques choses contre toi », dit-il, « c’est que tu as là des gens qui tiennent la doctrine de Balaam, lequel enseignait à Balac à jeter une pierre d’achoppement devant les fils d’Israël, pour qu’ils mangeassent des choses sacrifiées aux idoles et qu’ils commissent la fornication. Ainsi tu en as, toi aussi, qui tiennent la doctrine des Nicolaïtes pareillement ».

Nous savons qui était Balaam. C’était un homme qui prétendait à la qualité de prophète, et qui avait une certaine connaissance de Dieu, mais dont le cœur était rempli de l’amour de l’argent (2 Pierre 2:15). Pour un gain, il s’était mis au service de Balac, afin de maudire les enfants d’Israël. Mais Dieu ne le lui permit pas ; au contraire, il fut forcé de bénir ce peuple. Que fit-il alors ? Il donna à Balac le conseil d’entraîner les Israélites dans des fêtes païennes, de se mêler avec le monde, afin d’attirer sur eux le jugement de Dieu. Voilà ce que le Seigneur voyait dans l’église de Pergame : de faux docteurs, semblables au faux prophète, qui enseignaient aux chrétiens à s’associer au monde, et dont les doctrines tendaient à rétablir l’idolâtrie sous une forme nouvelle.

En même temps, d’autres personnes, dans cette Église, tenaient la doctrine des Nicolaïtes dont le Seigneur haïssait les œuvres. C’étaient, sans doute, ceux dont parle Jude dans son épître, en disant que « certains hommes se sont glissés parmi les fidèles… qui changent la grâce de notre Dieu en dissolution » (vers. 4), gens qui faisaient de la grâce un prétexte pour pécher impunément. On tolérait de telles gens, on les recevait même dans les festins et les agapes (Jude 12 ; 2 Pierre 2:13). L’Église s’était associée au monde, et il n’y avait plus de séparation d’avec le mal ; triste résultat du fait d’habiter là où Satan habite.

Mais le Seigneur avait l’œil sur ce fâcheux état de choses, et voilà pourquoi il adresse à l’Église un sérieux avertissement : « Repens-toi donc ; autrement je viens à toi promptement, et je combattrai contre eux par l’épée de ma bouche ». Comprenons ce que veut dire ce « repens-toi ». Le bien qui se trouvait à Pergame n’excusait pas le mal que l’on avait laissé s’introduire. On ne peut racheter le mal par le bien. L’ange de l’assemblée n’aurait pas pu se justifier, en disant : « Mais tu vois, Seigneur, j’ai tenu ferme ton nom, et je n’ai pas renié ta foi », ni non plus : « Ce n’est pas ma faute si je suis dans le monde, il faut bien y vivre » ; ni non plus : « Si des gens enseignent de mauvaises doctrines, je n’y puis rien ». Non ; rien ne nous excuse de faire le mal, et si nous y avons été entraînés, il faut écouter le Seigneur et se repentir, c’est-à-dire juger tout ce mal et s’en détourner. L’ange devait cesser d’habiter où Satan avait son trône, rompre avec le monde, reprendre sa position d’étranger ici-bas, et repousser résolument les faux docteurs et leurs enseignements. Voilà ce que veut dire : « Repens-toi ». Et comment le pouvons-nous ? Par la Parole, parce que, quand elle demeure en nous, nous sommes forts, et rendus capables de vaincre le méchant et d’échapper au monde (1 Jean 2:14-16 ; 5:4-5). Et si l’on ne se repent pas, alors le Seigneur prend lui-même en main l’épée du jugement. Cela nous regarde aussi, car le Seigneur dit : « Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées ».

Celui qui écoute la voix de l’Esprit et s’y attache, sera vainqueur, et voici ce que le Seigneur lui promet : « À celui qui vaincra, je lui donnerai de la manne cachée, et je lui donnerai un caillou blanc, et, sur le caillou, un nouveau nom écrit, que nul ne connaît, sinon celui qui le reçoit ».

Rappelons-nous que la manne était le pain que Dieu envoyait du ciel pour nourrir son peuple dans le désert. Mais la manne qui nourrissait le corps, n’était qu’une figure d’un pain bien plus excellent, du pain de l’âme, je veux dire de Christ. Il disait Lui-même : « Moïse ne vous a pas donné le pain qui vient du ciel, mais mon Père vous donne le véritable pain qui vient du ciel. Car le pain de Dieu est celui qui descend du ciel, et qui donne la vie au monde… Moi, je suis le pain de vie ». « Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement » (Jean 6:32-35,48, 51). La manne cachée était celle que, par l’ordre de Dieu, on avait mise dans une cruche d’or et que l’on gardait dans le sanctuaire devant Dieu, en souvenir de ses soins dans le désert (Hébreux 9:4 ; Exode 16:33-34). Christ, le pain de vie, est maintenant dans le ciel, dont le sanctuaire était la figure. Il est auprès de Dieu, caché à la vue du monde. Mais c’est le même Christ qui était sur la terre, et en pensant à tout ce qu’il était ici-bas, en bonté, en douceur, en pureté, en humilité, en patience, en amour, en le goûtant, nos cœurs sont nourris et fortifiés, et c’est bien là ce qu’il faut pour vaincre le monde. Un combattant a besoin de nourriture. Voulez-vous être un bon soldat de Jésus Christ ? Nourrissez-vous de Lui.

Et qu’est-ce que le caillou blanc ? Dans certaines élections en Grèce, on écrivait sur un caillou blanc le nom de celui à qui l’on donnait son suffrage. Le caillou blanc est donc un signe secret de l’approbation du Seigneur. Paul n’avait-il pas cette approbation, quand il pouvait dire : « Je sais qui j’ai cru… Le Seigneur s’est tenu près de moi » ? Oui, il est précieux d’entendre la voix secrète du Seigneur nous dire : « Cela va bien ». Il ne peut approuver que celui qui combat et vainc pour son nom.

Quant à « un nouveau nom », n’est-ce pas ce qui indique quelque chose d’intime dans les affections du Seigneur pour nous ? Quand nous aimons quelqu’un, ne lui donnons nous pas souvent un nom qui nous est doux et que nous réservons pour lui seul ? Un nom que « nul ne connaît, sinon celui qui le reçoit ». Voilà donc la récompense du vainqueur. Christ se donne à lui comme nourriture céleste pour le fortifier ; il lui fait part de son approbation pour l’encourager, et l’introduit dans son intimité pour réjouir son cœur. Quelle grâce ! Ne voulez-vous pas être de ces vainqueurs ?

Maintenant, si l’on demande à quelle période de l’Église correspond ce qui est dit de Pergame, c’est celle qui suivit les persécutions. La dernière persécution générale, la plus terrible de toutes, eut lieu sous l’empereur Dioclétien et dura environ dix années (de l’an 303 à 312). Nous en reparlerons. Après sa mort, il y eut bien des guerres entre ceux qui aspiraient à l’empire. Ce fut Constantin qui l’emporta sur ses rivaux. Il avait toujours été favorable au christianisme et enfin l’embrassa, extérieurement du moins, car on doute s’il fut réellement converti. Depuis ce moment, les chrétiens, au lieu d’être persécutés, furent en faveur auprès du pouvoir civil, et le paganisme perdit son puissant appui. L’empereur soutint et protégea l’Église, et l’Église s’appuya sur lui. Elle avait fait alliance avec le monde. Nous aurons plus tard l’occasion de parler de tout ce qui s’introduisit ainsi au milieu d’elle ; pour le moment, continuons à écouter ce que le Seigneur, par l’Esprit, disait aux assemblées.


Thyatire


Après avoir envoyé son message à l’assemblée de Pergame, le Seigneur s’adresse à celle de Thyatire. Il se présente sous des traits qui conviennent merveilleusement à l’état de cette assemblée, comme nous le verrons.

« Et à l’ange de l’assemblée qui est à Thyatire, écris : Voici ce que dit le Fils de Dieu, qui a ses yeux comme une flamme de feu, et dont les pieds sont semblables à de l’airain brillant ». Pourquoi le Seigneur prend-il ici ce titre de Fils de Dieu, que nous ne lui voyons pas appliqué dans le premier chapitre ? Cherchons à nous l’expliquer. Le Seigneur avait une fois posé à ses disciples cette question : « Vous, qui dites-vous que je suis ? ». Et Pierre avait répondu : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Alors le Seigneur dit : « Sur ce roc (*) je bâtirai mon assemblée, et les portes du hadès (c’est-à-dire la puissance de Satan et de la mort) ne prévaudront pas contre elle » (Matthieu 16-16-18). Ainsi l’Église bâtie par Christ, est fondée sur Lui, le Fils du Dieu vivant, qui, dans sa résurrection, a vaincu Satan et la mort, et par conséquent elle ne peut périr, quelles que soient les attaques de l’ennemi. Maintenant, il faut nous rappeler que l’assemblée de Thyatire était dans un état très fâcheux, représentant celui où l’Église tout entière tomba, après qu’elle se fut associée au monde. On aurait pu croire que décidément Satan avait réussi à avoir le dessus. Alors le Seigneur se présente et dit : « Je suis toujours le Fils de Dieu, et quelque triste que soit l’état extérieur de l’Église, mon Assemblée à moi, composée des vrais croyants, ne périra jamais ». Et c’est là pour les fidèles une consolation de tous les temps. Mais le mal qui se trouvait dans cette assemblée devait aussi être jugé. Voilà pourquoi le Seigneur rappelle qu’il a « les yeux comme une flamme de feu », un regard qui pénètre tout ; et « les pieds semblables à de l’airain brillant », c’est-à-dire prêts à le porter là où le jugement contre le mal doit être exécuté.


(*) La vérité que Pierre venait de confesser.

Le Seigneur dit ensuite : « Je connais tes œuvres ». Dans l’adresse à Thyatire, il est plusieurs fois question d’œuvres. Il y a de mauvaises œuvres, celles de la femme Jésabel ; de celles-là, il faut se repentir, c’est-à-dire les abandonner. Ensuite, il y a les bonnes œuvres, celles dont le Seigneur dit « mes œuvres », qui sont faites selon Christ et pour Christ. Celles-là, il faut les garder jusqu’à la fin. Mais le Seigneur les connaît et les pèse toutes, mauvaises et bonnes, et il dit : « Je vous donnerai à chacun selon vos œuvres ». Paroles bien sérieuses et propres à nous rendre vigilants et attentifs à toutes nos voies !

« Je connais tes œuvres » dit le Seigneur à l’ange, et ce qui suit peut nous faire juger de quelles œuvres il parle : « et ton amour, et ta foi, et ton service, et ta patience, et tes dernières œuvres qui dépassent les premières ». Quel beau tableau d’une vie chrétienne, n’est-ce pas ? C’est bien plus que le Seigneur n’avait dit à Éphèse, car celle-ci avait abandonné son premier amour, tandis qu’ici les dernières œuvres dépassaient les premières. Combien il serait à désirer que nous eussions cette foi, cet amour, ce dévouement et cette persévérance dans le bien en attendant le Seigneur !

Mais à qui s’appliquaient ces paroles ? Pas à tous ceux qui étaient à Thyatire assurément, car il y avait là des personnes qui vivaient dans un mal très grand, et dont les œuvres mauvaises ne pouvaient provenir de la foi et de l’amour. Elles s’appliquent donc à ceux qui désapprouvaient le mal et s’en séparaient.

Le Seigneur signale ensuite le grand mal qui constituait l’état de l’assemblée à Thyatire : « J’ai contre toi », dit-il à l’ange, « que tu laisses faire la femme Jésabel qui se dit prophétesse ; et elle enseigne et égare mes esclaves en les entraînant à commettre la fornication et à manger des choses sacrifiées aux idoles ». Déjà à Pergame, il y avait des personnes qui tenaient cette mauvaise doctrine, la doctrine de Balaam, mais ici c’était bien pis. Toutefois, avant de parler de la Jésabel de Thyatire, nous dirons un mot d’une autre personne de ce nom, dont il est question dans l’Ancien Testament. C’est dans l’histoire des rois d’Israël. Achab fut le plus méchant de ces rois, qui tous firent « ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel ». Achab mit le comble à ses péchés en prenant pour femme Jézabel, fille du roi des Sidoniens, une idolâtre méchante et cruelle. Elle poussa dans l’idolâtrie son mari, et avec lui le peuple d’Israël ; elle persécuta avec rage et fit mourir les prophètes, serviteurs de l’Éternel, et ordonna le meurtre de l’innocent Naboth (lire 1 Rois 16:30-32 ; 18:4 ; 21:22, 25). On aurait pu penser que tous les Israélites avaient été séduits, et que le culte de l’Éternel n’existait plus en Israël. Le prophète Élie lui-même le croyait. Il disait à Dieu : « Les fils d’Israël ont abandonné ton alliance, ils ont renversé tes autels et ils ont tué tes prophètes par l’épée, et je suis resté, moi seul, et ils cherchent ma vie pour me l’ôter ». Mais l’Éternel lui répondit : « Je me suis réservé en Israël sept mille hommes… qui n’ont pas fléchi le genou devant Baal » (1 Rois 19:14, 18 ; Romains 11:2-5). Ces sept mille hommes formaient ce que l’on appelle un résidu. Ce sont ceux qui demeurent fidèles à Dieu quand la foule s’égare. Et c’est ce qui se trouvait à Thyatire.

La Jésabel de Thyatire était ainsi nommée par le Seigneur à cause de sa ressemblance avec la méchante femme d’Achab qui entraînait le peuple dans l’idolâtrie. Mais au lieu d’avoir des faux prophètes à ses ordres, comme la reine d’Israël, Jésabel à Thyatire, pour séduire mieux les âmes, prétendait être elle-même « prophétesse », c’est-à-dire la bouche de Dieu, parlant de sa part, et ainsi ne pouvant pas se tromper, infaillible, comme l’on dit. Et elle enseignait avec cette prétendue infaillibilité, de sorte que ses enseignements devaient être reçus comme venant de Dieu même. Elle mettait sa parole au niveau de celle de Dieu. De cette manière les âmes étaient aveuglées, conduites dans l’erreur et le mensonge, et ainsi détournées de Dieu, tout en croyant Lui obéir. N’est-ce pas un terrible état, provenant d’une œuvre du diable ? Au lieu d’être les esclaves de Dieu, elles devenaient les esclaves de Satan en s’associant aux idoles. L’ange de l’assemblée, ceux qui auraient dû veiller sur le troupeau, qui étaient responsables, au lieu de le réprimer, avaient laissé s’établir ce mal, et le Seigneur lui dit : « J’ai contre toi » ; Il ne peut tolérer le mal.

Le Seigneur, comme toujours, avait montré sa patience : « Je lui ai donné du temps afin qu’elle se repentît ; et elle ne veut pas se repentir ». Que reste-t-il à faire quand, malgré les avertissements et la patience du Seigneur, on ne veut pas se repentir ? Il ne reste plus que le jugement. C’est ce que le Seigneur prononce contre Jésabel. Elle sera réduite à l’impuissance ; « jetée sur un lit », dit le Seigneur, et que deviendront ses orgueilleuses prétentions ? Ceux qui se sont associés avec elle seront châtiés par « une grande tribulation », et quant à ses enfants, ceux qu’elle avait formés et nourris dans ses principes, le Seigneur dit d’eux : « Je ferai mourir de mort ses enfants ; et toutes les assemblées connaîtront que c’est moi qui sonde les reins et les cœurs ; et je vous donnerai à chacun selon vos œuvres ». Oui, le jugement terrible qui atteindra Jésabel montrera que le Seigneur connaît les pensées et les sentiments des cœurs, qu’il fait justice des vaines prétentions, et qu’on ne saurait Lui en imposer par de beaux dehors de religion : Il rend à chacun selon ses œuvres qu’il connaît.

Après avoir prononcé le jugement de Jésabel, de ceux qui se sont joints à elle et de ses enfants, le Seigneur s’adresse à une autre classe de personnes. Ce n’est pas à l’ange qu’il parle, car l’ange représente toute l’Église, et il a laissé faire Jésabel. Le Seigneur parle à un ensemble de personnes qu’il considère en dehors de ce mauvais état — à un résidu. Il leur dit : « Mais à vous je dis, aux autres… qui n’ont pas cette doctrine, qui n’ont pas connu les profondeurs de Satan, comme ils disent ». Le Seigneur, dont les yeux sont comme une flamme de feu, discerne à Thyatire tous ceux qui n’ont pas la doctrine de Jésabel, qui ne la reconnaissent pas comme prophétesse, et repoussent ses enseignements que le Seigneur nomme « les profondeurs de Satan ». En effet, qu’est-ce qui montre mieux la profondeur de la ruse de Satan, que de vouloir allier le christianisme à l’idolâtrie, sous la prétention que c’est un enseignement de Dieu ? Peut-être que ceux qui, à Thyatire, refusaient une telle doctrine, étaient en petit nombre, et étaient méprisés et outragés par ceux qui se vantaient d’être l’Église. Mais qu’importe ? Le Seigneur les connaissait et les approuvait : c’est là le point capital pour eux, comme pour nous.

Que dit le Seigneur à ces fidèles ? « Je ne vous impose pas d’autre charge », je ne demande de vous rien de plus que de vous tenir à part de la doctrine impure de Jésabel ; « mais seulement, ce que vous avez, tenez-le ferme jusqu’à ce que je vienne ». Ils n’avaient peut-être pas beaucoup de connaissances, pas de grandes lumières sur la Parole, mais ce qu’ils avaient leur suffisait pour discerner l’affreuse doctrine de Jésabel, ses prétentions et l’idolâtrie, et pour s’en séparer. Ils n’avaient qu’à tenir ferme dans leurs cœurs, jusqu’au retour de Christ.

C’est la première fois que ce retour de Christ est mentionné dans les épîtres aux assemblées. Cela nous montre que l’état de ces assemblées nous dépeint bien les états successifs par où passe l’Église entière. Les trois états décrits dans Éphèse, Smyrne et Pergame, aboutissent à Thyatire. Mais l’état décrit dans cette dernière dure jusqu’à la fin, jusqu’au retour du Seigneur. Mais quelle période dans l’histoire de l’Église représente donc Thyatire ? Celle qui suit l’époque où l’Église s’est associée au monde sous les empereurs chrétiens. Voyons maintenant les promesses magnifiques faites au vainqueur.

Voici ce que dit le Seigneur : « Et celui qui vaincra, et celui qui gardera mes œuvres jusqu’à la fin, — je lui donnerai autorité sur les nations ; et il les paîtra avec une verge de fer, comme sont brisés les vases de poterie, selon que moi aussi j’ai reçu de mon Père ; et je lui donnerai l’étoile du matin ».

Les premières paroles du Seigneur sont bien frappantes : « Celui qui vaincra ». Une victoire suppose un combat et par conséquent un ennemi, n’est-ce pas ? Quel est l’ennemi qu’il faut vaincre ? C’est Satan, l’ennemi déclaré de Christ et de ses saints. Il a été vaincu deux fois par le Seigneur, au désert d’abord, puis en Gethsémané et sur la croix, et après sa victoire, Jésus ressuscité est monté au ciel et s’est assis sur le trône de son Père. Et maintenant, Satan s’attaque à ceux qui appartiennent au Seigneur Jésus. Il les combat de toutes sortes de manières et avec toutes sortes d’armes, et il s’agit pour nous de le vaincre à la suite de notre grand capitaine.

Voyez-le à Éphèse ; il réussit à endormir les chrétiens dans le sentiment que tout allait bien, et ils perdent leur premier amour. À Smyrne, il use de violence, et excite le monde à persécuter les fidèles ; à Pergame, il se sert du monde et des faux docteurs pour les séduire ; tandis qu’à Thyatire, ce sont les ruses, les mensonges et les séductions de Jésabel qu’il emploie pour faire tomber les chrétiens dans l’idolâtrie. Contre tout cela, il fallait combattre et vaincre en restant fermement attaché à Christ.

Or tout chrétien a à combattre et à être vainqueur. Du moment que vous êtes à Christ, Satan ne peut, ni ne veut vous laisser tranquilles. Il cherchera à vous endormir, en vous faisant croire que vous êtes bien assez religieux, en vous rendant satisfait de vous-même, puisque vous priez, que vous lisez la Bible et que vous allez à des réunions chrétiennes. Il s’efforcera de faire en sorte que vous vous reposiez sur ce que vous faites et non sur Christ, et votre premier amour se refroidira. C’est ce que Satan veut ; car si Christ n’a plus toute la place dans votre cœur, qui l’occupera ? Il s’agit donc de combattre et vaincre, en restant aux pieds du Seigneur, comme Marie.

Satan essayera aussi de vous effrayer en excitant le monde contre vous. Vos compagnons ou compagnes, vos amis, ceux qui vous entourent, se moqueront de vous, vous tourneront le dos en vous donnant des noms de mépris. Il faut combattre et vaincre par la patience et la douceur (lire 1 Pierre 3:14-16). L’ennemi vous attaquera par le moyen du monde et de ses plaisirs. Si vous êtes jeune, il vous dira : « Quand on est jeune, il faut bien s’amuser un peu on a besoin de quelques distractions ; quel mal y a-t-il dans telle ou telle société ? ». Voilà ce que Satan suggérera à votre cœur naturel qui n’est, hélas ! que trop prompt à l’écouter. Résistez-lui par ces paroles : « N’aimez pas le monde, ni les choses qui sont dans le monde » (1 Jean 2:15). Il se peut même que Satan cherche à vous séduire par certaines formes religieuses qui agissent sur les sens et les sentiments, et qui les excitent. Prenez-y garde ; ne vous attachez qu’à ce que la parole de Dieu approuve d’une manière positive. Vous voyez donc que la vie, pour le fidèle disciple du Seigneur, est un combat incessant, qu’il soit un jeune Timothée ou un Paul âgé. C’est pourquoi nous sommes exhortés à revêtir toute l’armure de Dieu qu’il nous a préparée Lui-même, et à combattre comme de bons soldats de Jésus Christ, sous son drapeau à Lui, et sous nul autre (lire 2 Timothée 2:3-6). Et il ne faut pas nous décourager, ni nous lasser, mais garder les œuvres du Seigneur « jusqu’à la fin », c’est-à-dire jusqu’à ce qu’il vienne, afin de pouvoir dire avec Paul, le vaillant combattant : « J’ai combattu le bon combat, … j’ai gardé la foi : désormais m’est réservée la couronne de justice, que le Seigneur juste juge me donnera dans ce jour-là, et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui aiment son apparition » (2 Timothée 4:7-8).

Ces dernières paroles me conduisent à un autre point. Dans les armées de la terre, on décerne des récompenses à ceux qui ont bien combattu. Il y a des croix, des médailles, des mentions de courage, des places d’honneur. Le Seigneur Jésus Christ, notre grand capitaine, a aussi des récompenses pour ses soldats. Lui qui a combattu et vaincu le premier, est couronné de gloire et d’honneur ; son front est ceint de plusieurs diadèmes ; il est assis sur le trône du Père ; toutes choses Lui sont assujetties. Pour les siens, il a une couronne de justice, une couronne inflétrissable de gloire, une couronne de vie. Nous avons vu qu’à Éphèse, le vainqueur aura le privilège de manger de l’arbre de vie au paradis de Dieu, et qu’à Pergame, il reçoit une marque particulière de l’approbation du grand Chef du salut. Ainsi, le Seigneur est riche en dons pour ceux qui luttent et remportent la victoire.

Occupons-nous maintenant des récompenses que le Seigneur promet au vainqueur à Thyatire. Il dit deux fois : « Je donnerai » ; vous voyez que la récompense est double. La première est : « Je lui donnerai autorité sur les nations ; et il les paîtra avec une verge de fer, comme ont brisés les vases de poterie, selon que moi aussi j’ai reçu de mon Père ». Pour bien comprendre ce que dit ici le Seigneur, lisons ce que Dieu dit dans le Psaume 2, aux versets 7 à 9. L’Éternel s’adresse à Christ et dit : « Tu es mon Fils ; aujourd’hui, je t’ai engendré » Ces paroles se rapportent à la naissance du Seigneur dans ce monde. Ensuite, Dieu continue : « Demande-moi, et je te donnerai les nations pour ton héritage, et, pour ta possession les bouts de la terre ». Maintenant, le Seigneur Jésus a été rejeté et par les Juifs et par les nations, et son royaume n’est pas de ce monde (Jean 18:36). Dieu l’a élevé au ciel dans la gloire, et de là le Seigneur Jésus rassemble l’Église, son peuple céleste. Mais le temps va venir où il demandera l’héritage terrestre qui Lui revient, et Dieu Lui donnera les nations. Après de grands jugements, « le royaume du monde de notre Seigneur et de son Christ » sera établi et « il régnera aux siècles des siècles » (Apocalypse 11:15).

L’autorité que le Seigneur exercera sera irrésistible. Dieu dit : « Tu les briseras avec un sceptre de fer ; comme un vase de potier tu les mettras en pièces ». Imaginez un homme armé d’une barre de fer et frappant sur un vase de poterie. Celui-ci pourra-t-il résister ? Non, n’est-ce pas ? Un seul coup le mettra en pièces. Eh bien, il en sera de même, quand le Seigneur prendra sa grande puissance et entrera dans son règne (Apocalypse 11:17). Les nations s’irriteront et se soulèveront contre Lui. Avec leurs rois et leurs princes, elles diront, en parlant de l’Éternel et de son Oint : « Rompons leurs liens, et jetons loin de nous leurs cordes ». Ce sera le temps de la grande révolte des hommes contre Dieu, et déjà elle a commencé. Mais le Seigneur se rira de leurs vains efforts ; il leur parlera dans sa colère et détruira ces misérables vases de terre (Apocalypse 19:11-21). Ensuite, il établira ici-bas son règne de justice et de paix. Satan sera lié et la terre sera bénie. Mais ce sera toujours la justice qui régnera. Et, nous le savons, la justice est inflexible comme une barre de fer, et si, sous le règne du Seigneur, quelqu’un tente de s’élever contre son autorité, il sera brisé. C’est là le royaume que Christ a reçu de son Père.

Nous comprenons maintenant le sens de la première récompense donnée au vainqueur à Thyatire. Il sera associé à son glorieux Chef dans son royaume. Après avoir combattu à sa suite, il régnera avec Lui (2 Timothée 2:12). Les saints jugeront le monde. Ici-bas, ils sont un petit troupeau, faible, méprisé, souvent persécuté, mais le Seigneur a dit : « Ne crains pas, petit troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner le royaume » (Luc 12:32). Les saints ne l’ont pas encore, mais quand Christ viendra prendre possession de son héritage, ils sortiront du ciel à sa suite (Apocalypse 19:14), et, après la victoire, ils hériteront avec Lui et régneront aux siècles des siècles (Apocalypse 22:5). Quelle perspective glorieuse ! Ne vaut-il pas la peine, pour un si grand prix, de souffrir, de combattre et de vaincre, coûte que coûte ?

Mais il y a une seconde récompense infiniment plus précieuse pour le vainqueur. Elle est pour son cœur. L’apôtre disait à Timothée : « Nul homme qui va à la guerre ne s’embarrasse dans les affaires de la vie, afin qu’il plaise à celui qui l’a enrôlé ». Dans les guerres de la terre, on a vu plus d’une fois des soldats qui ne combattaient pas seulement parce qu’il le fallait ou bien pour la gloire, mais par dévouement pour un chef, un général ou un empereur, qu’ils aimaient. Lui plaire, mourir pour lui, voilà ce qu’ils avaient dans leur cœur. Et tel est le vrai combattant chrétien. Il se dit : « Christ m’a aimé ; il s’est donné pour moi. Ah ! je ne suis plus à moi-même, mais à Lui », et il combat et meurt, s’il le faut, par amour pour Christ. Tel fut Paul, tels furent les martyrs. Nul n’est un bon soldat de Christ sans l’amour. Sa bannière, sous laquelle nous marchons, c’est l’amour. Rappelons-nous cette inscription gravée sur les murs de la Tour de Londres par un de ceux qui souffrirent et moururent pour Lui : « Jésus est mon amour ». Voilà où il puisait sa force dans le combat. Puisse-t-il en être ainsi de nous !

À ceux qui aiment ainsi leur divin Chef, et qui, par amour pour Lui, combattent et vainquent, le Seigneur dit : « Je lui donnerai l’étoile du matin ». Que veut dire cela ? Nous savons quel est l’astre que l’on nomme ainsi. C’est cette brillante étoile qui, dans un ciel serein, jette ses feux peu avant le lever du soleil. Ceux-là la connaissent qui veillent, tandis que le reste des hommes est plongé dans le sommeil. Elle précède et annonce le jour ; puis, à mesure que le soleil monte, elle pâlit, et quand, arrivé sur l’horizon, il illumine tout de ses brillants rayons, elle disparaît. Pour savoir de quelle étoile du matin parle le Seigneur, écoutons ce qu’il nous dit lui-même à la fin de ce livre de l’Apocalypse : « Je suis la racine et la postérité de David, l’étoile brillante du matin » (Apocalypse 22:16). C’est donc Christ dans le ciel. Il est nommé ainsi, parce qu’avant de se lever et de briller sur le monde, comme Soleil de justice (Malachie 4:1, 2), avant de venir établir son règne, il se lève dans le cœur des siens qui savent qu’il va venir les chercher pour les placer avec Lui dans le ciel. Le chrétien veille, les regards tournés vers le ciel d’où il attend Jésus qu’il aime. Et cette espérance soutient et réjouit son cœur. Il se dit : « Quand viendra mon bien-aimé ? ». Et le Seigneur répond : « je viens bientôt ». Est-ce là la disposition de votre cœur, lecteur ? Attendez-vous Jésus ? C’est un merveilleux secret pour combattre et vaincre que cette pensée : « Jésus vient ». Et quand il sera venu, Lui, que vous donnera-t-il ? Il se donnera lui-même, avec tout son amour, toute sa tendresse, tout le bonheur dont il jouit dans le ciel et dont vous jouirez avec Lui. Et en attendant, il est déjà à nous, ainsi qu’il est écrit : « Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi ».

Il nous reste à voir à quelle période de l’histoire de l’Église correspond l’état que présentait l’assemblée de Thyatire. C’est l’époque qui suit celle où l’Église s’était placée sous le patronage du monde et des empereurs romains. Le Seigneur, à Pergame, avait donné cet avertissement : « Repens-toi donc » ; mais l’Église ne l’écouta pas, et elle se corrompit de plus en plus.

Le mal dans l’Église se développa et atteignit son plus haut degré pendant le temps qu’on appelle en histoire le Moyen Âge, et qui s’étend de la fin du 4° siècle, à la fin du 14°, c’est-à-dire durant environ mille années. Ce fut une époque d’épaisses ténèbres. Il y avait alors un grand corps religieux qui prétendait au nom de chrétien, et que l’on appelait la Sainte Église catholique ou universelle, la Mère des fidèles ; mais combien elle était différente de l’Église, telle que nous la voyons décrite dans les Actes et les épîtres !

La première chose qui frappe dans ce qui portait alors le nom d’Église, et qui prétendait être la vraie Épouse de Christ, est la distinction profonde faite entre le clergé et les laïques. Au commencement, comme nous le lisons dans le Nouveau Testament, dans les réunions des chrétiens, tous se trouvaient sur le même pied. Tous étaient sacrificateurs pour offrir à Dieu des sacrifices d’actions de grâces par Jésus Christ (1 Pierre 2:5). Dans ces assemblées on priait, on chantait, on rompait le pain, c’est-à-dire on célébrait la cène, et si quelque frère avait un enseignement, une exhortation ou une parole d’édification à présenter, il le faisait librement, selon ce que l’Esprit de Dieu lui donnait (1 Corinthiens 11:20-34 ; 14:26-33 ; Actes 20:7).

Il y avait bien dans les églises des anciens ou surveillants, et des serviteurs ou diacres, mais ils ne formaient ni un ordre, ni une classe à part. Les diacres ou serviteurs s’occupaient des soins à donner aux pauvres et aux nécessiteux de l’assemblée ; les anciens avaient à veiller sur le troupeau, à le paître et le nourrir, en l’enseignant et l’exhortant par le moyen de la Parole. Il y avait plusieurs anciens dans chaque assemblée, et parmi eux, il pouvait y en avoir qui étaient plus spécialement doués pour l’enseignement (1 Timothée 5:17 ; Actes 6:1-6 ; Tite 1:5). Mais si la charge des anciens et des serviteurs était un service honorable comme venant du Seigneur, ils n’avaient pas, à cause de cela, une position d’autorité sur les autres fidèles. Voyez l’exhortation que l’apôtre Pierre leur adresse : « J’exhorte les anciens qui sont parmi vous, moi qui suis ancien avec eux et témoin des souffrances de Christ, qui aussi ai part à la gloire qui va être révélée : paissez le troupeau de Dieu qui est avec vous, le surveillant, non point par contrainte, mais volontairement, ni pour un gain honteux, mais de bon gré, ni comme dominant sur des héritages, mais en étant les modèles du troupeau » (1 Pierre 5:1-3).

Tel était l’ordre primitif dans l’Église de Dieu. Mais peu à peu les choses changèrent. Dans l’assemblée d’une ville, un des anciens vint à occuper une place prééminente. Il fut l’évêque ou surveillant par excellence, les autres formant le presbytère ou corps des anciens ou prêtres, qui, avec l’évêque en tête, prirent entièrement en main la conduite de l’assemblée. Celle-ci bientôt ne fut plus même consultée. Ensuite l’évêque d’une ville étendit son autorité sur les assemblées avoisinantes, et ainsi se formèrent des districts spirituels ou diocèses. Plusieurs districts furent à leur tour soumis à l’autorité supérieure de l’évêque d’une ville plus importante. On donna à celui-ci le titre d’archevêque ou évêque métropolitain. Tous ceux qui étaient au-dessous des évêques et archevêques, étaient les prêtres, les diacres, les sous-diacres et acolytes ou assistants.

Tous ces fonctionnaires dans les églises furent bientôt considérés comme un ordre à part des fidèles et constituèrent le clergé, d’un mot qui veut dire héritage, comme s’ils eussent été l’héritage spécial de Dieu ; les autres chrétiens furent appelés laïques, d’un mot qui signifie le peuple. On entrait dans le clergé par une consécration toute humaine, et au clergé seul, à partir des prêtres, appartenait le droit d’administrer les sacrements. Les laïques furent tenus de se soumettre au clergé, et c’est ainsi que fut mise de côté l’exhortation de l’apôtre Pierre de ne point dominer sur les héritages du Seigneur.

Rome étant la capitale du vaste empire romain, l’évêque de cette ville éleva la prétention d’être au dessus de tous les autres. Il se disait d’ailleurs successeur de Pierre que l’on prétendait avoir été le chef des apôtres. Peu à peu son autorité fut acceptée dans tout l’occident de l’Europe et, sous le nom de pape, il devint le chef absolu de ce que l’on appela la Sainte Église catholique ou universelle, composée du clergé ayant toute l’autorité spirituelle, et les laïques qui devaient croire aveuglément ce que l’Église, c’est-à-dire le clergé, leur imposait.
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Message  Arlitto Sam 11 Juin 2016 - 20:34

Quelquefois on réunissait des conciles. C’étaient des assemblées composées des évêques de toute l’église et dans lesquelles on décidait des questions touchant la foi ou la discipline. Les décisions prises étaient réputées dictées par l’Esprit Saint, et par conséquent infaillibles, c’est-à-dire sans erreur possible. Elles étaient donc obligatoires pour tous, et celui qui ne s’y soumettait pas était anathème et rejeté de l’Église. Ainsi l’Église « enseignait » comme Jésabel à Thyatire et prétendait être la bouche de Dieu. Plus tard, le pape lui-même, qui se disait vicaire, ou représentant de Jésus Christ sur la terre, affirma sa propre infaillibilité.

Et c’est ainsi que la soi-disant Église, de même que Jésabel, prit une autorité absolue et fit égarer les âmes de ceux qui portaient le nom de Christ. La parole de Dieu fut mise de côté et l’Église, c’est-à-dire le clergé, s’appuyant sur de prétendues traditions venues, disait-elle des apôtres et dont elle avait le dépôt, introduisit une foule de pratiques superstitieuses que non seulement la parole de Dieu n’approuve pas, mais qu’elle condamne. De peur que le peuple ne fût éclairé sur ces choses par l’Écriture, elle prétendit avoir seule le droit de l’interpréter, et en vint finalement à en défendre la lecture aux laïques.

Le plus affreux des maux introduits dans la chrétienté, fut l’idolâtrie. Non pas que l’on rétablît le culte de Jupiter, de Junon et des autres divinités du paganisme ; l’idolâtrie nouvelle fut pire que celles des païens, parce que ce fut sous le nom de christianisme qu’elle s’imposa aux âmes. On commença par vénérer la mémoire des apôtres et des saints qui avaient souffert le martyre pour Christ. Puis, on en vint à supposer que, comme ils devaient être particulièrement agréables à Dieu, on pouvait s’adresser à eux pour qu’ils intercédassent auprès de Dieu pour ceux qui les invoquaient sur la terre. On eut ainsi à la place du seul Médiateur entre Dieu et les hommes, savoir l’Homme Christ Jésus (1 Timothée 2:5), une foule de médiateurs. Le pape s’arrogea le pouvoir de canoniser, c’est-à-dire déclarer comme saint ou sainte que l’on pouvait invoquer au ciel, des personnes qui s’étaient distinguées, disait-on, par leur piété et en accomplissant des miracles. Le nombre de ceux que l’on pouvait ainsi prier et sur les bons offices desquels on pouvait compter auprès de Dieu, devint incalculable. On leur dressa des images, tableaux ou statues devant lesquelles on se prosterna et que l’on adora, comme les païens faisaient de leurs faux dieux. Chaque personne, chaque métier, chaque ville, chaque église, eurent leur saint qui les patronnait. Dans chaque maison, à chaque coin de rue, dans les chemins et carrefours, on voyait se dresser quelque image devant laquelle on se prosternait. Les anges eux-mêmes devinrent des objets de culte, malgré ce qu’enseigne l’Écriture (Colossiens 2:18).

Au-dessus de toutes ces nouvelles divinités, on plaça la Vierge Marie à laquelle on donnait le nom de mère de Dieu ; on lui rendait des honneurs divins, la considérant comme une toute puissante médiatrice auprès de Christ. Un des plus grands docteurs du Moyen Âge, saint Bernard, disait : « Tu craignais de t’approcher du Père, il t’a donné Jésus pour médiateur. Mais peut-être es-tu encore effrayé de la majesté de ce Jésus qui, bien qu’il soit devenu homme, est toujours Dieu. Il te faut un avocat, auprès de Lui, eh bien, aie recours à Marie ».

Mais on alla encore plus loin. De Christ lui-même on fit une idole. On adora ses images, soit qu’on le représentât enfant dans les bras de sa mère, soit qu’on le figurât attaché à la croix. Bien plus ; on imagina que le pain et le vin de la cène, après certaines paroles prononcées par le prêtre, n’étaient plus du pain et du vin, mais étaient changés dans le corps même du Seigneur. On disait que le prêtre offrait ainsi chaque fois un sacrifice non sanglant pour les péchés, contrairement à ce que dit la Parole (Hébreux 9:22, 26 ; 10:10, 12). Le pain consacré ou hostie était présenté au peuple comme étant Dieu, et le peuple se prosternait et adorait ! Le prêtre, comme l’on disait, avait fait Dieu ! puis, par une aberration étrange, on prétendait que l’hostie étant devenue le corps de Christ avec son sang, il n’était pas nécessaire que la coupe fût donnée au peuple ; elle était réservée au clergé.

La chrétienté était ainsi devenue un vaste temple d’idoles. Comme la Jésabel ancienne avait rempli le pays d’Israël des images de ses dieux et avait ses nombreux prêtres et faux prophètes, de même avait fait la Jésabel du Moyen Âge, entraînant dans la plus affreuse idolâtrie ceux qui n’auraient dû être que les serviteurs de Christ.

Un dernier grand mal se produisit ; ce fut la corruption morale, surtout du clergé. Non content d’avoir usurpé la suprématie spirituelle sur toute l’Église d’Occident, le pape voulut être souverain temporel. Il eut donc son royaume, sa cour et ses richesses, lui le prétendu successeur de Pierre le pêcheur, et le représentant de ce Jésus qui n’avait pas un lieu pour reposer sa tête et qui disait : « Mon royaume n’est pas de ce monde ». Le pape, s’élevant toujours, réclama, comme vicaire de Jésus Christ, des honneurs dus à Dieu seul et il en vint jusqu’à prétendre avoir la suprématie sur les empereurs, les rois et les princes de la terre ! À son exemple, les archevêques, les évêques, les abbés des couvents, voulurent être princes, grands seigneurs, avoir des domaines et des richesses. Et où prendre toutes ces choses ? Les pauvres laïques devaient les fournir ; on leur vendait, à prix d’argent, les grâces spirituelles, et on faisait un trafic honteux des choses saintes. Et pourquoi cela ? Pour satisfaire la cupidité et les convoitises déréglées du clergé. La dégradation morale finit par arriver à un point indicible. N’est il pas vrai que cela répond d’une manière frappante à ce qui nous est dit de la Jésabel de l’Église de Thyatire ?

Mais au milieu de ces sombres ténèbres, il y avait des rayons de lumière, car Dieu ne s’est jamais laissé sans témoignage sur la terre. Au sein de celle qui faussement se nommait l’Église et prenait les titres de sainte Mère et d’Épouse de Christ, il y avait des âmes fidèles isolées qui gémissaient de toute cette corruption. Il existait aussi çà et là des communautés, telles que celles des Vaudois en Piémont et dans le midi de la France, qui repoussaient les prétentions du clergé et de Rome et fuyaient l’idolâtrie. Ils avaient conservé la parole de Dieu, et s’attachaient à mener une vie pure. Ils étaient des témoins pour Dieu, un résidu que Dieu reconnaissait et approuvait. C’étaient ceux que le Seigneur à Thyatire nommait « les autres » et qui n’avaient pas connu les profondeurs de Satan. Leur fidélité à Christ les exposa à de grandes souffrances. Partout où l’Église romaine pouvait les atteindre, elle les persécuta jusqu’à la mort. Nous verrons plus tard, si le Seigneur le permet, quelques détails sur ces temps de l’Église au Moyen Âge et en particulier sur ces fidèles témoins. Ils ont souffert avec Christ et régneront avec Lui, et il leur donnera l’Étoile du matin.

Cette église de Thyatire, ou plutôt ce qu’elle représente, subsiste encore au loin et autour de nous. Elle ira jusqu’à la fin, jusqu’au jour où elle sera jugée. Pour le moment, Dieu ne permet pas que sa puissance se manifeste comme au Moyen Âge. Mais son influence est grande sur des millions d’âmes, son activité est considérable, et ses prétentions à la domination restent les mêmes. Elle a conservé son culte idolâtre, et maintient sa prétendue infaillibilité et celle de son chef, se mettant ainsi toujours au dessus de la parole de Dieu. Elle prépare la Babylone qui à la fin tombera sous la puissante main de Dieu, comme nous le lisons dans l’Apocalypse, aux chapitres 17 et 18.


Sardes


Nous arrivons à l’épître que le Seigneur adresse à l’assemblée de Sardes. Cette ville n’est mentionnée nulle autre part dans le Nouveau Testament, et l’on ignore par qui l’Évangile y fut porté. Mais comme elle était située dans la contrée où Paul avait annoncé la Parole pendant deux ans, et de laquelle il est dit : « Tous ceux qui étaient en Asie entendirent la parole du Seigneur » (Actes 19:10), nous pouvons penser que c’est alors que fut établie l’assemblée de Sardes.

Voici ce que le Seigneur lui dit : « Et à l’ange de l’assemblée qui est à Sardes, écris : Voici ce que dit celui qui a les sept Esprits de Dieu et les sept étoiles ». Le Seigneur Jésus se présente ainsi pour montrer qu’il possède la plénitude du Saint Esprit, et toute l’autorité pour le gouvernement de l’Assemblée. Toute ressource est en Lui.

Comme il le fait pour presque toutes les assemblées, le Seigneur commence ainsi : « Je connais tes œuvres ». Combien cette parole plusieurs fois répétée est sérieuse ! Les œuvres, ce n’est pas seulement ce que les hommes voient ; c’est tout l’ensemble de la vie, même ce qu’il y a de plus intime dans nos pensées et nos sentiments. Le Seigneur connaît tout. Et voici le jugement qu’il porte sur Sardes : « Tu as le nom de vivre, et tu es mort ». Cela nous montre évidemment que le Seigneur discernait le vrai état intérieur. Il y avait à Sardes une belle forme religieuse, mais Jésus n’y voyait au fond que la mort. Le monde peut dire : « Voilà un homme pieux ; voici un jeune homme, une jeune fille sérieuse », parce qu’on assiste à des services religieux, que l’on prie et qu’on lit la parole de Dieu, mais prenons garde d’avoir seulement un nom de vivre. Le Seigneur, dans sa grâce, donne à l’assemblée de Sardes un sérieux avertissement : « Sois vigilant », dit-il à l’ange, « et affermis ce qui reste, qui s’en va mourir ». Il y avait donc encore quelques personnes à Sardes qui n’étaient pas mortes, qui avaient autre chose qu’un bruit de vivre. Celles-là avaient besoin d’être affermies. Et comment une âme peut-elle être affermie ? C’est en veillant pour que rien ne la détourne du Seigneur. Si l’on aime à s’occuper du monde, de ses plaisirs et de ses affaires, si l’on s’associe à lui, on ne pense plus à Christ, on néglige la communion avec Dieu, et on n’a bientôt plus qu’un nom de vivre. Alors le Seigneur peut dire comme à Sardes : « Car je n’ai pas trouvé tes œuvres parfaites devant mon Dieu ». La conduite que l’on mène, les œuvres que l’on fait, peuvent paraître excellentes aux yeux des hommes mais la question est : « Sont-elles parfaites devant Dieu ? ». C’est devant son Dieu que le Seigneur les apprécie. Si elles sont seulement le résultat d’habitudes religieuses ou d’une bonne éducation morale, ou encore le fruit de la propre justice, elles ne sont pas parfaites devant Dieu. Elles doivent procéder de la vie de Dieu dans l’âme et être accomplies pour Jésus. L’apôtre Paul disait : « Christ est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui pour eux est mort et a été ressuscité » (2 Corinthiens 5:15). Alors la plus petite œuvre, — même un verre d’eau froide donné au nom de Jésus — est agréable à Dieu.

Le Seigneur ajoute ensuite une autre exhortation : « Souviens-toi donc comment tu as reçu et entendu, et garde, et repens-toi ». Ce que les chrétiens ont reçu c’est la grâce de Dieu par l’Évangile ; ce qu’ils ont entendu, c’est la parole de Dieu. C’est là ce qu’il faut garder, et si l’on s’en est écarté, y revenir. Bien des jeunes chrétiens ont reçu avec joie l’Évangile et entendu la Parole avec bonheur. Ils prenaient tout leur plaisir dans les choses de Dieu. Puis, peu à peu, ils se sont alanguis. D’abord pleins d’ardeur, ils tombent, faute de vigilance, dans un état d’indifférence et de somnolence qui ressemble à la mort. À eux s’adressent les paroles : « Souviens-toi », et « prends garde », et « repens-toi », c’est-à-dire : Reviens à ce que tu as reçu et entendu.

Le Seigneur, après la parole d’avertissement, fait entendre à Sardes une menace bien sérieuse : « Si donc tu ne veilles pas, je viendrai sur toi comme un voleur, et tu ne sauras point à quelle heure je viendrai sur toi ». Les vrais chrétiens, qui ont la vie de Dieu, attendent que le Seigneur vienne pour les prendre avec Lui. Le Seigneur ne vient pas sur eux, mais pour eux et ils sont heureux en l’attendant. Mais ceux qui n’ont que « le nom de vivre » seront traités comme le monde, malgré leur profession religieuse. Ils seront enveloppés dans le jugement du monde, à l’égard duquel l’apôtre dit : « Le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit. Quand ils diront : « Paix et sûreté », alors une subite destruction viendra sur eux » (1 Thessaloniciens 5:2-3). Quel moment terrible ! S’être endormi dans une fausse sécurité et se réveiller pour le jugement ! Le Seigneur nous en préserve !

Mais à Sardes, au milieu de l’état général de mort, il y avait encore un résidu. Le Seigneur Jésus aime à reconnaître ceux qui en font partie. C’est un rafraîchissement pour le cœur du Sauveur de voir des âmes qui Lui sont attachées. Lisons ce qui caractérise ces âmes fidèles : « Toutefois tu as quelques noms à Sardes qui n’ont pas souillé leurs vêtements ». « Quelques noms », cela veut dire des personnes que le Seigneur connaît spécialement et qu’il compte, pour ainsi dire. Le Seigneur dit de ces fidèles : « Ils n’ont pas souillé leurs vêtements » ; c’est-à-dire leur conduite a été pure et pour ma gloire. Les autres avaient souillé leurs vêtements en s’associant au monde et en marchant comme le monde. Prenons garde, si nous sommes chrétiens, de ne pas souiller nos vêtements. L’apôtre Jacques nous dit que la religion pure et sans tache « devant Dieu le Père, est… de visiter les orphelins et les veuves dans leur affliction, de se conserver pur du monde » (Jacques 1:27). Quand le cœur est attaché à Christ, on se tient loin du monde.

Représentons-nous une grande et large route boueuse, où courent et s’agitent une foule de gens. Ils sont tout sales ; leurs vêtements sont souillés de boue. Mais il y en a quelques-uns qui se sont dit : « Ne pouvons-nous pas trouver un chemin propre ? ». Et ils découvrent un petit sentier étroit, mais sec, où ils peuvent marcher sans se salir, et ils y vont. Ne seraient-ils pas stupides de redescendre sur la route boueuse, sous prétexte qu’on y est plus au large ? Il y a dans le monde un sentier étroit, mais saint et pur. C’est celui où Jésus a marché. En suivant le Sauveur, on ne souille pas ses vêtements. La vie alors est sainte et Jésus nous approuve.

Écoutons ce qu’il promet à ceux qui n’auront pas souillé leurs vêtements. « Ils marcheront avec moi en vêtements blancs, car ils en sont dignes ». Quel contraste avec ceux qui ont souillé leurs vêtements et qui n’auront point de part avec Lui, mais seront jugés avec le monde ! Les autres marcheront avec le Seigneur ; ils formeront son brillant cortège, revêtus de sainteté et de justice, vêtements dignes de sa glorieuse et pure Personne.

Mais on ne vit pas dans un monde méchant et corrompu, sans avoir à lutter pour ne pas souiller ses vêtements. Le monde et Satan présentent, surtout à ceux qui sont jeunes, toutes sortes de séductions, de plaisirs et d’attraits, pour les attirer dans la boue et les souillures. Il faut résister. C’est pour cela que le Seigneur ajoute : « Celui qui vaincra, celui-là sera vêtu de vêtements blancs, et je n’effacerai point son nom du livre de vie, et je confesserai son nom devant mon Père et devant ses anges ». Quand donc on aura vaincu par la vigilance, la parole de Dieu, la prière, et par-dessus tout, la foi et la confiance dans le Seigneur, Lui-même nous introduira dans cette région heureuse, le ciel, où il n’y a point de souillures possibles. Le péché n’y entre pas. Rien n’altérera la pureté et la fraîcheur des vêtements blancs dont nous serons revêtus. Quand le moment sera venu où le Seigneur effacera du livre de vie, c’est-à-dire du registre de la profession religieuse, les noms de ceux qui avaient seulement le nom de vivre, il y laissera les noms de ceux qui auront remporté la victoire. Ils vivront éternellement. Et ce bien-aimé Sauveur prendra plaisir à confesser leurs noms devant son Père et ses anges. Publiquement il dira : « Ceux-là que vous voyez revêtus de robes blanches, ils sont à moi.

Quelle perspective brillante ! Ne désirez-vous pas faire partie de cette troupe glorieuse et bienheureuse ? « Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées ».

Nous avons à considérer maintenant à quelle époque de l’histoire de l’Église correspond l’état de l’assemblée de Sardes.

Nous avons vu que l’assemblée de Thyatire représentait prophétiquement le papisme, ce grand système religieux corrompu et corrupteur, et que ce qui caractérise ce système est la position de suprématie qu’un homme, le pape, prend comme chef de l’Église ; ensuite l’idolâtrie remplaçant le culte de Dieu en esprit et en vérité ; le salut par les œuvres mis à la place du salut par la foi ; et enfin, la prétention du clergé, d’enseigner et d’expliquer seul les Écritures, avec défense aux laïques de la lire, au moins sans la permission spéciale des conducteurs spirituels. De là, pour le peuple surtout, les ténèbres qui régnèrent dans les âmes durant le Moyen Âge. La Bible, la lumière divine, était cachée.

Mais le Seigneur était là, le chef suprême de l’Église, ayant les sept étoiles, toute l’autorité pour gouverner, et les sept Esprits de Dieu, la lumière parfaite de la connaissance pour la répandre. Au temps fixé, le Seigneur agit dans sa grâce, et fit briller la lumière au sein des épaisses ténèbres du papisme. Cette époque, qui fut pour l’Église comme un nouveau point de départ, se nomme la Réformation.

Même aux temps les plus sombres, le Seigneur avait toujours eu des âmes ou même de petites congrégations qui lui étaient fidèles. Des hommes, tels que Wiclef en Angleterre, Jean Huss en Bohême, éclairés de Dieu pour voir les erreurs du papisme, les dénoncèrent. Mais ils n’étaient que comme des lueurs qui précèdent le jour. Celui que le Seigneur choisit pour être son grand champion est Martin Luther, dont nous aurons à parler plus longuement dans la suite. Nous ne devons jamais exalter un homme, quel qu’il soit : le Seigneur seul est digne de l’être. Mais nous pouvons rendre grâces à Dieu de ce qu’il a suscité, doué et soutenu des hommes comme Paul, Pierre et Jean, pour faire connaître la vérité, et des hommes, tels que Luther et d’autres, pour la remettre en évidence quand elle a été oubliée et méconnue.

La première chose que Dieu fit par le moyen de son serviteur, fut de montrer que l’autorité n’est ni dans le pape, ni dans les conciles, ni dans les docteurs, ni dans l’Église, mais uniquement dans la parole de Dieu, seule infaillible pour faire connaître la vérité. La Bible fut donc tirée de la poussière et de l’obscurité où le pape et les prêtres l’avaient laissée enfouie, et présentée à tous comme le Livre de Dieu où chacun peut et doit chercher la lumière. C’est ce Livre divin qui avait déjà éclairé et soutenu Wiclef et Huss ; c’est lui qui, partout où Dieu suscita des réformateurs, devint pour eux l’autorité à laquelle ils en appelaient pour justifier leurs enseignements. Et ce Livre était pour tous ; aussi fut-il bientôt répandu à profusion par le moyen de l’imprimerie inventée peu d’années avant la Réformation. Ainsi chacun put apprendre directement de Dieu, et put contrôler par cette Parole de vie ce qui lui était présenté.

Ce fut un coup terrible porté au papisme et à la papauté. On vit bientôt la vanité des prétentions du clergé et l’erreur de ses enseignements. La Bible renversait tout cet échafaudage de clergé, de cérémonies, d’idolâtrie, de salut par les œuvres, de pénitences, de pèlerinages, etc., car elle ne dit rien de ces choses ou les condamne formellement. C’est là la grande œuvre que Dieu a faite par le moyen de ses serviteurs les réformateurs : remettre la Bible en lumière, et ainsi renverser les prétentions et les erreurs de Rome.

La grande vérité que Luther proclama et qui lui était particulièrement chère, est celle de la justification du pécheur devant Dieu par la foi au sacrifice de Jésus, mort pour nos fautes et ressuscité pour notre justification. C’est en cela qu’il avait trouvé la paix pour son âme profondément troublée que toutes ses pénitences et ses œuvres n’avaient pu calmer. De ce moment date ce que l’on nomme le protestantisme, qu’il ne faut pas confondre avec la Réformation. Cette dernière est l’œuvre par laquelle la Bible fut remise en lumière et honneur, où la vraie doctrine du salut fut proclamée, et où les prétentions de Rome furent combattues et ses erreurs dénoncées ; le protestantisme est l’état de choses qui en résulta dans l’Église. La chrétienté en Occident fut dès lors séparée en deux grandes sections, le catholicisme romain, comprenant ceux qui restèrent attachés au pape et reconnurent son autorité ; et le protestantisme, comprenant tous ceux qui rejetèrent Rome et ses prétentions, et ne reconnurent d’autre autorité que la Bible, au moins nominalement.

C’est là ce que le Seigneur considère dans l’assemblée de Sardes : non pas la Réformation qui est son œuvre, mais l’état qui en est résulté sous l’action des hommes. Voilà pourquoi il a à dire ces tristes paroles : « Tu as le nom de vivre, et tu es mort » et « je n’ai pas trouvé tes œuvres parfaites ». En effet, d’une manière générale, dans les églises nommées protestantes, soit luthérienne, ou réformée, ou anglicane, ou autres, on en vint à n’avoir plus qu’une profession extérieure. Les confessions de foi étaient orthodoxes, c’est-à-dire selon la saine doctrine, au moins en général, mais laissant les âmes dans l’indifférence, le formalisme et la mort. De plus ces diverses églises, pour la plupart, furent assujetties à l’État, c’est-à-dire aux gouvernements humains, de sorte qu’elles furent mêlées au monde. On voit combien l’avertissement du Seigneur était de saison : « Souviens-toi comment tu as reçu et entendu, et garde, et repens-toi », avertissement semblable à celui que le Seigneur avait déjà fait entendre à Éphèse, et ayant pour but de rappeler les âmes à la Bible et à une foi vivante.

Au milieu de cet état de langueur et de mort, il y avait cependant toujours des personnes qui ne se contentaient pas d’une vaine forme de piété, mais qui saisissaient par la foi, et gardaient dans leurs cœurs les précieuses vérités du salut. Ce sont elles dont le Seigneur dit : « Tu as quelques noms à Sardes qui n’ont pas souillé leurs vêtements ». Outre ces personnes isolées, il y eut aussi à diverses reprises dans le protestantisme des réveils plus ou moins étendus. Mais ce n’est pas le moment d’en parler, ni d’entrer davantage dans le détail de ce qui constitue le protestantisme. Il suffit que nous ayons vu, d’une manière générale, à quoi correspond ce qui est dit de l’assemblée de Sardes.

De même que Thyatire ou le catholicisme romain, Sardes ou le protestantisme continue jusqu’à la venue du Seigneur. Alors toutes deux tomberont sous le jugement. Que le Seigneur nous donne de tenir ferme cette précieuse parole de Dieu qui maintenant n’est plus cachée, mais qui est accessible à tous et qui est entre nos mains ; qu’il nous accorde de marcher à sa lumière et ainsi de garder nos vêtements, c’est-à-dire notre vie, notre conduite, non souillés par le contact avec le monde !


Philadelphie


Nous arrivons maintenant à l’épître adressée par le Seigneur à la sixième assemblée, celle de Philadelphie. Elle n’est mentionnée nulle autre part dans le Nouveau Testament, et l’on ignore par qui elle fut établie. Elle n’a pas fait grand bruit dans le monde, mais les paroles du Seigneur nous font connaître sa fidélité et comment il l’apprécie.

Écoutons ce qu’il dit : 

« Et à l’ange de l’assemblée qui est à Philadelphie, écris : Voici ce que dit le saint, le véritable, celui qui a la clef de David, celui qui ouvre et nul ne fermera, qui ferme et nul n’ouvrira : 

Je connais tes œuvres. Voici, j’ai mis devant toi une porte ouverte que personne ne peut fermer, car tu as peu de force, et tu as gardé ma parole, et tu n’as pas renié mon nom. Voici, je donne de ceux de la synagogue de Satan qui se disent être Juifs, — et ils ne le sont pas, mais ils mentent ; voici, je les ferai venir et se prosterner devant tes pieds, et ils connaîtront que moi je t’ai aimé. Parce que tu as gardé la parole de ma patience, moi aussi je te garderai de l’heure de l’épreuve qui va venir sur la terre habitée tout entière, pour éprouver ceux qui habitent sur la terre. Je viens bientôt ; tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne. 

Celui qui vaincra, je le ferai une colonne dans le temple de mon Dieu, et il ne sortira plus jamais dehors ; et j’écrirai sur lui le nom de mon Dieu, et le nom de la cité de mon Dieu, de la nouvelle Jérusalem qui descend du ciel d’auprès de mon Dieu, et mon nouveau nom. 

Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées ».

Nous pouvons remarquer d’abord que le Seigneur n’adresse aucun reproche à l’ange de cette assemblée. C’est comme à l’assemblée de Smyrne. Cette dernière venait après l’assemblée d’Éphèse, qui avait abandonné son premier amour. Elle passait par la persécution et demeurait ferme, et le Seigneur l’exhorte à ne rien craindre et lui fait des promesses de vie. De même, Philadelphie vient après Sardes qui avait bruit de vivre, tout en étant dans la mort ; Philadelphie avait peu de force, mais le Seigneur l’aimait, parce qu’elle gardait sa parole et son nom. Ainsi ce qui plaît au Seigneur, c’est un cœur ferme dans l’épreuve et fidèle dans la faiblesse.

En écrivant à l’assemblée de Philadelphie, le Seigneur Jésus se présente d’un côté comme étant le Saint et le Véritable. Ce sont des titres qui appartiennent à Dieu, comme nous le voyons en plusieurs passages (Ésaïe 40:25 ; 57:15 ; 1 Jean 2:20 ; 5:20). Mais Jésus est Dieu, et c’est pourquoi il prend ces titres. Le Saint veut dire celui qui est absolument séparé de tout mal. Jésus est saint en lui-même et il a manifesté ce caractère sur la terre dans tout ce qu’il a fait. Le Véritable signifie celui qui est vrai en toutes choses, dans sa personne, se faisant connaître comme le vrai Fils de Dieu ; dans ses paroles et ses actes, faisant connaître Dieu comme amour et lumière, et révélant le Père. Qu’il est précieux de connaître cette glorieuse et adorable Personne, séparée du mal et qui nous en sépare, qui est vraie, en sorte que nous pouvons mettre une entière confiance en ce qu’elle dit, et par elle connaître la vérité.

Mais d’un autre côté, comme homme, Jésus était la postérité de David (Apocalypse 22:16). Il a donc la clef de David, c’est-à-dire l’autorité absolue pour gouverner, comme étant le Christ promis. Si nous lisons au chapitre 22 d’Ésaïe, du verset 15 au 23, nous y voyons qu’un certain Shebna était revêtu d’une charge dans la maison royale à Jérusalem. Mais n’en ayant usé que pour satisfaire son orgueil et pour se glorifier dans sa force et ses richesses, le prophète Ésaïe lui fut envoyé de la part de l’Éternel pour lui déclarer qu’il périrait misérablement et que sa charge lui serait ôtée et donnée à Éliakim, serviteur fidèle de l’Éternel. « Et il arrivera, en ce jour-là, que j’appellerai mon serviteur Éliakim, fils de Hilkija… je mettrai ton intendance en sa main ; et il sera pour père aux habitants de Jérusalem et à la maison de Juda. Et je mettrai la clef de la maison de David sur son épaule ; et il ouvrira, et personne ne fermera ; et il fermera, et personne n’ouvrira ». Éliakim était donc revêtu de l’autorité pour administrer la maison de David, pour admettre et recevoir dans la faveur et dans le service du roi, ceux qu’il jugeait dignes, pour exclure les autres, et cela sans appel. Il était ainsi le type du Seigneur Jésus. Au premier chapitre de l’Apocalypse, le Seigneur dit de lui-même : « Je tiens les clefs de la mort et du hadès », c’est-à-dire qu’il a le pouvoir souverain sur la mort et le lieu invisible où vont les âmes séparées du corps. Il a la puissance de ressusciter les morts (Apocalypse 1:18). À Pierre, il avait donné les clefs du royaume des cieux (Matthieu 16:19), c’est-à-dire l’autorité d’ouvrir l’entrée du royaume aux Juifs d’abord, puis aux gentils, par la prédication de l’Évangile, et c’est ce que Pierre a fait, comme nous le lisons aux chapitres 2 et 10 des Actes des apôtres.

J’ai cité ces divers passages pour bien faire comprendre que les clefs désignent l’autorité d’introduire ou d’exclure. Le Seigneur Jésus se présente à l’assemblée de Philadelphie et à nous, comme ayant cette autorité souveraine. Il ouvre la porte de la bénédiction, de la foi, du salut, aux âmes, et personne ne peut l’empêcher de bénir et de sauver (Actes 14:27). Tous les efforts de Satan et du monde sont impuissants pour arrêter le cours des bénédictions qu’il répand. Nous le voyons dans les Actes. Les persécutions que subirent les chrétiens et les apôtres ne firent que répandre l’Évangile (lire en particulier Actes 8:1-8 ; 11:19-21 ; 16). Le Seigneur ouvre la porte à ses serviteurs pour exercer leur ministère, et Satan ne pouvait la fermer. C’est ainsi que Paul disait : « Je demeurerai à Éphèse jusqu’à la Pentecôte ; car une porte grande et efficace m’est ouverte, et il y a beaucoup d’adversaires » (1 Corinthiens 16:9). Combien cela est précieux pour les serviteurs du Seigneur, et comme cela doit nous encourager à prier pour que Dieu leur ouvre la porte pour annoncer la Parole ! (Colossiens 4:3). Il me semble voir une grande porte ouverte, la porte du salut, et les prédicateurs de l’Évangile appelant les âmes à entrer, et tout un flot entrant ; et puis Satan et le monde, les incrédules, les méchants, faisant tous leurs efforts pour pousser cette porte et la fermer, mais sans succès ; la main du Seigneur, invisible pour eux, la tiens ferme et elle ne bouge point.

Mais d’un autre côté, s’il ferme, qui ouvrira ? Ah ! cela est terrible ! Il disait aux Juifs : « Dès que le maître de la maison… aura fermé la porte, et que vous vous serez mis à vous tenir dehors et à heurter à la porte, disant : Seigneur, ouvre-nous ! et que, répondant, il vous dira : Je ne vous connais pas » ; quelle puissance humaine pourra ouvrir ? Aucune ; on sera dehors, hors de la bénédiction et de la joie (Luc 13:25-29). Et aux vierges folles, que leur arrivera-t-il ? La porte sera fermée, et il dira : « Je ne vous connais pas ». La porte de la grâce aura été fermée, et personne n’ouvrira. Ce sera le sort réservé à ceux qui n’auront pas voulu écouter au temps convenable. C’est ce qui va bientôt arriver au monde incrédule. Combien cela est sérieux ! Demandons au Seigneur que bien des portes soient ouvertes à ses serviteurs, et que bien des âmes soient sauvées.

Le Seigneur Jésus s’était présenté à l’assemblée de Philadelphie, comme le Saint, le Véritable, Celui qui a l’autorité absolue pour ouvrir et fermer ; écoutons maintenant ce qu’il est dit aux saints qui composaient cette assemblée.

La première chose qu’il déclare, c’est : « Je connais tes œuvres », mais il ne dit pas quelles sont ces œuvres. Seulement, quand nous lisons la suite, nous trouvons que le Seigneur dit : « Moi, je t’ai aimé ». Nous pouvons en conclure que c’étaient des œuvres qui Lui étaient agréables, provenant de cœurs qui Lui étaient dévoués. Il n’est pas nécessaire que les œuvres que l’on fait soient grandes et attirent l’attention et l’admiration des hommes ; non, des œuvres humbles, sans apparence, accomplies chaque jour dans les diverses positions de la vie, mais ayant pour motif l’amour du Seigneur, voilà celles dont il peut dire avec satisfaction : « Je les connais », et ces œuvres-là, le plus jeune et le moindre des croyants peut les accomplir. Il est bien évident que les saints à Philadelphie ne brillaient pas par l’apparence aux yeux du monde : « Tu as peu de force », leur dit le Seigneur. Mais cet état de faiblesse attirait la sympathie de Jésus. Dans la faiblesse et l’impuissance des siens, il aime à montrer sa force à Lui. Le bienheureux apôtre Paul savait cela. Il disait : « Je me glorifierai donc très volontiers plutôt dans mes infirmités, afin que la puissance du Christ demeure sur moi… Car quand je suis faible, alors je suis fort » (2 Corinthiens 12:9-10).

Les Philadelphiens avaient « peu de force » ; ils étaient peu nombreux, pauvres peut-être, sans talents, et, dans l’assemblée, il n’y avait peut-être que peu de dons marquants ; mais ils avaient l’essentiel, sans lequel tout le reste n’est rien. Ils avaient ce que chacun de nous individuellement, et ce que chaque assemblée, nous devrions avoir. Et quoi donc ? « Tu as gardé ma parole », dit le Seigneur, « et tu n’as pas renié mon nom ».

Voilà ce que Jésus voyait dans leurs vies et dans leurs cœurs, et ce qu’il appréciait par-dessus tout. Leur faiblesse ne les avait pas empêchés de rester attachés à la Parole et à la Personne de Christ, malgré les efforts de Satan et les persécutions du monde. Nous aussi nous avons la Parole, et nous avons appris à connaître le nom précieux de Christ, le Sauveur, le Fils de Dieu. Mais il faut garder la Parole, la garder dans son cœur, et pas seulement l’avoir dans sa maison, ou dans son intelligence. Garder veut dire qu’on l’estime comme une chose de haute valeur. Et il ne faut pas non plus renier le nom de Jésus. Au temps de l’assemblée de Philadelphie, les souffrances causées par les persécutions, faisaient que parfois ceux qui avaient fait profession d’être chrétiens, reniaient Christ. Aujourd’hui, ce n’est pas à la mort ou à la prison qu’on est exposé si l’on confesse Christ. Mais on est exposé aux moqueries, au dédain, au mépris de ses compagnons, de ses amis qui sont encore du monde, et c’est souvent bien difficile de le supporter. Il arrive plus d’une fois qu’on voudrait servir le Seigneur, mais on craint l’opprobre et l’on a honte de Lui. Pensons alors à l’assemblée de Philadelphie qui n’a pas renié le nom du Sauveur qu’elle aimait, et demandons à Dieu la force nécessaire afin d’être en état de nous déclarer franchement pour Christ.

Et voyez ce que le Seigneur dit ensuite à l’assemblée de Philadelphie. Puisqu’elle a peu de force et que cependant elle est fidèle, le Seigneur ajoute : « Voici, j’ai mis devant toi une porte ouverte que personne ne peut fermer ». C’est Lui-même qui ouvre un chemin à ceux qui sont faibles, et personne, Satan, ni le monde, ne peuvent les empêcher d’y marcher en paix et en liberté. Un faible chrétien pourrait dire : « Comment pourrais-je être fidèle et servir le Seigneur, moi qui suis si ignorant et chétif ? On va se moquer de moi, me mettre à l’écart, si je confesse le Seigneur ». N’aie pas peur, cher ami, le Seigneur qui sait que tu n’as pas de force, sera avec toi et t’ouvrira le chemin.

À côté de l’assemblée à Philadelphie, aimée et approuvée du Seigneur, il y avait une autre congrégation, un autre ensemble d’hommes réunis sous les ordres d’un autre maître, et qui avaient des prétentions religieuses. Ils sont appelés la synagogue ou la congrégation de Satan. Quel terrible nom ! Qu’étaient-ils ces hommes ? Ce n’étaient pas des païens. Non ; ils se disaient « Juifs », c’est-à-dire se vantaient de croire en un seul Dieu, d’avoir la parole de Dieu, une loi et des ordonnances données de Dieu, d’être le peuple de Dieu, et avaient une grande apparence religieuse. Mais ils mentaient. Ils n’étaient plus le peuple de Dieu, car ils avaient rejeté le Christ, le Fils de Dieu, Jésus, annoncé par les prophètes, et c’est ainsi que, malgré leur vanterie, ils étaient la synagogue de Satan. Toutes leurs prétentions religieuses n’étaient que mensonge aux yeux du Seigneur. Il en est de même aujourd’hui ; se dire chrétien, parce que l’on a une certaine forme religieuse, qu’on a été baptisé et que l’on fait ainsi partie de l’Église professante, n’est pas selon la vérité. Il faut avoir reçu Christ dans son cœur.

Un temps viendra où toutes les fausses prétentions seront jugées, et où les vrais chrétiens seront reconnus. « Afin que le monde connaisse… que tu les a aimés comme tu m’as aimé », disait le Seigneur à son Père en parlant de ses disciples, et ici, il déclare de ceux qui se disaient Juifs et qui méprisaient les chrétiens : « Ils connaîtront que moi je t’ai aimé ». Qu’il est précieux pour le cœur de savoir que le Père nous aime et que Jésus nous aime ! C’est maintenant un secret entre Lui et nous : le monde n’en sait rien. Mais quand Jésus viendra, que nous serons manifestés, avec Lui en gloire, le monde entier saura combien nous avons été aimés. Il est dit de Jésus que « tout genou » fléchira devant Lui. Nous serons avec Lui, dans la même gloire, et c’est ainsi que le monde reconnaîtra que les pauvres saints, si méconnus et méprisés maintenant, étaient vraiment dignes d’honneur. Alors se réalisera cette parole : « Je les ferai venir et se prosterner devant tes pieds ».

Le Seigneur signale ensuite un autre caractère de l’assemblée de Philadelphie : « Tu as gardé la parole de ma patience », dit-il. Que signifient ces paroles « ma patience », la patience de Jésus ? Essayons de le comprendre. Que désire le Seigneur ? C’est d’avoir avec Lui ses bien-aimés dans la gloire : « Père, je veux, quant à ceux que tu m’a donnés, que là où moi je suis, ils y soient aussi avec moi, afin qu’ils voient ma gloire » (Jean 17:24) ; voilà ses paroles. Mais il attend avec patience le moment que Dieu a fixé pour cela. Et que désirent les saints ? D’être avec leur Sauveur, loin du monde et du péché. L’Esprit et l’Épouse disent : « Viens ». Mais comme Jésus attend, ils attendent aussi avec patience ; c’est ainsi qu’ils ont la même pensée que Jésus, et qu’ils gardent la parole de sa patience, c’est-à-dire qu’ils attendent sa venue.

À ceux qui gardent la parole de la patience, le Seigneur fait une promesse. Un temps solennel approche. Une épreuve terrible va venir sur la terre habitée tout entière. Le Seigneur ne nous en dit pas la nature, mais ce seront des calamités effrayantes qui fondront sur « ceux qui habitent sur la terre », autrement dit ceux dont le cœur, les pensées, les habitudes, sont dans les choses d’ici-bas, qui sont citoyens de la terre et n’attendent de joies que celles qui s’y trouvent. Mais ceux qui gardent la parole de sa patience sont du ciel, d’où ils attendent le Seigneur. « Le Seigneur tarde », pourraient-ils penser, et il semble à voir l’agitation du monde, les bruits de guerre, de révolution et d’anarchie, que de terribles événements vont avoir lieu. C’est vrai ; mais les saints ne seront plus sur la terre ; ils seront avec le Seigneur. Quel bonheur de pouvoir s’appuyer sur cette précieuse promesse : « Je te garderai ».

Et les paroles suivantes nous font bien voir que c’est en venant prendre les saints près de Lui qu’il les préservera de toutes ces calamités à venir. Il dit : « Je viens bientôt » ; c’est ce que l’apôtre rappelait aussi aux Thessaloniciens qui avaient été convertis « pour attendre des cieux … Jésus, qui nous délivre de la colère qui vient » (1 Thessaloniciens 1:10). Et c’est « bientôt » ; chaque jour nous rapproche de cet heureux moment.

Mais à cela le Seigneur ajoute une exhortation : « Tiens ferme ce que tu as », dit-il, « afin que personne ne prenne ta couronne ». Il y a donc un danger, et des ennemis sont là, tout prêts à ravir aux fidèles ce qu’ils ont de précieux, ce qui fait leur ornement et leur gloire. « Ce que tu as », qu’est-ce que c’est ? C’est tout ce que le Seigneur nous a donné : sa Parole, sa connaissance, son amour, la jouissance de ce qu’Il est, l’assurance du salut, de notre relation d’enfants auprès du Père, l’espérance de sa venue, toutes les saintes vérités de la Parole. Voilà ce qu’il faut tenir ferme comme la chose la plus précieuse et que Satan voudrait bien nous enlever. Si vous aviez un objet de valeur qui viendrait de votre mère, combien n’y tiendriez-vous pas ? Si quelqu’un voulait vous le ravir, avec quelle énergie vous le retiendriez ! Supposez que quelqu’un voulût vous persuader qu’après tout, cela n’a pas tant de valeur et se moquât de ce que vous y attachez un si grand prix, avec quelle indignation vous le repousseriez ! Eh bien, ce que le Seigneur nous a donné vaut infiniment plus que tous les trésors de l’univers. Tenons le donc ferme, en dépit de tous les efforts et les ruses du diable. « La couronne », c’est ce que le vrai chrétien a déjà ; c’est Christ qui est sa gloire et sa couronne aux yeux de Dieu, et en quoi il peut se glorifier. Et cette couronne-là que le monde méprise ou méconnaît, elle brillera éternellement sur le front du racheté. Ici-bas tenons donc ferme pour Christ, et ne permettons à personne de nous ôter la gloire de le confesser et de le servir.

Après cela viennent comme toujours les promesses que le Seigneur fait aux vainqueurs, à ceux qui ont tenu ferme ce qu’ils avaient. Et il faut bien nous souvenir que, quoique tous ceux qui croient soient sauvés, il y aura une rémunération, et qu’une récompense spéciale sera donnée à ceux qui auront été fidèles au milieu des difficultés. Celui donc qui vaincra sera établi comme une colonne, dans « le temple de mon Dieu », dit Jésus. La colonne est un emblème de stabilité, de force, en même temps qu’un ornement. Ceux qui, sur la terre, ont eu peu de force, brilleront dans le ciel comme des monuments impérissables de la grâce, rien ne pourra plus les ébranler, ils orneront le sanctuaire céleste, le temple du Dieu du Seigneur Jésus Christ, et ce sera pour l’éternité — « il ne sortira plus jamais dehors ».

En second lieu, le Seigneur dit : « J’écrirai sur lui le nom de mon Dieu », en signe qu’il appartient au Dieu du Seigneur Jésus Christ. C’est un sceau indélébile ; nul ne peut effacer ce que Jésus a écrit sur eux, et il est heureux de les amener à son Dieu. Le Seigneur ajoute : « Et le nom de la cité de mon Dieu, de la nouvelle Jérusalem qui descend du ciel d’auprès de mon Dieu ». Ils appartiennent à cette cité décrite au chapitre 21 de l’Apocalypse, cité céleste et divine dans son origine ; ils en sont les parties constituantes, et non pas simplement les habitants, car la cité, c’est l’épouse, la femme de l’Agneau, l’Assemblée. Et enfin, le Seigneur dit : « Et mon nouveau nom », son nom comme Rédempteur ressuscité et glorifié. Voilà ce qui attend le fidèle vainqueur : Être à jamais en la présence de Dieu, dans le temple où brille sa gloire, comme appartenant à Dieu, au ciel et à Christ, et associé à son précieux Sauveur dans cette position de félicité et de gloire ; ne vaut-il pas la peine de servir le Seigneur et de souffrir pour Lui pendant un peu de temps ici-bas, en attendant un avenir si beau ?


 Laodicée


Nous voici arrivés à Laodicée, la dernière des sept assemblées auxquelles le Seigneur Jésus s’adresse. Elle représente le dernier état de l’église professante sur la terre, et c’est un triste état.

Le déclin avait commencé quand l’Église abandonna son premier amour. Le Seigneur permit les persécutions pour ramener à Lui le cœur de l’Église, mais ensuite elle s’allia au monde et laissa s’introduire dans son sein des enseignements pernicieux qui finalement la conduisirent au système d’idolâtrie et de corruption du papisme. Du milieu de cet état de choses, le Seigneur, dans sa grâce, suscita les réformateurs, et un grand et magnifique réveil eut lieu, qui hélas ! fut suivi d’un état de mort. Alors Dieu, par ses serviteurs, fit rappeler les vérités oubliées ou méconnues. Les principales furent celles relatives à l’Église comme corps de Christ, unie à son Chef, Christ dans le ciel ; l’habitation, c’est-à-dire la présence et l’action du Saint Esprit dans les croyants individuellement et dans l’Église, et enfin l’attente de Christ venant chercher les siens avant le jugement du monde. Des âmes, en bien des lieux, réveillées par le cri de minuit : « Voici, l’Époux vient », s’attachèrent comme tout de nouveau à la Personne adorable du Seigneur et à sa Parole. Mais à quoi tout va-t-il aboutir ? La parole de Dieu nous montre que tout ce qui était confié à l’homme, l’homme ne sait pas le conserver et le gâte. Il en est ainsi de l’Église ici-bas. Elle devait être le témoin fidèle du Seigneur, mais les épîtres du Seigneur et l’histoire de l’Église sur la terre montrent qu’elle a manqué à sa mission, et ce qui est dit à l’assemblée de Laodicée nous apprend que le Seigneur est obligé enfin de la « vomir de sa bouche », c’est-à-dire de la rejeter entièrement.

L’assemblée des Laodicéens est mentionnée à la fin de l’épître aux Colossiens (Chap. 4:13-16). Nous voyons là que ces derniers devaient faire passer à Laodicée la lettre qu’ils avaient reçue de Paul, et que les Laodicéens, à leur tour, devaient envoyer à Colosses une lettre qui, probablement, n’est autre que l’épître aux Éphésiens. Nous apprenons ainsi que les chrétiens de Laodicée avaient été bien instruits dans la vérité par ces deux belles épîtres, où la gloire de la Personne de Christ est si admirablement décrite, où les privilèges glorieux de l’Église sont développés, et où tout ce qui peut Lui attacher le cœur nous est présenté. Mais il faut toujours nous rappeler que la connaissance même des vérités les plus précieuses et les plus élevées, si elle est seule, conduit à l’orgueil (1 Corinthiens 8:1-3 ; 13:2). La vraie connaissance est celle qui réside dans le cœur et qui l’attache à Dieu et à Jésus. C’est ce qui manquait à Laodicée qui se croyait riche et se vantait de s’être enrichie, et n’avait qu’indifférence pour Jésus. Hélas ! on ne voit que trop la même chose de nos jours. On est plus satisfait de ce que l’on a, et de ce que l’on fait, que du Seigneur.

Voyons d’abord comment le Seigneur se présente à l’assemblée de Laodicée : « Et à l’ange de l’assemblée qui est à Laodicée, écris : Voici ce que dit l’Amen, le témoin fidèle et véritable, le commencement de la création de Dieu ». L’Amen veut dire que toutes les promesses de Dieu sont accomplies et s’accompliront en Lui et par Lui (2 Corinthiens 1:20), malgré la chute et la ruine de l’Église. Le témoin fidèle et véritable, non seulement Il l’a été sur la terre, mais Il l’est et le demeure toujours. Il se montre fidèle et véritable pour glorifier Dieu quand l’homme, dans l’Église, manque à l’être et se glorifie lui-même. Et enfin, le Seigneur est « le commencement de la création de Dieu ». C’est par Lui que Dieu a fait toutes choses ; Il est l’origine et la source de tout ce qui existe (Colossiens 1:16-17 ; Hébreux 1:2 ; Jean 1:3). Mais dans ce qui est dit à Laodicée, la création de Dieu n’est pas la première création, celle dont les œuvres visibles nous entourent, et dont il est parlé dans le premier chapitre de la Genèse. Cette création-là a été gâtée et ruinée par le péché de l’homme, et sa fin est d’être brûlée (2 Pierre 3:7, 10, 12). Mais il y a une autre création ; une création qui ne peut pas être souillée par le péché, et où Satan ni la mort n’ont accès. C’est d’elle que Dieu parle, quand il dit : « Voici, je fais toutes choses nouvelles » (Apocalypse 21:5). Elle a commencé avec Christ, et a été manifestée dans sa résurrection d’entre les morts, faisant connaître une vie en dehors du péché et de la puissance de la mort et de Satan. Nous y avons part quand nous croyons au Seigneur, car « si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles » (2 Corinthiens 5:17). Et cette nouvelle création aura sa pleine réalisation et brillera de toute sa glorieuse splendeur, quand le ciel et la terre d’à présent auront disparu, et qu’il y aura un ciel nouveau et une terre nouvelle (Apocalypse 21:1). L’Église aurait dû montrer au monde le caractère de cette nouvelle création, céleste, divine, en dehors du péché. Elle ne l’a pas fait ; elle est retournée au monde et aux choses de la première création dont elle se glorifie. Alors le Seigneur se présente et dit : « Bien que l’Église ait manqué, la nouvelle création n’en subsiste pas moins. Elle est en Moi qui en suis la source et l’origine ». Combien cela est beau, et consolant, et précieux, de voir et d’avoir tout en Jésus dans une réalité, une vérité, une beauté et une fraîcheur inaltérables, tandis que du côté de l’homme tout manque. Ah ! attachons-nous à Lui de tout notre cœur.

Examinons maintenant ce que le Seigneur dit à l’assemblée de Laodicée. Il commence comme toujours par cette déclaration solennelle : « Je connais tes œuvres », c’est-à-dire non seulement ta manière de vivre, ce qui paraît au dehors, mais ton état intérieur. Et voici ce que le Seigneur voit : « Tu n’es ni froid, ni bouillant. Je voudrais que tu fusses ou froid ou bouillant ! Ainsi, parce que tu es tiède et que tu n’es ni froid ni bouillant, je vais te vomir de ma bouche ». Être froid pour Christ est l’état de l’homme naturel, incrédule, dont le cœur de glace ou de marbre n’a pas été touché par la grâce et l’amour du Seigneur. Être bouillant est l’état d’un cœur qui, par l’Esprit Saint, connaît et goûte l’amour de Christ qui surpasse toute connaissance, et qui, par conséquent, est plein de ferveur, n’estime rien en dehors de Christ et Lui est tout dévoué (voir Philippiens 3:7-12). Laodicée était tiède. Bien qu’il y eût des connaissances religieuses dont on était satisfait, la Personne de Christ n’occupait pas le cœur et les pensées ; elle laissait l’âme indifférente. Or nous voyons que le Seigneur préfère à cette tiédeur, au manque d’amour pour Lui, même la froideur et l’incrédulité. En effet, l’incrédule ne connaît pas Christ, et son cœur peut être saisi par la grâce ; l’amour de Dieu peut fondre le glaçon de son cœur. Il y a une indifférence à l’égard de Christ qui provient de l’incrédulité. On ne le connaît pas, et l’on ne se soucie pas de Lui. Mais prétendre avoir la foi et la connaissance, et professer être religieux, et cependant être indifférent à l’égard du Seigneur, sans dévouement pour Lui, est une chose qui Lui est odieuse : c’est de l’hypocrisie. Il ne reste que ce jugement terrible : « être vomi », rejeté comme une chose nauséabonde. Il ne s’agit pas ici d’un vrai chrétien, mais de l’Église en général, quand elle est tombée dans cet état de tiédeur. Toutefois nous devons demander au Seigneur qu’il nous garde individuellement de toute tiédeur à son égard.

Quelle était la cause de cet état ? C’était la satisfaction de soi-même. Quand on est satisfait de ce que l’on est et de ce que l’on a par soi-même, Christ devient indifférent au cœur. Il est laissé dehors. Le Seigneur continue : « Parce que tu dis : Je suis riche, et je me suis enrichi, et je n’ai besoin de rien ». Les richesses dont se vante Laodicée ne sont pas les richesses temporelles seulement, ni essentiellement ; on le voit par le conseil que lui donne le Seigneur. Mais c’est une position dans le monde, la science, les connaissances et une activité religieuse, les lumières de l’intelligence ; Laodicée se vante d’avoir tout cela et ainsi d’être riche, bien plus, de s’être acquis toutes ces choses par son travail. Dès lors, elle n’a besoin de rien, et Christ est mis de côté. Ce sont les tristes traits du dernier état de l’Église, et on ne les voit déjà que trop apparaître.

Mais quelle illusion ! Le Seigneur déchire ce voile trompeur d’orgueil et de propre satisfaction et met à nu le réel état de l’Église : « Tu ne connais pas que toi, tu es le malheureux et le misérable, et pauvre, et aveugle, et nu ». Voilà toutes les hautes prétentions anéanties, et ceux qui se vantaient de leurs richesses, vus du Seigneur comme des misérables manquant de tout. C’est que rien de ce que l’on a acquis par soi-même et par des ressources humaines, ne peut enrichir, couvrir et éclairer l’âme devant Dieu. Aussi le Seigneur, dans sa grâce, montre-t-il le seul et unique remède à cet état déplorable. C’est en Lui qu’il se trouve. « Je te conseille », dit-il, « d’acheter de moi de l’or passé au feu, afin que tu deviennes riche, et des vêtements blancs, afin que… la honte de ta nudité ne paraisse pas, et un collyre pour oindre tes yeux, afin que tu voies ». L’or passé au feu, et ainsi éprouvé, parfaitement pur, est la justice de Dieu en Christ qui met de côté notre propre justice ; les vêtements blancs sont la justice pratique, la sainteté dans la marche, et cela découle aussi de Christ seul ; et enfin le collyre qui fait voir, c’est le Saint Esprit qui seul donne la vraie intelligence des choses de Dieu. C’est de Christ qu’on acquiert ces choses, en Lui qu’on les possède et qu’on en jouit, et voilà ce qui le rend si précieux pour le cœur. La tiédeur alors disparaît. On les achète, à quel prix ? Au prix du renoncement à toutes les fausses richesses dont on se vantait.

L’Église est ainsi rappelée au sentiment de sa responsabilité. Le Seigneur ajoute, pour le lui faire sentir et lui montrer son amour : « Moi, je reprends et je châtie tous ceux que j’aime ; aie donc du zèle et repens-toi ». Les paroles sévères qu’il a adressées à l’Église, sont une preuve qu’il l’aime, et qu’il voudrait l’arracher de la voie fatale dont la fin pour elle sera d’être vomie de la bouche du Seigneur. La repentance lui est ouverte. Quelle tendresse et quelle patience dans le cœur de Jésus !

Et nous le voyons bien dans ce qui suit. L’indifférence et la tiédeur ne Lui ont pas laissé de place dedans : il est dehors. Que fera-t-il ? S’en ira-t-il ? Non ; il aura encore patience. Peut-être que, dans cette Église qui va être vomie de sa bouche, il y a quelque cœur qui répondra encore à sa voix : « Voici », dit-il, « je me tiens à la porte et je frappe ». Quelle place pour le Sauveur ! Être à la porte et solliciter l’entrée, non pas chez un pécheur incrédule, sans connaissance, mais à la porte de cette assemblée autrefois si zélée pour Lui, et maintenant satisfaite d’elle-même et par là l’ayant exclu ! Oui, comme autrefois il s’est abaissé pour servir, maintenant il s’abaisse pour frapper à la porte dans l’espoir qu’au moins une âme entendra et le recevra. Qu’elle est heureuse celle dont la voix de Jésus atteint les oreilles. « Si quelqu’un entend ma voix et qu’il ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je souperai avec lui, et lui avec moi ». Il jouit ainsi de la communion avec Jésus, de l’intimité et de la joie de son amour. Oh ! puissions-nous connaître cette joie, ce bonheur ! Écoutons cette voix pénétrante du Sauveur ; ce qu’il désire, c’est d’entrer pour être avec nous, et nous tout près de Lui.

Le vainqueur régnera avec Christ. On est associé de cœur avec Lui ici-bas, on sera là-haut avec Lui dans la gloire.

Nous avons terminé ce que la Parole nous dit prophétiquement touchant l’Église ou l’Assemblée. Depuis ce moment, il n’en est plus question dans l’Apocalypse, comme vue sur la terre. Mais à la fin du livre, l’Église, composée de tous les vrais croyants, de tous ceux qui ont vaincu, depuis le jour de la Pentecôte jusqu’à la venue de Christ, est vue dans la gloire céleste, quand les noces de l’Agneau avec elle, son épouse, sont célébrées aux chants de triomphe et d’allégresse du ciel (Apocalypse 19:6 9).


Hommage à Toi, Chef de l’Église ! 
L’Épouse, objet de ta faveur,
À tes côtés bientôt assise, 
Sans fin bénira son Seigneur. 
Ô saints transports ! joie ineffable ! 
Nous jouirons de ta beauté,
Et de l’amour inexprimable 
Qui remplira l’éternité.
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Message  Arlitto Sam 11 Juin 2016 - 20:34

La fin du premier siècle


Nous avons terminé ce que l’Esprit de Dieu nous présente prophétiquement, dans l’Apocalypse, relativement à l’Église du Seigneur sur la terre. Son histoire, en dehors de cela, doit être tirée de documents humains sujets à l’erreur. Il faudrait beaucoup de volumes pour raconter tout ce qui concerne ce qui porte le nom d’Église chrétienne. Et ce récit renfermerait bien des choses tristes et douloureuses, car l’Église s’est complètement détournée des pensées de Christ, et ce déclin a commencé dès les jours apostoliques. Elle est devenue ce champ où l’ivraie croît en abondance ; le grand arbre qui abrite sous ses branches toutes sortes d’oiseaux ; la pâte imprégnée de levain (Matthieu 13).

Mais au milieu de tout le mal qui a envahi l’Église, Dieu n’a pas cessé à toutes les époques d’y avoir ses fidèles témoins. Les premiers furent ceux que l’on nomme plus spécialement martyrs ou témoins par excellence. Ils scellèrent de leur sang leur foi au Seigneur, et appartiennent à la période figurée par l’assemblée de Smyrne. L’exemple de leur foi, de leur constance dans les tourments, est bien propre à encourager. C’est en même temps un témoignage puissant rendu à la vérité. Pour eux, Christ était une Personne vivante qui avait souffert pour leur salut, et ils donnaient leur vie pour Lui. Ils n’avaient peut-être pas une aussi grande connaissance des vérités de l’Écriture que nous, mais ils connaissaient assez de l’amour de Christ pour n’être ébranlés ni par promesses, ni par menaces, ni par tortures. Puissions-nous, dans nos temps moins difficiles en un sens, avoir un peu de cet amour qui nous fera nous séparer du monde et vivre plus entièrement pour Celui qui nous a aimés.

On a dit : « Croire et souffrir, et non pas écrire, était ce qui caractérisait les premiers chrétiens ». Nous n’avons donc que peu de récits datant de ces temps pour nous dire ce qu’ils endurèrent. Nous avons parlé de la persécution qui eut lieu sous Néron, mais c’est un historien païen qui la rapporte. On peut d’ailleurs aisément se rendre compte de ce qui appelait sur eux l’attention publique et la haine du monde. Les petits groupes de disciples de Christ, dispersés çà et là dans l’empire romain, s’y trouvaient littéralement « comme des brebis au milieu des loups ». Leur croyance n’était celle d’aucune nation ; leur culte n’était pas compté parmi ceux que Rome tolérait, de sorte que leur sécurité était le silence et l’obscurité. Mais la foi dans le cœur est un principe vivant et actif qui ne peut rester ignoré. La religion chrétienne devint agressive à cause de la puissance de vie qui était en elle, et qui la faisait tellement différer des religions mortes du paganisme. Elle devint bientôt importune par le fait même qu’elle se tenait à part des diverses formes de culte qui toutes se distinguaient par une pompe extérieure. 

Les règnes de Vespasien et de Titus — celui qui prit et renversa Jérusalem — semblent avoir été un temps de repos pour l’Église. Il en fut autrement sous leur successeur Domitien, prince lâche, soupçonneux et cruel. Elle eut alors à subir une violente persécution qui dura une année. Un bruit était venu aux oreilles de Domitien qu’un personnage de la race de David devait paraître, auquel appartiendrait l’empire du monde. Confondant les chrétiens avec les Juifs, l’empereur se mit à persécuter cruellement les premiers. Il n’épargna même pas les Romains des plus nobles familles, dès qu’ils lui étaient signalés comme chrétiens, les faisant mettre à mort ou les envoyant en exil, après avoir confisqué leurs biens. Il bannit plusieurs membres de sa propre famille, et fit même mourir son cousin Flavius Clément, dont la femme, Flavia Domitilla, sa propre nièce, fut envoyée en exil. Leur crime était d’avoir embrassé l’Évangile. Nous voyons cependant par là, qu’en dépit de tous les efforts de la puissance impériale, malgré le fer et le feu, le christianisme ne s’était pas seulement répandu dans les classes inférieures de la société, mais se trouvait jusque sur les marches du trône.

C’est à cette époque que l’apôtre Jean, le seul survivant des douze apôtres, fut exilé dans l’île sauvage de Patmos, où le Seigneur fit passer devant son esprit les visions de gloire et de jugement qu’il décrit dans l’Apocalypse.

La persécution sous Domitien fut des plus cruelles, mais ne dura pas longtemps. Avant de périr assassiné, il avait permis à ceux qui avaient été exilés à cause de leur foi, de rentrer dans leurs foyers. Mais ce qui laissait subsister le danger pour les chrétiens dans ces premiers temps, c’est qu’on les confondait avec les Juifs toujours prêts à se soulever. Voici, à ce sujet, un fait qui nous est raconté. Domitien, dont l’esprit soupçonneux était toujours en éveil, avait entendu dire qu’en Judée vivaient encore des descendants de David, parents de Christ. Craignant qu’ils ne revendiquassent un jour la royauté, il donna l’ordre de les saisir et de les amener à Rome. C’étaient deux petits-fils de Jude, le frère du Seigneur. Ils furent conduits devant l’empereur qui les interrogea. Ils ne firent aucune difficulté pour reconnaître qu’ils étaient descendants de David et parents de Christ. Domitien leur demanda alors quelles étaient leurs possessions et leurs biens. Ils répondirent qu’ils n’avaient que quelques arpents de terre qu’ils cultivaient et dont le produit leur servait à payer les impôts et à se nourrir. Là-dessus, l’empereur ordonna qu’on examinât leurs mains qui, en effet, étaient rudes et calleuses, comme celles des gens qui travaillent la terre. Interrogés touchant le règne de Christ, quand et où Il devait apparaître, ils répondirent que ce règne n’était pas de ce monde, mais qu’il était céleste et spirituel, et ne serait établi qu’à la fin du monde. Voyant que c’étaient des gens pauvres et inoffensifs, complètement rassuré d’ailleurs par leurs réponses, Domitien les laissa aller, et, pendant un temps, cessa de persécuter les chrétiens. C’est à la fin de son règne que la persécution redoubla de fureur.

Nerva succéda à Domitien. Durant les deux années de son règne, les chrétiens furent en paix. Il rappela les bannis, leur rendit leurs biens, et même ordonna que les esclaves qui avaient trahis leurs maîtres chrétiens, fussent mis à mort. Mais le christianisme restait toujours une religion non reconnue par l’État. Les chrétiens pouvaient parfois jouir d’un temps de répit, mais les lois ne les protégeaient pas ; il n’y avait pour eux aucun recours s’il plaisait à quelque gouverneur de les poursuivre, ou si, pour une cause ou une autre, la populace se soulevait contre eux. Au court règne de Nerva, succéda, l’an 98, celui de Trajan qui dura dix-neuf ans, et dont nous reparlerons. C’est vers le commencement de ce règne que mourut l’apôtre Jean.

Les écrits chrétiens de cette époque sont très rares. Je mentionnerai les deux plus remarquables. L’un est la lettre que Clément écrivit aux Corinthiens. Plusieurs pensent que ce Clément est celui dont Paul parle comme étant un de ses « compagnons d’œuvre dont les noms sont dans le livre de vie » (Philippiens 4:3).

Sa lettre aux Corinthiens était motivée par les dissensions survenues dans cette assemblée. Il rappelle l’état de choses qui y existait plusieurs années auparavant, quand Paul leur écrivit ses deux épîtres, et constate avec douleur que leur condition était pire que lorsque l’apôtre s’adressait à eux. Il les exhorte donc et les supplie de se repentir et de revenir à la paix et à la concorde.

Dans une autre partie de sa lettre, il place devant les fidèles les fondements de leur commune foi en ces termes : « Regardons constamment, bien-aimés, au sang de Christ. Considérons combien est précieux pour Dieu ce sang qui a été versé pour notre salut, et qui place la grâce de la repentance devant le monde entier. Nous ne sommes pas justifiés par nous-mêmes, par notre sagesse, notre intelligence, notre piété, ou par des œuvres que nous aurions accomplies en sainteté de cœur, mais par la foi. C’est par elle que, dès le commencement, le Dieu Tout-Puissant a justifié les hommes ».

Il est intéressant de savoir que ces paroles étaient lues, non seulement à Corinthe, mais dans toutes les assemblées des premiers chrétiens, de même que les écrits d’autres auteurs de cette époque. Mais nous devons ajouter qu’à côté de paroles saines, il se trouve dans les écrits de ce temps, si rapprochés pourtant des apôtres, beaucoup d’erreurs, qui montrent combien l’on s’écartait de leurs purs et simples enseignements. Une profonde ligne de démarcation sépare les écrits inspirés de ceux des pères apostoliques, comme l’on nomme ces écrivains qui étaient les disciples immédiats des apôtres.

Le second écrit est la « lettre à Diognète ». Elle est adressée par un auteur inconnu à quelqu’un qui avait désiré être informé de la doctrine et de la manière de vivre des chrétiens, et date probablement de la fin du premier siècle.

Diognète, avait posé, quant à cette « nouvelle sorte d’hommes », des questions telles que celle-ci : « En quel dieu mettent-ils leur confiance ? Comment rendent-ils culte ? Comment se fait-il qu’ils regardent le monde comme au-dessous d’eux, qu’ils méprisent la mort, ne tiennent aucun compte des dieux légalement reconnus comme tels par les Grecs, et ne suivent pas non plus la superstition juive ? Que signifie cette affection qu’ils se portent l’un à l’autre ? Comment se fait-il que cette nouvelle sorte d’hommes et cette nouvelle manière de vivre, soient entrés dans le courant du monde maintenant et non auparavant ? »

L’écrivain répond : « Les chrétiens ne sont pas séparés des autres hommes par leur demeure terrestre, ni par leur langage ou leurs coutumes. Nulle part ils n’habitent des cités qui leur soient propres. Ils n’ont pas une autre manière de parler que ceux qui les entourent, ni n’affectent une vie singulière. Ils demeurent dans les villes des Grecs et des Barbares, selon que le lot leur a été assigné ; mais tout en se conformant aux usages des pays par rapport aux vêtements, à la nourriture et aux autres choses qui appartiennent à la vie extérieure, ils montrent cependant dans leur conduite quelque chose qui semble étrange à tous. Ils habitent leur contrée natale, mais comme étrangers. Ils prennent leur part de toutes les charges comme citoyens, et cependant endurent toutes sortes de torts comme s’ils étaient gens de dehors. Toute terre étrangère leur est une patrie, et la patrie de chacun d’eux lui est comme un sol étranger. Ils sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair. Ils séjournent sur la terre, mais leur bourgeoisie est dans le ciel. Ils obéissent aux lois, mais sont au-dessus des lois par leur vie. Ils aiment tous les hommes et sont persécutés par tous. Ils sont inconnus et cependant condamnés ; mis à mort et cependant faits vivants. Ils sont pauvres et en enrichissent plusieurs ; blasphémés et cependant justifiés. On les couvre d’opprobre et eux bénissent ».

Touchant la religion des chrétiens, voici ce que dit notre auteur : « Leur religion ne leur a pas été donnée comme une invention terrestre ; ils n’y ont pas été initiés par le canal de mystères humains. Le Dieu Tout-puissant qui a créé toutes choses, le Dieu invisible Lui-même a inauguré du ciel parmi les hommes la vérité, la sainte et insondable Parole, et l’a fixée fermement dans leurs cœurs. Et ce n’a pas été, comme on pourrait se l’imaginer, en envoyant quelque être subordonné, un prince ou un ange, mais Celui qui est l’architecte et le Créateur de toutes choses. Un fils des hommes aurait dit que, dans ce cas, c’était pour frapper de terreur et dominer par le jugement. Mais non ; Il est venu en douceur et en débonnaireté. Dieu l’a envoyé pour sauver ; pour persuader les hommes et non les contraindre, car en Dieu il n’y a pas de contrainte. Il l’a envoyé en amour, et non en jugement. Il a donné lui-même son propre Fils en rançon pour nous : le saint pour les iniques, l’innocent pour les coupables, le juste pour les injustes. Ô doux et précieux échange ! Œuvre qui passe toute conception ! Bienfaits au-delà de toute attente ! L’iniquité de plusieurs est cachée dans une seule personne juste, et la justice d’un seul justifie plusieurs iniques ! »

On est heureux de lire de telles paroles qui sont encore un reflet de ce que nous trouvons dans les saints écrits des apôtres.
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Message  Arlitto Sam 11 Juin 2016 - 20:35

Les premiers siècles — L’ère des persécutions


Le Seigneur Jésus avait dit à l’assemblée de Smyrne : « Ne crains en aucune manière les choses que tu vas souffrir. Voici, le diable va jeter quelques-uns d’entre vous en prison, afin que vous soyez éprouvés : et vous aurez une tribulation de dix jours ». Ainsi Jésus annonçait à ses saints un temps de persécution, limité cependant. À dix reprises différentes, il serait permis à l’ennemi de déployer sa fureur contre les chrétiens, mais ce ne devait être que pour montrer la puissance du Seigneur se manifestant dans de faibles instruments. Il les soutiendrait au milieu des souffrances de toutes sortes et à travers la mort même qu’ils auraient à subir pour son nom. « Qui est celui qui est victorieux du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu », dit l’apôtre Jean (1 Jean 5:5). Ces martyrs donnaient leur vie pour l’amour de Celui qui les avait aimés.

Nous désirons présenter quelques exemples de cette victoire remportée sur le monde par ceux qui croyaient en Jésus, le Fils de Dieu. Puissent ces exemples nous encourager à tenir ferme pour Christ dans un monde qui est toujours le même, bien que sa haine contre Dieu et son Fils ne se montre pas maintenant sous la même forme.


Les chrétiens sous Trajan — Lettres de Pline et de Trajan (103-107)


À la fin du premier siècle et durant la première partie du second, le refus persistant des chrétiens de prendre part à aucun acte du culte, soit en l’honneur des dieux ou pour rendre hommage à l’empereur, commença à attirer sur eux l’attention du gouvernement romain. Il y avait une loi contre toutes les religions non sanctionnées par l’État, et cette loi pouvait, d’un moment à l’autre, être mise en vigueur. C’était une épée constamment suspendue sur la tête des chrétiens. Ils couraient aussi le danger d’être amenés devant les gouverneurs à cause des troubles et séditions fomentés contre eux par les prêtres des idoles, par ceux qui fabriquaient des images, et qui craignaient, comme Démétrius, que leur métier ne fût réduit à néant, et enfin par tous ceux qui vivaient des spectacles et des jeux publics, auxquels on ne voyait pas assister les disciples de Christ. Ils se souvenaient qu’ils n’étaient pas du monde, comme leur Maître n’en était pas. De plus, vers cette époque, il circulait d’étranges accusations contre ceux dont le monde ne savait guère que ce fait, qu’ils vivaient à part de lui. Par crainte de la persécution qui ne sommeillait jamais longtemps, ils étaient obligés de se réunir en secret, et il ne manquait pas de gens pour insinuer que dans ces réunions il se passait des choses qui n’auraient pas supporté la lumière.

De bonne heure, sous le règne de Trajan, un édit avait été rendu, déclarant illégales toutes les corporations et associations. On voit aisément combien cette loi mettait en danger toutes les petites communautés de chrétiens, unis entre eux comme frères en Christ par le lien le plus puissant.

Dieu a permis qu’un témoignage clair et non suspect nous fût conservé de ce qu’était alors la situation des chrétiens vis-à-vis de ceux qui les entouraient et du gouvernement romain. Ce sont les lettres échangées entre l’empereur Trajan et le célèbre écrivain Pline le jeune, ami de l’empereur. Elles jettent aussi du jour sur la persécution qui sévissait alors.

Pline avait été envoyé comme gouverneur des provinces du Pont et de la Bithynie dans l’Asie mineure. Des personnes avaient été amenées devant lui accusées de christianisme. Le cas était nouveau pour lui, il ne savait comment agir à l’égard de ce genre de délit, et, dans sa perplexité, il demanda conseil à l’empereur, en lui exposant comment jusqu’alors il avait procédé contre les accusés. Voici quelques passages de sa lettre :

« Avant de venir dans cette province », dit-il, « je n’avais jamais eu l’occasion d’assister à un interrogatoire de chrétiens. Je ne sais donc comment agir et décider, soit dans l’instruction de leur cause, soit dans le châtiment à infliger. Faut-il punir comme si être chrétien est en soi-même un crime, ou bien seulement s’il est accompagné d’autres délits ? Faut-il faire quelques différences en tenant compte de la jeunesse ou de l’âge des accusés ?… En attendant, voici comment j’ai procédé à l’égard de ceux qui étaient amenés devant moi comme chrétiens. Je leur ai demandé s’ils étaient des chrétiens. Le confessaient-ils, je réitérais ma question une seconde et une troisième fois en les menaçant de mort, s’ils persistaient. Persévéraient-ils dans leur confession, j’ordonnais qu’ils fussent emmenés, les uns pour être exécutés, les autres, comme citoyens romains, pour être envoyés à Rome, afin d’y être jugés ».

Pline donne de sa sentence la raison suivante : « Je ne mettais pas en doute que, quoi qu’il en fût de leur confession, leur obstination ne dût être punie ».

L’écrivain continue : « Il m’a été remis récemment une accusation anonyme qui renfermait les noms d’un certain nombre de personnes. Les ayant interrogées, quelques-unes nièrent d’être ou d’avoir été chrétiennes, invoquèrent les dieux comme je le leur prescrivis, offrirent devant tes images de l’encens et du vin, et injurièrent le nom de Christ — toutes choses, m’a-t-on dit, auxquelles on ne peut forcer un vrai chrétien. C’est là le résumé de leur erreur. Je trouvai donc bon de les relâcher. D’autres confessèrent d’abord qu’ils étaient chrétiens, mais ensuite le nièrent… Quant à leur précédente religion — qu’elle soit une erreur ou un délit, — voici ce qu’ils déclarèrent : ils ont coutume de se réunir un certain jour avant le lever du soleil et de chanter ensemble une hymne à Christ comme à un Dieu. Puis ils s’engagent par serment à s’abstenir du mal, à ne commettre ni fraude, ni vol, ni adultère, et à ne pas manquer à leur parole. Après cela, ils ont l’habitude de se séparer pour se rassembler plus tard dans la journée et de prendre part ensemble à un repas simple, paisiblement, et sans aucun scandale. Mais ils ont laissé cette dernière coutume depuis l’édit rendu par ton commandement et qui défendait tout rassemblement ».

Pline était un philosophe, un homme poli et raffiné, bienveillant et généreux, et cependant il n’hésitait pas à employer le moyen le plus barbare pour découvrir toute la vérité touchant ce qu’il traitait de « superstition absurde », vérifiant ainsi la parole de l’apôtre, « sans miséricorde » quand il s’agissait des enfants de Dieu, haïs comme Jésus l’avait été, méconnus du monde comme Lui. Voici comment il continue :

« Après ce rapport, il me sembla d’autant plus nécessaire d’interroger, en leur appliquant la torture, deux femmes, de celles qu’ils nomment diaconesses (*). Mais sauf une méchante et absurde superstition, je n’ai rien pu tirer d’elles… Le nombre des accusés est si grand que l’affaire mérite une sérieuse considération. Beaucoup de personnes des deux sexes, de tout âge et de toute condition, sont accusées, et un plus grand nombre encore le seront, car la contagion de cette superstition a envahi non seulement les villes, mais les plus petits endroits et les campagnes ».


(*) Nos lecteurs savent que ce mot désigne des « servantes », des personnes chargées dans l’assemblée d’un service spécial, comme Phoebé (Romains 16:1).

Pline dit ensuite qu’à son arrivée, les temples étaient presque abandonnés, que les cérémonies sacrées étaient interrompues depuis longtemps, et que les victimes pour les sacrifices ne trouvaient que de rares acheteurs. Mais il laisse voir en même temps que ses efforts pour arrêter les progrès de la superstition n’ont pas été vains, et il termine en disant : « On peut penser qu’un grand nombre pourront être ramenés, si le pardon est assuré à ceux qui se repentent ».

L’empereur répondit à Pline : « Tu as parfaitement agi, mon cher Pline, dans ta manière de procéder à l’égard des chrétiens amenés devant toi. Il est évident que dans des affaires de ce genre, on ne peut poser aucune règle générale. Ces gens ne doivent point être recherchés. Mais s’ils sont accusés et convaincus d’être chrétiens, ils doivent être punis de mort, avec cette restriction toutefois, que si quelqu’un renonce au christianisme et le prouve en invoquant les dieux, on le renverra absous à cause de son repentir, qu’elle qu’ait été sa conduite antérieure. En aucun cas, les dénonciations anonymes ne doivent être reçues ; elles sont un moyen dangereux et qui ne s’accorde nullement avec les principes de notre temps ».

Telle fut la réponse du puissant empereur au philosophe son ami, en un temps qui se vantait de ses lumières et de son urbanité. Mais la parole de la croix a toujours été une folie pour les sages et les intelligents de ce siècle. Combien il eût été facile à ces chrétiens méprisés de sauver leur vie en jetant dans le feu quelques grains d’encens et en s’inclinant devant la statue de l’empereur ! Mais ceux qui suivaient cette « superstition » absurde et incompréhensible pour l’esprit du Romain lettré, savaient bien ce que voulait dire cette cérémonie insignifiante en apparence. Ils refusaient de racheter leur vie en étant infidèles à Christ. Ils gardaient sa parole et, comme le proconsul lui-même est forcé de l’avouer, ils ne voulaient pas renier son nom. Ah ! demandons au Seigneur cette même fidélité, pour être gardés purs des souillures du monde.

Les lettres dont je viens de donner des citations, sont importantes à plus d’un égard. D’abord, bien qu’il ne s’agisse que d’une province de l’empire, nous voyons par un témoignage irrécusable que le christianisme, la foi au Christ comme Dieu, était déjà considérablement répandu, au point de faire presque disparaître le paganisme dans cette province. On comprend que Satan fît tous ses efforts pour garder ses forteresses contre la puissance de la vérité. On voit aussi quelle était cette puissance dans les cœurs et la vie de ceux qui croyaient. En effet, le seul crime dont on pouvait accuser et convaincre les chrétiens, était le refus d’adorer les images de l’empereur, d’invoquer les dieux et de maudire Christ, celui qu’ils regardaient comme leur Dieu Sauveur ; mais leur vie était sans reproche. Ce témoignage d’un païen en faveur des chrétiens de cette époque est bien puissant.

Remarquons encore ce que Pline dit de leurs assemblées, d’après le rapport qui lui en est fait, et qui est confirmé sous la torture même. Ils se réunissaient pour chanter les louanges de Christ et prendre un repas en commun. Il s’agit sans doute de la Cène du Seigneur et des agapes ou repas d’amour qui l’accompagnaient souvent, comme on le voit à Corinthe (1 Corinthiens 11). À cette époque, les assemblées des chrétiens étaient caractérisées par la simplicité. Le souvenir du Seigneur dans sa mort, « annoncer » cette mort, en constituait le fond. Il serait à désirer que ce fût aussi maintenant le caractère des réunions de ceux qui croient en Jésus.

Une circonstance bien intéressante et qui montre d’une manière touchante les soins de Dieu pour les siens, est le lieu où se passaient ces scènes entre le savant et riche gouverneur Pline, et les pauvres et humbles chrétiens. C’était en Bithynie et dans le Pont. Or si nous lisons le commencement de la première épître de Pierre, nous verrons qu’elle est adressée « à ceux de la dispersion, du Pont, de la Galatie, de la Cappadoce, de l’Asie et de la Bithynie ». Elle était donc envoyée aux pères des saints martyrs du temps de Trajan. Peut-être quelques-uns vivaient-ils encore, et il n’est pas invraisemblable que l’apôtre Pierre ait travaillé parmi eux. Combien les exhortations et les encouragements de cette épître étaient à propos pour ceux qui comparaissaient devant Pline dans ces temps difficiles ! Ils se souvenaient sans doute de ces paroles, bien propres à les fortifier : « Si vous souffrez pour la justice, vous êtes bienheureux ; ne craignez pas… et ne soyez pas troublés, mais sanctifiez le Seigneur le Christ dans vos cœurs ; et soyez toujours prêts à répondre, mais avec douceur et crainte, à quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous » (1 Pierre 3:14-15). Quelle consolation pour eux de se rappeler que « les yeux du Seigneur sont sur les justes et ses oreilles… tournées vers leurs supplications ». Quelle réalité dans ces autres Paroles : « Bien-aimés, ne trouvez pas étrange le feu ardent (la persécution) qui est au milieu de vous, qui est venu sur vous pour votre épreuve, comme s’il vous arrivait quelque chose d’extraordinaire ; mais en tant que vous avez part aux souffrances de Christ, réjouissez-vous, afin qu’aussi, à la révélation de sa gloire, vous vous réjouissiez avec transport » (1 Pierre 3:12 ; 4:12-13). C’était là le secret de leur force, de leur constance et de leur patience au milieu des souffrances. L’espérance de la gloire et d’un bonheur ineffable, remplissait déjà leur cœur de joie. « Vous vous réjouissez », dit encore l’apôtre, « tout en étant affligés maintenant pour un peu de temps par diverses tentations, si cela est nécessaire ». Puis, de nouveau, il tourne leurs regards vers le moment heureux où apparaîtra Jésus, « lequel », dit-il, « quoique vous ne l’ayez pas vu, vous aimez » (1 Pierre 1:6, 8). Oui, c’était l’amour pour Celui qui avait donné sa vie pour eux, qui les rendait à leur tour « fidèles jusqu’à la mort ». Que pouvaient contre de telles gens qui avaient en vue « un héritage incorruptible », qui étaient « gardés par la puissance de Dieu » pour un si heureux avenir, que pouvaient contre eux les menaces et les châtiments d’un Trajan ou d’un Pline ? Et en même temps, ils étaient soumis à l’autorité royale suivant l’exhortation de l’apôtre : « Soyez soumis à tout ordre humain pour l’amour du Seigneur, soit au roi etc ». Par leur vie, comme par leurs paroles, ils annonçaient les vertus de Celui qui les avait « appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière » (1 Pierre 1:2-5 ; 2:9, 13).

N’admirons-nous pas le tendre soin de Dieu en donnant cette épître à ces pauvres persécutés ? Relisez-la, et vous verrez comme tout s’appliquait bien à eux. Mais elle s’adresse aussi à nous. Bien que nous ne souffrions pas comme eux, nous aussi avons à nous conduire avec crainte pendant notre séjour ici-bas, et à être saints comme Celui qui nous a appelés est saint. Nous aussi, nous sommes exhortés à marcher ici-bas comme étrangers et forains, nous abstenant des convoitises charnelles qui font la guerre à l’âme, car nous aussi, si nous avons cru en Jésus et si nous l’aimons, nous avons part à l’espérance vivante, et à l’héritage, et au salut réservé à ces saints martyrs. Puissent nos cœurs, comme les leurs, être attachés au Seigneur.

Un mot encore. La vérité, par la bouche de ces humbles témoins, était portée devant les gouverneurs et les princes de ce monde, qui, s’ils s’y opposaient, étaient ainsi sans excuse. Et il en fut ainsi pendant tous ces temps de persécutions, selon la parole du Seigneur : « Vous serez menés même devant les gouverneurs et les rois, à cause de moi, en témoignage à eux et aux nations » (Matthieu 10:18). Nous parlerons maintenant de quelques-uns des martyrs dont les noms et les actes nous sont parvenus.


Martyre d’Ignace


Aucun fait dans l’histoire de l’Église primitive n’a été conservé avec plus de soin que le martyre d’Ignace ; aucun récit de ce temps n’est plus célèbre que son voyage d’Antioche à Rome comme prisonnier dans les chaînes.

Ignace était l’un des disciples immédiats de l’apôtre Jean, et évêque ou surveillant de l’assemblée d’Antioche, depuis environ l’an 70. Nous nous souvenons que c’est dans cette grande ville, la capitale de la Syrie et l’une des plus importantes cités de l’empire romain, qu’après les travaux bénis de Paul et de Barnabas, les disciples du Seigneur furent premièrement nommés chrétiens (Actes 11).

Vers l’an 107, l’empereur Trajan se dirigeant vers l’Orient pour combattre les Parthes, passa par cette ville. Il est difficile d’assigner les raisons qui portèrent l’empereur à persécuter les chrétiens durant son séjour à Antioche. Était-ce qu’enflé par ses victoires, il ne pouvait supporter la pensée qu’il y eût dans ses États des gens qui refusaient d’adorer les dieux qui, selon lui, l’avaient rendu vainqueur ? Ou bien voulait-il se rendre propices ceux-ci en persécutant les chrétiens ? On ne sait, mais il menaça de punir de mort quiconque à Antioche refuserait de sacrifier aux dieux.

Désireux de détourner, en l’attirant sur sa tête, l’orage qui menaçait son troupeau, Ignace demanda d’être conduit devant l’empereur pour lui exposer le vrai caractère et la position des chrétiens, et, s’il le fallait, afin de s’offrir pour eux à la mort. Ainsi Trajan fut mis face à face avec cette « absurde superstition », dont jusqu’alors il avait seulement entendu parler. Ainsi, comme au temps de Paul, témoignage fut rendu à l’Évangile devant les grands de la terre, les rendant inexcusables s’ils le rejetaient.

Voici ce que des écrivains anciens rapportent de l’entrevue de l’empereur avec le vénérable évêque. Trajan s’adressant à lui, dit : « Es-tu celui qui, semblable à un démon pernicieux, persévère à contrevenir à mes ordres et entraîne les hommes dans la perdition ? »

— Que personne, répond Ignace, n’appelle Théophore [« Théophore » veut dire celui qui porte Dieu] un démon pernicieux. 

— Et qui est Théophore ?

— Celui qui porte Christ dans son cœur.

— Ne crois-tu donc pas qu’ils résident en nous, les dieux qui combattent pour nous contre nos ennemis ?

— Tu te trompes, en appelant dieux les démons des nations ; car il n’y a qu’un seul Dieu qui a fait le ciel, et la terre, et la mer, et tout ce qui est en eux ; et un seul Jésus Christ, son Fils unique, duquel le royaume est ma portion.

— Tu veux dire le royaume de Celui qui fut crucifié sous Pilate ?

— Oui, de Celui qui a crucifié mon péché avec son auteur, et qui a mis le péché tout entier et la malice de Satan sous les pieds de ceux qui Le portent dans leurs cœurs.

— Portes-tu en toi Celui qui a été crucifié ?

— Oui, car il est écrit : J’habiterai en eux et je marcherai en eux.

L’empereur coupa court à l’entretien, en rendant cette sentence : « Puisque Ignace confesse qu’il porte en lui celui qui a été crucifié, nous ordonnons qu’il soit conduit, lié par des soldats, à la grande Rome, afin d’y être déchiré par les bêtes, pour l’amusement du peuple ».

Ce châtiment était réservé aux pires criminels, particulièrement à ceux qui étaient convaincus d’exercer les arts magiques, ce dont les chrétiens étaient souvent accusés. Ignace écouta avec joie cette sentence cruelle, heureux d’être jugé digne de souffrir pour le nom de Christ et comme offrande pour les saints ; se réjouissant, comme autrefois le bienheureux apôtre Paul, d’être lié et conduit à Rome.

Ignace fut donc livré à dix soldats qui, sans égard pour son âge avancé, semblent l’avoir traité avec une grande dureté. Il écrivait aux chrétiens de Rome, leur envoyant sa lettre par des messagers qui suivaient une route plus courte que celle par laquelle il était conduit : « Depuis la Syrie, et jusqu’à Rome, je suis abandonné aux bêtes sauvages sur mer et sur terre ; de jour et de nuit je suis lié à dix léopards, une bande de soldats qui, même lorsque je leur fais du bien, se montrent envers moi d’autant plus cruels ».

Il fut conduit par mer à Smyrne, où il lui fut permis de voir Polycarpe, évêque de cette ville qui, lui aussi, avait été disciple de l’apôtre Jean. Plusieurs autres chrétiens vinrent le saluer et lui demander sa bénédiction. Il écrivit à différentes assemblées, en particulier à celles d’Éphèse et de Rome, des lettres qui ont été conservées. Dans ces lettres d’adieu, il insiste beaucoup sur la grande vérité de l’humanité réelle de Christ. Il met en garde ceux à qui il écrivait contre la mauvaise doctrine qui se glissait parmi les chrétiens, et qui enseignait que le Seigneur n’avait pas eu un corps réel, et qu’ainsi tout ce qu’il avait fait durant sa vie ici-bas, de même que ses souffrances et sa mort, n’avait été qu’une apparence. Ignace combat aussi les docteurs judaïsants, c’est-à-dire ceux qui, déjà du temps de Paul, voulaient mêler la loi à l’Évangile (*). Il faut malheureusement ajouter qu’à ces choses excellentes, Ignace en mêle beaucoup d’autres erronées, surtout par rapport à l’autorité des évêques dans les assemblées. Ses enseignements à cet égard montrent le commencement de l’établissement du clergé remplaçant dans l’Assemblée l’action de l’Esprit Saint.


(*) L’apôtre Paul les combat, surtout dans l’épître aux Galates.

Mais Ignace n’en était pas moins un bien-aimé saint de Dieu, un fidèle serviteur et témoin de Christ, pour qui il donnait sa vie. Dans sa lettre aux chrétiens de Rome, il les prie de ne rien faire pour empêcher qu’il soit livré aux bêtes : « Vous ne pouvez », dit-il, « me donner rien de plus précieux que ceci : que je sois offert à Dieu en sacrifice, tandis que l’autel est prêt… Priez seulement pour que la force me soit donnée, afin que non seulement je sois appelé chrétien, mais que je sois vraiment trouvé tel ». Et il dit encore : « Laissez-moi devenir la proie des lions et des ours ; ce sera pour moi un très court passage au ciel ».

Cependant les gardiens d’Ignace hâtaient leur voyage, craignant de ne pas arriver avant la fin des jeux où le martyr devait être exposé à la fureur des bêtes féroces. Aussi assistèrent-ils, sans doute, avec impatience à la scène touchante qui se passa avant qu’ils entrassent dans la cité impériale. Aux approches de Rome, ils rencontrèrent une foule de personnes qui sortaient de la ville. C’étaient des chrétiens affligés qui venaient au-devant d’Ignace. Malgré sa lettre, ils le suppliaient de leur permettre de faire leurs efforts pour le sauver ; mais il n’y consentit point. Les soldats accordèrent à Ignace quelques instants pour prier avec ses frères et leur adresser quelques paroles. Il s’agenouilla avec eux et demanda à Christ de mettre fin à la persécution, car il espérait qu’il lui serait donné de mourir pour son troupeau, et qu’ainsi les faibles brebis qu’il aimait tant, échapperaient. C’était le dernier jour des jeux, et il fut conduit immédiatement à l’amphithéâtre.

On voit encore à Rome l’arc de triomphe bien conservé qui fut élevé en l’honneur de Titus, vainqueur des Juifs. Non loin se trouvent les ruines d’un vaste cirque nommé le Colisée. Près de l’endroit où se trouvaient les fameux jardins de Néron, dans un enfoncement de terrain situé entre deux des collines sur lesquelles Rome était bâtie, cet empereur avait fait un lac artificiel. Titus l’avait fait dessécher et avait commencé à faire construire sur cet emplacement un cirque immense, destiné à contenir 80000 spectateurs. C’était le Colisée. On dit que les Juifs captifs furent employés à élever ce gigantesque édifice. Ses dimensions étaient telles que l’arène centrale ayant été une fois remplie d’eau, on put y donner au peuple romain le simulacre d’un combat naval. Mais habituellement il était réservé aux combats de gladiateurs entre eux ou contre des bêtes féroces. Aux jours de fête, des scènes terribles de luttes sanglantes et de carnage avaient lieu dans cette arène. Les Romains les contemplaient et y applaudissaient du haut de leurs sièges disposés en gradins, garantis par des filets à mailles d’or suspendus à des poteaux d’ivoire, de la fureur des bêtes féroces, rendues plus terribles par la faim.

C’est là que le vénérable évêque d’Antioche, épuisé par l’âge et par la fatigue de son long voyage, fut livré aux bêtes sous les yeux de milliers de spectateurs. Il fut bientôt mis en pièces et dévoré par elles. Le vieux pèlerin fatigué entra ainsi dans le repos du paradis de Dieu, auprès de Celui pour qui il avait donné joyeusement sa vie. Il pouvait dire avec Paul : « J’estime que les souffrances du temps présent ne sont pas dignes d’être comparées avec la gloire à venir qui doit nous être révélée… Qui est ce qui nous séparera de l’amour du Christ ? Tribulation, ou détresse, ou persécution, ou famine, ou nudité, ou péril, ou épée ? … Au contraire, dans toutes ces choses, nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés » (Romains 8:18, 35, 37).

Les amis d’Ignace ne purent recueillir de ses restes que quelques os. Il fut le premier chrétien qui souffrit cette mort cruelle dans l’amphithéâtre du Colisée. Mais après lui bien d’autres subirent le même sort sous le règne de Trajan. « Ils n’ont pas aimé leur vie, même jusqu’à la mort », mais « ils ont vaincu à cause du sang de l’Agneau et à cause de la parole de leur témoignage » (Apocalypse 12:11). Quelle gloire les attend dans la première résurrection ! Ils régneront avec Christ. Puissions-nous, dans ces temps moins difficiles, être cependant trouvés aussi fidèles, aussi dévoués au Seigneur !


Justin martyr


La persécution contre les chrétiens qui avait sévi sous le règne de l’empereur Trajan, se ralentit sous celui de ses deux successeurs Adrien et Antonin le pieux, sans cependant cesser entièrement. Mais elle reprit avec plus de force sous Marc-Aurèle qui succéda à Antonin. Est-ce donc que cet empereur était un homme méchant et cruel ? Non. Il était, au contraire, un de ceux que l’on nomme philosophes — amis de la sagesse. Marc-Aurèle était d’un naturel humain, bienveillant, noble et pieux, et grâce à l’influence de l’éducation qu’il avait reçue de sa mère, ses mœurs étaient pures. Ses écrits renferment des préceptes d’une morale excellente. Et malgré cela, il se montra l’ennemi des chrétiens.

Nous ne devons pas nous en étonner. La sagesse du monde, celle que les hommes puisent dans leur intelligence, dans leurs sentiments et leurs raisonnements, est tout l’opposé de la sagesse de Dieu. C’est Christ qui est « la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu », et c’est en Christ crucifié que se montrent cette puissance et cette sagesse pour sauver ceux qui croient. Mais le monde avec sa sagesse n’a pas connu Dieu qui, dans son amour, a donné son Fils. La croix est une folie pour les sages de ce monde qui estiment pouvoir plaire à Dieu et se sauver sans elle. Aussi l’apôtre Paul dit-il que les chefs de ce monde n’ont pas connu la sagesse de Dieu, « car s’ils l’eussent connue, ils n’auraient pas crucifié le Seigneur de gloire » (lire 1 Corinthiens 1:20-24 ; 2:7-8). Ainsi, si les chefs de ce monde ont rejeté le Seigneur, il ne faut pas être surpris qu’ils persécutassent les disciples de Jésus. Il faut aussi ajouter que tout en reconnaissant la vanité des idoles, les philosophes en toléraient le culte et s’y associaient comme étant une chose bonne pour le peuple, tandis que les chrétiens s’en séparaient complètement.

L’empereur, il est vrai, n’intervenait pas directement dans les persécutions. Mais il en avait connaissance et aurait pu les arrêter. Des apologies ou défenses du christianisme avaient été présentées aux empereurs qui l’avaient précédé et à lui-même, et la justice aurait demandé qu’il examinât ce qui lui était dit en faveur des chrétiens. Mais au fond de toutes les persécutions et de l’opposition faite aux disciples de Christ se trouve l’inimitié du cœur naturel contre Dieu. Jésus avait dit. « Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous… Ils ont, et vu, et haï et moi et mon Père… S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi » (Jean 15:18, 24, 20).

Et, en effet, le monde les haïssait. On en était venu à considérer les chrétiens comme des ennemis publics. Non seulement on les accusait de crimes abominables commis en secret dans leurs réunions privées, mais on leur attribuait toutes les calamités qui, à cette époque en particulier, vinrent frapper Rome et l’empire romain. Les dieux irrités par la présence de ces impies, de ces athées qui méprisaient leur culte, manifestaient leur courroux par ces fléaux, disait-on. La haine du peuple envers eux allait donc en croissant. Il se soulevait contre eux et obligeait les gouverneurs des provinces à sévir et à exécuter les édits de persécution à l’égard de ceux qui étaient dénoncés comme chrétiens et amenés à leur tribunal. Le Seigneur l’avait annoncé : « Ils vous livreront pour être affligés, et ils vous feront mourir ; et vous serez haïs de toutes les nations à cause de mon nom » (Matthieu 24:9). Mais il avait dit aussi pour l’encouragement de ceux qui souffraient pour son nom : « Vous avez de la tribulation dans le monde ; mais ayez bon courage, moi j’ai vaincu le monde » (Jean 16:33). Et encore : « Celui qui hait sa vie dans ce monde-ci, la conservera pour la vie éternelle. Si quelqu’un me sert, qu’il me suive ; et où je suis, moi, là aussi sera mon serviteur : Si quelqu’un me sert, le Père l’honorera » (Jean 12:25-26). « Si nous souffrons avec lui », nous serons « aussi glorifiés avec lui » (Romains 8:17).

Voilà ce qui soutenait les chrétiens et les fortifiait dans les souffrances qu’ils avaient à endurer. Ils n’avaient peut-être pas autant de lumières que nous pouvons en avoir, mais Christ était pour eux une Personne vivante qui avait donné sa vie pour eux, et ils donnaient leur vie pour Lui. Puissions-nous marcher dans le même chemin de foi, de renoncement et d’amour.

Parmi ceux qui souffrirent le martyre à Rome sous Marc-Aurèle, se trouve Justin surnommé Martyr. Beau titre, n’est-ce pas, que celui de martyr ou témoin pour Jésus Christ ? L’histoire de Justin est d’autant plus intéressante qu’il avait été un de ces philosophes si opposés à l’Évangile. Mais la grâce de Dieu est souveraine. Elle a amené à Christ le pharisien Saul de Tarse, et elle a converti le philosophe Justin. Elle l’a fait en dépouillant l’un de sa propre justice, et en montrant à l’autre l’impuissance de la sagesse humaine. Il faut que tous, sages ou ignorants, grands ou petits, nous reconnaissions notre état de péché et de ruine, afin de saisir le salut, la paix et la vie en Christ. Celui qui a sauvé Pierre et Jean, Nicodème et Paul, Justin le philosophe et tant d’autres, est aussi Celui qui nous sauve.

Justin était né de parents païens à Néapolis, ville de la Samarie, bâtie sur l’emplacement de l’ancienne Sichem. Il raconte lui-même comment, dans sa jeunesse, désirant ardemment connaître la vérité, il avait parcouru toutes les écoles de philosophie, étudiant avec soin les systèmes des sages de ce monde, sans rien trouver qui satisfît son âme et répondit à ses besoins. Mais Dieu, qu’il ne connaissait pas encore, le suivait comme le berger qui cherche sa brebis errante, et vint lui révéler la vérité qu’il avait en vain demandée aux hommes. Un seul est « la vérité », comme il est « la vie » et « le chemin », pour arriver à Dieu, et c’est Jésus. Justin allait le trouver.

Un jour que, fatigué de l’inutilité de ses recherches, il se promenait au bord de la mer, il rencontra un vieillard d’aspect vénérable qui entra en conversation avec lui. Justin s’ouvrit à cet inconnu, qui avait gagné sa confiance. Il lui dit son ardent désir de trouver Dieu, et tout ce qu’il avait fait, mais en vain, pour y arriver. Le vieillard lui répondit qu’en effet tous les enseignements des philosophes ne pouvaient l’amener à la connaissance de Dieu et à la possession de la paix après laquelle il soupirait, car, dit l’apôtre Paul, « le monde, par la sagesse, n’a pas connu Dieu ». Puis le vieillard parla à Justin de la révélation que Dieu avait donnée aux hommes dans les écrits des prophètes et dans les évangiles, et le pressa de les lire et de les étudier, et de s’enquérir des doctrines du christianisme. « Priez », ajouta le vieillard, « pour que les portes de la lumière vous soient ouvertes, parce que les Écritures ne peuvent être comprises que par l’aide de Dieu et de son Fils Jésus Christ ».

Le vieillard s’éloigna, et Justin ne le revit plus. Mais il suivit ses conseils. Il lut et médita les Écritures ; il pria, et Dieu répondit à ses requêtes. Il trouva la lumière et la paix auprès de Jésus Christ, et, une fois converti, il devint un ardent défenseur du christianisme. Plein de zèle pour la vérité qu’il avait saisie, et qui remplissait et réjouissait son cœur, il se mit à voyager, toujours vêtu de sa robe de philosophe, en Égypte et en Asie, annonçant à tous ceux qui voulaient l’entendre, l’Évangile qui lui était si précieux. De l’abondance de son cœur, sa bouche parlait. Comme il est beau de voir Dieu tirant une âme des ténèbres, l’amenant dans sa merveilleuse lumière, et faisant d’elle un flambeau pour éclairer d’autres âmes ! On n’a pas besoin pour jouir de ce privilège d’être un savant et un philosophe comme Justin ; chacun de nous, dans notre sphère, si humble soit-elle, dès que nous avons goûté que le Seigneur est bon, nous pouvons le faire connaître à d’autres (Actes 26:18 ; 1 Pierre 2:9).

Justin se fixa enfin à Rome et continua d’y enseigner. Il cherchait à se mettre en rapport avec les philosophes, dans le désir de leur faire connaître la vérité. Mais l’un d’eux, nommé Crescent, irrité de ce que Justin l’avait réduit au silence en discutant avec lui, le dénonça comme chrétien. Justin, avec six autres, parmi lesquels se trouvait une femme, comparut devant le préfet de Rome, Rusticus. Celui-ci voyant Justin revêtu de sa robe de philosophe, lui demanda quelle doctrine il professait.

— J’ai cherché à acquérir toutes sortes de connaissances, répondit Justin ; j’ai étudié dans toutes les écoles des philosophes, et je me suis enfin arrêté à la seule vraie doctrine, celle des chrétiens, de ces hommes méprisés par tous ceux qui sont dans l’aveuglement et l’erreur.

— Comment, misérable ! Tu suis cette doctrine ? s’écria le préfet.

— Oui, et c’est avec joie ; car je sais qu’elle est vraie.

Interrogé ensuite sur les lieux où les chrétiens s’assemblaient, il répondit qu’ils se réunissaient où ils le pouvaient, non pas tous en un même lieu, « car le Dieu des chrétiens », disait Justin, « le Dieu invisible, n’est pas circonscrit par l’espace. Il remplit les cieux et la terre, et est adoré et glorifié partout par les fidèles ».

Le préfet l’ayant menacé de la mort s’il persistait dans sa superstition, le témoin de Christ répondit : « Tu peux me faire souffrir tous les tourments, je n’en resterai pas moins en possession de la grâce qui assure le salut, et qui est le partage de tous ceux qui sont en Christ ».

— Tu crois donc aller au ciel ?

— Non seulement je le crois, mais je le sais et j’en ai l’entière certitude.

Telle fut la réponse pleine d’assurance du philosophe qui, après avoir été si longtemps ballotté par tout vent de doctrine humaine, avait enfin trouvé pour son âme une ancre sûre et ferme, et une espérance qui ne confond point (Éphésiens 4:14 ; Hébreux 6:19).

Le préfet s’efforça alors de persuader à Justin et ses compagnons de sacrifier aux idoles.

— Aucun homme dont l’esprit est sain, répondit Justin, n’abandonnera une vraie religion pour l’erreur et l’impiété.

— Sacrifiez, dit le préfet, ou vous serez tourmentés sans miséricorde.

— Je ne désire rien d’autre que de souffrir pour le nom de Jésus, mon Sauveur. Je paraîtrai ainsi avec confiance devant son tribunal, où le monde entier doit comparaître un jour.

Telle fut la réponse courageuse du martyr. Ses six compagnons confirmèrent ses paroles en disant :

— Faites ce que vous voudrez ; nous sommes chrétiens, et nous ne pouvons sacrifier aux idoles.

Le préfet les voyant inébranlables devant ses menaces prononça la sentence : « Ceux qui refusent de sacrifier aux dieux et d’obéir aux édits de l’empereur, seront d’abord battus de verges, puis décapités ».

Les martyrs se réjouirent et bénirent Dieu d’avoir été trouvés dignes de souffrir et de mourir pour le nom de Jésus (Actes 5:41 ; Philippiens 1:29). Ils furent ramenés dans leur cachot, et là, après avoir été fouettés, ils eurent la tête tranchée.

Le Seigneur Jésus a dit : « Vous êtes bienheureux quand on vous injuriera, et qu’on vous persécutera… à cause de moi. Réjouissez-vous et tressaillez de joie, car votre récompense est grande dans les cieux ». Et l’apôtre Paul dit, en écrivant à Timothée : « Si nous souffrons avec lui, nous régnerons aussi avec lui » (Matthieu 5:11-12 ; 2 Timothée 2:12). Justin et ses compagnons avec bien d’autres mis à mort « pour la parole de Dieu et pour le témoignage qu’ils ont rendu », attendent maintenant auprès du Seigneur la « récompense » : « la couronne de justice » et de gloire qui leur est réservée et qui leur sera donnée à son avènement (2 Timothée 4:8).


3.4 - La persécution en Asie mineure et le martyre de Polycarpe

« À l’ange de l’assemblée qui est à Smyrne, écris :… Ne crains en aucune manière les choses que tu vas souffrir… Sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de vie ». C’est ainsi que le Seigneur Jésus, Lui, le fidèle témoin ou martyr, qui avait donné sa vie, encourageait d’avance ceux qui seraient appelés à donner leur vie pour Lui.

Ce fut en Asie mineure que la persécution, sous Marc-Aurèle, sévit avec le plus de violence. Une lettre adressée par « l’Église de Dieu à Smyrne à celle de Philomélie et à toutes les parties de la sainte Église universelle », donne un récit détaillé des souffrances qu’eurent à endurer les fidèles confesseurs de Jésus Christ. Parmi ceux que cette lettre mentionne comme ayant été mis à mort, se trouve le vieil évêque de Smyrne, Polycarpe.

Polycarpe, de même qu’Ignace, avait été disciple de l’apôtre Jean. On dit que ce fut Jean qui l’établit évêque de Smyrne. Il est possible, en effet, qu’il l’eût mis à part comme « ancien » dans cette assemblée, car nous savons que les apôtres avaient l’autorité d’établir des anciens dans les églises (Actes 14:23 ; Tite 1:5).

Irénée, un des disciples de ce saint évêque, et qui fut l’évêque de Lyon au commencement du troisième siècle, parle ainsi de Polycarpe : « Je pourrais encore montrer la place où le bienheureux Polycarpe avait coutume de s’asseoir et de discourir ; je pourrais dire sa démarche, son apparence, sa manière de vivre, ses conversations. J’ai encore présentes à l’esprit la gravité de sa conduite, la majesté de son visage, la pureté de sa vie, et les saintes exhortations qu’il adressait à son troupeau. Il me semble encore l’entendre raconter comment il avait conversé avec Jean et plusieurs autres qui avaient vu Jésus Christ, et répéter les paroles qu’il avait entendues de leur bouche, les récits qu’ils faisaient des miracles du Sauveur, de sa doctrine selon les Écritures, comme il les avait reçus de ceux qui avaient été des témoins oculaires. Son zèle pour la pureté de la foi était tel que, si quelque erreur était avancée et soutenue en sa présence, il avait coutume de se boucher les oreilles, et de se retirer en s’écriant : « Dieu miséricordieux, pour quels temps m’as-tu réservé ! »

Tel était Polycarpe. À l’époque de la persécution, c’est-à-dire vers l’an 167, il était âgé d’environ quatre-vingt-quinze ans. Le peuple, irrité de voir la constance et la fermeté des témoins du Seigneur exposés dans l’arène à la fureur des bêtes féroces, demandait à grands cris que l’on saisît et qu’on livrât aux lions le fidèle pasteur du petit troupeau des chrétiens. « Polycarpe ! Amenez Polycarpe ! » criait la multitude.

Polycarpe, ayant entendu les clameurs de la foule, voulait d’abord rester tranquillement dans la ville, et y attendre ce que Dieu ordonnerait de lui. Mais sur les instances des frères, il se retira dans un village voisin. Il y resta quelque temps avec un petit nombre d’amis, priant nuit et jour pour toutes les assemblées. Un de ses esclaves, mis à la torture, fit connaître le lieu de sa retraite, et on envoya des soldats pour se saisir de lui. L’ayant appris, le vieillard refusa de pourvoir autrement à sa sûreté ; il attendit avec calme leur venue, disant simplement : « Que la volonté du Seigneur soit faite ». Les soldats étant arrivés, il commanda qu’on leur donnât à boire et à manger, et demanda qu’on lui laissât une heure de recueillement pour prier. Sa requête lui ayant été accordée, il se retira dans une chambre haute où il pria, dit la lettre citée, « pour tous ceux qu’il avait connus, petits et grands, dignes et indignes, et pour toute l’Église dans le monde entier ». Son cœur était si rempli, que deux heures se passèrent avant qu’il eût achevé ses ferventes supplications. Ceux qui devaient le conduire à la ville, lui firent dire de venir. Son dévouement, sa douceur, son grand âge et son aspect vénérable firent une profonde impression sur ses gardes.

Ayant égard à sa vieillesse, ils le firent monter sur un âne et entrèrent dans la ville remplie d’une foule considérable. Comme ils traversaient les rues, ils rencontrèrent Hérode, le premier magistrat de la ville, qui était sur son char avec son père. Tous deux, avec un semblant de respect, invitèrent l’évêque prisonnier à monter à côté d’eux, et essayèrent par de belles paroles et des promesses à ébranler sa constance. « Quel mal y a-t-il », lui disaient-ils, « à dire : Seigneur César ! ou à sacrifier ? »

Mais voyant leurs efforts inutiles, ils changèrent leurs paroles douces en injures, et irrités, ils précipitèrent le vieillard hors du chariot. Polycarpe, bien que meurtri par sa chute, poursuivit son chemin, conduit par les gardes, et fut amené devant le proconsul.

Celui-ci, ayant compassion de son grand âge et de sa faiblesse, essaya de lui persuader de ne pas répondre à l’appel de son nom, mais Polycarpe refusa de se servir d’un subterfuge pour échapper au supplice.

— Eh bien, lui dit le proconsul, jure par le génie de César, et dis : Loin de nous les athées.

Le vieillard promena lentement ses regards sur la foule furieuse qui remplissait l’amphithéâtre, puis agitant sa main et regardant vers le ciel, il cria « Loin de nous les athées ! » (*)


(*) Les chrétiens étaient accusés d’athéisme, parce qu’ils n’adoraient pas les faux dieux.

— Jure, dit le proconsul, pensant qu’il fléchissait ; maudis Christ, et je te relâcherai.

— Voici quatre-vingt-six ans que je le sers, répliqua le courageux évêque, tandis qu’un sourire illuminait ses traits, et il ne m’a jamais fait de mal ; comment le blasphémerais-je, Lui, mon Roi et mon Sauveur ?

La menace de le livrer aux bêtes féroces ou de le faire périr sur un bûcher, l’ayant trouvé inébranlable, le proconsul ordonna à un héraut de proclamer trois fois au milieu du cirque : « Polycarpe a confessé qu’il était chrétien ».

Aussitôt la multitude de s’écrier : « C’est le docteur de l’Asie, le père des chrétiens, l’ennemi de nos dieux ; c’est lui qui a persuadé à un si grand nombre de ne plus sacrifier. Qu’il soit livré aux lions ».

Mais le président des jeux refusa, en alléguant que les jeux étaient terminés. Alors la foule tumultueuse s’écria : « Qu’il soit brûlé ! » Le proconsul accéda à leur demande, et aussitôt tous à l’envi, Juifs et païens se mirent à apporter du bois pour le bûcher. Le vieillard considérait avec calme les préparatifs de son supplice, mais quand on l’eût entraîné sur le bûcher et qu’on voulut le fixer au poteau avec des cordes : « Laissez-moi ainsi », dit-il. « Celui qui me donne la force d’endurer les flammes, me rendra capable de ne faire aucun mouvement sur le bûcher ». Avant que le feu fût allumé, le martyr pria en disant : « Seigneur, Dieu Tout-puissant, Père de ton bien-aimé Fils Jésus Christ, par lequel nous avons reçu la connaissance de Toi-même, Dieu des anges et de la création entière, de la race humaine et des justes qui vivent en ta présence, je te loue de ce que tu m’as jugé digne de ce jour et de cette heure pour avoir part avec tous tes témoins à la coupe des souffrances de Christ ».

Dès qu’il eut achevé de prier, on mit le feu au bûcher. Mais, chose étrange à dire, attestée cependant par la lettre de ceux qui en furent les témoins oculaires, les flammes, au lieu de l’atteindre, semblèrent vouloir l’épargner, formant autour de lui comme une grande voile enflée par le vent. Son corps brillait comme de l’or et de l’argent, et un parfum exquis se répandit dans l’air. À cette vue, les païens superstitieux, craignant que le feu n’eût aucun pouvoir sur lui, ordonnèrent qu’il fût percé d’un glaive. Le sang éteignit d’abord le bûcher, mais les païens demandèrent que le corps fût consumé, et il n’en resta que quelques ossements. Comme les disciples de Polycarpe désiraient recueillir ces faibles restes de celui qu’ils avaient tant aimé, les Juifs persuadèrent au proconsul de ne pas leur accorder leur requête, « de peur », disaient-ils, « qu’ils n’abandonnent le crucifié pour adorer cet homme ». « Ils ne comprenaient guère », dit la lettre, « qu’il n’est pas possible d’abandonner Christ qui a souffert pour le salut du monde, et que l’on puisse adorer quelqu’un d’autre. Car c’est Lui qu’en vérité nous adorons ; mais nous aimons les martyrs, comme étant ses disciples ».

La mort édifiante de Polycarpe fut une bénédiction pour l’Église. La fureur de la populace s’apaisa, et le proconsul lui-même, fatigué de ces scènes sanglantes, défendit que l’on amenât encore des chrétiens devant son tribunal. Ainsi, le Seigneur mit fin à la tribulation à Smyrne.

Polycarpe écrivit à l’assemblée de Philippes une lettre qui nous a été conservée. Elle est surtout intéressante, parce qu’il leur rappelle l’apôtre Paul, « qui », dit-il, « quand il était au milieu de vous, vous a fidèlement et constamment enseigné la vérité, et qui, absent, vous a écrit une lettre, laquelle, si vous l’étudiez diligemment, sera le moyen de vous établir dans la foi, l’espérance et l’amour ».

Ainsi les mêmes Saintes Écritures que Dieu nous a données pour nous instruire à salut et nous guider, étaient aussi la consolation de ces saints d’autrefois qui souffraient et mouraient pour le Seigneur.


3.5 - Les martyrs de Lyon et de Vienne vers l’an 177

Ce fut encore sous le règne de Marc-Aurèle, l’empereur philosophe, qu’eut lieu une nouvelle persécution contre les chrétiens. Elle sévit surtout dans les villes de Lyon et de Vienne en Gaule. Là, s’étaient établies des colonies venues de l’Asie mineure, et c’est aussi d’Asie que l’Évangile y avait été apporté.

Ainsi, en quelque lieu que ce fût où la parole du salut était portée, l’ennemi du Seigneur, celui qui est appelé « le grand dragon, le serpent ancien, le diable et Satan », ne se lassait pas de poursuivre et de tourmenter les saints de Dieu. Il se servait pour cela de la formidable puissance romaine, représentée dans l’Écriture sous la figure d’une « bête effrayante et terrible, et extraordinairement puissante », avec de grandes dents de fer, qui dévorait et écrasait, et faisait la guerre aux saints (Daniel 7:7, 21).

Des détails concernant la persécution des chrétiens des Gaules, nous ont été conservés dans une lettre qu’ils adressèrent à leurs frères d’Asie. L’écrivain dit comment les frères, qui jusqu’alors avaient vécu paisiblement, furent tout à coup assaillis par les païens. On commença par les exclure des bains et des marchés publics, puis on les dépouilla de leurs biens et on alla jusqu’à piller leurs maisons. Ensuite ils furent poursuivis à coups de pierres et traînés en prison, « accusés », dit la lettre, « de crimes si odieux qu’il ne nous est pas permis de les mentionner, ni même d’y penser ».

C’est en l’absence du préfet que se déchaîna la fureur de la populace, et ce furent les employés subalternes qui, intimidés par la violence de la foule, firent jeter en prison un grand nombre de chrétiens. Quelques-uns de ceux-ci, au moment de l’épreuve, faiblirent ; plusieurs périrent dans les cachots humides et malsains où ils avaient été enfermés.

L’arrivée du préfet n’allégea point les souffrances des prisonniers. Il commença à chercher, par les tortures, à pousser les chrétiens à renier Christ, ou à leur faire avouer les crimes abominables dont on les accusait, comme de manger de la chair humaine dans leurs assemblées secrètes et de se livrer à toutes sortes de désordres. Contrairement à la loi, le magistrat fit mettre à la torture des esclaves des maîtres chrétiens. Quelques-uns, vaincus par les tourments, affirmèrent que leurs maîtres pratiquaient, en effet, les crimes dont ils étaient accusés. Dès lors, le magistrat et le peuple se crurent en droit de punir les chrétiens des plus cruels supplices.

Ni le rang, ni l’âge, ni le sexe, ne furent épargnés. Voici quelques exemples pris parmi ceux qui souffrirent pour le Seigneur. Un jeune homme chrétien de haute naissance et de grands talents, nommé Vettius Apagatus, qui n’avait point été mis en prison, fut indigné d’entendre les fausses accusations portées contre ses frères. Plein d’amour pour eux, il se sentit pressé de prendre leur défense et de rendre témoignage à la pureté de leur vie. Mais le juge, au lieu de l’écouter, lui demanda s’il était chrétien, lui qui se faisait leur avocat. Sur la réponse affirmative de Vettius, le magistrat ordonna qu’il fût conduit en prison. Il n’en sortit que pour souffrir le martyre.

Le vieil évêque de Lyon, Pothin, âgé de quatre-vingt-dix ans, qui probablement était venu d’Asie et avait porté l’Évangile dans cette ville, fut amené, infirme et asthmatique comme il l’était, devant le tribunal. « Quel est le Dieu des chrétiens ? » lui demanda le juge. « Tu le connaîtras, si tu t’en montres digne », répondit tranquillement le vieillard. À ces mots, ceux qui entouraient le tribunal l’accablèrent d’injures et de coups. Le divin Maître de Pothin avait eu aussi à souffrir les injures et les coups devant un tribunal humain (Matthieu 26:67-68). Ramené en prison, le vieillard eut encore à endurer la brutalité de la populace, et mourut deux jours après par suite des mauvais traitements qu’il avait subis.

Mais parmi tous ceux qui souffrirent, il n’y en eut point qui brillèrent plus par leur foi, leur constance et leur fermeté que Blandine. Elle était une pauvre jeune esclave, au corps faible et chétif. Sa maîtresse, chrétienne aussi, et qui mourut martyre, tremblait pour elle, craignant que sa foi ne succombât sous les tourments. Mais le Seigneur se tint près de sa jeune servante, et manifesta en elle sa force. Les bourreaux épuisèrent sur elle tous les genres de supplices : les fouets, le chevalet sur lequel on étendait les membres jusqu’à les disloquer, la chaise de fer rougie au feu sur laquelle on faisait asseoir les martyrs, Blandine supporta tout sans fléchir, répétant seulement : « Je suis chrétienne ; nous ne commettons aucun mal ». Attachée à un poteau dans l’amphithéâtre, elle fut livrée aux bêtes féroces, mais celles-ci, moins cruelles que les hommes, ne la touchèrent pas. On pensait qu’étant une faible femme et une esclave, on pourrait, en multipliant les tortures, l’amener à renier Christ. Mais Celui qui était en elle était plus fort que celui qui est dans le monde. Elle possédait la foi qui rend victorieux du monde, la foi au Fils de Dieu (1 Jean 4:4 ; 5:4-5). « Blandine », dit la lettre déjà citée, « fut revêtue d’une telle force que ceux qui se relayaient pour la torturer du matin jusqu’au soir, avouèrent, lassés qu’ils étaient, qu’elle les avait vaincus. Ils étaient étonnés, après avoir épuisé sur elle toutes les tortures, qu’elle pût encore vivre, ayant le corps déchiré et ouvert de toutes parts ». Le Seigneur rendait ainsi témoignage à la vérité du christianisme, et à la puissance de la foi en Lui. On pouvait dire de ces martyrs comme de ceux d’un autre âge : Ils furent torturés, éprouvés par des moqueries et par des coups, par des liens et par la prison ; ils furent lapidés, sciés, tentés, eux desquels le monde n’était pas digne… Ils ont reçu témoignage par la foi, en attendant la céleste récompense (Hébreux 11:36-39).

Comme l’on ramenait en prison Blandine et ses compagnons de souffrances, beaucoup d’amis affligés vinrent à leur rencontre pour les consoler, les encourager et leur témoigner leur amour, les saluant en même temps du nom de martyrs. « Nous ne sommes pas dignes d’un tel honneur », répondirent-ils ; « le combat n’est pas terminé. D’ailleurs ce nom glorieux de martyr [qui veut dire « témoin »] appartient essentiellement à Celui qui est le Témoin fidèle et véritable, le premier-né des morts et le Prince de la vie, et ensuite à ceux qui ont scellé le témoignage de Christ par leur persévérance jusqu’à la fin. Nous ne sommes que de pauvres faibles confesseurs ». Puis ils demandèrent avec larmes à leurs frères de prier pour eux, afin qu’il leur fût donné de rester fidèles et fermes jusqu’à la fin. Ainsi ils montraient qu’ils sentaient leur faiblesse et n’attendaient de force que de Celui en qui seul elle réside.

Une nouvelle douleur les attendait à leur retour dans la prison. Quelques-uns des leurs, saisis de crainte à la pensée des tourments, avaient renié le christianisme. Ils n’y avaient d’ailleurs rien gagné ; on les retenait en prison comme accusés d’autres crimes. Blandine et ses compagnons prièrent avec beaucoup de larmes le Seigneur, afin que ceux qui avaient faibli devant l’ennemi fussent restaurés et fortifiés. Le Seigneur exauça leurs prières. Ayant comparu de nouveau devant le magistrat, ceux qui étaient tombés confessèrent courageusement leur foi en Christ, et condamnés à mourir, ils obtinrent aussi la couronne des vainqueurs.

La fin de Blandine approchait. Elle allait échanger les douleurs passagères de cette vie, pour la gloire éternelle (2 Corinthiens 4:17-18). Elle fut amenée pour la dernière fois devant le juge avec un jeune homme de 15 ans, nommé Ponticus. On leur ordonna de jurer par les dieux, mais ils refusèrent avec fermeté. On leur fit encore subir les tortures les plus cruelles que la barbarie des hommes puisse imaginer. Ils les supportèrent avec une patience qui ne fit qu’exaspérer au plus haut point la multitude. Le jeune Ponticus, encouragé et soutenu par les prières et les exhortations de sa sœur en Christ, succomba bientôt et s’endormit en Jésus.

Blandine, restée seule, fut gardée pour le dernier jour des jeux. On pouvait bien dire d’elle, comme Paul le disait de lui-même et des apôtres : « Dieu nous a produits les derniers sur la scène… comme des gens voués à la mort… un spectacle pour le monde, et pour les anges et pour les hommes » (1 Corinthiens 4:9). Blandine fut d’abord fouettée jusqu’au sang, puis subit de nouveau l’affreux supplice de la chaise ardente, ensuite placée dans un filet, elle fut livrée à un taureau sauvage qui la secoua longtemps avec ses cornes et la fit souffrir cruellement. Enfin un soldat mit fin à ses souffrances, en la perçant d’une lance.

Tels étaient les tourments que ces fidèles confesseurs endurèrent pour l’amour de Jésus. Leur récompense sera grande dans le royaume des cieux (Matthieu 5:12). Nous qui vivons dans un temps paisible, n’en serons-nous pas reconnaissants envers Dieu ? N’en profiterons-nous pas pour croître dans la connaissance et la grâce du Seigneur Jésus, afin d’être aussi ses témoins dans ce monde, non par des souffrances semblables à celles des martyrs, mais par notre séparation du monde et la pureté de notre vie ?

D’autres que ceux que nous avons nommés souffrirent de même. À propos d’un nommé Sanctus qui endura aussi de cruels tourments, notre lettre dit qu’il les supporta de manière à montrer « qu’il n’y a rien de terrible là où se trouve l’amour du Père, ni rien de pénible là où est la gloire de Christ ».

La rage des persécuteurs ne fut pas assouvie par la mort des martyrs. Leurs corps furent brûlés et les cendres jetées dans le Rhône, afin de les priver ainsi, pensaient leurs ennemis dans leur folie, de ce qui leur était le plus précieux, — la sûre et certaine espérance de la résurrection bienheureuse. Insensés, ils ignoraient la puissance de Dieu. La mort est vaincue pour les chrétiens, sous quelque forme qu’elle se présente. Ils avaient pour eux, ces fidèles témoins, la parole de Christ : « Celui qui vaincra n’aura point à souffrir de la seconde mort ». Ils auront part à la première résurrection, et vivront et régneront avec le Christ. Puisse ce bonheur être aussi le nôtre !
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Message  Arlitto Sam 11 Juin 2016 - 20:36

Les martyrs de Carthage vers l’an 202


Le cruel gouverneur de Lyon dont nous avons parlé était devenu empereur sous le nom de Septime Sévère. Dans les premières années de son règne, les chrétiens avaient joui d’une tranquillité relative ; mais à son retour d’Orient où il avait fait une guerre victorieuse, il rendit un édit défendant à aucun de ses sujets d’embrasser le judaïsme ou le christianisme. L’occasion de cette nouvelle persécution fut, sans doute, le refus des chrétiens de prendre part aux réjouissances publiques qui accueillaient l’empereur victorieux, réjouissances toujours accompagnées de cérémonies païennes. Les chrétiens mettaient en pratique la parole de l’apôtre : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Actes 5:29).

La persécution sévit surtout en Égypte et dans la province d’Afrique où le christianisme avait jeté de profondes racines. La grâce de Dieu s’y montra d’une manière merveilleuse dans la patience et le courage qu’elle donna aux saints martyrs dans leurs souffrances.

Parmi eux se trouvaient, à Carthage, deux femmes, Vivia Perpétua et Félicité, et trois jeunes hommes. Ils étaient encore des catéchumènes, c’est-à-dire que, bien que s’étant joints aux chrétiens, ils n’avaient pas encore reçu le baptême, ni pris part à la cène. Félicité était une pauvre esclave qui, dans la prison même, devint mère d’un petit enfant. Perpétua était une jeune dame distinguée par sa naissance, son éducation et sa fortune. Elle n’avait que vingt-deux ans, avait récemment perdu son mari, et était mère d’un jeune enfant qu’elle nourrissait. Sa mère et ses deux frères étaient chrétiens ; son père, seul de la famille, était resté attaché au paganisme. Il aimait passionnément sa fille, et c’était pour lui une immense douleur de la voir attachée à cette religion méprisée, et être un sujet de honte pour lui et le nom illustre qu’il portait. D’un cœur tendre et aimant, la plus grande épreuve pour Perpétua venait de son affection pour son père et pour son enfant. Ce n’était pas seulement la mort sous sa forme la plus terrible qu’elle avait à affronter, mais il lui fallait vaincre aussi les liens naturels les plus puissants. Elle avait compris cette parole : « Celui qui aime père et mère plus que moi, n’est pas digne de moi ; et celui qui aime fils ou fille plus que moi, n’est pas digne de moi » (Matthieu 10:37), et elle aimait Jésus plus que tout : pour l’amour de Lui, elle fut rendue capable de renoncer à tout.

Perpétua a laissé, écrit par elle-même, un récit simple et touchant de son emprisonnement et de son jugement. Nous en citerons quelques parties.

« Lorsque nous fûmes entre les mains de nos persécuteurs », dit-elle, « mon père, dans sa tendre affection pour moi, vint me voir et s’efforça de me détourner de la foi.

— Mon père, lui dis-je, vois-tu ce petit vase ?

— Oui, dit-il, je le vois.

— Alors je dis : « Puis-je le nommer autrement que ce qu’il est ? ». Il répondit : « Non ».

— Je ne puis non plus, continuai-je, me nommer autrement que ce que je suis, c’est-à-dire une chrétienne.

Mon père me regarda comme s’il eût voulu m’arracher les yeux ; mais il m’accabla seulement de paroles dures, puis il partit. Alors je fus plusieurs jours sans le voir, mais je fus rendue capable de rendre grâces à Dieu, et son absence fut adoucie pour mon cœur ».

Quelques jours après, les jeunes chrétiens eurent la grande joie de recevoir le baptême et de participer à la cène, car, bien que gardés, ils n’avaient pas encore été enfermés dans le cachot. Ce jour arriva bientôt, et Perpétua écrit :

« Au bout de quelques jours, nous fûmes jetés dans la prison. Je fus saisie de terreur, car jamais auparavant je n’avais été dans une obscurité aussi complète. Quel jour terrible ! La chaleur excessive causée par le grand nombre de prisonniers, la brutalité des soldats, et l’inquiétude que j’éprouvais à cause de mon enfant, tout m’accablait. Mais deux de nos diacres obtinrent à prix d’argent que nous fussions transférés quelques heures par jour dans une meilleure partie de la prison, loin des autres captifs. Chacun reprit son occupation habituelle, mais moi je m’assis et allaitai mon enfant presque mort de faim. Dans mon anxiété, je parlai à ma mère pour la consoler et je recommandai l’enfant à mon frère. Je m’affligeai en les voyant peinés à mon sujet, et je souffris plusieurs jours. Mais l’enfant s’accoutuma à rester avec moi dans la prison, et aussitôt la force me revint, je fus délivrée de tout souci et d’inquiétude pour mon enfant, et la prison devint pour moi comme un palais. En vérité, j’y étais plus heureuse que je n’aurais pu être nulle part ailleurs ».

Après avoir raconté un songe qu’elle eut et qu’elle regarda comme un signe qu’elle et son frère, emprisonné aussi, souffriraient bientôt le martyre, Perpétua continue :

« Après quelques jours, le bruit se répandit que nous allions être interrogés. Mon père arriva de la ville, la figure dévastée par le chagrin, et essaya encore de m’ébranler. Il me dit : « Ma fille, aie pitié de mes cheveux blancs ; aie pitié de ton père, si tu me crois encore digne de ce nom ! Ne t’ai-je pas élevée ? Ne m’as-tu pas été plus chère que mes autres enfants ? Ne m’expose pas ainsi au mépris des hommes. Pense à ton frère, à ta mère, à ta tante ; pense à ton enfant, à ton fils qui ne peut vivre, si tu meurs. Fais fléchir ton orgueil ; ne nous plonge pas tous dans la ruine ». Ainsi parlait mon père, me baisant les mains et se jetant à mes pieds, et, au milieu de ses larmes, ne m’appelant plus sa fille, mais sa « dame ». Et j’étais affligée à cause des cheveux blancs de mon père, et de ce que lui seul de toute la famille ne se réjouissait pas de mon martyre. Et je m’efforçais de le consoler, lui disant : « Ce qui arrivera quand je paraîtrai devant le tribunal, dépend de la volonté de Dieu, car nous ne subsistons pas par notre propre force, mais uniquement par la puissance de Dieu ». Et il s’éloigna en gémissant.

Un autre jour, tandis que nous prenions notre repas, nous fûmes soudainement appelés à comparaître. Une multitude immense entourait le tribunal. Nous gravîmes les degrés, et les autres furent interrogés et firent leur confession. Et mon tour vint, et aussitôt mon père apparut portant mon enfant. Et il me tirait en bas des degrés, me disant d’un ton suppliant : « Aie pitié de moi et de ton enfant ». Et le procurateur Hilarianus dit aussi : « Épargne les cheveux blancs de ton père ; épargne ton petit enfant ; sacrifie aux dieux pour la prospérité de l’empereur ». Et je répondis : « je ne veux pas sacrifier ». — « Es-tu chrétienne ? » dit Hilarianus. Je répondis : « Je suis chrétienne ». Et comme mon père était encore là près de moi, cherchant à m’entraîner, Hilarianus ordonna qu’il fût jeté par terre et battu de verges. Et je fus affligée de ce qui arrivait à mon père, et je souffris plus, à cause de son âge avancé, que si moi-même j’avais reçu les coups. Hilarianus prononça la sentence, et nous fûmes tous condamnés aux bêtes féroces, et nous retournâmes à la prison remplis de joie ».

Perpétua avait été rendue capable, par la grâce toute puissante de Dieu, de s’élever au-dessus même des sentiments maternels. Il ne lui fut plus permis d’avoir son enfant auprès d’elle, mais elle avait pu le confier aux soins de sa mère et de son frère. Quant à elle, elle avait les yeux fixés sur « Jésus, le Chef et le consommateur de la foi », le Témoin fidèle, qui « à cause de la joie qui était devant lui, a enduré la croix, ayant méprisé la honte, et est assis à la droite du trône de Dieu » (Hébreux 12:2 ; Apocalypse 1:5). Les martyrs aussi, à la suite de leur divin Chef, méprisaient les souffrances et la honte, et attendaient la gloire.

Perpétua et ses compagnons étaient réservés pour être exposés aux bêtes, pour l’amusement du peuple, lors des fêtes célébrées à l’occasion de l’anniversaire du fils de l’empereur. Avant ce moment, l’un d’eux mourut dans la prison. Les autres se réjouissaient d’avoir été jugés dignes de souffrir pour le nom de Jésus (Actes 5:41). Leur paix, leur patience et leur constance agirent de telle sorte sur le cœur de leur geôlier Pudas, qu’il fut gagné au Sauveur. Il permit aux confesseurs du nom de Christ de recevoir les visites de quelques-uns des frères, ce qui consola beaucoup les prisonniers.

Le cœur de Perpétua fut de nouveau soumis à une douloureuse épreuve. « Le jour des jeux approchait », dit-elle, « et mon père entra accablé de douleur. Et il commença à s’arracher la barbe, à se jeter la face contre terre, et à désirer que la mort vînt le prendre, et à dire des paroles qui auraient remué le cœur le plus dur et moi j’étais extrêmement affligée de la peine qui accablait sa vieillesse ». Mais la fidèle servante de Christ, bien qu’ayant le cœur brisé, sortit victorieuse de cette dernière lutte.

L’esclave Félicité montra aussi la fermeté de sa foi. Comme elle était sur le point de mettre son enfant au monde, et qu’elle souffrait et se plaignait beaucoup, un des employés de la prison lui dit : « Que sera-ce donc quand tu seras exposée aux bêtes féroces ? Tu n’y as pas pensé, quand tu as refusé de sacrifier ». Félicité répondit : « J’endure maintenant mes propres souffrances, mais alors un autre sera avec moi, qui souffrira pour moi, parce que je souffrirai pour l’amour de Lui ».

La fin triomphante des martyrs approchait. Quand le jour fut venu, ils portaient sur leurs visages l’expression d’une joie céleste et d’une paix inébranlable, dit celui qui continue le récit de Perpétua. Ils refusèrent de se laisser revêtir, les hommes, de la robe écarlate des prêtres de Saturne, les femmes, de celle des prêtresses de Cérès. « Nous donnons notre vie », dirent les martyrs, « parce que nous ne voulons avoir aucune part à ces coutumes profanes. Laissez-nous notre liberté ». On céda à leur juste demande. Après s’être donné le b..... d’amour fraternel et avoir pris congé l’un de l’autre, dans la ferme espérance de se retrouver bientôt auprès du Seigneur, ils s’avancèrent vers le lieu de leur supplice. Tous louaient Dieu à haute voix, Perpétua chantait un psaume.

Les hommes furent livrés aux lions, aux tigres et aux léopards, et les femmes à une vache furieuse. Après que Perpétua eut subit ses assauts, elle se releva toute meurtrie, et, oubliant ses propres souffrances, elle alla aider et encourager Félicité qui gisait dans l’arène mortellement blessée. Ses dernières paroles furent pour exhorter son frère à persévérer dans la foi. Le peuple demanda que les martyrs fussent livrés aux gladiateurs, afin d’avoir le plaisir de les voir mourir. Perpétua, tombée entre les mains d’un gladiateur maladroit qui la blessa sans la tuer, guida elle-même la main de son meurtrier vers sa poitrine. Ainsi tous s’endormirent en Jésus.

Ils « ont vaincu par le sang de l’Agneau, … et ils n’ont pas aimé leur propre vie, même jusqu’à la mort ». Les persécuteurs voulaient anéantir le nom de Christ, mais plus on les persécutait, plus les chrétiens se multipliaient. Le sang des martyrs était la semence de l’Église.


 Répit dans les persécutions


Après la mort de l’empereur Septime Sévère, sous le règne duquel les chrétiens avaient été si cruellement persécutés, l’Église jouit d’une tranquillité relative jusqu’à l’avènement de Décius, en l’an 249. Cette paix ne fut troublée que pendant le court règne de Maximin, dont nous dirons un mot. Durant une période de moins de quarante ans, dix empereurs se succédèrent sur le trône de Rome, et ce fut peut-être grâce à ces bouleversements incessants dans l’empire, que les chrétiens durent, par la bonté de Dieu, de n’être pas persécutés.

Celui de ces empereurs qui régna le plus longtemps fut Alexandre Sévère. Il n’avait pas seize ans quand il obtint le pouvoir, et le garda durant treize années. Sa mère Mammée, qui eut toujours une grande influence sur lui, aimait les chrétiens. Se trouvant à Antioche, elle avait fait venir auprès d’elle le célèbre docteur chrétien Origène, afin d’être instruite par lui des vérités de la foi. Mais bien qu’un ancien historien la nomme une femme distinguée par sa piété et sa crainte de Dieu, rien ne prouve qu’elle eût été réellement convertie. Toutefois ce fut sans doute grâce à elle qu’Alexandre se montra constamment favorable aux chrétiens, dont plusieurs se trouvaient parmi les officiers de sa maison.

Alexandre d’ailleurs était d’un caractère naturellement religieux et vénérait également toutes les formes de culte ; c’est ainsi qu’il donna aussi une place au christianisme. On dit qu’il avait eu la pensée de faire élever un temple à Christ, et de le mettre publiquement au nombre des dieux reconnus. En attendant, il avait son image et celle d’Abraham dans sa chapelle domestique, au milieu des statues représentant les dieux du paganisme et les bienfaiteurs de l’humanité. Il admirait et citait souvent ces paroles du Seigneur : « Et comme vous voulez que les hommes vous fassent, vous aussi faites-leur de même » (Luc 6:31). Il les fit même écrire en grandes lettres sur les murs de son palais et d’autres édifices publics. Tout cela ne faisait pas d’Alexandre Sévère un chrétien, mais Dieu donnait, par son moyen, du répit à l’Église persécutée. Malheureusement ce temps de calme fut pour les chrétiens une époque de décadence dans la piété.

Pendant le règne d’Alexandre Sévère, la situation du christianisme vis-à-vis du monde subit un grand changement. Ce fut à cette époque que les chrétiens commencèrent à élever des édifices publics pour se rassembler, et l’empereur les favorisa en cela. Jusqu’alors, au grand étonnement des païens, ils n’avaient eu ni temples, ni autels. Tandis que les Juifs eux-mêmes avaient partout leurs synagogues publiques, les lieux où les chrétiens se rassemblaient n’avaient aucun cachet distinctif. Comme nous le lisons dans les Actes et les Épîtres, et comme nous savons que cela eut lieu longtemps après, ils se réunissaient dans des maisons particulières (Actes 12:12 ; 19:9 20:7-8 ; Romains 16:23 ; 1 Corinthiens 16:19 ; Colossiens 4:15 ; Philémon 2). À Rome, ce fut souvent dans les catacombes, le lieu de repos de leurs morts. Dans les temps de persécution, ils pouvaient ainsi plus aisément échapper à leurs ennemis, mais en même temps ces réunions secrètes donnèrent lieu à beaucoup d’accusations. Les païens qui ne pouvaient se représenter un culte sans temple ou édifice sacré, étaient disposés à penser que ces rassemblements mystérieux cachaient des actes honteux et coupables.

Maintenant les chrétiens pouvaient se réunir ouvertement dans des édifices exposés aux yeux de tous. Il sembla, pour un temps, que le christianisme était devenu une des nombreuses religions tolérées. Mais tout, en réalité, ne dépendait que de la bonne volonté de l’empereur ; les sévères édits des empereurs précédents n’étaient nullement abrogés ; le danger était toujours là. Les chrétiens l’éprouvèrent à la mort d’Alexandre Sévère. Ce jeune empereur, âgé seulement de vingt-neuf ans, qui voulait rétablir la discipline dans ses légions, fut assassiné dans sa tente par les soldats révoltés à l’instigation de Maximin.

Ce dernier, choisi par les soldats pour succéder à Alexandre comme empereur, était un rude paysan thrace, d’une taille et d’une vigueur colossales. Il s’était élevé par son courage aux plus hauts grades militaires, mais était d’une cruauté excessive. Il fit périr tous les amis d’Alexandre. Parmi eux, se trouvaient plusieurs évêques chrétiens qu’il fit mettre à mort, non pas tant comme chrétiens que comme ayant joui de la faveur du précédent empereur. Et c’est une chose triste à mentionner, que les conducteurs des églises eussent peu à peu acquis une position terrestre mal en harmonie avec leur vocation comme serviteurs de Christ. Il ne faut pas s’étonner que la main de Dieu s’appesantît sur eux.

Mais Maximin ne se borna pas à persécuter les évêques. Toutes les classes des chrétiens éprouvèrent les effets de sa cruauté. Le peuple entraîné par son exemple, frappé aussi par les désastres que causèrent en divers lieux de grands tremblements de terre qu’il attribuait à la colère des dieux, sentit renaître sa haine contre les chrétiens. Sa fureur ne connut pas de bornes. Les édifices nouvellement érigés pour le culte furent brûlés, et ceux qui professaient la foi furent cruellement persécutés.

Le règne de Maximin fut heureusement de courte durée. Sa cruauté et sa licence soulevèrent contre lui les soldats qui le massacrèrent. Après lui, pendant une période agitée de douze années, durant laquelle se succédèrent quatre ou cinq empereurs, l’Église jouit de la tranquillité. Avant de parler de la terrible persécution générale qui suivit ces temps de paix, nous dirons quelques mots du bas état spirituel où étaient tombés les chrétiens, et qui, disaient quelques-uns de leurs écrivains de ce temps, avait rendu nécessaire une persécution.

Satan est représenté dans la parole de Dieu sous la figure d’un « lion rugissant… cherchant qui il pourra dévorer » (1 Pierre 5:8). Tel il se montre dans les temps de persécution, comme c’était le cas quand Pierre écrivait sa première épître (Chapitre 4:12 ; 5:9). Mais il nous est aussi présenté sous l’image du serpent subtil et rusé, cherchant à séduire les âmes par toutes sortes d’artifices et à les détourner de Christ (2 Corinthiens 11:3 ; Apocalypse 12:9). C’est ainsi qu’il agit aux époques de paix et de tranquillité de l’Église, et, sous cette forme, il est beaucoup plus dangereux que quand il déchaîne sa fureur d’une manière violente. Nous avons donc, nous, à être tout particulièrement en garde contre lui.

C’est par les attraits du monde, par les diverses convoitises de la chair et des yeux, par l’amour des aises de la vie et des richesses, par la recherche des honneurs et d’une position dans le monde, que le diable cherche à agir sur les chrétiens. Ceux de ces temps-là, comme hélas ! ceux du nôtre, ne se laissèrent que trop égarer par l’ennemi, et tombèrent dans la mondanité. Les hommes étaient devenus efféminés et recherchaient leurs aises ; les femmes avaient cessé de montrer dans leur tenue la modestie et la simplicité recommandée par l’apôtre (1 Pierre 3:1-6) ; le clergé lui-même était ambitieux et avide d’honneurs et d’argent.

Ce qui explique la mondanité croissante chez les chrétiens, c’est que, pour un grand nombre, la foi n’était plus, ainsi qu’aux premiers temps, une conviction inébranlable, résultat de l’œuvre de Dieu dans l’âme, mais une croyance inculquée dans l’esprit par une éducation chrétienne. N’est-ce point là ce que l’on trouve aussi si généralement répandu de nos jours ? Il n’y avait donc plus chez un très grand nombre de ceux qui portaient le nom de chrétiens, la vie, la sève fortifiante, mais seulement une forme de piété (2 Timothée 3:5). Origène, en Orient, et Cyprien, en Occident (*), sont unanimes à déplorer dans leurs écrits l’esprit de mondanité qui s’était glissé dans l’Église ; le luxe, l’avidité et l’orgueil du clergé, aussi bien que la vie frivole et profane des simples chrétiens.


(*) Nous reparlerons de ces deux hommes distingués.

Voici sur ce sujet quelques paroles de Cyprien : « Le Seigneur a voulu éprouver son peuple, et comme la règle de vie selon la piété a été mise en oubli durant le long temps de paix dont nous avons joui, un jugement de Dieu est tombé sur nous afin de réveiller notre foi affaiblie, et je pourrais presque dire endormie. Nous aurions mérité davantage pour nos péchés, mais le Seigneur, plein de miséricorde, a disposé de tout ce qui nous est survenu de telle sorte qu’il semble que ce soit une épreuve plutôt qu’une persécution. Au lieu de penser à ce qu’était la vie des croyants du temps des apôtres et à ce qu’elle doit toujours être chez ceux qui sont à Christ, les chrétiens travaillaient avec une avidité jamais assouvie à accroître leurs biens terrestres. Et beaucoup d’évêques qui auraient dû enseigner les autres par leurs paroles et leur exemple, négligeaient leur vocation divine et recherchaient les choses du monde ».

Tel était l’état d’un grand nombre d’assemblées quand la persécution survint. N’y a-t-il pas là de quoi nous faire réfléchir et nous donner une leçon salutaire ?


Persécution sous Décius


L’Église en général était donc tombée, durant les années de paix dont elle avait joui, dans un fâcheux état spirituel. Le Seigneur, comme le disait Cyprien, afin de la réveiller de ce sommeil fatal, permit qu’elle passât par une persécution plus terrible qu’aucune de celles qui avaient précédé. Ce qui la distingua fut qu’elle sévit avec une rigueur excessive dans toutes les provinces de l’empire romain.

Une des causes de cette persécution fut probablement le refus des chrétiens de participer aux fêtes solennelles célébrées en l’an 247, à l’occasion du millénaire de la fondation de Rome. Toutefois, aussi longtemps que l’empereur Philippe régna, il protégea les chrétiens contre l’inimitié des prêtres des idoles et la fureur du peuple. Mais en 249, il fut vaincu et tué par Décius qui le remplaça sur le trône impérial.

Le nouvel empereur était un fervent sectateur du paganisme, qu’il voulait rétablir dans toute son ancienne splendeur. Il résolut donc d’extirper entièrement le christianisme, et pour cela ordonna aux magistrats dans toutes les provinces, de remettre en vigueur les anciens édits portés contre les chrétiens. Sous peine de leur propre vie, il leur commanda de faire périr tous les chrétiens sans exception, ou de les ramener à la religion de leurs pères par les menaces, les châtiments et les tortures.

L’empereur Trajan avait rendu un édit qui défendait de rechercher les chrétiens, et un autre contre les dénonciations anonymes et surtout contre les esclaves qui trahissaient leurs maîtres. Sous Décius, on ne tint aucun compte de ces édits. Les magistrats recherchaient les chrétiens, les accusateurs ne couraient aucun risque, et il suffisait du bruit public pour qu’une personne fût considérée comme coupable de christianisme.

Décius, par son édit, ordonna de rechercher exactement tous ceux qui refusaient leur adhésion à la religion de l’État, ou qui étaient même simplement soupçonnés de ne pas s’y soumettre. Partout où ce terrible édit était promulgué, on assignait un jour où tous les chrétiens de l’endroit devaient comparaître devant le magistrat pour abjurer leur religion. On commençait par les sommer de faire profession de paganisme en offrant de l’encens sur les autels des faux dieux. S’ils refusaient, on cherchait d’abord à les intimider et à les ébranler par des menaces ; persistaient-ils, on les soumettait à la torture ; celle-ci n’avait-elle point d’effet, on les conduisait au supplice. Dans l’espace de deux ans — durée du règne de Décius — des milliers de chrétiens furent ou livrés aux flammes, ou emprisonnés et torturés jusqu’à la mort. Les évêques surtout étaient l’objet de la haine du tyran.

Un grand nombre de chrétiens s’enfuyaient avant que le jour fatal où ils devaient comparaître fût arrivé. Ils se condamnaient ainsi volontairement à un exil perpétuel, car leurs biens étaient confisqués et le retour leur était interdit sous peine de mort. Souvent on jetait en prison ceux qui étaient restés fermes dans les tortures, afin que les souffrances prolongées causées par le séjour dans des cachots infects, par la faim et la soif, les amenassent à abandonner leur foi. Plusieurs, en grand nombre, hélas ! étaient relâchés sans avoir sacrifié, après s’être procuré à prix d’argent un témoignage du magistrat attestant qu’ils avaient obéi à l’édit impérial. Mais l’Église les considérait comme ayant de cette manière abjuré en réalité le christianisme, et les repoussait de son sein.

Denis, évêque d’Alexandrie, rapporte en ces termes l’effet produit par l’édit impérial : « Beaucoup de chrétiens distingués par leur position se sont soumis, quelques-uns poussés par la crainte, d’autres pressés par leurs amis. Un grand nombre se tenaient devant le magistrat, pâles et tremblants, ne voulant point participer aux rites idolâtres, mais n’étant point préparés à persévérer jusqu’à la mort. D’autres supportaient jusqu’à un certain point les douleurs de la torture, mais ensuite cédaient ». Tel était le triste résultat du relâchement où les chrétiens étaient tombés en s’associant avec le monde. Il ne nous conviendrait cependant pas, à nous qui vivons dans un temps paisible de liberté religieuse de juger avec sévérité la faiblesse de ceux qui cédaient aux tourments. Dieu nous a épargné ces épreuves jusqu’ici. Qu’aurions-nous fait à leur place ? Demandons au Seigneur de nous donner de Lui être fidèles et de ne pas succomber aux tentations du monde, aux convoitises de notre cœur naturel.

Mais dans ces jours si sombres, le Seigneur eut aussi ses fidèles témoins qui souffrirent pour Lui, perdirent leurs biens et haïrent leur vie dans ce monde-ci, afin de la conserver « pour la vie éternelle » (Jean 12:25). Denys d’Alexandrie raconte qu’un grand nombre, fortifiés par le Seigneur, tinrent fermes comme des colonnes, témoins admirables de sa grâce. Parmi eux, il mentionne un jeune garçon de quinze ans, nommé Dioscore, qui répondit avec la plus grande sagesse aux questions qui lui furent posées, et qui, au milieu des tourments, montra une telle fermeté que le magistrat en fut étonné. Il le relâcha dans l’espérance qu’arrivé à un âge plus mûr, il reconnaîtrait son erreur. Une femme fut traînée par son propre mari devant l’autel, et, tandis qu’un autre lui tenait fortement les mains, il la força, malgré elle, à répandre sur le feu l’encens offert aux idoles. Mais elle, durant tout ce temps, s’écriait : « Ce n’est pas moi qui le fais, ce n’est pas moi qui le fais ». Encore ici, le Seigneur se glorifia dans la faiblesse de ses fidèles témoins.

À Carthage, où, dans une persécution précédente, les chrétiens avaient déjà tant souffert, les confesseurs de Christ jetés dans les cachots, eurent à endurer les souffrances d’une chaleur excessive, de la faim et de la soif. On espérait les obliger ainsi à se soumettre aux ordres de l’empereur, mais bien que la mort la plus douloureuse fût devant eux, ils tinrent ferme. Combien ils devaient être soutenus et rafraîchis en pensant aux temps dont il est parlé dans l’Apocalypse : « Ils n’auront plus faim et ils n’auront plus soif, et le soleil ne les frappera plus, ni aucune chaleur, parce que l’Agneau qui est au milieu du trône les paîtra et les conduira aux fontaines des eaux de la vie » (Apocalypse 7:16-17).

À Rome, plusieurs chrétiens furent enfermés dans les prisons pendant plus d’une année. De leur lieu de souffrance ils écrivaient à Cyprien, évêque de Carthage : « Quel lot plus glorieux y a-t-il pour des hommes que de pouvoir, par la grâce de Dieu, confesser le Seigneur au milieu des tourments et devant la mort même ; d’être rendus capables, avec un corps lacéré et un esprit défaillant, mais libre, de rendre témoignage à Christ, le Fils de Dieu, et d’être pour l’amour de Lui participants de ses souffrances ? Nous n’avons pas encore versé notre sang, mais nous sommes prêts à le faire. Priez pour nous, cher Cyprien, afin que, jour après jour, le Seigneur affermisse chacun de nous et nous fortifie par la puissance de sa force ; afin que, comme un habile général, après avoir exercé et éprouvé ses guerriers dans le camp au milieu des dangers, Il nous conduise enfin sur le champ de bataille qui est devant nous, revêtus des armes invincibles de Dieu ». Bien des évêques de différentes églises succombèrent dans cette terrible persécution. Parmi eux, Babylas, évêque d’Antioche, avait été condamné à être décapité avec six jeunes catéchumènes. Il les vit périr sous ses yeux, puis livrant sa tête au bourreau, il s’écria : « Me voici, mon Dieu, avec les enfants que tu m’as donnés ».

On raconte aussi que du rang même des bourreaux sortirent parfois des confesseurs du nom de Christ. Des soldats de la garde d’un proconsul, voyant un chrétien faiblir devant les menaces, lui firent signe de ne pas céder. Le proconsul les fit aussitôt saisir et emmener, et ils moururent avec joie en confessant leur foi.

Le Seigneur, après deux années de cette épreuve semblable à une fournaise ardente ou à un creuset destiné à épurer l’Église, y mit enfin un terme. Décius périt dans un combat contre les Goths.

Le Seigneur qui « châtie celui qu’il aime », avait donné à l’Église un solennel avertissement, afin de lui faire comprendre qu’elle n’était pas du monde et qu’il voulait qu’elle fût toute à Lui. Il eût été heureux qu’elle écoutât la répréhension. Nous verrons plus tard si ce fut le cas. Mais auparavant, nous aurons à parler de la dernière persécution, et aussi de quelques-uns des hommes éminents dans l’Église à l’époque de ces épreuves.
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Message  Arlitto Sam 11 Juin 2016 - 20:36

Persécution sous Valérien — Martyre de Cyprien


Après la mort de Décius, il y eut pour l’Église quelques courtes années de relâche ; mais à la fin du règne de Valérien, en l’an 257, la persécution recommença avec violence. Par un premier édit, l’empereur défendit aux chrétiens de se réunir ; un second édit condamna au travail des mines ceux qui n’obéissaient pas ; et un troisième ordonna que tous les évêques, les prêtres (ou anciens) et les diacres fussent mis à mort.

C’est dans cette persécution que l’évêque de Rome Étienne et son successeur Sixte souffrirent le martyre. Comme on conduisait ce dernier au supplice, son fidèle disciple, le diacre Laurent, le suivait en disant : « Où vas-tu, mon père, sans ton fils ? » — « Tu me suivras dans peu de jours », répondit l’évêque. Peu après sa mort, le préfet de Rome fit arrêter et amener devant lui Laurent, auquel il ordonna de lui livrer les richesses immenses que possédaient, disait-on, les chrétiens de Rome. Laurent lui demanda un peu de temps pour mettre tout en ordre. Le magistrat lui accorda trois jours, au bout desquels Laurent l’invita à venir voir les richesses de l’Église, une grande cour, disait-il, pleine de vases d’or. Le préfet accourut, et Laurent l’introduisit dans la cour remplie de pauvres et d’estropiés : « Voilà les trésors que je t’ai promis », dit-il, « et voici les pierres précieuses que j’y ajoute, nos vierges et nos veuves, la couronne de l’Église ». Le préfet irrité ordonna que Laurent fût dépouillé de ses vêtements, puis attaché sur un gril de fer et brûlé à petit feu. Le martyr, près d’expirer, leva les yeux au ciel, pria pour la conversion des habitants de Rome, puis remit son esprit au Seigneur.

C’est aussi dans cette persécution qu’à Césarée, en Cappadoce, un enfant chrétien, nommé Cyrille, soutenu par le Seigneur, montra un courage extraordinaire. Persécuté par ses camarades, chassé par ses parents, conduit devant le tribunal, il demeura ferme, malgré toutes les sollicitations et les promesses du juge. « Je suis chassé de la maison de mes parents », répondit l’enfant, « mais j’ai une plus belle demeure, et je ne crains pas la mort qui m’introduira dans une meilleure vie ». Le juge le fit conduire au bûcher, espérant que la vue du feu triompherait de sa résolution. Mais ce fut en vain, et le jeune martyr subit le supplice.

Ainsi la puissante grâce du Seigneur, dans ces temps de souffrances, soutenait ses fidèles témoins et leur donnait de mépriser les cruelles tribulations du temps présent par amour pour Jésus, et en vue de la gloire éternelle à venir qui les attendait (Romains 8:18 ; 2 Corinthiens 4:16-17).

Mais ce n’est que la force du Seigneur qui pouvait les rendre capables de demeurer fermes, et cette force, il la donnait seulement à ceux qui marchaient dans l’humilité. L’exemple suivant est, à cet égard, bien frappant. On raconte qu’à cette même époque de persécution vivaient deux amis, Nicéphore et Saprice. Ce dernier était un pasteur de l’église. Un différend étant survenu entre eux, ils se brouillèrent complètement. Après un certain temps, Nicéphore chercha à se réconcilier avec son ancien ami, mais tous ses efforts furent vains : Saprice persista dans son ressentiment. La persécution de Valérien survint et Saprice fut conduit devant le gouverneur, qui lui ordonna de sacrifier aux dieux. Sur son refus, le magistrat le fit conduire au supplice. Nicéphore l’apprenant, accourt et accompagne son ancien ami vers le lieu de l’exécution, en le suppliant de lui pardonner ses torts. Tout est inutile, Saprice refuse obstinément le pardon demandé. Mais alors on put voir que Dieu ne saurait être avec un cœur dur et qui désobéit à l’injonction : « Vous pardonnant les uns les autres, si l’un a un sujet de plainte contre un autre ; comme aussi le Christ vous a pardonné, vous aussi faites de même » (Colossiens 3:13). Saprice, tout d’un coup, comme abandonné de Dieu, perd courage et demande à sacrifier. Nicéphore, étonné, l’exhorte à demeurer ferme, mais c’est en vain. Alors il déclare à ceux qui conduisaient Saprice que lui, Nicéphore, croit à ce Jésus que son ami vient de renier. Conduit au gouverneur, celui-ci ordonna que le fidèle témoin de Christ fût exécuté.

Mais le plus célèbre des martyrs qui perdirent la vie durant la persécution de Valérien, fut Cyprien, évêque de Carthage. Né dans cette ville l’an 200, d’une famille distinguée, il était riche et se faisait remarquer par ses talents. Comme professeur d’éloquence, sa renommée s’était répandue au loin. En même temps, il aimait les plaisirs, les spectacles, les jeux et les festins, et s’étonnait de la vie austère que menaient les vrais chrétiens. Ce ne fut qu’à l’âge de 46 ans, qu’il fut converti au Seigneur par le moyen d’un fidèle ministre de Jésus Christ nommé Cécilius. Dès ce moment, il ne voulut plus vivre que pour Celui qui l’avait aimé. Il vendit tous ses biens pour les distribuer aux pauvres, et, plein du feu de la jeunesse quoique déjà d’âge mûr, il se dévoua entièrement au service de son divin Maître, et fut bientôt connu par son zèle et le sérieux de sa vie comme chrétien. L’étude des saints livres devint sa constante et plus chère occupation, et il la continua jusqu’à la fin de sa vie.

Déjà deux ans après sa conversion, le vœu général des chrétiens de Carthage l’appela à occuper la charge d’évêque ou surveillant. Dans le sentiment, de la grandeur de la tâche à remplir, il aurait voulu refuser, mais les instances pressantes de tout le peuple le décidèrent à céder, et durant les dix années qui s’écoulèrent jusqu’à sa mort, il se montra entièrement dévoué à son œuvre. Animé d’un ardent amour pour le Seigneur et pour les âmes, il remplit les devoirs de sa charge avec la plus grande fidélité. C’était un temps de grandes difficultés provenant soit de l’état de relâchement où étaient tombés les chrétiens, soit des persécutions qu’ils avaient à subir, soit enfin des prétentions que commençait à élever l’évêque de Rome. Cyprien fit preuve à la fois de fermeté et de douceur. Il savait encourager et soutenir les faibles, mais résistait fortement au mal qui tendait toujours plus à s’introduire dans l’Église. Il s’opposait en particulier à la légèreté avec laquelle on recevait les nouveaux convertis à la Cène, et à la facilité avec laquelle on admettait de nouveau dans la communion de l’Église ceux qui avaient cédé dans la persécution, soit en sacrifiant aux dieux, soit en achetant des certificats portant qu’ils avaient sacrifié, soit en livrant les livres saints. Il résista aussi énergiquement à l’évêque de Rome qui réclamait la primauté sur les autres évêques, et s’intitulait parfois évêque des évêques. Malgré l’opposition que rencontrèrent ces prétentions, elles s’affirmèrent toujours plus, et c’est ainsi que la papauté prit naissance.

Cyprien se montra aussi ferme dans la persécution. Quand celle de Décius éclata, il fut un des premiers désigné par la haine des païens de Carthage, qui n’avaient pas oublié son changement de religion et que son zèle irritait. « Cyprien aux lions », était le cri qui retentissait au théâtre où le peuple païen de Carthage s’assemblait. Cédant aux instances des fidèles, Cyprien se retira à l’écart durant les deux années que dura la persécution, mais sans cesser de donner à son troupeau, du lieu de sa retraite, tous les soins qu’il pouvait.

Après la mort de Décius, il revint à Carthage, et reprit son ministère actif. Il eut l’occasion de l’exercer d’une manière particulière durant une peste terrible qui éclata dans cette ville. Tous, saisis de frayeur, s’enfuyaient, abandonnant même leurs proches. Cyprien assembla les membres de son troupeau, et leur rappela le devoir de tout disciple de Christ de s’adonner aux œuvres de miséricorde, non seulement envers leurs frères en la foi, mais même envers leurs ennemis. Si pressantes furent ses exhortations que les fidèles, animés du même esprit que lui, se partagèrent les soins à donner aux pestiférés, ne faisant aucune distinction entre les chrétiens et les païens, et montrant ainsi à ces derniers la réalisation de la parole du Seigneur : « Aimez vos ennemis ».

Lorsque éclata de nouveau, l’an 257, la persécution sous l’empereur Valérien, Cyprien fut amené devant le proconsul d’Afrique, Paternus. Sur son refus de sacrifier aux dieux, il fut exilé à Curubes, ville située à une journée de marche de Carthage. Il y resta onze mois. Au bout de ce temps, Paternus fut remplacé par Galère-Maxime. Celui-ci fit arrêter Cyprien dans sa demeure et ordonna de le ramener à Carthage. Le pieux évêque ne se dissimula point que sa fin était arrivée. Avec un cœur paisible et un visage serein, il se mit en route sous la conduite des officiers et des soldats envoyés pour le prendre. Une indisposition du proconsul empêcha qu’il ne comparût le jour même où il avait été cité. Le bruit de l’arrestation de l’évêque bien-aimé s’était répandu partout avec la rapidité de l’éclair. Presque tous les fidèles passèrent la nuit autour de la maison où Cyprien avait été renfermé. Le lendemain, sous une forte escorte et entouré d’une foule considérable, il fut conduit devant le proconsul. « Es-tu Thascius Cyprien, évêque de tant d’hommes impies ? » lui demanda le magistrat. — « Je le suis », répondit Cyprien. — « L’empereur ordonne que tu sacrifies à nos dieux ». — « Je ne le puis, je suis chrétien ». — « Réfléchis sérieusement à ce que tu fais ; il y va de ta vie », dit encore le proconsul. — « Exécute les ordres que tu as reçus », répondit tranquillement Cyprien. « La chose ne demande pas d’autres réflexions. C’est à mon Dieu que je dois obéir ».

Le proconsul se consulta un moment avec ceux qui l’entouraient, puis rendit cette sentence : « Nous ordonnons que Thascius Cyprien, qui a méprisé les dieux et les ordres du pieux empereur, ait la tête tranchée ». — « Dieu soit loué, qui va me délivrer de ce corps de mort », s’écria Cyprien à haute voix. — « Mourons avec lui », dirent les frères qui étaient présents. Cyprien fut aussitôt livré à ses bourreaux, conduit dans un champ voisin et là décapité.

Chose remarquable, Galère-Maxime mourut quelques jours après celui qu’il avait condamné à mort. Et deux ans plus tard, la persécution ayant duré pendant trois ans avec la plus extrême violence, l’armée romaine fut presque entièrement anéantie par les Perses. Valérien, fait prisonnier par Sapor, le roi de Perse, fut traité de la manière la plus ignominieuse par ce dernier qui se servait de lui comme d’un marchepied pour monter à cheval. Après plusieurs années de souffrances, il mourut sous le poids des douleurs et des mauvais traitements qu’il endura. Sapor fit écorcher et saler son corps, et le suspendit à la voûte d’un temple.

Cette triste fin de plusieurs des persécuteurs des chrétiens frappa beaucoup les esprits. On commença à penser que les ennemis du christianisme étaient aussi ceux du ciel. Durant les quarante années qui suivirent, l’Église jouit de la tranquillité extérieure, mais ce fut un temps de grand déclin dans la vie et dans la piété. Alors le Seigneur lui donna encore un dernier grand et solennel avertissement par la persécution qui eut lieu sous l’empereur Dioclétien.


La dernière grande persécution sous Dioclétien


Après la sanglante persécution qui eut lieu sous Valérien, l’Église, comme nous l’avons dit, avait joui d’un long repos. Vers la fin de cette période, de grands changements avaient eu lieu dans le gouvernement du vaste empire romain. Dioclétien, l’empereur d’alors, qui avait commencé à régner en l’an 284, s’était associé son ami Maximin pour gouverner l’empire. Celui-ci avait à régir l’Occident et Dioclétien l’Orient. De plus, chaque empereur s’était adjoint, sous le nom de « césar », un lieutenant qui devait lui succéder. Le césar d’Occident se nommait Constance, celui d’Orient était Galère, gendre de Dioclétien.

Durant la longue période de paix qu’avait traversée l’Église, elle avait atteint un degré de prospérité extérieure que rien n’aurait pu faire présager. Dans toutes les classes de la société, les chrétiens étaient nombreux. Ils occupaient de hautes charges dans l’État, dans l’armée, et même à la cour de Dioclétien. Jusqu’à l’impératrice et sa fille Valéria s’étaient, dit-on, jointes aux chrétiens. Dans la plupart des villes, ils avaient construit des édifices où ils se rassemblaient pour leur culte. À Nicomédie où résidait l’empereur, en face même de son palais, s’élevait un temple chrétien.

Mais si l’Église avait prospéré extérieurement, intérieurement elle s’était bien détournée de la pureté et de la simplicité de l’Évangile. Les persécutions qu’elle avait souffertes, ne l’avaient pas arrêtée dans la voie du déclin, elle n’avait pas prêté l’oreille aux avertissements du Seigneur qui lui avait dit : « Souviens-toi donc d’où tu es déchu, et repens-toi, et fais les premières œuvres » (Apocalypse 2:5). Dans les églises, on commençait à voir de riches tentures, des vases d’or et d’argent, et des cérémonies empruntées au culte judaïque tendaient à s’introduire et à remplacer l’adoration en esprit et en vérité (Jean 4:23-24). Les grandes vérités enseignées par les apôtres touchant la nouvelle naissance et la justification du pécheur par la foi, étaient oubliées ou n’étaient plus comprises. La régénération par l’eau du baptême (1 Pierre 3:21) (*) et la justification par les œuvres étaient mises à la place de ces vérités fondamentales, et l’Évangile était perverti (Galates 1:7 ; 2:16). La philosophie, c’est-à-dire les raisonnements de la sagesse humaine, s’était introduite chez les docteurs de l’Église, et les Écritures n’étaient plus reçues dans leur simplicité (Colossiens 2:8). Aussi toutes sortes d’erreurs étaient enseignées, même par les plus distingués de ces docteurs, par exemple, par le célèbre Origène. Les exhortations des pasteurs des troupeaux, au lieu de présenter Christ et sa grâce, n’étaient plus guère que des discours de morale et de philosophie, et la masse des chrétiens était toujours plus attirée vers le monde. Le clergé s’était constitué comme une classe à part, de sorte que la présence et l’action du Saint Esprit dans l’Église étaient méconnues ou oubliées. Les évêques s’étaient arrogé une autorité toujours plus grande (voyez 1 Pierre 5:1-4) (**) ; leur ambition et leurs luttes causaient, au sein des communautés, des querelles et des dissensions qui souvent amenaient des scènes de violence (Galates 5:15). La foi et l’amour allaient s’affaiblissant ; l’orgueil et l’avarice grandissaient. Tel était le triste état intérieur de l’Église. Alors le Seigneur prit encore une fois la verge pour donner un dernier avertissement (Apocalypse 3:19), en permettant à Satan de livrer un suprême assaut à l’Église. Aussi aucune persécution ne fut plus violente.


(*) Ce passage montre que ce n’est pas l’eau du baptême qui régénère.

(**) Nous citons les passages qui montrent combien les chrétiens s’étaient écartés du sain enseignement.

L’empereur Dioclétien, bien que superstitieux, n’avait au commencement aucune haine contre le christianisme. Constance, en Occident, favorisait les chrétiens, mais Galère, d’un caractère grossier et cruel, les haïssait, et cette haine était entretenue et excitée par sa mère, femme superstitieuse, adonnée à toutes les pratiques du paganisme et tout entière sous le pouvoir des prêtres et des idoles.

Ceux-ci voyaient dans la prospérité croissante des chrétiens le présage de leur propre ruine ; aussi leur inimitié contre le christianisme et ceux qui le professaient devenait-elle toujours plus grande, et cherchaient-ils le moyen de se défaire de cette race odieuse. D’un autre côté, les philosophes et les savants dont Dioclétien s’était entouré, ne haïssaient pas moins une religion dont la pureté les condamnait et dont les doctrines répugnaient à leur raison. Ils auraient aussi voulu l’extirper. Malgré leurs efforts, réunis à ceux des prêtres, pour engager Dioclétien à sévir contre les chrétiens, ceux-ci n’eurent rien à souffrir durant les 14 premières années du règne de l’empereur. Alors les adversaires du christianisme se tournèrent vers Galère, qui avait déjà fait éloigner de l’armée tous ceux qui refusaient de sacrifier aux idoles, et qui en avait même fait mourir plusieurs.

Dans l’hiver de l’année 302 à 303, Galère vint à Nicomédie, dans le but de presser Dioclétien de sévir contre les chrétiens. Le vieil empereur ne céda pas immédiatement. Les prêtres, connaissant son esprit superstitieux, mirent alors en œuvre, pour le décider, les artifices que leur suggéra leur esprit de mensonge. Comme un jour Dioclétien offrait un sacrifice, les prêtres, selon leur coutume, cherchaient, dans les entrailles des victimes, des présages bons ou mauvais. Mais ils déclarèrent qu’il ne s’y trouvait point de présages. De nouvelles victimes furent immolées ; le résultat fut le même, et les prêtres dirent à l’empereur effrayé que c’était à cause des profanes qui étaient présents. Ils désignaient ainsi les officiers chrétiens qui accompagnaient l’empereur, et qui, durant les sacrifices, faisaient le signe de la croix pour dégager leur conscience (*). Dioclétien irrité ordonna à tous ses officiers de sacrifier, sous peine d’être battus de verges et renvoyés de son service. Il commanda aux chefs de l’armée d’agir de même envers les chrétiens de leurs légions.


(*) Nos lecteurs remarqueront que cette coutume, que l’on peut qualifier de superstitieuse, était une de celles déjà introduites dans l’Église.

Mais cela ne satisfit point Galère et sa mère. Ils pressèrent l’empereur de faire étendre la persécution à tous les chrétiens. Avant de se rendre à leur désir, Dioclétien voulut consulter les dieux. Un messager fut donc envoyé dans ce but à l’oracle d’Apollon, à Milet. L’oracle répondit — et l’on prétendit que ce fut le dieu lui-même qui parla — que les justes qui étaient sur la terre, empêchaient les oracles d’être rendus. Qui étaient ces justes ? Les prêtres expliquèrent que c’étaient les chrétiens, et cela décida Dioclétien. Comme nous pouvons voir là la puissance de mensonge de Satan ! Ainsi commença la dixième et dernière persécution qui sévit durant dix années.

Le 24 février de l’année 303, fut rendu le premier édit contre les chrétiens. Il portait que tous ceux qui refusaient de sacrifier seraient privés de leurs charges, de leurs biens, de leur rang et de leurs droits de citoyens ; que tous les esclaves qui persisteraient dans leur foi, perdraient tout espoir de recouvrer leur liberté, et que les chrétiens de toute condition pourraient être soumis à la torture. Toutes les églises devaient être détruites, les réunions religieuses étaient interdites, et les livres saints devaient être livrés aux officiers de l’empereur et brûlés.

Cette tentative de détruire les Écritures où les chrétiens puisaient leur foi, était de la part de Satan un effort tout nouveau. Mais la parole de Dieu, béni soit-Il, ne peut être anéantie (Jean 10:35 ; 1 Pierre 1:25). Satan savait bien, pour l’avoir éprouvé, qu’elle est l’épée de l’Esprit (Matthieu 4:1-10 ; Éphésiens 6:17). La faire disparaître était ruiner le christianisme. Les philosophes de la cour de l’empereur furent sans doute en cela les instruments de l’ennemi. Les Écritures étaient l’arsenal où les chrétiens puisaient leurs armes contre eux. La puissance romaine, représentée par la quatrième bête, et qui reparaîtra plus terrible dans l’avenir, faisait ainsi de toutes manières la guerre aux saints (*) (Daniel 7 ; Apocalypse 13:7 ; 17:8). L’église de Nicomédie fut détruite sous les yeux de l’empereur, et les saints livres qu’on y trouva furent brûlés. En beaucoup d’autres endroits, les églises furent aussi renversées, et les chrétiens qui refusèrent de livrer les Écritures furent mis à mort.


(*) On a vu, dans un temps plus rapproché de nous, les mêmes moyens employés contre ceux qui ne voulaient suivre que la parole de Dieu, et ces persécutions partaient d’un corps religieux qui se dit la véritable Église !

À peine l’édit eut-il été affiché à Nicomédie, qu’un chrétien de noble condition le déchira. On peut comprendre son indignation, mais nous ne pouvons approuver son action, car il faut être soumis aux autorités. Malgré sa haute position, il fut condamné à mort et brûlé à petit feu. Dieu le soutint dans ses terribles souffrances, de sorte que sa fermeté à les supporter frappa d’étonnement ses bourreaux.

Peu de temps après, à deux reprises différentes, le feu prit au palais impérial. Sans qu’il y eût de preuve, on accusa les chrétiens d’être les auteurs de ces tentatives d’incendie. On soupçonna Galère de n’y avoir pas été étranger ; il voulait pousser l’empereur à des mesures plus rigoureuses, et déclara qu’il quittait Nicomédie où, disait-il, sa vie était en danger. Dioclétien crut qu’en effet les chrétiens étaient coupables. Effrayé et irrité au plus haut point, il donna les ordres les plus sévères. Nombre de personnes furent jetées en prison et soumises aux plus cruelles tortures pour leur faire avouer leur crime. Plusieurs furent brûlés, décapités ou noyés. Galère et sa mère avaient ainsi atteint leur but.

La persécution sévit contre tous les chrétiens de quelque condition qu’ils fussent. Dioclétien contraignit même l’impératrice Prisca et sa fille Valéria à sacrifier aux dieux. Il fit de même à l’égard des officiers de sa cour. Plusieurs préférèrent l’opprobre de Christ à la gloire de ce monde. Ils refusèrent d’obéir et subirent en présence même de l’empereur les tortures les plus cruelles. Ainsi l’un d’eux avait eu le corps déchiré. Dans ses plaies vives on versa, pour aviver ses souffrances, un mélange de sel et de vinaigre, mais rien n’ébranla la constance du martyr. Il tint ferme la confession du nom de Christ et refusa de reconnaître d’autres dieux. Alors l’empereur furieux ordonna qu’il fût brûlé à petit feu.

La rage des persécuteurs ne fut pas satisfaite par des supplices isolés. On fit périr en masse les confesseurs de Christ. D’immenses bûchers furent élevés où on les brûlait ensemble. On les jetait dans la mer attachés à de grosses pierres. La persécution s’étendit dans tout l’empire, sauf dans les provinces d’occident où gouvernait Constance. Il se contenta de faire démolir les églises.

Peu après la promulgation du premier édit, un second fut rendu dirigé contre les conducteurs du troupeau. Les prisons se remplirent d’évêques, de presbytres (ou anciens) et de diacres. Bientôt après parut un troisième édit, qui défendait de les relâcher à moins qu’ils ne fussent prêts à sacrifier aux dieux. Ceux qui refusaient étaient déclarés ennemis de l’État, et devaient être soumis à la torture et à d’autres peines pour les contraindre à abjurer le christianisme. Un grand nombre des hommes les plus éminents, les plus pieux et les plus respectables de l’Église furent ainsi torturés, mis à mort, ou condamnés aux durs travaux des mines. L’empereur se flattait que, privés de leurs conducteurs, les chrétiens céderaient plus facilement ; mais il fut obligé de reconnaître qu’il n’avait pas atteint son but.

Poussé par les prêtres païens et par Galère, il rendit alors un quatrième édit qui surpassait les autres en rigueur. Les magistrats reçurent l’ordre d’employer sans restriction et sans réserve, la torture et les supplices pour forcer tous les chrétiens, hommes, femmes et enfants, à adorer les dieux. Ah ! comme du fond des cœurs devait monter le cri : « Jusques à quand, ô Souverain ! » (Apocalypse 6:10). On a peine à croire à une telle cruauté de la part des hommes. Mais à quoi ne peut se livrer le cœur naturel conduit par Satan, qui est meurtrier dès le commencement ? C’était la lutte suprême que l’ennemi soutenait pour maintenir l’idolâtrie contre Christ. L’édit ayant été rendu, on proclama dans les rues des villes que tous, hommes, femmes et enfants, eussent à se rendre aux temples des dieux pour sacrifier ou recevoir la sentence de mort. Aux portes, on arrêtait ceux qui entraient ou sortaient, et on les soumettait à un strict examen pour savoir s’ils étaient chrétiens. Sur le moindre soupçon, on était saisi et emprisonné. Des familles entières furent égorgées après avoir subi toutes sortes de souffrances. On laissait les prisonniers mourir de faim, ils étaient brûlés, noyés, crucifiés, pendus par les pieds, et mouraient ainsi d’une mort lente. Parfois dix, vingt, soixante et même cent personnes, étaient mises à mort ensemble dans un même endroit et toujours de la manière la plus cruelle. Partout les chrétiens étaient abandonnés sans défense à toute la haine du peuple. Ils n’avaient nul recours auprès des autorités, et on peut aisément penser à quels excès ils furent exposés. Sacrifier aux dieux était le seul moyen d’échapper aux injustices, aux souffrances et à la mort.

Pendant quelque temps les persécuteurs crurent qu’ils avaient triomphé. On érigea des colonnes et on frappa des médailles en l’honneur de Dioclétien et de Galère, comme ayant extirpé le christianisme et restauré le culte des dieux. Mais celui qui règne dans les cieux allait étendre sa main et terrasser les ennemis de son nom. Ceux-ci pouvaient tuer les chrétiens, renverser leurs églises et brûler leurs livres saints, mais ils ne pouvaient pas atteindre la source vivante du christianisme. La période des souffrances des chrétiens avait été exactement mesurée, et toute la puissance des empereurs ne pouvait la prolonger d’une heure.

La main de Dieu s’appesantit d’une manière terrible sur les ennemis de l’Église. Dans la huitième année de la persécution, Galère, qui en avait été l’instigateur, fut frappé d’une maladie affreuse. Comme Hérode autrefois (Actes 12:23), vivant il fut rongé des vers. On appela les médecins les plus habiles, on consulta les oracles ; tout fut vain. Les remèdes ne faisaient qu’accroître l’intensité du mal ; le palais était rempli d’une odeur pestilentielle exhalée par ce corps en putréfaction, et les amis même de l’empereur ne pouvant la supporter, l’abandonnèrent. Frappé dans son corps, livré aux plus affreuses souffrances, il cria grâce. Il fit supplier les chrétiens de prier pour lui, et rendit un édit où il leur accordait l’exercice libre et public de leur religion. Quelques jours après, il expira. Durant six mois l’édit fut exécuté. Quantité de chrétiens sortirent des prisons et des mines, mais la plupart pour porter pendant le reste de leur vie les traces des souffrances qu’ils avaient endurées.

Maximin qui succéda à Galère continua à persécuter les chrétiens avec une cruauté encore plus grande. Il ordonna que tous les officiers civils et militaires, tous les hommes libres ou esclaves, et même les petits enfants, sacrifiassent et mangeassent des choses sacrifiées aux idoles. Tous les aliments qui se vendaient au marché étaient aspergés du vin ou de l’eau consacrés pour le service des dieux, afin que bon gré, mal gré, les chrétiens participassent en quelque manière au culte idolâtre. Le sang des martyrs recommença à couler dans tout l’empire, sauf dans les Gaules où était Constance. Mais la main de Dieu se fit de nouveau sentir. La guerre, la peste et la famine sévirent dans toutes les provinces d’Asie. Dans toute la partie de l’empire que régissait Maximin, une sécheresse qui dura toute une année, amena une famine terrible. La peste suivit ; les chrétiens seuls, animés de charité, bravèrent la maladie, et se mirent à soigner les malades que l’on abandonnait, et à ensevelir les morts que l’on laissait sans sépulture. Les païens saisis de crainte, attribuaient leurs maux à la colère du ciel, irrité à cause des persécutions exercées contre les chrétiens. Maximin, effrayé lui-même, arrêta la persécution.

Ainsi se termina la période représentée par l’église de Smyrne, l’ère sanglante où nombre de fidèles furent « égorgés pour la parole de Dieu et pour le témoignage qu’ils avaient rendu » (Apocalypse 2:8 11 ; 6:9). En même temps que le Seigneur montrait en eux sa puissance en les fortifiant dans tant de souffrances, les persécutions étaient des avertissements donnés à l’Église pour ranimer son premier amour et la faire sortir du piège du monde. Écouta-t-elle cette voix de son Chef ? Son histoire, hélas ! nous apprend que non. Mais en dépit de tous les efforts de l’ennemi, ce que Christ a fondé ne peut périr (Matthieu 16:18).


Les apologies du Christianisme


Nous avons parlé de la dernière grande bataille que Satan et le paganisme livrèrent au christianisme. Ce dernier avait vaincu par la constance et la fermeté des martyrs dans les souffrances et la mort. Le nouvel empereur d’Occident, Constantin, le fils de Constance, se déclara ouvertement pour les chrétiens. Ce fut pour l’Église le commencement d’une nouvelle ère. Avant de nous en entretenir, nous donnerons encore quelques détails sur l’époque des persécutions.

Comme nous l’avons vu, dès le commencement on porta contre les chrétiens toutes sortes d’accusations. On les représentait comme étant les ennemis de l’État, comme des athées sans religion et sans culte, comme se livrant en secret aux pratiques les plus coupables. C’étaient les prétextes allégués pour justifier les persécutions. Les Juifs et les païens à l’envi attaquaient les chrétiens et la vérité de l’Évangile. Or si le chrétien ne peut et ne doit jamais user de violence pour repousser les attaques dont il est l’objet, il doit toujours être prêt « à répondre, mais avec douceur et crainte », à quiconque lui « demande raison de l’espérance » qui est en lui (1 Pierre 3:15).

Le Seigneur donna à des chrétiens courageux d’élever leur voix pour montrer la fausseté des accusations par lesquelles on flétrissait les disciples de Christ et pour établir la vérité du christianisme. Ils le firent dans des écrits nommés « apologies », ce qui veut dire « défense ». C’est le mot dont se sert l’apôtre Paul, lorsqu’il se défend devant les Juifs et devant le roi Agrippa et qu’il expose la vérité (Actes 22:1 ; 26:1-2). Ces apologies étaient souvent adressées aux empereurs qui ordonnaient les persécutions, afin de les éclairer sur la vraie nature de la religion chrétienne. Les premières furent présentées, vers l’an 125, à l’empereur Adrien qui se trouvait à Athènes par Aristide, chrétien de cette ville, et par Quadratus, évêque. Ce dernier défend l’Évangile contre les calomnies de ses adversaires, et rappelle les miracles du Seigneur. L’empereur semble avoir tenu compte en quelque mesure des écrits de ces deux serviteurs de Christ, car il écrivit au proconsul d’Asie pour défendre qu’on maltraitât les chrétiens, à moins qu’ils n’eussent violé les lois.

Quelques années plus tard, vers l’an 140, Justin présenta une longue apologie à l’empereur Antonin le Pieux, à son fils et au sénat romain. Il commence par en appeler à l’équité de l’empereur. « Notre devoir à nous », dit-il, « est de bien faire connaître nos actes et nos pensées,… votre devoir à vous, dicté par la raison, est d’instruire la cause et d’agir en bon juge ; sans cela, quelle excuse auriez-vous devant le tribunal de Dieu ? ». Ensuite Justin justifie les chrétiens du reproche d’athéisme, en exposant les doctrines chrétiennes ; et pour en montrer la pureté, il cite plusieurs passages des Écritures, entre autres une grande partie des discours du Seigneur sur la montagne. En plusieurs passages, il parle aussi de Jésus comme du Fils de Dieu qui s’est incarné et est devenu notre Maître, et il fait ressortir l’accomplissement en Christ de plusieurs prophéties. Enfin il termine son apologie en exposant ce qu’était le culte des chrétiens.

Athénagoras, né à Athènes, était un philosophe qui vivait dans la dernière moitié du second siècle. Il se proposait d’écrire contre les chrétiens, et en vue de cela, il se mit à lire leurs livres. Dieu, par cette lecture, lui ouvrit les yeux, et il devint chrétien. Au lieu d’attaquer les disciples du Seigneur, il les défendit et présenta, en l’an 177, à Marc Aurèle et à son fils Commode, une apologie de la religion chrétienne. Dans cet écrit, il dit entre autres choses : « Pourquoi seriez-vous offensés simplement par le nom que nous portons ? Le nom seul ne mérite pas votre haine ; c’est le crime qui est digne de châtiment. Si nous sommes convaincus d’un forfait, grand ou petit, punissez-nous, mais non pas uniquement à cause du nom de chrétien. Nul chrétien n’est criminel, à moins qu’il n’agisse d’une manière contraire à sa profession ». Plus loin, mettant en contraste la conduite des chrétiens et celle des païens, il dit : « Chez nous, vous trouverez des ignorants, des ouvriers, de vieilles femmes qui ne pourraient peut-être pas prouver par des raisonnements la vérité de notre doctrine ; mais par leurs œuvres ils montrent l’effet bienfaisant qu’elle produit quand on est persuadé qu’elle est vraie. Ils ne font pas des discours, mais de bonnes œuvres. Sont-ils frappés, ils ne rendent pas les coups, ils n’intentent pas de procès à ceux qui les dépouillent ; ils donnent à ceux qui leur demandent, et aiment leur prochain comme eux-mêmes ».

C’était un beau témoignage, n’est-ce pas ? Cette conduite pure et cette charité recommandées par la parole de Dieu, au milieu de l’égoïsme, de la sensualité et de la cruauté des mœurs des païens, étaient bien propres à les frapper d’étonnement. Elles auraient dû les gagner à une religion qui produisait de tels fruits, et quelques-uns en effet furent ainsi amenés au christianisme. Mais le plus grand nombre restait hostile, parce que le cœur mauvais de l’homme préfère les mauvaises œuvres. Et quant à l’empereur, son orgueil de philosophe ne pouvait se résoudre à accepter la croix de Christ qui met à néant la sagesse humaine (1 Corinthiens 1:18-24).

Un autre apologiste fut Minutius Félix, né en Afrique au commencement du troisième siècle. Il avait été un avocat et un orateur distingué à Rome. Il écrivit une apologie du christianisme sous forme de dialogue entre deux amis, l’un chrétien et l’autre païen. Ce dernier présente ses raisons en faveur du paganisme, et ses arguments contre le christianisme. Le chrétien répond. Il admet d’abord le fait que les chrétiens n’avaient que du mépris pour les dieux des païens, et il le justifie. « Les souris », dit il, « les hirondelles et les chauves-souris rongent, insultent et déshonorent vos dieux. Si vous ne les chassez pas, ces animaux font leurs nids dans la bouche de vos idoles, et les araignées tissent leur toile sur leurs faces. Premièrement, vous les fabriquez, puis vous les nettoyez, vous les frottez et les défendez vous-mêmes, pour ensuite les craindre et les adorer. Si nous passons en revue tous vos rites, les uns ne peuvent qu’à bon droit exciter le rire, et les autres inspirer la pitié ».

D’un autre côté, voici comment il parle du Dieu des chrétiens : « Lorsque vous élevez les yeux vers les cieux, et que vous contemplez les œuvres de la création qui vous entourent, comment n’y pas voir clairement et avec évidence l’existence d’un Dieu infiniment excellent en intelligence, qui anime, fait mouvoir, soutient et gouverne toute la nature ? Considérez la vaste étendue des cieux et la rapidité de leurs mouvements, soit quand la nuit vous les montre parsemés d’étoiles, ou quand le jour ils sont éclairés par le soleil. Voyez la main toute puissante qui les maintient dans leurs orbes et qui dirige leurs mouvements ». Puis il parle du soleil et de la lune, de la lumière et des ténèbres, et de l’ordre admirable des saisons ; de la mer avec son flux et son reflux, des fontaines et des fleuves qui se rendent à l’océan. Il passe ensuite en revue le monde des animaux où chaque créature a sa sphère propre, et enfin il arrive à l’homme et à sa merveilleuse structure. « Tout », dit-il, « proclame un divin Auteur, et cet Auteur de toutes choses est le Dieu des chrétiens ».

Minutius parle bien aux païens le langage qui leur convient. À des Juifs, il eût fallu raisonner d’après les Écritures. À des païens, il fallait montrer la folie de leur idolâtrie et l’existence du vrai Dieu qui a créé toutes choses. N’est-ce pas ainsi que fait Paul, soit quand il prêche aux habitants de Lystre, ou surtout quand il parle devant l’Aréopage à Athènes ? (Actes 14:15-17 ; 17:22-31).

Je citerai en dernier lieu l’apologie de Tertullien, un des hommes les plus remarquables et les plus célèbres de l’Église, à la fin du second siècle et au commencement du troisième. Il était né à Carthage, en l’an 160. Doué de grands talents naturels, il fit de solides études et entra dans la carrière du droit où il se distingua. « J’étais alors aveugle », dit-il, « et sans la lumière du Seigneur ». Il fut frappé en voyant la constance et la fermeté des martyrs et devint chrétien, mais on ignore les détails de sa conversion. « Autrefois », écrivait-il en s’adressant aux païens, « j’insultais la religion chrétienne, comme vous le faites aujourd’hui. Nous avons tous été des vôtres, car on ne naît pas chrétien, on le devient ». Et il le fut avec le dévouement le plus entier. Dans sa célèbre apologie adressée aux gouverneurs des provinces, il dit des paroles qui montrent combien les chrétiens s’étaient multipliés dans l’empire. « Nous ne sommes que d’hier et nous remplissons tout, vos villes, vos îles, vos châteaux, vos bourgades, vos conseils, vos tribus, vos décuries, le sénat, la place publique ; nous ne vous laissons que vos temples. Si nous nous retirions en quelque autre contrée, vous seriez effrayés de votre solitude ».

À l’accusation portée contre les chrétiens d’être des factieux, il répond : « La faction des chrétiens est d’être réunis dans la même religion, la même morale, la même espérance. Nous formons une conjuration pour prier Dieu en commun et lire les divines Écritures. Si quelqu’un de nous a péché, il est privé de la communion, des prières et de nos assemblées, jusqu’à ce qu’il se soit repenti. Ces assemblées sont présidées par des anciens, dont la sagesse a mérité cet honneur. Chacun apporte quelque argent tous les mois, s’il le veut ou le peut. Ce trésor sert à nourrir et à enterrer les pauvres, à soutenir les orphelins, les naufragés, les exilés, les condamnés aux mines ou à la prison pour la cause de Dieu. Nous nous donnons le nom de frères, et nous sommes prêts à mourir les uns pour les autres ».

N’est-il pas intéressant de pénétrer ainsi quelque peu dans la vie de ces anciens chrétiens ? Quel témoignage ils rendaient ! Il y avait déjà, sans doute, bien du relâchement, mais Tertullien pouvait dire : « J’en prends à témoin vos registres ; vous qui jugez les criminels, y en a-t-il un seul qui soit chrétien ? »

Tertullien termine ainsi son apologie : « Multipliez vos instruments de torture ; vos cruautés les plus raffinées ne servent à rien. Plus vous nous moissonnez, plus nous multiplions. Le sang chrétien que vous répandez est comme une semence qui sort de terre et produit abondamment. Plusieurs de vos philosophes recommandent dans leurs écrits de souffrir avec patience les douleurs et la mort. L’exemple que donnent les disciples de Christ est plus éloquent que ces paroles. Cette invincible fermeté que vous traitez d’obstination et dont vous nous faites un crime, est une instruction puissante pour convaincre. Qui peut en être témoin sans être ébranlé et être conduit à en rechercher la cause ? Et l’ayant pénétrée, ne vient-on pas se joindre à nous ? Qui a jamais considéré avec soin notre religion et ne l’a pas embrassée ? Et qui l’ayant embrassée, n’a pas été prêt à mourir pour elle ? Aussi nous vous remercions des arrêts que vous portez contre nous. Combien les jugements de Dieu sont opposés à ceux des hommes ! Tandis que vous nous condamnez sur la terre, Dieu nous absout dans le ciel ».

Telles étaient les voix qui s’élevaient du sein de l’Église et qui portaient la vérité et la pureté du christianisme devant les empereurs, les rois et les gouverneurs, de sorte qu’en persécutant les chrétiens, ils étaient inexcusables.
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Message  Arlitto Sam 11 Juin 2016 - 20:37

Attaques contre le christianisme


Attaques contre le christianisme venues du dehors

Satan n’emploie pas seulement la violence pour s’efforcer de détruire l’œuvre du Seigneur en s’attaquant à la personne de ses disciples, comme il le fit par les grandes et terribles persécutions dont nous avons parlé. Il se sert aussi de la ruse et du mensonge. Il n’est pas seulement « meurtrier dès le commencement », il est aussi « menteur, et le père du mensonge ». « Il n’a pas persévéré dans la vérité » (Jean 8:44), il en est l’ennemi, et il voudrait la faire disparaître de la terre. Or la vérité, c’est Christ et sa doctrine. C’est donc la vérité qu’il attaque pour la nier, la pervertir et en détourner les âmes. Cela est beaucoup plus dangereux que la persécution. Par celle-ci le diable peut tuer le corps, mais par le mensonge et l’erreur, il nuit à l’âme. Sous ce rapport, il a aussi fait tous ses efforts dans les premiers temps de l’Église. Je dirai un mot de ces attaques contre la vérité chrétienne ; cela est d’autant plus important qu’elle se sont reproduites dans tous les temps et se reproduisent de nos jours.

Quand nous parlons de Satan comme ayant persécuté ou comme cherchant à détourner de la vérité, il est évident qu’il faut sous-entendre qu’il se sert pour cela comme instruments des hommes méchants et pervers qui obéissent à ses suggestions.

Au commencement de l’Église, comme aujourd’hui, les chrétiens eurent à maintenir la vérité contre deux sortes d’ennemis : les uns attaquaient le christianisme lui-même, les autres le corrompaient. Nous dirons un mot des uns et des autres.

Les premiers étaient ce que l’on nomme des philosophes ou amis de la sagesse ; mais hélas ! non pas amis de la sagesse selon Dieu, mais d’une sagesse fondée sur les vains raisonnements de l’esprit humain. Ils se divisaient en plusieurs écoles, selon le système mis en avant par le maître qu’ils suivaient. Mais de quelque école qu’ils fussent, ils se distinguaient en général par leur orgueil et le grand cas qu’ils faisaient de leur raison. Nous en trouvons à Athènes, de la secte des épicuriens et de celle des stoïciens, discutant contre Paul, s’étonnant de la nouvelle doctrine qu’il annonçait, et disant : « Que veut dire ce discoureur ?… Il semble annoncer des divinités étrangères ». C’était parce qu’il parlait de Jésus et de la résurrection (Actes 17:18). La doctrine de la résurrection confondait leurs idées et blessait leur raison, et ils s’en moquaient. Et quant à un Christ crucifié pour sauver les hommes perdus, c’était à leurs yeux une folie (1 Corinthiens 1:20-23). Remarquons bien ce que dit la parole de Dieu dans ce passage, à l’égard de la sagesse des savants de ce siècle. Par elle, malgré les prétentions des philosophes, on ne peut connaître Dieu. Jésus seul le fait connaître, le révèle à nos âmes, et c’est pourquoi il est appelé la sagesse de Dieu. On rencontre souvent de ces prétendus sages. Rappelons-nous que la seule vraie sagesse vient de Dieu par Christ, et que son commencement est la crainte de l’Éternel.

L’opposition des philosophes à la vérité chrétienne, commencée aux jours de Paul, continua, et comme nous l’avons dit à l’occasion des persécutions sous Dioclétien, ils se joignaient aux persécuteurs des disciples de Jésus. Les noms et quelques parties des écrits de ces adversaires de Christ nous ont été conservés.

L’un d’entre eux, et peut-être le plus fameux, se nommait Celse. On ne sait autre chose de lui sinon qu’il écrivit, vers l’an 177, un livre contre la religion chrétienne intitulé : « Discours véritable ». Le célèbre Origène le réfuta et c’est par lui que nous ont été conservés des fragments du livre de Celse. Celui-ci objectait aux chrétiens qu’ils ne fissent aucun cas de la raison humaine. « Vous répétez toujours », leur disait-il, « n’examinez pas ; croyez seulement : votre foi vous rendra bienheureux ». Cela est faux du christianisme ; il ne redoute pas l’examen. Tout en lui démontre qu’il est de Dieu. Et si Dieu a parlé, qu’avons-nous à faire ? Nous sommes tenus de recevoir sa parole et de croire, parce qu’Il a parlé, et non parce que sa parole s’accorde avec nos idées du bien et du mal, qui, nous le savons, sont souvent fautives. Et c’est, en effet, en croyant Dieu, que nous sommes rendus heureux.

Celse disait aussi que, dans toutes les autres religions, celui-là est invité à s’approcher qui « est nettoyé de toute souillure, qui n’a sur la conscience aucun mal, qui a mené une vie bonne et juste », tandis que, chez les chrétiens, l’appel s’adresse à « quiconque est un pécheur, un illettré, un insensé, en un mot un misérable, — à de tels est le royaume des cieux ». Oui, béni soit Dieu ! ce sont les pécheurs que Jésus invite à venir à Lui. Le pauvre Celse ne connaissait pas le cœur de l’homme ; il ne savait rien de son état de chute et de ruine. Il ignorait que si pour approcher Dieu, il fallait être sans péché, il n’y aurait personne qui pût y être invité.

Et cependant Celse semblait comprendre qu’un changement moral était nécessaire à l’homme, et même il avouait qu’il ne pouvait être effectué ni par bonté, ni par châtiment. Mais il ne voyait pas que le christianisme fait connaître la puissance qui opère ce changement, c’est-à-dire la nouvelle naissance et une nouvelle création par l’Esprit de Dieu.

Celse avançait encore une chose qui n’est que trop vraie, mais qui ne touche en rien à la vérité du christianisme comme venu de Dieu. C’étaient les divisions et les sectes diverses dans le christianisme. « Au commencement », dit-il, « lorsque les chrétiens étaient peu nombreux, ils s’accordaient entre eux ; mais à mesure que leur nombre a augmenté, ils se sont divisés en partis qui s’attaquent et se réfutent les uns les autres, ne retenant en commun que leur nom, si même ils le font ». Si un adversaire, au second siècle, pouvait déjà parler ainsi, que dirait-il maintenant ? Le mal s’est douloureusement aggravé, la ruine est plus profonde, mais cela vient, non pas du christianisme qui est et demeure la vérité de Dieu révélée dans sa Parole, mais du méchant cœur de l’homme qui pervertit les meilleures choses en introduisant ses propres pensées auxquelles il s’attache, tandis qu’il tord ou met de côté la parole de Dieu. Plusieurs passages du Nouveau Testament annonçaient d’avance ces divisions et ces sectes, et les partis dans l’Église commençaient même du temps des apôtres, mais c’était l’œuvre de l’ennemi (Actes 20:29-30 ; Romains 16:17 ; 1 Corinthiens 1:10-12 ; 11:18-19).

Mais comme hélas ! le font souvent les incrédules, Celse ne se bornait pas aux objections que lui fournissaient sa raison et la conduite des chrétiens ; il jetait le mépris sur Christ, sur sa Personne et son œuvre, ramassant et répétant toutes les moqueries et les blasphèmes que les Juifs et les autres ennemis de Jésus lançaient contre Lui. En cela, Celse a aussi de nos jours des imitateurs. Le croyant se détourne avec horreur des livres qui souillent le saint nom de Jésus et la vérité divine.

Porphyre fut un autre des philosophes adversaires du christianisme. Il était né vers l’an 233, et dans sa jeunesse, il était venu exprès de Rome à Alexandrie pour entendre le savant Origène. Il ne reçut pas la vérité, mais au contraire en devint l’ennemi. Il écrivit un grand ouvrage dans lequel il attaque la divinité des Écritures et s’efforce de faire ressortir les prétendues contradictions que, suivant lui, les saints écrits et surtout les évangiles renferment. C’est aussi ce que font aujourd’hui plusieurs même de ceux qui se disent chrétiens ; mais souvenons-nous que Dieu ne peut se contredire, que sa Parole est pure, et que, s’il est dans cette Parole des choses que nous ne comprenons pas, cela vient uniquement de notre ignorance.

Hiéroclès, proconsul de Bithynie au temps de Dioclétien, fut un de ces philosophes qui, haïssant les chrétiens et leur doctrine, pressèrent l’empereur de les faire mourir. Non content de cela, Hiéroclès écrivit contre ceux qu’il persécutait et tuait, un livre intitulé : « Paroles d’un ami de la vérité », où il répète un grand nombre des objections de Celse et de Porphyre. Il attaquait surtout les miracles de Christ, déclarant qu’ils ne prouvaient pas qu’il fût Dieu. Il leur opposait les prétendus prodiges d’un certain Apollonius de Tyane qui avait, dit-on, opéré des cures merveilleuses sans que, pour cela, on l’eût considéré comme un Dieu, mais seulement comme un ami des dieux. Nous savons que Satan, dont l’homme n’est que l’instrument, a pu contrefaire certains prodiges. L’histoire des magiciens d’Égypte nous le montre (Exode 7:8-25 ; 8:1-15) ; Simon, à Samarie, avait aussi la prétention de faire de grandes choses (Actes 8:9-11) ; plus tard, l’homme de péché viendra et fera des prodiges par la puissance de Satan (2 Thessaloniciens 2:9). Mais qui, par amour, a mis sa vie pour le pécheur ? Qui, après avoir été crucifié, a été ressuscité, et par cette résurrection, déclaré Fils de Dieu en puissance ? (Romains 1:4). C’est Jésus seul. Il est la vérité ; il est le Fils unique et éternel de Dieu, Dieu même et notre bien-aimé Sauveur.

Telles étaient quelques-unes des objections des orgueilleux philosophes contre le christianisme, qui humiliait leur raison, qui les abaissait au rang des pécheurs ignorants, coupables et perdus, et qui ne leur montrait de salut et de vraie sagesse que dans la foi en un homme pendu à la croix. Les mêmes objections sont avancées de nos jours, et de nos jours aussi, il n’y a de salut en aucun autre qu’en Christ crucifié, et de réelle sagesse qu’en croyant en Lui. Les hommes et leur science faussement ainsi nommée, passent avec leurs objections. Le christianisme, venu de Dieu, défie tous les efforts de l’homme. Il reste debout, établi sur le Rocher des siècles, Christ mort, ressuscité et glorifié.


Attaques contre le christianisme venues du dedans


D’autres ennemis que les philosophes avec leurs raisonnements, attaquaient le christianisme. Ceux-ci et les persécuteurs étaient des ennemis du dehors. Il en sortit de plus dangereux du milieu même des chrétiens. Tout en semblant accepter la doctrine chrétienne, ils la corrompaient. L’apôtre Paul mettait en garde les anciens d’Éphèse et toute l’Église contre ces deux classes d’adversaires : « Je sais », dit il, « qu’après mon départ il entrera parmi vous des loups redoutables qui n’épargneront pas le troupeau ; et il se lèvera d’entre vous-mêmes des hommes qui annonceront des doctrines perverses pour attirer les disciples après eux » (Actes 20:29-30).

Ces paroles se réalisèrent. Les apôtres, déjà de leur vivant, virent des hommes enseignant de fausses doctrines se glisser dans l’Église, et eurent à les combattre. Plusieurs passages des épîtres sont dirigés contre les faux docteurs et étaient des avertissements adressés aux fidèles pour les mettre en garde contre ces pernicieux enseignements. Nous profitons de nos jours de ces avertissements, car Satan, l’ennemi du Seigneur, a renouvelé et renouvelle de tout temps ses attaques contre la vérité qui sauve. Quelle grâce Dieu nous a faite en nous donnant sa Parole, qui est l’épée de l’Esprit, au moyen de laquelle nous pouvons repousser les assauts de l’ennemi !

L’une des premières erreurs que les apôtres eurent à combattre, fut celle qu’introduisaient les docteurs judaïsants. Ils voulaient astreindre les chrétiens à observer la loi de Moïse et allaient même jusqu’à prétendre que, sans cela, on ne pouvait être sauvé (Actes 15:1). C’était dire que l’œuvre de salut accomplie par Christ à la croix n’était pas suffisante ; c’était introduire le principe du salut par les œuvres et anéantir la grâce de Dieu. Aussi les apôtres à Jérusalem condamnèrent-ils en termes énergiques cette doctrine (Actes 15:24), et nous voyons l’apôtre Paul la combattre fortement dans plusieurs de ses épîtres, mais surtout dans celle aux Galates. De nos jours, on ne cherche pas à nous ramener à l’observation des cérémonies de la loi ; mais il ne manque pas de personnes qui pensent et disent qu’il faut faire des œuvres, de bonnes œuvres, pour obtenir le salut, tandis que les bonnes œuvres sont le fruit du salut reçu dans le cœur par la foi (Éphésiens 2:8-10).

Malgré la décision des apôtres, les docteurs judaïsants continuèrent à enseigner. D’un autre côté, des chrétiens sortis d’entre les Juifs restèrent attachés aux cérémonies judaïques en les regardant comme obligatoires, même après la destruction de Jérusalem. Ils formèrent en Judée une secte peu nombreuse, nommée les Ébionites ou pauvres. D’autres erreurs très graves s’introduisirent parmi eux. Ils regardaient Jésus comme n’étant qu’un homme, fils de Joseph et de Marie, et revêtu de l’Esprit divin à son baptême. C’était renverser le christianisme. Hélas ! on trouverait de nos jours, parmi ceux qui se disent chrétiens, des personnes qui déshonorent ainsi le Seigneur, qui est « sur toutes choses Dieu béni éternellement » (Romains 9:5), en même temps qu’homme parfait. Tenons ferme à la parole de Dieu et à ce qu’elle nous dit de la Personne adorable de Christ.

Outre les paroles prophétiques de Paul aux anciens d’Éphèse, les épîtres annoncent que, dans les derniers jours, les choses iraient de mal en pis, les imposteurs séduisant et étant séduits (2 Timothée 3:13). « L’Esprit », annonce Paul, « dit expressément qu’aux derniers temps quelques-uns apostasieront de la foi, s’attachant à des esprit séducteurs et à des enseignements de démons » (1 Timothée 4:1). Pierre dit : « Il y aura parmi vous de faux docteurs qui introduiront furtivement des sectes de perdition » (2 Pierre 2:1), et l’apôtre Jean exhorte les saints à éprouver les esprits, parce que « beaucoup de faux prophètes sont sortis dans le monde », et ailleurs il dit : « Maintenant aussi il y a plusieurs antichrists… qui sont sortis du milieu de nous » (1 Jean 4:1 ; 2:18-19). Un antichrist, nous le savons, est celui qui s’oppose à Christ.

On donnait à ces faux docteurs ou faux prophètes le nom d’hérétiques, et leurs doctrines, contraires à la vérité selon les Écritures, étaient appelées des hérésies. De très bonne heure, il surgit un grand nombre d’hérésies dans l’Église. Toutes provenaient du travail de l’esprit humain qui veut s’ingérer « dans les choses qu’il n’a pas vues » (Colossiens 2:18), qui veut par lui-même pénétrer dans les choses profondes de Dieu (1 Corinthiens 2:10-11), et expliquer ce qui lui est incompréhensible, en raisonnant et inventant, au lieu de se soumettre simplement à la parole de Dieu.

Il serait bien long et superflu de raconter toutes les hérésies qui surgirent. Nous rappellerons seulement quelques traits qui leur sont communs. En général, ces hérétiques prétendaient arriver par la philosophie, par les efforts de leur intelligence et de leur raison, à une connaissance des choses de Dieu, plus élevée, plus profonde, que celle que donne l’Écriture. C’est pourquoi ils se nommaient gnostiques, d’un mot grec qui veut dire connaissance, et leur doctrine est appelée le gnosticisme. Ils distinguaient deux sortes de personnes, les spirituels ou parfaits qui avaient la possession de la science, et ceux qui croyaient sans avoir pénétré dans les profondeurs de la connaissance. Pour eux la parole écrite était insuffisante ; ils la complétaient ou la redressaient par d’anciennes traditions ou par la lumière intérieure, c’est-à-dire celle de leur propre esprit ou de leur imagination. Nous pouvons comprendre d’après cela, pourquoi l’apôtre Paul avertissait les Colossiens de ne pas se laisser séduire « par des discours spécieux », « par la philosophie et par de vaines déceptions, selon l’enseignement des hommes » (Colossiens 2:4-8).

Ces hérétiques prétendaient qu’il y avait deux principes éternels et opposés, Dieu et la matière origine du mal, de sorte que le mal dans l’homme gît dans son corps. Ils oubliaient ou mettaient de côté l’Écriture, qui nous apprend que Dieu a créé toutes choses (Genèse 1:1), et que le mal vient de la rébellion de la créature contre son Créateur et gît non dans son corps, mais dans son cœur (Matthieu 15:19).

Une autre grande et mortelle erreur des gnostiques était qu’ils ne croyaient pas que le Fils de Dieu eût réellement pu revêtir un corps, souffrir et mourir. Ils disaient donc que le corps de Christ n’était qu’une apparence, un fantôme. En niant ainsi la vraie humanité du Seigneur et la réalité de ses souffrances et de sa mort, ils annulaient la rédemption. Cérinthe, qui vivait du temps de l’apôtre Jean, était un de ces gnostiques que l’on nommait docètes ou apparents, à cause de leurs idées sur le corps de Christ. Plusieurs passages des épîtres de Jean font allusion à ces fausses doctrines, par exemple quand l’apôtre écrit : « Tout esprit qui ne confesse pas Jésus Christ venu en chair, n’est pas de Dieu ; et ceci est l’esprit de l’antichrist » (1 Jean 4:3). « Plusieurs séducteurs sont sortis dans le monde, ceux qui ne confessent pas Jésus Christ venant en chair » (2 Jean 7). Mais ces paroles ont une portée plus étendue et s’appliquent aussi à des erreurs qui ont cours de nos jours touchant la Personne adorable du Seigneur.

Selon les gnostiques, ce monde, où le mal règne, ne saurait avoir pour auteur le Dieu suprême. Ils prétendaient qu’il avait été créé par une intelligence céleste d’une nature inférieure, qu’ils nommaient le démiurge et que quelques-uns estimaient ennemi de Dieu. Ils enseignaient que de Dieu le Père existant par Lui-même était né un être supérieur nommé Intelligence, de l’Intelligence procédait la Parole (ou le Logos), de la Parole la Prudence, de celle-ci la Sagesse et la Puissance, et de ces deux les Puissances, les Principautés et les Anges qu’ils nommaient anges supérieurs, par qui le ciel le plus élevé fut fait ; de ceux-ci procédaient d’autres anges et d’autres cieux. Tous ces êtres qu’ils imaginaient, ils les nommaient des éons. Les éons servaient, disaient-ils, d’intermédiaires entre le vrai Dieu suprême et le Jéhovah des Juifs qui n’était pas le Dieu suprême, entre le Père et le Fils, entre le Christ et les hommes. Selon ces hérétiques, le Père ineffable aurait envoyé son premier-né, l’Intelligence, qui est aussi appelé Christ, pour sauver ceux qui croient en Lui, et les délivrer de la tyrannie des créateurs du monde. Il vint sur la terre en apparence d’homme, mais ne souffrit point.

À ces folles imaginations, ils en ajoutaient bien d’autres. Nous avons cité quelque chose de ces erreurs, pour montrer à quels dangers on est exposé quand on laisse le terrain solide de la Parole écrite. On comprend aussi mieux par là ce que l’apôtre Paul écrivait aux Colossiens qui risquaient d’être entraînés par ces faux docteurs. Ces hérétiques abaissaient la gloire de Christ, qu’ils disaient n’être qu’une créature. L’apôtre nous présente Christ comme le Fils de l’amour de Dieu, son image, Dieu lui-même, Créateur de toutes les choses visibles et invisibles, dans les cieux et sur la terre, Créateur des principautés et des puissances. En Lui, dit-il, habite corporellement toute la plénitude de la déité. Puis, quant à son œuvre, Paul nous le montre faisant la paix par le sang de sa croix, nous réconciliant avec Dieu par le corps de sa chair, par la mort (Colossiens 1:14-17 ; 19-22). Ainsi, à l’occasion de ces erreurs, l’Esprit Saint déploie devant nos yeux toutes les gloires de la Personne du Seigneur, en création et en rédemption, et nous fait voir qu’en toutes choses Christ tient la première place. Quel trésor nous avons dans la parole de Dieu et dans la Personne de Jésus, pour réjouir nos cœurs, pour établir nos âmes dans la vérité, et nous garantir ainsi de l’erreur !

Il faut encore ajouter que parmi ces faux docteurs, les uns, estimant que le mal gît dans le corps, exhortaient à dompter la chair par de sévères mortifications, tandis que d’autres, pour la même raison, s’abandonnaient à la sensualité et à l’immoralité, estimant que les actions du corps ne touchaient pas à la pureté de l’âme. L’apôtre Paul a en vue les premiers, en Colossiens 2:21-23, et Jude parle des seconds, aux versets 4, 8, 12, de son épître.

Deux traits caractérisent tous ces hérétiques. Le premier, c’est que, d’une manière ou d’une autre, ils attaquaient la Personne et l’œuvre du Sauveur ; le second, c’est qu’ils tronquaient ou altéraient les Écritures. Ainsi Marcion, l’un d’eux, qui vivait au second siècle, enseignait que le Dieu et le Messie de l’Ancien Testament n’étaient pas le Dieu et le Christ du Nouveau. En même temps, pensant pouvoir ainsi appuyer ses erreurs, il n’admettait que l’évangile de Luc et dix des épîtres de Paul, et rejetait le reste des Écritures.

De nos jours nous voyons aussi l’ennemi attaquer ces deux fondements du christianisme : la parole de Dieu et la Personne du Seigneur. Il cherche ainsi à ébranler la foi des croyants et à empêcher les âmes d’être sauvées. Tenons ferme ces deux choses. Que le Seigneur puisse dire de nous : « Tu as gardé ma parole, et tu n’as pas renié mon nom » (Apocalypse 3:8).

Des écrivains chrétiens comme Irénée, Tertullien, Origène réfutèrent dans leurs écrits, soit les philosophes, soit les hérétiques. Malheureusement eux-mêmes ne furent pas à l’abri d’erreurs dans leurs enseignements. Ainsi l’Église était attaquée par les ennemis du dehors et du dedans, et ses conducteurs eux-mêmes ne veillèrent pas assez et laissèrent s’introduire, soit dans la doctrine, soit dans le culte, bien des choses que n’enseigne point la parole de Dieu et qui même sont condamnées par elle. On suivit des traditions d’hommes et des raisonnements, et on finit même par accepter des pratiques qui tenaient du paganisme, du judaïsme et des erreurs gnostiques. C’est ainsi que l’Église déchut de son premier amour et se corrompit de plus en plus.
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Message  Arlitto Sam 11 Juin 2016 - 20:37

Les Saintes Écritures


Avant de continuer l’histoire de l’Assemblée chrétienne sur la terre, disons quelques mots du Livre divin où les disciples de Christ puisaient leurs enseignements, leurs consolations et leurs espérances ; ce Livre, la parole de Dieu, objet des attaques des ennemis de Christ en tout temps, mais que rien ne peut détruire, « car la parole du Seigneur demeure éternellement » ; ce recueil de saints écrits, donnés de Dieu et inspirés par son Esprit, et que nous trouvons dès le commencement du second siècle, lu dans les églises, considéré et conservé comme un trésor précieux ; si précieux pour les chrétiens que, plutôt que de le livrer, plusieurs fidèles aimèrent mieux mourir.

Ce volume sacré, la Bible ou le LIVRE, est en effet le Livre par excellence, car il ne vient pas de l’homme, mais de Dieu, qui s’est servi de certains hommes pour l’écrire. Il se divise, comme nous le savons, en deux parties. La première est l’Ancien Testament qui fut écrit avant la venue du Sauveur. Il raconte les origines du monde, l’histoire d’Israël, le peuple élu de Dieu sur la terre, et renferme, avec des préceptes moraux, des prophéties concernant Israël et les nations. Mais ce qu’il contient surtout, ce sont les promesses de la venue d’un grand Libérateur, d’un Sauveur pour Israël et le monde entier, d’un Roi qui doit établir ici-bas un règne de justice et de paix. Tout dans l’Ancien Testament nous parle de Lui, les récits, les cérémonies du culte, les sacrifices, les traits caractéristiques des hommes dont il nous dit l’histoire, mais surtout le livre des Psaumes et ceux des prophètes. L’Ancien Testament est ainsi tout entier prophétique. Ce Roi Sauveur annoncé par le saint Livre est Christ, la semence de la femme, le descendant promis à Abraham, le prophète qui devait paraître semblable à Moïse, libérateur comme lui, l’héritier du trône de David, le Messie, le Fils, comme le nomment David et Ésaïe (Genèse 3:15 ; 22:18 ; Deutéronome 18:18 (comparez Actes 3:22-23) ; 1 Chroniques 17:11-14 ; Psaume 2:7 ; Ésaïe 9:6-7). Mais cette personne glorieuse devait aussi souffrir et mourir avant de régner. C’est ce que disent en type les sacrifices et ce qu’annoncent les Psaumes et les prophètes (Ésaïe 53 et Psaume 22 ; comparez avec Luc 24:25-27, 44).

L’Ancien Testament était donc un livre bien précieux pour les Israélites, et il ne l’est pas moins pour nous. Le Seigneur Jésus le nomme l’Écriture, les Écritures, la parole de Dieu, et le cite constamment. L’apôtre Paul l’appelle les oracles de Dieu, les saintes lettres, l’Écriture divinement inspirée, et Pierre nous dit que les saints hommes de Dieu qui l’ont écrit, étaient poussés par l’Esprit Saint. « Dieu », dit l’épître aux Hébreux, « nous a parlé par les prophètes » (Jean 10:35 ; Matthieu 22:29 ; Romains 3:2 ; 2 Timothée 3:15-16 ; 2 Pierre 1:21 ; Hébreux 1:1). Aussi de tout temps les fidèles ont pris plaisir à lire et méditer ce saint volume. « Combien j’aime ta loi ! », dit le psalmiste, « tout le jour je la médite… Tes paroles ont été douces à mon palais, plus que le miel à ma bouche… La loi de ta bouche est meilleure pour moi que des milliers de pièces d’or et d’argent… Ta parole est une lampe à mon pied, et une lumière à mon sentier » (Psaume 119:97, 103, 72, 105). Puissions-nous aussi aimer, apprécier, lire et étudier cette Parole, de laquelle il est dit que bienheureux est celui qui y prend son plaisir (Psaume 1:2).

Cette première partie du saint volume est bien digne de toute notre attention. Existe-t-il un autre livre qui, en ayant une portée infinie, soit plus instructif et plus intéressant en même temps ? Il ne nous parle pas seulement pour le temps, mais pour l’éternité ; pas seulement des choses terrestres, mais des choses célestes et divines. Où trouverons-nous autre part, dans les livres humains, une histoire des premiers temps du monde ? Ce sont des choses que l’œil n’a pas vues et que l’oreille n’a pas entendues, mais que Dieu nous fait connaître. Dans ce livre qui, à le voir, n’est pas considérable, nous avons toute une bibliothèque ; livres historiques, récits touchants, cantiques sublimes, préceptes importants, exemples saisissants, révélations de l’avenir, tout se trouve dans les trente-neuf livres de l’Ancien Testament. On les lit, on les relit, et c’est toujours nouveau. Chaque fois on y trouve des richesses que l’on n’y avait pas découvertes. C’est pourquoi le Seigneur Jésus disait : « Sondez les Écritures », ce trésor inépuisable. Elles montrent le chemin de la vie éternelle, car elles font connaître Jésus (Jean 5:39).

Les trente-neuf livres de l’Ancien Testament ont été écrits par une trentaine d’auteurs différents de tout rang, de tout âge et de toute condition. Les uns étaient savants, comme Moïse, et les autres ignorants, comme Amos. On trouve parmi eux des rois et des bergers, des sacrificateurs et des hommes du peuple, écrivant dans des temps et des lieux différents. Pendant une période de plus de mille années, ils font entendre leur voix, car Moïse, le premier, écrivit vers l’an 1500, et Malachie, le dernier, rendit son oracle vers l’an 400 avant Jésus Christ. Et cependant, quoique traitant de sujets divers, écrivant en des temps différents, éloignés les uns des autres, ils ont un même objet en vue, leurs écrits forment un tout parfait. N’est-ce pas frappant ? C’est qu’un même Esprit les anime, l’Esprit de Dieu ; ce qu’ils écrivent n’est pas leur livre ; c’est le livre de Dieu. 

Et ce que nous venons de dire de l’Ancien Testament, est vrai de la seconde partie de la Bible, c’est-à-dire du Nouveau Testament. Il faut lire avec un soin égal ces deux portions du livre de Dieu, car elles s’éclairent l’une par l’autre. Nous voyons d’ailleurs dans les évangiles, les Actes et les épîtres, que constamment le Seigneur et les apôtres citent l’Ancien Testament pour établir ce qu’ils enseignent. Occupons-nous maintenant du Nouveau Testament.

Durant quatre siècles après Malachie, le dernier prophète, il y eut un grand silence. Aucun prophète ne se leva en Israël humilié sous le joug des nations. Mais de plus en plus l’attente du Messie à venir devenait vive dans les cœurs des Israélites pieux. Malachie avait dit : « Voici, j’envoie mon messager, et il préparera le chemin devant moi ; et le Seigneur que vous cherchez viendra soudain à son temple, et l’Ange de l’alliance en qui vous prenez plaisir — voici il vient, dit l’Éternel des armées… Pour vous qui craignez mon nom, se lèvera le soleil de justice » (Malachie 3:1 ; 4:2), et les cœurs fidèles, comme Zacharie, Siméon et Anne, attendaient la consolation d’Israël, la délivrance, c’est-à-dire le Messie (Luc 1:78 ; 2:25, 38).

Enfin le Christ annoncé parut. Il naquit à Bethléem, de la race de David, selon les prophéties. Il vint dans l’abaissement et la pauvreté, mais il était le Fils éternel et bien-aimé de Dieu, devenu un homme pour nous sauver. En Lui, Dieu lui-même nous a parlé (Hébreux 1:1). Le Seigneur, ayant commencé son ministère, annonça l’Évangile, la bonne nouvelle de la grâce de Dieu envers les pécheurs, le grand salut qu’il donne à qui croit en Lui (Marc 1:14-15 ; Hébreux 2:3). Et, comme nous le savons, après qu’il eut accompli son service d’amour, les hommes iniques l’ont pris et l’ont fait mourir en le clouant sur la croix. Mais là il s’offrait volontairement à Dieu en sacrifice pour nos péchés (Éphésiens 5:2 ; Hébreux 9:26, 28). Il en a porté la peine et Dieu a accepté ce sacrifice, qui a remplacé d’une manière parfaite ceux que la loi demandait (Hébreux 10:9-10). Nous avons la preuve que Dieu a été satisfait en ce qu’il a ressuscité Jésus et l’a fait asseoir à sa droite dans le ciel. Et maintenant Dieu peut pardonner et pardonne leurs péchés à ceux qui croient en Jésus, mort et ressuscité pour eux. C’est pourquoi l’apôtre Jean dit : « Je vous écris, enfants, parce que vos péchés vous sont pardonnés par son nom » (1 Jean 2:12). Quelle grâce, n’est-ce pas ? Quel bonheur de savoir cela ! Que c’est bien là une bonne nouvelle !

Cet Évangile de la grâce de Dieu n’était pas pour les Juifs seulement. Il devait être annoncé à toutes les nations. Avant de monter au ciel, le Seigneur avait dit à ses apôtres : « Il est ainsi écrit ; et ainsi il fallait que le Christ souffrît, et qu’il ressuscitât d’entre les morts le troisième jour, et que la repentance et la rémission des péchés fussent prêchées en son nom à toutes les nations, en commençant par Jérusalem… Allez dans tout le monde, et prêchez l’évangile à toute la création » (Luc 24:46-47 ; Marc 16:15). Mais qu’étaient les apôtres pour accomplir une telle tâche ? Des hommes faibles, lâches, timides et ignorants. Jamais par eux-mêmes ils n’eussent pu ni la commencer, ni la poursuivre. Mais le Seigneur leur avait promis l’Esprit Saint, l’Esprit de vérité, pour leur enseigner ce qu’ils auraient à dire et être ainsi des témoins fidèles ; l’Esprit de puissance pour les remplir de courage. « Vous recevrez », leur dit-il, « de la puissance, le Saint Esprit venant sur vous ; et vous serez mes témoins à Jérusalem et dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’au bout de la terre » (Jean 14:16-17, 26 ; 15:26-27 ; 16:13 ; Actes 1:8).

Le Seigneur accomplit sa promesse le jour de la Pentecôte (Actes 2). L’Esprit Saint descendit sur les disciples rassemblés dans un même lieu, et, dès ce moment, les apôtres et leurs compagnons, auxquels d’autres, comme Paul, furent adjoints plus tard, annoncèrent l’Évangile partout, « le Seigneur coopérant avec eux, et confirmant la parole par les signes qui l’accompagnaient » (Marc 16:20). Ainsi le « grand salut », annoncé d’abord par le Seigneur, « a été confirmé par ceux qui l’avaient entendu, Dieu rendant témoignage avec eux par des signes et des prodiges, et par divers miracles et distributions de l’Esprit Saint » (Hébreux 2:3- 4). C’est ainsi que l’Église fut fondée, et les apôtres, toujours conduits par l’Esprit Saint, enseignèrent aux croyants les saintes vérités qui concernent le Seigneur, son Assemblée, son retour, et leur donnèrent aussi les directions nécessaires pour se conduire d’une manière digne du Seigneur au milieu d’un monde méchant (1 Thessaloniciens 2:11-12 ; 4:1-2 ; 2 Thessaloniciens 2:15 ; Col. 1:10). Mais il fallait conserver la connaissance des faits de la vie du Seigneur et des vérités qui se rapportent à sa Personne et à l’Église ; c’est ce que nous trouvons dans les écrits du Nouveau Testament.

Mais il faut toujours bien nous rappeler que l’Ancien et le Nouveau Testament forment un seul et même Livre, une seule et même parole de Dieu, contenant ce que Dieu nous a communiqué par son Esprit avant la venue de Jésus Christ, et ce qu’il nous a communiqué par le même Esprit après l’apparition de son Fils sur la terre, tout se rapportant à la gloire de son Fils bien-aimé.

De même que l’Ancien Testament, le Nouveau n’a pas été écrit par une seule personne, mais par plusieurs, en des occasions, des temps et des lieux différents. Seulement, tandis que la formation de l’Ancien Testament a pris mille années pour s’accomplir, les écrits du Nouveau Testament ont tous paru dans un espace d’environ cinquante ans, de sorte qu’au commencement du second siècle après Jésus Christ, ils formaient déjà un tout. Il renferme les écrits de huit auteurs, et se compose de cinq livres historiques — les évangiles et les Actes — de vingt et une épîtres ou lettres, et d’un livre prophétique, l’Apocalypse.

On peut remarquer, en lisant les Actes des apôtres, que ceux-ci, dans leurs prédications, s’appuyaient sur les faits, bien connus autour d’eux, de la vie de Jésus. Voyez, par exemple, les chapitres 2, 10 et 13. Il était nécessaire, en effet, que les témoins de cette vie divine sur la terre, la représentassent aux Juifs pour leur montrer, en les comparant avec les textes de l’Ancien Testament, que Jésus était bien le Christ promis, — et aussi aux gentils, pour leur faire connaître Celui dont ils étaient les ambassadeurs. Ils prêchaient Christ, — Christ humilié et souffrant, Christ mis à mort et ressuscité, Christ monté au ciel. Dieu d’ailleurs rendait témoignage à leur parole par les miracles de sa puissance ; il leur enseignait par son Esprit ce qu’ils avaient à dire, et ce même Esprit appliquait la parole aux cœurs et aux consciences des auditeurs (Actes 2:37), qui recevaient cette parole comme étant vraiment ce qu’elle était — la parole de Dieu (1 Thessaloniciens 2:13).

Mais les apôtres, témoins de la vie de Jésus, ne pouvaient être en tous lieux, ils ne devaient pas rester sur la terre, et la mémoire de ceux qui avaient été convertis par leur prédication pouvait ne pas garder fidèlement ce qu’ils avaient entendu de l’histoire et des discours du Sauveur, de manière à le transmettre exactement à d’autres. Alors Dieu mit au cœur de quelques-uns de ses serviteurs d’écrire ce qu’il jugeait bon de nous communiquer de la vie et des paroles de son Fils bien-aimé sur la terre. Ces écrits sont ce que l’on nomme les évangiles, et leurs auteurs sont appelés d’une manière spéciale les évangélistes. Ce nom d’évangiles donné aux récits de la vie du Seigneur est justifié par le premier verset de Marc : « Commencement de l’évangile de Jésus Christ, Fils de Dieu ».

Dieu, qui avait conduit Matthieu, Marc, Luc et Jean à écrire les évangiles, ne les abandonna pas à leurs facultés naturelles, leur mémoire, leur intelligence, leurs recherches, pour accomplir leur tâche. Il les éclaira et les guida par le Saint Esprit, de manière à les garder de toute erreur dans ce qu’ils avaient à nous transmettre. Jésus, avant de quitter ses disciples, leur avait dit : « Quand celui-là, l’Esprit de vérité, sera venu, il vous conduira dans toute la vérité » ; et « l’Esprit Saint… vous enseignera toutes choses et vous rappellera toutes les choses que je vous ai dites » (Jean 16:13 ; 14:26). Nous avons donc dans ces livres, inspirés de l’Esprit de Dieu, toute la vérité et rien que la vérité.

Bien que les quatre évangiles soient chacun le récit de la vie et des enseignements du Sauveur, et que l’on y trouve certains faits communs, ils ne se répètent pas, et ils n’ont pas non plus été écrits pour se compléter les uns les autres. L’Esprit de Dieu a conduit les évangélistes à présenter chacun le Seigneur Jésus sous un caractère spécial. Nous voyons ainsi briller les divers rayons de la gloire de sa Personne adorable.

Matthieu écrivit son évangile essentiellement en vue des Juifs. C’est pourquoi il présente le Seigneur dans son caractère de Messie, fils de David, fils d’Abraham, Roi des Juifs, répondant aux promesses et aux prophéties qu’il cite souvent. Cela ne rend pas cet évangile moins précieux pour nous ; car nous voyons que le Messie ayant été rejeté par les Juifs, ceux-ci sont mis de côté, et le Seigneur bâtit son Église composée de ceux qui croient.

Marc, que Pierre nomme son fils (1 Pierre 5:13), écrivit, dit-on, son évangile comme disciple et interprète de cet apôtre. Son récit est plus bref. En général, il rapporte moins des discours du Seigneur, et s’attache plutôt à raconter les faits, les miracles, avec beaucoup de détails qui les font ressortir. Il nous dit ce que Jésus a fait, plus que ce qu’il a dit, et nous le montre ainsi dans son caractère de serviteur, « qui a passé de lieu en lieu, faisant du bien », comme Pierre le dit à Corneille (Actes 10:38).

Luc, le compagnon de voyage et d’œuvre de l’apôtre Paul, écrivit son évangile selon ce que Paul annonçait. Il proclame la grâce qui est pour tous les pécheurs, pour les païens comme pour les Juifs, pour les publicains et les gens de mauvaise vie comme pour ceux qui se croient justes. On peut le remarquer en plus d’un endroit. Luc présente donc le Seigneur comme le Fils de l’homme, venu en grâce, cherchant les pécheurs où qu’ils soient, de toute classe ou nationalité.

Ces trois évangiles furent écrits avant l’an 70, sans que la date précise puisse être indiquée. Mais Jean écrivit le sien longtemps après, à la fin du premier siècle, quand tous les autres écrits du Nouveau Testament, sauf les siens, avaient paru, et qu’il survivait seul de tous les apôtres. Beaucoup d’hérésies touchant la Personne du Seigneur se répandaient, et l’Esprit Saint, pour les combattre, nous présente, par la plume de Jean, Jésus comme le Fils de Dieu, le Fils unique et éternel, source de vie et de lumière pour les croyants, venu comme homme sur la terre, marchant au milieu des hommes et manifestant la grâce et la vérité, le caractère de Dieu, montrant Dieu lui-même, le Père, dans sa Personne.

Aux évangiles se joignent les Actes des apôtres, qui racontent la venue de l’Esprit Saint, et, par son action puissante, la fondation et les commencements de l’Église chrétienne essentiellement par les travaux de Pierre et de Paul. Ils font suite à l’évangile de Luc qui les écrivit à peu près dans le même temps, vers l’an 63.

Après les Actes, viennent les vingt et une lettres ou épîtres écrites à différentes époques par Paul, Jacques, Pierre, Jean et Jude. Elles étaient adressées à des assemblées locales, ou à des individus, et quelques-unes à l’ensemble des chrétiens. Elles furent composées à l’occasion des besoins divers qui se manifestaient dans les assemblées et parmi les enfants de Dieu, et l’Esprit de Dieu donna à leurs auteurs ce qui était nécessaire pour répondre à ces besoins, en instruisant et édifiant les âmes, et en les mettant en garde contre les faux prophètes et les faux docteurs. C’était aussi la parole de Dieu, et ces épîtres ont été conservées pour l’instruction de l’Église jusqu’à la fin.

Les premières épîtres furent celles que Paul écrivit aux Thessaloniciens, vers l’an 52. Celles de Jean, de même que son évangile, furent écrites les dernières, à la fin de la longue vie de l’apôtre. Il en est de même du livre de l’Apocalypse ou Révélation de Jésus Christ, qui termine le Nouveau Testament et la Bible, et nous fait connaître l’avenir de l’Église et du monde.

C’est ainsi, en lui donnant sa Parole, que le Seigneur a pourvu à tout ce dont l’Église a besoin jusqu’au terme de sa course ici-bas. « Il la nourrit et la chérit », est-il dit. C’est pourquoi il donne « les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs ; en vue du perfectionnement des saints, pour l’œuvre du service, pour l’édification du corps de Christ » (Éphésiens 5:29 ; 4:11-12). Et ces dons ne s’exerçaient pas seulement par la prédication : les apôtres et prophètes nous ont laissé les écrits inspirés qui composent le Nouveau Testament.

À mesure qu’un de ces récits paraissait, soit qu’il fût adressé à quelque assemblée ou à un individu, il était communiqué aux autres assemblées, car les liens qui unissaient alors les chrétiens étaient très étroits. Du reste, nous voyons que Paul recommandait de le faire : « Je vous adjure par le Seigneur », dit-il, « que la lettre soit lue à tous les saints frères » (1 Thessaloniciens 5:27). Et aux Colossiens il écrit : « Quand la lettre aura été lue parmi vous, faites qu’elle soit aussi lue dans l’assemblée des Laodicéens, et vous aussi lisez celle qui viendra de Laodicée » (Colossiens 4:16). Les premiers chrétiens comprenaient bien que ce qui était donné de Dieu par le Saint Esprit à quelques-uns, était pour tous, pour toute l’Église. Bientôt on fit des copies de ces écrits, afin que chaque assemblée pût les posséder, mais on gardait avec respect l’original reçu des écrivains sacrés mêmes, comme le fait entendre Tertullien qui vivait à la fin du second siècle et au commencement du troisième : « Parcourez », dit-il, « les églises apostoliques (*) … chez lesquelles on fait lire leurs lettres authentiques ». C’est ainsi que se forma, par les soins de Dieu, le recueil des livres inspirés du Nouveau Testament que l’on trouve déjà, dans le second siècle, tel que nous l’avons. On peut dire qu’il s’est fait sous les yeux des apôtres, car Jean mourut au commencement de ce siècle-là, le Seigneur l’ayant laissé si longtemps sur la terre, comme gardien des vérités divines. On voit aussi, dans un passage de la seconde épître de Pierre, que l’on rassemblait déjà alors les écrits apostoliques : « Notre bien-aimé frère Paul… vous a écrit selon la sagesse qui lui a été donnée… dans toutes ses lettres où il parle de ces choses… que les ignorants et les mal affermis tordent, comme aussi les autres écritures » (2 Pierre 3:15-16).


(*) C’est-à-dire fondées par les apôtres.

L’apôtre Pierre met donc les écrits de Paul au nombre des Écritures, par où il entend l’Ancien Testament. En effet, dans les églises primitives, on plaça immédiatement les écrits du Nouveau Testament sur le même rang que ceux de l’Ancien, comme inspirés par le même Esprit. Ils étaient envisagés comme « oracles de Dieu ». On le voit, par exemple, dans la belle épître à Diognète, écrite tout au commencement du second siècle. L’auteur dit : « Alors la crainte de la Loi est exaltée, la grâce des Prophètes est connue, la foi des Évangiles est affermie, l’enseignement des apôtres est gardé, et la grâce de l’Église triomphe ». De même que dans les synagogues juives on lisait chaque jour de sabbat les Écritures de l’Ancien Testament (voyez Luc 4:16-17 ; Actes 13:15 ; 15:21), ainsi, dans les assemblées chrétiennes, le premier jour de la semaine on lisait les écrits du Nouveau Testament en même temps que ceux de l’Ancien. C’est le témoignage que rend Justin martyr : « Le dimanche », dit-il, « les mémoires des apôtres et les écrits des prophètes sont lus ». On donnait alors au recueil des écrits apostoliques différents noms ; celui du Nouveau Testament prévalut plus tard.

Cette lecture de la parole de Dieu dans les assemblées était bien en harmonie avec l’exhortation de Paul aux Thessaloniciens. Il y avait donc, dans chaque assemblée, un ou plusieurs lecteurs chargés de faire la lecture d’une portion des saints écrits. On les nommait « anagnostes », et la lecture elle-même était « l’anagnose ». Ce mot grec se trouve dans le Nouveau Testament, en particulier au chapitre 13 des Actes, vers. 15: « Après l’anagnose ou la lecture de la loi ». C’est sans doute à cette coutume que se rapporte le passage de l’Apocalypse : « Bienheureux celui qui lit et ceux qui entendent les paroles de la prophétie » (Apocalypse 1:3). « Celui qui lit » est l’anagnoste.

À cette époque, où l’imprimerie n’était pas inventée, tous les livres étaient écrits à la main. Les exemplaires n’étaient pas nombreux et ils coûtaient fort cher. Chacun ne pouvait pas se procurer et posséder comme aujourd’hui un exemplaire des Saintes Écritures. Mais chaque assemblée, même la plus pauvre, avait le sien. C’était par ces lectures publiques que les fidèles apprenaient à les connaître. Et tel était le zèle des auditeurs, telle leur attention, tel le prix qu’ils attachaient à la parole de Dieu, qu’ils finissaient par en savoir par cœur tous les mots, et reprenaient le lecteur s’il employait une expression pour une autre. C’est ce que l’on raconte en particulier d’un pauvre aveugle, nommé Jean de Palestine, qui mourut martyr. On rapporte aussi qu’un évêque ayant changé un mot dans la lecture qu’il faisait des Écritures, les fidèles exigèrent qu’il reconnût son tort. Quelle grâce pour nous d’avoir chacun le Saint Livre que nous pouvons lire tous les jours ! Mais apprécions-nous ces oracles de Dieu ? Les gardons-nous dans notre mémoire ? Les serrons-nous dans notre cœur ?

Un autre fait montre la valeur qu’attachaient au Nouveau Testament comme étant la parole de Dieu, les auteurs chrétiens du second, du troisième et du quatrième siècles. Pour eux, c’étaient les Écritures, les oracles divins, et soit dans leurs enseignements, soit dans leurs discussions contre les hérétiques et les incrédules, ils le citaient constamment comme autorité infaillible. Et si nombreuses sont leurs citations qu’en les réunissant on reconstituerait le Nouveau Testament tout entier, à part quelques versets. Les hérétiques et les incrédules de ces temps-là le reconnaissaient aussi comme le livre où les chrétiens puisaient les vérités de leur foi ; ils en connaissaient la puissance, car nous avons vu que, dans la dernière persécution, les ennemis du christianisme firent un effort suprême pour en détruire toutes les copies et arracher ainsi des mains des chrétiens cette arme redoutable, l’épée de l’Esprit, la parole de Dieu. Mais cette Parole demeure éternellement. Les cieux et la terre passeront, mais elle reste. Elle est de Dieu, comment serait-elle détruite ? Béni soit Dieu ! en dépit de l’ennemi, nous la possédons, et l’Église la possédera jusqu’à la fin.

Le Nouveau Testament fut écrit originairement en grec, l’une des langues les plus répandues à cette époque. Mais de très bonne heure on en fit des traductions en d’autres langages. Les deux plus anciennes sont la version latine, nommée Itala, qui date du commencement du second siècle, et la version en syriaque, langue que parlait le Seigneur et qui était répandue en Orient. Cette version qu’on appelle la Peshito, semble être plus ancienne encore que l’Itala et dater de la fin du premier siècle. La version égyptienne est aussi fort ancienne. Plus tard, à mesure que le christianisme s’étendit parmi les nations barbares, on fit d’autres versions, non seulement du Nouveau Testament, mais de toute la Bible. Mais c’est de nos jours surtout que le Saint Livre a été traduit, on peut le dire, dans toutes les langues importantes qui se parlent sur la surface du globe, et que des millions d’exemplaires en ont été répandus et se répandent. Mais en parler en détail, sortirait de notre sujet. Que le Seigneur nous donne d’apprécier réellement ce trésor qu’il a mis entre nos mains — sa Parole !
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Message  Arlitto Sam 11 Juin 2016 - 20:37

Propagation du christianisme


L’Évangile se répandit et le christianisme s’établit dans le monde avec une rapidité merveilleuse. Le Seigneur avait dit : « Le royaume des cieux est semblable à un grain de moutarde qu’un homme prit et sema dans son champ : lequel est, il est vrai, plus petit que toutes les semences ; mais quand il a pris sa croissance, il est plus grand que les herbes et devient un arbre » (Matthieu 13:31-32). Nous savons, en effet, quel petit commencement eut l’Église. C’étaient douze hommes pauvres et illettrés, des pêcheurs et des publicains méprisés, qui annoncèrent d’abord l’Évangile. C’était là la petite semence, le grain de moutarde. Et combien d’obstacles s’opposaient à eux ! D’abord, ils étaient Juifs, d’une race méprisée et haïe, assujettie au joug des Romains. Ensuite, ce qu’ils annonçaient heurtait tous les sentiments naturels du cœur humain. Il fallait se reconnaître pécheur, coupable devant Dieu, sans force et sans ressource ; combien cela soulevait l’orgueil de l’homme ! Et le salut, où se trouvait-il ? Dans un homme de cette même nation juive, crucifié entre deux brigands. Il est vrai que les apôtres le présentaient comme le Fils de Dieu venu pour racheter par sa mort les pécheurs perdus. Mais c’est là précisément ce qui heurtait la raison des uns, les préjugés des autres. Un Dieu crucifié pour Sauveur ! C’était, dit Paul, un scandale pour les Juifs, une folie pour les nations (1 Corinthiens 1:23-24). Cet homme crucifié avait été ressuscité d’entre les morts et devait juger le monde, prêchaient encore les apôtres. En entendant ces paroles, les philosophes et les sages du monde se moquaient (Actes 17:32). Que demandait l’Évangile de ceux qui l’embrassaient ? Le renoncement au monde, à ses convoitises et à ses plaisirs, la mortification des passions, une vie d’humilité et d’abnégation entière. La propre justice des Juifs était renversée, l’orgueilleuse raison des sages était annulée, la religion licencieuse des idoles était ruinée. Le christianisme était tout à fait contraire à tout ce qu’aime et réclame l’homme naturel. Aussi nous avons vu quelle opposition il rencontra partout et de la part de tous, et quelles sanglantes et persistantes persécutions il eut à subir, depuis son apparition jusqu’au commencement du quatrième siècle. En dépit de tout, le grain de moutarde leva, crût, devint un arbre, de sorte qu’au bout de quarante années, le christianisme s’était répandu au-delà même des bornes du vaste empire romain.

À quoi attribuer ces conquêtes extraordinaires par des instruments si faibles, sinon à la main de Dieu, à l’action toute-puissante de son Esprit ? Le Seigneur avait dit à ses disciples : « Vous recevrez de la puissance, le Saint Esprit venant sur vous ; et vous serez mes témoins… jusqu’au bout de la terre » (Actes 1:8). « Eux donc, étant partis, prêchèrent partout, le Seigneur coopérant avec eux » (Marc 16:20). C’est là le secret des résultats surprenants de la prédication des apôtres et de ceux qui les suivirent : le Seigneur travaillait avec eux.

Après dix-sept ans de son ministère, Paul, l’apôtre des nations, écrivait aux Romains que le mystère révélé « a été donné à connaître à toutes les nations » (Romains 16:26). Lui-même avait annoncé l’Évangile du Christ, depuis Jérusalem jusqu’en Illyrie (Romains 15:19). Le Seigneur avait dit à ses apôtres : « Allez donc, et faites disciples toutes les nations » (Matthieu 28:19), et, en effet, leur voix était allée par toute la terre (Romains 10:18). Paul en rend témoignage quand il écrit aux Colossiens : « L’Évangile… est parvenu jusqu’à vous, comme aussi il l’est dans tout le monde… lequel a été prêché dans toute la création qui est sous le ciel » (Colossiens 1:6, 23). 

Les témoignages d’écrivains païens, comme Tacite et Suétone, constatent que vers l’an 64, Rome renfermait une multitude de chrétiens. Nous avons parlé de la lettre de Pline à l’empereur Trajan, au commencement du second siècle. Il mentionne la quantité de personnes de tout âge et de tout rang, qui partout en Bythinie étaient devenues chrétiennes. Les persécutions, bien loin d’arrêter les progrès de l’Évangile, ne faisaient que les activer. Les chrétiens remplissaient l’empire, comme le disaient hautement des écrivains chrétiens aux persécuteurs, dans la seconde moitié du deuxième siècle : « Nous sommes en si grand nombre, que si nous quittions votre État, nous causerions votre ruine… Nous ne sommes que d’hier, et nous avons tout rempli dans votre empire ; nous ne vous laissons que vos temples ». C’est Tertullien, déjà cité, qui parle ainsi. Il dit aussi que les peuplades des Goths, les tribus des Maures, toutes les régions des Espagnes, des Gaules, et même celles de la Bretagne, encore inaccessibles aux Romains, se sont soumises à Christ, comme aussi les Daces, les Sarmates, les Germains et les Scythes. Il ne faudrait pas croire d’après cela que, chez tous ces peuples, le paganisme avait cédé la place au christianisme ; mais l’Évangile y avait pénétré et des âmes l’avaient reçu.

On aimerait à avoir des détails sur les moyens dont se servit Dieu pour faire luire dans toutes ces contrées la lumière de la vérité ; mais l’on n’a à ce sujet que peu de renseignements certains.

Les provinces voisines de l’Asie mineure et de la Syrie, où existaient déjà, du temps de Paul, de nombreuses assemblées chrétiennes, furent évangélisées de bonne heure. Il faut nous rappeler que, soit par la persécution, comme en Actes 11:19, soit par d’autres circonstances, les chrétiens étaient amenés loin des lieux où ils avaient été convertis, et portaient avec eux le trésor de l’Évangile. Des évangélistes aussi allaient faire connaître le nom de Jésus parmi les nations (3 Jean 5-7). On raconte qu’Abgare, roi d’Édesse en Mésopotamie, reçut le christianisme par le ministère d’un certain Thaddée, vers l’an 45. De là, l’Évangile, dès le second siècle, se répandit en Arménie. Mais ce n’est que dans le troisième siècle que le roi d’Arménie, Tiridate, fut amené à la foi chrétienne. Dieu se servit pour cela d’un nommé Grégoire l’illuminateur, qui était le fils d’un prince parthe et avait été converti au christianisme. La conversion de Tiridate entraîna celle de presque tout le peuple. De nombreuses écoles furent établies, et là les enfants furent instruits dans la doctrine du Christ.

Un peu plus tard, l’Évangile pénétra dans l’Ibérie, au nord de l’Arménie et au sud du Caucase. La manière dont le christianisme y fut introduit, nous montre de quels faibles instruments Dieu se servait parfois pour répandre la connaissance de Christ.

Une femme chrétienne, nommée Nunia, avait été emmenée captive dans le pays dont nous parlons. La sainteté de sa vie et la pureté de ses mœurs avaient frappé les habitants de l’endroit où elle vivait. Le plus jeune fils du roi étant tombé malade, la reine ordonna à sa nourrice de s’enquérir auprès de quelques femmes âgées des remèdes par lesquels le mal pourrait être conjuré. Nunia, consultée à son tour, dit qu’elle n’avait d’autre secours à offrir que ses prières. « Jésus Christ », ajouta-t-elle, « qui a guéri tant de malades, guérira aussi l’enfant ». Puis elle se mit à genoux et pria le Seigneur qui exauça sa requête. Le roi voulait récompenser richement la pauvre captive, mais elle refusa, ne désirant autre chose que la conversion de ses maîtres. Quelque temps après, la reine aussi tomba gravement malade et dut sa guérison aux prières de Nunia. Jusqu’alors il n’y avait eu aucune conversion à Christ ; mais un jour le roi, étant à la chasse, fut surpris par d’épais brouillards. Séparé de sa suite, il courait les plus grands dangers. Dans sa détresse, il se souvint du Dieu tout-puissant de Nunia et invoqua son secours, promettant de le servir s’il était exaucé. Il fut sauvé du péril, et fidèle à sa promesse, il se mit à propager lui-même la bonne nouvelle parmi son peuple, et fit venir des missionnaires de Rome et d’Arménie pour l’aider dans cette œuvre.

Des soldats romains faits prisonniers, portèrent sans doute aussi l’Évangile en Perse. Au temps de l’empereur Constantin, les chrétiens y étaient nombreux. De là, le christianisme se répandit dans l’Inde, où peut-être il avait déjà pénétré dès le premier siècle, car on rapporte que l’apôtre Thomas y alla prêcher et y souffrit le martyre.

Si nous passons en Occident, nous savons qu’au temps de Paul, il y avait une nombreuse assemblée à Rome. De là, l’Évangile se répandit dans l’Afrique septentrionale où il fit de rapides progrès. On se rappelle les nombreux martyrs de cette contrée. L’Espagne fut évangélisée à la fois par Rome et par Carthage. Au second siècle, Tertullien disait que toutes les régions des Espagnes étaient soumises à Christ, et l’on sait qu’au troisième siècle de nombreuses églises y étaient établies.

Des colonies venues de l’Asie mineure apportèrent le christianisme dans la Gaule méridionale dès le second siècle. Lyon fut comme le centre de l’activité chrétienne dans cette contrée. Là, ainsi qu’à Vienne, il y eut ainsi que nous l’avons vu, un grand nombre de martyrs qui donnèrent leur vie pour Jésus Christ. La Gaule septentrionale fut évangélisée plus tard.

Les îles Britanniques reçurent l’Évangile dès le premier siècle, soit par des otages bretons convertis à Rome et rentrés dans leurs pays, soit par des soldats chrétiens qui se trouvaient dans les légions, soit enfin par des évangélistes venus de l’Asie mineure. Les chrétiens de ces contrées eurent aussi leur part dans les persécutions, et surtout dans la dernière. Là comme ailleurs, les exemplaires des Saintes Écritures furent brûlés, les pasteurs des troupeaux furent mis à mort, et beaucoup de simples fidèles perdirent la vie.

Un des pasteurs, nommé Amphibalus, ayant réussi à échapper aux persécuteurs, avait trouvé un refuge à Vérulam (*), chez un païen nommé Alban, ancien soldat romain. Le Seigneur récompensa la charité d’Alban envers son serviteur. Amphibalus lui enseigna la vérité chrétienne, et Dieu la fit pénétrer dans son âme. Recherché par les persécuteurs, Amphibalus fut forcé de quitter sa retraite. Afin qu’on ne le reconnût pas, Alban lui fit mettre ses habits, et ainsi il échappa. Mais la chose fut découverte, et le nouveau converti fut saisi. On lui laissa le choix ou de sacrifier aux dieux, ou de subir le sort destiné à celui qu’il avait fait échapper. Alban refusa de sacrifier. Il fut d’abord frappé de verges, puis décapité.


(*) Vérulam était au nord de St-Alban, à environ 30 kilomètres nord-ouest de Londres.

C’est ainsi que l’activité de la foi avait répandu partout la connaissance de Christ, en dépit de toutes les oppositions. Au commencement du IVe siècle, le grain de moutarde était devenu un arbre qui étendait ses branches au-delà des limites de l’empire romain. Le paganisme et ses abominations tendait à disparaître devant le christianisme.

Mais ce qui est triste à ajouter, c’est qu’à mesure que l’Église grandissait sur la terre, elle s’écartait de sa pureté primitive relativement à la doctrine et à la vie. L’apôtre Paul compare l’Église, quant à son développement extérieur, à un édifice que des ouvriers travaillent à élever. Il y a de bons et de mauvais ouvriers qui emploient de bons ou de mauvais matériaux. « J’ai posé le fondement », dit Paul, et « personne ne peut poser d’autre fondement que celui qui est posé, lequel est Jésus Christ. Or si quelqu’un édifie sur ce fondement de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, du bois, du foin, du chaume, l’ouvrage de chacun sera rendu manifeste… quel est l’ouvrage de chacun, le feu l’éprouvera » (1 Corinthiens 3:10-13). L’Église chrétienne tire son nom de Jésus Christ, le fondement qui a été posé et qui demeure. Mais de mauvais matériaux pour l’édifier y furent de plus en plus introduits, et c’est ainsi qu’elle s’accrut. Ces mauvais matériaux étaient, comme nous le verrons, soit des personnes qui n’étaient pas réellement converties, soit des doctrines, des ordonnances et des règlements humains. En même temps eut lieu ce que le Seigneur montre par la parabole « du levain qu’une femme prit » et cacha dans la pâte pure formée de trois mesures de farine. Le levain pénétra toute la pâte (Matthieu 13:33). Or le levain représente toujours une chose mauvaise, le péché ou la mauvaise doctrine (1 Corinthiens 5:6-7 ; Matthieu 16: 6, 11,12 ; Galates 5:8-9). Et c’est ce qui arriva dans l’Église le levain des mauvaises doctrines s’étendit partout en elle.
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Message  Arlitto Sam 11 Juin 2016 - 20:38

Le culte chez les chrétiens durant l’ère des persécutions


Dans ce qui précède, nous avons surtout parlé du témoignage rendu par les chrétiens devant un monde qui les persécutait. Pour terminer ce qui se rapporte à cette époque de souffrances, nous dirons quelque chose du culte, de la discipline, et enfin du gouvernement de l’Église.

Les écrivains anciens donnent peu de détails sur la manière dont avaient lieu les réunions des chrétiens, dans ce temps où ils étaient obligés de se cacher de leurs persécuteurs. Dans la lettre de Pline à Trajan, nous avons quelques mots sur ce sujet. Justin martyr, dans sa première apologie adressée à l’empereur Antonin, vers l’an 140, décrit plus longuement la manière dont les chrétiens rendaient leur culte au Seigneur.

« Au jour appelé du soleil » (le dimanche), dit Justin, « tous ceux qui habitent dans les villes et dans les campagnes, se réunissent en un même lieu. Alors on lit, aussi longuement que le temps le permet, les mémoires des apôtres ou les écrits des prophètes. Ensuite, quand le lecteur a fini son office, celui qui préside fait une allocution pour l’instruction de l’assemblée et pour l’exhorter à suivre ces nobles exemples. Notre prière étant terminée, on apporte du pain et du vin mélangé d’eau, et celui qui préside offre, selon sa capacité, des prières et des actions de grâces auxquelles l’assemblée répond en disant : Amen. Le pain et le vin pour lesquels on a rendu grâces, sont ensuite distribués ; chacun y participe et une portion en est portée par les diacres à ceux qui sont absents. Puis on fait une collecte ; ceux qui le peuvent et ont bonne volonté donnent chacun ce qu’il trouve convenable, et on en remet le produit à celui qui préside. Il en assiste les orphelins et les veuves, ceux qui, par maladie ou autres causes, sont dans le besoin, les prisonniers et les étrangers qui se trouvent parmi nous, en un mot, il prend soin de tous ceux qui se trouvent dans quelque nécessité ».

« Nous nous rassemblons le jour du soleil », continue Justin, « parce que c’est le premier jour où Dieu, ayant opéré un changement dans les ténèbres et la matière, a fait le monde ; et parce qu’en ce même jour, Jésus Christ, notre Sauveur, ressuscita d’entre les morts. Car il fut crucifié le jour avant celui de Saturne (le samedi), et le jour qui suit celui-ci, c’est-à-dire le jour du soleil (*), il apparut à ses apôtres et à ses disciples, et leur donna ses enseignements ».


(*) Justin désigne les jours de cette manière, afin d’être compris de l’empereur. Chaque jour de la semaine était consacré à une divinité.

Voici encore ce qu’il dit touchant la Cène du Seigneur : « Nous appelons ce repas eucharistie (actions de grâces), et nul n’est admis à y participer, s’il n’a reçu comme vraies les choses que nous enseignons, s’il n’a été lavé du lavage qui est pour la rémission des péchés et pour la régénération, et s’il ne vit comme Christ l’a ordonné… Les apôtres, dans les mémoires qu’ils ont écrits et que l’on nomme les évangiles, nous ont transmis ce qui leur fut ordonné, savoir que Jésus prit du pain et qu’ayant rendu grâces, il dit : « Faites ceci en mémoire de moi », et que de même, ayant pris la coupe et rendu grâces, il dit : « Ceci est mon sang », et il la leur donna ».

Nous voyons donc qu’au temps de Justin, dans le second siècle, le culte avait conservé toute la simplicité avec laquelle nous le voyons célébré chez les premiers chrétiens d’après les Actes et les épîtres. On se réunissait le premier jour de la semaine, et la Cène du Seigneur, la fraction du pain, était le grand but du rassemblement, la partie principale et le centre du culte, comme aux jours de Paul (Actes 20:7). Elle se célébrait suivant l’institution même du Seigneur Jésus.

Dans ces assemblées, la lecture de la parole de Dieu avait une grande place. On tenait compte des oracles de Dieu et des exhortations faites par les apôtres relativement à ces écrits inspirés (2 Timothée 3:16 ; 2 Pierre 3:1-2). À cette lecture se joignaient l’enseignement et l’exhortation adressés à l’assemblée par celui qui y était appelé. C’est ainsi que nous voyons Paul « faire un discours » aux disciples assemblés pour rompre le pain, et que nous trouvons dans l’assemblée de Corinthe des « docteurs » pour enseigner, et d’autres qui parlaient pour édifier, exhorter et consoler (1 Corinthiens 12:28 ; 14:3, 4). L’apôtre recommandait que « le surveillant » fût « propre à enseigner » (1 Timothée 3:2).

Une collecte était faite pour ceux qui étaient dans le besoin. Chose touchante, fruit de l’amour, et qui est bien selon la pensée du Seigneur, qui a dit : « Vous avez toujours les pauvres avec vous, et quand vous voudrez, vous pourrez leur faire du bien » (Marc 14:7). Nous lisons encore : « Que chaque premier jour de la semaine chacun de vous mette à part chez lui » (1 Corinthiens 16:2), et encore : « Subvenant aux nécessités des saints » (Romains 12:13). Quantité d’autres passages des Actes et des épîtres nous montrent ces tendres soins exercés envers les pauvres, les malades, les prisonniers, et qui continuèrent à se montrer dans l’Église.

Ainsi, en toutes ces choses, l’Église était restée fidèle aux enseignements des apôtres et aux exemples donnés par les assemblées de leur temps. Mais, dans ce que dit Justin, nous avons pu remarquer deux choses qui n’ont pas de fondement dans le Nouveau Testament. La première est la coutume de porter la Cène à ceux qui étaient absents. Dans l’épître aux Corinthiens, nous voyons que la Cène se célébrait quand les fidèles étaient réunis « ensemble » (1 Corinthiens 11:20), et il n’y est pas question des absents. La seconde chose est le mélange de l’eau avec le vin de la Cène. Quelle que soit la pensée qui a donné lieu à cette pratique, rien dans l’Écriture ne l’autorise. On voit là cette fâcheuse tendance de nos cœurs à vouloir ajouter à ce que Dieu a établi, comme si nous pouvions perfectionner son ouvrage. Cela a été la source de toutes sortes d’abus et de maux dans l’Église.

D’autres coutumes et pensées humaines furent introduites parmi les chrétiens, sans qu’elles eussent la sanction de l’Écriture, et même en opposition avec son enseignement. Ainsi Justin parle autre part du pain et du vin de la Cène comme s’ils étaient vraiment changés dans le corps et le sang du Seigneur, au lieu d’en être simplement les signes. Une autre pensée inexacte est celle que l’eucharistie conférait en quelque sorte la grâce et l’assurance du pardon des péchés. Sans doute que s’approcher de la table du Seigneur, participer à ce repas qui nous rappelle son amour, annoncer sa mort jusqu’à ce qu’il vienne, est une grâce précieuse, une bénédiction très grande. Mais à qui appartient ce privilège ? Aux rachetés du Seigneur, membres de son corps, qui jouissent déjà du pardon de leurs péchés et de l’assurance du salut. On vient à la table du Seigneur, non pour recevoir ces grâces, mais parce qu’on les possède, et on vient là pour l’en bénir.

On avait une grande vénération pour les martyrs, et on le comprend. Ils avaient donné leur vie pour le Seigneur. Mais on en vint à les honorer après leur mort par des cérémonies spéciales. On se rassemblait le jour anniversaire de leur mort sur leurs tombeaux ; on y célébrait la Cène ; on priait même pour eux, et plus tard, on se figura qu’on pouvait s’adresser à eux comme à des intercesseurs auprès de Dieu. Ces superstitions s’introduisirent de bonne heure. Tertullien, à la fin du second siècle, en parlant contre les secondes noces, dit que la première femme a été « déjà reçue en la présence du Seigneur, elle pour l’esprit de laquelle tu fais des requêtes, pour qui tu offres des oblations annuelles ». Autre part, il parle d’intercession pour les morts, ainsi que le fait aussi Cyprien.

Une autre coutume s’est aussi introduite de très bonne heure, c’est le signe de la croix. Justin dit : « Le signe de la croix est sur notre front et sur notre cœur. Sur notre front, afin que nous puissions toujours confesser Christ ; sur nos cœurs, afin que nous l’aimions toujours ; sur notre bras, afin que nous agissions toujours pour Lui ». Tertullien, à son tour, nous apprend ceci : « Dans toutes nos allées et nos venues, dans nos voyages et tous nos mouvements, en mettant nos chaussures, au bain, à table, en allumant nos lumières, en nous couchant, en nous asseyant, à quelque occupation que nous vaquions, nous faisons le signe de la croix ». Il le recommande encore pour se garantir de la piqûre des scorpions. Les fidèles le faisaient aussi en entrant aux réunions et en en sortant. C’est ainsi que se frayait peu à peu le chemin des superstitions et des coutumes anti-bibliques du romanisme. C’est l’homme qui veut ajouter ses règles et cérémonies extérieures à ce que la parole de Dieu demande de son cœur.

Le signe de la croix fait, comme Tertullien le dit, en toute circonstance, devait montrer qu’en tout nous avons à nous souvenir de Jésus Christ ; mais il devint une pratique simplement machinale. Ce que Christ demande, c’est le cœur, et voici à ce sujet une recommandation bien importante de l’apôtre Paul : « Quelque chose que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus » (Col. 3:17). Voilà à quoi nous appelle la parole de Dieu, et non à une vaine pratique dont elle ne parle pas, et que l’on accomplit sans que le cœur y soit. C’est notre cœur que veut Jésus, et quand notre cœur est à Lui, notre vie lui sera consacrée et lui rendra témoignage. Ce n’est pas par le signe de la croix, ce n’est pas par des vêtements ou des coiffures spéciales, ni par aucun emblème ou signe extérieur, que nous sommes appelés à le glorifier. Tout cela n’est que commandements d’hommes ; il faut nous en garder, quelque belle apparence que cela puisse avoir. Le Seigneur a dit : « Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, en sorte qu’ils voient vos bonnes œuvres », et non pas votre apparence extérieure, et Pierre nous exhorte à annoncer « les vertus de celui qui nous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière » (Matthieu 5:16 ; 1 Pierre 2:9).
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Message  Arlitto Sam 11 Juin 2016 - 20:38

Comment on était reçu au nombre des fidèles


Avant de nous occuper de cette question, nous dirons un mot des lieux où se réunissaient les chrétiens aux premiers temps. Dans les Actes et les épîtres, nous voyons que c’était dans quelque chambre haute, dans des maisons particulières, comme dans « l’école d’un nommé Tyrannus », ou chez quelque chrétien, heureux d’avoir l’assemblée dans sa maison (Actes 20:8 ; 19:9 ; Romains 16:5 ; Colossiens 4:15 ; Philémon 2). Ils n’élevaient point d’édifices qui auraient attiré sur eux l’attention ; ils savaient d’ailleurs qu’il n’y a plus de temple sur la terre, plus de monument qui puisse être appelé « la maison de Dieu ». La maison de Dieu était spirituelle, composée de tous les vrais croyants. On y adorait Dieu en esprit et en vérité. Partout, quel que fût l’endroit où deux ou trois étaient réunis au nom de Jésus, le Seigneur se trouvait au milieu d’eux ; là était la maison de Dieu, et il en est de même maintenant (1 Pierre 2:5 ; Jean 4:21, 23, 24 ; Matthieu 18:20). À Rome, objets de haine, poursuivis et réduits à se cacher pour servir Dieu, ils se réunissaient dans les catacombes où ils enterraient aussi leurs morts. Cet état de choses dura un certain temps, mais plus tard, comme nous l’avons dit, dans les intervalles de paix que laissaient les persécutions, les chrétiens élevèrent des lieux de culte publics que l’on nomma basiliques. Elles se composaient d’une nef et d’un chœur où se trouvait la table de communion que l’on nomma bientôt autel. Les simples fidèles se tenaient dans la nef ; le chœur était réservé aux membres du clergé ; ceux qui n’avaient point encore été baptisés et qui désiraient l’être, restaient en dehors dans un endroit nommé le parvis. On voit là combien l’on tendait à s’écarter de plus en plus de la simplicité de la parole de Dieu, où nous ne trouvons rien de semblable. Les formes usitées pour le baptême des néophytes (*) nous le montrera aussi.


(*) On nommait ainsi les nouveaux convertis qui désiraient être joints à l’assemblée chrétienne. Néophyte veut dire nouvellement né ou planté.

Dans ces temps où se déclarer chrétien était s’exposer au mépris général, à la perte de ses biens et souvent de sa vie, nous pouvons penser que, dans la plupart des cas, il y avait une conviction profonde de la vérité du christianisme et une œuvre de Dieu dans les cœurs. Il est cependant remarquable que, lorsqu’il s’agit de personnes désirant se joindre aux chrétiens, les auteurs anciens parlent très peu de la « conversion » et de la « foi », la foi qui sauve et justifie, ainsi que nous la voyons partout mentionnée dans le Nouveau Testament comme une chose absolument nécessaire. « Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé », dit Paul au geôlier. « Vous êtes sauvés par la grâce, par la foi », écrit-il aux Éphésiens. Et aux Romains : « Ayant donc été justifiés sur le principe de la foi » (Actes 16:31 ; Éphésiens 2:8 ; Romains 5:1). Au lieu de cela, il est question de la régénération et toujours en rapport avec le baptême, parce que l’on prenait les paroles du Seigneur : « Si quelqu’un n’est né d’eau et de l’Esprit », comme désignant cet acte, et qu’ainsi l’on croyait qu’on était « né de nouveau » quand on avait été baptisé. On pensait que le baptême purifiait de tous les péchés. Aussi plusieurs de ceux qui s’étaient déclarés chrétiens, comme l’empereur Constantin, par exemple, ne se faisaient-ils baptiser que sur leur lit de mort, afin de n’être pas exposés à commettre des péchés après leur baptême. Combien l’on avait oublié les précieuses vérités de la Parole qui nous dit que, non par le baptême, mais « le sang de Jésus Christ… nous purifie de tout péché » (1 Jean 1:7).

Qu’est-ce donc que le baptême ? Il est le signe de notre mort avec Christ, comme l’explique l’apôtre Paul en Romains 6:3-4, afin que nous marchions en nouveauté de vie. On l’administre comme signe que celui qui le reçoit entre dans l’Église chrétienne, qui est sur le terrain de la mort et de la résurrection de Christ. Mais on demandera peut-être aussi : « Que veulent dire les paroles du Seigneur, être né d’eau et de l’Esprit ? ». L’eau désigne la parole de Dieu, qui agit dans l’âme par la puissance du Saint Esprit pour la purifier et produire une vie nouvelle qui nous met en relation avec Dieu. Lisons avec soin les passages qui montrent clairement ce que nous venons de dire : « En la purifiant (l’Église) par le lavage d’eau par la parole » (Éphésiens 5:26). « Par parole » explique ce que veut dire l’eau. « Il nous a engendrés par la parole de la vérité » (Jacques 1:18), et vous avez été « régénérés… par la vivante et permanente parole de Dieu » (1 Pierre 1:23) ; ces passages nous font bien voir que ce n’est pas l’eau du baptême qui lave et régénère, mais que c’est l’action de la parole de Dieu.

Maintenant, voyons ce qui avait lieu avant la réception du baptême et comment cet acte s’accomplissait. On commençait par s’informer si celui qui désirait être baptisé avait une conduite recommandable. Dans ce cas, il devait avant tout recevoir une instruction qui durait un an ou plus. Cet enseignement comprenait d’abord toute l’histoire sacrée depuis la création, et les récits des évangiles. Ensuite, on traitait les sujets qui se rapportent à Dieu le Père, à Christ, au Saint Esprit, au corps et à l’âme, et au jugement à venir. Pendant que durait l’instruction celui qui la recevait portait le nom de catéchumène. Il était bien considéré comme chrétien, mais ne portait pas le nom de fidèle, réservé à ceux qui avaient reçu le baptême,

Les catéchumènes n’assistaient qu’à la première partie du service des chrétiens, c’est-à-dire à la lecture des Écritures et à l’exhortation. Cela terminé, un diacre les invitait à se retirer. Les fidèles seuls restaient pour le culte et la célébration de la Cène.

On choisissait pour baptiser le temps compris entre les fêtes de Pâques et de la Pentecôte (*). Pendant quarante jours, les catéchumènes se préparaient par le jeûne et la prière à recevoir le baptême. On leur faisait apprendre alors la confession de foi et l’oraison dominicale, et on les instruisait touchant la nature des sacrements et la discipline de l’Église. Le baptême était administré à minuit par l’évêque ou par un ancien, à la lueur des torches. Les femmes étaient séparées des hommes par des rideaux. Le catéchumène, tourné vers l’ouest, étendait la main et disait : « je renonce à toi, Satan, à toutes tes œuvres, à toutes tes pompes et à tout ton service ». Puis se tournant vers l’est, il répétait la formule de foi : « Je crois au Père, au Fils et à l’Esprit Saint ». On l’oignait alors d’huile et l’évêque le conduisait vers la piscine où il était plongé trois fois après avoir répété la confession de foi. Il était ensuite de nouveau oint d’huile et revêtu d’une robe blanche, symbole de la pureté de son âme après avoir été régénéré par le baptême. Il recevait le b..... de paix et on lui présentait un peu de miel et de lait. Alors, pour la première fois, il disait l’oraison dominicale. Il était compté parmi les fidèles et pouvait participer à la Cène. Dans les temps de persécution, on abrégeait souvent la durée du catéchuménat, et on donnait le baptême à ceux qui avaient confessé Christ.


(*) Déjà parmi les chrétiens s’était introduit l’usage de célébrer des fêtes à certains jours fixés. Mais rien, dans le Nouveau Testament, n’autorise cette coutume. Les Juifs avaient les fêtes établies par la loi de Moïse — les fêtes de l’Éternel. Mais tout cela a été aboli par la venue de Christ. C’était une ombre des choses à venir (Colossiens 2:16-17).

Tout ce cérémonial montre combien la simplicité évangélique s’était altérée et était remplacée par des formes dont nous ne trouvons aucune trace dans le Nouveau Testament. Que l’on compare avec ce que nous venons de dire des récits du livre des Actes des apôtres où il est question de baptême. Ceux qui ont entendu la prédication de Pierre et qui ont cru, sont baptisés et ajoutés à l’assemblée (Actes 2:41). Il en est de même à Samarie (8:12). L’officier de la reine Candace reçoit la parole du Seigneur, descend de son char et est baptisé sur la route déserte (8:36-38). Mais surtout lisons ce qui a lieu quand le geôlier à Philippes eut été converti (Actes 16:28-34). Il avait demandé, dans l’angoisse de son âme : « Que faut-il que je fasse pour être sauvé ? ». Et Paul et Silas lui avaient dit : « Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta maison », et ils lui annoncèrent la parole du Seigneur. Et cette même nuit, dans la prison ou dans sa demeure, il fut baptisé avec tous les siens, après avoir montré, par les tendres soins qu’il donne aux apôtres, ce que Dieu avait opéré dans son âme. Combien cela est simple. Ce que le Seigneur demandait, c’était que l’on crût en Lui. On était baptisé, on rompait le pain, on se réjouissait d’avoir cru et d’être sauvé, et le Seigneur avait soin que l’assemblée fût instruite, enseignée, édifiée par les pasteurs et les docteurs qu’il lui donnait (voir Actes 11:21-26). Et il en est de même maintenant. En général, les parents font baptiser leurs enfants et ils sont tenus de les élever sous la discipline et les avertissements du Seigneur (Éphésiens 6:4). Ils ont pour les diriger en cela la parole de Dieu. Et les enfants et jeunes gens peuvent suivre les réunions où les Écritures sont exposées et expliquées par des serviteurs de Dieu. Seulement, ils sont sous la responsabilité d’écouter et de retenir dans leurs cœurs les choses qu’ils entendent (Proverbes 3:1 ; Ésaïe 55:3 ; Luc 11:28). Souvent aussi Dieu met au cœur d’amis chrétiens de s’entretenir plus spécialement de la Parole avec les enfants et les jeunes gens. Et il faut en profiter, en être reconnaissants, et il faut lire soi-même la sainte parole de Dieu, en Lui demandant de nous la faire comprendre. Mais nulle part, dans cette Parole, nous ne trouverons qu’il faille un enseignement d’un an ou plus pour pouvoir participer à la Cène du Seigneur. Ce que Dieu demande, c’est la conversion du cœur et la foi au Seigneur Jésus comme Sauveur, accompagnées d’une vie sainte par la grâce et la puissance de l’Esprit Saint.
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